Ah bon ?! n°2 - Avril 2011

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ah bon ?! Tout savoir sur No. 2 Le journal de l'Institut franco-japonais à Yokohama Avril 2011 Bashô, les haïkus et la langue japonaise Le cortège des chats Que manger à Taïwan ?

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Journal francophone écrit et réalisé dans le cadre d'un cours de FLE (Français Langue Étrangère) à l'Institut franco-japonais de Yokohama.

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Tout savoir sur

No. 2

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Avril 2011

Bashô, les haïkus etla langue japonaise

Le cortègedes chats

Que mangerà Taïwan ?

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0604Message desolidarité

Sommaire

Suggestionspour écrire unhaïku

avril 2011

08Sur les traces deMatsuo Bashô

14Histoire de lalangue japonaise

10Le voyage deBashôaujourd'hui

18Takeo TakeiUn peintred'enfance

22homosexualitéau Japon 24Les Japonais

sont­ilsvraiment polis ?

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Avril 2011

Avec un bon mois de retard par rapport à ce qui était prévu, voici enfin le deuxièmenuméro de Ah bon ?!, notre webzine haut en couleurs qui fait tranquillement maissûrement son petit bout de chemin. Vous constaterez que la maquette a légèrement évoluéet que nous avons essayé de développer encore plus les possibilités d'interactions avec nosrédacteurs : vous n'avez qu'à cliquer sur le titre de chaque article pour vous retrouver surla page équivalente de yokohama­magazine.fr, avec la possibilité de faire un commentaire.Nous prévoyons encore de nombreuses évolutions, n'hésitez donc pas à venir nous rendrevisite régulièrement. Merci à tous pour votre soutien et très bonne lecture,

Le comité de rédactionredaction@yokohama­magazine.fr

3

101824

2826Comment j'ai pulire Madame

BovaryMon séjour àFontainebleau

30Que manger àTaïwan ?

36Henri SalvadorPortrait

32Fastnacht à BadSaulgau

38Le cortège deschats

Edito

Inventions du monde, inventionsdu Japon : tous les créateurs sont

dans Ah bon ?! numéro 3.

Disponible à partir de la mi­juin.

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avril 2011

Solidarité (A1)

Bonjour, je suis un artiste roumain résident à Paris depuisdeux années. Je suis profondément touché par la tragédie dupeuple japonais. Je dédie cette série d'illustrations, appeléeDUSK, à vous, à nous, à tous ceux qui souffrent aujourd'hui età tous ceux qui ont disparu.

Courage, vous êtes un peuple exemplaire.

Le monde pense à vous,

Texte etillustration par Bodo

“ Bodo

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Poésie (A2)

Toru SasakiPar Toru Sasaki

QEst­ce que vous voulez écrire des haïkus ? Le haïku, terme créé par le poète MasaokaShiki (1867­1902), est la plus courte forme de poésie dans le monde. Il comporte 17syllabes de 3 segments : 5­7­5. On dit que les sons japonais sont plus beaux lorsquevous les exprimez sur un rythme 5­7­5.Le haïku a plus de 400 ans depuis qu'il estappelé « hokku du haïkai » et a plus de 100 ans depuis qu'il est appelé « haïku ». Lepoète Matsuo Bashô (1644­1694), qui est une des figures majeures de la poésieclassique japonaise, a élevé la valeur artistique du hokku du haïkai. Masaoka Shiki apris son indépendance par rapport au hokku et il l’a modernisé : il l’a appelé haïku.

Les poètes traditionnels ont, en général, écrit au sujet de la nature. Mais, les poètescontemporains ont considéré des sujets plus larges. Aussi, les haïkus sont écrits dansbeaucoup de langues et dans plusieurs styles. Selon le critique Kenichi Yamamoto,l’essence du haïku se trouve dans l’humour, les remerciements et l’improvisation.

Au Japon, les quatre saisons sont distinctes et il est important d'exprimer le sensoccasionnel des saisons lorsque vous écrivez un haïku. La division approximative dessaisons selon le calendrier lunaire est la suivante :

* (1) nouvel an : 1 janvier ­ 7 janvier* (2) printemps : 4 février ­ 5 mai* (3) été: 6 mai ­ 7 août* (4) automne: 8 août ­ 6 novembre* (5) hiver: 7 novembre ­ 3 février

Voici quelques suggestions pour écrire un haïku : le haïku doit contenir un mot desaison (le kigo, en italique sur la page de droite)  ; il doit comporter une césure(utiliser le kireji ou le kire en japonais) ; quand vous écrivez un haïku, vous exprimezune chose que vous regardez, écoutez et sentez au même moment ; utilisez vospropres mots et exprimez­vous pour confier vos sentiments au mot de saison quevous avez choisi.

Suggestions pour écrire un haïku

avril 2011

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Un haïku de Bashô : « le vieil étang », que tous les Japonais connaissent.(saison : printemps)

En français :Le vieil étang,Une grenouille saute,Un bruit de l'eau

En japonais :furu­ike­yakawazu­tobi­komumizu­no­oto

Un haïku de Shiki : « le kaki », que tous les Japonais connaissent aussi.(saison : automne)

En français :Lorsque je mange le kaki,La cloche sonne,Au temple Horyu

En japonais :kaki­kuebakane­ga­naru­narihoryuji

Un haïku de ma création . (saison : nouvel an)

En français :La lumière du soleil du nouvel an,Au moment où elle touche ma joue,Je sens la chaleur

En japonais :hatsu­hikagehoho­ni­furetaruatatakasa

Exemples de haïku

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Sur les traces de

Matsuo Bashô

Ils sont enfin partis pour Ishinomaki. Le13 mai, ils sont arrivés à Hiraizumi, il leura fallu environ 45 jours de marche.Matsuo Bashô y a composé ces haïkus :

En français :Le fleuve Mogami,rassemblant la pluie de juin,coule encore plus rapidement

En japonais :samidare­oatsumete­hayashimogamigawa

Puis ils sont allés jusqu'à Risshakuji, un temple dans lamontagne, et ils sont arrivés à Shinjô. Ils ont pris unbateau de Furukuchi à Kusanagi et pendant leur voyageen bateau, Matsuo Bashô a écrit ce célèbre haïku :

Ils sont arrivés à Shinjo le 1erjuin. Depuis Edo, il leur a falluenviron 3 mois pour parcourirenviron 971 kilomètres. Et vous,voudriez­vous faire le mêmevoyage ?

Hiraizumi

Shin

avril 2011

Poésie (A2)

Par les Amoureux de Haïkus

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Matsuo Bashô est un écrivain célèbre de haïkus du dix­septième siècle. Beaucoup d'hommes ontété inspirés par son récit de voyage au nord du Japon appelé « Oku­no­hosomichi » édité en 1702.Matsuo Bashô et son disciple Kawai Sora ont parcouru ensemble environ 2106 kilomètres à pied, àcheval et en bateau, depuis Edo juqu'à Ogaki, au centre du Japon, à côté de Nagoya. Il leur a falluenviron 5 mois de voyage. Tout au long de leur parcours, ils ont logé chez les disciples de Bashôet dans chaque endroit qu'il a visité, Matsuo Bashô a écrit des haïkus qui composent le récit «Oku­no­hosomichi ». Nous vous proposons de faire une partie de ce voyage, d'Edo à Shinjô.

En français :Belle et précieuseLa lumière du soleilsur les feuillages verts et jeunes

En japonais :aratoutoaoba­wakaba­nohi­no­hikari

Matsuo Bashô est parti d'Edo Fukagawa le 27 mars 1689avec son disciple Sora Kawai, il avait alors 46 ans. Aprèstrois jours de marche, ils sont arrivés à Nikkô où Bashô acomposé ce haïku :

Puis ils ont continué leur voyage de Nikkô à Kurohaoù ils sont restés 2 semaines parce qu'il a plu tousles jours. Ensuite, ils sont allés à Sendai et ils y sontrestés quatre jours. Après ils ont marché jusqu'àShiogama. Ils ont alors embarqué sur un petitbateau pour voir Matsushima. Touché par la beautéde Matsushima, Bashô n'y a écrit aucun haïkus.

Mat

sush

ima

En français :Herbes de l'été,des valeureux guerriers,la trace d'un songe

En japonais :natsukusa­yatsuwamono­domo­gayume­no­ato

En français :Comme par miracle,les pluies de juin,ont épargné le pavillon d'or

En japonais :samidare­nofuri­nokoshite­yahikaridou

Nik

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Tout d'abord, prenez leTohoku Shinkansen «Yamabiko » à la gare deTokyo jusqu'à Utsunomiya.Ensuite, vous devez prendrela ligne de Nikkô. Descendezà Nikkô. Le temple Toshogude Nikkô est probablementl’endroit le plus importantque vous devez visiter. Vousserez très impressionné parles belles sculptures et lesdécorations colorées des

bâtiments et des portes. Letemple que vous voyezaujourd'hui a été reconstruiten 1636. Alors, Bashô a bienvu il y a trois cents années ceque vous voyez aujourd'hui.

Si vous êtes un amoureux dela nature, nous vousconseillons de visiter lagrande cascade, Kegon­no­taki. À l’époque de Bashô, iln'y avait pas de route pour

accéder à cette cascade. Pourle déjeuner ou le dîner,pourquoi ne goûtez­vous pasdes nouilles japonaises, à lafarine de sarrasin (soba). Lessobas dans la région de Nikkôsont célèbres et délicieux.

Le voyage de Bashô aujourd'huiBashô a voyagé pendant plus de deux mois de Edo (Tokyo) à Shinjô. Aujourd'hui, il estpresque impossible pour nous de faire la même chose, mais nous pourrons vous fournirune version courte de son voyage. Si vous avez quatre ou cinq jours, vous pourrez avoirun aperçu de ce qu'il a vu. Vous visiterez Nikkô, Matsushima, Hiraizumi et Shinjô avecles moyens de transport modernes.

Voyage (A2)

Nikkô 1er jour

Etsuko Hiroshi YokoPar Etsuko, Hiroshi

et Yoko

avril 2011

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Le lendemain matin, prenez letrain pour rentrer àUtsunomiya. Pour aller àMatsushima, prenez lenouveau Tohoku Shinkansen,cette fois pour Sendai. Vousarrivez à Sendai en environ80 minutes. Puis, changez detrain pour Shiogama. Il nefaut que 16 minutes, maisvous pourriez avoir àattendre un certain tempsparce que les trains locaux ne

s’y arrêtent pas souvent.

Lorsque vous êtes àShiogama, vous devez aller aurestaurant de sushis parceque Shiogama est un port depêche et leurs sushis sontsuperbes ! Vous allez lesadorer. Après ce déjeunerdélicieux, prenez un taxi pourMatsushima. Vous y êtespresque. Mais, avant decommencer la croisière

autour des îles magnifiquesde Matsushima, vous devriezvisiter Zuiganji, un templezen très célèbre qui a étéconstruit en 1609 parMasamune Date. C'était unguerrier puissant. C’est aussiun temple où Bashô est alléprier pendant son voyage.Enfin, prenez un bateaud'excursion et profiter de lacroisière. S'il fait beau, la vueest fantastique.

Matsushima 2ème jour

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Pour aller à Hiraizumi, votreprochaine destination, nousvous conseillons de revenir àSendai. Prenez le TohokuShinkansen de Sendai àIchinoseki, et changez detrain. Puis, prenez la ligneTohoku­honsen. Descendez àHiraizumi. Ça prend environune heure. À Hiraizumi, vouspouvez visiter le templeChuson­ji à pied. Il faut trenteminutes à pied de la gareHiraizumi.

Le temple Chuson­ji est uneconstruction historique trèsréputée. Il a été édifié au12ème siècle par FujiwaraKiyohira, le fondateur de ladynastie de Fujiwara du nord,mais le temple original a étéérigé en 850. Le pavillon d’orde Chuson­ji est encoreconsidéré comme le plusbeau du nord.

Il y a beaucoup de temples etjardins à Hiraizumi, par

exemple le Motsu­ji et Gikyo­do. Chaque année, beaucoupd’étrangers visitentHiraizumi. À Hiraizumi, nemanquez pas de manger lesspécialités locales, comme leswanko­soba (des nouilles) etMaezawa­gyu (de la viandede bœuf). Les deux sontdélicieux.

Hiraizumi 3ème jour

avril 2011

À gauche : détail du toit duBenkei­dô à Hiraizumi.

En bas : gorge de Geibi­keiprès de Hiraizumi.

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La dernière destination estShinjô, et il est plus facile derevenir de nouveau à Sendaiparce qu’il est compliquéd’aller à Shinjô directementde Hiraizumi. Prenez la ligneSenzan­sen à Sendai. Changezde train à Uzen­chitose etprenez la ligne Ou­honsen.Descendez à Shinjô. Vouspouvez louer une voiture toutprès de la gare de Shinjô, eten dix minutes en voiture,vous pouvez arriver au quaide Motoaikai où vous pouvez

monter en bateau. Après uneheure, descendez du bateau àKiyokawa. Le nom du quaiaujourd'hui est un peudifférent de celui de l'époquede Bashô.

Si vous voulez, vous pouvezcontinuer votre voyage àTsuruoka ou Sakata. Il y abeaucoup de sitestouristiques et historiquesdans ces deux villes. Enfin,vous pouvez rentrer à Tokyovia Niigata. Dans ce cas,

prenez la ligne Uetsu­honsende Sakata ou Tsuruoka àNiigata et changez de trainpour prendre le JouetsuShinkansen pour Tokyo.

Le voyage est peut être unpeu cher, mais si vous aimezBashô et ses haïkus, il seraintéressant d'essayer. Pendantce voyage, vous pourriezrencontrer Bashô dans vosrêves !

Shinjô 4ème jour

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Ferme traditionnelle à Tsuruoka ­ Photo par Tanaka Juuyoh

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DDepuis 40 000 ans avant J.C., l'archipel du Japon est habité par des peuplesparlant la langue japonaise. Jusqu'aux environs du 4e siècle après J.­C., ilsn'ont pas de langue écrite. Quand ils se trouvent dans la nécessité d'écrire, ilschoisissent d'emprunter des caractères chinois plutôt que d'en créer eux­mêmes. Les emprunts à la langue chinoise dont le système d'écriture estcomplètement différent du japonais parlé compliquent la création d'unelangue écrite japonaise. En plus, comme les caractères chinois sontidéographiques, les Japonais appliquent à un seul caractère une ou plusieurslectures du mot japonais qui y correspond. Par exemple, en même tempsqu'on introduit le caractère chinois « » et sa lecture « san », on yapplique aussi la lecture japonaise « yama » qui signifie « » (NDLR : «montagne » en français). Par conséquent, un caractère chinois a plus d'unelecture. Il arrive donc souvent que, même de nos jours, les Japonais nesachent pas comment lire les mots qui sont écrits en caractères chinois.

Pendant l'époque de Nara (710­784), les Japonais trouvent une nouvellemanière d'employer les caractères chinois : ils empruntent seulement le sondu caractère chinois en enlevant sa signification. On appelle le caractère ainsiutilisé « manyogana ». Il permet d'écrire le texte dans l'ordre des mots dujaponais parlé et assure une prononciation correcte. Comme un manyoganareprésente seulement un son, un texte en manyogana a besoin de plus decaractères qu'un texte conventionnel. Mais il est très utile pour les waka(poèmes courts) ou les paroles de chanson dans lesquels aucune erreur delecture n'est tolérée. Bien que ce soit un système d'écriture peu efficace, ildonne naissance aux hiragana et aux katakana pendant l'époque suivante.

Culture (B2)

Introduction des manyogana

Histoirede laLangueJaponaise

Avril

2011

Himawai Par Himawari

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À l'époque de Heian (784­1184), leshommes des hautes classes écriventdeux genres de textes : des textes enchinois et des textes en japonaisutilisant les caractères chinois(kanshiki­wabun). Ils créent aussi descaractère chinois propres au japonais.En effet, pour faciliter la lecture destextes en chinois, on commence àajouter entre les lignes des notes enmanyogana. De temps en temps, àcause de l'espace limité, on abrège lecaractère du manyogana et on en écritseulement une partie. C'est l'originedu katakana qui signifie le kana(manyogana) incomplet. Comme lemanyogana, le katakana représente unson. Graduellement, on commence à utiliser les katakana dans les textes avecdes caractères chinois. C'est la naissance du « texte en caractères chinois etkatakana ».

Un autre style d'écriture qui est dérivé du manyogana est le hiragana. C'est laforme cursive du manyogana, qui s'est développée pour des questions derapidité d'écriture. À cette époque, on commence donc également à écrire

Origine des katakana et des hiragana

Katakana et leurs équivalents manyogana

(Wikipédia)

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des textes en utilisant seulement leshiragana, bien que les caractèreschinois soient encore utilisés quand ilssont absolument nécessaires. Alorsque le « texte en caractères chinois etkatakana » est utilisé par lesaristocrates et les moines, le texte enhiragana est principalement utilisé parles femmes qui ne sont pas autoriséesà utiliser les caractères chinois. Pourla première fois, les Japonais peuventécrire exactement comme ils parlentdans la vie quotidienne. Le ton douxqui en découle ne pourrait d'ailleursêtre exprimé par aucun styleconventionnel. Le système d'écritureen hiragana a été établi dans la première moitié du 10ème siècle. Grâce auxhiragana, plusieurs genres de littérature, comme le roman, le journal etl'essai, fleurissent pendant cette époque.

Cependant, les textes en hiragana ne sont pas adaptés à l'écriture de textesabstraits ou logiques, qui ont besoin des caractères chinois. C'est la raisonpour laquelle ils n'arrivent pas à être représentatifs du style d'écriturejaponais. Le « texte en caractères chinois et katakana » occupe ainsi lapremière position dans les styles d'écriture japonais parce qu'il est le plusefficace et le plus facile à lire ; il est aussi utilisé dans beaucoup plus dedomaines (politique, religieux, économique,...)

Au cours de la période de Kamakura/Muromachi (1185­1573), le japonais écritcommence à s’éloigner de nouveau de la langue parlée. Le texte devient pluslogique et clair grâce à l’emploi de la particule « ga » après le sujet et àl’introduction des conjonctions qui indiquent la relation entre une phrases etla phrase suivante. D’un autre côté, de nombreuse formes de conjugaisons deverbe qui étaient utilisées à la fin de la phrase commencent à disparaître. Lesexpressions élégantes et émotionnelles des aristocrates sont graduellementremplacées par les expressions claires et nettes des samurai.

L’époque d’Édo (1603­1868) est la période pendant laquelle la base de la langueparlée japonaise que nous employons aujourd’hui est formée. Avec lecommencement de l’époque, le centre économique et culturel du pays passegraduellement de Kyoto et Osaka à Édo. Dans les années Kyoho (1716­1736), lapopulation d’Édo a totalement surpassé celle de Kyoto et Osaka. Après unconflit sévère pour la suprématie entre la langue d’Édo et la langue deKyoto/Osaka, la première devient finalement la langue commune japonaisependant les années Horeki (1751­1764). Les habitants ordinaires de la villejouent le rôle principal dans le développement de la langue parlée. Leur

Développement des hiragana à partir des

manyogana. (Wikipédia)

Hégémonie et évolution du « texte en caractèreschinois et katakana »

Prémices du japonais moderne

Avril

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prononciation serait d'ailleurs presque la même que celle d’aujourd’hui.Beaucoup de termes que nous utilisons actuellement date de l’époque d’Édo.En particuliers, il existe encore aujourd’hui beaucoup de pronoms pour lapremière personne et la deuxième personne et de termes de politesse quiauraient été utilisés pendant cette période. Il faut noter également que ladifférence entre la langue écrite et la langue parlée s'accentue pendant cettepériode. Trouver un moyen pour éliminer cette différence devient un travaillourd, attribué aux gens de l’époque de Meiji (1868­1912).

Avec le torrent de mots occidentaux arrivés après la Restauration de Meiji,les Japonais créent une énorme quantité de mots en utilisant des caractèreschinois. Beaucoup de ces nouveaux caractères chinois sont même exportés enChine et en Corée et plusieurs y sont encore utilisés.

Résoudre les problèmes de différences entre la langue écrite et la langueparlée et établir une langue parlée qui soit valable dans toutes les régionssont des tâches très dures pour le nouveau gouvernement de Meiji. En 1902,le gouvernement annonce sa politique pour une langue « standard » qui estbasée sur la langue parlée dans la classe moyenne de Tokyo. L'année suivante,le premier manuel pour l'école primaire agréé par l'Etat est publié. Il devientla base de la langue japonaise parlée. La station nationale de radio NHKcontribue beaucoup à diffuser la langue « standard ». Aujourd'hui, le nom aété changé en langue « commune ».

La concordance de la langue écrite avec la langue parlée est beaucoup plusdifficile. Il y a beaucoup de disputes et propositions y comprisl'abolition/réduction des caractères chinois et l'adoption de l'alphabet.Beaucoup d'essais finissent par échouer parce que la classe dominantepréfère des textes difficiles à écrire et comprendre et qu'il est difficiled'exprimer à l'écrit le pronom, le verbe auxiliaire et d'autres composants dela langue parlée qui changent selon l'interlocuteur. Finalement, Koyo Ozaki,écrivain, arrive à achever le style de « déaru » dans ses oeuvres. C'est unstyle qui utilise l'expression « déaru » pour indiquer la fin d'une phrase.L'apparition de l'expression « déaru » à la fin de la phrase permet d'exprimerobjectivement une situation et il est accepté universellement. Maintenant, ilest normal de finir une phrase avec le style « déaru ». Un accord a étéfinalement réalisé en 1945, quand la langue parlée a été adoptée dans lesdocuments officiels. Aujourd'hui, nous jouissons enfin pleinement dubénéfice du « texte en caractères chinois et kana » et de l'accord de lalangue écrite avec la langue parlée.

De nos jours, la langue japonaise continue à évoluer. Chaque personne quiparle le japonais doit réfléchir sur l'avenir de cette langue. Il faut considérerdes points comme les utilisations erronées de la langue, la croissance desmots étrangers en katakana, la complexité de la langue (différentes lecturespour un même caractère) et l'énormité du vocabulaire, le problème deshomonymes et des termes de politesse. Vous parlez japonais ? Qu'en pensez­vous ?

Meiji et l'établissement d'une langue « standard »

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AAu Japon, on a commencé à reconnaître le concept de « l’art pour les enfants» dans les années 1920. En 1918, un magazine nommé L’Oiseau Rouge (1918­29,31­36) a été fondé pour offrir de l’émotion artistique aux enfants, et plusieursautres magazines ont suivi.

D’abord, dans ce magazine, le genre langagier du conte de fées et celui de lachanson folklorique ont été renouvelés. De son côté, le genre visuel a débutéavec des illustrations qui expliquaient les mots. Les peintures et les dessinsn’avaient pas encore une visée artistique.

Takéo Takeï (1894­1983) a commencé son travail d’illustrateur en 1921. Audébut, il pensait que c’était un gagne­pain provisoire, mais plus tard, il s'estrendu compte du charme et de la valeur des peintures pour les enfants. Dansle but d’y intéresser les grandes personnes, il a organisé une exposition en1925 dans le galerie de Shiseïdo à Tokyo, et a appelé ce genre do­ga. Ce motsignifie aussi « l’image de la candeur ». Le do­ga s’est alors répandu sousdiverse formes qui rappelaient leur enfance aux gens. Le mot do­ga estdevenu presque désuet dans les années 1970, mais aujourd’hui, on peut voirl'influence du do­ga dans la culture populaire où les choses candides etmignonnes sont recherchées avec passion.

Les œuvres de Takeï, cependant,n’étaient pas seulement candides oumignonnes. On peut le voir dans satrilogie de livres d’images en 1927 :Aruki­Taro, La Boîte aux Joujoux et LeVillage des Animaux. Il y a représenté unpetit personnage brave et robuste, unefigure idéale de la première phasemoderne du Japon. Et il a aussi essayé dedécrire des espaces imaginaires commeune communauté d'animaux dans LeVillage des Animaux. Dans cettecommunauté, on peut voir soninterprétation du concept d’humanitéimporté d’Europe.

Son imagination provenait de sonintérêt et de son attention pour desobjets réels. Par exemple, les chemins etles herbes dessinés dans sa trilogie sontinspirés de motifs de broderie et

Art (B2)

un peintred'enfance,

Des imagespour lesenfants

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TakeoTakei

un peintred'enfance,

Des imagespour lesenfants

Par Chieko Endo

Chieko Endo

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Art (B2)

certaines fleurs de boutons décoratifs. Takeï a d'ailleurs publié en 1924 unlivre de motifs de broderie pour les vêtements et pour la décorationd’intérieur. Il y proposait des dessins nouveaux, différents de la broderiejaponaise, avec des traits simplifiés et adoptait un style de peintureparticulier pour les enfants dans ses illustrations. En ce temps­là, surtoutaprès le désastre sismique en 1923, les peintres ont remarqué que le travail dudesign était un véhicule de la pensée. Takeï profitait ainsi souvent de sesmotifs de broderie pour développer une conception du monde où il essayaitde saisir la vie en lui donnant une représentation symbolique.

Si vous en avez le temps, partez vous aussi sur les traces de Takéo Takeï.Vous ne regretterez pas le voyage !

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Société (B2)

JJ'ai vu récemment au journal télévisé un reportage sur l'homoparentalité.J'ignorais d'ailleurs que cela définissait la situation d'un couple homosexuelayant des enfants. Selon le reportage, la France est restée très conservatriceconcernant l'homoparentalité. J'ai donc voulu connaître la situation deshomosexuels au Japon.

Chez nous, les homosexuels existaient depuis longtemps dans le mondereligieux, dans le château d'Edo et parmi les samouraïs, mais on cachaitl'homosexualité. Dans les classes populaires, souvent, on se mariait pour unirdeux familles au détriment de l'amour des individus. Les homosexuels étaientobligés de se marier en cachant leur tendance homosexuelle et la personnedu couple qui ne l'était pas, soit le mari, soit la femme, se résignait à menerune vie conjugale malheureuse.

Mais aujourd'hui, les gays et les lesbiennes sont loin de cacher leurhomosexualité. Ils en profitent pour déployer de l'activité, surtout dans lesmédias. Selon internet, chez nous, environ 4% de la population de 20 ans à 59ans est homosexuelle. Or, le mariage homosexuel est interdit au Japon, carcela viole l'article de la Constitution japonaise disant que le mariage doit sefaire entre un homme et une femme. Si on permettait le mariagehomosexuel, on devrait réformer la Constitution. Chez nous, il n'y a pas lePACS ni le "registered partnership". Les homosexuels japonais vivent enconcubinage sans déclaration de mariage. Souvent, on le déguise sous formed'adoption : une personne plus âgée inscrit une personne plus jeune sur leregistre de l'état civil comme un enfant adopté.

Pour le moment, les homosexuels jouissent de leur vie célibataire et ils nerevendiquent pas sérieusement leur droit de se marier. Le mariagehomosexuel n'est pas un sujet de débat à la Diète, ni de promessesélectorales. Alors qu'il y a plusieurs pays qui l'ont déjà permis comme lesPays­Bas (en 2001), la Belgique (en 2003), l'Espagne (en 2005), la Suède (en2009) et la Norvège (en 2009), le Japon est resté presque indifférent. Il faudraattendre longtemps pour réaliser l'homoparentalité.

À ce propos, le premier couple homosexuel du monde, c'est le couple danoisd'Axel Axgil, un militant homosexuel, et d'Eigil Axgil, un homme d'affaires. Ilsse sont mariés le 1er octobre 1989 par "registered partnership" : celui­ci a étécréé au Danemark en 1989 pour la première fois dans le monde.

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Homosexualité ethomoparentalité au Japon

Par Waka Shinozuka Waka Shinozuka

Photo par Ludovic Bertron

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S

Société (B1)

Photo par wOOkie

Quelles sont nos qualités ànous, les Japonais  ? Sansdoute, plusieurs citeront «  lapolitesse  ». Mais, quand j'aivoyagé en France, j'aicommencé à me poser unequestion : les Japonais sont­ilsvraiment polis ?

Dans les guides touristiqueset les informations surinternet concernant le voyageen France pour les Japonais,on peut facilement trouver

un conseil comme ça : quandon entre dans un magasin enFrance, il faut saluer lesvendeurs et vendeuses ; si onne les salue pas, ils pensentque vous êtes impolis.

Quand je suis allée à Parispour la première fois, j'ai étéun peu étonnée de voir, dansun supermarché, des clientset des caissiers qui sesaluaient. Au Japon, surtoutdans les grande villes, les

caissiers saluent les clientsmais, normalement, lesclients ne leur rendent pasleur salut. Dans le bus, c'estpareil. Je prends le bus tousles jours de la semaine pouraller travailler. Quand ondescend d'un bus, lechauffeur remercie lesvoyageurs, mais je n'aipresque jamais vu unvoyageur qui lui ait répondu.C'est comme ça au Japon.

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Par Tomoko Nagai Tomoko Nagai

Nous, les Japonais, nous noussaluons aussi entre gens quise connaissent, bien entendu.Nous apprenons à l'école (etaussi au travail) que c'est trèsimportant de se saluer pourla communication humaine.Après mon petit voyage enFrance, je me sens un peugênée dans le bus ou ausupermarché d'ignorer lescaissiers ou les chauffeurs.Cela n'est­il pas impolid'ignorer leurs salutations ?

Quelquefois, quand je sorstoute seule, je me sens plusisolée au Japon que pendantmes petites vacances enFrance, bien que je soisétrangère là­bas. A mon avis,cela serait simplement plussympathique et plusconfortable si on se saluait etremerciait pour un service.Chaque année, beaucoup deJaponais visitent la France. Jepense qu'il y en a plusieursqui remarquent cette

différence entre les coutumesde salutations au Japon et enFrance, et je voudrais savoirce qu'ils en pensent.

Mais peut­être que ce ne sontque de belles phrases et queje suis simplementfrancophile  ? Qu'en pensez­vous ?

Les Japonais sont­ilsvraiment polis ?

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FLE (B2)

Comment j'ai pu lire Madame Bovary

Si on veut parler un bon français, il faut enrichir son vocabulaire. C'est à lafois facile et difficile. Pour cela, on n'a qu'à lire des livres. C'est facile. Mais 90pour cent des apprenants diraient sans doute qu'ils ne lisent pas parce quec'est difficile. En conséquence, cela paraît plutôt difficile. En fait, ceux quidisent toujours que c'est difficile ne liront sans doute jamais. Nous nepouvons pas nous améliorer avec seulement Ront Point (NDLR : une méthodede français langue étrangère). Cependant, si vous êtes un apprenant de niveauA1 ou A2, il ne vaut mieux pas essayer de lire Madame Bovary. Vous finiriezdéfinitivement par y renoncer. Je voudrais donc présenter la méthode parlaquelle j'ai pu achever de lire Madame Bovary.

Tour d'abord, je devrais déclarer mon but ultime. Lorsque j'étais élève aulycée, j'ai lu Le Rouge et Le Noir de Stendhal, évidemment en japonais. C'estmon livre français favori. Je voulais donc le lire sans dictionnaire et lecomprendre parfaitement. Au début, j'ai entamé la série de « Lecture Facileen Français ». Ces livres sont des extraits de Littérature classique. Parexemple, nous pouvons lire les chefs d'œuvre de Dumas, Stendhal, JulesVerne et d'autres sans difficulté, car on a enlevé ce qui était difficile. De plus,ce que je trouve magnifique, c'est qu'il y a seulement environ 50 pages danschaque livre et 100 mots par page. En outre, cette série est divisé en 4niveaux (A1,A2,B1,B2), sur le modèle du CECR. J'ai commencé avec le niveau A1.Pour chaque niveau, j'ai lu plus ou moins dix livres et chaque livre trois fois,sauf pour le niveau B2 qui ne comporte que 3 livres.

Illustrations par Alfred de Richemont

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Après avoir fini ces livres, j'ai lu Le Petit Nicolas et Le Petit Prince. Quand j'ai luLe Petit Prince, j'ai senti que c'était facile même s'il y avait dedans quelquesmots que j'ai eu du mal à comprendre ; alors je n'ai pas eu besoin dudictionnaire. Ensuite, j'ai lu L'Étranger de Camus. Il est très bien car il n'utiliseque très peu le passé simple. À mon avis, Le Petit Nicolas, Le Petit Prince etL'Étranger sont comme « les trois mousquetaires » pour les apprenants : ilfaudrait qu'on lise tous ces livres car ils ne sont pas difficiles et on en a doncpour seulement une ou deux semaines à les lire.

À cette période­là, mon vocabulaire était suffisant pour lire Jules Verne oud'autres auteurs du même niveau. Les livres que j'ai lus sont Le Tour du mondeen 80 jours, La Comtesse de Cagliostro, Cagliostro se venge – deux livres écritspar Maurice Leblanc, et La Tulipe noire d'Alexandre Dumas. Je ne dis pas queje n'ai jamais utilisé le dictionnaire mais, tant bien que mal, je les aiterminés.

Enfin, j'ai commencé à lire Madame Bovary. Ce n'était pas facile parce que lesexpressions dans cette œuvre étaient redoutablement compliquées. Quand jepouvais lire 5 pages par jour, c'était déjà pas mal. Mais ce qui m'aidait, c'estqu'il y avait ce livre dans la série facile dont j'ai déjà parlé. Par conséquent, jeconnaissais l'histoire et ça me servait bien  : je pouvait bien deviner le sensdes mots que je ne connaissais pas.

C'est ainsi que j'ai réussi à achever de lire Madame Bovary. Quand j'ai passél'examen du DELF B2, j'ai même senti que c'était facile grâce à MadameBovary. Aujourd'hui, je lis La Chartreuse de Parme sans encombre, apprenantpar cœur les mots « vivandière » comme « cantinière », mots que beaucoupde professeurs de l'Institut n'ont sans doute jamais utilisés, ou disant « detemps à autre » au lieux de « de temps en temps », même si je ne sais pas sices expressions sont encore vraiment vivantes. Alors, vous lancerez­vouségalement dans l'aventure de la lecture en français ?

Par Kazuaki Hashino

Kazuaki HashinoCertaines des œuvres citées dans cet article sont disponibles en lecture libre surWikisource, avec de temps en temps une version audio. Bonne lecture à tous !

­ Madame Bovary (audio)­ Le Rouge et le Noir­ Le Tour du monde en 80 jours (audio)­ La Tulipe noire­ La Chartreuse de Parme

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Fontainebleau

La ville de Fontainebleau estsituée à 60 km au sud­est deParis. Ce qui rend cette villebien connue, c'est le Châteaude Fontainebleau. Il date dudouzième siècle. Autrefois,Fontainebleau était une petitestation de chasse du roi deParis appelée « Fontaine BelleEau ». Pendant sept siècles,de François Ier à Louis XVI,elle est devenue de plus enplus grande. Toutefois, leChâteau de Fontainebleau estmaintenant moins grand etmoins luxueux que leChâteau de Versailles. Unvaste bois s'étend sur lepourtour du Château. Lescompétitions d'équitationsont populaires. En ville, il y a

par exemple des magasinsspécialisés dans les harnais.

Seiki Kuroda et Grezsur Loing

Grez est une petite ville quilonge la rivière Loing, unaffluent de la Seine. Autrefois,le transport fluvial y étaitactif. Quotidiennement, ontransportait de là­bas à Paris,des légumes, de la viande, ducuir, du bois , etc. sur laLoing. Plusieurs moulins pourcéréales et pour tanner ontété préservés jusqu'àaujourd'hui.

À la fin du dix­neuvièmesiècle, une bourse dugouvernement japonais a étéaccordée à Seiki Kuroda pour

étudier le droit en France.Mais il a changé d'orientationpour faire vivre sa passion dela peintre. Quand nous,Japonais, étudions la peintureoccidentale dans les livres declasse au collège, nousregardons des photos de sestableaux comme « Kohan »(Lac) et « Dokusho »(Lecture) et avec ceux­là, «Ochibo­hiroi » (LesGlaneuses) et « Bansho »(L'angélus) de Millet. Kurodaest resté à Grez pendant troisans avec son modèle, MariaBillaut.

Nous pouvons connaitre savie à travers son journal etdans beaucoup de ses lettresadressées à ses parents. Là­bas, il a peint « Lecture ». Ce

En septembre 2010, je suis restée à Fontainebleau pendant trois semaines.Je projetais de visiter plusieurs villes relatives à la peinture moderne dansles environs comme, par exemple, les villes de Grez sur Loing, Barbizon etMoret sur Loing.

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Mon séjour à Fontainebleau

EtsukoTexte et photos

Par Etsuko

Voyage (A1)

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tableau a été sélectionné ausalon de Paris. Après sonretour au Japon , il estdevenu un précurseur de lapeinture moderne japonaiseet un administrateur civil del'éducation de notre pays. Lamaison où il a habité estpréservée et la ruelle devantest nommée « La RueKuroda » (ci­dessous).

À cette époque, beaucoup depeintres, musiciens etécrivains des paysscandinaves, de Grande­

Bretagne, du Japon ou desEtats­Unis séjournaient àGrez. Robert Louis Stevenson,l'auteur de « l'Ile au Trésor »et le compositeur anglaisFrédérick Delius étaientparmi eux. L'hôtel Chevillonoù ces artistes logeaient, a étéreconstruit par une fondationsuédoise et accueilleaujourd'hui des artistesscandinaves.

Barbizon et Moret

Avant Grez, au milieu du dix­neuvième siècle, Barbizonétait le théâtre d'unemodernisation de la peinture.Corot, Rousseau, Millet etDiaz, qu'on surnommait « lespaysagistes », ont habité àBarbizon. Sisley, lui, a résidé

dans la ville de Moret surLoing et on peutactuellement encore y voirles mêmes paysages qu'il apeints. Aujourd'hui, Barbizonet Moret sont plustouristiques que Grez.

Grez sur Loing et Moret surLoing étaient des villescitadelles au moyen âge etformaient la frontière entre l'Ile­de­France et la Bourgogne.On peut encore y voir lesruines du donjon et l'église.Pour moi, ce séjour àFontainebleau a été fructueuxpour apprendre l'histoirefrançaise et l'art.

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Voyage (A2)

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Que mangerà Taïwan ?

Gourmet (A1)

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Si vous êtes un gourmet et si vous aimez la cuisine taïwanaise, je vousconseille de visiter les marchés de nuit à Taïwan. Au marché de nuit, vouspouvez goûter beaucoup de plats taïwanais. C’est bon marché et délicieux.

Les plats que vous ne devez pas rater sont « lûròu fàn » (viande de porchachée sur du riz), « ô­á­chian » (omelette aux huîtres), « ô­á mî­sòa »(nouilles fines avec des huîtres), « zhà jîpái » (poulet frit) et « shêng jiân bâo» (beignets de viande et légumes).

Il y a aussi beaucoup d’autre choses. Par exemple, si vous voulez essayezquelque chose de très différent, vous pouvez goûter le « zhû xiê gâo »(boudin noir). Ce plat est peut­être un peu bizarre pour les étrangers parceque c’est au sang de cochon et il est couvert de cacahuètes en poudre. À monavis, vous devez goûter avant de juger.

Si vous aimez les défis, vous pouvez goûter le « chòu dòufu » (tofu puant).C’est un plat traditionnel. Il y a deux genres : le « chòu dòufu » frit et le«  chòu dòufu » bouilli. Ça sent très mauvais, mais les Taïwanais aimentbeaucoup ça.

De plus, si vous aimez les sucreries, vous pouvez boire du tapioca dans duthé au lait ou de la papaye au lait. Vous pouvez aussi manger de la glace à lamangue. C’est très bon et très bien pour se débarrasser de la chaleur en été.

Bien sûr, il y a beaucoup d’autre choses à manger et à boire. Allez à Taiwanet goûter les plats taïwanais par vous même !

À ne pas manquerÀ ne pas manquer

Les curiositésLes curisosités

Pour les gourmandsPour les gourmands

N CPar NC

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Au Japon, le 4 février s'appelle setsubun et signifie «  changement desaison ». Quand ce jour approche, je me rappelle la fête que j'ai vue dans lesud de l'Allemagne où j'ai habité pendant deux ans.

Fastnacht à Bad Saulgau

Shizuyo YamagataPar ShizuyoYamagata

Bad Saulgau

Je vivais dans une petite villequi s'appelle Bad Saulgau etenseignais l'anglais aux élèvesdans une école japonaise. Il ya une statue de MariaTheresia à l'entrée de la placede l'église et on peut donccomprendre que Bad Saulgauétait sous le règne desHabsbourg pendant unecertaine période de l'histoire.

Fastnacht et sondéfilé

La fête dont je vais vousparler s'appelle Fastnacht et alieu en février pendant unesemaine. Quand la fêteapproche, des masques desorcières commencent à

apparaître dans les vitrinesdes magasins. Les masquessont en bois et ils ontbeaucoup d'expressions, soitmenaçantes, soit grotesques,soit drôles. On ressentl’ambiance de la fête partout.

La culmination de Fastnachtest le défilé costumé dudernier jour et la cérémonieoù on brûle vive une sorcière.Vers 10 heures du matin, nousavons accompagné les élèvesau centre de la ville pour voirle défilé. Il y avait beaucoupde gens sur les deux côtés dela rue. Plus de centassociation des villes desalentours ont participé etc'était très intéressant de voirleurs différents masques etcostumes.

La chasse auxsorcières

Dans la nuit, on s'estrassemblés sur le parvis del'église pour voir une sorcièreêtre brûlée. Une poupée d'unsorcière qui avait étéaccrochée à une perchependant une semaine a étédescendue et battue avantd'être brûlée vive sur unbûcher. Les spectateurs ontapplaudi, mais cela m'a parutrop barbare. L'expression «la chasse aux sorcières » merappellent un aspect sombrede l'histoire du Moyen Âge.En ce temps­là, beaucoup defemmes étaient victimes dupouvoir de l'État et de celuide l'Église. Selon les faitshistoriques, la plupart de ces

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femmes avaient, par exemple,de grandes connaissances surles herbes médicinales.

Mais on m'a dit que lasorcière de Fastnacht étaitseulement l'incarnation dumal. Les gens d'autrefoisdevaient souffrir de difficultéscomme la pauvreté, les

épidémies et la dureté de lanature. Ainsi, en brûlant lapersonnification du vice, onsouhaitait le retour duprintemps, du bonheur et dela santé. En habitant enAllemagne pendant deux ans,j'ai pu découvrir la vie desAllemands, assister àbeaucoup de cérémonies

traditionnelles et être émuepar la beauté des paysagesd'Allemagne. Toutes cesexpériences, je n'aurais paspu les vivre si je n'avais pasdécidé d'aller en Allemagne.Je n'oublierai jamais ces joursque j'ai passés en Allemagne.

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Portrait (A2)

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Est­ce que vous connaissezHenri Salvador ? C'est l'undes chanteurs les plusreprésentatifs en France, et ila été décoré de l'ordrenational de la légiond'honneur : c'est formidable !Aujourd'hui, je vais vous leprésenter.

En 1927, il est né à Cayenne,qui est situé au sud des États­Unis. Quand il avait 12 ans, safamille a émigré en France. Ila commencé par jouer de laguitare pour des chanteurs etc'est ainsi que sa carrièremusicale a pris son départ.

En 1956, c'était la premièrefois qu'il chantait du rock'nroll en français. Dans lesannées 60, il a développé sonactivité comme invitéd'émissions de télévision. Ilétait musicien et comique.

En 2002, son CD Chambre Avec

Vue s'est vendu à plus d'unmillion d'exemplaires. Seschansons n'expriment pas lesdifficultés habituelles de lavie ; elles sont douces, belleset claires. C'est pour cela queje l'adore. Il chantelentement, c'est utile pourapprendre le français.

En 2008, il est mort chez lui àParis : il avait 90 ans. Sonenterrement a été célébré àl'église de la Madeleine. Leprésident Sarkozy, le princeAlbert II de Monaco etbeaucoup d'autres genscélèbres du monde entier ontassisté à ses funérailles. Leprésident Sarkozy a dit : "Sesrefrains et sa voix de veloursinimitable continueront à nousbercer, encore longtemps."L'ancien président JacquesChirac a dit : "La France perdaujourd’hui un immense talent,dont les chansons, commel’éclat de rire, resteront dans

toutes les mémoires."

Cinq mois avant sa mort, il adonné un concert au Japon. Àcette époque­là, il a accordéune interview sur sa vie. Il adit : "Je ne jette jamais unregard sur mon passé. Je pensetoujours à demain. Je n'aimepas le passé. Je crois que lepassé est mort. La musiqueévolue tout le temps. Tous lesjours, beaucoup de musiquesnaissent. Mais on peut trouverune mélodie nouvelle : c'est unmiracle  ! Je pense que lamusique est tout, elle est tout àfait ma vie. Donc je pensetoujours à la musique."

Il a continué à chanterjusqu'à la fin et ilreprésentait le plaisir devivre. Je crois que lesmélodies qu'il a laissés et sonrire sonnent toujours biendans le monde : ils nousdonnent du bonheur.

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Henri SalvadorPar Hiromi Okuya Hiromi Okuya

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Festival (A2)

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Megumi TakahashiTexte et photos parMegumi Takahashi

Le cortège des chats à YpresVoici une information pour ceux qui aiment les chats dans le monde entier.C'est un cortège unique de chats, tous les trois ans à Ypres, dans l'ouest dela Flandre, en Belgique.

L'origine de la fête des chatsà Ypres est très vieille. Celaremonte au Moyen Âge. Àcette époque, les chatsétaient tués parce que lesgens détestaient les chats. Oncroyait qu'ils étaient lecompagnon de l'esprit malinet des sorcières. Les chatsétaient ainsi lancés par lebeffroi de la mairie, à environ70 mètres de haut. C'était lacoutume d'alors. Cettecérémonie cruelle continuajusqu'en 1817.

En 1955, le projet d'un cortègede chats a commencé et c'estla 44ème année. La veille de

la fête, au soir, il y a des feuxde joie. Le jour suivant avantmidi, il y a un cortège dechats, de danseurs, defanfares ; les gens sontcostumés en chats. Et puis à18 heures, la fête bat sonplein !

On fait renaître la coutumed'alors : le lancer de chats. Lepitre monte sur le beffroi dela mairie et lance beaucoupde chats noirs en peluche. Lapersonne qui peut enramasser un a de la chance,alors essayez d'y participer sivous en avez l'occasion !

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Ah Bon ?! No2, avril 2011. Conçu et édité par des élèves et enseignants del'Institut franco­japonais à Yokohama. Tél: 045­201­1514 Fax : 045­201­7660 Mail :[email protected]. Directeur de publication et responsable du projet :Frédéric Lauray­Quantin ([email protected]). Secrétaire de rédaction etrédactrice : Tomoko Nagai. Maquettiste : FLQ. Merci à toutes les personnesnous ayant fait parvenir articles et photos. © 2011 Journal Institut. Textes,photos et dessins restent la propriété de leurs auteurs respectifs. Lorsque nonprécisé, les photos sont de FLQ. Les illustrations de Takeo Takei sont encoresoumises au droit japonais qui en autorise l'utilisation partielle dans un butnon lucratif.

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Lejournaldel'Institutfranco­japonaisàYokohama

Vue depuis l'Institut à Kannai