Aikido Mag 2006/12

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1 AÏKIDO FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES magazine DÉCEMBRE 2006 P ASCAL GUILLEMIN Je m’aperçois qu’il y a devant nous, des champs entiers à défricher, où l’Aïkido peut s’exprimer.AÏKIBUDO Yudansha l’étape essentielle RENCONTRE DOMINIQUE CHARMETTE AÏKIDO ET PARTAGE

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Le magazine de la Fédération française d'Aïkido, dAïkibudo et Affinitaires. Numéro de décembre 2006.

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AÏKIDOF É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D ’ A I K I D O A I K I B U D O E T A F F I N I T A I R E S

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PASCAL GUILLEMIN“Je m’aperçois qu’il y a devant nous, des champsentiers à défricher, où l’Aïkidopeut s’exprimer.”

AÏKIBUDOYudanshal’étape essentielle

RENCONTREDOMINIQUECHARMETTEAÏKIDO ET PARTAGE

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L’esprit de l’universL’Aïkido est une pédagogie qui serait bien vaine si ses effets sedissipaient une fois la porte du dojo refermée.Dans les pages suivantes, certains expliqueront comment ils onttransposé dans des activités sociales d’aide aux personnes cequ’ils ont appris sur les tatamis.Il faut une longue réflexion pour faire cela bien.En effet, nous avons tous ressenti que la pratique de l’Aïkidoimprimait en nous d’autres comportements, devenus naturels,que ceux que nous avions instinctivement jusqu’alors.Mais nous savons aussi tous que ce n’est pas facile à expliqueret à transmettre.Au-delà de la curiosité vis-à-vis de ces passionnantes expériences,c’est le rappel bienvenu que notre discipline est par nature altruiste.Il ne peut s’agir de se développer seul contre les autres. C’estparce que les autres iront mieux que notre paix sera assurée etc’est le seul sens possible d’un véritable art martial.Franck Noël, dans sa communication au séminaire technique enjuin dernier, soulignait justement cette finalité sociale de l’Aïkidoen rappelant la conclusion d’O sensei quant à son invention :

« Le véritable budo consiste d’abord àaccepter l’esprit de l’univers, à sauve-garder la paix en ce monde, à proté-ger et favoriser l’épanouissement detous les êtres ».« D’abord », nous dit-il donc, c’est parlà qu’il faut commencer, acceptons l’esprit de l’univers et le reste viendra.

Maxime DelhommePrésident de la FFAAA

P.S. : Information qui n’a rien à voir,quoique…Lors de la réunion de la commission consul-tative des arts martiaux du 20 décembreau ministère, nos collègues de la FFAB ontdéclaré que l’ensemble de leurs ligues sesoumettrait dorénavant, sans condition,au règlement en vigueur pour les passagesde grades. C’était bien la peine.

AÏKIDO MAGAZINE décembre 2006 est édité par la FFAAA, 11, rue Jules Vallès 75011 Paris - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91www.aikido.com.fr - Email : [email protected]

Directeur de la publication: Maxime Delhomme. Directeur administratif: Sylvette Douche. Réalisation: Ciné Horizon. Photographe : Jean Paoli. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable.

DISTINCTIONSHONORIFIQUES

Par décision du ComitéDirecteur National, a été crééela Commission Fédérale desDistinctions dans le but derécompenser les personnesayant consacré bénévolementleur temps aux activités de laFédération pendant une duréesignificative.Qu’il s’agisse d’animationdans les ligues ou les dépar-tements, ou de fonctionsadministratives dans les asso-ciations constituées au niveaunational, ligue, départementou club, votre Fédérationserait heureuse de récom-penser le dévouement désin-téressé dont on fait preuve ceslicenciés.Il est également possible derécompenser des personna-lités extérieures à la FFAAA,telles que communes ou col-lectivités locales qui ont faci-lité, d’une manière impor-tante, l’implantation, l’en-traînement et la pratique del’Aïkido ou de l’Aïkibudo.

Les dossiers sont à retirer au siège de la Fédération.

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INFOS - STAGES

◆ JANVIER 2007

7 JANVIER : CHRISTIAN TISSIER - CALAS en Provence

20 JANVIER : CHRISTIAN TISSIER -TROYES OU CHALONS EN

CHAMPAGNE

21 JANVIER : CHRISTIAN TISSIER - VESOUL OU BESANCON

21 JANVIER : ARNAUD WALTZ - BLOIS (Centre)

28 JANVIER : ARNAUD WALTZ - TOULOUSE (Midi Pyrénées)

28 JANVIER : CHRISTIAN TISSIER - NANTES (Pays de Loire)

◆ FEVRIER 2007

4 FEVRIER : FRANCK NOEL - ROYAT OU CLERMONT FERRAND

5 AU 9 FEVRIER : CHRISTIAN TISSIER - GUADELOUPE

11 FEVRIER : CHRISTIAN TISSIER - DIJON (Bourgogne)

25 FEVRIER : FRANCK NOEL - RENNES (Bretagne)

◆ MARS 2007

4 MARS : CHRISTIAN TISSIER - ST AVOLD (Lorraine)

11 MARS : FRANCK NOEL - PARIS

25 MARS : CHRISTIAN TISSIER - LAON (Picardie)

◆ AVRIL 2007

1er AVRIL : CHRISTIAN TISSIER - POITIERS (Poitou Charentes)

1er AVRIL : FRANCK NOEL - BOULOURIS (Côte d'Azur)

10 AU 14 AVRIL : PASCAL NORBELLY - CAYENNE (Guyanne)

29 AVRIL : FRANCK NOEL - PERPIGNAN (Lang.Roussillon )

◆ MAI 2007

6 MAI (à confirmer) : FRANCK NOEL - ROUEN

12 AU 13 MAI : FRANCK NOEL - STRASBOURG

20 MAI : CHRISTIAN TISSIER - CORTE (Corse)

26 MAI : FRANCK NOEL - LYON (Rhône Alpes)

◆ JUIN 2007

17 JUIN : CHRISTIAN TISSIER - CAEN (Basse Normandie)

◆ PASSAGES DE GRADES

- 3° DAN Interzones - 4 février 2007 et 10 juin 2007

- 4° DAN National - 9 juin 2007

Retrouvez toutes lesinfos fédérales,les stages,etc.,sur le site web de la FFAAA

www.aikido.com.fr

MANIFESTATIONS ET STAGES NATIONAUX - SAISON 2006/2007

STAGES TECHNICIENS

◆ Paul Muller 7e dan : Boulouris du 25 au 30 août 07

-WATTENS (Autriche) : du 18 au 23 août 07

Renseignements : [email protected]

◆ Christian Tissier 7e dan : Roquebrune-sur-Argens :

du 29 juillet au 3 août 07 et du 5 au 10 août 07

-Bosingfeld : du 14 au 21 juillet 07

-Wegimont (Belgique) : du 11 au 18 août 07

Informations : www.christiantissier.com

◆ Alain Guerrier 7e dan : Boulouris : du 17 au 20 mai 07

-Crest : 14 au 17 juiilet 07 - Dieulefit : du 19 au 22 juillet 07

Informations : 04 94 53 14 00

◆ Franck Noel 7e dan : Saint Pierre d'Oléron : 16 au 28 juillet 07

-Estavar 11 au 18 août - Rens : 05 61 26 10 31 - 04 68 73 13 34

◆ J. M. Mérit 6e dan : Gujan-Mestras : du 15 au 20 juillet 07

-Temple sur Lot : du 6 au 11 août 07 - Rens : 05 53 40 50 50

◆ Bernard Palmier 6e dan : Autrans : du 21 au 28 juillet 07

Informations : 04 76 95 30 55

◆ Philippe Léon 6e dan : Andernos : du 7 au 12 juillet 07

Renseignements : 05 56 36 86 41

◆ Patrick Bénézi 6e dan : Fouesnant : du 15 au 20 juillet 07

-Montrevel : du 22 au 27 juillet 07

-Vincennes : du 18 au 23 août - Rens : 06 11 40 19 31

◆ Gilbert Maillot 5e dan : Marvejols : du 10 au 15 février 07

-Evian : du 4 au 10 aout 07 - Sète : du 11 au 17 août 07

Renseignements : 06 15 20 06 96

◆ Gilbert Herb 5e dan : Lamoura du 11 au 15 juillet 07

-Lons le Saunier : du 18 et 19 août 07

Renseignements : 06 88 67 97 02

◆ Bruno Zanotti 5e dan : Beck du 28 juillet au 5 août 07

Renseignements : 06 08 16 95 72 - 06 08 21 52 26

◆ Joël Roche 5e dan : Ile de Noirmoutier : du 9 au 15

juillet 07 - Renseignements : [email protected]

STAGES NATIONAUX FORMATION

Préparation aux 3e et 4e dan :

-27 et 28 janvier 07 avec Mariano Aristin 7e dan et

Pierre Roussel-Galle 6e dan - Région parisienne

-31 mars et 1er avril 07 avec Paul Muller 7e dan et

Alain Verdier 6e dan - Région bordelaise

Préparation BEES :

-7 et 9 avril 07 avec Paul Muller 7e dan et

Gilles Rettel 5e dan - Lieu à confirmer

Formation enseignants des sections jeunes :

-17 au 20 mai 07 avec J.M. Mérit 6e dan - Lieu à confirmer

Formation enseignants et futurs enseignants :

-20 au 24 août 07 avec Franck Noel 7e et

Bernard Palmier 6e dan - Dinard

Renseignements et inscriptions :

FFAAA : 11 rue Jules Vallès - 75011 Paris

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Vdu soleil dans l’aïkiDans le cadre estival de la côte d’azur Dominique Charmette, 3e dan BEES,transmet avec chaleur et générosité un Aïkido construit auprès de senseïaussi différents que Saïto, Seki ou Nishio. Rencontre à Nice avec une aïkidokatequi n’hésite pas à s’engager dans les causes les plus nobles.

Vous enseignez aux adultes etaux enfants. Lesquels sont lesplus faciles à gérer, voire lesplus réceptifs ?Je ne dirais pas que les uns sont plus faciles àgérer que les autres. Mais ils posent des contraintesdifférentes. Les adultes par définition sont despersonnes qui ont achevé leur croissance pourparvenir à maturité (sur le plan physique, sur ledéveloppement de la personnalité), ils sont auto-nomes, responsables, possèdent un vécu. La com-munication se fera sur un plan d’adulte à adul-te. L’enseignant devient alors un gestionnaire derelations humaines.Un enfant est un adulte en devenir, son déve-loppement physique est en pleine croissance, sapersonnalité cherche à s’affirmer mais il a besoind’encadrement, de limites. Dans le premier cas,le professeur d’Aïkido est un transmetteur desavoir et de savoir-faire (connaissances techniques,développement harmonieux du corps afin d’in-tégrer l’esprit de l’Aïkido). Cela est égalementvrai pour les enfants, mais le professeur d’Aïkidova devoir endosser un rôle important, supplé-

mentaire, d’éducateur. Enseigner aux enfantssuppose une gestion de la discipline, proposerun cadre car les enfants n’ont pas trop de limites.Je suis très exigeante au moment du salut, c’estun temps calme, concentré et respectueux. Demême sur le fait de saluer en entrant et en sor-tant du tatami. Cet aspect est plus facile à géreravec les enfants car je me situe dans un rapportd’autorité, adulte-enfants. Il est plus difficile defaire respecter les règles par les adultes si l’on neveut pas instaurer ce rapport d’autorité.La gestion d’un cours pour enfants nécessite unminimum de connaissances de ce public. Lesattentes, les capacités, les compétences desenfants de 5 à 8 ans et de ceux de 8 à 12 ans nesont pas les mêmes. En effet, les attentes des 5à 8 ans sont plus centrées sur le ludique, le jeuest très important. Pour les 8 à 12 ans, cela restevrai mais ils sont plus demandeurs de technique.Les capacités diffèrent également : un enfant de5 ans ne possède pas la même tonicité qu’unenfant de 12 ans et aura des difficultés à pous-ser sur sa jambe d’appui pour déclencher unechute avant. Evidemment, il existe toujours des

exceptions, l’en-fant de 5 ans peutêtre très toniqueet celui de 12 anslymphatique, apa-thique. Les exi-gences et les cri-tères de réussitevont varier d’unetranche d’âge àl’autre et pourchaque individu.Chez l’adulte, lescapacités serontdifférentes selonqu’il aura ou pasdéjà pratiqué desactivités phy-

siques. Les difficultés, si elles existent, seront plu-tôt d’ordre psychologique : gérer l’appréhensionde la chute ou des blocages tant physiques quepsychiques. Les adultes comme les enfants seront réceptifs sil’on arrive à gérer ces différents paramètres.

Quelles sont les principales dif-férences d’approche pour vous ?J’ai plus de quinze ans de pratique avec les enfants,en effet, j’ai très rapidement assisté mon profes-seur dans ses cours enfants. C’est un public queje connais bien car professionnellement j’encadredes enfants de 3 à 12 ans en tant qu’animatrice. Pour les adultes, mon expérience de pratiquan-te m’a permis de repérer deux grandes approchesd’enseignement : une démarche pédagogique,plus occidentale, qui privilégie l’analyse, l’expli-cation et une démarche basée sur l’observation,la sensation, la pratique, la répétition qui est unpeu plus asiatique. La première va permettre d’ac-quérir des progrès plus rapidement, la secondeva réaliser un travail en profondeur, va mouler lecorps et l’esprit pour l’adapter à l’Aïkido.Pour enseigner l’Aïkido, les deux approches sontnécessaires. La démarche analytique correspondplus aux adultes qui sont demandeurs d’explica-tions, ils veulent comprendre. Il faut que la tech-nique marche, il y a un objectif de résultat. Parrapport à mon vécu, celui-ci est moins présentchez l’enfant. J’adopte plus l’observation, le mimé-tisme et la répétition, cela n’empêche pas quelquesexplications mais ce n’est pas la dominante.L’enseignement aux adultes consiste à leur pro-poser un thème de travail. Ils sont en généralmotivés, ils vont chercher, travailler à réaliser latechnique. Ils sont venus pour çà. Ce qu’il fautgérer avec les adultes débutants c’est la recherched’efficacité, l’appréhension des chutes, pour ukeapprendre à ne pas se mettre en opposition, maisau contraire suivre tori, se mettre en harmonieavec lui. Uke doit comprendre que se mettre en

RENCONTREDominique CHARMETTE

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harmonie avec tori ne signifie pas être faible, aucontraire : je reste présent, je crée une contrain-te pour tori tout en me protégeant. C’est un mes-sage qui n’est pas si aisé à faire passer ou dumoins à mettre en pratique.L’Aïkido est un art martial très technique donc, apriori, peu accessible aux jeunes enfants. De plus,de nombreuses techniques agissent au niveaudes articulations. Etant donné que les enfantssont en pleine croissance, ils se plaignent quel-quefois d’avoir mal aux jambes, aux articulations,j’exclue toutes techniques qui mobilisent les arti-culations pour les 5 à 12ans. Mon enseignementpour les 7 à 12 ans est fortement axé sur les tech-niques suivantes : kokyu-nage sur toutes lesattaques, ikkyo sur aï hammi, katate dori, sho-men, les formes sokumen irimi nage, etc. Sur un cours type d’une heure pour les 6 à 8 ans,je consacre 20 minutes pour des exercices à lafois d’échauffement et de développement descapacités motrices, physiques, toujours sur unsupport ludique. Par exemple : une course à quatrepattes, marcher sur les mains et les pieds, per-met de travailler les changements d’appui, la sou-plesse (intitulé ludique le cheval) au fur et à mesu-re de l’aisance des enfants cela devient une cour-se. Se déplacer sur le ventre, l’enfant va devoirmobiliser son bassin, ses hanches (faire le ser-pent), exercices de flexion, extension, dévelop-pement de capacité musculaire (sauter commela grenouille), etc.Ensuite de nombreux exercices à deux, pour col-ler à la spécificité de l’Aïkido, développer les capa-cités d’écoute du partenaire : s’accrocher par lesbras, dos à dos, un enfant se retrouve en marcheavant et l’autre en marche arrière. Si l’un va tropvite le duo tombe et il est éliminé. La course ducheval et du cavalier (l’un est à quatre pattes,

l’autre enjambe son partenaire sans s’asseoir, lesmains sur la tête, le duo doit arriver premier maisensemble). L’enfant ne peut gagner tout seul, ilest obligé de se mettre en harmonie avec sonpartenaire pour réussir.Les enfants acquièrent des capacités et des com-pétences qu’ils vont pouvoir réinvestir dans lapratique de l’Aïkido tout en s’amusant. Nos objec-tifs respectifs sont atteints.

Quels sont les points forts surlesquels vous insistez pouraccrocher les jeunes pratiquantsdébutants ?Si, par jeunes, vous entendez les 12-18 ans, lestrois-quarts ont commencé dans les cours enfantset ils ont gravi tous les échelons. D’où l’intérêt descours enfants. Il est plus facile d’attirer le publicenfant que celui des adolescents plus tenté par lessports de combat. Les enfants sont quand mêmeamenés par des parents qui recherchent une acti-vité pour leur enfant possédant des qualités phy-siques et humaines comme le respect, la confian-ce en soi, la concentration, la maîtrise de soi…D’autres adolescents arrivent par le bouche à oreille,par copinage, parrainage en quelque sorte.Un enfant ou un jeune qui arrive en ne connais-sant personne doit très rapi-dement créer des relationsamicales pour continuer lapratique. Ce qui s’appliqueégalement aux adultes. Sil’Aïkido c’est la recherche del’harmonie, il est importantque l’élève, avant de la trou-

ver dans sa pratique, la ressente dans l’ambian-ce du club. L’attitude, le comportement du pro-fesseur vont être déterminants. Pour les enfants, deux points essentiels : l’aspectludique et les faire bouger. Je privilégie les kokyu-nage pour les techniques, surtout pour les enfantsde 7 à 12 ans. Ce qu’ils aiment avant tout c’estchuter, sur une heure de cours, j’ai au moins 10 minutes de chutes : arrière, avant, plaqué,latérale, tampon-buvard, chute à deux (ils sontface à face, je tape dans les mains, ils courentl’un vers l’autre, au point de rencontre l’un semet en boule l’autre chute. Les enfants travaillentsur le timing, les réflexes, avec un exercice qui estludique pour eux. Les enfants à partir de 12 ans peuvent intégrerle cours adulte, mais, à leur demande, je leur airéservé un cours. Cette deuxième heure est plusdétendue, plus bruyante aussi. On travaille surdes esquives de frappe telles qu’ils peuvent enrencontrer à l’école : deux enfants se font face,à une distance proche, l’un doit essayer de tou-cher l’autre avec la main. On peut faire le mêmeexercice un contre deux etc. Mon objectif, c’estqu’ils développent des réflexes pour esquiver etnon subir l’évènement.

Peut-on faire travailler lestechniques avec armes auxenfants ? Les armes sont un atout attrayant pour les enfants,ce serait dommage de s’en priver. La difficulté estde mettre en place un cadre de sécurité. Ils sonten général très attentifs.

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Les conditionsestivales de lacôte méditer-

ranéennen'entame en

rien le sérieuxdans la

pratique.

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Vous-même, comment avez-vousétait initiée à l’Aïkido ?J’ai commencé l’Aïkido en novembre 1983, à 22ans. Cela faisait longtemps que je voulais prati-quer un art martial. J’avais des amis qui prati-quaient le Judo au niveau régional, mais quandje les voyais cela ne m’attirait pas, idem pour leKaraté. Et puis un jour un ami m’a parlé d’unjeune club qui venait de s’ouvrir, où l’on prati-quait un art martial appelé « Aïkido » dont jen’avais jamais entendu parler. L’enseignant reve-nait tout juste du Japon, il s’agissait de DanielJean-Pierre. Je suis allée voir un cours, et ce futle coup de foudre. J’ai su immédiatement quec’était ce que je voulais faire. J’ai été captivée àla fois par la rondeur, la fluidité et la puissanceque dégage cette discipline. J’étais étudiante, jen’avais pas beaucoup d’argent, mais je me suisacheté un kimono et j’ai payé ma cotisation toutde suite. Depuis, je n’ai jamais arrêté même s’ilm’est arrivée occasionnellement pour raisons pro-fessionnelles de réduire ma pratique.

Que vous ont apporté vos différents senseï ?Mon premier senseï est Daniel Jean-Pierre. Il m’aapporté énormément. Je profite de l’occasionpour l’en remercier : en effet, c’est lui qui m’adonné de solides bases en Aïkido ainsi qu’aux

armes. Il m’a permis de développer un Aïkidopuissant et surtout m’a fait découvrir cette disci-pline merveilleuse. Très vite, j’ai effectué des stagesavec d’autres senseï et je ne me suis jamais sen-tie perdue. Certains, comme Saïto senseï, m’ontimpressionnée au niveau de la pratique des armes,car il s’agit d’un travail d’armes qui correspondparfaitement à l’Aïkido, ou Nishio senseï au Iaïdo.J’ai été touchée par les qualités humaines deNishio senseï, j’ai fait quelques stages avec lui,puis il m’a fallu choisir car son Aïkido ne corres-pondait pas à celui que je pratiquais, continuerà le suivre supposait ne faire que son style. Aveclui j’aurais aimé ne pratiquer que le Iaïdo.Auparavant, en 1990 à Paris, il y a eu ma ren-contre avec l’actuel doshu, Moriteru Ueshiba, àl’époque waka senseï. J’ai eu la chance qu’il mefasse chuter. Je me souviens encore de la sensa-tion qu’il m’a procurée, c’était sur ushiro ryotedori shironage. C’était très fluide, souple, rapideet sans aucune douleur. Ensuite j’ai rencontré etpratiqué avec de nombreux senseï français commeChristian Tissier, Micheline Tissier, Bernard Palmier,Philippe Goutard, Arnaud Waltz… qui m’ont permis de m’améliorer techniquement et de m’enrichir. Puis j’ai rencontré Seki senseï que je suis réguliè-rement depuis huit ans. Il m’a littéralement rechar-gé, avec un Aïkido souple tel qu’on le pratique

à l’Aïkikaï, tourné vers l’échan-ge, l’harmonie. Il m’a donnéenvie d’aller à l’Aïkikaï ce queje fais tous les ans depuis troisans. Il est intéressant de voirdes styles différents. Mais c’estsurtout au niveau de la sensa-tion du corps que j’ai beaucoupprogressé au Japon.

Que doit-on garderde la pratique en

quittant le dojo ?? Sur le tatami, on apprend àcommuniquer, à échanger, àpartager avec son corps, endehors du dojo, il faut trans-poser ces capacités à com-muniquer. Pour pratiquerl’Aïkido, il faut savoir écouter,ressentir le partenaire pour

être vraiment dans le temps avec lui, ce qui néces-site un lâcher-prise, d’où l’importance de la confian-ce entre tori et uke. La plupart des difficultés ren-contrées dans la vie de tous les jours tournent autourde problèmes de communication, dans la vie pro-fessionnelle ou dans la sphère privée. Ce qu’il fautgarder de l’Aïkido, c’est cette fluidité, l’absorption,ne pas répondre à l’agressivité par l’agressivité mêmesi cela est tentant et plus facile.

L’harmonie développée en Aïkiest-elle transposable dans nossociétés occidentales de plus enplus violentes ? Non seulement elle est transposable mais c’estce qui fait toute la richesse de l’Aïkido. Les parentsqui amènent leurs enfants pratiquer l’Aïkido vien-nent pour les qualités développées par les artsmartiaux : rigueur, respect, concentration, maî-trise de soi, développement de la confiance ensoi. La différence importante avec les autres artsmartiaux est dans la non-violence ; ne pas déve-lopper des relations de combat mais acquérir uneattitude qui va désactiver le conflit. Que se soientles enfants, les parents ou les adultes, c’est cequ’ils recherchent. C’est la raison pour laquellel’Aïkido a un avenir très prometteur.J’ai eu la chance de ne pas être confrontée à laviolence quand j’étais jeune, aujourd’hui, je visdans un milieu plus ou moins protégé, mais j’aides retours de la part des enfants et des parents.Un tel a reçu un coup de poing à l’école, des

RENCONTREDominique CHARMETTE

Beau succèspour les élèvesde Dominique

Charmette lorsde cette

démonstrationd’Aïkido pour

HandicapInternational.

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Aïkid

o

▼…Les enfants à partir de 12 ans peuvent intégrer le coursadulte,mais,à leur demande,je leur ai réservé un cours.Cette heure est plus détendue,plusbruyante aussi… ▲

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INFOS GRADES

jeunes qui jouent sur la plage et se font agresser par des bandes, rouer decoups, nécessité de faire appel à la police… C’est vrai que les parents seposent des questions, s’inquiètent pour leurs enfants. Mais on ne peut pasrépondre à la violence par la violence. Il est important de développer uneforce intérieure, une confiance en soi qui puisse désarçonner l’adversaire.C’est triste à dire, c’est très souvent le plus faible qui se fait attaquer. J’aiune anecdote à ce sujet qui m’a été racontée : une jeune fille de 20 anspratiquant l’Aïkido se déplaçait dans la rue avec des bagages. Sur le mêmetrottoir, à cinquante mètres environ, elle voit quatre jeunes. À leur com-portement et attitudes elle sent qu’ils vont l’embêter. Premier réflexe, ellebaisse la tête et se dit qu’elle va traverser. Et puis pour une raison qu’elleignore, elle décide de lever la tête, de les regarder droit dans les yeux. Le trottoir était étroit, quand elle est arrivée à leur niveau, ils se sont écar-tés pour la laisser passer sans rien dire.Cet extrait de Budo d’O senseï Morihei Ueshiba est explicite : « …Mais le budo authentique ne se propose pas simplement de détruirel’opposition. Il est infiniment plus juste de défaire l’esprit de l’ennemi (enlui faisant comprendre la folie de ses actes) pour qu’il abandonne volon-tairement ses attaques, et qu’il les abandonne avec plaisir. Le vrai budoveut établir l’harmonie… » Mon objectif, c’est de mettre à disposition de mes élèves un outil qui, jesais, favorisera leur épanouissement et, par répercussion, celui de leur envi-ronnement.

Vous êtes engagée dans bien des actions hors destatamis, parlez-nous en ?J’ai eu effectivement l’occasion de réaliser une démonstration, en 2005,pour la Journée de la Pyramide organisée par Handicap International.Certains élèves y sont allés, d’autres pas. Ils ont, ainsi, pu être sensibilisésaux conséquences de la violence et de la guerre. Je regrette que, cetteannée, nous n’ayons pas pu renouveler l’opération pour des problèmesd’organisation. Nous participerons l’année prochaine.

Où se trouve l’efficacité réelle de l’Aïkido ? Ma réponse sera brève : dans le développement et l’épanouissement intérieurde l’Etre. Il ne faut pas oublier qu’il y existe aussi une dimension spirituelledans l’Aïkido, mais ce n’est pas à l’enseignant d’en parler. Au Japon, j’ai essayéd’aborder ce sujet, pas de réponse, à chacun de trouver son chemin. ●

Centre Niçois d'Aïkidohttp://cnaikido.free.fr

EXAMENS DE GRADESLe point de la situation au 7-10-2006

Rappel : La Commission Spécialisée des Dan et Grades Equivalentsest un organe mis en place par l’Etat. Elle est composée de 12personnes représentant les fédérations d’aïkido agréées maisaussi les fédérations multisports et les syndicats d’arts martiaux.Elle est indépendante des fédérations et de l’UFA et ceci a étérappelé par le Médiateur.Elle veille au respect du Règlement particulier des grades. Cerèglement, élaboré après 2 ans de négociations a été validé parl’Etat et publié au B.O.J.S. Il n’est pas modifiable sans l’accorddes membres de la CSDGE et celui du Ministère.Examens de début d’année :Les examens de grades passés en janvier-février 2006 ont étéperturbés en Ile de France par la Ligue FFAB. Ils se sont tenusdans 12 autres régions.Examens de juin :Les examens ont à nouveau été perturbés dans quelques régions,voire annulés. Ils se sont tenus dans 16 régions.

Réunions de la CSDGE :Mars 2006 :La CSDGE réunie le 11 mars n’a pu, à cause de la contestationde son règlement soulevée par la Ligue FFAB Ile de France, vali-der les grades des candidats reçus, sans procéder préalablementà une étude approfondie de la validité juridique des conditionsd’examens dans l’ensemble des régions. Une validation immé-diate pouvait en effet être ensuite juridiquement contestée.La validation de ces grades a ainsi été reportée en septembre. Septembre 2006 :La traditionnelle réunion de début septembre permet norma-lement de valider les examens de juin (et devait permettre devalider ceux de janvier)Elle n’a pas eu lieu. En effet, en Juillet, la FFAB a demandé auMinistère de relever de ses fonctions le coprésident de laCommission dont elle avait demandé la nomination en 2005.Ainsi, la CSDGE ne pouvait plus valablement se réunir (aucunsuppléant n’est prévu).Octobre 2006 :La FFAB a présenté le 7 octobre, à l’assemblée générale de l’UFA,le nouveau coprésident dont elle va proposer la nomination auMinistère. Cette nomination ne sera effective qu’après la paru-tion au Journal officiel de la République Française de l’arrêtéministériel de nomination.

Ainsi donc la CSDGE n’a pas la possibilité de se réunir pour trai-ter l’ensemble de ces problèmes avant la publication de cettenomination pour laquelle nous avons demandé au Médiateurd’accélérer la procédure. Paul Lagarigue

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Pour Pascal Guillemin, 5e dan, la pratique del’Aïkido doit être uneaventure humaine centrée sur un partage sans retenue. Son credo, transformerl’attaque en échange,mettre de la fluidité dansla technique, au dojocomme dans la vie.

QQuand je vous dis Aïkido, quevous vient-il immédiatement àl’esprit ?Liberté, liberté d’action, non-opposition, échange, flui-dité. Un système d’éducation remarquable.

Et quand vous pensez à votrepremier contact avec l’Aïkido…J’avais 15 ans et, comme pour la plupart des jeunesqui débutent, pour moi c’était au Cercle Tisser àVincennes, j’ai été impressionné par l’ambiance, lecalme, la sérénité. Je venais d’un milieu un peu pluschahuteur. Ça m’a pas mal surpris et surtout bien inté-ressé. Dès le premier cours, j’ai été séduit par la sub-tilité de la discipline, à savoir que l’on pouvait immo-biliser ou faire chuter quelqu’un très simplement enmaîtrisant la mécanique du corps, ce qui n’est pas toutde suite évident. Mais surtout, dès les premiers cours,j’ai pris beaucoup de plaisir, ça a été une révélationpour moi au point que deux mois plus tard je décidaisd’être un jour professionnel, sans même savoir si celaexistait. J’ai tout de suite cherché à savoir si c’était pos-sible, s’il y avait un cursus particulier. Je suis arrivé àl’Aïkido par hasard, j’étais plutôt un sportif, je faisaisdu foot, du tennis, j’ai même passé une sélection auPSG. J’ai été pris et renvoyé le même jour, incompati-bilité d’humeur. Aujourd’hui, avec mon passé d’Aïkidoje gérerais la situation différemment. En fait, je ne me

retrouvais pas dans les disciplines collectives. Un copainqui s’était mis au Karaté m’a apporté un magazinespécialisé dans lequel il y avait un article avec une inter-view de Christian Tissier, il y abordait beaucoup dequestions et parlait aussi de Yamaguchi senseï. Je nesuis pas sûr d’avoir tout compris à l’époque, mais jeme souviens qu’il s’en dégageait quelque chose departiculier, de nouveau, d’intéressant pour moi. LeCercle étant à moins d’un 1/4 d’heure de chez nous,je suis allé voir et là j’ai été séduit tout de suite. Un vraiconcours de circonstances en somme, un pur hasard,si cela existe vraiment, mais j’avais besoin à ce momentde me recaler, d’aller vers quelque chose d’efficacepour l’ado que j’étais. Dans le foot ou le tennis, il estquestion de compétition, de victoire, de défaite, je metrouvais subitement dans un univers sans agressivité,où l’harmonie était la valeur de référence.

En Aïkido où se trouve la victoireà vos yeux ?S’il y a une victoire, je l’envisage vraiment commequelque chose de personnel, sur et par rapport à soi.À aucun moment, je ne cherche à être en compétitionpour être meilleur que tel ou tel autre. Pour moi, le

défi de tous les instants est de chercher à me bonifier,à m’améliorer avec le temps, de gommer toutes lestensions physiques, les velléités. L’Aïkido me permetd’avoir pas mal de recul et de mettre de la fluidité dansla vie de tous les jours.

Cet Aïkido que vous avez vu à Vincennescorrespondait-il à ce que vous imaginiez ?Si ç’avait été différent, je ne suis pas sûr que j’aurais conti-nué dans cette voie. Je n’imaginais pas quelque chosede particulier en allant voir de l’Aïkido, je n’imaginais pasque ce que j’ai vu et fait pouvait exister. Je dirais que lecôté incisif dans la fluidité de notre pratique me convientbien. Certaines formes d’Aïkido, certains enseignements,ne me conviennent pas, même si c’est très bien qu’ilsexistent pour ceux que cela intéresse.

Vous pratiquez beaucoup. L’en-traînement, c’est très important ?C’est vrai que, tout de suite, je me suis mis à m’en-traîner 3 à 6 heures par jour, pendant plusieurs années,en suivant Christian Tissier partout en France commeà l’étranger, avec la volonté de ne jamais lâcher. Trèsvite, j’ai compris que, même dans les moments les plus

ENTRETIENPascal GUILLEMIN

de la fluidité dans l’échange

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durs, je ne devais pas lever le pied, non pas par rap-port à mon entourage mais par rapport à moi. Je vou-lais me prouver certaines choses, tant physiquementque mentalement. Mental et physique sont indisso-ciables en Aïkido. Développer des qualités mentalesest primordial pour progresser. De plus, en devenantprofessionnel, je ne pouvais pas me permettre de m’ar-rêter au premier bobo, au premier coup de blues oude fatigue. C’est vrai qu’aujourd’hui je suis dans unentraînement de type sportif de haut niveau, avec unsuivi médical, une alimentation adaptée. Je n’ai jamaislâché sur le tatami malgré quelques petits problèmesdûs à une pratique intense, jusqu’à 6 heures par jour.Ce n’est peut-être pas ce que je conseillerais à mesélèves, mais je m’applique cette règle. J’ai enchaînéentraînements, cours et démonstrations sans problè-me, c’est dans mon tempérament. J’avais besoin deça pour être en accord avec moi-même.

L’Aïki peut-il être une forme de dopage ?J’entends bien ce que vous voulez dire. Si c’est un dopa-ge, c’est un bon dopage dans la mesure où il fait avan-cer, progresser, sainement. La discipline est saine, le mes-sage est sain, bien sûr l’entourage a son importance

dans la réalisation personnellede chacun. J’imagine que les pra-tiquants viennent tous chercherun peu la même chose. L’Aïkidoreste un art martial, mais la tech-nique ne sert pas uniquement àimmobiliser, c’est surtout un

excellent outil pour uneautre recherche, pourdévelopper autre chosecomme le bien-être, lerelâchement des ten-sions musculaires, ner-veuses ou psycholo-giques. Dans la pratiquede l’Aïkido, la commu-nication, l’échange avecun partenaire doit seprolonger dans la viecourante. En fonctionde la qualité de cetéchange, on peutpresque dire si le parte-naire a passé une bonne journée ou pas.

Avez-vous le sentiment d’êtreau cœur de votre projet enAïkido ?Quand j’ai débuté l’Aïkido, au bout de deux mois je vou-lais être pro, j’ai « lâchement » laissé de côté mes études.J’ai l’impression d’être tout de suite tombé dans un sport-étude Aïkido. Mon premier cours, je l’ai donné à 19 ans« à condition de ne pas prendre sur tes heures d’en-traînement », m’avait dit Christian Tissier. J’ai véritable-ment commencé à enseigner plus tard bien sûr, maisaujourd’hui je crois que je me suis rapproché de ce quej’avais envie de faire en Aïkido. Maintenant, il y a enco-re plein d’aspects à développer, à mettre en valeur. Pouravoir, par exemple, enseigné en milieu hospitalier oucarcéral, je m’aperçois qu’il y a encore devant nous,devant moi, des champs entiers à défricher, où l’Aïkidopeut s’exprimer pleinement. Je ne serai jamais totale-ment satisfait, mais je progresse tous les jours un peuplus vers le but fixé.

Comment définissez-vous le ukeidéal, que lui demandez-vous ?D’abord d’avoir une bonne relation avec tori. La notionde contact est primordiale pour moi. Je repense à cepropos au stage avec Endo senseï. Il faut faire en sorteque la technique ne soit pas chorégraphiée, ne pas perdrele lien, l’intention entre uke et tori. J’aime la présencede uke comme la conçoit Endo senseï. Il est importantde conserver la notion martiale de fond de l’Aïkido. Onparle d’attaque, et même si l’aboutissement n’est pascelui de certains autres arts martiaux, uke comme torine peuvent pas négliger cet aspect de notre pratique.C’est un élément de la richesse de l’Aïkido.

Quelles ont été vos rencontres

fondamentales ?Je dirais une rencontre essentiellement, Christian Tissier.Avec Christian Tissier, j’ai vraiment appris la rigueur. Sonexigence de perfection me convient parfaitement. Saprésence est toujours un enrichissement pour moi, sesqualités humaines, sur le tatami comme dans la vie luiconfèrent cette facilité à gommer les problèmes et lesaspérités. Je me souviens qu’à mes débuts, il y a plus de20 ans maintenant, j’étais en seiza, on travaillait à troisavec deux partenaires, il me dit : « Ce que tu es en traind’apprendre là, ça te servira dans la vie de tous les jours »,il m’a dit ça comme ça, en passant. J’avais 16 ans, j’aicompris après coup qu’il ne parlait pas de résoudre unesituation par la confrontation mais qu’il parlait d’échan-ge de respect, de reconnaissance, de partage. ChristianTissier m’a transmis des principes que j’essaie de mettreen pratique dans la vie, au dojo comme à l’intérieurd’une centrale pénitentiaire. Ne pas rester en butée,négocier les problèmes, si ça ne passe pas en omote,passer en ura.

Que vous ont apporté des senseïcomme Endo ou encore Yasuno ?Entre le dynamisme de Yasuno senseï et le relâchementd’Endo senseï, on a presque toute la gamme de l’Aïkido.Je dirais que le relâchement physique et mental chez Endosenseï, au delà de la technique, nous montre la voie maisaussi le travail qu’il nous reste à faire pour atteindre ceniveau d’expertise. Avec Endo senseï, on se rend comp-te que la technique est un alibi, un outil pour aller versd’autres domaines pas très évidents, à première vue, pourcertains qui peuvent penser que l’Aïkido se résumerait àune technique pour casser des bras ou immobiliser unagresseur. Endo senseï nous montre que le relâchementen Aïkido est aussi un moyen formidable pour la gestionmentale du stress. C’est là un des bienfaits sur lequel nousdevrions, je crois, communiquer davantage.

La fluiditédans l’applica-

tion des techniques

garantie unepratique de

qualité del’Aïkido.

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À quel moment, votre pratique a-t-elle évolué vers le ken ?Très tôt, en fait, dès ma première année de pratique j’al-lais au cours du matin que Christian Tissier donnait de7h à 8h, avant de me rendre au collège. Le côté samou-raï du sabre était assez fascinant pour le jeune prati-quant que j’étais. Le Ken est une discipline à part entiè-re, très proche de la pratique à main nue, mais il appor-te une dimension martiale complémentaire qui suscitedes poussées d’adrénaline que l’on ne connaît pas enAïkido. De pouvoir faire au ken une coupe à pleine vites-se et l’arrêter à quelques millimètres de son partenaire,c’est, au niveau de la maîtrise et de la beauté du geste,très exigeant et très complet. Les sensations sont trèsparticulières. Avec Christian Tissier, je travaille le Ken-jutsu et l’Aïki-ken. L’Aïki-ken développe des qualités spécifiques, liéesaux distances de pratique et aux temps de réactions pluscourts. Le travail de postures en Ken-jutsu est sans douteplus contraignant, mais les positions de pieds, les atti-tudes, les mouvements du ken sont très proches de ceuxde l’Aïkido, ce qui explique sans doute qu’il ait plus desuccès auprès des aïkidoka. Je pratique indifféremmentles deux pour leur complémentarité. Aujourd’hui, je nepeux plus les dissocier. La pratique du ken m’apporteune autre compréhension de l’Aïkido. Envoyer un sho-men à main nue peut présenter un certain danger, quandon a un ken au bout des mains c’est autre chose, on estdans une autre dimension qui demande une plus gran-de concentration. Avec le ken par exemple, on ne peutpas mettre le bras pour bloquer une attaque, il faut déve-lopper d’autres solutions et d’autres qualités physiqueset mentales.Aujourd’hui j’enseigne de plus en plus le ken, de l’éco-le Kashima d’Inaba senseï, que me transmet Christian

Tissier. L’étude approfondie des kata ouvre des pers-pectives à l’infini.

L’Aïkido, art martial, art de combat ou pas ?J’ai besoin de cet aspect de la discipline. Si ce n’étaitqu’une chorégraphie, j’aurais fait de la danse. Le conte-nu martial de l’Aïkido permet de développer ses quali-tés intrinsèques. L’Aïkido est avant tout un art martial,sinon il perdrait de son sens, de sa cohérence, de l’effi-cacité qu’il offre pour la gestion du stress. Le vider deson essence martiale serait aller vers une autre activitéqui porterait son nom propre. Mais le plus importantc’est le système d’éducation qui en découle.

Cette gestion du stress, j’imagine qu’elle s’applique parfaitement dans le cadre d’un univers carcéral, clos, sansliberté. Comment êtes-vousvenu à enseigner à des personnes incarcérées ?Déjà, personne n’est à l’abri de passer un certain tempsen prison. C’est important de le dire. Bien que ce ne soitpas souhaitable, ça peut arriver à tout le monde. Êtreprivé de liberté, c’est terrible, il faut avoir été dans cetype d’endroit pour s‘en rendre vraiment compte. Il y alongtemps que je pense que l’Aïkido peut jouer un rôleimportant pour ces populations en difficulté. À 20 ans,j’y pensais déjà. J’étais trop jeune pour y aller, ça auraitété une erreur à ce moment-là. Quelques années plustard, plus mûr, plus technique aussi, j’ai senti que lemoment était venu. J’ai affaire à des pratiquants trèsréceptifs. Vous comprenez très viteque l’efficacité de la techniquepasse au second plan, qu’il existed’autres moyens d’être gravementplus efficaces. Pour eux, il y a surle tatami, dans la pratique, uneliberté qu’ils n’ont plus dans la vie.Il leur faut dominer au quotidienle stress de l’incarcération dans ununivers où règne la loi du plus fort.Laisser son corps s’exprimer libre-ment, dans la création, voilà ce quiest primordial. C’est là que l’Aïkidopeut apporter un outil pour maî-triser et même dominer ce stress.En 1999, à la demande de l’ad-ministration pénitentiaire, noussommes allés à cinq, dont PatrickBénézi qui avait été le contact dansla place, faire une démonstration

suivie d’un débat dans la centrale de Poissy. Ils ont étéemballés, administration et détenus. C’est parti commeça, ils étaient demandeurs de stages, j’étais disponible,j’y suis allé avec Bruno Gonzales. On a d’abord été plu-tôt à l’étroit dans une petite salle de boxe, une atmo-sphère assez spéciale, ça c’est super bien déroulé, poureux, pour nous, quatre jours de suite. Après cela l’admi-nistration nous a demandé de prendre la relève du déte-nu qui assurait un cours, j’ai accepté de relever ce défi.J’ai pas mal de propositions pour d’autres établissementsqui pourraient intéresser certains. Mais attention, il nefaut pas se tromper de discours, il y a des propos qu’onne peut pas tenir, du genre : « c’est bon, on se détend,libérez-vous, etc. ». On est quand même obligé de res-ter concentrer pour éviter de commettre certaines erreurs,mais sans pour autant être bloqué. L’univers carcéral ases propres règles, le contact physique y a un sens bienparticulier. Le basket-ball par exemple en est banni, pouréviter les contacts rugueux qui pourraient vite dégéné-rer. Alors enseigner l’Aïkido, discipline particulièrementtactile, demande une adaptation. En ce qui me concer-ne, j’ai tout centré sur la notion d’échange. C’est unebelle aventure humaine basée sur le partage. Depuis unan maintenant, j’enseigne même les armes, ce qui étaitinimaginable, il y a peu. Parler de travail avec armes, çaa un sens bien précis dans une prison, et pourtant main-tenant on fait entrer bokken et tanto et tout va bien. Ilse passe quelque chose de remarquable dans ce grou-pe qui se gère maintenant par lui-même, dans uneconfiance réciproque. Je n’ai jamais le sentiment de faireun cours à des détenus, mais tout simplement à des aïki-doka, avec un parcours particulier, certes, mais qui n’em-pêche pas l’harmonie de s’installer.

J’imagine que ce que ces élèvesparticuliers vous apportent enretour doit être considérable.Ça peut paraître étrange, mais je rencontre une qualitéhumaine que je ne retrouve pas forcément ailleurs, dans

La pratique avecarmes et du Ken-jutsu ou del’Aïki-ken développe desqualités spécifiques.

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des contextes dits… normaux. Je me rends compte àquel point l’humain est complexe. Je n’enseigne pas pourrien, je cherche à comprendre. Beaucoup de questionsrestent encore sans réponse. Comment peut-on com-mettre des actes gravissimes vers certains et en mêmetemps avoir les meilleures intentions avec d’autres ? Cen’est pas simple. Personne n’est à l’abri du pire… commedu meilleur. Sur le tapis,je ne ressens aucune pressiondue à l’environnement. Je fais un cours d’Aïki commepartout ailleurs dans le monde. On pourrait penser qu’unecertaine habitude s’est installée, et pourtant, à chaquecours, toujours la même chaleur humaine, la mêmeécoute, le même respect, aucune lassitude ne s’instal-le. Des deux côtés c’est très riche d’enseignements, lesa priori tombent, les complexes aussi. Dès mon premiercours, j’ai voulu montrer avec aï hammi katate dori quece qui pouvait passer pour une attaque est d’abord unéchange. Sur ce plan-là, je dois dire que j’ai des retoursd’une qualité exceptionnelle.

Ces techniques de gestion dustress peuvent-elles s’appliquerailleurs ?Bien sûr, dans le milieu hospitalier par exemple, où

j’assure également des formations pour des person-nels confrontés au stress des urgences, sans mêmealler très loin dans la technique, rien que sur les prin-cipes de fonctionnement de l’Aïki. C’est très bien reçuet bien compris, le message est très efficace. Il nes’agit pas de faire des champions d’Aïkido en vingtséances mais de faire comprendre que ça ne sert àrien de rester sur des blocages, qu’il faut trouver dessolutions pour parvenir à l’objectif fixé. J’applique làles principes universels de l’Aïkido, de même pour lapréparation physique et mentale de sportifs de hautniveau.

Quelles sont vos ambitionsaujourd’hui ?D’abord, continuer à pratiquer encore et toujours, ensei-gner et transmettre la richesse de l’Aïkido. Par ailleurs,avec un ami kiné et neurologue, j’ai développé un conceptnovateur pour la préparation mentale, physique et phy-siologique dans laquelle l’Aïkido tient une part impor-

tante. Nous travaillons sur la neuro-physiologie en étantà l’écoute du corps. En pratiquant des exercices corpo-rels adaptés, on a des effets immédiats sur le psychis-me de l’athlète. En travaillant autrement sur le psychiqueavec, en autres, la méthode de relaxation progressivede Jacobson, on arrive à des effets positifs insoupçon-nés sur le corps. Pour arriver à cela, je m’appuie le pluspossible sur ma pratique de l’Aïkido et mon expériencesportive pour personnaliser et optimiser chaque inter-vention en fonction de chaque individu. Plus que ducoaching, nous sommes dans l’expertise. Je consacre également un peu de mon temps à un pro-jet avec la P.P.J. (Protection Judiciaire de la Jeunesse), parl’intermédiaire d’un ami karateka, Alain Trouvé, cofon-dateur d’une O.N.G., Athlètes du Monde, dont le pré-sident est Jean Galfione. Il s’agit de re-socialiser desjeunes en difficulté, en perte de repères, par la pratiquedes arts martiaux. La PJJ, qui dépend du ministère de laJustice, est très sensible à cette démarche qui se met enplace. On a besoin de monde dans tous les secteurs del’activité.

Comment vous définissez-vous ?Je suis avant tout un aïkidoka, ensuite un enseignant. Sije ne devais plus pouvoir m’entraîner, je crois que j’arrê-terais l’enseignement. Pour moi, c’est important d’êtreuke, de pratiquer les deux rôles. J’ai 33 ans, je suis 5e dan depuis peu, ça fait jeune, jen’ai pas envie de jouer au petit prof. J’ai vraiment besoinde sentir que je suis aussi un élève pour garder mon équi-libre, d’autant que j’ai encore beaucoup à apprendre.Quand je donne un cours, je veux me mettre à la hau-teur de mes élèves. Ce qui m’importe, c’est de donnerle meilleur de moi-même, sur le tatami comme à l’ex-térieur du dojo. ●

▼…Quand je donne un cours,je veux me mettre à la hauteur de mesélèves.Ce qui m’importe c’est de donner le meilleur de moi-même,sur le tatami comme à l’extérieur du dojo… ▲

ENTRETIEN Pascal GUILLEMIN

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AÏKIDO

La voie de l’aïki et la voie du sabre sont, mal-gré leur apparence, intimement liées quant à leurs principes de base, mouvements oumodes d’application. Par Kishomaru Ueshiba.

application du principe de l’art du sabre

LLa voie de l’aïki et la voie du sabresont apparemment radicalement dif-férentes, l’Aïkido se pratiquant àmains nues, tandis que l’art du sabrerequiert l’usage d’une arme. Maisune fois le vernis ôté, de nombreuxpoints communs apparaissent. Il estfait référence ici au kenjutsu, art dusabre de combat, et non au Kendoqui est un sport de compétition.L’Aïkido présente des similitudes avecl’art ancien plutôt qu’avec sonexpression moderne.Il est communément admis quel’Aïkido se rapproche plus du Judoque de l’art du sabre. Cela est toutà fait compréhensible si l’on consi-dère que ces deux formes d’art mar-tial se pratiquent à mains nues, etque, si l’on se réfère un tant soit peuau passé du fondateur MoriheiUeshiba, le Jûjutsu a joué un rôleprépondérant dans la création del’Aïkido.Le fondateur, qui a long-temps pratiqué le Jûjutsu de l’écoleDaitô, a adapté un certain nombrede ses principes à l’Aïkido ; et destechniques telles que les clefs auxpoignets, les frappes, les projectionsou les immobilisations ont été éla-borées à partir du Jûjutsu tradition-nel ou de sa forme moderne, le Judo.Mais les similitudes sont gomméespar les différences. En Aïkido, parexemple, il n’existe pas d’équivalentà la prise de la manche ou du reversdu kimono indispensable en Judo.Dufait de l’absence de corps à corps etde compétition, l’Aïkido n’intègre

pas de techniques offensives. Il n’exis-te pas de techniques au sol visant àimmobiliser l’adversaire par des clefsou des étranglements.

Les fondamentauxParmi les nombreuses similitudesentre l’Aïkido et l’art du sabre, ontrouve certains fondamentaux : laposition de garde, la distance ou l’es-pace séparant deux personnes, leregard, les déplacements de pieds,ainsi que les applications techniques,qui sont étonnamment semblablespour ne pas dire identiques. Alorsqu’en judo, le kimono se porte lâcheafin de faciliter le corps à corps, enAïkido comme en Kenjutsu, la tenuestandard est le hakama, la longuejupe pantalon traditionnelle desJaponais qui offre une grande liber-té de mouvement lorsque deux per-sonnes se font face. Le hakama seretrouve également en Kendoaccompagné de diverses protections.En Aïkido, les débutants ne portentgénéralement pas de hakama.La comparaison détaillée de l’Aïkidoet de l’art du sabre ne révèle que peude différences. La prise de distance(ma-ai) peut en êtreun exemple. Dansl’art du sabre, la dis-tance correcte entredeux personnes estdonnée par les deuxextrémités dessabres, se faisantface, qui doivent se

croiser légèrement afin que d’un seulpas il soit possible de porter un coupmortel à l’adversaire. En Aïkido,lorsque deux personnes se font face,en position hanmi, les mains sym-bolisant les lames des sabres, ne setouchent pas, et la distance correc-te doit permettre un maximum d’ef-ficacité dans l’entrée (irimi). De plus,avec un sabre, le principe de baserestera le même lors de la prise dedistance quelle que soit la hauteurde la lame. En Aïkido, il variera selonla technique : les deux partenaires àgenoux, un partenaire à genouxl’autre debout, ou les deux parte-naires debout ; un pratiquant faisantface à plusieurs adversaires ou à unadversaire armé.À cet égard, il n’est pas possibled’établir une équivalence scrupu-leuse entre l’Aïkido et l’art du sabre,mais, comme nous l’avons soulignéplus tôt, les principes de base, lesmouvements et les modes d’appli-cation présentent de nombreuxpoints communs. Ces similitudes nesont pas le fait du hasard, maîtreUeshiba ayant dès le début souhai-té faire bon usage des avantages

inhérents à l’art du sabre. Il consa-cra pour ce faire beaucoup de tempset d’énergie à les adapter pour lesintégrer à l’Aïkido.

L’étude du sabreDès son plus jeune âge, maîtreUeshiba s’intéressa à la pratique dusabre. En fait, avant d’être totale-ment absorbé par le Daitô jûjutsu, ilemploya son temps à l’étude dusabre pour en maîtriser les principes.Même après avoir placé l’Aïkido aurang de budô, il aimait à pratiquerle sabre et le hokuto (sabre de bois).Il fut un temps où le Kôbukan Dôjôabritait un cours de Kendo, et entre1936 et 1940, plusieurs membreséminents du Yushinkan, NakakuraKiyoshi, Haga Jun’ichi, NakajimaGorôzô et d’autres, fréquentèrentnotre dôjô. Dans ma jeunesse, le fon-dateur m’incita à étudier l’art dusabre de l’école Kashima shintô, cequi démontre bien son profond atta-chement à cet art et le respect qu’illui porte. L’Aïkido ne fait usage d’au-cune arme, c’est fondamentalementun art martial qui se pratique à mainsnues, mais la main, par exemple,

▼…Shihô-nage est l’exemple par excellence.Le principe

de la technique est calqué sur la manipulation du sabre… ▲

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n’est pas une simple extension ducorps. Parler du sabre de la main (te-gatana) laisse suggérer que la maindevient une arme en coupantcomme un sabre. Et lorsque la mainest utilisée comme un sabre, le mou-vement suit naturellement le mou-vement du sabre. Ceci est l’exemplemême de la manifestation concrèted’un principe de l’art du sabre dansun mouvement d’Aïkido.Shihô-nage en est l’exemple parexcellence. Le principe de la tech-nique est calqué sur la manipulationdu sabre. Debout, en garde droiteou gauche, le sabre est levé pourcouper dans quatre, seize ou huitdirections. À partir des techniquesde base de l’Aïkido, entrée et spira-le, le sabre de la main projette lespartenaires dans quatre, huit ou seize

directions. Cette technique peut êtremodulée à l’infini selon la situationou l’urgence. Lorsque l’attaque estun coup venant de la droite ou dela gauche de l’adversaire, il est pos-sible d’y répondre avec shihô-nage.Si l’attaque consiste à saisir les deuxpoignets par l’arrière, il est encorepossible, à partir de cette position,de réaliser shihô-nage. Lorsque lesattaquants attrapent les épaules d’unpartenaire à genoux, ce dernier peutse défendre avec shihô-nage. Quelleque soit la situation, shihô-nage suità peu près la même construction.Dans un premier temps, l’équilibrede l’adversaire est déstabilisé par l’en-trée et le mouvement de rotation.Dans un deuxième temps, l’adver-saire est amené à suivre le mouve-ment de rotation du défenseur. Pour

finir, la main gauche ou lamain droite (quelquefois lesdeux) est utilisée commeun sabre, levée au-dessusde la tête pour redescendrerapidement afin de proje-ter l’adversaire.Dans shihô-nage, chaquemouvement est dicté par lavolonté d’utiliser la maincomme un sabre. Cela signi-fie aussi que la main de l’ad-versaire est perçue commeune lame. Bien qu’aucunedes parties ne soit armée,l’action est aussi intense quesi deux lames nues devaientse rencontrer. Shihô-nagesuppose que puissance etefficacité émanent de laconcentration du ki et quel’écoulement du ki, issu dusouffle-énergie, s’ex-primetotalement au travers de lamain – la lame du sabre –dans une coupe précise etpuissante. Parmi les tech-nique d’Aïkido, shihô-nageest considérée comme mar-quant le commencementet la fin de la pratique, laperfections dans sa réali-

sation com-me la démonstration dela maîtrise en Aïkido. Cela est dû aufait que cette technique symboliseplus que tout autre la relation inti-me existant entre l’Aïkido et l’art dusabre.Bien que l’Aïkido soit fondamenta-lement un art martial ne faisantusage d’aucune arme, et que l’en-traînement consiste le plus souventà opposer deux adversaires à mainsnues, il existe de nombreuses appli-cations des techniques de base pourlesquelles il sera nécessaire de recou-rir à un sabre, couteau, bâton courtou long. Dans ces cas particuliers, leprincipe d’utiliser la main comme unsabre sera inversé, les armes étantutilisées et manipulées non pluscomme des objets mais comme desextensions du corps.

Le génie du fondateurCe qui précède devrait suffire àdémontrer la relation étroite entrel’Aïkido et l’art du sabre. Mais celane nous aide pas à comprendre pour-quoi le fondateur intégra l’art du

sabre à l’Aïkido. De plus, il nous fautreconnaître le génie du fondateurqui créa l’Aïkido en s’inspirant fon-damentalement de deux arts mar-tiaux de toute évidence de naturedifférente : le Jûjutsu classique et l’artdu sabre. Son originalité ne résidepas uniquement dans la combinai-son ainsi obtenue mais égalementdans la mise en forme d’un nouveaubudô qui sut tirer ce qu’il y avait demieux des budô antérieurs.En créant l’Aïkido, le fondateur réa-lisait son plus ardent désir : préserverdans le monde moderne l’héritageinestimable du budô. Afin de parve-nir à ses fins, il dépassa les querellesde forme pour appréhender l’essen-ce de chaque art martial, souhaitantla voir revivre dans un nouveau budô.Il fut guidé en cela par sa profondeurde quête spirituelle, cherchant àdécouvrir au travers du budô une phi-losophie à même de donner la vie etde la préserver. Le cœur du budô futtransformé pour devenir le cœur del’Aïkido, le chemin de l’harmonie etde l’amour. ●

Kishomaru Ueshiba

À lire : L’Esprit de l’AïkidoBudo Éditions

MoriheiUeshiba

ci-dessus avecRinjiro Shirata

et, ci-contre, pratiquant des

kumi tachiavec

KishomaruUeshiba.

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EEn 1973 j’ai commencé à pratiquer « l’Aïkido deNoro » comme on disait alors, pour le distinguerde celui de Tamura Nobuyoshi. J’étais fascinéautant par la puissance du mouvement que parla beauté du geste, à la fois ample et juste. Sapratique était large et fluide : spacieuse. En 1979, Noro sensei nous parla fièrement de lanouvelle enseigne jaune et noire qu’il venait deposer à l’entrée du dojo de la rue des Petits-Hôtels.Je ne comprenais rien à ce changement auquelil avait l’air de tenir. Pourtant une bifurcation,d’abord insensible puis grandissante, venait des’accomplir. Le Kinomichi était né.

Y a-t-il une différence entre l’Aïkido et leKinomichi ?Une différence de nom ? Pour une oreille fran-çaise certainement. Mais un Japonais entend laproximité des deux mots. Do et michi désignentégalement le chemin, la voie, aux sens propre et

figuré. D’où l’idée de méthode. Ki, signifiant lacapacité de mobilisation, le tonus ou l’aura, seretrouve dans les deux mots. Enfin, no est unterme de liaison qui marque l’unité, comme aïdésigne l’union. Même si « la voie de l’union dessouffles » n’est pas tout à fait « le chemin del’énergie », l’idée est la même : une harmonieavec l’autre en travaillant l’accueil et l’expansionen douceur. Pourquoi donc changer de nom ?Par fidélité à son maître et par respect de l’éti-quette japonaise. Dans la culture nippone, gar-der le même nom signifie observer toutes lesrègles de filiation. Or, maître Noro prit l’initiativede changer certains points en intégrant dans saformation d’Aïkido des éléments européens,comme la gymnastique Ehrenfried. Il ne pouvaitdonc garder le même nom. Comme MoriheiUeshiba passa du Daïto-ryu à l’Aïkido en fusion-nant des techniques d’origines diverses, Noro sen-sei passa de l’Aïkido au Kinomichi.

Une différence de technique ? Observant les gesteset déplacements du Kinomichi, un aïkidoka y verraun air de famille : les taï-sabaki sont les mêmes,il retrouvera irimi-nage sous santen, ou ikkyo sousichi ; yoko-men ressemblera à la sixième formede contact. Le stage commun de maître Noro etChristian Tissier à Nanterre, le 8 avril 2005, a mon-tré aux pratiquants des deux bords que les pointsde tangence étaient nombreux. Maître Noro répè-te que les techniques du Kinomichi sont celles del’Aïkido. Tous ceux qui l’ont longuement fréquentésavent à quel point l’enseignement de MoriheiUeshiba lui tient chevillé au corps.Où est la différence alors ? Une astuce adminis-trative de la part de Noro sensei pour fonder sapropre fédération, comme je l’entendis dire dès1983, ou pour fuir les critiques contre son style ?Ce serait mal le connaître, et rater une notioncentrale : l’évolution. Noro sensei est un créateurde formes et un développeur d’énergies. Sa pra-

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En quoi les techniques du Kinomichi sont-elles différentes de celles de l’Aïkido ? La voie de l’union des souffles se distingue-t-elle du Chemin de l’énergie, certainement, mais la source d’inspiration est la même, Morihei Ueshiba.

une culture de l’accueil KINOMICHI

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tique n’est donc pas fixée une fois pour toute. LeKinomichi de 1979, encore proche de l’Aïkido,ne ressemble pas à celui de 1991, axé sur les éti-rements, ni à celui de 2006, lié à une dynamiqueconstruite à deux.Mais en quoi est-ce différent ? Maître Noro penseque la différence entre Aïkido et Kinomichi netient pas à la technique, mais à l’orientation duki, à la finalité qu’on lui donne, à la manière de ladéployer. Fort de mon expérience d’ « ancien », jevais tenter d’identifier une ligne de démarcationd’après la rééducation physique que j’ai du opé-rer en mon corps, initialement formé par le Judoet l’Aïkido, pour accomplir les gestes du Kinomichi.

a) L’abandon de toute notion martiale.Pour comprendre cela il faut voir l’évolution phy-sique et mentale de Noro sensei. Lui, dont toutle monde admirait la puissance, qui se croyaitindestructible, s’est trouvé anéanti par un graveaccident de voiture en 1966. Tout l’imaginaireguerrier du budo se trouvait rayé d’un trait. Maisen même temps Noro sensei puisa dans les gestesde l’Aïkido l’énergie nécessaire pour se recons-truire. Il fallait donc dépasser une contradictioninhérente à l’Aïkido: s’il était amour et union,pourquoi enseignait-on le « combat » ? Le rap-port défense/attaque n’était qu’illusion et vanité.Délivré de l’esprit de rivalité, il lui fallait une tech-nique épurée de toute trace de combat et ne gar-der de l’Aïkido que l’accueil, le souffle fluide, laspirale formatrice, sans passage en force. Du coup il a renoncé au principe de la frappe :- dans les mouvements, les atémis qui arrêtaientla dynamique, qui simulaient l’hostilité d’un « adversaire », la riposte de tori, et la contre-ripos-

te de uke, ont été supprimés pour laisser le mou-vement couler librement, sans heurts ni arrêts,dans la confiance mutuelle des partenaires ;- dans les ukemi, la frappe du sol, censée absor-ber le choc, a été remplacée par un travail très finsur l’arrivée au sol, sur un arrondi du contact quiestompe tout choc. D’où un ukemi silencieux.Renonçant au terme de « chute », synonyme dedéchéance dans l’esprit occidental, on parle sim-plement de « roulade ». Celle-ci n’est pas l’es-quive de uke pour fuir une douleur, mais l’ultime

déploiement du geste de tori, uke allant au solpour laisser passer en lui le geste de tori, commeune algue ondoie sous l’influence d’un courant.

b) Le contactComment réformer mes gestes et ma mentalitépour me délivrer du rapport de force ? Noro sen-sei repartit du point de départ : le moment oùl’un « saisit » l’autre. La « saisie » se veut capture,contrôle, domination. Elle a donc été convertie encontact : venir l’un vers l’autre, d’un élan égal, pour

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LE KINOMICHI ET LES ARMESDonner un autre sens à l’énergie eteffacer toute référence au combatsemble exclure la pratique desarmes. Pourtant maître Noro n’ajamais cessé de les enseigner. Est-ce contradictoire ? Non. Observantl’Europe, il a constaté que l’escrimey était encore un sport noble, mêmesi plus personne ne portait l’épée!La pratique d’une arme a donc unevaleur éducatrice. Ce ne sont plusdes « armes » (outils de mort), maisdes « instruments » (outils de construction). Délaissant le tanto, lié à une volonté d’agres-sion, il a adapté l’enseignement du jo, du boken, et du iaï aux gestes du Kinomichi. Cesinstruments sont des révélateurs de défaut. Le Iaï inculque la rigueur et la beauté dugeste juste. Le boken nous permet de répéter le même geste jusqu’à la pureté. Ces deuxsabres nous obligent à travailler l’expansion, des pieds aux mains. Le jo, exercé seul, per-met de mesurer l’amplitude d’un mouvement, de matérialiser la spirale de notre corps,avant d’appeler un partenaire au contact. Travailler le jo à deux, c’est essayer de sentirl’influence de l’autre dans le bois même. Les « armes » concourent donc nécessairementaux progrès d’un pratiquant de Kinomichi.

Stage réunissant,

dans une parfaite

harmonie, lespratiquants

des deux disciplines

sous la direction des

senseï Noro etTissier.

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composer une tierce trajec-toire. Le premier geste duKinomichi est donc ce «contact » : ce même allantoù l’on se donne la mainpour créer une voie com-

mune. Cet accord nous permet de prendreconnaissance de l’autre, de mesurer ses tensionsou son abandon, ses inhibitions ou ses pressions,sa joie ou sa tristesse. Il éduque notre finesse. Ilexerce notre écoute. Il apaise notre énergie. Il affi-ne notre tact. Les pratiquants les plus avertis arri-vent par un quasi effleurement à orienter le corpsdu partenaire pour faire passer une énergie dyna-misante.

c) Le talonComment me donner à l’autre si je restecampé sur mes positions ?Pour autant que je puisse en juger leKinomichi a acquis son identité le jour oùmaître Noro a décidé que pour faire un bonmouvement il fallait lever le talon - ce qui

revenait à lever un tabou ! Comme tout prati-quant d’Aïkido j’avais appris à exécuter mes mou-vements en fichant mes talons dans le sol. Il m’afallu du temps pour réformer mes habitudes cor-porelles. Pendant des années je ne trouvais pasmon équilibre dans les nouvelles postures, talonlevé, torse ouvert et de profil « à l’égyptienne ».Jusqu’au jour où je compris que l’important n’étaitpas de lever mécaniquement le talon, mais depousser dans mes orteils. Cette simple pousséedonne de l’amplitude à la main, et produit unediagonale qui va des pieds à la tête. Elle permetla rotation du corps qui se vrille dans une spira-le qui se transmet au partenaire. Tout monte dusol au ciel, des pieds à la tête, pour y redescendre.

d) La parité homme-femmeComment entrer en contact avec l’autre si je niesa différence ?Je me souviens du jour où Noro sensei, au dojodes Petits-Hôtels, choisit une jeune femme commepartenaire. Jusqu’alors il prenait des « costauds »,capables de soutenir son énergie.Pourtant c’était la suite de son évolution : pourfaire du Kinomichi un geste d’amitié, il était néces-saire pour tout homme de composer avec unefemme. L’union des énergies n’était pas une for-mule, mais l’embarras de pratiquants et prati-quantes qui devaient dorénavant apprendre nonplus la saisie (le gripping), mais la « caresse »,non plus l’attaque mais l’accueil. Il n’était pasquestion de maltraiter les femmes. Plus encore ilfallait mesurer ses gestes pour ménager leur poi-trine quand on les menait au sol ! C’est tout unimaginaire viril qui dut être réformé. Bien deshommes furent gênés au début, ne sachant plustrop quoi faire de ces corps de femmes, et nonplus d’Amazones ! Les « durs » quittèrent maîtreNoro, cherchant un maître plus « martial ». Le Kinomichi est constitué par une relation entreun don et un accueil mutuel et réversible. Mêmesi maître Noro et les anciens n’oublient jamaisl’origine martiale de ces techniques, ils ne rumi-nent pas le passé mais créent l’avenir : le déve-loppement de l’énergie l’un par l’autre. Par sonsouci de l’autre le Kinomichi est authentique-ment un geste éthique. Par sa dissipation desblocages, il est un accomplissement de soi parl’autre. La tension agonale convertie en tendressemutuelle. ●

Christophe Genin

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Les techniquesdu Kinomichis’inspirent de

celles del’Aïkido tout

en utilisantune terminolo-gie différente.

KINOMICHI

LE SYSTÈME DE PROGRESSIONLa « méthode Noro » existe, même si Noro sensei est le premier à rire de ces tableauxqui occupent l’esprit et inhibent le mouvement! La progressivité du Kinomichi vadu simple au complexe, de la statique à la dynamique, du petit nombre (six mou-vements au cours 1) au grand nombre (111 au cours 5), de la première forme decontact à la seizième, le dernier niveau devant maîtriser les applications des neufsmouvements de base (iten, niten, santen, yonten, goten/ichi, nichi, sanchi, yonchi)sur les seize formes de contact, sans compter les variations, les kaeshi-waza, leskokyu, la technique à genoux, à plusieurs partenaires, etc.Le cœur de cette progression n’est pas un répertoire de prises élargi, mais la maî-trise de l’équilibre dans le mouvement, de la légèreté dans la vitesse, et la capacitéà travailler juste avec tous les partenaires, sans les bousculer, quelque soit leur âge,leur sexe, leur puissance, leur compétence.

▼…Le Kinomichi est constitué par une relation entre un don et un accueil

mutuel et réversible.Même si maître Noro et les anciens

n’oublient jamais l’origine martiale deces techniques,ils ne ruminent pas le

passé mais créent l’avenir … ▲

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LIRE - VOIR - ÉCOUTER

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MANGA TAROTS par Selena LinDécouvrez cet extraordinaire tarot et entrez dans la manga-mania. Si vous êtes un fan de shojo mangas, vous adorerezl’art de Selena, l’une des illustratrice de manga les pluscélèbres. Les figures des arcanes majeures sont éblouissanteset sont magnifiquement complétées par les arcanes mineuresornées de coupes, épées deniers et bâtons stylisés.24€ - Le Courrier du Livre

"Déclinaisons martiales"

Jean Marc Malard, artisteplasticien et martial,

commence à explorer leschemins de l'art en 1982.

Autodidacte jusqu'en 1988,il intègre l'atelier de Jean-Marie Esteve où il restera

deux ans. En 2004 il lance la série "DéclinaisonsMartiales", créations de kamisa (portrait de maître),

peintures murales et réflexions sur le thème des arts martiaux. Le peintre, au fil de sa

progression, accumule les expériences, explore denombreuses pistes, mais son œuvre n'est qu'une

seule et unique grande toile.A consulter sur : http://jmmalard1.free.fr

VIVRE L’AÏKIDOpar Gaku Homma

Gaku Homma qui fut élève de MoriheiUeshiba est le fondateur du Nippon Kan àDenver aux États-Unis. Il veut privilégier la

mise en pratique des mouvements del’Aïkido dans la vie quotidienne plutôt qu’un

enseignement technique limité aux quatremurs du dojo. Il fait découvrir aux

pratiquants la culture japonaise pour qu’ils puissent mieux appréhender l’essence de l’Aïkido.

174 pages - 14€ - Budo Éditions.

L’Eau et le Devenir de la Terrepar Masaru EmotoUn ouvrage majeur, en ces temps dominés par l’éco-logie, sur l’eau qui déroule le long périple initiatiquede son passage sur terre et qui conjugue les travauxavancés de la biologie moléculaire aux secrets lesplus intimes de son “amina”. Chaque cristal d’eau,porteur d’une pensée d’amour et de paix devient levéhicule parfait de notre santé et de notre bonheur.164 pages, très illustré - 22€ - Guy Trédaniel Éditeur.

KENDO - LA VOIE DU SABREpar Pierre DelormeAvec ce livre le pratiquant pourra étendre et enrichir sa technique de l’escrime au sabre japonais.Pierre Delorme, figure du Kendo français, passionéet enthousiaste à transmettre son art met ici sontalent de conteur aux services des principes indispensablles à connaître pour se réaliser dans la voie du sabre.166 pages, illustré - 14€ - Guy Trédaniel Éditeur.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE QI

par Zhang Yu Huan et Ken Rose

Dans ce livre les auteurs donnent des explications précises qui permettent

d’examiner l’ontologie du Qi,ses transformations ainsi queles forces unifiantes. Il révèlela vitalité du Qi afin d’acquérir une meilleure conscience de

l’éxistence inséparable du Qi et de l’univers.188 pages, illustré - 22€ - Guy Trédaniel Éditeur.

DOJO Le temple des arts martiauxpar Alexandre AmouriqBD avec pour thème la pratique desarts martiaux sur un mode plutôtdrôle avec des personnages récurrentsmis en situations cocasses. L’auteur réserve à l’Aïkido une part auniveau de sa renommée.48 pages - 9,45€ - Bamboo Éditions

AÏKIDO - PRINCIPES et APPLICATIONSpar Christian TissierPar ce nouveau DVD, à paraître en janvier 2007, l’objectif deChristian Tissier, 7e dan shihan, est de proposer des thèmes de tra-vail à partir d’une attaque et d’en décliner toutes les variations enn’utilisant que des techniques d’Aïkido. À partir de ces exemples lepratiquant peut créer d’autres éventualités d’applications. DVD - 57 mn- 40€ - à commander :sur : www.christiantissier.com et au : 01 49 52 14 00

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L

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L’approche de l’Aïkido varie selon chaque indi-vidu, sa propre histoire et ses motivations, quel’on soit homme ou femme. De fait, il n’y a pasqu’une seule pratique possible de l’Aïkido. Meconcernant, j’ai débuté l’Aïkido en 1985, avecmaître Wayne Tourda, en Californie, où je rési-dais à l’époque. Wayne Tourda pratiquait le styleYoshinkan. Il avait étudié sous la direction deShioda senseï, à Tokyo de 1969 à 1973. Il étu-diait également le bouddhisme zen de la secteSoto. Ses cours étaient caractérisés par la ponc-tualité, la rigueur et le silence. Cela correspon-dait parfaitement à ce dont j’avais besoin à cettepériode de mon existence.Après plusieurs années d’interruption de mapratique, j’ai intégré, sept ans durant, le dojod’Irène Lecoq, à Bordeaux. Je lui suis recon-naissante pour sa bienveillance et sa grandedisponibilité. Elle m’a amenée au 1er dan et,j’en garde aujourd’hui le souvenir d’une expé-rience positive. En 1993, j’ai rencontré Philippe Grangé à sonretour du Japon. J’avais été subjuguée par lamaîtrise de son art. Quatorze ans plus tard, j’aitoujours autant d’émoi à le voir évoluer sur letatami. Il incarne l’Aïkido tel que je le perçois,avec aisance, puissance et efficacité, sans forceexterne.

S’épanouir par la pratiqueL’Aïkido est peut-être avant tout une aventurehumaine faite de rencontres, d’affinité et decomplémentarité, une quête deconnaissance de soi, au contact del’autre. Une tentative de relier le corpset l’esprit, être et faire taire l’ego pourcertains, paraître et faire briller l’egopour d’autres. La recherche d’unmaître, d’une appartenance pourquelques-uns, une recherche pluspersonnelle et intime pour d’autres,où l’enseignant n’est que le chef d’or-chestre qui permet la tentative dejouer sa propre musique.Un des buts évidents de la pratiquede l’Aïkido est l’épanouissement del’individu, une démarche personnel-le. Cette quête nécessite-elle de sefondre dans un groupe pour y par-

venir ? Pour s’épanouir il faut, me semble-t-il,être d’abord en harmonie avec soi-même, etchacun a sa part de responsabilité dans cettedémarche. D’où l’importance du choix de sondojo. Que cultive le maître des lieux au-delà destechniques ? Le respect, l’ouverture, l’accom-plissement, la bonté, la soumission, l’intimida-tion, la violence et/ou sa popularité ?Gardons à l’esprit que fréquenter un dojo estun acte volontaire, un choix libre et conscient.Après l’entraînement, c’est un sentiment de plé-nitude que l’on doit ressentir avec des momentsde réflexion, d’évaluation personnelle et dedoutes face à sa pratique. Sans remise en ques-tion, il y a peu de progression possible. Chaqueêtre souhaite le bonheur. Celui-ci se cultive etse partage, il ne doit pas exister au détriment

de l’autre. Il est fait de bienveillance, de connais-sance, de reconnaissance et d’altruisme.Alors, se fondre dans un groupe, oui, mais pourfaire corps, dans la quête de l’harmonie, del’équilibre, avec le souci de l’avancement dechacun, et ensemble.Des facteurs, comme la mixité dans le groupe,peuvent également être déterminants.La mixité sur le tatami, cette spécificité del’Aïkido, enrichit la pratique puisqu’elle créedavantage de paramètres à intégrer dans lamanière d’appréhender les forces, les déséqui-libres, les réactions, les sensibilités, l’autre.Dans certains sports de combats, il existe descatégories de sexe et de poids, parce qu’il y aconfrontation et compétition. L’Aïkido, juste-ment, vise à transcender ces aspects, l’une deses caractéristiques étant de se préserver touten respectant l’intégrité de l’adversaire.De même la pratique des armes est un facteurd’évolution positive. Chaque arme ayant sa spé-cificité, elles nous font appréhender l’espacetemps et la distance différemment. La vigilan-ce par exemple est accrue face au tranchantpotentiel d’une lame et sur certaines attaques,

l’enchaînement des tech-niques devient plus concret,de même que sous unefrappe qui pourrait êtredéfinitive, l’esquive devientévidente.La pratique avec armes per-

se réaliser par la pratique d’une L’art martial est unoutil de réalisation personnelle mis à ladisposition de tous,plus particulièrementl’Aïkido, comme nousle dit Claire Léger pratiquante convaincue de la voiede l’harmonie.

TRIBUNE

Claire Léger, pratiquante del’union del’énergie et del’esthétiquedans la voie del’harmonie.

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met de bien prendre conscience de la valeurdes attaques, car trop souvent elles me sem-blent négligées dans l’Aïkido que je vois ici oulà. Uke n’est que rarement suffisamment pré-sent, sincère et généreux dans son attaque, oualors, parfois, les attaques sont carrément sui-cidaires. Il faut mettre un maximum d’attentiondans l’attaque.Une manière de se structurer est d’être présentà tous les instants, que l’on soit tori ou uke. Lechemin de la réalisation n’est fait que d’uneaccumulation d’instant, dans lesquels résidentl’éphémère et l’éternel qui se renouvellent sanscesse, sans jamais être tout à fait les mêmes.

Tori et uke, deux aspects d’une réalisationharmonieuseL’harmonie est une quête perpétuelle dansl’Aïkido, car même en l’ayant intellectuellementintégrée, il n’est pas toujours aisé de garder lecontact, d’être centré, d’avoir les hanches bienorientées, suivre ou emmener l’autre sans lecontraindre, d’accepter sans se soumettre, d’êtreà la fois enraciné et mobile, dans le bon timing.Etre avec, mais pas contre, que l’on soit tori ouuke. Mais la recherche de l’harmonie peut aussipasser par la pratique d’une autre voie, en allantpuiser dans un ailleurs très proche les élémentscomplémentaires. Pour ma part j’étudie le Pakua Tai Chi Chuan, demaître He Fu-Chen (92 postures), enseigné parPhilippe Grangé. Le Tai Chi peut être pratiquéseul comme à plusieurs, à l’extérieur comme à

l’intérieur, sans structure spécifique. Il nécessi-te un travail volontaire, indépendant et solitai-re, lorsqu’il s’agit par exemple de mémoriserune forme tout en reliant l’infiniment petit,l’écoute de l’intérieur, et un travail de laconscience, notamment lors d’une pratique enextérieur, où l’on est plus sensible au son, àl’ombre et à la lumière, au vent et aux varia-tions climatiques, différents aspects, ayant cha-cun un ascendant sur notre état d’esprit, deconscience et de sensibilité.La complémentarité des deux arts est réelle,mais pour moi, c’est plus encore une questionde liberté. C’est aussi un outil pour le déve-loppement de l’énergie interne qui permetd’enrichir et de nourrir sa pratique, énergie quiapporte plus de profondeur et d’autres pers-pectives à notre art. Le corps s’use au fil dutemps et, face à cette réalité, il n’y aura que lamaîtrise de l’énergie interne acquise qui main-tiendra la pratique en éveil. Si la pratique serésume à un travail mécanique de l’enchaîne-ment des techniques, à d’inlassables chutes etcontraintes aux articulations, celle-ci ne servi-ra, en finalité, qu’à contribuer à l’usure pré-maturée du corps.

Esthétique martiale et réalisationDe plus l’esthétique des arts chinois rejoint, dansla réalisation personnelle, celle de l’Aïkido.Dans tous les arts martiaux, la beauté a sa place.Ce qui est beau plaît à l’œil et à l’esprit.L’Aïkido est japonais et lorsque l’on connaît unpeu le Japon, on peut constater que l’esthétiquen’y est pas considérée à la légère. Elle n’a riende superficiel, ce serait même l’inverse, plutôtune marque de respect, de dignité, d’amourpropre, voire de divin.L’emballage, même d’un produit courant, devientpresque une œuvre d’art dans sa conception.N’oublions pas que l’art est un aspect constitu-tif de l’humain qui le différencie de l’animal.Ensuite, si l’on veut parler de l’efficacité martia-le, j’ai seulement envie de dire que la beauté dugeste technique n’a rien d’incompatible.Au contact, sur le tatami, j’ai eu des partenairesefficaces avec la beauté du geste et j’ai aussi ren-

contré l’inverse… Mais, avec la beauté du geste,c’est tellement plus agréable !En tout cas, il suffit de regarder Morihei UeshibaO senseï, pour se faire sa propre idée… ●

Claire Léger

voie martiale ▼…L’harmonie est une quête

perpétuelle dansl’Aïkido,car même

en l’ayant intellectuellementintégrée,il n’est pas

toujours aisé de garder le contact,

d’être centré,d’avoirles hanches bien orientées,suivre

ou emmener l’autre sans le

contraindre… ▲

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Passage décisif dans le parcours du pratiquant, le 1er dan est le premier niveau d’importance à atteindre pour le budoka. Le 1er dan atteste de la périodeau cours de laquelle le pratiquant a acquis les bases de la pratique de son art. Il devient un yudansha et obtient le droit de porter la ceinture noire.

yudansha, l’étapeessentielle

IIl est fort coutumier d’entendre parler de la cein-ture noire comme d’un but ultime qui certifie l’ex-périence martiale d’un individu. Avoir sa ceintu-re noire c’est, pour le débutant, quasiment l’in-accessible, c’est le seuil d’un autre monde. Maisen réalité, le premier dan n’est certainement pasl’aboutissement ultime que l’on imagine fré-quemment. Il constitue en fait ce qu’on appelle

en sociologie un « rite de passage », à savoir uneépreuve qui nous change, nous transforme. Ainsi,s’il n’est pas le but ultime, le premier dan joueun rôle essentiel dans le parcours technique etspirituel d’un individu.

Le premier dan… une transformationLe premier dan est l’aboutissement d’une pério-de au cours de laquelle le pratiquant découvreles bases du budo, ici l’Aïkibudo. Pendant les trois,quatre, cinq années (parfois plus) durant lesquellesil est « kyu1 », il appréhende les principes essen-tiels de l’art martial et son travail est surtout axésur les fondements de la pratique. En Aïkibudo,ces bases sont une utilisation physiologiquementcohérente de corps, de son énergie par le travaildes te hodoki 2, l’apprentissage des esquives (taïsabaki), l’utilisation harmonieuse de la dynamique

initiée par l’attaque d’unpartenaire à travers les wano seishin 3, et enfin l’appli-cation de ces principes fon-damentaux à travers destechniques de base (kihon).À l’issue de cette période, lepratiquant est loin d’avoiraccédé à une maîtrise par-faite de l’art, mais il a « faitses gammes », acquis lesprincipes fondamentaux –qu’il devra sans cesse répé-ter et affiner tout au long desa future pratique – qui luipermettront de découvrirdes facettes plus riches etd’affiner continuellement

la forme et le fond de sa pratique. Bien entendu,cette découverte ne se fait pas seul et par consé-quent, elle nécessite du pratiquant une disponi-bilité physique et un état d’esprit qui lui permet-tent de recevoir ce futur enseignement et de pro-gresser avec les autres. Autrement dit, l’autrequalité attendue d’une ceinture noire, c’est d’êtreun bon uke. Ce rôle est particulièrement richepuisqu’il s’agit à la fois de savoir porter desattaques réalistes, maîtriser l’art de la chute (ukemi) mais aussi sentir précisément l’action dupartenaire.Ainsi, devenir ceinture noire, un « yudansha 4 »,c’est entrer véritablement dans une école, êtreapte à découvrir plus largement le contenu del’art martial. C’est une sorte d’adoubement à l’is-sue duquel on a le droit de porter le hakama (qui

AÏKIBUDO YUDANSHA

L'art del'ukemi : un bonpratiquant,c'est avanttout un bonuke.

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▼…L’accès augrade supérieur

n’est pas un but ensoi :il n’est qu’une

étape qui doitconduire l’élève à

découvrir une nouvelle dimensiondans la pratique de

son Art*…▲

Page 21: Aikido Mag 2006/12

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était réservé, comme lesdeux sabres, à l’élite guer-rière dans le Japon féodal)et qui demande par consé-quent un investissementtechnique conséquent et desqualités morales nécessairesà la poursuite du parcours :de la fidélité, du respect envers son professeur etles autres pratiquants ; du courage, de la persé-vérance, de la générosité et une bonne dose d’hu-milité afin de pouvoir poursuivre la pratique, pro-gresser avec les autres, et surmonter les difficul-tés, parfois même les doutes.

Le premier dan… une épreuveComme tout autre rite de passage, l’obtentionde la ceinture noire est une épreuve. Dans la plu-part des arts martiaux compétitifs, la réussite aupremier dan est conditionnée par des victoiresacquises sur des adversaires. Dans les arts mar-tiaux traditionnels, il n’y a pas de compétition.De telles modalités d’examens sont donc impen-sables. Néanmoins, il apparaît nécessaire pourque cette étape ait du sens, qu’elle soit vécuecomme une véritable épreuve. Par conséquent, ce n’est pas un choix de passersa ceinture noire : c’est le professeur qui présen-te son élève parce qu’il l’estime prêt à franchir lecap, et/ou qu’il considère, à un moment donné,

cette étape nécessaire à sa progression. La pré-sentation d’un élève à un grade relève donc dela responsabilité du professeur : n’oublier per-sonne, permettre à tous de progresser, mais éga-lement donner le temps au temps, se garantirque l’élève aura la maturité physique et techniquenécessaire pour aborder l’examen – et la suite –dans les meilleures conditions. Après son passage de grade, le jeune yudanshasera invité à pratiquer de façon de plus en plusintensive, à aborder des techniques plus aériennes,plus dangereuses : kaeshi waza 5, sutemi, kataanciens, autant d’éléments qu’il appréhenderadans des conditions les meilleures si ses premières

années d’apprentissage lui ont permis d’acqué-rir des bases justes et solides. Progressivement, ildevra également jouer un rôle de trait d’unionau sein de son club entre le professeur et les débutants. Tout cela justifie une fois de plus la nécessité delaisser du temps au temps et de ne pas précipi-ter la présentation d’un élève au passage de grade,au seul prétexte qu’il a le nombre réglementairede timbres de licence pour se porter candidat.Par ailleurs, les candidats présentés à la ceinturenoire sont amenés à donner le meilleur d’eux-mêmes : ils vont être poussés, sollicités par le jury,pour puiser dans toutes leurs ressources phy-

Le yudanshaassiste l'ensei-gnant etconstitue unvéritable traitd'union entrele professeuret les débu-tants.

▼…L’évolutiontechnique doit s’accompagner

d’une fidélité sans faille aux

principes fondamentaux,

ancrage de sa genèse*…▲

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siques, techniques et mentales afin de présenterla plus belle prestation qu’ils puissent donner.Autrement dit, on attend du candidat qu’il se sur-passe et qu’il aille au delà de ce qu’il pouvait lui-même imaginer. Il apparaît donc nécessaire quele passage du 1er dan soit précédé d’une pério-de intense de préparation à la fois technique etphysique. Au bout du compte, il y a bien un « avant » et « après », de telle sorte que le nou-veau promu a réellement le sentiment d’avoirdonné tout ce qu’il pouvait et franchi une étape.Il n’est d’ailleurs pas rare de voir de jeunes yudan-shas qui, dans les semaines qui suivent leur pas-sage de grade, « décollent » littéralement dansleur pratique et progressent à grands pas.

Une première porteLe premier dan n’est donc qu’une première porte,mais sur laquelle se construit toute la progression

future du pratiquant. Si lesbases ne sont pas justes,tout le reste se construitsur des fondements erro-nés. Par conséquent, le

candidat doit-il maîtriser un contenu pléthoriquede techniques, de kata et être essentiellement éva-lué sur l’étendue de ses connaissances ? Le conte-nu de l’Aïkibudo est extrêmement vaste, et il seraitvain d’exiger un savoir encyclopédique aprèsquelques années de pratiques. Ce sont donc lesprincipes fondamentaux qu’un 1er dan doit avoiracquis, principes qui lui permettront d’accéder àce contenu extrêmement riche dans les meilleuresconditions.Par ailleurs, peut-on définir, a priori et dans l’ab-solu, un niveau technique donné requis ? Le paneldes pratiquants d’Aïkibudo est très divers : cer-tains commencent très jeunes et d’autres com-mencent plus tard ; certains sont des athlètes etd’autres ont des aptitudes physiques plus modes-tes ; certains pratiquants ont des handicaps phy-siques. À force de persévérance, d’effort, d’im-plication, chacun progresse, devient physique-ment plus disponible, plus souple, et atteint unniveau tout à fait honorable. Néanmoins, peut-on avoir les mêmes exigences vis-à-vis de tous ? Le passage de la ceinture noire, qui n’est qu’unepremière étape, valorise l’engagement de chacunselon ses aptitudes et ses possibilités. « L’essentieln’est pas de briller, mais de durer ». ●

Christophe Gobbé, 4e dan, D.E. professeur à Viuz en Sallaz,

Photos : Evelyne Chapeau

1- kyu : les kyu correspondent à la classification desgrades avant le passage de la ceinture noire. Ils fonc-tionnent eux par ordre décroissant : le tout débutant

est 7e kyu, celui qui se prépare à la ceinture noireest 1er kyu.

2- te hodoki : littéralement « dénouer les mains ».C’est un éducatif qui s’exécute sur une distance

courte (chika ma) et qui consiste à se dégager d’unesaisie ferme et de ponctuer ce dégagement par une

frappe, un atemi.3- wa no seshin : « le parfait esprit d’harmonie ».

C’est un mouvement éducatif qui consiste à canaliserl’attaque du partenaire et à le projeter sans le resaisir.

Le wa no seishin permet l’apprentissage du sens dumouvement, du « timing ». Mais c’est en même

temps le but ultime de la pratique, le mouvementparfait à la fois harmonieux, esthétique et efficace.

4- yudansha : le yudansha est un titulaire d’un gradedan, c'est-à-dire d’une ceinture noire. Les grades

dan sont classés par ordre croissant : 1er dan, 2e dan, etc. Les hauts gradés d’une école

sont appelés : kodansha.5- kaeshi waza : C’est une riposte, un « retourne-

ment technique » qui consiste à profiter de l’oppor-tunité offerte par l’action adverse pour la retourner

contre elle, dans le mouvement et surtout sans oppo-sition de force. Action trop souvent confondue avec

"le contre" qui ne doit pas exister dans l’art de l’aïki.

* Pensées en mouvement, Alain Floquet, Budo Éditions.

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Te hodoki :apprendre àmobiliser saforce pour sedégager d'unesaisie.

AÏKIBUDO YUDANSHA

▼…En Aïkibudo,c’est la patience,

l’assiduité et l’implication

qui sont les seuls moteurs de la

découverte que chacun fait de lui,en

lui-même*…▲

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HUMOUR

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Par Guillaume Guérillot

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