Alain Schnapp Une histoire universelle des ruines

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2014 saison 2013 Auditorium du Louvre Alain Schnapp Une histoire universelle des ruines Initiation à l’histoire des arts Du 6 mars au 3 avril 2014 / Cycle de cours à 19 h

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Alain Schnapp Une histoire universelle des ruines

Initiation à l’histoire des arts

Du 6 mars au 3 avril 2014/ Cycle de cours à 19 h

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Ce cycle de cours vise à élucider le rapport indissoluble que chaque civilisation entretient avec les ruines. Certaines confient à des monuments gigantesques le soin de perpétuer le souvenir, d’autres, à l’image des poètes de la Grèce ancienne ou des bardes du monde celtique ou scandinave, font plus confiance à la magie de l’élan poétique pour conserver la mémoire de ce qui est advenu. C’est cette tension entre matériel et immatériel, entre permanence et impermanence, qu’Alain Schnapp propose d’explorer.

Jeudi 6 mars / 19 hFonction et nature des ruines

Jeudi 13 mars / 19 h La conception des ruines dans le monde oriental : Égypte, Mésopotamie, Chine et Japon

Jeudi 20 mars / 19 h Les ruines dans le monde médiéval occidental et oriental

Jeudi 27 mars / 19 h Des ruines aux débris : le monument et le sol dans la seconde moitié du XVIIIe siècle

Jeudi 3 avril / 19 hLa tragédie du paysage ou l’Histoire en ruines

Plan de Rome, Fazio degli Uberti, Il dittamondo, dessin aquarellé, 1447, Manuscrit italien, BNF © BNF

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3Notes biographiques

Alain Schnapp est professeur d’archéologie à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et chercheur à la Maison de l’archéologie et de l’ethnologie. Il est ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie de l’université Paris I et ancien directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA). Il a été professeur invité à Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’Association des études grecques. Ses activités de recherche ont porté sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Alain Schnapp a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Paris, Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (Paris, CNRS, 1984), La duplicité du chasseur : comportement juvénile et pratique cynégétique en Grèce ancienne aux époques archaïque et classique (Lille, ANRT, 1989), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (Paris, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration) et La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Paris, Carré, 1993 et 1998), ainsi que de nombreuses

études spécialisées sur l’iconographie du monde grec, les fouilles des sites de Laos (Calabre), Eleftherna et Itanos (Crète). Il prépare actuellement une publication sur l’histoire universelle des ruines à paraître en 2016 aux éditions du Seuil.

Étienne Jollet est professeur d’histoire de l’art moderne à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Ses recherches portent notamment sur la diffusion du newtonisme en France au XVIIIe siècle ainsi que la notion de lieu dans la nature morte en Occident. Il a également consacré des études sur le portrait du roi et sur la notion de monument. Parmi ses publications figurent : La Nature morte et la place des choses. L’objet et son lieu dans l’art occidental (Paris, Hazan, 2007), Les Images du monument. De la Renaissance à nos jours (Publications de l’université de Provence, 2010). Il prépare un ouvrage provisoirement intitulé Le Pouvoir en puissance. Le monument royal et le sol de Henri IV à la Révolution.

Pierre Wat est professeur d’histoire de l’art à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Spécialiste du romantisme, il est l’auteur de Naissance de l’art romantique (Flammarion, 1998 et 2013), Constable (Hazan, 2002 et 2010), Turner, menteur magnifique (Hazan, 2010). Il a également publié de nombreux textes sur la peinture contemporaine. Il mène à l’heure actuelle une recherche sur la « tragédie du paysage », que traverse le motif de la ruine.

Alain Schnapp © Guy Vivien

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1 / L’antiquaire dégage les ruines, page de garde de C. Valerius Catullus, Novus commentarius locupletussimus, Padoue, J.A Vulpius, 1737 © A. Schnapp

2 / Lamentation sur la ruine d’Ur, tablette, Larsa, vers 1800 av. J.-C., musée du Louvre © 2012 musée du Louvre / Raphaël Chipault

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Jeudi 6 mars / 19 h

Fonction et nature des ruinespar Alain Schnapp

Les ruines constituent un reste, un legs des hommes qui nous ont précédés. De même qu’il n’existe pas d’humanité sans mémoire il ne peut y avoir de sociétés sans ruines. Cependant comment identifier les ruines des chasseurs-cueilleurs dont les fragiles installations disparaissent aussitôt construites ? Sans pierres et sans briques, il est pourtant possible de laisser des traces que l’œil exercé des spécialistes sait reconnaître. Un petit édifice de bois et de chaume, une pierre levée, la paroi d’une grotte, peuvent jouer le rôle de vestiges, de traces des hommes du passé et servir de lieu de mémoire. Il y a donc divers types de ruines et diverses stratégies de la mémoire collective. Certaines sociétés privilégient l’ampleur de leurs monuments, elles veulent inscrire dans le paysage des constructions que les siècles ne pourront détruire. D’autres prennent leur parti de l’érosion et de la décrépitude qui menacent les monuments pour revendiquer la permanence des œuvres poétiques jalousement transmises d’une génération à l’autre, ou la reconstruction cyclique des édifices de mémoire. Entre la massivité des pyramides ou des palais et l’immatérialité de la poésie orale, se déploie, au fil du temps, un conflit entre monuments et mémoire qui traverse toute l’aventure humaine de la préhistoire à nos sociétés contemporaines.

Jeudi 13 mars / 19 h

La conception des ruines dans le monde oriental : Égypte, Mésopotamie, Chine et Japonpar Alain Schnapp

Les premières populations sédentaires de l’Europe protohistorique ont érigé leurs mégalithes avec un sens de la continuité qui nous donne à entrevoir une conception raffinée des relations entre les générations, une capacité à anticiper le développement et l’usage de telles architectures dans le temps. Il y a dans les gigantesques architectures mégalithiques tout comme dans les pyramides d’Égypte, les hautes ziggurats des souverains mésopotamiens, quelque chose de commun, un défi, une volonté de s’imposer face au temps qui est la marque d’une des dimensions de la condition humaine. La curiosité pour le passé des anciens Chinois est également un phénomène bien connu. La réactualisation d’anciens rituels et l’imitation d’objets traditionnels des anciennes dynasties Xia, Shang ou Zhou, font partie des processus de transmission qui traversent la culture chinoise depuis la plus haute antiquité. Dès le Ve siècle avant J.-C. le philosophe Mo Zi privilégie une approche antiquaire du passé qui s’appuie sur des données matérielles : inscriptions sur bambou et soie, par définition matériaux fragiles, mais aussi sur des matériaux durables comme la pierre et le métal. Le sage s’interroge sur la longévité des sources, sur ce que les générations transmettent aux générations suivantes. En ce sens, la doctrine chinoise est proche du souci de mémoire des scribes et des souverains mésopotamiens. Les Japonais pour leur compte développent une toute autre approche en privilégiant la destruction et la reconstruction périodique, comme pour les temples d’Isé : pour lutter contre l’érosion, ils privilégient une stratégie d’apprivoisement du passé. Le monument toujours reconstruit est à la fois ancien dans son style et nouveau par sa matérialité-même.

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1 / Pierre de Beaumesnil, Vue des ruines des arènes de Saintes, gravure, dans Antiquités [romaines] des villes de Saintes, Périgueux, Bénac, Guéret etc. dans l’ordre de mes voyages, 1763, BNF, cabinet des Estampes © BNF

2 / John Constable, Old Sarum, huile sur toile, 1829, Victoria and Albert Museum © D.R.

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Jeudi 20 mars / 19 h

Les ruines dans le monde médiéval occidental et orientalpar Alain Schnapp

Le christianisme constitue un trait d’union entre la Rome impériale et le monde médiéval car les architectures de l’esprit, et notamment les deux langues canoniques de l’Antiquité, le latin et le grec, sont toujours utilisées et comprises. Par-delà les différences entre culture antique et culture médiévale, un fond commun appuyé sur une culture partagée reste efficace. À Byzance c’est tout naturellement et sans véritable rupture que l’évolution se produit, portée par la continuité culturelle et politique. À Rome et dans les anciennes provinces européennes, la transition est plus heurtée parce que la nature et le style du pouvoir ont changé, parce que des populations nouvelles, déjà présentes dans l’Empire ou à ses frontières, se sont imposées et affirmées. La récession de la langue latine suit les contours de l’effondrement de l’Empire mais le magistère des Anciens et le modèle politique et militaire de l’Empire n’ont pas disparu si vite. En parcourant les étapes de la sensibilité au passé et en explorant le goût des ruines, tant dans le monde chrétien qu’en terre d’Islam, on tentera de définir l’attitude du monde médiéval face aux traditions souvent contradictoires qui s’attachent aux traces et aux vestiges du passé antique.

Jeudi 27 mars / 19 h

Des ruines aux débris : le monument et le sol dans la seconde moitié du XVIIIe sièclepar Alain Schnapp et Étienne Jollet

Le XVIIIe siècle est caractérisé par la mise en valeur du sol non plus en tant qu’étendue mais en tant qu’épaisseur, sous la triple valorisation suscitée par l’essor de la minéralogie puis de la géologie, de l’archéologie nationale

et de la physiocratie. La notion de « monument », au sens restreint d’instance de remémoration, et notamment le monument royal, se trouve affectée par une telle évolution. Elle l’est tout d’abord par le développement d’un imaginaire du monument au futur, par avance perçu en tant que ruine. Elle l’est ensuite dans les effets de confusion qui s’opèrent avec le monument entendu comme « ruine naturelle » : avec le triomphe du végétal sur le minéral, le monument tend à s’inscrire dans une histoire de la Terre. Elle l’est enfin dans son rapport avec une histoire nationale dont l’importance devient majeure avant et pendant la Révolution française : la réflexion sur les « débris » du monde ancien et leur utilisation au sein du monument révolutionnaire l’emporte désormais. Historicisation de la nature, « naturalisation » de l’histoire : c’est cette double tension, au sein de laquelle se trouve prise l’image du pouvoir.

Jeudi 3 avril / 19 h

La tragédie du paysage ou l’Histoire en ruinespar Alain Schnapp et Pierre Wat

Le début du XIXe siècle voit se revivifier un rapport ancien entre paysage et ruines. La ruine, représentée au sein du paysage, est ainsi tout d’abord un motif rappelant l’inscription de celui-ci dans le temps. Mais on constate aussi, tout particulièrement en Grande-Bretagne et en Allemagne, l’émergence d’une pratique nouvelle où la ruine, bien qu’encore présente, tend progressivement à littéralement disparaître au sein du paysage. Le paysage lui-même devient ainsi ruine par effet d’enfouissement. Citons par exemple une œuvre de John Constable, Old Sarum, simple tumulus herbeux où paissent des moutons dont rien n’indique, si ce n’est le titre, qu’il contient en réalité les ruines d’une cité antique, une ville transformée en paysage. Ces jeux d’émergences et d’enfouissement entraînent une

véritable modification du statut de la peinture de paysage : le paysage, par sa capacité ainsi affirmée à absorber, voire à ingérer l’Histoire en son sein, se propose comme relève du grand genre historique défaillant. La métaphorisation de la ruine qui hante tant de tableaux de Caspar David Friedrich ou de William Turner dit aussi, à sa façon, le rôle de la ruine dans ce qui est une des grandes questions du XIXe siècle : la mise à mort progressive du grand genre historique.

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Cycle de conférences

« Artistes femmes au musée ? Regards actuels »

Mercredi 5 mars / 19 hConstance Mayer : la mythologie, l’historiographie et le féminismepar Abigail Solomon-Godeau, Professeur Emérite, University of California Santa Barbara

Vendredi 21 mars / 19 hAdelaïde Labille-Guiard et le Louvre : échanges, exclusions, inscriptionspar Laura Auricchio, The New School, New York

Mercredi 9 avril / 19 hLa création d’une identité imaginée dans la France postrévolutionnaire : mode et idéal classique dans Étude de femme d’après nature de Marie-Denise Villers par Susan Siegfried, University of Michigan, Ann Arbor

En partenariat avecl’Institut national d’histoire de l’art et l’université Paris Est Marne-la-Vallée.

Présentation d’exposition

Mercredi 19 mars / 12 h 30Peupler les cieux.Dessins pour les plafondsparisiens au XVIIe sièclepar Bénédicte Gady,musée du Louvre

Mercredi 2 avril / 12 h 30Le trésor de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaunepar Élisabeth Antoine-König, musée du Louvre

Lundi 5 mai / 12 h 30Louvre-Abu Dhabi, naissance d’un muséepar Khalid AbdulKhaliq Abdulla, Louvre Abu Dhabi, Laurence des Cars, musée de l’Orangerie, Vincent Pomarède, musée du Louvre

Colloque

Samedi 29 mars / 10 h-18 hAuditorium du LouvreGreco et la FranceÀ l’occasion du 400e anniversairede la mort du Greco. Le colloque s’articulera en deux volets : l’actualité de la recherche sur le peintre (El Greco aujourd’hui) et sa fortune en France (El Greco, une invention française).

Journée d’actualité de la recherche et de la restauration

Mercredi 30 avril / 10 h - 18 hRendre visible l’invisible : les trésors d’églises du Moyen ÂgeL’actualité de la recherche sur les trésors médiévaux en Suisse, en France, en Allemagne et en Espagne, au moment où plusieurs cathédrales et abbayes repensent leur présentation au public de ces objets cultuels de grande valeur.

En lien avec l’exposition « Le trésor de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune »

Conférence

Vendredi 11 juin / 12 h 30Présentation des nouvelles salles de l’aile Louis XIV et du mobilier du XVIIIe siècle par Jannic Durand, département des Objets d’art

Journée « Musée-musées »

Mercredi 18 Juin / 10 h - 18 h Autour du Louvre Abu Dhabi : pour une histoire globale de l’art

En lien avec l’exposition « Naissance d’un musée : Louvre Abu Dhabi »

La Chaire du Louvre

Du 18 septembre au 16 octobre 2014 L’image de l’AutreNoirs, Juifs, Musulmans, ‘Gitans’ dans l’imaginaire occidental à l’aube des Temps Modernes (1453-1789)par Victor StoichitaConférences à 18 h 30 suivies de la projection de films à 20 h 30Tarif FOuverture des ventes en mai 2014.

ProchainementEn lien avec le cycle

Visites-conférencesMercredi 9 avril / 19 h 15Mercredi 16 avril / 14 h« Mémoires de pierres »

La représentation des ruines dans la peinture se développe à la Renaissance où les vestiges antiques ponctuent les paysages italiens et français. Ce goût atteint son apogée au XVIIIe siècle avec Hubert Robert, surnommé « Hubert des ruines ».

Informations : 01 40 20 55 55et sur www.louvre.fr

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Programmation : Charlotte Chastel-Rousseau, assistée de Nanxi Cheng

Les hôtes et hôtesses d’accueil de l’Auditorium sont habillés par

© Auditorium du Louvre 2013

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