Aikido Mag 2002/12

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AÏKIDO AÏKIDO m a g a z i n e FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES RENCONTRE AVEC SUZANNE AUGER CHRISTIAN MOUZA l’art d’enseigner aux plus jeunes L’Aïkido de braise avec Olivier Gaurin DES STAGES ET DES INFOS

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Le magazine de la Fédération française d'Aïkido, dAïkibudo et Affinitaires. Numéro de décembre 2002.

Transcript of Aikido Mag 2002/12

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AÏKIDOAÏKIDOm a g a z i n e

F É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D ’ A I K I D O A I K I B U D O E T A F F I N I T A I R E S

RENCONTRE AVECSUZANNE AUGER

CHRISTIAN MOUZAl’art d’enseigner auxplus jeunes

L’Aïkidode braise

avec OlivierGaurin

DES STAGES ETDES INFOS

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DU NOUVEAU VERS L’UNIFICATION DE L’AÏKIDO

Chaque rentrée renouvelle le plaisir du retour au Club, de retrouver l’entraînement, les par-tenaires, voire les amis. Et surtout d’accueillir les nouveaux venus dont nous espérons lapersévérance.

Comme tout le monde, je me suis donc rendu au club qui est à côté de chez moi, l’Aïkido estaprès tout une discipline qui se pratique à proximité, et à la fin du premier cours, un plusancien a pris la parole pour simplement dire : «cela peut paraître ardu mais vraiment cela vautla peine».C’est bien l’encouragement qui convient car je n’imagine pas que nous aurions trouvé autantde plaisir si notre pratique ne nous avait pas au fil des années obligé à autant de remises enquestion croyant à chaque fois que nous avions enfin compris alors que nous venions seule-ment d’ admettre que nous étions jusque là et encore dans l’erreur. Il en est de l’Aïkido comme de la liberté, plus l’on en acquiert plus il y en a de disponible, maiselle n’est pas forcément celle que l’on imaginait au départ.Bien sûr, beaucoup s’intéresseront bientôt à leur progression et à l’évaluation de cette pro-gression, c’est-à-dire aux grades.Peut-être trouveront-ils un peu compliqué ce système de l’Union des Fédérations d’Aïkido quigère paritairement pour les deux Fédérations l’ensemble de l’attribution des grades.Ils auront raison et encore plus lorsqu’ils demanderont pourquoi une discipline qui prêchel’harmonie peut encore être divisée.C’est pourquoi notre Fédération vient, en votre nom à tous, de proposer au Ministère desSports que soient organisées des élections générales pour la réunification de tous les aïkidokadans la même Fédération.L’idée est enfin simple : tous unis sans distinction aucune sous la seule ban-nière de l’Aïkido, sans oublier notre co-discipline l’Aïkibudo, nous seront tropnombreux pour que les questions de personnes puissent endommager ledevenir de la discipline .Après tout, pour l’Aïkido nous nous référons tous à l’Aïkikaï de Tokyo, l’écolefondatrice qui fait vivre tous les styles d’enseignement sur la base des principescommuns qui assurent à la fois l’unité et l’universalité de cette discipline, créeet révélée par O’Sensei pour qu’elle puisse être, sans entrave, accessible à tous.Et c’est pour poursuivre son idée que nous n’avons comme seul souhait, expri-mé par cette volonté d’unification totale, que d’assurer à celui qui vient depousser la porte d’un des quelconques dojos français qu’il pourra les visitertous et bientôt à son tour, dans le même esprit, accueillir et guider les débu-tants d’une prochaine rentrée.L’Aïkido appartenant à tous ; il appartient ainsi à tous de le faire vivre et l’ob-jectif de votre fédération est de permettre que cela soit possible.

Maxime DelhommePrésident de la FFAAA

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éDITO par maxime delhomme

AÏKIDO MAGAZINE décembre 2002 est édité par FFAAA, 11 rue Jules Vallès - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91.www.aikido.com.fr - Email : [email protected]

Directeur de la publication: Maxime Delhomme. Directeur administratif: Sylvette Douche.Photographe: Jean Paoli. Illustrateur: Claude Seyfried - stix. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable. Réalisation: Ciné Horizon

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infos-stages

◆ STAGE INTERNATIONALavec Yasuno senseïÀ Lyon les 22 et 23 février, àBordeaux les 1er et 2 mars et àParis les 8 et 9 mars 2003.Renseignements : 0143482222

◆ STAGE ENSEIGNANTSet futurs enseignants dessections jeunesdu 10 au 12 janvier 2003 àNarbonne avec Arnaud Waltz et du1er au 4 mai 2003 à Lyon avec J.M. Mérit. Rens: 0143482222

◆ STAGE PRÉPARATOIREBEES 1er et 2e degrés2e semaine juillet 2003 à Vichyavec G. Maillot, P. Muller et G. Rettel. Rens: 0143482222.

◆ STAGE ENSEIGNANTSet futurs enseignantsdu 25 au 29 août 2003 à Dinardavec Franck Noel et Bernard Palmier.Rens: 0143482222

STAGES D EST ECHN I C I E NS

◆ Valloirestage Aïkido-Ski dirigé par ChristianMouza, 4e dan, du 16 au 22 mars2003. Rens : au 0608162488.

◆ St Raphäelstage dirigé par Paul Muller 6e dan,et Roberto Anulfo 6e dan du 21 au 27 avril 2003.Renseignements sur le site ou :[email protected]

◆ Mézières en Brennestage dirigé par Bernard Palmier,6e dan, du 29 mai au 1er juin2003. Venir avec Ken, Jo et Tanto.Renseignements au 0681436246.

◆ Praguestage dirigé par Joel Roche, 5e dan,du 28 juin au 4 juillet 2003.Renseignements au 0241487566.

◆ Ile de Noirmoutierstage dirigé par Joel Roche, 5e dan,du 7 au 9 juin et du 7 au 13 juillet 2003. Renseignements au 0241487566.

◆ Gujan-Mestrasstage dirigé par J.M. Mérit, 5e danDTR poitou-Charentes, du 6 au 11 juillet 2003.Renseignements au 0546963161.

◆ Berlinstage dirigé par Michel Erb, 4e dan,du 15 au 20 juillet 2003.Renseignements au 0389077203.

◆ Porto Vecchiostage dirigé par Christian Mouza,4e dan, du 12 au 19 juillet 2003.Dojo Ste Lucie de Porto-Vecchio.Apporter jo et ken.Renseignements au 0608162488.

◆ Crest (Drome)stage dirigé par Alain Guerrrier, 6e dan, du 26 au 29 juillet 2003.Renseignements au tél / fax : 0494531400.

◆ Annecystage dirigé par Alain Guerrrier 6e dan et Philippe Grangé, 4e dan,du 19 au 22 juillet 2003.Renseignements au tél / fax :0494531400.

◆ Autransstage dirigé par Bernard Palmier,6e dan, du 19 au 26 juillet 2003.Venir avec Ken, Jo et Tanto.Renseignements au 0476953055.

◆ Montrevel (Bourg en Bresse)stage dirigé par Patrick Bénézi,6e dan, du 27 juillet au 8 aout2003 à Montrevel.Renseignements au 0148086442 Email: [email protected]

◆ Le temple-sur-Lotstage adultes et enfants dirigé parJ.M. Mérit, 5e dan, DTR Poitou-Charentes du 11 au 16 août 2003.Renseignements au 0553405050 et Fax: 0553405051.

◆ Antibesstage dirigé par Paul Muller, 6e dan,du 18 au 24 août 2003.Renseignements sur le site ou :[email protected]

◆ Boulder Colorado USAstage dirigé par Christian TissierShihan, du 27 juillet au 2 aout2003. Du 13 au 25 juillet 2003 (lieuà définir) Rens. au 0143282990 et 0494816157.

◆ Lampaul Plouarzelstage dirigé par Jean Luc Subileau 6e dan, du 12 au 18 juillet.Renseignements au 0549096074.

◆ St Flourstage dirigé par Gilbert Maillot, 4e dan, du 26 au 31 juillet 2003.Renseignements au 0615200696Email: [email protected]

◆ Berck sur Merstage dirigé par Bruno Zanotti4e dan, du 26 juillet au 2 août2003.Renseignements au 0608169572 et 0608215226.

◆ Evianstage dirigé par Gilbert Maillot, 4e dan, du 1er au 8 août 2003.Renseignements au 0615200696Email: [email protected]

◆ Biscarossestage d’été dirigé par Alain Verdier,5e dan, du 2 au 7 août.Dojo stade Ducom.Prévoir tanto, jo et bokken.Renseignements au 0556120794ou 0556070737 et 0558787121.

◆ Wattens en Autrichestage dirigé par Paul Muller, 6e dan, du 9 au 15 août 2003.Renseignements sur le site ou :[email protected]

◆ Lons le Saunierstage dirigé par Michel Erb, 4e danDE, du 22 au 24 août 2003 au dojo de la piscine.

SECRETS DE BUDOEnseignements de Maîtresd'Arts martiauxJohn StevensL'essentiel des enseignementsdes plus grands Maîtresd'Arts martiaux, de l'Aïkido, duKendo, du Karaté, du Judocomme Miyamoto Musashi,Yagyu Renya Morihei Ueshibaou Kyuzo Mifune. Ces écritss'adressent à tout ceux, quiveulent vivre leur vie avec ungrand sens de confiance en

eux, uncontrôle de leurs émotions. 140 pages,17€

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S E N S H U S E I R o b e r t T w i g g e rEnseignant à Tokyo, RobertTwigger aboutit à une révélationsur lui-même : il n'est pas enforme. Pour remédier à ce déclinphysique et moral programmé,Twigger décide de s'initier auxarts martiaux en intégrant unstage d'Aïkido intensif auYoshikan Dojo. Son regard depoète sur le groupe, sur la forma-tion mais également sur lui-même nous entraîne dans unequête initia-tique pleined'humour etune explorationfascinante duJapon contem-porain. 352 pages, 22 €Éditions Sully

Certains techniciens, particulière-ment bien organisés, nous ontfait parvenir les dates de leursstages d’été, ouverts à tous, afinque chacun puisse d’ores et déjàorganiser ses réservations.

E N K I O S Q U ELa dernière livraison du Horssérie Aïkido Aïkibudoest disponible chezvotre marchand dejournaux avec sesarticles consacrés à latechnique et auxgrands maîtres duJapon et de France.

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aïkido

ÉTUDE DYNAMIQUEde l'AÏKIDO

D 'un point de vue dyna-mique, les techniques del'Aïkido ont une structure

rationnelle. Elles suivent leschéma suivant:Le corps humain, en mouve-ment, ressemble à une toupie.Lorsqu'il ne bouge pas, le corpstrouve son équilibre dans lastructure stable d'un tétraèdeéquilatérale. Cette garde trian-gulaire est la position idéale àpartir de laquelle exécuter unetechnique d'Aïkido. Dès que lemouvement commence, lecorps agit comme une toupie.C'est-à-dire que dans la tech-nique, le centre du partenaireest entraîné dans un mouve-ment circulaire qui s'organiseautour de l'axe de votre proprecentre. Ce mouvement de rota-tion vous permet de le diriger àvolonté pour finir par le ren-voyer, comme une toupie ren-voie tout ce qu'elle touche.Il existe un dicton ancien quicache un des secrets du Jujutsu :"Poussez quand vous êtes tirés,et tirez quand vous êtes pous-sés". Au travers de ces pré-

Kisshomaru Ueshiba, le premier Doshu de l’Aïkidoa codifié, tout au long de sa prestigieuse carrière,les fondamentaux de la pratique de l’Aïkido. Des exercices préparatoires, aux applications enassauts libres, aucun points n’a été laissé de côtéà travers diverses publications. Nous présentonsici l’un de ces points essentiels de la pratique del’Aïkido.

Cours d’Aïkido dirigé par Kisshomaru Ueshiba.

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ceptes, les maîtres desanciennes écoles de Jujutsulaissaient à découvrir les secretsde leur habilité technique.

Flexible est l'esprit du sauleQui retourne la force du ventcontre lui-même,Si souplesse et force étaient l'essence de la puissanceL'enseignement s'en trouveraitgrandement facilité,La souplesse est le chemin de la forceApprenez donc son exquise utilité.

Ces vers illustrent le principe de souplesse, Jujutsu signifie lit-téralement "les techniquessouples".Lorsque les mêmes conceptssont expliqués en Aïkido, leprincipe devient : "Tournezquand vous êtes poussés etentrez quand vous êtes tirés".Pour bien comprendre le sensde ceci il convient au préalablede bien sentir le contenu destechniques. Ce mouvement cir-culaire diffère des mouvementslinéaires du Jujutsu. Il permetune plus grande variété de tech-niques.En Budo, lorsqu'il en est faitbon usage, le niveau de maîtrises'en trouve transcendé. Le mou-vement circulaire, alliant forcecentrifuge et force centripète,devient celui de la spirale.C'est pour cela qu'en Aïkidovotre partenaire et vous mêmen'êtes pas dans une oppositiondualiste. Vous formez une unitédont les deux composantes setrouvent sous votre contrôle. Vous êtes soumis ensemble à laforce centrifuge qui s'éloigne devous et à la force centripète quirevient vers vous. Lorsque l'uni-té est maintenue dans la spira-le, le caractère unique del'Aïkido transparaît dans lerythme élégant du mouvementcirculaire.Par exemple pour Shomen-uchiIrimi-nage (projection enentrant sur une frappe fronta-le), en garde droite, la force uti-lisée pour contrôler la maindroite du partenaire avec votre

main droite ouverteen Te-gatana, entraî-ne le flux de son Kisur l'extérieur dèsque vous avancez lepied gauche derrièrelui et que vous pivo-tez vers la droite survotre pied gauche enreculant votre pieddroit en un mouve-ment de balayagequi déséquilibre soncorps.Vous pouvez alorsinverser votre mou-vement en pivotantvers la gauche touten avançant le pieddroit. Lorsqu'il émane detoutes les parties ducorps, le mouvementcirculaire est continuet puissant, car ilconjugue la force dechaque élément enune rotation naturel-le qui s'inscrit dansla spirale. La rota-tion doit être soupleet précise, s'organi-ser autour d'uncentre aussi solide etstable qu'un roc.C'est comme le mou-lin à vent qui réagitau moindre souffle,souvent impercep-tible à l'homme,pour continuer àtourner. Ou commela toupie dont laforce de rotationentraîne toutes lesparties, pendant quela masse seconcentre et se sta-bilise autour de l'axepour le soutenir etgarder la toupie enéquilibre. Elle peutalors continuer àtourner lorsqu'elleest repoussée par unobjet qu'elle touche. Il existedes phénomènes similairesdans la nature, les tourbillonsd'eau ou de vent notamment. Il est maintenant plus facile decomprendre pourquoi les tech-

niques d'Aïkido sont basées surle mouvement des hanches, quece soit pour contrôler ou proje-ter. Le partenaire est entraînédans l'action des forces centri-fuges et centripètes générées

«En Budo, lorsqu'il en estfait bon usage,

le niveau demaîtrise s'en

trouve transcendé.

Le mouvementcirculaire,

alliant forcecentrifuge et

force centripè-te, devientcelui de la

spirale.C'est pour cela

qu'en Aïkidovotre partenai-

re et vousmême n'êtespas dans une

opposition dua-liste. Vousformez uneunité dont les deux

composantesse trouventsous votrecontrôle.»

Katate dori Sumi-otochi. Projectionavec prise d’angle

sur saisie à unemain.

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aïkido

par votre déplacement et seretrouvent bientôt en situationtrès instable. Il est maintenu surle périmètre extérieur du cercledont vous êtes le centre, commedans le cas de la toupie, un"état où la position du corps estinstable". Par exemple dans lecas de sumi-otoshi (projectionavec prise d'angle), aussitôt quele partenaire vous saisit le poi-gnet gauche avec sa main droi-te, vous tendez puissammentvotre main gauche vers l'arrièredu partenaire, sur sa droite etvous bloquez son pied droit

avec sa main droite. Cetteaction permet de bloquer lecentre du partenaire. Lorsquesa main est descendue sur l'ar-rière et sur sa droite alors queson centre est bloqué, il perdl'équilibre et tombe. En fait lepartenaire bouge sur le cercleextérieur de votre centre et estdonc déséquilibré. Lorsquenous analysons ce mouvementet que nous observons les posi-tions de corps et les relations deforce, nous nous rendons comp-te que les forces des techniquessont en étroite relation. Un

autre exemple estdonné par Nikyo(rotation intérieuredu poignet). Vousmaintenez le poignetdu partenaire tandisque vous tournezconstamment autourde votre centre. Dece fait, le partenairese déplace autour devotre cercle et soncorps est déséquili-bré. Son poignet esttourné dans "ladirection naturelle

de la flexion", ce qui le fait tour-ner dans la même direction. EnAïkido, la plupart des tech-niques de torsion des poignetss'applique dans "la directionnaturelle de la flexion". Toutesles techniques où l'action se faitdans le sens contraire de laflexion de l'articulation sontdangereuses et peuvent entraî-nées des lésions. Elles n'exis-tent pas en Aïkido de par leprincipe même du mouvementcirculaire inscrit dans la spirale.Lorsque nous observons le fon-dateur, et que nous analysonsles relations entre les forces,nous voyons que ces mouve-ments de mains et les déplace-ments de ces pieds dessinentdes formes sphériques alors queson mouvement s'accélèreautour de hanches stables.Lorsqu'il utilise un bâton, cedernier prend bientôt, comme lecorps, l'apparence d'un corpssphérique. Le bâton semblevivant. Aussi, lorsque nousnous entraînons, nous devonsétudier les techniques pour êtrecomme une pyramide (tétraèdreéquilatéral) lorsque noussommes immobiles, et commeun corps sphérique lorsquenous sommes en mouvement.Le corps sphérique doit êtresouple, contenir sa puissanceen harmonisant les forces cen-trifuges et centripètes, commeune balle de caoutchouc quiroulerait le long d'une pente,rebondissant naturellementmême si la pente est inégale. Larelation entre les forces peutêtre étudiée du point de vue dela dynamique aïki, mais, lors del'entraînement, il faut entrerdans un état de "non-pensée"pour ne pas être entravé parl'analyse des théories.

Kisshomaru Ueshiba

À lire:

Pratique de l’Aïkido.

Kisshomaru Ueshiba

Budo Éditions

Technique de Budo

en Aïkido. Budo Renshu.

Morihei Ueshiba

Guy Trédaniel Èditions

Kote gaeshi, rotation extérieure du poignet.

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Dominique Dalet,comment est néecette initiative ?Je devais passer un week-endchez des amis à Barbentanepetit village situé juste à côtéd’Aramon. Étant sur place unesemaine après les inondations,j’ai alors pu constater l’ampleurdes dégâts. Je n’avais jamais vutel spectacle de désolation et dedésespoirs. Des ambulances dela Croix-Rouge, des pompiers etdes militaires partout ; je mecroyais en temps de siège.C’est à mon retour que j’ai déci-dé d’organiser ces stages afind’aider les personnes les plusdémunies.

Comment avez-vousorganisé ces manifes-tations ?J’ai proposé mon idée à laFédération et appelé toutes lespersonnes susceptibles de m’ai-der dans mon projet. Beaucoupauraient voulu participer maispour des raisons d’indisponibilitéou par manque de salle, n’ontpu se joindre à nous. Les per-sonnes disponibles ont organiséun stage dans leursecteur. Ainsi les week-end du19, 20 et du 26, 27 octobre, leslicenciés adultes et enfants sesont réunis pour participer à cesstages.

Quelles conclusionspouvez-vous tirer decette action ?Il est vrai que cette action n’apas eu l’ampleur souhaitée, mais

compte tenu des congés sco-laires et du manque de tempspour nous organiser, il était trèsdifficile de faire mieux.Même si la somme récoltée peutparaître dérisoire face à tant desouffrance, je pense qu’avanttout, cette action aura eu un butd’aide psychologique en mon-

trant notre solidarité.Je tiens à remercier tous ceuxqui ont répondu à mon appel,notamment, Michel Hamon,Thierry Vanneste, BernardPalmier, Michel Lapierre, JosetteNickels, Gérard Chauvineau,Gilles Bagland, Rémi Berest,Claude Bourion, Hervé Lebret,Michel Noé, Brigitte, les partici-pants et particulièrement lesenfants .La recette est versée en intégrali-té à l’ASCA (Aide aux Sinistrésdu Canton d’Aramon). Si vousvoulez vous aussi participer, vouspouvez envoyer vos dons à :l'ASCA (Aide aux Sinistrés duCanton d'Aramon)3, rue des Halles30 390 Aramon

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AIKIDO SOLIDARITÉ

En septembre dernier, tous les médias se tournaient vers larégion du Gard pour transmettre les mêmes images deruines, de maisons dévastées, de voitures retournées, deroutes et de voies ferrées défoncées. Partout, le mêmedésespoir des personnes qui ont tout perdu en quelquesheures. Suite à cette catastrophe et à l’initiative deDominique Dalet, professeur d’Aïkido à Marly le Roi etVersailles, plusieurs centaines de personnes se sont réuniesau cours de stages organisés sur l’ensemble de l’lle deFrance afin de récupérer des fonds et d’aider les sinistrés duCanton d’Aramon. Entretien avec l’initiateur de cet acte de solidarité.

Le geste qui sauve

Avec Josette Michels à Fontenay aux Roses.

La section enfants de Fontenay le Fleury.

Le groupe de Michel Hamon de Brétigny/Orge.

Le stage d’Aubervilliers avec Bernard Palmier.

Avec D. Dalet et Remy Berest à Fontenay le Fleury.

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Un entretien préalableest-il nécessaire pourconnaître les motivationsde l'enfant ?A priori non. En début de saison,une grosse section enfants ne per-met pas de connaître les motiva-tions de chacun. Par ailleurs, j'ai remarqué quegénéralement les enfants de six àhuit ans sont inscrits par décisionde leurs parents : l'absence decompétition oriente leur choix surnotre discipline. À partir de dix ans, l'enfant estdavantage décideur, mais ses moti-vations premières sont d'ordresocial : les copains, club sympa-thique etc. Les plus grands arriventpar cooptation.En cours d'année, je réalise unpetit sondage auprès des enfants, àl'aide d'un questionnaire : je leurdemande entre autres ce qui est leplus difficile à leurs yeux en aïkido,et ce qu'ils préfèrent.Naturellement, selon l'âge et legrade, les réponses sont modulées.Mais globalement, leurs réponsesconfirment mes observations :

dans l'ensemble, ce qui leur pose leplus de problèmes au niveau tech-nique c'est le travail de déplace-ments et de placement avec unpartenaire ; en revanche, le plusfréquemment ils préfèrent le travailsur les chutes. Cet outil est très utile pour évalueret mieux connaître chaque enfant.

Comment s'organise larépartition des élèves ?Pour constituer mes groupes, j'aiplusieurs critères :- le grade- l'âge- la morphologie- quand c'est possible, les affi-nités- parfois il faut prendre en consi-dération les activités annexesdes enfants, ce qui ne facilite pasmon organisation.Ma plus grosse section enfantspropose six cours différents, del'enfant débutant de six ans, auperfectionnement adolescent (16ans).Chaque groupe compte unequinzaine d'enfants.

Exigez-vous des apti-tudes physiques particu-lières ?Tous les enfants peuvent pratiquercette discipline, dans la mesure oùil n'existe pas de contre-indicationde la part du médecin (seul compé-tent).Lorsque j'enseigne à des enfants dela tranche d'âges 6-9 ans, je res-pecte leurs caractéristiques psy-chologiques et biologiques, avecun travail spécifique.Certains enfants ont plus de diffi-cultés que d'autres. Mon objectif

est alors de leur faire prendreconscience de leur corps propre :- latéralisation, - mobilité du bassin et du rachis, - respiration, rôle de la tête- notion de rythme dans le mouve-ment

Les principes d'harmonieou d'énergie sont-ilsaccessibles pour un jeunepratiquant ?À mon avis, les principes d'harmo-nie et d'énergie ne sont pas trèsaccessibles à des enfants.

HARMONISER le CORPSet l’ESPRITL’art de transmettre l’Aïkido aux plus jeunes n’est pas chose aisée. Une méthode appropriée alliée à la réception naturelle de l’enfant permet de bon résultats comme nous pouvons le constater dans la section de Fontenay sous Bois où enseigne Christian Mouza 4e dan.

christian mouza

entretien avec

Beaucoup d’attention etde concentra-tion chez lesjeunes prati-quants sous leregard et lesdirectives de ChristianMouza.

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Personnellement j'aborde rarementle concept d'énergie, trop abstraitpour eux. Mais dans leur pratique,le principe d'énergie est présent demanière inconsciente. En revanche, l'harmonie occupeune place fondamentale dans monenseignement. Pour cela, j'essaiede faire découvrir la sensation del'adversaire, et l'élément déclen-cheur du mouvement : parexemple, au travail d'action de Ukequi est de frapper, saisir, pousserou tirer, Tori doit répondre en utili-sant la force de Uke, dans le sensde son action.

Les enfants violentssont-ils facilement adaptables ?Je pense que le terme "violents"n'est pas juste, ou adapté. Les mots"super-actifs" ou "turbulents" meconviennent mieux. J'enseignel'Aïkido aux enfants depuis unedizaine d'années et je n'ai pas ren-contré d'enfants violents ou agres-sifs. Turbulents ou actifs, c'est uneréalité. Il est plus difficile de leurinculquer l'étiquette et le respectdes autres, et de leur expliquer lesrègles et l'attitude à tenir dans undojo. Généralement je les respon-sabilise en les mettant en avantpour démontrer. Ensuite une har-

monisation avec le groupe se créeet l'enfant y trouve sa place. Jereste toutefois vigilant.J'anime des stages enfants en pro-vince régulièrement depuisquelques années et je constate queces enfants peuvent réellementperturber une séance, lorsqu'ilssont mal "canalisés". Je choisis tou-jours ces enfants-là pour montrerles jeux de concentration ou deréflexes, et cela fonctionne assezbien.

La mixité est- elle évidente ?Il est vrai que tous les ans, je suisconfronté à ce problème. En débutde saison, dans la mesure du pos-sible, je fais très attention à la com-position des groupes, que jecherche à équilibrer au mieux.Entre six et dix ans, les enfantsn'attachent pas d'importance auchoix du partenaire. En revanche,entre dix et treize ans, cela devientun peu plus difficile de faire tra-vailler les filles avec les garçons (et

vice-versa). De ce fait, pour lesenfants de cette tranche d'âge plusdifficile, je fais changer régulière-ment de partenaire. Lorsque je meheurte à certains blocages, jecherche à en connaître les raisons,puis j'explique qu'il est importantde travailler avec beaucoup de per-sonnes différentes pour progresserdans de bonnes conditions, cha-cun ayant des aptitudes diffé-rentes, une morphologie différente,un caractère différent etc. Tout ceséléments induisent un travail sursoi très important.Mon expérience m'a révélé qu'ilfaut toutefois rester vigilant sur cesujet tout au long de la saison.

Sur quels points travaillez-vous principalement ?J'oriente mon travail avec lesenfants autour de quatre axespédagogiques :- Connaissance du corps- Attitude- Relation avec le partenaire

- TechniqueConcrètement, j'essaie de mettreen corrélation tous ces élémentsqui apporteront aux enfants labase solide nécessaire à une bonneprogression technique, avec une"attitude" et un travail clair et pré-cis. L'essentiel de mes cours reposeainsi sur les thèmes suivants :ß les déplacements : irimi en ayumiashi (marche normale) ; irimi ten-kan (déplacement pivot autour dupied avant) et irimi tenkan henka(changement de posture sans bou-ger le pied avant) ; -les chutes (avant/arrière) à traversdiverses formes d'apprentissage :en ligne sur le tatami, à tour de rôlesur un gros tapis de gymnastiquepour ceux ou celles qui appréhen-dent les chutes enlevées, à deux ouà trois sous forme de jeu ;-la relation avec un partenaire(faire de l'aïkido avec Uke et noncontre) : harmonisation dans l'utili-sation du contact ; étude del'échange "action/réaction".

Comment faites-vouspasser une discipline decomportement essentielleà la pratique ?Une des difficultés que je rencontreen tant qu'enseignant face à desjeunes, est d'avoir à résoudre l'ap-parente contradiction de l'Aïkido :l'art du combat sans combattre.

Une des difficul-tés que je ren-contre en tantqu'enseignant

face à des jeunes,est d'avoir à

résoudre l'appa-rente contradic-tion de l'Aïkido :l'art du combat

sans combattre.

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Il s'agit de leur faire prendreconscience que la notion de com-bat demeure dans l'art d'utiliser laforce de l'adversaire pour diriger etcanaliser son énergie, afin de l'im-mobiliser et non le détruire ! Et quepour cela le déplacement et le pla-cement sont fondamentaux enAïkido. D'où l'art du combat sanscombattre.La forme jouée est très intéressan-te. Un de mes soucis est de fixer lesacquisitions de chacun et un desmoyens classiques est la répétition.Le jeu est un moyen très efficacepour la répétition d'une séquencecar l'enfant de 6 à 9 ans ne répètepas volontiers un exercice. À mon avis, la finalité de l'activitéludique n'est pas d'"apprendre"mais d'"explorer".Mon but est de faire découvrir àchaque enfant des solutions enréponse à une frappe ou une saisie,et par là les grands principes (irimi-tenkan, irimi-tenkan enka etc.), etce n'est pas la partie la plus facile. Sur un travail de randori, parexemple, deux enfants attaquentun troisième en shomen-uchi, sansque ce dernier ne fasse intervenirses bras en protection, mais simple-ment en utilisant les déplacements.

Attention, le jeu n'est qu'unmoyen. Je poursuis toujours un butprécis (ne pas "jouer pour jouer"trop souvent). Pour cela, je varie leplus possible la composition demes cours, néanmoins avec desrepères fixes, sécurisants et struc-turants. L'idéal serait de présenterun même exercice de façons diffé-rentes.

À quel moment l'enfantest-il apte à utiliser les

armes de l'Aïkido ?En ce qui me concerne, mesgroupes d'enfants utilisent le jo,voire le bokken pour les adoles-cents, dès la première année, aurythme d'un cours par mois.Le travail avec le jo donne unattrait supplémentaire à la pra-tique. Son aspect ludique respectetoutefois les points essentiels desarts martiaux, en accentuant le tra-vail des déplacements, de la dis-tance relative avec le partenaire

(ma-ai), le travail de coordination,la vigilance, d'autant que la notionde danger apparaît plus importan-te. Dans la pratique des armes, jemets toujours en avant les règles desécurité permettant un bon dérou-lement de la séance : - Tenir et placer son jo correcte-ment le long du corps dans tous lesdéplacements hors exercices/tra-vail/enchaînements afin de proté-ger les autres élèves; - Gérer l'espace;

…Cela mefait plaisirque lesenfants s'interrogentsur leur pratique. En cherchantà satisfaireleur curiosi-té, ils mon-trent qu'ilss'y intéres-sent et sontmotivés…

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- Attendre le signal pour démarrertous ensemble.En fait, les enfants sont trèsdemandeurs. Cette année, j'ai initiémes groupes au sport Chanbara,nouvelle discipline d'escrime japo-naise qui se pratique avec desarmes en mousse ; par conséquent,les enfants peuvent s'engager sansdanger. Cela a été un réel succès.

La notion de grade necrée-t-elle pas une hié-rarchie dérangeante pourl'harmonie du groupe ?J'enseigne aux enfants depuis denombreuses années, et je n'aijamais été réellement confronté à cegenre de problème. Les enfants sontconscients de leur travail et de leurniveau technique ; ils ne remettentjamais en question la décision duprofesseur lors de la remise desceintures ou de l'hakama.Je pense toutefois que l'enseignant aune grosse part de responsabilitépour que la notion de grade ne soitpas "dérangeante" au sein du grou-pe. Dans tous mes cours, certainsenfants éprouvent plus de difficultésà suivre que d'autres. Je m'arrangetoujours pour les faire travailler soitavec les anciens, soit avec ceux quiont plus de facilités. La prise encharge par les anciens crée alorsune harmonie dans le groupe etdiminue certaines rivalités.

Les jeunes ne sont-ilspas demandeurs d'uneforme de compétition ?Je pense que certains enfants sontdemandeurs de compétitioncomme moyen d'évaluer leur com-bativité, leur résistance, leursréflexes…Pour satisfaire tout le monde, régu-lièrement, je propose un travailsous forme de jeux, en organisantdes rencontres, en formant deséquipes. Cette forme de travail mepermet de leur faire prendreconscience qu'être le premier n'estpas le but en soi, mais qu'enrevanche la complicité et l'esprit desolidarité dans le groupe donnentautant de plaisir.

Quelles sont les grandesinterrogations du jeunepratiquant ?Les jeunes ont trois types d'interro-gations : d'une part, celles liées àl'histoire et à la philosophie del'Aïkido, et par extension auxrituels de la pratique ; d'autre part,les questionnements liés à la pro-gression de l'aïkidoka, en particu-lier le parcours de leur professeur ;

enfin les questions liées à l'effica-cité de l'aïkido. Par exemple :- Pourquoi le salut au Kamiza ?- Qui a créé l'aïkido ? Quand ?- Quand O Sensei est-il mort ? - Que veut dire AÏKIDO ?- Pourquoi dit-on "dojo" ?- Quels sont la signification et lesens des formules de politesse ?- Quelle est l'efficacité de la pra-tique par rapport à une autre disci-pline? - Combien de temps faut-il pourpasser la ceinture noire, pour avoirl'hakama ?- En ce qui me concerne directe-ment : Depuis combien de temps jepratique ? Est-ce que je suis allé auJapon, est-ce que je parle japonais ?- Quel est mon grade ?- M'est-il arrivé d'utiliser l'Aïkidodans ma vie pour me défendre ?Cela me fait plaisir que les enfantss'interrogent sur leur pratique. Encherchant à satisfaire leur curiosi-té, ils montrent qu'ils s'y intéres-sent et sont motivés.

Le professeur apprend-ilde ses élèves ?Incontestablement, le professeur

apprend de ses élèves et tout parti-culièrement des enfants. Enseigneraux enfants est une expérience trèsriche, c'est une perpétuelle remiseen questions. En ce qui me concerne, à chaqueséance j'apprends beaucoup desenfants, tant sur le plan pédago-gique que relationnel. Cela m'ap-prend à être plus rigoureux, plusprécis, c'est-à-dire à décortiquer lestechniques et à les expliquer. Je dois savoir répondre aux ques-tions les plus inattendues, doncapprendre à être disponible, imagi-natif, créatif. Pour être à l'écoute dechacun, je développe égalementmon sens de l'observation ; celafait partie du travail. Les enfants ont une telle sponta-néité, une telle sensibilité quel'échange et la complicité entrel'enseignant et l'élève sont indiscu-tables. Le feedback est essentielpour que ces échanges enrichissentmutuellement enseignant et élèves. Enseigner aux enfants est à monavis une très bonne école !… ❁

entretien avec

Travail surles réflexesau Jo avantde passer àla techniqueci-contre.Un bonentraîne-ment etmoins duresera lachute (pagede gauche).

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rencontre avec

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ÉCHANGE etPARTAGE

suzanne auger

Engagée dans l’action sans compter son temps, Suzanne Auger puise dans l’Aïkido une énergie exemplaire. Nous l’avons rencontré dans son club de Clamart qui sert de cadre à la pratique de son association ACAMA, la bien nommée.

SUZANNE, POUVEZ-VOUS VOUS PRÉ-SENTER AUX AÏKIDOKA QUI NEVOUS CONNAISSENT PAS.Francilienne de banlieue, j’ai 53ans, mariée, deux grands enfants,sans plus d’activité rémunérée(auparavant dans la communica-tion d’entreprise) mais très enga-gée dans des associations diverses,notamment trésorière de mon clubd’Aïkido, Acama, à Clamart. Jem’implique beaucoup dans labonne marche du club, quiaccueille de nombreux débutantsqu’on souhaite garder, mais aussides gradés, qui le sont devenuspour beaucoup au cours des sixannées d’existence d’Acama. Leplus satisfaisant, c’est le nombrede jeunes qui ont commencé

enfants, qui arrivent à l’âge adul-te et sont toujours sur le tatami.Quant à moi, j’ai obtenu monpremier dan il y a deux ans.

COMMENT ÊTES-VOUS VENUE ÀPRATIQUER L’AÏKIDO ?En 1986, deux de mes collègues debureau étaient ceintures noires etavaient proposé de monter une sec-

tion d’entreprise. J’ai donc décidéun certain nombre d’autres col-lègues, tous débutants, à pratiquerun midi par semaine, après avoirvu un maître japonais dont je neme souviens même plus le nomaujourd’hui, emballée par la beau-té de la démonstration. Débutsavec Jean-Paul Nicolaï, qui a eubeaucoup de patience

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pour faire débuter tout ce petitmonde en même temps.Ensuite, j’ai vécu à Singapour etj’ai pratiqué pendant deux ansavec un senseï chinois qui suivaitl’école Ueshiba. C’est depuisSingapour que je suis allée àl’Aïkikai à Tokyo. Expérienceinoubliable : j’avais beau me croi-re préparée, j’ai été impression-née. Par la culture du pays et parla pratique de l’Aïkido que j’aivue là-bas.Revenue en France, je suisdepuis six ans les cours de MarcBachraty à Clamart, et je vaisaussi une fois par semaine àVincennes chez Christian Tissierdont Marc est l’élève.

SUR QUELS PRINCIPES FONDA-MENTAUX FONDEZ-VOUS VOTREPRATIQUE ?J’essaie de faire attention àquelques points fondamentaux,tels que la justesse de l’attitude,le fait de me tenir stable et droite.L’une des choses importantespour moi est de me protéger, parla distance, l’esquive du corps oula garde avec un bras ou unemain qui dévie le coup. Je regar-de aussi beaucoup les déplace-ments de pieds de mes profes-seurs, pour comprendre.

IKKYO ?Je me sens beaucoup trop «petite

gradée» pour oser émettre unavis sur ce sujet. Je trouve quec’est effectivement une techniquedes plus difficiles et des plusvariées, pour autant que je sache.Reposez-moi votre question dansquelques années.

PENSEZ-VOUS PRATIQUER UN ARTDE SELF-DÉFENSE ?Je n’ai jamais eu l’occasion d’ap-pliquer mon Aïkido dans unesituation d’agression, mais jepeux dire que c’est pour moi unart de «self confiance», malgréma taille (petite bien sûr !).

FAITES-VOUS UN TRAVAIL PARTI-CULIER SUR L’ÉNERGIE ?Pendant ma pratique, j’essaie depenser à renforcer mon centre,mais cela reste assez abstraitpour moi. Je comprends pluscette notion d’énergie en prati-quant le shiatsu. En effet, à lasuite d’une méchante tendiniteau coude, j’ai subi et appris leshiatsu familial, que je pratiquesur mes camarades, ainsi qu’engroupe amical sous la directiond’un praticien. L’objectif est uni-quement de soulager, sans cher-cher à guérir (il faut trop d’annéesd’études pour ça).

LA STRATÉGIE DU COMBAT ÀMAINS NUES EN AÏKIDO REJOINT-ELLE POUR VOUS CELLE DU DUEL

AVEC ARMES ?Bien que je préfère la pratique àmains nues, je pense qu’il estabsolument indispensable de pra-tiquer les armes : c’est là qu’oncomprend, quand le professeurexplique les références, le pour-quoi des techniques et leur effica-cité. C’est là que le principe d’ik-kyo, ardu pour tous les débutants,commence à prendre un sens.

En suwaricomme en

tachi waza, lajustesse des

attitudes estdéterminante

dans la réussite destechniques.

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FAUT-IL ABSOLUMENT SE RÉFÉRERÀ UN SENSEI ?Dans un premier temps, certaine-ment. Il me semble qu’il fautdéfricher la base avant d’essayerde nouvelles approches. Le toutest de savoir à partir de quand onest capable de juger la pertinenced’une technique ou la façon d’en-seigner d’un prof !

QUELS SENSEI VOUS ONT LE PLUSINFLUENCÉ ?Pour moi, je peux dire que tousmes sensei m’ont donné quelquechose de leur savoir, mais celuiqui m’influence le plus, c’estbien sûr Marc Bachraty, qui est

sur le tatami un modèle depatience (si !si !) et de rigueur. Jesuis aussi très admirative deChristian Tissier, parce que satechnique est toujours claire etqu’il apporte toujours quelquechose, même aux débutantscomme moi qui ne comprennentpas tout, loin de là. De plus, il esttoujours attentif à l’autre, mêmeen dehors du tatami.

VOS SÉJOURS EN ASIE VOUS ONT-ILS ÉGALEMENT EU UNE INFLUEN-CE SUR VOTRE PRATIQUE ?J'ai été influencée forcément,mais impressionnée égalementpar les maîtres japonais que j’airencontrés en Asie. Lors de monvoyage au Japon, j’ai eu la chan-ce d’assister à une grandedémonstration nationale, où despratiquants de tout le Japonétaient présents, ainsi quequelques étrangers . Le Doshu,Maître Ueshiba Kishomaru lui-même était monté sur le tatami.Je ne peux pas citer les noms,(j’ai un peu de mal à mémoriserles noms japonais qui de plus seressemblent), mais les visages etles pratiques sont gravés dansma mémoire.

EN QUOI L’AÏKIDO AIDE-T-IL À SECONSTRUIRE ?Je vois au club de Clamart desjeunes (à partir de 8 ans) qui sui-vent les cours de Marc depuisplusieurs années. On les voit se

transformer sur le tapis : plus demaintien, plus de concentration,et aussi un énorme plaisir. Quantaux adultes, certains deviennentmoins raides, à tout point de vue!Quant à moi, corporellement, ilm’oblige à penser à ma posture, etj’en ai bien besoin.Psychiquement, je n’ai pas peurdes autres, même si parfois jedevrais. Enfin, une heure d’aïkidovaut tous les anxiolytiques dumarché quand le stress m’agresse.

LA MIXITÉ DANS LA PRATIQUE A-T-ELLE INFLUENCÉ VOTRE CHOIX ?Pas du tout ! J’avais été aucontraire très surprise à Singapourque les femmes apprennent dansdes cours séparés de ceux deshommes. Mais là-bas, c’est plusun aspect très spécifique de la cul-ture chinoise. Au contraire, pourmoi, il est important que la pra-tique soit mixte, que les hommestraitent avec conscience leur ukésans utiliser uniquement leurforce, que les femmes s’imposentsans peur devant de grands mala-bars, que les deux trouvent uneharmonie entre deux pratiquessouvent complémentaires, entresouplesse, force, écoute del’autre, etc. (chaque qualitén’étant pas exclusive d’un sexe).

FAUT-IL ÉTUDIER D’AUTRES ARTSPOUR MIEUX S’ACCOMPLIR ENAÏKIDO ?

rencontre avec

…Tout reste ouvert, maisl’Aïkido reste un art vasteavec beaucoup de champsd’études à découvrir, àcomprendre, à analyser etsurtout à faire sien.Il agit sur l’émotivité, surla sensibilité, sur la compréhension des sché-mas corporels individuelset à deux…

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Souplesse, force, écoute del’autre, voilà pour Suzanne

Auger les ingrédients de l’harmonie en Aïkido.

Tout reste ouvert, mais l’Aïkidoreste un art vaste avec beau-coup de champs d’études àdécouvrir, à comprendre, à ana-lyser et surtout à faire sien.Il agit sur l’émotivité, sur lasensibilité, sur la compréhen-sion des schémas corporelsindividuels et à deux, des modi-

fications de champs deconscience face à la dualitéentre partenaire, à la compré-hension technique et relation-nelle, etc.Après c’est l’affaire de chacun..Toutefois, si je devais pratiquerune autre discipline, ce serait leKyudo (le tir à l’arc).

L’AÏKIDO DOIT-IL SE « PRATIQUER »ÉGALEMENT EN DEHORS DU DOJO ?Oui bien sûr, j'y ai répondu dansvotre question concernant laconstruction.

PRATIQUER L’AÏKIDO, C’EST REN-TRER DANS UN ART QUI VEUTDÉVELOPPER UNE HARMONIE

ENTRE TOUS ; EST-CE UNE UTOPIERÉALISABLE ?L’harmonie doit être la mise enœuvre en commun de moyenstechniques, intellectuels et psy-chologiques pour tenter d’établirune relation où les protagonistesse comprennent mutuellement.Chacun des intervenants doit ytrouver une satisfaction.Alors en ce sens on peut peut-êtreparler d’utopie réalisable.L’harmonie, c’est l’expressiond’une volonté commune d’arriverensemble à un objectif souhaité.Cela dit, je m’étonne qu’un artaussi idéal ait généré deux fédé-rations avec deux pyramides depouvoir. Autant il est intéressantde pratiquer selon des formes dif-férentes, autant les discussionsque l’on pressent aux passagesde grade ne laissent pas d’éton-ner le novice. L’Aïkido, c’est unidéal, mais les rapports humainsrestent identiques partout. C’estun thème de travail à ne pasperdre de vue. ❁

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entretien avec

Une douzaine d’années passées au Japon pour y pratiquer l’Aïkido, voilà quipourrait être banal si Olivier Gaurin 4e dan, n’avait pas décidé de communi-quer cette expérience par l’écriture. Dans un livre remarquable COMPRENDREL’AÏKIDO, subtilement illustré, il transmet avec beaucoup de sensibilité etforce détails, une étude approfondie de son art de prédilection.

LE VOYAGE IMMOBILE

olivier gaurin

À quel moment de votreparcours avez-vous déci-dé de partir étudier auJapon, que vous man-quait-t-il en France ?Je devais faire de l’Aïkido depuis…trois ans environ lorsque ChristianTissier est revenu de Tokyo. Lors deson premier cours dans notre dojorue Servan à Paris, le contraste avecce que nous faisions a été tel que jeme suis dit : «là , voilà, c’est ça, il ya bien, quelque part, dans cette pra-tique, du merveilleux en action». Ilfallait vraiment que j’aille là-bas. J’aimis dix années avant de pouvoirconcrétiser cette nécessité. Aprèsmes études, déjà troisième dan enFrance, je suis parti pour trois mois,en «reconnaissance» si je puis dire,et finalement… de «reconnaissan-ce», j’y suis resté un peu plus deonze ans. Voilà pour la chronologiesommaire.Je pense que j’aurais pu continuerà étudier avec Christian Tissier àl’époque, ce n’était pas une ques-tion de technique, ni de personne,c’était une question de contexte. Jevoulais… comment dire : je voulaisplonger dans la source même de

l’aïki et du do, retrouver leursracines. Il fallait que je fasse le pas,prendre ce risque. C’était monénergie d’alors : j’avais une soifavide d’aller au cœur de la «pro-blématique globale de l’Aïkido».

Quelles furent les différences profondes,immédiatement ressen-ties, entre la pratiquede l'Aïkido à l'Aïkikaï eten France ?En arrivant à l’Aïkikaï, ma réflexionpremière n’a pas été de comparermais de m’entraîner. Je ne voulaispas prouver, juger, ni m’illusionner,je voulais profondément appren-dre. Je crois que j’avais «vidé lacoupe», comme dit le proverbe,abandonné l’idée que «je» pouvaisapporter quelque chose. Et donc,peu m’importaient des «diffé-rences», ce qui m’importait c’étaitde pouvoir «me générer» à la sour-ce de l’Aïkido, et donc atteindre lesmeilleurs de l’Aïkikaï . Mon pre-mier objectif fut d’atteindre lemode d’entraînement les UchiDeshi.Je crois que l’Aïkikaï avec sa façon

particulière d’enseigner et d’offrirun Aïkido pluridisciplinaire centréautour du Doshu, donne une réelleopportunité de trouver l’Aïkidodans sa globalité, et peut éviter deconstruire arbitrairement uneapproche égotique de l’Aïkido, unevision finalement étroite, sectaire,ou purement gymnique de l’Aïkido.Tout en offrant aux pratiquants lapossibilité de modeler leur Aïkido,et cela de façon personnelle et adé-quate. Je trouve ce résultat formi-dable. Je dirais peut-être, pourrésumer, qu’en France, l’Aïkidoforme des pratiquants, et qu’àl’Aïkikaï, l’Aïkido se forme en eux.

Quand avez-vous ressen-ti le besoin de communi-quer. Quellesmotivations vous ontpoussé à mettre entexte votre expérience ?À mon retour en France, j’ai étéinvité à donner quelques cours, etdevant les yeux un peu «perdus»des participants, j’ai voulu écrirepour eux un petit feuillet sur lepourquoi de l’intention en Aïkido,afin de leur remettre à l’occasionsuivante (c’était le passage surl’orage, la maison et le paraton-nerre). Et puis le feuillet s’est vitetransformé en dix feuillets, envingt, cent, puis finalement, aubout d’un an, j’avais un manuscritde plus de sept cents pages ! Je mesuis dit : «Stop ! C’est assez pourcommencer à envisager l’entraîne-ment à l’Aïkido». Mon seul effort aété d’essayer d’être honnête et dene pas m’endormir sur une appré-ciation trop personnelle des choseset des gens. J’ai essayé égalementd’éviter «l’écueil du farfelu», dont

parlait Doshu à propos des essaisde conceptualisations de l’Aïkidoen occident. Je l’ai fait lire à desamis, et ces lecteurs proches ontété impressionnés. Sur leurs avis,j’ai décidé de le livrer à tous, deprendre ce risque aussi.Je crois que lors de mon retour enFrance, en effet, je ne retrouvaisplus l’Aïkido dans ce que je voyais.Les styles m’importent peu, mais lesens de ce que l’on fait, les motsque l’on emploie, cette synergieentre ce que l’on dit et les actes quel’on met en action, tout cela (à monavis bien sûr) a beaucoup d’impor-tance. Même physiquement, il y aune énorme différence entre sesentir «bon», «fort», «vrai», et«faire juste», surtout en Aïkido.C’est le corps qui parle, certes,mais c’est quand même au départune intention qui l’anime.Il n’y a donc pas eu véritablementun besoin de communiquer à gran-de échelle, simplement un désir derecentrer le discours sur la premiè-re étape de l’Aïkido. Ce désir étaitorienté vers un petit cercle d’amis.Ce livre reste cela : un documentdestiné à ceux qui se considèrentcomme les «amis» de l’Aïkido. Celareste avant tout un témoignage.

Vous évoquez régulière-ment Yamaguchi Seigo,est-ce votre sensei deréférence ?Humm… J’ai envie de dire un«oui» franc et massif. Seulement,ce serait vous tromper, tromper lamémoire de Yamaguchi Sensei, ettous ceux qui m’ont apporté tant ettant. L’Aïkido de Yamaguchi Senseiavait, entre autre, cela d’extraordi-naire qu’il refusait, cet Aïkido,

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d’être pris pour objet de transfert.C’était un Aïkido doux mais sansconcession, qui vous pénétrait del’intérieur, mais avec une extrêmeacuité de propos. YamaguchiSensei s’adressait avant tout à lacompréhension de notre corps, àl’intelligence de notre cœur. Lesdeux ou trois fois au je me suis faitadmonesté par Yamaguchi Sensei,la cause de sa fureur en était tou-jours la même : je l’imitais commeun singe savant, sans me concen-trer sur ce que je faisais, sans vivrel’événement. Et alors, ce futchaque fois réellement terrible.Mais je suis redevable à pratique-ment tous les Sensei de l’Aïkikaï. Àdifférents niveaux je suis redevableaussi profondément aux Uchi Deshide l’Aïkikaï. J’ai aussi une « dette »presque démesurée envers feuKishomaru Ueshiba, et égalementenvers l’actuel Doshu : MoriteruUeshiba. Et puis il y a Endo Sensei,Osawa Sensei (feu Osawa père,mais aussi son fils), et tant d’autresaussi qui m’ont avec patience insuf-flé de ce souffle de vie dans l’art. Ilserait difficile de vouloir tous lesciter. Yamaguchi Sensei fut, parmitous ceux là, celui qui me donna jecrois -comment dire ?- l’image peut-être que l’Aïkido n’est pas un vainmot, et qu’il peut se mettre en acteavec pureté, réellement en acte «parnous».

Pourquoi "Comprendrel'Aïkido", le message du

fondateur voussemble-t-il mal perçuhors du Japon, enFrance notamment ?Il y a déjà, au départ, un problèmeculturel qui fait obstacle à sa per-ception. La langue japonaise nefacilite pas les choses. Le messagedu fondateur est en cela (et à monsens), complètement «codé», ledécryptage n’est pas facile, mêmeau niveau théorique. Pourtant, je n’ai pas la prétentiondans ce livre de dévoiler le messa-ge décodé du fondateur. Je ne veuxpas faire non plus une «leçon dejaponais». Ce que je dis, c’est :«Peut-on, nous, occidentaux, avecnos moyens propres de réflexions,retrouver l’authentique SENS de cemessage ?». Et la réponse est oui.«Peut-on le mettre en pratiqueavec notre façon particulière denous figurer le monde, nous occi-dentaux, tout en restant DANSl’Aïkido ?» Et la réponse est encoreoui. Voilà le véritable propos de celivre. Son titre n’est qu’un aléapurement éditorial. Au départ lemanuscrit s’intitulait : «L’Aïkido debraise» !

Les pratiquants d'Aïkidooccidentaux ont-ilsbesoin d'une autre visionde l'Aïkido que celle dela pratique sur le tatamipour être sur la voie ?Pour rester sur la voie, je crois bond’avoir en vue ne serait-ce qu’un

UUkké ((ccii--ddeessssuuss DDeenniiss TThhoommaass eett AAnnnnaa NNoooonnaann ccii--ccoonnttrree)),,ddooiitt rreesssseennttiirr ll’iinntteennttiioonn qquuaanndd ll’eennggaaggeemmeenntt ddee llaatteecchhnniiqquuee ssee pprroodduuiitt..

LE « AÏ » DE AÏKIDO"Anéantissement des forces agressives ?" : on a

traduit un peu facilement en fait ce conceptpar ces mots inverses et abstraits de : "amour,union, harmonie" tout en mélangeant tout çadans un grand sac, alors qu'il s'agissait dansun premier temps indispensable à l'étude de

quelque recherche fondamentale beaucoupplus importante (et déjà fort complète en soi),

très concrète d'ailleurs contrairement à cequ'on nous fait croire : une recherche de

CONCORDANCE ! Personne n'a jamais à maconnaissance employé ce mot pour désigner le"Aï" de Aïkido. Du moins je ne l'ai pour ma

part en 25 ans de pratique jamais entendude la bouche d'aucun pratiquant français,

d'aucun enseignant français. C'est certaine-ment une lacune qu'il serait constructif de

combler à ce jour... puisque le mot existe etfait preuve. Car avec ce mot de "CONCOR-DANCE", simplement, tout s'explique pour

nous, français, tout s'explique de l'Aïki et deses "ambitions".

COMPRENDRE L’AÏKIDO page 80.

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balisage. Ceci afin de ne pas«errer», car il y a tant à apprendre.De plus, un balisage est égalementnécessaire pour ne pas tomberdans les pièges grossiers de la mon-tagne. La pratique sur le tatami seratrès certainement plus juste si l’onsait pourquoi on pratique (dumoins pour ceux qui ne cherchentpas un moyen supplémentaire dedomination). Ce n’est donc pas une«autre vision» qui est appelée ici,c’est une vision «éclaircie» de ceque l’on fait et pourquoi. Parcequ’il est plus facile d’apprendre,pour nous surtout, occidentaux, oude faire, quand on sait pourquoi onapprend, ou pourquoi on fait. Çaaussi, c’est une question de culture.Maintenant, cela reste juste un«balisage». Il ne s’agit pas de dire«changez de vision». Il s’agiraitplutôt de dire : «déployons cettevision, et en même temps affinons-la, devenons quelque chose vrai-ment, de l’Ai-ki, et pas seulementle membre orgueilleux d’une chaî-ne d’ouvriers qui ne voit jamais leproduit «fini» de ce qu’on lui dit deconstruire».

Le lecteur ne pourra plusappréhender l'Aïkido dela même façon aprèsavoir lu votre livre, maisvous, votre perceptiona-t-elle évolué avec sarédaction ?(sourire) Que répondre en vérité ?Chaque entraînement, chaque par-tenaire, est pour nous source dedécouvertes, de limites à franchir,de pas et surtout d’efforts à faire.C’est ça «la voie». Mais il ne fautpas se leurrer, il ne faut pas mettreen avant juste un contentementintellectuel ou partisan, même sicela «fait plaisir». C’est au corps decontinuer à progresser, c’est lui levéritable acteur sur la voie, pas ceque l’on croit être, un corps enconfrontation apaisante AVEC laproblématique de relation au corpset au cœur d’autrui.Certes, la rédaction de ce qui estdevenu «Comprendre l’Aïkido»m’a permis de mettre certainesidées ou concepts au clair. Cesconcepts doivent «passer» dans«mon» (notre) corps, dans «ma»(notre) pratique, les façonner, les

stimuler dans leur relation profon-de à «l’autre». La «révélation» metouche bien moins en ce sens queles «découvertes», et ces «décou-vertes» m’importent encore moinsque ce qui les motive : la«recherche de l’expérience vraie».Cette dernière formule ressemblepeut-être à un pléonasme, maiselle signifie, à mon sens, unerecherche vers le vrai, qui dévisagele faux, et donc s’efforce d’éviter lefaux. Cette recherche, c’est cequ’on appelle le BU-DO au Japon,le chemin de peine du guerrier, unchemin de vie, «Taï-A» en fait, lesabre de vie.Nous sommes des montagnards,finalement, sur une voie. Ce livreest juste une cartographie précisede la montagne Aïkido sur sa facedu «AI» principalement. Beaucoupde choses ne sont pas évoquéesdirectement dans ce texte, parceque ce livre évoque seulement,toujours à mon sens, des condi-tions réellement premières à réunirpour commencer à vouloir faire,penser ou enseigner de l’Aïkido.Donc, ce n’est pas tant ma percep-tion de l’Aïkido qui a évolué grâceà la rédaction de ce livre, c’est monamour pour l’Aïkido lui-même.C’est cet amour pour la grandeuret la vie au sein de l’acte physique,cet acte qu’on dit «Aïki». C’est lui,je crois, que je tente de fairedécouvrir concrètement et discrè-tement par ce livre. Par une carto-graphie, en fait, de cette voie,ouverte autrefois magistralementpar O Sensei. ❁

À lire :

COMPRENDRE L’AÏKIDO

Budo Éditions

1818

entretien avec

DÉFAIRE UNE IMPASSE "Défaire l'amour", c'estouvrir l'amour, le déplier,le défroisser au monde.Peut-être faut-il expliciterici (…), en quoi le "passeurd'orage" est un agent de laconcordance. Le passeur estagent de la concordanceparce qu'il défait uneimpasse, il fait passage à"l'agressivité" d'autrui. Le mot "agressivité", iciemployé avec des guillemets,à un sens éminemmentlarge, il se peut même quecette agressivité ne soit pasapparemment violente phy-siquement mais violencelatente, fourbe ou mêmeinsidieuse. Le passeur alorsdoit créer de la concor-dance de passage, unealliance à cette forme deviolence, à ces formes autresaussi, donc en être : lucide. COMPRENDREL’AÏKIDO, page 117.

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1919

L'ÉNERGIE dans la VOIE DE L’ARC

Le contenu du kyudo commetous les budo japonais, est lavoie par l'étude et l'on peut

gravir les degrés de la connais-sance sans un Maître ayant unetrès longue expérience.Maîtriser sa discipline par unediscipline spectaculaire, certes,mais préoccupé que l'on est dese parfaire, ne doit pas faireoublier, un cœur juste et unesprit libre pour éviter lespièges d'une névrose narcis-sique.Un des premiers points impor-

tants éternellement soulevédans le budo est l'énergie. Dire que l'énergie est le moteurqui alimente notre vie n’est pasune découverte. Le ressentir enrevanche est une impression quidonne à toute chose son véritable contour, sa vraiedimension. Il suffit d'un regardpour s'apercevoir que tout ce qui nous entoure a besoind'énergie pour se maintenir en vie.C'est ainsi qu'à partir de soi-même le monde s'organise et

l'on pressent mieux la place quel'on y tient. Curieuse impression,qui dérange d'abord, et quiconduit à faire le tour de seslimites. Sensation d'autant pluspénible que l'on a vite fait letour du propriétaire ! Quand onest parvenu à maîtriser cette circulation d'énergie, on a l'intime conviction qu'il doitexister un moyen de la maîtriser.Par ce dialogue que le corpsentretien avec l'esprit, l'arc dansle Kyudo favorise cette rencontre avec l'énergie. Grâceà sa gestuelle, une profonderespiration du corps, l'observa-tion d'une conscience individuelle par elle-même, leKyudo irrigue et libère cettevitalité latente qui sommeille enchacun de nous.Pendant le lâcher, la corderésonne, le son qui varie est letémoin du tir, bon ou mauvais.De toute les énergies celle quinous est immédiatement perceptible est incontestable-ment "le son". Parce qu'il nousenvironne, parcequ'il nous rappelle à l'ordre, parce qu'ilest aussi bien source de plaisirque de désagrément. Les sons, qui à plus haute fréquence deviennent suprasonset au delà ultrasons, ne sontpour la plupart qu'abstractionsque nous aurions du mal à définir, puisqu'ils nous demeu-rent inaudibles.Ce qui ne veut pas dire quenous n'en sommes pas impres-sionnés.Nous entrerons lors d'un prochain article dans ce vastedomaine des énergies.

Jacques Normand

SOSM section Kyudo14, rue sensier

75005 Paris01 69 40 91 41

kyudo

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2020

C omme chaque disciplineancestrale, les Arts Martiauxont connu une lente et inévi-

table évolution, avec la nécessaireadaptation aux nouvelles condi-tions culturelles, sociales et tech-

niques imposées par l’Histoire. Leproblème de la transmission desconnaissances attachées à uneécole martiale a toujours été depouvoir transmettre l’intégralité deses savoirs au cours des généra-

tions, sans modifications ni altéra-tions, ce qui n’empêche nullementla recherche constructive (évolu-tive) en adéquation permanenteavec le milieu et les conditions de vie.

Jusqu’à l’ère Meiji, les ArtsMartiaux (Bugeï) constituaient unensemble de techniques guerrièresdestinées à assurer la survie desBushi d’un clan. Chaque famillepossédait ses propres techniquesenseignées par les Maîtres desécoles ancestrales, comme le cland’Aïzu avec l’antique Oshiki Uchiet le Ono Ha Itto Ryu. Ces secretsétaient jalousement gardés pourd’évidentes raisons de stratégie.Ces écoles ancestrales directementissues des périodes de guerresincessantes (Sengoku Jidaï) appar-tenaient à la sphère des Bu jutsu,aux techniques particulièrementpragmatiques et proches de la réa-lité des combats. Leur transmissionse faisait en fonction de la confian-ce directe établie entre un Maître etson disciple, graduellement maisdifféremment selon les disciples.De plus, ceux-ci se devaient dedévelopper des aptitudes particu-lières pour comprendre, au traversdes rares explications du Maître, laquintessence de son Art. Celles-cin’étaient jamais très étendues nitrès précises et empruntaient sou-vent une symbolique particulièredestinée à la fois à cacher la réalitéde la technique, à tromper les noninitiés et à marquer de façon sym-bolique le disciple afin qu’il se rap-pelle l’origine et le secret de latechnique.Par ailleurs, il faut rappeler quel’avancée dans la voie signifiaitpour le disciple la remise en causeou plutôt la découverte des«failles» inhérentes aux techniquesqu’il avait apprises jusque là, cor-rections apportées afin de lui per-mettre, selon la règle et la logiqueinterne à chaque école et à chaqueclan, de se défaire victorieusementd’un adversaire détenteur de cestechniques ! La remise du MenkyoKaïden de l’école par le maîtresignifiait alors que le disciple par-venait à son tour au rang de maîtreet connaissait l’intégralité des tech-niques connues de lui.À partir de l’ère Meiji, les Bugeï ontsuivi une lente mais inéluctableévolution, au Japon d’abord, depart le monde après la secondeguerre mondiale, qui les ont ame-nés petit à petit au rang de Budo,avec une dimension plus philo-

DE LA TRANSMISSION

TRADITIONNELLE À

L’ENSEIGNEMENT MODERNE

HISTOIRE D’UNE

PASSION (I)

aïkibudo

......EEnn tteemmppss ddee ppaaiixx,, ll’’eesssseennccee ddeess aarrttss mmaarrttiiaauuxxcc’’eesstt ll’’eennsseeiiggnneemmeenntt.. DDaannss llee mmoott rryyuu iill yy aa ll’’iiddééeeddee ccoouurraanntt.. DDôô,, cc’’eesstt llaa vvooiiee,, cc’’eesstt qquueellqquuee cchhoosseeqquuii ppaassssee.. SSii oonn aarrrrêêttee dd’’eennsseeiiggnneerr,, ccee nn’’eesstt pplluussllaa vvooiiee,, cc’’eesstt sseeuulleemmeenntt uunnee tteecchhnniiqquuee.. LLaa tteecchhnniiqquueemmaarrttiiaallee vviissee uunniiqquueemmeenntt àà ttuueerr,, aalloorrss qquuee llee bbuuttddeess aarrttss mmaarrttiiaauuxx eesstt ddee ffoorrmmeerr llaa ppeerrssoonnnnaalliittéé......((MMaaîîttrree MMiinnoorruu MMOOCCHHIIZZUUKKII))

Maître Alain Floquet 8e dan avec frédéric Floquet 5e dan, Katory.

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sophique et spirituelle, de forma-tion de l’homme dans sonensemble. La création des fédérations a induitune institutionnalisation des artsmartiaux, afin de codifier et maîtri-ser le développement de la compo-sante sportive de certains d’entreeux. Le modèle de la lutte et dujudo a ainsi été appliqué à l’en-semble des autres arts martiaux telque le Karaté et, même non-com-pétitifs, l’Aïkido regroupés au seinde la F.F.J.D.A dans les années 60 -70. (sous tutelle pourrait-on dire).La création des B.E.E.S. a instituéun véritable statut de l’enseigne-ment sportif en général et des ArtsMartiaux en particulier. L’évolutionparallèle des hommes dans lasociété a nécessité, au fil desannées, l’élaboration d’une péda-gogie particulière que les différentsarts martiaux ont su mettre enœuvre avec un très large succès.L’Aïkibudo, discipline cofondatricede la F.F.A.A.A., possède égale-ment une option spécialisée auxcotés de l'Aïkido dans le cadre dubrevet d’état d’éducateur sportifspécialisé 1er et 2e degrés d'Aïkido.C’est pourquoi une organisationsolide a été mise en place ainsiqu’un programme spécifique afinde garantir à la fois la meilleure for-mation tant initiale que continue

possible de ses enseignants. Cettetâche difficile et ambitieuse a étéconfiée aux plus hauts gradés denotre École, dans la pure traditionmartiale historique. Nous verronsdans ce premier article l’organisa-tion au plan de la forme avant des’attaquer dans un prochain articleau fond même de ces formations.

1° / LE CONSEIL DESKODANSHAS ETLA COMMIS-SIONPÉDAGOGIQUEDU COMITÉFÉDÉRALAÏKIBUDO :Maître Alain Floquet a souhaitépréserver l'enseignement tradition-nels des Écoles Daito ryuAikijujutsu, Tenshin shoden Katorishinto ryu et Yoseikan shinto ryuau sein du programme Aïkibudo. Ilen résulte une difficile adéquationentre les contraintes de la viemoderne et les rigueurs de l’étudeselon le système en vigueur auJapon féodal. Ainsi indépendam-ment de l’engagement particulierde certains hauts gradés, le collègedes Kodansha est le dépositaire dessavoirs de ces écoles pourl’Aïkibudo ; certains d’entre eux sesont investis en son sein et s’inves-

tissent encore plusparticulièrement surl’une ou l’autre desécoles historiquespour en entretenir etretransmettre l’inté-gralité. Cette tâchedifficile reste un pointde passage obligé,réservé à des prati-quants de hautsgrades, chargés deresponsabilités impor-tantes au sein de l’or-ganisation Aïkibudo,et reconnus par leMaître. Le Conseil desKodansha est une ins-tance interne regrou-pant l’ensemble deshauts gradés et destechniciens de notreArt afin de confronterles approches de cha-

cun, d’examiner les points tech-niques, juridiques ou pédagogiquessusceptibles de faire avancer lapratique et de permettre le dévelop-pement et la pérennité del’Aïkibudo. Directement issu duCERA (Centre d'Étude et deRecherche en Aïki), cette instancese réunit deux fois par an sous lacodirection de Maître Alain Floquetassisté de Maître Alain Roinel (7edan d’Aïkibudo et DéléguéTechnique National Adjoint du C.F.Aïkibudo - F.F.A.A.A.) pour faire le

point, apprécier les évolutionsnécessaires et donner les grandeslignes directrices pour l'avenir àcourt ou long terme. La Commission Pédagogique duComité fédéral Aïkibudo, partie dela C.T.N. Aïkibudo, est placée sousla direction de Maître Gérard Clérin(6e Dan Aïkibudo et B.E.E.S. 2edegré) D.T.I.R. responsable fédéralde la commission Monitorats etBEES Aïkibudo et de Maître Paul-Patrick Harmant (6e Dan Aïkibudoet BEES 1er degré) D.T.I.R. chargéd’organiser et de coordonner lesSéminaires de préparations auMonitorat Fédéral d'Aïkibudo et auBEES spécifique Aïkibudo.Ladite commission pédagogiqueregroupe égale une partie desKodansha et est chargée de prépa-rer et de suivre l’ensemble desactions de formations tant initialesque continues des enseignantsd’Aïkibudo.

2° / LA FORMATIONINITIALE DESENSEIGNANTSEN AÏKIBUDO :Deux fois par an, les stagiairessont réunis pour une période dequatre jours afin d’approfondir leprogramme spécifique technique etpédagogique du BEES : sont ainsiabordées les bases de l’anatomie etde la physiologie, les notions élé-mentaires de secourisme, l’en-

Maître Alain Floquet 8e dan avec Daniel Dubreuil 6e dan, Gogyo Kenjutsu.

Maître Alain Floquet 8e danavec Alain Roinel 7e dan,

Shiro giri.

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semble des techniques program-mées aux 1er et 2e dan, la partielégislation et les textes réglemen-taires régissant le sport en Franceau sein des fédérations, ainsi quel’approche pédagogique (la sciencede l’éducation). Il est évident que la pédagogie restela difficulté majeure auquel se trou-vent confrontés les futurs ensei-gnants, une fois la maîtrise tech-nique du programme Aïkibudoacquise. Cette démarche volontairede transmission de notre Art peuts’apparenter à la décision irrévo-cable et aux conséquences insoup-çonnées de devenir parent : l’édu-cation d’un enfant innocent deschoses de la vie impose la mise enplace par ses parents de règles, decontrainte et de limites dans sesopportunités d’apprentissage. Le rôle du professeur à l’instar decelui de parent sera de faire leschoix stratégiques à ses yeux afinde faire «grandir» son enfant ouson élève. Cette démarche éducati-ve passe par la recherche de trans-formations durables des capacitésde l’enfant ou du pratiquant et l’ac-quisition de compétences particu-lières liées à la pratique Aïkibudo.L’intérêt de la formation pédago-gique spécifique de ce stage résidedans la mise à disposition des sta-giaires des éléments fondamentauxpermettant l’élaboration d’uneleçon pédagogique adaptée aux dif-férents critères rattachés à celle-ci :contenu de la leçon, public con-cerné, moment dans l’année, pro-gramme…Les stagiaires se confrontent quoti-diennement aux difficultés théo-riques d’élaboration d’une leçonpar la rédaction de sujets pédago-gique corrigés individuellement etcommentés en groupe par M. Paul-Patrick Harmant et les professeursdiplômés présents lors du sémi-naire. Par ailleurs les futurs ensei-gnants se heurtent aux réalités pra-tiques de mise en œuvre de partiesde ces mêmes leçons pendant lescours.Les candidats et les futurs candi-dats bénéficient de l’expérience desprofesseurs diplômés présents :que ce soit sur le plan des épreuvesliées à l’examen ou de celle de l’en-seignement en club. Cet échange

précieux permet la confrontationdes à priori théoriques des futursdiplômés avec les réalités pratiquesd’enseignants aguerris. Ainsi lesfuturs diplômés sont-ils prépareravec plus d’acuité aux examens deMonitorat Fédéral ou du B.E.E.S.

3° / LA FORMATIONCONTINUE DESCADRES DEL’AÏKIBUDO :Les E.R.C.A. (Écoles Régionalesdes Cadres) regroupent l’ensembledes enseignants et futurs ensei-gnants d’une région afin de per-mettre l’échange pédagogique desexpériences des participants.Placés sous la responsabilité desD.T.I.R. (Délégués TechniquesInter Régionaux) ou des D.T.R.(Délégués Techniques Régionaux),ces stages facilitent la transmissionverticale et horizontale des pro-grammes techniques et des solu-tions avalisées par les commissionstechniques et pédagogiques du C.F.Akbd. Elles sont un maillon essen-tiel de la transmission de notre Artau côté des stages purement tech-niques et une aide précieuse pourl’ensemble des enseignants qui lesmettent en lien direct avec ladémarche de Maître Alain Floquetet le collège des Kodansha. Les stages E.R.C.A. permettentd’uniformiser la technique et lapédagogie dans la transmissiondes différentes composantes del’Aïkibudo en associant la rigueurdes strictes composantes ances-trales ou historiques et la nécessai-re adaptation aux réalités cultu-relles et psychologiques de noscivilisations modernes. Ses objec-tifs doivent être la recherche de la précision technique, la mise enœuvre d’une pédagogie adaptée, latransmission des informations etdes recommandations du collègedes Kodansha ainsi que laréflexion constructive visant àl’amélioration de tel ou tel point.Ces démarches de recherchesconjointes peuvent alors rejoindrecelles plus personnelles initiéesdans le cadre de la préparation deshauts grades (cf les mémoires rédi-gés à partir du 4e dan) ou au seindu C.E.R.A.

aïkibudo

Maître Alain Floquet 8e dan, Te No Michi Biki.

Maître Paul-Patrick Harmant avec Jean Cavarelli.

Maître Gérard Clérin avec Thierry Caralp 5e dan, Ikkajo.

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4° / LE RÔLE PARTICULIER DU CERA :Maître Alain Floquet a eu le soucid’associer dans la pratiqueAïkibudo l’ensemble des tech-niques susceptibles de permettreun apprentissage complet des réali-tés du combat, dans un souci per-manent de pragmatisme, d’efficaci-té et d’adaptation aux évolutionstechnologiques. En 1973, il avaitcrée le C.E.R.A. afin d'éviter lachape de plomb qui s'abattait surla diversité en matière d'Aïkido etde préserver d’une part le patrimoi-ne culturel du Maître MochizukiMinoru et d’autre part son propreacquis martial déjà diversifié et lestyle qui en découlait. La co-discipline Aïkibudo, associéeà la fondation de la F.F.A.A.A., esten quelque sorte la descendantedirecte du C.E.R.A. créé dans unmouvement de dissidence lors dela création de l'UNA aux lieux etplaces de la Commission Nationaled'Aïkido et l'établissement d'uneméthode d'Aïkido dite "Nationale"au sein de Fédération Française de

Judo et Disciplines Associées… Aujourd'hui, le CERA est interna-tional. Il permet l’échangeconstructif entre les membres, larecherche de solutions nouvellestant sur le plan technique quepédagogique et participe toujoursactivement au développement del’Aïkibudo en organisant la venue(notamment en France) de Maîtresjaponais hauts gradés comme dansle passé les grands maîtres SuginoYoshio et Mochizuki Minoru etactuellement Yukihiro SuginoSenseï (9e Dan de Tenshin ShodenKatori Shinto Ryu) et GoroHatakeyama Senseï (MenkyoKaïden, 9e dan de Tenshin ShodenKatori Shinto Ryu) ou la publica-tion régulière d’une revue internecomportant des études techniquesprécises rédigées par les Kodanshade notre École…Organe d’échanges et d’étude, leC.E.R.A. regroupe l’ensemble despratiquants d’Aïkibudo et deKobudo concernés par la recherchetechnique ou fondamentale, etnotamment les professionnels de lasécurité (Police, Gendarmerie,Armée, Douanes, RATP et Réseaux

Ferrés, etc.) qui trouvent en sonsein le creuset idéal pour confron-ter leurs expériences et mettre enœuvre la technique Aïkibudo dansle traitement des situations conflic-tuelles : les recherches en matièred’utilisation du Tambo et du Tonfaen sont directement issues.L’organisation interne de la forma-tion des cadres en Aïkibudo s’at-tache à accompagner les candidatsà l’enseignement dans les étapessuccessives liées à ce choix coura-geux vital pour la survie de notrediscipline. Sans l’engagement per-sonnel des professeurs, la transmis-sion s’arrêterait et conduirait inévi-tablement à la disparition de notreArt, comme ce fut malheureuse-ment le cas pour d’autres écolesmartiales traditionnelles. Nous ver-rons plus particulièrement dans unprochain article le fond même de laformation de nos enseignants autravers du contenu des séminairesde préparation au monitorat fédéralet aux brevets d’état.

En collaboration, Paul-Patrick Harmant et

Jean-Pierre VallePhotographies : copyright CERA

Séminaire monitoratFédéral et Brevet d’État

Aïkibudo sous la directionde Paul-Patrick Harmant

conférencierRéglementation Gérard Clerin

HAUTE NORMANDIEU.S.C.B., du 09 au

12 novembre 2002,240 rue Vittecoq, 76230

BOIS-GUILLAUME

Inscription et renseignements :

03.90.23.16.17.(pro.)03.88.72.36.89.(dom.)

SéminaireMonitorat Fédéral

de Katori Shinto ryusous la direction de Paul-

Patrick Harmantassisté de Frédéric Floquet

GRIGNY (91) les 29 et30 mars 2003,

Gymnase du haricot – garede Grigny centre.

Inscription etrenseignements :

03.90.23.16.17.(pro.)03.88.72.36.89.(dom.)

Maître Yukihiro Sugino 9e danKatoriShinto ryu, Bojutsu.

Maître Goro Hatakeyama 9e dan KatoriShinto ryu,

Menkyo kaïden, avec ChristianBrun 5e dan, Naginata jutsu.

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FFAAA11, rue Jules Vallès

75011 Paris

tél: 01 43 48 22 22

fax: 01 43 48 87 91

3615 FFAIKIDO

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