Alfred Hitchcock 06 L'Arc en Ciel a Pris La Fuite 1966

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Alfred Hitchcock 04 La momie qui chuchotait 1965

LARC EN CIEL A PRIS LA FUITEpar Alfred HITCHCOCKL'ARC-EN-CIEL, ce bijou inestimable, a disparu sous les yeux des Trois jeunes dtectives... et on refuse de leur confier l'enqute !Qu' cela ne tienne ! Officiellement, Hannibal, Peter et Bob s'occuperont d'une affaire de... gnomes. Selon Hannibal, les gnomes sont des cratures lgendaires spcialises dans la recherche des trsors enfouis. Donc, ils n'existent pas. Erreur! Ces gnomes-l existent... A cause d'eux, un honorable Japonais manque de se faire harakiri, une vieille dame terrorise abandonne sa maison, et Hannibal lui-mme risque d'tre emmen comme esclave dans un pays lointain...Mais les Trois jeunes dtectives contre-attaquent. Dj ils prparent leurs gnomo-cordes, leurs gnomo-cameras et leurs gnomo-piges!

DU MME AUTEUR

Liste des volumes en version franaiseLes titres I. Quatre Mystres (Alfred Hitchcocks solve-them-yourself mysteries ? )II. Au rendez-vous des revenants (The Secret of Terror Castle, Robert Arthur, 1964)

III. Le perroquet qui bgayait (The Mystery of the Stuttering Parrot, Robert Arthur, 1964)

IV. La momie qui chuchotait (The Mystery of the Whispering Mummy, Robert Arthur, 1965)

V. Le Chinois qui verdissait (The Mystery of the Green Ghost, Robert Arthur, 1965)

VI. Larc en ciel pris la fuite VII. Le spectre des chevaux de bois (The Secret of Skeleton Island, Robert Arthur, 1966)

VIII. Treize bustes pour Auguste (The Mystery of the Fiery Eye, Robert Arthur, 1967)

IX. Une araigne appele rgner (The Mystery of the Silver Spider, Robert Arthur, 1967)

X. Les douze pendules de Thodule (The Mystery of the Screaming Clock, Robert Arthur, 1968)

XI. Le trombone du diable (The Mystery of the Moaning Cave, William Arden, 1968)

XII. Le crne qui crnait (The Mystery of the Talking Skull, Robert Arthur et William Arden, 1969)

XIII. Lombre qui clairait tout (The Mystery of the Laughing Shadow, William Arden, 1969)

XIV. Le dragon qui ternuait (The mystery of the coughing dragon, Nick West, 1970)

XV. Le chat qui clignait de l'oeil (The Secret of the Crooked Cat, William Arden, 1970)

XVI. Laigle qui navait plus quune tte (The Mystery of the Flaming Footprints, M V Carey, 1971)

XVII. Le lion qui claquait des dents (The Mystery of the Nervous Lion, Nick West, 1971)

XVIII. Le serpent qui fredonnait (The Mystery of the Singing Serpent, M V Carey, 1971)

XIX. Le tableau se met table (The Mystery of the Shrinking House, William Arden, 1972)

XX. Le journal qui s'effeuillait (The Secret of Phantom Lake, William Arden, 1972)

XXI. Linsaisissable home des neiges (The Mystery of Monster Mountain, M V Carey, 1972)

XXII. Le miroir qui glaait (The Secret of the Haunted Mirror, M V Carey, 1972)

XXIII. Le testament nigmatique (The Mystery of the Dead Man's Riddle, William Arden, 1972)

XXIV. La Mine qui ne payait pas de mine (The Mystery of Death Trap Mine, M V Carey, 1976)

XXV. Le dmon qui dansait la gigue (The Mystery of the Dancing Devil, William Arden, 1976)

XXVI. Lpe qui se tirait (Mystery of the Headless Horse, William Arden, 1977)

XXVII. Lditeur qui mditait (The Mystery of the Magic Circle, M V Carey, 1977)

XXVIII. La Saisie des sosies (The Mystery of the Deadly Double, William Arden, 1978)

XXIX. Lpouvantable pouvantail (The Mystery of the Sinister Scarecrow, M V Carey, 1979)

XXX. le requin qui resquillait (The Secret of Shark Reef, William Arden, 1979)

XXXI. Laveugle qui en mettait plein la vue (The Mystery of the Scar-Faced Beggar, M V Carey, 1981) XXXII. Le flibustier pirat (The Mystery of the Purple Pirate, William Arden, 1982)

XXXIII. La baleine emballe (The Mystery of the Kidnapped Whale, M V Carey, 1983)

XXXIV. Le drakkar hagard (The Mystery of the Creep-Show Crooks, William Arden, 1985)

XXXV. Les caisses la casse (Hot Wheels, William Arden, 1989)

XXXVI. Envole, la volaille ! (Murder To Go, Megan Stine et H. William Stine, 1989)

XXXVII. L'nesse qui se pavanait (An Ear For Trouble, Marc Brandel, 1989)

XXXVIII. Silence, on tue ! (Thriller Diller, Megan Stine et H. William Stine, 1989)

ALFRED HITCHCOCKLARC EN CIEL

A PRIS LA FUITETEXTE FRANAIS DE TATIANABELLINI ILLUSTRATIONS DE JACQUES POIRJER,

HACH ETTE

383DU MME AUTEURDans lIdal-Bibliothque :QUATRE MYSTRESAU RENDEZ-VOUS DES REVENANTSLE PERROQUET QUI BGAYAITDans la Bibliothque Verte:LA MOMIE QUI CHUCHOTAIT

LE CHINOIS QUI VERDISSAITl'dition originale de ce roman, rdigavec la collaboration de robert arthur,a paru en langue anglaise chez randomhouse, new york, sous le titre :THE MYSTEHY 0F THE VANISHING

THEASURE Random House, 1966. Librairie Hachette, 1969.Tous droits de traduction, de reproductionet d'adaptation rservs pour tous pays.NE LISEZ CECI SOUS AUCUN PRTEXTE!(A moins que vous ne connaissiez pas encore les Trois jeunes dtectives.)le volume dont vous venez de tourner la premire page raconte une nouvelle aventure de mes amis Hannibal Jones, Peter Crentch et Bob Andy, mieux connus sous l'appellation collective des Trois jeunes dtectives.

Cette fois-ci, ils tentent de percer le secret d'un audacieux cambriolage de muse, ils volent au secours d'une vieille dame que des gnomes ne laissent pas dormir tranquille, et ils risquent de partir comme esclaves pour le Moyen-Orient. De quoi faire se dresser le peu de cheveux qu'il me reste sur la tte.Vous savez ou vous ne savez pas qu'Hannibal Jones, le dtective en chef, est si gros qu'on l'appelait Gros-plein-de-soupe quand il tait plus jeune; que Peter Crentch a des muscles d'athlte; etque Bob Andy, le plus petit de taille, est aussi plus studieux de caractre. Vous savez ou vous ne savez pas que le P. C. des Trois jeunes dtectives se trouve dans une roulotte dissimule par l'amoncellement de bric--brac qui se dresse au milieu du Paradis de la Brocante. Le Paradis de la Brocante, entrept et magasin d'occasions diverses, appartient M. et Mme Jones, Fonde et la tante d'Hannibal. C'est chez eux qu'il habite.Le P.C., bien entendu., n'est accessible qu'aux initis, qui empruntent pour y arriver des passages drobs nomms en code Tunnel deux, Confort trois , Grille verte un et Roquet de la porte rouge .Le tout se passe en Californie, Rocky, petite ville situe quelques miles de Hollywood.En voil assez pour vous mettre au courant, si vous ne l'tiez pas dj Maintenant, ouvrez bien les yeux : les mystres commencent. alfred hitchcock.Table

I. O il est question de voler l'arc-en-ciel

11 II. Evnements imprvus au muse

17III. Alfred Hitchcock tlphone

29IV. Etrange vision

38V. Une histoire de gnomes

45VI. Une conversation suspecte

58VII. Intermde au thtre

69VIII. Un visiteur inattendu

75IX. Chasse au gnome

85X. La capture

90XI. La poursuite

99XII. La descente

106XIII. Sinistre complot

115XIV. Rob a la rescousse

135XV. Opration tunnel

144XVI. Le dock 37

150 XVII. Riposte surprise

161XVIII. Alfred Hitchcock demande des explications

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CHAPITRE PREMIERO IL EST QUESTION DE VOLER L'ARC-EN-CIEL Je me demande si nous pourrions voler l'Arc-en-ciel , dit Hannibal Jones.Peter Crentch faillit en laisser tomber son fer souder. Bob Andy, lui, ne manqua pas de laisser tomber les caractres d'imprimerie qu'il tenait la main. Veux-tu rpter, s'il te plat? Je me demande si nous pourrions voler l'Arc-en-ciel, rpta calmement Hannibal.Premire objection : nous ne sommes pas des voleurs, remarqua Peter.- Oui, mais si nous en tions?- Si nous en tions, il nous faudrait au moins l'chelle de Babel ou la tour de Jacob ! Hannibal ne jugea pas utile de rectifier et expliqua patiemment : Je parle des bijoux qui sont actuellement exposs au muse Peterson et qu'on appelle la Collection Arc-en-ciel. Les trois garons se trouvaient dans l'atelier en plein air qu'ils s'taient amnag au Paradis de la Brocante, vaste bric--brac tenu par l'oncle et la tante d'Hannibal. C'tait l qu'ils travaillaient rparer les articles d'occasion que M. Jones achetait en mauvais tat : ils gagnaient ainsi un peu d'argent de poche, ce qui leur permettait de subvenir aux frais de leurs enqutes et de payer l'abonnement du tlphone qu'ils avaient install dans leur P.C.Depuis quelques jours, les dtectives n'avaient rien dtecter. Aussi Peter et Bob consacraient-ils tous leurs loisirs bricoler, tandis qu'Hannibal mditait de son ct. Muse Peterson? Qusaco? demanda le jeune Crentch.- C'est l'ancienne rsidence de M. Hiram Peterson, le roi du ptrole, rpondit Bob. Il l'a lgue la ville, pour en faire un muse ouvert au public. C'est l, reprit Hannibal, que se tient actuellement une exposition de bijoux orientaux, organise par la compagnie Nagasami, de Tokyo. La compagnie Nagasami est spcialise dans les perles de culture et a mont cette exposition pour se faire de la publicit. Cependant, les deux principaux objets exposs ne sont pas en perles. 1l s'agit d'un collier et d'une ceinture qui constituent la collection Arc-en-ciel. Tous deux sont faits de pierres prcieuses, diamants, meraudes, rubis, topazes, amthystes, groupes de telle faon qu'elles brillent, comme leur nom l'indique, de tous les feux de l'arc-en-ciel. A elle seule, la ceinture pse huit kilos et vaut des centaines de milliers de dollars II parat qu'elle a appartenu jadis aux empereurs du Japon. a ne se vole pas, des bijoux comme a, fit Peter. a doit tre aussi bien gard qu'une banque. Mieux que la plupart des banques, rpliqua Hannibal. Plusieurs gardiens se tiennent en permanence dans la salle o se trouvent les bijoux. Un circuit de tlvision ferm permet aussi de surveiller la salle partir des bureaux. La nuit, des rayons cathodiques traversent le muse : ils sont invisibles, mais si quelqu'un passe dans leur champ, une sonnerie d'alarme se dclenche. Des fils lectriques sont incorpors au verre de la vitrine qui contient les bijoux : il suffit de briser le verre pour qu'une alarme se dclenche galement. En outre, le Muse est quip d'un groupe lectrogne, si bien que, mme si le courant tait coup par un orage ou par un malfaiteur, le systme fonctionnerait encore.- C'est bien ce que je disais : il est impossible de voler les bijoux, dclara Peter.Rien n'est impossible : il y a seulement des choses plus difficiles que d'autres.En quoi cela nous intresse-t-il? demanda Bob. Je croyais que nous devions rsoudre des mystres : pas en crer. Il faut bien s'occuper quand on n'a rien rsoudre, rpondit Hannibal. J'esprais qu'Alfred Hitchcock nous trouverait un petit problme de sa faon, malheureusement il n'en est rien. En cas de chmage forc, un vrai dtective en profite pour exercer ses facults de dtection. Si nous trouvons un moyen de voler les bijoux, nous ne l'utiliserons pas, mais il nous servira en une occasion ultrieure pour percer l'nigme de quelque cambriolage insoluble. Le tout est de se mettre la place du voleur. Perte de temps! dcida Peter. Nous ferions mieux d'exercer nos facults de plonge sous-marine. Ce serait bien plus amusant.- D'accord, dit Bob. Papa nous a promis de nous emmener la pche au homard ds que nous serions capables de plonger comme i] faut.Deux contre un! remarqua Peter. Babal, tu es battu une crasante majorit.J'ai lu dans le journal, reprit Hannibal sansse troubler, qu'aujourd'hui les enfants et les jeunes de moins de dix-huit ans peuvent entrer pour moiti prix au muse. Les scouts de toute sorte entreront gratis. Comme nous ne sommes pas scouts, cela ne nous intresse pas, objecta Peter. Nous avons travaill toute la semaine pour oncle Titus, si bien que nous avons une petite avance financire, rpliqua Hannibal. "Voir F Arc-en-ciel pour moiti prix, c'est une occasion ne pas manquer. Peter! s'cria Bob, j'ai l'impression que nous allons tre battus, toi et moi, une crasante minorit! a ne m'tonnerait pas, reconnut Peter. Mais dites donc, j'ai une ide pour le vol des bijoux. Qu'est-ce que c'est que des bijoux? Des pierres, hein? Bon. Que fait-on avec des pierres? On les casse avec de gros marteaux, rpondit Hannibal. On s'en sert pour empierrer les routes, ajouta Bob. Et aussi on les lance avec un lance-pierres! acheva Peter. D'o le plan suivant : un gars casse la vitrine, tire un lance-pierre de sa poche et envoie les joyaux par la fentre. Des complices les attrapent dans des paniers et dcampent en vitesse. Lumineux ! s'cria Bob. Hannibal prit l'air pensif. Puis : Ce stratagme remarquable prsente toutefois deux failles, remarqua-t-il. Premirement, l'auteur du cambriolage proprement dit sera srement captur par les gardiens aprs avoir effectu son tir au lance-pierres. Deuximement, il serait impossible de mettre ce plan en application au muse Peterson parce que...- Parce que quoi ?- Parce que le muse Peterson n'a pas de fentres.

CHAPITRE II

VNEMENTS IMPRVUS AU MUSE

une heure plus tard, les Trois jeunes dtectives se prsentaient l'entre du muse Peterson. Le muse se dressait au milieu d'un parc, au sommet d'une colline verdoyante. Il consistait en un immense corps de logis flanqu de deux ailes coupoles vitres.De nombreuses voitures remontaient l'alle d'accs; d'autres descendaient l'alle qui conduisait la sortie. Le parc de stationnement tait plein de vhicules. Des enfants en grand nombre, surtout des scouts en uniforme, louveteaux et routiers, s'gaillaient dans le parc aprs avoir visit l'exposition. Je veux d'abord tudier le terrain, dit Hannibal. Commenons par examiner l'extrieur du muse. Les Trois jeunes dtectives contournrent l'difice. Comme le dtective en chef l'avait prcis, toutes les fentres taient mures, aussi bien dans le corps de logis central que dans les deux ailes. Bob regardait si attentivement la faade aveugle qu'il ne vit pas plusieurs louveteaux qui couraient droit sur lui. L'un d'eux vint le heurter de plein fouet et, rebondissant, roula dans l'herbe. Oh! pardon! fit Bob, confus.Mais le louveteau se releva prestement, sourit d'un large sourire o brilla une dent d'or, et partit au pas de course rejoindre sa troupe. Regarde! s'cria Hannibal. Quoi donc? demanda Peter. Il n'y a rien voir. Regarde tous ces fils lectriques qui convergent ce poteau et entrent dans la maison sous forme d'un cble unique. Il serait facile de le couper. Qui irait faire une chose pareille? s'tonna Bob. Voyons! Des cambrioleurs. Evidemment, celane changerait rien au systme d'alarme qui est indpendant. Nanmoins, il y a l un dfaut dans la conception d'ensemble. Ayant fait le tour du btiment, ils se prsentrent l'entre et prirent chacun leur ticket. Un gardien leur dsigna la direction suivre. Il y a des flches , indiqua-t-il.Du vestibule, on passait dans l'aile droite, transforme tout entire en une vaste salle. Au niveau du premier tage, un balcon en faisait le tour; un escalier donnait accs au balcon; un cordon de velours barrait l'accs de l'escalier et une pancarte prcisait que l'entre en tait interdite.Des tableaux dans de grands cadres sculpts et dors pendaient au mur. Ils appartenaient l'exposition permanente du muse et n'intressaient gure les dtectives qui taient venus voir des bijoux et non des tableaux. Remarquez la faon dont ces tableaux sont suspendus, fit cependant observer Hannibal. Jadis on les suspendait par des fils de mtal ces moulures que vous voyez encore sur le mur : maintenant, un support invisible rattache le cadre la paroi. Je me demande pourquoi on a mur les fentres, dit Peter. Il doit y avoir deux raisons, rpondit Hannibal. D'une part, pour gagner de la place afin de pouvoir accrocher plus de tableaux; d'autre part,pour installer un systme de conditionnement d'air rellement efficace. Une temprature et un degr d'humidit toujours constants sont des conditions ncessaires pour conserver des peintures l'huile en bon tat. Revenant dans le vestibule, les garons passrent ensuite, avec une foule d'enfants et de jeunes gens, dans l'aile gauche qui tait en tout point semblable celle de droite.Le collier de la collection Arc-en-ciel se trouvait dans une vitrine, au centre de la salie. Un cordon de velours empchait les curieux d'en approcher moins d'un mtre. Excellente prcaution, remarqua Hannibal. Ainsi, il est impossible de briser la vitrine et de filer avec les bijoux. Les garons admirrent longuement les diamants aux reflets bleuts, les rubis qui rougeoyaient comme des charbons ardents, les meraudes, les topazes, les amthystes, les saphirs... Un gardien leur prcisa que les joyaux qui se trouvaient dans la vitrine valaient deux millions de dollars, et les pria de circuler pour laisser la place d'autres visiteurs, en l'occurrence une demi-douzaine de jeunes guides qui avaient le fou rire.La deuxime vitrine se trouvait plus prs du mur, l'aplomb du balcon. L, une ceinture d'un mtre de long, faite de gros maillons d'or orns de pierres

prcieuses semblables celles du collier, tait expose. La boucle tait constelle de rubis et de diamants. Un mtre de tour de taille! s'cria Peter. Mazette! Il n'tait pas mince, le bonhomme pii portait a ! Cette ceinture, expliqua le gardien, a appartenu aux empereurs du Japon. Elle a plus de mille ans d'ge. Elle reprsente huit kilos 4'or et de pierres prcieuses. Sa valeur historique excde encore sa valeur commerciale. Veuillez circuler. D'autres vitrines contenaient des objets de perles fabriqus par la compagnie Nagasami : cygnes, biches, poissons, antilopes. Les jeunes guides en

poussaient des oh! et des ah! n'en plus finir.La salle tait pleine de monde. Les Trois jeunes dtectives se placrent dans un coin pour pouvoir causer. Les gardiens sont si nombreux qu'aucun vol ne pourrait avoir lieu en plein jour, dclara Hannibal. La nuit, il faudrait pouvoir entrer dans l'difice et ouvrir les vitrines sans dclencher les sonneries d'alarme. Cela me parat impossible. Cependant-Pardon! Dsol! Navr! fit un monsieur qui venait de heurter Hannibal qu'il n'avait pas vu, car il marchait reculons tout en regardant sa montre. Monsieur Frank, bonjour! rpondit Hannibal. Je vous connais donc? s'tonna l'homme. Nous avons jou ensemble a la tlvision, quand j'tais un petit garon et qu'on m'appelait encore Gros-plein-de-soupe. Vous ne vous en souvenez plus? Vous teniez le rle du pauvre homme qui on reprochait toujours les sottises que j'avais commises. Bien sr! s'cria M. Frank. Je serais heureux de vous parler du bon vieux temps, mais je ne peux pas le faire maintenant. C'est lheure de mon numro. Votre numro? Oui, regardez! Vous allez vous amuser. Ah!Voici un gardien. Il faut que j'attire son attention. Monsieur, monsieur! appela-t-il d'une voix mourante.Le gardien se tourna vers lui. Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? demanda-t-il. Je me sens mal, rpondit M. Frank qui chancelait. Donnez-moi un verre d'eau. Tout en parlant, le comdien tira un mouchoir de sa poche pour s'ponger le front. Une grosse pierre rouge roula sur le parquet. Je... je... je m'excuse, fit M. Frank, visiblement confus. Qu'est-ce que c'est que a? grogna le gardien. O avez-vous pris cette pierre? Venez un peu par ici, qu'on s'explique. Il mit la main au collet de M. Frank qui commena protester. Aussitt, le gardien saisit un sifflet et souffla dedans de toutes ses forces.Le bruit provoqua une agitation gnrale. Les gardiens se prcipitrent sur M. Frank et l'encerclrent. Le public afflua. Le comdien donnait les signes du trouble le plus complet. Alors, ppre... , commena le gardien-chef d'un ton menaant.Il n'acheva pas. Soudain, le muse tout entier fut plong dans l'obscurit.Aprs un silence de stupfaction, les gens se mirent crier : Lumire! Lumire! Allumez l-dedans!

Mais les tnbres rgnaient toujours. Le gardien-chef siffla son tour et donna des ordres : Deux hommes l'Arc-en-ciel ! Tous les autres, la porte! Que personne ne sorte! Alors le tumulte clata. Les enfants pleuraient. Les mres grondaient. Tout le monde tournait sans but dans l'obscurit. Chef! cria un gardien. Il y a des gosses autour de moi. Je ne peux pas arriver jusqu' l'Arc-en-ciel. - Je ne veux pas le savoir ! rpliqua le chef.A ce moment, on entendit un grand bruit de verre bris. Sans doute une des vitrines avait-elle t dfonce. La sonnerie d'alarme dchira l'air.

Les bijoux! haleta Peter dans l'oreille d'Hannibal. Ils ont les bijoux ! Eh oui! rpondit Hannibal, qui paraissait s'amuser fort. Tout tait parfaitement minut. Essayons de nous frayer un chemin jusqu' la sortie et de reprer les voleurs. Il y a peut-tre une porte de derrire? objecta Bob. C'est un risque prendre ! dcida Hannibal. Tel un char d'assaut, il fona vers la sortie. Maisses efforts taient inutiles, car les gardiens la barraient et ne laissaient passer personne. La situation devenait dangereuse. Les gens perdaient leur sang-froid. Des enfants pouvaient tre renverss et fouls aux pieds.La sonnerie d'alarme se tut. Une voix marque d'un fort accent oriental couvrit le vacarme : Gardiens! Laissez les gens sortir de la salle, mais ne permettez pas eux quitter muse sans les avoir fouills. Les gardiens s'cartrent. Une mare humaine dferla dans le vestibule. Les dtectives se laissrent porter par le mouvement. Le public fut rassembl sur la pelouse et encadr par des policiers qui arrivaient, toutes sirnes hurlantes.L'une des dernires personnes sortir fut M. Frank, qui paraissait boulevers. Que s'est-il pass? demanda-t-il aux garons en les apercevant. Je ne comprends pas. Je...

Un gardien bondit sur lui. Vous, direction le commissariat! Malgr ses protestations, M. Frank fut entran dans une des voitures de police. Je parierais qu'il est innocent, dit Hannibal. Mais videmment il va avoir rpondre un tas de questions. Je voudrais bien savoir ce que les cambrioleurs ont vol et comment ils comptent s'chapper. Trs peu d'hommes dans la foule, remarqua Peler. Il y a surtout des femmes et des enfants.- On va srement fouiller tout le monde , fit Hannibal.A cet instant, un monsieur japonais, qui semblait tre le responsable de la scurit, apparut sur le perron, brandissant une torche lectrique Ce n'est pas le collier qu'ils ont vol! annona-t-il. C'est la ceinture Arc-en-ciel. Ls vitrine est dfonce. Commencez la fouille ! Les yeux d'Hannibal brillrent. La ceinture! s'tonna-t-il. Je ne comprends pas du tout pourquoi les voleurs ont prfr emporter cette ceinture qui est si lourde et si encombrante, alors que le collier tait la fois plus cher et plus facile dissimuler. Bob dsigna deux routiers. Regarde-moi ces scouts, dit-il, avec leurs sacs tyroliens et leurs hachettes! Ce sont srement les voleurs : ils ont bris la vitrine avec les hachettes et mis la ceinture dans l'un des sacs.

Trop vident! rpliqua Hannibal. Ils seront les premiers fouills, tu vas voir. Si tu veux mon avis, on ne retrouvera pas lArc-en-ciel aujourd'hui. Hannibal ne se trompait pas. Les routiers se laissrent fouiller sans difficult. Leurs sacs ne contenaient que des botes de conserves prpares pour un pique-nique. Un un, tous les visiteurs furent relchs. Les Trois jeunes dtectives s'arrangrent pour rester les derniers. Lorsque les gardiens, torche au poing, rentrrent dans le muse, les garons les suivirent discrtementComme l'avait annonc le Japonais, la vitrine de la ceinture tait brise et la ceinture elle-mme avait disparu, mais le collier tait intact. Le Japonais contemplait le dsastre d'un air navr. Quand il aperut les garons, il se prcipita sur eux. Enfants! Vous, que faire ici? Rentrez vitement maison. Indsirables ici! explosa-t-il. Je vous demande pardon, monsieur, rpondit Hannibal en tirant de sa poche une carte de visite du modle affaires. Voulez-vous prendre connaissance de ceci? Nous sommes jeunes, je le sais bien. Nanmoins, nous pourrions peut-tre vous rendre service. L'homme lut la carte, l'air perplexe. Le texte en tait le suivant :LES TROIS JEUNES DTECTIVESDtections en tout genre? ? ?Dtective en chef : hannibal jonesDtective adjoint : peter crentchArchives et recherches : bob andy Les trois points d'interrogation, expliqua Hannibal, nous servent de symbole ou d'enseigne. Ils reprsentent les mystres percer, les nigmes rsoudre. Nous nous proposons...- Sornettes! Petits garons ridicules! hurla le Japonais en jetant la carte au sol. Moi, honorable Saito Togati, responsable scurit bijoux Nagasami, j'ai permis la ceinture des empereurs d'tre envole! Je suis dshonor. Je n'ai plus qu' me faire hara-kiri. Et voici que petits trois imbciles viennent compliquer besogne de moi. Sortez! Ceci est travail pour nommes, pas pour bbs. Il n'y avait rien rpliquer une dclaration d'une telle violence, pensrent Bob et Peter.Ils sortirent donc, suivis par Hannibal qui laissa la petite carte blanche traner sur le parquet.Une chose tait sre : ce n'tait pas aux Trois jeunes dtectives que serait confie l'enqute sur le vol de la ceinture Arc-en-ciel.

CHAPITRE III

ALFRED HITCHCOCK TLPHONEle lendemain matin, les journaux taient pleins du mystrieux cambriolage. Bob, en sa qualit d'archiviste, dcoupa tous les articles consacrs cette affaire qui intressait passionnment le dtective en chef.Ce fut par les journaux que les garons apprirent pourquoi les lumires s'taient teintes. Un homme en bleu de chauffe avait t vu au moment o, une grosse pince coupante la main, il se dirigeait vers l'arrire du muse. Quelques instantsplus tard, il montait dans une camionnette noire, qui s'loignait rapidement. Personne n'avait trouv rien de suspect son attitude. Mais on savait maintenant que le cble lectrique avait t tranch. L'apparition de l'homme concidait avec la panne la faveur de laquelle les cambrioleurs avaient fait leur travail.Cependant, l'nigme demeurait entire. Personne n'tait sorti par la porte de derrire, les services de scurit en taient srs car un gardien y avait t post en permanence. Tous les visiteurs avaient t fouills. Qui tait donc le voleur?Les journaux prcisaient que M. Edmond Frank, comdien, avait t apprhend, interrog, puis relch. Je me demande ce qu'il a bien pu leur raconter, marmonna Hannibal en se pinant la lvre infrieure. Visiblement, il cherchait faire croire aux gardiens qu'il avait vol un des rubis... De toute faon, le cambriolage porte la signature d'une bande de voleurs professionnels. Quant au reste, je n'y vois que du bleu. Peut-tre l'un des gardiens est-il dans le coup? suggra Bob.- Ou peut-tre les voleurs se sont-ils cachs dans le muse en attendant que tout le monde s'en aille? proposa Peter.- Je ne le crois pas, rpondit Hannibal. On n'engage comme gardiens que des hommes srs, et les journaux affirment que le muse a t fouill de fond en comble aprs le dpart des visiteurs. Il y avait peut-tre une chambre secrte, objecta Peter. Comme dans le Manoir Vert. II faisait allusion l'une de leurs dernires aventures, que M. Hitchcock a raconte sous le titre : Le Chinois qui verdissaitl.Hannibal frona le sourcil. La vraie question est celle-ci, dit-il. Pourquoi les voleurs ont-ils emport la ceinture et non le collier de la collection Arc-en-ciel? Si nous savions cela, nous aurions rsolu l'nigme. Le dtective en chef se renversa dans son fauteuil de bureau, l'un des principaux meubles du P.C. secret. Reprenons tous les lments que nous possdons, un un. D'abord les lumires se sont teintes, par le fait d'un complice plac l'extrieur. La prsence des femmes et des enfants a empch les gardiens d'agir efficacement. Il est permis de supposer que c'est prcisment en comptant l-dessus que les voleurs ont dcid d'oprer ce jour-l. Juste, fit Peter. Ensuite, tandis que les gardiens se prcipitaient pour protger la vitrine du collier, quelquun a bris celle de la ceinture Arc-en-ciel, et s'est empar du bijou. Etant donn que c'est lapartie suprieure de la vitrine qui a t enfonce, il faut admettre que le cambrioleur est un homme de trs haute taille.- Certains des gardiens taient trs grands, remarqua Bob.- Exact, reconnut Hannibal. La sonnerie d'alarme a retenti. Alors tout le monde a couru vers la porte. La bousculade a t gnrale. Quand finalement les gens ont pu sortir, M. Togati, le Japonais charg de la scurit, nous a tous fait fouiller par les gardiens. Enfin, on nous a permis de rentrer chez nous.- Permis? se rcria Peter. On nous a ordonn de rentrer chez nous! Et encore aprs que tu eus offert notre aide pour percer l'nigme! Ils ont sans doute pens que nous tions trop jeunes, dit Hannibal, plus vex qu'il ne voulait le paratre. Dommage que le directeur du muse ne soit pas M. Hitchcock. Il nous aurait srement autoriss nous occuper de l'affaire. Moi, je n'y tiens pas tellement, fit Peter. Pour l'instant, nous n'y voyons pas plus clair que la police. Un fait demeure extrmement curieux, dclara Hannibal. M. Frank doit en savoir plus long qu'il n'en dit. M. Frank? Pourquoi M. Frank?

Peter et Bob regardaient leur chef en ouvrant de grands yeux. Rappelez-vous ce qui s'est pass. M. Frank nous a annonc qu'il allait excuter son numro. Puis il a tir son mouchoir et a laiss tomber une grosse pierre rouge, probablement fausse, sur le parquet. Le gardien l'a vu et s'est mis siffler. Qu'est-il advenu ensuite? Ensuite? Tous les gardiens se sont prcipits vers M. Frank et le public a voulu voir ce qui arrivait, dit Bob. Exactement! Donc, il s'agissait d'une manuvre de diversion. C'est sous le couvert de cette manuvre que les cambrioleurs ont fait quelque chose que personne n'a remarqu. Quoi? demanda Peter. Je n'en sais rien encore, avoua Hannibal. Nanmoins, nous voyons dj que la synchronisation des oprations tait remarquable. M. Frank laisse tomber son rubis. Le gardien siffle. Les autres gardiens accourent. Une seconde ou deux plus tard, les lumires s'teignent. Et, pendant ce temps, les cambrioleurs agissent et lArc-en-ciel prend la fuite. Bob parut pensif. Babal, fit-il, tu dois avoir raison. Mais comme nous ne savons pas qui taient les cambrioleurs, nous en sommes toujours au mme point. A cet instant, le tlphone sonna.Hannibal dcrocha l'appareil et brancha l'amplificateur qui permettait ses amis d'entendre la communication. Monsieur Hannibal Jones? demanda une voix de femme. Lui-mme. Ne quittez pas. M. Hitchcock va vous parler. Il doit avoir un mystre nous soumettre! s'cria Bob.En effet, depuis que le grand metteur en scne s'intressait aux Trois jeunes dtectives, il lui arrivait de leur proposer des nigmes rsoudre.La voix d'Alfred Hitchcock retentit dans l'appareil. Etes-vous occup en ce moment, mon jeune ami? Non, monsieur, rpondit Hannibal. J'avais offert au muse Peterson de me pencher sur l'affaire de la ceinture Arc-en-ciel, niais on m'a oppos une fin de non-recevoir. On a eu tort. Vous n'auriez pu faire moins que la police, remarqua M. Hitchcock. Cependant, je suis ravi d'apprendre que vous tes disponible. Vous pourriez venir en aide une de ms plus vieilles amies, une femme crivain. Nous ferons notre possible, monsieur. De quoi s'agit-il? M. Hitchcock parut hsiter. Il finit par dire, en choisissant ses mots : Mon garon, je n'en sais rien. Elle m'a affirm, par tlphone qu'elle avait des ennuis avec des gnomes. Des gnomes, monsieur? rpta Hannibal stupfait.Bob et Peter n'taient pas moins tonns, Oui, des gnomes. Ou des lutins, ou des elfes. Enfin des reprsentants du petit peuple souterrain spcialis dans la recherche des trsors. Monsieur, objecta Hannibal, les gnomes sont des cratures lgendaires, imaginaires et mythologiques. Peut-tre bien. Mon amie affirme cependant qu'ils s'introduisent dans sa maison la nuit qu'ils dplacent ses livres et ses tableaux. Cela la drange beaucoup. Elle en a parl l'agent de police deson quartier, mais l'agent l'a regarde comme si elle tait folle : elle ne veut donc pas insister de ce ct. Elle m'a appel parce qu'elle a confiance en moi. Et moi, j'ai immdiatement pens vous. Voulez-vous vous charger de l'affaire?Trs volontiers, monsieur! Pouvez-vous me donner le nom et l'adresse de cette dame? Aprs avoir not ces indications et promis de rendre compte M. Hitchcock de l'volution de l'affaire, Hannibal raccrocha. L'air triomphant, il regarda Bob et Peter. L'enqute sur le vol de la ceinture Arc-en-ciel n'a pas t confie notre agence, c'est un fait, reconnut-il. Mais je crois bien que nous sommes les seuls dtectives avoir jamais t engags pour rgler une affaire de gnomes!

CHAPITRE IV

TRANGE VISION

Miss agtha allward, l'amie dont Alfred Hitchcock avait parl aux garons, habitait a Los Angeles. Hannibal demanda donc sa tante Mathilde si Hans, l'un des deux chauffeurs du Paradis de la Brocante, pourrait y conduire les Trois jeunes dtectives. La permission fut accorde, car Mme Jones tait contente du travail que les garons avaient fait pour elle au cours des derniers jours. Tout en djeunant avant leur expdition, lesdtectives recommencrent parler du cambriolage au muse. Avez-vous remarqu quoi que ce soit de suspect? demanda Hannibal.Il y avait une jeune guide avec une drle de coiffure. On aurait dit une perruque. Elle cachait peut-tre la ceinture d'or dessous , suggra Peter.Hannibal soupira profondment. J'ai mieux, proposa Bob. Il y avait un vieux monsieur avec une grosse canne. Il cachait peut-tre la ceinture Arc-en-ciel l'intrieur.Grotesque! protesta Hannibal. Des cannes et des perruques! Et puis quoi encore? Pour le collier, a irait, mais pour la ceinture!... Non, trouvez autre chose.Si nous parlions plutt de notre nouvelle affaire? suggra Bob. J'ai lu l'article gnomes dans la Grande Encyclopdie, et... Tu nous raconteras a en roulant, interrompit Hannibal. Je vois Hans qui nous attend dans la camionnette. Les garons achevrent prcipitamment leur repas et coururent s'entasser sur le sige avant de la camionnette. Hannibal donna l'adresse de Miss Allward Hans, et le vhicule dmarra. Maintenant, Bob, fais-nous ta confrence sur les gnomes, conseilla Hannibal.- Les gnomes, rcita Bob, appartiennent une race de petits hommes habitant l'intrieur de la terre et s'occupant rechercher ou garder des trsors. On peut aussi utiliser le ternie gnomes pour qualifier les elfes et les lutins, autres cratures fabuleuses que l'on rencontre dans les contes de fes et lgendes.- Autrement dit, ils n'existent pas, rsuma Peter. Peter, mon gars, tu te trompes , pronona alors Hans, le chauffeur.Il tait d'origine bavaroise et fermement attach toutes les superstitions de son pays En Bavire, les gnomes, il n'y a que a, dclara-t-il. Les forts en sont pleines. Personne ne les voit. Pourtant, on connat toutes leurs histoires. D'accord, mais ici, on n'est pas en Bavire! rpliqua Peter. En Californie, il n'y a jamais eu de gnomes. Qu'est-ce qu'ils viennent faire l, en supposant qu'ils existent? Chercher de l'or, rpondit Bob en souriant. L'or, c'est la grande spcialit des gnomes, et la Californie est un des pays les plus aurifres du monde. Aurifre toi-mme, grogna Peter.- Gnomes ou pas gnomes, des vnements mystrieux se droulent chez Miss Allwar4, conclut Hannibal. Et nous allons bientt en savoir plus : je crois que nous arrivons. La camionnette traversait un quartier jadis rsidentiel, maintenant envahi par les boutiques et les usines. Cherchant le numro de !a maison, Hans s'arrta devant un grand btiment d'allure mauresque, avec colonnes torsades, coupoles et minarets. Les fentres taient encloues de planches; la peinture blanche et dore s'caillait partout. Une vieille enseigne peine lisible portait les mots Thtre des Mille et Une Nuits; une autre, toute frache, indiquait qu'un immeuble de douze tages serait bientt construit cet endroit.Plus loin, une haie, haute et touffue, longeait le trottoir. Derrire la haie s'tendait un jardin au fond duquel s'levait une vieille maison d'aspect mlancolique.Plus loin encore, on voyait une banque faade modernise, un supermarch et quelques boutiques minables. Nous avons dpass notre numro, dit Hannibal en lisant celui de la banque. Essayons la maison derrire la haie, proposa Bob. C'est la seule qui ait l'air d'une rsidence particulire. Hans gara la voiture en face de la haie, et Peter vit qu'une petite pancarte surmontait la barrire qui permettait de franchir la haie ; A. Allward, lut-il. Nous y sommes. Mais quelle drle d'ide de venir habiter un quartier pareil ! Les garons descendirent de voiture et demandrent Hans de les attendre. La grille tait ferme clef. Une vieille carte de visite, toute jaunie, tait glisse sous la sonnette. Elle portait l'inscription suivante, trace d'une criture dmode :

Sonnez, s.v.p. Gnomes, elfes et lutins sifflez. Gnomes, elfes et lutins, sifflez! s'cria Peter. Qu'est-ce que a veut dire? Hannibal frona le sourcil. Je me le demande moi-mme, pronona-t-il. Apparemment, Miss Allward croit rellement l'existence de ces tres surnaturels. Nous allons bien voir. Siffle, Peter. Peter sembla hsiter. Tu ne crois pas que je vais me transformer en gnome si je siffle? Non, srement pas. Vas-y. Les garons attendirent quelques instants. Soudain, tout prs d'eux, une voix, semblant sortir des buissons, se fit entendre. Qui est l, s'il vous plat? Les dtectives sursautrent, mais Hannibal comprit aussitt ce qui se passait. Les buissons dissimulaient un haut-parleur permettant aux occupants de la maison de parler aux visiteurs, et sans doute aussi un micro pour que les visiteurs puissent rpondre. Hannibal se pencha un peu, et repra une maison pour oiseaux qui devait contenir les deux appareils. Bonjour, mademoiselle, dit-il poliment en s'adressant la maison pour oiseaux. Nous sommes les Trois jeunes dtectives et nous venons de la part de M. Hitchcock. Soyez les bienvenus , rpondit la maison, d'une petite voix douce et ppiante.Un bourdonnement retentit. La grille s'ouvrit. Les garons entrrent dans le jardin et s'arrtrent sur place, surpris de ce qu'ils voyaient.Dans l'troit espace limit par les murs latraux du thtre et de la banque, on aurait pu se croire trs loin de la ville, presque dans un pays imaginaire. La haie, paisse et noire, cachait la rue. La vieille maison de matre, toute grise, toute pele, avec son petit perron a peine gay par quelques pots de fleurs, paraissait situe en dehors du temps.Les garons changrent un regard : ils taient tous galement impressionns.Miss Allward parut sur le perron. C'tait une vieille demoiselle, grande, mince, avec des cheveux blancs et des yeux ptillants d'intelligence. Entrez, les garons, dit-elle. Je vous suis trs reconnaissante de vous tre drangs. Elle les conduisit dans une bibliothque qui lui servait de cabinet de travail. Des milliers de livres emplissaient les tagres; les murs taient couverts de portraits d'enfants. Asseyez-vous, mes amis, pronona Miss Allward. Je vais maintenant vous expliquer pourquoi je me suis adresse mon vieil ami Alfred Hitchcock. Voyez-vous, les gnomes dont je lui ai parl... A ce moment, Bob poussa un grand cri.Tout en s'installant dans son fauteuil, il avait jet un coup d'il la fentre et il venait d'apercevoir un petit bonhomme en chapeau pointu qui avait coll son visage barbu la vitre. L'expression de ce visage tait nettement hostile. Sur l'paule, l'trange personnage portait un pic de terrassier.

CHAPITRE V

UNE HISTOIRE DE GNOMESun gnome! hurla Bob. Il nous pie.

Les autres tournrent la tte, mais le gnome avait dj disparu.Il doit tre dans le jardin! cria Bob. Il bondit vers la fentre, suivi Peter et de d'Hannibal. La fentre se trouvait dans un renfoncement entre deux tagres. En essayant de l'ouvrir, Bob s'aperut qu'il s'agissait d'un miroir, et pivota sur lui-mme. Miss Allward lui indiquait la direction oppose. La fentre est en face, expliqua-t-elle. Elle se reflte dans le miroir. J'aime bien cet effet : on a l'impression que la pice est plus grande. Cette fois, les garons coururent la vraie fentre. Hannibal l'ouvrit et regarda l'extrieur. Personne en vue, annona-t-il.- Le jardin est vide, ajouta Peter qui avait rejoint son chef. Tu es sr d'avoir bien vu, Bob?- Evidemment, j'en suis sr , rpliqua l'archiviste mdus.Il venait lui-mme de constater que Le jardin tait dsert. Si c'est vraiment un gnome, vous ne pouvez pas le trouver, dit Miss Allward. Ces tres disposent de pouvoirs surnaturels.Fouillons tout de mme, rpondit Hannibal. Y a-t-il une porte de derrire? Miss Allward guida les garons jusqu' la porte de derrire qui donnait sur le jardin. Bob, gauche! Peter, droite! commanda Hannibal.La fouille fut bientt acheve. Quelques maigres buissons n'offraient gure de couvert. Une clture de planches, perce d'une grille ferme clef, sparait l'enclos d'une ruelle parallle la grand-rue. Une sortie de secours du Thtre des Mille et Une Nuits donnait sur le jardin, mais la porte en tait si rouille qu'il tait bien peu probable que le gnome et pu s'chapper par l.Bob et Hannibal examinrent la clture, la haie, les soupiraux de la cave et ne trouvrent aucune cachette, aucun chemin de repli possible.Le gnome semblait s'tre vapor. Cherchons des traces de pas! dcida Hannibal.Peter vint rejoindre ses camarades, galement bredouilles, et ils allrent chercher des empreintes sous la fentre de la bibliothque. Mais le sol y tait si dur qu'aucune trace ne pouvait s'y graver.Hannibal annona : Nouveau mystre! Qu'y a-t-il? demanda Bob.Hannibal avait ramass une petite motte de terre frache. Elle peut tre tombe de la chaussure de quelquun, commenta-t-il. Ou d'un pot de fleurs, rpliqua Bob. C'est possible, avoua Hannibal. Cependant, une chose me parat bizarre. La fentre de la bibliothque se trouve deux mtres du sol. Veux-tu me dcrire le personnage que tu as vu, lob? Un gnome en chapeau pointu, avec un pic sur l'paule. La barbe longue et sale, l'expression froce. Voyais-tu seulement son visage? Non. Son buste aussi. Quelle taille lui donnes-tu? Un mtre environ.

- Alors comment un personnage d'un mtre de haut pouvait-il regarder par une fentre place deux mtres de la terre?- Facile! s'cria Peter. Il avait une chelle.- Une chelle tlescopique probablement, ironisa Hannibal. Une chelle qu'il a glisse dans sa poche ds qu'il n'en a plus eu besoin. Peter se gratta l'occiput. Bob fronait les sourcils. Les gnomes, dit-il, supposer qu'ils existent, sont des tres surnaturels. Ils ont donc des moyens surnaturels leur disposition.- Moi, coupa Hannibal, je crois que c'est ton imagination qui est surnaturelle, Bob. Tu as simplement eu une hallucination.Mais non! protesta Bob. Je suis certain d'avoir vu ce gnome. Il avait des yeux rouges de colre. Des yeux rouges de colre? a ne me plat pas, remarqua Peter. Tu ne pourrais pas avoir eu une halluci... quelque chose, Bob? Le jeune Andy hsita. Aprs tout, sa vision n'avait dur qu'une seconde. Evidemment, reconnut-il, c'est l'explication la plus logique. J'ai vu une gravure reprsentant un gnome, dans la Grande Encyclopdie, et comme je pense sans cesse des gnomes...- Il est impossible de retrouver un gnome imaginaire, coupa Hannibal. D'un autre ct, si cette crature n'est pas imaginaire, elle peut apparemment se rendre invisible puisque nous ne la voyons pas dans ce jardin. Et qu'elle n'a pas pu en sortir, ajouta Peter. Retournons donc la bibliothque et coutons la suite de l'histoire , proposa Hannibal.Ils rentrrent par la porte principale que Miss Allward leur ouvrit. Vous ne l'avez pas trouv, n'est-ce pas? demanda-t-elle. Non, dit Bob. Il a tout simplement disparu. Cela ne m'tonne nullement, rpondit la vieille demoiselle. Les gnomes sont comme cela. Ils apparaissent, ils disparaissent... D'ailleurs, il est trs rare qu'on puisse en voir en plein jour. Commenons donc par prendre une tasse de th; nous reparlerons des gnomes quand nous aurons termin. Il ne faut jamais discuter de sujets srieux pendant qu'on mange : cela nuit la digestion. Joignant le geste la parole, Miss Allward offrit ses jeunes invits du th avec beaucoup de lait, de sucre et de petits gteaux auxquels ils firent honneur. Ce goter me rappelle le bon vieux temps, remarqua-t-elle, lorsque mes petits elfes personnels venaient me voir. Bob faillit s'trangler, mais Hannibal ne se troubla pas pour si peu. Vous parlez sans doute des enfants du

voisinage, mademoiselle, dit-il. Vous les invitiez venir prendre le th avec vous, et vous les appeliez vos elfes, vos gnomes et vos lutins. Eh oui! s'cria la vieille demoiselle. Comment avez-vous devin? Simple dduction. J'ai vu que vous aviez de nombreuses photos d'enfants aux murs. La plupart de ces enfants portent des vtements d'il y a trente ou quarante ans, et les photos sont ddicaces A notre chre Miss Agatha . J'ai vu aussi la planche o vous rangez les livres que vous avez crits vous-mme. J'ai not quelques titres au hasard : Vacances de gnomes, Sept joyeux gnomes, etc. D'ailleurs, M. Hitchcock nous a dit que vous tiez crivain. Je dduis de tout cela que jadis vous vous intressiez beaucoup aux gnomes, mais aussi aux enfants, et que vous donniez vos petits amis, bien rels, des noms imaginaires. Peter et Bob, qui avaient vu livres et photos sans y prter aucune attention, en restrent bouche be. Tout cela est parfaitement exact, rpondit Miss Allward, un dtail prs. Les lutins, les elfes et les gnomes ne sont pas, comme vous dites, imaginaires : ils sont aussi rels que vous et moi. Quand j'tais petite, mon pre avait de la fortune et il avait engag pour moi une gouvernante d'origine bavaroise. Elle me racontait toutes les histoires de gnomes de son pays, et lorsque je suis devenue crivain, je me suis mise raconter ces histoires mon tour. Elle m'avait mme fait cadeau d'un livre qu'elle avait apport d'Allemagne et o vous verrez des gravures intressantes. Miss Allward se leva et alla chercher un gros livre tranche dore, reli en cuir rouge. Cet ouvrage a plus de cent ans, dit-elle. Il a t crit en allemand par un homme qui a pass toute sa vie en Fort Noire. Il a dessin des gnomes, des elfes et des lutins, pour servir d'illustration son livre. Lentement, la vieille demoiselle tournait les pages crissantes. Les garons regardaient de tous leurs yeux. Miss Allward s'arrta un dessin reprsentant un petit homme l'expression froce, la

barbe emmle, aux oreilles velues. A la main, il portait un pic de terrassier, et il tait coiff d'un chapeau pointu. Exactement comme celui que j'ai vu! s'cria Bob.- Ce personnage est le roi des gnomes malfaisants, expliqua Miss Allward. En effet, certains gnomes sont malfaisants, tandis que d'autres ne font que du bien. D'aprs l'auteur de ce livre, il est facile de reconnatre les uns des autres : les mchants ont les yeux rouges de colre. Bob en perdit presque le souffle. Le gnome qu'il avait vu ou qu'il avait cru voir avait les yeux les plus rouges du monde.Miss Allward montra encore plusieurs images reprsentant des gnomes : leurs vtements taient du mme style, mais leur expression n'tait pas aussi menaante. Les gnomes qui viennent me dranger, dit-elle, ressemblent trait pour trait ceux du livre. C'est pourquoi j'ai pu les identifier sans difficult. Mais il faut que je vous parle d'abord du temps o j'tais un crivain connu et o tous les enfants lisaient mes livres sur le Petit Peuple. Elle soupira. Cette poque avait visiblement t le plus heureuse de sa vie. Mes parents sont morts lorsque j'tais jeune. Je me suis mise crire des livres, et ils ont eu normment de succs. Souvent des enfants venaient me voir pour me demander de signer leurs exemplaires. Cela me faisait plaisir, car j'aime beaucoup les enfants. Puis les temps ont chang. Le public a cess de s'intresser mes livres, et ce quartier s'est compltement transform. On a dtruit les vieilles maisons, on a abattu les beaux arbres, on a install des magasins la place. Mes petits amis taient devenus grands et ils taient alls habiter ailleurs. Les gens essayaient de me persuader de vendre cette maison et de dmnager. Je ne voulais pas. J'avais toujours vcu ici : c'est ici que je souhaitais mourir. Vous comprenez cela, n'est-ce pas? Les garons firent un signe affirmatif de la tte. Je ne reconnaissais plus mon quartier, reprit Miss Allward. Le thtre ct a d fermer ses portes, car plus personne n'y venait. J'ai mis un petit criteau, demandant mes gnomes personnels de siffler pour se faire reconnatre. De temps en temps, ils viennent pour me rendre visite, mais c'est bien rare. D'ailleurs, ils ont grandi, ils se sont maris, ils ont des enfants leur tour; certains, mme, des petits-enfants... Vous voyez comme il est loin, le temps dont je vous parlais. Elle se tut pendant un instant. Les garons voyaient toute la vie de la vieille demoiselle dfiler devant leurs yeux. Je sais que je ferais mieux d'aller habiter dans un quartier plus agrable, dit Miss Allward.Un certain M. Jordan, qui a achet le thtre pour le dmolir et construire des bureaux sa place, m'offre un bon prix de cette vieille maison. Cela l'arrangerait de pouvoir construire un immeuble plus vaste, pourtant je suis bien dcide lui tenir tte. La vieille demoiselle avait parl d'un ton si nergique que les garons n'eurent aucun mal se l'imaginer, bravant tous les dmolisseurs du monde. Maintenant, dit Miss Allward en se versant une dernire tasse de th, parlons des vnements de ces derniers jours. Voil des annes que j'cris des livres sur les gnomes, et je ne m'attendait plus en voir pour de vrai, mais c'est arriv.- Bob, prends des notes , commanda Hannibal. Bob tira son carnet. Fils de journaliste, il se destinait la mme carrire et avait dj appris la stnographie. D'ordinaire, je dors trs bien, poursuivait Miss Allward, pourtant, il y a quelques jours, je nie suis rveille vers minuit et j'ai entendu un bruit curieux. On aurait dit que quelqu'un creusait la terre, une grande profondeur, avec un pic. Avec un pic! A minuit! rpta Hannibal. Oui. D'abord j'ai cru que je me trompais : personne ne creuse minuit. Personne, except...Except les gnomes! souilla Peter. Prcisment. Je me suis donc leve et je suis alle la fentre. Dans le jardin, j'ai vu quatrepetits bonshommes qui jouaient saute-mouton. Il faisait noir, je ne les distinguais pas trs bien. J'ai ouvert la fentre et je les ai appels. Ils se sont immdiatement enfuis. J'tais bien certaine de n'avoir pas rv, et, le lendemain, j'en ai parl l'agent de police du quartier. Alors, lui... Les yeux de Miss Allward brillrent d'indignation. II m'a recommand de me faire soigner! Et, avant tout, de prendre des vacances. Alors j'ai jur que je ne prononcerais jamais plus le mot gnome devant un policier. Soudain, Miss Allward se mit rire. Oui, j'tais vexe, reconnut-elle. La nuit suivante et celle d'aprs, je m'veillai la mme heure et chaque fois je les entendais creuser. Mais je faisais semblant de ne rien entendre. La troisime nuit, je n'y tins plus. Je tlphonai mon neveu Roger. Roger habite quelques kilomtres d'ici. C'est mon seul parent et il est clibataire. Je lui demandai de venir immdiatement. Il y consentit. Tout en l'attendant, je dcidai d'aller jeter un coup d'il dans la cave, puisque c'tait de l que provenait le bruit. Je descendis l'escalier pas de loup et sans allumer l'lectricit. Plus je descendais, plus le bruit augmentait. Soudain, j'allume ma torche lectrique et qu'est-ce que je vois?... Les trois garons coutaient, la bouche ouverte. Nerveusement, Bob demanda : Quoi? Miss Allward les regarda l'un aprs l'autre. Puis, baissant la voix, elle dit : Rien. Je n'ai rien vu du tout. Bob ne cacha pas sa dception. Il s'attendait ... il ne savait trop quoi. A quelque chose de sensationnel. Non, reprit Miss Allward, dans la cave, je n'ai rien vu du tout. Alors j'ai voulu remonter l'escalier pour aller attendre Roger. Mais je ne pouvais pas.- Vous ne pouviez pas? Pourquoi?- Parce que, en haut de l'escalier, se tenait un petit homme d'environ un mtre de haut. Il portait un chapeau pointu et des vtements de cuir. Sa barbe tait blanche, sale, toute emmle. D'une main, il tenait un pic; de l'autre, une bougie allume. Ses yeux me fixaient, mchants et rouges!- Ce doit tre le gnome que j'ai vu la fentre! s'cria Bob. Pour un gnome, acquiesa Miss Allward, c'en tait un. Hannibal se pinait la lvre infrieure d'un air perplexe. Que s'est-il pass ensuite? interrogea-t-il.Miss Allward porta sa tasse de th ses lvres. Sa main tremblait. Le gnome m'a menace, dit-elle. Il a brandi son pic. Puis il a souffl sa bougie. J'avais laiss tomber ma torche de stupfaction, si bien que j'tais dans le noir complet. J'ai entendu la porte claquer. J'ai mis un certain temps reprendre mes esprits. Enfin j'ai trouv le courage de remonter l'escalier. Quand je suis arrive en haut-En bien? demanda Bob. La porte tait ferme clef. Je me trouvais emprisonne dans la cave! Les trois garons ne quittaient pas la vieille demoiselle des yeux. Tout coup, l'autre bout de la pice, un bruit terrible retentit.Les Trois jeunes dtectives sursautrent violemment, et Miss Allward elle-mme ne put rprimer un mouvement de frayeur.

CHAPITRE VI

UNE CONVERSATION SUSPECTE

Mon dieu! s'cria Miss Allward. Que s'est-il pass? Elle ne chercha pas longtemps la rponse :

Un tableau qui s'est dtach du mur. En effet, un tableau dans un lourd cadre dor avait gliss au sol. Peter et Bob le relevrent et virent qu'il reprsentait Miss Allward elle-mme, quand elle tait jeune. On la voyait assise par terre, au pied d'un arbre, lisant un livre, tandis qu'une multitude de petits tres fantastiques, gnomes, elfes et lutins, se groupaient autour d'elle, probablement pour couter sa lecture.Hannibal vrifia le systme de suspension du tableau. Un fil de fer avait t fix, d'une part au cadre, d'autre part une moulure du plafond. Le dtective en chef frona le sourcil. Ce fil de fer s'est rompu parce qu'il avait t lim au pralable, Miss Allward, dclara-t-il. Ce sont les gnomes! s'cria la vieille demoiselle.- Je pense pouvoir rparer ce fil de fer et remettre le tableau au mur. Voulez-vous continuer votre histoire pendant que nous travaillerons? Hannibal et Peter qui tait trs adroit de ses mains se mirent rafistoler le systme de suspension, tandis que Bob reprenait ses notes et Miss Allward le fil de son histoire.C'tait Roger qui tait venu librer la vieille demoiselle, car il avait une clef de la maison. Quand elle l'avait entendu arriver, elle avait attir son attention en martelant la porte de la cave avec ses poings. Roger s'tait montr charmant, mais Miss Allward devinait bien qu'il n'avait pas cru un mot de son rcit : il croyait qu'elle avait rv. Un instant, Miss Allward. Si vous permettez, nous allons remettre le portrait en place , interrompit Hannibal.Il grimpa sur une chaise; Peter lui tendit le cadre. A ce moment, Bob vit que les yeux de son chef brillaient d'une motion contenue. Qu'y a-t-il, Babal? Hannibal redescendit de la chaise, l'air fort satisfait de lui-mme. Je crois que j'ai rsolu l'nigme de l'Arc-en-ciel, annona-t-il. Impossible! Comment aurais-tu pu la rsoudre ici? Un indice est un indice, o qu'on le trouve. Nous reparlerons de cela en temps et lieu, Pour l'heure, notre devoir est d'aider Miss Allward. Mademoiselle, voulez-vous poursuivre? Bob soupira. Il connaissait Hannibal. Il n'y aurait rien en tirer tant qu'il n'aurait pas lui-mme dcid de parler. Quel indice avait-il pu trouver?... Ne devinant pas, Bob accorda toute son attention au rcit de la vieille demoiselle. Roger voulait me faire passer la nul chez lui, expliquait-elle. J'ai refus. Il est rest quelque temps pour couter. Nous n'avons plus rien entendu. Alors il est reparti. Le reste de la nuit a t tranquille, cependant, le lendemain les bruits ont recommenc. Peut-tre aurais-je d appeler Roger de nouveau, mais je n'avais pas envie de m'entendre dire que j'avais encore eu un cauchemar. Je suis descendue ici sans faire de bruit, comme la premire fois. En arrivant, j'ai entendu la porte de derrire qui se refermait. J'ai

allum, et j'ai trouv cette pice en dsordre. Tous mes livres tranaient sur le parquet, certains avec des pages arraches. Les gnomes voulaient apparemment me faire de la peine, ou pis encore, comme semblerait l'indiquer ce fil de fer qu'ils ont lim. Le lendemain matin, j'ai tlphon Roger, mais il n'a pas voulu me croire. Il m'a gentiment parl de somnambulisme et de maison de repos. D'aprs lui, j'aurais tout fait moi-mme. Je sais bien, moi, que c'est faux ! La vieille demoiselle se tordait les mains. Les garons ne savaient que croire. Miss Allward leur paraissait tre une personne sense et quilibre; son histoire n'en demeurait pas moins incroyable. La premire chose faire, dit enfin Hannibal, c'est d'obtenir des preuves de l'existence relle de ces gnomes.- Vous avez raison, fit Miss Allward. Ensuite nous pourrons chercher savoir pourquoi ils m'en veulent. Il faut donc leur tendre un pige, pronona le dtective en chef. Quel pige? demanda Peter. Un pige gnomes. Mcanique? Non, humain. L'un de nous passera la nuit ici et essaiera d'en capturer un. Ah! vraiment! Et lequel d'entre nous va prendre ce genre de risques? Toi, Peter. Minute, papillon! protesta le jeune Crentch. Je n'ai pas une vocation de pige humain gnomes, moi! Ce n'est pas dans mes cordes. D'abord, je n'y crois pas, aux gnomes.- Le pige humain gnomes doit disposer d'un personnel robuste, rapide et courageux, dclara Hannibal. Je suis robuste et assez courageux, mais je manque de rapidit. Bob n'a peur de rien et, depuis qu'il n'a plus besoin de porter d'appareil orthopdique, il est devenu rapide comme l'clair. Mais je ne pense pas qu'il soit suffisamment fort. En revanche, toi, Peter, tu possdes les trois qualits requises. Peter n'en menait pas large. S'entendre dire qu'on est courageux alors qu'on se sent d'un naturel plutt timide, c'est une situation dcidment inconfortable.

Et si nous restions tous, nous aurions encore plus de qualits requises, suggra-t-il. Nous pourrions veiller tour de rle. Mes parents ont besoin de moi ce soir pour une visite de famille, dit Bob. Mais toi, Babal, tu n'as pas de visite faire. Demain, c'est dimanche, donc le Paradis de la Brocante sera ferm. Tu es libre, toi. Babal se pina la lvre. D'accord, fit-il. Deux ttes valent mieux qu'une. Pourrions-nous passer la nuit ici, Miss Allward? - Vraiment, vous accepteriez de faire cela? s'cria la vieille demoiselle ravie. Il y a une chambre disponible au premier : vous y seriez bien. Etes-vous srs que cela ne vous ennuie pas? Je ne voudrais pas que vous couriez des dangers cause de moi. Les gnomes ne se sont pas attaqus vous directement, Miss Allward, remarqua Hannibal. Il n'y a pas de raison pour qu'ils s'attaquent nous. Mais il est essentiel que nous en voyions, et, si possible, que nous en capturions un. Ce soir, une fois l'obscurit faite, nous allons revenir. Nous essaierons d'entrer sans nous faire voir, de faon que l'ennemi ne sache pas que des renforts sont arrivs. Oh! merci, fit Miss Allward. Je vous attendrai donc. Vous n'aurez qu' sonner et je dverrouillerai immdiatement la grille. Lorsque les trois jeunes dtectives eurent quitt la vieille demoiselle et qu'ils se retrouvrent dans la rue, Peter clata : Qu'est-ce que vous en pensez, vous autres? Elle est toque, la bonne dame? Dites-moi qu'elle est un peu drange! Je n'en sais rien, rpondit Hannibal. Il est possible que Miss Allward souffre d'un excs d'imagination, mais ce n'est pas mon impression. Je pencherais croire qu'elle a rellement vu des gnomes. Des gnomes! se rcria Peter. Personne ne croit plus aux gnomes, voyons! Certains y croient, objecta Hannibal. Il y a mme des gens qui croient aux fantmes. It n'y a pas si longtemps en 1938, raconta Bob, des savants ont dcouvert un trange poisson qu'on croyait disparu depuis un million d'annes. On l'appelle clacanthe. On sait maintenant quil y en a des milliers et peut-tre des millions clans la mer. Eh bien, pourquoi n'en serait-il pas de mme des gnomes? Supposons Bob se laissait emporter par son sujet , supposons qu'il caste rellement une race d'hommes plus petits que nous... Des Pygmes en miniature, suggra Hannibal. Supposons que, il y a trs longtemps, cette race ait d se cacher sous la terre, pour chapper des anthropophages. Maintenant que les anthropophages ont pratiquement disparu, les petits hommes pourraient reparatre...

- Excellente mthode de rflexion, commenta Hannibal. Aucune possibilit ne doit tre carte a priori. C'est ainsi que raisonne un bon dtective. Ce soir, nous serons pars toute ventualit.- Direction Rocky! fit Peter. Je commence avoir faim, moi.- J'aimerais bien faire le tour du pt de maisons avant de repartir, dit Hannibal. Cette clture de bois, nous l'avons examine de l'intrieur, pas de l'extrieur. Allons-y, acquiesa Bob. Peut-tre trouverons-nous une... gnomire, comme on dit une chatire. Ils contournrent donc le vieux thtre. Peter ne cessait de maugrer J'ai des crampes d'estomac , grognait-il.Des planches couvertes de lambeaux d'affiches taient cloues sur les portes du thtre. Il paraissait impossible d'entrer dans le btiment.Lorsque les garons eurent tourn deux angles, ils se trouvrent dans la ruelle qui longeait la partie arrire de la proprit de Miss Allward. Le thtre donnait aussi de ce ct. L, il possdait une porte encore utilisable, marque Entre des artistes . Elle tait entrouverte, et l'on pouvait entendre des voix qui s'en chappaient. Curieux! remarqua Hannibal. Pourtant, sur la faade, il y avait des inscriptions : Entre interdite et Danger . Je me demande ce qu'il peut y avoir l'intrieur, murmura Peter intress. a doit tre plutt impressionnant. Hannibal s'assit sur le seuil de la porte et commena nouer et dnouer les lacets de ses souliers, tout en s'efforant d'entendre ce qui se disait l'intrieur. Deux hommes dialoguaient. Dis donc..., commena Peter.

Chut! rpliqua Hannibal. Ils parlent de ceinture et de muse. Alors nous avons peut-tre trouv le repaire des cambrioleurs, dit Peter. C'est ce qu'on appelle de la chance. Ecoutons encore. Nous n'en savons pas assez pour appeler la police , dcida Hannibal.Les garons se rapprochrent de la porte. Trs clairement, ils entendirent de nouveau le mot muse . Esprant en apprendre plus, ils se pressrent contre le battant qui pivota sur ses gonds, si bien que, ne rencontrant plus de rsistance, les trois jeunes dtectives s'affalrent les uns sur les autres, faisant ainsi une entre plutt bruyante dans le vieux thtre.Ils essayrent bien de se relever aussitt, mais ils se sentirent agripps au collet par des mains vigoureuses, et une voix puissante rugit dans leurs oreilles : Effraction! M'sieur Jordan, je viens de capturer des gosses qui essayaient de forcer la porte! Appelez la police!

CHAPITRE VII

INTERMDE AU THTRE

c'tait un grand gaillard aux sourcils noirs et l'expression froce qui remit Peter et Bob sur leurs pieds. Je vous tiens! grogna-t-il. N'essayez pas de vous sauvez. M'sieur Jordan, il y en a encore un. Attrapez-le ! File, Babal! souffla Peter. Va vite chercher Hans. Mais Hannibal ne songeait pas bouger. Vous commettez une erreur, dclara-t-il. Ayantperu un son de voix dans une construction cense tre vide et abandonne, nous en avons dduit que des malfaiteurs s'y taient introduits, et nous nous apprtions nous assurer de l'exactitude de nos soupons avant d'alerter les forces de l'ordre.- Hein? fit le gaillard, bouche be. Vous dites?... Hannibal avait imit la voix d'un adulte, ce qui ne manquait jamais son effet.Un homme plus jeune, plus mince, avec des cheveux blonds, se montra son tour. Du calme, Rawley ! commanda-t-il, l'air amus. Le jeune homme vient seulement de vous dire qu'il nous a entendus parler, qu'il a cru que nous n'avions rien faire dans ce thtre, mais qu'il voulait en tre sr avant d'appeler la police.- Si c'est a qu'il veut ' dire, pourquoi qu'il fait des discours politiques? protesta Rawley. Moi, les petits malins qui parlent comme des dictionnaires, je n'aime pas a. Je suis Frank Jordan, propritaire de ce thtre, se prsenta le nouveau venu. Je veux l'abattre pour construire ici un immeuble de bureaux, et je visitais simplement les lieux avec Rawley, mon gardien. Je trouve, les garons, que vous tes un peu trop souponneux...- Comment, trop souponneux? s'indigna Peter. On vous entend parler de ceinture et de muse et on ne vous souponnerait pas? Rawley se rembrunit encore. M'sieur Jordan! s'cria-t-il. Ces garons sont des fouineurs qui mritent une bonne racle. - C'est moi qui commande ici, Rawley , rpliqua schement M. Jordan.Il se tourna vers Peter. Je ne crois pas avoir parl de ceinture... Ah! j'y suis. Nous tions en train, Rawley et moi, de parler de l'intrieur du thtre, et je lui ai dit qu'il y avait beaucoup de peintures, comme dans un muse. Ha! ha! peintures, ceintures... C'est amusant. Les garons, vous lisez trop de faits divers dans les journaux. Rawley, lui, ne se dridait pas. Ils ont trop d'imagination, ces gosses, grognait-il. C'est pour compenser celle qui vous manque, Rawley, rpondit M. Jordan. Je suis d'ailleurs ravi que vous n'en ayez aucune, car mes prcdents gardiens sont partis cause des bruits mystrieux qu'ils entendaient et qu'ils ne pouvaient plus supporter. Quels bruits mystrieux? demanda Hannibal. Des coups sourds, des gmissements... qui s'expliquent trs bien, du reste. Seulement le btiment est si sinistre en lui-mme que les choses y prennent une apparence surnaturelle. Cela vous amuserait-il de visiter les lieux? Les garons acceptrent d'enthousiasme. Rawley, les lumires! ordonna M. Jordan, tout en prcdant les garons dans un troit couloir clair par une seule ampoule.Plus ils avanaient, plus l'obscurit s'intensifiait. Quelque chose de mou frappa Bob au visage et s'envola. Une chauve-souris! cria l'archiviste. Le thtre en est plein, rpondit la voix de M. Jordan, du fond de l'ombre. Il y a aussi des rats. Enormes. Bob avala sa salive avec difficult. Les chauves-souris tournoyaient autour de lui, il le sentait. Puis il entendit des gmissements et des grincements qui semblaient venir sa rencontre. Ces bruits proviennent des poulies et des treuils qu'on utilisait jadis pour manuvrer les dcors, expliqua M. Jordan. Ce thtre a t fort beau, et parfaitement amnag. Ah! Voil la lumire. Lentement, une vague lueur sortit de l'ombre. Les garons virent qu'ils se trouvaient sur la scne : devant eux, il y avait des centaines de fauteuils vides. Au-dessus de leurs ttes, un norme lustre aux verres de couleur verts, rouges, jaunes et bleus luisait faiblement.Des rideaux de velours rouge aux franges dores masquaient les fentres. Les murs taient couverts de fresques reprsentant des combats entre chevaliers et Sarrasins. Il n'tait donc pas tonnant que M. Jordan et parl de peintures, et qu'il eut compar le thtre un muse. A l'poque o ce btiment a t construit, vers les annes 20, expliqua le propritaire, on pensait qu'un thtre devait ressembler un chteau fort ou un palais. Celui-ci imite les mosques. Si vous voyiez les minarets du toit et les petits escaliers qui y conduisent! Bah! Autres temps, autres murs... II venait de faire demi-tour quand un petit animal gris fila entre les fauteuils. Un rat, commenta froidement M. Jordan. Ils se sont crus les vritables propritaires de ce btiment pendant des annes, et ils vont tre vexs quand nous allons commencer dmolir. La visite est termine, les garons. D'ici quelques semaines, vous pourrez venir voir les travaux de dmolition. II les reconduisit jusqu' la ruelle, les fit sortir, et referma la porte derrire eux. A clef. Entre les rats et les chauves-souris, je comprends que les gardiens ne veuillent pas rester! s'cria Peter. Tout cela est trs logique, commenta Hannibal. J'ai d me tromper quand j'ai cru entendre ceinture .- Dommage, dit Bob. C'aurait t amusant de capturer les voleurs aprs que ce M. Togati nous avait envoys promener. Enfin, il ne faut pas trop en demander. Tu as raison, reconnut Hannibal. Pour l'instant, notre premier souci est d'aider Miss Allward. Continuons donc notre visite de la ruelle. Ils vrifirent une une les planches qui constituaient la clture du jardin de Miss Allward. Peine perdue : elles taient toutes en excellent tat, et la grille de derrire ne cda pas sous la pousse. Personne n'aurait pu sortir par ici, conclut Hannibal en se pinant la lvre. Je suis perplexe. Et moi, je suis affam! dclara Peter. On ne pourrait pas rentrer maintenant? Si, c'est ce que nous avons de mieux faire. Les garons regagnrent la camionnette, oHans les avait attendus en lisant un journal, et ils s'entassrent comme prcdemment sur le sige avant.Bob se souvint alors d'une remarque qu'Hannibal avait faite au cours de l'aprs-midi. Le dtective en chef n'avait-il pas annonc qu'il avait rsolu l'nigme de l'Arc-en-ciel ?Bob se tourna donc vers Hannibal pour lui demander ce qu'il entendait par l, mais l'expression du jeune Jones tait si pensive que l'archiviste prfra se tenir coi. Il tait inutile de poser des questions Hannibal : il ne rpondait que quand il en avait envie.

CHAPITRE VIII

UN VISITEUR INATTENDUpeter sauta bas de la camionnette ds qu'elle se fut arrte devant le Paradis de la Brocante. C'est l'anniversaire du paternel, dit-il. Je viens de me le rappeler. Ce n'est pas un jour tre en retard pour le dner. Je vais essayer de revenir aussitt que je pourrai. Tche d'tre ici pour huit heures, lui recommanda Hannibal. N'oublie pas de demander tes parents la permission d'aller avec moi passer la nuit chez une amie de M. Hitchcock. Dis que nous serons de retour demain matin.

D'accord , ft Peter.Il sauta sur sa bicyclette et partit toute allure.Hannibal et Bob descendirent de voiture leur tour. Mme Jones, sortant du bureau, vint leur rencontre. Tu as de la visite, Babal, annona-t-elle. De la visite? s'tonna le dtective en chef. Oui, rpondit Mme Jones. C'est un jeune garon japonais qui t'attend depuis une demi-heure. Il s'appelle Taro Togati. Il parle correctement l'anglais. Il vient de me raconter comment on fabrique des perles de culture. Si j'ai bien compris, dans son pays, ils sont spcialiss dans le dressage des hutres. Mme Jones rit elle-mme de sa propre plaisanterie. Elle avait une voix de basse ou presque et un cur d'or. Son seul dfaut, c'tait qu'elle adorait faire travailler les garons. Avant de le voir, tante Mathilda, dit Hannibal, je voudrais te demander la permission d'aller passer la nuit avec Peter chez une amie de M. Hitchcock. C'est une femme crivain. Elle entend des bruits bizarres dans sa maison. Des bruits bizarres? Pauvre femme! s'cria la puissante Mme Jones qui n'avait jamais eu tendance entendre aucun bruit surnaturel. Si a la rassure d'avoir deux garons solides avecelle, je ne vois pas pourquoi on le lui refuserait. Tu n'as qu' t'arranger avec Hans. Elle cria : Taro! Hannibal et Bob sont l! Puis elle se tourna vers les garons : Le souper, dans une demi-heure , annona-t-elle.Et elle partit en direction de la cuisineUn garon de petite taille, vtu d'un complet bleu marine avec une chemise blanche et une cravate fonce, sortit son tour du bureau. Il portait des lunettes monture dore. Ses cheveux taient peigns vers l'arrire. Je suis heureux de faire votre connaissance, Hannibal-san, dit-il crmonieusement. Et vous aussi, Bob-san. Je suis Taro, l'humble fils de Saito Togati. Mon pre est responsable de la scurit pour les bijoux de la compagnie Nagasami Bonjour, Taro, rpondit Hannibal en lui tendant la main. Nous avons rencontr ton pre hier. Taro Togati paraissait gn. De sa pche, il tira une carte de visite du modle affaires, quelque peu froisse. Je le sais, dit-il. Je crains que mon honorable pre n'ait manqu de courtoisie votre gard. Il tait boulevers par les vnements. J'ai ramass votre carte par terre et la lui ai montre. Il m'a pri de venir vous prsenter ses remercments et ses excuses. C'est trs gentil de sa part, reprit Bob. Nous comprenons bien. Il est tout naturel qu'il nous ait trouv trop jeunes pour poursuivre des voleurs professionnels. Pour l'instant, nous nous occupons d'une affaire de gnomes. De gnomes? rpta Taro en ouvrant de grands yeux. Oh! Je sais de quoi vous parlez. Le petit peuple qui habite sous la terre et cherche des trsors. Je n'en ai jamais vu, de ces gnomes, mais dans mon pays il y a beaucoup de lgendes leur sujet. Ils sont trs dangereux. Prenez garde qu'ils ne vous attrapent. C'est nous qui voulons en attraper un, rpliqua Hannibal, pour nous assurer qu'ils existent rellement, comme les lgendes le prtendent. Tout en parlant, les trois garons s'taient installs sur des fauteuils de jardin. Dis-moi, Taro, fit Hannibal en essayant de cacher la curiosit qui le consumait, ton pre a-t-il retrouv l'Arc-en-ciel ? Hlas! non, Hannibal-san, rpondit tristement Taro. Mon pre, les gardiens et la police n'ont pas encore retrouv la ceinture. Ils ne possdent aucun indice. Mon pre a perdu la face. S'il ne parvient pas remettre la main sur cet objet prcieux dont il avait la responsabilit, il devra au moins dmissionner et peut-tre se suicider, conformment la tradition.- Hara-kiri? demanda Bob, le souffle coup.Le jeune Japonais inclina la tte en silence.Hannibal se pinait la lvre et rflchissait de toutes ses forces. Taro, raconterons ce que les autorits ont dcouvert. Taro ne se fit pas prier. Il dit que la seule conclusion laquelle la police tait arrive concernait le choix fait par les voleurs : ils auraient voie la ceinture plutt que le collier justement parce que le collier tait plus prcieux et, par consquent, mieux gard. Ds la premire alarme, les gardiens avaient couru vers lui, si bien qu'il avait t plus ais de s'emparer de la ceinture.

Mais nous ignorons qui sont ces voleurs et comment ils ont fait sortir la ceinture du muse, avoua Taro. Pourquoi ne serait-ce pas l'un des gardiens? suggra Bob qui tenait son ide. Il aurait pu dissimuler la ceinture dans une de ses jambes de pantalon.- Cela m'tonnerait, rpondit le Japonais. Tous les gardiens sont des hommes de confiance. Cependant, je soumettrai cette ide mon honorable pre. Sais-tu quelque chose sur M. Frank, le comdien ? demanda Hannibal. Celui qui a laiss tomber un faux rubis? Oui, Taro connaissait l'histoire de M. Frank. Il avait t embauch par tlphone par une dame inconnue. Son numro consistait laisser tomber un faux rubis de sa poche exactement midi et prendre l'air coupable ensuite. Il s'agissait d'un truc publicitaire, lui avait-on dit, comme on en fait tous les jours Hollywood et dans la rgion. On lui avait promis que, s'il russissait faire paratre son nom dans les journaux cl leur faire annoncer qu'il jouerait bientt dans un grand film intitul Vol au muse. il recevrait rellement un rle importun! dans ce film.M. Frank avait accept. Par la poste, il avait reu son cachet de cinquante dollars et le faux rubis. Il n'y avait aucune raison de le souponner d'appartenir la bande : c'tait en toute innocence qu'il avait fait sa petite manuvre de diversion. Exactement ce que je pensais, remarqua Hannibal d'un air qui n'tait pas prcisment modeste. Je suppose aussi que ton pre et la police pensent que ce jour-l a t spcialement choisi pour le cambriolage cause du nombre d'enfants attendus? Naturellement, fit Taro. Mais comment la ceinture a-t-elle t emporte... Elle n'a pas t emporte! dclara Hannibal, l'air important. Elle est toujours dans le muse. Toujours dans le muse? s'cria Bob. Impossible, dit le Japonais. Le muse a t fouill de fond en comble : bureaux, toilettes, etc. Veux-tu expliquer ton ide, Hannibal-san ? Aujourd'hui, commena Hannibal, comme je travaillais sur une autre affaire, un indice s'est prsent, qui m'a clair sur la disparition de la ceinture. Les faits tant ce qu'ils sont, il me semble vident que... Hannibal s'arrta. Bob et Taro l'coutaient attentivement. Bob, reprit le dtective en chef, tu te rappelles que, lorsque le tableau de Miss Allward est tomb, Peter et moi nous l'avons remis en place. - Bien sr, Babal. Continue. Alors que je tenais le tableau dans mes mains, j'ai remarqu que le cadre dpassait la toile vers l'arrire au moins autant que vers l'avant. Si bien que... Si bien que, entre une toile et un mur, il y a toujours un espace vide! acheva Bob. Or, comme le muse Peterson contient un certain nombre de tableaux...- On aurait pu glisser la ceinture derrire l'un d'eux la faveur de l'obscurit. Taro bondit sur ses pieds. Les enquteurs n'ont pas regard derrire les tableaux, j'en suis sr! s'cria-t-il. Je vais tout de suite transmettre ton ide, mon honorable pre.- Les voleurs comptent sans doute rcuprer la ceinture quand la surveillance se sera un peu relche, reprit Hannibal. De toute faon, puisque le muse n'a pas t rouvert, vous tes srs d'y retrouver la ceinture. Demande ton pre de fouiller surtout le balcon. Le balcon tait ferm aux visiteurs, objecta Taro.- Ferm par un cordon de velours, facile enjamber. Pour moi, les tableaux accrochs au balcon me paraissent tre les meilleures cachettes, justement parce que cette partie du muse tait ferme. Merci, Hannibal-san, fit Taro, les yeux brillants. Je pense que ton ide est excellente. Pardonne-moi de prendre cong maintenant. Je veux aller mettre mon pre au courant de tes rflexions. Aprs de rapides adieux, Taro quitta le Paradis de la Brocante et sauta dans une voiture qui l'attendait.Bob, plein d'admiration, se tourna vers Hannibal. Tu en as des ides, toi! Je crois que tu as rsolu l'nigme de lArc-en-ciel alors que M. Togati nous avait dfendu de nous occuper de l'affaire. Hannibal parut hsiter. II pourrait y avoir une autre explication, dit-il. Mais celle-ci me parat la seule logique. Puisque la ceinture n'est pas sortie du muse, c'est qu'elle y est encore. Puisque le seul endroit qui n'ait pas t fouill est l'arrire des tableaux, c'est qu'elle s'y trouve. Inattaquable! dclara Bob, ?.e fidle second. Nous saurons bientt ce qu'il en est, fit Hannibal. Maintenant occupons-nous de rassembler le matriel dont nous avons besoin pour capturer les gnomes. Demain matin, je te tlphonerai pour te raconter ce qui se sera pass. Penses-tu vraiment que vous allez attraper un gnome? demanda Bob. Ou bien le neveu de Miss Allward a-t-il raison et invente-t-elle tout ce qu'elle voit? Je n'en sais rien, rpondit Hannibal. Peut-tre Miss Allward est-elle somnambule. Les somnambules font des choses tranges. Il y en avait un qui craignait tellement qu'on ne lui volt des bijoux qu'il s'est lev la nuit, est all prendre ces bijoux dans un coffre-fort, et les a cachs dans un endroit o il ne pouvait plus les retrouver lui-mme, le matin venu. Si Miss Allward appartient cette catgorie de personnes, Peter et moi, nous serons mme de nous en apercevoir et peut-tre de la convaincre de la vrit. En revanche les yeux d'Hannibal s'allumrent soudain si elle a rellement vu des gnomes, ou des tres qu'elle a pris pour des gnomes, nous allons certainement faire notre possible pour en capturer un!

CHAPITRE IX

CHASSE AU GNOME

les gnomes creusaient diligemment. Tout au bout du tunnel, Bob pouvait voir les petits bonshommes lever et abaisser leurs pics.Il rampa en avant, regrettant qu'Hannibal et Peter ne fussent pas avec lui. Il n'avait pas la moindre envie de s'aventurer plus loin dans ce tunnel, mais pouvait-il reculer alors que la rputation des Trois jeunes dtectives tait en jeu?Le cur battant se rompre, il se propulsa ainsi jusqu' la salle souterraine o travaillaient lespetits ouvriers. L, il y avait tant de poussire dans l'air que Bob ternua.Aussitt, les gnomes se figrent sur place, pics levs. Puis, lentement, trs lentement, ils se tournrent vers Bob.Fuir? Crier? Bob tait ptrifi. Sa langue collait son palais.Les gnomes le regardaient sans bouger. Soudain, il sentit que quelque chose s'approchait de lui par derrire. Quelque chose de redoutable et de mystrieux. Il essaya de tourner la tte et ne put.Une serre puissante s'abattit sur son paule et le secoua. Une voix murmura son oreille : Bob ! rveille-toi ! La magie tait rompue : Bob pouvait remuer et parler. Il hurla tue-tte : Lchez-moi!... Puis il ouvrit les yeux et se trouva couch dans son lit. Sa mre se penchait au-dessus de lui. Tu as eu un cauchemar, Bob? interrogea-t-elle. Tu t'agitais et tu marmonnais quelque chose : alors je t'ai rveill.- Oui, fit Bob. a devait tre un cauchemar. Hannibal n'a pas tlphon? Hannibal? Pourquoi veux-tu qu'Hannibal tlphone en pleine nuit? Rendors-toi bien vite et essaie de ne plus rver.

Oui, maman. Bob se tourna de l'autre ct et se rendormit, tout en se demandant o en taient Peter et Hannibal.Pendant ce temps, Peter et Hannibal roulaient en camionnette vers Los Angeles. Tandis que Hans conduisait, le dtective en chef montrait son adjoint l'quipement dont il s'tait muni. Gnomo-camra ! commena-t-il.Il s'agissait d'un appareil photographique dont Hannibal tait trs fier, car il dveloppait les photos instantanment. Le jeune Jones l'avait acquis en mauvais tat, en l'changeant contre une bicyclette qu'il avait rpare de ses mains. Gnomo-flash incorpor , ajouta-t-il.Puis il exhiba deux paires de gros gants de cantonnier. Gnomo-gants, commenta-t-il. Les gnomes ont des ongles et des dents redoutables : ainsi nos mains seront protges. Mazette! fit Peter. On croirait que tu t'attends vraiment capturer des gnomes. Un bon dtective s'attend toujours tout, rpondit Hannibal. Voici trente mtres de gnorno-corde en gnomo-nylon pour garrotter nos prisonniers. Voici nos gnorno-postes metteurs-rcepteurs, qui nous permettront de rester en contact radio si nous nous trouvons spars. Voici nos gnomo-torches lectriques et notre gnomo-magntophone.Je crois que c'est tout. Ah! Tu n'as pas oubli ta gnomo-craie au moins? Peter tira un bout de craie bleue de sa poche. Hannibal avait la sienne, bien entendu, qui tait blanche. Ces craies spciales permettaient aux Trois jeunes dtectives en griffonnant un point d'interrogation sur une porte, sur un mur, sur un trottoir, de laisser une trace discrte de leur passage. J'ai ce qu'il faut! dclara le dtective adjoint. Mme ma gnomo-brosse dents et mon gnomo-pyjama, si cela t'intresse. Je serais tonn que nous ayons besoin du pyjama, rpondit Hannibal. Il vaut mieux rester tout habills, si nous voulons capturer quelqu'un. Hans jeta un coup d'il inquiet aux garons. Vous tes toujours aprs vos gnomes? demanda-t-il. J'ai parl de votre histoire mon frre Conrad. Nous pensons tous les deux que vous feriez mieux de les laisser tranquilles. En Fort Noire, on raconte beaucoup d'histoires sur leur compte. Et pas des histoires gaies, croyez-moi. Les gnomes n'aiment pas qu'on s'occupe d'eux. Et si on insiste, ils vous transforment en pierre! Hans paraissait si sr de ce qu'il avanait que Peter en eut un frisson dans le dos. Les gnomes n'existaient pas, pas de doute l-dessus. Et pourtant Hans et Conrad y croyaient dur comme fer.Miss Allward, personne cultive, y croyait aussi. Alors...Hannibal interrompit les mditations de Peter en disant : II me semble que nous ne devrions pas oublier la devise des Trois jeunes dtectives : Dtections en tout genre. Alors, quels que soient les risques encourus... En tout genre, en tout genre! marmonna Peter. Moi, le genre des gnomes, a ne me plat pas du tout.

CHAPITRE X

LA CAPTURE

LE QUARTIER de Miss Allward tait sombre et dsert. Pas une lumire au thtre ni la banque. Une seule fentre allume dans la maison de la vieille demoiselle indiquait que les deux dtectives taient attendus.Comme Hannibal et Peter descendaient de voiture, Mans leur fit ses dernires recommandations, l'air soucieux : Prends garde au Petit Peuple, Babal. En Fort Noire, je connais des tas de rochers qui ont uneforme humaine. Avant, ces rochers taient des hommes. Seulement ils ont regard un gnome, les yeux dans les yeux : alors ils ont t transforms en pierres, C'tait l un sujet de conversation qui dplaisait souverainement Peter. Il se sentait devenir de plus en plus nerveux. Quelque chose lui disait que la nuit qui les attendait serait riche en surprises.Hannibal promit de tlphoner Hans le lendemain matin et lui fit signe de s'loigner. La camionnette dmarra.Prenant bien garde rester dans l'ombre de la clture, les garons se faufilrent jusqu' la grille de Miss Allward. Apparemment, personne ne s'tait aperu de leur prsence.Hannibal sonna. Aussitt le bourdonnement retentit. La grille s'ouvrit. Les dtectives entrrent dans le jardin. A chaque pas, Hannibal s'arrtait pour tendre l'oreille et regarder autour de lui. Si le sort d'une arme entire avait dpendu de cette mission, il n'aurait pas t plus circonspect. Peter haussa lgrement les paules : il connaissait le got de son chef pour la mise en scne.Le jardin tait compltement obscur. La porte d'entre pivota silencieusement lorsqu'ils furent arrivs sa hauteur. Ils se glissrent dans la maison sans faire de bruit.Miss Allward les attendait, un peu ple. Je suis heureuse que vous soyez arrivs, dit-elle. Vous savez, je n'ai jamais eu peur de ma vie, mais, ce soir, je ne me sens vraiment pas l'aise. A la moindre alerte, j'ai l'impression que je vais me prcipiter dans la rue pour ne plus revenir dans cette maison. Je la vendrai peut-tre mme ce M. Jordan qui en a tant envie. Nous sommes l : vous n'avez plus vous inquiter de rien, mademoiselle, rpondit Hannibal poliment. Il est encore tt, remarqua Miss Allward. Je n'entends jamais aucun bruit avant minuit. Voulez-vous regarder la tlvision? Je pense qu'il vaudrait mieux que nous fassions un petit somme jusqu' onze heures trente, de faon tre frais et dispos pour la nuit. Pouvez-vous nous prter un rveil? La vieille demoiselle apporta un rveil et conduisit les garons dans une chambre qui se trouvait au premier tage. Deux lits y avaient t prpars. Les dtectives trent leurs souliers vrifirent l'tat de leur quipement et s'tendirent.Malgr sa nervosit, Peter s'endormit aussitt. Il n'avait jamais aucune difficult s'endormir. Il lui sembla que quelques minutes peine s'taient coules lorsque la sonnerie retentit. Qu'est-ce que c'est que a? bredouilla-t-il. Onze heures trente, rpondit Hannibal voix basse. Dors, je veillerai. Bonne ide , marmotta Peter.Et il se rendormit.Jamais Peter, la diffrence de Bob, ne rvait. Et pourtant, cette nuit-l, il rva. Il lui semblait que la grle tait en train de tambouriner contre la vitre.Il s'veilla, tous ses sens aux aguets, cette fois-ci. Oui, quelqu'un tambourinait la vitre, mais ce n'tait pas la grle qui pouvait suivre une cadence aussi rgulire : une deux trois, une deux trois... Comme un code, ou une formule magique.Brusquement, Peter s'assit sur son sant et

regarda. Ce qu'il vit fit se glacer son sang dans ses veines.Un visage humain ou presque tait press contre le carreau.C'tait un tout petit visage, avec des yeux froces, des oreilles velues et un long nez pointu. Les lvres cartes dcouvraient des canines en forme de crocs.Soudain un clair jaillit, et la pice en fut tout illumine. Peter sursauta. Il attendait le tonnerre.Le tonnerre ne vint pas. Le visage disparut. Peter comprit que l'clair provenait d'un flash d'appareil photo.

Je l'ai! s'cria Hannibal. Tu dors toujours, Peter? Comment, je dors? J'ai veill toute la nuit! rpliqua le dtective adjoint. Dis donc, c'tait un gnome qui nous espionnait? Oui, et j'ai sa photo. Tchons de le rattraper.Les garons coururent la fentre, essayant d'accoutumer leurs yeux l'obscurit. En bas, dans le jardin, quatre petits bonshommes en chapeau pointu menaient une sarabande dchane. Ils faisaient des sauts prilleux, ils jouaient saute-mouton, ils ressemblaient des enfants surexcits.A mesure que ses yeux s'habituaient l'obscurit, Peter distinguait mieux les petits visages blafards, les souliers pointus, les vestes de cuir. Pourquoi font-ils a? souffla Peter l'oreille d'Hannibal. C'est vident, rpondit Hannibal sur le mme ton. Ah! oui, c'est vident? Eh bien, pas pour moi, figure-toi. Voyons, ils esprent nous faire peur, Miss Allward et nous-mmes.- Alors ils russissent parfaitement. J'en ai une frousse bleue, moi, de ces bonshommes. Mais pourquoi crois-tu qu'ils veulent nous effrayer? Et pourquoi creusaient-ils les nuits prcdentes? Parce que les gnomes sont toujours censs creuser quelque chose. Pour ma part, Peter, je pense que les gnomes ont t embauchs par Roger, le neveu de Miss Allward. Embauchs par Roger? Pourquoi? Pour la persuader de vendre cette maison, ce qu'elle peut faire actuellement de faon trs avantageuse. Rappelle-toi : Roger est son seul parent, donc son unique hritier. Tout l'argent qui appartiendra Miss Allward, il en hritera un jour! J'ai compris! hurla soudain Peter. Elle vend sa maison, elle reoit un paquet d'argent, puis elle meurt et Roger hrite. Conclusion : Roger a embauch les gnomes pour qu'elle vende la maison. Babal, tu es un gnie. Seulement, pour prouver tout cela, rpliqua le gnie, il faut que nous capturions l'un de ces bonshommes et qu'il confirme nos suppositions. Hannibal prit la gnomo-corde et la passa dans sa ceinture. Il jeta une paire de gnomo-gants Peter et enfila la sienne. Puis il mit son