Aixhaustif Novembre 2012

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la maquette du deuxième numéro de l'Aixhaustif version 2012/2013

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L’ E D I T O

REDACTION:

Julia Descosse, Nicolas Jean, Adélaïde Tenaglia, Eugénie Arnaud, Alix Boyer, Romain Boned, Camille Pellicer, Félix Meysen, Pauline Nales, Charlotte Bon, Elise Po Hun Cheung, Sophie Payen, Claire Robins, Dou-glas Benchetrit, Adrien Be-ria, Hadrien Markabi, Oli-vier Coulaux.

MAQUETTE : Nicolas Jean

Si on devait mourir demain, qu’est-ce qu’on ferait de plus, qu’est-ce qu’on ferait de moins ?

21 décembre 2012. La date butoir. Fatidique. Inéluctable. Si le Jour d’Après n’est pas pour demain, n’en déplaise aux Aztèques et autres Indiens, le Jour d’Avant nous le vivons bien. Marasme économique, tornade pré-apocalyptique (Sandy chérie), attentisme politique et fourberies pseudo-démocratiques… Le monde de-viendrait-il fou ?

La décennie 2000 a vu fleurir moult histoires de fin du monde, des blockbusters américains (Le Jour d’Après, 2012, Je suis une Légende) aux épopées plus inti-mistes et austères, comme La Route. Paranoïa larvée, désillusion marquée ? La résurgence du mythe eschatologique peut nous interroger.

Si on devait mourir demain… Certains s’enivreraient jusqu’au matin, d’autres s’envoleraient vers des pays lointains. D’autres encore prieraient, feraient l’amour et s’aimeraient. Mais tous vibreraient des tréfonds de leur âme, sans se poser de questions.

Si on devait mourir demain… J’avoue, parfois, ça m’arrangerait bien. Ô choix cor-néliens qui rythment ma vie, passions enivrantes, travail éreintant, tout cela réduit à néant ? Je n’aurais plus à faire semblant, semblant d’être toujours rayonnante, de bien aimer les gens, les gens et leur bien-pensance, pensants pas très souvent, gênants bien trop souvent.

Si on devait mourir demain… On savourerait la moindre petite inutilité de la vie, qui n’est pas rentable, qui ne sert à rien, mais qui apporte tellement. [Attention : ce qui va suivre est une archive originale d’un journal intime de Troisième]. Cou-rir sous la pluie, Pieds nus dans le sable chaud – Souffler sur un pissenlit, Créer des châteaux. Faire de la balançoire, Jouer de la guitare – Ecrire un poème, à quelqu’un qu’on aime. Eclater du papier bulle, faire sa tête de mule – rire aux éclats, éclater de joie. Faire rire un bébé, Bataille d’oreillers - Etre fou d’émoi, Etre fier de soi. Sauter d’un pont, en faisant un plongeon –Fumer une cigarette, être un peu pompette. La liste non exhaustive de ces Petits Bonheurs se perd bien trop souvent dans les méandres de la trivialité. Partiels, TD, pluridisciplinarité, rentabilité. Grand O, Mémoire, employabilité. Le sempiternel triptyque des R ré-sonne comme autant d’échos aussi peu attrayants les uns que les autres.

Si on devait mourir demain… Nous voudrions vivre les choses pour elles-mêmes, comme autant de bonheurs succincts. Le fantasme d’un monde purifié de ses vices ne se confond-il pas avec l’Espoir d’un retour à la valeur intrinsèque des choses ? Etudier pour avoir un diplôme, un métier, une reconnaissance sociale. Ne peut-on pas viser la connaissance en elle-même, dans un but désintéressé ? Alors, arrêtons de gloser sur cette réforme des partiels ! Gandhi disait : « Vis comme si tu devais mourir demain, apprends comme si tu devais vivre toujours. » Vous voyez ? Les shoots quotidiens de droit administratif ou de science politique à raison de deux à trois semaines par an ne peuvent que vous être bénéfiques !

Enfin, donnons-nous le temps de nous émerveiller, de prendre trois heures pour lire, de passer une journée entière sans notre IPhone vissé à la paume de notre main ou au creux de notre oreille, de laisser exulter le talent qui est en nous. Redonnons le temps au temps. L’Aixhaustif a choisi ce mois-ci de se faire plaisir, de vous donner son point de vue sur des sujets variés, et d’observer un peu le monde, avant qu’il ne s’écroule.

#2012 #endoftheworld

Julia Descosse.

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L’ E D I T O 2

I.E.P 4-9

LE DÉFI L’EXPRESS GRANDES ÉCOLES ?! LES AIXPRESSÉS ?! NOUS VOUS EXPLIQUONS TOUT! 4

La photo du mois 5

Les AIX’PATS 6

Junior Experts 7

Le Journal D’un 2A 8-9

L’AIXPRESSION 11-21la conférence Pop Philosphie 11

Stay creative and stay foolish 12

L’Art contemporain est-il vraiment de l’Art ? 13

NOS BILLETS D’HUMEUR 14-17

Une ode a la Baltika 14

Le diktat de la Vodka 15

Corrida ; pour ou contre ? 16-17

Coco ou collabo? 18

Contre L’euroscepticisme 19

« Tant qu’il y aura des premiers films il y aura de l’espoir » 20

15 things to do in college 21

PAGES CULTURE 22-27 C I N E M A - T.V.

Mon top 5 des séries : 22

Doesn’t make sens!» 23

Paper Boy de Lee Daniels 23

N O S L E C T U R E S

La Métamorphose - Franz Kafka 24

Outliers - Malcolm Gladwell. 24

Fifty Shades of Grey - E.L James 25

If Music could Talk 26

Helikopter/Eldorado – Ballet Preljocaj 27

L’Aixutoire :Exubérance post-coïtale. 28

SOMMAIRE

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Il y a 25 ans, l’Express eut une idée révolutionnaire : lancer un concours entre plusieurs “Grandes écoles” (dont la nôtre est une des rares vraies à y participer). Il s’agit de mettre au point un supplément régional du magazine : trouver un thème, rédiger les articles, vendre les espace pubs et enfin le magazine, en ce qui nous concerne pen-dant la semaine du 13 mars 2013.

Depuis 25 ans, notre Grande Maison participe au défi, souvent avec succès, quelquefois avec moins d’éclat. Cette année, tout comme au CRIT, nous ferons tout pour faire briller nos belles couleurs sang et or au firmament du concours.

Pour arriver à nos fins, nous avons réuni une belle petite équipe de 10 personnes. Autour du coordinateur, Romain BONED et de Marine PURSON, rédactrice en chef, on retrouve Élise KOUTNOUYAN et Eugénie ARNAUD, nos rédactrices. Louise MIGNOT à la direction du dé-partement pub épaulée par les talentueux Rémy ERARD et Félix MEYSEN. À la photo, la pétillante Joséphine DONTEN, à la vente l’efficace Mathieu LEDRU et, la benjamine du groupe, Pauline HARDOUIN, notre bril-lante community manager.

Nous sommes déjà au travail, comme les 13 autres écoles en compétition aux quatre coins de la France. Pour l’emporter, cette année encore nous avons besoin de vous. D’abord, de votre soutien (déjà effectif pour la plupart) sur Facebook (notre page : Aix Press), mais aussi sur Twitter (grande nouveauté pour les membres de l’équipe -à l’ex-ception de quelques-uns déjà rompus à l’exercice du mes-sage en 140 mots) : @aixpress. Sur Twitter et Facebook, on vous tient au courant de tout-tout-tout en temps réels, et ça, on sent que ça va vous plaire. Ensuite, sur notre site in

ternet : defigrandesecoles.lexpress.fr (section Aix, évidem-ment) où nous vous conseillerons nos bonnes adresses, où nous vous ferons découvrir notre jolie petite ville sous un œil différent, ainsi que nos nombreux soutiens officiels.

Toute l’année nous vous proposerons des événements fes-tifs et conviviaux, ainsi que le fameux Rallye Appart que nous serons les seuls à organiser, cette année encore, cou-rant janvier-février. Pas d’inquiétude, on vous tiendra au courant !

Mais surtout, nous aurons besoin de vous, vous Premières années, Deuxièmes années, et plus si affinités pour la se-maine des ventes (à partir du 13 mars et avec de nombreux lots à gagner pour les vendeurs). Là encore, on vous tien-dra informés très vite. Enfin, toute l’équipe remercie tous ceux d’entre vous qui

nous ont d’ores et déjà soutenus en nous suivant sur les réseaux sociaux ou en nous apportant de l’aide comme Sacha, Thomas, Danaé ou encore Justine, et tout particu-lièrement les associations qui nous ont apporté leur appui, notamment le BDS, le BDA ou encore le club Oeno.

Merci à tous, on compte sur vous. Quant à nous, nous marcherons sur le sillon tracé par l’équipe de l’an dernier menée par Solal AZEROUAL, et cette année, on l’espère, jusqu’à la victoire.

Eugénie ARNAUD & Romain BONED.

LE DÉFI L’EXPRESS GRANDES ÉCOLES ?! LES AIXPRES-SÉS ?! NOUS VOUS EXPLIQUONS TOUT!

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L A P H O T O D U M O I S

A l’inspirateur d’un nouveau chant pour la communauté Iepienne, l’Aixhaustif te rend hommage.

WEI 2012

PHOTO : Marine Morello

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Bill Murray. Bill Murray avec ou sans Scarlett Johansson. Avec, de préférence.

Voilà la réponse la plus complète que j’avais pour répondre aux visages interloqués et rieurs de mes potes.

A défaut de déambuler dans Tokyo, j’ai choisi Shanghai. Et à la question éternelle du 2ème année : « Alors tu vas où l’année prochaine ? », ma réponse avait toujours sur l’interlocuteur un effet assez créatif. Aux grimaces et aux sourires interrogateurs suivaient constamment: «La Chine ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce que tu vas faire au milieu de tous ces chinois qui crachent ? Et t’as jamais fait de mandarin en plus ? ».

Non, je ne connaissais pas un mot de mandarin avant de prendre l’avion et mes premiers jours en Chine res-semblèrent plus à un film sans sous-titres. Et, les clichés ne résistant en rien à l’expérience, il n’y a de sale ou d’inamical chez les chinois que j’ai rencontrés que l’image que l’on s’en fait à des dizaines de milliers de kilomètres.

Oui, il y a du monde en Chine. Mais vivre au milieu de 23 millions de personnes dans la plus grande ville du pays le plus peuplé au monde n’a, en réalité, rien d’oppressant. A toute heure, marcher seul dans la rue n’est plus qu’un souvenir. Les tours de 20, 30 étages se mêlent aux vieilles maisons de la concession française. Et, au milieu des banques et des magasins aux marques occidentales qui épongent les RMB de la deuxième économie mondiale, on trouve encore des ruelles où toutes sortes d’animaux vivants et légumes non identifiés sont disposés sur le sol, prêts à être vendus ou consommés. Shanghai ne s’arrête jamais et entraîne tout ce qui y gravite dans sa course. Shanghai respire, quand le week-end les usines ferment, et quand le ciel s’éclaircit la nuit. Shanghai est polyglotte et renferme des dizaines de cultures dans ses rues. Voire dans une résidence étudiante, où chaque étage parle au moins 5 langues. Merci Shanghai, sans toi je n’aurais probablement pas eu la preuve que le Tadjikistan était peuplé, ni su trinquer à coup de Tsing-Tao en russe, allemand, japonais ou norvégien. Autant de cultures que de choix différents. Quand les baozi ou le riz auront eu raison de moi - car le nem est bel et bien vietnamien - j’irai plutôt manger turc ou coréen. Et si un jour les opens bars m’ennuient, j’irai faire un KTV avec une perruque rose sur la tête avec Natsumi, Manuel, Yoshio et Betty. Mais sûrement pas demain. Demain je prends le Maglev, pour faire un tour à Tian’anmen.

Alors, s’il fallait que je réponde encore à mes potes, ces gentils rieurs curieux, je leur poserais moi aussi des questions. Pourquoi rester en Europe quand on peut visiter plusieurs pays et ses habitants en une seule ville ? Pourquoi partir dans un pays anglo-saxon pour apprendre l’anglais, si on peut le parler tous les jours, en plus du mandarin, de l’espagnol ou même de l’arabe ?

Bill Murray n’a pas de limites et la Chine non plus. Mis à part sa démocratie peut-être, mais vous en parlez bien assez chez vous.

Les AIX’PATS

Hadrien Markabi.

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La Junior, c’est quoi ? Encore une autre farce iepienne, ersatz d’association gérée avec une vo-lonté de marbre, mais une rigueur quelque peu malléable ? Une entreprise, avec ses comptes et ses terrifiants tableurs Excel, ses organigrammes et ses études de marché ? Point du tout. La Junior est, en vérité, le tube à essais de toutes les compétences gestion-naires auxquelles notre Grande Ecole en Provence nous forme avec tant de zèle. Association loi 1901, la Junior Experts s’inscrit dans une logique de compétitivité et d’excellence qui nous est chère.

Composée d’un bureau, et de plusieurs pôles, tels que le pôle RH, Trésorerie, Qualité, Déve-loppement, Communication, elle propose une réelle expérience professionnelle autour d’une équipe étudiante très dynamique. En effet, la Junior a réussi à ob-tenir un gage de qualité l’année dernière : son intégration au sein de la CNJE (Confédération Na-tionale des Junior Experts). En effet, les Junior Experts ont un statut dérogatoire, à mi-chemin

entre une association et une vraie entreprise ! Audités deux fois par an, les étudiants se doivent de res-pecter des critères de qualité dans leur travail quotidien. Les Junior cachent bien leur jeu… Elles ne sont pas moins de 160 en France, implantées dans de nombreuses écoles, telles que HEC, l’ESSEC, les écoles d’ingénieurs et les IEP.

La Junior est censée démarcher des entreprises, attirer les entre-preneurs, établir des campagnes de communication afin de se faire le lien entre la réalité profession-nelle et nous autres iepiens. Ainsi, nous aurons tous l’opportunité de

participer à des missions profes-sionnelles rémunérées au cours de notre année universitaire.

Ayant eu l’occasion de discuter avec le président, Cyrille Bourdeaux, et la secrétaire générale, Hyacinte Cas-sam Chenaï, je gage que ces gens sont tout sauf de sombres geeks en costume-cravate. La Junior est une expérience enrichissante, qui requiert beaucoup de rigueur vis-à-vis de soi-même, ainsi que des qualités gestion-naires dont nous aurons tous besoin dans nos métiers futurs. Les postes dirigeants étant réservés aux Qua-

trièmes Années, les Deuxièmes Années sont néanmoins conviés à y participer, en tant que chargés de mission notamment.

La Junior est également le genre d’asso qui propose des Opens bars champagne, comme lors du Forum des Carrières le 14 no-vembre !

Apprendre à travailler en équipe, s’auto-discipliner, être vraiment reconnu pour ses compétences, s’exercer à de la VRAIE comm’, de la vraie trésorerie ou du vrai

management, voilà tout ce que peut vous apporter la Junior !

De plus, travailler à la Junior Experts est considéré comme une année de stage sur un CV. Alors lancez-vous !

Pour plus d’infos, ajoutez-les sur Facebook : Junior Spx !

Julia Descosse.

JUNIOR EXPERTS

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canards et une ribambelle de chefs indiens et squaws en touts genres.

Il est maintenant 22h mon cher journal, et c'est bien penaud que j'avoue avoir régurgité le gratin et la viande en sauce dans les plantes. Passons.

A 23 heures commence l'élection tant attendue de Miss et Mister WEI. Au terme de sélections tendant parfois vers un film érotique Luxembourgeois, la paire gagnante est magnifique. Une Nafissatou et un DSK des plus vraisemblables survolent le concours et écrasent leurs concurrents. Bravo à eux.

Les festivités peuvent commencer. De minuit à 3 heures, la soirée bat son plein. Des flashs d'une nuit in-croyable, ponctués de punchlines à la JCVD. La nuit n'est qu'allez-retours, du bar à la piste de danse, de la piste de danse à l'extérieur, où les groupes de bizuts font connaissance dans une allégresse éthylique qui fait plaisir à voir.

Mon moment préféré survient aux alentours des 5 heures. C'est le pré-réveil des bizuts, et l'émergence du désormais célèbre « rentre chez toi, ta mère a fait des gaufres ». Que d'acharnement sur ces cadavres peintur-lurés, qui roupillent alors qu'un mégaphone crépite à 2 centimètres de leurs tympans. Cher journal, j'ai même vu un homme nu urinant dans une valise. Et alors que je me dirigeais vers une autre chambre, mon appétit de réveil violent pas encore assouvi …

Mon bon journal, il est 9 heures. Je ne sais pas comment je suis arrivé dans mon lit. Je suis tout habillé et je pue. J'ai très mal a la tête. Très très très mal. Mes compagnons de chambrées sont également dans un piteux état. Et c'est ainsi que nous nous dirigeons vers le réfectoire pour une collation salvatrice. Les bizuts sont en-core pleins de plumes et de peinture mais ne chantent plus. Mis à part bien sur le grand excité qui ne s'arrête jamais.

Le WEI touche bientôt à sa fin, avec l'après midi « sportif » ou plutôt le moment #oùoncommatecommedesma-ladesmaisfautquandmêmequonsebougeparcequonapayé110ballesputain! Je suis pour ma part a un stand où le but est de tirer sur des boites de conserve avec des boules de pétanque. La vie n'a aucun sens.

La remise des prix a honoré les valeureux bizuts pour leurs exploits plus ou moins méritants, et nous voilà déjà repartis dans les cars. Plus personne ne chante, plus personne ne parle même. Fredo et les autres chauf-feurs ont décidé de ne pas prendre l'autoroute au retour, et, cher journal, ça fait mal au coeur. Tellement que l'estomac d'une membre bien aimée du staff (qu'on ne citera pas) se vengera en se répandant dans un sac en plastique juste à côté de moi. C'est sale. Je me réveille en arrivant à Aix, un mégaphone sous mon dos, ça fait très mal.

Le temps des adieux survient, et, mis à part un bizut qui a tenu à continuer l'apéro tout seul jusqu'à en perdre tous ses biens et sa dignité, on est claqués.

Voilà, mon cher journal, c'était beau, c'était grand, c'était le WEI. Je te donne rendez-vous pour le CRIT en terre Girondine.

Poutoux distingués, un 2A multi-récidiviste.

Le Journal D’un 2AL’incroyable récit du WEI 2012 par un habitué de la sorte. Retour sur un Week-end mouvementé.

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Cher Journal,

Aujourd'hui est un grand jour. Un jour avec une saveur sans pareille. Un matin de WEI. La vision si proche des cordes vocales brisées, des bizuts boueux aux senteurs anisées, des bruits d'oeufs cassés sur les crânes trempés, des nuages de farine, des groupes de vieux apeurés sur les aires d'autoroutes me fait déjà frémir.

Il est 7h30 mon brave journal, une heure trop matinale pour le bon 2A que je suis, habitué aux matinées cha-leureuses aux côtés de ma sainte couette. Dans la froide bise de ce début d'automne, je rejoins cette horde acharnée aux si belles couleurs provençales, intitulée sobrement STAFF. Tous sont parés, motivés, chauffés à blanc depuis deux semaines pour ce week-end pareil à aucun autre. La vision des bouteilles en plastique et leur contenance douteuse me fait sourire, c'est parti.

A notre arrivée à la belle Rotonde, le regard apeuré des Bizuts (Ndlr: Bizut n.m. : esprit candide qui sait per-tinemment qu'il va prendre cher, mais qui fait quand même un joli chèque pour se faire entarter la gueule tout le week-end) me rappelle de joyeux souvenirs. Ils sont déboussolés, ne sachant comment réagir à nos chants si souvent répétés.

Très vite, après un joli bordel organisationnel comme seul en est capable le BDE, tout le monde est dans le car. Quel beau métier que celui de chauffeur de car ! Conduire une aussi belle bande d'abrutis surexcités n'a pas de prix. Au bout d'une demi heure, tous les bizuts connaissent les chants. Une heure plus tard tous sont a moi-tié dénudés, enivrés sans même avoir encore bu, et scandent les chansons les plus salaces de leur répertoire.

L'arrivée au centre, dans un décor génial au milieu des montagnes de la Drôme, est un moment crucial du WEI. Les bizuts, affamés, courbaturés, prient pour qu'on leur serve un mauvais sandwich au jambon. Nous on s'en fout. Debout sur les tables, épuisés mais trop excités pour le montrer, nous sommes beaux.

Puis commencent les jeux. Sous une pluie diluvienne, dans des conditions dantesques, les hostilités com-mencent. A mon stand, les bizuts courent comme des dératés dans un parcours du combattant glissant, après avoir ingurgité d'un trait un jaune trop marron. Trop peu tombent a mon grand dam sadique, et tous retiennent la bile qui veut s'échapper d'eux. Lorsque je regarde autour de moi, je vois les autres stands. Quelle belle ima-gination que celle de notre cher BDE. Ici, des bizuts aux yeux bandés cherchent une clé imaginaire dans des mélanges dont la couleur et l'odeur auraient fait pâlir le plus crasseux des lépreux. Là, ils glissent en criant sur une bâche trempée, finissant en roulant dans la boue. Les bizuts puent l'oeuf, la mayonnaise et le poisson pas frais. Quel pied !

Les épreuves terminées, je suis plein. Plein de bonheur bien sûr. Mais surtout plein comme une barrique. Je me retrouve je ne sais comment à danser, en transe, complétement trempé, aux côtés des quelques bizuts résis-tants à l'appel de la douche. Les autres sont les pires des petits joueurs.

Va s'en suivre l'heure la plus longue de mon existence. La douche salvatrice, puis l'errance dans le centre avec des bizuts/zombies qui attendent impatiemment le point d'orgue du week-end: la soirée « A poil et à plume ».

Le repas passe vite mais fait du bien, quelques bizuts trouvent encore des forces pour chanter, dont un inépui-sable qui doit encore s'époumoner à l'heure qu'il est. L'adage bien connu « manger c'est tricher » ne marche pas ici. Dommage, ça aurait été drôle.

Il est 21 heures, les bizuts affluent dans leurs plus beaux déguisements. Ils ont été bons. Je trouve donc dans une liste non aixhaustive: deux frères rabbins extrêmement poilus, un Borat des mieux imités, une bande de

Le Journal D’un 2AL’incroyable récit du WEI 2012 par un habitué de la sorte. Retour sur un Week-end mouvementé.

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Dracula de Bram Stoker (1897).

Le Vampire est l’œuvre qui véritablement intro-duit le mythe du vampi-risme.

Carmilla de Sheridan le Fanu met en scène pour la première fois une femme vampire, qui de plus révèle des penchants lesbiens, déchirée entre son amour et sa mortelle attirance pour la jeune Laura. L’auteur irlandais relate avec grâce et vo-lupté les aventures de la comtesse von Karnstein, alias Carmilla, vampire féminin dont la particu-larité originale est de se repaître uniquement de sang féminin. La célèbre gravure illustrant cette œuvre revèle explicite-ment le double rejet du contenu de l’ouvrage dans une Grande-Bretagne du XIXème très conserva-trice : on y voit Carmilla sur le lit de la belle Laura endormie, l’observant avec langueur. En ar-rière-plan on aperçoit le père de Laura, serrant entre ses mains une épée de forme explicitement

phallique. Marjolaine Boutet y a vu ici l’expres-sion claire d’un rejet de l’homosexualité, surtout féminine ainsi que l’affir-mation du modèle patriar-cal en vigueur. D’autre part, Carmilla, première femme vampire de l’his-toire de la littérature pa-raît fragile et faible, sans commune mesure avec l’image en vogue du vam-pire.

Lorsque Bram Stoker publie son Dracula, en 1890, la mode du vampire est en recul en Europe, hormis en Angleterre.

En 1967 sort Le Bal des Vampires, de Roman Polanski, qui exhibe des vampires aux caractères presque humains, possé-dant chacun leurs particu-larités et leurs faiblesses : l’un est sourd, l’autre homosexuel, le troisième aveugle. Polanski veut casser les codes, et faire régner dans son film une certaine anarchie. En proclamant à la fin de son film la victoire des vam-pires sur l’humanité,

il inverse le cours des choses, et s’oppose à la conception sociale ha-bituelle du sort réservé au vampire. Le vampire commence à s’efféminer, voir à s’affranchir de l’appartenance à un sexe donné. Il n’obéit à aucune règle, voir les transige par provocation. Nous nous rapprochons de la révolu-tion sexuelle des années 70, et de l’affirmation de la cause homosexuelle. C’est la nouvelle ligne de conduite du vampire moderne : il est beau, il est sensible, il est torturé par une situation qu’il n’a pas choisi. Oui, nous entrons dans l’ère de la défense des minorités, de la promotion des diffé-rences, de la lutte contre la discrimination sous toutes ses formes. Pre-nons l’exemple de Buffy contre les vampires : Buffy est UNE tueuse de vampire, incarne l’image d’une femme forte et do-minatrice (influence amé-ricaine des années 2000), presque protectrice face à son (petit) ami Angel, le vampire ténébreux mais déchiré entre sa nature et sa conscience.

L’exemple le plus extraor-dinairement explicite du vampire victime de sa nature, torturé, fondamen-talement bon et vertueux, beau et séduisant, sombre et ténébreux, talentueux et distingué, nostalgique d’un temps passé… vous l’aurez deviné, c’est : Edward Cullen ! Le ô combien célèbre vampire de la trilogie de Stépha-

nie Meyer, Twilight, ne vous déplaise. Edward est un vampire, mais il ne boit pas de sang humain, refuse de faire l’amour avant le mariage avec sa belle Bella, véhicule les valeurs d’un autre temps, qui, au passage, appa-raissent implicitement comme plus vertueuses. Pour la première fois, le vampire est au-dessus de l’humain en tout point, même moralement. Sté-phanie Meyer renverse de la manière la plus com-plète possible les rapports entre vampires et être hu-main, tout en véhiculant les idées d’une Amérique mormone, plus conser-vatrice et puritaine, qui milite pour un retour à un cadre social plus stricte.

Notons enfin que s’est développé en compéti-tion avec le modèle twi-lightien du vampire, un vampire trash, explosant toutes les normes de la société, alternant entre sexe, violence, vulgarité, situations extrêmes, dans la série True Blood. C’est l’autre côté de la société américaine, sans limites parfois jusqu’à la dérai-son. Néanmoins, et pour la première fois, deux visions du vampire sont confrontées à une même époque : à vous d’y voir l’interprétation qu’il vous plaira !

Le Bal Des Vampires, Roman Polanski (1967)

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L ‘ A I X P R E S S I O N

Vampire : créature lé-gendaire d’apparence humaine qui se nourrit du sang de ses victimes pour en tirer la force vitale qui lui permet de rester immortel, ou plutôt non soumis à la vieillesse.

Tout le monde connaît le mythe du vampire. Il est devenu une figure in-contournable du folklore et légendes populaires, et c’est en ce sens qu’il peut être objet de la pop philosophie. Comment philosopher à partir d’un personnage instrumentali-sé, commercialisé, narré, filmé, imité, condamné et finalement totalement banalisé par nos sociétés ? C’est bien là l’intérêt pop philosophique sur lequel

s’est arrêtée la philo-sophe Marjolaine Boutet : interpréter de manière philosophique l’évolution de la figure du vampire depuis l’Antiquité, et la mettre en parallèle avec l’évolution de la société et de ses représentations. Le vampire, de par le statut que la société lui attribue à un moment donné, s’en fait en fait le reflet des peurs et des fantasmes refoulés d’une société donnée. C’est le chemin philosophique que Mar-jolaine Boutet a choisi de suivre pour nous en cette orageuse soirée du 27 octobre au théâtre de La Criée, à Marseille.

Le mythe du vampire, outre sa métaphore sexuelle, revêt un grand

potentiel dramatique. Il symbolise, selon les périodes de l’histoire ou l’imaginaire du metteur en scène, des dangers différents tels que des sectes secrètes, diverses invasions ou encore des menaces d’ordre poli-tique. Dans tous les cas, le vampirisme représente pour l’humanité un fléau à combattre, une marginali-té, un contraire social qui menace l’ordre du monde.

Le mythe du suceur de sang remonte aux plus anciennes civilisations humaines telles que la Mésopotamie, l’hé-braïque, la grecque, la romaine… Ce n’est qu’à partir du XVIIIème siècle que le mythe du vampire prend vraiment forme. Il était jusqu’alors considéré comme un esprit mauvais. Mais à la Renaissance, avec la fixation écrite des légendes orales, notam-ment du folklore slave l’existence du vampirisme va être officialisée. La fic-tion du vampire qui prend de l’ampleur lui prêtre

l’apparence d’un aristo-crate élégant et raffiné au teint d’une pâleur de mort et aux longues ca-nines acérées. Néanmoins les figures du vampire à cette époque ne comptent aucune femme vampire à leur actif.

La peur du vampire en France atteint paradoxale-ment son apogée en plein Siècle des Lumières et du rationalisme, mais le peuple sera vite ramené à la raison par une foule de savants, philosophes et même hommes d’Eglises.

Le mythe du vampire re-vient sur le devant de la scène au XIX et XXème siècle, d’abord introduit par la littérature puis repris par le cinéma, la BD… En dépit de cette explosion de romans et nouvelles sur le sujet, trois œuvres majeures ont marqué l’histoire du vampirisme : Le Vampire de John William Polidori (1819), Carmilla de She-ridan Le Fanu (1872) et Dracula de Bram Stoker

La conférence Pop Philosophie par Alix Boyer

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Here comes the season of mists and mellow fruitfulness. It seems that Autumn is at war with the rain, and as the Au-tumn-win dispels the clouds in the sky, we all pursue our student’s life as it should be. «It should», what an irritating yet essential concept.

The life of a student at Sciences Po «as it should be» could be summarized by: going to class, attend some parties, get involved in some societies and sweat in sport session. I am generalizing of course, but the feeling I get is that we tend to get stuck in some sort of routine and we forget some extremely important features of the existence of a student (or human in general): be foolish, creative and hungry all the time. You might recognize there the main advice Steve Jobs gave during his speech at Stanford University in 2005 (if you haven’t read it yet, I am begging you to do so right now).

Naturally, we need to study and focus on our future but what about turning completely insane and wild? What about feeling creative, trying out something totally new or loosing ourselves in the uncertainty of tomorrow.

I know you may think: «What on earth is she talking about?», but let me develop my flash of inspiration.

When you arrive at Sciences Po in the morning you meet your friends, you talk about what’s going on tonight or what happened last night; who is cheating on who and who is having a crush on this dark-haired fourth year. Then you see your best friend who complains about his essay in Culture Générale and how he didn’t get to sleep the whole night to finish it. Oh and have you done the presentation for the English class? What about next year, where do you want to go? I cannot believe the exams are in a month, I haven’t started reviewing at all!

I just want to say «pause» for a minute to all of this talking. I am aware that all of that is important and part of our lives, but don’t you get bored sometimes? I am sorry to say that but the only guy who appears to be «less conventional» is the grandpa with his paintings in front of Sciences Po.

Well, I might have a solution for you to bring some sparkle and brightness into your life.

We are all aware that nowadays, we are face to the crisis of representation. Researchers and scholars are struggling to renew their questions and methods in politics and every

humanities and social sciences. Therefore, in order to meet today’s challenge, to compose an exciting world and to create a liveable and entertaining shared space, I believe that we must open ourselves to the Art. We must rekindle what has always been, in my opinion, the greatest trea-sure in humanity: the capacity to lose your way through the twist and turns of your imagination and your endless creativity.

It is well known that all the great inventors have had a ba-lance in their lives between thinking, inventing, working, creating and playing. Take for example Leonardo Da Vinci (I know it’s a pretty big name), Aristotle, Francis Bacon or Isaac Newton; those genius were able to switch from madness to seriousness. I am not saying that everyone is capable to be a polymath, I am just suggesting that we should always look at the overall picture of our world in all its frenzy.

Never lose our spontaneity to cross the borders as it will inspire us the greatest meaning in life.

Statistics about drawing show that people do not draw enough. We were all born with this incredible capacity to express ourselves via illustration and it is supposedly as essential as speaking: let’s draw again then! Who cares if your teacher said your lines were clumsy in primary school, or that you stopped painting a while ago when you thought that your sister was way much better than you. Take a pencil and a piece of paper and start a sketch of whatever cross your mind.

Have you ever had the feeling at one point in your life when you felt completely alive? Like when you are sky-diving or doing something forbidden? Don’t you want to have more of these precious experiences that make you, I am sure, a better student and a better thinker? I believe you can by bringing more art and spontaneity into your life. Do the things you always wished to do but never dared to; dance the twist at a party even if no one is, start painting while you are totally drunk, do some sculptures or write a screenplay, so what if it’s 5 degrees and you want to take a bath in the fountain?

Be the artist of your own life in bringing colours and light to your own existence.

If you do so, or at least try so, I promise you that Autumn and Winter will seem less dark windy and that the acade-mic year will be full of surprises and unexpected sensa-tions and vibrations.

Let’s all be artists, let’s all be foolish and let’s all feel infi-nite as it «should be».

Stay creative and stay foolish

By Camille Pellicer

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L ‘ A I X P R E S S I O N

Dans la continuité de ces interrogations pop’philoso-phiques, nous nous penchons avec le philosophe Raphaël Enthoven sur la question de l’Art.

C’est avec l’exemple burlesque de la « baignoire de Dort-münd » que le sujet affleure. Le 21 octobre, une employée du musée de Dortmünd a nettoyé l’œuvre de Martin Kippenberger, baptisée « Quand des gouttes d’eau com-mencent à tomber du plafond », et qui n’était en réalité qu’une simple baignoire sale valant la modique somme de 800 000 euros.

Peut-on blâmer cette personne qui n’a vu en cette extraor-dinaire œuvre d’art qu’un grand récipient sale ?

« C’est de l’art contemporain, tu peux pas comprendre ». Un art qui a besoin de s’expliquer est-il vraiment de l’Art ? En réalité, l’acte créateur se concentre uniquement sur le détournement de la fonction utilitaire de l’objet en une œuvre artistique. La quintessence même de l’Art est alors dévoyée, puisque nous en revenons à son idée plato-nicienne, qui lui attribue une fonction.

L’artiste contemporain cherche en effet à rendre beau notre quotidien, à mettre en exergue le caractère artistique des objets les plus triviaux. Par une sorte de mouvement transversal, on s’empare de la banalité pour nous la re-vendre 100 000 fois plus cher. Ah, mais c’est passé entre les mains de l’Artiste, comprenez-vous. N’est-ce pas un peu vaniteux de se consi

dérer comme le médium de la Beauté ? Car si cette bai-gnoire était restée dans notre salle de bain, personne n’au-rait trouvé à redire sur son caractère purement prosaïque.

In fine, le spectateur a plus de travail à effectuer que l’ar-tiste. Il doit tenter de comprendre la visée de l’action, le rendu de l’œuvre et le paradoxe entre l’apparente ineptie de la chose et le soi-disant génie créateur jaillissant d’une motte de beurre. OuiOuiOui, en 1986 dans le même mu-sée de Dortmünd, l’artiste allemand Joseph Beuys avait également vu son œuvre – une motte de beurre suintante - mutilée par une femme de ménage à coups de chiffons et de Kleenex.

Bergson disait : « Nous ne voyons pas les choses même, nous voyons les étiquettes qu’on a posées sur elles. » La baignoire se rêve œuvre d’art, on la fantasme telle qu’elle ; l’artiste tente de lui coller une autre étiquette, mais rien n’y fait : c’est une baignoire.

L’hermétisme de l’art contemporain provient de cette contradiction : nous devons nous creuser la tête pour comprendre, et pour ressentir le Beau émaner d’un objet simplement utilitaire. Certes, la spécificité de la démarche et sa singularité pourrait en faire son originalité et par là-même sa légitimité ; mais cela ne la sauve même pas, puisqu’après de longues tergiversations internes, et la –vaine- tentative de s’imprégner de l’inspiration céleste et purement incompréhensible de l’artiste, on en revient tou-jours au même constat : c’est une baignoire.

L’Art contemporain est-il vraiment de l’Art ?Par Julia Descosse

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profils étudiants sont très riches et ce n’est pas seulement la bouteille de Ricard qui nous réunit. Ainsi, la vidéo montrée aux 1A lors de la pré-rentrée n’est pas révélatrice. Elle té-moigne certes du talent du BDA, mais pas de son imagi-nation, ni de son originalité. Ne peut-on être drôle que par le prétexte de l’alcool ?

Loin de moi l’idée de prohi-ber la consommation ou de prétendre être un modèle de sobriété. Mais simplement, chaque soirée doit-elle se ter-miner en réveil difficile ? Il serait intéressant d’établir des statistiques portant sur le nombre d’étudiants vomissant après chaque soirée …

Je ne prône pas une alternative fraise Tagada / coca, simple-ment une consommation moins visée pour elle-même (« viens, on fait un apéro avant la soirée pour se mettre bien »), mais plus comme prétexte pour être avec les gens que l’on appré-cie.

Cette thématique n’est évi-demment pas spécifique à notre chère maison et est bien plus problématique dans d’autres écoles. Par exemple, à l’ESSEC, un pourcentage (ultra minime heureusement) d’étudiants devient alcoolique et pratiquement chaque stand de leurs WEI se voit affublé d’un stand de la Croix Rouge.

Cependant, rien ne nous em-pêche de relever le niveau et de chercher à braver d’autres limites que celles de notre foie.

Pauline Nales.

Il fait grisâtre sous le ciel maussade de notre belle cité, un gentil crachin se fait sentir sur nos têtes dépitées par une se-maine de partiels... oui, c’est la fin du se-mestre (hiver ou printemps, peu importe, les semaines de partiels ont une tendance lourde à être grises et maussades), vous sortez de l’IEP après avoir foiré votre épreuve de [ ] (remplir les parenthèses avec la matière correspondante), vous ressassez vos erreurs mais qu’à cela ne tienne, la post partiel n’attend pas ! Vous retrouvez vite le sourire, il est 16h, apé-ro time, et il faut commencer à boire ! Mais voilà que vos pas hasardeux hé-sitent : allez, il s’agit de marquer le coup, c’est pas tous les jours qu’on re-double, une simple bouteille de pastaga risque fort de ne pas suffire cette fois-ci, et vous êtes lassés de ces bars puants et tristounets... Non, cette fois vous voulez boire au grand air ! Chance, voilà que les nuages s’écartent : le dieu de la débauche sourit sur ses ouailles, et décidément, cette journée s’annonce particulière... Vous voilà en train d’avancer d’un pas nonchalant mais néanmoins décidé, gui-dé par la seule Providence vers Dieu sait-où. La 3A vous siffle peut être déjà dans les oreilles, vous voilà à côté de la gare routière sans trop savoir quoi y faire : les habitués sauront que le quartier est pas folichon, y’a bien deux ou trois faux kebabs mais bon c’est pas top quoi. Vous êtes désoeuvrés et perdus, mais voilà que la silhouette du Pavillon Noir, tantôt en-traperçue d’un coup d’œil lointain, plus souvent vantée par un membre fanatique du BDA essayant frénétiquement de vous vendre un truc culturel (mais très peu pour vous, le mainstream ça vous gonfle), vous tend les bras. Poussé par une curiosité fort peu naturelle un soir de post-partiel, vous décidez d’y aller. Soudain, une affiche sous les arcades puantes de la gare vous attire : une épice-rie caucasienne sauvage apparaît ! Vous

êtes intrigué, vous voyez qu’ils vendent de la bière (ça fait autre chose que de la vodka dans ces pays-là?), vous décidez d’y jeter un coup d’œil. 1€50 la pinte, ça se refuse décidément pas. Vous appelez vos potes, vous voilà parti avec 10 bouteilles d’une bière russe étrange à la main. Les étiquettes ne se ressemblent pas toutes, vous n’êtes pas rassuré, le vendeur vous a vendu avec un air insistant celles qu’il a désignées comme étant les plus fortes, et de fait un grand « 9 » orange barre ma-ladroitement le milieu de l’affiche. En dessous, le nom de la marque : Baltika. Soudain, le pavillon noir, et vos potes qui vous regardent d’un air dubitatif, vous et vos 5 litres de bières. Vous remarquez des escaliers : tiens, apparemment on peut monter au sommet du Théâtre Na-tional de Provence. Vous accomplissez la longue marche éreintante, et, surprise, vous n’êtes pas déçu : une magnifique vue panoramique d’Aix-en-Provence vous attend. Vous profitez de l’instant, le vent joue dans vos cheveux, vous vous sentez bien et détendu... et voici le mo-ment de vérité. Un geste de la main, et vous voilà le goulot dans la bouche. La détente s’installe, vous bavardez tran-quillement, et vous vous asseyez... Une heure plus tard. Le soleil se couche, il est trouble. Hum ? Etrange. Vous es-sayez de vous lever... Ah bah non. Vous soupçonnez vaguement quelque chose en jetant un œil sur les cadavres de bouteilles, mais même ce petit effort de concentration vous en coûte. Votre conscience disparaît peu à peu dans les limbes de la Russie orientale, les cosa-ques marient leurs chants avec les pou-pées russes, Staline en arrière-plan, les kolkhozes, les vidéos YouTube, Poutine en ballerines... : mais comment avez-vous pu vivre si longtemps sans ce sym-pathique petit peuple slave ? Et, tandis que les chants communistes se fondent dans votre tête, votre joyeuse bande se met à danser spontanément la polka, et c’est sous l’œil intrigué des passants que vous partez pour la meilleure post-partiel de votre vie.

Olivier Coulaux.

Une ode a la Baltika

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L ‘ A I X P R E S S I O N

« Quoi ?! Mais même pas une bière ? » La réaction de la plupart des personnes lorsqu’on leur annonce qu’une certaine Juliette ne boit pas en soirée est révéla -trice : une soirée sans alcool ne semble pas naturelle et de toute façon le triptyque alcool/ clope / soirée est le sacerdoce de toute vie étudiante. Soit, voilà un lieu com-mun.

Là où il devient dérangeant, ce n’est pas tant qu’il s’institue en tant que norme (comme ce fut déjà le cas du temps de nos parents), mais plutôt qu’il conditionne la réussite de chaque évènement so-cial de l’IEP. Ainsi, le plus alcooli-sé est souvent celui qui aura passé la meilleure soirée (à condition qu’il s’en souvienne) et on en’-tend que trop souvent des phrases type : « t’étais pas bourré ? Pas étonnant que tu te sois ennuyé ». Cela est à nuancer : on ne boit certes pas de la même manière à toutes les soirées, mais fait est que les « grosses beuveries » reml-placent de plus en plus les « petits apéros posés ».

Mais si l’alcool est un moyen de passer une bonne soirée, il devient surtout une fin en soi. En témoigne la vidéo pré-WEI et d’ailleurs plus généralement toutes les der-nières vidéos de vie estudiantine. Dans ces dernières, il est toujours question de se mettre une mine, de

s’exploser le foie, de finir nu dans une fontaine et finalement de tout oublier sauf son mal de tête. Le compte-rendu (exhaustif) qu’une 1A revenant du WEI m’en avait fait le souligne: « euh, le WEI ? C’est comme si j’y avais pas été haha, gros trou noir». Preuve en est également un extrait du mail envoyé par le club Oeno pour dé-crire sa soirée beaujo’ :

« La soirée Beaujolais est un moment marquant de l’année…pour ceux qui s’en souviennent. A cette soirée d’anthologie, nous convions… Toi, le 1 è année avide d’expériences en tout genre […] Toi, 2è année plein de péchés… Toi qui ne te souviens plus de la soirée de l’année dernière… Viens expier tes péchés et draguer du 4A tout frais en montrant ton amour pour le rosé. »

L’excès devient absurde : c’est payer des litres d’alcool pour ne se souvenir de rien ou pour perdre son temps à se faire raconter les différentes étapes de sa soirée – ce qui revient finalement à la vivre par procuration (« souviens-toi t’as es-sayé de faire manger ton sandwich au sanglier place Richelme, après avoir débattu pendant 20 minutes avec un poteau pour savoir ce que ça lui faisait de se faire pisser des-sus par des chiens ».). S’il est vrai que cela permet de se gausser du ridicule de l’imbibé, ça n’en reste pas moins préoccupant : l’alcool est un prétexte pour « être plus sociable », se désinhiber et finale -ment dire et faire n’importe quoi.

D’aucuns diront que tout cela n’est pas forcément négatif, et chacun gère évidemment sa consomma-

tion comme il le souhaite. Ce qui m’apparaît réellement alarmant en revanche, est que l’alcool condi-tionne totalement les soirées. Plus qu’un moyen de passer une bonne soirée, il devient LE vecteur d’am-biance. Je me base sur un post pu-blié sur Facebook afin d’illustrer cela : « Rien de mieux pour bien commencer la semaine qu’une bonne grosse murge […] Au vu du nombre de personnes ayant ac-cepté notre invitation et pour qu’il n’y ait pas de pénurie d’alcool pendant la soirée: ne ramenez que des alcools forts (bières et vins proscrits) 2 pers = une bouteille + diluants. C’est le ticket d’entrée.»

Il est normal que les frais soient ré-partis entre tous les « clubbeurs », mais en clair, pour aller à cette soirée, mon choix d’alcool et plus généralement de boisson n’est pas libre. De plus, cela démontre que le but premier est celui de finir soûl avant celui de passer un bon moment avec ses amis. Risque de « pénurie d’alcool » et alors ? S’il n’y a plus d’alcool et que les gens partent, c’est qu’à priori les gens n’étaient pas venus pour ceux qui recevaient mais bien pour boire. A fortiori, cela signifie que la soirée n’était pas digne d’intérêt.

L’intérêt de nos soirées n’est-il plus que lié à l’alcool ?

Il serait donc peut-être temps de donner une autre image de notre vie étudiante ; celle-ci ne se réa-sume pas seulement à une beu-verie sans fin comme certains ai-meraient à le penser : on y fait des rencontres (amoureuses parfois), du sport, on y débat, notre vie as-sociative est bouillonnante, les

Le diktat de la Vodka

NOS BILLETS D’HUMEUR Entre coup de gueule et éloge, la grande place accordé à l’alcool dans notre petite ville est perçu avec désarroi ou lyrisme, l’ethanol Russe étant la star du débat. Pendant ce temps la cause animale trouve un échos à son combat dans notre journal. On aime bien mêler les genres à l’Aixhaustif.

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Je passerai sur le ton légèrement condescendant, systématiquement réservé aux défenseurs de la cause ani-male - et cette fois-ci je n’y ai pas échappé. Disons que je commence à en avoir l’habitude.

Si la majorité de la population française est contre la corrida (ce sur quoi les sondages sont partagés), il est donc d’autant plus «fashion» d›être un aficionado. Car c›est bien de cela dont il est question : sortir de l’ordinaire, faire décalé. Être politi-quement incorrect, c’est cool. Rappelons que l’esthétique tau-romachique est un des thèmes fétiches de Christian Lacroix... Il faut dire aussi que la cause animale n’est vraiment pas à la mode : tous des hystériques illuminés amoureux des animaux... Ils sont bien sympas, mais ils sont un peu ridicules quand même.

«Les déchets humains, soûls et titubants dans les ferias sont suffisants pour prou-ver qu’il n’y a rien de très noble dans cet

« art » de la corrida...» Et puis, en fait on ne veut pas trop se poser la question de la condition animale, parce qu’au fond on préfère voir les animaux asservis, ça nous fait nous sen-tir humains. Sauf que ça, ce n’est pas vraiment avouable. Mais la lutte contre la corrida ne se base pas sur une égalité homme/taureau. Pas besoin de considérer un être comme son égal pour ne pas avoir envie de le faire souffrir. La barbarie ne peut avoir aucune justification. Et le fait que les animaux puissent souffrir par ailleurs n’en est pas une. Car le plus sou-vent, la lutte contre la corrida va de pair avec la lutte contre toute souffrance animale : et je me bats tout autant contre les conditions d’élevage et d’abattage honteuses. Mais se nour-rir d’animaux est dans la nature et le besoin de l’homme. Les faire souffrir pour son bon plaisir ne devrait pas l’être. Ce que les aficionados refusent de s’avouer, c’est qu’ils ont besoin de ce plaisir, de cette jouissance malsaine pour se sentir homme. Soumettre, petit à petit l’animal, jusqu’au coup de grâce; et se prouver à soi-même et à d’autres qui est le plus fort, qui de l’homme ou de la bête en a le plus dans le pantalon (car les toreros sont des hommes dans la majorité des cas). Mais quel besoin bas et brutal... Bestial même. La corrida serait un art, travaillé et noble ? Sommes-nous obli-gés de faire souffrir pour trouver le beau ? Les musées, les concerts, les spectacles (n’incluant pas de torture et de mise à mort) ne sont-ils pas faits pour ça ?

Sommes-nous réellement en train de com-parer la « beauté » d’une corrida à la force et l’émo-tion que peut dégager une œuvre de De Vinci, un nocturne de Chopin, un poème de Baudelaire ? Justement, ce qu’on reproche à la corrida est d’être aussi tra-vaillée, et de ne pas être une simple exécution primaire. Si

seulement l’animal était tué rapidement... Mais non, d’abord on l’épuise, on le fait tourner en bourrique, on l’observe s’affaiblir, banderille après banderille. Et enfin, lorsqu’il est vraiment trop faible, lorsqu’on ne peut plus rien en tirer, qu’il n’a plus la force de se battre, que le « spectacle » n’est plus intéressant, somme toute ; on lui donne le droit de mou-rir. La corrida me dégoûte, elle me choque et m’écoeure. Elle me renvoie une image souillée de l’Homme, en proie à ses instincts les plus primaires et les plus sordides. Les déchets humains, soûls et titubants dans les ferias sont suffisants pour prouver qu’il n’y a rien de très noble dans cet « art » de la corrida... Qui du CRAC ou de l’aficionado devient alors « terroriste culturel » ? Un lieu de rencontre, de partage et de rassemblement ? Un bon prétexte pour s’enivrer jusqu’à plus soif surtout. Vous trouvez-vous très humains alors ? Osez-vous dire que votre esprit pensant peut encore vous distin-guer de l’animal ?

L’argument de la culture et de la tradition est toujours avancé par les pro-corrida. C’est même le plus utilisé. Pour-tant, c’est pour moi le moins efficace de tous. Car la tradition ne justifie rien. On s’en sert quand elle nous arrange, on la rejette lorsqu’elle nous gêne.

Depuis quand une société doit-elle rester fidèle à toutes ses traditions, sous le seul prétexte qu’elles en sont ? Heu-reusement que notre société a su se débarrasser de ses tra-ditions encombrantes ! Notre culture serait donc celle de la souffrance et de la mort... Alors je ne m’y identifie pas. On nous accuse de préférer l’animal à l’homme ? Mais pourquoi ne pas dépenser votre temps et votre argent dans une cause caritative ou humanitaire plutôt que dans ce « spectacle » ? La défense de la corrida n’empêche en rien la bataille contre la souffrance humaine. Bien au contraire, si on est capable de s’engager dans une cause, on peut défendre toutes les autres. Et je serai curieuse de savoir combien d’aficionados donneurs de leçons s’engagent pour aider leur prochain...

Ne prêtez pas aux défenseurs des animaux des pen-sées et des intentions qu’ils n’ont pas. Si vous êtes un aficio-nado, vous ne pouvez pas comprendre ce qui nous anime, le fondement de notre pensée, ne parlez pas pour nous. Il n’est pas question de préférer les animaux aux hommes. Ni même de les mettre sur un pied d’égalité. Au contraire, il s’agit de montrer la part d’humanité qui est en nous, même de prouver que nous pouvons être supérieurs aux animaux, si ça peut vous faire plaisir. En évitant de faire resurgir nos instincts les plus vils, et en faisant preuve de compassion. Car, même si les animaux ne sont pas dotés de pensée ils ressentent la peur et la douleur. Et ce n’est que se montrer humain que de refu-ser la barbarie, quelles qu’en soient ses formes d’expressions. La corrida en est une. Soyez humains, rejetez-la.

Adélaïde Tenaglia.

CORRIDA : POUR OU CONTRE?

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Depuis le temps que je patiente dans cette chambre noire… il était grand temps que j’en sorte. Combien de bri-mades, de regards vipérins, de chiquenaudes malveillantes et de haussements d’épaules dubitatifs ou hostiles ai-je dû endurer pour parvenir enfin à rompre ce silence. J’ai douté aussi. « Pourquoi moi ? », « pourquoi suis-je différent ? ». Le plus dur fut de l’avouer à mes zoophiles de parents. Si-lence assourdissant d’abord, puis, la moutarde leur montant au nez, ces derniers furent pris de tremblements terribles, accompagnés de petits sauts de cabris grotesques. Je vous passe les détails de ce psychodrame familial qui s’est soldé par la sempiternelle interrogation de tout parent en proie à une crise d’ado (tardive pour ma part), criée à la cantonade du haut de mon balcon : « Qu’est-ce qu’on a bien pu faire au Seigneur pour enfanter un tel monstre ? ». Mais aujourd’hui c’est décidé, j’assume mon « vice », ma « barbarie », ma « perversion » (rayez la mention inutile) et fais mon coming-out tauromachique: Oui, j’aime la corrida.

«Car la corrida émeut, enivre, surprend et choque aussi. N’est-ce pas le propre

de l’Art ?»

D’aucuns diront que mes souffrances sont factices, que le contexte va en ma faveur, les Sages ayant rendu un avis favorable quant à la compatibilité de la tauromachie avec la Constitution, et qu’ainsi, je ne me mouille que trop peu. Certes, les choses ont changé dans mon quotidien d’aficionado. Au diable les tenues de camouflage sur le trajet vers les Arènes, terminée la dissimulation minutieuse de mes « Toros maga-zine » sous un matelas ou un tapis dès lors que je recevais des invités, fini ce sentiment honteux et coupable après le dernier coup d’épée. Mais si le Conseil constitutionnel nous a donné raison, la majorité des français reste hostile à nos traditions. Car le matraquage des opposants à la corrida commence à obtenir de bons résultats, à force de coups médiatiques rassemblant tout l’attirail du parfait entrepreneur de cause : sit-in non violents pour « faire entendre la voix des tau-reaux », tractage à la sortie des écoles, opérations coup de poing et même campagnes d’affiches montrant un homme, transpercé de banderilles, histoire de nous faire comprendre qu’entre une corrida et un meurtre de masses il n’y a qu’un pas. Non, chers amis « ecofriendly-SPA-brigittebardotistes », nourris dès votre plus jeune âge d’une pâtée d’anthropo-morphisme, nous ne sommes pas sanguinaires et les toros ne sont pas nos semblables. Si cette allégation ne justifie en aucun cas tout acte de barbarie commis à l’encontre d’un animal, y penser peut tout au moins désamorcer votre haine. De plus, ce que les « antis » ne disent pas du spectacle, ou ce qu’ils tentent de camoufler, par une argumentation sou-vent douteuse, simpliste et mal étayée, est multiple : La cor-

rida ne s’apparente en rien à une exécution sommaire. Les taureaux de combat sont des animaux robustes, élevés dans de vastes et verdoyants pâturages camarguais ou espagnols. Ils y passent la plus grande partie de leur vie avant d’être finalement conduits dans l’arène et ne souffrent pas plus que les bêtes destinées à l’abattoir. Il existe chez les aficio-nados un culte du toro, et nombreux sont les toreros qui, à la suite d’une mise à mort ratée, ont subi la bronca du public. De plus, la corrida est un art millimétré. C’est un véritable ballet, un opéra à ciel ouvert, qui fait appel à l’ensemble de nos sens : le soleil d’été, qui vient caresser l’habit de lumière du torero, fait étinceler mille paillettes ou broderies au fil d’or qui se lient à la poussière des sabots. Les passes sont réglées mais laissent au protagoniste suffisamment de liberté pour qu’il puisse rendre sa performance unique, grandiose. La musique y occupe une place primordiale et l’orchestre joue en permanence, accompagnant chaque pas de cette danse sur le fil du rasoir. La tension du public est palpable, le silence de rigueur. Pardonnez, je vous prie, mon lyrisme ridicule, mais je ne peux m’en défaire dès lors qu’il s’agit de parler de toros. Car la corrida émeut, enivre, surprend et choque aussi. N’est-ce pas le propre de l’Art ? Ainsi le Comi-té Radicalement Anti-Corrida (CRAC) en voulant bâillonner la corrida se fait-il grand inquisiteur et terroriste culturel… Ah qu’il est doux de siroter un verre de rosé, d’improviser un apéro-picnic tranquillement avachi sur les gradins enso-leillés, de venir s’imprégner de cette ambiance festive en fa-mille ou entre amis et de sentir justement ce verre de rosé, qui s’accompagne inévitablement d’un deuxième (puis, je ne vous le cacherai pas, du cubi entier, féria oblige) vous mon-ter un peu trop vite à la tête… C’est un spectacle peu com-mun qui se joue dans les « amphis » (les places les moins chères, tout en haut des arènes). Un échange constant, des rires, des moqueries parfois, mais toujours dans la bonne humeur. En fait, tout ce folklore contribue à unir des po-pulations d’origines sociales diverses, à les faire se ren-contrer, échanger et se comprendre sur l’autel d’une même passion. C’est un élément fédérateur indispensable au lien social, fragile dans les villes du sud de la France et un des évènements qui dynamisent l’activité touristique régionale. Marseille-Provence 2013 pourrait servir de tribune à cette culture controversée (Arles étant une ville taurine). J’en ap-pelle donc à tous les curieux, hostiles ou pas à cette pratique, à tous ceux pour qui la corrida est encore un objet obscur qui rime avec maracas, castagnettes et tapas : venez ! Venez voir un spectacle hors normes, enchanteur et relativement écono-mique (les prix des places débutent à un peu plus de dix eu-ros). Forgez-vous votre propre avis et ne soyez pas sensibles aux sirènes de défenseurs butés de la cause animale, qui en viennent à préférer la bête à l’humain. Félix Meysen.

CORRIDA : POUR OU CONTRE?

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Révélations sur le passé d’une des plus grandes créatrices de mode de tous les temps, peut-on accorder foi à ces accusations de collaboration ?

On la connaît pour avoir libéré les femmes de leurs corsets, révélé leur mollets, ou encore pour le lancement de son parfum my-thique, le Chanel n°5 en 1921. C’est également elle dont l’atelier rue Cambon s’est rendu célèbre à travers le monde, d’abord par la fabrique d’accessoires et de chapeaux, ensuite par celle du tailleur en tweed doublé de soie en 1928, et surtout de la pe-tite robe noire consacrée par Vogue, « uniforme de la femme moderne ». Chacun l’aura compris, la réputation de Gabrielle Chanel n’est plus à faire. En plus d’avoir révolutionné la mode et les styles, cette femme d’exception aura réussi à imposer sa marque avant-gardiste et à lui faire traverser les décennies. Comme si cela ne suffisait pas, le culte de Ma-demoiselle Chanel est encore entre-tenu avec maints et maints films tels que Chanel solitaire de 1981 ou le récent Coco avant Chanel de 2009.

Pourtant, dans chacun de ceux-ci, est omise une période de la vie de la créatrice, celle de l’Occupation allemande en France. Omise du moins jusqu’à l’année dernière. Le 16 août 2011 est sorti aux Etats Unis une nouvelle bio-graphie à aborder d’un tout nouvel angle. Dans Sleeping with the ennemy, Coco Chanel secret war, le journaliste américain Hal Vaughan révèle au monde, et ce à partir d’archives authentiques et déclassifiées, le passé de colla-boratrice de l’éternelle icône de la mode.

Celle-ci aurait en effet eu une relation avec le charmant et sophistiqué baron Hans von Dinklage, surnommé « Spatz », espion proche des nazis. Hal Vaughan ne s’arn-rête pas là dans ses accusations. Il explique également que la créatrice aurait profité du contexte de l’époque afin d’étendre son pouvoir. Plus grave encore, Chanel n’aurait pas été la créatrice du célèbre parfum n°5 ayant contri-bué au prestige de sa marque. Celui-ci aurait en effet été ravi par elle des mains de la famille juive Wertheimer, et Chanel en aurait fait un succès à son nom dans le monde entier.

De plus, celle-ci travaillant à Paris, elle avait l’occa-sion de côtoyer des personnes riches, même très riches, voire même des Allemands. Très tôt elle aurait partagé les valeurs de la haute société, marquées d’antisémi-tisme, d’aversion pour les syndicats, les socialistes, les francs-maçons et les communismes.

Face à de telles accusations, une personne telle que moi qui reste fascinée par Coco Chanel, son style, son mythe, sa vie, son ascension, la marque à laquelle elle a donné son nom et qui continue à perdurer à travers les époques et les tendances, ne peut que se demander si une telle biographie est seulement valide, ou si on peut y trouver une contestation. Or, ces écrits s’appuyant sur des archives originales, on ne peut nier leur authenticité. La créatrice se se-rait justifiée dans l’Express en déclarant que lorsqu’on connait une telle passion « à cet âge, on n’est plus regardant sur le passe-port de l’amant ».

Comment alors regarder sous ce nouveau jour cette icône qui, malgré ce qu’on peut lui repro-cher, n’en reste pas moins un personnagqe historique excep-tionnel ?

Une réponse peut être apportée en s’appuyant sur l’opi-nion de l’historien Olivier Milza qui a accepté de se prêter au jeu des questions-réponses. Selon lui, en se replaçant dans le contexte, Gabrielle Chanel a continué à travailler pendant la guerre…comme des millions d’autres français. Et dans les fonctions qu’elle occupait, vu les riches clients et les Allemands qu’elle côtoyait, elle a dû faire des choix. On peut considérer ce point comme véridique. Malgré tout ce que l’on peut reprocher à Cha-nel, quelqu’un de raisonnable aurait-il renoncé à son travail afin de marquer son opposition face à un régime de toute façon dominé par l’Allemagne nazie ? Pour être montée si haut, Coco Chanel n’a pu avoir d’autre choix que d’être opportuniste. Milza continue sur sa lancée en me répondant que pour lui, la mode constituerait surtout à « déboulonner des idoles » par dépit de ne pas en avoir de nouvelles. En effet, Chanel est loin d’être la seule à avoir été accusée d’avoir eu une période de son passé peu glorieuse. Ainsi, rien ne reste sûr malgré les archives et les biographies, surtout lorsque celles-ci servent à dessein la jalousie ou les sentiments de la foule cherchant de nou-

Coco ou collabo?

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L ‘ A I X P R E S S I O N

Contre L’euroscepticisme

“Hitler a failli avoir le Nobel de la paix c’est bien la preuve qu’il n’a pas de valeur. Le décer-ner à l’Union Européenne n’a pas de sens” di-ront les aigris souvent représentants d’une droite que l’on aimerait ne plus entendre aussi fort.

Mais ne les écoutons pas et sortons, pour une fois, du pessimisme ambiant. Pourquoi ne pas, juste le temps de quelques semaines -au moins-, se féliciter du chemin parcouru depuis une cinquantaine d’an-nées. Une époque où l’Europe se déchirait, encore une fois, autour de la France, l’Allemagne et l’Angle-terre, ces trois mini-superpuissances.

«l’Europe est toujours le conti-nent le plus riche» Les mêmes aigris diront que ce Nobel n’a pas plus de valeur que le Nobel d’encouragement d’Oba-ma. Mais, encore une fois, c’est une contre-vérité. Comment comparer un Nobel qui peut être quali-fié d’anticipation à celui qui récompense plus de soixante années de paix et de prospérité ? Rappelons que l’Europe est toujours le continent le plus riche d’un point de vue économique - loin devant l’Asie - même si le bulldozer Chine tire le continent trop vite. En attendant que l’on se mette tous aux nems, ils restent loin derrière. L’Europe est aussi le seul continent où l’on peut se déplacer librement, sans aucune entrave, sans contrôle aux frontières, sans murs. C’est un acquis dont nous profitons tous sans nous rappeler une seule seconde qui en est le garant : l’Union Européenne.

Ce prix Nobel ne vient-il finalement pas consa-crer un “European way of life” qui se construit lentement (trop parfois, certes) mais sûrement ? En 60 ans, jamais il n’a cessé de se renforcer, et ce, même pendant la crise, quoiqu’on en dise. Oui ! Ma-rine Le Pen, voyante à ses heures, le petit Dupont-Ai-gnant, ou le tout rouge Mélenchon nous prédisent pé-riodiquement l’effondrement de l’Euro pour diverses

raisons plus ou moins saugrenues, la fin de la machine bureaucratique européenne qui se servirait plus elle-même que ses 500 millions de citoyens… Pourtant, tout est toujours là, malgré l’ouragan dans lequel on se trouve depuis 2008. L’Union se paie même le luxe de se renforcer, le FESF en est une brillante démonstration.

«Candide n’est pas le maître à pen-ser des europhiles convaincus.» Alors non, cela ne signifie pas que tout est pour le mieux dans la meilleure des Europe. Candide n’est pas le maître à penser des europhiles convaincus. On ne peut faire autrement qu’agir par tâtonnement, certes. L’Union reste un édifice en construction, le premier de ce type.

La situation de la Grèce est peut-être, dans une cer-taine mesure, due à la politique de l’Union, celle de l’Espagne aussi, citons aussi l’Irlande et pourquoi pas l’Italie, sans parler des PECO... Peut-être. Toutefois, la seule certitude permise est que pendant les années qui ont précédé la crise et qui ont constitué une pé-riode de forte croissance pour ces pays, l’Union a été essentielle. Les fonds structurels, massivement ver-sés ont permis un rattrapage spectaculaire du niveau de vie. La libre circulation des marchandises a fait bondir le commerce intracontinental en assurant donc des taux de croissances soutenus à ces pays.

L’Europe n’en n’est qu’à ses balbutiements mais elle est, depuis sa naissance, notre meilleur rempart dans un monde en perpétuelle instabilité. Alors voilà ce que le Prix Nobel vient consacrer : plus de 50 ans d’efforts et une dynamique, parfois ralentie, mais tou-jours présente qui a su assurer notre prospérité, notre sécurité et surtout nos libertés.

Oui l’Europe est un succès et oui elle mérite son Nobel. Soyons fiers de ce que nous construisons.

Romain Boned.

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La première fois est une expérience unique, puisque de première fois il n’y en a qu’une. On peut la rater, et parfois la réussir. La première fois est unique dans son exclusivité et le manque d’expérience dont elle est le fruit peut en faire une force. Mais quoiqu’il advienne, elle prépare aux fois suivantes, à l’amélioration.

Le festival « La première fois » (du 16 au 19 octobre cette année) a présenté les premiers films documentaires de ci-

néastes novices. Trois documentaires projetés en amphi Cassin sur le thème « Femmes et Sociétés : entre liberté et tradition » nous ont dévoilé les doutes et les combats de plusieurs femmes, au sein de sociétés qui leurs réservent des places et des statuts variables.

Réussir à créer un documentaire qui fasse sens, c’est réussir à capter ces silences qui parlent autant que les dialogues ; ces regards qui disent autant que les gestes. C’est surtout être capable de montrer une réalité sensible et spontanée. Le documentaire c’est la réalité, il n’y a pas de scénario anticipé. « Le documentaire, la forme contemporaine de récit pour saisir le réel au-delà de l’apparence, plus loin que l’instant » (Edito de la présentation du festival).

Le réalisateur pour sa première fois a besoin de talent et peut être de chance, car qui dit absence de scénario dit présence d’inattendu et de surprises. N’est-ce pas plus beau encore ? Le documentaire n’est-il pas fait pour sur-prendre ? Car si en soi la vie n’est jamais linéaire, le do-cumentaire reflète une tranche de vie. De par son impré-visibilité, il surprend son réalisateur, dont la tournure du projet est inéluctablement modulée par les évènements qui surviennent, puis le spectateur plongeant aveuglement dans un monde inconnu.

Le festival « La première fois » qui s’est déroulé à Aix pour sa troisième édition présente les premiers documen-taires de jeunes réalisateurs, arguant la puissance de l’hon-nêteté de ces premières tentatives et la force de la volonté qui les motive à trouver les formes adaptées.

Alix Boyer.

« Tant qu’il y aura des premiers films il y aura

de l’espoir »

de Mirabeau les amis, alors faisons honneur à notre patri-moine et osons le déshabillé. Après tout, rien de telle que la courbe d’un fessier dans son abandon pour inspirer la plume ou le pinceau d’un homme.

12) Pendant au moins une journée entière, coupez toute communication avec autrui que ce soit par télé-phone ou Internet. Aucune excuse accordée sur les colo-cations, les soi-disant birthday party hyper importantes ou les amis qui vous veulent du bien. Partez tout seul, partez loin, levez le voile sur cet horizon et méditez sur votre journée de solitude, de liberté et de plénitude.

13) Faire une Toga Party. Je m’explique: ce concept festif américain qualifié par les services publics de «pro-fondément dégradant» consiste à se vêtir uniquement, et j’insiste sur le uniquement, d’un drap en guise de toge à la manière grecque. Cette tradition des Ivy League a généralement une heureuse (ou fâcheuse) tendance à se terminer en strip-tease collectif, en exhibitionnisme généralisé et à tout ce qui s’en suit d’illicite... Croyez-

moi, après cette expérience, vous connaîtrez tout de vos confrères.

14) Partez en road-trip. Jack Kerouac, William S. Bur-roughs, Haruki Murakami, Arthur Rimbaud...Ah, ils sont nombreux à avoir décrit ce voyage incertain dont nous rêvons tous secrètement. Riez de votre propre peur et lancez-vous. N’était-il pas délectable, ce goût inespéré de l’aventure truffée de hasard, d’intrigue, d’amour, d’inci-dent et de danger.

15) Écrivez-vous une lettre d’amour enflammée et gardez là pour l’ouvrir lorsque vous serez diplômé. L’ex-périence universitaire c’est aussi apprendre à s’aimer et à s’accepter alors commencez dès maintenant. Après 5 ans d’études à apprendre, voyager, oser, se rétamer, et à ac-complir toutes ces expériences de folie, vous serez frappé par la différence de votre moi pré-études et post-études. Alors vous vous aimerez encore plus et vous serez paré pour de nouvelles aventures.

Camille Pellicer.

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L ‘ A I X P R E S S I O N

de nouvelles tendances.

Enfin, au-delà de cet aspect historique, il faut surtout comprendre le côté artistique. Reproche-t-on à Sartre d’avoir monté des pièces et occupé un poste de profes-seur anciennement occupé par un juif à Condorcet avec l’aval des autorités d’Occupation ? La vie de L.F. Céline et ses pensées empêchent-elles à ses écrits, notamment Voyage au bout de la nuit, d’être des chefs- d’oeuvres ?

Ainsi, même si on ne peut pas nier le passé de collabora-trice de Chanel, cette mémoire ne doit pas empiéter sur le

fait que cette femme a été une des plus grandes impéra-trices que la mode ait connue, et qui encore aujourd’hui influence les créateurs et les individus par ses concep-tions, son art et ses opinions.

La mode se démode, le style jamais, voilà surtout ce qu’on devrait retenir d’elle, et non pas ces centaines de biographies ne pouvant se vanter d’avoir connu la dame en question, et exposant chacune des points de vue diffé-rents, particuliers, multiples, variés et à jamais incertains.

Claire Robins.

Il y a un temps pour faire des expériences, n’importe où et n’importe quand, et ce temps s’appelle «college time». Vous y êtes. Indépendance, responsabilités, liberté, élar-gissement, polissonnerie, laisser-aller, témérité ou encore rencontres; tous ces changements soudains vous grisent et vous font tourner la tête. Cependant, n’était-il pas commun d’entendre des connaissances se plaindre de ne pas avoir «profité pleinement» de leur vie étudiante?! Eh bien chers amis, il est encore temps de vous dévergonder, alors suivez mes conseils à la lettre et vous serez ensan-glantés, encensés et comblés de larmes et de rire.

1) Être expulsé d’un bar. On commence plutôt soft et ce ne sont pas les patrons de bars impulsifs et au sang chaud qui manquent à Aix. C’est aussi un bon moyen de trier les meilleurs bars selon ceux qui vous laissent revenir après!

2) Courir dans la rue tout nu; pas forcément bourré et pas forcément la nuit (j’ai ouï dire que certains étaient ex-perts dans notre école, en groupe c’est plus sympa, alors qu’est-ce qu’on attend?!).

3) Passer un examen complètement soûl. Mais non vous ne redoublerez pas, mais oui vous arriverez à écrire et je suis certaine que les méandres de votre inconscient feront surgir un génie refoulé.

4) Faire un plan à trois (ou plus?). C’est un grand classique alors il serait dommage de ne pas oser avec un soupçon de culot, une larme d’ivresse et un nuage de folie.

5) Se faire arrêter ou avoir une course-poursuite avec la police. Bon bien sûr on ne veut pas de dégâts sérieux dans ce cas-là, mais juste une petite bêtise qui ranimera votre enjouement; quelque chose d’assez fou pour faire monter en vous cette dose d’adrénaline si douce syno-nyme «d’interdit».

6) Avoir un black-out et se réveiller dans un endroit complètement inconnu. Si vous avez toujours de vagues souvenirs de la soirée, c’est que vous n’essayez pas as-sez. Je sais c’est risqué, mais voyez cela plutôt comme un challenge pour voir jusqu’où votre goût du danger peut aller.

7) Un jour où il fait froid et que des pensées dépri-mantes vous assaillent, rendez-vous à la gare et prenez un train au hasard, sans payer le billet bien sûr. Vous n’au-rez qu’à faire jouer vos talents d’acteur dans le cas d’un contrôle.

8) S’incruster à une fête où on ne connait absolument personne. Vous marchez dans la rue, vous entendez du bruit à une fenêtre, vous bredouillez une excuse à l’inter-phone et vous montez. Bonus si la majorité des gens ont plus de 40 ans.

9) Aller en pyjama en cours. Alors qu’on se le dise, je ne parle pas du jogging noir qui passe partout, mais du vrai pyjama, celui que plus personne ne porte, même seul chez soi. Le must: faire comme si de rien n’était et igno-rer les éventuels gloussements grotesques de passage. Après tout à Londres c’est normal de sortir en pyjama non?

10) Se baigner dans une fontaine. Il fallait bien que je vous en donne une facile à réaliser. En effet, ce ne sont pas les fontaines qui manquent à Aix-en-Provence. Soyez perspicace et choisissez un endroit qui vous inspire, une nuit douce et enivrante ainsi que des partenaires désopi-lants.

11) Poser nu pour un peintre. Comme vous le savez, nous sommes dans la ville du libertinage au temps de

15 things to do in college

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P A G E S C U L T U R E

détenus dans le cou-loir de la mort, vont enquêter sur le cas Hillary Van Wetter, un chasseur d’alliga-tors qui risque d’être exécuté sans preuves concluantes.

L'histoire n'est certes pas dénuée d'intérêt, mais tout dans la ré-alisation semble fait pour mettre le spec-tateur mal à l'aise. A commencer par nombre de scènes obscènes ayant ten-dance à s'éterniser. Au final, à part dé-truire l'image sans doute un peu figée de certains acteurs, ce film n'a pas grand intérêt. Lee Daniels avait sans doute la prétention de vouloir nous présenter un chef-d’œuvre mais il y a finalement plus à jeter qu'à garder. Pré-senté comme un film événement, on ne s'étonne pas, après réflexion -quoiqu'il n'y ait pas vraiment lieu de disserter- que cette chose inclas-sable soit repartie bredouille du festival de Cannes. Elise Ho Pun Cheung.

Mon Top 5 des SériesHow I Met Your Mother, c’est l’histoire de Ted Mosby qui raconte à ses enfants comment il a ren-contré leur mère. Mais pas seulement. Ce sont aussi huit saisons toujours aussi drôles et intrigantes. De-puis huit ans, tous les adeptes de cette série rêvent de savoir qui se cache derrière ce fameux parapluie jaune mais redoutent en même temps la fin de cette génialissime série. Cette sitcom captive les télés-pectateurs qui veulent en savoir toujours plus sur la vie amoureuse de Ted, la vie de couple de Marshall & Lily, les mésaventures de Robin et les dernières méthodes de drague de Barney Stinson, personnage emblématique. Oui, HIMYM est ma série préféré depuis la fin de Friends, et oui, je la recommande à tous car c’est drôle, court, intrigant et pétillant.

Dexter est sûrement la série qui remet le plus en cause notre sens du Bien et du Mal. En effet, com-ment peut-on pardonner à un père de famille qui, la nuit tombée, va traquer ses victimes et leur en-fonce un couteau en plein abdomen ? Cette série est géniale, car elle parvient à nous faire pardonner à ce sociopathe ses écarts de conduite. Mais tout son succès repose sur notre peur qu’un jour Dex-ter Morgan, analyste de sang au poste de police de Miami, se fasse arrêter et jeter en prison. Cette sé-rie, au-delà de sa réussite artistique, l’est aussi au niveau psychologique. Elle pose question quant à nos principes moraux et notre servitude au mono-pole de la violence physique.

Homeland : une toute nouvelle série mais ô comi-bien efficace. Tous les ingrédients pour qu’une série connaisse le succès y sont. Un jeu d’acteurs admirable, un environnement secret, la complexi-té des personnages et la force de l’intrigue font d’elle la meilleure série de l’année. Le téléspecta-teur plonge dans cette histoire pleine de suspens et

de rebondissements qui joue sur la corde sensible des américains. En effet elle les confronte à leur politique d’hyperpuissance et d’impérialisation, ainsi qu’à l’émotion du drame du 11-Septembre. Ce réalisme artistique déroute le téléspectateur qui retrouve une part d’actualité dans son petit écran toutes les semaines.

Modern Family est la série préférée des deux ex-candidats à l’élection présidentielle des Etats-Unis, Obama & Romney. La série montre avec hu-mour les différentes formes de famille moderne. Le père Jay Pritchett est remarié à Gloria, une colom-bienne de l’âge de sa fille Claire, elle-même ma-riée avec Phil avec qui elle a trois enfants ; et enfin Mitchell incarne avec Cameron un couple d’homo-sexuels venant à peine d’adopter une petite fille. Pleine d’humour et de situations similaires à nos propres vies, cette série tente de montrer en toute objectivité la vie d’une famille américaine évoluant avec son temps et ses mœurs. Toutes les probléma-tiques familiales actuelles -crises conjugales, désil-lusions, crises d’adolescences, dîners de familles- sont traitées justement par les réalisateurs.

Episodes, c’est mon coup de cœur de cette année. Fan de Friends, j’ai eu grand plaisir à retrouver Matt Leblanc dans son propre rôle, évidemment scénarisé. L’histoire se déroule dans la Cité des Anges où un couple de scénaristes britanniques doit adapter sa série aux USA. Le personnage prin-cipal est incarné par Matt Leblanc qui en fait voir, littéralement, de toutes les couleurs au couple Lin-coln. Les deux saisons tournent autour de la pro-blématique des relations de travail et de l’influence de L.A sur un couple marié, avec tout ce que cela implique. Mené par le co-créateur de Friends, la sé-rie se montre drôle, originale et novatrice en termes de concept télévisuel. À voir.

Eugénie Arnaud.

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Chez Dupieux, on s’y fait, l’Absurde constitue la trame de tout ce qu’il réalise. Que ce soit en musique, clip vidéo ou au cinéma, absurdité et confusion sont les maîtres mots. Toujours épuré, toujours génial, Wrong est un film léger et décalé. On rit lorsque l’on voit un quadragénaire nommé Dolph plonger dans une profonde réflexion pour décrypter un prospectus d’un ser-vice de livraison d’une pizzeria. L’absurde devient la norme, tout ce qui entoure les personnages et les rapports qu’ils entre-tiennent nous rappelle que n’importe quel phénomène, même le plus étrange, peut devenir une banalité, quelque chose de trop habituel pour pouvoir le remarquer.

Ainsi personne n’est choqué par cette pluie qui tombe à l’inté-rieur de l’entreprise où ne travaille plus Dolph, notre (anti-) hé-ros qui recherche désespérément son chien Paul. Tout est calqué sur ce modèle. La scène d’ouverture est sans doute la meilleure que le réalisateur ait jamais réalisée : une description au plan par plan d’un seul et même plan large dévoilé à la fin de la séquence. On y voit d’abord un pompier en train de lire son journal tout en déféquant au milieu d’une route. Pendant ce temps, ses col-lègues le regardent, en arrière-plan : tout paraît normal. Assis sur leur camion, ils laissent cependant brûler une camionnette

à la gauche du plan. Et c’est cette camionnette, « impor-tante » pour la suite du film que le réalisateur tenait à nous montrer. Mais il fallait jeter les bases formelles d’un film totalement « wrong ». Comment transformer l’improbable en banalité du monde ? L’enjeu restait de taille, mais c’est certainement dans ce domaine que Dupieux manie le mieux le Cinéma. Il a cette faculté à recréer une atmosphère d’étran-geté permanente tout en insérant le spectateur dans son propre univers. Plus rien ne peut choquer, pas même un homme qui peut visualiser les souvenirs d’un excrément de chien. L’utili-sation du son est remarquable et participe à la création de cette atmosphère. En effet, le son et la musique du film transforment la lecture des images. Ainsi, la gamelle vide du chien Paul de-vient un phénomène étrange associé à une tonalité inquiétante. Un procédé habile donnant le recul nécessaire à l’appréciation du film.

Qu’on se le dise, Wrong est bien moins expérimental que Ru-bber, bien moins intense et unique que Steak. Mais un oiseau fou derrière un Canon 5D, c’est toujours une expérience. Ne serait-ce pour l’accent anglais d’Eric Judor.

Éternelle fan de Mary Poppins, du Roi et moi, et d’autres Walt Disney en tous genres, j’ai dernièrement voulu étendre ma culture cinématographique. Après une longue tergi-versation et sous l’impulsion de quelques amies plus au courant des dernières sorties cinéma que moi, c’est pleine d’entrain que je me suis rendue dans cette salle obscure. J’en suis ressortie... perplexe. Disons que Paper Boy n’est pas un film aussi inof-fensif que l’affiche le laisserait croire. Car oui, j’avais jusqu’à maintenant du mal à accepter que lorsque sur celle-ci figure une voiture rose, le film puisse être aussi malsain. De même,

j’imaginais assez mal que Nicole Kidman, éternelle sex-sym-bol du Moulin Rouge, puisse prendre l’apparence d’une pros-tituée cheap, et que le gentil Zac Efron de High school musical se trouve dans la peau d’un jeune homme plutôt névrosé. Et il semblerait d’ailleurs que pour pouvoir apprécier cette pro-jection sans être dégoûté par certains plans, il faille l’être tout autant. A moins que de voir un crocodile se faire éventrer et que les scènes très crues en général vous attirent tout particu-lièrement, cette œuvre de Lee Daniels n’est peut-être pas faite pour vous.

L’histoire tourne rapidement autour de deux reporters qui, ve-nus à la demande de Charlotte, femme énigmatique -pour ne pas dire un peu folle- entretenant une correspondance avec des

Wrong de Quentin Dupieux

«Doesn’t make sens!»

Nicolas Jean.

Paper Boy de Lee Daniels

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Comment réagiriez-vous si vous vous réveil-liez un matin transformé en un monstrueux insecte?

C’est dans cette situation que se retrouve Gregor Sam-sa dans La Métamorphose, une nouvelle de Franz Kafka. Ainsi transformé, il essaie en vain de s’extir-per de son lit pour aller travailler et se heurte à toutes les difficultés engendrées par sa nouvelle apparence.

Elles sont tout d’abord de nature pratique -difficultés à sor-tir de son lit, à ouvrir la porte de sa chambre- avant qu’il

ne découvre l’effet que sa métamorphose produit sur ses proches. Ses parents sont horrifiés par ce qu’il est devenu. Ils sont dans l’embarras, partagés entre leur conscience qui leur souffle que ce monstre est ce qui reste de leur fils, et le désir de s’en débarrasser. Seule sa petite sœur, incar-nant l’Espoir, semble garder un semblant de considération

pour lui. Cependant, malgré sa métamor-phose, Gregor conserve un esprit -presque- hu-main, mais mis de plus en plus à l’écart par sa fa-mille, la métamorphose deviendra aussi mentale.

Cette nouvelle met en scène la situation d’un homme trans-formé en insecte sans aucune raison. L’absurdité intrigue, fait parfois sourire, mais c’est un sourire mêlé d’horreur et de pitié.

L’écriture simple, percutante, nous dévoile un uni-vers cauchemardesque, d’une absurdité déran-geante. La langue anglaise a d’ailleurs adopté un mot pour décrire ce type d’atmosphère : kafkaesque.

Sophie Payen.

Nos sociétés sont remplies d’exceptions, de personnes qui « ont réussi ». Des personnalités particulières, qui semblent se détacher de la société. C’est ce qui se cache derrière le mot « Outliers », qui n’a pas de définition précise en an -glais. En quête de leur success story, on cherche à connaître leur recette miracle. Chance ? Entraînement ? Travail acharné ? Ou simple départ depuis un milieu favorisé ?

C’est l’histoire du succès, sous-titre de l’ouvrage, que l’es-sayiste américain Malcolm Gladwell cherche à nous expli-quer. Comment les Beatles ont-ils réussi à devenir aussi célèbres ? Pourquoi les Asiatiques sont-ils forts en maths ?

C’est avec plaisir qu’on lit ce livre pour y trouver une ré-ponse. « Avec plaisir », car l’auteur nous donne l’impres

sion d’être plus intelligent qu’il ne l’est lui. Ce sont des choses simples qu’il nous explique, des caracté-ristiques de nos sociétés dont nous ne connaissions pas l’existence, et qui nous paraissent a posteriori évidentes.

Les Asiatiques sont plus forts en maths car leur lan-gage leur permet d’apprendre à compter plus facile-ment. Autre exemple, des neurologistes ont établi un nombre d’heures de travail précis (10 000… quand même) pour maîtriser excellemment n’importe quelle discipline (musique, programmation informatique etc.) expliquant ainsi les succès de Mozart ou des Beatles.

Entre psychologie et sociologie, il nous livre une analyse qui change notre vision de la société (et qui nous fournit quelques anecdotes à replacer pour se la jouer en public). Son travail, couronné de critiques positives par les plus grands journaux anglo-saxons, mérite vraiment d’être lu.

Charlotte Bon.

La Métamorphose - Franz Kafka

Outliers - Malcolm Gladwell.

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Le best-seller érotique écrit par l’auteur britan-nique E.L James qui a tant fait parler de lui dans le monde anglo-saxon, vient de sortir en français. Un roman érotique ? Oui, et sado-masochiste qui plus est. Chouette, voilà qui sort de l’ordinaire... Ou pas. En appa-rence (c’est à dire quand on en entend parler et qu’on lit le résumé), 50 Shades raconte l’histoire d’Anastasia, vierge de vingt-et-un ans un peu maladroite qui rencontre le beau ténébreux et richissime Christian Grey. Problème : celui-ci a des pratiques sexuelles « déviantes », et il va faire subir à cette pauvre jeune fille, sous le charme, les pires outrages et humiliations, faisant d’elle son esclave sexuelle...

Sauf que non. Parce que quand on lit 50 shades of Grey, on comprend vite que ce n’est en fait rien d’autre qu’un conte de fées bourré des clichés de la petite princesse ché-tive qui attend son beau prince charmant. Petite remise en contexte. Anastasia est « pure » : entendez par là qu’elle est vierge, évidemment, ça ne pouvait pas être autrement... Anastasia est étudiante en littérature. Elle aurait fait un CAP coiffure, ça aurait été beaucoup moins sexy, c’est sûr (ses études brillantes n’empêchent pas ce-pendant son QI et sa maturité proches de zéro...) Anastasia est fragile, discrète et timide. A côté de sa coloca-taire avenante et excentrique, elle fait vraiment petite fille parfaite. Parce qu’une fille respectable se doit d’être discrète !

Parlons maintenant de Christian. Il est beau, il est grand, il est fort. Il a un regard hypnotisant. Et il est mystérieux ! Enfant adopté, il a dû beaucoup souffrir... C’est pour cela qu’il est à la tête d’une entreprise au chiffre d’affaires affolant. Mais, attention, pas n’importe laquelle. Une entreprise qui nourrit des milliers d’enfants à travers le monde ! Anastasia, cette cruche, se pose elle-même la question : comment est-ce possible de se faire autant de

fric tout en donnant aux autres...? La réponse est simple : impossible, ce genre de situations n’arrive JA-MAIS ! Bon, soit, c’est un roman...

Toujours est-il que Christian n’a en fait de pervers que le nom. Parce qu’avant de la mettre dans son lit (et de lui faire subir les « pires sévices »), il agit en vrai gent-leman : entendez par là qu’il lui ouvre la portière quand elle sort de la voiture, qu’il lui offre des cadeaux hors de prix (que non, mon dieu, elle ne peut pas accep-ter, mais qu’elle accepte quand même), qu’il la sauve d’une agression sexuelle (il débarque de nulle part, alors qu’un ami à elle essaie de l’embrasser), et qu’il lui sauve la vie (en l’empêchant de se faire écraser par un vélo). Ajoutez à cela que leurs premiers ébats sont tout ce qu’il y a de plus normal (entendez par là, aucune expérience SM) et qu’en plus la jeune oie blanche se révèle être une bête de sexe (dès la première fois, ça arrive tout le temps, c’est bien connu).

Alors, la jeune oie blanche, un peu naïve, discrète et maladroite qui rencontre un vilain garçon (mais pas si vilain que ça en fait), ça ne vous rappelle rien ? Mais si, c’est Twilight ! 50 Shades of Grey, qu’on nous vend comme le roman choquant et anticonfor-miste de la rentrée n’est rien de plus que l’histoire (pimentée de quelques ébats) de Bella et Edward... Pire, il véhicule une image de la femme soumise, comme toutes ces princesses de contes de fées, qui nous ont fait croire toute notre enfance que ça fonctionnait comme ça : sois parfaite, et surtout tais-toi.

Parce qu’Anastasia est soumise même avant les rap-ports SM : elle ne veut pas accepter les cadeaux de Christian, mais elle le fait quand même. Elle ne mange rien (parce qu’une fille digne de ce nom n’est pas gloutonne) mais elle se force parce qu’il lui ordonne. Et quand elle accepte de devenir son esclave sexuelle, ce n’est pas par goût, mais plutôt parce que ce qu’elle veut, elle, c’est le mariage, le grand amour, donc elle se sacri-fie...

Bref, vous l’aurez compris, ce roman qui a libéré les pra-tiques sexuelles de centaines d’américaines n’en vaut pas vraiment le détour... Et si vous voulez un vrai roman éro-tique et initiatique, restez fidèles aux classiques, lisez Sade.

Adélaïde Tenaglia.

Fifty Shades of Grey - E.L James

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Les nouveautés rock :

Breezeblocks – Alt-J / Katherine – Saint Michel / You’ll see – Baden Baden / Take a walk – Passion Pit / Sleeping Ute – Grizzly Bear / Teenage Icon – The Vaccines / Sun – Two Doors Cinema Club / Mean To

Me – Ben Kweller / Antislavery – Skip the Use / Now – Dexys

Les sites de musique à consulter :

Délicieuse musique / Kitsuné et ses playlist (Kitsuné compilation 14) / Le tourne disque / bon-entendeur.com

Initiation à la minimale/ electro/ electro-rock :

The Veldt – Deadmau5 / Vandaag – Bakermat / Never Let Me Go (Aeroplane remix) – The Human League / Sur la planche – La Femme / Caje – Niconé & Sascha Braemer / We are young – Juveniles / Hands – Alpine (goldroom remix) / Who loves the sun – Nu & Joke / The voice of dru – Doctor Dru / Infinity – Infinity Ink / Memory (Le crayon remix)- Peter & the Magician / Solomun – After Rain comes Sun / Brother (Juveniles remix) – Stuck in the Sound / Daybreak (GoPro HERO3 Edit) – OVERWERK

Clémence Condemi.

L’âge n’a aucune emprise sur Neil Young semble-t-il, et c’est tant mieux. Seulement six mois après l’al-bum de reprises folk, Americana, Neil Young et son Crazy Horse reviennent en force avec un nouvel opus, Psychedelic Pill. Le papi du rock (67 ans !) craignait, ayant arrêté la fumette, d’avoir perdu son inspiration... Il nous démontre qu’il n’en est rien : il signe ici un album personnel, aux origines, avec un vieux son roots et des morceaux interminables. A commencer par le premier titre, Driftin’ back, majestueuse épopée rock de 27 minutes, par-fait de bout en bout. Chaque morceau, au-delà des conventions, est une véritable envolée, presque semblable à une improvisation, un boeuf entre potes. Neil Young voulait « fêter les retrouvailles et produire un album résolument rock ». Pari gagné : chaque accord, chaque riff transpire le vieux rock et la complicité des musi-ciens. C’est ce qui donne son côté brut et spontané à l’album, à l’écouter, il nous semble retrouver un vieil ami, qu’on avait perdu de vue. Mais le grand Neil est de retour, en grande forme... Rock is not dead, merci Monsieur.

If Music could Talk

Adélaïde Tenaglia.

Page 27: Aixhaustif Novembre 2012

P A G E S C U L T U R E

Angelin Preljocaj est un danseur et chorégraphe français émérite de danse contemporaine. Il est connu pour ses spec-tacles aussi féériques, techniques que psychédéliques.

En octobre 2006, Angelin Preljocaj s’installe avec sa compagnie au Pavillon Noir, un bâtiment de verre et de béton conçu par lʼarchitecte Rudy Ricciotti à Aix-en-Provence. Ce lieu est le premier centre de production construit pour la danse, où les artistes peuvent mener leur processus de création en intégralité, du travail en studio à la représentation sur scène.

Enivrant. Electrique. Subjuguant. Désinhibant. Onirique.

Enivrant. Le spectacle donné par le Ballet Preljocaj à la Criée le 9 novembre a su éveiller tous mes sens, pourtant pas vraiment initiés à la danse.

Electrique. Rencontre presque mystique entre la maîtrise du corps et la pureté des sons. S’inspirant d’une composition originale de Stockausen, Helikopter apparaît comme la réification idéale de cette musique très originale. Les corps se technicisent, se robotisent et s’entremêlent au rythme des pales d’hélicoptères. A la croisée des mondes mécanique et éthérique, les tableaux s’enchaînent avec une vivacité extraordinaire.

Subjuguant. Ce monde utopique dans lequel nous plongeons avec allégresse. Eldorado, c’est encore le même composi-teur mais un univers totalement différent. Preljocaj imagine un autel mythique, peuplé de statues lumineuses auxquelles le Soleil impulse le mouvement. Mouvement de la Vie, erratique et spontané, avide de sensations. Une stèle céleste est érigée aux dieux, et les danseurs se succèdent frénétiquement jusqu’au final, qui voit leurs visages se tourner vers le Ciel en sortant de la scène. La danse se meut en un hymne sacré, les corps se mêlent et s’entrechoquent, s’attirent et se coordonnent au diapason des astres.

Désinhibant. Les pulsions sexuelles sont sanctuarisées et magnifiées par l’Art. Lorsque les corps s’enlacent, s’emmêlent par des procédés techniques hors du commun, la Beauté devient par là-même immanente et un sentiment de sérénité nous envahit.

Onirique. La technique parfaite du Corps et ses atours artistiques font de ce spectacle une œuvre poétique qui ne peut décemment nous laisser indifférents. Œil aiguisé ou novice, peu importe. La symbiose magique de la Musique et du Corps émerveille, et nous emmène élégamment au pays des merveilles.

Alors, pour vivre une expérience similaire, retrouvez Angelin Preljocaj en 2013 avec deux autres ballets, Ce que j’ap-pelle Oubli du 15 au 22 Janvier 2013 au Pavillon Noir et Les Mille et une Nuits les 29 et 30 avril au Grand Théâtre de Provence.

Julia Descosse.

Helikopter/Eldorado – Ballet Preljocaj

Page 28: Aixhaustif Novembre 2012

J’ai écrit un conte, qui malhabilement (peut-être) peut transcrire dans votre entendement par la force incontes-tée des mots la quintessence flegmatique et pourtant offensive de la séduction que j’y arbore. En réalité tout à fait vrai, ce conte n’en est pas un ; c’est un passage prétentieusement tour-né d’une aventure fondée en corps et en chair, évidemment. Je l’appelai (pompeusement, c’est un conte) ;

Exubérance post-coïtale.

La grand-mère disait que tous les problèmes de couples se règlent au lit. C’est vrai. Mais pas seulement. Après le lit, le conflit jusqu’à lors décontracté est naturellement rap-pelé, à mesure que la chose, elle, contractée pour les besoins du lit, perd ce qui fait sa force dans ses heures de gloire. Don-nant-donnant. Le souci étant qu’on a beau se ramener chez la douce avec un bouquet de fleurs des champs et un ravissant poème aux teintes bucoliques, rien n’y fait.

Qu’on dise ce qu’on veut de l’automne :

Que les bourdons fredonnent et les papillons bourdonnent,

La dessèche est rapide, mais la fleur à la couleur morte

N’est là qu’une annonce d’un printemps qui derechef ouvre ses portes.

(C’était vraisemblablement l’automne, et le bouquet n’était teinté que de l’amour pour lequel il avait été fait.)

La grand-mère me disait aussi «fonce Alphonse» sans arrêt, comme si elle ne voulait pas que je rate quelque chose, je pense. Alors je m’efforce de ne rien rater. Je m’effforce (les trois f sont là bien sûr pour souligner phonétiquement l’opi-niâtreté que j’emploie dans ma quête) de ne pas rater Anne, celle pour laquelle (fébrilement pourtant) pour le moment bat mon cœur et s’active ma poésie.

Tout vient de ce paradoxe : ne rate rien, aussi ne t’attarde pas. Si je compte bien, mes maux viennent de la grand-mère, mes vices de mes maux. Par un sophisme découvert (Anne-sophisme, c’est de circonstance), mes vices de la grand-mère. Tout s’éclaire quand soudain survient l’éclat du malheureux flambeau qui passe ! Et je suis soulagé d’ap prendre enfin que je ne suis pas naturellement con, alors que je m’évertuais à force de (non)vertu à quitter cette condition, mais

que tout vient de l’éducation. J’ai été préparé, élaboré de la sorte ; pourquoi peiner et s’escrimer à vouloir changer, quand on découvre que c’est impossible ? Ô réverbère sacré qui pisse par intermittence sur moi les secrets sibyllins de l’ombre arca-nienne, c’est si désespérant de te rencontrer.

Vouloir changer n’est-pas être un oxymore avec soi-même ?

Anne était malgré tout à moi ce que le chocolat est aux Petits Écoliers. Je n’étais que biscotte sans elle. C’est pour cela que je m’efforçais de la récupérer à chaque fois qu’elle se rendait compte de mes dérives et mes déboires consentis, comme si je prenais plus plaisir à me plier en quatre pour la convaincre de me reprendre que de simplement la conserver. J’avais comme besoin d’obstacles, aussi m’en créai-je à foi-son, ne voyant pas qu’à mon insu le risque était plus grand à chaque reprise, ou peut-être le savais-je et m’employai-je à user de ce risque contre moi-même, comme un schizophrène en manque d’adrénaline, et ne trouvant pour seul moyen d’en obtenir que de faire souffrir une jeune fille ! Ouh ! Je pleure de ma folie aujourd’hui dans ma chambre capitonnée. Non !

- Ressaisis-toi. Finis ton histoire.

- D’accord :

Anne et moi avons pu observer une engueulade sé-vère passer entre nous pendant quelques heures, mais j’ai tant bien que mal réussi à la chasser, non pas à coups de pieds, mais à coups de poutre (prétentieux là encore). Nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre sans pouvoir se maîtriser [sans qu’elle puisse se maîtriser, Ndlr], parce que comme di-sait la grand-mère, tous les problèmes de couples se règlent au lit !

Seulement, après le lit, le conflit jusqu’à lors décontracté est naturellement rappelé, à mesure que la chose, elle, contractée pour les besoins du lit, perd ce qui fait sa force dans ses heures de gloire. Donnant-donnant. Je parais faible à côté d’Anne en cet instant, où elle s’impose de tout son corps nu devant moi, aussi dure qu’un Moaï qui regretterait d’avoir couché avec moi et de s’être laissé tenter, encore. Elle prit mon pantalon (à l’intérieur duquel se trouvait mon caleçon, la garce) et le jeta par la fenêtre. Je pris comme un défi d’aller tout nu les chercher dans la rue, comme si elle avait dans l’intention de me reprendre si je bravais cette épreuve. Le fait est que non, j’ai raté cette épreuve, j’ai lamentablement raté cette épreuve, par mon empressement malavisé. Et je paye aujourd’hui. Je paye aujourd’hui en me retrouvant (ou me perdant ?) dans cette cellule capitonnée, après m’être fait voir, nu là encore, par deux accueillants agents de la maréchaussée qui noncha-lamment passaient et avaient en tête l’article 222-32 du Code Civil condamnant l’exhibitionnisme.

En me débattant je suis simplement passé pour un fou, et me voilà enfermé là, là où personne ne vient me trouver parce que je me retrouve seul, seul, seul, seul avec moi et moi-même. Douglas Benchetrit.

Exubérance post-coïtale.