Agricfal_201-222
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201Ce chapitre de louvrage Lagriculture en famille : travailler, rinventer, transmettre est publi en Open Access sous licence creative commons CC-BY-NC-ND permettant lutilisation non commerciale, la distribution, la reproduction du texte, sur nimporte quel support, condition de citer la source. INRA-SAD, 2014DOI: 10.1051/978-2-7598-1192-2.c012
Coopration agricole de production : quand lactivit agricole se distribue
entre exploitation et action collective de proximit
Vronique Lucas1, Pierre Gasselin2, Franck Thomas3, Pierre-Franois Vaqui4
V. Lucas, P. Gasselin, F. Thomas, P.-F. Vaqui
Introduction
De nouvelles formes daction collective de proximit mergent en France entre les agriculteurs. partir de modalits plus ou moins anciennes (cooprative, associa-tion, groupement demployeurs, etc.), se constituent des groupes dagriculteurs qui laborent leurs projets de manire collective, de faon indite avec peu de rfrences, et parfois sans accompagnement institutionnel. Le rseau des coopratives dutili-sation de matriel agricole (Cuma) est un tmoin privilgi de ces initiatives, ce qui a conduit leur Fdration nationale (FN Cuma) engager depuis 2012, un travail de recherche-action pour mieux comprendre ce phnomne. Les premiers rsultats constituent le cur de ce chapitre 5.
Partant dune exprience de mutualisation de matriel et/ou de travail, voire de salariat partag, des groupes dagriculteurs tendent les horizons de leur projet col-lectif et dveloppent diverses initiatives : diversification des productions et/ou des activits, concertation des assolements, transformation et/ou commercialisation partages, etc. Ces initiatives souvrent parfois de nouveaux acteurs tels que les col-lectivits territoriales. Cette reconfiguration des modalits et des objectifs de laction collective impacte lvolution des exploitations et interroge bien des gards.
Quelles sont ces nouvelles formes ? Peut-on leur reconnatre des caractristiques communes ?
1. FN Cuma/INRA, UMR 951 Innovation, 34875 Lattes, France, [email protected]. INRA, UMR 951 Innovation, 34060 Montpellier, France, [email protected]. FN Cuma, 75538 Paris, France, [email protected] 4. FN Cuma, 75538 Paris, France, [email protected]. Ce travail, anim par la FN Cuma, a bnfici du soutien du ministre de lAgriculture (Casdar).
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Lagriculture en famille : travailler, rinventer, transmettre
Quelles motivations prsident lengagement dagriculteurs dans de nouvelles formes dexploitation et daction collective ? quelles innovations techniques et organisationnelles correspond ce processus ?
Comment ces mutations impactent les frontires et le fonctionnement de lex-ploitation ? Correspondent-elles des modles agricoles particuliers ? Comment accompagner ces agriculteurs dans ces recompositions de laction collective, autour de processus dynamiques et en labsence de rfrences stabilises ?
Aprs un cadrage thorique et mthodologique, larticle aborde ces diffrentes ques-tions en cherchant dabord dcrire et caractriser ces nouvelles formes daction collective de proximit entre les agriculteurs, et dans un second temps interprter leur motivation sy engager. Nous discutons ensuite des implications de ce mou-vement dans lvolution des logiques productives en agriculture ainsi que dans le dveloppement agricole.
Cadre danalyse et mthodologie
Laction collective : un fait social inhrent lactivit agricole
Depuis le Nolithique, lagriculture se transforme travers des processus daction collective. Pour stocker, produire, utiliser lespace, grer les ressources communes, changer, faire face aux risques, les agriculteurs se sont organiss collectivement de diverses faons, de leur propre initiative ou sous limpulsion dautorits, en adoptant des rgles communes construites de manire informelle ou institues par le droit (Ostrom, 1990 ; Mazoyer et Roudart, 2002). En France, les lois dorientation agri-cole de 1960 et 1962 qui instituent lagriculture familiale, renforcent en parallle lagriculture de groupe, quelle soit structure de faon cooprative (coopratives dapprovisionnement et de collecte, Cuma), associative (groupes de dveloppe-ment) ou socitaire (groupement agricole dexploitation en commun, groupement foncier agricole). Ces organisations constituent des outils de facilitation de la mise en place dans les annes 1960 et 1970, dun modle agricole familial productiviste (Nicolas, 1988 ; Lefvre, 1996 ; Barthez, 2000 ; Lucas, 2005).
Les vingt-cinq dernires annes ont t marques par un double mouvement com-bin de renforcement de la tendance modernisatrice et dhtrognit croissante de lagriculture, devenue plurielle sous leffet dune diversification des logiques pro-ductives et commerciales, ainsi que des fonctions exerces (Allaire et Boyer, 1995 ; Hervieu, 2002). Cette fabrique de nouvelles agricultures (Lmery, 2003), marques par une plus grande htrognit dans le contexte de socits en rseaux, explique les recompositions actuelles de laction collective en France.
Dune part, on peut citer lmergence de nouveaux collectifs dans le champ des agricultures alternatives, caractriss par la figure du rseau (comme le Rseau Semences Paysannes, ou Biodiversit, Agriculture, Sols & Environnement [BASE]).
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Coopration agricole de production
V. Lucas, P. Gasselin, F. Thomas, P.-F. Vaqui
Ces nouvelles configurations sociotechniques, entre agriculteurs distants gogra-phiquement, visent la production et le partage de connaissances (Demeulenaere et Goulet, 2012).
Dautre part, on peut citer le mouvement actuel de concentration des coopratives de collecte et dapprovisionnement, dont les relations avec les adhrents sont mar-ques par un phnomne de distanciation (Touzard et Draperi, 2003 ; Filippi et al., 2009 ; Barraud-Didier et al., 2012).
Proximit gographique et de coordination
Les recompositions actuelles de laction collective se manifestent galement au sein des formes dorganisation de proximit entre agriculteurs. Nous nous intresserons celles visibles partir du rseau des Cuma, correspondant des collectifs mlant diffrentes modalits darrangement et dorganisation, en plus de la structure juri-dique de la Cuma. Au vu de leurs caractristiques, nous proposons de les qualifier daction collective de proximit (Bouba-Olga et Grossetti, 2008).
Premirement, la proximit gographique entre les acteurs de ces formes sociales est induite par la matrialit des ressources mutualises (intrants, quipements, infrastructures, travail, salaris, productions, foncier) qui impose un certain degr de proximit physique, voire de contigut spatiale entre les exploitations.
Deuximement, la mutualisation de ces ressources est rendue possible par un niveau minimal dinterconnaissance et de confiance mutuelle qui rend possible lengagement de chaque agriculteur dans la dynamique collective de partage. Ces formes sociales sont donc encastres dans les rseaux socioprofessionnels locaux, qui gnrent une proximit socio-conomique (de ressource et de coordination) entre les agriculteurs impliqus. En effet, dans le champ professionnel agricole, ce type de rseaux prsente des caractristiques particulires comme diffrents auteurs lont dmontr.
Ainsi, Darr (1996) souligne que les agriculteurs cherchent, travers des interac-tions avec leurs pairs, dvelopper des dialogues techniques qui leur permettent denrichir leur travail rflexif visant adapter leurs pratiques. La morphologie des rseaux socioprofessionnels locaux dtermine la densit et la qualit des dialogues entre les agriculteurs dun mme territoire, travers lesquels se jouent des dyna-miques dinter-influence contribuant valuer les pratiques en vigueur et ainsi les normer . Ces rseaux qui tendent produire des reprsentations communes de la ralit formant un systme de normes local, sont donc la fois habilitants et contraignants pour les agriculteurs (Giddens, 1987).
Sabourin (2007, 2012) met en vidence que laction collective entre agriculteurs ne met pas en jeu seulement des besoins matriels, mais aussi des liens sociaux et sym-boliques. Selon lui, on ne peut rduire par exemple les prestations de travail dans les chantiers en commun de simples changes de services. Dailleurs, le droit fran-ais reconnat dans lentraide une relation de rciprocit dans lacte de production agricole et non pas une relation dchange marchand (Code rural, articles L.325-1
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Lagriculture en famille : travailler, rinventer, transmettre
et suivants). Par consquent, ce type dinteractions gnre des valeurs humaines et thiques, positives ou ngatives, exprimes par les agriculteurs travers lvocation de sentiments dobligation ou de solidarit, dappartenance ou de distanciation, ou encore de confiance. Ces valeurs constituent des produits, ainsi quun moteur ou un frein (selon quelles soient positives ou ngatives) au renouvellement des cycles de rciprocit.
Ces systmes de normes et de valeurs gnrs par les rseaux socioprofessionnels locaux en agriculture constituent des ressources cognitives qui facilitent ou handi-capent la coordination de proximit entre agriculteurs.
Troisimement, ces facteurs de proximit sont renforcs par des ressources de mdia-tion, constitues par les conventions partages qui se cristallisent dans les rgles communes adoptes par les collectifs. Une partie dentre elles est construite par les agriculteurs impliqus, tandis que dautres sont donnes de manire institutionnelle travers les statuts juridiques des structures mobilises dans laction collective. Des agencements chaque fois particuliers slaborent entre les diverses modalits for-melles et informelles de coordination et de mutualisation engages.
Quatrimement, une partie de ces formes sociales implique dautres acteurs externes lagriculture, notamment des collectivits locales. Ce caractre multi-acteurs contribue renforcer la dimension territoriale, qui interagit avec les autres effets de proximit caractristiques de ces dynamiques socioconomiques.
Pour rsumer, ces formes daction collective de proximit sont agences par les agriculteurs en mobilisant des processus sociotechniques, quils rgulent de faon flexible en sappuyant sur des systmes de normes, de rgles et de valeurs ainsi que sur des institutions juridiques, et ceci de manire plus ou moins ancre au territoire.
Un processus de recherche-action
Le travail dtude dont nous prsentons ici les rsultats est n dune rflexion de la FN Cuma, quelle a choisi de partager et dapprofondir avec un ensemble de partenaires du dveloppement agricole et de la recherche 6. Constatant un ques-tionnement et des recompositions de laction collective de proximit par une partie des adhrents, ses responsables ont dcid dorienter laction du rseau fdratif pour appuyer lmergence et le dveloppement des diverses formes de coopration entreprises par les agriculteurs autour de leur activit productive. Pour caractriser ces dernires, la FN Cuma a avanc le concept opratoire de coopration agricole de production, dfini comme lensemble des pratiques de coopration ayant pour objet la production agricole (FN Cuma, 2012a, 2012b ; Lacam et al., 2012).
6. Coop de France, CERFRANCE, Fdration nationale dagriculture biologique (FNAB), Fdration nationale des centres dinitiatives pour valoriser lagriculture et le milieu rural (FN Civam), Gaecs et Socits, Trame, Confdration gnrale des socits coopratives et participa-tives, Institut national de la recherche agronomique, ministre de lAgriculture.
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Coopration agricole de production
V. Lucas, P. Gasselin, F. Thomas, P.-F. Vaqui
Afin de mieux percevoir les implications de son nouveau positionnement, la FN Cuma a initi un processus rflexif avec des organisations partenaires concernes par le renouvellement de laction collective de proximit entre agriculteurs, en y asso-ciant la recherche. Un cycle de journes dtude sest concrtis en 2012 et 2013 afin de partager une analyse commune de ce phnomne. Il a permis didentifier diff-rents traits et enjeux des reconfigurations actuelles de laction collective de proxi-mit en agriculture, permettant davancer des hypothses explicatives. Cette tude dun tissu social particulier, celui des pratiques de coopration articules autour des Cuma, rvle des processus sociotechniques indits au sein de lagriculture franaise.
Mthodologie
Le contenu du cycle rflexif fournit les matriaux principaux de notre analyse, articuls autour (i) de monographies dune quinzaine de cas tudis (FN Cuma, 2012a ; Lacam et al., 2012 ; Lucas, 2013), constitues partir dentretiens collec-tifs semi-directifs et (ii) de diffrents travaux acadmiques en sciences sociales mis en discussion (Gasselin et al., 2012a, 2012b et voir aussi Gasselin et al. dans cet ouvrage ; Allaire et al., 2013 ; Cordellier, 2014). Par ailleurs, des acteurs de ttes de rseaux et des porteurs dexpriences de lagriculture de groupe ont prsent des analyses issues de leurs organisations (Sronie et Boullet, 2007 ; de Torcy et Pommereul, 2012 ; Lurois, 2012 ; Moral, 2012). Les journes ont runi une large palette dacteurs et de chercheurs partir dun agenda thmatique squenc faisant progresser un questionnement collectif. Au cur de ce processus rflexif, la notion de coopration agricole de production a fourni un concept de travail qui a constitu un objet intermdiaire du dialogue entre chercheurs et acteurs. Ce dernier a per-mis aux participants de contribuer nommer la nouveaut et a nourri un exercice smantique pour interroger les fondamentaux des formes observes, synthtis par des crits intermdiaires entre chaque journe. En complment, la tenue dun col-loque national mi-parcours (fin 2012) a permis de divulguer ltat des rflexions et de les prciser au vu des ractions suscites. Enfin, un travail collectif de construc-tion dun projet de recherche-dveloppement pour poursuivre ce processus rflexif a demand la ralisation de travaux exploratoires supplmentaires, notamment une revue bibliographique thmatique (FN Cuma, 2013). La frise ci-aprs rcapitule lensemble de cette dmarche de travail 7.
7. Les documents relatifs au cycle rflexif sur la coopration agricole de production sont inclus dans la bibliographie et disponibles par ce lien : http://www.cuma.fr/france/content/cooperation-agricole-de-production [consult le 21/07/2014].
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Lagriculture en famille : travailler, rinventer, transmettre
12 juin 2012
Comment articuler l'exploitation une
coopration agricole de production ?
31 oct. 2012
GIEE* : une chance pour la
coopration agricole de
production ?
9 dc. 2013
Agrocologie et coopration agricole de production
COLLOQUE
Formulation programme recherche-dveloppement Cap Vert(Revue bibliographique, travaux exploratoires)
26 avril 2012
Vers une coopration agricole de production
Cycle des journes d'tude Coopration agricole de production
*GIEE : Groupement d'intrt conomique et environnemental
4 sept. 2012
Le territoire, nouveau champ de la coopration
agricole de production
Fig.1. Chronologie du processus de recherche-action.
Caractristiques des formes de coopration agricole de production
Pour donner un aperu de ce que peut recouvrer la coopration agricole de pro-duction, le tableau 1 dtaille six cas tudis, choisis pour leur diversit, parmi la quinzaine mobilise durant le cycle rflexif.
Un empilement des formes organisationnelles et des statuts juridiques
La coopration agricole de production correspond des formes sociales qui se tra-duisent par des choix techniques communs entre les agriculteurs impliqus, une proprit en partie collective voire impartageable dquipements, dinfrastructures, voire de foncier, linterconnaissance et la proximit spatiale et socioconomique de leurs membres, des dynamiques de partage matriel et immatriel (comptences), montaires et non montaires, ainsi que des processus de concertation rguliers, et parfois continus. Pour certains des cas tudis, la mutualisation pousse conduit lorganisation de nouvelles formes dexploitation o plusieurs agriculteurs (parfois une dizaine) conduisent ensemble une partie de leurs activits. Des pans entiers de lactivit de production des exploitations participantes sinterpntrent ainsi sans forcment fusionner. Ceci repose sur une dlicate articulation entre mise en place dun outil commun, construction dun ou plusieurs collectifs, prservation des stra-tgies individuelles, voire inscription dans un projet de territoire.
Ces formes sociales saccompagnent dinnovations et hybridations organisation-nelles, aboutissant de nouvelles configurations de proximit. Les agriculteurs impliqus combinent des outils juridiques varis (Cuma, groupement demployeurs, Groupement dintrt conomique, etc.), voire des arrangements plus informels (banque de travail, entraide, groupement dachat, etc.).
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Coopration agricole de production
V. Lucas, P. Gasselin, F. Thomas, P.-F. Vaqui
Tab.
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Lagriculture en famille : travailler, rinventer, transmettre
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Un jeu dacteurs qui ancre laction collective au territoire
Ces formes sociales se constituent principalement via la mutualisation, par les agri-culteurs impliqus, de tout ou partie de leurs stratgies de production, au travers du matriel, du travail, de salaris, du foncier, des intrants, des btiments, etc. Dans un contexte dinstabilit avec une faible vision de lavenir, une partie des agriculteurs impliqus cherche ne pas figer leur organisation pour tre flexibles et ractifs, et ainsi garder la possibilit dvoluer selon les alas de la conjoncture (Gasselin et Bathfield, 2013).
La coopration agricole de production repose sur diverses logiques de proximit, o diffrentes alliances mergent entre les exploitations, et plus particulirement entre leurs activits productives. Ainsi, ces formes sociales ne relvent pas de sch-mas standardiss, mais sont le produit dune construction progressive de liens entre les acteurs dun mme territoire, agricoles et parfois non-agricoles. Les cas tudis montrent quelles rsultent dune ou plusieurs histoires longues de coopration de proximit, avec souvent des tapes premires o les agriculteurs participants ont dabord expriment des coordinations exigeant un faible engagement au sein du groupe. Les expriences permettent aux agriculteurs daffirmer progressivement leurs implications. Ces trajectoires enracinent ces formes sociales dans le territoire o elles se droulent.
Une gomtrie variable propre aux organisations en rseau
Lune des caractristiques fortes de ces formes sociales rside dans leurs gomtries variables et labsence de cadre normatif. La coopration agricole de production nest pas une mta-organisation au primtre rsultant de la simple agrgation de trois, sept ou dix exploitations. Les fonctions partages et les acteurs engags ne sont pas donns a priori, et une mme exploitation participe en mme temps plusieurs organisations. Se dessine ainsi limage dun tissu dexploitations avec diffrents types de connexion entre elles, rvlant les traits caractristiques dun fonctionnement en rseau : il nexiste pas de dcisions centralises, mais une pluralit despaces de concertation qui attnue les frontires de lexploitation. Lappartenance ces formes dorganisation tient lengagement mme des acteurs, et ce fonctionnement inter-roge la gouvernance des structures institues.
La construction de ces formes sociales rsulte moins dune planification que dune accumulation de micro-organisations : chaque lment est dtermin par la volont des acteurs mais la conscience de lensemble nest pas forcment partage.
Des complmentarits parmi lhtrognit des systmes productifs
Ce mode de coopration agricole de production conduit ainsi mettre en relation des systmes productifs diffrents : des agriculteurs conventionnels ctoient voire
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Lagriculture en famille : travailler, rinventer, transmettre
investissent avec des agriculteurs en bio, des viticulteurs sengagent sur un emploi partag avec des leveurs Au dtour dun matriel en commun, dun groupement demployeurs ou dun point de vente collectif, se dcouvrent des proximits et des complmentarits entre des projets dexploitation aux stratgies distinctes.
partir dune exploitation implique dans le cas tudi n 2 (Tab. 1), nous avons schmatis les relations de coopration multiples entre exploitations de ce territoire (Fig. 2).
Avec 3 agriculteurs, il mutualise une flotte de 3 tracteurs, sentraide, et produit son mlange cralier.
Ce petit groupe sinsre dans la Cuma locale qui gre dj une cinquantaine de matriels.
Parmi eux, certains partagent aussi des tlescopiques en coproprit
voire mme des troupeaux !
Certains font appel la Cuma dpartementale pour le semis et le binage du mas
Un groupement demployeurs runit la Cuma et les agriculteurs.
Install en 2001, Karl fait rgulirement appel son voisin pour intervenir sur lexploitation (prestation).
Fig. 2. Exemple dune forme de coopration agricole de production sur un territoire (cas tudi n 2).
Mme si nos travaux permettent de dgager des traits communs ces organisations collectives, la premire de leurs caractristiques reste lextrme diversit des formes constates, notamment conditionne par lhistoire et les organisations prexistantes sur le territoire, ainsi que les objets mis en commun par les acteurs.
De nouvelles cooprations pour soutenir le changement
Lobjet de ces formes de coopration agricole de production est multiple, mais nous reprons quil vise le plus souvent faciliter la construction de nouvelles pratiques et systmes dexploitation.
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La fabrique de nouvelles agricultures
Depuis plus dune vingtaine dannes, les activits agricoles sont mises lpreuve par de nouvelles demandes adresses lagriculture, ainsi que par les limites co-logiques et conomiques quelles rencontrent. Cette crise radicale qui ne peut tre aborde par les agriculteurs simplement en termes dadaptation, induit une part croissante dinventions, notamment via lexploration de nouvelles faons de faire et la redfinition de leurs rles (Lmery, 2011). Nous reprons au moins cinq facteurs actuels de mutation des systmes dactivits :
la recherche de solutions agronomiques : il sagit dagriculteurs confronts des impasses agronomiques, et/ou une plus grande frquence des accidents clima-tiques. Pour ragir la moindre efficacit des intrants chimiques (rsistances aux produits phytosanitaires par exemple), aux problmes drosion et de baisse de la fertilit des sols, ils cherchent diversifier les rotations en introduisant de nouvelles espces, recourir davantage au dsherbage mcanique et la ferti-lisation organique, diminuer le travail mcanique du sol, etc. (Fleury et al., 2011 ; Ricci et al., 2011 ; Meynard et al., 2013). Pour faire face la variabilit climatique, des leveurs mettent en uvre des stratgies de diversification de leurs productions fourragres (Nil, 2012 ; Figureau, 2013) ;
une meilleure productivit du travail : lagrandissement des exploitations, les stratgies de diversification, laspiration dgager du temps libre incitent des agriculteurs revoir lorganisation du travail. Cette orientation peut entraner un moindre travail cultural, ou une spcialisation du travail par champs de com-ptences, ou la mcanisation de certaines tches, ou une simplification pousse des systmes productifs, etc. (Charroin et al., 2012 ; Hostiou et Fagon, 2012 ; Quentin, 2012) ;
de nouvelles stratgies conomiques : le contexte conomique marqu par la concentration des acteurs de laval, et depuis 2007 par la volatilit des prix des intrants, incite les agriculteurs de nouvelles stratgies pour matriser leurs charges, commercialiser dans de nouveaux circuits, dvelopper dautres activi-ts gnratrices de revenu, etc. Ainsi, des leveurs manifestent leur volont de devenir plus autonomes pour lalimentation de leurs animaux, tandis quun pro-ducteur sur cinq vend aujourdhui en circuit-court (Barry, 2012 ; Garambois et Devienne, 2012) ;
le souci environnemental : un nombre croissant dagriculteurs sengage dans des pratiques plus respectueuses de lenvironnement (agriculture biologique par exemple), par raisonnement conomique, pour des raisons de sant, par thique personnelle (notamment de la part des nouveaux entrants non issus du milieu agricole, qui reprsentent une part croissante des installations), etc. (Lamine et Bellon, 2009 ; Lefebvre, 2009) ;
la multiplication des normes : une diversit de systmes normatifs impose aux agriculteurs des changements pratiques, tels que les rgulations environne-mentales publiques, lmergence de labels et marques privs dans un objectif daffichage environnemental, lvolution des cahiers des charges de lappellation
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dorigine contrle (AOC) vers un lien au terroir plus affirm (plus grande auto-nomie alimentaire lchelle de la zone dappellation pour les AOC dlevage par exemple), etc. (Hirczak, 2007 ; Bonnieux, 2009 ; Lucas, 2012).
Ces diffrents facteurs conduisent une htrognit des logiques productives entre agriculteurs (Ploeg et al., 2009 ; Le Guen, 2011 ; Lmery, 2011).
Laction collective, levier de linnovation
Nous avons identifi au moins trois raisons principales qui conduisent les agri-culteurs se tourner vers la coopration agricole de production pour engager ces nouvelles pratiques.
Des logiques dinvestissement diffrentes
Des pratiques induisent des investissements spcifiques, par exemple dans de nou-veaux quipements qui sajoutent en se substituant peu ceux dj dtenus (cas des matriels pour le dsherbage mcanique, le non-labour, la transformation fermire, etc.). Cette tendance, rebours de la logique de spcialisation, est renforce par les stratgies de diversification des productions et des activits sur une partie des exploitations qui tendent renchrir les charges structurelles. La possibilit dinves-tir collectivement dans un parc matriel largi dquipements spcifiques scurise lengagement dans le changement de pratiques et la cration de nouvelles activits, quand elle nen devient pas une condition indispensable.
Linadquation du rgime sociotechnique actuel
Les agriculteurs sont aujourdhui confronts un manque de solutions et de condi-tions adaptes de la part de lensemble constitu par lagrofourniture, lagroali-mentaire et la distribution, ainsi que lappareil de recherche-dveloppement (Rip et Kemp, 1998 ; Vanloqueren et Baret, 2009). Ceci les conduit cooprer pour rsoudre leurs questions par eux-mmes. Dune part, laction collective permet des agriculteurs daccder des ressources stratgiques quils trouvent difficilement ou de manire peu satisfaisante auprs des oprateurs de lagrofourniture. Cest le cas des producteurs sorganisant pour la production et lchange de semences fermires, ou de ceux qui se coordonnent avec un quipementier pour co-concevoir des mat-riels adapts leurs conditions spcifiques de travail (pour les outils de semis direct par exemple) (Lucas, 2012). Dautre part, des cooprations deviennent ncessaires pour assurer la viabilit conomique des nouvelles pratiques sans dbouchs satis-faisants dans les filires existantes. Ainsi, diffrents cas de relance de cultures de diversification (chanvre, lin, luzerne, etc.) ont t facilits par lorganisation de col-lectifs de producteurs en Cuma ou groupes de dveloppement, pour matriser et grer ces nouvelles activits (Meynard et al., 2013). Dans dautres cas, la Cuma permet le maintien de productions menaces par exemple par la concentration des entreprises agroalimentaires, avec qui le rapport de forces devient plus dfavorable
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pour les producteurs. Des groupes investissent en commun dans des quipements de stockage et de conditionnement, voire de transformation pour commercialiser en circuits courts (Mondy et al., paratre ; Mundler et al., paratre). Par ailleurs, la coopration de proximit favorise lmergence de coordinations pour le recyclage de coproduits, par exemple pour lalimentation du btail (production de tourteaux grce linvestissement dans une presse huile), ou pour la fertilisation organique (organisation collective de co-compostage, mthanisation territoriale pour obtenir un digestat fertilisant, voire mieux valoriser les engrais verts) (Pierre, 2013). Ce type de stratgies collectives pour concevoir des solutions adaptes aux situations des agriculteurs contribue linnovation dans le contexte dun rgime sociotechnique devenu inadquat.
Limpasse individuelle
Certaines nouvelles pratiques ncessitent dagir une chelle dpassant celle de lexploitation. Par exemple, des cooprations lchelle dun terroir ou dun bassin versant permettent des actions concertes entre agriculteurs au niveau des processus cologiques (Lger, 2013). Ainsi, des producteurs se coordonnent pour procder chaque anne des changes de parcelles pour viter le recours trop frquent de certaines cultures au mme emplacement, ce qui devient problmatique dans un contexte de moindre efficacit des intrants chimiques. De mme, des producteurs de semences organisent des dmarches collectives de pollinisation dirige.
Ces formes dorganisations dveloppent de nouvelles fonctions qui contrastent avec le rle longtemps jou par la Cuma pour faciliter la mise en uvre des techniques proposes par le rgime sociotechnique dominant (Lefvre, 1996). Aujourdhui, soprent de manire croissante dans les Cuma et groupes de dveloppement des processus de co-conception de solutions, tant dordre techniques quorganisation-nelles, en raison de la limitation de connaissances valides et actionnables pour sou-tenir ces nouvelles pratiques et activits. Par la coopration agricole de production, lagriculteur invente et conoit des pratiques et modes dorganisation, souvent fon-ds sur les atouts et contraintes de son environnement agrocologique et territorial. Cet exercice de conception est facilit par le dialogue entre pairs, dont le regroupe-ment favorise galement le partenariat avec des acteurs externes.
la croise des modles de dveloppement agricole
Des recompositions dans lensemble de lagriculture
La reconfiguration actuelle de laction collective de proximit pour faire voluer les pratiques et systmes dexploitation sobserve dans lensemble du paysage agri-cole franais, dont on constate une polarisation entre deux tendances principales (Garambois et Devienne, 2012 ; Ploeg, 2014). Il sagit dune part, dune tendance marque par lexpansion continue de structures dexploitation de grande taille,
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associe des gains de productivit physique du travail, rendue possible par le recours important aux intrants et capitaux externes qui se substituent au travail. Lautre tendance correspond la recherche de valorisation des potentialits propres des exploitations, de manire endogne, partir de stratgies de diversification, dautonomisation, et/ou de cration de valeur ajoute. Entre ces deux ples, et comme le fait remarquer Ploeg (2014), coexistent de larges zones grises induites par les fluctuations et hybridations qui caractrisent les trajectoires et stratgies des agriculteurs, ainsi que les actions collectives auxquels ils sintgrent.
Du ct de la tendance expansionniste des structures de grande taille
De nouvelles modalits de coopration mergent entre agriculteurs pour franchir de nouveaux caps en matire de gains de productivit du travail, en repoussant la limite du nombre dhectares ou danimaux quun actif agricole peut prendre en charge. Assolements concerts, maternits collectives en production porcine, regroupement de troupeaux, dlgation de certaines tches travers du salariat partag, associ ou non des activits organises en commun (par exemple la reprise et distribution des fourrages en levage) permettent daller plus loin dans la concentration productive, la simplification des systmes productifs, la mcanisation et lautomatisation du tra-vail dj entreprises lchelle des exploitations (Sronie et Boullet, 2007 ; Cochet, 2008 ; Charroin et al., 2012).
Du ct de la tendance endogne
Ploeg (2014) note que les agriculteurs orients vers la diversification et la recherche dconomies, activent de nouveaux modes de coordination entre eux, pour substi-tuer certaines transactions marchandes par des formes dorganisation ou de presta-tions rciproques. Cette prfrence sexpliquerait notamment, selon lauteur, par la mfiance engendre par des comportements opportunistes dacteurs marchands, lesquels conduisent les agriculteurs privilgier la coopration entre pairs pour accder des ressources stratgiques pour leurs systmes productifs (change de semences fermires par exemple).
Ces actions collectives, confortant des stratgies productives plus fortement gn-ratrices demploi et de valeur ajoute sur leurs territoires (Garambois et Devienne, 2012 ; Mah et Lerbourg, 2012 ; Ploeg, 2014), rencontrent une considration plus favorable de certaines collectivits territoriales. Une partie des lus politiques devient plus consciente des potentialits conomiques de formes dagriculture valorisant les ressources locales, tout en cherchant reprendre la main sur des domaines jusque-l gouverns par des politiques centralises et/ou des oprateurs conomiques a-terri-toriaux, comme le montrent les exemples du secteur de lnergie et de la restauration scolaire (Fiamor, 2011 ; Le Velly et Brchet, 2011 ; Tritz, 2012 ; Pierre, 2013).
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Au sein des zones grises ...
Certains cas tudis attestent de llaboration de dispositifs techniques et organisa-tionnels qui permettent la fois des gains de productivit par des investissements collectifs et des gains dautonomie par le dveloppement de pratiques diminuant le recours aux intrants externes. Lexemple du cas n 5 (Tab. 1) illustre cette hybri-dation entre logique de substitution du travail par le capital et logique endogne : linvestissement de prs de deux millions deuros dans une installation collective de schage en grange, partage entre 13 exploitations, permet de dvelopper la culture de prairies riches en lgumineuses, et donc conomes en intrants.
Par ailleurs, lhistoire rcente du dveloppement agricole montre la reprise de cer-taines innovations collectives par le rgime sociotechnique dominant. Le dvelop-pement actuel de la mthanisation territoriale, du co-compostage de dchets verts et effluents dlevage, ou la relance de certaines filires comme celle du chanvre ou du bois-nergie ont t initis grce aux efforts passs de regroupements dagri-culteurs pionniers, en Cuma ou groupes de dveloppement. Ayant pass le stade de lexprimentation, ces nouveaux champs dactivit constituent aujourdhui des opportunits rentables pour des oprateurs ou investisseurs externes lagriculture. Ceux-ci les saisissent pour installer des dispositifs industriels, dans lesquels les agri-culteurs ne sont plus que de simples fournisseurs, dont lactivit devient partielle-ment subordonne aux prrequis de ces nouvelles filires (Le Guen et de Casinire, 2010 ; Meynard et al., 2013).
Quel cadre donner la coopration agricole de production ?
Parmi les nombreuses reconfigurations de laction collective de proximit en agri-culture, que peut-on considrer comme relevant de la coopration agricole de pro-duction ?
Les implications du principe coopratif
Le concept opratoire de coopration agricole de production va au-del de la notion de collaboration une action commune, en introduisant des principes de coo-pration. Les mouvements de lconomie sociale dclinent ces principes travers diffrentes rgles, comme lengagement volontaire et la participation effective aux dcisions, le fonctionnement dmocratique (une personne = une voix), la solidarit entre coopratives et avec le territoire, etc. (ACI, 1996 ; Draperi, 2011). Lensemble de ces notions est repris et dclin dans le projet politique de la FN Cuma comme constitutif dun modle de dveloppement vise mancipatrice, prservant lauto-nomie de dcision et daction de chaque agriculteur, et contribuant au dvelop-pement des territoires, notamment en cherchant installer et maintenir un grand nombre dagriculteurs (FN Cuma, 2012b).
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Asymtries et slection
Ces principes excluent donc de la coopration agricole de production, les formes sociales bases sur des modalits dorganisation asymtriques entre agriculteurs confrant une position de donneur dordre ou de prescripteur lun des pro-tagonistes de la collaboration. En effet, de nouveaux types darrangement mergent entre agriculteurs, en renouvelant par exemple des formes de contrats dintgra-tion qui peuvent tendre dpossder certains producteurs de la matrise de leur activit. Il peut sagir par exemple de dlgation de cultures annuelles sur les terres dautres exploitations, travers un cahier des charges indiquant les modalits cultu-rales de limplantation la rcolte, voire travers une conduite de lintgralit du cycle cultural (voir Anzalone et Purseigle dans cet ouvrage). Cochet (2008) observe que ces arrangements sorganisent surtout avec des agriculteurs dsavantags, qui tendent perdre la matrise de lacte de production.
Plus largement, considrer la dimension cooprative de ces formes sociales amne sinterroger sur les impacts de cette recomposition de laction collective de proximit sur les processus de diffrenciation aujourdhui visibles dans le champ professionnel agricole : la coopration agricole de production renforce-t-elle ou limite-t-elle la slection gnre par les mutations sociotechniques actuelles ? (Le Guen, 2011). Autrement dit, les formes sociales tudies correspondent-elles au regroupement des seuls agriculteurs dots dun minimum de ressources culturelles, sociales et relationnelles pour conduire des processus dinnovation de manire autonome et matrise ? Ou bien ouvrent-elles laccs la possibilit dinnover un maximum dagriculteurs ?
Repenser laction publique
Ces mutations de laction collective de proximit en agriculture questionnent les cadres actuels des politiques publiques, notamment leur focalisation sur lexploita-tion agricole. Elles invitent notamment examiner leffacement de la famille dans les solidarits de proximit, interroger les statuts juridiques de la coopration agri-cole, et repenser les modalits daccompagnement.
Laction collective de proximit rinvente : un substitut la famille ?
Ces formes sociales signent une dissociation des liens entre la terre, le travail et le capital, autrefois fondements de lexploitation agricole familiale (Cochet, 2008). Peut-on dire que la coopration agricole de production reprend aujourdhui cer-taines des fonctions exerces pendant longtemps par la famille agricole ? Cette dernire fut autrefois vectrice dune cohsion sociale de proximit et structurante des processus dentraide. Aprs les lois dorientation de 1960-1962, elle a conti-nu jouer un rle important dans lagriculture, notamment dans la socialisation
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professionnelle des nouveaux actifs, comme support didentit, ainsi que comme espace social dinnovation (Lucas, 2005 ; Mundler et Rmy, 2012).
Leffacement de la famille comme composante sociale centrale de la production agricole peut-elle tre un des facteurs explicatifs de lactuelle rorganisation sociale et professionnelle de lagriculture ? Cette hypothse laisse entrevoir laction collec-tive de proximit comme lun des nouveaux lieux de socialisation, dinnovation et de projet en agriculture, dont les activits se distribuent des degrs divers entre lexploitation et diffrentes formes dorganisation collective. Dans ce cadre, lactivit agricole devient un objet de moins en moins saisissable par les outils actuels des politiques publiques fondes sur le chef dexploitation et lunicit de lexploitation.
Comment valuer la dimension cooprative ?
La coopration agricole de production repose sur des modalits dorganisation informelles et formelles, et parmi ces dernires, toutes ne se caractrisent pas par un statut juridique dordre associatif ou coopratif. Face la complexit et lhtrog-nit des formes possibles de coopration agricole de production, il apparat difficile davancer une dfinition normative, caractrisant une fois pour toute sa dimen-sion cooprative. Lenjeu de cette caractrisation tant avant tout institutionnelle, notamment au regard de laction publique, il apparat plus judicieux davancer vers un faisceau de critres, lexemple dautres expriences tentes soit en agriculture (Gasselin, 2011) ou dans lconomie sociale (Draperi, 2011). La finalit est ainsi plus de produire une grille danalyse pour interroger chaque forme sociale et ainsi lvaluer, sur sa dimension cooprative et ses plus-values vis--vis de la collectivit. Ceci permettrait alors terme de justifier de soutiens publics spcifiques (fiscalit avantageuse, aides financires, accs aux marchs publics, etc.).
Repenser laccompagnement
Lhtrognit des formes sociales et techniques dagriculture et de leurs logiques complique les processus de coordination entre les producteurs, qui peuvent nces-siter de nombreuses concertations pour mettre les besoins et projets en adquation avec les objectifs de laction commune. Or, les tudes dmographiques montrent que le renouvellement des actifs agricoles sera dsormais davantage le fait de jeunes aux profils diversifis (niveaux suprieurs dtude, avec plus dexpriences hors agriculture et plus dinstallations hors cadre familial, etc.), phnomne susceptible de renforcer lhtrognit des agriculteurs, de leurs profils et de leurs logiques (Lefebvre, 2009 ; Wepierre et al., 2012). Par ailleurs, les capacits daccompagne-ment pour faciliter et rendre plus efficace laction collective des agriculteurs sont aujourdhui fragilises : dune part, par la diminution des financements publics aux organismes dappui aux groupes, et dautre part, par manque de comptences ad-quates pour rendre possible laction commune entre la diversit des agriculteurs (Ruault et Lmery, 2009 ; Compagnone et al., 2013).
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Au regard de ces constats, linvestissement de laction publique, travers la recherche et le dveloppement agricole, reste plus que jamais ncessaire afin de contribuer renforcer les comptences daccompagnement des processus de coordination entre agriculteurs.
Conclusion
Le paysage de laction collective de proximit se recompose sous leffet des nou-veaux dfis conomiques et agro-cologiques rencontrs par les agriculteurs, et des mutations sociales et territoriales qui affectent le secteur. Au contraire des priodes prcdentes, les nouvelles formes de coopration entre agriculteurs sont plus auto-nomes et endognes et peu dictes par les oprateurs de lencadrement agricole, les dispositifs de laction publique ou les mots dordre syndicaux. La coopration agricole de production analyse dans cet article atteste dun largissement du champ de la mutualisation des activits et des investissements agricoles et transforme les frontires et le fonctionnement de lexploitation, quil sagisse de lorganisation du travail, des formes juridiques, du projet patrimonial ou encore de la prise de dci-sion. Ces mutations remettent en cause les outils de laction publique et des organi-sations agricoles articuls autour de lobjet exploitation agricole . Elles appellent entre autres, renouveler les problmatiques de recherche scientifique : o sont les frontires de ces nouvelles formes de coopration ? Quelles sont les modalits et les comptences daccompagnement ncessaire leur consolidation ? Sagit-il seule-ment de nouvelles formes dorganisation de la production ou plus radicalement de nouveaux modles de production ? Sont-elles de nouvelles expressions de la coexis-tence et de la confrontation des modles agricoles lchelle territoriale ?
Cest une partie de ces questions quun nouveau projet de recherche-action impuls par la FN Cuma et lInra, en partenariat avec dautres acteurs 8, va chercher rpondre dans les annes venir pour aller plus loin dans la comprhension appro-fondie de ce phnomne, et mettre lpreuve les hypothses explicatives mises dans les pages prcdentes.
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