ALEXANDRE DIANINE-HAVARD - Christianisme, … · Voici le portrait qu’Alexandre Soljenitsyne, son...

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ALEXANDREDIANINE-HAVARD

CRÉÉPOURLAGRANDEURLELEADERSHIPCOMMEIDÉALDEVIE

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énergie humaine renforcée par la grâce de Dieu fit de luiprobablementleplusgrandacteurchrétiendetouslestemps.Pour un chrétien il est certainement nécessaire d’avoirconsciencedesapropremisèreetdechercherenDieulaforcedemaîtriserlemonde.Maiscelan’estpassuffisant.Ildoitaussiavoir conscience de son propre talent, savoir miser sur sespropres forces et utiliser tous les recours humains. C’est laconditionmêmeduleadership.

PurifietesintentionsLavanitéest larecherched’unefaussegrandeur(l’honneuretlagloire).Êtreconnuetêtrehonoré,celanefaitpaspartiedelaperfection de l’homme.Ce n’est pas là qu’est sa grandeur. Lavraigrandeurestdanslavertu,laperfectionhumaine.L’honneur et la gloire sont des choses légitimes, mais lemagnanime ne les recherche jamais pour elles-mêmes. Lesrechercherpourelles-mêmes,c’estfaireobstacleàlavertu.Ilyavanitédèsquelagloireetl’honneurdeviennent,neserait-ce qu’à titre secondaire, des mobiles, des raisons d’agir.Cependant dans ce cas l’action n’est pas totalementmauvaise,puisquel’actevertueuxestencorevoulupourlui-même,poursabeautépropre,etdefaçonsecondaireseulementpourl’honneuroulagloire.L’actionresteenelle-mêmevertueuse,maisàcettebonne action semêle un actemauvais : le bien et lemal sontmélangés. Ce n’est que par un long travail que cette subtilevanitépeutêtretoutàfaitdétruite,quel’onpeutparveniràunetotalepuretéd’intention.

Lamagnanimitén’estpasmégalomanieUnétudiantmeposaunjourlaquestionsuivante:«VladimirLénine,AdolfHitler,etMargaretSanger13sontl’incarnationdumal,maisaprèstout,nesont-ilspasdesêtresmagnanimes?»

Pourdevenirmagnanime, il fautd’abordposséder lavertudeprudence,lavertudesagessepratique.Laprudenceestleguidedetouteslesvertus,carellenousindiquedanschaquesituationcomment nous comporter vertueusement. Celui qui n’est pasprudent est incapable de distinguer une conduite magnanimed’uneconduitemégalomaniaque.Lénine,HitleretSangerpratiquèrentlaruse,nonlaprudence;ils pratiquèrent la mégalomanie, non la magnanimité. Ilsn’éprouvaient aucun intérêt pour la prudence, car ilsn’éprouvaientaucunintérêtpourlebien.Certains auteurs affirment que Lénine et Hitler furent desleaders « amoraux » ; en réalité ils ne furent pas des leaders,mais des manipulateurs, des manipulateurs sataniques. Leleadership ne peut être que vertueux. Les Grecs ancienscomprenaientcelaparfaitement14.Ceuxd’entrenousquinesontpasdépourvusdesenscommunlecomprennentaussi.

Lamagnanimitéetl’estimedesoisontdeschosesbiendifférentesOnnedoitpasconfondrelamagnanimitéavecl’estimedesoi.Lamagnanimitéestunevertu;l’estimedesoiestun«feeling»,unesensation(cequin’estpasforcémentunemauvaisechose).Une vertu est quelque chose de stable et d’objectif ; unesensationpeutêtre très instable,etelleest toujourssubjective.Onpeutseleverlematinavecunepuissanteestimedesoietsecoucherlesoirdumêmejouraveclasensationd’êtreun«raté».Lamagnanimitéestdudomainede l’être ; l’estimedesoiestdudomainedel’avoir.Unepersonnepusillanimepeutavoiruneestimedesoidébordante;l’inverseestaussivrai:unepersonnemagnanimepeutavoiruneestimedesoiextrêmementlimitée.Sentir sagrandeurcen’estpas lamêmechosequ’affirmer sagrandeur.Poursentirsagrandeuriln’estpasnécessaired’avoir

consciencedeses talentsetdesescapacités ; la flatteriesuffitpour nous faire sentir notre grandeur. La magnanimité est lerésultat de la connaissance de soi, alors que l’estime de soidépend largement de lamanière dont nous sommes perçus parlesautres.

La«vertudelajeunesse»Pratiquer lamagnanimitéestnormalementplusfacilepourunjeunehommequepourunvieillard.Lesjeunes,eneffet,viventsurtoutenespérance:ilsonttendanceàregarderversl’aveniretà entreprendre, alors que les vieillards ont tendance à regardervers le passé et à limiter leurs désirs aux nécessités del’existence15.Lamagnanimité,toutefois,n’estpasunequestiond’âge:ilyades adolescents pusillanimes comme il y a des vieillardsmagnanimes.End’autrestermes,ilyadesadolescentsquisontdevéritables«vieillards»commeilyadesvieillardsquisontde véritables « adolescents ».Malgré les seize années passéesdans les prisons et les camps de concentration soviétiques,l’ingénieur et écrivain russe Dimitri Panine restera jusqu’à samort en 1987 dans son exil parisien, cet adolescent à l’âmegénéreuse,remplied’espéranceetd’optimisme.Voicileportraitqu’Alexandre Soljenitsyne, son camarade de prison, dresse deluisouslenomdeDimitriSologdinedansLepremiercercle:« Sologdine était un esclave insignifiant, sans aucun droit. Ilavaitdéjàétéemprisonnédixans,maiscommec’étaitlasecondepeine de prison qu’il purgeait, il n’y avait pour lui aucuneperspectivedelibération.Lajeunessedesafemmes’étaitflétriedansunevaine attente.Pournepas être congédiéede laplacequ’elleavaitactuellement,commeelle l’avaitétébiendesfois,elle avaitmenti, elle avait nié l’existence de sonmari et cessétoute correspondance avec lui. Sologdine avait survécu aux

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deviner les états d’âme, trouver les mots pour exprimer lespenséestimidesdesesinterlocuteurs.Cetteattitudeinspiraitlaconfianceetdisposaitàlasincérité[...].Ellepossédaitplusquetout ledonde suggestion : ellen’ordonnaitpas,mais inspiraitaux autres ses volontés, pour qu’ils les assimilent et lesexécutentefficacementcommeleursvolontéspropres[...].MaisCatherinetravaillaitavecplusd’assiduitésursesmanièresetsursa façon de traiter les autres que sur elle-même et sur sessentiments et intentions [...].L’absence de toute préoccupationpoursaformationmoralepropulsaCatherinehorsduchemin–lechemindudéveloppementpersonnel–surlequelelleavaitétéplacée par sa nature heureuse [...]. Catherine remarquait sespropresfaiblessesetqualitéssanslesamoindriroulesexagérer,ellelesappelaitparleurnom,maissanslemoindreremordsdeconscience, sans aucun regret, sans repentir [...]. L’arbre de laconnaissance de soi, privé de l’amendement de la formationmorale,donnalefruitmalsaindelasuffisance[...].Parcequ’ellen’était qu’une créature de raison – une créature sans cœur –dans ses actions il y a plus d’effets et de panache que degrandeuretdecréativité30.»Contemplons un instant ce portrait deCatherine. Il nous sertd’examendeconscience.C’estleportraitdelamédiocritéquisefaitpasserpourdela«grandeur».C’estleportraitdeceuxqui,parce qu’ils manquent de sens moral, sont incapables dedéveloppereneuxlavertu,etsetrouventobligésdedirigernonparlecaractèrequ’ilsnepossèdentpas,maispardestechniquesde relations humaines qui trop souvent dégénèrent enmanipulation.Etlerésultatesttoujourslemême:beaucoupdebruit etbeaucoupde flammes,maispeudegrandeuretpeudecréativité.Peudeleadership.Il n’est pas surprenant que Catherine qu’on appelle « laGrande » ait fait arrêter, torturer et envoyer en exil les

authentiquesgrandshommesdesagénération:NikolaïNovikovetAlexandreRadichtchev.Écrivains et philanthropes, critiquesduservage,désireuxd’améliorerleniveauéducatifetcultureldupeuple russe, Novikov et Radichtchev étaient des hommes decaractère.L’histoire se souvientd’euxpour leurmagnanimité ;ellesesouvientdeCatherinepoursonégoïsme.25S.Boulgakov,Geroismipodvizhnitchestvo,Moscou,Vekhi,1909.26I.Tourgueniev,Pèresetfils[1863],chap.16.Trad.del’auteur.27N.Gogol,Vybrannyemestaizperepiskisdruziami,Saint-Petersbourg,Azbuka-Klassika,2008,p.9.Trad.del’auteur.28K.Tchoukovsky,OTchekhove,Moscou,RuskijPut,2008,p.35.Trad.del’auteur.29Ibid.p.54,55,70.30V.O.Klioutchevsky,IstoriaRossii[1885].Chapitre75.Trad.del’auteur.

CHAPITREIV.DÉVELOPPERLAMAGNANIMITÉ

Il convientmaintenantde réfléchir sur lesmoyens àmettreenoeuvrepourdévelopperlamagnanimité.

«Chercheunhomme,unvrai!»Pour développer lamagnanimité, nous devons fréquenter deshommesetdesfemmesquiontconsciencedeleurdignité,etquilamanifestent en pratique. CommeDiogène de Sinope qui sepromenaitenpleinjouravecunelanterneallumée,enrépétant:« Je cherche un homme, un vrai », nous devons nous aussichercher dans notre entourage des hommes et des femmesauthentiquesquisontdesmodèlesetdesguidespourl’action.

Bienqu’ilsemblequelesêtresmagnanimessoientdifficilesàtrouver, ilestbienpossiblequenousenconnaissionsplusquenouslepensons.Souventilssetrouventànoscôtés.Un participant à un séminaire de leadership à Almaty auKazakhstan,medemandaunjour:«Dites-nous,Alexandre,quisontpourvous lesplusgrands leaders?»L’audienceattendaitprobablement que je nomme les personnalités habituelles :Churchill, de Gaulle, Gandhi et Steve Jobs. Je réfléchis uninstant, et répondit avec une profonde conviction : « Mesparents ! »Mon interlocuteur fut surpris par cette réponse. Jesaisis la perplexité sur son visage.Mais au bout de quelquessecondes, lui et la classe tout entière m’applaudirentchaleureusement. Ce fut une ovation à la grandeur de la vieordinaire.

Lagrandeur, on la trouve avant tout chez ceuxquinous sontproches.Nousavonstousdesqualitésetdesdéfauts,maisilestnécessaire de se concentrer sur les qualités de ceux qui nous

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45Michelin–Sonhistoire,cit.46Platon,Gorgias483a.47F.Dostoievski,Lespossédés,2,8.48V.Soloviev,Lestroisrencontres[1898]Trad.del’auteur.49J.Escriva,Entretiens,Paris,LeLaurier1987,n.114.50Éphésiens3,20.51V.Klioutchevski,Coursd’histoiredelaRussie,[1904-1918],cit.,chap.54.

CHAPITREV.DÉVELOPPERL’HUMILITÉ

Considéronsmaintenantlesmoyensàmettreenœuvrepourdévelopperl’humilité.

Pourcroîtreenhumilitéilconvientd’aborddesaisirl’ampleurdecettevertu.Ausensproprel’humilitéestl’habitudedevivredanslavérité.Vivre dans la vérité c’est reconnaître sa condition de créature(humilitémétaphysique52),ainsiqueses faiblessesnaturellesetses défauts personnels (humilité spirituelle). C’est aussireconnaître sa dignité et sa grandeur (humilité ontologique53),ainsi que son talent et sa vertu (humilité psychologique).Finalementc’estreconnaîtreladignitéetlagrandeurdel’autre(humilitéfraternelle).L’humilité est le fruit de la connaissance de Dieu, de laconnaissancedesoi,etdelaconnaissancedel’autre.

Reconnaistonnéant(l’humilitémétaphysique)Pratiquer l’humilité c’est d’abord reconnaître notre statut decréature:sansDieunousnesommesrien,nousn’existonspas.Dieucréeàpartirderienetilmaintientdansl’êtretoutcequ’ilcrée.S’ilcessaitneserait-cequ’uneseulesecondedepenserànousetdenouscommuniquerl’être,nousnoustransformerionsà l’instant même en néant. L’homme autonome, l’hommeindépendantdeDieu,estpurnéant.L’humilitéestunevertureligieuse.C’estl’attitudenaturelledela créature devant son Créateur. Les philosophes grecsconnaissaientàpeinel’humilité.Cequileurmanquaitpourcelac’était une juste idée de Dieu, de sa transcendance et de sonaction créatrice, qui après nous avoir donné l’être, nous le

conserve à chaque instant, justifiant ainsi à chaque instantl’humbleprièredelacréature.En reconnaissant notre néant, nous reconnaissons aussi lagrandeur deDieu qui nous donne l’être. Cette reconnaissanceest la condition de la paix intérieur et de la confiance dansl’action, carnous savonsqueceDieuquinousmaintientdansl’être n’est pas seulement unDieuCréateur : il est « un Pèrepleindetendresse54»etilestTout-Puissant.Ceuxquisevantentdeleurindépendanceetdeleurautonomie,ceux qui se vantent d’être des dieux pour eux-mêmes, nepeuvent découvrir la paix et la sérénité, car chaque jour et àchaque instant ils font l’expériencede leurs limitesetde leursmisères. Le bonheur sans Dieu est une contradiction dans lestermes.

Reconnaistesfaiblesses(l’humilitéspirituelle)L’humilité spirituelle est la reconnaissance de « ce quelquechosequicombatcontrelaraisonetquiluirésiste55»,commeleconstateAristote:dece«quelquechose»quiestenchacundenous et que les chrétiens appellent la concupiscence – cettetripletendanceverslesplaisirsdelachair,verslarichesseetlepouvoir, – qui est le résultat d’un désordre introduit dans lanaturehumaineparlepéchéoriginel.Refuser de reconnaître ce désordre est une erreur dont lesconséquencessontdramatiques:sil’onneconnaîtpaslacausedumal,onneconnaîtpasnonplusleremèdeaumal,àsavoirlapratiquedesvertusnaturellesquenousdévelopponsparl’effortpersonnel et la pratique des vertus surnaturelles que nousrecevons dans la prière et les sacrements institués par Jésus-Christ.Lorsqu’un jour j’offris à François Michelin La méthodeHavard,ilregardalacouverturedulivreetmeréponditavecun

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POST-SCRIPTUM2RÉPONSESAUXCRITIQUES

J’aimerais maintenant répondre aux critiques qui ont étéadresséesàLaméthodeHavard.

Onm’areprochéd’avoirfondémonsystèmedeleadershipsurun concept moral qui ne serait compréhensible que par deseuropéens.Àdirevrai,iln’yapasdeconceptmoralplusuniverselquelavertu.Latraditionmoraledel’Extrême-Orientestbaséesurlesmêmes intuitionsque l’éthiquearistotélicienne64.C’est lavertuqui fait l’homme (« ren » en chinois, « jin » en japonais).L’homme sans vertu (fei-ren, hi-nin) est le « non-homme »comme l’indique l’idéogrammequi représente lanégationet lemensonge (la désintégration intérieure) juxtaposée àl’idéogrammequireprésentel’homme:

Ce n’est pas la philosophie antique, mais la philosophiemoderne qui commence avec René Descartes et culmine avecEmmanuel Kant, qui est difficilement accessible aux non-européens.

Onm’areprochéd’avoirbriséleschématraditionnelquifaitdelamagnanimitéunepartiedelavertudecourageetdel’humilitéunepartiedelavertudemaîtrisedesoi.Jenesuispas lepremieràavoirbriséceschématraditionnel.Nombreuxsontceuxquiontfaitremarquerquelerattachementde la magnanimité au courage est artificiel65 et que lerattachement de l’humilité à la maîtrise de soi est arbitraire66.Ces classifications sont étrangères à Aristote67 et si ellesprésentent un certain intérêt logique, elles n’ont aucun intérêt

d’unpointdevuevitaletpratique68.

On m’a reproché de n’avoir pas mentionné la prudence (lasagesse pratique) comme vertu spécifique du leadership. C’estque la prudence, bien qu’elle soit une vertu fondamentale duleadership,commelesontaussilecourage,lamaîtrisedesoietla justice,n’estpasunevertuspécifiqueduleadership.Sanslaprudenceleleaderships’effondre,maiscen’estpaslaprudencequicréeleleadership.Laprudenceestlavertuspécifiquedesdécideurs.Maisunbondécideurn’estpasforcémentunbonleader.Ilneleseraques’ilpossèdelamagnanimitéetl’humilité.Lesdécisionspropresauxleaders – les décisionsqui font grandir les hommes– sont lesdécisions magnanimes et humbles, et non pas les décisionsseulementprudentes.

On m’a reproché d’avoir mentionné Jésus-Christ et lechristianisme dans un livre sur le leadership et l’excellencepersonnelle.Àdirevrai,sijen’avaispasparléduChristetduchristianismedans cet ouvrage, j’aurais fait preuve de malhonnêtetéintellectuelle,d’ingratitude,etaussid’impiété.Demalhonnêteté intellectuelle,car Jésus-Christest lemodèleparfaitduleadership,lemodèleparfaitdelamagnanimitéetdel’humilité. D’ingratitude, car je n’aurais jamais été capabled’élaborerLaméthodeHavard sans l’apportde laphilosophieetdelathéologiechrétiennes.D’impiété,carma«méthode»neseraitqu’unesupercheriediabolique.Impiété ! Voici l’argument qui fut pourmoi décisif. Lorsquej’éprouvaislatentationd’excluredemonsystèmeleChristetleChristianisme, le Court récit sur l’Antéchrist de VladimirSolovievmevintimmédiatementàl’esprit.Danscetteœuvre,sadernière, écrite en l’an 1900, quelquesmois avant samort, le

visionnaire et philosophe russe parle de cet « hommeremarquable»qui fera sonapparitionaudébutduXXIe siècledans les « États-Unis d’Europe » et écrira un livre au succèsfoudroyant qui fera de lui une star mondiale, un livre qui« plaira à tout le monde », un livre qui prônera des valeursprofondément chrétiennes,mais dans lequel le nomduChristne seramentionnénullepart.Cet « homme remarquable » estbiensûrl’Antéchrist.Écrireunlivrelargementinspiréd’idéauxchrétienssansmentionner leChristaurait faitdemoi,dansuncertainsens,unsuppôtdel’Antéchrist.Cequiprovoquaenmoiuncertainmalaise.Aprèsdeuxmilleansdechristianisme,parlerde l’homme,desa grandeur, de sa vocation à la perfection, parler de tout celasans parler duChrist, c’est prendre positioncontre leChrist :parconviction,commelespharisiens,ouparcrainte,commelafoulequidemandasacrucifixion.

Onm’a reproché bien des choses, et ces reproches nem’ontpasétonné:LaméthodeHavardn’estpasunlivretraditionnel;ilestnormalqu’ilchoquelesmentalitéssclérosées.Cequim’aétonné, c’est l’enthousiasme que ce livre a provoqué dans lemondeentier,sansoublierlavieilleEurope,oùlepréjugéanti-chrétien est encore très vivace. De 2007 à 2012 La méthodeHavardaététraduiteenquatorzelangues.64VoirYu,Jiyuan.TheEthicsofConfuciusandAristotle:MirrorsofVirtue,NewYork,Routledge,2007.65«SiThomasd’Aquinn’apasrompule lienquiunit lamagnanimitéaucourage,ill’afaitleplustenupossible.DansSummaTheologicaII.II.140,2,ad1,illaissebienentrevoiràquelpointlerattachementdelamagnanimitéà la force (courage) est artificiel » affirme R. A. Gauthier, l’un des plusgrandsthomistesduXXesiècle(Cf.R.A.GauthierMagnanimité.L’Idéaldegrandeur dans la philosophie païenne et dans la théologie chrétienne.Paris,Vrin.1951,p.363).

66 « Sans doute Thomas d’Aquin rattache-t-il l’humilité à la tempérance(maîtrise de soi). Mais il ne faut pas être dupe de cette classification, quicomporteunelargepartd’arbitraire»affirmeR.A.GauthieràlasuitedeR.P. Sertillanges, un autre thomiste de réputation internationale (Cf. R. A.Gauthier Magnanimité, cit., p. 460 et R. P. Sertillanges, La PhilosophiemoraledesaintThomasd’Aquin.Nouv.éd.,Paris,Aubier-Montaigne,1942,p.353).67 C’est le philosophe stoïcien Chrysippe (280-206 av. J.-C.) qui fit de lamagnanimitéunepartiede lavertudecourage.C’estdansun traité intituléDepassionibusfaussementattribuéàAndronicusdeRhodes(Iersiècleav.J.-C.) que l’humilité apparaît pour la première fois comme une partie de lavertudemaîtrisedesoi.68Cf.R.A.Gauthier.Magnanimité,cit,p.363.