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x P.09 DE LA SOLIDARITÉ PLEIN LE PANIER P.30 ANIM’SANTÉ, C’EST DE LA BALLE ! P.32 TOUS EN VACANCES 172 AGRICULTURE : LES OUTILS DU FUTUR Mensuel / Mars 2017 Trouvez d’autres articles et photos sur www.lebimsa.fr

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le magazine de la MSA / www.lebimsa.fr

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Le salon international de l’agriculture vient de fermer ses portes. Il s’est ouvert dans une ambiance étrangement calme, mâtinée de tristesse et de gravité. Tristesse liée à la disparition soudaine et brutale de Xavier Beulin qui fut une grande figure du monde agricole et l’exemple d’un parcours

professionnel et d’un engagement syndical exceptionnels pour tous ceux qui, comme moi, l’ont côtoyé durant de longues années. Gravité parce que

les chiffres communiqués par la MSA sur les revenus 2015 des exploitants agricoles, avec une moyenne annuelle inférieure à 10  000 euros et moins de 354 euros par mois pour 38 % d’entre eux, témoignent de l’ampleur des crises auxquelles a fait face l’agriculture française et auxquelles elle reste confrontée, puisque les premières données sur 2016 — avec notamment une chute de l’ordre de 10 % de l’assiette des cotisations — sont tout aussi inquiétantes.Le salon, qui a réuni près de 620 000 visiteurs, n’a pour autant rien perdu de son attractivité aux yeux du grand public et l’affluence constatée sur le stand de la MSA, que ce soit pour des informations ponctuelles portant notamment sur la retraite ou grâce aux nombreuses animations proposées par les caisses, a mis du baume au cœur des salariés et des élus mobilisés pour ce rendez-vous annuel. Il n’a pas non plus perdu son aura médiatique pour les personnalités politiques, dont l’empressement à parcourir les travées du salon en cette période élective n’a eu d’égal que les incertitudes et parfois le flou artistique qui subsistent dans leurs programmes sur l’avenir de l’agriculture et la place accordée à la ruralité dans la France de demain.Certes, le salon n’est pas le lieu le plus propice aux échanges de fond, mais il reste un moment privilégié pour établir un premier contact et attirer l’attention sur des préoccupations fortes. C’est ce que la MSA, par ma voix et celle du directeur général, s’est efforcée de faire tout au long des nombreuses rencontres qui ont ponctué cette semaine. À l’échelle de ses compétences et de ses responsabilités naturellement, mais aussi avec la conviction de son rôle et de sa place dans la protection sociale des professions agricoles et l’animation des territoires ruraux.

Pascal CormeryPrésident de la MSA

Établir un premier contact et attirer l’attention sur des préoccupations fortes.”

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Caisse centrale de la Mutualité sociale agricoleLes Mercuriales - 40, rue Jean-Jaurès - 93547 Bagnolet CedexTél. : 01 41 63 77 77 – www.msa.frLe Bimsa : dépôt légal à parutionCPPAP : 1021 M 05851 – ISSN : 1298-9401Directeur de la publication : Michel BraultComité d’orientation : Pascal Cormery ; Philippe Moinard ; Béatrice Barbeau ; Robert Caldayroux ; Didier Cuniac ;Régis Jacobé ; Dominique Marmier ; Éric Van Daele ; André RicardRédacteur en chef : Gildas BelletRédacteur en chef adjoint : Franck RozéRédacteurs : Ève Dusaussoy ; Jérémy Lemière ; Alexandre Roger Secrétaire de rédaction : Anne Pichot de la MarandaisMaquettistes : Stéphane Frit ; Delphine LevasseurConception : agence MeaningsAdministration et abonnements : Marie-Christine Feugueur Tél. : 01 41 63 73 31Imprimeur : Imaye Graphic 96, boulevard Henri-Becquerel - ZI des TouchesBP 2159 - 53021 Laval cedex 9Couverture : Tien Tran/Naïo TechnologiesÉdito : Franck Beloncle/CCMSA Image

Le Bimsa est imprimé sur du papier certifié PEFC-recyclé 100 %.

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ACTUALITÉS ……………………04-08Du nouveau dans les régions et dans notre environnement social et agricole.

TERRITOIRES …………………09-12De la solidarité plein le panier.

ENJEUX ……………………………13-14 À la rencontre des candidats.

DOSSIER ……………………15-23 AGRICULTURE : LES OUTILS DU FUTUR L’agriculture 2.0 est déjà une réalité dans de nombreuses fermes. Le salon international du machinisme agricole, qui s’est tenu à Villepinte du 26 février au 2 mars, a attiré 230 400 visiteurs sur le thème : « Être agriculteur dans 10 ans ».

FOCUS ………………………………24-25Près de 4 000 groupements d’employeurs agricoles en 2015.Affections de longue durée : la demande est simplifiée.

RENCONTRES ………………26-33 Jeunes et solidaires.Anim’santé, c’est de la balle !Tous en vacances.

EN IMAGES ……………………34-35L’agriculture aux salons.

Le dépistage du cancer colorectal. www.lebimsa.fr

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BRETAGNE /

Pour une nouvelle médecine anti-tiquesLes piqûres de tiques peuvent engendrer chez l’homme des pathologies dermatologiques, neurologiques et articulaires. Les MSA d’Armorique et Portes de Bretagne ont sensibilisé les visiteurs du salon de l’agriculture à la pré-vention et insisté sur la précocité du diagnostic.Sur le stand de la MSA, Catherine Bellut-Robinet et Michaël Bleybrunner, respectivement médecin- conseil et responsable du service prévention des risques professionnels, et Patrick Morvan, médecin coor-donnateur régional, recueillent des témoignages de personnes victimes de la maladie de Lyme. « L’agence nationale de santé publique évalue à 30 000 le nombre de cas par an.

Ce chiffre est probablement sous- estimé », remarque le Dr Morvan. Il ne faut pas hésiter à consulter son médecin traitant dès l’apparition des premiers symptômes : douleurs articulaires et musculaires, fièvre, fatigue, maux de tête, troubles neurologiques… « Un signe cli-nique ne trompe pas : l’érythème migrant. » La lésion cutanée, sem-blable d’abord à une piqûre de moustique, peut atteindre deux à dix centimètres en quelques jours. Il faut absolument consulter son médecin pour une antibiothérapie qui, à ce stade, permet de vaincre la maladie. Les difficultés rencon-trées pour poser, dans certains cas, un diagnostic, doivent nous amener à proposer des prises en

charge nouvelles dans le parcours de soins des patients. « La première consultation pluri-disciplinaire sur la maladie de Lyme se met en place au CHRU de Nancy, précise le Dr Morvan. L’équipe est composée d’un inter-niste, d’un rhumatologue, d’un infectiologue, d’un dermatologue, d’un psychiatre… » Cette initiative constitue une réponse à l’errance médicale dans laquelle se retrouvent les patients atteints de la maladie de Lyme ou pensant en souffrir. —

HÉRAULT /

UNE AGENCE MOBILEL’association de services à domicile, Présence Verte services, a inauguré sa nouvelle agence mobile à Béziers, le 21 février. Le véhicule, équipé en informatique, permet un accès aux logiciels « métier » et fonctionne comme une agence fixe. La MSA du Languedoc a participé à son financement. Grâce à lui, les Héraultais bénéficieront de plus de proximité et d'accessibilité à l'information sur les services à la personne : téléassistance, prévention des chutes, conseils pour vivre chez soi en toute sécurité… L’agence mobile sera présente sur les marchés du département, les foires, les salons et autres lieux publics. En tant qu’employeur de proximité, Présence Verte services accueille également les personnes en recherche d’emploi.

MIDI-PYRÉNÉES SUD /

CONVENTION POUR L'ACTION SOCIALELa MSA Midi-Pyrénées Sud a signé une convention avec ses partenaires (CAF, Conseil dépar-temental, Carsat, direction régio-nale des affaires culturelles, col-lectif fédéral des centres sociaux, union départementale des centres communaux d’action sociale et fédération départementale des foyers ruraux), pour une politique d’action sociale concertée et plus efficace. Souhaitée par le réseau d’élus MSA, elle s’exprime au tra-vers de trois principes : solidarité, responsabilité et promotion. Elle vise à répondre aux besoins et aux réalités concrètes du milieu rural.

387 000salariées agricoles en 2015.Plus d'informations sur notre site.

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NORD-PAS DE CALAIS /

Alcool, drogues et effets stupéfiants

MIDI-PYRÉNÉES SUD /

Un pour tous, tous pour un

Qu’est-ce qui a quatre bras et qui avance en vacillant d’un point à un autre ? Un participant à l’animation de la MSA Nord-Pas de Calais au salon de l’agriculture, bien sûr ! Sur le stand, trois ateliers attendent les visi-teurs. Le parcours fléché, composé de plots à contourner et d’objets à attraper, attire les curieux. Ils enfilent des lunettes de modification de la perception – une paire imite les effets de l’alcool, une autre les effets de la prise de stupé-fiants – et se lancent. Murielle titube et manque à trois reprises le lancer de cerceau : « C’est stupéfiant ! Je ne pensais pas que l’alcool et la drogue avaient de tels effets. Ça fait réfléchir. »La MSA Nord-Pas de Calais invite aussi les visi-teurs sur son « bar à doses ». Thierry Mouquet, chargé de mission vie mutualiste joue le barman. Il demande à ses « clients » de se servir un verre tel qu’ils le font chez eux, puis il leur sert la dose réglementaire de ce même alcool en bar. « Je leur fais prendre conscience qu’à la maison, la dose qu’ils se servent est bien souvent une double dose. » Avec Laetitia Rosseel, anima-trice de la vie mutualiste, on apprend qu’après

La MSA Midi-Pyrénées Sud a présenté, au salon de l’agriculture, le réseau Entour’âge. Dans le Gers, la structure permet de rompre l’isolement des seniors.Fil de lin, feuilles de maïs et papyrus. Jacqueline Bonneau monte de toutes pièces des personnages qui prendront place dans des contes pour enfants. « Ici, vous avez Tintin et Milou, là un D’Artagnan ». L’octogénaire accompagne Cathy Broca, travailleur social à la MSA Midi-Pyrénées Sud, et Patricia Rolando, référente d’Entour’âge, pour témoigner sur l’apport du réseau. Il existe depuis plus de trois ans, avec le dévelop-pement de la charte des solidarités avec les aînés sur la commune de Fleurance. Objectif : éviter les situations d’isolement chez les seniors, mais aussi créer du lien intergénérationnel. Il propose à des béné-voles d’accompagner des bénéficiaires pour effectuer des activités (marche, sorties patrimoine, etc.) et, parfois, retrouver le goût du quotidien. Pour les travailleurs sociaux, « c’est aussi valorisant pour le bénéficiaire que pour celui qui l’accompagne. On voit les gens se transformer. Ceux qui ne sortaient plus vont chez le coiffeur avant les réunions. C’est beau à voir ». Les participants, qui n’étaient qu’une poignée au départ, sont maintenant une centaine. À voir Jacqueline expliquer tout sourire la fabrication de ses petits personnages, on comprend pourquoi ! —

Contrôler les dates de péremption des aliments, voilà un premier réflexe à avoir pour manger des produits en toute sécurité et ne pas jeter. D’où l’importance de faire le distingo entre date limite de consomma-tion et date de durabilité minimale. Pour en savoir plus, la MSA Loire-Atlantique – Vendée et la CLCV de Vendée, association de défense des consommateurs et usagers, ont proposé une animation au salon de l’agriculture. Un moment ludique pour connaître les clés pour prévenir une intoxication, mais aussi éviter le gaspillage alimentaire. Information complète sur notre site : www.lebimsa.fr —

ALSACE /

PROMENONS-NOUS DANS LE WEB

C’est le nombre d’heures que les jeunes de 13 à 19 ans passent en moyenne par semaine sur Internet. Pour les inciter à une bonne utilisation d’Internet, la MSA d’Alsace a présenté au salon de l’agriculture une exposition pédagogique, ludique et interactive, « Promenons-nous dans le web ». Elle se donne trois objectifs : indiquer les pièges, responsabiliser les jeunes sur leurs pratiques et les inciter à utiliser le web de façon constructive et bienveillante. En trois ateliers, ils prennent conscience des conséquences morales, psychologiques, voire juridiques, de leurs actes sur le Net. Pour en savoir plus : www.lebimsa.fr

LOIRE-ATLANTIQUE – VENDÉE/

Des clés pour mieux consommer

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un verre de vin cuit pour l’apéritif et un verre de vin rouge au repas, une femme de petite corpulence a des chances de ne pas passer le contrôle d’alcoolémie, même s’il ne s’agit que de deux verres.Pour les organisateurs qui voulaient orienter l’animation sur les jeunes, l’objectif est atteint : toute la journée, des groupes d’adolescents attendent leur tour sur le stand, pressés d’enfiler les fameuses lunettes… —

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VOSGESTRAIL DES TERROIRSLE 26/03. Pour la 14e année consécutive, la chambre d'agriculture des Vosges, en partenariat avec la MSA Lorraine, organise le trail des terroirs vosgiens au Parc du Château, à Épinal. Nouveauté : un trail découverte solidaire de 8,5 kilomètres, dont la moitié du montant des inscriptions sera reversée à l'association pour le développement rural au Cambodge. En savoir plus : www.msalorraine.fr—PYRÉNÉES-ORIENTALESRENDEZ-VOUS FRUITS ET LÉGUMES DU 25 AU 27/04. Le salon professionnel dédié à la filière des fruits et légumes des pays du bassin méditerranéen se tiendra à Perpignan. Au programme : des centaines de stands d’exposants de toutes les filières, des débats, des conférences, des prévisions de récoltes animées par des experts de renommée internationale, etc. Plus d’infos : www.medfel.com—GIRONDESALON DE L’AGRICULTURE BISDU 20 AU 28/05. À la foire internationale de Bordeaux, le parc des expositions de la ville accueille la plus grande ferme de la Nouvelle-Aquitaine. Au programme : Aquitanima, le salon de l'élevage et de la génétique bovine ; Équitaine, une véritable plate-forme de rencontre pour le secteur équin ; La ferme, espace ludique et pédagogique qui permet aux petits comme aux grands de découvrir la réalité d’une exploitation agricole régionale. Gastronomie et vin ne seront pas oubliés. En savoir plus : www.salon-agriculture.fr—

ALPES DU NORD /

Champ, contrechamp

Deux jours avant la journée internationale de la femme, le ministère de l’Agriculture accueille quelques exploitantes, conjointes collaboratrices, salariées ou étudiantes issues du milieu agricole. Elles font partie d’un groupe d’échange du Sud Grésivaudan, en

Isère, et sont invitées au vernissage de l’exposition de photographies Double je, dont elles sont le sujet. L’œuvre reçoit les honneurs de la cimaise dans les locaux de la rue de Varenne pendant tout le mois de mars. Réalisé par Claude Fougeirol, ce travail est la concrétisation d’une réflexion menée au premier semestre 2015. Les portraits interrogent notamment la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. «De tout temps, les femmes ont largement contribué à l’activité agricole, rappelle Françoise Liebert, haute fonctionnaire en charge de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Elles le faisaient souvent de manière invisible et maintenant elles sont plus visibles, et elles nous font porter un regard différent sur ce métier. » La MSA Alpes du Nord, par le biais de Valérie Bellemin, assistante sociale, est l’un des partenaires qui contribuent efficacement à la diffusion de ce regard. —

administratives au moment de se lancer dans la transformation, le poids des normes ou encore la place du temps libre et les diffi-cultés pour partir en vacances. Pour cela, la troupe utilise le débat théâtral interactif. Le principe est le suivant : d’abord, la pièce est jouée par des comédiens. Puis, les spectateurs sont invités à réagir et à commenter les situations exposées. Enfin, la compagnie sol-licite les spectateurs pour rejouer les scènes ayant fait l’objet de discussions dans le but d’appor-

ter des pistes de solutions. Les sujets à traiter et les problèmes à soulever ont été choisis par un groupe de quinze délégués MSA. Les membres de la compagnie théâtrale ont créé les personnages, écrit les dialogues du spectacle et imaginé la mise en scène. « Cette pièce n’est pas une fin en soi. Ces thématiques seront traitées à titre collectif ou individuel à travers la politique de prévention portée par la MSA Auvergne sur les territoires », indique son direc-teur, Jean-Marie Passarieu. —

AUVERGNE /

Le théâtre pour rire et réfléchirMi-février, près de 300 spectateurs ont assisté, à Issoire, à la repré-sentation Les pieds sur terre qui traitait du monde agricole et de ses difficultés. Ils étaient invités par la MSA Auvergne, dont le président, Philippe Panel, est à l’initiative de cette action.La troupe “Entrées de jeu” aborde des problématiques comme l’orga-nisation du travail en couple, la difficile cohabitation des géné-rations quand une décision doit être prise pour l’avenir de l’ex-ploitation familiale, les embûches

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EN RÉGIONS

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VIE DE L’INSTITUTION

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PARTENARIAT FNAROPA/AVMALa fédération nationale des associations de retraités d’organismes professionnels agricoles et agroalimentaires (FNAROPA) et l’association de vacances de la mutualité agricole (AVMA) ont signé une convention de partenariat. Son but : identifier les attentes des Aropa en matière de loisirs-vacances en direction des membres adhérents aux clubs ; bâtir avec eux une offre de séjours thématiques et territoriaux répondant aux besoins exprimés ; coopérer à la mise en œuvre de séjours à dimension sociale et solidaire à destination des publics fragiles.

MSA.FR, PREMIER SITE AGRICOLE

DÉCLARATION DE RESSOURCES EN LIGNEPour bénéficier du RSA, de la prime d'activité ou de l’AAH, les adhérents doivent établir une déclaration trimestrielle de ressources. Celle-ci permet à la MSA d’actualiser et d’ajuster leurs droits en fonction de leur situation. Cette déclaration peut être réalisée par l’adhérent sur le site Internet de sa MSA, rubrique “Mon espace privé”. Les personnes se rendant dans les accueils des agences peuvent, si besoin, bénéficier d’un accompagnement spécifique, afin de se familiariser avec ces services en ligne. En 2016, d’après le

baromètre BVA Tic Agri, le site Internet de la MSA est le premier en fréquentation parmi les 24 sites agricoles publics et parapublics en ligne les plus importants (plus de 100 000 visites mensuelles). Avec 1 379 167 visites en moyenne par mois l’an dernier, le site de la MSA se classe en tête, devant ceux de Pleinchamp (le Crédit agricole) avec 1 250 000

visites mensuelles, de l’Institut national de la recherche agronomique (1 235 000 visites), d’Agriaffaires (1 090 833) et d’Agriculture.gouv (780 667).Par rapport à 2015, la progression de la fréquentation du site de la MSA se situe à + 313 000 visites mensuelles, en deuxième position derrière celui de l’Inra (+ 490 000 visites par mois),

mais devant ceux de Lamétéoagricole (+ 168 000) et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (+ 154 000).

La MSA a été désignée par l’État pour réaliser le portail numérique des droits sociaux (PNDS). La première version de ce portail est accessible depuis le 23 mars sous le nom de “mesdroitssociaux.gouv.fr” Dispositif issu de la loi travail du 8 août 2016, ce portail poursuit un double objec-tif : simplifier l’accès aux prestations sociales et lutter contre le non-recours aux droits sociaux.La première version du portail per-met aux assurés sociaux connectés d’accéder à des informations et de visualiser leurs droits aux prestations sociales dans différents domaines et ce, sous la forme de six bulles retraçant les thèmes de la santé, de la retraite, de la famille, du logement, de l’emploi et de la solidarité. Il offre à tous les assurés sociaux la possibilité de consulter leurs droits aux prestations sociales, de recevoir de la part des organismes qui les gèrent des informations sur leurs droits, de simuler les prestations auxquelles ils sont susceptibles d’avoir droit et aussi d’engager des démarches auprès des organismes assurant la gestion de leurs prestations sociales.Le PNDS constitue par ailleurs un point d’entrée centralisé aux plates-formes de service des organismes

sociaux, puisqu’il est accessible par le dispositif de connexion France Connect. Ce système propose aux particuliers un mécanisme d’identification reconnu par tous les services publics numériques disponibles en France. Ainsi, pour accéder aux services en ligne du PNDS, l’adhérent MSA utilise son identifiant fiscal (numéro DGFIP) porté sur sa feuille d’impôt.Pour mener à bien ce projet piloté stratégiquement par la direction de

la sécurité sociale, la MSA a pour mission de piloter opérationnelle-ment le projet dans sa globalité, de développer le PNDS, d’en assurer l’exploitation et également d’en assu-rer l’assistance technique, via une hotline dont la gestion est confiée à la MSA Gironde. Des versions enrichies du PNDS seront progressivement livrées : elles permettront d’offrir davantage de services à un public de plus en plus large. —

101 520retraités ont validé plus de 150 trimestres au régime des salariés agricoles à la fin juin 2016.

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Générations mouvement se met à l’e-santé

SÉCURITÉ SANITAIREPour renforcer la vigilance en matière de sécurité sanitaire et simplifier les démarches de signalement, le ministère des Affaires sociales et de la Santé, a ouvert mi-mars le portail signalement-sante.gouv.fr Prévu par la loi de modernisation de notre système de santé, ce site permet aux professionnels et aux usagers de signaler en quelques clics aux autorités sanitaires tout événement indésirable ou tout effet inhabituel ayant un impact négatif sur la santé. Les renseignements fournis sont traités dans le respect de la confidentialité des données à caractère personnel, ainsi que dans celui du secret médical et professionnel. « En facilitant les déclarations en ligne, ce portail contribue à l’amélioration de la qualité et de la sécurité du système de santé français », a déclaré Marisol Touraine.

Salariés et aidants  : comment gérer ? C’est pour les épauler qu’un kit a été mis en ligne en janvier par l’association française des aidants. La vocation de ce site est de

faciliter l’accès aux informations et aux services existants pour les salariés en situation d’aidants et, plus largement, pour tous. Conçu selon les pro-blématiques de leur quotidien, il vise à répondre à toutes les grandes questions auxquelles ils sont confrontés. Où trouver du soutien ? Quelles solu-tions de répit existent ? Quels gestes et postures adopter pour ne pas se blesser ? Organisé sous forme de parcours, le site offre à l’internaute la possibilité de se rendre dans différents lieux de vie  : en maison de retraite, au domicile de la personne aidée, en entreprise. Il y trouve de nombreuses informations sous forme de vidéos et de témoignages d’aidants. Côté entreprises, ce kit peut servir à animer des réunions et à diffuser des informations auprès de leurs collaborateurs. Y sont présentées des actions innovantes menées par ces dernières pour leurs salariés aidants. Pour le découvrir : http://lekitdesaidants.fr —

Kit des aidants

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Des trophées anti-gaspi

Le Groupe Agrica organise la 3e édition de ses trophées de lutte contre le gas-pillage alimentaire en France métro-politaine. Entrepri-

ses, associations, collectivités… sont invitées à déposer leur dossier de candidature avant le 10 avril. Ces trophées ont pour objectifs de repérer et de mettre à l’honneur les projets innovants, d’offrir aux acteurs engagés contre le gaspillage alimentaire un outil de promotion de leurs initia-tives, de participer à la diffusion des savoir-faire et des bonnes pratiques, et de soutenir financiè-rement le développement de projets innovants. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 28 novembre. Les lauréats recevront une dotation financière de 2 500 euros. Elle sera portée à 5 000 euros pour le grand prix du jury. Les dossiers de candidature sont à télécharger sur : www.groupagrica.com et à envoyer à l’adresse suivante : [email protected]

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G é n é r a t i o n s mouvement, pre-mier réseau asso-ciatif de seniors en France, et la start-up Dynseo, spécialiste des a pp l i c a t i o n s santé et bien-être, s’associent pour lutter contre les troubles cognitifs et les problèmes de mémoire des personnes âgées. La société Dynseo développe une plate-forme de services et d’applications pour tablette numérique, afin de stimuler la mémoire, prévenir les troubles cognitifs — comme la maladie d’Alzheimer — et améliorer l’attention et la concentration. Parmi ses créations, Stim’Art est le premier programme qui propose des jeux de mémoire et d’entraînement cérébral, ludiques et culturels, adaptés aux capacités cognitives de l’utilisateur. Lié à une plate-forme web de suivi, il offre une prise en charge personnalisée. Commercialisé sur toutes tablettes, il peut s’utiliser à domicile ou servir de support pour des animations et des ateliers mémoire en maison de retraite, Ehpad, hôpital… Les adhérents de Générations mouvement pourront tester, en avant-première, Stim’Art, faire des retours d’expérience et proposer des améliora-tions. Les deux structures collaboreront ainsi dans la création de nouveaux outils numériques pour lutter contre le déclin cognitif des personnes âgées. —

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DE LA S LIDARITÉ PLEIN LE panier

Dans le cadre de l’opération nationale « 30 000 paniers solidaires », la MSA s’associe aux Jardins de Cocagne pour permettre aux personnes qui perçoivent de faibles ressources de bénéficier de légumes bio à moindre coût.

Dans le Gers, la MSA Midi-Pyrénées Sud prolonge son partenariat en proposant des ateliers nutrition.

Sous l’une des serres, Bernadette compte méticuleusement les graines de persil géant d’Italie, avant de les répartir dans les mottes. Sous une autre, trois

jardiniers accroupis récoltent la mâche, couteau en main. Un peu plus loin, dans les champs en contrebas, une petite troupe s’affaire à la récolte des feuilles d’épinards. Pendant ce temps-là, les abeilles bourdonnent entre les baies de Goji et les poivriers du Sichuan.

Des légumes bioLeurs ruches écologiques surplombent les eaux de la Save, face au verger-maraîcher planté en agroforesterie. Ici Castillon-Savès, dans le Gers, à une petite cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Toulouse; ici « Terra ferma », l’un des 108 jardins du réseau national des Jardins de Cocagne ; ici sur la terre ferme, un havre de verdure

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dédié au maraîchage bio et à l’insertion par l’activité économique. Ce petit paradis est certifié par Ecocert. Il s’étend sur huit hectares, dont trois en maraîchage. En tant que participant de l’opération nationale des paniers solidaires lancé par le réseau Cocagne, il permet non seulement à des familles à faibles revenus de bénéficier régulièrement d’un assor-timent local de légumes bio à moindre prix — en moyenne trois euros au lieu de dix — mais il accompagne également cette action par des ateliers nutrition. Depuis le lancement du programme en 2010, plus de 3 500 familles françaises aux revenus modestes ont ainsi acheté près de 125 000 paniers solidaires. « En 2016, sur nos 200 adhérents, dix pouvaient prétendre bénéficier de cette aide : elle a été attribuée aux salariés du jardin », indique Philémon Daubard, président de « Terra ferma ».

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TERRITOIRES

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La création du jardin « Terra ferma » s’est faite à Castillon-Savès, dans le cadre du pack bio départemental, facilitant l’accès au foncier pour les agriculteurs désirant s’installer en dehors du cadre familial en maraîchage ou en arboriculture, en partenariat avec la Safer.

Actuellement, 18 salariés en insertion de 18 à 58 ans travaillent sur l’exploitation bio de huit hectares comprenant 3 000 mètres carrés sous serre, 200 mètres carrés de pépinières et autant en salle de lavage de légumes et de préparation des paniers.

Dans le Gers, ce programme est soutenu par la MSA Midi-Pyrénées Sud. Le petit panier à dix euros, par exemple, reçoit quatre euros d’aide sur des fonds du réseau Cocagne et autant de la part de la MSA. Reste deux euros à payer pour le bénéficiaire. Des conventions de partenariat entre les Jardins de Cocagne et les caisses de MSA fixent les engagements.

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Avec Isabelle Tinchon, la directrice, nous avons créé ce jardin en septembre 2012. L’activité a débuté en août 2013. Nous accueillons 18 salariés en contrat à durée déterminée d’insertion, de quatre à vingt-quatre mois. Nous sommes en tout cinq permanents, avec Florence Royère, conseillère en insertion professionnelle, Sophie Dupèbe, animatrice du réseau d’adhérents, et Ghislaine Wolszczak, encadrante technique du

Les prises en charge financières peuvent également porter sur le coût de la première adhésion, tout en maintenant un montant minimum d’un euro. Le prix du panier soli-daire doit être compris entre 10 et 30 % de son prix de vente, sans jamais excéder quatre euros. Par ailleurs, les MSA sont invi-tées à proposer, au-delà des actions visant

à faciliter l’accès au bien-être alimentaire dans le cadre de l’opération nationale, des actions collectives : ateliers de conseils en diététique, ateliers d’échanges de savoirs culinaires, sessions « Parcours confiance », actions de prévention santé, etc.« J’accompagne le jardin “Terra ferma” depuis le début de son activité en juillet 2013, confie

IL A DIT...Philémon Daubard,

président de « Terra ferma »

jardin. Les postulants sont envoyés par Pôle emploi, la Mission locale, le conseil départemental et Cap emploi. Nous veillons à garantir une mixité entre les hommes et les femmes, les âges (de 18 à 58 ans actuellement), les parcours, les problématiques… Mais le candidat doit répondre à deux critères : être volontaire et s’engager dans un projet professionnel. Nous ne sommes pas une agence d’intérim. En 2016, 63 % des salariés sortants ont poursuivi leur parcours vers une formation qualifiante ou un emploi. —

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J’essaie de rencontrer les salariés au moins une fois tous les quinze jours, mais ils savent qu’ils peuvent venir me voir dès qu’ils en ont besoin. Nous faisons régulièrement le point sur les difficultés rencontrées au quotidien en lien avec le logement, les moyens de locomotion, le handicap, la langue, etc. Je les accompagne et les oriente vers les structures adéquates. Je peux également les adresser aux assistantes sociales de la MSA Midi-Pyrénées Sud,

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TÉMOIGNAGEFlorence Royère,

conseillère en insertion professionnelle

Aurélie Noail et Caroline Mesthé, ou à l’agent MSA référent sur notre secteur, Stéphane Meau, pour les démarches administratives. Comme le rappelle Philémon Daubard, nous sommes un tremplin dans leur parcours. Les salariés recrutés ne se destinent pas au maraîchage. D’ailleurs, nous n’exigeons pas d’expérience en la matière. Ils travaillent 26 heures par semaine, ce qui leur laisse du temps pour se consacrer à leur projet professionnel. Pendant la durée de leur contrat au Jardin de Cocagne, ils effectuent un ou plusieurs stages en ce sens. —

Marjorie Ortega, assistante sociale à la MSA Midi-Pyrénées Sud. Tous ses salariés sont affiliés au régime agricole. Nous avons toujours mis en place des actions dans le cadre de notre partenariat, notamment des sessions pour pré-senter la MSA, son service social, les droits et les devoirs en matière de protection sociale. Elles se déroulent sur une demi-journée et s’adressent

à l’équipe encadrante et dès que de nouveaux jardiniers sont embauchés. » La MSA a saisi l’opportunité de l’opération nationale des paniers solidaires pour proposer, en outre, des ateliers nutrition « Alimentation et petits budgets », animés par l’association de santé, d’éducation et de prévention sur les territoires Midi-Pyrénées Sud (Asept MPS). En présence

d’une diététicienne, ces huit séances se sont tenues entre octobre et décembre 2016. Elles ont permis aux bénéficiaires des paniers solidaires de préparer un repas complet de saison, de s’organiser pour mieux gérer leurs dépenses, de découvrir certains légumes ou de décrypter les étiquettes alimentaires.« Désormais, je cuisine l’aubergine et la

De gauche à droite : Marjorie Ortega, Philémon Daubard et Florence Royère.

Les travaux des champs sont physiques, certes, mais ils réclament aussi de la minutie : deux jardinières comptent les graines de persil géant d’Italie, parfois à l’aide d’une pince à épiler, afin de placer dans les mottes de terre le juste nombre.

La récolte de la mâche se fait sous serre. L’été, c’est l’étuve : les jardiniers travaillent de 7 h à 13 h et adaptent leur emploi du temps en conséquence. Par ailleurs, la traction animale asinienne devrait bientôt être introduite sur l’exploitation.

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courgette, déclare, satisfait, Christian, salarié du Jardin de Cocagne gersois. Je réussis particulièrement la végétarienne au curry. Je suis content de retrouver la qualité des légumes que je mangeais il y a trente ans. » Parmi les objectifs médico-sociaux de l’opération des paniers solidaires, il faut citer la prévention des carences ali-mentaires. Mais le renforcement des liens sociaux est également visé. « Les partici-pants des ateliers nutrition partageaient leurs repas et déjeunaient avec les enca-drants une fois par mois, précise Marjorie Ortega. L’idée, pour 2017, serait de proposer à quelques participants de l’année dernière de transmettre à leur tour leurs savoirs à de nouveaux adhérents, avec l’appui de l’Asept MPS.  » L’assistante sociale envisage de cibler particulièrement les femmes bénéfi-ciaires de minimas sociaux dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres autour du jardin. Regardons bien dans le panier, il y a encore de la place pour la solidarité. — Franck Rozé

TÉMOIGNAGESBernadette et Christian,

bénéficiaires de paniers solidaires et jardiniers

Quand Bernadette, qui a longtemps travaillé dans le milieu hospitalier, visionne le film sur le Jardin de Cocagne projeté dans une salle de Pôle emploi, elle est tout de suite attirée par « l’été, les oiseaux et les abeilles » : la vie en plein air, quoi ! Passée cette vision bucolique, elle se retrouve confrontée à la réalité : « C’était très dur au début, mais j’ai résisté. Sincèrement, je ne pensais pas tenir. » Christian, lui, a connu plusieurs métiers. Fils d’agriculteurs, détenteur d’un certificat d’aptitude

professionnel agricole, il est tour à tour maçon, électronicien et chauffeur routier international. « Je ne pourrais pas travailler à l’usine, concède-t-il, l’œil malicieux. Ici, on ne fait jamais la même chose, ça me plaît : aujourd’hui, j’ai livré la Biocoop de L’Isle-Jourdain, puis j’ai ramassé et nettoyé les aillets, et j’ai continué avec les épinards. » Pour tous les deux, les ateliers nutrition ont été un bon moment. « Ça m’a permis de cuisiner différemment les légumes », explique Bernadette. Le fameux gâteau au chocolat et à la courgette aura notamment bien marqué les esprits.

JE SUIS CONTENT

DE RETROUVER LA QUALITÉ DES LÉGUMES QUE JE MANGEAIS IL Y A TRENTE ANS.

Ce matin, Sophie Dupèbe officie au pliage de la « feuille de chou » agrafée sur chaque panier : elle en précise notamment son contenu et propose des recettes.

En plus des légumes bio cultivés sur place, le Jardin de Cocagne travaille aussi avec des producteurs locaux pour proposer des pommes, des figues, des kiwis…

Les paniers sont distribués les mardis et vendredis au jardin ou dans des points de dépôt. Le marché du vendredi est prisé par les adhérents.

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À LA RENCONTRE DES CANDIDATS

En cette période précédant les prochaines élections présidentielle et législatives, les questions de protection sociale — assurance maladie, accès aux soins, revenu de solidarité, retraite… — font l’objet de positions radicalement différentes et de nombreux débats.Dans un moment particulièrement sombre pour l’agriculture et mouvementé pour le modèle social français, la MSA entend participer aux réflexions et soumettre ses demandes aux candidats. C’est pourquoi elle a construit un argumentaire, que ses dirigeants ont, dans un premier temps, remis à l’occasion du salon de l’agriculture aux représentants politiques et aux équipes de campagne qu’ils ont rencontrés. Un document, en quatre points, qui expose ses propositions concrètes pour le régime agricole.Il rappelle l’ancrage professionnel de la MSA, unique dans le paysage de la protection sociale français, et sa forte implication dans le milieu rural, avec des équipes de terrain (conseillers, travailleurs sociaux, médecins, conseillers en prévention) mettant en œuvre des dispositifs d’accompagnement

La MSA veut faire entendre sa voix dans le cadre des prochaines échéances électorales – présidentielle et législatives. Dans cette optique, elle a rédigé un document destiné à interpeller l’ensemble des formations politiques

et leurs candidats sur la protection sociale agricole et leur faire connaître ses demandes. Passage en revue.

humain et une ingénierie sociale de proximité innovante, dont la pertinence est reconnue par les pouvoirs publics.

Un positionnement à conforterInterlocuteur unique de ses ressortissants, la MSA défend les intérêts des populations agricoles et rurales sur l’ensemble des domaines de la protection sociale. Mais elle veut que son positionnement soit conforté, face à l’évolution des activités liées à l’agriculture et des modes d’organisation déployés. Pour que son périmètre d’attractivité soit renforcé, elle demande dans l’immédiat :• l’affiliation au régime agricole des activités dans le prolongement de l’acte de production et d’agro-tourisme dirigées par un membre de la famille de l’exploitant — il en est ainsi lorsque ces activités sont exercées par l’exploitant lui-même ;

• le rattachement des activités de production d’énergie renouvelable (éolien, photovoltaïque, méthanisation), dès lors qu’elles ont pour support une exploitation ou une entreprise agricole ;• l’entrée des salariés des filiales de 3e degré de tous les types d’entreprise agricole (coopératives, groupements professionnels agricoles, sociétés d’intérêt collectif agricole...), comme c’est déjà le cas pour les filiales de 1er et 2e degrés, pour répondre aux enjeux de diversification des entreprises agricoles, tout en préservant les atouts d’un même régime de protection sociale au sein des groupes.La MSA pointe également l’incohérence de la réglementation actuelle pour les entreprises du secteur agroalimentaire. En effet, le régime de protection sociale applicable à ces activités ne dépend pas de la nature

de l’activité, mais du cadre juridique dans lequel celle-ci est exercée. C’est ainsi qu’une entreprise sous forme coopérative, comme Sodiaal, relève de la MSA, mais qu’une entreprise tout à fait similaire par son activité, comme Lactalis qui a adopté une forme sociétaire, relève du régime général de sécurité sociale. Dans un même groupe, des salariés peuvent relever de régimes différents selon leur rattachement ou au gré des évolutions de carrière et des rachats d’entreprises. Une situation anormale qui empêche le déploiement de l’expertise et des actions de la MSA, notamment en matière de prévention des risques professionnels spécifiques à ce secteur d’activité. C’est pourquoi une évolution des règles d’affiliation est nécessaire pour positionner à terme la MSA comme l’organisme de protection sociale professionnel de ce secteur.

Une expertise à valoriserLa MSA accompagne ses assurés tout au long de leur vie. Une protection sociale globale au titre de laquelle, en un seul lieu, elle verse toutes les prestations auxquelles ils peuvent prétendre et assure le recouvrement des cotisations. Ce n’est pas le cas au régime général de sécurité sociale : les assurés doivent s’adresser, selon le risque

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couvert, à une Cpam, une Carsat ou une CAF. De même, une entreprise du régime général a plusieurs interlocuteurs, l’Urssaf pour le recouvrement des cotisations et contributions sociales, le service inter-entreprises et la Carsat pour la médecine du travail et la prévention des risques professionnels. Au régime agricole, une entreprise relève uniquement de sa caisse de MSA. Celle-ci simplifie la vie des entreprises, en assurant également le recouvrement des cotisations conventionnelles d’une vingtaine d’organismes nationaux de la sphère sociale et professionnelle agricole. C’est en particulier le cas de la retraite complémentaire (Agrica, AG2R, Humanis) et de la complémentaire santé. Pour ce dernier volet, la MSA a également été désignée par les opérateurs comme gestionnaire de plus de 200 contrats collectifs ou individuels, ce qui permet à deux millions de ses ressortissants de bénéficier d’un remboursement rapide et simultané, englobant base et complémentaire.La MSA est ainsi le seul organisme à disposer en son sein de toutes les compétences humaines et techniques pour couvrir la totalité du champ de la protection sociale. Cette expertise lui permet déjà d’assurer la gestion pour le compte d’autres opérateurs, dans le domaine de la maladie pour les régimes spéciaux de la RATP et de

« UN ARGUMENTAIRE EN QUATRE POINTS QUI EXPOSE LES PROPOSITIONS CONCRÈTES POUR LE RÉGIME AGRICOLE. »

la SNCF, et dans celui de la retraite pour la Cipav (Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse des professions libérales).La MSA demande que son expertise soit mieux utilisée et valorisée, et qu’elle puisse proposer ses services à tous les opérateurs de protection sociale de base et complémentaire. Elle veut qu’il lui soit permis d’y consacrer les moyens nécessaires, dans la limite naturellement des compensations financières perçues à ce titre. Cette même expertise doit pouvoir, en milieu rural, être exploitée au bénéfice des assurés des autres régimes, afin que la MSA puisse leur offrir un accès à ses services et la possibilité de les accompagner, notamment en matière d’action sociale.

Une proximité à préserverÀ ce titre, le régime agricole intervient au quotidien, avec la mobilisation d’un millier de travailleurs sociaux, pour aider les jeunes dans l’entrée dans la vie active, pour offrir aux familles des solutions d’accueil de la petite enfance adaptées à leurs besoins spécifiques, leur proposer des aides ciblées et les soutenir quand elles accueillent leurs aînés, et pour accompagner le vieillissement — elle est ainsi le promoteur et le moteur du déploiement en interrégime d’une offre d’actions et d’ateliers collectifs de prévention (33 000 participants en 2015).Mais la MSA agit également parce qu’elle a su organiser et fédérer avec ses partenaires tout un réseau associatif qui permet notamment de sauvegarder l’accès à des services essentiels de la vie courante des personnes âgées

(aide-ménagère, portage de repas, téléassistance, aide à la mobilité, baluchonnage…), d’accompagner les personnes en difficulté ou fragilisées (structures d’insertion par l’activité économique, établissements pour handicapés, services de tutelles...) et de soutenir l’activité locale avec l’emploi de milliers de salariés dans ces structures d’offre de services.Contrairement à d’autres opérateurs, elle a fait le choix de préserver cette proximité face aux contraintes budgétaires et de faire porter, par un processus de mutualisation entre caisses voisines, l’effort de rationalisation sur ses services de production et les fonctions supports. L’objectif est de conserver au moins un site de production par département, y compris les plus ruraux, et de garder un réseau étoffé d’agences et de points de contact, ainsi que le volume des effectifs dédiés à l’accueil et aux actions sur le terrain (travailleurs sociaux, animateurs des échelons locaux, médecins et infirmières du travail, préventeurs d’entreprise, services du contrôle médical…).Ce choix doit être respecté et la MSA doit pouvoir être jugée sur ses seuls résultats en utilisant librement et sans interventions tatillonnes les moyens qui lui sont accordés. Son rôle d’acteur social de référence sur les territoires ruraux mérite d’être valorisé et de s’exprimer dans une logique de Groupe social MSA, pour valoriser pleinement les synergies entre le développement d’une offre

de services susceptible de répondre aux besoins des territoires délaissés et la mission de service public qui en garantit la solvabilité.

Une démocratie sociale à respecterAutre caractéristique atypique dans le paysage de la protection sociale : la gouvernance de la MSA. Les caisses sont gérées par des conseils d’administration dont les membres sont issus de trois collèges (non-salariés, salariés et employeurs de main-d’œuvre) et représentent ainsi tous les secteurs d’activité et toutes les composantes du monde agricole. Ils trouvent leur légitimité dans un processus électif (à l’exception d’un administrateur par département désigné par les Udaf). Tous les cinq ans, 24 000 délégués cantonaux sont élus par les ressortissants de la MSA. Celle-ci dispose d’un maillage du territoire qui fait sa force, avec des élus à l’écoute des besoins, en capacité de relayer ses messages et de mobiliser autour des actions qu’elle conduit, d’autant que ces élus exercent souvent d’autres responsabilités — au sein des collectivités territoriales, du tissu associatif ou dans les organismes professionnels agricoles et le monde syndical. Ils sont connus des ressortissants et reconnus par leur action. La MSA demande que leurs attributions ne soient pas périodiquement remises en cause et que les moyens consacrés au fonctionnement de cette démocratie sociale restent de sa pleine responsabilité. —

5,4 millions de personnes bénéficient d’au moins

une prestation au régime agricole au 1er janvier 2015.

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AGRICULTURE : LES OUTILS DU FUTURLe Sima, salon international du machinisme agricole, s’est tenu à Villepinte du 26 février au 2 mars. Il a attiré 232 400 visiteurs sur le thème « Être agriculteur dans 10 ans ». L’agriculture 2.0 est déjà une réalité dans de nombreuses fermes. Loin de tourner le dos à l’humain, cette révolution à la sauce numérique promet des machines connectées, intelligentes, plus précises, respectueuses des sols et des animaux, plus économes en énergie et en produits phytosanitaires, mais aussi plus attentives à la santé et à la sécurité des agriculteurs… à condition d’avoir du réseau !

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AGRICULTURE : LES OUTILS DU FUTUR

LA VOIX DES AGRICULTEURS

Thierry Manten, 1er vice-président de la CCMSA : « En cette période d’échéance électorale majeure toute proche, le salon est surtout l’occasion pour nous de voir tous les hommes politiques entrants et sortants. Nous sommes l’interlocuteur privilégié en ce qui concerne les crises agricoles et le malaise du monde paysan, et pour faire entendre la voix de ceux que nous représentons. Il ne faut pas non plus oublier les salariés agricoles qui sont particulièrement touchés par la succession de crises qui secouent le monde paysan. »

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Y a-t-il un chauffeur dans le tracteur ?

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Vendée), casque vissé sur les oreilles, écoute avec attention les explications du guide. Spécialiste de l’accidentologie en machinisme agricole, Benoit Moreau, du département prévention des risques pro-fessionnels à la CCMSA, a l’art de capter l’attention des élus centraux de la MSA, tous professionnels du monde agricole. Éric Van Daele est très emballé par le dévelop-pement des technologies qui respectent le sol. « Remplacer le tracteur pour désherber, quand il n’est pas utile, par un quad trois fois plus léger et éviter les phénomènes de tassement du sol va dans le bon sens. » Dans le même but, le télégonflage est en effet très présent au Sima. Le système consiste à adapter la pression des pneumatiques en fonction de la charge et du type de sol  : dégonfler dans les parcelles pour accroître la surface de contact et ainsi limiter le patinage et le tassement des sols, et augmenter la pression sur route pour limiter la résistance au roulement. « On redécouvre des choses que nos grands-parents savaient mais qu’on avait oubliées. » Petite photo souvenir, au détour d’un stand. Les élus mitraillent avec leur téléphone mobile. Ils sont particulièrement intéres-sés par des kits ingénieux, adaptables à presque tous les tracteurs, qui permettent d’accroître la visibilité des engins agri-

coles dans la circulation. Loin du tuning ou du gadget, ces équipements offrent la possibilité d’installer un dispositif de marquage de la largeur, des clignotants, des feux de position à leds, et permettent d’y associer des pare-chocs et des barres anti-encastrement bien utiles pour s’insérer en toute sécurité dans la circulation ou en

cas d’accident avec un autre usager de la route. Autre avantage pour l’agriculteur : il peut lester son tracteur jusqu’à 1 600 kilos sans perdre l’usage du relevage avant. « En tant qu’exploitant en polyculture-élevage, ces systèmes de traction et de lestage m’inté-ressent pour éviter les pertes d’adhérence, lance Christian Schneider, administrateur central (Alsace). Un vrai casse-tête pour moi. J’ai cherché des solutions pendant un moment avant d’en trouver au Sima. »Plus loin, les visiteurs s’arrêtent devant une charrue innovante. L’idée est de simplifier et de sécuriser son utilisation dans la cir-culation routière. Elle est équipée d’une tête basculante qui a aussi fait tourner celle des élus. En mode transport, elle permet à la charrue de suivre les traces du tracteur. La mise en position travail de la charrue ainsi que l’ensemble des réglages importants se font depuis la cabine. Un gros plus côté sécurité, car près de 40 % des accidents ont lieu au moment de la montée ou de la descente du tracteur. Ils représentent 57 jours d’arrêt de travail en moyenne par accident (chiffres MSA). Une autre innovation fait l’unanimité dans le groupe. Elle permet de bâcher ou de débâcher en vingt secondes sans descendre de son tracteur. Un vrai progrès pour la sécurité. La bâche, enroulée sur un cylindre animé par un moteur électrique, s’adapte à presque tous les types de bennes. Michel Robinet (Nord-Pas de Calais), dont c’est le premier Sima, apprécie la démonstration.Pas le temps de souffler, petite visite d’un poste de pilotage d’un tracteur. Les élus découvrent un engin équipé d’un système de caméras qui détectent automatiquement la présence de personnes sur la trajectoire du tracteur. En cas de danger, il émet

Les administrateurs de la CCMSA ont pu découvrir les innovations présentant un intérêt en termes de sécurité ou de conditions de travail et qui feront le quotidien professionnel du monde paysan de demain. Ce 77e Sima, très orienté vers les nouvelles technologies, pose la question de la place de l’homme dans cette agriculture robotisée.

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UNE AGRICULTURE QUI, MALGRÉ LES CRISES, EST AMBITIEUSE ET PORTEUSE D'AVENIR.

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un dosage précis. Une vraie révolution qui fonctionne avec 80 % des contenants du marché. Toujours dans un souci de protection du travailleur agricole, la pré-sentation de systèmes qui permettent de pressuriser et de filtrer l'air des cabines des tracteurs et des engins agricoles dédiés aux traitements phytosanitaires a suscité de nombreuses questions de la part des élus.Plus globalement, de plus en plus de ma-chines présentées au salon collectent de l’info pour alimenter le fameux big data. En levant la tête, le petit groupe a pu croiser des drones capables de cartographier en très haute résolution le sol pour connaître sa texture. Une bonne connaissance de la réserve utile du sol permet d’économi-ser des intrants. On passe à l’ère d’une agriculture qui module ses doses pour maximiser ses rendements. Mais la santé et la sécurité des travail-leurs agricoles est-elle pour autant une priorité chez les industriels du secteur ?

un signal qui empêche toute manœuvre tant que la personne n’a pas quitté la zone critique. Pour supprimer les angles morts, d’autres systèmes présentés au salon permettent des vues à 360° autour de sa moissonneuse. « Il ne faut pas être pessimiste. Je découvre au salon une agriculture qui, malgré les crises, est ambitieuse et porteuse d’avenir, constate Philippe Panel (Auvergne). La robotique et les différentes aides à la décision nous permettent d’être beaucoup plus efficaces dans les champs avec, par exemple, des pulvérisateurs plus précis qui envoient le produit au plus près de la plante. »

Les extraterrestres du salonCette édition 2017 marque de ce point de vue une vraie rupture. L’opérateur n’est plus seul aux commandes. La précision des nouveaux capteurs et les progrès de la gestion électronique dans le domaine de la pulvérisation aident à optimiser ses réglages. Certains constructeurs ont même présenté des dispositifs faisant le lien entre la gestion automatique de la hauteur de la rampe et la sélection automatique de la buse. Les professionnels apprécient.La protection de l’opérateur face aux pro-duits chimiques n’a pas été oubliée. Des innovations permettent la préparation de la bouillie avec une incorporation sans contact. Des systèmes de transfert sécurisés, fermés et autonettoyants suppriment une part importante des risques d’exposition de l’utilisateur et de l’environnement. Le récipient intermédiaire gradué permet

Pas forcément, d’après Benoit Moreau. « Les innovations des fabricants visent avant tout à améliorer leurs produits en termes de productivité, de gains de temps, de simplicité d’utilisation, etc. La santé-sécurité est visée de manière indirecte : cabines avec amélio-ration de la visibilité, réduction du bruit, joysticks qui épousent la forme de la main… Côté MSA, nous avons un rôle à jouer pour aller vers la normalisation et une sécurité intégrée dès la conception des machines. On demande aux conseillers de faire, sur le terrain, des enquêtes après accidents, d’observer et d’analyser les risques liés à l’utilisation des machines… pour avoir des arguments concrets face aux constructeurs, afin qu’ils améliorent le niveau de sécurité et la prise en compte du travail réel. » Un rôle de « rempart » face à la toute-puissance des constructeurs, relevé par Isabelle Paux (Picardie). « La MSA a un rôle très important à jouer dans la certification des machines pour réduire dès leur conception le risque pour les utilisateurs. »Mais les vrais extraterrestres du salon, ceux dont tout le monde parle, élus MSA compris, sont sans nul doute les tracteurs robots autonomes avec ou sans poste de conduite. Certaines allées du Sima 2017 avaient pris, grâce à eux, des airs de films de science-fiction. De la nuée de petits robots travaillant en escadrille au gros robot bardé de capteurs et fonctionnant en solo, le chemin que suivront les industriels et les agriculteurs de demain est encore en train de s’écrire. —

Alexandre Roger

Benoit Moreau, du département prévention des risques professionnels à la CCMSA, a l’art de capter l’attention des élus centraux de la MSA, tous professionnels du monde agricole.

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Des robots à tout bout de champsL’ère de l’automatisation a sonné. Les robots envahissent nos usines, nos maisons et maintenant nos champs. Avec quelles répercussions sur le quotidien des agriculteurs ? L’institut national de recherches en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture proposait un tour d’horizon des innovations et des enjeux de la robotique, le 28 février au Sima.

Assis confortablement sur son canapé, un exploitant dirige son armée de robots agricoles grâce aux images transmises par un drone.

Cette scène du film de science-fiction Interstellar vient d’un futur imaginé de toutes pièces par Christopher Nolan. Pourtant, cette réalité ne semble plus si loin de nous. C’est ce qu’ont démontré experts et dirigeants de jeunes start-up, lors d’une conférence organisée par l’Irstea(1), le 28 février au Sima.De plus en plus d’agriculteurs se tournent vers les technologies de pointe et intègrent la robotique dans leurs outils de travail. Ces nouveaux moyens permettent de gagner en productivité mais aussi en confort. Bon exemple : le robot de traite. « Il s’est généralisé dans les élevages depuis 2000. Il s’en vend aujourd’hui 5 000 unités chaque année dans le monde  », précise Michel Berducat, directeur adjoint de l’unité de recherche en charge de l’innovation et des partenariats industriels à l’Irstea. Les systèmes de nettoyage et de distribution d’alimentation pour les animaux sont aussi de plus en plus appréciés dans les fermes. Côté champs, les robots interviennent pour l’instant sur des terrains plats. Ils suivent des cultures bien calibrées, dans des rangs de production alignés. Les constructeurs surfent sur les techno-logies de type GPS, laser, caméra... pour faire passer les outils de désherbage mécanique ou de binage au plus près des cultures. C’est ainsi qu’Oz, l’un des premiers robots autonomes destinés à la production végé-tale, est devenu un best-seller sur les petites exploitations maraîchères de moins de dix hectares. « Il permet un binage et un désher-bage automatisés. Il suffit de programmer la profondeur de travail, de régler les outils en fonction du type de sol, de terre, etc. Quand il arrive au bout d’un rang, il fait demi-tour

tout seul pour passer au suivant », explique Gaëtan Séverac, directeur de la start-up Naïo technologies, qui commercialise le robot depuis deux ans. La société est pas-sée depuis à un modèle plus imposant, destiné aux producteurs de légumes pour l’industrie. « Même principe, sauf qu’il fait

la largeur d’un tracteur et qu’il travaille plusieurs rangées en parallèle. » Et en cas d’imprévu sur le chemin ? « Des capteurs de distance observent ce qui se passe devant le robot. En présence d’adventices ou de grandes herbes, le robot réduit sa vitesse, tient à préciser Gaëtan Séverac. Il est éga-lement équipé d’un pare-chocs mécanique qui pousse l’obstacle lorsqu’il est souple. S’il est dur, par exemple une personne qui serait accroupie devant, le robot s’arrête. » De son côté, l’Irstea et ses partenaires ont donné naissance, en 2009, à un robot-mule multi-usages. Un petit Effibot qui peut porter jusqu’à 300 kilos et qui est capable de détecter une personne, de la suivre et de contourner des obstacles sur son chemin. « L’intérêt est de disposer d’une brouette, tout en gardant les mains disponibles pour d’autres fonctions », explique Cédric Tessier, directeur de la start-up Effidence, qui commercialise la “bête”. La société

Effibot, le robot-brouette intelligent, peut porter quatre caisses de raisins de 40 kilos dans les vignes.

DES PLATES-FORMES MODULABLES EXÉCUTERONT PLUSIEURS OPÉRATIONS AU MÊME PASSAGE.

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vante aussi les prouesses de ses petits chenillards électriques qui, « grâce à leurs capteurs, suivent la personne et peuvent convoyer des charges  —  caisses de fruits, pulvérisateur, broyeur, etc. —  entre deux positions mais, surtout, sur des terrains pentus. »Ainsi, les robots attirent. D’abord parce qu’ils permettent de gagner en productivité. « Leur plus, c’est de pouvoir répéter de façon importante les opérations qui demandent normalement la présence humaine », note François Becquet, du service recherche et développement de la coopérative Terrena. Un atout considérable en culture bio-logique où les phytos sont interdits et où le désherbage mécanique demande des interventions très fréquentes. « Les agriculteurs ont souvent plusieurs activi-tés sur la ferme et ne sont pas forcément disponibles au moment M. Le robot peut pallier le problème de présence. Pour les autres opérations, il augmente la précision des interventions. On va beaucoup mieux valoriser les intrants par exemple, agir de façon plus localisée, car il repère les adventices sur la parcelle. » Même topo en élevage : les rations d’alimentation et d’eau sont plus précises, plus fraîches. Elles essuient moins de refus de la part des animaux et sont donc mieux valorisées. Les robots sont aussi très appréciés pour leur impact positif sur la santé. Ils éloignent l’agriculteur des sources de dangers liés à l’utilisation des machines (renversement, écrasement…) ou à l’exposition aux produits chimiques.À ceux qui pensent que les robots « volent » le travail sur les exploitations, d’autres répondent qu’ils se réjouissent de pouvoir

déléguer les opérations pénibles (planta-tions, récoltes, port de charges, etc.) et, grâce à cela, de recycler le temps gagné sur de nouvelles activités, la diversification des cultures par exemple. Autre phéno-mène : les agriculteurs souhaitent désormais profiter du temps dégagé pour s’investir davantage dans leur vie de famille. « Faute de gagner beaucoup d’argent, ils veulent pouvoir rentrer plus tôt le soir pour aller chercher leurs enfants à l’école. Et ce, de plus en plus », remarque François Becquet. Des innovations technologiques qui simpli-fient et améliorent la vie des agriculteurs donc, mais qui obligent à repenser les pra-tiques et l’organisation du travail : « L’agri-culteur qui utilise un robot doit préparer sa parcelle, être rigoureux sur la plantation des semis, être régulier sur les interventions. Il doit aussi veiller à garder les zones de bout de rang propres et régulières pour que le robot puisse effectuer ses demi-tours », explique Gaëtan Séverac. Rangement et stockage doivent aussi rester irréprochables pour éviter tout risque d’accident.

Machines du futurAmélioration de la productivité, gain de temps, confort de travail… Les robots ont de quoi séduire les agriculteurs et promettent encore de belles avancées. « Les recherches portent sur des machines capables d’évoluer sur des terrains plus ouverts, en pente, acci-dentés. On imagine aussi des plates-formes modulables qui exécuteront plusieurs opé-rations au même passage : tonte, rognage, pulvérisation, etc. », confie Michel Berducat. Concernant la cueillette, « il y a des projets ambitieux au niveau international pour

améliorer les performances, notamment des techniques de préhension qui n’endommagent pas les fruits et les légumes. Il faut savoir qu’on met environ dix secondes aujourd’hui pour cueillir une pomme ! »Alors, à quand les flottilles de robots qui travailleront ensemble sous le contrôle d’un ingénieur de bureau ? Pas maintenant, répond Roland Lenain qui dirige l’unité robotique et mobilité pour l’environne-ment et l’agriculture à l’Irstea : « Le robot qui part le matin, fait sa journée de travail et revient tout seul le soir, on va l’attendre encore très longtemps. Et heureusement ! » —

Ève Dusaussoy

(1) L’Irstea (l’institut national de recherches en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture) est un établissement public à

caractère scientifique et technologique. Il travaille en coopération avec des start-up agricoles et des acteurs du territoire pour apporter des solutions innovantes

augmentant la productivité, limitant l’impact environnemental et facilitant la vie des agriculteurs.

5 000 robots de traite vendus par an dans le monde.

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20 MARS 2017 le bimsa www.lebimsa.fr

DOSSIER

L’innovation au salon Le Sima, salon international du machinisme agricole, se déroule à Paris Nord Villepinte tous les deux ans. Il rassemble pendant cinq jours les acteurs et professionnels de l’agriculture avec le grand public. Les équipes santé-sécurité au travail de la MSA profitent de l’événement pour accueillir les visiteurs sur un stand dédié à la prévention des risques professionnels.

2017, pari réussi. Le salon a accueilli 1 770 entreprises en provenance de 42 pays. Mal-gré un contexte difficile, les professionnels du monde agricole étaient au rendez-vous, toujours en quête de solutions techno-logiques. Cette 77e édition a attiré près de 232 400 visiteurs.

La MSA répond présent. À chaque édition, la MSA profite du salon pour sen-sibiliser le public agricole à la prévention des accidents de travail et des maladies professionnelles sur les exploitations. Cette année, elle a proposé plusieurs animations sur les chutes de hauteur, axe majeur du plan santé-sécurité au travail 2016-2020 de la MSA et troisième cause de mortalité au travail en agriculture.

“ Être agriculteur dans 10 ans ”. Avec ce thème tourné vers l’avenir, le Sima a fait la part belle aux avancées technologiques issues de la recherche et développement, pour produire plus et mieux. L’innovation numérique était au cœur du salon, avec une ferme digitale, des conférences, des ateliers, des démonstrations d’objets connectés, des rencontres entre start-up, etc. Les robots agricoles ont aussi fait parler d’eux. L’agriculture est le deuxième marché mondial dans ce domaine. Il est estimé à 15,5 milliards d’euros à l’horizon 2020, selon le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt.

Événement mondial. 23 % de visiteurs étrangers et 300 délégations internationales ont fait le déplacement cette année. En 2016, deux éditions du Sima se sont déroulées à l’étranger, l’une à Bangkok, en septembre, et l’autre à Alger, en octobre. —

79 % des exploitants connectés

reconnaissent l’utilité des nouvelles technologies

pour l’agriculture (1).

1agriculteur sur 2 achète

un robot de traite lorsqu’il s’installe en élevage laitier

en France.

20laboratoires dans le

monde sont spécialisés en robotique agricole (élevage, cultures en serres, récolte

de fruits et légumes).

+ 110 % c’est l’augmentation de

l’utilisation d’applications professionnelles

par les agriculteurs possédant un smartphone,

entre 2013 et 2015.

REPÈRES

AGRICULTURE : LES OUTILS DU FUTUR

(1) Source : ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt.

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Innovation awards 2017 : le palmarès Le Sima est l’occasion pour les construc-

teurs de concourir au trophée « I nnovation awards ». Il récompense les avancées en termes de productivité, de sécu-rité, de confort… Cette année, les véhicules autonomes et les systèmes de préservation des sols trustent les premières places.

★MÉDAILLES D’OR

Michelin Evobib. Avec ce pneu deux en un, les agriculteurs peuvent passer du champ à la route sans faire de compro-mis. Sur route, seule la partie centrale de la sculpture de la bande de roulement est en contact avec le sol. Elle promet une faible résistance au roulement et un bon comportement. Au champ, la partie extérieure des crampons se déploie au sol grâce à l’effet «  charnière  », ce qui augmente la surface de contact. Trelleborg VIP System. Ce système, déve-loppé en partenariat avec Fendt, régule la pression du pneumatique en fonction de la charge d’une moissonneuse-batteuse en récolte. Sans aucune intervention de la part du chauffeur, la pression de gonflage s’ajuste automatiquement pour réduire le tassement du sol. Tous les composants sont placés à l’intérieur de la jante.

★MÉDAILLES D’ARGENT

Case IH Autonomous Magnum. Ce concept de tracteur sans cabine (photo) peut fonctionner de façon autonome. Il regroupe les dernières avancées en matière d’orientation, de télémétrie, de partage de données et de gestion agronomique. Il peut réaliser des travaux sans la main de l’homme, de jour comme de nuit. Une interface interactive, pour ordinateur et tablette, permet à l’opérateur une surveillance à distance des opérations préprogrammées.

JCB Dualtech VT. Cette transmission variable réunit un module hydrostatique fonctionnant de 0 à 19 km/h et un module powershift à trois rapports en prise directe de 19 à 40 km/h. Le passage des rapports est entièrement automatisé de 0 à 40 km/h pour plus de confort et de productivité. Le module hydrostatique permet un contrôle indépendant du régime moteur et de la vitesse d’avancement. John Deere Smart AutoLube. Ce système assure la lubrification avec une seule cen-trale et pour au minimum quatre sections indépendantes des points de graissage du tracteur et de ses outils. En mode auto-matique ou personnalisé, la graisse est distribuée en fonction de l’utilisation. Les intérêts sont multiples : optimisation du graissage, réduction des risques d’acci-dents, réduction de la fréquence et des coûts de remplacement des points de pivots (diminution du risque d’abrasion proche de 30 %).NHDrive, le tracteur autonome. Il permet de travailler sans conducteur au champ, en offrant la polyvalence d’un tracteur classique lors des activités de transports ou celles requérant l’attention constante du conduc-

teur. Le tracteur peut à la fois analyser en temps réel l’environnement et tenir compte du niveau de performance des composants du tracteur, mais également ceux de l’outil pour entièrement automatiser les tâches définies par l’agriculteur. Il peut donc gérer les travaux à distance depuis un bureau ou depuis un autre tracteur grâce à une appli-cation disponible sur PC ou sur tablette.E-Kastor de Rousseau. Cette débrous-sailleuse à bras combine un système élec-trique de transmission de puissance pour la partie tête de broyage, tout en gardant les capacités de manœuvre du bras grâce à des vérins utilisant le système hydraulique du tracteur. L’implantation d’un système électrique de transmission de puissance sur une débroussailleuse à bras est le résul-tat d’une démarche d’écoconception, qui offre aux utilisateurs un matériel moins énergivore, avec un rendement supérieur de la chaîne cinématique, et qui répond à la demande de transition énergétique. Ce système électrique transmet la puissance mécanique de la prise de force du tracteur au rotor du groupe de broyage, par le biais d’une génératrice et d’un dispositif d’électronique de puissance associé. —

EN BREF

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22 MARS 2017 le bimsa www.lebimsa.fr

DOSSIER

E t bim ! Tuoi vient de rater sa manœuvre. Son engin a terminé sur le flanc au beau milieu d’un champ après une course folle. La jeune

femme paraissait pourtant « avoir pris la confiance » et tenir bien en main le volant de son tracteur de 6,5 tonnes et 80 CV, qui filait à trente kilomètres/heure, quand l’accident s’est produit. La mine de cette employée d’une société de produits phyto-sanitaires, basée à Hanoï, au Vietnam, un temps crispée, s’est vite adoucie pour finir en grand éclat de rire à la vue de son tracteur en fâcheuse posture. Cette fois, pas besoin d’appeler une dépanneuse ou son assureur. Tuoi a le privilège d’être l’une des premières à s’asseoir sur le

Même pas peur en simulateur Comment limiter les risques d’accidents liés à la conduite d’engins chez les jeunes agriculteurs ? En permettant aux étudiants de se familiariser en toute sécurité à la conduite d’un tracteur. L’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture a conçu, avec le soutien de la CCMSA, un simulateur de conduite. Destiné aux lycées agricoles, il a été dévoilé pour la première fois au Sima 2017, à Villepinte.

trouve très adaptés à l’apprentissage de la conduite. Ils seraient très utiles dans nos écoles d’agriculture au Vietnam.  » Pour l’instant, le SimTrac —  c’est son nom  —  existe en deux exemplaires. Il est réservé aux jeunes Français, mais pourquoi ne pas exporter le concept, à l’avenir, dans ce pays en plein déve-loppement ? Petit rappel des faits  : la conduite de machines agricoles est source d’accidents, en particulier au cours de l’apprentissage. Devant ce constat, la CCMSA a confié la mission, en 2014, aux équipes de cher-cheurs et d’ingénieurs de Nicolas Tricot, de l’Irstea, de concevoir un projet de simulateur de conduite d’un tracteur agri-cole dans le cadre d’une convention de développement et de recherche.

Paramétrer l’outil pour l’adapter aux besoinsDeux ans et des poussières plus tard, Nicolas Tricot présente son « bébé » au public. Le papa peut être fier des cinq écrans avec leurs flux vidéo haute- définition générés par deux ordinateurs méga-puissants et de sa très ergonomique tablette de com-mande tactile. Les cinq scénarios au choix (champ plat, en dévers, insertion en trafic routier, manœuvre sur l’exploitation et sur champ libre), ainsi que la souplesse de l’outil permettant d’y fixer remorque, citerne ou herse, collent parfaitement à la réalité d’utilisation sur le terrain.Célestin, élève au lycée de Somme-Suippes, dans la Marne, bouche serrée, trépigne sur son siège, un vrai de vrai issu d’un Massey Ferguson. Le jeune homme vient d’embourber son tracteur… Il lance en forme d’excuse : « La direction est un peu trop assistée, mais sinon je trouve les sen-sations très réalistes. » À 16 ans, le jeune

siège de l’un des deux simulateurs de conduite de tracteur développés par les chercheurs de l’Irstea avec le soutien de la CCMSA. Ils étaient présentés pour la première fois au Sima 2017. «  Je les

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NOUS AVONS DES RETOURS TRÈS POSITIFS DES PROFESSEURS EN AGROÉQUIPEMENT.

Nicolas Tricot, Bernard Benet (au fond), Mickael Alain et Istiven Appavoo : les quatre chercheurs et ingénieurs de l’Irstea sont les papas du SimTrac.

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homme a déjà beaucoup d’heures de conduite au compteur. « Mon père a com-mencé à m’apprendre à conduire sur un vieux tracteur dès mes 8 ans. »Istiven Appavoo, ingénieur mécanique, était chargé de la conception 3D avec l’appui de la start-up 4D-Virtualiz. « On est là pour entendre ce que nous disent les utilisateurs, car la souplesse de l’outil permet de le paramétrer facilement pour

L’ÉLÈVE PEUT S’INITIER À LA CONDUITE DANS DES CONDITIONS DIFFICILES, SANS SE METTRE EN DANGER.

améliorer les sensations et l’adapter aux besoins. Mais, dès le début, on a écarté l’idée des lunettes 3D qui donnent un bon rendu, mais sont très difficiles à supporter sur la durée par de nombreux utilisateurs. »« Nous avons des retours très positifs des professeurs en agroéquipement. On est en pourparlers pour les installer dans des lycées agricoles de la région Auvergne-Rhône-Alpes », prévient Nicolas Tricot, fier d’initier en personne à l’utilisation de son SimTrac. « Le gros avantage de la simulation, en plus d’aider les professeurs dans l’apprentissage, c’est de permettre à l’élève de s’initier à la conduite dans des conditions d’utilisation difficiles, voire extrêmes (champs en pente, travail à proximité de lignes électriques…), sans se mettre en danger. »Les données issues de ces utilisations seront analysées par les chercheurs d’Irstea pour améliorer la sécurité des engins. Ils sont particulièrement attentifs aux comportements des chauffeurs sur les tracteurs, en vue d’identifier d’éventuels facteurs de risque d’accidents. Au sein de

l’équipe TSCF (technologies et systèmes d’information pour les agrosystèmes), les membres de l’équipe Robotique et mobilité pour l’environnement et l’agriculture, basée à Clermont-Ferrand, s’appuieront sur ces données pour développer des dispositifs visant à faciliter des opérations délicates et à accroître la sécurité des machines, en particulier contre le renversement, l’une des premières causes d’accident chez les agriculteurs. Experts dans ce domaine, les chercheurs ont notamment mis au point un système de sécurité actif pour la prévention du risque de renversement de véhicules tout-terrain à suspension pilotable, qui fait l’objet d’un brevet.Au volant du SimTrac, Lucas, 16 ans, élève au lycée René-Cassin de Mâcon, a tout de suite trouvé ses repères et les sensations de conduite d’un vrai tracteur. « Je pense que c’est vraiment très bien pour les débu-tants. » Débutant ou pas, il a quand même fini par embourber son engin en bordure de route. Virtuellement, bien sûr. —

Alexandre Roger

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Tuoi a pu essayer le SimTrac en avant-première au Sima.

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24 MARS 2017 le bimsa www.lebimsa.fr

FOCUS

En février, la MSA a fait paraître une étude sur l’emploi salarié dans les groupements d’employeurs agricoles en 2015. Présentation des principales caractéristiques en France métropolitaine.

EMPLOI

Leur nombreEn 2015, on dénombre 3 964 groupements d’employeurs (GE) au régime agricole. Leur nombre a faiblement augmenté entre 2014 et 2015 (40 créations en plus). Ils représentent 2,6  % des établissements employeurs de la production agricole et 30 % des entreprises de service technique à l’agriculture, qui regroupent les GE, les entreprises de travaux agricoles (ETA) et les coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma).Les GE emploient 75 803 salariés, corres-pondant à 95 706 contrats de travail réalisés dans l’année. Mesuré en équivalents temps plein (ETP), le nombre d’emplois dans les GE est de 24 398 salariés. Avec 6,2 ETP, ces établissements employeurs de main-d’œuvre sont d’une taille supérieure à la moyenne de la production agricole (2 ETP), des entreprises de travaux agricoles (3) et des Cuma (1,3).

Les contrats de travailJusqu’en 2007, les nombres d’ETP en CDD et en CDI étaient les mêmes et connaissaient des hausses annuelles équivalentes. Entre

Près de 4 000 groupements d’employeurs agricoles en 2015

2008 et 2010, l’emploi en CDI a continué d’augmenter, tandis que l’emploi en CDD s’est stabilisé. Depuis 2011, l’emploi en CDI a ralenti sa croissance. Et en 2015, pour la première fois en dix ans, le nombre d’ETP en CDI a diminué (- 54 par rapport à 2014), soit une baisse de 0,5 point.

La nature des emploisLes emplois en GE ont des caractéristiques proches de celles de la production agricole. Dans ces structures, l’emploi saisonnier est très important de mai à septembre. Et, en 2015 comme l’année précédente, la saisonnalité de l’emploi a connu un pic en juillet et en septembre.

Le niveau de salaireEn 2015, le niveau de salaire horaire moyen s’élève à 11,74 euros dans les GE. Il est plus faible que celui des entreprises d’aide à l’agriculture (12,37  euros), mais se rap-proche de celui de la production agricole (11,84 euros) (1).La majorité des salaires versés dans les GE sont compris entre 1 et 1,2 smic. La proportion de salariés rémunérés entre

1 et 1,1 smic est très élevée : les contrats d’apprentissage étant assez rares dans ces structures, la proportion de salariés rémunérés en-dessous du smic y est plus faible que dans le reste de la production agricole.

La durée de travail35 % des contrats en GE ont une durée de travail égale ou inférieure à 30 jours. Cela s’explique par l’importance de l’emploi saisonnier, comme dans la production agricole (45 %) et les ETA (48 %).

Les salariésLes femmes représentent 35 % de l’em-ploi mesuré en ETP dans les GE et dans l’ensemble de la production agricole. En revanche, dans les ETA et surtout dans les Cuma, entreprises fortement mécanisées, la proportion d’emplois féminins est nette-ment inférieure. L’âge moyen des salariés recrutés par les GE est de 34 ans. 93 % des salariés de ces groupements exercent dans la production agricole (cultures spéciali-sées, cultures et élevages non spécialisés, viticulture…).

Les régionsL’emploi dans les GE mesuré en ETP est inégalement réparti sur le territoire national. Huit régions, se trouvant dans l’ouest et dans toute la partie sud de la France, recensent 76 % de l’emploi. Il s’agit de l’Aquitaine, des Pays de la Loire, du Languedoc-Roussillon, de la Bretagne, du Centre, de Midi-Pyrénées, de Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Rhône-Alpes. —

(1) Au 1er janvier 2015, le smic horaire s’élève à 9,61 euros.

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Plus d’infos sur les groupements d’employeurs sur notre site.

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Les procédures d’admission et de prolongation des droits relatifs aux affections de longue durée sont allégées. Avantages : la pratique des médecins est facilitée et la prise en charge des patients

améliorée, notamment par un délai d’ouverture des droits raccourci.

Les ALDUne affection de longue durée (ALD) est une maladie dont la gravité et/ou le carac-tère chronique nécessitent des soins et un traitement prolongé (plus de six mois) et coûteux. Il en existe trois catégories  : les maladies inscrites sur la liste des 30 ALD établie par décret et reconnues comme étant longues et particulièrement coûteuses ; les affections graves, de forme évolutive ou invalidante, ne figurant pas dans cette liste (la 31e maladie) ; les poly-pathologies (ou 32e maladie) qui concernent les patients atteints de plusieurs affections entraînant un état pathologique invalidant.

Le remboursementLe coût très élevé des soins associés à ces maladies ne peut pas être supporté par le patient. C’est pourquoi elles ouvrent droit à la prise en charge à 100 % du tarif de respon-sabilité de la sécurité sociale pour les soins qui lui sont liés, à condition d’être reconnues en ALD. Dans ce cas, l’assuré bénéficie de la suppression du ticket modérateur (part des frais médicaux restant à sa charge) pour les soins en rapport avec l’ALD, les autres soins étant pris en charge aux conditions habituelles.

La demande de prise en chargeAfin d’améliorer la prise en charge des patients, la loi de modernisation de notre système de santé (1) a assoupli, pour les 30 ALD figurant sur la liste officielle, les règles d’admission et de prolongation des droits avec exonération du ticket modérateur. Dorénavant, pour faire une demande d’admission au titre d’une ALD, le médecin traitant indique seulement le nom de la pathologie concernée et sa date de début. Ce qui représente un gain de temps pour lui. En signant le protocole de soins, il certifie que l’état de santé du patient répond aux critères médicaux utilisés pour

Affection de longue durée : la demande est simplifiée

la définition de l’ALD concernée et s’engage à respecter les recommandations de la Haute autorité de santé.Le médecin envoie ce document au ser-vice du contrôle médical de la MSA qui fait connaître son avis. La réponse de la caisse doit parvenir à l’assuré dans un délai d’un mois. Elle est encore plus rapide en utilisant le protocole de soins électronique qui per-met une réponse immédiate pour les ALD dont la demande est simplifiée (la réponse est différée pour celles nécessitant un avis du service de contrôle médical).

La procédure d’admissionLa plupart des demandes d’ALD de la liste font dorénavant l’objet d’un accord a priori. Elles seront soumises à un contrôle post- admission systématique quelques mois plus tard. À l’issue de ce contrôle, il pourra être mis fin à l’ALD si certains critères ne sont pas remplis.Les demandes concernant les autres ALD (certaines affections inscrites sur la liste et celles hors liste) continuent, comme aupa-ravant, à faire l’objet d’un avis du service de contrôle médical au moment de la demande. À défaut d’observations ou de demande d’informations complémentaires dans les

deux semaines, l’avis est considéré comme favorable.

Les durées d’exonérationElles sont allongées, passant de deux ou cinq ans à trois, cinq ou dix ans.

La procédure de prolongationÀ partir de juin 2017, la gestion des prolon-gations des ALD arrivant à échéance sera également simplifiée. Pour les ALD de la liste (à l’exception des maladies métaboliques héréditaires, en raison de leurs spécificités), le service médical prendra l’initiative de la procédure. Les ALD arrivant prochainement à échéance seront triées grâce à un traitement informatique automatisé : ALD susceptible de prolongation, ALD ne répondant pas aux cri-tères de prolongation et, parmi elles, affections susceptibles de relever d’un suivi post-ALD. La proposition correspondante sera adressée au médecin traitant pour accord, avant que le service médical ne notifie la décision. Le médecin traitant pourra toujours formuler une demande pour son patient. —

(1) Article 198 de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé.

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RENCONTRES

JEUNES ET SOLIDAIRESEn 2000, la cérémonie de l’appel à projets jeunes se déroulait au salon de l’agriculture

sur le stand de la MSA, récompensait cinq projets et ne durait qu’une poignée de minutes. Pour la 16e édition, douze délégations ont fait le déplacement

jusqu’à la porte de Versailles. Bonne ambiance garantie !

Venir à la cérémonie de l’APJ ressemble à l’aboutissement de nombreux efforts pour les 115 jeunes présents à l’espace 2000 du hall 1 du salon de

l’agriculture. Certains réfléchissent à leurs projets depuis plus d’un an, d’autres ont passé leurs derniers week-ends à régler les ultimes détails d’une manifestation à venir. Tous sont acteurs de la vitalité et du dyna-misme des campagnes. De la suite dans les idées, ils en ont. De l’énergie à revendre, tout autant. Et ces qualités, ils les mettent à profit. C’est d’ailleurs ce qu’a voulu souligner le président de la MSA, Pascal Cormery, lors de son intervention  : « Même si vous êtes toujours dans l’insouciance de la jeunesse, vos projets montrent que vous faites déjà preuve de responsabilité, d’engagement et de citoyen-neté, notamment sur des sujets difficiles. Ces

thèmes vont même au-delà de la ruralité. Ce que vous faites aujourd’hui peut paraître banal pour certains, mais pour vous c’est au moins très formateur pour le futur. Vous deviendrez peut-être maire, conseiller municipal… Mais ce dont je suis certain, c’est que vous serez les premiers défenseurs des territoires ruraux. »

Les jeunes s’impliquentMais avant d’envisager un avenir politique, ils ont pu tester leur potentiel d’orateur lors de la montée sur l’estrade au moment de récupérer leur prix. Une source d’inquié-tude pour certains avant la cérémonie : « Ah non ! Je ne prends pas le micro, moi. » L’occasion de faire rire l’assistance pour d’autres : « Je tiens à dire que venir ici, j’ai MSA (1). » Mais pour tous, l’APJ reste une expérience enrichissante : « Je suis super contente d’être venue à Paris. Ça récompense

notre travail  », résume Julie. En marge des lauréats désignés par le jury, un prix coup de cœur Facebook donnait le rôle de juge aux internautes. Le projet recevant le plus de mentions « J’aime » sur la page de la MSA remportait la mise. Et c’est l’ini-tiative « Des échanges culturels pour des rencontres plus belles » du Nord-Pas de Calais qui a été récompensée. Les ados du Mouvement rural de jeunesse chrétienne de Saint-Omer ont organisé des rencontres avec la Maison du jeune réfugié de la ville voisine. Une pièce de théâtre devrait naître de ces échanges. Un nouvel exemple, s’il en fallait un, pour montrer que la jeunesse rurale s’implique plus que jamais face aux problèmes sociétaux. —

Jérémy Lemière

(1) Lire : j’ai aimé ça.

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Le palmarès1ER PRIX - CATÉGORIE 18-22 ANS (MSA ALPES DU NORD)

1ER PRIX - CATÉGORIE 13-17 ANS (MSA AIN-RHÔNE)

Association Jeunes Trièves

ExilLa musique est douce mais les

mots sont lourds… de sens. Les neufs ados lisent un article de Lison, une journaliste qui les accompagne dans leur action, absente de la cérémonie à la suite d’un accident. Une preuve de la solidarité qui lie les dix filles. Le texte explique leur volonté de partage avec les jeunes Roms de Saint-Genis-les-Ollières. Elles les ont rencontrés et expliquent ce qu’elles ont ressenti : « Face à eux, les mots nous manquent.

Diane, Malo et Alexi ont reçu le premier prix des mains de

Pascal Cormery. Et pour expli-quer leur action, Marie Blanche, l’animatrice des APJ, met en avant ses talents d’actrice et simule un malaise. Les trois Isérois expliquent alors comment agir face à cette situation. Car, en Trièves, il faut en moyenne 40 minutes entre l’appel des secours et leur arrivée sur les lieux. Position latérale de sécu-rité, vérification de l’état de la personne évanouie, appel des secours : forts de ce constat,

gestes qui sauvent », expliquent-ils. Une formation est prévue le 29 avril avec des professionnels. L’objectif du trio est de former, en 2017, une trentaine de jeunes aux gestes de premiers secours et à l’utilisation d’un défibrillateur : « Nous voulons créer un maillage du territoire de gens aptes à intervenir ». Pour le président de la MSA, « c’est une très bonne initiative. C’est important que sur des territoires éloignés des centres de secours, les gens puissent réagir à temps face à des situations d’urgence ». —

Les familles s’entassent dans les mobil-homes, mais ils nous disent que c’est mieux ici. Des enfants dessinent comme n’im-porte quel enfant. Normaux, ils sont comme nous, exactement comme nous, à l’exception du fait qu’eux ne sont pas censés être chez eux ici, ou du moins pas vraiment. Mais on s’atten-dait à quoi ? À rencontrer des extraterrestres ? Oui, peut-être bien. Malgré nous, nous avions aussi des préjugés. Alors, que dire de cette rencontre ? Au retour, dans le bus, l’une d’entre

2E PRIX - CATÉGORIE 13-17 ANS (MSA GRAND SUD)

Le web journal : On s’en fout ?

Théo, Nathan et Nils sont youtubeurs. Inspirés par les stars du web, Norman,

Hugo tout seul ou Cyprien, les trois Pyrénéens parlent de sujets de société, face caméra, avec une touche d’humour, mais surtout une vraie réflexion : le sexisme, le collège ou encore le terrorisme. Contrairement à leur nom de chaîne vidéo, les trois jeunes sont loin de ne pas se préoccuper de ces thématiques. Ils tiennent d’ailleurs à souligner le point d’interrogation du « On s’en fout ? » : « Nous voulons montrer que la jeunesse se

sent concernée et touchée par l’actualité. C’est d’ailleurs après les attentats de Charlie Hebdo que nous avons décidé de monter ce web-journal. » Durant la cérémonie, le trio choisit de diffuser la vidéo sur le terrorisme. Il y détaille différentes organisations terroristes et rend hommage aux dernières victimes. Quatre minutes durant lesquelles le public s’est tu jusqu’à la dernière phrase lancée sur fond noir : « Car nous, de vous [les terroristes], on s’en fout ! ». Applaudissements. Retrouvez la chaîne « On s’en fout ? » sur Youtube. —

les jeunes ont jugé essentiel de sensibiliser et de former les habitants du Trièves aux gestes de premiers secours :

« Nous habitons au fin fond des montagnes où il n’y a que trois centres de secours. C’est très important de connaître ces

nous a dit “c’était génial ”. Oui, c’était génial ! » Cette rencontre est devenue une pièce de théâtre pour tenter de changer le regard

des gens sur la communauté rom. Plusieurs dates sont déjà prévues dans différents collèges et festivals. —

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2E PRIX - CATÉGORIE 18-22 ANS (MSA SÈVRES-VIENNE)

La semaine de la vision

C’est de leur slogan «La vue, c’est la vie » que les

17 élèves du BTS optique de la MFR de Brioux-sur-Boutonne sont partis pour mettre en place une semaine de la vue. Au sein de leur établissement, ils proposent du 10 au 14 avril, aux habitants de leur territoire, des examens de vision et une vérification du matériel dont chacun dispose. Même s’il ne s’agit pas à propre-ment dit d’examens médicaux, les personnes pourront bénéfi-cier d’un vrai accompagnement, puisque des professionnels du métier seront présents. Dans les

Deux-Sèvres, l’accès aux soins est parfois difficile. C’est donc pour répondre, en partie, à ce problème que les étudiants ont souhaité mettre en place cette action, mais pas seulement : « Au-delà du service rendu, nous voulions également créer du lien social entre les gens. » Pour clore leur intervention sur la scène, les jeunes ont proposé un test de vision collectif sur les écrans. Et, à voir les yeux qui se plissaient et les hésitations de certains, cette semaine de la vision pourrait bien s’exporter au salon de l’agriculture. —

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3E PRIX - CATÉGORIE 13-17 ANS (MSA NORD-PAS DE CALAIS)

Première course de caisses à savon

« Les caisses de quoi ? », s’écrie Pierre, agriculteur de Lebiez, petite com-

mune du Pas-de-Calais de 236 habitants, quand on lui annonce l’imminence d’une course de caisses à savon. Dans la vidéo expliquant l’action initiée par Clara, Laure, Justine, Corentin et Alain, les témoignages se succèdent : la présidente du comité des fêtes, Marie-Christine, l’instituteur du village, Jean-Bernard, ou encore un autre agriculteur, Philippe. Tous sont unanimes. L’idée est fantastique, « surtout s’il fait beau », ajoute Marie-Christine. Les Lebiézois pourront, le 28 mai prochain, participer à la descente chronométrée d’une côte de 10 % à bord

d’engins faits de bric et de broc (et souvent de bois). Un concours annexe récompensera la caisse à savon la plus originale : « Certains habitants fabriquent la leur en cachette », raconte les “Ch’tis freinetards” (nom de l’association créée pour réaliser cette action). C’est toute une communauté qui se mobilise autour de ce projet, puisqu’au-delà de la participation aux concours, les agriculteurs sécurisent le parcours avec des ballots de paille, tandis que d’autres Lebiézois propose-ront casse-croûte et rafraîchissements. « Ce prix nous permettra de boucler le budget de la manifestation », confient les jeunes en recevant le chèque. —

Retrouvez le palmarès complet et les vidéos de certains projets sur notre site.

www.lebimsa.fr

L’APJ EN BREF

▶ Depuis sa création • 16 éditions.• 2 200 projets primés au niveau dépar-temental.• 270 groupes récompensés au niveau national.

▶ En 2016 : • 156 projets primés au niveau dépar-temental.

▶ Critères du jury • Implication des jeunes dans le projet.• Impact sur le territoire en termes d’ani-mation et de lien social.• Solidarité et citoyenneté manifestées par les jeunes.• Qualité et originalité.

28 MARS 2017 le bimsa www.lebimsa.fr

RENCONTRES

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3E PRIX - CATÉGORIE 18-22 ANS (MSA ALPES VAUCLUSE)

4E PRIX - CATÉGORIE 18-22 ANS (MSA DE LA CORSE)

4E PRIX - CATÉGORIE 13-17 ANS (MSA LORRAINE)

À livre ouvert

Culturons pas à pas

La randoline du bonheur

Le partage, l’amour de la culture, la promotion du lien

intergénérationnel, « autant de valeurs qui me sont chères », avoue Michèle Bauby-Malzac, présidente de l’association “Lire et faire lire”, et qui le sont tout autant pour les trois jeunes à l’origine d’« À livre ouvert ». Une chance pour la présidente de remettre le prix à Élisabeth, Alexandre et Rémi, véritables amoureux des livres. Pour redonner le goût de la lecture aux jeunes d’Embrun, dans les Hautes-Alpes, ils ont monté plu-sieurs actions dont ils décrivent

« S alute a tutti », lance Pierre-Antoine. Le Corse,

fier de sa région et de sa langue, vient présenter avec Thomas son action « Défendons le patri-moine de l’Île de beauté » et plus spécifiquement celui de Luri, commune du cap Corse. « Nous avons monté un projet avec l’association des jeunes du village pour préserver la culture de notre territoire et permettre la transmission de la mémoire de nos anciens. Tout a com-mencé avec des rencontres et

Touchés par le père d’un camarade devenu handi-

capé après un accident, Laura, Gauthier, Nabil et Maxime ont décidé de prendre le taureau par les cornes ou plutôt l’âne par les oreilles : « Avec des établissements scolaires autour de Chénières, nous souhaitions venir en aide aux enfants et aux adultes handicapés en achetant une randoline (véhicule adapté au transport de personnes à mobilité réduite, tracté par un

le contenu à leur manière. Livre sur les genoux, le narrateur conte le projet pendant que ses deux compères rejouent les scènes : comment les idées de l’ouver-ture d’un club de lecture, de la création d’une bibliothèque de rues où les ados viennent lire des histoires aux enfants dans les parcs, d’une cabine de libre-échange de livres, d’un marque-page et d’un festival du livre leur sont venues. Une his-toire dont chacun espère une fin heureuse. C’est déjà chose faite pour le marque-page, distribué dans plusieurs lycées. —

âne). La randoline du bonheur leur permet de se promener et de faire des randonnées dans la nature. » Et pour y parvenir, les jeunes n’ont pas manqué d’ima-gination : tombola pour gagner des citrouilles géantes, vente de bougies et de jus solidaire avec des pommes non utilisées. Bien lancés, les Lorrains devraient, dans les prochains mois, faire une collecte de jouets pour les redistribuer aux enfants porteurs de handicap. —

des concertations avec les élus et les habitants du village. » Le but ? « Pour nous, c’est important que les savoir-faire et les techniques d’antan restent », confient les deux amis. Et ce n’est que le début. Pierre-Antoine, Thomas et Anthony (absent lors de la remise des prix), souhaitent créer un sentier pédestre péda-gogique. Il devrait traverser six hameaux et mettre en valeur des éléments du patrimoine du territoire. Les travaux devraient débuter début 2019. —

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RENCONTRES

ANIM’SANTÉ, C’EST DE LA BALLE !

Les ateliers Anim’santé ont été mis en place en juillet 2013 par la MSA Nord-Pas de Calais spécialement pour les exploitants et leurs conjoints, afin de leur faire prendre conscience

de l’importance de prendre soin de leur santé.

Ils sont sept hommes et sept femmes, venus en couples ou non, à avoir laissé pour quelques heures leur élevage laitier ou leur exploitation maraîchère et prendre, pour une fois, un peu de temps pour eux.

Le rendez-vous a été pris en février à quelques kilomètres de Lille dans une belle ferme laitière en briques typique du Pas-de-Calais. Ciel bas et cra-

chin d’hiver. Bienvenue à Fleurbaix. Ils sont sept hommes et sept femmes, venus en couples ou non, à avoir laissé pour quelques heures leur élevage laitier ou leur exploitation maraîchère et prendre, pour une fois, un peu de temps pour eux. Leur moyenne d’âge : 44 ans. Leur point commun : ils sont agriculteurs et bénéfi-cient des quatre ateliers d’Anim’santé, un programme de prévention à destination des exploitants agricoles, organisé depuis 2013 par la MSA Nord-Pas de Calais. Dans notre métier, est-ce qu’on a le droit de tomber malade ? Comment faire pour décrocher ? Comment concilier boulot, vie de famille et vie sociale ? Comment

économiser son corps pour durer ? Autant de questions et beaucoup d’autres, dont les réponses ne vont pas forcément de soi pour ces agriculteurs.«  Le plus difficile a été de constituer les groupes », explique Marie-Andrée Devyldère, responsable des travailleurs sociaux à la MSA. « Les exploitants agricoles ont toujours du mal à lâcher leur ferme, même pour une demi-journée. » Thierry, 52 ans, éleveur

laitier à Escobecques, confirme : « Je suis inscrit depuis longtemps, mais le plus com-pliqué a été de trouver le temps de venir. À la ferme, on a toujours quelque chose à faire. Je retourne travailler juste après.» Avec de la bonne volonté et un carnet d’adresses qui s’est étoffé au fil des années auprès des acteurs du réseau associatif, les assistantes sociales de la MSA, qui travaillent au plus près du terrain, ont encore une fois fait des miracles pour convaincre des agriculteurs plus habitués à parler de technique, de rendement et de météo, que de santé et de vie personnelle, familiale et sociale.Les ateliers ont des objectifs à la fois modestes et ambitieux: faire prendre conscience de l’importance de prendre soin de sa santé, intégrer la notion de prévention dans l’activité quotidienne et professionnelle, et partager les expériences et les pratiques entre exploitants. Les

LES FEMMES SONT PLUS

SENSIBLES AUX PROBLÉMATIQUES DE SANTÉ QUE LES HOMMES.”

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«  Votre corps, c’est plus qu’un outil de travail, c’est votre avenir  », prévient Cédric Chapelle, responsable départemental de Siel Bleu, association qui utilise l’activité physique comme un outil de prévention santé.

sessions se composent de quatre ateliers d’une demi-journée chacun. Le programme vise aussi bien les personnes vivant seules que les couples. «  Souvent, on s’appuie sur les épouses pour faire venir les maris », témoigne Maryse Dhaussy, assistante sociale à la MSA. « Les femmes, il faut l’avouer, sont plus sensibles aux problématiques de santé. Mais les participants ont tous pour point commun d’avoir du mal à se déconnecter. » Les tensions sont aussi bien physiques que morales : lombalgies, tensions mus-culaires ou symptômes psychologiques liés à l’endettement, à la solitude et au poids du regard que la société porte sur eux. «  Surtout ici, on ne vient pas avec un diaporama et un déroulé de séance tout fait. On part de leurs problématiques du quotidien, du concret et on adapte en permanence nos propos aux demandes du public que l’on a en face de nous », tient à préciser Maryse Dhaussy.

Le malaise paysanL’activité physique est utilisée ici comme un moyen de prévention à part entière. On apprend comment rééquilibrer les zones de tension et de crispation à l’aide d’exer-cices simples. Au programme : gym douce, étirements et exercices de respiration.« Votre corps, c’est plus qu’un outil de travail, c’est votre avenir », prévient Cédric Chapelle, responsable départemental de Siel Bleu, association qui utilise l’activité physique comme un outil de prévention santé. « À la longue, tourner la tête dans son tracteur peut devenir un calvaire. Les agriculteurs sont très touchés par les problèmes circulatoires et de retours veineux liés à la station prolongée debout, poursuit l’intervenant. À la ferme, il faudrait commencer par échauffer son corps avant de travailler. Ce sont les petits gestes répétitifs qui, avec le temps, sur un corps froid, usent les individus. Le fait de maintenir une contraction en continu sur la pédale d’accélérateur du tracteur ou les gestes quotidiens liés à la traite peuvent être très traumatisants. Il faut apprendre à relâcher les tensions musculaires. Le gainage est également très important pour prévenir les tensions sur la colonne vertébrale. Il faut surtout éviter les à-coups à la Véronique et Davina dans vos mouvements. »Thierry, 52 ans, éleveur laitier d’Esco-becques, ballon à la main, pratique les exercices de Cédric Chapelle en élève modèle. « J’ai des problèmes de dos et de nerf carpien. Je sais que c’est lié à mon métier, mais je vais essayer de mettre tout ce qu’on

a appris en pratique. » Émilie, 30 ans, de Ennetières-en-Weppes, et Marie-Odile, 49 ans, de Quesnoy-sur-Deûle, également très concentrées pendant les exercices, souffrent elles aussi du dos.« Ce qu’on remarque, c’est que les agricul-teurs parlent facilement de leur travail, mais ont du mal à parler d’eux », relève Isabelle Ardaens, assistante sociale à la MSA.Après les exercices physiques et une séance de relaxation, les tensions se libèrent…la parole aussi. « On n’en peut plus. On se fait sans cesse agresser et casser au quoti-dien par les médias. Un climat de méfiance généralisée s’est installé, alors que l’on fait notre métier avec passion et avec nos tripes sans jamais compter nos heures. Bientôt, à force de répéter qu’il ne faut pas manger de viande, il n’y aura plus de vaches dans les prés. Mais qui va s’occuper des prairies si on n’est plus là ? », questionne l’un des participants.« On nous traite tous les jours de pollueur, mais va manger une pomme qui n’a jamais été traitée…, poursuit un autre. « Ça nous blesse moralement et ça a un vrai impact sur notre travail car, à cause de ça, la carapace se fend et la passion s’érode. Ça ne nous atteint pas sur le coup, mais ça use petit à petit. On se sent mal aimé. » Les mots prononcés par les exploitants sont durs et montrent à quel point le malaise paysan n’est pas une invention de sociologues parisiens… Cette thématique du regard de l’autre, de l’agressivité et du stress en agriculture avait été développée lors du 2e atelier, animé par un coach en relations humaines et un technicien de la Chambre

d’agriculture. Apprendre à séparer l’être et la tâche, pour se protéger de l’agression, a été l’une des pistes évoquées. Dans le prolongement des ateliers, une suite sur ce thème est envisagée dans six mois.Ce territoire périurbain a de plus la parti-cularité d’être touché de plein fouet par le phénomène de « fuite » des citadins vers les campagnes. Cette réalité, en plus de provoquer une pression foncière galo-pante, rend la cohabitation et le partage de la route entre les professionnels de l’agriculture et les autres usagers un peu tendus. « Certains conducteurs te doublent en te pointant du doigt et en klaxonnant comme des fous, juste parce que tu es devant eux depuis dix kilomètres avec ton tracteur et qu’ils ne peuvent pas doubler, témoigne Virginie, 36 ans, exploitante en poly culture à Erquinghem-Lys, commune située non loin de Lille. Comme si j’avais le choix d’uti-liser la même route qu’eux pour faire mes livraisons. Moi aussi je travaille  », pour-suit cette ancienne agronome. La jeune femme, loin de se laisser démonter par l’animosité de certains voisins, a décidé de faire de sa « rurbanité » un avantage. « Je suis en train de me diversifier. Je compte faire de la vente directe dans ma ferme. Une façon pour moi d’utiliser quelque chose qui pourrait être ressenti comme une épreuve, mais que je transforme en une opportunité. » Peut-être va-t-elle donner des idées à ses voisins agriculteurs ? L’échange d’idées et le partage d’expériences sont justement l’un des fondements-mêmes de ces ateliers Anim’santé. —

Alexandre Roger

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RENCONTRES

TOUS EN VACANCES

TROIS QUESTIONS À...

Le partenariat entre la MSA, l’agence nationale pour les chèques vacances et l’association de vacances de la mutualité agricole se poursuit en 2017. Une « Aide aux projets vacances :

partir pour rebondir ! » promet de beaux jours aux personnes fragilisées qui n’ont pas l’habitude de prendre l’air.

Découvrir, visiter, rencon-trer… ne rien faire. Qui ne goûte jamais au plaisir des vacances ? Un Français sur trois, selon le Crédoc (centre

de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie).Pourtant, les effets bénéfiques des vacances sont avérés. Renforcement des liens fami-liaux et sociaux, gain d’estime de soi, détente… ces moments sont un pas vers l’épanouissement. La thématique a progres-sivement pris sa place dans les politiques sociales. « Il y a une dizaine d’années, les vacances étaient à la marge. On considérait que c’était une variable d’ajustement, explique Bruno Lachesnaie, directeur du développe-

Oriane Filhol et Anne-Lise Garandel du département de l’accompagnement et du développement social à la CCMSA

Quelles sont les dispositifs existants pour le remplacement d’un agriculteur souhaitant partir en vacances ?Jusqu’à présent, un exploitant qui veut se faire remplacer fait appel à un service de remplacement : une association groupement d’employeurs dirigée par des agriculteurs

jours, pour certains projets, avec renou-vellement possible.

L’idée du remplacement sur l’exploitation pendant les vacances est-elle bien acceptée ?Clairement non. Les vacances sont vraiment loin de la culture habituelle. Souvent, ce sont des enfants d’agriculteurs qui ne sont eux-mêmes jamais partis en vacances avec leurs parents. Pour beaucoup, c’est un effort immense d’accepter de quitter l’exploitation, surtout dans le contexte de crise agricole actuel. Certains se font rem-placer par une personne de leur entourage la première fois. C’est plus sécurisant, plus rassurant. Ils choisissent alors de partir seulement quelques jours, un long week-end par exemple, et pas loin du domicile. Puis, lorsqu’ils découvrent que cela se passe bien, ils s’autorisent à partir pour une durée plus longue. —

L’OPTION REMPLACEMENT.”

ment sanitaire et social à la caisse centrale de la MSA. Aujourd’hui, elles ne sont plus un "plus" : elles sont complètement intégrées au mode de vie ». Ainsi, en cinquante ans, ce qui était considéré comme une activité élitiste est devenue une norme. Mais, depuis la crise, le nombre de vacan-ciers a baissé, surtout chez les plus modestes. En 2007, 47 % des foyers les plus pauvres partaient en vacances, contre 40  % en 2013. Les jeunes de 20 à 24 ans et les plus de 70 ans sont les plus concernés, tout comme les résidents des territoires ruraux. « Les vacances contribuent pourtant à lutter contre les exclusions et représentent un enjeu de développement personnel, voire de transformation sociale pour les publics

les plus fragiles », déplore Philippe Laval, directeur général de l’agence nationale pour les chèques vacances (ANCV). Manque de ressources, non accessibilité pour les personnes en situation de handicap, inexpérience en matière d’organisation de voyage : les freins au départ en vacances sont multiples. Certains considèrent que les vacances ne sont pas pour eux ou qu’ils n’en sont pas capables : savoir où et à qui s’adresser pour réserver une activité, un transport, un hébergement n’est pas for-cément une évidence. D’autres ressentent l’envie de s’évader, mais quitter leur environ-nement et rompre avec le quotidien leur fait peur. Chez la population agricole s’ajoute la contrainte professionnelle lorsqu’il faut

bénévoles. C’est cette structure qui emploie les salariés remplaçants et qui se charge de toutes les formalités administratives. Depuis 2014, l’exploitant bénéficie d’un crédit d’impôt de la moitié du coût de son remplacement.

En quoi consiste l’aide exceptionnelle accordée par le gouvernement en 2017 ?Cette mesure, annoncée en octobre 2016, entre dans le pacte de consolidation et de refinancement de l’agriculture, à la suite de la crise conjoncturelle et structurelle qui touche le secteur agricole. L’État a confié à la CCMSA une enveloppe exceptionnelle de quatre millions d’euros pour l’année 2017, afin de financer le remplacement d’agriculteurs en situation de burn out ou d’épuisement professionnel déclarée par leur médecin ou sur évaluation du travailleur social de la MSA. Les exploitants peuvent bénéficier d’un financement d’une aide au remplacement pouvant aller jusqu’à dix

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prévoir un système de remplacement pour que la ferme continue à tourner. « Pour les agriculteurs, les vacances sont une possibi-lité, mais uniquement s’ils ont terminé leur travail. Ce qui n’est jamais le cas, puisqu’il y a toujours à faire sur une ferme, remarque Bruno Lachesnaie. Il faut reconsidérer les vacances comme un élément complètement intégré au mode de vie et non plus comme une récompense à laquelle on a éventuellement droit si on a été performant. »

Faites vos valisesC’est pour aller dans ce sens que la MSA travaille en partenariat avec l’ANCV et l’association de vacances de la mutualité agricole (AVMA) sur le dispositif « Aides aux projets vacances : partir pour rebon-dir ! ». Elles proposent des séjours pour les personnes exclues du départ en vacances pour des raisons financières, organisation-nelles, culturelles ou psychologiques, afin qu’elles puissent s’octroyer du répit, loin de leurs tracas quotidiens. Un partenariat à trois mains où « chacun joue pleinement son rôle pour faire en sorte que l’offre soit attractive pour tous, sans discrimination ». La MSA contribue au financement du séjour et détecte les situations nécessitant un accompagnement, grâce à ses travailleurs sociaux présents sur les territoires. Il s’agit de faire accepter l’idée de vacances aux familles, les accompagner et leur proposer une offre. C’est ici qu’intervient l’AVMA et son réseau de villages de vacances implan-tés partout en France. Ses sites offrent des

conditions d’accueil renforcées pour les personnes en situation de handicap et des solutions pour soulager les aidants familiaux. L’ANCV, quant à elle, fournit un coup de pouce financier sous forme de chèques-vacances. En 2016, 1 400 personnes ont fait leurs

valises grâce à ce dispositif. Les retours sont encourageants. «  Ils sont heureux d’avoir pu souffler, se ressourcer, passer du temps en famille, nouer des liens avec d’autres vacanciers », souligne Oriane Filhol, du département de l’accompagnement et du développement social à la CCMSA. Dans certains cas, le départ permet même d’enclencher une dynamique : « Beaucoup sont reboostés et se lancent dans de nou-veaux projets. On a par exemple eu le cas d’une dame qui vivait très mal son handicap et qui, après avoir séjourné dans un village vacances disposant d’aménagements adaptés, a commencé des travaux chez elle. Ce qu’elle avait jusqu’alors refusé de faire. » —

Ève Dusaussoy

IL FAUT RECONSIDÉRER

LES VACANCES COMME UN ÉLÉMENT INTÉGRÉ AU MODE DE VIE.”

Rencontre entre les partenaires CCMSA, ANCV et AVMA, le 3 mars, au Salon de l’agriculture.

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34 MARS 2017 le bimsa www.lebimsa.fr

619 000 visiteurs, 4 000 animaux et 1 050 exposants venus de 21 pays pour le salon international de l’agriculture, 232 400 entrées et 1 770 exposants, dont 23 % d’internationaux, pour le salon international du machinisme agricole. La fréquentation des deux salons phares du savoir-faire agricole français, qui se tenaient fin février-début mars à Paris, a donné, dans un climat général de crise de la filière, des raisons d’espérer. L’occasion, pour la MSA, d’aller à la rencontre du public et de faire passer ses messages de prévention.

Pascal Cormery, président de la MSA, a répondu aux questions des journalistes de France bleu en direct et en public du stand de la Mutualité sociale agricole.

Les experts de la MSA ont accueilli les adhérents et futurs adhérents pour leur fournir des informations sur la retraite, les cotisations, l’installation...

Sur le stand de la MSA, on tente avec les conseillers de se réconcilier avec son réfrigérateur et la jungle des labels alimentaires. Le salon a été également l’occasion de s’informer sur les dispositifs d’alarme pour les travailleurs isolés et l’ensemble des services en ligne à destination des professionnels de l’agriculture, au premier rang desquels Pass’agri, le nouveau dispositif anticrise de la MSA.

Les animaux ont été, encore cette année, les stars du salon de l’agriculture, puisque 360 races y sont exposées par 1 050 professionnels, ce qui représente plus de 4 000 bêtes !

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L’AGRICULTURE

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Un rêve de petit garçon… sauf qu’il s’agit là d’un vrai.

Toujours plus gros, toujours plus beau, toujours plus haut aussi… Les 232 400 visiteurs du Sima ont pu découvrir des engins agricoles qui font tourner les têtes… jusqu’à provoquer un torticolis. Visite guidée pour une douzaine d’élus avec Benoit Moreau, de la CCMSA.

1 205 visiteurs ont suivi le parcours antichutes de la MSA. Tomber amoureux, à pic ou dans le panneau… il y a mille et une façons de tomber. À la ferme, c’est rarement dans les bras de Morphée, mais plutôt du toit d’un hangar agricole ou d’un tracteur, nous apprennent les conseillers en prévention de la MSA. Alors, gare à la chute.

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AUX SALONS

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Après une visite sur le site web santé-sécurité en agriculture (ssa.msa.fr) et sur Guidéa pour orienter exploitants et employeurs dans leurs démarches (www.msa.fr), il n’est jamais trop tôt pour apprendre

comment éviter les chutes de hauteur ! Sur le stand de la MSA, on ne perd pas une miette des explications du conseiller en prévention des risques professionnels,

tout en lorgnant sur un beau tracteur… qu’on emporterait bien à la maison.

Retrouvez le compte rendu détaillé et d’autres photos sur notre site :

www.lebimsa.fr

Sima

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