AIDE BUDGETAIRE
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Cette brochure est disponible en français et anglais.
Ni la Commission européenne ni aucune personne agissant au nom de la Commission
n’est responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations données ci-après.
Conception : Tipik Communication Agency
ISBN : 978-92-79-08493-5
© Communautés européennes, 2008
Reproduction autorisée, moyennant mention de la source.
Printed in Belgium
Commission européenne
Office de coopération EuropeAid
Rue de la Loi 41, B-1049 Bruxelles
Fax : (32-2) 299 64 07
E-mail : [email protected]
Internet
http://ec.europa.eu/world
http://ec.europa.eu/europeaid
http://www.un.org/french/millenniumgoals
http://ec.europa.eu/europeaid/how/delivering-aid/budget-support
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0303
PR
ÉFA
CE
Aide budgétaire La manière efficace de financer le développement ?
M. Koos RichelleDirecteur général
Office de coopération
EuropeAid
Dans un monde en constante mutation, nous
devons en permanence évoluer et nous
adapter à des défis parfois difficiles. Dans le
domaine du développement par exemple, la mondia-
lisation, le changement climatique et, plus récem-
ment, l’augmentation du prix du pétrole et des
denrées alimentaires ont modifié la donne en quel-
ques années seulement.
Les gouvernements des pays en développement sont
contraints de gérer de nouveaux risques et de saisir
des opportunités nouvelles, tout en conduisant bien
sûr leurs pays sur la voie du développement qui per-
mettra, en fin de compte, d’améliorer la vie de leurs
citoyens. Quant aux pays développés, ils sont appe-
lés à soutenir ce processus, y compris par l’aide au
développement.
Comme tel, dans ce nouveau contexte mondial, les
pays en développement comme les donateurs inter-
nationaux sont tenus de s’adapter et d’innover en
permanence, tant sur le plan théorique que pratique.
Au sein de la Commission européenne et plus parti-
culièrement de l’Office de coopération EuropeAid,
nous sommes pleinement conscients de la nécessité
d’améliorer sans cesse nos méthodes pour répondre
parfaitement aux besoins et aux aspirations de nos
partenaires.
C’est dans ce contexte que la Commission euro-
péenne a augmenté son aide budgétaire dans nos
programmes d’assistance. L’aide budgétaire est une
forme d’aide qui alimente directement le budget na-
tional d’un pays en développement. Nous avons
voulu ce changement car nous estimons que lorsque
la situation s’y prête, l’aide budgétaire peut s’avérer
plus efficace que d’autres types d’aide au développe-
ment. Tout d’abord, cette forme d’aide accroît le fi-
nancement disponible pour les efforts de
développement purement « indigènes ». Ensuite, et
surtout, elle renforce les capacités et le savoir-faire
locaux pour gérer les services publics et les investis-
sements publics nécessaires au développement. En
outre, l’aide budgétaire devrait à terme réduire la
charge administrative que l’aide peut faire peser sur
les administrations des pays en développement.
Autant d’éléments susceptibles d’accroître l’efficacité
de l’aide.
L’aide budgétaire implique bien sûr le transfert du
contrôle des fonds aux gouvernements partenaires et
s’accompagne ainsi de risques pour le donateur, le
plus manifeste étant la mauvaise gestion de l’aide.
Mais en fin de compte, le plus grand risque n’est-il
pas de ne pas aider les pays partenaires à réaliser
leurs objectifs de développement ?
Regardons les choses en face: les risques si souvent
évoqués lorsqu’il est question de soutien budgétaire
existent aussi pour d’autres formes d’aide. En der-
nière analyse, le développement est par essence une
opération à risques car la situation des pays en déve-
loppement est, par définition, rarement idéale. Quoi
qu’il en soit, l’existence de ces risques ne doit pas
nous empêcher d’aller de l’avant. Au contraire, nous
ne devons pas craindre d’être ambitieux, tout en de-
meurant prudents dans notre analyse des risques.
Par-dessus tout, nous devons être en mesure de
prendre des décisions équilibrées et sereines, dans la
plus parfaite transparence.
À la Commission européenne, nous ne prenons pas
ces décisions à la légère. Chaque décision touchant à
l’aide budgétaire repose sur une évaluation attentive
des risques et des bénéfices potentiels, et veille à res-
pecter l’équilibre nécessaire entre l’aide budgétaire et
les autres types d’aide.
D’une manière plus générale, je suis convaincu de la
nécessité de lancer un débat ouvert sur les appro-
ches efficaces, les circonstances et les contextes fa-
vorables. C’est en effet dans cet esprit qu’EuropeAid
a réalisé cette brochure sur l’aide budgétaire. Celle-ci
décrit son fonctionnement, explique dans quels
contextes et comment la Commission fournit ce type
d’aide et pourquoi il s’agit, pour EuropeAid, d’un ins-
trument important de notre boîte à outils.
Enfin, l’aide budgétaire – à l’instar d’autres instru-
ments de l’aide – ne doit pas être jugée à l’aune de
débats théoriques sur ses risques et avantages po-
tentiels. Comme tout autre programme, elle doit au
contraire être jugée sur la base des résultats produits
sur le terrain, dans les pays en développement.
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L’aide budgétaire connaît une montée en puissance depuis vingt ans, sur fond de polémique.
Entre ses partisans qui la portent aux nues et ses détracteurs qui la conspuent, la controverse
laisse peu de place à une analyse sereine. D’autant que, contrairement à l’aide traditionnelle à
des projets individuels, le donateur ne peut pas, dans ce cas, montrer la route ou l’école qu’il a financée.
L’aide budgétaire transfère, en effet, directement des fonds au budget du pays partenaire pour appuyer
ses politiques de réformes économiques et sociales ou de réduction de la pauvreté. À en croire ses oppo-
sants, elle serait plus vulnérable face aux risques de détournement. S’il est vrai qu’elle accorde une large
place à la confiance entre partenaires, elle s’accompagne en même temps de nombreuses sauvegardes.
Processus complexe et en pleine évolution, l’aide budgétaire mérite une approche équilibrée, basée sur
une appréciation rigoureuse des risques au regard des bénéfices.
Son succès croissant s’inscrit dans le cadre d’une quête générale d’amélioration de l’efficacité de l’aide.
Si le financement de projets traditionnels reste un outil utile et important, il n’est pas toujours adapté aux
nouveaux enjeux de développement, y compris les objectifs du Millénaire pour le développement qui vi-
sent à réduire la pauvreté de moitié à l’horizon 20151. Il devenait donc urgent de proposer des solutions
plus appropriées. L’aide budgétaire s’impose aujourd’hui comme un outil moderne et plus global. Elle ré-
pond aux besoins des pays partenaires en s’alignant sur leurs propres politiques et priorités nationales
pour appuyer leurs efforts de développement et de réformes économiques et sociales.
En 2006, l’Union européenne s’est engagée à la renforcer, dans le cadre du Consensus européen pour le
développement qui vise à améliorer la qualité et l’impact de son aide. De son côté, le Comité d’aide au
développement de l’OCDE en a fait, en 2006, une première évaluation positive.
Autrement dit, sans être la panacée, l’aide budgétaire n’est sûrement pas la solution de facilité qui, à en
croire ses détracteurs, consisterait à « jeter l’argent par les fenêtres en laissant carte blanche au bénéfi-
ciaire ». Elle implique, au contraire, un dialogue permanent avec le pays partenaire et un appui soutenu à
la gestion de ses finances publiques.
Il ne s’agit pas pour autant d’opposer deux visions rivales, aide budgétaire contre aide projet. Les diverses
modalités de l’aide ne s’excluent pas mutuellement mais sont destinées à se compléter au gré des
situations.
1 Les OMD définis par les Nations unies lors du sommet du Millénaire en septembre 2000, consistent en huit objectifs à atteindre d’ici à 2015 : éradiquer la pauvreté extrême et la faim, assurer l’éducation primaire pour tous, promouvoir l’égalité hommes/femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, assurer un environnement durable, mettre en place un partenariat mondial pour le développement.
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Aide budgétaire La manière efficace de financer le développement ?
CHAPITRE
L’aide budgétaire consiste à verser directement de
l’argent dans le budget de l’État bénéficiaire. En
pratique, le donateur transfère l’aide budgétaire sur
un compte du Trésor public à la banque centrale du
pays partenaire. Les montants versés font dès lors
partie des ressources globales du budget de l’État.
C’est le pays bénéficiaire qui décide des priorités et
programmes que l’argent servira à financer, dans le
cadre d’un dialogue permanent avec les donateurs.
L’aide est accordée pour plusieurs années et dé-
boursable en plusieurs tranches.
D’une manière générale, l’aide budgétaire transfère
des ressources pour augmenter les capacités de
financement d’une stratégie nationale de réduction
de la pauvreté, de réformes économiques et socia-
les ou d’une stratégie structurelle, identifiées par le
partenaire lui-même.
L'aide budgétaire de la Commission européenne se
décline en deux catégories qui financent toutes
deux le budget public et utilisent les mêmes critères
d'éligibilité, mais se distinguent par leurs objectifs.
L'aide budgétaire générale (ABG)
Elle implique des transferts d’argent au budget gé-
néral, sans affectation à des dépenses préidenti-
fiées et couvre la stratégie d’ensemble du pays
partenaire. Elle devra se traduire par des résultats
concrets au niveau macroéconomique, en matière
de gestion des finances publiques, de réduction
de la pauvreté ou de réformes économiques et
sociales.
L'ABG intervient dans des États où la coopération
européenne joue un rôle important, par exemple,
dans les pays africains les plus pauvres et où la
Commission européenne peut avoir une discussion
générale avec le gouvernement sur sa politique de
développement ou de réforme économique, sous
ses multiples facettes. Ce type d’appui est destiné,
en particulier, aux pays disposant de stratégies de
lutte contre la pauvreté (par exemple, le Burkina
Faso, le Ghana, le Mozambique, le Nicaragua,
l’Ouganda, le Rwanda, le Viêt Nam) souvent maté-
rialisées par un cadre national stratégique de lutte
contre la pauvreté, mais aussi à des pays engagés
dans des réformes de l'ensemble de l'économie
(par exemple, le Maroc) ou sortant de conflits (par
exemple, Haïti).
L'aide budgétaire sectorielle (ABS)
Les aides budgétaires sectorielles impliquent aussi
des transferts d’argent au budget général sans af-
fectation à des dépenses préidentifiées mais sou-
tiennent la mise en œuvre d’une politique dans des
secteurs spécifiques. Le dialogue, les conditions et
les obligations de résultats s’appliquent à ces sec-
teurs particuliers.
En particulier, dans les pays les moins avancés
(PMA) composés en grande partie de pays d’Afri-
que, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), les aides
budgétaires soutiennent souvent les efforts pour
améliorer la fourniture de services sociaux en ma-
tière notamment d’éducation et de santé. Ils per-
mettent, lorsque tel est le choix des pays partenaires,
la prise en charge de salaires d’enseignants et de
personnel de santé et des investissements dans le
secteur. Ils contribuent aussi à financer d’autres
secteurs essentiels, comme les transports routiers
ou la fourniture d’eau.
L'aide budgétaire sectorielle peut soit compléter
l’aide budgétaire générale, soit être mise en œuvre
indépendamment comme c'est souvent le cas
dans les pays moins dépendants de l´aide extérieu-
re (en Asie, Amérique latine, Afrique du Sud, Afrique
du Nord, etc.).
Dans les pays n’appartenant pas à la catégorie
des PMA, les aides budgétaires sectorielles ont
L’aide budgétaire, qu’est ce que c’est ?
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aussi tendance à soutenir des secteurs « non
traditionnels » comme la formation professionnelle,
l'énergie, la protection sociale et les systèmes judi-
ciaires. C’est le cas, entre autres, en Asie centrale.
Pays le plus pauvre de la région, le Tadjikistan a
développé des programmes pour répondre aux
besoins pressants en matière de protection sociale
au profit des plus vulnérables. La Commission lui
fournit une aide budgétaire de 9 millions d’euros
(2007-2009) en appui à l’indispensable réforme
de ce secteur. De même, la Commission accorde
8,5 millions d’euros (2007-2009) au budget natio-
nal du Kirghizstan et une assistance technique de
quelque 500 000 euros aux ministères des finances
et du travail de ce pays pour mettre en place un
système de protection sociale en faveur des plus
démunis, qui soit fiscalement soutenable.
TABLEAU 1AIDE BUDGÉTAIRE GÉNÉRALE ET SECTORIELLE PAR AN /ENGAGEMENTS DE 2002 À 2007en millions d’euros
ABG ABS Total
2002 690 252 942
2003 864 478 1 342
2004 534 523 1 057
2005 853 652 1 505
2006 263 1 052 1 316
2007 525 1 215 1 740
Répartition ABG/ABS
Les montants d’ABS, au départ inférieurs à ceux
des ABG, ont progressivement augmenté au fil des
ans et représentent aujourd’hui la plus grande part
de l’aide budgétaire totale.
En 2007, l’ABG fournie par l’UE à l’ensemble de
ses partenaires s’est élevée à 525 millions d’euros
(contre 690 Mio € en 2002) et l’ABS à 1,215 milliard
d’euros (contre 252 Mio € en 2002).
De 2002 à 2007, l’ABG cumulée a atteint 3,729 mil-
liards d’euros tandis que l’ABS cumulée a totalisé
4,171 milliards d’euros.
GRAPHIQUE 1AIDE BUDGÉTAIRE GÉNÉRALE ET SECTORIELLE /CUMULÉE DEPUIS 2002en millions d’euros
4 500
4 000
3 500
3 000
2 500
2 000
1 500
1 000
500
02002 2003 2004 2005 2006 2007
ABS
ABG
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Aide budgétaire La manière efficace de financer le développement ?
CHAPITRE
Dans un premier temps, l’aide budgétaire de la
Commission a principalement bénéficié à des États
d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP)
via les Fonds européens de développement (FED)
et à quatre pays de la Méditerranée Sud (Jor-
danie, Maroc, Tunisie, Égypte) dans le cadre
du programme MEDA. Les premiers bénéficiaires
méditerranéens ont reçu essentiellement des sou-
tiens sectoriels.
Dans les pays ACP, l’UE y a recouru dès le 7e Fonds
européen de développement (1990-1995). Son
utilisation à plus grande échelle date du 9e FED
(2001-2007) dont l’aide budgétaire représente
environ 30 % des crédits. La tendance continue
à se renforcer puisque l’aide budgétaire pourrait
constituer environ 45 % des aides programmables
du 10e FED (2008-2013).
TABLEAU 2VENTILATION RÉGIONALE DES ENGAGEMENTS D’AIDE BUDGÉTAIRE DE 2002 À 2007 / en millions d’euros
Région 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Pays ACP 681 1 154 690 1 120 825 795
Afrique du Sud 70 91 61 90 33 0
Pays de la politque européenne de voisinage
397 299 325 388 311 635
Asie 97 127 103 484 519 479
Amérique latine 0 28 111 48 120 66
Pays et territoires d’outre-mer 0 0 22 0 61 0
Aujourd’hui, la couverture géographique s’est
considérablement élargie. L’aide budgétaire de
la Commission s’étend partout dans le monde à
destination de pays aux niveaux de richesse fort
différents :
• pays ACP signataires de l’accord de Cotonou
(77 pays d’Afrique subsaharienne, des Caraïbes
et du Pacifique).
L’aide budgétaire totale annuelle de la Commission
aux pays ACP est passée de 681 millions d’euros
en 2002 à 795 millions d’euros en 2007;
• pays bénéficiant du ICD - Instrument de finan-
cement de la coopération au développement
(47 pays en développement en Amérique latine,
en Asie, en Asie centrale, et l’Afrique du Sud).
Des zones géographiques d’intervention de plus en plus larges
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L’aide budgétaire annuelle de l’UE à l’Asie est
passée de 97 à 479 millions d’euros entre 2002
et 2007.
L’Amérique latine qui n’en bénéficiait pas en
2002, a reçu 66 millions d’euros d’aide budgé-
taire en 2007;
• pays relevant de l’IEVP - Instrument européen de
voisinage et de partenariat (Algérie, Arménie,
Azerbaïdjan, Belarus, Égypte, Géorgie, Israël,
Jordanie, Liban, Moldavie, Maroc, Autorité pales-
tinienne, Russie, Syrie, Tunisie et Ukraine).
L’aide budgétaire annuelle à l’ensemble des pays
de la politique européenne de voisinage (PEV)
est passée de 397 à 635 millions d’euros entre
2002 et 2007.
GRAPHIQUE 2VENTILATION RÉGIONALE DES ENGAGEMENTS D’AIDE BUDGÉTAIRE DE 2002 À 2007 / en millions d’euros
345 835 2652 355
373
1 809
Afrique du Sud
Pays de la PEV
Amérique latine
Asie
Pays ACP
Pays et territoires d’outre-mer
© CE/F. Lefèbvre
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Aide budgétaire La manière efficace de financer le développement ?
CHAPITRE
Comme c’est le cas pour toutes les autres formes
d’aide au développement, plusieurs risques impor-
tants sont associés à l’aide budgétaire. Celle-ci
transfère au pays partenaire des ressources qui fe-
ront partie des fonds publics et seront utilisées
conformément à ses systèmes nationaux de pro-
grammation et de gestion financière. Or, dans des
pays en voie de développement, ces systèmes
peuvent souvent être faibles et contenir des risques
inhérents de mauvaise gestion, voire de détourne-
ment de fonds.
Loin de se résumer à la grande corruption, qui
concerne tous les pays du monde y compris ceux
du Nord, le sujet est plus complexe qu’il n’y paraît.
Les «petites fuites» au niveau de la gestion quoti-
dienne peuvent représenter un sérieux problème, à
l’instar d’une agence gouvernementale ou d’une
administration locale qui recevrait des fonds pour
acheter des médicaments mais les dépenserait,
par exemple, pour acquérir du mobilier. Un choix
difficile se pose dès lors : d’une part, l’aide budgé-
taire offre potentiellement le moyen de contribuer à
améliorer la politique et la gestion dans les pays en
développement. D’autre part, le donateur court le
risque d’un échec de son aide en cas de politique
et d’administration déficientes. Il faut donc une cer-
taine confiance dans le fait que le gouvernement
partenaire aura la volonté politique et la capacité de
réaliser les actions définies.
Les États bénéficiaires doivent être choisis sur la
base de critères rigoureux, faire leurs preuves en
matière de réformes et présenter des garanties
contre les risques de mauvaise programmation, de
gestion insuffisante, voire de détournement de
fonds, en ayant mis en place, par exemple, des
dispositifs de contrôle au niveau national.
Pas de chèque en blancAvant de sélectionner un pays, la Commission se
livre à une analyse approfondie du niveau de ris-
ques. Les pays partenaires doivent répondre aux
critères définis dans les différents accords juridi-
ques qui les lient à l’Union européenne.
Concrètement, il leur faut, pour être éligibles à l’aide
budgétaire, remplir trois conditions incontournables :
1) l’existence d’un programme national de dévelop-
pement visant la croissance et l’amélioration des
conditions de vie des populations. Il n’est évi-
demment pas question, par exemple, de financer
le budget d’un pays qui privilégie les dépenses
de prestige au détriment des dépenses de soins
de santé;
2) une politique macroéconomique visant un envi-
ronnement macroéconomique stable, en termes
d’endettement, d’inflation et de taux de change.
Les appréciations fournies par le Fonds moné-
taire international (FMI) jouent un rôle essentiel
pour évaluer si un pays remplit cette condition,
même si la présence d’un programme financier
du FMI n’est pas une nécessité sine qua non
pour l’attribution d’une aide budgétaire de la
Commission;
3) une appréciation des finances publiques permet-
tant de diagnostiquer les faiblesses, et un pro-
gramme d’amélioration des systèmes budgétaires
qui soit crédible et pertinent.
Il va sans dire, par ailleurs, comme c’est le cas pour
toutes les formes d’aide, que le respect des droits
de l’homme, la bonne gouvernance et la capacité
de lutte contre la corruption, entrent également en
ligne de compte.
Risque et efficacité au cœur du débat
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S’engager mais avec des sauvegardesCes trois conditions préalables d’éligibilité ne consti-
tuent qu’une première étape. Une fois qu’elles sont
réunies, la Commission européenne poursuit ensuite
un dialogue régulier avec le gouvernement partenaire
autour des priorités et stratégies identifiées par ce
dernier.
L’objectif est de maintenir le cap sur la réduction de
la pauvreté, la promotion de la croissance ou les
réformes économiques et sociales, en fonction des
priorités nationales. Sur cette base, la Commission
s’engage à fournir une aide budgétaire, avec
des sauvegardes qui doivent en limiter les risques
financiers.
Les aides budgétaires impliquent un suivi perma-
nent qui vérifie, durant toute la période du program-
me, si les conditions d’éligibilité restent respectées
et si l’aide se traduit en résultats concrets. Elles im-
pliquent une surveillance des capacités de gestion
du pays bénéficiaire, un examen régulier des
progrès réalisés vers les objectifs ciblés et des
améliorations globales au niveau macroéconomi-
que. Dans son analyse, la Commission tient compte
des informations fournies par le pays partenaire et de
ses discussions approfondies avec les autres
donateurs.
L’aide budgétaire, basée sur une approche rigou-
reuse et un dialogue avec le pays partenaire, exige
donc du donateur une attention soutenue; elle mobi-
lise autant de ressources humaines que l’aide tradi-
tionnelle mais présentant un profil et des compétences
particulières.
La Commission reste maîtresse de sa décision finale
quant à la poursuite du programme et aux décaisse-
ments à effectuer. L’aide est sous la surveillance
de la Cour des comptes de l’Union européenne, du
Parlement européen et des États membres.
Lorsque les conditions d’éligibilité ne sont plus res-
pectées et si l’aide est dévoyée, le « robinet » se
ferme. Autrement dit, on ne fait pas de l’aide bud-
gétaire n’importe où, ni n’importe quand.
Dialogue sur les politiques Lors des réunions entre donateurs et gouvernements bénéficiaires de l’aide budgétaire, un certain nombre de questions sont abordées :
La planification budgétaire pour l’année suivante tient-elle compte des priorités définies dans la stratégie de • lutte contre la pauvreté? Davantage de ressources sont-elles allouées aux secteurs prioritaires (éducation, eau, santé, système judiciaire, transports, etc.)?
Les dépenses effectuées l’année précédente ont-elles été conformes à la planification budgétaire? Les • ressources allouées aux secteurs prioritaires ont-elles été utilisées comme prévu?
L’accroissement des dépenses dans ces secteurs se traduit-il par des progrès, par exemple, en termes de • prestations de services?
Partant de constats concrets, le dialogue maintient une attention constante sur l’amélioration de la situation en termes de conditions de vie des populations.
Dans le cas des pays ACP à faible revenu, les programmes d’appui budgétaire sont souvent conçus de manière à ce que les résultats positifs soient aussitôt récompensés. Si le gouvernement partenaire atteint son objectif en matière, par exemple, de vaccination des enfants, de scolarisation des filles, d’allocation budgétaire à la santé et à l’éducation, le montant des aides déboursées par la Commission sera plus important. S’il ne les atteint pas, il sera moindre. Les décaissements sont donc subordonnés aux résultats et l’aide modulée en fonction des performances.
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De l'importance de l'aide budgétaire dans les pays pauvresDans certains pays très dépendants de l’aide extérieure (comme le Mozambique, la Tanzanie, le Burkina Faso, le Mali, etc.), les principaux donateurs (UE + Banque mondiale, Banque africaine de développement, Fonds monétaire international) financent une proportion très importante, allant jusqu’à 45 %, du budget de l’État. En Afrique du Sud et en Afrique du Nord, l’aide est plus marginale et essentiellement sectorielle.
Sous le 10e FED, 54 % de l’aide budgétaire est destinée à 9 pays (Mozambique, Tanzanie, Burkina Faso, Éthiopie, Zambie, Madagascar, Niger, Mali, Ghana).
Rigueur et aide budgétaire L'aide budgétaire ne répond pas à toutes les situations et il ne s’agit pas de tout miser sur elle.
Ainsi, il n’est pas possible d’accorder une aide budgétaire à des États qui ne sont pas viables, qui se caractérisent par une grande fragilité ou dont les élites sont corrompues. Dans ces pays, l’aide budgétaire ne permettra pas de rencontrer les objectifs de développement. En revanche, d’autres instruments et interventions ciblées peuvent s’y avérer efficaces dans des buts précis.
Même dans des pays dont la situation n’est pas critique, il se peut que des instruments autres que l’aide budgétaire s’avèrent mieux adaptés pour répondre à certains besoins spécifiques ou atteindre des objectifs de développement.
Qui plus est, la situation d’un pays peut changer durant la mise en œuvre d’un programme d’aide budgétaire rendant le pays inéligible à ce type d’appui.
Parmi les pays ACP, par exemple, une dizaine d’États sont éligibles depuis une décennie. Mais d’autres ont vu leur aide suspendue pour longtemps parce qu’ils ne respectaient plus les conditions. C’est le cas de la Côte d’Ivoire qui avait obtenu, au début de l’année 2002, un programme d’aide budgétaire de 40 millions d’euros. À la suite de la tentative de coup d’État de septembre 2002 et à la crise politico-militaire, les fonds n'ont jamais été décaissés. Il a fallu attendre 2008 pour discuter d’une éventuelle reprise de l’aide budgétaire à ce pays.
Dans d'autres pays, l'aide a été suspendue de manière plus temporaire. C’est le cas, par exemple, lorsque le pays partenaire dévie de façon drastique par rapport à ses engagements et aux indicateurs de performance, sans que cette déviation soit justifiée par des circonstances externes exceptionnelles.
Ainsi, les donateurs ont suspendu leur aide budgétaire au Malawi à la suite des pertes financières considérables enregistrées au niveau des institutions parapubliques, qui mettaient en danger le budget de l’État. Sous le poids de cette pression, les autorités se sont efforcées avec succès de redresser la situation budgétaire et le pays est même devenu éligible à l’initiative internationale de réduction de la dette des pays pauvres. La réduction de dette combinée avec des politiques fiscales prudentes, a permis de dégager l’argent nécessaire pour augmenter les subventions à l’achat d’engrais et de semences, et aider le pays à lutter contre ses graves problèmes d’insécurité alimentaire. Le Malawi a même connu récemment des récoltes records.
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13
Aide budgétaire La manière efficace de financer le développement ?
CHAPITRE
Un fort potentiel de croissance et de développement dans les pays bénéficiaires
L’aide budgétaire ne prétend pas être le remède uni-
versel contre le sous-développement. Mais ses avan-
tages sont indéniables et multiples.
L’aide budgétaire s’aligne sur la stratégie de déve-
loppement ou de réformes économiques du gouver-
nement partenaire et lui permet de mettre en œuvre
ses propres politiques. L’agenda et les priorités ne
sont plus dictés de l’extérieur. L’aide budgétaire
contribue donc à renforcer l’appropriation par le
pays partenaire.
Elle permet aux gouvernements bénéficiaires de dis-
poser de ressources suffisantes pour assurer un
équilibre entre dépenses de fonctionnement et d’in-
vestissement. Elle permet aux États de remplir leurs
fonctions régaliennes (la justice, l’administration, la
santé, l’éducation, etc.) et les soutient donc dans des
dépenses essentielles comme l’achat de matériel
scolaire et de médicaments, l’entretien des routes et
dans les investissements nécessaires pour augmen-
ter l’accès aux services sociaux. Certains de ces
coûts sont appelés à augmenter de façon substan-
tielle en vue des objectifs du Millénaire, parmi les-
quels les objectifs d’accès à l’éducation primaire et
aux soins de santé pour tous.
Pour les pays sortant de crises majeures, l’aide bud-
gétaire peut même venir rapidement en aide à des
gouvernements qui ne sont plus en mesure de payer
les salaires des fonctionnaires et prévenir ainsi de
graves troubles sociaux. En 2000, par exemple, le
programme d’aide budgétaire « postconflit » en faveur
de la Sierra Leone a payé des salaires dans les sec-
teurs de la santé et de l’enseignement.
L’aide budgétaire peut offrir plus de prévisibilité et de
stabilité puisqu’elle couvre une période de
plusieurs années et qu’elle permet, comme elle
est intégrée dans les systèmes nationaux, aux gou-
vernements partenaires de prévoir les ressources dont
ils disposeront à moyen terme pour planifier la réalisa-
tion de leurs objectifs nationaux, y compris les OMD.
Elle a des effets positifs sur le renforcement des ca-
pacités des pays partenaires. En augmentant les
fonds mis à la disposition du gouvernement, elle lui
permet d’améliorer ses capacités de gestion finan-
cière, de planification et de renforcer la qualité des
institutions publiques (comme la consolidation de
l’appareil judiciaire en vue de poursuivre et de punir la
corruption, etc.).
Si le gouvernement bénéficiaire doit informer et rendre
des comptes au donateur, il n’en est pas moins tenu
de communiquer avec ses administrés en toute trans-
parence. L’aide budgétaire doit contribuer à renforcer
la capacité des parlements légitimes et de la société
civile à participer aux débats sur le budget national
ainsi qu’à contrôler la bonne gestion des finances pu-
bliques et la bonne utilisation des fonds publics.
L’aide budgétaire répond aux objectifs d’harmonisa-
tion et de coordination de l’aide qui visent à la rendre
plus efficace. Les pays bénéficiaires exécutent leurs
stratégies de réduction de la pauvreté selon leurs
propres systèmes et ne doivent plus tenter de gérer
une multitude de projets délivrés par de multiples do-
nateurs qui leur imposent chacun une procédure dif-
férente, parfois déconnectée des réalités. On connaît
l’exemple de la Tanzanie où la coexistence de 600
projets, dont la majorité disposent d’un budget infé-
rieur à un million d’euros, a entraîné un surcoût évi-
dent de gestion et une perte d’efficacité. En réduisant
les coûts de transactions, l’aide budgétaire, souvent
délivrée par un groupe de donateurs plutôt que par
chacun d’entre eux séparément, apparaît comme
un système d’aide plus efficace, rapide et moins
coûteux pour le pays partenaire.
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14
L'aide budgétaire et la déclaration de ParisL’aide budgétaire contribue de façon explicite à améliorer l’efficacité de l’aide et répond ainsi à une préoccupation forte de la communauté internationale. À cet égard, une étape importante a été franchie avec la déclaration de Paris (2005) pour améliorer la qualité de l’aide et son impact sur le développement. Signée par une centaine de pays et de nombreuses organisations multilatérales, la déclaration définit un plan d’action concret basé sur des objectifs à atteindre d'ici à 2010 et douze indicateurs d’efficacité pour mesurer les progrès accomplis en matière d’appropriation des politiques, alignement des donateurs sur les priorités des pays partenaires, harmonisation entre donateurs, gestion axée sur les résultats, responsabilité mutuelle, etc.
L’Union européenne a non seulement souscrit aux engagements de la déclaration de Paris, mais elle s’est aussi fixé des objectifs plus ambitieux concernant quatre indicateurs. Elle s’est engagée à acheminer 50 % de son aide publique programmable, à savoir l’aide directe des États membres et celle de la Commission, par l’intermédiaire des systèmes nationaux des pays en développement et d'augmenter le pourcentage d'aide fournie sous forme d'aide budgétaire et de programmes sectoriels. Il convient de noter que l'aide programmable ne représente que 50 % de la totalité de l’aide de la Commission européenne.
L’aide budgétaire joue déjà un rôle clairement positif
dans des pays comme le Mozambique, le Burkina
Faso, l’Ouganda, le Rwanda, le Nicaragua, le
Viêt Nam, etc. Le Ghana est un autre exemple par-
ticulièrement encourageant. L’aide budgétaire euro-
péenne y a appuyé les efforts du gouvernement
pour placer durablement le pays dans un cercle
vertueux de développement. Selon l’enquête sur
les conditions de vie de la population publiée en
avril 2007 par la direction nationale ghanéenne de
la statistique, les indicateurs de pauvreté sont en
nette amélioration. Entre 1991 et 2005, le Ghana a
réduit la pauvreté de moitié, la ramenant de 51 % à
29 % de la population et le pays serait, selon la
Banque mondiale, en mesure d’atteindre, en 2015,
un nombre important des objectifs du Millénaire
pour le développement.
Le cas de la Tunisie, entre autres, offre un exemple
intéressant de réussite en matière d’aide budgétaire
sectorielle. Si l’accès à l’éducation primaire pour
tous est un objectif absolument prioritaire, la néces-
sité s’impose de plus en plus de répondre aux
besoins de formation supérieure des pays en
développement. Dans ce cadre, la Commission
accorde depuis 2003 des ABS à la Tunisie en
appui aux réformes de l’enseignement supérieur
(48 millions d’euros pour la période 2004-2008), de
l’éducation secondaire (30 millions d’euros pour
2006-2009) et de la formation professionnelle
(30 millions d’euros pour 2007-2010). L’approche
ABS a favorisé un dialogue efficace au niveau des
instituts d’enseignement, des entreprises et des
fédérations professionnelles en vue d’améliorer la
compétitivité et l’emploi.
© CE/F. Lefèbvre
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15
Aide budgétaire La manière efficace de financer le développement ?
CHAPITRE
Seule une information sûre indiquant l’impact de
l’aide, sur la réduction de la pauvreté par exemple,
peut confirmer si l’instrument est correctement
adapté pour atteindre les objectifs fixés. Mais com-
ment évaluer cet impact? De fait, si la gestion des
finances publiques peut sembler une notion abs-
traite, les avantages tirés d’une meilleure efficacité
des dépenses sont, quant à eux, bien tangibles. La
Commission européenne a développé à ce niveau
une approche ambitieuse axée sur les résultats qui
fait le lien entre les sommes déboursées et les per-
formances obtenues.
Chaque convention de financement d’aide budgé-
taire est un contrat qui engage la Commission et le
pays bénéficiaire et porte, normalement, sur une
durée de trois ans. Dans la plupart des cas, l’aide
est délivrée en deux tranches annuelles durant tou-
te la période du programme, une première fois sous
forme de « tranche fixe » et la deuxième sous forme
de « tranche variable ».
En règle générale, la tranche fixe est déboursée si
les trois conditions générales d’éligibilité sont rem-
plies. Le décaissement de la tranche variable et son
montant sont déterminés, en outre, par les progrès
accomplis au niveau de la gestion des finances pu-
bliques et de la réalisation des objectifs fixés, par
exemple, dans des secteurs ayant un effet sur la
réduction de la pauvreté (comme la santé de base,
l’éducation, les infrastructures économiques et so-
ciales). L’importance de l’aide varie donc en fonc-
tion des performances. Celles-ci sont mesurées
selon des indicateurs de progrès permettant de
vérifier, entre autres, l’amélioration des services
sociaux publics (vaccination, scolarisation des
filles, programmes de prévention et traitement
du VIH/sida, services de soins prénatals plus
abordables, accès plus large à l’enseignement
primaire, etc.).
Cette prime aux bons résultats est une des spécifi-
cités de l’aide budgétaire de la Commission euro-
péenne. Tout en cherchant en permanence à
améliorer sa méthodologie, la Commission joue
ainsi, en matière de suivi/évaluation et de « culture
orientée sur les résultats », un rôle important au sein
de la communauté internationale.
L’obligation de résultats
© CE/F. Jacobs
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Le Rwanda est un pays enclavé d’Afrique centrale de 26 300 km² et 9,5 millions d’habitants. Malgré le traumatisme du génocide de 1994, il a réussi à se redresser et se reconstruire. Le gouvernement enregistre aujourd’hui des succès importants en matière de réformes et de gestion des finances publiques. Le pays bénéficie d’une croissance stable (6,4 % en moyenne pour la période 2001-2006).
RwandaCAPITALE > KIGALI // 361 HAB./KM²
Le thé et le café représentent la moi-
tié des recettes d’exportation. Le
Rwanda est bien noté au niveau de la
gouvernance économique et financière
et de la lutte contre la corruption. Mais le
pays dépend encore très fortement de
l’aide étrangère − dont la moitié sous
forme d’aide budgétaire − pour financer
son développement et sa « stratégie
de développement économique et de
réduction de la pauvreté, 2008-2012 »
(EDPRS).
Sur les 219 millions d’euros octroyés
par l’UE au titre du 9e FED, 99 millions
le sont sous forme d’aide budgétaire.
La dotation au titre du 10e FED (2008-
2013) est de 290 millions d’euros, dont
60 % comme aide budgétaire globale et
12 % d’aides sectorielles.
L’aide budgétaire européenne contribue
à financer, entre autres, la hausse des
dépenses de santé et d’éducation,
deux domaines où le gouvernement a
remporté des résultats fort encoura-
geants. Elle appuie aussi le système
judiciaire, y compris les tribunaux popu-
laires « Gacaca » inspirés des traditions
locales et les actions visant à promou-
voir l’unité et la réconciliation après le
génocide. Des aides sectorielles sont
accordées au développement rural et
aux infrastructures de transport régional.
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RwandaLe nombre d’enfants fréquentant l’école élémentaire au >
Rwanda est passé de 72 % en 2000-2001, à 90 % en 2006-2007
et celui des élèves terminant le cycle primaire, de 22 % à 52 %.
(Source : Rwanda EDPRS)
Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est passé >de 196 à 152 pour 1000 naissances vivantes, de 2000 à 2005.
Celui de la mortalité maternelle de 1071 à 750 pour
100 000 naissances vivantes pour la même période.
(Source : Rwanda EDPRS)
La mortalité imputable à la malaria a reculé de façon >drastique. En 2006, cette maladie a représenté 26 % de toutes
les causes de décès, contre 51 % en 2000.
(Source : Rwanda EDPRS)
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Le pays est aussi considéré comme
une oasis de stabilité politique dans
une sous-région en proie à des conflits
complexes comme en Côte d’Ivoire,
même si des progrès sont nécessaires
pour renforcer la démocratie et l’État de
droit, réussir la décentralisation en cours,
améliorer la gouvernance et la sécurité
intérieure. L’aide budgétaire internatio-
nale permet au gouvernement de dispo-
ser de ressources suffisantes pour
équilibrer son budget sans avoir recours
à un endettement non soutenable.
Sur les 462 millions d’euros accordés au
titre du 9e FED, environ 60 % le sont
sous forme d’aide budgétaire générale.
L’ABG devrait également concerner
60 % des 529 millions d’euros prévus au
titre du 10e FED.
L’UE appuie le cadre stratégique de lutte
contre la pauvreté avec une attention
particulière au renforcement de la ges-
tion des finances publiques, aux sec-
teurs sociaux (notamment l’éducation
de base) et au programme de réformes
économiques. En novembre 2007, le
Burkina Faso faisait partie des cinq pays
ayant fait le plus de réformes dans le do-
maine de l’amélioration du climat des
affaires en Afrique subsaharienne (avec
le Ghana, le Kenya, le Mozambique et
l’Île Maurice − Rapport Doing Business
2008 de la Banque mondiale).
>
Le Burkina est l’un des pays les plus pauvres de la planète. État sahélien enclavé de 13,7 millions d’habitants et 274 000 km², il dispose de ressources naturelles limitées, en étant très tributaire du coton (60 % des recettes d'exportation). Le processus de stabilisation macroéconomique et de réformes a toutefois permis de maintenir un taux de croissance soutenu (5 % en moyenne pour la période 2000-2006).
Burkina FasoCAPITALE > OUAGADOUGOU // 50 HAB./KM²
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Le pourcentage de personnes vivant en dessous du seuil >de pauvreté est passé de 55 à 46 % entre 1998 et 2003.
(Source : Statistiques Banque mondiale)
Le pourcentage d’enfants de moins d’un an vaccinés >contre la rougeole est passé de 59 % en 2000 à 84 % en 2005.
(Source : ministère de la santé, Burkina Faso)
Dans les années 1990, le Burkina affichait un des taux de >scolarisation dans le primaire les plus faibles au monde. Ce taux est
passé de 42 % à 62 %, de 2000 à 2006. Le nombre d’enseignants a
augmenté de 34 % entre 2001 et 2005.
(Source : Agence canadienne de développement international)
Le pourcentage de personnes ayant accès à une source >d’eau potable était en 2004, toutes zones confondues, de 61 %.
(Source : OMS – UNICEF)
Burkina Faso
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Des années de conflit politique, la guerre civile, les nombreuses catastrophes naturelles, ainsi que des conditions économiques difficiles et la corruption, ont fait du Nicaragua, dans les années 1990, l’un des pays les plus pauvres d’Amérique centrale. L’État dépend largement de l’aide internationale pour mettre en œuvre sa stratégie nationale de réduction de la pauvreté concrétisée par le plan national de développement.
NicaraguaCAPITALE > MANAGUA // 42 HAB./KM²
Le renforcement de la démocratie et
l’État de droit passe par un respect
de la primauté du droit, et la réussite
d’une réforme institutionnelle avec l’ins-
tauration d’organes étatiques (Cour su-
prême de justice, Conseil suprême
électoral, Cour des comptes) suffisam-
ment indépendants de l’influence des
partis politiques. Depuis 2001, la crois-
sance économique se poursuit à un
rythme modéré.
L’aide budgétaire de la Commission
soutient le processus de réforme et les
objectifs d’amélioration de la gestion
des finances publiques, de lutte contre
la corruption, renforcement de la crois-
sance économique et réduction de la
pauvreté, lancés par l’ancien président
et poursuivis par son successeur qui
prévoit d’augmenter les dépenses so-
ciales. L’aide européenne a contribué à
la publication, pour la première fois,
d’un rapport d’audit public externe
de l’exécution du budget (2005). Un
programme de 17 millions d’euros d’aide
budgétaire sectorielle, « Accès à la justi-
ce au Nicaragua » (2007-2010), appuie
l’installation d’un pouvoir judiciaire indé-
pendant, favorisant l’accès de tous, en
particulier des plus démunis, à la justice.
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NicaraguaBien que le Nicaragua ne soit probablement pas en mesure >
d’atteindre tous les OMD en 2015, l’extrême pauvreté y a diminué,
passant de 19 % en 1993 à 17 % en 2005.
(Source : 2005 Living Standard Measurement Survey)
La croissance économique est passée de moins de 1 % en 2002 >à 5 % en 2004 et se maintient à environ 4 % depuis cette date.
(Source : Banque mondiale/IDA)
Le taux de mortalité maternelle est passé de 107 pour >100 000 naissances vivantes en 2001, à 94 en 2006.
(Source : ministère de la santé, Nicaragua)
Le taux net de scolarité dans les établissements primaires >a augmenté de 81 % en 2001 à 87 % en 2005.
(Source : ministère de l’éducation, Nicaragua)
La mortalité infantile (enfants – de 1 an) est tombée de >52 pour 1 000 en 1990 à 29 pour 1 000 en 2006.
(Source : UNICEF)
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Pays de 85,3 millions d’habitants et de 331 682 km², le Viêt Nam met en œuvre, depuis 1986, un vaste programme de réformes qui a remporté des succès économiques importants. Le pays est membre de l’OMC depuis 2007. Son PIB a plus que doublé entre 1995 et 2005. Depuis 2000, le taux de croissance annuelle s’est stabilisé autour de 7 % en moyenne, soit l’un des plus élevés de la région.
Viêt NamCAPITALE > HANOÏ // 257 HAB./KM²
Le pays connaît des avancées nota-
bles en matière de réduction de la
pauvreté. En moins de dix ans, près
d’un tiers de la population totale, soit 20
millions de personnes, sont sorties de la
pauvreté et les indicateurs sociaux sont
en amélioration constante, depuis les
chiffres des inscriptions à l’école jusqu’à
ceux de la mortalité infantile. Toutefois,
les disparités entre les zones rurales et
les zones urbaines sont en hausse. Face
à l’augmentation des inégalités, des ef-
forts importants s’imposent pour per-
mettre aux groupes les plus vulnérables
de la société, parmi lesquels les minori-
tés ethniques, de participer aux bénéfi-
ces de la croissance. Des progrès
doivent également être réalisés dans
des domaines liés à la gouvernance.
Le Viêt Nam est le principal bénéficiaire
de l’aide européenne au sein de l’Asso-
ciation des nations de l’Asie du Sud-Est
(ANASE). L’aide communautaire à ce
pays atteindra 304 millions d’euros pour
la période 2007-2013 contre 174
milllions d’euros, dont 54 millions
d’euros (31% du total) sous forme bud-
gétaire, pour la période 2002-2006.
L’objectif global de l’aide budgétaire est
de contribuer à la mise en œuvre de la
stratégie du pays qui vise à réduire la
pauvreté à travers un soutien à la
réalisation des plans de développement
socioéconomique du Viêt Nam. Une
partie importante de l’aide est égale-
ment réservée au secteur de la santé.
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Viêt NamLa part du budget allouée à l’éducation et à la >
formation a augmenté de 15 % des dépenses totales en
2000 à 20 % en 2007.
(Source : ministère de l’éducation et de la formation, Viêt Nam)
Le taux d’inscription dans les écoles primaires >est passé de 91 % en 1993 à 95 % en 2005 et devrait atteindre
99 % en 2010.
(Source : Office général des statistiques, Rapport sur le développement
au Viêt Nam 2007)
La mortalité infantile (enfants de moins de 5 ans) >est tombée de 42 pour 1 000 en 1999 à 28 pour 1 000 actuellement.
(Source : ministère de la santé, Viêt Nam, Joint Health Annual Review)
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Pays de 33 millions d’habitants et 446 000 km², le Maroc est un État à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (RNB : 2 160 dollars par habitant).
MarocCAPITALE > RABAT // 74 HAB./KM²
Le pays arbore ces dernières années
de bonnes performances macroé-
conomiques mais des défis très impor-
tants demeurent :
• générer une croissance suffisante pour
assurer le décollage économique du
pays et une baisse significative du
chômage;
• améliorer la compétitivité des entrepri-
ses et diversifier les exportations;
• lutter contre les inégalités sociales
et valoriser le capital humain (alphabé-
tisation, éducation, formation pro-
fessionnelle).
Le gouvernement s’est lancé dans un
vaste chantier de réformes; ce fait combi-
né à une bonne gestion des dépenses
publiques et la stabilité macroéconomique
favorise les opérations d’aide bud-gétaire.
Dans le cadre du programme MEDA II
(2000-2006), l’aide européenne au
Maroc s’est élevée à 957 millions d’euros
dont la moitié sous forme d’aide
budgétaire. Avec l’entrée en vigueur, en
2007, du nouvel instrument européen
de voisinage et de partenariat, les
aides budgétaires ont été augmentées.
La Commission a affecté 682 millions
d’euros au programme indicatif national
2007-2010. Des programmes d’aide
budgétaire dans les domaines du déve-
loppement humain, de l’élimination de
l’analphabétisme, la réforme de l’admi-
nistration publique et l’assurance mala-
die pour les plus défavorisés ont démarré
en 2007. Pour 2008 et 2009, quatre
programmes d’aide budgétaire sont
destinés aux secteurs de la santé, de
l’éducation, de l’énergie et de la promo-
tion du secteur privé (investissements et
exportations). L’aide budgétaire a facilité
la coordination entre donateurs autour
de grands programmes, incluant notam-
ment le plan de réforme de l’administra-
tion publique (PARAP) lancé par les
autorités marocaines en 2003 et les ré-
formes sectorielles prévues dans les
secteurs de l’éducation et de la santé.
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MarocLe taux de chômage dans les zones urbaines est passé >
de 22 % en 1999 à 16 % en 2006.
(Source : Haut commissariat au plan)
L’endettement extérieur public a continué de baisser, >passant de 32 % du PIB en 2002 à 20 % du PIB en 2007.
(Source : ministère de l’économie et des finances, Maroc)
Le déficit budgétaire est maîtrisé autour de 3 % >en moyenne sur la période 2003-2007.
(Source : ministère de l’économie et des finances, Maroc)
Le ratio des recettes fiscales/PIB est passé de 19 % >en 2000 à 25 % en 2007.
(Source : ministère de l’économie et des finances, Maroc)
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