Aire Linguistique Asie Du Sud-Est Continentale _ Le Birman en Fait-il Partie 

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Recherche en sciences humaines sur l’Asie du Sud-Est 16 | 2010 : Recherche en sciences humaines sur l'Asie du Sud-Est Articles Aire linguistique Asie du Sud-Est continentale : le birman en fait-il partie ? Mainland Southeast Asia Linguistic Area: is Burmese in? ALICE VITTRANT p. 7-38 Abstracts Français English L’appartenance du birman à la famille des langues tibéto-birmanes est un fait non discutable comme l’attestent de nombreux travaux en linguistique historique (Benedict 1942, Shafer 1955, Matisoff 1973). Cependant, cette langue possède de nombreuses caractéristiques phonologiques, morphosyntaxiques, pragmatiques ou lexicales, rares ou non attestées dans les autres langues de la famille. On peut donc s’interroger sur l’origine de ces innovations : hasard, universalité du langage ou contact de langues ? Or de récentes études (Matisoff 1991, Enfield, 2005) ont révélé l’existence d’une aire linguistique ou Sprachbund en Asie du Sud-Est continentale, i.e. une zone géographique dans laquelle des langues de familles linguistiques diverses partagent des traits structurels, généralement acquis par contact. Nous montrerons ainsi que, quoique rarement cité, le birman – langue tonale, à tendance isolante, à morphologie pauvre, sans flexion, faisant usage de classificateurs et très contextuelle – fait bien partie de cette aire linguistique. Burmese is indisputably part of Tibeto-Burman linguistic family, as many research in historical linguistics have proved it (see Benedict 1942, Shafer 1955, Matisoff 1973). However, this language exhibits phonological, morpho-syntactic, pragmatic or lexical features that are rare or non-attested in the other languages of the family. Therefore the issue is about the origine of these innovations: hazard, language universals or language contacts ? Recent studies études (Matisoff 1991, Enfield, 2005) have shown the existence of a linguistic area or Sprachbund in Mainland Southeast Asia, i.e. a geographical area where languages from different linguistic families share structural features, generally contact-induced features. In this paper, we show that Burmese, as a tonal language, isolating language with simple morphology, without agreement, using classifiers, and being an extremely contextual language, is definitely a member of the linguistic area. Aire linguistique Asie du Sud-Est continentale : le birman en fait-il partie ? http://moussons.revues.org/94?lang=en 1 sur 32 1/24/2015 3:13 PM

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  • Recherche en sciences humaines sur lAsie du Sud-Est

    16 | 2010 :Recherche en sciences humaines sur l'Asie du Sud-EstArticles

    Aire linguistique Asie duSud-Est continentale : le birmanen fait-il partie ?Mainland Southeast Asia Linguistic Area: is Burmese in?

    ALICE VITTRANT

    p. 7-38

    Abstracts

    Franais EnglishLappartenance du birman la famille des langues tibto-birmanes est un fait non discutablecomme lattestent de nombreux travaux en linguistique historique (Benedict 1942, Shafer1955, Matisoff 1973). Cependant, cette langue possde de nombreuses caractristiquesphonologiques, morphosyntaxiques, pragmatiques ou lexicales, rares ou non attestes dans lesautres langues de la famille. On peut donc sinterroger sur lorigine de ces innovations : hasard,universalit du langage ou contact de langues ? Or de rcentes tudes (Matisoff 1991, Enfield,2005) ont rvl lexistence dune aire linguistique ou Sprachbund en Asie du Sud-Estcontinentale, i.e. une zone gographique dans laquelle des langues de familles linguistiquesdiverses partagent des traits structurels, gnralement acquis par contact. Nous montreronsainsi que, quoique rarement cit, le birman langue tonale, tendance isolante, morphologie pauvre, sans flexion, faisant usage de classificateurs et trs contextuelle faitbien partie de cette aire linguistique.

    Burmese is indisputably part of Tibeto-Burman linguistic family, as many research in historicallinguistics have proved it (see Benedict 1942, Shafer 1955, Matisoff 1973). However, thislanguage exhibits phonological, morpho-syntactic, pragmatic or lexical features that are rare ornon-attested in the other languages of the family. Therefore the issue is about the origine ofthese innovations: hazard, language universals or language contacts ? Recent studies tudes(Matisoff 1991, Enfield, 2005) have shown the existence of a linguistic area or Sprachbund inMainland Southeast Asia, i.e. a geographical area where languages from different linguisticfamilies share structural features, generally contact-induced features. In this paper, we showthat Burmese, as a tonal language, isolating language with simple morphology, withoutagreement, using classifiers, and being an extremely contextual language, is definitely amember of the linguistic area.

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  • Index terms

    Mots-cls : aire linguistique, Birman, contact de langue, langues dAsie du Sud-Est, languestibto-birmanes, Sprachbund

    Full text

    Introduction

    Le birman, une langue tibto-birmane (TB)

    une voyelle ouverte [] en lahu, langue de la mme branche, parle de partet dautres de la frontire thalandaise. une voyelle [i] dans les deux autres langues du tableau, savoir, le tibtaincrit et le jingpho.

    Figure 1 : Les langues de la famille sino-tibtaine (daprs Thurgood 2003)

    Le birman est une langue de la famille sino-tibtaine, de la branche tibto-birmane. Cette branche de la famille comprend entre 250 400 langues selon lessources et fait lobjet dun consensus parmi les linguistes. De nombreux travaux (cf.Benedict [1942, 1976], Shafer [1955], Burling [1968, 1971], Matisoff [1973, 1986c,2000, 2001], Bradley (1994, 2003), inter al.) comparant le vocabulaire de ceslangues, mais aussi les rgularits dans les changements phontiques dune langue lautre, permettent de reconstruire une langue mre ou proto-langue tibto-birmane, comme cela a t fait au XIXe sicle pour lindo-europen.

    1

    Aujourdhui, mme si lappartenance de certaines langues lun ou lautre dessous-groupes est encore discute, un rel consensus se dgage sur la structure decette famille de langues (cf. figure 1).

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    Le tableau 1 montre la parent de ces langues par la comparaison de racineslexicales. Dans la partie (A), le mot signifiant cochon est, de faon visible,apparente dans six langues tibto-birmanes : voyelle identique, rime (ou finale dela syllabe) similaire, initiale en p ou w selon que les langues sont parles lest(langues de Birmanie) ou louest de la zone (Tibet, Npal).

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    La partie (B) du tableau met en vidence le fait que lorigine commune deplusieurs mots nest pas systmatiquement perceptible. Ce qui permet nanmoinsde postuler lapparentement entre des mots en surface si diffrents est lexistencede correspondances rgulires. On note ainsi que la voyelle [e] du birmancorrespond de faon systmatique :

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  • Tableau 1 : Vocabulaire tibto-birman, correspondances (daprs Matisoff 2000)

    Note 2 sur Yi

    Outre la prsence de nombreux tymons communs, les langues tibto-birmanespartagent aussi des caractristiques morphologiques (forme des mots) etsyntaxiques (ordre des mots).

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    Ainsi, elles ont gard trace, des degrs divers, dun ancien prfixe causatif qui semanifeste sous la forme de paires de verbes dont lun des membres est causatif (outransitif) et lautre non-causatif (ou intransitif). Formellement, dans un grandnombre de ces langues, les deux verbes de la paire se distinguent par une diffrencedaspiration, voire parfois un changement tonal comme en birman1.

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    Concernant lordre des mots, les langues tibto-birmanes sont gnralement verbe final (Dryer 2008 : 11) lexclusion des langues karen et bai3. En dautrestermes, elles suivent prototypiquement lordre des mots : sujet-objet-verbe (SOV)

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  • Origine des caractristiques non-spcifiquesaux langues tibto-birmanes

    Similarits accidentelles

    Tendance universelle des langues

    la diffrence des langues voisines de lEst comme le mandarin ou le tha.

    Cependant, certaines caractristiques du birman ne sont pas prsentes dans lesautres langues de la famille, ce qui laisse penser quelles ne sont pas hritesdune langue-mre ou proto-langue commune. Se pose alors la question delorigine de ces caractristiques linguistiques : sont-elles (1) le fruit du hasard ? (2)le rsultat de tendances universelles ? ou (3) sont-elles apparues la suite duncontact avec dautres langues ?

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    On peut en effet se demander si la prsence dune proprit linguistiquesingulire apparue isolment, i. e. napparaissant pas dans les languesgntiquement et gographiquement proches nest pas accidentelle, un hasard delvolution.

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    Certains traits linguistiques comme lexistence dun phonme /p/, lexistence deflexions verbales marquant un accord avec le sujet, la prsence dune catgoriepluriel (Thomason 2000 : 312, Muysken 2008 : 8), sont trs largement rpandus,sans que lon puisse postuler une origine commune leur prsence dans denombreuses langues du monde. Dautres, quoique plus rares et plus spcifiques,sont aussi le rsultat dune similarit accidentelle.

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    Ainsi, les consonnes nasales dvoises (dites aspires ) : n [n ], m [m ], ny [],ng [ ] sont relativement rares dans les langues du monde. Ce type de consonnenest quasiment pas reprsent dans le systme phonologique des langues tibto-birmanes. Lapparition en birman de cette caractristique phontique non-partagepar les autres langues de la famille est donc une innovation, une volutionsingulire, et non un hritage du proto-tibto-birman. Et si dautres languespossdent cette caractristique, comme lislandais, langami (TB), le mulam (TK), leblang (MK), ou le mo'piu (HM)4, cette similarit est accidentelle, il ny a pas desource commune lapparition de ce trait.

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    Dans les langues du monde, les mots pour dsigner (ou nommer) le pre et lamre contiennent souvent les sons [p], [b], [f] ou [m], i. e. des consonnes(bi)labiales. Cette tendance universelle a une explication physiologique : lesconsonnes prononces laide des lvres (labiales) sont des sons parmi les plussimples acqurir par lenfant apprenant5.

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    Ltude des tendances universelles est un thme majeur des recherches enlinguistique depuis les travaux de Joseph H. Greenberg (1963). De nombreusestudes montrent que les langues, quoique diffrentes en surface, se ressemblentdans leur structure. Ces systmes linguistiques que constituent les languesrpondent des principes universels. Ils sont sous-tendus par des processuslinguistiques identiques lis la cognition humaine.

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    Ce que nous allons maintenant illustrer en nous appuyant sur les travaux deGreenberg (1963) et de Bernd Heine (1993).

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    Greenberg, linguiste amricain, a longtemps travaill ltude et laclassification des langues africaines, amrindiennes et australiennes. Dans lesannes 1960, fort de ces connaissances sur des langues trs varies, il postule

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  • Universal 2 : In languages with prepositions, the genitive almost alwaysfollows the governing noun, while in languages with postpositions it almost

    always precedes.

    Universal 36 : If a language has the category of gender, it always has thecategory of number.

    Universal 42 : All languages have pronominal categories involving at leastthree persons.

    quune cinquantaine de principes universels rgit les langues. Basant son travail surun chantillon dune trentaine de langues trs diverses, il propose quarante-cinquniversaux du langage, majoritairement dans les domaines de la forme (cf.universal 42, 36) et dans celui de lordre des mots (cf. universal 2). La majorit deces principes universels sont de type implicationnel, i. e. de la forme Si la langue ala proprit A, alors elle aura la proprit B (cf. universal 2, 36).

    Aujourdhui, ces universaux sont considrs comme des tendances plus quecomme des principes absolus, certains de ces principes stant rvls inexacts suite la dcouverte et ltude de langues jusque l inconnues. Cependant, le travail deGreenberg (1963) reste trs pertinent pour ltude des langues non-dcrites.

    16

    Voici quelques exemples :17

    Intress par lvolution et les changements grammaticaux dans les langues,Heine formula dans les annes 1990, une thorie de la grammaticalisation6 traitantdvolutions linguistiques comme lmergence des auxiliaires. Il explique ainsi quelvolution dun verbe vers un sens grammatical est corrle son apparition dansun schma vnementiel particulier7, et ce, indpendamment du type de languedans laquelle seffectue la grammaticalisation.

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    Ainsi, il est courant que des verbes de mouvements deviennent des auxiliairestemporels ou aspectuels, marquant le futur, le parfait ou linchoatif (cf. Heine &Kuteva 20028). En vietnamien par exemple, le verbe signifiant sortir estemploy comme marqueur dinchoatif, indiquant lentre dans un tat ou uneaction (cf. ex. 2). Le verbe signifiant aller , smantiquement peu spcialis, estlui aussi grammaticalis dans de trs nombreuses langues. Ainsi en franais (3a),comme en anglais (3b), le verbe a volu pour marquer un vnement venir tandisqu'en birman (3d), le verbe /wa3/ employ avec un autre verbe, peut marquer ltatrsultant, un changement dtat acquis. volution parallle en anglais familier, o leverbe to go peut aussi marquer un changement dtat, le rsultat prsent duneaction passe (3c).

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    Les invariants interlangues ou universaux du langage, permettent ainsi20

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  • Contact de langues

    dexpliquer que des traits similaires se retrouvent dans un grand nombre de languesdu monde non-apparentes. Les langues suivent des processus dvolutiongrammaticale identiques indpendamment du type de langue ou de leur famillelinguistique.

    Ds lors, lorsquune caractristique grammaticale du birman napparat pas dansles autres langues de la famille, la question du caractre universel de celle-ci doittre pose. La prsence de cette particularit nest-elle pas tout simplement lersultat dune tendance universelle ?

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    Un troisime cas de figure doit tre envisag lorsque lon cherche dans unelangue, lorigine dune caractristique grammaticale qui ne parat pas provenir dunfonds commun ou de la proto-langue : le contact de langues. Un contact intenseentre locuteurs de langues diverses, peut amener une communaut linguistique modifier sa langue, en y intgrant des faits linguistiques emprunts une autrelangue, souvent considre comme plus prestigieuse9.

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    On connat gnralement linfluence historique du franais sur langlais depuis laconqute de lAngleterre par Guillaume le conqurant au XIe sicle, laquelle a donnun important stock de vocabulaire dorigine franaise la langue anglaise (cf.exemple [4]).

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    (4) Franais (franco-normand) > Anglais

    afray (fr.nrd) [effray] > afraid

    chaise > chair

    gentilhomme > gentleman

    lavandier > laundry

    oistre/uistre [(fr.nrd) hutre] > oyster

    esclave > slave

    soudier [(fr.nrd) soldat] > soldier

    chasser (fr.) > to chase

    cachier [(fr.nrd) chasser] > to catchMais lemprunt de matriel linguistique sest aussi fait en sens inverse. Outre les

    nombreux mots comme walkman, leasing, parking dans le domaine de la viecourante, football, penalty, set dans le domaine sportif, et mail, planning dans ledomaine professionnel, le franais d'aujourd'hui a aussi fait des empruntsphonologique et syntaxique la langue anglaise.

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    Les travaux sur le franais contemporain font tat dune volution rcente denotre systme consonantique pourtant rput trs stable au fil du temps (encomparaison de notre systme vocalique). On note ainsi, entre autres modifications,lapparition dun nouveau phonme : la nasale vlaire [], celle que lon trouve lafin de mots comme parking , jogging ou camping (cf. Walter 1983)10.

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    Concernant la syntaxe, linfluence est plus rcente et peu dcrite11. Il est en effetde plus en plus frquent de trouver en franais un nouveau type de syntagmenominal, compos dune juxtaposition de deux noms, limage de ce que lon trouveen anglais. Ainsi, jusqu prsent face des mots anglais comme coffee pot, appletree ou password, le franais offrait des mots composs de la forme (i. e. cafetire , pommier ), ou

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  • Des contacts millnaires : une cause dechangement linguistique en birman ?

    Quest-ce quune aire linguistique ?

    comme dans mot de passe . Mais cette structure N+N trs rpandue en anglais,semble simmiscer de plus en plus dans la langue franaise. En tmoignelapparition dexpressions comme plante attitude , et autres drivs sur le mmemodle (5).

    Phnomne de mode ou changement durable ? Il est encore trop tt pourtrancher.

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    (5) a. Avoir la plante attitude, cest tre conscient que chacun de nos actes exerce unimpact plus ou moins fort sur le monde , (http://www.wwf.fr/).

    b. la bus attitude (cf. campagne en 2004 de la RATP francilienne pour enjoindre sesusagers une attitude plus respectueuse).

    c. Salon Football attitude Lille (2007).

    d. La zen attitude des paresseuses , titre dun livre publi chez Marabout en 2007.

    e. Sport attitude, la parfaite attitude dans votre vie , site web ddi au trainingpersonnel (http://www.sportattitude.net/, 2010).

    f. La trash attitude, pour faire parler delle , VSD, n1718 (2010).

    Pour en revenir la question qui nous occupe, savoir lorigine descaractristiques du birman non-partages par les autres langues tibto-birmanes, laquestion du contact de langue comme origine de ces changements linguistiques estune question pertinente.

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    Peut-on ainsi expliquer lapparition de certains faits linguistiques particuliers dubirman comme le rsultat demprunts dautre idiomes proches gographiquementmais non relis gntiquement ? Peut-on y voir linfluence manifeste de languesavec lesquelles la langue birmane a eu un contact prolong et/ou intense ?

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    Cest ce dernier point, i. e. le changement linguistique d au contact entrecommunauts linguistiques de langues distinctes, que nous dvelopperons dans lessections suivantes.

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    Nous montrerons ainsi quun grand nombre des caractristiques linguistiques dubirman ne se retrouvent pas dans les autres langues de la famille tibto-birmane.Nous montrerons quelles existent en revanche dans des langues non-apparentesvoisines, dont les locuteurs ont t en contact pendant de nombreux sicles avec leslocuteurs du birman. Ce qui nous amnera postuler lappartenance du birman laire linguistique Asie du Sud-Est continentale.

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    Introduit en linguistique dans les annes 1930 par N.S. Trubetzkoy, le conceptdaire linguistique traduction du terme allemand Sprachbund12 , rpondaitau besoin de nommer une situation linguistique rencontre lorigine dans lesBalkans (Sandfeld 1930) et en Inde (Emeneau 1956, Masica 1976, etc.). Dans cesrgions, taient parles des langues gntiquement proches et des langues defamilles linguistiques diffrentes. Or, en dpit de leur origine divergente, ceslangues possdaient des similarits structurelles tonnantes. Certaines semblaientavoir acquis par contact ces caractristiques linguistiques structurales quellesnavaient pas lorigine.

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    De ce constat de proprits communes des langues voisines mais33

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  • Une aire linguistique est une rgion gographique contenant un groupe de troislangues minimum partageant un certain nombre de caractristiques structurelles,que lon ne retrouve pas dans les autres langues gntiquement affiliesnappartenant pas laire linguistique. Ces caractristiques ne doivent donc pas trehrits dun anctre commun, ni le fruit du hasard, mais bien le rsultat duncontact entre ces langues13.

    le nombre minimum de trois langues impliques pour pouvoir parler dairelinguistique ;

    1.

    des proprits linguistiques partages qui relvent du domaine structural etpas seulement lexical ;

    2.

    des caractristiques qui ne soient pas partages par le reste de la famillelinguistique ET qui soient bien dues au contact (et non des similitudesaccidentelles).

    3.

    Nombre de langues

    Schma 1 : Interfrence structurelle entre langues en contact : les deux schmas dediffusion

    non-apparentes est ne la notion daire linguistique, que lon peut dfinir de lafaon suivante :

    Dans cette dfinition, trois points importants sont retenir :

    La question du nombre de langues en contact impliques dans une airelinguistique est en effet essentielle pour deux raisons.

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    La premire est relativement vidente : inclure dans la dfinition dairelinguistique les situations o deux langues en contact montrent des similitudes,aurait pour consquence (1) de considrer la majorit des rgions du globe commedes aires linguistiques, (2) rduisant alors considrablement lutilit du concept, enen faisant un quasi-synonyme de celui de diglossie14.

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    Deuximement, les situations de contact entre deux ou plusieurs langues neproduisent pas les mmes interactions et les mmes schmas de diffusion(Thomason 2000 : 312). Dans le premier cas, la diffusion des traits linguistiques estgnralement unidirectionnelle ; en dautres termes, une langue A (cible) acquiertdes caractristiques structurelles dune langue B (source), la langue B tantgnralement considre par lensemble de locuteurs des deux langues comme plusprestigieuse. Dans les situations o plusieurs (plus de deux) langues sont encontact, la diffusion des traits linguistiques est multidirectionnelle : toutes lescaractristiques partages nont pas pour origine la mme langue. En dautrestermes, une langue A peut tre source dune caractristique x quelle diffusera auxlangues B et C, mais elle peut aussi emprunter une caractristique y la langue B ouC.

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  • Caractristiques communes : structurelles etnon lexicales

    Origine des similitudes : hasard, universaux,hritage, contact

    Le deuxime point de notre dfinition daire linguistique justifier est celui ducaractre structurel des traits partags par les langues. Structurel soppose ici lexical.

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    Comme prcdemment, il sagit dviter une dfinition trop englobante de lairelinguistique. En effet, lheure de la mondialisation, le vocabulaire se rpand aussivite que la technologie, et une grande majorit des langues du monde ont dans leurvocabulaire des mots emprunts langlais comme coca-cola , tlvision , email , i-pod , dmocratie , plastique , etc. Ds lors, si le partage devocabulaire tait une caractristique dfinitoire, la plante entire serait une airelinguistique !

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    Quant la question du nombre de caractristiques partages ncessaires pourquune rgion puisse tre considre comme aire linguistique, la question divise leslinguistes. Cependant, mme si certains comme Masica (1976 : 172) admet le caslimite o une aire est dfinie par un seul trait commun, la majorit des linguistessaccordent considrer quil en faut plusieurs sans pour autant en limiter lenombre (Thomason 2000 : 313 ; Campbell 1985, 2006).

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    Le dernier point de notre dfinition est que les traits partags par les langues de lazone ne sont ni des universaux du langage, ni des similarits accidentelles. Ils nedoivent pas non plus tre hrits de la proto-langue. On doit pouvoir montrer queces traits partags ont t acquis par contact entre les communauts linguistiques.

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    Cependant toutes les situations de contact de langue naboutissent pas lmergence daires linguistiques ; il est difficile, encore aujourdhui, de prdire lesconditions exactes qui engendrent ce type de situation, tant donn que lacomposante culturelle, lattitude des locuteurs face aux emprunts et leschangements lexicaux (ou structurels) sont difficilement modlisables.

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    Les tudes actuelles sur les contacts de langues mettent laccent sur le fait quunSprachbund nest pas uniquement un phnomne linguistique, mais plutt unphnomne historico-culturo-linguistique (cf. Campbell 1985, 1994, 2006 ;Thomason 2000, 2001 ; Muysken 2000 ; Aikhenvald & Dixon 2006 inter al.). En

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  • [Linguistic areas] arise in any of several ways through social networks

    established by such interactions as trade and exogamy, through the shift by

    indigenous peoples in a region to the language(s) of invaders, through repeated

    instances of movement by small groups to different places within the area.

    (Thomason 2001 : 104.)

    En rsum

    Appartenance du birman une airelinguistique Asie du Sud-Estcontinentale (ASEC)

    propos de lAsie du Sud-Est

    effet, une situation de bilinguisme nest pas suffisante lmergence dune airelinguistique. Les communauts linguistiques impliques dans laire linguistiquepartagent gnralement une culture, des traditions ; elles ont une histoire communeou pratiquent des changes commerciaux, sociaux. La gographie de la rgion aussia son importance : en facilitant ou non les changes entre locuteurs de languesdiffrentes, elle peut permettre ou ralentir la diffusion de certains traitslinguistiques.

    En rsum, des contacts intenses, le plus souvent durables15, entre communautslinguistiques de la rgion, sont un pr-requis lmergence dune airelinguistique16.

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    Nous avons ainsi vu que pour tablir lexistence de changements dus au contact,voire lexistence dune aire linguistique, la meilleure approche est de commencerpar vrifier lintensit des contacts entre communauts linguistiques. Ensuite, ilconvient de lister les proprits linguistiques communes aux langues suspectesdappartenir laire, en gardant lesprit que les frontires dune aire linguistiquene sont jamais clairement dfinies, et quune caractristique nest pasobligatoirement partage par lensemble des langues de la zone. Quen est-il delexistence dune aire linguistique en Asie du Sud-Est et de lappartenance dubirman cette aire ?

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    Dans cette section, nous montrerons quun grand nombre des caractristiqueslinguistiques du birman ne se retrouvent pas dans les autres langues de la familletibto-birmane. Elles existent en revanche dans des langues non-apparentes, dontles locuteurs ont t en contact pendant de nombreux sicles avec les locuteurs dubirman. Notre approche sinscrit dans la continuit des travaux dauteurs commeMatisoff (1986b, 1991), Bisang (1996), Clark (1989), Enfield (2005), Pain (2007)inter al., qui tendent montrer quun contact intense et durable (socio-culturel etcommercial) entre les diffrentes communauts linguistiques dAsie du Sud-Est(birmane, thae, mn, vietnamienne, cambodgienne, hmong, etc.) a amen leslangues converger.

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    Gographiquement, lAsie du Sud-Est17 (ASE) stend de la Birmanie ( louest)au Vit Nam, en passant par la Thalande, le Laos et le Cambodge, les provincesmridionales de la Chine et le nord de la Malaisie pour sa partie continentale, cellequi nous intresse ici. Pour sa partie insulaire, elle stend jusquaux Philippines,englobant lIndonsie et ses milliers dles.

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  • Carte 1 : Familles linguistiques en Asie du Sud-Est

    Lacito, CNRS

    Laire linguistique Asie du Sud-Est continentale(ASEC)

    Longtemps dfinie ngativement comme la zone comprise entre les deuxgrandes puissances de la rgion (De Koninck 1994, Mus 1977), savoir lInde et laChine, lAsie du Sud-Est est situe lintersection de ces deux zones culturellesimportantes18 ; elle est le rsultat de 2000 ans de contacts troits entre locuteurs delangues trs diverses et non-apparentes. Cinq familles linguistiques sont en effetreprsentes dans la rgion : famille austroasiatique (branche mon-khmer), familletai-kadai, famille hmong-mien19, famille sino-tibtaine, et famille austronsienne(langues Chamic parles sur la pninsule indochinoise et malais) (cf. carte 1).

    47

    Ces langues dAsie du Sud-Est, quoique non-apparentes, partagent pourtant uncertain nombre de caractristiques structurelles dans tous les domaines de lalinguistique : phonologique, morphosyntaxique, lexical, pragmatique.

    48

    Contacts intenses et durables entre locuteurs de langues non gntiquementrelies, caractristiques linguistiques partages, les ingrdients sont l pour postulerlexistence dune aire linguistique dans cette rgion.

    49

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  • Caractristiques partages phonologiques

    un systme vocalique riche ;a. des phnomnes suprasegmentaux (tons ou registres) ;b. la prsence dune consonne glottale, laspiration comme critre distinctif, etlexistence non-phonmique du voisement21 ;

    c.

    un emploi limit des consonnes la finale en comparaison du paradigme desconsonnes linitiale ;

    d.

    une relative simplicit de la syllabe contrebalance par une grande richessede contrastes tonals.

    e.

    Riche systme vocalique

    Tableau 2 : voyelles simples de quatre langues dAsie du Sud-Est

    Lexistence dune aire linguistique dans cette rgion du monde est documentedepuis peu, une vingtaine dannes tout au plus (cf. Matisoff 1986b, 1991, Bisang1996, Clark 1989), mme si des travaux plus anciens (Henderson 1965) faisaientdj tat de ressemblances troublantes entre langues non-apparentes. Jusquercemment (Heine & Kuteva 2005 ; Aikhenvald & Dixon 2006 ; Bisang 2006, 2008),cette rgion du monde napparaissait pas dans les ouvrages gnraux sur lesphnomnes de contacts de langues. Les premiers, notre connaissance, faireexplicitement rfrence une aire linguistique ASEC20 sont Miglizzia (1996),Matisoff (2001), et Enfield (2005). Leurs travaux font tat de ressemblancesdpassant le domaine lexical et concernant tous les domaines de la langue.

    50

    Dans les sections suivantes, nous nous attacherons montrer que lescaractristiques structurelles partages sont effectivement nombreuses et varies, etquelles existent en birman.

    51

    Dans le domaine phonologique, nous noterons que les caractristiques suivantes,partages par les langues de la zone (voir Matisoff 2001 : 30 ; Enfield 2005 :186-87), apparaissent aussi en birman :

    52

    Les langues de la rgion sont souvent caractrises par un systme vocaliqueconsquent : au minimum neuf voyelles et quatre degrs daperture, et un certainnombre de voyelles complexes (diphtongues, triphtongues).

    53

    Le tableau 2 prsente les systmes vocaliques simples22 de quatre langues dAsiedu Sud-Est. Les deux premires sont des langues reconnues de laire linguistiqueASEC, les deux suivantes sont des langues tibto-birmanes parles en Birmanie : lebirman et larakanais, dialecte birman parl louest de la Birmanie lafrontire avec le Bengladesh et considr comme archaque. Plus prochegographiquement des langues de la pninsule indochinoise que larakanais, lebirman lest aussi au regard de son systme vocalique. Il possde plus de voyellesque larakanais.

    54

    Lao(Lg Tai-Kadai)23

    Vietnamien(Lg Mon-Khmer)24

    Birman(Lg TB)

    Arakanais(Lg TB ouest de la zone ASEC)

    i u i u i u i ue

    o e

    o e

    o e

    o

    a a a a (ai)

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  • Tableau 3 : nombre de voyelles simples dans sept langues tibto-birmanes

    Phnomne suprasegmental : tons ou registre

    soit des langues tonales comme le tha, le lao, ou certaines langues hmong ;soit des langues registre, comme le khmer et le mn ;soit des langues avec un systme suprasegmental mixte comme levietnamien27.

    Tableau 4 : les tons du birman daprs Bradley (1980 : 260)

    Notons encore que la majorit des langues tibto-birmanes parles louest de laBirmanie ont moins de voyelles et gnralement trois degrs daperture seulementdans leur systme vocalique (voir le tableau 3).

    55

    Langues lolo-birmanes (aireASEC)

    Autres langues tibto-birmanes :( extrieur de laire ASEC)

    Languestibtiques25

    Birman : 8voyelles

    Tibtain de Lhassa : 8 voyelles26Meithei : 6 voyelles(3 degrs daperture)

    Lahu : 9 voyelles Sherpa : 7voyelles Tshangla : 5 voyelles

    Balti : 5 voyelles

    La deuxime caractristique phonologique partage que nous dtaillerons ici, estlexistence de phnomnes suprasegmentaux dans les langues de la zone ASEC. Endautres termes, ces langues sont :

    56

    Les tudes historiques sur ces langues montrent que lmergence de tons ou deregistres dans les langues de la zone, est mettre en relation avec lvolution de leurstructure syllabique : perte de consonnes finales, disparition de prfixes, voisementde la consonne initiale, etc. (Matisoff, 2001 : 304, 2003 : 15 sq.)28.

    57

    Langue dAsie du Sud-Est, le birman est sans conteste une langue phnomnesuprasegmental. Son systme tonal, quatre tons distinctifs, est parfois dcritcomme mixte, plusieurs paramtres entrant en jeu dans la description de ses tons :contour mlodie, longueur vocalique, mais aussi phonation (cf. tableau 4).

    58

    Dnominationtraditionnelle

    Contourmlodique Longueur Phonation

    N de ton(traditionfranaise29)

    Correspondanceavec les tonstablis pour leproto-lolo-birman30

    creaky haut courtvoixcraque(creaky)

    Ton 1 PLB Ton *3

    even haut-descendant long voix claire(clear) Ton 3 PLB Ton *2

    heavy bas (ou mdian) long (leplus long)

    voixlgrementsouffle(breathy)

    Ton 2 PLB Ton *1

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  • Caractristiques morpho-syntaxiques

    Langue isolante tendance monosyllabique

    Le but de cet article tant de montrer que le birman possde des traits spcifiquesacquis par contact et non hrits, nous allons nous pencher maintenant sur laprsence de phnomnes suprasegmentaux dans les autres langues de la famille.

    59

    Notons tout dabord que les systmes tonals ou registre ne sont pas trsfrquents dans les langues tibto-birmanes (TB). Les langues TB possdant unsystme de tons phonologiques dvelopp sont parles dans les zones frontaliresde la Thalande, de la Chine et du Laos, et correspondent grossirement aux languesde la branche lolo-birmane.

    60

    En outre, comme nous lavons dj signal pour les systmes vocaliques, plus onsloigne de la pninsule indochinoise, plus les systmes tonals se simplifient pouraller jusque la disparition totale. Ainsi le tibtain central na plus que deux tons, letamang, langue du Npal, a des tons de mots (Mazaudon 1973), tandis que lesdialectes tibtains du nord de lInde et de la Chine (cf. dialectes de lAmdo) ou duPakistan (cf. Lg balti) nont pas de tons du tout, et ont gard une structuresyllabique complexe31.

    61

    Les langues de cette rgion sont typiquement des langues isolantes ouanalytiques (sans flexion) ; elles ont tendance tre monosyllabiques (cf. Matisoff1986b : 75, 2001 : 304), utiliser davantage la composition que la drivation pour lacration de mots nouveaux. Elles possdent galement toutes des classificateurs, etont gnralement subi des volutions grammaticales similaires. Quen est-il dubirman ?

    62

    Quoique la nature non-flexionnelle du birman soit communment accepte parlensemble des chercheurs, son caractre isolant ou analytique est sujet controverse (cf. DeLancey, 1990 : 78). Pourtant, les mots en birman sont souventconstitus dun seul morphme ce qui nempche pas lmergence des formesplus complexes via la composition et la lexicalisation. Ces mots sont gnralementinvariables (pas de flexion), et la correspondance un--un entre mots et morphmesest lve : des caractristiques typiques de langues analytiques (cf. Haspelmath2002 : 832).

    63

    Le caractre monosyllabique du birman peut sembler discutable. Car dans cettelangue (7) comme dans de nombreuses langues de la rgion (8 et 9), on note laprsence de disyllabes particuliers comportant une premire syllabe mineureatonale et sans qualit vocalique trs nette (schwa)33.

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  • Langue classificateurs

    Tableau 5 : lordre des lments dans le syntagme nominal (SN) avec classificateursdans les langues dAsie (daprs Bartz & Diller 1985)

    Le deuxime fait marquant de la morphosyntaxe des langues de laire Asie duSud-Est continentale est lutilisation obligatoire dun mot classifiant ouclassificateur soit dans les processus dindividualisation des noms, cest--dire dansdes constructions impliquant la numration, la quantification, soit pour certainesmodifications nominales (gnitif, possession, dfinitude, deixis).

    65

    Les langues de la rgion se divisent alors en deux groupes selon la structure dusyntagme nominal contenant le classificateur (Bartz & Diller 1985, Simpson 2005).

    66

    Dans les langues du nord (nord-est) comme le vietnamien, le hmong (ou lechinois mandarin), le nom dtermin pour une quantit, suit le numral et leclassificateur. En revanche, dans les langues parles plus au sud (sud-est) comme lekhmer ou le tha, le nom-tte prcde le groupe compos du numral et duclassificateur34.

    67

    En birman, comme dans les autres langues de la zone sud, le nom est prpos augroupe compos du numral et du classificateur.

    68

    Famille [num-CLF] N N [num-CLF]

    Sino-tibtaine chinois (mandarin) birman, lahu, lisu, lolo (TB),sgaw karen

    Austronsienne malais, indonsien, cham javanais

    Austroasiatique(Mon-Khmer)

    brau, katu, sedang, vietnamien,hmong vert mn, khmer, khmu

    Tai-kadai zhuang, nung, tai noir, tai blanc tha standard, lao, shan

    Zone nord/nord-est Zone sud/sud-ouest

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  • La grammaticalisation du morphme obtenir (get,acquire)

    Les systmes classificateurs sont rares dans les langues tibto-birmanes parlesen dehors de lAsie du Sud-Est. Exception faite de quelques langues tibto-birmanesde Birmanie (i. e. hakka-lai, karen) et des langues de la branche lolo-birmane encontact avec des langues de la pninsule Indochinoise, peu de langues utilisent desclassificateurs. notre connaissance, ces derniers sont prsents seulement ennewari, en chantyal o le systme a t emprunt au npali (Nooman, 2003 : 319),dans quelques langues bodo-garo et dans une demi-douzaine de langues kiranti(Kazuyuki 2009).

    69

    Matisoff (1991) est le premier, notre connaissance, signaler lexistence dunegrammaticalisation parallle dans un certain nombre de langues du sud-estasiatique, savoir la grammaticalisation dun morphme verbal signifiant lorigine obtenir .

    70

    En birman, le morphme /ya1/ est un verbe signifiant obtenir, avoir,recevoir (cf. exemple [13]).

    71

    Ce verbe, comme de nombreux verbes du birman, a volu vers un sensgrammatical que lon rencontre lorsque /ya1 / apparat dans une srie verbale. Ilvhicule alors une modalit, quil sagisse comme en (14) dune obligation due descirconstances extrieures (modalit dontique), ou dune possibilit ou permissioncomme en (15).

    72

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  • des formes tymologiquement relies (gnralement dans des langues de lamme famille) qui ont subi le mme processus de grammaticalisation ;des formes diffrentes (non-tymologiquement relies) de sens identique( obtenir ) ayant subi le mme processus de grammaticalisation.

    Un examen rapide des donnes des langues voisines (apparentes ou non),montre que ce morphme /ya1/ a des correspondants formels et notionnels dansces langues. En dautres termes, on rencontre dans la rgion :

    73

    Les trois noncs lahu de lexemple (16) contiennent chacun une occurrencede/ga/, morphme apparent au birman /ya1/. En (a), il sagit du verbe plein. Dansles deux noncs suivants en revanche, /ga/ a t grammaticalis et fonctionnecomme un auxiliaire, vhiculant respectivement une modalit dontique en (b), ouune possibilit (en c).

    74

    Un dveloppement grammatical similaire peut tre observ en hmong. Le verbe/tau/ signifie obtenir (17a). Employ comme auxiliaire post-verbal, il indique lapossibilit ou la permission (17b).

    75

    Enfield (2001, 2003) et Auwera et al. (2009) montrent que cette volution duverbe signifiant obtenir se trouve dans des langues des cinq familleslinguistiques de la rgion. Or lexistence de ces processus de grammaticalisationdans des langues non-apparentes permet de rejeter la thse dune originecommune (hrite) de cette caractristique. En outre, la contigut gographique deces langues milite en faveur dune volution parallle due au contact de langues.Heine et al. (1991), Ansaldo (2004), Heine & Kuteva (2005) et Myusken (2008)(inter al.) notent que lemprunt dune fonction (grammaticale) sans la forme est unprocessus rcurrent dans les langues.

    76

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  • Caractristiques partages au niveau de laphrase

    Gnralement verbe mdian, les langues de la zone montrent cependantune certaine inconsistance dans lordre des lments modifieurs et deslments-ttes (cf. Alves 1995).

    1.

    Elles ont aussi une tendance lindtermination (Bisang 1996), et plusexactement la dpendance contextuelle (Enfield 2003 : 55). Cetteindtermination peut se traduire par une absence de marques temporelles ouune absence de formes linguistiques marquant une rfrence nominalelorsque le thme (topique) dun discours est maintenu. En dautres termes,les arguments du verbe (sujet ou objet) sont souvent omis, dans leur formepleine mais aussi sous forme pronominale.

    2.

    Enfin, elles font un usage extensif des constructions verbales en srie(CVS).

    3.

    Langues contextuellement dpendantes

    Considrons maintenant la structure gnrale des phrases dans les langues duSud-Est asiatique.

    77

    Dans la majorit de ces langues, et contrairement ce que lon trouve en franaisou en anglais, lancrage temporel dune proposition ne ncessite la prsence daucunmorphme grammatical spcifique et obligatoire. La temporalit de lvnement estgnralement drive du contexte situationnel comme dans les exemples lao (18) etbirman (19).

    78

    De mme, les systmes couramment employs pour marquer la continuitrfrencielle dans les langues, comme les systmes pronominaux, les indicespersonnels, sont singulirement absents dans ces langues.

    79

    Ainsi dans lexemple birman (20)a, le topique ou thme de la phrase qui peuttre dfini comme le rfrent propos duquel on a une information nouvelle communiquer est prsent sous la forme dun syntagme nominal les femmesbirmanes .

    80

    Dans la suite du monologue (noncs b, b, c), ce syntagme est absent et nestrepris ni anaphoriquement par un pronom, ni par un indice nominal sur le verbe.Seul le contexte permet de reconstruire les femmes birmanes comme sujet desdiffrents procs exprims. La continuit topicale, i. e. le fait que le thme dudiscours est le mme dune phrase lautre, est sans conteste une donne dont ilfaut tenir compte dans lanalyse grammaticale des langues de cette rgion, et dubirman en particulier.

    81

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  • Les sries verbales ou CVSLa deuxime caractristique des langues dASEC que nous prsenterons dans

    cette section sur la structure des phrases, est la prsence de nombreuses sriesverbales ou constructions verbales en srie (CVS).

    82

    De quoi sagit-il ? De la possibilit davoir plusieurs verbes les uns la suite desautres, sans conjonction ni coordination, sans aucun lment relateur.

    83

    Le syntagme verbal est alors constitu de plusieurs verbes qui syntaxiquementfonctionnent comme un tout (une seule proposition). Smantiquement, la srie deverbes renvoie un vnement unique du point de vue des locuteurs, ce quinempche pas la dcomposition de lvnement en plusieurs sous-parties.(cf. Bisang 1991, 1996, Vittrant 2006, Diller 2006, inter al.).

    84

    Cette construction verbale particulire est courante dans les langues de la rgion(21) et bien prsente en birman (22).

    85

    Notons que les constructions verbales en srie (CVS) se rencontrent dans dautreslangues tibto-birmanes. Courantes en karen (23) langue parle la frontire avecla Thalande , elles sont nettement plus rares en tibtain o lon rencontre unautre type de prdicat complexe. Ainsi dans lexemple tibtain (24), la prsence duconnecteur byas entre les verbes mordre et tuer implique la prsence dedeux propositions. Le caractre facultatif de byas en (b), permet dassimiler legroupe verbal une CSV : les deux verbes font en effet partie de la mmeproposition.

    86

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  • Autres caractristiques

    les systmes pronominaux qui encodent la politesse de faon complexe,surtout dans les langues des ethnies dominantes qui sont traditionlittraire, comme le birman, le lao, le tha, le vietnamien, le khmer(cf. tableau 6) ;

    1.

    les particules de fin de phrase dont la fonction est dexprimer un typedmotion ;

    2.

    lusage dexpressions idiomatiques, i. e. idophone ou psycho-collocations (cf. exemples [25] [28]) ;

    Tableau 6 : le systme pronominal du birman et ses niveaux de langue

    Note 35

    La liste des caractristiques linguistiques partages par les langues du Sud-Estasiatique est loin dtre close. Nous pouvons encore citer :

    87

    Le tableau 6 ci-dessous prsente le systme pronominal du birman ; trois niveauxde politesse y sont encods pour les personnes du discours (1e et 2e).

    88

    Deux types dexpression idiomatiques sont dun usage courant dans les languesde laire linguistique Asie du Sud-Est continentale : les idophones et les psycho-collocations. Les premiers sont gnralement composs de quatre syllabes dontlune au moins est rduplique (partiellement ou totalement) ; ils ont une fonctionde modifieur adverbial comme en (25)-(26) (voir galement Watson 2001). Lesseconds, i. e. psycho-collocations, sont des expressions polymorphmiques quirenvoient un tat, une qualit, un sentiment, et dont lun des constituant est lenom dune partie du corps, gnralement un organe, considre comme le centredes motions (cur, foie, esprit, etc.) (Matisoff 1986a : 936). Ils sont illustrs par lesexemples en (28).

    89

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  • ConclusionDans cet article, nous avons souhait montrer lappartenance du birman laire

    linguistique Asie du Sud-Est. Dans un premier temps, nous avons prsent lescaractristiques linguistiques partages par les langues de cette aire, en mettantlaccent sur la diversit de ces caractristiques : traits phontiques (systmevocalique, tons, etc.), mais aussi traits grammaticaux (classificateurs numraux,grammaticalisation du verbe obtenir , expressions idiomatiques labores, etc.).Nous avons ainsi pu noter que la quasi-totalit des traits partags par les langues dela zone, se retrouvait en birman ce qui milite pour lappartenance de cette langue laire linguistique Asie du Sud-Est. En outre, les caractristiques relevesnexistent bien souvent pas dans les langues tibto-birmanes parles lextrieur dela zone. En dautres termes, on peut postuler que ces traits ne sont pas hrits de laproto-langue, mais ont t emprunts lors des nombreux contacts tablis entrecommunauts du Sud-Est asiatique.

    90

    On notera cependant que la distribution des trais communs aux langues de lairenest pas uniforme. Toutes les langues de la zone ne possdent pas lensemble descaractristiques releves, comme frquemment dans les situations dairelinguistique. Chaque trait partag peut en effet avoir une langue source diffrente,et les schmas de diffusion ne seront alors pas identiques. Il en rsulte une grandevariation quant au nombre et au degr de partage des traits par les langues de lairelinguistique.

    91

    Aujourdhui, lexistence dune aire linguistique Asie du Sud-Est (continentale) nepeut tre conteste, tant donn le nombre important des caractristiques

    92

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  • Abrviations

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    Format

    linguistiques varies qui sont partages par les langues de la rgion.Quant au birman, caractris par des divergences par rapport aux langues tibto-

    birmanes, et des convergences vers les langues voisines, il a sa place dans lairelinguistique Asie du Sud-Est continentale.

    93

    ASS : assertion du locuteur ; AUX : auxiliaire ; CLF : classificateur ; const :modalit constative ; CONV : converb (conjonction), CVS : Construction verbale ensrie ; DEM : dmonstratif ; ERG : cas ergatif ; F.P. : femme parlant ; GEN :gnitif ; H.P. : homme parlant ; INCHOAT : aspect inchoatif ; IR : modalitirralis ; LOC : locatif ; NEG : ngation ; OBJ : objet ; perf. : aspect parfait(perfect) ; PLUR : pluriel ; POL : politesse ; POSS : possibilit ; PVF : particuleverbale finale ; PV : particule verbale ; PTCL : particule ; R : modalit ralis ;rsult : aspect rsultatif ; SG : singulier ; TOP : topic.

    94

    AIKHENVALD, A.Y. & R.M.W. DIXON (ds), 2001, Areal Diffusion and Genetic Inheritance :Problems in Comparative Linguistics, Oxford : Oxford University Press.

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    Annex

    Carte des principales langue cites

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  • Lacito, CNRS

    Notes

    1 Voir Gerner (2007) pour un historique des travaux sur les changements phontiques dans leslangues tibto-birmanes dus la prsence du prfixe causatif dans la proto-langue.

    2 Daprs Gerner (2007 : 145). La langue yi cite est le Weining Neasu, parle dans le sud de laChine.

    3 Les langues karen sont parles dans le sud-est de la Birmanie et en Thalande. Elles formentune branche part dans la famille des langues tibto-birmanes (cf. figure 1). Les langues baisont parles dans le sud de la Chine (Yunnan). Elles participent de la branche tibto-birmanedu nord-est, avec les langues quiangic, rGyalrong et naxi.

    4 Lislandais, langue germanique, est parl en Islande. Langami, langue tibto-birmane (TB),est parl dans le nord de lInde, en Assam. Le mulam et le blang sont respectivement deslangues de la famille Tai-Kadai (TK) et Mon-Khmer (MK) ; la premire est parle dans le sudde la Chine, et la seconde dans le Yunnan (Chine), en Birmanie et en Thalande. Langue envoie de disparition (200 locuteurs), le mo' piu semble tre une langue Hmong-Mien (HM) ;elle est parle dans le nord du Vit Nam, dans la province de Lao cai.

    5 Il est en effet facile lenfant de voir quels organes (lvres) entrent en jeu pour laproduction dune consonne labiale, alors quil lui sera impossible de voir que la productionde consonnes vlaire comme [k] ou [g], ncessitent dutiliser le voile du palais, i. e. le fond de lagorge.

    6 Cf. Heine et al. (1991).

    7 Heine liste neuf schmas vnementiels lorigine des grammaticalisations verbales dans les

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  • langues : le schma de localisation (X est Y) o le verbe de localisation volue souvent versun aspect progressif ou imperfectif ; le schma de mouvement (X Vbe de mouvement Y) quiproduit souvent des auxiliaires temporels ; le schma de la volition (X veut Y) o le verbe devolont volue vers du futur, etc.

    8 Conu comme un dictionnaire, louvrage de Heine & Kuteva (2002) propose de mettre enrelation lexmes verbaux et sens grammaticaux potentiels. Pour chaque verbe, le dictionnairerpertorie les sens grammaticaux vers lesquels le lexme volue le plus souvent. Et chaquevaleur grammaticale est attribue les origines verbales possibles et rencontres. Chaque entreest illustre par de nombreux exemples dans des langues trs varies.

    9 Sur le contact de langues et les changements grammaticaux, cf. Heine & Kuteva (2005). Surles scnarios de contact de langues et les volutions linguistiques qui en dcoulent,cf. Muysken (2008).

    10 Cette consonne nasale vlaire [] de parking est distinguer de celle que lon trouvedans vigne , savoir la consonne nasale palatale [].11 Voir cependant Loock (2009).

    12 Le concept de Sprachbund est aussi connu sous les termes de linguistic area (airelinguistique), convergence area , contact-induced convergence (cf. Bisang 2006).

    13 Notre dfinition est largement inspire de celles de Thomason (2000) et Aikhenvald &Dixon (2001). Voir aussi Campbell (1985).

    14 La diglossie correspond lutilisation en alternance, dans une mme communaut delocuteurs, de deux dialectes dune mme langue dont lune reprsente la varit standard (lalangue statut officiel) et lautre la varit vernaculaire. Ainsi en Suisse (partiegermanophone), suisse-allemand (schwyzerttsch) parl en famille et allemand standard(enseign lcole) sont les deux dialectes utiliss quotidiennement par la communautgermanophone. Par extension, le terme est appliqu toute situation o une langue dominante est parle en alternance avec une langue domine , mme non apparente.Voir Blanchet pour plus de dtails sur la notion de diglossie (2000 : 130).

    15 Muysken (2008 : 8) note que la dure des contacts nest pas une composante ncessairedans le cas de changements linguistiques dus au contact. On sait en effet par ltude des crolesque, dans des circonstances trs favorables, les changements peuvent intervenir trsrapidement, i. e. une cinquantaine dannes, comme dans le cas des croles du Surinam.

    16 Sur les pr-requis lmergence dune aire linguistique, voir Thomason (2000 : 316) et Dalh(2001).

    17 Le terme Asie du Sud-Est ne recouvrait pas lorigine lensemble de Sud-Est asiatique.Mais, aprs la Seconde Guerre mondiale et la suite de la cration de lASEAN (Association deNations unies dAsie du Sud-Est) en 1967, il sest impos progressivement pour dsigner unensemble gographique et conomique compos aujourdhui de dix pays (De Koninck 1994 : 1,96).

    18 Les termes de indosphere et sinosphere sont employs par Matisoff (1990 : 113)pour parler de zones dinfluence linguistique en Asie du Sud-Est. Voir aussi Mus (1977) surlinfluence ingale des deux grandes civilisations indienne et chinoise sur les pays de lapninsule.

    19 La famille de langues hmong-mien est aussi connue sous les termes de miao-yao. Lepremier terme est un autonyme, le second est un ethnonyme chinois. Les Hmong sont aussiconnus sous le terme de mo , version indochinoise de mio (Niederer 2001-2002).

    20 Laire linguistique Asie du Sud-Est continentale est appele Mainland Southeast Asia dansles travaux de linguistique anglophones.

    21 Pour expliquer les phnomnes de voisement et daspiration fluctuants dans lhistoire deslangues tibto-birmanes, plusieurs facteurs sont avancs par Matisoff (2003) dont le contactde langues, mais aussi linteraction entre prfixe et initiale consonantique des mots prfixs.Lauteur fait tat dun phnomne aral ancien (2003 : 16), i. e. le dvoisement des consonnesvoises, qui a affect beaucoup de langues dAsie orientale lors de linvasion mongole(XIIe-XIIIe sicle).

    22 Notre intention tant de montrer la diffrence en termes de degr daperture, notre tableaune prsente que les distinctions vocaliques simples, faisant abstraction des voyelles complexes(diphtongues, triphtongues).

    23 Daprs Ratree Wayland (1996).

    24 Daprs Mark Alves (1995), Enfield (2005). En vietnamien et dans les langues tai, certainesvoyelles ont des distinctions de longueur qui ne sont pas notes ici.

    25 Si on exclut les dialectes du Kham parls la frontire de laire Asie du Sud-Est (sud de laChine), les langues tibtiques ont un systme vocalique plus simple (voir les dialectes delAmdo [Qinhai], le balti [Pakistan], le sherpa [Npal] ou le ladahki [Inde]). Dune manire

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  • gnrale, on notera que les langues les plus occidentales de la famille possdent moins devoyelles que celles parles lest.

    26 Daprs Tournadre & Dordje (2002 : 23).

    27 Dans une langue systme mixte, les tons sont dfinis selon leur contour mlodique, leurlongueur, mais aussi selon le type de phonation (souffle, claire, craque ) et la prsence deconstriction glottale.

    28 Matisoff (2003 : 18) : In the SE Asian linguistic area there is also a profoundinterrelationship between the manner of initial consonants and the development of tone,usually manifested by the influence of the former on the latter. Typically a voiced initial iscorrelated with a lower tone than a voiceless one, although this phenomenon is usually onlyallophonic in a language with a robust voicing contrast. However, if a language undergoes aconsonantal merger due to devoicing of an older voiced series, as has happened repeatedly inthis linguistic area [...], this previously allophonic tonal difference can become contrastive,schematically.

    29 Cf. Bernot (1980).

    30 Daprs Matisoff (2003 : xl).

    31 La ligne de dmarcation entre langues TB tons et langues TB sans ton passe par le Npal,qui possde des langues tons de mots comme le Tamang, et des langues sans ton comme leslangues Kiranti.

    32 Haspelmath (2002 : 8) : Linguists sometimes use the term analytic or synthetic todescribe the degree to which morphology is made use of in a language. Languages like Yoruba,Vietnamese or English, where morphology plays a relatively modest role, are called analytic.[...] When a language has almost no morphology and thus exhibits an extreme degree ofanalyticity, it is usually called isolating.

    33 Cette volution de la structure syllabique et morphmique est concomitante lmergenceou la modification du systme prosodique dans ces langues (tons, accentuation, registre)(Matisoff 2001 : 304).

    34 Certaines langues permettent des variations dans lordre des lments du syntagmenominal pour des raisons pragmatiques (bahasa indonsien), de style (mandarin) ou dedfinitude (tha). Ainsi en bahasa indonesia, si lon veut mettre une emphase sur la quantit, legroupe Num +CLF viendra avant le nom ; en revanche, si lemphase porte sur le nom, legroupe Num+CLF apparatra aprs. Sur le mandarin, voir Tao (2004).

    35 Cette marque de pluriel collectif peut aussi signifier un je pour une femme parlant, et ilest moins dsinvolte que a2/.

    36 Matisoff (1986 : 8) : Many languages of East and Southeast Asia tend to treat thesemantic area of psychological phenomena much more like an overt class (or Whorfianphenotype). Typically such concepts are expressed by collocations (i.e. multimorphemic setexpressions), one of whose constituents refers explicitly to the psyche.

    List of illustrations

    TitleFigure 1 : Les langues de la famille sino-tibtaine (daprsThurgood 2003)

    URL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-1.pngFile image/png, 162k

    TitleTableau 1 : Vocabulaire tibto-birman, correspondances(daprs Matisoff 2000)

    URL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-2.pngFile image/png, 125k

    Caption Note 2 sur Yi

    URL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-3.pngFile image/png, 117kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-4.pngFile image/png, 39kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-5.pngFile image/png, 74k

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  • TitleSchma 1 : Interfrence structurelle entre langues en contact :les deux schmas de diffusion

    URL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-6.pngFile image/png, 92kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-7.pngFile image/png, 64kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-8.pngFile image/png, 53kTitle Carte 1 : Familles linguistiques en Asie du Sud-Est

    Credits Lacito, CNRSURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-9.pngFile image/png, 491k

    URL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-10.pngFile image/png, 150kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-11.pngFile image/png, 91kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-12.pngFile image/png, 56kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-13.pngFile image/png, 143k

    URL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-14.pngFile image/png, 171kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-15.pngFile image/png, 142kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-16.pngFile image/png, 103kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-17.pngFile image/png, 46kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-18.pngFile image/png, 127kURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-19.pngFile image/png, 122kTitle Tableau 6 : le systme pronominal du birman et ses niveaux de langue

    Caption Note 35

    URL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-20.pngFile image/png, 80k

    URL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-21.pngFile image/png, 263k

    Credits Lacito, CNRSURL http://moussons.revues.org/docannexe/image/94/img-22.pngFile image/png, 158k

    References

    Bibliographical reference

    Alice Vittrant, Aire linguistique Asie du Sud-Est continentale : le birman en fait-il partie ? ,Moussons, 16 | 2010, 7-38.

    Aire linguistique Asie du Sud-Est continentale : le birman en fait-il partie ? http://moussons.revues.org/94?lang=en

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  • Electronic reference

    Alice Vittrant, Aire linguistique Asie du Sud-Est continentale : le birman en fait-il partie ? ,Moussons [Online], 16 | 2010, Online since , connection on 24 January 2015. URL :http://moussons.revues.org/94

    About the author

    Alice VittrantAlice Vittrant est docteur en linguistique et matre de confrences luniversit de Provence(France). Aprs une thse et des travaux sur les langues tibto-birmanes et plusparticulirement le birman, elle sest intresse aux langues des rgions voisines. Elle a ainsitendu son champ de recherche aux langues dAsie du Sud-Est et aux phnomnes decontacts de langues. Elle travaille depuis peu ltude et la description dune langue hmongnon-dcrite parle au nord du Vit Nam

    Copyright

    Presses Universitaires de Provence

    Aire linguistique Asie du Sud-Est continentale : le birman en fait-il partie ? http://moussons.revues.org/94?lang=en

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