Agroforesterie
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Agrodok 16
Agroforesterie
Ed Verheij
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Cette publication est sponsorise par : KERKINACTIE.Dans ses activits, Kerkinactie donne la priorit au dveloppement rural et soutient desorganisations qui sont actives dans ce domaine. Lagriculture et la production alimentaireconstituent des activits primordiales en milieu rural.Kerkinactie appuie ce type dactivits directement, et indirectement aussi, en offrant dusoutien la collecte, la compilation et la diffusion dinformations et de connaissances.
Fondation Agromisa, Wageningen, 2003.
Tous droits rservs. Aucune reproduction de cet ouvrage, mme partielle, quelque soit le
procd, impression, photocopie, microfilm ou autre, nst autorise sans la permissioncrite de l'diteur.
Premire dition : 1994Deuxime dition rvise : 2003
Auteur : Ed VerheijIllustrators : Barbera Oranje, Toon HelminkTraduction : Lineke van DongenImprim par : STOAS Digigrafi, Wageningen, the Netherlands
ISBN : 90-77073-42-6
NUGI : 835
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Avant-propos 3
Avant-propos
Chaque anne, Agromisa reoit de nombreuses demandes
dinformations au sujet de lagroforesterie des personnes et des insti-tutions dans les pays du Sud. Le besoin dinformation pratique sur ce
sujet est donc clairement senti. Le prsent Agrodok est prsent dans
ce contexte. Il donne une description des lments essentiels de
lagroforesterie, de certains principes de base jusqu leur mise en
oeuvre pratique ; tenant compte des avantages mais en mme temps
considrant les difficults et contraintes. Cet ouvrage vise offrir des
alternatives en vue damliorer lutilisation des terres dans les zones
tropicales. Il traite aussi des thmes de vulgarisation, parce que desrecommandations tant faites par des scientifiques ou des vulgarisa-
teurs en vue dintroduire certains systmes agroforesteriers ne russi-
ront que si la population villageoise est convaincue du fait que le
changement de la manire dont ils utilisent les terres tel quil a t
propos soit avantageux.
Certains aspects des systmes agroforesteriers sont traits aussi dans
dautres publications dAgromisa :
? AgroBrief n 1 (Van Tol, 2002:Fourrage arbres)
? Agrodok n 5 (La culture fruitire dans les zones tropicales)
? Agrodok n 11 (La protection des sols contre lrosion)
? Agrodok n 19 (Schreppers et al., 1998: Multiplier et planter
des arbres)
Remerciement
La troisime dition de lAgrodok 16, Agroforesterie, a t entire-
ment rcrite en vue dincorporer de points de vues nouveaux sur
lagroforesterie. Je remercie avec reconnaissance les contributions de
texte et des rvisions des sujets spcifiques par M. Robert Peter Hei-
jer, Rick Thijssen et Nick Pasieczik (HDRA) et le travail rdactionnel
par Orisa Julius Ainyia, Jan Joost Kessler, Paul Kiepe et Marg Leij-
dens. Je remercie particulirement Dr M. Wessel, professeur mirite
de lagronomie tropicale, Universit de Wageningen, pour les dbats
inspirateurs, les suggestions pour des lectures plus profondes et les
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commentaires sur le manuscrit. Toutefois, jaccepte lentire respon-
sabilit du contenu, y compris toute imperfection ou erreur.
Ed Verheij, Septembre 2003
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Sommaire 5
Sommaire
1 Introduction 6
1.1 Cultures annuelles et arbres dans le domaine dudveloppement agricole 6
1.2 La porte de lagroforesterie et du prsent Agrodok 11
2 Avantages et restrictions des arbres 152.1 Impact favorable darbres 152.2 Restrictions darbres 182.3 Pourquoi est-ce que les arbres disparaissent ? 24
3 Agroforesterie dans le systme agricole 273.1 Des arbres aux diffrents coins de la ferme 273.2 Climat, systme dexploitation et agroforesterie 30
4 Applications pratiques de lagroforesterie 334.1 Cltures vives 354.2 Des barrires de haies vives 39
4.3 Brise-vents et rideaux-abri 444.4 Parcs arbors (arbres disperss) 514.5 Culture en couloirs 554.6 Jachres amliores 594.7 Jardins de case 67
5 Post-scriptum 73
Bibliographie 74
Adresses utiles 77
Glossaire 79
Annexe 1: Liste despces auxiliaires 82
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1 Introduction
1.1 Cultures annuelles et arbres dans le
domaine du dveloppement agricoleEn grandes parties des zones tropicales, les agriculteurs ne visent pas
traditionnellement la production maximale par hectare ; leur principal
souci tait de rduire les risques des mauvaises rcoltes. La raison
principale est quil nexiste pas except dans les principaux centres
de population de marchs commodes pour les surplus alimentaires.
Les systmes dexploitation traditionnels ont t intgrs, sur la base
dautosuffisance et de l sur des approvisionnements et des servicesinternes entres diffrentes composantes agricoles : cultures mixtes, des
lgumineuses fournissant de lazote aux crales, des grandes cultures
fournissant du fourrage au btail en change de fumier, etc.
Pourtant, au dernier sicle, ces systmes se sont avrs peu productifs
en vue de nourrir la population qui sagrandit vite. Ce nest pas ton-
nant, puisque ces systmes traditionnels ntaient pas influencs par la
science agricole, qui avait constitu la force motrice des rendementsqui nont pas arrt daugmenter, dans les rgions tempres du
monde. Les agronomes nont pas prt attention aux systmes tradi-
tionnels des cultures mixtes pour deux raisons :
? la notion gnrale que lconomie de march demande une spciali-
sation ;
? le manque de mthodes de recherches appropries qui permettentdtudier les composantes culturales entremles de manire com-
plexe.
La deuxime raison rsulte naturellement de la premire ; la science
agricole moderne, en dpit du fait quelle est enracine dans la recher-
che des systmes, tait de plus en plus proccupe de lamlioration
des monocultures.
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Introduction 7
Si lon faisait appel aux agronomes pout lutter contre la faim dans les
rgions tropicales, ils taient persuads quils devaient se concentrer
sur laugmentation des rendements des cultures annuelles alimentaires
de base, comme du riz et du bl. Ces vgtaux taient dj cultivs
comme des monocultures pour le march et se prtaient lapprochequi avait si bien russi dans les zones tempres. Les agronomes ont
en effet eu des bons rsultats avec ces cultures, comme par exemple
la rvolution verte a dmontr en Asie.
Malheureusement cette approche na pas pu attnuer la faim, notam-
ment dans les rgions tropicales prsentant des systmes de culture
sous pluie et des marchs sous-dvelopps pour des cultures vivrires.
Dans ces rgions, la situation na pas arrt de se dtriorer, galementdu fait que les prix des produits non alimentaires (par exemple coton,
caf, pices, fibres) continuaient baisser dans le monde entier, ainsi
plumant les petits paysans de leurs revenus liquides et faisant baisser
leur niveau vers le niveau de la subsistance. La monte de la pression
dmographique a entran une rduction de la dimension de
lexploitation et le besoin de sacrifier les arbres non productifs en
faveur des cultures vivrires. En outre, lincapacit daugmenter les
rendements a pouss la population amnager plus de terres (souvent
des terres marginales) au dtriment de la vgtation naturelle.
Peu de temps aprs, ces tendances donnaient lieu lapparition des
rapports inquitants sur des systmes dutilisation de terres qui se d-
gradent : une extension de dserts de poussire et des dserts (cause
par lrosion olienne), des terres dgrades la suite dune perte de
la couche arable et lensablement des systmes dirrigation (le tout
caus par lrosion par leau), une rduction de la fertilit du sol et des
rendements (par un apport inadquat de fumier et dengrais et la mise
en exploitation des terres marginales), etc. Il tait ralis alors que ces
situations dlicates avaient une chose en commun : des arbres sont en
train de disparatre du paysage. Dboisement pour mettre en culture
des parcelles arables, des arbres et des arbustes disparus la suite du
surpturage, coupe des arbres pour le bois de chauffage, etc., tout ces
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aspects contribuent la dnudation du paysage de sa vgtation per-
manente (essentiellement des forts et du pturage pour les bovins).
Ainsi, il devenait claire que les arbres ne fournissent pas seulement
des produits utiles mais jouent aussi un rle vital comme des lments plus permanents dans le paysage, appuyant la capacit du pays de
nourrir la population. De ce fait, les arbres avaient t inscrits lordre
du jour du dveloppement agricole. Bien que des arbres constituent les
vgtaux prennes les plus grands et quils prsentent au mieux les
qualits importantes en vue de soutenir la capacit productive du ter-
roir, le facteur le plus important est le fait que la vgtation perma-
nente recouvrisse la terre, quelle consiste en arbres, arbustes, plantes
grimpantes ou des herbes prennes (telles que des gramines, bana-nes/platanes, ignames). Cest pourquoi le terme arbres, qui est em-
ploy dans ce livret, rfre normalement tous les vgtaux ligneux
(et des grandes cultures prennes comme les bananiers aussi). Au
Chapitre 2, les avantages et les restrictions des arbres sont traits plus
en dtail.
Malheureusement, les avantages dune couverture vgtale perma-
nente darbres et dautres vgtaux prennes ne se prsentent que
lorsque la terre a t dnude sous une pression dmographique exces-
sive, le surpturage et le dboisement. Dans ce cas, il est trop tard ;
une fois quon laisse le champ libre aux lments sur la terre nue, il
devient trs difficile de la rendre verte encore, du fait que ce ne soient
que les plantes les plus rigoureuses qui peuvent rclamer lespace, et
celles-ci tendent produire peu en ce qui concerne de la nourriture
humaine ou animale. Il est donc primordial de renverser ce processus
de surexploitation avant que la dgradation du terroir ait appauvri les
habitants de la rgion.
Des cultures annuelles ne peuvent pas assurer une couverture perma-
nente et sagissant des cultures sans irrigation, les terres restent dans
un tat non protg pendant une grande partie de lanne. Quand on
sest ralis que ces cultures devraient tirer profit des associations
appropries aux cultures darbres en systmes de cultures mixtes
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Introduction 9
lAGROFORESTERIE a vu le jour en tant que discipline distincte en
science agricole dans les annes 70. Le rle darbres, darbustes et
des plantes grimpantes aux systmes de cultures mixtes gagnant
dimportance, ceci a abouti linclusion des mixtures des plantes
ligneuses ainsi que des systmes de cultures qui associent des vg-taux ligneux llevage.
Entre-temps, la science agricole avait redcouvert ses origines datant
du dbut du 19ime sicle- dans la recherche de systmes de culture,
et avait dvelopp des mthodes en vue dtudier les systmes de
culture mixtes dans les zones tropicales. Les agronomes avaient dj
largi leur porte des monocultures vers ltude des cultures mixtes.
Cette recherche confirme larevendication des agriculteurs
stipulant que les cultures mix-
tes rduisent le risque des
mauvaises rcoltes, mais font
baisser aussi la rponse aux
soins attribus aux cultures. En
vue de dmontrer quun m-
lange simple, par exemple du
mas et des haricots, donne des
rendements plus levs que
deux parcelles de mas et des
haricots plantes sparment, il
faut effectuer de la recherche
scrupuleuse pendant de nom-
breuses annes et le rsultat
nest mme pas spectaculaire
du tout : le mlange de cultures
ne produit quun peu plus que
la somme des deux cultures
seules, surtout parce que le
rendement total du mlange est
plus stable dune anne
lautre. La diffrence est plus
Figure 1 : Du bois port la mai-
son pour tre brl. Est-ce que la
perte sera compense par la
croissance nouvelle?
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importante mais les rendements sont beaucoup plus bas lorsque les
intrants sont bas (pas dengrais, protection suboptimale de cultures,
etc.).
Par rapport aux interactions entre le mas et les haricots au cas descultures mixtes, les interactions dans des systmes dagroforesterie
sont beaucoup plus complexes. En outre, sagissant darbres, il faut
des annes avant quils atteignent une taille effective. Pendant ces
annes, leurs interactions avec des cultures daccompagnement et/ou
du btail narrtent pas de changer. Ainsi, les rsultats ne sont pas
rapidement obtenus, et ils ne sont pas spectaculaires non plus (sils
seraient spectaculaires, les agriculteurs lauraient dcouvert bien avant
que des agronomes y taient impliqus). Le rsultat dsir de la tech-nologie agroforestire constitue la reversion dune tendance descen-
dante en matire de lutilisation des terres vers une tendance ascen-
dante, rendant lutilisation des terres de nouveau plus durable.
En fait, lavantage principal de lagroforesterie jusquici se dcrit
comme suit : tudier le rle darbres dans des systmes dexploitation
traditionnels dans diffrentes parties des zones tropicales et sonnant le
tocsin sur la disparition dramatique darbres de la vgtation, dans de
nombreuses rgions. Les informations recueillies concernant les
nombreuses plantes ligneuses auxiliaires et leurs usages aux systmes
dexploitation et des descriptions des formes traditionnelles
dagroforesterie fournissent la base des exprimentations. Ce nest
quaprs une douzaine dannes, en 1984, que le premier essai au
champ en agroforesterie tait conduit. Jusqu maintenant, le seul sys-
tme tant essay assez bien pour permettre dvaluer provisoirement
son utilit est la culture en couloirs, dcrit au paragraphe 4.5. Ces der-
nires annes, on sest concentr plutt sur des jachres amliores,
dcrites au paragraphe 4.6. Ce systme agroforesterier promettant
demande aussi des activits de recherche long terme, mais la com-
plexit des interactions a beaucoup diminu du fait que les plantes
ligneuses et les cultures ne sont pas cultives les unes ct des au-
tres, mais les unes aprs les autres.
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Introduction 11
1.2 La porte de lagroforesterie et du prsentAgrodok
Agroforesterie traite du rle des plantes ligneuses dans les systmes de
culture, spcialement des systmes de cultures mixtes danslexploitation agricole qui comprennent :
? diverses plantes ligneuses, par exemple des cocotiers procurant de
lombre aux cacaoyers ou une brise-vent constitue darbres le long
dun verger darbres fruitiers ;
? des plantes ligneuses et des plantes herbaces (gnralement an-
nuelles), par exemple un systme de jachres amliores compo-
ses darbres croissance rapide qui restituent la fertilit du sol
pour les cultures de plein champ, installes aprs la priode de ja-chre ;
? des plantes ligneuses et du btail, par exemple des arbres disperss
dans des parcs arbors qui procurent de lombre aux bovins et des
branches coupes pour servir de fourrage en priode de pnurie.
Le prsent Agrodok noffre pas de recette pour des plantations agrofo-
restires. Ceci serait impossible en vue de la diversit des milieux
tropicaux et des grandes quantits de plantes ligneuses tant dignes deconsidration. Lespoir existe plutt que le lecteur acquiera une com-
prhension quant la porte et les restrictions des arbres (Chapitre 2)
et leurs rles ventuels dans la ferme (Chapitre 3), en vue de pouvoir
choisir les applications pratiques dagroforesterie (Chapitre 4) qui sont
adaptes aux circonstances locales. Au Chapitre 4, les conditions qui
permettent de mettre en oeuvre lapproche agroforesterire sont stipu-
les et le chapitre prsente des exemples des plantes ligneuses tant
utilises cette fin. En outre, des caractristiques importantes de cesvgtaux sont numres dans lAnnexe 1 ; ces caractristiques per-
mettent de slectionner des plantes qui sont disponibles sur place
ayant des caractristiques similaires. Autrement dit : le prsent Agro-
dok cherche dvelopper une comprhension des thmes, afin de per-
mettre au lecteur dadapter une application spcifique de
lagroforesterie ses conditions locales, se servant de manire opti-
male des arbres qui se sont avrs utiles dans la zone, probablement
complts par certaines des arbres indiqus au Chapitre 4.
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Figure 2 : Interactions entre des arbres, des vgtaux, animaux etles tres humains
Pour finir lintroduction, la porte de lagroforesterie est brivement
considre par rapport aux autres disciplines de lagriculture et de la
foresterie portant sur les arbres. Pris dune perspective historique,
cest lpoque coloniale que de lintrt public est prt au dvelop-
pement des cultures arboricoles dans les zones tropiques. Cette poque
a commenc par les traverses du Portugal faisant le tour de lAfrique
en vue de fournir lEurope un accs direct pour les pices orientales,
notamment le poivre noir et le girofle (produits par une plante grim-
pante et un arbre respectivement). Peu de temps aprs, dautres cultu-
res darbres ont travers les ocans, pour linstallation dune produc-
tion grande chelle connue comme les cultures de plantation : caf,
th, cacao, cocotier, palmier dhuile, arbre caoutchouc, etc. Ces v-
gtaux constituent encore les cultures darbres sur lesquelles le plus de
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Troisimement, les disciplines conventionnelles ont abandonn une
vaste catgorie de plantes ligneuses dites auxiliaires. Ces plantes auxi-
liaires ne produisent pas de produit commercialisable ; elles jouent un
rle dappui dans les systmes agricoles, fournissant de lombre ou de
labri, servant de haie vive ou de tuteur vif (pour soutenir un treillis deplantes grimpantes), produisant du fourrage, etc. Le rle dappui dans
la ferme implique que nous sommes non seulement tenus de connatre
ces plantes elles-mmes, mais il faut que nous tudions la manire
dont les plantes ligneuses interagissent avec les cultures ou les ani-
maux dans la ferme auxquels elles fournissent de lombre, de labri,
de soutien, de la nourriture, etc. Cest cela la porte de
lagroforesterie.
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Avantages et restrictions des arbres 15
2 Avantages et restrictions desarbres
2.1 Impact favorable darbres
Quelles sont les qualits darbres que manquent les vgtaux an-
nuels? En tant que plantes prennes, des arbres couvrent le sol pendant
toute lanne et lui procurent une protection contre le soleil brlant,
les vents hauts et les fortes pluies. Mais non seulement le sol : les ar-
bres jettent de lombre sur lhomme et sur lanimal et sur des cultures
daccompagnement (notamment des plantes ombrophiles) et rduisent
le stress caus par des vents secs ou des temptes. A la suite de labricontre le vent et lombre pendant une partie de la journe, la culture
daccompagnement consomme moins de leau, un facteur important
pour permettre de bons rendements dans les rgions sches. Les arbres
eux-mmes consomment de leau quils transpirent en vue de refroidir
les feuilles ; cela permet de faire monter lhumidit et de baisser les
tempratures dans la journe (voir encadr 1).
En outre, du fait que lenracinement de plantes ligneuses est beaucoup
plus profond que celui des cultures annuelles, elles absorbent des nu-
triments de ces strates plus profondes et dposent la plus grande partie
sur la surface du sol lorsquelles perdent leurs feuilles. Ainsi, les nu-
triments tant lessivs de la couche arable sont recycls et rendus dis-
ponibles aux cultures annuelles : les arbres agissent comme des
pompes nutriments .
Enumrons les effets avantageux des arbres sur lenvironnement, y
compris des vgtaux et des animaux. Des arbres :
? amliorent le (micro) climat, en tant que brise-vent, modrant les
tempratures et augmentant lhumidit ;
? protgent le sol contre lrosion par le vent et leau, en mme temps
amliorant linfiltration de leau ;
? soutiennent des cultures daccompagnement et des animaux par leur
effet sur le climat et le sol, mais galement directement en procurant
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de lombre et de labri ou de la protection (cltures vives, haies vi-
ves) et agissant comme des pompes nutriments (voir figure 3) ;
diversifient le paysage et enrichissent lenvironnement : o est-ce que
les oiseaux pourraient nicher sans arbres ?
Figure 3 : Des arbres agissent comme des pompes nutriments
Toutes les plantes ligneuses prsentent un tel effet favorable sur leur
environnement, y compris sur des cultures associes et des animaux,
bien que naturellement limpact dun grand arbre soit plus grand que
dun arbuste. Des vgtaux ligneux auxiliaires sont cultivs essentiel-
lement pour ces effets positifs et/ou pour le fourrage ou bois de chauf-
fage quils produisent. Des arbres sont essentiellement cultivs cause
de leur produit commercialisable : par ex. fruits, pices, huile, stimu-
lants, bois doeuvre. Les effets positifs numrs ci-avant sont vala-
bles mais sont dimportance secondaire au cultivateur.
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Avantages et restrictions des arbres 17
Encadr 1: La vgtation influe sur lenvironnementToutes les plantes transpirent de leau pour viter le surchauffe au plein soleil.La transpiration refroidit les feuilles et celles-ci agissent comme un climati-seur, refroidissant lair environnant. Cest ainsi quune vgtation luxuriantepeut rduire la temprature dans la journe. Pendant la nuit, la terre rayonne
de la chaleur et refroidit, ainsi que lair environnant. Une vgtation dense agitcomme de lisolation ; le sol ne peut pas mettre librement sa chaleur et lestempratures baissent moins quau-dessus du sol nu.
Pendant la deuxime moiti du dernier sicle, Singapore sest dvelopp ra-pidement vers une grande mtropole. Pourtant, en mme temps on sefforaitde renforcer son image de ville jardin . Des arbres ont t cultivs engrande chelle en vue de planter des alles, des parcs et des lieux de vacan-ces. Ce qui est frappant est le fait qutant donn la chaleur produite par tousles climatiseurs dans les btiments nouveaux, par toutes les voitures qui en-
combrent les rues maintenant et par la hausse de lactivit industrielle, lestempratures maximums en ville ont baiss pendant cette priode. La baissea t contribue au reverdissement de la ville. Il est difficile de prouver unetelle revendication, mais il a t dmontr de manire convaincante que lesarbres tout au long des routes trs animes de Singapore rduisent la pollu-tion de lair et des barrires composes darbres tant plantes entre les zo-nes industrielles et rsidentielles ont diminu la pollution de lair avec prs de25%.
Un exemple plus extrme dune vgtation modrant des extrmes de la
temprature est fourni par Metahara Sugar Estate en Ethiopie. Roulant du ca-pital Addis Abeba vers Metahara, on descend au Great Afriquan Rift; cestcomme entrer dans un four. Pourtant, quittant la route principale vers Metaha-ra, loppression de la chaleur disparat pratiquement immdiatement et entrantdans la zone, 4 km plus loin sur la route daccs, on se sent bien rafrachit. Lequartier prend 5 m de leau par seconde du fleuve Awash en vue dirriguer6 000 ha de canne sucre et la plus grande partie de cette eau est transpireafin de refroidir la canne et lair !
Avant larrive de la canne sucre dans la rgion, des geles sy produi-
saient. Les relevs mtorologiques de la zone montrent que la tempraturemoyenne au mois de dcembre le mois ayant les nuits les plus froides amont jusqu prs de 12C. Laugmentation de la temprature minimum nestpas seulement attribuable au fait que la canne agit comme couverture contrela perte de la chaleur ; le sol humide (irrigu) ne refroidit pas non plus aussivite quun sol sec, du fait que la capacit thermique dun sol humide est beau-coup plus grande.
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Encadr 2: Arbres usages multiples
Dans les premires annes de lagroforesterie, lorsque les agronomes se sontraliss que certains vgtaux ligneux sont utiles plus dun gard, la culturede ces essences comme arbres usages multiples a t encourage. Un
exemple bien connu est fourni parLeucaena leucocephala : les petites bran-ches servent dengrais vert de haute qualit ou de fourrage, les parties li-gneuses servent de bois de chauffage et les tiges principales sont utilisescomme perches. Pourtant, comme discut dans ce chapitre, presque tout ar-bre ou arbuste peut servir usages multiples. De lautre ct, il est videntque toutes ses fonctions ne se combinent pas effectivement. Si un agriculteurcoupe rgulirement des branches dun arbre pour servir de fourrage, il nesattend pas ce que cet arbre produise beaucoup de fruits ou procure assezde lombre au btail ; en outre, sa croissance sera retarde si bien que fina-lement il produira moins de bois.
Il est important donc de traiter chaque arbre conformment au but principaldans lequel il est plant et daccepter quen consquence les autres avanta-ges soient rduits.
Figure 4 : Des arbres fournissent de lombre aux hommes et au btail
2.2 Restrictions darbres
Etant donnes tous ces avantages, pourquoi est-ce que nous avons
toujours besoin de promouvoir lutilisation darbres ? La rponse a
trait au temps et lespace. Des arbres prennent beaucoup de temps
atteindre la dimension dsire. Si une haie rsiste aux chvres au mo-
ment de sa plantation, il y aurait beaucoup plus de haies ! Et des arbres
atteindent une grande taille. Si des terres sont rares, comment
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convaincre les paysans dattribuer une bande de terre suffisamment
large pour planter un rideau-abri (qui prendra de nombreuses annes
avant de rduire sensiblement la vitesse de vent) ? Cette considration
implique aussi quil nous faut bien rflchir avant de couper des arbres
existants ; une fois disparus, il faut beaucoup de temps et deffort deles rcuprer.
Lautre restriction importante darbres est le fait quils risquent de
faire concurrence la culture daccompagnement. Un vgtal ombro-
phile comme le cacao convient plus facilement au systmes des cultu-
res mixtes composs darbres quun vgtal hliophile comme le mas.
Des arbres dEucalyptus consomment de grandes quantits de leau et
dans un climat sec, les racines stendent latralement presque aussiloin que mesure larbre en hauteur ; ce ne sont pas des caractristiques
idales pour des brise-vent ! En plus, dans cette situation, larbre
pompe ses nutriments surtout son propre profit.
Des arbres disperss dans les terrains arables interfrent avec
lexploitation (par ex. le labour) et aboutissent une densit ingale de
la culture : pauvre croissance en-dessous des arbres, croissance am-
liore vers la ligne des gouttes de la vote de larbre. Cest pourquoi
les agriculteurs prfrent planter des arbres en lisire dun champ (o
ils pourraient galement servir de dmarcation des limites du terrain
que possde lagriculteur).
Des arbres entrent en concurrence avec les cultures
daccompagnement soit des grandes cultures ou des pturages
pour la lumire, leau et les nutriments. Il nest pas ncessaire que la
lumire soit un facteur limitant si les arbres sont espacs et des arbres
ayant des votes de feuillage denses sont vits. Couper les arbres
pour produire du fourrage, de lengrais vert ou de matriau de rem-
plissage peut rduire encore plus lombre pendant la priode de vg-
tation (bien que les agriculteurs prfrent tailler pour produire du four-
rage pendant la saison sche au moment o dautres fourrages sont
rares).
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Encadr 3: Agroforesterie sur les sols puiss en Afrique
En grandes parties de lAfrique tropicale, la fertilit du sol et les rendementsdes cultures ont baiss, ces derniers 30 ans, du fait que la perte dlmentsnutritifs la suite du lessivage, de lrosion et de la rcolte na pas t com-
pense par des processus naturels et lapport de fumure. Ce phnomne aentran une baisse progressive de rendements par hectare ; les rendementsdu mas sur les parcelles des petits exploitants ont baiss prs de 1 tonnepar ha. Ajout la baisse de la dimension de la ferme la suite de la crois-sance dmographique rapide celle-l prsente une tendance alarmante.
Les rendements ont particulirement diminu par le manque dazote (N) et dephosphore (P). Les plantes lgumineuses sont capables de convertir Ncontenu dans lair en N contenu dans la plante laide des bactries vivantdans les racines. Cest pourquoi des lgumineuses sont prfres pour pro-
duire de lengrais vert et dans les cultures mixtes. Pourtant des cultures tellesque le haricot, le soya et larachide ont une priode de vgtation courte pen-dant laquelle elles peuvent fixer N, et la plus grande partie de N est enlevavec les gousses rcoltes, si bien que peu de N reste pour la culturedaccompagnement non lgumineuse. Les arbres lgumineux reprsententlavantage important quils fixent lazote pendant toute lanne. En outrelazote se lessive assez facilement et ce ne sont que les plantes racinesprofondes telles que des arbres qui sont en mesure de pomper lazote qui estlessiv hors datteinte des cultures annuelles. Cest pourquoi des arbres l-gumineux, si utiliss dans des systmes dagroforesterie, ont un tel effet b-
nfice sur les teneurs en azote dans la couche arable.
Le phosphore nest pas lessiv du sol ; il se perd surtout par lrosion (qui pol-lue leau lorsquil atteint des tangs ou des lacs) et par les produits rcolts.Mme si les rsidus et le fumier sont retourns au sol de manire efficace, ilsne contiennent que la moiti de la quantit de P qui a t enlev avec la cul-ture suivante. Donc, en dpit du controle parfait de lrosion et de llevage,une exploitation continue mne un manque de P dans le sol ; au bout duncertain nombre dannes, ceci a un effet plus important sur les rendementsdes cultures quun dficit dazote.
La seule faon daugmenter les teneurs en P dans les fermes est parlapplication dengrais. Sur la plupart des sols puiss, une seule forte appli-cation de 1-2 tonnes de phosphate brut par ha (min en diffrentes zones delAfrique) peut soutenir, associ aux niveaux amliors dazote, une multipli-cation de plusieurs fois des rendements, pendant 5-10 ans. Un autre effetbnfice est le fait que la fixation dazote par des lgumineuses soit beaucoupplus leve lorsque les niveaux de P seraient adquats.
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Avantages et restrictions des arbres 21
Ce qui est intressant, est quil a t trouv que certaines plantes extraientbeaucoup plus de P que dautres plantes. Tithonia diversifolia accumule deuxfois plus de P par kg de matire sche que des lgumineuses. Dans une ex-primentation ralise dans louest du Kenya, des mondes dune haie deTithonia diversifolia ont t incorpores dans une parcelle arable voisine dans
laquelle P a t complt par un apport de phosphate brut. Les rsultatsmontrent que le rendement lev la suite de lajout de P peut tre maintenupar une application de lengrais vert utilisant ses mondes.
(Source: Sanchez, P.A. et al., 1997)
La concurrence vis--vis de leau constitue le problme principal dans
les parties sches des zones tropicales, non seulement parce que les
pluies sont moins abondantes, mais galement du fait quelles sontplus irrgulires dune anne lautre. Ainsi, mme l o les pluies
moyennes pendant la saison humide suffisent pour permettre la culture
de sorgho, la chance est relle que la pluie dans une certaine anne ne
suffit pas. Dans ce cas, le rendement du sorgho sera encore plus rduit
si lhumidit du sol doit tre partage avec des arbres.
Un dficit de nutriments est courant ; la situation devient srieuse l
o une hausse de la pression de la population aboutit une exploita-tion plus ou moins continue des terres prsentant une basse fertilit
naturelle. Des plantes racines profondes, telles que les arbres agis-
sent comme des pompes nutriments. Pourtant, un arbre ne peut pui-
ser que ces nutriments quil trouve dans le sol. Dans des sols pauvres,
peu de nutriments sont transports vers la couche superficielle, parti-
culirement parce que les arbres eux-mmes ont tendance pousser
mal dans de tels sols. La seule exception, o des arbres ne puisent pas
seulement des nutriments mais font aussi augmenter la fertilit du sol,est fournie par la fixation dazote par des arbres lgumineux et quel-
ques autres arbres. Ceci est trs important parce quil y a presque tou-
jours un manque dazote pour une croissance vigoureuse des plantes.
(voir encadr 3 pour une brve explication des manques de nutriments
en Afrique tropicale et des mesures de redressement).
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Jusquici, lagroforesterie a surtout encourag des arbres croissance
rapide, du fait que ceux-l promettaient des rsultats rapides concer-
nant la taille de larbre ou des bons rendements exprims en engrais
vert ou en fourrage. Pourtant, en nombre de cas, les rsultats ont t
dcevants parce que des arbres croissance rapide se sont avrs desconcurrents vifs. Apparemment, ils nentrent en concurrence quavec
la culture daccompagnement pour lhumidit du sol, une croissance
rapide tant associe lenracinement extensif dans la couche arable.
Ainsi, des systmes agroforesteriers conus pour permettre aux arbres
de fournir des lments nutritifs la culture daccompagnement, tels
que la culture en couloirs (voir paragraphe 4.5) ne russira que lorsque
les pluies sont adquates, pendant la priode de vgtation. Si ce nest
pas le cas, les rendements des cultures seront rduits par la scheresse plutt que dtre augments par lamlioration de la disponibilit
dlments nutritifs ! Cest surtout pour cette raison, que la recherche
en matire de lagroforesterie visant lamlioration de la fertilit du
sol pour les cultures de plein champ change son attention des cultures
en couloirs vers lamlioration de la vgtation de la jachre (voir
paragraphe 4.6). En plantant des arbres croissance rapide pendant la
priode de jachre, la concurrence entre les arbres et les cultures de
plein champ est vite tout fait.
Dans des zones arides, des arbres aux racines profondes mritent
davoir plus dattention. Dans des rgions arides, les arbres se situent
surtout dans des dpressions, prs des lits fluviaux et dans dautres
sites o leurs racines sont permises datteindre la nappe phratique.
Des arbres qui se sont adapts de telles circonstances poussent len-
tement en gnral ; pendant les stades de semis et de jeune arbre, ils
survivent par un enracinement plus profond et une restriction de la
croissance arienne en vue de limiter la transpiration. Une fois les
racines puisent dans la nappe phratique le sommet de larbre peut
pousser plus vigoureusement. Les arbres prsentant un tel type de
croissance ne font pas fortement concurrence pour leau avec une
culture daccompagnement pluviale.
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Lorsquils sont introduits dans une autre rgion, certains arbustes se
sont avrs des concurrents si forts quils sont devenus des plantes
grimpantes, touffant lautre vgtation et le rendant extrmement
difficile de revendiquer la terre des fins de pturage ou des cultures
de plein champ. Ceci est arriv par exemple Prosopis juliflora dansle plateau Deccan en Inde; pour la mme raison, il est juridiquement
interdit de cultiver Lantana camara, un arbuste ornemental courant,
beaucoup plant comme haie vive aux les Salomon. Un autre exemple
bien connu dune relation dsavantageuse entre des arbres et des ani-
maux est fourni par le fait que le btail puisse tre tu par le broutage
des arbustes vnneux.
Cest pourquoi leffet bnfice darbres pour les culturesdaccompagnement et pour les animaux nest pas vident. De lautre
ct, une meilleure comprhension des relations mutuelles devrait
aboutir aux systmes des cultures mixtes plus russis encore. Au cha-
pitre 4, le rle des plantes ligneuses dans divers systmes agrofores-
tiers est discut en dtail. Mais il nous faut dabord considrer la ques-
tion de savoir pourquoi dans tant de rgions tropicales, des arbres per-
dent du terrain, en dpit de leurs effets bnfices, qui pourront tre
rsums comme suit :
Encadr 4: Dans le systme dexploitation, des plantes li-gneuses :
Protgent? lenvironnement *)? les cultures daccompagnement et/ou le btail
Produisent? de lengrais vert**), du fourrage, du bois de chauffage***), des piquets pour
utiliser dans la ferme ou pour le march local? des rcoltes des arbres de cultures : fruit, fibre, bois doeuvre, etc. pour la
consommation la maison ou la commercialisation________
*) lavantage principal dans lagriculture est la conservation du sol**) des vgtations de jachre amliores offrent la meilleure possibilit pour
entretenir la fertilit du sol***) le bois de chauffage constitue le produit principal darbres auxiliaires dans
les zones rurales
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2.3 Pourquoi est-ce que les arbresdisparaissent ?
Dans de nombreuses parties des zones tropicales, les arbres sont en
train de disparatre. En vue de renverser cette tendance, il est impor-tant de comprendre la cause de cette situation. Si nous ne comprenons
pas pourquoi des gens coupent les arbres, il sera impossible de les
convaincre de planter des arbres au lieu de les couper.
Traditionnellement, la population rurale se rend bien compte des effets
bnfices darbres et elle sait tout concernant les produits et les servi-
ces subsidiaires rendus par chaque essence. Ceci est vident du fait
que les autorits locales dcident de la proprit et de lutilisationdarbres. Ces rgles sont souvent trs compliques. Les gens font une
distinction entre des arbres poussant spontanment et des arbres tant
plants volontairement. Des arbres qui poussent spontanment des
arbres sauvages sont en gnral en possession collective, notam-
ment quand ils poussent sur un terrain non cultiv. Chaque type
darbre est connu par son nom et ses usages sont prouvs, dans cer-
tains buts en certaines saisons. Lutilisation destructive par ex. pour le
bois de chauffage est strictement rgularise et limite aux essencesdotes dun nom.
Des arbres plants sont gnralement la proprit du planteur et cette
personne pourrait tre autorise dutiliser larbre, mme si cet arbre ne
se trouve pas dans sa parcelle. Les gens croient que la profanation
darbres plants dans des cimetires contracteraient le courroux des
esprits des morts. Les arbres en dessous desquelles les vieux se ren-
contrent pour discuter des affaires du village sont tenus en haute es-
time et sils ne poussent pas bien, ceci est considr comme de mau-vais augure.
Beaucoup dinformation peut tre donne sur des coutumes tradition-
nelles qui dirigent la proprit et lutilisation des arbres, mais il est
claire que les gens ne coupent pas facilement les arbres. Donc si des
arbres disparaissent, il faut y avoir des raisons irrsistibles, telles que
le manque de terres ou la migration. Du fait de la croissance dmogra-
phique rapide les terres deviennent rares presque partout. Afin de
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nourrir plus de bouches, il faut augmenter les superficies sous des
cultures alimentaires et le terrain utilis pour le pturage ou la collecte
de bois de chauffage est renomm terrains incultes et est converti
en champs arables.
Figure 5 : Leucaena leucocephala
Souvent, les hautes terres ayant un climat plus agrable prsentent la
plus haute densit dmographique, ce qui force les gens migrer vers
des basses terres avoisinantes. Il faut que ces colons dveloppent
encore leurs habitudes/coutumes en ce qui concerne les arbres dans
leur environnement nouveau. Le plus probablement, ils se sont instal-
ls sur des parcelles qui taient dj utilises par la population pasto-rale ; dans ce cas, il est facile de simaginer que les arbres souffriront
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Agroforesterie26
par ces intrts conflictuels. Partout en Afrique et dans beaucoup
dautres parties du monde, les humains se dplacent, comme dans
lexemple ci-avant ou parce que le dsert qui spand leur chasse ou
parce quils esprent trouver une meilleure vie dans les villes. Le ca-
ractre de la population devient de plus en plus mixte donc, compre-nant des gens arborant diffrentes ides sur la faon de traiter des ar-
bres. Par consquent, il nexiste plus de consensus en ce qui concerne
les traditions et leur mise en application au village ; ce sont encore une
fois des arbres qui en souffrent.
Parfois, mmes des rglements de lEtat interdisent certains usages
dsirables darbres. Au Kenya par exemple, la politique mal-conseille
du gouvernement interdit aux agriculteurs de pratiquer les culturesintercalaires du caf et des bananiers. Tout juste lautre ct de la
frontire, en Tanzanie, cette association sest avre trs avantageuse.
Toute personne dsirant renforcer le rle des arbres devrait tout
dabord se familiariser avec les traditions relatives aux arbres et avec
les raisons pour lesquelles les arbres perdent du terrain, avant de pro-
poser des projets de plantation darbres.
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Agroforesterie dans le systme agricole 27
3 Agroforesterie dans le systmeagricole
3.1 Des arbres aux diffrents coins de la ferme
Pour mieux comprendre les applications pratiques de lagroforesterie,
il nous faut tudier le systme dexploitation. Il nest pas possible de
traiter de tous les systmes dexploitation, mais en grandes parties des
zones tropicales, le systme dexploitation comprend au fond les com-
posants principaux suivants :
1 exploitation avec un ou plusieurs btiments, une basse-cour et au
mieux un jardin de case,2 parcelles cultivables pour des cultures de base et des cultures com-
merciales et
3 vgtation naturelle : espaces communaux non-cultives, o les
animaux de la ferme de tout le village sont gards et du bois de
chauffage est collect ; si des espaces forestiers sont inclus, ils four-
nissent du bois duvre et une varit de sous-produits forestiers.
Pour assurer leur subsistance, les agriculteurs dpendent en grande
mesure des cultures de plein champ. Dhabitude, seulement quel-
ques cultures alimentaires et commerciales sont installes dans un
village, tous les agriculteurs cultivant les mmes vgtaux au mme
moment. Aprs la priode de vgtation, le btail est permis de
brouter le chaume. Bien que dans certains systmes dexploitation
les espaces cultivables soient parsems darbres disperss les
parcs arbors dcrits au paragraphe 4.4 les agriculteurs consi-
drent les arbres en gnral comme un ennui sur ces terrains du fait
quils entrent en conflit avec la pratique dune culture et entranent
une croissance irrgulire des vgtaux. Plus gnralement, des ar-
bres sont plants le long des limites des champs, o ils pourront
aussi servir de brise-vents (voir paragraphe 4.3). Sur du terrain en
pente, des barrires de haie vives plantes suivant les courbes de ni-
veau, diminuent normment leffet de lrosion et permettront la
formation de terrasses, la longue (voir paragraphe 4.2). Donc,
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Agroforesterie28
mme si le systme agricole principal dans la ferme, la culture de
plein champ, convient le moins aux associations avec des arbres, il
offre nanmoins des opportunits pour des formes distinctes
dagroforesterie.
Une basse-cour dans les zones tropicales nest pas complte
moins quelle comporte quelques arbres. Beaucoup de gens font
aussi un effort de planter quelques vgtaux de jardin prs de la
maison dhabitation. Dans le jardin de case, des fruits, des lgumes,
des fines herbes, des pices (aromates) (et plantes ornementales)
pourront tre cultivs en vue de supplmenter les aliments de base
et des produits animaux. Contrairement la culture de plein
champ, chaque famille cultive les cultures marachres quelle pr-fre et lobjectif est de produire des petites quantits dune varit
de produits, pendant toute lanne. Cest pourquoi il faut protger le
jardin contre les chvres et les coliers par une haie vive ou une cl-
ture. (voir paragraphe 4.1 ; la signification originelle du mot
jardin et hortis est clture !) Il faut apercevoir que tout ce
qui ne sachte pas au march avec largent gagn par des cultures
commerciales et la vente des produits animaux doit venir soit du
jardin de case soit des terres communales non-cultives auxquelles
les villageois ont accs. Le jardin de case peut constituer donc la
source de mdicaments, de fibres, de fourrage pour le btail, de
bambou, de bois de construction, de tuteurs vifs, etc.
Des arbres offrent au jardin leur caractre permanent ; ils procurent
aussi de lombre dans la basse-cour pour les activits de plein air de
la famille. Le jardin de case, trait au paragraphe 4.7, constitue donc
une forme dagroforesterie dans le vrai sens du mot, parce quil
sagit dun systme de cultures mixtes dans lequel le composant des
plantes ligneuses est important.
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Agroforesterie dans le systme agricole 29
Figure 6 : Arbres dans la basse-cour/le jardin de case
Au-del les champs cultivables se situent le terrain non-cultiv, qui est
souvent utilis surtout pour le pturage et la collecte de bois de chauf-
fage. Il peut sagir du marcage, du pturage, des broussailles ou des
forts. Dans la plupart des cas, il sagit des terres communales, cest
dire exploites collectivement par tous les villageois. Lexploitation pourrait tre contrle par le conseil du village ou par une agence
dtat, par exemple le Dpartement des Eaux et Forts. Une hausse de
la pression dmographique mne souvent une dtrioration rapide
par le dboisement, les demandes excessives de bois de chauffage ou
le surpturage ; dans des rgions qui prsentent des conditions de
croissance favorables pour des cultures de plein champ, les terres non-
cultives ont presque disparu.
Outre le bois de chauffage et le bois duvre, dautres produits arbori-coles trouvs dans ces espaces communaux comme des noix et des
fruits sauvages, du miel, de la gomme, de la rsine, des fibres, etc.
pourraient constituer des ressources importantes. Les possibilits de
lagroforesterie damliorer lassociation de llevage et des plantes
ligneuses sont grandes. Cependant, il est primordial davoir un
consensus entre les exploitants et lagence de contrle et ceci risque de
compliquer les interventions agroforestires.
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conditions de culture favorables permettent une densit de la popula-
tion leve et une petite taille de lexploitation.
Figure 7 : Climat, couverture darbre et systme de culture
Allant des zones tropicales humides en direction des rgions o il y a
une saison sche encore plus longue, culminant aux conditions semi-
arides, la vgtation naturelle change de la fort quatoriale pluviale
la fort saisonnire dans des zones de mousson et finalement aux sa-
vanes de plus en plus ouverts avec des arbres disperss et de
lherbage. Dans le systme dexploitation, ceci se reflte par une
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baisse de limportance du rle des vgtaux en faveur de llevage.
Dans des zones semi-arides, il faut que les exploitations soient vastes
du fait des rendements bas et des pturages extensifs sous des condi-
tions semi-arides dures. Ces zones ne supportent quune faible densit
de la population.
Figure 7 est beaucoup simplifie mais elle sert dmontrer que la
ncessit de renforcer le rle des arbres est maximale l o les condi-
tions naturelles pour larboriculture sont les moins favorables. Mais
mme dans les zones tropicales humides, o des arbres, dont une
grande varit de cultures darbre, poussent si bien, ils perdent du
terrain par rapport aux cultures annuelles. Si les cultures annuelles
dominent, la dgradation des terres sensuit trs vite par lrosion et lelessivage dlments nutritifs la suite des fortes pluies. Donc, des
zones tropiques humides jusquaux zones tropicales arides, le premier
rgle de lagroforesterie stipule : rflchir bien avant de couper un
arbre.
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Applications pratiques de lagroforesterie 33
4 Applications pratiques delagroforesterie
Remarques dintroduction
Au prsent chapitre, sept technologies agroforestires sont dcrites.
Les systmes se classifient comme :
? traditionnels (volus par lexprience acquise par des gnrations
dagriculteurs), tels que des jardins de case, des arbres du parc arbo-
r et des cltures vives,
? modernes (volus grce aux sciences agricoles), tels que des ri-
deaux-abri et des barrires de haies vives), ou? rcents (volus grce la recherche dans le domaine de
lagroforesterie): culture en couloirs et jachres amliores.
Ces systmes ont t choisis du fait quils reprsentent lagriculture
durable ; en outre, dans la plupart des cas les plantes ligneuses four-
nissent des sous-produits, en particulier du bois de chauffage et du
fourrage. Les technologies ont leur origine en gnral dans des pays
tropicaux. Les solutions agroforestires prsentes au prsent chapitre
concernent en grande partie les systmes de culture dans des condi-tions sub-humides aux conditions semi-arides, variant des climats de
mousson dans lequel la priode de vgtation est assez longue pour
permettre la plantation dune deuxime culture, aux conditions semi-
arides qui ne permettent que la pratique des cultures de plein champ
dont la priode de vgtation est courte et qui sont rsistantes la s-
cheresse, comme le sorgho et le mil.
Les technologies peuvent tre empruntes par des agriculteurs indivi-duels, mais la ralisation de rideaux-abri demande un effort commun,
du fait quils devraient tre assez longs pour tre effectif ; de mme,
des barrires de haies vives ne peuvent pas protger des champs se
situant sur des pentes pendant longtemps, tant que les champs avoisi-
nants soient laisss sans protection. Ce dernier effet sapplique plus en
gnral : si plusieurs agriculteurs dans un village plantent des arbres,
ceci a un effet cumulatif important sur lenvironnement. Cest pour-
quoi il convient en gnral de mobiliser les villageois pour des projets
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agroforestiers, en vue dassurer la participation dun grand nombre
dexploitants. Ci cela est le cas, il est galement plus facile dorganiser
lachat de semences et (si un accord peut tre conclu l-dessus) de
cultiver du matriel de plantation dans une seule ppinire, assurant
lapprovisionnement tous les participants. L o la dgradation desterres a dj entrav la capacit de charge des terres, entranant la pau-
vret, des solutions agroforesterires demandent un soutien externe.
Des gens qui luttent pour survivre ne sont pas en mesure de faire des
investissements long terme sans aide externe.
Les descriptions des technologies sont assez tentatives ; il ne sagit
pas de recommandations solides, sans parler de recettes prcises de
succs. Cest pourquoi les sept formes dagroforesterie discutes ci-dessous ne constituent pas le dernier mot dit sur lagroforesterie dans
les zones tropicales. En fait, le lecteur est fortement conseill dtudier
quelle est la technologie approprie pour sa situation spcifique et de
la modifier pour ladapter lenvironnement local. Ce processus
dadaptation est trs important : ne copiez pas prcipitamment les
exemples donns ci-dessous, mais prenez en considration dans quelle
mesure les conditions locales diffrent de la situation dans lexemple.
Sil faut copier une technologie, il faut que vous vous demandiez si
des arbres et des arbustes locaux conviennent cette technologie (pro-
bablement en les comparant aux arbres ou aux arbustes mentionns
dans lexemple) et utilisez-les. LAnnexe 1 donne certaines caractris-
tiques des arbres et des arbustes tant nomms dans les exemples ; si
certaines de ces espces semblent satisfaire vos exigences, vous
pouvez obtenir aux adresses nommes dans adresses utiles ,
dautres informations et- ventuellement- des semences ou des boutu-
res pour une plantation dessai.
Nombre de plantes auxiliaires nont pas de nom commun anglais ou
franais, ou bien les noms communs tant employs causent de la
confusion. Cest pourquoi des noms botaniques ont t employs dans
cet ouvrage pour toutes les plantes auxiliaires. Dans lAnnexe 1, les
noms communs en anglais, franais et espagnol- autant quils ont pu
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Applications pratiques de lagroforesterie 35
tre recueillis de diffrentes sources- sont donns ainsi que leurs noms
botaniques.
4.1 Cltures vivesDes cltures vives sont mises en place en vue de garder des animaux
de la ferme dans un espace clos (par exemple une case o les bovins
passent la nuit) ou en vue de protger un espace cultiv contre ces
animaux (par exemple un jardin de case). Il existe deux types de cltu-
res vives :
? piquets vifs servant de poteaux pour des cltures et unis par un treil-
lis de bambou fendu, du raphia ou par du fil barbel ;
? haies vives
Des cltures soutenues par des piquets vifs
Certaines plantes ligneuses peuvent tre multiplies par de trs gran-
des boutures ; si des poteaux ayant la dimension des poteaux de cltu-
res sont coups et plants, ils senracinent et donnent des feuilles. Dif-
frents types darbres corail (Erythrina spp.), par exemple, sont
plants comme piquets ayant une longueur de 2 mtres et une diamtre
de 5-10 cm. Une fois quils poussent, ils sont capables de porter du fil
barbel ou un treillis compos de matriaux locaux, comme le bambou
fendu. Pour faire une case bovins, les grands piquets pourront tre
implants si serrs quils constituent une palissade sans lajout
dautres matriaux ; dans les montagnes de lAfrique orientale, des
Commiphora spp. (par ex.. C. Afriquena) sont utilises ainsi.
Des piquets vifs sont aussi employs dautres fins, notamment pour
soutenir des plantes rampantes telle que le poivre noir, le btel, la va-
nille et les ignames. Les piquets darbres corail ainsi que de Glirici-
dia sepium sont utiliss ainsi. Les piquets peuvent aussi tre lis par
des barres transversales en bambou et du fil en vue de crer un treillis,
par exemple pour des courges serpent, de la chayotte ou des plantes
grimpantes ornementales dans le jardin de case. Dans le sud-est de
lAsie, on prfre Lannea coromandelica pour le treillage, du fait que
ce vgtal forme un poteau bien droit.
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Figure 8 : Clture vive: treillis soutenu par des arbres
Source: Dupriez & de Leener, 1993
Les proprits dsires dune espce qui est utilise comme piquet vif
sont :
? facile multiplier partir de grandes boutures ;
? capable de survivre llagage rgulire de branches nouvelles au
sommet ( ttage ) ;
? peu attirant aux termites.
Llagage permet de limiter lombre donn par les piquets. Cette op-
ration permet galement de limiter la consommation deau et aide les
arbres survivre pendant la saison sche. Les mondes de larbre
corail constituent un bon fourrage ou un bon engrais vert.
Des arbres corail appropris existent pour les basses terres ainsi que
pour les montagnes ; la plupart des essences sont adaptes une largegamme daltitudes, mais en gnral, les besoins en eau slvent
1000 mm par anne ou plus. Gliricidia pousse bien sous des condi-
tions similaires et les piquets sont beaucoup plus minces. Des Com-
miphora spp. sont adaptes aux conditions sches, certaines espces
mmes aux conditions arides. Elles nont pas de feuilles pendant prs
de 9 mois. De nombreuses Euphorbia spp. se multiplient facilement
par des piquets et elles peuvent tre utilises comme des piquets vifs
sous des conditions assez sches. Le pourghre, Jatropha curcas, est
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Applications pratiques de lagroforesterie 37
un arbuste vnneux, utilisable aussi comme clture vive sous condi-
tions de chaleur et de la scheresse.
Haies vives
On trouve une large gamme dehaies vives dans les zones tro-
picales. Dans certaines zones,
elles dominent limage villa-
geoise : o que lon aille, lon
marche toujours entre deux
haies, souvent constitues dun
mlange de plantes. Dans ces
villages, des cultures marach-res sont mlanges aux champs
et laccs ces parcelles est
interdit aux bovins pendant
toute lanne. De tels systmes
de culture ne sont possibles que
dans un climat plutt humide
ayant une saison sche res-
treinte. Bien quen gnral, les
haies vives aient une hauteur de
1-2 m seulement, elles fournis-
sent nanmoins une protection
contre le vent dans des situa-
tions ouvertes.
Les essences suivantes sont
toutes pineuses ou vnneuses et adaptes aux zones o la pluviosit
est mdiocre ou basse. La rgion o lessence est gnralement utili-
se est donne entre parenthses. Pithecellobium dulce (Amrique
centrale, Asie du Sud-Est) peut tre plant du niveau de la mer aux
lvations moyennes ; elle dispose dune vigueur moyenne et elle
nest pas trs pineuse (les gousses et les jeunes pousses sutilisent
comme fourrage !). Parkinsonia aculeata (Mexique, trs pandu) est
un arbuste pineux croissance rapide qui constitue une bonne haie-
Figure 9 : Haie qui rsiste aux
chvres faite de piquets vifs en
plantation serre (Source: Dupriez
& de Leener, 1993)
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barrire. Dichrostachys cinerea (Afrique) est utilis dans des systmes
agroforesteriers en Afrique et en Inde et galement comme haie pi-
neuse. Carissa carandas (Inde, Asie du Sud-Est) est un petit arbre pi-
neux qui produit des fruits comestibles. Dans les montagnes, Dovya-
lis caffra (Afrique du Sud, bien pandu) est un petit arbre fruitier so-lide aux pines longues. Il pousse lentement mais constitue une haie
excellente (trs courant aux plantations de caf en Afrique de lEst)
dans des zones o la pluviosit est 1000 mm ou plus. Caesalpinia de-
capetala (Asie) est un arbuste croissance rapide qui pousse en lon-
gueur et qui demande une taille rgulire lorsquil est utilis comme
haie vive ; lcorce fournit du tanin. Jatropha curcas (partout dans les
zones tropicales plus sches) est un arbuste vnneux croissance
rapide. Euphorbia tirucalli (Afrique, Sri Lanka) est connu par son nomanglais, milk-hedge, (nom franais : arbre de Saint Sbastian) pro-
duisant une sve vnneuse ; il pousse vite, mais plus lentement dans
des rgions semi-arides. Dans des rgions sches, dautres espces
dEuphorbia, des cactus, des agaves et des espces de yucca sont aussi
utilises pour constituer des haies vives.
Plantation et entretien
Lorsquune haie vive est seme ou plante, lagriculteur souhaite
quelle pousse vite, mais quand elle atteint la taille voulue une crois-
sance rapide implique quil faut couper la haie 3-4 fois chaque anne.
La taille des haies constitue beaucoup de travail et, on ne sait trop
comment, ce travail se fait au moment o dautres travaux sont aussi
abondants dans la ferme. Il est donc trs important de peser lavantage
unique dune installation rapide contre lavantage rcurrent dun en-
tretien facile ! Une haie croissance lente demande peu de travail de
taille pendant la premire une ou deux annes, except lcimage des
plantes pour induire la formation des feuilles aux pousses latrales, ce
qui fournit la haie une densit suffisante depuis le sol. Une taille
rgulire supprime la floraison ; ainsi, lorsque lon observe que les
haies de Carissa ou deDovyalisportent beaucoup de fruits, cela indi-
que que la taille a t inadquate !
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Il est toujours avantageux de bien prparer le sol avant de planter,
bchant une bande assez large (50 cm) et incorporant du fumier et si
possible- un peu dengrais de phosphate. Si le semis se fait sur place,
il se fait normalement en double ligne. Plantez ou semez temps tt
en saison de pluie et protgez les jeunes plants tant que possible, parexemple par une couche consistant en branches pineuses. Collectez
les graines pendant la priode de fructification et les conservez bien.
Sil faut cultiver des plants avant de les planter, prparez la ppinire
temps et assurez quil y a suffisamment de leau, soit-elle de leau
use, afin de cultiver les plants. Les travaux du sol et la plantation
ncessitent de lattention pour permettre une croissance rapide pen-
dant la premire anne, par un raccourcissement de la priode
dtablissement, mme au cas o une essence croissance lente seraitchoisie.
4.2 Des barrires de haies vives
Des barrires de haies vives sont des lignes darbres ou darbustes en
plantation dense le long des courbes de niveau du terrain en pente et
taills afin de constituer des haies vives. Elles sont aussi connues par
des haies vives suivant les courbes de niveau et elles sont plantes
en vue de rduire lrosion par le ruissellement de leau. En vitant la
perte des couches arables, les haies vives contribuent lentretien de
la fertilit du sol. Les barrires de haies vives fonctionnent de deux
manires.
? Premirement, la haie est une obstruction physique, mais perma-
ble, au ruissellement, freinant lcoulement de leau, si bien quelle
laisse tomber la plus grande partie des particules du sol.
? Deuximement, la couverture morte des sols forestiers et le systme
radiculaire extensif ont tendance amliorer la structure du sol prs
de la haie. Ceci aboutit une augmentation du taux dinfiltration de
leau de ruissellement prs de la haie et les particules du sol demeu-
rent.
Leffet gnral est que la base de la pente accumule non seulement
moins de sol, mais galement moins de leau quattendu.
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sieurs usages : des grandes haies peuvent tre coupes pour fournir du
bois de chauffage et des haies plus petites peuvent encore fournir du
fourrage en saison sche ou de lengrais vert pendant la priode de
vgtation.
Conception et amnagement
La lutte contre lrosion est considre comme effective quand moins
de 10 tonnes de sol par ha par anne sont perdues. (Sans mesures de
conservation les pertes slvent souvent 100-200 tonnes par ha par
anne). Pour arriver un tel control, il suffit de crer des haies vives
plantes suivant le courbe de niveau sur des pentes jusqu 20% ; sur
des pentes plus raides, les rsultats varient plus et sur des pentes de
60% ou plus, il ne faut pas cultiver du tout.
Des haies vives devraient tre plantes suivant des courbes de niveau
qui se situent 2 m ou moins lune en dessous de lautre, cest dire la
dnivellation ne doit pas dpasser les 2 m. Pour une pente de 20%, la
distance devrait tre de 10m environ. Ces chiffres ne sont bass que
sur des rgles gnrales. Lcartement actuel pourrait tre moindre, en
fonction de loccurrence daverses et de la mesure dans laquelle le sol
est rosif. Les agriculteurs naiment pas des haies vives serres, pour
des raisons videntes : perte de superficie cultive, accroissement de
travail dentretien des haies et une concurrence accrue entre les haies
et les cultures. Lcartement des haies vives peut varier normment
sur des pentes irrgulires, o les courbes de niveau ne sont pas paral-
lles. Par consquent, la largeur de la bande cultive varie, ce qui
complique les oprations du labour et de la plantation.
Les semences, les plants ou les boutures se plantent en ligne simple ou
en lignes doubles, 3 4 plantes par m. Ils sont permis de pousser li-
brement jusquils se sont bien installs. Ensuite, ils pourront tre tail-
ls en vue de rduire linterfrence avec la culture. La hauteur des
haies nest pas importante pour lutter contre lrosion, elles sont donc
tailles de manire drastique 30-50 cm. Les mondes peuvent tre
utilises pour renforcer la barrire, comme mulch ou engrais vert des-
tin la culture ou comme fourrage destin au btail. Les bandes de
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terre entre les haies sont laboures suivant le courbe de niveau. Si la
culture de plein champ est plante sur des billions, elle est aussi ali-
gne suivant les courbes de niveau.
Figure 11 : Haies vives menant la formation de terrassesSource: Agrodok 13: Collecter leau et conserver lhumidit du sol
Lrosion et - encore plus- le labour ou le sarclage dplacent le sol du
ct haut de la bande cultive vers la haie vive en bas. Dans deux ou
trois ans, ce dplacement de terre mne la formation de terrasses
ayant une claire descente en hauteur derrire la haie ; le rsultat final
aprs une longue priode consiste en terrasses horizontales spares
par des murs de terre (voir Figure 11). La perte de la couche arablejuste en-dessous de la haie et la dposition de cette terre au-dessus la
haie suivante mne aussi aux grandes diffrences en qualit du sol
travers chaque bande cultive et cet effet est clairement dmontr par
une densit plus leve de la culture au champ se situant au-dessus de
la haie relatif celle au-dessous du mur de terre. On peut remdier en
grande partie ce problme en appliquant la plupart de lengrais vert
juste au-dessous des murs de terre o il y a une faible croissance des
cultures.
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Choix despces
Si le seul objectif est de lutter contre lrosion, le choix des espces
nest pas critique. Des agriculteurs lont dmontr Mindanao, Phi-
lippines. Dans une zone montagneuse, devant faire face leffet d-
sastreux de lrosion (la moiti des champs sont installs sur des pen-tes de plus de 15% et la pluviosit annuelle est de 2200 mm), le
conseil leur avait t donn de planter des haies vives de Gliricidia
sepium en association avec de lherbe lphant (Pennisetum purpu-
reum). Constatant que lherbe lphant entrait normment en
concurrence avec Gliricidia ainsi quavec la culture de mas et que les
boutures de gliricidia soufraient sous leffet de termites, ils ont essay
une gamme dautres espces dherbes et darbustes. Finalement, ils
ont simplement marqu les lignes des courbes de niveau pour les bar-rires et les ont laisses de ct pendant le labour, ce qui a abouti aux
bandes couvertes de mauvaises herbes, larges de 0.5 m. La vgtation
naturelle compose par des herbes et des mauvaises herbes dans ces
bandes sest montre aussi efficace comme barrire que les haies vi-
ves ! Ce systme est reconnu maintenant comme systme distinct,
nomm bandes de vgtation naturelle (Stark et al, 2001).
Ce droulement des faits dmontre que des espces ligneuses sont
choisies cause de leurs bnfices auxiliaires et quil faut peser ceux-
l contre la perte de rendements cause par la concurrence avec la haie
vive et le labour requis pour tablir et entretenir les haies vives. Les
bandes de vgtation naturelle utilises par les agriculteurs Minda-
nao ne font pas concurrence au mas et ne demandent gure du labour
(juste une opration dabattis pour viter la formation des graines, afin
de limiter linfestation des bandes de terres cultives). Gliricidia a t
recommand pour lapplication comme engrais vert sur les bandes de
mas. Mais les agriculteurs prfrent restituer la fertilit du sol en ap-
pliquant plus dengrais ou ayant recours aux jachres amliores sur
les terrasses. Il est vident que le fait de minimaliser la demande de
labour constitue la principale considration dans leur situation.
Dans la plupart des systmes dexploitation, le fourrage constitue la
principale application auxiliaire de haies vives. Cest le cas dans la
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zone Machakos au Kenya (hauteur de 1600 m, pluviosit de 800 mm,
mais des sols trs variables, sensible lrosion). Les agriculteurs
crent des haies de Leucaena leucocephala, qui sont branches en
vue de fournir aux bovines leurs rations quotidiennes de fourrage. Des
essais fait sur Senna spectabilis ont dmontr que ce vgtal ne faitgure concurrence aux cultures de mas et de nib dans la zone
probablement surtout du fait quelles ne forment que des racines qui
stendent- et fournit un bon mulch. Mais les agriculteurs sont au cou-
rant du fait quun bon mulch entrane un fourrage pauvre et ainsi ils
continuent planter du leucaena.
Des espces ayant fait preuve de leur utilit dans dautres parties du
monde comprennent les lgumineuses Calliandra calothyrsus, Fle-mingia macrophylla etLeucaena diversifolia;Inga edulis est utilis au
Prou. En gnral, pour arriver une production leve de fourrage,
du mulch ou de lengrais vert, il faut des espces croissance rapide,
mais de telles espces consomment aussi beaucoup de leau et
dlments nutritifs et risquent dtre des concurrents acharns. Dans
des rgions plus sches, des espces croissance lente peuvent prsen-
ter un avantage long terme. Ces considrations suggrent que
lespce croissance rapide Senna spectabilis constitue une exception
en donnant si peu de signes de concurrence Machakos.
4.3 Brise-vents et rideaux-abri
Effets nuisibles de vents forts
Le vent prend de lhumidit du sol (par lvaporation) et des plantes et
des animaux (par la transpiration) ; au-dessus de la mer et des grandslacs, le vent prend tant de vapeur deau que lair devient humide,
aboutissant laccroissement de la pluviosit. Dans les parties plus
sches du monde, des pertes de lhumidit limitent le choix de cultures
et les rendements des cultures et dans une telle situation, des brise-
vents pourraient tre utiles ou ncessaires. Le linge mis scher
lextrieur sche plus vite si lair est plus sec et plus chaud et si le vent
souffle plus fort. Ces trois facteurs : de lair sec, de lair chaud et de
lair qui se dplace vite, accroissent nettement aussi la perte
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dhumidit par les plantes et le sol. Une bonne partie de la zone tropi-
cale souffre des vents chauds saisonniers, venant dune direction par-
ticulire, rendant utiles des brise-vents. Si de tels vents sont forts, ils
brlent la terre et des brise-vents deviennent essentiels pour russir
toute agriculture.
Le vent mme sil nest pas particulirement fort risque
dendommager physiquement les plantes des cultures susceptibles, par
exemple, il dchire les feuilles de certaines varits de bananiers. Des
vents plus forts peuvent causer les feuilles et les pousses dtre tires
des plantes. Dans des zones avec une vgtation pauvre o le vent
peut souffler librement, il peut chasser la couverture morte du sol et
les particules fines de sol (aboutissant aux temptes de poussire).Mme des particules lourdes, telles que des graines ou du sable pour-
ront tre souleves et chasses par le vent, donnant lieu aux dunes de
sable mouvantes.
Comment couper le vent ?
Un brise-vent se dfinie en gnral comme une range darbres ou
darbustes de grande taille plants perpendiculairement la direction
du vent dominant. Un rideau-abri est une bande darbres ou darbustes
plants en vue dabriter les communauts et leurs terres des vents vio-
lents. Des rideaux-abri se composent en gnral dau moins trois ran-
ges parallles darbres, darbustes et/ou dherbe.
Figure 12 : Des rideaux-abri pour protger les terres arables
Les arbres et arbustes utiliss sont des vgtaux feuilles persistantes
ou des espces dont les feuilles ne tombent pas toutes en saison duvent. Des herbes et dautres vgtaux sont plants parfois afin
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dviter que le vent chasse le sol en soufflant autour de la base des
arbres et des arbustes.
Les brise-vents sont plants et entretenus par les agriculteurs indivi-
duels. Si les alentours du village sont exposs au vent, les agriculteursdisposant du terrain face au vent doivent faire face une bataille in-
cessante en vue dinstaller et dentretenir leurs brise-vents, tandis que
la plus grande partie des bnfices reviennent aux agriculteurs ayant
leurs parcelles du ct sous le vent. Dans cette situation, il faut un
effort commun pour installer un rideau-abri sur la face du vent offrant
une certaine protection au village entier et qui rend plus efficace le
brise-vent qui se situe l derrire. Il faut conclure des accords prcis
sur le site exact du rideau-abri, la proprit et lutilisation des arbres etde la terre, lallocation du cot, des responsabilits et des bnfices.
Lorsque lon introduit des rideaux-abri, il importe dviter doffenser
les coutumes locales ou de bloquer des routes traditionnelles.
Parce que la bande de terre vise dun rideau-abri est 10-25 m de
large, les rideaux-abri peuvent contenir des grands arbres ; pour des
brise-vents, des arbres minces sont prfrs, bien que souvent de tels
arbres soient alterns par des arbres qui stendent plus et qui portent
des fruits, par exemple des anacardiers. Un rideau-abri doit tenir tte
la pleine force du vent, donc sa conception est plus critique que celle
du brise-vent, bien que les mme considrations sappliquent. Des
rideaux-abri et des brise-vents devraient tre permables. La direction
du vent ne devrait pas tre change comme au cas dun mur solide, il
faut briser sa force. Si le vent est compltement bloqu, les arbres en
prouvent plus de stress et il se peut mme que les arbres tombent. En
outre, derrire un obstacle imprenable, des courants dair descendants
annuleront la plupart davantages. La turbulence peut mme nuire aux
cultures (voir Figure 13).
Idalement, la permabilit des rideaux et des brise-vents devrait
augmenter avec la hauteur. Lair ne devrait certainement pas t cana-
lis au-dessous des votes de feuillage darbres, comme serait le cas
dune range simple darbres compose darbres ayant des tiges non-
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branches et longues. Dans un rideau-abri, les ranges darbustes se
situant sur la face du vent dtournent petit petit le vent en haut, si
bien quil ne tape pas plein les ranges darbres se situant dans le
rideau-abri ; les ranges darbustes assurent aussi une basse permabi-
lit au niveau du sol.
Figure 13 : Lorsque le rideau-abri bloque compltement le vent, de
la turbulence se produira derrire les arbres et endommagera lescultures.
Source: Rocheleau D. et al., 1988
Figure 14 : Le rideau-abri devrait permettre quelque vent de
passer en vue de reduire la turbulence. Il faut savoir quil y a aussi
de turbulence derrire un brise-vent permable, mais quelle reste
au-dessus des arbres. Plus bas, la vitesse de vent est beacoup
rduite et les cultures sont protges.
Le vent est dtourn au-dessus et le long des cts dun obstacle ; parconsquent, la vitesse de vent a tendance de redoubler le long des
deux extrmits du rideau. Cest pourquoi un seul rideau long est
beaucoup mieux que divers morceaux courts, laissant des vides ars
entre les deux par lesquelles le vent est canalis avec une force encore
plus importante. Pour la mme raison, il faut bien entretenir un rideau,
prtant de lattention spciale aux vides qui risquent de se dvelopper.
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Sur le ct protg des arbres, la vitesse du vent au niveau du sol est
considrablement rduite sur une distance galant 10 fois la hauteur
dune barrire permable. Sil existe plusieurs brise-vents du ct sous
le vent, la protection peut stendre 20 fois la hauteur des brise-
vents, du fait que lair stagnant en face du brise-vent suivant empchele courant principal du vent de tomber jusquau niveau du sol peu
prs. Des brise-vents rpts sur des intervalles bien choisis ont un
effet fortement cumulatif donc. Dans beaucoup de rgions, il est
dusage de planter des arbres en bordure des parcelles ; cette pratique
traditionnelle peut aider beaucoup rduire les dgts causs par le
vent.
Si des rideaux-abri se trouvent partout dans le monde et sous toutesconditions climatiques, les raisons dinstaller des rideaux-abri diffre-
ront dun endroit lautre. Ils peuvent tre utiliss en vue de protger
le btail et leurs pturages ainsi que leurs cultures de plein champ. Ils
sont installs galement afin de stabiliser les dunes de sable et afin
dviter que lrosion olienne continue son action, ce qui menace des
sols secs et des sols ayant un faible structure.
Dans les zones tempres du monde, il existe assez dinformations sur
les amliorations de rendement et de qualit la suite de la protection
des cultures contre le vent. Un brise-vent pour protger un verger par
exemple, permet aux abeilles de fconder les fleurs au printemps ;
sagissant de la fructification, le rideau mne surtout une amliora-
tion de la qualit des fruits (par exemple des fruits ne frottent pas
contre des branches). Malheureusement, de telle information manque
encore pour des cultures tropicales. De lautre ct, lamlioration de
la densit de la culture lorsque de la protection est fournie sur des en-
droits exposs est trs vidente. Les cultures profitent de la rduction
de la perte dhumidit par lvaporation et la transpiration. Ceci ne
permet pas seulement damliorer la croissance, mais aussi dtendre
la priode de vgtation, ce qui largit dans une certaine mesure le
choix des cultures. Par exemple, lexploitant aura la possibilit de
cultiver du mas au lieu du sorgho ou du mil. Le fait que moins de
poussire soit envoye dans lair ne profite pas seulement aux cultures
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mais aussi aux humains et au btail. Mais le point principal qui nest
pas surprenant pour tous ceux qui ont t tmoins de la dtrioration
de la terre expose aux vents forts est le fait que
lapprovisionnement dune protection permette de consolider la pro-
ductivit des terres.
Planter et entretenir
Le rideau-abri lui-mme ne devrait pas tre plus large que ncessaire.
Pour atteindre une densit et une vigueur suffisantes, il importe que
plusieurs ranges darbustes et darbres soient plantes. Pour la plu-
part des plantes ligneuses, lcartement est de 3-4 m entre les ranges
et de 1.5 3 m lintrieur de la range. Le fait dinclure des arbres
et/ou des arbustes croissance rapide aide assurer une protectionmutuelle aux plantes se situant dans le rideau, ce qui pourra tre trs
important pendant les premires annes. Des vgtaux croissance
rapide consomment en gnral plus de leau, probablement il convient
donc de prvoir un cartement en vue dun claircissage de ces esp-
ces ds que les arbustes et arbres croissance lente et plus robustes
arrivent maturit. Protger une bande longe et troite de plantes li-
gneuses contre le broutement danimaux nest pas facile raliser,
ainsi des espces peu apptissantes sont prfres. Un chemin devrait
parcourir un rideau-abri en diagonale si bien que le vent ny est pas
canalis travers.
Des rideaux-abri peuvent tre tablis par un semis direct. Il convient
quand-mme de planter des petits plants ou des boutures quand cest
possible, au moins dans le cas darbres plus hauts. Des rideaux-abri
doivent faire face la pleine force du vent. Cest pourquoi la vigueur
constitue la principale considration lorsquon choisit des espces :
chercher des espces qui rsistent la scheresse, aux racines profon-
des ayant des feuilles par prfrence du feuillage fin qui persistent
dans la saison caractrise par des vents violents.
Les exigences sont moins contraignantes sagissant de brise-vents. Il
faut que les arbres ne fassent pas trop concurrence aux cultures. En
gnral, des arbres minces prsentant une habitude de croissance ver-
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ticale sont prfrs. Les agriculteurs aiment souvent inclure des arbres
rapportant des produits utiles, tel que le jacquier ou lanacardier. Il ny
a pas de problme, mais des arbres fruitiers sont vulnrables et donc
pas trs aptes faire partie dun brise-vent. Si des arbres dun rideau-
abri sont en mesure de fournir une gamme de produits secondaires, lapriorit de la gestion devrait tre accorde leffort dentretenir les
arbres pour que le rideau-abri serve son objectif principal qui est de
fournir une protection contre le vent.
Figure 15 : Dtail dun rideau-abri; la flche montre la direction du
vent. (Source: Weber & Stoney, 1988)
Aprs plantation, des rideaux-abri et des brise-vents ont besoin dun
sarclage autour des jeunes arbres et une replantation. Dans les annes
suivantes, les espces croissance rapide dans les rideaux-abri pour-
ront avoir besoin dtre lagues et un certain branchement pourratre souhaitable afin de maintenir la vitalit des arbustes et denlever
des branches inclines des arbres. Certaines espces ragissent bien
lopration du taillis : si elles sont coupes prs du sol, plusieurs pous-
ses montantes paraissent qui poussent en poteaux, qui pourront tre
utiles dans la ferme lorsque les souches ont t soumises au traitement
de taillis encore une fois. Il se peut que les arbres constituant les brise-
vents aient besoin dtre tts afin de laisser vivre les branches inf-
rieures (autrement on observe la mme chose quau cas dune haie qui
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est permise de pousser toujours plus en hauteur ; sous peu, des vides
se dveloppent prs du niveau du sol).
Idalement, le rideau-abri et les brise-vents devraient produire des
produits secondaires qui paient lentretien. Cependant, ceci nest pos-sible que lorsque les conditions de culture en dehors de la saison
pendant laquelle le vent constitue le principal facteur dfavorable
sont favorables. Dans ce cas, beaucoup plus despces pourront tre
considres que celles mentionnes ci-aprs, qui sont destines surtout
aux conditions sches et chaudes pendant une grande partie de
lanne. Dans ces conditions dures, mme la production de bois de
chauffage et de poteaux sera assez mdiocre. Des brise-vents peuvent
fournir quelque fourrage lorsque dautres aliments sont rares.
Chois despces
Des espces croissance rapide ont lavantage de crer une barrire
effective le plus vite que possible. Des espces Casuarina, Azadi-
rachta indica, Leucaena et Senna et Prosopis juliflora sont souvent
plantes pour cette raison. Dautres espces sont Acacia auriculifor-
mis, Albizia procera, Erythrina variegata, Eucalyptus camaldulensis,
E. tereticornis, Moringa oleifera, Pongamia pinnata, Schinus molle,
Thespesia populnea, et Vigna vexillata.
En vue de stabiliser les sables mouvants au Sahara et aux zones envi-
ronnantes, les espces suivantes sont recommandes : Calligonum
sp., Tamarix sp., Salvadora persica, Capparis decidua, Leptadenia
pyrotechnica, Calotropis procera, Parkinsonia sp., Casuarina equise-
tifolia, Euphorbia balsamifera.
4.4 Parcs arbors (arbres disperss)
Des parcs arbors se caractrisent par des arbres disperss fort dve-
lopps se trouvant sur du terrain cultiv ou rcemment mis en jachre.
Ces parcs arbors se dveloppent lorsque lagriculture sur une parcelle
devient plus permanente. La vote darbres dans des parcs arbors est
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en moyenne de 5-10%, les variations tant causes par les attitudes
des agriculteurs envers la prsence darbres dans des champs cultivs.
Lorsque lintensit de la culture accroisse, il y a en gnral moins
darbres (par exemple, dans les champs de coton). Les parcs arbors
sont dvelopps au mieux prs des villages, du fait quils sont mieuxprotgs et grs l-bas.
Figure 16 : Parcs arbors, conten