[Alchimia] Nicolas Grosparmy - Le Trésor des Trésors, ou Clavis Majoris Sapientiae

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 LE TRÉSOR DES TRÉSORS CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE NICOLAS GROSPARMY [attribué par Chevreul à Artéphius] AVANT-PROPOS a Salamandre de Lisieux a sans doute re pr ésenté un po in t de pa rt po ur Fulcanelli afin qu’il évoque le sort de trois alch im is te s, de tr oi s c om pa gn ons al ch im is te s : « C’ ét ai en t Ni co la s de Grosparm y, ge nt ilh om me , Ni col as ou Noël Valois, nommé encore Le Vallois, et un prêtre du nom de Pierre Vi co t ou Vi te co q. Ce dernier se qu al if ie lu i- me “c ha pe la in et serv it eur do me st iq ue du si eu r de Gros parm y” […] » [Bib liot hèq ue nati ona le, ms. 14789 (3032) : La clef des Secrets de Philosophie, de Pierre Vicot, prêtre ; XVIII e  siècle] L Le château de Flers (XVI  e  – XVIII  e  siècles) Nous avons évoqué ce trio en abordant le commentaire qu’Eugène Chevreul a donné dans trois articles successifs [  Jo urna l d es Sa va nt s], à la section du Livre secret d’Artéphius et aussi dans le commentair e de l’Introïtus VI  , de Philalèthe. Ces trois compagnons nous offrent le témoignage que les alchimistes étaien t, au plus haut degré, animés par l’esprit d’association. Comme le dit F. Hoefer [ Histoire de la chimie, 3 èm e  époque], ils s’attachaient un certain nombre d’amis, et se réunissaient pour travailler et rédiger en commun leurs ouvrages. Grosparmy, Valois et Vicot offrent un exemple remarquable de compagnonage. On ignore à peu près l’époque où ils vivaient ; peut-être faut-il les placer à la fin du XV e  siècle ou au début du XVI e  siècle. Il paraît que d’anciens historiens de l’alchimie n’évoquent pas ce trio, parmi eux Gmelin, Lenglet-Dufresnoy, P. Borel, Nazari, Ber gman. Leu rs ou vrages n’ on t poi nt été im pri s. Co mme n ou s l’av on s éc ri t da ns l’ Introïtus , VI , e n co mm en ta ire, ce s oeuvres se tr ou ve nt da ns de ux manuscrits, l’un appartenant à la Bibliothèque royale – ms 1642 du fonds de Saint-Germain – l’autre à celle de l’Arsenal – ms 160. in-4. Ce dernier ms, du XVI e  siècle, se fait remarquer par la beauté et par l’élégance de son éc ri tu re ; c’ es t un des pl us be au x ma nu sc ri ts de la bibliothèque de l’Arsenal. On y lit sur le verso de la 1 ère fe uille, ce s li gn es tr acées par un e main ét ra ng ère : « Grosparmy était un gentilhomme du pays de Caux en No rm an di e ; il y av ai t, di t- on , tr ou la pierre philosophale dans son château, où il y avait une vieille tour qui fut abattue longtemps après sa mort, et dans laq ue lle le co mt e de Fle rs, so n rit ier , ava it, dit -on , trouvé la poudre de projection qu’a faite Grosparmy et son ami Valois. L’abbé Vicot était précepteur des fils de Gr os pa rm y, et il me tt ai t en vers le s co uv ertes alchimique s du seigneur chez qui il demeurait. » Le traité de N. Grosparmy, très intéressant pour l’histoire de l’alchimie, est divisé en deux livres ; le premier est intitulé Ab gé d e thé or iq ue , le second, le Trésor des trésors. La pensée des trois alchimistes de Flers reste connue par leu rs ouv rag es. Ni col as Gro spa rmy co mp osa deu x tra ité s : l’  Ab de Théori qu e e t l e Se cret des Sec rets, traduction assez libre de la Clef d’une plus grande Sagesse, de l’alchimiste arabe Artéfius. C’est ce traité dont parle Chevreul dans sa série d’articles sur Artéphius : en effet,  ju sq u’en 18 50 , la Cl ef de la Sa pi en ce était at tr ib e à Alphonse X le Sage. Chevreul prouve que ce traité est de la mai n d’A rte ph ius ; seul pro blè me : Art ép hiu s n’ a  jama is e xi st é… Da ns l e m êm e m anuscrit (n°160), ce tra it é est suivi des cinq livres de Nicolas Valois, compagnon du seigneur Grosparmy. Après celui-là, vient le livre du pr estre Vi co t : « Ce li vre -c y es to it do et es cr it en parchemin et lettres d’or, et relié aux quatre coins de quatre grands clous d’or ; et en iceluy est déclaré ce que ces meissieurs [Grosparmy, Valois, Vicot] avaient un peu caché, dont ce présent est la copie et l’original. Donc, ceci so it ga rd é so us le si le nc e, et qu ’i l ne soit mo nt à personne s’il n’est parfaict philosophe et homme de bien, en peine d’encourir les tourments et peines éternelles par l’ire de Dieu. »

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LE TRÉSOR DES TRÉSORSC LAVIS MAJOR IS SAPIENT IAE

N I C O L A S G R O S P A R M Y[attribué par Chevreul à Artéphius]

AVANT-PROPOSa Salamandre de Lisieux a sans doutereprésenté un point de départ pourFulcanelli afin qu’il évoque le sort de trois

alchimistes, de trois compagnonsalchimistes : « C’étaient Nicolas de

Grosparmy, gentilhomme, Nicolas ou Noël Valois,nommé encore Le Vallois, et un prêtre du nom de PierreVicot ou Vitecoq. Ce dernier se qualifie lui-même“chapelain et serviteur domestique du sieur deGrosparmy” […] » [Bibliothèque nationale, ms. 14789(3032) : La clef des Secrets de Philosophie, de Pierre Vicot,prêtre ; XVIIIe siècle]

L

Le château de Flers (XVI e – XVIII e siècles)

Nous avons évoqué ce trio en abordant le commentairequ’Eugène Chevreul a donné dans trois articles successifs[ Journal des Savants], à la section du Livre secret d’Artéphiuset aussi dans le commentaire de l’Introïtus VI , de Philalèthe.Ces trois compagnons nous offrent le témoignage que lesalchimistes étaient, au plus haut degré, animés par l’espritd’association. Comme le dit F. Hoefer [Histoire de la chimie,3ème époque], ils s’attachaient un certain nombre d’amis, etse réunissaient pour travailler et rédiger en commun leursouvrages. Grosparmy, Valois et Vicot offrent un exempleremarquable de compagnonage. On ignore à peu prèsl’époque où ils vivaient ; peut-être faut-il les placer à la findu XVe siècle ou au début du XVIe siècle. Il paraît que

d’anciens historiens de l’alchimie n’évoquent pas ce trio,parmi eux Gmelin, Lenglet-Dufresnoy, P. Borel, Nazari,Bergman. Leurs ouvrages n’ont point été imprimés.

Comme nous l’avons écrit dans l’Introïtus, VI, encommentaire, ces oeuvres se trouvent dans deuxmanuscrits, l’un appartenant à la Bibliothèque royale –

ms 1642 du fonds de Saint-Germain – l’autre à celle del’Arsenal – ms 160. in-4. Ce dernier ms, du XVI e siècle, sefait remarquer par la beauté et par l’élégance de sonécriture ; c’est un des plus beaux manuscrits de labibliothèque de l’Arsenal. On y lit sur le verso de la 1ère

feuille, ces lignes tracées par une main étrangère :« Grosparmy était un gentilhomme du pays de Caux enNormandie ; il y avait, dit-on, trouvé la pierrephilosophale dans son château, où il y avait une vieilletour qui fut abattue longtemps après sa mort, et danslaquelle le comte de Flers, son héritier, avait, dit-on,trouvé la poudre de projection qu’a faite Grosparmy et

son ami Valois. L’abbé Vicot était précepteur des fils deGrosparmy, et il mettait en vers les découvertesalchimiques du seigneur chez qui il demeurait. »

Le traité de N. Grosparmy, très intéressant pour l’histoirede l’alchimie, est divisé en deux livres ; le premier estintitulé Abrégé de théorique, le second, le Trésor des trésors.La pensée des trois alchimistes de Flers reste connue parleurs ouvrages. Nicolas Grosparmy composa deuxtraités : l’ Abrégé de Théorique et le Secret des Secrets,traduction assez libre de la Clef d’une plus grande Sagesse,de l’alchimiste arabe Artéfius. C’est ce traité dont parleChevreul dans sa série d’articles sur Artéphius : en effet,

 jusqu’en 1850, la Clef de la Sapience était attribuée àAlphonse X le Sage. Chevreul prouve que ce traité est dela main d’Artephius ; seul problème : Artéphius n’a jamais existé… Dans le même manuscrit (n°160), ce traitéest suivi des cinq livres de Nicolas Valois, compagnon duseigneur Grosparmy. Après celui-là, vient le livre duprestre Vicot : « Ce livre-cy estoit doré et escrit enparchemin et lettres d’or, et relié aux quatre coins dequatre grands clous d’or ; et en iceluy est déclaré ce queces meissieurs [Grosparmy, Valois, Vicot] avaient un peucaché, dont ce présent est la copie et l’original. Donc, cecisoit gardé sous le silence, et qu’il ne soit montré à

personne s’il n’est parfaict philosophe et homme de bien,en peine d’encourir les tourments et peines éternelles parl’ire de Dieu. »

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F. Hoefer ajoute, avec toute raison, que ceci rappellel’histoire du Livre d’or du Juif Abraham, dont parle NicolasFlamel et qui, en fait, n’a jamais existé comme l’a montréFulcanelli. enfin le manuscrit n°160 est terminé par unpoème alchimique : le Grand Olympe ou Philosophie poétique, attribuée au très renommé Ovide, traduit dulatin en langue française. En voici un extrait : « Après

vient Saturne le noir – Que Jupiter de son manoir – Issant,déboute l’empire – Auquel la lune aspire – Aussi fait biendame Vénus, – qui est l’airain, je n’en dis plus ; – Sinonque Mars, montant sur elle, – Sera du fer l’ange mortelle,– Après lequel apparaistra – Le Soleil, quand il renaistra –[…] »

Il s’agit là de régimes planétaires du 3ème oeuvre quisuivent [Saturne] la dissolution initiale. Voyez notreOlympe Hermétique, la Matière et le traité duCosmopolite, ou encore les Douze portes de Ripley pour cesujet. De Grosparmy dit qu’il termina son écrit le 29 dedécembre 1449. Pour peu qu’on ait lu et qu’on se rappelle

les écrits où le comte Bernard le Trévisan et DenisZachaire parlent des peines et des déceptions de toutgenre qu’ils ont éprouvées longtemps avant d’êtreparvenus au but de leurs désirs, on verra l’analogie deleurs écrits avec le récit bien plus bref que Grosparmy faitde ses voyages et de ses études alchimiques.

« Nicolas de Grosparmy (dit l’auteur des remarques dumanuscrit B), a fait la maison des comtes de Flers, enbasse Normandie, trés illustre et trés riche, et l’original detous ses écrits est entre les mains du comte de Flers,lesquels tient si chers et avec raison qu’il se les cache à luymesme »

Voici quelques lignes additionnelles que nous devons à L.Gérardin [ Alchimie, Belfond, 1972]. Ce trio d’alchimistesqui travaillait à Flers en Normandie, au début du XVesiècle, illustre cette collaboration pour l’accomplissementdu Grand Oeuvre. Il s’agit du seigneur de Grosparmy, deson ami Nicolas Valois et de leur chapelain le prêtre Vicot.A la lecture de leurs oeuvres, il ressort nettement queNicolas Valois fut l’âme du groupe, le seigneur deGrosparmy jouant les mécènes, se piquant de traiter descience. Vicot l’illuminé, à l’affût de recettes nouvelles,essayait de découvrir celle enfin capable de faire de l’or !Aucune des oeuvres des adeptes de Flers ne futimprimée ; cependant il en existe de multiples copiesmanuscrites généralement très bien exécutées [la critiquetextuelle indique le Mss. 3019 de la Bib. de l’Arsenal(Paris) comme le meilleur. Les Mss. français 12298-9, B. N., restent les plus beaux et contiennent de remarquablesillustrations sur vélin]. Ces copies, et surtout les plusanciennes, contiennent des notices historiques,témoignage de la curiosité que nos Normands ontprovoquée. Leurs oeuvres auraient été composées de1430 à 1450 alors que toutes les copies que possèdent lesbibliothèques sont au plus tôt du XVIIe siècle : le faitparaît surprenant, bien qu’il existe une explication simpleque voici.Le prêtre Vicot n’a laissé aucune trace dans les archivesdes chartriers seigneuriaux. Aurons-nous plus de chance

avec Nicolas Valois ? Peut-on le rattacher à la maison desLe Valois, seigneurs d’Escoville, localité située à unesoixantaine de kilomètres au nord de Flers ? Les Le Valoisapparaissent au XVe siècle en la personne de Jean LeValois. Son fils, Nicolas Le Valois, né en 1494 et marié en1534, fit construire un fastueux hôtel orné de sculpturessymbotiques dans le goût du temps. Aucune filiation,

hélas ! ne se retrouve entre ces Le Valois et notre Nicolasséparé par trois générations : coupure impossible àcombler par la seule existence de sculptures symboliquessur l’hôtel d’Escoville. […]

Le château de Flers (XVI e – XVIII e siècles)

Quant à Flers et à son château, voilà ce qu’on peut en dire,en liaison avec nos alchimistes. Dans les cinq familles

seigneuriales furent des personnages marquant :– Foulques d’Anou qui accompagna Guillaume en 1066lors de la conquête de l’Angleterre.

– Robert II d’Arcourt qui partit pour la croisade contre lesTurcs en 1396 et combattit vaillamment en Hongrie.

– Nicolas II de Grosparmy célèbre alchimiste compagnonde recherche de Nicolas de Valois et de NicolasD’Escoville et qui construit, au début du XVIe siècle l’aileorientale du château actuel.

– Nicolas de Pellevé qui combattit à Amiens auprèsd’Henri IV pour chasser les Espagnols et qui fut

récompensé par le titre de comte.Le château a aussi appartenu à la famille Tournebu entrele XIIe siècle et le XVe siècle.

Le château de Flers (XVI e – XVIII e siècles)

NICOLAS GROSPARMY – 2 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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L’austère aile droite du château, flanquée de ses deuxtours, est la partie la plus ancienne encore en placeactuellement. Elle a été construite sous l’impulsion deNicolas II de Grosparmy entre 1527 et 1541. Selon lalégende, celui-ci avait acquis une fortune considérable ense livrant à des recherches alchimiques. Son aisance parailleurs venait de la possession des Forges De Halouse qui

faisaient partie de son domaine de cette époque et luiprocuraient un confortable revenu. Au milieu du XVIe

siècle le titre de baron de Flers revient à la famille dePellevé dont l’un des descendants Nicolas, fit unebrillante alliance avec des grandes familles de Bretagne,les Rohan. Le domaine s’enrichit de la châtellenie deCondé-Sur-Noireau et en 1598, la baronnie de Flers futérigée en Comté.

Dans l’ensemble, ce traité ne présente pas de grandesnouveautés par rapport à tous ceux que nous avonscommentés. Il est cependant plus complet que d’autre, cequi ne veut pas dire qu’il soit plus clair pour autant. De

grandes différences sont perceptibles entre le Livre Ier et leTrès Grand Secret des Secrets qui semble être uneadaptation de la Clef de la Plus grande Sapience, queChevreul attribue donc à Artéphius. Des 13 chapitres del’Abrégé de Théorique, se dégagent les 3e, 4e, 7e, 10e et 13e.L’attention est apportée sur les rapports du verre avecl’oeuvre et surtout, au 13e, le verre malléable est évoqué.Le travail sur les pierres précieuses est également évoquédans l’introduction à l’Abrégé de Théorique et au chapitre13. Le chapitre 3 de la Pratique montre comment préparerle tartre vitriolé. Quant au Livre II, on l’a dit, il sembleécrit d’une autre main et se révèle totalement abscons, au

point que de nombreux passages en sont commeincompréhensibles. Voyez Chevreul là-dessus.

QUELQUESALCHIMISTES NORMANDS

par M. Alfred De Caix, Membre de la Sociétéfrançaise d’archéologie.

e Journal des Savants, dans son

numéro de décembre 1867, contientun article du célèbre chimiste, M.Chevreul, sur le traité alchimiqued’Artefius, intitulé : Clavis majoris

sapientiae. L’ouvrage d’Artefius, alchimiste arabe, quel’on fait vivre au XIIe siècle, a été le point de mire desdivers adeptes de la science hermétique, qui l’ontcopié et traduit à différentes époques, de sorte que cestraductions ont passé pour des œuvres originalesattribuées à leurs auteurs. Le seul point que je veuillemettre en lumière du travail du savant professeur,c’est ce fait intéressant pour la Normandie, et enparticulier pour la ville de Flers, qu’une destraductions du Traité est due à un gentilhommenormand, seigneur et baron de Flers au XVIe siècle,Nicolas de Grosparmy, et a passé pour une œuvre

L

originale. Le seigneur de Flers ne se livrait pas seul àla pratique du grand- œuvre ; il avait deux associés :l’un était un autre gentilhomme bien connu dans lesannales de la ville de Caen, il se nommait Nicolas LeValois ; les documents que je vais citer disent deValois, évidemment dans le but de donner un cachetplus nobiliaire à ce nom déjà fort noble. Le second

était un prêtre du nom de Vicot, qui s’intitule leserviteur de ses deux associés. M. Chevreul estpossesseur de plusieurs manuscrits dont il a faitl’analyse : l’un est attribué par lui à de Grosparmy, lesautres contiennent les élucubrations des deuxassociés. Il est prouvé par le travail du savantchimiste que ces œuvres ne sont que des traductionsplus ou moins libres du Clavis majoris sapientiae. Lemanuscrit du seigneur de Flers porte au titre :« Ensuit la copie d’un manuscrit fait par M. de GrosParmy (sic), seigneur et baron de Flers, et ayantacquis la dite baronnie et fait construire le chasteau

du dit lieu. Lequel manuscrit contient théorie etpratique, et en dit autant que tous les autres livres ;néanmoins qu’il soit bien couvert, loutte l’œuvre y estcontenue ; estant bien entendu ; ce qui se peut fairepar le moien des autres livres cités au présent. Aunom du grand Dieu Trin, un qui a créé toutes chosesde rien, qui vit et règne sans commancement et sansfin…… A tous féaus disciples de philosophienaturelle Salut et dilection. »

CHAPITRE IER.« Sçachant tous que je Nicolas Grosparmy, natif du

pays de Normandie, par la volonté de Dieu, allant parle monde de région en région, depuis l’aage de douzeans jusques à l’age de vingt-huict ans : cherchant etdésirant sçavoir l’art d’alchymie qui est la plussubtille partie de philosophie naturelle qui traitte etenseigne de la très-parfaite transmutation des métauxet des pierres précieuses ; et comme tout corpsmalade peut être ramené et réduit en santé. Le dittemps durant, ay enquis comme l’un des métaux sepeut transmuer eu l’espèce de l’autre, et en ce faisant,ay soutenu moult de peines et de dépences, injures etreproches ; et en ay abandonné la communication du

monde et la plus part de ceux qui se disoient mesmeilleurs amis, pour ce qu’ils m’avoient en dédain,moy estant en nécessité, en me voulant détourner del’inquisition du dit art pour ce qu’il leur sembloit que je m’y occupois, et que je détournoîs de mes autresaffaires, et pour a celle chose parvenir, ay quis et estéavec maint compagnon cherchant le dit art comme jefaisois, cuidant le trouver par leur moien ; et pouravoir amitié et entrée avec eux, me suis fait leurserviteur, et ay soutenu la plus part de la peine deleurs ouvrages et ay veu et estudié plusieurs livresauxquels la science est contenue en deux manières,l’une fauce, l’autre vraie……. »

De Grosparmy dit qu’il termina son écrit le 29 dedécembre 1539.

L’auteur des Remarques, qui commentent un autre

NICOLAS GROSPARMY – 3 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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manuscrit attribué à Nicolas Le Valois, l’associé duseigneur de Flers, parlant de celui-ci, dit : « QueGrosparmy fit la maison des comtes de Flers, enBasse-Normandie, très illustre et très riche, et quel’original de tous ses écrits est entre les mains ducomte de Flers, lesquels il tient si chers, et avec raison,qu’il se les cache à luy mesme. »

Dans un autre passage il ajoute : « Ils étaient trois, quiont possédé l’oeuvre, M. de Grosparmy, trisaïeul deM. le comte de Flers, Nicolas Valois, son amy, PierreVitcoq ou Vicot, son chaplain. »

Le comte de Flers dont il est ici question, commearrière petil-fils de Nicolas de Grosparmy, était Louisde Pellevé, qui après avoir eu une superbe position,mourut dans la détresse en 1660 (Histoire de Flers, parM. le comte Hector de la Ferrière, p. 107), sans doutetoujours en possession du précieux manuscrit, qui nelui apprit point à faire l’or dont il avait grand besoin.D’après le document qui précède, la terre de Flersaurait été acquise de Nicolas de Grosparmy ; maisl’auteur des Remarques est ici en contradiction avecM. de La Ferrière, qui cite à la date de 1404 un Raoulde Grosparmy comme seigneur du lieu (ibid., p. 38).La baronnie de Flers avait été érigée en comté enfaveur de Henri de Pellevé, père du possesseur dumanuscrit. Il paraît incontesté que notre alchimiste futle constructeur du château de Flers, dans sa partieprincipale qui fait face à la ville. La portion qui faitretour est évidemment plus moderne. L’auteur del’Histoire de Flers nous cite plusieurs incendies quiont dû occasionner des changements. Les grandesressources dont a disposé le gentilhomme alchimistepour cette construction importante, bien qu’il ait étéaccusé à cause de l’œuvre de négliger ses affaires, ontdû confirmer ses contemporains dans la vertu de samerveilleuse science occulte et faire courir bien desbruits mystérieux sur cette demeure, si bien gardéecontre les indiscrets par ses immenses fossés. Lechâteau, que nous admirons encore, accuse bien untravail du XVIe siècle. L’associé de Grosparmy,Nicolas Le Valois, seigneur d’Écoville, écrivant sur lascience hermétique, a raconté également ses peines etses déceptions, et comment, avec ses compagnons,

après avoir renoncé à tout commerce avec lesalchimistes, ils se recueillirent dans la solitude,inéditant et lisant de bons livres, comme ceuxd’Arnaud, de Raymond Lulle, etc.

« Mais (ajoute-t-il), un de nous, tellement porté auxparticuliers sophistiques, pour voir tous les joursnouvelles choses qui lui éblouissaient les yeux, ne lesvoulut quitter (les alchimistes). Or, j’avais bien 45 ansquand cela arriva en 1520 (il était donc né en 1475), etau bout de 20 mois, nous vismes ce grand Roy assissur son trône royal, faisant une première projectionsur le blanc, puis sur le rouge. Comptant le temps que j’étais en chemin, que j’ai laissé par écrit jusqu’à laperfection de l’œuvre, il ne fallut plus que 18 mois,

auquel temps ledit œuvre fut accompli, encore qu’ileût manqué une fois. »

L’auteur des Remarques, qui accompagnent lemanuscrit du sieur Le Valois, donne les détailssuivants sur ce personnage : « M. de Valois, de lamaison d’Escoville, a composé cinq livres reliés en unmême volume, où il y a au commencement unegrande figure ronde enluminée, et deux fourneauxadmirables, de M. de Grosparmy, par le moien desregistres duquel on peut éclore les œufs et fondre l’or,lequel livre il faisoit en forme de testament à son fils,le petit chevalier…. . »

Et plus loin : « Nicolas de Valois, second amy etcompagnon de science et de possession de l’élïxir, abasti une maison très-splendide à Caen et a laisséquatre terres nobles à ses successeurs, dont l’aînéporte le nom de sieur d’Escoville-Valois, grandseigneur en Normandie, près la ville de Caen… »

« Les quatre terres que M. de Valois avait acquises, illes il a basties magnifiquement ; chaque bastiment nese feroit pas pour cinquante mille escus ; dans l’une, ily a une chapelle, où tous les hiéroglyphes de l’œuvresont représentés. Il avait épousé, en premières noces,une dame Hennequin, qui, par son contract demariage, ne devoit remporter de douaire que quinzecents livres ; mais le douaire de la seconde femme aesté de plus de vingt mille livres…. . » II a de pluscomposé un livre très-excellent et très-rare, traittantde la philosophie hermétique, tout plein de figureshiéroglyphiques, lequel est intitulé : Hebdomas

hebdomadum cabalistarum magorvm bracmanorumantiquorvmque omnium philosophorum impteriœcontinens…… »

L’auteur des Remarques ajoute : « M. de Valoismourut malheureusement suffoqué d’une huître qu’ilavait avalée entière. »

Ce personnage a justement acquis une grandecélébrité dans la ville de Caen, par la construction del’hôtel situé place St-Pierre, qui fait encore l’ornementde la cité ; cet édifice, après avoir passé par successionà la famille de Touchet, qui le tenait du poète latinMoysant de Brieux, fut acheté par la ville, en 1733,

pour en faire un hôtel-de-ville, et, de nos jours, devintl’hôtel de la Bourse (Essais sur la ville de Caen, parl’abbé De La Rue, t. 1, p. 125). Tous les auteurs qui ontécrit sur Caen ont célébré cette somptueuse demeure.De Bras nous apprend quelques particularités sur saconstruction. Il raconte que, vers l’an 1537, alors queles imaginations étaient encore fort excitées par laquantité de métaux précieux apportés à la suite de ladécouverte du Nouveau-Monde : « Aucuns Allemansminéranx passèrent par Caen et se transportèrent enun village appelé Tracy, distant de quatre lieues decette ville. Là est une montaigne d’or, si clair et si

luisant que tout ce qu’on en tire semble vray or… …Comme ces Allemans s’acheminaient à cestemontaigne, l’on commençait ce plaisant et superbebastiment, que faisait feu Nicolas Le Valois, sieur

NICOLAS GROSPARMY – 4 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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d’Escoville, près le carrefour St-Pierre, et comme l’ony fouissait à l’endroit de la maison de feu Jean de LaBigne, sieur du Londel, pour y asseoir lesfondements, l’on aperçut une bonne quantité de vif-argent, dont il en fut recueilly presque un potd’estain. Ces Allemans vouloyent qu’on se désistastde faire les fondements à cest endroit là, et disoyent

que c’estait une vaine de vif-argent. Aucuns autresqui désiroyent l’advancernent de cest édificefaysoient entendre qu’un apotiquaire avoit demeuréauprès, sans en désiner le temps, et qu’il pouvoit estrecoullé de son vif-argent, pourquoy ledit sieurd’Escoville se voulut désister de faire bastir à l’endroitoù coulloit ceste liqueur, près le cours d’Oudon, augrand desplaisir des dicts Allemans et de plusieursmarchands qui asseuroient que c’estoit une vaine devif-argent, et que tous les apotiquaires de plusieursvilles n’en pourroient avoir fourny une si grandequantité qu’on avoit déjà recueilly, et qui en

distilloit. » (Recherches et antiquités, par Charles deBourgueville, p. 41, édit. 1833, Caen)

De Bras raconte ainsi la fin tragique du sieurd’Escoville, inaugurant son hôtel : « Le vendredy, jouret feste des Roys, mil cinq cens quarante et un,Nicolas Le Valois, sieur d’Escoville, Fontaines,Ménilguillaume, et Manneville, le plus opulent de laville lors, ainsy qu’il se devoit asseoir à table, à la salledu pavillon de ce beau et superbe logis, près lecarrefour St-Pierre, qu’il avait fait bastir l’anprécédent, en mangeant une huître à l’escalle, luyaagé de viron quarante sept ans 1, tomba mort

subitement d’une apoplexie qui le suffoqua. »Le sieur d’Escoville, dont les armes se voient encoresur son hôtel, les avait aussi fait sculpter sur une clefde voûte de l’église de St-Jacques de Lisieux, commeayant sans doute contribué à la construction de cetédifice, qui se faisait de son temps.

Sa terre de Ménilguillaume était voisine de la ville.Huet, dans ses Origines de la ville de Caen, cite le logisde Nicolas Le Valois, qu’on nommait de son tempsl’hôtel du Grand-Cheval, « à cause (dit-il) de l’imagede pierre eu bas-relief qui est au-dessus de la porte,représentant le fidèle de l’Apocalypse, monté sur uncheval. Nicolas Le Valois, ajoute-t-il, le fit bastir enl’année ’15û0. »

La décoration du portail a été mutilée à la Révolution.Cet édifice, construit dans le style de la Renaissance,si fleuri, si orné d’emblèmes et de figuresallégoriques, fait contraste avec le noir et sévèrechâteau de Flers, son contemporain. Les villes, enmême temps qu’elles voyaient s’ouvrir une èreartistique, jouissaient déjà d’une sécurité que neconnaissaient pas encore les campagnes. Si nosalchimistes ne trouvèrent que déceptions dans la

1 S’il faut s’en rapporter an passage du manuscrit citéplus haut, et qui fixe la date de la naissance de Valois à1475, il aurait eu, 66 ans et non 47, que lui donne deBras.

recherche du grand œuvre, ils furent singulièrementfavorisés de la fortune, et ils durent passer pour bienhabiles. M. Le Valois avait adressé ses cinq livres àson fils, qu’il nomme le petit chevalier, lequel était

encore bien jeune ; à la mort de son père, il étudiait enphilosophie. Celui-ci lui légua ses livres hermétiqueset recommanda au prêtre Vicot, son serviteur, soncollaborateur et son ami, d’initier son fils à la science

NICOLAS GROSPARMY – 5 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

Les armes de Le Valois sont : d’azur à un chevrond’or, accompagné de trois croissants d’argent,posés deux en chef, et un à la pointe de l’écu ; etun chef d’argent chargé de trois roses de gueules,Bulletin monumental, année 1847, p. 438. —Études héraldiques sur tes monuments de la ville

de Caen, par MM. R. Bordeaux et G. Bouet.

Blason de Nicolas de Valois

Sur le territoire de la paroisse Saint-Pierre, ontrouve dans la cour de la Bourse, ancien hôteld’Ecoville, l’écusson de Nicolas Le Valois, seigneurd’Ecoville au XVIe siècle, qui fit élever ce pompeux

édifice. Il portait : d’azur à un chevreon d’or,accompagné de trois croissants d’argent, posésdeux en chef et un à la pointe de l’écu ; et un chefd’argent, chargé de trois roses de gueules(D’Hozier, Armorial général de la France, registre1er. , 2e. partie. M. Potier De Courcy cite dans sonnobiliaire de Bretagne une famille Le Valois, sieurde Lauzerois, qui porte de gueules au chevrond’argent, accompagné de 3 croissants de même. ).Un écusson mutilé comme le précédent, parti deLe Valois et de ……… lui fait pendant ; ce fut sansdoute celui de sa femme, Marie Duval, d’une

famille qui paraît avoir été différente de celle deDuval de Mondrainville. Voici une clef de voûtede Saint-Jacques, à Lisieux, aux armes de Le Valoisqui, possédant près de Lisieux la terre de Mesnil-Guillaume, avait sans doute contribué à l’érectionde l’église Saint- Jacques, qu’on bâtissait vers cetemps-là.

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alchimique. C’est pour remplir ces dernièresintentions que Vicot adressa son Traité, composé detrois livres, au petit chevalier. Le livre de Vicotcontient une très-curiense appréciation de l’emploides métaux en médecine. Il s’exprime ainsi : « Cesasnes de médecins mettent dans leurs restaurans etconfections des fragments d’or et de perles, ne jugeant

pas qu’en tel estât que l’homme prend l’or, il le rendau mesme estât, en quoy ces pendarts font bien voirqu’ils ont connaissance que dans l’or, il y a unegrande vertu, mais jamais ne profitera rien tantqu’elle sera attachée à son corps, duquel elle nepourra jamais être séparée par autre voie que celle denostre philosophie, et ces méchants, qui neconnoîssent point cette science admirable, jettent desblasphèmes contre elle…… »

Les matières précieuses, pour avoir leurs vertuscuratives, devaient, suivant les adeptes, avoir étérendues vives, et c’était là le grand secret de l’œuvre.

Pour terminer sur ce personnage, je cite encore unpassage des Remarques qui résume le butdésintéressé vers lequel tendaient les troisphilosophes : « Ces trois associés, d’une même union,amitié, fidélité et concorde, firent le sacré magistère,et leurs livres, pour leurs successeurs, afin de laisser àla postérité lumière entière de cette science, qui y estplus clairement enseignée que partout ailleurs dansles autres livres. »

À un siècle et demi de distance, un antregentilhomme dont la demeure était située non loin deFlers, messire Jean Vauquelin, seigneur des Yveteauxet le dernier du nom qui ait possédé cette terre,connut les œuvres de nos alchimistes et marcha lui-même à la recherche de la pierre philosophale. M.Chevreul cite un écrit de ce personnage, intercalédans le volume manuscrit attribué à Nicolas deGrosparmy, intitulé : « Recueil par extrait de quelquesphilosophes adeptes, par ordre alphabétique, où sontreportez (sic) quelques-uns de leurs passages, avecquelques traits de leur vie, par messire JeanVauquelin, chevalier seigneur et patron des Yveteaux(1700). »

Personne ne pouvait être plus à même de connaîtreles particularités historiques sur les associés que cenormand. M. des Yveteaux, à l’article Valois, dit que :« Celui-ci acheva le grand œuvre en la ville de Caen,où les hiéroglyphes de la maison qu’il y fit bâtir et quel’on y voit encore en la place St-Pierre, vis-à-vis de lagrande église de ce nom, font foy de sa science. » [Onne voit présentement aucune trace de ceshiéroglyphes dans l’hôtel de la place St-Pierre. Unedes façades intérieures est ornée des figures de Davidet de Judith se faisant pendant]

On se rappelle que ce personnage avait fait graver les

hiéroglyphes de l’œuvre dans une chapelle de l’unede ses terres. M. Choisy, dans sa charmantedescription du château et des jardins des Yveteaux,lue à la session de 1864 de l’Association normande,

tenue à Falaise, dit de Jean Vauquelin : « C’était unhomme d’étude. Il avait, dans son château, un vaste etriche laboratoire de chimie, science sur laquelle ilaurait composé quelques ouvrages. A certainesexpressions grosses de mystères, et en grand honneurchez les alchimistes, il est de plus fort à croire qu’il aété un adepte des passionnantes chimères du grand

œuvre. » J’ai été à même d’acquérir la certitude de cesallégations. A la mort de l’avant-dernier propriétairedu domaine des Yveteaux, un gros manuscrit in-foliome fut confié pendant deux ou trois jours seulement ; je ne sais où il a passé. Ce manuscrit fut rédigé, enl’année 1700, par un personnage resté inconnu, lequelse rendant de Paris à Brest, par le messager deRennes, se trouva incommodé à Argentan ;néanmoins, il poussa encore jusqu’à Fromentel, où lemessager dîna (il n’y avait pas alors de gare dechemin de fer). Le voyageur le laissa continuer sa

route, se trouvant incapable d’aller plus loin.Quelques jours de repos le rétablirent ; le dimanchesuivant, il se rendit à pied à la messe, dans l’église desYveteaux, où le seigneur du lien qui y assistait,l’ayant aperçu, lui offrit une place dans son banc, leconduisit à son château, dans son carrosse, et luidonna l’hospitalité, dont celui-ci profita pendant unan, entre ce seigneur et sa charmante fille unique, quiépousa plus tard M. Carel, conseiller au Parlement deParis, qui devint ainsi possesseur du domaine desYveteaux. L’étranger paya l’hospitalité qui lui étaitdonnée par de nombreux travaux sur le grand œuvre,

dont le souvenir fut conservé dans le volumineuxmanuscrit, dont la lecture me parut alors très-fastidieuse, m’attachant particulièrement auxrecherches historiques sur les Vauquelin, dontl’étranger avait fait aussi son occupation, trouvant unmoyen délicat d’acquitter sa dette de reconnaissance.Il est triste pour l’humanité de voir des hommesinstruits et intelligents s’attarder ainsi à la suite del’alchimiste arabe et s’approprier ses doctrines,résumant toutes les erreurs qui eurent cours en pleinmoyen-âge, relatives à l’influence des astres sur lesêtres vivants et sur les matières inertes. Je dois

renouveler en terminant ces détails curieux, eu égardaux lieux et aux noms propres qui sont nommés, que je les ai empruntés à l’excellent article du savantacadémicien, qui en a tiré des déductionsextrêmement intéressantes pour la science.

L’HÔTEL D’ESCOVILLEL’hôtel d’Escoville est le plus célèbre bâtiment de laRenaissance caennaise avec l’abside de l’église Saint-Pierre. Son commanditaire est Nicolas le Valoisd’Escoville. Son père était un riche marchand anoblien 1522. Né en 1475, on lui attribue une haute

intelligence, le goût de la construction et du faste, uneimmense fortune et, de manière plus curieuse, despréoccupations alchimistes. Le choix du site de sonhôtel n ’est pas neutre : la place Saint-Pierre est le

NICOLAS GROSPARMY – 6 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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cœur de la ville ; c’est là qu’ont lieu les fêtes etcérémonies publiques. C’est là que s’élève l’église laplus richement décorée, c’est là que s’élève la maisonde ville sise sur le pont Saint- Pierre (détruite finXVIIIe, mais conservée en souvenir dans le blasonmunicipal). L’habitat y est dense et Nicolas le Valoisdoit acheter des maisons pour les faire abattre et faire

place nette pour son projet novateur. Les travauxcommencent en 1533. En 1535, le pavillon et l’ailedroite sont achevés, ainsi qu’en témoignent des datesinscrites sur les meneaux des fenêtres. Le corps delogis qui longe la rue Saint-Pierre (en grande partiereconstruit après 1944) n’est commencé qu’en 1537,sans doute par Blaise Leprestre, un des principauxarchitectes locaux avec son fils, Abel, et Hector Sohier.On attribue au même Blaise Leprestre d’autresconstructions : à Caen la maison de la tête de mort,rue Caponière et, à Fontaine- Henry, le pavillon sud(on y trouve aussi une remarquable sculpture de

 Judith et Holopherne). Les autres bâtiments ontparfois été attribués à Sohier sur la base de similitudede style et d’inspiration (mélange de sujets chrétienset païens dans la décoration sculptée). La loggiatémoigne de l’influence italienne en France. Elle laisseà l’air libre un espace de communication (escalier,couloir) destiné à un bref passage (escalier d’Azay-le-Rideau ou escalier à vis de l’aile François Ier à Blois).La loggia renvoie à une autre formule, horizontalecelle-là, qui va prendre un essor marqué à laRenaissance, celle de la galerie extérieure, comme àBlois (la façade « des loges ») sur le modèle de celle

que Bramante réalisa au Vatican pour Jules II. Avecles deux statues de David et Judith, nous quittonsl’univers païen de la Grèce antique pour pénétrercelui de l’Ancien Testament. Héros bibliques tous lesdeux, même si Judith est plus une allégorie de larésistance qu’un personnage historique, ils ont encommun d ’avoir tué des adversaires notoirementplus puissants qu’eux, David encore jeune berger enabattant le géant Goliath d’un simple coup de fronde, Judith en décapitant Holopherne pendant sonsommeil. Par son nom (Judith : Yehoudith, « la juive ») et par son comportement, elle est l’incarnation

des vertus proposées en exemple au peuple juif qui, s’il a confiance en Dieu, peut vaincre des ennemisredoutables. Judith et David ont en plus en commund’avoir décapité leur ennemi avec sa propre épée. Cesdeux personnages ont largement inspiré peintres etsculpteurs : Donatello dans le bronze, Boticelli enpeinture (Judith) et Le Caravage ; Michel-Ange ensculpture (le David de Florence en 1504). Nicolas leValois ne jouit pas longtemps de son palais. En 1541,il succombe à une crise d’apoplexie lors d’un festind’huîtres. L’hôtel particulier que constitue l’hôteld’Escoville est d’un type nouveau au XVIe siècle. Il

s’oppose à l’habitat traditionnel caennais non pas tantdans le choix des matériaux – la pierre de Caen futlargement utilisée dès le XIIe siècle pour l ’habitat civilparticulier – que par son élévation et son plan. En

effet, dans un cadre souvent restreint et un parcellairefigé, il est d ’usage de construire sur trois, voirequatre niveaux et de préférer les constructions à murpignon, s’étalant sur une parcelle profonde maisétroite, perpendiculaire à l’axe de la rue. C’est le casdes deux maisons 52-54 de la rue Saint-Pierre. L’hôtelparticulier type Escoville ou Mondrainville (détruit en1944, emplacement de la Caisse d’Épargne) a dûfrapper les contemporains plus encore par sa vasteemprise au sol, son plan ordonné autour d ’une cour,sa disposition régulière, sa séparation entre espaces

publics et privés que par la richesse de sa décoration.Il suit en cela la disposition des grands palais urbainsflorentins du XVe, comme le palais Médicis.

L’hôtel d’Escoville est formé de trois corps de logis.Le premier, en façade sur la place Saint- Pierre, estdécoré de huit grandes colonnes d’ordre composite etd’une porte, dont le tympan offrait jadis un bas-reliefreprésentant le Fidèle ou le Véritable de l’Apocalypse,à cheval, ce qui avait valu à cette demeure le nomvulgaire d’hôtel du Grand-Cheval. Dans la cour,devant le visiteur, se dresse un autre bâtimentcomposé de trois pavillons d’ordre corinthien et

remarquable par l’heureuse et savante disposition deslignes. Au centre de ce corps de logis, un grandpavillon à haute toiture est surmonté de la plussplendide lucarne qu’un artiste ait jamais pu

NICOLAS GROSPARMY – 7 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

CAEN – ancien hôtel de Valois

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imaginer ; mais on préfère souvent à ce pavillon unravissant escalier en spirale qui se trouve à l’angle dubâtiment. A propos de cet escalier, placé en arrièred’un péristyle couvert et formé par deux loges, on arappelé Chambord et la fameuse lanterne deTiraqueau. « C’est aller un peu loin, dit avec raisonLéon Palustre, et rien n’autorise, en réalité, unrapprochement qui ne peut que jeter le trouble dansles idées et empêcher de mettre chaque chose en saplace. La tour à double coupole élevée par l’architectede Nicolas Le Valois est déjà assez belle par elle-même sans que l’on exagère encore son mérite. Avec

son diminutif à pans coupés, que surmonte une sortede petit temple monoptère, peu fait pour cacher unestatue de Priape, dont l’apparition à cette place nemanque pas de fournir matière à d’étrangesréflexions, elle achève de mouvementer les lignesd’un édifice regardé à bon droit comme un des chefs-d’œuvre de l’architecture française. » (Léon Palustre,La Renaissance en France, t. II, p. 311.) Le corps de logisprincipal formant le côté droit de la cour se rejoint enretour d’équerre aux deux autres parties. La réuniondes deux étages en un seul l’a fort mutilé. Deuxgrandes niches hardiment dessinées abritent deux

statues aux formes trop élancées, mais d’un styleexcellent : David tenant la tête de Goliath et Judithcelle d’Holopherne. Puis, dans la partie supérieuredes trumeaux, on admire la plus singulière et la plus

riche décoration héraldique qu’on ait jamaisinventée : deux écussons tenus, l’un par des génies,l’autre par des nymphes, sont soutenus chacun par unhomme qui est censé placé en arrière du mur et dontla tête sort d’un oculus feint de la frise, tandis que sonbras émerge de l’épaisseur de l’entablement. Ajoutonsque toutes les parties de l’édifice sont ornées delucarnes monumentales, de bas-reliefs, de têtes depersonnages historiques ou légendaires, de ce qu’onappelait des hiéroglyphes, avant qu’on ne sût ce quec’est que des hiéroglyphes, et d’inscriptions plus oumoins énigmatiques, le tout inspiré par des passagesdu Songe de Poliphile ou symbolisant peut-être lesidées des adeptes du « grand œuvre », car Nicolas LeValois s’occupait avec ardeur de la sciencehermétique, sur laquelle il a laissé de volumineuxmanuscrits. M. de Beaurepaire est disposé à croirequ’Hector Sohier, l’architecte de l’abside de Saint-Pierre, fut aussi celui de l’hôtel d’Escoville. (On doitaussi très probablement à Hector Sohier l’abside deSaint-Sauveur de Caen et les curieux châteaux deLasson, à 10 kil. de Caen, et de Chanteloup, dans ledépartement de la Manche, entre Granville et

Coutances.)

NICOLAS GROSPARMY – 8 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

CAEN – ancien hôtel de Valois (lucarnes et campaniles)

CAEN – ancien hôtel de Valois, le porche

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Statue de Judith, dans la cour de l’Hôtel d’Escoville

« II est tout d’abord impossible, dit l’auteur du Caenillustré, de ne pas remarquer que l’hôtel d’Escoville etl’abside de l’église Saint-Pierre, situés vis-à-vis l’un del’autre sur la même place, appartiennent sensiblementà la même époque. Les travaux de l’absideembrassent un espace de vingt-sept ans, de 1518 à1545 ; les travaux de l’hôtel, commencés vers 1538 (Etnon en 1530, comme le ferait supposer une des raresfautes d’impression du Caen illustré, faute d’autantplus regrettable qu’elle pourrait induire le lecteur enerreur.), étaient terminés en 1541. Les deuxconstructions nous offrent d’ailleurs une infinité dedétails à peu près identiques ; les disques, les oculus,les personnages à relief saillant qui émergentd’ouvertures simulées, se retrouvent dans l’unecomme dans l’autre ; et, chose plus frappante encorepeut-être, le mélange des sujets sacrés etmythologiques, que nous avons signalé sur la façadede l’hôtel d’Escoville, constitue également une partiede la décoration des pendentifs de la voûte du rond-point. L’architecte de l’église ressemble à l’architectede l’hôtel par les procédés techniques et par lamanière de comprendre les motifs d’ornementation.Pourquoi, dès lors, en l’absence de toute indicationcontraire, n’y verrait-on pas un seul et mêmepersonnage ? Ces raisons, qui avaient porté RaymondBordeaux à faire honneur à Hector Sohier de l’hôtel

d’Escoville, nous impressionnent dans le même sens.Cette opinion n’a pas pour elle une certitude absolue,mais elle nous paraît présenter les caractères d’unetrès grande probabilité ».

 J’en demande pardon à mon savant maître et ami,mais je ne suis pas convaincu ; et, pour soumettre aulecteur toutes les pièces du procès, on me permettrade reproduire ici l’argumentation que j’ai présentéeailleurs.

« A quel architecte Nicolas Le Valois a-t-il confié laconstruction de sa splendide demeure ? On abeaucoup discuté sur ce problème et personne n’en atrouvé la solution. Comme tant d’autres, cette œuvrede génie est encore anonyme. Longtemps on a répétéque l’hôtel d’Escoville avait été élevé par des artistesitaliens ; on précisait même et on les disait florentins.Puis, on a prononcé, assez timidement, il est vrai, lenom de Blaise Le Prestre, en se basant sur un passagepeu explicite où Jacques de Cahaignes parle du bas-relief de l’Apocalypse (Elogiorum civium cadomensiumcenturia prima, p. 22). Trébutien cite, à ce propos, deslettres adressées à Huet par le médecin Dubourg etpar le P. de La Ducquerie, lettres qui donnent desdétails curieux, mais qui ne nous apprennent rien del’architecte ou du sculpteur. Voyons ce que ditCahaignes, dans son Éloge 14, consacré à HectorSohier, à Blaise Le Prestre et à Abel, fils de cedernier. »

cheminée de l’hôtel de Valois avec saint Georges

On peut juger à Caen de toutes les phases de cet art(l’architecture), aussi bien dans les maisonsparticulières que dans les monuments religieux. Cesédifices ont été élevés par nos concitoyens, sous ladirection d’artistes distingués ; je n’en citerai que

quatre. Dans cette partie de l’église Saint-Pierre, quenous autres Français nous appelons » cœur », ou,pour mieux dire, « chœur », et dans les bas-côtés, on

NICOLAS GROSPARMY – 9 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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voit de superbes voûtes, construites avec une grandeperfection par Hector Sohier (« En l’an 1521, futcommencé ce beau et magnifique Rompoinct et lesVoûtes de l’église de sainct Pierre de Caen. » Ch. deBourgueville, sieur de Bras, Les Recherches et Antiquités de la Ville et Université de Caen, p. 137). Al’entrée de l’église mise sous le vocable de saint Gilles,

on voit un œuvre artistement travaillé, dû à Blaise LePrestre ; les proportions en sont si bien conçues qu’il aété l’objet de l’admiration des gens de l’art. De chaquecôté de l’entrée de cette belle demeure, que fit éleverNicolas Le Valois, en son vivant le plus notable deshabitants de la ville à cause de l’immensité de sesrichesses, on remarque deux colonnes rehausséesd’ornements d’architecture ; leur style est celui quiétait alors en vogue en France ; au-dessus on voit ungrand cheval que monte un géant. Ce sujet est en piedet ressort en haut-relief avec beaucoup d’art. Au-dessous se profilent, avec une saillie d’un pouce,

nombre de petits personnages. Les proportions detoutes les parties de cet édifice sont si heureusementcombinées et répondent si bien à la grandeur del’ensemble que les plus fins connaisseurs ne peuventse lasser de l’admirer. Je ne dois pas non plus passersous silence ce morceau d’architecture qui décore laporte d’entrée de ma modeste demeure. D’aprèsRémy Rosel, architecte à Paris, c’est moins à lacomposition des matériaux qu’à l’art avec lequel ilssont travaillés qu’elle doit sa supériorité sur tout cequi existe à Caen en ce genre. Cette façade, d’ordredorique, bien symétriquement coordonnée, fut

construite aux frais de mon père, sous la directiond’Abel Le Prestre, fils de Blaise. Ce fut son dernierouvrage, car il mourut, après l’avoir terminé ; mais lesdernières œuvres des plus grands artistes sontsouvent les meilleures »….

Ce qu’il faut retenir de ce passage des Éloges descitoyens de la ville de Caen, c’est que leur auteur cite« quatre édifices élevés par ses concitoyens, sous ladirection d’artistes distingués », et que de ces artistesil n’en nomme que trois, auteurs de trois œuvres quine leur sont pas contestées. Mais, s’il vante l’hôtel deNicolas Le Valois, il ne nous indique pas le nom de

son constructeur.« Ne serait-ce pas tout simplement parce que cetarchitecte n’avait pas vu le jour à Caen ? Il est bienpermis de le croire. Toutefois si cet artiste oublié n’estpas né sur les bords de l’Orne, faut-il pour cela lesupposer Italien ? Nous ne le pensons pas. Lesarchitectes d’au delà des Alpes, auxquels on aattribué tant de palais et de châteaux, ont bien moinstravaillé en France qu’on ne l’a si longtempsprétendu. En Normandie, par exemple, les églises etles grands édifices élevés au XVIe siècle sont l’œuvred’artistes du pays, disciples eux-mêmes des maîtres

du siècle précédent. C’étaient des Normands, ceshommes si habiles qui s’intitulaient modestement« maçons » ou « tailleurs d’images », et qui ont bâti,achevé ou décoré la cathédrale de Rouen, le portail de

la Calende et le porche de la cour des Libraires, lechâteau de Gaillon, l’abbaye de Vallemont, les églisesde Saint-Étienne d’Elbeuf, de Caudebec, de Dieppe,de Saint-Jacques de Lisieux, d’Argentan, de Gisors etde leurs environs. II était aussi Français et peut-êtreNormand celui auquel Nicolas Le Valois confia lesoin de tracer le plan de son opulente demeure et de

la construire. Mais quel est son nom ?« A coup sûr, ce n’est pas Abel Le Prestre, mort tout jeune avant que l’hôtel d’Escoville ne fût commencé.

« Très probablement, dit Léon Palustre, il disparutavant son père, nommé Blaise, qui, de 1510 à 1520,était encore dans la force de l’âge, puisqu’il dotaitl’église Saint-Gilles d’un portail grandement admirépar Cahaignes. Nous ne nous en occuperons pascependant, puisqu’il s’agit d’une composition encoregothique et qui n’a nul rapport, quoi qu’on ait essayéde prouver le contraire, avec l’ancienne façade del’hôtel Le Valois ou d’Escoville, sur la place Saint-Pierre. Cet édifice, on le sait, ne fut commencé qu’en1538, et Blaise Le Prestre, s’il vivait encore à pareilledate, n’était certainement pas capable du prodigieuxeffort nécessité par une aussi complètetransformation. Le texte des Éloges n’autorised’ailleurs aucunement l’attribution dont nous parlons(L. Palustre ajoute en note : « Immédiatement après laphrase relative à l’église Saint-Gilles, Jacques deCahaignes s’étend, il est vrai, sur l’hôtel Le Valois ;mais rien ne fait supposer que, dans sa pensée, lesdeux édifices soient du même architecte ».) Sansdoute, les architectes nommés ne sont qu’au nombrede trois, tandis qu’il est successivement question dequatre chefs-d’œuvre différents. Mais qu’en faut-ilconclure, sinon que Jacques de Cahaignes a oublié denous renseigner sur un point qu’il eût été trèsdésirable de fixer. Toute la construction n’a rien degothique et ce n’est pas dans ce sens qu’il fautprendre l’expression : « à la mode française »,appliquée par le médecin historien aux colonnes del’entrée. Il a voulu seulement dire que, de chaque côtéde la porte, se trouvaient deux colonnes disposéesnon sur un môme plan, comme cela se pratique dansl’architecture classique, mais en retraite l’une sur

l’autre, ainsi que nous le voyons dans tous lesmonuments du moyen âge. Le dernier argumentinvoqué par les partisans de Blaise Le Prestre setrouve donc, lui aussi, privé de valeur. » (L. Palustre,La Renaissance en France, t. II, p. 227-228)

« L’artiste employé par Nicolas Le Valois connaissaitassurément, au moins par des plans et des dessins, lesœuvres des architectes italiens de son temps. Il avaitentre les mains le Songe de Poliphile, ce romanphilosophique si connu alors par d’innombrableséditions illustrées, et il s’en est inspiré dans sesdécorations et dans sa construction du petit templequi, près de la lanterne, abrite un singulier simulacredu dieu des jardins. Mais l’ensemble de son œuvre estbien française ; bien françaises aussi sont les deux

NICOLAS GROSPARMY – 10 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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grandes figures de David et de Judith, avec leursformes élancées, caractéristiques de notre statuaire dumoyen âge et que nos artistes ont longtemps imitées.

« En terminant, nous devons faire remarquer lesanalogies qui existent, dans l’ordonnance générale etles détails, entre l’hôtel Le Valois et le gros pavillondu château de Fontaine-Henry (Canton de Creully,Calvados). On constate aussi une ressemblancefrappante entre ces édifices et le « Casino » élevé parles soins d’Étienne Duval et dont nous parleronsbientôt. A l’hôtel Le Valois, comme à Fontaine-Henry,l’architecte a notamment placé l’effigie victorieuse de Judith, et bien d’autres particularités prouvent que lesdeux édifices sont de la même main. Le gros pavillonde Fontaine-Henry fut, d’ailleurs, bâti à la même dateque l’hôtel d’Escoville — il porte la date de 1537 —pour Jean d’Harcourt, seigneur de Fontaine-Henry,lieutenant du Roi au bailliage de Caen, personnageavec lequel Nicolas Le Valois se trouvait en rapports

quotidiens On peut donc supposer sans témérité quecelui-ci s’adressa, pour élever sa demeure, àl’architecte d’incomparable talent que Jeand’Harcourt avait alors à son service.

« Et le jour où quelque heureux hasard dévoileral’auteur de l’une des deux constructions, noussaurons en même temps à qui attribuer le second deces chefs-d’œuvre et d’autres édifices qui font sigrand honneur à l’art français de la Renaissance. »

(Émile Travers, L’ancien hôtel d’Escoville à Caen, dansLa Normandie monumentale et pittoresque (Calvados), pp.88-90)

Hôtel d’Escoville

NICOLAS GROSPARMY – 11 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAELE T R ÉSOR DES T R ÉSOR S

N I C O L A S G R O S P A R M Y

LIVRE PREMIERPREMIÈRE PARTIEABRÉGÉ DE THÉORIQUE

u nom d’icelui Dieu qui vit et règnetrois personnes en unité, sans

commencement ni sans fin, Père, Filset S. Esprit, A tous féaux Disciples dePhilosophie, Salut.ASachent tous que je, Nicolas de Grosparmy, natif du

pays de Normandie, par la volonté divine allant parle Monde de région en région, depuis l’âge de vingt-deux ans jusqu’en l’âge de trente-huit, cherchant etdésirant savoir l’art de l’Alchimie (qui est la plussubtile partie de philosophie naturelle, qui traite etenseigne la très parfaite transmutation des métaux etdes pierres précieuses ; et comme tout corps maladepeut être ramené et réduit en santé) ledit temps

durant ay enquis comme l’un des métaux se peuttransmuer en l’autre, et en ce faisant ay soutenumoult de peines, dépenses, injures et reproches, et ayabandonné la communication du monde, et la pluspart de ceux qui se disaient mes meilleurs amis, pource qu’ils m’avoient nui étant en nécessité, et moivoulant détourner dudit art, pour ce que je m’yoccupais, et que je n’étais pas tendu à faire lesnécessaires, ainsi comme j’eusse été si je n’eusse euaucune occupation : Et icelle chose ai requise et ai étéavec maints compagnons cherchant ledit art comme jefaisais, croyant le trouver par leur moyen ; et pour

avoir amitié et entrée avec eux, me suis fait leurserviteur et ai soutenu la peine de leurs ouvrages, etai vu et étudié plusieurs livres auxquels la science estcontenue en deux manières, l’une fausse, l’autre vraie,la vraie mêlée parmi la fausse ; suivant iceux livrespar l’espace de douze ans, ou environ, maintenantselon une manière, et tantôt selon une autre, et en cen’ay rien trouvé, et m’en suis presque trouvé tout nuet hors de chevance. Ainsi comme désespéré de laScience et rebuté de ceux en qui j’avais la plus grandefiance, prêt à m’en aller en lieu où je n’eusse nulleconnaissance, et si ce n’eût été la grâce du S. Esprit

qui donne lumière à qui il lui plaît et nouveau confort, j’étais homme désespéré, pour ce qu’il me semblaitque j’étais ainsi comme insensé devant le monde,lequel est ennemi de la pure vérité du très noble et

haut secret susdit, appelé Don de Dieu, lequel ildonne à qui il lui plaît, et icelui veux décrire auxEnfants de vérité désirants ensuivre icelle et veniraprès nous, afin qu’iceux ne soient ainsi mortellementnavrés, comme j’ai vu mes Compagnons et moi aussi,

et qu’ils puissent venir à icelle vérité et confort. Car,comme déjà est dit, icelui S. Esprit nous inspira entelle manière que nôtre Entendement fut ouvert, lafigure ôtée du dedans. Et pour ce, vous qui voulezvenir à icelle vérité, fort aurez à faire en brièveté detemps, de concevoir icelle Science, si par aucunMaistre n’estes introduits, ou si de jeunesse ni étéappelés, qui l’entendement y avance. Car quoiqu’unhomme ait bon entendement et naturel, et qu’il ait vutous les Livres appartenant à icelle Science, et fait tousles essais qu’homme humain peut faire, maintenantpour ce, ne peut-il venir à la fin d’icelui secret, s’il

n’est de la secte des Philosophes, ou si par aucunsd’iceux n’est introduit et mené, comme dit est ; car àcelui qui par lui le trouve, ce lui est comme miracle,grand secret, et trésor enchanté ; pour ce que lesPhilosophes anciens par la volonté de Dieu régnanten leurs cœurs firent Livres obscurcissant icelle. Etaux ignorants et amis des délices mondaines,ténébreux et aveuglés, pleins d’iniquité, ne peut icelleScience être découverte, pour ce que s’il étaitautrement, autant en aurait le mauvais comme le bon,et serait toute autre Science avilie, pour l’avarice etconvoitise et voudraient procurer l’un l’autre, et ne

tenir d’aucun : par quoi conviendrait que justice faillîtet que le monde fût détruit.

Et pour ce, ceux qui se par forcent de pratiquer icelle,sans être Théoricans, se pourraient avant user et leurbien, avant que jamais y puissent parvenir, sans lespoints ci-dessus nommés. Et si n’est pas de pesantlabeur, à qui entend comment. Et si n’est pas de sichère matière composée quant à la quantité,qu’homme se puisse excuser du dessus dit ouvrage.Car pour un grain de la semence métallique on lapeut multiplier jusqu’à nombre infini le mondedurant.

Car si un grain de la première composition duditouvrage, nommé la Pierre des Philosophes, agit sur100, la 2e agira sur 1 000, la 3e sur 10 000, et la 4e sur100 000, etc. Car ainsi comme tu vois d’un grain de

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blé en venir mille, et de mille, cinq cens milliers,entends ainsi des métaux ; car tout se fait par nature,dont l’art est le ministre ; car art supplée aucunes foisles défauts de nature ; car ce qu’elle fait en mille ansseule, elle le fait en un jour aidée de l’Art ; car ce nesont pas les gens qui font la transmutation, mais c’estnature, et ne lui faut qu’administrer les matières ; car

si la matière lui est dûment administrée, au regarddes principes naturels, et bien informée par le sageOuvrier, tantôt elle est preste et diligente de mener sanature aux individus de l’espèce présente ; et pour ce,garde-toi, avant qu’aucune chose veuilles pratiquer,que tu saches et connaisses avant mettre la main àl’œuvre, les vrais matériaux convenables à ce, etbonnement ne les puis savoir, si plusieurs Livres n’asétudiés ; car ce que l’un te clora, l’autre te l’ouvrira,quoiqu’ils te pourront sembler différents, et qu’il y ena plusieurs faux auxquels il y a recette de pratique,laquelle pratique est fausse, comme ci après sera

déclaré.Et pour ce je te conseille que tu quères Livresapprouvés, si comment sont R. Lulle et Arnauld deVilleneuve, auxquels est la Science contenue au vrai,et sont trois Livres, dont le premier est la Théorique,en laquelle est la spéculation et la division des autresLivres. La 2e partie est la Pratique, en laquelle est lamanière d’œuvrer, moyennant la Théoriqueentendue ; car elle corrige et amende la faute d’icellepratique ; par ce qu’icelle pratique écrite, n’est que lemiroir de la vérité de la Maîtrise, le Codicille qui estnommé Vade mecum, contient partie de Théorique,

l’une proche et l’autre lointaine au regard du fait, etpartie de pratique, l’une fausse et l’autre vraie, ettoutefois est toute vérité à celui qui l’entend. Mais lesplusieurs qui la croient usurper indûment, quand ilscroient entendre au vrai ce qu’ils lisent, et qu’ilsviennent à le pratiquer, ils s’en trouvent plus loin quedevant, et disent que la Science est fausse, et que lesPhilosophes ont menti ; mais nous qui avons vu denos yeux et tenu de nos mains les métaux transmués,tesmoignons que la Science est vraie, et que lesPhilosophes ont vrai dit ; laquelle chose n’eussionspas crû et en faisions doute, si de nos propres yeux,

comme dit est, ne l’eussions vue.Et quoique les envieux amis du monde, comme sontLégistes, docteur, officiers et autres clercs, jongleurs,veuillent réprouver et dire le contraire, à nous n’enchaut. Et pour ce te prions être secret et de telles genscomme eux et autres faux traîtres mangeurs dePeuple, renieurs de Dieu, enfants du Diable et àDiables donnés, dont les plusieurs s’efforcent de nousdérober nôtre philosophie ; mais ils se trouvent sivoleurs qu’ils en perdent la vie. Et outre, s’il advientque Dieu te la donne, par quelque aventure, tiens lasecrète et spécialement des grands Seigneurs et de

tous autres gens, fors d’aucun Compagnon, lequel tuaie éprouvé et trouvé t’être véritable sans aucunefixion, et qu’il soit de bonnes mœurs, et serve Dieu, saMère et ses Saints, en accomplissant les œuvres de

miséricorde, et n’en veuille maintenant vivre plusdélicieusement, ne n’abuser autrui ; afin que Dieu neprenne vengeance de toi.

LE SECOND CHAPITRE Des minières auxquelles j’ay ouvré et les effets que j’ai fait, des divers Vaisseaux et Instruments dont 

 j’ai usé, etc.Aucuns ouvrent de Vitriols, Alums, Attramens, Selset de toutes manières de drogueries, comme sontAntimoine, Tutie, Magnésie, Calamine, Marcassites,et toutes manières de borax. Les autres prennent lesquatre Esprits savoir l’Orpiment, Sel armoniac,Souffre et Vif argent, et sont dits Esprits pour ce qu’ilss’envolent en fumée quand ils sont exposés sur le feu,et ont cru extraire les quatre Éléments d’iceux, et lesont dissout, afin qu’ils fussent de la nature de laTerre ; car solution est corruption et putréfaction detoutes choses, qui reviennent à la nature de la Terre,

et les distillent, afin qu’ils soient de nature d’Eau : etles subliment, afin qu’ils soient de nature d’Air : et lescalcinent afin qu’ils soient de nature de Feu.

Et quand ils eurent fait cela et moi semblablement,nous fixâmes iceux, tant qu’ils attendaientaucunement le feu, et de ce fîmes projection sur lecuivre fondu, et tout cela rien ne vous valut, mais sedépartaient en fumée ; et demeurait le métal plusimpur que devant. Autres les mettent en herbes etbêtes, et en tirent les quatre Éléments, comme devant,et font projection sur le ? et rien ne trouvent et sonttrompés comme devant. Aucuns autres firent plus

subtilement et s’avisèrent que le vif argent était germedes métaux, amalgamèrent icelui avec cuivre, etlavèrent l’un et l’autre longuement ensemble, etcrurent fixer aucune chose d’icelui avec le cuivre : etquand ce vint à l’exposer au feu, le vif argents’évanouit d’avec le métal, lequel demeura plus ordque devant. Autres amalgamèrent et mirent icelui vifargent avec les Corps parfaits, c’est à savoir Or etArgent, et sublimèrent icelui avec lesdits corps,croyant fixer aucune chose d’icelui, mais furenttrompés comme devant, pour ce que l’Esprit ne peutdemeurer avec le corps, sans le moyen de l’âme, car

l’âme est celle qui fait le lien du Corps et de l’Esprit.Car à nôtre Pierre philosophale est approprié Corps,Âme et Esprit.

Les autres mêlèrent les Corps parfaits avec lesimparfaits, croyant que ce qui était de pur parferaitles imparfaits, et que lesdits imparfaits se parferaientet demeureraient avec les parfaits ; et quand se vint àl’examen des Cendres, ce qui était imparfait s’en allaavec la substance, sans demeurer rien des imparfaitsavec les parfaits ; pour ce que dès le commencementde leur naissance, la terre et l’eau sulfurée d’iceuximparfaits, fut mêlée par telle mixtion, que jamais par

feu ne pourront se départir, mais se ruine etévanouissent avec toute leur substance.

Et quand iceux virent cela, ils furent tous découragés,

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et désespérés de la Science, comme gens de peu desavoir ; et délaissant le Magistère, il leur sembla quec’était chose impossible ; mais si l’Âme était avec leCorps parfait, celui qui aurait cela aurait doublevertu. Car quand il serait joint aux Corps imparfaits,l’une vertu séparerait ce qui est en eux de pur, etl’autre convertirait ce qui aurait été séparé. Et pour ce,

tous ceux qui œuvrent des matériaux dessus nomméset des autres Esprits naïvement entendus, perdentleur temps et leur peine. Car qui ne connaît le moyenque j’ai dit, il pourrait être toute sa vie à calciner etdistiller, dissoudre et congeler, avant qu’à bon portpût venir ; et s’il connaît la vraie manière tant enextrêmes qu’en moyens, et que l’ouvrier sache garderla proportion d’iceux, ainsi que na-ture requiert,comme plus à plein sera déclaré en ce Chapitresuccédant.

LE TIERS CHAPITRE

 Des primordiaux principes en l’Œuvre de Natureavec les extrêmes et leurs moyens1) – Les primordiaux principes succédant en l’Œuvrede Nature, sont les quatre Éléments et sont signifiéspar B.

2) – Seconde, sont les vapeurs d’iceux Éléments,lesquelles par raréfaction et résolution se condensenten eau, laquelle est moult pondéreuse, pour la gravitéd’iceux Éléments et est signifiée par C.

3) – Tiercement, est engendré d’icelles vapeurs lemercure, lequel est trouvé sous terre, coulant par lesmouvements souterrains du vent, et tombe en

minières sulfuriennes, chaudes et seiches ; desquellesla vapeur congèle tout mercure, et est celui-ciengendré en tout Corps élémenté, et est signifiépar D.

4) – Quartement, il est une substance engendrée en lamatière d’icelui Mercure, laquelle est nomméeCalcantis, Vitriol, Lascuta [anagramme pour sal acut,c’est-à-dire sel accué, probablement le Nitre desSages], et est vert, noir et rouge et blanc en son occulteet est trouvé en vert lézard congelé, lequel est terre etmère des Métaux ; en laquelle terre est l’espèce d’Eauvive et des deux Esprits puants, en laquelle gît et estla vie du métal, et est signifié par E.5) – Cinquièmement, par la raréfaction et résolutionde la vapeur subtile d’icelui Calcantis, estimmédiatement engendré le Vif argent, lequel est lapropre et très prochaine matière à la génération detous les Métaux, et non point tel que celui qui esttrouvé coulant, et maintenant ne sera, jusqu’à tantque en sang corompu et venimeux, il soitpremièrement converti. Et doivent entendre tous lesInvestigateurs, étudiants en cet Art, être le leur Vifargent en l’œuvre de Nature, et est signifié par F.

6) – Sixièmement, d’icelui Argent vif sont les souffressecs, immédiatement engendrés par la condensationd’icelui Vif argent, et selon la dépuration telle, commeelle est administrée par Nature, à la forme et espèce

du métal, duquel la vapeur est, soit d’Or ou d’Argent,ou d’autre métal, selon la pureté de la matrice et dulieu, pure ou impure forme en sortira ; et sontsignifiés par G.

7) – Les Septièmes extrêmes sont les Métaux enparfaite clôture en l’Œuvre de Nature dedans lesMinières ; Et quand ils sont hors de leurs Minières,nature entend à les ranger et à rouer tant que pardigestion, ils sont tournés en meilleures espèces quedevant ils n’étaient par la digestion en leurs minières,par la gravité et pesanteur de leurs Éléments, parl’instinct et vouloir de nature.

Et tout Alchimiste qui se s’efforce de donnersemblance ou couleur à aucun des métaux, et neprend et reçoit cette matière, il est comme le Peintrepeignant en la matière forme éloignée commed’homme ou de bête, ou comme celui qui pour traitImage semblant à homme. Car quand aucun donnecouleur d’Or ou d’Argent à aucun autre métal, et quel’essai est fait dessus, il ne peut porter l’essai non plusque l’Image ne peut faire ce que l’homme fait, en sorteque l’Image soit à semblance d’homme : car la matièrese distrait de la forme, et c’est la forme éloignée auregard de la matière. Et pour ce le bon Ouvrier, quiconnaît ce que Nature requiert à la génération dumétal, peut par lui, la nature minérale secourue etgouvernée tellement, que le fruit lui apparaîtradevant ses yeux, et que ce qui était imparfait enl’œuvre de Nature, sera accompli en métal parfait, ensont iceux métaux signifiés par H. Et donnerons auChapitre subséquent, autres principes prochains etconvenables à l’Art.Ici après est et gît l’œuvre des principes de Naturetant extrêmes que moyens.

[résumons donc : B = QUATRE ELEMENTS – C =EAU PONDEREUSE, c’est-à-dire EAU SE(I)CHE - D= CORPS ELEMENTE et MERCURE – E =CALCANT(H)IS ou VITRIOL, c’est-à-dire sulfatedouble de FER et de CUIVRE, pour signifier le REBIS– F = VIF-ARGENT, c’est-à-dire MERCUREPHILOSOPHIQUE ou COMPOST – G = SOUFRESDEPURES – H = ESCARBOUCLE]

LE QUATRIÈME CHAPITRE De quels principes le Magistère est fait, et quels ils

sont en nombreLes primordiaux Principes en nôtre Magistère sonttrois, savoir l’Eau vive et les deux Esprits puants,pour ce qu’iceux ne sont pas trouvés sur terre en leurnaturelle action, ainsi que métier nous fût, ainsi sonttrouvés en matière terrestre en forme de métal, enquoi est leur puissance ; et pour ce que nous prenonsles extrêmes de nature par les moyens de la Science etde l’Art, en retournant au D et à l’H ; mais par ce queces deux sont très éloignés et lointains, pourl’extrémité d’iceux, la Nature la sage nous enseigneque nous prenions F, qui est disposition moyenne del’extrémité et nature d’iceux ; car F a puissance de

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convertir D en E, et que tout se tourne en B, et celuy Bse convertit en E, duquel on doit extraire F en notreMagistère, en lieu d’eau vive et d’esprits puants. CarF a pouvoir de convertir D en H par conservation deleur forme ; Et là se fera actuellement, tout ce qui étaiten puissance en l’œuvre de Nature et de meilleursmoyens pour raison des extrêmes, car F est venue de

C. D. E. descendus de H en B, demi y est G, qui est ditet clamé levain et ferment de notre parfait Élixir.

[résumons : entre les corps dits élémentés quireprésentent les matières apprêtées et l’escarboucle, letravail va consister à obtenir le Compost ou mélangeMercure-Rebis. Ici semble se placer une contradictiondans la mesure où le Compost serait censétransformer les corps élémentés en Rebis ; alors quec’est le premier Mercure, c’est-à-dire C qui peuttransformer, quand C est en forme d’au minérale, Den E. De même, on voit que l’ordre chronologique n’apas été suivi au chapitre IV, puisque F donne B, c’est-

à-dire les quatre éléments, ce qui est logique, puisquetout étant dissous, l’AIR et l’EAU – MERCURE –coexistent avec la TERRE et le CIEL – PIERRE, leCIEL formant ici le FEU, c’est-à-dire l’ÂME de laPIERRE. B se convertit en E, c’est-à-dire en chosedouble ou REBIS, ce qui s’obtient à la fin de la périodede dissolution. Quant à G, il constitue la teinture de laPierre]

LE CINQUIÈME CHAPITRE De la division des trois Genres

Notre Science et Art est comprise de trois genres, c’est

à savoir, bestial, végétal, et minéral, et chacundesquels se multiplient selon leurs espèces, et sontdivisés chacun en trois spermes différentiaux, c’est àsavoir actif, passif et neutre. Le genre bestial a spermemasculin et féminin et son menstrual. Le genrevégétal est divisé en trois spermes différentiaux, c’està savoir sperme actif, si comme semences de grains etracines, et est de complexion hermaphrodite,contenant en soi actif et passif, c’est à savoir spermemasculin et féminin, et leur menstrual est en l’humeurde la terre, et ; en l’air pluvieux.

Le genre minéral est aussi de complexion

hermaphrodite, et divisé savoir en sperme masculin,si comme Or ou Argent ; et en féminin si commePlomb, Etain, Cuivre, Fer, Souffre et Argent vif, et ensperme menstruum, si comme Alums, Vitriols,Attramens, Marcassites, Tuties, Antimonium,Magnésie, Arsenic, et tous autres moyens quidescendent et naissent d’amont d’autre genretouchant perfection ou imperfection. En sorte que legenre minéral est divisé et séparé des deux autreslignages, c’est à savoir végétal et animal, et encore estséparé des naturels, innaturels et contre nature, quisont d’un lignage ; car le Vif argent contient en lui son

même soufre par lequel lui-même se congèle en Or eten Argent, en largement parlant ; et quand nousdisons largement, nous le disons à la différence de cequi parfait notre parfait Élixir.

En sorte ce que tout genre peut être mué en autregenre par digestion complète, et avons vu et voyonsque les Végétaux et Animaux ont pris et prennentchaque jour forme et figure l’un de l’autre, si commele pain et le vin, desquels quand l’homme les amangés et bus, nous connaissons que la mercuriellesubstance se convertit en pur sang par la digestion de

la chaleur naturelle. Et voyons que ce qui naît de laséquelle harmonique de l’homme est rejette par desconduits, si comme urine et sueurs. Ainsisemblablement peut être transmué le genre animal ouvégétal en minéral, par la digestion de la chaleurminérale naturelle ; Car nous avons vu que de feud’herbes, avons créé moyen lequel fût conservatifd’espèce minérale et transmué en forme et couleur demétal ; comme tout ne soit mais qu’une seuleQuintessence, laquelle se divise en quatre dont sontcompris les trois genres dessus dits.

LE SIXIÈME CHAPITRE De quelle manière est formée notre PierreTous Fils de doctrine et d’entendement, peuvent voiret connaître par claire expérience, les matières plusconvenables à la forme, si comme en fusibilité,ignition permanente, et vrai résistance contre ignition,et comme le démontre la matière de l’Or.Semblablement, il est une autre vertu, en chosescrues, non terminées solennellement, forts enmédiocrité, qui peut être trouvée en tout corpsélémenté. Comme il ne soit rien sous le globe de laLune, qui ne soit d’une même matière, qui est appelée

Quintessence, et est une vertu, qui est l’un des quatreÉléments et n’est ni mâle ni femelle et ainsi tient l’unet l’autre.

Et tout ainsi comme depuis que le Monde fut créé deDieu le Père, les Éléments qui étaient purs aucommencement de la création, se sont depuiscontagiés et corrompus, par génération et corruption,et sont morts les hommes et bêtes et plusieurs arbreset herbes ; par laquelle corruption les Éléments ontété, et sont infects ; par quoi les hommes demaintenant sont de petite durée par l’impuretéd’iceux. Mais à la fin du Monde, le souverain

Philosophe, N. S. J. C., viendra, qui par le feu du Cielardera tout ce qui sera trouvé d’impuretés ès ditsÉléments ; et ce qui sera de pur demeurera, chacunselon son Esprit ; et ce qui sera trouvé de mal etd’impur, fondera et tombera sur les damnés.

Et par cet exemple, peut entendre tout Fils deDoctrine, qu’il lui faut faire ressembler notreMagistère qui est périt Monde, et qu’il est de nécessitéque les Éléments soient purgés, par purgationphysique, avant qu’on présume de les fixer ; par quoinous révélions et chargeons à tous ceux qui nosEnfants voudront être, que en leur secret veuillent

tenir, que à la dernière dépuration, est trouvée lapremière matière de toutes choses, en forme deMercure. Et icelle forme est dite forme simple et nonaccomplie, désirant accomplissement d’être sous

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aucune forme, comme matière désire d’avoir forme ;aussi matière n’est pas sans aucune forme, tantoccultement que manifestement. Car si forme luifaillait, nature n’aurait aucun mouvement. Et pour ceque icelle forme simple est [réceptible] de toute sortede couleurs et de toutes formes, elle est comparée à laPlanète de Mercure, laquelle se soumet aux

complexions des Planètes sous lesquelles elle a sonrègne, et pour ce dit le Philosophe : Est in Mercurioquidquid quaerunt Sapientes, nam sub umbra sua latetsubstantia quinta. « Dans le Mercure se trouve tout ceque cherchent les Sages, car sous son ombre se cachela quintessence. »

Et pour ce quand l’on veut qu’elle ait noble forme, onlui doit ajouter noble forme, car selon la forme qu’onlui administrera, telle la recevra, et en icelle leteindra : car Or la teint en couleur dorée et Argent encouleur d’Argent, pénétrant et transformant toutautre métal, et pour ce icelle forme simple jamais par

elle ne peut venir à degré susdit tant que sa matièrepontique et terrestre aie premièrement converti lemétal en sa susdite nature terrestre et pontique ; cartant qu’elle ait corrompu et vaincu la semencemétallique, jamais ne peut être vaincue ni digérée ennature minérale ; et pour ce en vainquant elle se tue.

Et pour ce dit le Philosophe, que notre Pierre se tue deson propre coup, et après se revivifie en si grandeclarté, que nul ne le croirait s’il ne l’avait vu, car parcette revivification sont ressuscites tous métauximparfaits, qui sont dits être morts : Et pour ce dit lePhilosophe, que notre Or et notre Argent sont vifs, etceux des minières sont morts. Car ils sont animésd’animation, qui est dite feu et vertu minérale, priseen l’Art de Physique : pour ce quand l’odeur de cettepierre touche aucun métal, jamais ne cessera d’avoiraction en icelui, tant qu’elle l’ait tout converti.

Et te soit le Levain exemple, car tu vois que quand unpeu de Levain touche à grande quantité de pâte, parle côté où elle sera touchée, elle commencera à lever,tant que tout sera converti en Levain, et sin’appétissera déjà le premier Levain ni sa vertu, maisamendera de vieillir.

Et pour ce dit le Philosophe, que celui qui une foisparvient à notre Pierre, jamais n’a besoin derecommencer, sinon de la paître de son même lait,lequel par figure est appelle Lait de Vierge.

Et si dit Mercure encore plus fort, que qui l’abreuverade verre, et la paîtra de Vénus, jamais ne mourra : etsi se nomme Salamandre, laquelle est née de feu et defeu se paît, et est son nourrissement d’être au feu ; carquand elle perd l’habitation du feu, tantôt elle estmorte ; et en sorte que le feu appelle commun enlangage rustique est nécessaire à l’œuvre, toutefois lesfols ne savent entendre autre feu, autre Souffre, ni

autre Vif argent, que les vulgaires, dont ils demeurentdéçus et comme aveuglés d’entendement, et disentque nous leur avons donné à entendre l’un pourl’autre. Et nous leur répondons que c’est feu que le

Soleil a engendré en la matière minérale, etl’appelions fils du Père, pour ce que le Soleil l’aengendré, et est vicaire du Soleil sur terre icelui feu.

Et notre Pierre a trois Pères, à savoir l’Or que le Soleila engendré, le Philosophe par qui l’œuvre est régie, etle feu commun par qui l’œuvre est exercée. Et pour cedoit être chèrement nourri. Et pour ce regardent lesIgnorants s’ils pourront bâtir après nous ; car nous neparlons sinon aux Philosophes ; et croient que nousn’ayons fait nos Livres que pour eux, et nous lesavons faits pour en jeter hors tous ceux qui ne sont denôtre secte, comme dessus est dit ; et en sorte qu’iceuxfussent présents au commencement, et en faisantl’œuvre, déjà pour ce ne sauraient-ils plus ducommencement que de la fin, ni pour la voir acheverdevant leurs yeux ; car cette chose œuvre en Ellediversement, par contraire mouvement et contrariétéde matières en infinie qualité. Et jamais ne peut êtreentendue pour regarder, ne aviser tant la vît-on

devant soi, ne pour essai qu’homme y pût faire ; et nefinira-t-il jamais de distiller, si premièrement n’apassé par l’universelle Philosophie, et que par icellePhilosophie en son entendement ne l’ait comprise.

Et quant au fait de la pratique, elle est moult légère ;et au regard de la matière, c’est terre noire lépreuse,qui ne vaut pas autant de fientes. Mais quand elle aroué le cercle de nature, c’est Trésor incomparable,dont le nom de Dieu soit béni, qui de tant vile chose,preste entendement à nous indignes d’en faire sinoble chose, que celui là qui la connaît, s’il avait milehommes à repaître chaque jour et qu’il voulûtmaintenir ledit labeur, le fruit ne lui en faudrait pas ;pour ce que l’Artiste ou l’ouvrier aurait lieu propre, etqu’il fût expert : et n’est nuls revenus mondains àcomparer à icelle. Et pour ce est appelle Don de Dieu.

Doncques vous qui cherchez les voies obliques etcherchez cette Science, je vous conseille que ladélaissiez ; car jamais ne fut mémoire, qu’avaricieuxla possédât, mais y ont les plusieurs par leurconvoitise exposé leurs biens et s’en sont venus àpauvreté, et de tels à la fin à désespérance. Et pour ce,vous qui voulez nous suivre, veuillez être de proposrassis et ne mettez pas vôtre entendement surplusieurs choses ; mais ce que vous commencerez,menez à fin soit bon ou mal, avant qu’autres chosesentreprendre.

Et ne doute point de recommencer plusieurs fois surune matière, afin qu’une fois par quelque casd’aventure ou de fortune, comme de trop fort feu oudébrisement de vaisseaux, tu ne te décourages ; car cem’est advenu par cas d’aventure, et mêmement enl’œuvre de la Maîtrise, au temps que je la trouvai ; parquoi j’en fus presque hors, et n’eût été un regret que j’avais, et que je doucois avoir failli par hâtiveté de

trop grande chaleur, je n’eusse point recommencé, eten eusse été débouté à jamais, comme de chosenégligée et eusse trouvé autre façon d’ouvrer, àlaquelle il n’y aurait point d’utilité. Et pour ce ne vous

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veuillez hâter par trop grande excitation de feu ; carc’est la première erreur de cet Art, et me crois si tu neveux être fol, mais aie regard souvent à ta matière,afin que ne transgresses les signes qui t’apparaîtrontaux digestions de ton ouvrage, lesquelles je te feraiconnaître en ma Pratique, et si veux à icelle entendrelégèrement y pourras parvenir, moyennant cette

présente théoriquement entendue.[Résumé : comme d’habitude, les propos importantssont noyés au sein d’autres qui feraient jeter le traitéaux ordures si l’on n’y prenait pas garde. La Pierre estformée des trois principes ESPRIT, CORPS et ÂME.L’ESPRIT aide l’ÂME à descendre dans le CORPS. Etcette ÂME, ainsi que ce CORPS, forment des selsincombustibles que les Adeptes voilent sous l’épithètede salamandre. Cet esprit, certains artistes – dontArtéphius – l’ont nommé LAIT DE VIERGE. Enfin, ilimporte de veiller à ne jamais trop pousser le feu,faute de quoi l’on risquerait de brûler les fleurs.]

LE SEPTIÈME CHAPITRE De Solution

Solution vaut autant à dire, comme déligation desÉléments et putréfaction d’iceux, et se divise en troisdigestions, la première est corporelle, la deuxième estspirituelle, et la troisième est spirituelle et corporelle,dans quelles se déporte nôtre Pierre, qu’aucunsPhilosophes ont clamée dragon dévorant, pour cequ’il envenime tout de sa queue. Et icelui Dragon quiest nôtre Pierre, doit être extrait du grand désertd’Arabie, c’est à savoir, de corruption où il est, et doit

être ramené au Royaume d’Ethyopie dont il estnaturellement natif [c’est-à-dire à la noirceur : onparle ainsi d’éthiops martial – oxyde noir de fer qu’onappelait jadis poudre noire de M. Lemery – à ne pasconfondre avec l’éthiops minéral qui est du sulfure demercure ou cinabre vulgaire] ; c’est à savoir decorruption ramener à régénération, en laquellecorruption se transmue le métal de ses premièreslumières en ténèbres obscures.

Et n’entends point que la solution se fasse Eau de nue,ne en métal constitué en diverses pièces ; mais en Eauterrienne minérale, et au plus bas et profond de la

matière se forgent commencemens de grosses partiesen simple de pure nature, en germinéité, désirantréformation et séparation des plus pures partiesgermineuses, et par mouvement continué, tout ce quiest de la pure nature se sépare de sa terre fangoneuse.Ainsi se définit solution, selon nôtre intention. Et en laPratique ferons dénotation des couleurs et desaccidents, tant en la solution qu’en la vivification,pour ce que plusieurs couleurs y apparaissent, dont lapremière est verte et en icelle verdeur s’échauffenature, tant que la matière vient noire commecharbon ; et quand la noirceur est venue, on peut

connaître que c’est le feu de nature qui agît, et quec’est le froid qui l’a tenu hébété et forclos de sonmouvement, et depuis que la noirceur y apparaît, ensorte que icelle ne soit pas soudainement venue, lors

commence nature à digérer la matière ; et la noirceurpassée, la digestion de la première solution estaccomplie.

Lors commence à venir la blancheur qui est ladeuxième digestion, et dure jusqu’à la rougeur ; Et enicelle blancheur, nature sépare le subtil de l’épais, etlors commence la matière à devenir citrine, et parcontinuation elle rougît. Et lors sont accomplies lestrois digestions ; car on ne peut passer du noir aurouge sans qu’il soit premièrement blanchi ; carblancheur n’est que noirceur lavée, et jauneur estdigestion accomplie. Par ainsi se découvre que qui sisait bien convertir l’Or en Argent médicinal, de légerpeut convertir l’Argent en Or ; car on ne peut faire dumeilleur pire, sinon par corruption de sa substance, eton ne peut faire du rouge blanc, si premièrement n’estblanchi.

Car quand l’homme se lève au matin, il peutconnaître à son urine s’il a bien reposé ; que si sonurine est jaune, c’est signe de digestion parfaite, et sielle est blanche c’est faute de digestion et de repos. Etsi ce corps faisant la digestion est malade, il ne peutbien digérer sa viande. Ainsi est-il de la substancemercurieuse de nôtre Pierre, laquelle ne se peutdigérer sans l’aide de la chaleur naturelle extraited’Argent fin avec le feu de fin Or. Car de ces deuxCorps avec leur Souffre et Arsenic appropriés est faitenôtre Pierre, n’y n’est sur terre Souffre blanc ne rouge,sinon celui des deux Corps susdits. Et en iceux ondoit mêler le Mercure, non pas tel, comme est lecommun, mais est trouvé en terre déserte etdépeuplée, et est le Vinaigre des Montagnes. Et pource dit le Philosophe, prends l’herbe claire et honorée,laquelle croît sur les Montagnes. Et ceci est dit parfigure de leur sublimation, et leurs Montagnes ne sontque Sol et Lune, c’est à savoir mâle et femelle.

LE HUITIÈME CHAPITRE De Sublimation et Congélation

Tout ainsi, comme Solution est mortelle, Sublimationet Congélation sont vivificatives ; et n’entendez pasque ce soit mort détruisable, mais est corruptionaidant à génération : car ladite génération ne se peut

faire sans ladite corruption. Et cette génération parfigure est nommée sublimation et Congélation, etn’entends pas que nôtre sublimé soit monté en haut,comme les Ignorants croient la Sublimation être faitepar véhémence et feu commun d’aucun des quatrematériaux, sous lesquels l’Art est figuré, c’est à savoirVif argent semblablement au genre commun, et deSouffre, et de Sel armoniac, et d’Orpin ; lesquelsfuient au sommet du vaisseau, quand ils sententl’âpreté du feu, et puis disent que leur matière estbien sublimée. Et nôtre Sublimation n’est autre choseque de faire d’une basse chose et vile, une haute et

noble.Les uns disent que la Sublimation se fait en feu sec,par l’aide d’aucune chose fugitive, dont ils demeurent

NICOLAS GROSPARMY – 17 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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déçus. Les aucuns disent qu’elle se fait en feu humideet sont déçus comme les autres. Les autres disentqu’elle se fait en feu contre nature, qui corrompt lesCorps ; auxquels nous répondons, que force est quecelui qui ignore la corruption, ignore la génération.Car nôtre Sublimation n’est autre chose, queséparation du subtil et du pur, d’avec l’impur et

l’épais, car le temps de la génération accompli,commence à venir la vie à nôtre cher Enfant, qui estnommé nôtre Pierre.

Et sitôt comme la vie est au corps, jamais nature necesse de végéter et de croître, et désirant naissance etséparation du ventre de sa mère ; c’est à savoir de saTerre. Et te soit le grain de bled exemple, lequelquand il est en terre jette, l’humeur terrestre qui estdit menstruum, jamais ne cesse de pénétrer iceluigrain, tant que le grain se corrompe, en manière delait épaissi en cette corruption, par la vertu de l’Espritséminal qui gît au grain ; et par le mouvement du Ciel

et des Planètes, chaleur est engendrée dans leditgrain, par le présent cohabitement du mâle et de lafemelle, que ledit grain contient hermaphroditement,et en icelle chaleur, Nature la haute influe Âmevégétable ; et tantôt que le temps est accompli, quel’Âme y est posée par la vertu céleste, jamais Naturene cessera de forger et marteler, jusqu’à tant que lemouvement de la végétabilité apparaisse, c’est àsavoir quand le pignon sort du grain.

Et jamais Nature ne cessera d’ouvrer et de fairecroître le brin de bled, jusqu’à tant qu’il ait air etmanière humide en son dit compost. Et en croissanticelui brin de bled par la volonté de Nature, mange ettire par sa queue, c’est à savoir par ses racines,l’humeur et la graisse qui est autour de lui, et s’en vitledit grain jusqu’à tant que verdure durera en lui ; etquand le brin a tant vécu, que le cercle de Nature estaccompli, c’est à savoir depuis la corruption etnativité jusqu’à la fin de sa vie ; lors commence iceluibrin à mourir et sécher ; ainsi est accompli lemouvement de Nature, qui est pareillement nomménôtre Pierre.

Et par ceci peut-on entendre l’abrègement de nôtrePierre et la longue durée de nôtre vie, et comme en unmoment nôtre Pierre est engendrée en une autrecorrompue. Ainsi est-il de nôtre Pierre comme dugrain de bled ; car nôtre Pierre étant en sa natureseiche, ne peut fructifier, n’y faire aucun profit, poursa compactibilité, si comme le grain étant sec par lui.Ainsi est-il de nôtre Pierre. Et pour cette cause nouslui ajoutons matière humide qui la corrompt, afinqu’elle ait mouvement de fructifier ; car après cecohabitement et corruption vient la génération, quenous clamons Sublimation, et en icelle Sublimation,nature ne cessera jamais d’extraire ce qui a été lepremier corrompu, en l’élevant d’avec sa matièrecorrompue, tant que le premier élevé par sa force etvertu ne cessera jamais qu’il n’ait mangé et rongé lesuperflu de sa ma-tière jusqu’à tant qu’il vient en âge.

Et quand il a tout rongé, comme le poussin étant en lacoque de l’œuf où il est né, il désire moult être hors, etmanger autre viande jusque en la fin de son âge.Ainsi est-il de nôtre Pierre minérale ; car quand elle arongé tous les côtés elle désire manger la matière desMétaux imparfaits jusqu’en la fin de sa vie.

Et quand le mouvement de sa vie est accompli, parnouvelle corruption et génération, est introduitnouveau mouvement ; par quoi n’en pourrait trouverla fin qui toujours voudrait labourer. Et pour lepremier labeur si tu cueilles 100, du deuxième tucueilleras 1000, du troisième 10 mille, et parconséquent du quatrième 100 mille. Et parl’entendement du grain de froment peut-on entendredes Métaux et minéraux. Et par ce peut-on connaîtreque les vertus célestes sont aidées par les rustiques,par calcinations, cémentations, attractions, etimprégnations de la Terre, et n’ont point deconnaissance de la Vertu céleste qui laboure et fait

croître et non pas eux.

LE NEUVIÈME CHAPITREQuelle est la matière de nôtre Pierre, et en quel lieu

elle se trouve, et du passement d’un Élément àl’autre, et des diverses couleurs, et la multiplication

du Souffre, et de sa teinture qui n’est qued’augmentation de chaleur naturelle

 Je fais savoir à tous fils de Doctrine et amoureux devérité, qu’il n’est qu’une seule Pierre ni qu’une seuleMédecine, à laquelle nulle chose étrange ne doit êtreajoutée ; mais il en faut ôter les superfluités terriennes

et flegmatiques, lesquelles sont séparables du Vifargent, lequel est mieux aux hommes commun, quen’est le commun, et à plus grand marché, et à plusforte vertu ; duquel et de ses premières formes, toutce qui naît de la séquelle harmonique des métaux, ilest métier de séparer et ôter par les degrés deséparation sus et connus.

Et pour ce tout Souffre vendable est corruptible etétranger à nôtre Vif argent ; par voie contraire, lachose n’est pas étranger en laquelle par nôtreMagistère, elle se doit ou doit être convertie ; c’est àsavoir en Or et en Argent ; car par l’aide d’iceux deux

Corps, se convertit nôtre Vif argent en pur Souffre, etpuis après en vraie Médecine pour guérir tous lesCorps malades.

Car iceux Corps sont descendus de la concavité de lapure substance du ? à plein dépuré par l’engin deNature la sage, laquelle nous ne pouvons ensuivre entoutes choses, mais en tout ce qui nous est possiblenous l’ensuivons, et chacun des investigateurs etenquéreurs de cette Science doit former son intentionsur cette même Carrière, en prenant garde comme ladessus dite Nature œuvre, et comme elle passe parses moyens, en retournant aux principes de Nature,

lesquels ci-dessus avons déclaré, en prenant garde dequelle manière elle œuvre ; afin qu’on lui puisseressembler, et on aura bon acheminement, en sorte

NICOLAS GROSPARMY – 18 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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que nous ne puissions ressembler à Nature enprenant icelle matière crue, de quoi elle ouvrait en sonprimordial principe ; mais par l’aide de ce qu’elleaura déjà créé, en corrompant iceux Corps par l’aidede Nature, qui départ et prête de quoi.

Et sachez que Nature ne passe pas d’un extrême àl’autre, c’est à savoir du commencement à la fin, sanspasser par son moyen. Et pour ce que Nature passepar plusieurs moyens, avant que son ouvrage soit finiet que la roue soit accomplie, nous dirons commentles quatre Éléments symbolisent les uns avec lesautres, en recourant à l’exemple du grain de froment,lequel ne ressemble pas peu à nôtre Magistère.

Et pour ce tout fils de Doctrine peut connaître lacontrariété d’un Élément à l’autre par le Feu et parl’Eau, par l’Air et par la Terre, qui sont contraires etnéanmoins se peuvent retourner l’un en l’autre, parles moyens l’un de l’autre, car en iceux quatreÉléments est le cinquième Élément, nomméQuintessence, lequel va confusément et résulte surtous les quatre, et est nommé l’âme des dessus ditsquatre Éléments, en laquelle habite la haute Naturemouvable, qui est cause de tout autre mouvement. Etpour ce, qui veut de la Terre faire Feu, il la convientmoult subtilier, c’est à savoir la convertir en natured’Eau, pour ce que l’Eau est en une qualité froide eten l’autre qualité moite. Et pour ce que la Terre adeux qualités, c’est à savoir froide et seiche pour laqualité froide qui est en l’Eau et peut se convertir deléger en nature d’Eau. Semblablement l’Eau se peutconvertir en Air par sa moite qualité ; car l’Air a deuxqualités, l’une chaude et l’autre moite ; et pour icellequalité moite, est l’Eau de léger converti en Air.Semblablement l’Air se peut convertir en Feu, parraréfaction de sa substance ; car le Feu a deuxqualités, à savoir chaude et seiche, et pour la qualitéchaude de l’Air, il fait passement de l’un à l’autre etconverti en nature de Feu.

Semblablement, par contraire mouvement qui veutfaire du Feu Terre, il convient le Feu moult condenseret épaissir : car la qualité seiche qui est au Feu et laqualité seiche qui est en la Terre symbolisent par quoipassement peut être fait de l’un à l’autre, moyennantles autres Éléments, lesquels furent tout un. Et si lesqualités n’avoient affinité les unes avec les autres, jamais les contraires Éléments ne concorderaientensemble, comme l’on peut voir de l’Eau et du Feu. Etpour ce, peut-on voir quand Nature a commencé àfigurer aucune forme, si comme de plante ou de bête,qu’incontinent qu’elle a commencé, il faut que lanaissance soit devant le nourrissement, et lenourrissement devant la vertu et la force : et le tempsde sa vertu et force devant la fin.

Et pour ce le premier mouvement de Nature, quand

elle veut figurer aucune chose, est corruption de laforme présente, et est appelée la matière, Élémentterrestre, dit Saturne, et en sorte que icelui Élémentcontienne les trois autres confusément, toutefois est

dite icelle matière Élément terrestre, pour ce que laTerre domine par-dessus les trois autres susdits, et lacorruption passée vient la génération, et en cemouvement la matière du composé est nommée etprend le nom de l’Élément de l’Eau, pour ce quel’Elément de l’Eau domine sur les trois autresÉléments.

Après et en la naissance, et depuis ce temps-là est ditela matière aireuse, et prend le nom de l’Air jusqu’àtant que les dents lui soient faites, et qu’il soit en âged’engendrer. Et depuis icelui âge, au surplus, il entreet est en son feu, et est appelle l’Élément du Feu, ensorte qu’il contienne les trois autres Éléments, jusqu’àtant qu’il passe l’âge d’engendrer, et qu’il change laqualité nommée chaleur, en passant par la qualité desécheresse, pour venir à la qualité de froideur, qui estde la nature de la Terre, et dans les deux dites qualitésde froideur et sécheresse, nature continuera sonmouvement jusqu’à la fin de son compost, qui est

clamé Mort.Ainsi ouvre Nature en sa circulation sur toutes leschoses de ce monde en général, Ainsi comme nousavons divisé par la circulation des quatre Élémentsdessus dits : et qui bien entendra la conjonctiond’iceux et leur mutation, il entendra toute nôtreMaîtrise. Car elle gît en la séparation, conjonction, etmondification d’iceux. Car il est certain et chosenécessaire que la matière de nôtre Pierre soit séparéedes deux humidités, dont la première est flegmatiqueet l’autre oléagineuse, et de toute autre humiditévaporable, en prenant la moyenne substance qui faitfusion et simple ignition, recevant clarté et lumière dufeu de nature, par l’aide des teintures du Soleil et dela Lune. Et la Terre demeurant au fond est si commescorie et terre damnée, qui jamais ne peut de rienservir : mais icelle claire matière peut recevoir lateinture de nôtre Feu, car ladite matière est réceptiblede toutes couleurs.

Et pour ce quand le Feu de nature minéral est une foisdedans infixe et mêlé, jamais ne peut être éteint qu’iln’aillent ardant la matière en la convertissant encendres minérales, c’est à savoir en pur Soufre, et tantqu’icelui Feu trouvera matière aireuse, jamais nefinira de brûler en multipliant desdites cendres, quine sont pas que Soufre composé, et ce Soufre n’estqu’Argent vif digéré par la multiplication dessusdites, et en infigeant teint la matière en la colorant deplusieurs couleurs dont la première est vert tirant en jauneur, et dure jusqu’à la noirceur, et durelonguement, avant que la noirceur y apparaisse ; etquand icelle y apparaît, ledit Feu de naturecommence à vaincre l’humidité menstruale qui l’avaitcorrompu, et en cette noirceur doit être continué parcautelle de Feu bien gouverné.

Car si le feu excède, la matière tantôt se rougira, etn’aura-t-on pas ce qu’on désire, pour ce que l’âmes’enfuira, et l’Esprit ne pourra vivifier son Corps etdemeurera la matière sans aucun mouvement ; et ne

NICOLAS GROSPARMY – 19 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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croit pas que l’âme, qui est Esprit quint, soit la matièrefixe, ainsi est la vertu céleste, qui par mouvementcontinuel résulte de la plus pure part de tout lecompost en la sphère du Feu ; et quand par tropgrand Feu la matière est excitée, et qu’il excède lamatière, ladite matière demeure sans pôle et sansaucun mouvement (alias demeure en poudre, sans

mouvement, en manière de terre en blanc colorée, enlaquelle n’a nul expériment).

Et pour ce soyez secrets, et ne vous veuillez hâter ;mais doucement veuillez nourrir et infliger la vertu ànôtre cher enfant, jusqu’à tant qu’il puisse souffrirtout feu. Et quand par longue et douce continuation,ladite noirceur est passée, lors peut-on bien dire quele degré de solution et corruption est accompli, et estla matière tirant à blanc azur, et par continuationcommence à venir la blancheur qui est lecommencement de la vie ; car en icelle blancheurd’âme est infusée dedans ladite matière, par la

volonté de Nature ; pour ce que ladite matière estsujet de transmutation et de recevoir ladite âme parsa grande pureté et resplendeur, et ladite blancheuren la matière dure longuement, et peut souffrir toutfeu. Lors Nature pense de séparer le subtil de l’épaiset l’ord d’avec le net et pur, et en élevant laditematière hors de dessus ses fèces, jusqu’à tant que toutsoit séparé et élevé et en ceci est notre Sublimation.

La blancheur passée, commence à venir la jauneur, etpuis la rougeur qui est la fin de la Digestion et duMagistère ; et te soit le Plomb exemple, lequel en sacalcination, vient en poudre noire et puis blanche, etpuis jaune et puis rouge. Et par telle manière estobtenu le Soufre blanc et rouge de la matière desmétaux. Mais c’est par diverses digestions, comme ànôtre pratique il sera tout à plein déclaré, en laquelleest la manière et la forme d’ouvrer ; en sorte que sansla Théorique entendue, Pratique ne peut être sue, niconnue ; car ladite Théorique corrige et amende lesfautes ; car Théorique connue ne se doit pointéloigner de Pratique sue, pour ce que elle est ensecond degré et germaine de ladite Théorique.

LE DIXIÈME CHAPITRE

Comme en tout lieu on peut trouver nôtre Pierre, et comme elle est entre les pierres, entre les sels, et 

entre les verres ou voirres.Nous trouvons par nôtre Art et expérience, qui mentirne peut, qu’il n’est rien créé en ce Monde, qui aucommencement de sa création, ne soit de Souffre etVif argent, témoin tous les Philosophes naturels, enretournant et prenant garde à la création du Monde,qui tout fut d’une masse appelée Chaos, laquelle parla volonté divine fut divisée en trois parties,desquelles trois parties, de la plus pure NotreSeigneur créa les Anges et les Archanges, et de la

deuxième moins pure, il créa les Cieux, les Étoiles etles Planètes, et de la tierce partie, moins pure, il créala Quintessence en une masse appelée la masseconfuse ; de laquelle masse fut faite la merveilleuse

division par la volonté de Notre Seigneur, et futdivisée par les quatre Éléments, et demeura à chacunÉlément élémenté de la Quintessence dessus dite, etsitués et assis chacun en son propre lieu.

De la deuxième partie de la plus pure des quatreÉléments, Notre Seigneur créa le Feu ; et de latroisième partie plus pure après ledit Feu fut créél’Air ; et de la quatrième partie plus pure après l’Airfut créée l’Eau. Et de la cinquième partie moins purede toutes les autres fut créée la Terre. Et de tant que lamatière est plus basse, de tant plus elle est demoindre perfection.

En sorte que les Éléments sont parfaits, et se parfontl’un par l’autre par le Quint Instrument qui est le liend’iceux et qui les met accordance. Et pour ce veuilleznoter icelle quinte nature, laquelle les Philosophes ontclamée et comparée aux bois et aux forêts, et cettechose y va confusément par tous les quatre Éléments.Ainsi comme si lente, sans rien ouïr. Et icelle QuinteNature est la Vie et le mouvement de toute chosecroissante, retenant en soi les vertus célestes,nommées Lion vert, Chaos, Hylé, et principalementpar-dessus les quatre, et si cette substance estsubsistance de Vif argent, non point comme celuiqu’on vend aux chambres, mais icelui est de Lui, etnon point en toute sa nature terrestre, mais icelui dequoi nous avons parlé.

Quand Nature a fixé aucune forme en lui, il prend etusurpe le nom de Souffre, car tout Vif argent congeléest dit Souffre. Et tu vois quand l’Orfèvre veut figurer

aucune forme si comme d’un clou, ou autre chose, ilfaut qu’il ait premier le fer, et après labeur dessus, jusqu’à tant qu’il soit venu en son désir. Ainsi faitNature quand elle vient figurer et former aucuncompost, elle prend et reçoit cette matière, pour ceque c’est le principal Élément et fondement et le plusmatériel des autres, en sorte qu’il soit préparé etapproprié en forme simple, si comme cristal. Et pource qu’il est figuré de diverses plantes et de diversbestiaux et minéraux, on le doit dépouiller de toutesicelles figures, lesquelles Nature avait mises en lui entelle manière qu’il n’apparaît, sinon en forme simple,qui est appropriée en pur élément.

Et icelle forme simple se peut trouver en tout corpsélémenté, et plus aux uns qu’aux autres, et plushumidement, si comme entre les végétaux la Vigne, leFenouil, la Mercuriale et la Chélidoine. Et entre lesbestiaux, la mouche melliflue qui fait la Cire, le Basilicet toute autre forme selon sa proportion. Et entre lesminéraux sont le Soleil et la Lune, c’est à savoir Or etArgent, desquels ont doit faire la fermentation : cariceux deux Corps sont pur digérés et fixes, car l’Orteint en couleur dorée et de grande resplendeur, etl’Argent teint en couleur argentée, blanche et

resplendissante, transformant tous autres Corpsmétalliques, et quand ledit Vif argent est fixe, ilretient tout autre Vif argent, et mêmement il retienticelui vulgaire, de quoi avons parlé après sa parfaite

NICOLAS GROSPARMY – 20 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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fixation, contre ignition, car ils participent ensembleen voisineté pour la première chose quinte, en sortequ’il soit en la deuxième composition du genre trèsgénéral.

La deuxième est dite genre minéral, c’est à savoir desMétaux et des pierres. La troisième composition estdu genre végétal, et la quatrième est du genre bestialbrute. Et la cinquième composition sont les hommeset les femmes. Et quand aucunes desditescompositions va à corruption, tantôt souhaite etdésire d’être sous la prochaine composition ; commepar exemple si la troisième composition va àcorruption, c’est à savoir à la mort, tantôt désire d’êtreà la quatrième composition ; et Ainsi des autres del’une en l’autre.

Car les végétaux et minéraux sont plus prochains dela première composition du genre très général, que nesont les animaux, par la différence dessus dite, car lesanimaux sont de plus subtile matière que nulle descompositions, comme il appert par le mouvementqu’ils ont : et pour ce que la composition minérale estplus matérielle et pesante, que n’est la compositionanimale ; pour ce prenons-nous la compositionvégétale, qui est moyen et plus prochaine auxminéraux que ne sont lesdits animaux, de quelquesespèces qu’ils soient.

Et ne crois pas que nôtre Pierre soit comme les autrespierres ; ni que ce soit verre, ni sel qui se termine enroche ; ne substance d’autre pierre, mais entre iceuxnous la créons, par ce qu’ils sont vaisseaux de nature

que ledit genre a élu. Et pour ceci nous appert nôtrePierre, laquelle nous extrayons des Pierres et desHerbes en forme d’Eau claire, et après la congelonspar la vapeur de son même Soufre ; car nousl’extrayons des principes naturels des choses dessusdites et la faisons naître ; et quand elle est née duventre de sa mère, on la doit nourrir patiemment sansy ajouter chose crue ni cuite, car elle porte en soi icellesulfurienne nature, qui congèle tout Vif argent. Etpour ce que nous avons parlé des Herbes et desPierres, nous disons que Notre Seigneur a mis enicelles maints beaux secrets, que si simples gens levoyaient, ils le tiendraient à miracle.

LE ONZIÈME CHAPITRE De la conjonction du Mâle et de la femelle

Il est assez élucidé d’où peut procéder notre ? lequelfait la conjonction du mâle et de la femelle, et est prisnôtre dit Mercure en la première conjonction, en lieude femelle, lequel la porte en son même ventre. Etpour ce, nôtre Soleil mâle a besoin et nécessité defemelle à lui convenable, et plus proche en nature quen’était la première femelle simple, et si sera la Lune,qui s’imprégnera du feu de nôtre Soleil mâle, tantqu’elle deviendra noire comme charbon. Et lors peut-

on bien dire que la Lune souffre Eclipse sur toute laterre, qu’elle porte ce Soleil en son même ventre, tantqu’elle viendra à l’enfanter, et quand elle l’aura

enfanté, l’on doit avoir patience et le nourrir entre lesbras et mamelles de sa mère, car il ronge toute sasubstance, comme il soit garni de telle clarté et pureté,quand il boit toute l’humeur de son père le Soleil et desa mère la Lune, car toute leur substance concourt àson nourrissement.

Et pour ce est-il appelé dragon dévorant etassassinant son Père et sa Mère, et après les ressuscite,avec lui sans jamais mourir, et tous les Corpsmétalliques. Et saches qu’en l’absence du mâle qui estparfait agent à la femelle, elle serait prise pour lemâle. En sorte qu’elle n’a pas si grand pouvoir decréer son semblable, comme a le parfait agent ; carelle est de plus terrestre matière, et pour ce nous laconfortons en la chaleur de son mâle qui est dechaude nature, et pour ce à nôtre Soleil mâle estbesoin que nous lui élisions femelle à lui convenable,et prochaine en nature plus que n’est la premièrenouvellement descendue du genre très général,

laquelle n’est pas si chaude en nature comme est lapremière, venue des formes des formes, imprégnéede chaleur naturelle moyenne de deux extrêmes, etplus approchante de qualité au Soleil qui est parfaitagent.

LE DOUZIÈME CHAPITRE Du Menstrual puant auquel est le feu contre NatureLe Menstrual puant, auquel est le feu contre Nature,qui transmue nôtre Pierre en un Dragon orgueilleux,est eau minérale, non terminée en espèce de métal, etest humeur terrestre et pontique ; laquelle humeur est

corruptible de tous métaux, et est eau sulfureuse,laquelle est requise à nôtre Art ; parce que nous nepouvons principier, ne commencer nôtre Magistèresans icelui menstrual ; lequel a puissance par sacontrariété de faire opérations contraires si commed’échauffer et de refroidir, sécher et tuer, vivifier etoccire, et faire toutes les opérations qui appartiennentà corruption et génération ; et pour ce cherche leditmenstrual, sans lequel rien ne se peut faire ; touthomme d’entendement a bien besoin de soi retourneraux principes naturels, lesquels sont moult adhérentsà sa dite substance, car ledit menstrual en l’œuvre de

Nature, si est en puissance métal ; et voyons que parle cours de Nature, par le chaud du Soleil se termineen forme et espèce de métal ; et par ce est-il dit moyenen l’œuvre de nature et terre des métaux, et est desaveur salée : et l’amertume de lui vient de la naturedes Pierres.

Et en ladite œuvre de Nature sont plusieurs moyens,desquels il y en a deux plus purs et plus visqueux queles autres, si comme Vitriol et sel de naturecommune ; et par l’aide de cette vile matière estprocréée nôtre Pierre, que nous avons tant recherché,lequel nous prenons en nôtre Art pour faire nôtre dit

menstrual, et la ponticité et siccité vient de sa natureterrestre, laquelle ponticité est cause de corrompre ;départir et résolver l’humide du métal en diversmembres, en sorte qu’on ne les peut tant corrompre,

NICOLAS GROSPARMY – 21 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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qu’ils ne demeurent sous aucune forme : car jamais lamère pitoyable ne voudrait tuer et occire l’enfantqu’elle a porté. Et en sorte que le père et la mère levoulussent faire par accort, ils se pourraient avantétouffer qu’ils en puissent à chef venir ; pour ce queleur enfant est vêtu d’icelui même feu, comme est sonpère et sa mère, lesquels ne sont que feu. Donc la

Magnésie blanche ne redoutera jamais le feu, parcequ’elle même est feu ; et ne doute pas que nôtre eausoit eau des flegmatiques, ainsi est eau de pluschaude nature que n’est le feu élémentel, laquelle leFeu du Ciel ne pourrait pas brûler à la journéeépouvantable, et est eau cholérique, témoins Galien etHypocrates qui disent que nôtre eau cholérique n’estmais que feu, laquelle ne laisse point séparer unepartie de soi d’avec l’autre.

Car cette Eau terrestre est vive, si comme tu peux voiren la calcination des métaux, lesquels ne perdentpoint leur humidité en leur calcination ; parce que

leur nature est unie de forte union, par quoi ne peutleur substance être départie, et les pierres perdentleur humidité, pour ce que leur moite ne fut pas bienmêlé avec le sec terrestre au commencement de leurmixtion, si comme il est vu en tous lignagesd’attramens et de sels, lesquels fuient au feu, et il estau contraire en la matière du verre. Et pour ce, dit lePhilosophe, que le verre nous soit exemple à nôtreMagistère, car l’Art vitraire est subalterne à cet Art. Etpour ce nous avons le Soleil et la Lune qui sont corpsfixes, qui fixent tout ce qui n’est pas fixe. Et par icelleEau, nous fixons et arrêtons les Oiseaux qui

s’envolent.Et sachez que nous ouvrons en nôtre Art de pluspropres matériaux que ne fait nature : car nous neprenons mie icelle matière crue dont elle ouvrait enson primordial commencement, en sorte que sansicelle nous ne puissions principier ne commencer,mais prenons ce qu’elle a déjà accompli ; et par cequ’elle a déjà accompli, nous achevons ce qu’elle alaissé diminué ; car le parfait aide à parfairel’imparfait moyennant notre Maîtrise, par l’aide desquatre vertus mutatives, dont la première est appeléeVertu attractive ou appétitive, et est faite par sécheur

et attrempée chaleur ; la deuxième est appelée Vertudigestive, et est faite par chaleur et attrempéehumeur ; la troisième vertu a nom Vertu rétentive etest faite par froideur et attrempée sécheur ; laquatrième est appelée Vertu expulsive et est faite parhumeur et attrempée froideur. La première Vertu estde complexion du feu. La deuxième de la complexionde l’Air. La troisième de la complexion de la Terre. Laquatrième de la complexion de l’Eau ; et sontgouverneresses de tout nôtre Magistère.

Et en ces dites Vertus sont encloses quatre autresVertus, nommées les quatre Vertus célestes, dont lapremière est nommée corromptive, la deuxièmegénérative, la troisième végétative, et la quatrièmemultiplicative. La première nommée corruptive

multiplie générative, et générative multiplievégétative, et végétative multiplie multiplicative.Ainsi comme il sera divisé en nôtre pratique.

Car ce que Nature a délaissé imparfait, par l’aide dece qu’elle a parfait de léger nous parfaisons : car iceuximparfaits sont cause de leur perfection, et sont ditsmoyens en l’œuvre de Nature, qui n’ont pas eu letemps de leur accomplissement, et selon ce que iceuxmoyens ont été mieux dépurés, plus pures formesensuivront, car selon le mérite de la matière, pureforme lui est due, et si la matière est simple, simpleforme lui est due, à cause de sa simplicité ; si commeil est démontré en la matière de l’Or, et en la matièredu Plomb, entre lesquels il y a grande différence ; etpour ce, si les moyens dessus dits sont purs et nets,pures formes recevront, et par ce peut-on connaîtrequi est le mérite entre les Pierres et le Métal ; commeles Pierres n’ont pouvoir de fondre, et les Métauxfondent ; car tout ce qui est dit moyen, qui d’un côté

participe aux Pierres, et aux Métaux d’autre, dont lesuns sont de chaude et seiche nature, si comme il estvu en la nature et au lignage des attramens, qui sontdits moyens entre la Pierre et le Métal : et d’autresmoyens sont, qui sont de nature chaude et moite, etd’iceux nous distillons Eau, car iceux sont prochainset parents aux Métaux ; comme les Métaux sont enlignage d’Eau humide, et les Pierres sont en lignagede terre seiche.

Et tu vois que quand la nature aqueatramentaletouche au Vif argent dépuré, tantôt noircit icelui Vifargent et le corrompt. Et la Vertu céleste qui est en laforme, alors qu’il est corrompu, veut infiger nouvelleforme, et se mondifier et séparer de la corruptionsusdite, si comme il est vu en la sublimation duMercure, lequel est tôt infect et corrompu, quand lavertu attramentale lui touche pour l’humidité,laquelle se tient mortifiée sans prendre aucune formemétallique, et après que l’humidité est évaporée,tantôt par douce chaleur, ledit Vif argent se sublimecomme cristal, et est la cause pourquoi nouscommandons la modération du feu en la sublimationdudit Vif argent, jusqu’à tant qu’icelle humidité sesoit évaporée, de laquelle humidité nous n’avons nul

besoin ; car elle est corruption de nôtre Pierre à qui lesait faire. Et pour ce extrayez le Vif argent de sescavernes vitrioliques, et par icelui portez la Pierre à sapremière nature, qui est le souverain moyen purgé dela macule et tache originelle.

LE TREIZIÈME CHAPITRE Des Extrêmes de nôtre Vif argent 

Les extrêmes de nôtre Vif argent sont en un premiercôté Eau du Lion vert, c’est à savoir menstrual ajoutéau Corps ; et l’autre côté est le Soufre qui est dit nôtrePierre. Et le moyen d’iceux extrêmes est nôtre Vif

argent. Donc les Métaux sont moyens, entre leMenstrual et nôtre-dit Argent vif, et puisque nousavons dit les extrémités de nôtre Vif argent, nousdirons les extrêmes de nôtre Pierre, et disons que le

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principal extrême est notre dit Vif argent extrait duMenstrual et des dessus dits Métaux, et en l’autre côtéest l’Elixir accompli, et nôtre Pierre est moyen d’iceuxextrêmes.

Et n’entendez pas que nous prenons les Métaux enlieu des moyens, qui sont extrêmes de nature. Car detant comme les moyens sont plus nobles, les extrêmessont plus dignes en pouvoir : et desdits moyens enl’œuvre de nature, nous faisons notre premierExtrême, car d’iceux moyens nous extrayons toutnôtre Art et Elixir parfait. Car nous voyons que lanature d’iceux moyens commue le Vif argent, et lemortifie et vivifie, et après sa mortification il estmiscible au corps des Métaux, et non avant, endonnant toute chaleur de quoi on a besoin. Et pour cepeut-on voir que le Menstrual est cause de la mort duVif argent ; car il tue soi même son Père et sa Mère,puis les revivifie en moult grande clarté.

Et pour ce nous disons à tous les féaux et amis deNature, qu’ils prennent la vile chose, c’est à savoir lemenstrual, et lui fassent embrasser ses parents. Etencore disons que tout croissant et multipliant se doitrecevoir au ventre de celui qui le croît et le multiplie :car nous voyons généralement Nature ouvrer en seslieux secs et terrestres, en laquelle terre par le chauddu Soleil Nature infige diverses formes tant debestiaux que de végétaux et minéraux. Et pour ce quele genre minéral est tout seul à part lui, par la figurede similitude nous voulons diviser et déclarer commenôtre Pierre métallique qui se jette hors de sesextrêmes pour venir au dernier extrême.

Et premièrement, dirons des Corps imparfaits qu’ilssont des avortons, pour ce qu’ils n’ont pas eu le tempsde leur perfection, et n’ont de faute que d’un peud’humidité fixe : car ils ont été nés en leur menstrualmal ordonné ; car si le lieu de la génération est sec,terrestre et boueux, et le Vif argent et le Souffreimpurs, de cela sera engendré Plomb, ou quelqueautre métal imparfait. Et si le Vif argent et le Souffresont purs et nets, et le lieu est complexionné dechaleur et moiteur attrempée, et que l’air y domine,de cela sera engendré Argent. Et si le Soleil y domineet chaleur attrempée, de cela sera engendré Or,pourvu que le Souffre soit rouge, pur et net, et le Vifargent pur.

Et pour ce, qui veut avoir la connaissance de laparfaite transmutation des Métaux, il faut qu’ilconnaisse la nature minérale, tant matériellementqu’essentiellement, lesquels métaux ne sont pas enlignage, fors de trois tant seulement ; c’est à savoirnaturel, innaturel, et contre nature : les naturels sontdits sains, et les innaturels sont dits sains et malades,et par ce qu’ils tiennent partie de maladie et partie desanté, il est dit neutre ; et le contre nature est dit de

tout malade. Et qui veut commencer nôtre Pierre, ilconvient faire conjonction de trois feux : c’est à savoirnaturel, innaturel et contre nature. Lesquels deuxderniers feux, c’est à savoir innaturel et contre nature,

se convertissent en propre feu naturel, c’est à savoiren santé, le feu innaturel par soi et par accident, et lefeu contre nature par accident. Et pour ce quand l’onveut commencer nôtre Magistère, l’on doit corromprele feu naturel par le feu contre nature, par le moyende l’innaturel feu ; car passage ne se peut faire d’unextrême à l’autre, sans passer par son moyen. Et

quand la matière est tournée à corruption, elle est ditemalade ; et cette maladie contient en elle santéconfusément, Ainsi comme le malade qui est mis aubas par force de laxatif. Lors le bon ouvrier doitressembler au bon médecin, lequel quand il a mis sonpatient au bas par laxatifs, pour évacuer la matièredure et compacte, lors il lui faut user de confortatifs etpuis de restauratifs, pour recommencer la choseperdue.

Ainsi fait le bon Artiste qui suit Nature, et est naturegouvernée et administrée moyennant lui ; car audernier degré de corruption commence à naître nôtre

Pierre, et est en son premier extrême. Et c’est commele malade à qui la maladie prend change de guérir, enlui administrant une partie de sa nature, elle prendconfort et use d’icelui confortatif, jusqu’à tant qu’ellevient au moyen degré.

Et quand elle est à icelui moyen, elle est dite neutre, sicomme sain et malade, lequel tient une partie demaladie et l’autre de santé, et en elle prendrestauration jusqu’à tant qu’elle est Ainsi commetenant en elle les deux parties de santé et la tiercepartie de maladie. Et en lui administrant le surplus desa nature, elle vient Ainsi comme saine, et comme lemalade nouvel issu de maladie, à qui le bon Médecinfait prendre l’air, peu à peu jusqu’à tant qu’il soitendurci, et par continuation de moyen en moyen, se jette nôtre Pierre hors de ses extrêmes, qui est lamédecine des Corps imparfaits et malades, laquellesanté est trouvée aux parfaits Corps, car ils portent eneux l’accomplissement et perfection d’iceux,moyennant nôtre Magistère, lequel nous l’avonsdéclaré en ce petit abrégé en bref langage, si tu nousas entendu ; et te disant et faisant savoir, que toutdépuré se peut retourner en la nature de celui à qui ilest ajouté ; et ceci s’entend tant en la partie première,

qui est la conjonction et corruption, comme en ladeuxième qui est la fermentation et mutation d’icelleen fine et vraie Médecine, qui est nommée onguent,duquel nous te donnerons la composition en nôtrepratique. Et sache que nôtre dite Pierre est de vertuincomparable, car elle guérit les Métaux et réconforteNature en purifiant le sang, et humidifie les artères, etplus fort restaure Jeunesse ; et si un peu d’icelle étaitmis dedans en greffe d’une Vigne, elle porteraitraisins dès le mois de May. Et si fait moult d’autresmerveilles, car elle rectifie les Pierres précieuses, et duCristal fait Escarboucle ; et si fait le Verre malléable,

ou forgeable. Et sache que nôtre Pierre n’est autrechose que chaleur naturelle infixée dedans sonhumidité radicale de laquelle peu sont aujourd’huiqui croient que d’icelle chose voulions parler, laquelle

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nos devanciers d’honneur et d’avoir ont possédée, sicomme Aristote, Galien, Hypocrates, et Platon,lesquels l’ont délaissée 1D à nous sous grandecouverture.

Et pour ce, si tu nous entends, affuble-toi de vêtementde Philosophie sans révélation ; car quiconque révèlele Secret, il commet crime contre la divinité Majesté etsera damné perpétuellement, comme cause de laperdition du Monde ; et pour ce te défendons surpeine d’anathématisement et malédiction divine, quele secret ne veuilles révéler ; sinon à celui que tuconnaîtras être vrai et loyal vers Dieu, et vrai disciplede Philosophie, en lui révélant par parabole ce qu’ilfaut, sans en prendre profit, en démontrant tantseulement ; que l’humidité déjà terminée, parréitérations de liquéfactions, soit réduite en Souffre eten Vif argent, et te suffise d’en dire plus : car s’il estde la secte des Philosophes, il te pourra bienentendre ; car par vive voix à nul homme mortel ne

doit être révélé, pour ce qu’il est à Dieu à donner etnon point aux hommes. Ci finit nôtre dit Abrégé deThéorie.

FIN DE THÉORIE

DEUXIÈME PARTIEPRATIQUE

lchimie est une partie de Philosophienaturelle cachée de laquelle estconstitué un Art non pareil ; car ilenseigne à transmuer tous les corpsdes Métaux imparfaits en Or et en

Argent, par un Corps médicinal universel auqueltoutes les particularités de médecine sont ôtées : et estfait par un régime manuellement révélé aux fils desengendrés, moyennant les six latitudes de qualités, encomprenant les deux chaleurs, dont la première estchaleur hébétée qui prohibe mouvement à natureentière ; la deuxième est chaleur tolérable devivification. Et pour ce est nôtre Maîtrise comprise endeux mouvements principaux, lesquels ont plusieursautres moyens, dont les accidents et couleurs se

démontrent en passant de moyen en moyen, enchangeant de qualité selon la multitude desdigestions, par où il faut que le compost de nôtrePierre passe, lequel est composé de trois natures, etd’une, quant à son genre. Lequel compost contient enlui nature minérale, la simple, la disposéeconvenablement, et la composée.

A

Et est comprise nôtre Maîtrise sous les deuxmouvements dessus dits qui en commun langage sontclamés solution et congélation. Et se divise la solutionen deux parties, la première n’est que séparation desÉléments, et par icelle nous faisons d’union pluralité,et par la seconde nous faisons de pluralité unité. LaCongélation est en deux parties divisée : par lapremière nous séparons et purgeons les Éléments

dudit compost, et par la seconde partie, nousassemblons et fixons iceux Éléments. Et présentementnous te dirons comment, sans y mettre aucuneclausure. Et afin que tu sois averti, nous t’avons déjàdit au traité de Théorique, que nôtre Magistère n’estque corruption de la forme présente, en génération dela forme à venir.

LE SECOND CHAPITRE De la Préparation

Au nom de Notre Seigneur, tu prendras de l’innaturelune partie de l’innaturel corps, c’est à savoir d’Argentfin, et demie partie du corps naturel, c’est à savoir finOr, qui soient bien purgés, l’Or par le Ciment, etl’Argent par la Cendre ; et garde iceux à part, et lesmettras en petites lamines ténues comme papier, etlors ils seront bien préparés.

LE TIERS CHAPITRE

 De faire le MenstrualTu prendras six onces de Vitriol et trois onces de selde pierres, que broieras finement, puis mettras en unvaisseau de verre, et auras un vaisseau propre de laprofondeur de demi-pied, et de quatre doigts delarge, lequel ait bord tout autour de la gueule, afinqu’il se puisse arrêter sur la gueule du fourneau surlequel tu veux que l’ouvrage se fasse ; auquelfourneau feu continuel doit être depuis lecommencement du Magistère jusqu’à la fin sansdéfaillir. Car infrigidations et caléfactions sont la mortde nôtre Pierre, auquel fourneau où le feu soit

continué en tel degré qu’il n’excède point lemouvement de la matière. Car tu vois que grandeflamme détruit, et nuit à la petite flambe, et pour cecontinue ton ouvrage d’une main, sans toi hâter parfort feu, ne sans délaisser refroidir ; car ton ouvrage etle fruit d’icelui serait perdu, et pour néant croiraid’icelui compost faire après chose qui te convienne etpour ce ne t’ennuyé la longue demeure ; car lescouleurs te montreront et conduiront tonentendement de l’un à l’autre jusqu’à la fin duMagistère.

LE QUATRIÈME CHAPITRE De la mixtion des Matériaux

Tu prendras une once d’Argent fin préparé, commedessus est dit, et sept onces de poudre appeléeMenstrual préparé en poudre, comme dessus est dit ;et mêle les lamines d’Argent avec, en les broyant surune table de verre épaisse avec une molette de verre,tant et si continuellement qu’il n’apparaisse ne l’un nel’autre ; après boute tout en ton vaisseau, fait commedessus est dit, lequel ait un couvercle justementfermant par-dessus la gueule dudit vaisseau ; et lepose sur ton fourneau, lequel soit rond, de la largeurd’un pied par-dedans et épois de demi-pied et plus

afin qu’il tienne plus longuement sa chaleur, et queledit four ait un étage au milieu, sur lequel étage tuferas le feu.

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Et que parmi ledit étage et tout autour des côtés duditfourneau, soient plusieurs trous ronds comme pourpasser le doigt ; par lesquels trous les Cendrestomberons au fond du fourneau, et si tu fais feu decharbon il vaudra mieux que de bois, et mieux deroue. Et pour le premier étage du bas jusqu’à celui dumilieu, il faut demi-pied de haut ; et doit avoir ledit

étage, c’est à savoir l’âtre percé demi-piedd’épaisseur ; et depuis ledit étage ou astre jusqu’ausommet du four un grand pied ; car quand tonvaisseau sera assis dedans la gueule du sommet duditfourneau, il entrera dedans demi-pied ; ainsi nedemeurera que demi-pied de clair sous le cul de tonvaisseau jusqu’à la terre, et faut que le feu batte toutautour de ton vaisseau par-dedans ledit fourneau, entenant ton vaisseau couvert de son couvercle ; sinonquand tu voudras voir ta matière, lors allume ton feude menu charbon en échauffant, jusqu’à tant que tuvoies ta matière muer couleur en verdure tirant à

 jauneur, et te garde bien d’augmenter ton feu, maissoit continué en icelle chaleur, sans jamais laisser lefeu s’éteindre.

Et en cette continuation est accomplie la premièrepartie de solution qui est le coït de nature, et tellementte faut continuer ladite chaleur, que la matière vienneen couleur noire, laquelle noirceur te démontre que lamatière est bien pourrie, et que le feu de nature estexcité par son contraire, et fortifié, et bien épandu partoute la matière, et qu’il se prend à batailler contrel’humeur menstrual qui le tenait hébété. Et par longuecontinuation icelle noirceur persévérera, jusqu’à tant

que les Éléments viendront à unité ; et lors est lamatière au plus loin de son attrempement, en la find’icelui degré qu’elle puisse être, qui est diteCorruption et par autres Solution.

La Noirceur passée commence la Blancheur àapparaître par-dessus ; et par longue continuation defeu, bien attrempée ladite matière vient à parfaiteblancheur, qui est par aucuns nommée lecommencement de la vie de nôtre Pierre, et la nativitéd’icelle, et par autres le commencement deCongélation non vulgaire, mais philosophale. Lamatière première blanchie par sa vertu donne force et

vertu de blanchir, et lors Nature désire de séparer lesubtil de l’épais, pour ce que au point de la blancheurest infusée l’Âme en son Corps ; c’est à savoir vertuminérale, qui est plus subtile que le feu ; car ce n’estseulement que Quintessence et Vie, qui désire naîtreet soi dépouiller de ses grosses fèces terreuses, qui luiétaient venues à cause du menstrual et de lacorruption. Et en ce est nôtre Sublimation, et nonpoint au Vif argent vulgairement entendu.

LE CINQUIÈME CHAPITRENous avons ci-dessus parlé de l’œuvre du blanc

Élixir, maintenant nous dirons du rouge. Tu prendrasle compost blanc, ainsi blanchi comme dessus est dit,et épandras ton Or en ténues feuilles et menues, et lesépandras sur ladite matière rendue blanche, et

couvriras ton vaisseau et le laisseras en feu continuel,tourneront en poudres rouges qui sont clamées Élixir.Alors Ainsi auras double minière, et si tu n’y faisaisadministration de Soufre rouge, et que le feu fûtcontinué, tout tournerait en poudres blanches, puis jaunes, qui seraient Elixir de l’Argent, duquel si unpoids tombe sur mil de Cuivre, ou d’aucun des autres

métaux corrompus, il les tournera en fin Or ouArgent, selon que la matière est au blanc ou aurouge ; pour ce que le métal qui se doit transmuer,tire et suce à lui toute la spiritualité de laditemédecine, qui le guérit et le boute au profond de soncœur, lequel souffrait léprosité, en séparant toute leflegme et la graisse terrestre, tellement qu’il estdépouillé de sa première forme et figure, et reçoitnouvelle forme ; c’est à savoir d’Or ou d’Argent, selonque le compost est blanc ou rouge ; lequel métaltransformé, soit Plomb, Fer, Cuivre, ou Etain, résistemieux contre le ciment que ne fait l’Or naturel et

l’Argent meilleur que de minière ; et pour ce disons-nous à tous qu’ils se gardent d’user d’Or d’Alchimiesans appeler Nature.

Car il n’est point de vrai Or que celui que Nature fait,ou celui de nôtre Maîtrise, lequel est meilleur pour lesVertus qu’il a acquises en nôtre dite Maîtrise ; et n’estpas tel comme l’Or sophiste tout plein d’impuretés,que plusieurs naïfs sophistes composent par poudresétrangères, et ne croient point qu’il soit d’autreAlchimie naïve. Et quand ils voient leur Or en couleurpar application de poudres étrangères, ils disent qu’ilest fort multiplié, et il est moult diminué de toutes ses

Vertus : et pour ce, l’Or et l’Argent de tels ouvriers nesoutient point le feu, mais se brûle et retourne enterre, pour ce qu’ils ne lui ont su intégrer le cours deNature ; et en sorte qu’ils aient l’art d’extraire lesMercures, toutefois ils ne sont pas parvenus èsdépurations, et demeurent les pures parties avec lesimpures ; et quand ils sentent le feu ils se corrompentavec toute leur substance, pour tous les Soufresétrangers qui les a tous consumés.

Et pour ce, faisons nous à savoir aux médecins quiusent de médecines condimentales, qu’ils se gardentcomme ils useront d’Or d’Alchimie ; pour ce que l’Or

sophiste est tout infect et plein de corrosifs, pour cequ’ils ne l’ont su dépouiller du feu contre nature. Etpour ce croyez en conscience, l’Or naturel est celui denôtre Maîtrise par examinations en propres Ciments ;pour ce que l’autre ferait résoudre les Esprits du cœurde celui qui en userait et en mourrait.

Fils, je t’ay fait cette pratique en recette abrégée, sansy mettre aucune clausure, sinon des matériaux et dela projection, laquelle est difficile à savoir sansconnaître Théorique, qui contient le propre nom desmatériaux. En sorte qu’en ce présent écrit les t’ayonsnommés, toutefois y a-t-il différence de matière : carplusieurs matières sont qui sont nommées par unnom pour la similitude qu’ils ont l’un en l’autre ; etpour ce si tu le veux savoir, si tu étudies les Livres de

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Raymond Lulle, c’est à savoir Théorique, Pratique, etCodicille, qui est nommé Vademecum de mercurio philosophorum ; car en iceux est la Science et Artcomplète, et en sorte que je te l’aie mise au vrai et enbref, et sans nulle adjonction de sublimations, nedistillations, ne calcinations rustiques, comme il est esautres Livres de cette Science ; toutefois déjà pour ce

ne le pourra pratiquer, si par Théorique premier neles a entendues : et sache qu’en ce que je t’ay ditdessus est contenu tout quoi que ils dirent jamais, nine mirent onc langage par-dessus, sinon pour lacouvrir et cacher.

Et pour cela nommons l’Élément du sermon de l’Art,car elle ne peut être trop haut mise : car si elle n’étaitmise sous la couverture et ombre de Philosophie,autant en aurait le fol comme le sage, mais à toi je tedis que tu délaisses toutes sublimations, calcinations,solutions, qui sont et que trouveras es Livres de cetArt ; car il n’y a point d’utilité mais grande peine et

grandes dépenses et dangers pour les fumées et pertede matériaux, et être moqué et ne rien trouver.

Et en ce pourrais avant user tous les temps de ta vie,que tu y pusses trouver aucun profit, mais entend àcelle que je t’ay dite, laquelle n’est pas de hautmonter, ainsi est d’une vile chose faire une moultnoble, et par séparation physicale séparer le pur del’impur, et non pas par force de feu, comme aucunsqui subliment l’Orpin, le Vif argent et le Sel armoniac,et les dissolvent et mêlent avec les chaux des métauximparfaits, calcinent, subliment, distillent, dissolventet congèlent, puis fondent et rien ne trouvent fors lesmétaux dessus dits, plus impurs que devant ; Ainsidemeurent moqués et désespérés de la Science, etdisent que c’est chose impossible, et nous reprennentmenteurs ; et ils dussent reprouver à leur ignorance ;et par ce, négligent et délaissent la Science commegens désespérés et de peu de savoir. Et pour ce te disde ne t’ennuyer si tu manque une fois ou plusieurs,en prenant garde à quoi il a tenu ; et jamais ne lesauras si tu n’es vrai Théoriquant et nous crois, si tune veux être fol et destitué du vrai chemin, lequelt’avons ouvert, si à ta faute ne tient.

LE SIXIÈME CHAPITRE De la ProjectionEt quand tu auras accompli tes Médecines blanchesou rouges, tu prendras un poids d’icelles et le jetterassur cent de Vif argent chauffé en un Creuset, et puis lelaisse refroidir, car tu le trouveras en poudre.Secondement, tu projetteras un poids d’icelle poudreet la jetteras sur 100 autres de ?, et tout se convertiraen médecine vraie ; mais elle ne sera pas de si grandevertu comme était la première, pour ce qu’elle a déjàaccompli une partie de son effet. Troisièmement, tuprendras une partie d’icelle médecine, et en feras

projection sur 100 autres de Vif argent comme devant,et tout sera converti en métal parfait blanc ou rouge,selon ce que la médecine aura été appareillée blancheou rouge. Et si la matière sur laquelle tu as fait ta

projection se trouve frangible, c’est signe qu’elle aencore vertu de convertir autre Vif argent en métal, etquand elle se montrera non frangible, c’est signe quesa vertu est finie, et ce n’est plus que métal accompli.

LE SEPTIÈME CHAPITRE Des Essais de fusion

Quand tes Projections seront accomplies, et tuvoudras essayer si ton métal est parfait ou non, tuprendras un peu d’icelui, et le mettras en un creuset,et le laisseras recuire jusqu’à tant qu’il soit rougi, etlors commenceras à souffler de tes soufflets, enregardant sur la matière ; car si elle se fond touteensemble sans faire de petites taches claires et sansfumer, c’est bon signe et démontrent que ce métal estaltéré de ferme altération, et si elle fait le contraire,c’est signe que la matière n’est pas bien fixe ; et quandtout sera fondu, regarde si elle bout claire, sans faireboursoufler par-dessus et sans fumer, c’est signe de

perfection quant au degré de fusion. Et si elle fait lecontraire, c’est signe de mauvaise fixation etpurgation, et que ta médecine n’a pas eu vertu dedigérer la nature matérielle du métal imparfait, ouqu’elle avait déjà perdu sa force, par les premièresprojections devant faites, ou que tu avais mis troppetit de ta médecine sur ton métal ; et pour amenderta faute, secours-la par nouvelle médecine, Ainsi que je présuppose que tu sauras le faire, si nous a entenduen Théorique.

LE HUITIÈME CHAPITRE De l’Examen des Cendres

Après ce que tu auras vu que ta matière soustiendral’examen de fusion et que tu voudras départir d’avecton métal, si aucune immondicité y est demeurée, ousi tu veux départir aucun autre métal s’il est mêléavec Or ou Argent, tu feras Ainsi. Tu prendras unebonne quantité de cendres de vignes, ou d’os de bêtesbroyés et pulvérisés, et les cribleras, tant qu’auras ladéliée poudre ; autrement prendras les cendrescommunes et les cribleras et tamisera, mais mieuxvaut les cendres des os ou des vignes que les autres ;et quand elles seront bien tamisées tu les arroserasd’eau douce, tant que les cendres soient aucunementhumides, et les mettras en quelque vaisseau de terrequi soit fait en manière d’un creuset ou d’unes écuellecofine, et mettras les cendres dedans, tant qu’il enpourra en ton vaisseau, jusqu’à tant qu’il soit comble,et les fouleras et pileras avec un pilon tant qu’ellessoient serrées et dures comme pierre ; puis feras aumilieu un creux, qui ne soit guères profond, et lalaisseras sécher au Soleil ou à lente chaleur ; et quandelle sera bien seiche, tu la mettras en fourneau et feraspetit feu, tant qu’elle soit bien recuite et qu’ellerougisse.

Alors augmente bien ton feu, et met dedans du Plombqui ne contienne point d’Etain, et le chauffe si fortqu’il tourne clair sans faire de boursouflure, et tegarde d’y mettre rien pour affiner si ton plomb ne

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tourne clair ; car autrement tu gâterais ton examen etne pourrais savoir de certain la quantité de ton Or ouArgent, et y aurais dommage, et tout pour l’Etain,quand il est avec le Plomb mêlé.

Et sache que chacune once de Plomb emporte un grosde Cuivre ou d’autre métal, comme fer ou acier. Etquand ton Plomb courra net sur la Cendre, boutededans ce que tu voudras affiner, et alors le Plomb leboira et noircira par-dessus. Adonc augmente ton feu,et soufflant doucement tant que tout tourne, lors tuverras les Maillets courir par-dessus ta Cendre.Adonc continue ton feu doucement, tant que tu voiequ’il n’apparaisse plus rien par-dessus fors clartéblanche, et qu’il ne bouille plus, et qu’il soit claircomme le Soleil ; et si il laisse de se tourner et qu’ilnoircisse, c’est signe de peu de plomb ; lors mets duPlomb derechef dessus un bien peu tant qu’il tourne,et continue ton dit feu tant que le signe susdit yapparaisse, lors jette de l’eau dessus et laisse refroidir,

et prends l’Argent ou l’Or que tu trouveras sur tacendre, et le fonds en un creuset de terre et souffledessus, et puis jette-le en lingotière chaud auquel il yait de la graisse ou de la cire épandue.

LE NEUVIÈME CHAPITRE De l’Examen du Ciment 

Maintenant dirons de l’Examen du Ciment, et disonsque c’est le plus noble de tous les autres ; car il n’estnul métal qu’il ne corrompe, si ce n’est l’Or. Et pource quand tu voudras départir tous métaux d’avec l’Ortu les départiras par le Ciment, et se fait Ainsi. Tu

prendras des coquilles anciennes qui sont trouvées enrivières ou au bords de la mer, ou es champs ; maiscelles de la mer valent mieux, et les mettras en poudrebien déliée, et mêle avec tes poudres autant de selcommun comme tes poudres ou moins un peu, et lesarrose de verjus de pommes, tant qu’ellesdeviendront humides en manière de dure pâte ; et

puis aie l’Or que tu voudras cimenter en tenues piècesou lamines étroites, et aies un grand creuset auquel tumettras un lit de ces poudres dessus le fond, et pardessus mettras un lit de tes lamines ou pièces ; et par-dessus lesdites lamines mets un autre lit de tespoudres, et puis un lit, et faits lit sur lit, tant que toncreuset soit plein, ou que ton Or s’étendra, et étoupefort la gueule dudit creuset avec un couvercle de terreet dudit argile confite avec sel, et mets ton creuset à lafournaise où il y ait feu continuel de flambe, et qu’ilne soit pas si fort que la matière fonde, et le laisse 24heures audit feu bien continué, et lors le laisse

refroidir et romps ton creuset, et tu trouveras ton Orséparé de toute ordure et de tout autre métal ; car nulmétal n’est qui ne soit combustible, si ce n’est l’Or.Mais il est autres manières de départir l’Or d’avecl’Argent, si comme l’Eau forte et le Soufre, etl’Antimoine ; desquels ne parlerons point à présent,pour ce qu’il serait long, et qu’il suffit de ce que j’aydit en ce présent abrégé pour la nécessité de l’Artiste,auquel Dieu en doit tellement user qu’il en rendegrâces à Dieu ; lequel ay compilé et fait écrire, et futparfait le vingt-neuvième jour de Décembre, l’an milquatre cens quarante neuf.

FIN DU PREMIER TRAITÉ DE NICOLAS GROSPARMY

¯

NICOLAS GROSPARMY – 27 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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LE LIVRE SECONDD E N I C O L A S G R O S P A R M Y

AUT R EMENT ,

LE TRÈS GRAND SECRET DES SECRETS

PRÉFACEe très grand et très admirable etmerveilleux Secret des Secrets, à moirévélé par la grâce divine ; et par moi,tant théoriquement que pratiquementtransmis selon la Science et Pratique à

moi données. Lequel grand Secret et Trésor, je, trèscher frère de cœur et de nom, ami et compagnonfidèle, à toi veux laisser après mon décès, en sortequ’en ton cœur soit icelui étroitement gardé ; maispour être mis es main de tes héritiers mâles, le ToutPuissant m’a voulu destiner, ou sinon icelui être cachéet musse suivant raison. Auquel grand Secret sontdeux parties principales, c’est à savoir icelle Théoriedivisée en trois Chapitres différents, et icelle Pratiqueen recevant Lumière ; laquelle pratique enseignecalcination des principes matériels, pour venir auxpremières préparations, aux médecines tant

simplement composées, que parfaitement parfaites encet Art. Item les différentes matières dont les Anciensont usé en leur Magistère ; et depuis icelles, lesdifférentes et lointaines pratiques jusqu’àmaintenant ; par lesquelles Théorie et Pratique sont ànoter deux points principaux sur lesquels peutl’Artiste errer à tout pas : dont le premier est lavulgaire distinction des naïfs. La seconde la physiqueintelligence des Sages, ainsi qu’il sera plus à pleindéclaré ci-après ; auquel discours de doctrine tout bonentendement doit mettre peine *.

L

ICI EST LE GRAND SECRETDES SECRETS DE NICOLAS

GROSPARMYouange soit donnée au Tout PuissantDieu du Ciel et de la Terre, et à son filsNotre Seigneur qui avec le Père et leSaint Esprit, vit et règne sans fin.

Amen.

L* Note de l’auteur sur son manuscrit : à cette Étoile finitma première page et commence une seconde.

CHAPITRE PREMIER Des premiers Principes de Nature la Sage, et de ce Monde universel végétable pour notre Magistère

Toutes les choses du Monde sont possibles, àl’homme de bonnes mœurs qui est conduit parl’Esprit du Seigneur ; car il pourra regarder les choses

les plus occultes, pourvu que les vertus du Corps nelui nuisent point ; parce que tant plus l’Âme estdébilitée et plus le Corps a de vigueur. Et faut noterqu’il est une Âme corporelle et une Âme spirituelle,qui sont liées à leurs Corps ; c’est à savoir l’Âmecorporelle avec sa corporalité, et l’Âme spirituelleavec sa spiritualité, duquel tiers lien les Anciens ontvoulu peu écrire, sinon que Nature soit pareille que cequi est dessous, soit comme ce qui est dessus, et aucontraire ; et le gros soit fait du subtil, n’étant touteschoses qu’une seule composition, qui se faitdifféremment par moyens et degrés, ainsi comme deci en là, et de moins en plus, jusqu’en la parfaiteconclusion.

Car 1. 2. 3. et 4. font le nombre de 10. Et 10. 20. 30. et40. font le nombre de 100 entier ; car nombre n’estqu’assemblement d’une chose à une autre, ainsi. T. 1.3. si le double est parti en deux et que 1. soit ajouté T.T. 4. seront 3. et si le double est doublé sera 4 auquel i.i. ajoutant 1. sera 5. ou bien ajoutant 2. seront 4. 1. 5. 6.ou si avec 5. tu mets 2. sera 7. auquel ajoutant 4. 2. 6.1. viendra 8 et si tu ajoutes 3. à 6. viendra 9. 5. 2. 7. à 9.

Et si tu ajoutes 2. à 8. sera 10. 7. 1. 8. Ainsi vont lesnombres. Mais toutes choses sont 6. 3. 9. divisées en

quatre genres. C’est à savoir le simple du simple, quiest le composé, et le composé du composé. Le premiergenre E. , qui est le simple, est de deux natures, l’uneagence et l’autre patiente, qui sont le chaud et lefroid : et le simple du simple sont chaud et humidité,et froid et siccité. Mais au commencement du Monde,Dieu dit : Soit telle créature, et fut faite telle créature,et fut faite la première matière, ou premier passif, quionc ne fut terminé par aucune détermination, mais estPuissance ; puis fit cause seconde et agence, la-quelleest Lumière.

Et tenait en son concave quelque créature, dont en

apparut en être une autre de froid et siccité, qui àcause de leur voisinage, le froid par réverbération duchaud s’épaissit soi-même ; car le chaud pénétra lefroid jusqu’au centre, dont sortit humidité, qui fut

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moyenne entre le chaud et le froid : et derechef fut lemélange et l’union d’une partie du chaud, avec unepartie d’humidité égale, dont sortit le chaud ethumidité. Et pour ce qu’une humidité vient d’unepartie du chaud et du froid égale ; le chaud etl’humidité vient d’une part du froid et du chaud : aucontraire, une humidité venant de chaud égale et

froid, froid et humidité sont trois quarts de froid etune de chaud. Ainsi comme il appert de ces figuressinueuses, A. signifie chaud, B. froid, C. humidité, D.froid et humidité, E. chaud et humidité, et sont aupremier mobile divisés comme se voit aux nombres 1.2. 3. 4. etc.

1. A. I.I.I.I. Les quatre I.I.I.I. en rouge.

2. B. I.I.I.I. Les quatre I.I.I.I. en noir.

3. C. I.I.I.I. Deux en rouge et deux en noir.

4. D. I.I.I.I. Le premier I. en rouge, et les trois autres ennoir.

E. I.I.I.I. Les trois premiers I. en rouge et le dernier ennoir.

Mais quant aux Éléments ci dits, sachez que par letempérament du chaud et siccité, avec le chaud etl’humidité, de cet égal mélange et union d’icelui feuavec nature d’humidité est sorti Air : et par mélangeet union d’icelui Air avec nature de frigidité est sortiEau ; et par mélange et union d’icelle Eau avecfroideur et siccité est sortie Terre, qui n’est rienqu’une Eau grosse, froide et seiche ; ainsi comme Eauest un Air gros et humide ; et le Feu un Air subtilchaud et sec.

Mais après le composé du simple, vient le composédu composé, qui n’a que le corps de l’Âme corporelle,lequel est Corps minéral, et le composé de l’Espritcorporel. Mais iceux Corps minéraux ou Espritsd’iceux, sont engendrés des Éléments en cettemanière : c’est à savoir que le mélange et l’union soitégalement fait des Éléments de Feu avec celui del’Air, d’où est sorti le corps de l’Âme corporelle, et lecorps de l’Esprit corporel, duquel par mélange etunion égal avec l’Élément de la Terre, est sorti leCorps corporel ou Corps du plus subtil : duquelmélange et union s’est fait avec l’Élément de l’Eau,d’où est sorti le corps du Corps spirituel ; puismélange et union s’est fait également de l’Air avec lesubtil d’icelui Corps spirituel, dont est sorti le Corpsanimal : duquel mélange et union s’est fait avec leFeu, se mêlant avec le plus subtil d’icelui, dont estsorti le corps de l’Âme corporelle, qui est ce que lesAnciens cherchaient : du mélange duquel avec égalmélange d’Eau, comme dit est, le Corps de l’esprit ducorps égal qui est Sol, duquel les autres métaux nediffèrent qu’en décoction grande ou petite, car lesEsprits d’iceux sont d’une même chose.

Éprouve seulement leurs diversités, de la diversitédes Corps célestes en ces corps inférieurs, lesquelssont approchants en vertu de ces corps célestes. Ainsiest le Plomb de nature de Saturne, l’Etain de nature

de Jupiter, ainsi des autres. Et par ainsi sont iceuxmétaux mués et altérés l’un en l’autre, ainsi commeles Éléments dont ils consistent. Car le Feu s’est faitAir, l’Air s’est fait Feu : l’Air est fait Eau et l’Eau Air ;l’Eau est faite Terre, et la Terre Eau. Mais sachez quele minéral est subtil terreux ; la Plante, le subtil de laminière ; et le corps animal le subtil de la Plante.

Car des Éléments sortent les minéraux ; les minérauxles végétables, et des végétables les animaux. Ainsipar résolution, les animaux sont végétables, desvégétables sont faites les minières, et des minières lesÉléments. Ainsi comme j’ay dit de l’Âme au Traitéque j’en ay fait ci devant à trois investigateurs qui cenôtre Art recherchent ; puis des Éléments passent ennature commune. Mais note que le gros et épois est leCorps qu’on touche des mains ; et le caché en lui, ousubtil, est l’Esprit et l’Âme. Mais dès que le Corps vaà corruption, ce qui était dit Esprit est clamé Corps ; etce qui était Âme est clamé Esprit. Ainsi l’Esprit est le

subtil du Corps, et l’Âme est le subtil de l’Esprit ; ettout sort l’un de l’autre, ainsi que dit est des Élémentspar corruption et résolution ; le tout ne se faisant quepar l’entrée d’une matière en l’autre.

Ainsi comme voulant muer une chose de froide etseiche au même degré de frigidité et de siccité, lamuer au troisième degré d’icelui, puis au deuxièmepuis au dernier ; puis au premier degré de variationvers le chaud, puis au deuxième, troisième etquatrième degré ; lequel derechef faut muer au mêmedegré de chaud et siccité, au deuxième, au troisièmeet au quatrième comme dit est.

Ainsi donc au commencement de création, chacunePlanète est descendue en Terre pour l’engendrementdes Minéraux, puis en là, corrompue ; et s’est passépour la deuxième fois ce mouvement, et les Planètesétaient corrompues ; et pour ce troisième foisretournant, les Animaux furent engendrés de lamême matière. Pour mettre donc fin, les Minérauxsont de nature terrestre en frigidité et siccité ; lesPlantes sont de nature d’Eau en frigidité et humidité ;et les Animaux de nature d’Air en chaud et humidité.Ainsi est fini le premier Chapitre de Théorie, auqueltout homme de bon entendement doit mettre sapensée.

CHAPITRE DEUXIÈME De la génération des Minéraux

Si, comme disent aucuns, la nature de tous Minérauxest Argent vif et Souffre, prenez donc la racine pourparvenir aux rameaux ; mais iceux le sont seulementconsidérés superficiellement et non pas à leurprofondeur ; car s’ils eussent regardé à l’intérieur, ilsn’eussent pas eu telle opinion ; car qu’ils soient lapremière matière des corps minéraux avant qued’iceux engendrement se fasse ; car qui est arrivé ou

arrive à congélation a déjà altéré le dit Mercure etSouffre à leur nature, et déjà daignent plus s’allierensemble ; ainsi comme lesdites congélations par

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similitude du savon ; car qui prendrait et tirerait desCendres, etc. , et en cuiraient ces choses par certainedécoction ferait du savon ; mais aussi qui prendraitces choses et icelles cuirait séparément ; puis aprèsicelle cuisson et congélation à part croirait composersavon de ces choses serait fol. Or quant au Souffre, ilétait premièrement Eau froide et humide, qui fut

convertie en Air chaud et humide, puis en Feu chaudet sec, avec lequel mélange se fit avec l’Eau, et futcomposition de mâle et de femelle. Mais qu’icelleracine des Minéraux soit Argent vif et Souffre, necroit pourtant ceux desquels sont les Corpsminéraux ; car encore que Plantes soient descenduesd’Eau et de Terre subtile, pourtant qui croiraitprendre cette Eau et Terre pour faire Plantes seraitfort dévoyé d’entendement, et onc à rien n’arriverait.

Ne prends donc pas ce dont est la Plante ; mais cedont et de quoi est l’Âme de la Plante, ce qui estsemence d’icelle. Et puis sachant que cette semence

est premièrement venue de Terre subtile avecmélange d’Eau ; moult convient faire accortementpourrir cette graine en terre, avec son humidité tantque le brin sorte ; ainsi se fait à l’engendrement desMétaux dans Terre ; car le Soleil agissant sur cesCorps inférieurs et eschauffant la Terre, reste toujourspartie d’icelle chaleur au ventre d’icelle Terre ; puisrevenant icelui Soleil avec ses rayons, et en ce lieutrouvant chaleur enfermée, ces deux semblableschaleurs remontent ensemble, et faisant rencontred’Eau, vaporisent icelle, qui toujours se meut etremue, tant que chaleur proportionnée la couve

(laquelle avec un longtemps s’épaissit), et la distylesubtiliant icelle, jusqu’à ce que son huile soit avecicelle dissoute et mêlée, et elle soit convertie en icellehuile.

Mais si de hasard elle rencontre partie de Souffre, quise mêle avec elle proportionnellement, il se fait deSoleil, Lune, ou autres Métaux ; ou si la qualitéd’icelui Souffre surpasse, icelle Eau se fera Corpsminéral hors iceux Métaux. Cherchons donc l’œufd’iceux, duquel l’engendrement est descendu de Feuet d’Eau ; cherche en iceux le nourrissement etsubstance d’icelui œuf, comme dit a été de la semence

végétale ; car la propriété pénétrante est chaleur ethumidité, aussi nature n’est alliée que par sa natureplus prochaine, et encore que le Feu soit moultrégnant le Corps ; toutefois l’Air ou humidité faitl’entrée ou propriété pénétrante ; mais parce quel’humidité de l’Air contrarie la siccité du Feu, lafrigidité de l’Eau attrempe icelui Feu, et la Terre fixel’Eau ; mais pour ce que génération ne peut être sansconjonction masculine et féminine, le Feu et l’Air sontmasculins, l’Eau et la Terre sont féminins.

Le Feu est masculin à l’Eau, et l’Air est masculin à laTerre. Mais ce Feu n’est point allé avec l’Eau, sansl’Air, plus voisin du Feu par sa chaleur, et prochain àl’Eau par son humidité, et l’Eau est moyen pour faireconcorde entre l’Air et la Terre ; mais pour quérir ce

masculin Feu, à cause que les Corps minéraux sont denature de Terre, en frigidité et siccité, il est moult petiten iceux sinon en puissance, parce qu’il monte auVégétable. Et icelui végétable froid et humide, n’estqu’un quart de chaleur sur trois de frigidité, pourcette cause nous convient montrer en l’Animal chaudet humide, auquel il y a trois parties de chaleur et une

seule d’humidité.Mais par ce quand l’Animal est accompli, le gros estmêlé avec le subtil d’icelui, et n’a mouvement tendanten bas, mais en haut, nous prenons de l’Animal quin’est accompli, et faisons premièrement distiller encucurbite l’Eau de laquelle le manifeste est blancheur,et l’occulte de Feu est rouge ; et puis distillons l’Aircitrin en son manifeste, en son occulte vert ; et làdemeuré le Feu en terre, nous allumons plus fort Feusur icelle, tant qu’il soit tout icelui Feu tiré de la Terrequi demeure au fond sans vie aucune : puis aprèsgardons l’Air et le Feu chacun en son vaisseau,

 jusqu’à l’heure de la conjonction ; puis en prenonsparties égales, que mêlons ensemble et parce que cetteEau est également composée de quatre natures, nousn’entrons en doute de nôtre opération.

Nous sommes assurés de corruption, car elle est teinteavec son feu et entre par son huile, et recherchecombustion par son Eau, est figée et fixée par saTerre ; car l’Eau est amie de la Terre par frigidité,l’Air de l’Eau par humidité, et le Feu de l’Air parchaleur, par similitude du mélange de Mars chaud etsec avec Jupiter froid et humide, dont naît le Sol ;mais le mélange est double, c’est à savoir total etparticulier : le particulier est quand le Corps est mêléau Corps ; mais les Esprits ne se mêlent point enfusibilité seule, ainsi est mixtion totale, quandmélange est fait des Corps et des Esprits, ce qui déjàn’advient sans pourrissement.

Mais voyons pourquoi une part d’Elixir chef sur mil ;c’est que tout subtil occupe sept lieux au septuple auregard du lieu occupé du gros. Mais une part dechaleur convertit la Lune en Sol, s’il est pris deminière, mais s’il est pris de végétable une part enconvertira 36 et ce au premier degré de subtilité ; s’ilest au deuxième degré, une part convertit 38 ; s’il estau tiers, 228 ; si au quatrième ou dernier, il convertirasix fois 228. Mais j’ay dit qu’union s’est faite d’Eau etde Terre, d’où est sorti la Pierre puisque d’elle etd’icelle Pierre autre union s’est faite, d’où est sorti laTerre froide et sèche manifestement, et chaude ethumide occultement, de laquelle Terre est sorti Eau.

Or comme dit est, Nature embrasse Nature, en celuiqui est prochain et voisin, l’humidité de l’Eau a étédonc allée à l’humidité de l’Air, et la froideur de l’Eauà la froideur de la Terre, et l’humidité de l’Air à lachaleur d’icelui : quand donc le Soleil d’Orient monte,

la chaleur de cet Air s’allie à la chaleur de ce Soleil, etvégète la plante croissante ; et par ce que, comme ditest, la frigidité de l’Eau a été allée à la frigidité de laTerre, les parties plus subtiles d’icelle sont montées

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avec les parties de l’Eau, d’où a été l’engendrementde l’œuf d’icelle, auquel elle est potentiellementenclose, et quand il est parvenu au terme de lavariation, l’humidité de laquelle il a prisnourrissement a été ôtée et s’est endurci et desséché ;mais cet œuf est différent à celui de la minière, car iln’a besoin de trituration, afin que l’humidité

putrifiante entre ses parties et en tous broiements,corrompraient la forme d’icelle Plante, qui est enicelle autrement ; mêmement n’y a pas tant decompactibilité que l’humidité d’icelle tantôt ne sepuisse mêler avec l’humidité qu’il fallait pour ledissoudre. Ainsi donc est établi que icelle substanceplantable provenir des parties d’icelle Eau avec lesplus subtiles parties d’icelle Terre. Ci est la fin duChapitre des Minéraux, auquel est chose notable et degrand prix, à qui bien la comprendra.

CHAPITRE TROISIÈME

 De l’Engendrement de l’Animal, avec les mystères àce convenables pour les IlluminésL’Animal est de la Plante si Dieu le veut, car saPutréfaction vient au Corps d’icelui, le subtil de l’Eauest séparé du gros de la Terre, en parties égales defroid et humidité, et de chaleur et hu-midité sorttempérament, d’où l’engendrement se fait del’Animal avec son âme, qui est de nature d’égalité, etl’autre part au cerveau engendre le sen-timent etbonne intelligence. Mais que ce soit l’homme levédroit sur ses pieds, car si c’est bestiole icelui sens estépandu ça et là en toutes les parties de son Corps, et

ne pourra distinguer comme l’homme, lequel en sacomposition égale à quatre humidités, qui sont lesang chaud et humide, de la nature de l’Air ; la colèrechaude et seiche, de la nature du Feu ; le Flegme froidet humide de la nature de l’Eau ; la Mélancolie froideet seiche de la nature de la Terre.

La conjonction du Corps avec l’Âme vient de l’égalitéde ces quatre humeurs, et l’altération ou maladie deleur inégalité, auxquelles inégalités conviennentmédecines moult convenables ; mais d’autantqu’entre icelles la Colère, comme dit est, est chaudecomme Feu, Satan qui est composé d’icelui feu en son

occulte, et d’Air en son manifeste, a entré en icelleColère à soi semblable par le moyen de l’Air, parlequel nous avons le bénéfice de la vue, et sa naturede feu contraire à la nature d’égalité de notre Âmecausera perturbation en icelle, tant qu’elle soit séparéedu Corps ; mais qui pourrait faire descendre cetteclarté et lumière contraire à la nature de Satan, laforce d’icelui serait corrompue et le malade seraitdélivré.

Ainsi comme sachant la nature de la Planète, delaquelle on désire faire descendre l’Esprit, sa couleur,odeur et saveur : puis faut préparer l’apparent de son

Corps avec la couleur, odeur et saveur susdites, afinque telle qu’est la couleur on prenne vêtement, etcouvre l’intérieur du Corps avec ladite nature del’odeur et saveur ; qu’on prenne aussi viandes pour

confortation du Corps, par variation jusqu’àrapprochement graduel d’égalité, ne se lassant pasd’user de telle viande, et y accoutumant son estomac,en mangeant à chacune fois à l’heure de la Planète, etse tenant sur pied priant le Créateur qu’il accomplissesa volonté : puis icelle accomplie lui rendre grâces ;après qu’il prenne garde quand cette Étoile entrera en

la direction de son signe, et qu’elle n’y entre point parPlanète contraire, alors fasse une ? du Corps minéral,qui est dans la Plante percée de la sommité jusqu’enbas, et soit élevée sur pieds, et chevauche sur unefigure convenable à la chose requise, ainsi comme unLion, Serpent ou Oiseau, si ne savons à qui comparerla chose dont nous cherchons l’Esprit ; préférons icellefigure à toute autre, parce que tout corps a latitude etlongitude en forme de ?, et que nature embrassenature à soi semblable.

Mais si l’Estoile qui domine à la nativité n’est connue,compose une image de l’Electrum mentionné à la fin

praticale de ce Livre, auquel ajoute les principalespièces attribuées à la nature de chaque Planète ; etferas telle figure à l’heure que règne icelle Planète, aunom d’icelle et aussi que ces pierres regardent la ? ?en Orient, aussi la figure en nature est animée. Etquand l’Esprit s’allie à la ?, la figure humaine a moultde puissance sur cette figure, encore que soitl’homme, ou non ; puis, prenons un Encensoir de lamême manière de la ? ? percée, tant seulement à lasommité, à ce que la fumée ne sorte par autre côté,puis encore un lit net et pur non couvert, ainsi sur leduvet tant seulement seront épandues d’herbes de la

même nature de cette Planète dont recherchonsl’Esprit, et qu’il n’y ait aucune nuisance, tant loin queprès : mettons aussi parfums d’icelle nature dansl’Encensoir, et ferons passer icelle fumée par lepertuis amont icelle ? ?, et soient toutes ces choses àl’heure d’icelle Planète, dont nous recherchonsl’Esprit.

Ainsi l’Esprit supérieur est allié avec son semblable ;ainsi comme par similitude une mèche esteinte,laquelle est rallumée à la fumée de l’autre, faisanticelle fumée descendre le feu en bas. Et ceci est lamanière de faire descendre icelui Esprit, qui est l’Âme

animale ou spirituelle, sur le Corps préparé, lequel ilpénètre et s’allie de l’Âme corporelle ; laquelle estinfuse à chacun Corps à raison de similitude etsemblance, d’une de ses natures avec l’autre ; mais sile Corps n’est préparé, il le rompt et s’en va en sonlieu ; il convient aussi dissoudre du Corps dont estfaite icelle ? ? avec Eau égale à sa nature parpourrissement, jusqu’à ce qu le mélange soit de sonÂme corporelle avec son propre Corps, et aprèsl’enfumerons de parfums pour ce que l’Âme s’allie auCorps avec son dit élèvement, ou causera mêmeliaison au Corps inférieur, jusqu’à ce qu’il soit

appliqué avec son semblable ; et à chacune Planètedouble fin et disposition propre par après ; mais sicelui dont tu recherches la disposition a aussidisposition générale, l’effet en sera plus fort et grand ;

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mais l’Âme spirituelle n’est allée à la corporelle, sinonpar matière à icelle semblable.

Mais l’alliage de l’Âme de l’homme se fait endisposant bien la Planète dominante à l’heure de sanaissance, avec celle dominante quand l’Âme fut miseau Corps. Mais le Corps change la corporalité à laspiritualité, et de la spiritualité à l’animale. Et estl’Âme alliée à son Élément. Mais tout homme sera ditmalade, quand l’Esprit du Corps dominera sur lesforces de l’Âme, ou qu’ils soient égaux : mais dès quel’Âme aura délivrance sur icelui Corps, nulempêchement ne lui adviendra, lors prennentvêtement et viandes convenables, et s’accoutumant àicelle petit à petit, à savoir une fois le jour puis endeux jours une fois, puis en trois, tant qu’il ne puissemanger qu’une fois et selon son désir.

Mais c’est un grand Secret de savoir que tout gros estfait subtil, tout subtil est fait Esprit, et tout Esprit estfait Âme. Et se divise subtiliation en deux, à savoir ence qui est mué en une nature avec combustion de Feuet d’Éléments, et en ce qui n’est point mélangé parcombustion de Feu, mais élément opéré ; qui est ceque recherchent les Philosophes, et ils sont trois quiont besoin de subtiliation. Le premier est le Corpscorporel, la subtiliation de la minière, duquel est deson extérieur à son intérieur. Le second est le Corpsspirituel, c’est à dire la Plante de laquelle lasubtiliation est des deux ensemblement, et letroisième est de l’Animal dont la subtiliation est deson dedans en son dehors ; et en ce est toute laScience contenue.

Ainsi finira la Clef de la plus haute Sapience qui oncfut ; à laquelle tout bon entendement se doit dressers’il veut découvrir tout le secret de la Maîtrise, etacquérir perfection à icelle moyennant le bon plaisirde Dieu ; sans lequel en vain tout Inquisiteur ycroirait mettre son soin, tant bon jugement eût-il :auquel Dieu soit rendu gloire aux siècles des siècles.

Amen.

PRATIQUECHAPITRE PREMIER

 Des Principes praticaux et de leurs Préparationsu n’es point ignorant, cher Ami, de lavérité de ces miens petits Chapitres,par nous corrigés, comme devant estdit, suivant l’intention du premierAuteur ; et iceux par moi faits écrire

avec les figures, ainsi comme ils sont, pour être par toichèrement gardés, ainsi comme avec le bon Lulle,celui qui nous a donné lumière ; mais n’ayant nifrères ni autres qui mieux valent ; icelui gardes aprèsma mort, que toi, en qui j’ay toute confiance mise ; àtoi veux donner iceux, comme dit est.

T

Et pour ce que commence Pratique, il est nécessairede dire des primordiaux Principes. Je déclarerai decalcination d’iceux pour en tirer Sel, et du Sel l’huile

ou ? des Philosophes ; mais sans pourrissement fruitne vient : car il faut tout premier pourrir le Corps etpuis le distiller, car c’est l’entrée de l’opération, où net’ennuyé point mais sois patient. Il est sept Métaux,desquels on peut tirer du Sel et du Sel Mercure,comme dit est ; car si les Sels vulgaires ne sont pointde nôtre intention, mais ceux d’iceux Métaux, comme

Sol et Lune, lesquels ont pouvoir de fixer les Sels desautres Métaux imparfaits, mettant au citrin la chosecitrine, et au blanc chose de l’Argent ; mais leurcalcination se fait en cette manière.

Faut passer ton or par l’Antimoine en lamines tenues,puis les mets dans un vaisseau ouvert au fourneau deverrier ou de réverbère, par six jours continuels, etquand il sera en chaux, il convient bien laver avec Eaude pluie quatre fois distillée, ou dans rosée de Mayune fois distillée, qui sera meilleure en bouillant etcuisant en vaisseau de verre sur cendre chaude parun jour, avec son poids d’Eau de rosée, tant qu’il ait

bu et consommé icelle Eau ; puis le calciner par un jour naturel audit fourneau, et ainsi réitérer cetteablution ou calcination dix ou douze fois, ou tantqu’icelle chaux soit bien nette, claire et citrine, et terreluisante ; laquelle s’appelle Céruse d’Or. Ainsi se fonttoutes Céruses ; mais Vénus est calcinée en vaisseauouvert par trente jours naturels, et est icelle Céruserouge de couleur de sang. Le Saturne en vaisseau clospar trente jours naturels, en vaisseau ouvert partrente jours. La Lune en vaisseau ouvert ainsi commele Soleil, par huit ou dix jours, laquelle Céruse est unpeu azurée. Jupiter en vaisseau clos par trente jours.

Et le Mercure, ainsi comme les autres. Mais iceluiconvient premier dissoudre en Eau forte, faite dedeux pans d’Alun et d’une part de Salpêtre ; puismettre dessus Eau de rivière ou de fontaine unepartie, et un peu de sel commun de mer, car aussitôt iltombera au fond et en chaux blanche, qu’il faut lavercomme ci-dessus.

Lors prends, au nom de Dieu, la Céruse dont tudésires le Sel, que tu mettras en douze fois autant detrès fort Vinaigre distillé trois ou quatre fois surcendres : fais un peu tiédir ensemble icelui Vinaigre etCéruse, puis les laisse refroidir et rasseoir, et puis

inclinant le Vinaigre, finement Poster, et auras liqueurtrès claire, que mettras en un autre vaisseau sur lefourneau, et sera le Sel congelé l’Eau, et la Chaux, quegarderez en un vaisseau de verre de pierre au sec ;mais prenez garde qu’en tirant le vinaigre, comme estdit, ce Sel ne se fonde et que l’humide radical d’iceluine monte avec le Vinaigre, par trop fort feu, n’endemeurant au fond du vaisseau que les fèces d’iceluiSel sans humidité et sans Eau, que nous appelions Vifargent nécessaire pour commencer l’œuvre ; mais jedirai le nom d’iceux Sels, et premièrement :

Le Sel de Saturne qui est blanc et s’appelle Sel nitre A

Le Sel de Mars, est dit Sel commun B [correspond auB = quatre Éléments du Ier Livre]

NICOLAS GROSPARMY – 32 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE

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Le Sel de Vénus, est dit Sel Alcali C [correspond au C= eau pondéreuse ou eau sèche du Ier Livre]

Le Sel de Sol, est dit Sel Albrot, alias Alembrot D[correspond au D = corps éélmenté ou Mercure]

Le Sel de Mercure, est dit Sel Armoniac E [correspondau E = Rebis du Ier Livre]

Le sel de Lune, est dit Sel Gemme F [correspond au F= Mercure philosophique du Ier Livre]

Le Sel de Jupiter, est dit Sel de Talc G [correspond auG = Soufres dépurés du Ier Livre]

Mais note que jamais transmutation n’est faite sans lesSels d’Or ou d’Argent, qui sont les principaux, encoreque médecine particulière faire, on peut ajouter lesSels des imparfaits Métaux ; mais si tu crois ouvrer aublanc ou au rouge, prends les Sels qui s’accordent àiceux : ainsi comme pour le Citrin le ? ? ? ? ? ? et ?. Etpour le blanc ? ? ? ? et ?, encore que icelui ? soit autantpour le blanc que pour le rouge ; mais les médecines

des choses parfaites que nature a achevées en laminière, ainsi comme l’Or et l’Argent, sont lesprincipales qui entrent en cet Art. Or maintenant si tuveux faire médecine pour transmuer, colorer etteindre l’Argent fin en fin Or, en voici la manière.

CHAPITRE DEUXIÈME De la première Médecine simple composée

Au nom de Dieu Tout puissant, prend deux parts deSel Albrot ? ? et une part de sel ? ? et soient biendissous en fort Vinaigre distillé, puis mets en vaisseaude verre de pierre, et lutte bien l’Alambic avec son

récipient, et dans une douce chaleur de bain-marie,faites distiller le Vinaigre, et gardez bien, comme ditest, que par trop fort feu les sels ne fondent : ce fait,ouvre le vaisseau et avec iceux Sels, incorpore unepart de chaux de ? ? fin, puis lutte bien le vaisseauavec ce couvercle, et ce feu de moyenne chaleur laissetout fondre sur cendres chaudes par quatre heures,puis le laisse refroidir sur le fourneau, comme dit est,et auras une médecine de couleur d’ambre, fondante,tingente, entrante et transmuant l’Argent fin fondu enfin Or, mettant un poids sur vingt, lequel se pourramultiplier de dix parties, le dissolvant de nouveau

avec le Vinaigre qui en fut tiré avec nouvelle chaux.CHAPITRE TROISIÈME

Seconde Médecine plus parfaitement clamée grande Médecine Minérale

Au nom de Jésus-Christ, prends deux parties de SelAlbrot ? et un de Sel gemme ?, et puis les mets en fortvaisseau de verre bien bouché en pourrissement tantqu’il vienne en une liqueur belle et claire, ce qu’étantparvenu tire par distillation en feu si lent que naturerequiert, toute humidité qui est le menstrual, eaumercuriale, l’huile et l’Argent vif des Philosophes

sortie des Corps de fin ? et fine ? par l’Art etl’industrie du Magistère de philosophie naturelle,auquel menstrue fais dissoudre une part de Sol fin.

Après cette dissolution, réimbibe les fèces des Sels,

petit à petit, lesquels étaient au fond du vaisseau, tantque tout l’humidité mercurielle, que l’on avait ôtée,soit rebue, et ainsi soient de nouveau revivifiés etanimés. Toute cette dissolution accomplie et aussiicelle congélation, et ces choses parfaites, tu as unemédecine de plus grande vertu que là première ; carun poids projette sur 100. Et si tu désires de nouveau

la dissoudre avec nouveau menstrue et la congeler,comme dit est, elle projettera sur 1 000 et 10 000, ainsi jusqu’à l’infini, et chéra cette dernière sur tousMétaux imparfaits consumant leur impureté, etconver-tissant très vertueusement leur pure essencede ? en pur ?.

Mais pour le blanc, fais en même manière, comme ditest, du ? comme s’ensuit ; prends deux parts de Selgemme ? ? et une de ? ? Sel Albrot, avec une part dechaux de Lune. Il y a aussi plusieurs branches etparticuliers en l’Œuvre minérale, qui ne projettentque sur quelques métaux ; mais les deux autres sont

générales, et n’ont pas aucun particulier car en icelle iln’y a point de diversité. Mais posons le cas quedaigniez muer ? en ?. Prenez deux parts de Sel Albrotet une de Sel, Alcali ?, avec une de chaux d’ ? enpareil nombre et poids que la moindre médecine cidevant dite, et projette icelle sur ? tant seulementlequel elle convertis en ?. Ainsi feras de ? avec deuxparts de Sel d’Albrot ? et une de Sel nitre ? et une dechaux d’ ?. Mais ? ? Mars, n’ayant point de liqueurfusible ne peut passer ni en ?, ni en ?, encore que sonSel ait grande vertu et teinture sur le Citrin. Et onpeut faire de lui Médecine en cette sorte. Prenez Sel

commun ? une part, chaux de ? une part, et faitesainsi comme au premier, et ainsi multipliera etconvertira par la même manière comme des-sus estdit de la première opération. Prends Sel Albrot ? deuxparts, Sel gemme ? une part, Sel Armoniac ? une partet chaux d’ ? une part, et projette sur ? vulgaire.

L’œuvre au blanc suit l’œuvre au rouge pour lesparticuliers ; car il convient prendre deux parts de Selgemme ?, une part de Sel de Talc ? ? et une part dechaux de Lune ? dissolvant et congelant commedessus ; mais cette Médecine convertitseulement ? ?en fine Lune et chef premier sur 20.

CHAPITRE QUATRIÈME De l’Œuvre Végétable

Dieu le Créateur a créé trois Mercures, l’un minéralplus parfait au ? et ? ? qu’aux autres Métaux ; l’autreaux choses végétables, ainsi que la Vigne ; et l’autreaux Animaux, qui s’engendre au foie, etparticulièrement en l’Animal parfait. Mais lesterrestres Minéraux, hors de leur minière, ne croissentpoint et ne peuvent engendrer leurs semblables, cequi n’est pas aux plantes, lesquelles ont leur Mercureplus parfait et aqueux ; et les Aériens encore plus.

Mais de ces trois peuvent être faites trois Œuvresparticulières.

Œuvre Végétable. Il faut prendre trois livres de Tartre

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calciné au four de réverbère jusqu’à blanchissement ;puis mets sur icelui Tartre quatre doigts de très bonneEau de Vie : bouche le vaisseau étant demi-plein, et lemets sept jours au pourrissement afin qu’il sedissolve. Ce qu’étant fait, mets en vaisseau de terretrès fort à distiller sur feu doux, puis plus fort, et ainsicomme pour faire Eau forte, et il montera une couleur

noirâtre avec l’Eau de vie, laquelle séparerez par lebain ; puis broyez les fèces et les imbibez avec lepoids de cette Eau de vie, après avoir incorporé toutensemble.

Faits derechef réverbérer 24 heures, et quand toutsera bien calciné, mets en poudre et y ajoute autantd’Eau de vie qu’elle passe de quatre doigts, et metssept jours à putréfier ; distille comme devant et tantcontinue qu’il ne demeure plus d’icelui Tartre au fonddu vaisseau. Puis prends toutes les liqueurs ainsirectifiées et en sépare l’Eau au bain ; puis dessèche tamatière au Soleil jusqu’à blancheur première, dont

une part projette sur 50 de ? bouillant au ? ? qu’ilconvertit en médecine, une partie de laquelle aprèsfermentation en transmue 50 de ? ou ? ? en fine Lune ;et à chacune dissolution et congélation augmentera de10, et donnant seulement un grain de cette médecineavec deux dragmes de Métridat, dans une once etdemie d’eau de chicorée ou de plantin distillée enl’administrant au surplus suivant la qualité despersonnes et des maladies, ce médicament ôte laracine de tous maux, douleurs et ulcères.

CHAPITRE CINQUIÈME

 De l’Œuvre AnimaleMon cher Amy, tu sais que ces trois Œuvres tiennentensemble l’une l’autre par un merveilleux lien ; maisencore que la Minérale soit comme la source etl’origine des deux autres, elle est pourtant trèsinférieure à la Végétable et à l’Animale ; car leMinéral est premièrement composé des plus grosseset impures matières, et les deux autres sont engendrésde la plus pure et parfaite substance d’icelle matière ;mais icelui lien d’iceux est la participation de laminière du Minéral ; car par résolution la plus subtilepartie d’icelui Minéral a été faite Corps spirituel avec

le mélange d’Eau, et l’Animal contient l’un et l’autretrès parfaitement ; car c’est le plus subtil ou Corpsspirituel.

Ainsi, à juste raison les Sages ont dit qu’il n’y aqu’une seule Pierre, en similitude de la perfection etdigestion de la Pierre animale d’avec les autres ; carceux qui ont affirmé n’être qu’une seule et uniquematière n’ont pas considéré les choses en leurprofondeur. Aucuns l’ont cru seulement es chosesMétalliques et Minérales, autres en chosesVégétables ; autres en l’Animal, ayant chacun paraventure trouvé quelque effet sur telles matières.

Concluant que puisque selon la commune opiniondes Philosophes, il n’est qu’une matière, et qu’ils ontfait la Pierre et médecine de cette chose, soit Minérale,Animale ou Végétable, il n’en pouvait être d’autre, où

ils ont erré ; car quand les Philosophes ont dit qu’iln’y a qu’une seule Pierre, ils ont parlé par similitude ;parce que la matière Animale sur laquelle ils ontpresque tous travaillé, contient les deux autres au-dessous d’icelle. Mais nous savons qu’après duepréparation, de ces trois Mercures peuvent être troisŒuvres parfaits, chacun selon sa nature ; encore que

les modernes opérateurs s’arrêtent plus au Minéralqu’à tout autre. Les Anciens ont fort caché le nom dela matière de cet Œuvre, de crainte qu’il ne soit révéléà quelque homme méchant ; mais celui qui larecherchera avec humilité et crainte elle lui serarévélée par les Sages, aux lieux où ils traitent d’unegrande et parfaite Médecine pour restaurer la chaleurnaturelle débilitée. Prends donc ce qui n’est accomplide l’Animal, et quand tu auras trouvé une minièretrès pure et vierge, qui double au moins et triple pourle plus le Septénaire, et qui soit mâle. Prends douzeonces de l’Or d’icelle car on en peut tirer telle quantité

sans à icelle minière faire tort ; quand ton Mercureauras, qu’il repose en vaisseaux jusqu’àl’épaississement, et nage par-dessus une Eau rousseque jetteras, et laisse par sept heures ces vaisseaux àl’Air afin que la Terre philosophale demeureentièrement nette d’icelle superfluité.

Cela fait, mets-la en un vaisseau bien clos au fumiercomposé en cette sorte. Fais deux fosses en terre nonaqueuse, mais seulement humide, large et profonde,chacune de quatre pieds en quarré, qu’empliras defumier chaud et poseras ton vaisseau justement aumitan, et l’ayant couvert de fumier, le laisseras huit

 jours sans y toucher, et six jours après le premier jour,emplis l’autre fosse, puis deux jours après, qui serontlesdits huit jours ci devant dits, change ton vaisseaude fosse, et ainsi de huit en huit jours jusqu’à 40 joursaccomplis, et sera ta matière pourrie et presqueconvertie en Eau, qui est appelée ? des Philosophes.

Ou bien, fais autrement : compose un fourneau deterre ou brique, rond et large d’un pied par-dedans,d’un pied de hauteur jusqu’à la grille, et le mur dequatre pouces d’épaisseur ; fais trois trous pourdonner air à la Lampe, de la grosseur d’un petit œuf,à savoir un de chaque côté et l’autre au derrière ; et

soit, au-dessous de la grille, encore un pied dehauteur sans fenêtre. Ayez un chaudron de cuivre ouairain avec son couvercle juste, lequel doit entrer dansicelui chaudron, afin que les vapeurs qui descendronten l’Eau ne sortent par les côtés dudit chaudron ; etsoit icelui chaudron bien cimenté partout : mais il fautqu’il soit percé par le haut de la couverture, afin quele vaisseau de verre qui sera dedans (fait en formed’Alambic bien lutté), à ce qu’aucune vapeur ne sortedudit chaudron ; et qu’il n’y ait aucun air, ni vide,entre icelui chaudron et les parois dudit fourneau, etque la matière n’occupe qu’un tiers d’icelui verre ;

afin que les vapeurs puissent monter et descendre àleur aise durant iceux 40 jours de fermentation, et quele vaisseau soit porté en l’air dans icelui chaudron ;

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ayant quatre doigts d’espace au des-sous d’icelui etporté sur linges à plusieurs doubles.

Ainsi soit fermement posé et attaché, que rien neremue en icelui, avec un petit cercle de barresd’Airain, ou autre chose convenable pour le tenir : etbouche proprement l’ouverture du col, par où passerale col du vaisseau avec un cercle d’Airain ou autrechose, de peur que par entre deux, l’eau d’iceluichaudron ne s’exhale. Alors mets au bas d’iceluifourneau une Lampe ardente en forme d’une grossepomme, qui puisse brûler 28 ou 30 heures sanss’éteindre avec une simple mèche filée de sept ou huitfilets, afin que l’eau qui est au chaudron demeure enun même degré en chaleur, c’est à savoir un peu plusque tiède : et sera l’entrée du fourneau bouchée debriques bien justes, et s’il est besoin sera aussi bouchéun ou deux des trous dudit fourneau, et pournettoyer de trois en trois jours la fumée quis’attachera au cul dudit chaudron, faudra changer de

lampe si pour éviter ladite fumée, l’huile n’estdépurée avec l’eau bouillante.

Mais d’une façon ou d’autre, c’est à dire si mieux tun’aimes le fumier sans un fourneau si laborieux, metsun morceau de fourrure, ou même chose, pour fuir lafroideur de l’Air. Les Anciens séparaient cette matièresans nulle séparation d’Éléments ; mais seulementaprès la dépuration de son humidité superflue, ils lamettaient en vaisseau de terre rond en semblance etcompaction de verre, bien bouché, avec les deux tiersde vide en terre en une fosse de sept pieds avant, letout au jour que le Soleil entrait au signe d’Arles ;puis remplissaient icelle fosse et plantaient un pilierdessus icelle fosse pour reconnaître, et laissaient ainsile tout, tant que le Soleil eut fait sept fois révolutioncirculaire par-dessus (c’est à dire sept ans), et quandle Soleil entrait pour la huitième en Ariès, ils tiraientd’icelle fosse le vaisseau, dans lequel ils trouvoientune pierre en poudre dont ils conservaient la Jeunesseet la Santé, et tenaient cela de tradition de leurs Pères,sans écriture aucune.

Mais depuis, on avisa d’accourcir le temps et deréduire ces sept années à trois, en cette manière. Ilsfaisaient deux fosses en lieu humide et non aqueux,chacune de trois pieds de large et cinq pieds deprofondeur, qu’ils emplissaient l’une après l’autre defient de cheval, et après avoir fait comme dit est,dépuration de la matière, et icelle mise en un vaisseaurond, le mettaient un pied avant dans icelui fumier,bien bouché et l’y laissaient 40 jours, après lesquels lepourrissement venu, matière était purifiée et sur laTerre nageait le Mercure ; puis mettaient le vaisseau,ou matras, au centre d’icelui fumier ; et ainsicontinuaient de changer de fumier de huit en huit jours un an, ou tant que peu à peu la Terre eût rebueson humidité, et qu’icelle fût noire ; car déjà nechangeaient plus de fumier qu’en douze jours, tantque blancheur de fine neige y vint, puis en seize jours,et dessus jetaient tous les jours Eau bouillante, tant

que rougeur de sang fût en icelle matière, et étaitl’Œuvre achevé, dont les Métaux étaient purgés, ainsicomme avec le Vif argent vulgaire : les Plantes, avecl’eau commune ; et les Animaux avec le suc desPlantes. Mais nous réduirons ce temps de trois ans àneuf mois ; puis vient après nous travailler ; car facileest d’ajouter à l’invention des autres ; encore que sans

miracle divin, je ne crois pas que nul au temps deneuf mois sache mettre accourcissement. Ainsi est ditde l’Œuvre Animale, et de la manière dont lesAnciens usaient qui n’est pas mise ici pour négliger ;car nous avons à opérer ainsi qu’eux ; bien que ce soitavec moindre temps, mais avec mêmes matières etopération naturelle, car sans icelle Nature appelée,tout homme travaillerait en vain. Mais nous avons àfaire séparation des Éléments, ce qui se fait en cettefaçon.

 De la Séparation des ÉlémentsQuand ton vaisseau sera refroidi, mets sur icelui unchapiteau d’Eau, et scelle bien les jointures ; puis metsau bain, l’eau étant un peu plus que tiède. En cedegré, faits distiller toute l’eau de ta matière dans unmatras qui sera très justement bouché, quand plusrien ne distillera ; puis en forte cornue très bien luttéemettras ta matière restée, qu’enseveliras en cendrescriblées, et colleras à icelle cornue un récipient lutté, sibien qu’il ne respire aucune vapeur ; puis feras petitfeu de charbon demie heure, puis l’augmenteras peuà peu, tant que sur la fin il soit très fort, et que toutel’huile étant tirée, il ne reste plus rien.

Lors laisse refroidir le vaisseau de lui-même, puisserre bien et garde à part chacune de ces choses : c’està dire l’Eau, l’Huile et la Terre seiche et noire. Car tuauras ainsi les quatre Éléments ; l’Huile contenantl’Air et le Feu qu’il sera besoin de purger en cettemanière : commençant par l’Eau, par laquelle il fautnettoyer la Terre et le Feu, distille icelle à doucechaleur de bain sept fois au moins, ou tant qu’elle soittrès claire et sans terre, et qu’elle blanchisse pardehors un morceau de cuivre rougi au feu, puis surmarbre broyé toute la Terre trois heures oudavantage, en l’arrosant d’icelle Eau ; puis en chaleurmodérée distille de la Terre toute l’Eau qu’elle avaitbue, et demeure icelle Terre seiche au fond del’Alambic, et continueras ainsi par sept fois au moins ;puis broyé derechef icelui Feu avec ladite Eau, et lafais en forme de pâte que mettras dans un ? ? lutté, aufour à petit feu une nuit ; et continueras ce dernierlabeur sept ou huit fois, ou tant qu’il soit rouge clair etnet. Mais faut à chaque fois croître icelui Feu d’undegré ; et pour voir sa perfection, il faut qu’il teigneen rouge par projection Argent fondu ; et alors iceluigarderas un vaisseau clos, ainsi que les autres, etn’espère pas mettre en œuvre aucun des Élémentssusdits sans un tel signe de perfection. Mais encoreque l’opération des Éléments soit diverse, tout tend àune fin, dont en voici les deux plus parfaites.

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Opération ou Composition pour le BlancPrends une part d’Air, une part d’Eau et deux de Feu,que broieras ensemble, et les mettras au vaisseau deverre, au fient de cheval bien chaud 60 jours, oùregarderas souvent, et à ce serviront fenêtres vitrées.Mais il ne faudrait pas qu’icelui fient fût mis en fosse,comme devant est dit ; mais dans bonnes murailles ou

maçon-neries de grandeur d’icelles fosses, à quoi sertle bon esprit de l’ouvrier ; si mieux, il ne veut d’iceluifumier tirer pour un peu le vaisseau, pour voir quandpourriture viendra ; mais bien tôt le refermer ; etrenouvelle tous les huit jours le fient, comme dit est,et quand sera matière claire, le vaisseau se refroidisse,puis distille à petit feu lent l’eau qui sera branchecomme lait.

Car aussi est lait de Vierge, que garderas à part envaisseau clos, et aussi dans un autre le feu qui serademeuré au fond sec et noir : puis prends une partiede la Terre bien seiche et la broyé sur le marbre,l’incorporant avec autant d’icelui lait peu à peu, etautant de Feu qu’il y a de Terre et de Lait, et mets touten vaisseau de verre presque tout plein et bien lutté ;le mettras pour résoudre au fient de cheval un mois,rafraîchissant le fient, comme est dit ; puis distille àpetit feu une liqueur blanche, où seront troisÉléments, ainsi comme Eau, Terre et Air ; car le feurestera au fond sec et noir.

Mets cette huile des trois espèces en deux partségales, l’une pour l’Elixir rouge ; et l’autre, mets la envaisseau bien bouché de fort lut, à congeler surcendres chaudes à feu de degré continuel, tantqu’icelle congélation soit faite en belle et blanchePierre appelée Élixir ; lequel pour être rendu fondant,faut icelui broyer, et incérer un peu de l’huile quenous appelions Air, et fondra et convertira mil partiesde cuivre ou autre métal en fin Argent.

Opération au RougePrends le Feu demeuré au fonds dernier en ladistillation des trois espèces, que broieras ; puis étantbien broyé, prends-en deux parts et une part d’huiledes trois espèces, qu’incorporeras sur le marbre, etmettras résoudre au fient, comme dit est, par 40 jours,

en tant que soit assez pour être fait eau claire, tu ferasdistiller sur cendres à bon feu, et sortiront les quatreÉléments en Eau très rouge, que mettras en vaisseaude terre très fort et bouché pour congeler sur cendres,et se fera Pierre rouge, claire et luisante commeEscarboucle, avec une partie de laquelle pourrasconvertir mil parties d’Argent vif vulgaire ou autre

Métal en fin ?. Si autrement veux opérer, changeantde vaisseau, fais ainsi qu’il ensuit.

Prends de la Terre ci devant préparée une part, avecune part de l’Eau distillée par sept fois ; que mettrasen fort vaisseau de verre, ayant le col court de troisdoigts, et si ouvert que les deux doigts y puissententrer, et ne soit plein qu’au tiers, et le boucheras et lemettras au fumier susdit par 30 jours ; auquel tempsseront rendus en eau ; ce qu’étant fait, ajoute uneautre partie d’Air, que nous appelions Huile, et levaisseau bien bouché, remets-le au fumier susdit 21 jours ;

puis ajoute une part de Feu, et le remets par un moisau fumier, ou tant qu’il soit en Eau ; puis ferascongeler aux cendres à feu de degrés, selon l’Art ; enlaquelle congélation et dans l’autre pré-cédente,paraîtront toutes couleurs, comme à la queue depaon, la noire, la blanche et la rouge.

Et ci est la Pratique de la Théorie précédente finie.Laquelle Théorie est la Clef de la plus grande Sciencehumaine qui jamais fut ni sera, car encore que lesautres pratiques soient entre les Hommes tantMinérales, Végétables qu’Animales ; et que pourvenir à même fin il y ait divers chemins en Nature, nedoute point qu’ici ne soient les plus parfaites, surlesquelles tu peux sans doute ni sans crainte travaillersûrement avec jugement, soin, vigilance, diligence,netteté et assistance d’un fidèle Compagnon auquelrien ne soit caché de tes intentions, en lieu libre et nonsuspect, duquel rejetteras tout ennemi de Science, ou

ceux qui te voudraient tromper ou mépriser, n’ayantautre occupation qu’en icelui Art, au moins depuis lecommencement jusqu’à la finale Pratique ; et sansgarder iceux avertissements ne pourras à icelleparvenir.

Donc écris-les en ton cœur, non pas pour iceux mettreen terre ainsi que le Talent ; mais pour êtregrandement multipliée : et si encore ne suffirait à toiiceux garder si n’as dans ton cœur la charité, humilité,la patience, la crainte de Dieu ; car si un seul péchédemeure en ta maison seulement, ne t’en vas point enicelle Pratique te mettre. Mais ayant purgé icelle de

telle diabolique peste, comme tous vices et excès, toiprépare ta conscience, ainsi comme à l’heure de lamort ; et puis ne doute point à te mettre au Travail, teconfiant surtout en la miséricorde de Dieu, auquelsoit honneur et gloire. Ainsi soit-il.

FIN DE NICOLAS GROSPARMYqui a établi la Maison des Comtes de Flers en basse Normandie.

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NICOLAS GROSPARMY – 36 – CLAVIS MAJORIS SAPIENTIAE