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MAGAZINE MENSUEL DE L'ASSOCIATION GENDARMES & CITOYENS

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Numéro 26 - Décembre 2011

La Machine à Café, page 4 Le dossier du mois : Livre blanc sur la sécu-rité…, page 9 Quand de hauts responsables s’arrangent avec la réalité, page 16, par Christian CONTI-NI Différences entre pouvoir et domination, Ray FUNKHAUSER, page 19 Sécurité à coûts variables, page 20, par Christian BRANA Monument National en mémoires des victi-mes en OPEX, Page 21 Suicides en Gendarmerie, nous n’oublions pas, page 22 Retranscription de l’interview du Gal CAVA-LIER à MEDIAPART, page 24 Communiqué : Laurent MUCCHIELLI, page 28 Nos publications, page 29 Du côté de la Police, par Mordax, page 30 Les risques du métier, page 34 Le gendarme Padchance, page 36 Pourquoi nous rejoindre ? page 39

SIEGE SOCIAL Plantades

63690—AVEZE

Président Christian CONTINI

7 chemin des vignes 41100 COULOMMIERS LA TOUR

[email protected]

Secrétaire Marc VAYSSIE

Plantades 63690 AVEZE

[email protected]

Trésorier Christian BRANA Route de Simorre 32450 SARAMON

[email protected]

Le MAGAZINE A.G.&C. est disponible en téléchargement sur l'espace web de l'association Gendarmes et Citoyens :

http://sites.google.com/site/assogendarmesetcitoyens

Nous remercions toutes les personnes qui ont contribué à la création, l'édition, la mise en page du bulletin d'information et celles qui ont proposé des articles, Malgré le soin apporté à sa rédaction, des erreurs typographiques ont pu nous échapper; nous vous prions de nous en excuser.

Directeur de publication : Christian CONTINI Comité de rédaction :

Relecture Marc VAYSSIE, Maquette ACDC Articles : Christian CONTINI - Christian BRANA – MORDAX - J.P. Del PISTIOA - Ray FUNKHAUSER

(extraits) Conception graphique – Photomontages –

Mise en page : ACDC

Photos : Médiathèque de l'AG&C - Images libres de droits – Collection Christian CONTINI—

ACDC

Couverture : Montage ACDC - photo ACDC®

Dépôt légal : dès parution La reproduction des articles et photos est autorisée

à la seule condition de nous en aviser.

Contact : [email protected]

C onvaincre avec l’humour ?

L e 23 octobre a vu la disparition d’un homme dont j’avais entendu la voix chaude à la radio alors que je n’étais en-

core qu’un enfant. Jean Amadou nous a quittés. Ce chanson-nier, homme très cultivé, maniait un humour tout en finesse sans jamais être vulgaire. Il connaissait parfaitement la lan-gue française dont il jouait de toutes les nuances. Ce fin let-tré avait l’élégance du verbe. Il égratignait les uns et les au-tres sans jamais se permettre la moindre allusion qui aurait pu être considérée insultante ou blessante.

S i je parle de ce grand monsieur, qui fréquentait aussi bien la radio et la télévision que les théâtres, c’est que je me

suis pris à imaginer un instant qu’il aurait pu collaborer à no-tre magazine. Il aurait su traiter avec humour tout ce que la gendarmerie subit ac-tuellement. Je l’entends ironiser sur les hommes en bleu à qui l’on demande tou-jours plus tout en réduisant leurs moyens. Je le vois démontrer avec humour le fos-sé qui existe entre les policiers et les gendarmes en particulier lorsqu’on évoque le droit d’expression. Il aurait su rire de l’appartenance de la gendarmerie à la « gran-de muette » en nous faisant certainement remarquer que ses membres, à qui l’on demande toujours plus, sont jugés incapables de pouvoir exprimer leur mal être sans déroger à une obligation de réserve qui date d’une époque antédiluvienne. Il se serait amusé de la multitude de propositions qui sont faites pour gérer les forces de sécurité sans jamais consulter leurs bases. Onze mesures par ci, trente-huit pro-positions par là, tout un livre « blanc » par ailleurs.

U n chroniqueur de cette trempe aurait été le rêve pour notre magazine. Peut-être devrions nous solliciter quelques-uns de ses amis, Jacques Mailhot, Ber-

nard Mabille, Jean Roucas, Philippe Bouvard ou d’autres. Une consolation, d’autres publications ayant pignon sur rue ont moins d’humour que notre magazine, mal-gré les moyens dont elles disposent.

S i nous sommes tristes du départ de Jean Amadou, nous sourions en pensant qu’il doit partager de grands fous rires avec un autre humoriste qui l’a rejoint,

Robert Lamoureux. Lui aussi aurait su faire rire de la situation des gendarmes. Si l’on se remémore les aventures de la 7e compagnie, on sait qu’il portait l’uniforme avec élégance et au lieu du « fil bleu sur le bouton bleu ….. » il nous aurait fait une démonstration du petit doigt sur la couture du pantalon et de l’index sur le bouton de jugulaire du képi.

Par Christian CONTINI

Président de l’A.G.&C.

DRAMES EN SERIE : Nouveaux suicides en Gendarmerie. C’est la garde républicaine, caserne Nouvelle France à PARIS, qui est touchée par un nouveau suicide qui s’est produit le 16 octobre. Nous ignorons les cau-

ses exactes de ce drame ni de quelle façon il s’est produit mais il semblerait que la victime âgée de moins de 30 ans se trouvait face à un problème sentimental. Condoléances à sa fa-mille, ses proches et tout notre soutien à ses collègues. Le 20 octobre un autre garde se se-rait également donné la mort dans des cir-constances ignorées. Suicide d’un policier à Vaulx-en-Velin. Le 20 octobre, une vive émotion s’est manifestée à Bourges lors des obsèques nationales d'Anne Pavageau en présence de nombreux policiers. A 15 heures une minute de silence a été ob-servée dans tous les commissariats et toutes les gendarmeries de France pour rendre un dernier hommage à cette policière mère de famille. Si le geste fou de l’homme qui l’a tuée à coups de sabre reste incompréhensi-ble, c’est aussi l’incompréhension qui domine à l’annonce d’un nouveau suicide, celui d’un jeune policier d’une trentaine d’années la nuit suivante. Récemment affecté à la brigade de Vaulx-en-Velin (69) ce père de famille s’est donné la mort avec son arme de service pour des raisons qui restent à déterminer. Ce suici-de intervient une semaine après celui d'un jeune policier de 27 ans, père de famille éga-lement, récemment affecté à Villeneuve-sur-Lot qui s'est donné la mort à son domicile. Une nouvelle fois les services de sécurité sont en deuil et nous partageons la tristesse de tous ceux qui sont touchés par ces drames. Un gendarme se suicide dans l’Oise. Cette in-formation va sembler banale tant elle se ré-pète au long des semaines. Ce jeune gendar-me de la brigade de Verberie (Oise) avait 28 ans, il a choisi de nous quitter le 21 octobre, nous ne savons pas pourquoi et nous ne le saurons peut-être jamais, il nous reste le cha-grin d’une famille, la tristesse de ses amis et

camarades que nous partageons. Paix à son âme. Nouveau drame chez les policiers. Ce sont les corps d’un gardien de la paix récemment af-fecté à Nantes et celui de son épouse qui ont été retrouvés à leur domicile de Saint-Mars-du-Désert le 23 octobre. L’enquête semble vouloir établir que l’homme a tiré sur son épouse avant de retourner l’arme contre lui. De là à dire qu’il s’agit d’un drame familial le pas est rapidement franchi. Nous nous po-sons la question de savoir dans quelle mesure les conditions de travail interfèrent dans la vie familiale et peuvent conduire à ce genre de drame. Nous nous associons à la douleur des familles et des proches.

26 octobre, les 90 fonctionnai-res de la CRS de Toulouse ont été relevés au bout de deux jours. Pas d’épidémie à déplo-

rer. Simplement, les intéressés n’ont pas relevé suffisamment

d’infractions et n’ont pas procédé aux 4 interpellations quotidiennes qui leur sont demandées. A aucun moment il ne nous viendrait à l’idée d’évoquer des quotas impo-sés mais nous pensons que ces fonctionnaires feront « ceinture » pour la prime de mérite. La compagnie de La Rochelle a assuré la relè-ve. 26 Octobre, Claude Guéant au forum de la presse régionale dans le Nord: Morceaux choisis : Au sujet des patrouil-leurs : À Lille, nous comptons 1 065 pa-trouilles supplémentai-res pour la même période, dont 333 (pas 334) pédestres. Je compte en faire davantage en-core, en sollicitant les fonctionnaires actifs qui sont dans des bureaux, qui ne sont pas handicapés par des blessures. Sur huit heures de présence, ils peuvent consacrer deux heu-res à des patrouilles. Je compte aussi réduire

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le nombre de mises à disposition au profit des organisations syndicales. Dont acte monsieur le ministre attendons la réaction des syndi-cats. Le 28.10 à Bordeaux, nouvelle mise en avant des policiers "patrouilleurs" qui per-mettent des arrestations en flagrant délit (des exemples SVP) en septembre on compte 30000 patrouilles de plus qu’en juin. Il pour-rait préciser au contribuable que c’est écono-mique, l’entretien de chaussures, rollers ou bicyclettes est moins onéreux que celui des voitures. Pour récupérer les écologistes il pourrait aussi préciser les tonnes de CO2 éco-nomisées en remplaçant les chevaux vapeur par le muscle. 27 octobre. Quand le président de la Répu-blique s’emmêle dans les chiffres. A l’occasion de sa pres-tation télévisée, le président de la Répu-blique a évoqué 150 000 policiers et 120 000 gendarmes dont 5 % sont tués ou gra-vement blessé au cours de l’année. Tout d’abord il faut remet-tre les « pendules à l’heure » il n’y a plus 120000 gendarmes depuis bien longtemps, depuis que le président de la République en a éliminé plus de 20000 avec sa RGPP ils restent à moins de 100 000 parmi lesquels des civils, des administratifs et des gendarmes adjoint volontaires. Si l’on s’en tient aux chiffres don-nés ce serait une trentaine de policiers et gen-darmes qui seraient blessés ou tués chaque jour, heureusement on n’en est pas encore là. Qui a pu donner ces chiffres au président Sar-kozy, certainement un conseiller dont il ferait bien de se séparer. Trois nouveaux suicides dans la police. Ces actes irréversibles se sont produits entre le 29 octobre et le 3 novembre. Le premier s’est à Nice (06) où c’est un fonctionnaire de 36 ans

qui a mis fin à ses jours avec son arme de service. Il de-mandait depuis plusieurs an-nées un rapprochement près de sa compagne, gendarme dans le centre de la France. Le second drame concerne un fonctionnaire de la CRS 29 de Lannemezan (65) âgé de 39 ans il était père d’une fillette. Un troisième policier âgé d'une trentaine d'années, affecté au commissariat de Stras-bourg, s’est donné la mort avec son arme de service à son domicile d’Ernstein (67). Aucun renseignement ne filtre sur les causes de ces trois suicides. Il semble que devant ce problè-me la police soit aussi « muette » que la gen-darmerie. Sincères condoléances aux familles et aux proches. Les suicides ça suffit. Des dizaines de policiers et de gendarmes se sont donnés la mort depuis le début de l’année. Récem-ment, c'était un gendar-me de l’Est de la France. Quand nous lisons dans la presse : « « De source proche de l’enquête, on incitait à la prudence dans cette affaire, ajoutant que ce suicide pouvait avoir de multiples raisons, y compris d’ordre privé » », nous invitons les informateurs à fai-re leur travail d’enquête avant de se pronon-cer et à donner leurs conclusions à l’issue de leurs investigations. Nous savons pertinem-ment qu’une chape de plomb va recouvrir cet-te affaire et que nous ne serons jamais tenus informés. Tout notre soutien à la famille, aux proches et aux collègues de ce gendarme. A chaque fois la hiérarchie invoque des diffi-cultés « personnelles ou familiales » pour s’exonérer de toute responsabilité. On oublie volontairement de préciser que dans ces métiers, police et gendarmerie, la vie professionnelle est totalement imbriquée dans la vie privée et familiale. Il devient né-cessaire de mettre un coup de frein à ces

suicides dont le chiffre ne cesse de croître. Il serait temps que les spécialistes s’impliquent dans le mal être des membres des forces de sécurité avant qu’ils ne passent à l’acte. Les cellules psychologiques qui se mettent en pla-ce après un drame pour soutenir les gendar-mes feraient mieux de s’impliquer auprès des personnels en difficulté avant qu’ils n’atten-tent à leurs jours. Il faut que le commande-ment prenne en charge ce problème, qui ne cesse de s’étendre, par une meilleure forma-tion et surtout une écoute réelle des gens en difficulté. Il est également important qu’on cesse de vouloir cacher au public la réalité de ces suicides à répétitions. C dans l’air, mise au point.

A l’occasion de l’émis-sion de l’incontourna-ble « C dans l’air » du jeudi 10 novembre 2011 nous avons pu apprécier l’honnêteté intellectuelle de la res-ponsable d’un syndicat de commissaires. Cette émission intitulée « les ripoux : comme au ci-

néma » traitait des quelques affaires de hauts fonctionnaires de la police qui ont été pris « les doigts dans le pot de confiture ». Nous laissons la justice faire son travail sur ces dos-siers qui ont défrayé la chronique. Nous ne pouvons cependant ignorer l’affirmation d’u-ne « commissaire divisionnaire » responsable d’un syndicat (ce qui lui vaut d’être détachée pour assurer cette fonction). Elle a affirmé sans sourcilier que la gendarmerie connaissait les mêmes ripoux que la police mais que les faits étaient dissimulés dans son cas. Quel-ques réflexions sur le plateau ont permis de souligner que la gendarmerie restait une grande muette mais surtout que, contraire-ment à un commissaire, un officier de gendar-merie n’effectuait que rarement plus de qua-tre années au même poste ce qui n’est pas le cas des responsables de la police qui font par-

fois partie des meubles dans certains services. Les changements de postes évitent de se mê-ler à la voyoucratie et, en sus, cela empêche les officiers de trop s’attacher à des politiques futurs dirigeants de l’Etat. Nous aurions aussi aimé entendre que les méthodes de travail des gendarmes sont totalement différentes de celles des policiers. Contrairement à ces derniers les gendarmes ne disposent pas de frais de représentation ou d’enveloppes des-tinées à rémunérer les indicateurs. Le règle-ment gendarmerie ne disait il pas que le ren-seignement était à rechercher dans les cou-ches saines de la population ? Nous suggérons à monsieur Yves Calvi que, devant de telles énormités, il demande à ses interlocuteurs de citer des exemples. Un gendarme, même étoi-lé, en Ferrari se remarquerait assez vite. 14 novembre. 76e soldat décédé sur le sol Afghan. Nous aurions pu es-pérer bénéficier d’une trêve mais si c’était le cas, elle est terminée. Un soixante seizième soldat vient de donner sa vie en Afg-hanistan, le légionnaire Goran Franjkovic, 25 ans du 2e régiment étranger de Génie de Saint-Christol (84). Il a été atteint par le tir de lâches qui se sont mêlés à la po-pulation pour éviter la riposte. Comme le Pré-sident de la République, nous sommes tristes, comme lui nous présentons nos plus sincères condoléances à la famille et aux proches du légionnaire et nous associons à leur douleur. Nous sommes moins déterminés que le chef de l’Etat à vouloir poursuivre dans ce pays hostile qui semble bien peu attaché à la paix et au développement que nous voulons lui imposer. Nous souhaitons un prompt et com-plet rétablissement au militaire blessé par les tirs talibans. Nous avons pu constater que l’hommage citoyen rendu le 17 novembre pont Alexandre III au passage de l’escorte d’honneur du cortège funèbre prend de plus en plus d’ampleur.

18 novembre, le conseil cons-titutionnel se prononce sur les attaques violentes des avocats contre les dispositions de la nouvelle garde à vue. Dispositions contestées le 8 no-vembre. Sans entrer dans le détail nous pouvons déjà dire que les avocats réclamaient toujours plus de pouvoir durant la garde à vue avec des en-quêteurs pratiquement « mis à leur disposi-tion ». Ils seraient devenus ainsi les acteurs princi-paux de la garde à vue. Peut-être un moyen pour combler le manque d’effectifs chez les enquêteurs qu’ils sont tout disposés à sup-pléer. Bien entendu rien concernant l’assis-tance aux victimes, il semble que certains avocats se limitent à la défense des personnes soupçonnées. Le conseil constitutionnel a simplement précisé que : « toute personne placée sous le régime de «l'audition libre» de-vra être informée de la nature et de la date de l'infraction qu'on la soupçonne d'avoir com-mise et de son droit de quitter à tout moment les locaux de police ou de gendarmerie ».

Un cas qui mérite d’être souli-gné même s’il n’est

pas unique. Un message que nous avons reçu :

« Je suis une maman en colère, mon fils A… a intégré l’équipe du PSIG a B… (33), le 7.1.2007.

Le 21.9.2008 il est victime d un ac-cident grave de voiture causé par un tiers. En avril 2009 il reprend ses fonc-tions de gendarme reconnu apte par les médecins civils et militai-res . Le 16.11.2009 il est reconnu inapte a continuer sa carrière alors qu’ il n’a aucune séquelle son contrat est arrivé a terme le 2.10.2011 . Aujourd’hui il est à la rue sans tra-vail sans chômage pour l’instant, je tenais a remercier l’armée qui l’a abandonné et remercié de ses loyaux services. On a vécu des moments pénibles et douloureux et aujourd’hui qu’il a besoin d’aide, plus personne. Il n est pas au courant de ma dé-marche pour ce mail mais quand je vois des injustices comme celle là je suis révoltée et je me fais du souci pour lui. Voila j’espère que vous prendrez conscience de ce mail, merci d’a-vance. »

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C e très long document traite de façon presque exhaustive toutes les facet-

tes de la sécurité. La première observa-tion qui nous vient lors de sa lecture c’est que le mot « formation » apparaît très régulièrement. C’est à se demander si les forces de l’or-dre sont mal formées ou si elles sont to-talement arriérées au point de nécessiter une remise en cause complète des bases qui font l’ossature du métier. Il est évi-dent qu’un tel remaniement demande des moyens fi-nanciers qui ne sont pas dans l’air du temps. L’éven-tail proposé est si varié qu’aucun lecteur ne peut sortir de ce livre sans y avoir trouvé de nombreuses mesures qui lui conviennent. Il est bien précisé que « l’expert ou supposé tel, a vocation à éclairer le politique, le citoyen, le journa-liste, en un mot le débat public, en four-nissant diagnostics, pronostics et options thérapeutiques. ».

I l est dit également que, « s’agissant des effectifs, si l’on tient compte du ca-

ractère « posté » d’une part significative des missions policières, il est désormais possible de considérer que les objectifs

quantitatifs globaux de la RGPP doivent faire place à une au-tre étape, plus quali-

tative…. ». Il est fait référence au « débat passionné, qui concerne « la culture du résultat », qui tend à obscurcir les condi-tions d’évaluation rationnelle des politi-ques de sécurité en raison de son sché-matisme et du manque d’indicateurs per-tinents… ».

S elon les signataires du document, MM Gaudin et Bauer, les services de

police et les unités de gendarmerie doi-vent être évalués sur des critères de qua-lité de leur action : capacité d’initiative, fréquence d’élucidation, qualité des pro-cédures, présence sur la voie publique, réactivité lors des appels des citoyens, qualité du renseignement, comporte-ment lors des interventions, accueil dans les commissariats ou les brigades de gen-darmerie, relations avec la population. Ces critères de « notation » sont, à notre avis, beaucoup plus importants que le comptage de « crânes » ou de « buchet-tes ».

I l faut cependant reconnaître qu’en te-nant compte des conditions de travail

imposées par la réduction des envelop-pes budgétaires et surtout des effectifs les évaluations risqueraient d’être en demi-teinte.

N ous ne pouvons approuver le para-graphe qui précise : « Les réformes

structurelles de ces dernières années en matière de ressources humaines étant en voie de parachèvement et non remises en cause dans leur principe, il a été considéré qu’il n’était pas souhaitable de se substituer au dialogue social, aux ins-tances paritaires et aux organisations re-présentatives, qui disposent d’espaces réguliers et vivants de concertation, se-lon un régime très différencié entre la

police nationale, qui est l’une des administrations

les plus syndicalisées, et la gendarmerie na-tionale, régie par le statut militaire. Les nombreux protocoles d’accord et dispositifs de suivi permet-tent d’aborder ces questions».

S i nous admettons bien volontiers la différence qui est reconnue entre po-

lice et gendarmerie il aurait été bon de souligner dans ce paragraphe en quoi consiste le statut militaire. Le dialogue social en gendarmerie, par les dispositifs existants, n’est qu’un leurre, il n’existe aucun réel progrès dans la concertation et la participation et la différence de trai-tement entre policier et gendarme n’est plus à démontrer.

L e statut militaire reste le meilleur moyen pour disposer

24 heures sur 24 d’une main d’œuvre soumi-se par un règlement d’une autre époque. D’ailleurs aucun parti, toutes tendance confondues, ne s’y trompe et tous évitent de proposer au gendarme droit d’association et d’expres-sion. Concernant les ressources humaines, nous avons pu prendre note de cette pro-position « Unifier les régimes sociaux de prise en charge familiale en cas de suici-de de policier ou de gendarme, en abolis-sant la distinction entre motifs rattacha-bles à l’activité professionnelle et motifs rattachables à la vie personnelle ».

I l s’agit là d’un progrès certain mais nous aurions souhaité que le mot «

formation » appa-r a i s s e dans ce

paragraphe. Il faut que les décideurs arri-vent à endiguer ce fléau qui devient de plus en plus sensible. Une réelle prise en compte du problème, lors des stages des-tinés à l’encadrement, nous semble né-cessaire. Nous ne pouvons reprendre la totalité du document et sa multitude de proposi-

tions, parfois très intéressantes d’autre fois irréalistes à notre point de vue. Com-me les signataires l’ont précisé, ce ne sont que des propositions et il appartient aux dirigeants d’y prendre ce qui les inté-resse.

N ous attendrons de voir ce que nos gouvernants (ou les opposants)

choisiront de mettre en pratique pour donner notre avis sur les mesures envisa-gées. De toute évidence, tenant compte des crédits disponibles, nous n’attendons pas de miracles.

A.G.&C.

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L orsqu'il est question de la Police Municipale, le gouvernement recon-

naît son utilité et son professionnalisme croissant, la troisième force de sécurité de France constitue "au plus près du terrain, le premier rempart de notre sé-curité et de nos libertés" (dixit Mon-sieur le Président de la République). Les textes de loi leur attribuent certains pouvoirs dits régaliens...

M ais, dès que les membres qui la composent, revendiquent une

meilleure reconnaissance, des moyens matériels et humains, et une revalorisa-tion de leur volet social, les phrases as-sassines font leur apparition : Les poli-ciers municipaux sont des agents com-munaux (alors que leur statut n'a rien de comparable avec celui d'un agent de mairie).

I ls sont Agents de Police Judiciaire Ad-joints et de ce fait dépendant des

procureurs, ils sont donc assermentés et tenus au secret profession-nel. L'accès aux divers fichiers peut se révé-

ler utile et dans cer-tains cas voire même in-

dispensable à condition que les textes de loi concernant l'accès aux données informatisées soient respectées, or cer-tains cadres de mairie ne faisant pas partie de la chaine judiciaire, profitent de la confusion faite entre délégation

de signature et délégation de pouvoir et y ont accès.

U ne jurisprudence de 2007 proscrit les Directeurs Généraux de Servi-

ces à la tête d'un service de police mu-nicipale, quant aux directeurs « illégaux », les directeurs contractuels, ils font aussi l'objet de recours devant les juri-dictions administratives pour ces mê-mes raisons.

L 'article 72 de la Constitution de la 5e République est

donnée comme seule ré-ponse, la libre adminis-tration des collectivités territoriales montre pourtant ses limites : la police des maires hom-mes politiques ou la police des maires agents de l'Etat ?

L es policiers municipaux se doivent d'intervenir en cas de flagrance en

leur qualité D'APJA, qu'ils exercent dans une petite commune ou bien dans une grande ville car ils ont tous les mêmes compétences. Certains élus, non seule-ment sont opposés à les doter de moyens de protection et de défense mais en plus, préconisent un désarme-ment sous des prétextes fallacieux et irresponsables. L'insécurité ne s'arrête pas aux portes d'une ville, aucune mission ne risque pas de virer au drame, peu importe la

À PROPOS DU LIVRE BLANC

SUR LA SÉCURITÉ PUBLIQUE

DE M.M. BAUER ET GAUDIN

RÉFLEXIONS D’UN

POLICIER MUNICIPAL

doctrine d'emploi choisie, nous le cons-tatons tous les jours dans les médias.

D ans ce capharnaüm, les représen-tants de l'Etat et les autorités judi-

ciaires entretiennent ce « flou artisti-que ».

P ris dans une tourmente politique et face à la recrudescence de la vio-

lence les policiers municipaux ont du mal à trouver leur place, car ils sont à la fois à la merci d'un maire en ce qui concerne leur vie professionnelle et leur intégrité physique (puisqu'il est leur employeur) et d'un procureur (comme nous avons pu le constater à

Nice) en ce qui concerne leurs préroga-tives et leurs interventions...

L a Police Municipale est tour à tour, supplétive, de proximité, d'appoint,

force de sécurité intérieure et argument

politique...armée d'un stylo ou d'une arme de 4e catégorie, peut-elle faire fa-ce à la montée de l'insécurité avec de telles disparités ?

Jean-Louis Del Pistoïa Policier Municipal

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Un sujet ouvert sur le Forum Gendarmes & Citoyens a entraîné plus de 2000 connexions : http://gendarmes-en-colere.forum2discussion.net/t24528-livre-blanc-de-la-securite-interieure

Morceaux choisis :

« Peut-on encore innover quand, comme Nicolas Sarkozy, depuis dix ans, on occupe, directement ou indirectement, le terrain de la sécurité ? C'est la question que l'on peut se poser à la lecture du Livre blanc sur la sé-curité publique pour les dix ans à venir, remis officiellement au ministre de l'intérieur, Claude Guéant, mercredi 26 octobre. Même si le Livre, comman-dé fin janvier par Brice Hortefeux, alors ministre de l'intérieur, ne constitue pas un avant-programme pour 2012, les coordinateurs – le préfet de police, Michel Gaudin, et le président de l'Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale, Alain Bauer – sont deux piliers du dispositif en pla-ce depuis 2002 ».

« Policiers et gendarmes doivent se révéler capables d'entretenir une rela-tion de confiance avec la population, dans toutes ses composantes" Tiens, ça me rappelle avant 2002. Un point n'a pas fait l'unanimité : l'attribu-tion à la gendarmerie de départements entiers, lorsque le chef-lieu est peu peuplé. Ça tombe bien, le ministre y est opposé, estimant que, si, "au plan national, la République tient à l'existence de deux forces – une civile et une militaire –, il est bon que cette déclinaison territoriale demeure". Ben si le ministre s'appelle Guéant et qu'il est ancien DGPN, ce n’est pas trop étonnant. Mais le contraire, des départements 100% PN (Gross Paris), ça ne dérange pas. ».

« Et puis on en a plus voulu des gendarmes un peu franchouillards qui pas-saient leur temps avec la populace bonne ou mauvaise. On a voulu des re-présentants de la loi, élégants bipèdes un peu collet serré avec l'attaché ca-se à la main. Maintenant on s'en mord les doigts. Bien sur on voudrait tout recommencer à zéro mais là ça va être une autre paire de manches. Sans être pessimiste, il va falloir du temps, beaucoup de temps. Et on aura beau faire des notes 102010 - 210100 et j'en passe et des meilleures, le contact ne s'apprend pas. C'est inné, on a la fibre ou on ne l’a pas. On a cassé la ma-chine et la on peut tous le constater. Je laisserai de côté la verbalisation à outrance, voire injuste. Un nouvel écusson fera mieux d'apparaître avec l'inscription "ni père - ni mère" .

Le texte dresse néanmoins, en creux [.....] un bilan contrasté de la straté-gie en œuvre depuis dix ans. La "réactivité [des forces de l'ordre] et les bons résultats associés de-puis le début des années 2000 n'ont pas toujours suffi à améliorer la per-ception, par la population, d'un climat de sécurité", est-il estimé dans le premier chapitre, consacré à la sécurité quotidienne. Pour y remédier, le document prône donc la mise en place d'une "police de contact" évitant le terme de "proximité" (....). Saluant au passage la stratégie déployée de-puis avril avec les patrouilleurs, les auteurs défendent "l'immersion dans le quotidien de la population", "fondamentale". "Le contact établi dans le cadre de la prévention doit être systématisé", et "cette fonction de 'contact-protection' doit donc être évaluée à sa juste mesure". Dans les quartiers sensibles, "les forces de renfort de type 'lutte contre les violen-ces urbaines' (…) apparaissent comme plus anxiogènes et apportent une perception négative du quartier où elles sont déployées". C'est donc les brigades spécialisées de terrain, attachées à un territoire sur lequel elles sont quotidiennement présentes, qui doivent être privilégiées."Policiers et gendarmes doivent se révéler capables d'entretenir une relation de confiance avec la population, dans toutes ses composantes", résument MM. Gaudin et Bauer dans l'avant-propos. Mais attention, il ne s'agit pas d'appliquer une "doctrine" "trop rigide ou schématique". Il faut donc "une déclinaison locale guidée par l'intelligen-ce du terrain". De même, les auteurs mettent en garde contre "tout déséquilibre", "les différentes missions de police étant complémentaires". Après les lourdes réformes de structure mises en œuvre depuis 2002, notamment le rapprochement police-gendarmerie et les polices d'agglo-mération, les nouveautés du Livre blanc sont donc plus techniques, mais pas forcément moins ambitieuses : - valorisation des métiers de la sécurité publique (....) et plus particulière-ment de l'accueil du public, dans une institution qui survalorise la police judiciaire et le terrain ; adaptation territoriale de fond aux agglomérations, mais aussi à

l'émergence des communautés de communes, sur lesquelles le res-sort des brigades de gendarmerie devrait se calquer; - réduction d'un quart des forces mobiles (CRS et gendarmes mobiles);- création d'un grand fichier de police "reposant sur l'image du visage". Un point n'a pas fait l'unanimité : l'attribution à la gendarmerie de départements entiers, lorsque le chef-lieu est peu peuplé.

Ça tombe bien, le ministre y est opposé, estimant que, si, "au plan national, la République tient à l'existence de deux forces – une civile et une militaire –, il est bon que cette déclinaison territoriale demeu-re". Alors, peut-on encore innover sur la sécurité ? La réponse est… compliquée. Par sa défense d'une relation apaisée des forces de l'or-dre avec la population, et d'une "police de contact", le document prend, par un subtil effet de balancier, le contre-pied du ministre de l'intérieur de 2002, Nicolas Sarkozy, fossoyeur de la police de proxi-mité mise en place par le gouvernement de Lionel Jospin en 1997.

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L e 5 octobre 2011, le député Phi-lippe FOLLIOT posait une ques-

tion au ministre de l’Intérieur ( http://n e t j o . f r /g e n d a r m e -rie,an75119.html ). Il s’inquiétait du ma-laise qui règne dans la Gendarmerie dont les membres s’estiment « moins égaux » que leurs camarades poli-ciers.

E n réponse, Mr Claude GUEANT a affirmé qu’il rencontrait fréquem-

ment les représentants des gendar-mes au travers des associations (pas la nôtre en tous cas) ou du conseil supérieur de la fonction militaire. Il ne ressent pas du tout le doute que le député a cru déceler ce qui est grave.

N ous conseillons au ministre d’é-tendre son champ de vision et

d’aller au devant des gendarmes, les vrais, ceux du terrain que nous ren-controns fréquemment. Il ne retrou-vera pas l’absence d’état d’âme, l’en-thousiasme qu’il prétend avoir per-çus lors de ses visites. Il pourra aus-si constater que le professionnalis-me et le dévouement au pays ris-quent de s’effriter rapidement vu le peu de considération dont bénéfi-cient les gendarmes. Faudrait-il en-core que les gendarmes puissent s’exprimer sans risquer un retour de bâton très violent.

L e ministre a donné ensuite quel-ques exemples de sa façon de

concevoir l’équité entre police et

gendarmerie. Il a bien évidemment oublié d’évoquer les conditions de travail et le droit d’expression qui est totalement différent d’une adminis-tration à l’autre.

U ne semaine plus tard c’est le Direc-

teur de la Gendarmerie qui réussissait un nu-méro de haute voltige lors de la présentation de son budget à la commission de la Dé-fense de l’Assemblée Nationale. Vous trouverez sous le l i e n h t t p : / / w w w. a s s e m b l e e -n a t i o n a l e . f r / 1 3 / c r - c d e f / 11 - 1 2 /c1112005.asp les nombreuses ques-tions posées au général Mignaux et ses réponses. Nous nous contente-rons de relever quelques passages qui nous semblent particulièrement significatifs. Une chose est évidente, c’est que le directeur doit jongler avec des crédits insuffisants pour garder la Gendarmerie à flot.

L ’évocat ion des résul tats (statistiques) et de l’engagement

de moyens exceptionnels jusqu’à la fin de l’année ont déjà été évoqués par ailleurs comme l’utilisation des réservistes et des escadrons de gen-darmerie mobile. Nous sentons qu’il faut impérativement que les chiffres soient « bons ».

P our affirmer que le positionne-ment de la gendarmerie nationa-

le au ministère de l'Intérieur n’a pas remis en cause son identité le direc-teur fait référence aux conclusions

17

du rapport d’évaluation de la loi sur la gendarmerie de 2009 établi par le député Moyne-Bressand et la sénatri-ce Escoffier à la demande du gouver-nement. Il les remercie pour ce tra-vail très pointu et très éclairant. Il est bon de rappeler que les interlocu-teurs de ces deux parlementaires ont fait l’objet d’un tri « très sélectif » pour aller dan le sens de nos gouver-nants.

L e Directeur met en avant la coor-dination opérationnelle renforcée

dans les agglomérations et les terri-toires (CORAT). Pour les non initiés il s’agit d’un nouveau « machin » desti-né à mettre sur le papier des actions et des protocoles (à l’échelon dépar-temental) qui existent déjà, ne serait-ce que par le principe de rapproche-ment initié par la Loi de 2009.

L e directeur précise que la Gen-darmerie rend des effectifs de-

puis 2009 (et bien avant nous pou-vons l’affirmer). La performance est sensée ne pas diminuer. Tout natu-rellement il en arrive aux développe-ments technologiques, la machine qui remplace l’homme. Il s’efforcera de gérer au mieux la diminution des effectifs prévue pour 2012 (ce n’est pas fini).

I l nous apprend que d’ici 2017 la gendarmerie aura doublé la part de

personnels civils et de soutien. Le prochain directeur aura un bel hérita-ge à gérer.

N ous appre-nons égale-

ment que la prime de résultats excep-tionnels (décriée par de nombreux gen-darmes) est financée à hauteur de 15 mil-lions d’euros et que la réserve opération-

nelle revient à 46 millions d’euros. Ce qui n’empêche pas le budget de fonctionnement des unités opéra-tionnelles, sous tension, de ne pou-voir être réduit davantage.

U n paragraphe qui nous paraît particulièrement important

concerne le budget de l’immobilier. Nous savions (et nous en avons par-lé) que les logements étaient souvent en piteux état, et le directeur lui mê-me reconnaît que la rusticité de cer-tains d’entre eux est à la limite du supportable.

C e qui nous semble plus parlant sont les chiffres de la disponibi-

lité des gendarmes grâce à ce loge-ment : durée de travail heb-domadaire = 15h55 par jour, soit 8 h 34 de service effectif, 7 h 22 de permanence opérationnelle immé-diate non rémunérée et on doit ajou-ter 3h13 d’astreinte.

I l précise que c’est une des caracté-ristiques du statut militaire des

gendarmes (le second étant l’inter-diction d’association et d’expres-sion).

O n est loin des 35 heures et je ne doute pas que nos amis poli-

ciers, s’ils sont favorables aux loge-ments gratuits, ne sont pas intéres-sés par les astreintes qui s’y atta-chent. On comprend mieux pourquoi tous partis confondus les politiques sont favorables à la « militarité » de la Gendarmerie.

N ous apprenons que lorsque les syndicats de police sont réunis,

les représentants des instances de dialogue des gendarmes sont systé-matiquement reçus.

N ous rajouterons, les syndicalis-tes rendent compte de ces ré-

unions, les instances de gendarme-rie se taisent.

A la fin de son exposé, en répon-se à la question d’un député, le

Directeur de la Gendarmerie affirme que le moral est bon (sauf quand on évoque l’immobilier) et l’état d’esprit est excellent (s’il le dit !!!) mais la dif-ficulté tient aux effectifs. Les écoles sont pleines mais les promotions ne permettront de réalimenter les unités qu’à partir de mai.

R appelons nous mai 1968 : faute d’effectifs il avait été fait appel

aux réservistes (ça c’est fait) il avait fallu fermer les écoles pour utiliser les élèves sur le terrain (ça c’est pos-sible) les stages avait été raccourcis à 4 mois et des candidats avaient été appelés directement dans les briga-des sans passer par l’école. Ce n’est pas à envisager puisque tous les po-litiques sont d’accord pour dire qu’il n’y a pas de mouvements sociaux prévisibles donc on peut réduire le format des forces de l’ordre.

A vec la révision générale des po-litiques publiques, les effectifs

de la gendarmerie sont passés de 99 509 ETPT en 2009 à 97 068 cette an-née. Une nouvelle fois on ne nous dit

pas com-bien de p o s t e s d’officiers et sous-o f f i c i e r s ont été

remplacés, par des civils, administra-tifs et gendarmes adjoints volontai-res. Heureusement nous avons les jeunes réservistes qui, avec cette

fonction, se font un excellent « job » d’été.

T out ce long échange e s t ég a l em en t

émaillé d’une multitude de chiffres dont nous vous avons fait grâce.

E t comme disait un ancien direc-teur de la Gendarmerie (seul

syndicaliste autorisé de l’institution), « le pessimisme n’a plus lieu d’être, tant le contexte général est favorable à la Gendarmerie ».

Christian CONTINI

QUAND DE HAUTS RESPONSABLES DE LA SÉCURITÉ S’ARRANGENT AVEC LA RÉALITÉ (suite et fin)

(OU COMMENT APPRENDRE À DISTINGUER DANS QUELLE CATÉGORIE RANGER LES PETITS CHEFS QUI METTENT LA PRESSION)

D’APRÈS RAY FUNKHAUSER, "LE POUVOIR DE PERSUASION", SEUIL

C omment faire la différence entre pouvoir et domination ? Les puis-

sants obtiennent des résultats et attei-gnent leurs objectifs. Ils savent qui ils sont, ce qu'ils attendent de la vie et com-ment l'obtenir. Quoi qu'ils fassent, ils semblent avoir une stratégie. Sans être solitaires, ils n'ont besoin de personne pour choisir leur voie. Lorsqu'ils mènent, les autres suivent. Ils sont efficaces. En revanche les dominateurs ne dominent que si quelqu'un d'autre est écrasé. Ils ne contribuent guère à créer de choses vala-bles, mais s'emploient plutôt à détruire ou à saboter l'oeuvre des autres. Avec eux, il faut toujours être sur ses gardes. Ce sont les salauds et les brutes qui ado-rent faire les importants et poignarder les autres dans le dos. Ils s'attaquent aux faibles et à ceux qui ne bronchent pas. Avec ceux qui peuvent se défendre, ils sont plus circonspects et préfèrent agir en coulisse, en trahissant, en mentant et en répandant des commérages. Qu'ils usent de la violence physique à l'état brut ou d'armes psychologiques plus sub-tiles, leur seul but est de contrôler les ac-tes et les réactions des autres.

L es puissants et les dominateurs ne re-courent pas de la même façon aux

quatre types de pouvoir [Le pouvoir de structure, le pouvoir de consensus, le pouvoir de persuasion et le pouvoir de performance].

L es puissants utilisent leur pouvoir de performance pour atteindre leurs ob-

jectifs. En revanche les dominateurs jouent de leurs atouts physiques pour

malmener et intimider, de leur astuce pour manipuler et exploiter, et de leur intelligence pour embarrasser ou humi-lier.

L es puissants se servent des pouvoirs de structure et de consensus pour ob-

tenir les résultats qu'ils ne pourraient ob-tenir seuls. Les dominateurs ne voient dans ces types de pouvoir que des armes contre les autres. Ils en imposent hiérar-chiquement, exploitent leurs privilèges et mènent leurs subordonnés à la ba-guette, juste pour le plaisir. Ils tiennent à ce que les autres respectent leurs enga-gements mais ne résistent pas à l'envie de les violer.

Q uant au pouvoir de persuasion, les puissants y recourent pour s'assurer

des appuis ou pour aider les autres à at-teindre leurs objectifs. En revanche, ce type de pouvoir est le gagne-pain des do-minateurs car, par ce biais, ils forcent les autres à prendre des décisions tout en se déchargeant de leurs responsabilités...

L es puissants sont ceux qui recher-chent une réussite positive et les do-

minateurs ceux qui s'ingénient à jouer de leur influence sur autrui. Ceux qui ne brillent dans aucun de ces domaines sont les victimes.

I l ne faut pas en conclure que les puis-sants n'agissent jamais mal, mais lors-

que cela leur arrive, ils en sont générale-ment conscients et n'en tirent aucun plaisir, contrairement aux dominateurs.

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I l fut un temps où la peur du gen-darme suffisait à juguler la délin-

quance. Maintenant, lorsqu’on les voit, ils ne font que passer. Qui s’en soucie si ce n’est lorsqu’il faut craindre un procès-verbal d’infraction à la vitesse ou en rai-son de l’usage du téléphone por-table. Pour assurer ce genre de mission les moyens sont disponi-bles avec des appareils de plus en plus sophistiqués.

S ’agissant de sa sécurité le ci-toyen doit débourser de plus

en plus. Dans un premier temps, c’est avec ses impôts locaux, sur lesquels sont prélevés la mise en place des polices municipales et autres caméras de surveillance. En second lieu, s’il en a les moyens, il de-vra investir dans un système de protection de son habitation avec, si possible, abonnement à une société de sur-veillance à distance. Un ami plein d’humour me disait : « « quand je vais au cinéma je laisse ma belle-mère ou mon chien dans la voiture pour ne pas qu’on me la vole » ».

L es Etats Unis, le Mexique et le Brésil en sont rendus à un

parcage des résidences dans des zones bunkerisées, derrière des réseaux de fils de fer barbelés. Pour faire bonne mesure, des pa-ramilitaires, des mercenaires, sont

chargés d’assurer la garde de ces camps retranchés, il faut montrer « patte blanche » au poste de gar-de.

I l est évident que seuls des nan-tis peuvent s’offrir cette sécurité

très onéreuse. On commence quand-même à voir ce genre de « villages fortifiés » s’installer en Europe. La France n’est pas épar-gnée avec quelques quartiers ultra-protégés sur le littoral méditerra-néen (je ne parle pas du fort de Brégançon, quoi que…).

L e citoyen de certaines cités ghettoïsées n’a qu’à continuer

à slalomer entre les dealers pour atteindre son appartement, bien-heureux s’il n’est pas rançonné au passage.

R ien ne peut être totalement négatif. Cette auto-défense va

permettre de créer des emplois tout trouvés pour les anciens mili-taires ou les jeunes gendarmes a d j o i n t s volontaires r e n vo yé s dans le ci-vil à l’is-sue de l e u r s contrats à durées déterminées.

Christian BRANA

SÉCURITÉ SÉCURITÉ SÉCURITÉ ÀÀÀ COÛTSCOÛTSCOÛTS VARIABLESVARIABLESVARIABLES... BUNKER BUNKER BUNKER CONTRECONTRECONTRE GHETTOGHETTOGHETTO. . .

21 Lire l’article de la N.R.C.O.

UNE IDÉE QUE L'ASSOCIATION GENDARMES ET CITOYENS A DÉFENDUE SEMBLE SE CONCRÉTISER :

Rappels : http://fr.calameo.com/read/0000869217f2b5da24bc1 magazine février 2010 page 24-25 http://issuu.com/agecassociation/docs/agec_magazine_juin_2011 magazine juin 2011 dossier page 17 à 23. http://issuu.com/agecassociation/docs/agec_magazine_novembre_2011_274, magazine novembre 2011, page 14

« Le suicide. Ce moyen qui nous soustrait à la persécution des hommes »

François-René de Chateaubriand Essai sur les Révolutions

Suite à notre dossier paru dans le magazine de septem-bre, nous avons eu de nombreux contacts et reçu des té-moignages pour nous dire de maintenir une certaine « pression » afin que le problème récurrent des autolyses soit mieux pris en compte dans l’armée en général, et la gendarmerie en particulier. Nous avons décidé de publier, de façon régulière, mal-heureusement, un témoignage destiné à mieux faire connaître ce drame violent et permanent des gens qui nous quittent.

"Mon mari s'est suicidé avec son arme de service le 2 septembre 2008. Pas de problème familial, ni d'argent mais le stress per-manent de son travail de gendarme mobile, huit mois sur dou-ze en dehors de la maison. J'ai fait le calcul, sur dix ans dans cette affectation, nous avons vécu en tout et pour tout pas tout à fait cinq ans en famille. Il était fier de son travail, rigoureux, respectueux. Il ne faisait pas voir ses états d'âme et, aujourd'hui je dois vivre avec mes filles dans le souvenir d'un acte inexpliqué, que l'on n'a pas vu venir. Une cellule psychologique au retour de certains OPEX et dépla-cements devrait être obligatoire et ne pas être perçue comme une entrave au métier mais une aide au personnel. Hélas ce n'est pas le cas et peut-être que beaucoup feraient appel à cette cellule si cela n'était pas mal perçu." ...

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La retranscription de l'ITW du Général Cavallier donnée à Médiapart

Comment traiter la délinquance ? Les critiques d'un ex-gendarme

©Mediapart Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr

Par Louise Fessard - Article publié le mardi 25 octobre 2011

Figure de la gendarmerie, le général Cavallier avait dénoncé, en Corse, auprès de la justice, l'incendie, en 1999, de la paillote Chez Francis. À 54 ans, il a fait valoir en septembre 2011 ses droits à la retraite, du fait d'une «certaine divergence avec les orientations données» et d'une «volonté de prendre du recul après 36 ans de service». Habituellement réduite au silence par son statut militaire, la gendarmerie a récemment connu une série de bouleversements (rapprochement accru avec la police, transfert de zones de compétences, fermetures d'unités liées aux réductions budgétaires, regroupement de brigades en commu-nautés de brigades, etc.). Au risque de perdre sa spécificité, celle d'un maillage du territoire et d'un rapport au public, qui constituaient, pour le sociologue Laurent Mucchielli, «un modèle de police de proximité».

Quelles évolutions a connue la gendarmerie en trente ans ?

B.C.: La gendarmerie a connu un for-midable bouleversement. Quand je suis arrivé en 1978, j'ai découvert une gendarmerie un peu poussive, pauvre en termes d'équipement, mal positionnée. Elle avait été très enga-gée dans les guerres coloniales et donc détournée de la métropole. C'était une gendarmerie assez mé-connue, notamment très éloignée du monde universitaire. Son image était surtout véhiculée de façon humoris-tique, avec un côté ringard et une ru-ralité qui lui collait à la peau. Mais on oublie qu'au XIXe siècle, la gendar-merie était la première force de poli-c e j u d i c i a i r e e n F r a n c e . Aujourd'hui, elle est à la pointe de la

technologie en matière de police technique et scientifique, le GIGN est reconnu au plan mondial, la gendar-merie mobile est citée en exemple dans l'ensemble des opérations in-ternationales de gestion de crise, et elle a fait un gros effort pour mieux comprendre sa relation particulière avec la population.

Cette relation privilégiée avec la population n'est elle pas deve-nue un mythe, les citoyens trou-vant souvent porte close dans les petites brigades de proximi-té ? B.C. : Depuis 2003, l'État a constitué des brigades de chef-lieu auxquelles ont été rattachées des «brigades fil-les», qui sont en partie fermées en

journée. C'est la conséquence des évolutions des droits individuels. Dans une brigade de cinq ou six mili-taires, comment voulez-vous avoir au-jourd'hui un service public en conti-nu? Ce n'est pas possible. Chez les militaires, le postulat de disponibilité demeure, mais il a fallu l'adapter. À mon arrivée, j'ai connu une gendar-merie où, en dehors des 36 heures de repos hebdomadaire, les gens étaient corvéables à merci. On ne peut plus aujourd'hui leur demander la même chose, même s'ils tournent toujours à plus de 45 heures par semaine, sans compter les astreintes. La militarité, c'est également habiter là où l'on tra-vaille. Cela vous lie de façon naturelle avec la population, vous donne la ca-pacité d'identifier les acteurs locaux, de les rencontrer, de comprendre leurs demandes et d'y répondre de fa-çon plus globale. Car la réponse doit être globale et passer par les élus, le directeur du collège du coin, les asso-ciations, etc. C'est un défi permanent qui ne peut se résoudre que sur le ter-rain, de façon locale. De 2008 à 2013, la gendarmerie aura perdu quelque 6.500 emplois, avec quelles consé-quences? La RGPP (révision générale des politiques publiques) s'est en ef-fet traduite par une quasi-annulation des effectifs apportés par la loi Lopsi de 2002 (environ 6.000 postes supplé-mentaires). L'État veut donc concen-trer ces effectifs sur les espaces les plus complexes, pour résumer les zo-nes périurbanisées, qui connaissent une augmentation phénoménale de la population, comme le Gard ou l'Hé-rault. Se pose alors la question de ga-rantir l'égalité d'accès des citoyens au service public sur les autres zo-nes, même si elles sont moins peu-plées. Car la gendarmerie est souvent le seul point d'appui de l'État sur ces vastes territoires.

Jean-Jacques Urvoas, chargé de

la sécurité du PS, a récemment révélé deux notes internes du di-recteur général de la gendarme-rie nationale visant à «combattre la tendance haussière actuelle». Y voyez-vous comme lui une mé-thode pour «casser» les chiffres de la délinquance, à l'approche de la présidentielle ?

B.C. : Les indicateurs sont nécessai-res, mais reflètent-ils la réalité? On oublie que l'objectif n'est pas l'indica-teur, mais la sécurité de nos conci-toyens. Une affaire qui aura un impact local très important, mêlant répres-sion et prévention, sera comptabilisée comme un simple bâton parmi d'au-tres, alors qu'elle va bien au-delà. Une baisse de 0,30% de la délinquance globale, pour un maire, est-ce vrai-ment significatif? Il faudrait d'autres approches pour mesurer la réalité et restituer l'importance du local. Cela permettrait aux gens d'être davantage acteurs de la sécurité et de la consi-dérer comme un défi commun. Par ail-leurs, le recours accru aux statisti-ques est réducteur et déresponsabili-sant pour la hiérarchie. Il faut donner, bien au contraire, une plus grande responsabilité aux échelons territo-riaux et aux différents niveaux de la hiérarchie, afin de l'engager dans l'ac-tion de long terme.

Deux ans après le rattachement officiel de la gendarmerie au mi-nistère de l'Intérieur en août 2009, faut-il aller plus loin dans la mutualisation, certains prô-nant une fusion ? B.C. : L'idée d'un rapprochement, voi-re d'une fusion, est une absurdité. Personne n'y a intérêt, quel que soit le statut de cette future force. Qu'on fasse travailler gendarmerie et police ensemble est une éviden- 25

dans un esprit de complémentarité, pas de fusion. Chaque force compor-te ses atouts. Chaque force doit éga-lement s'interroger sur les nécessi-tés de s'adapter pour mieux répon-dre aux nouvelles exigences de la sécurité, en se concentrant dans sa propre zone de compétences. La dualité des forces de l'ordre est un facteur d'équilibre, une garantie de démocratie. Ce n'est pas pour rien que les magistrats enquêtant sur des affaires sensibles peuvent faire indif-féremment appel à la police ou à la gendarmerie, selon leurs éventuelles fragilités.

Il existe aujourd'hui une rupture dans le dialogue entre les forces de l'ordre et la population, no-tamment dans les quartiers po-pulaires; que peut apporter la gendarmerie ? B.C. : Le discours et la hiérarchie mi-litaires peuvent être très régulateurs d'un point de vue comportemental. Aujourd'hui, il faut être d'une grande exigence dans le quotidien, sur la qualité de l'accueil du public et le contact sur la voie publique. Ceci renvoie à des choses très basiques, mais ce sont les petites dérives qui font les grandes dérives. Quelle que soit la population, il y a des fonda-mentaux qui fonctionnent: le «bonjour, monsieur, bonjour, mada-me», le vouvoiement, etc. Dans l'Oise, j'ai pu constater ce que réalisaient les gendarmes au sein d'une région touchée par la crise économique et la désocialisation. Bien sûr, il ne faut pas faire de l'an-gélisme, il y a une réalité de la délin-quance, avec des noyaux durs. Mais cette délinquance doit être dissociée

de la population, qui n'est pas un problème en soi. Quand il faut inter-venir, il est préférable de ne pas trai-ter un quartier, un bloc ou un immeu-ble entier, mais deux ou trois appar-tements ciblés. Avec un dispositif très léger, pour ne pas provoquer une opposition frontale de la popula-tion. Pour cela, il faut vivre dans le quar-tier, bien connaître les gens, et ce n'est pas facile, car il y a souvent en face de la provocation. Dans toutes les situations, la population est l'en-jeu majeur, et l'adversaire a bien compris cela. Le principe est d'avoir un rapport avec des individus, et ne pas se trouver en confrontation avec des groupes. C'est d'autant plus difficile qu'il y a aujourd'hui une radicalisation des jeunes. Mais c'est une raison de plus pour investir dans la maîtrise de soi et les relations individuelles, car si-non c'est l'escalade assurée... Les gangs savent qu'ils ont intérêt à ins-trumentaliser la population et à jouer sur l'idéologie, l'ostracisme et la dif-férence. Si par votre action, vous ar-rivez au résultat d'une opposition de la population, vous donnez un avan-tage majeur à votre adversaire. Je pense aussi à la justice. A l'heure où on éloigne les tribunaux, il ne peut y avoir d'action de sécurité de proximi-té aujourd'hui, s'il n'y a pas aussi une justice de proximité. C'est le quotidien qui va permettre de déve-lopper une action de long terme en intégrant tous les acteurs locaux, pas les coups d'éclat.

La retranscription de l'ITW du Général Cavallier donnée à Médiapart (Suite et fin)

Vous parlez de gangs, de noyaux durs, qu'est-ce qui fait, selon vous, le terreau de cette délinquance ? B.C. : Contrairement à ce que cer-tains intellectuels pensent, on a affai-re à une délinquance de profit, pas de survie. Il faut analyser ce qui pousse les gangs à se développer, ce qui les motive et quelles sont leurs références. Je suis frappé de constater que le dealer, dans son cô-té ostentatoire, se rapproche du tra-der. À Méru, dans l'Oise, la gendarmerie avait arrêté un gang de jeunes dea-lers qui faisaient du trafic d'héroïne. Ils avaient acheté trois Audi pour une

valeur totale de 170.000 euros. Ce qui les caractérisait n'était pas, au premier titre, la crainte d'être empri-sonnés, mais davantage qu'on leur ait pris leurs voitures. On avait saisi ce qui les valorisait so-cialement. Ces jeunes sont dans un modèle capitaliste ultralibéral et ma-térialiste. La délinquance d'aujour-d'hui est une délinquance d'oppres-sion, qui intègre la population dans sa stratégie. À partir du moment où l'État tombe dans cette chausse-trape, ces terri-toires développent le sentiment d'être traités à part, d'être méprisés et de nouvelles structurations appa-raissent, qui ne sont plus républicai-nes.

Directeur de la publication : Edwy Plenel Directeur éditorial : François Bonnet Directrice générale : Marie-Hélène Smiéjan Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Media-part (SAS). Courriel : [email protected]

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Laurent MUCCHIELLI « L'invention de la violence :

des peurs, des chiffres, des faits »

À en croire le discours am-

biant, nous vivons dans une société très violente. Instru-mentalisée à coup de statisti-ques douteuses par les discours politiques, entretenue en per-manence par le traitement mé-diatique des faits divers, l’émo-tion emporte tout sur son pas-sage. De l’insulte au meurtre,

tout est appelé « violence ».

E t chacun y va de sa solution et de son bouc émissaire

(les étrangers ! les jeunes ! les malades mentaux !). Le senti-ment d’insécurité grandit et, obnubilés par la peur, nous

sommes séduits par le vieux re-frain du «c’était mieux avant ».

L 'auteur pose sur ces ques-tions un diagnostic scientifi-

que, objectif et impartial. Il ré-vèle que cette fameuse « ex-plosion de la violence » est un

mythe produit par une société

amnésique.

Q uels sont les actes délin-quants les plus fréquents en

France aujourd’hui ? Qui en sont les victimes, les coupa-bles ? Et si notre société est globalement moins violente qu’autrefois, d’où vient ce sen-

timent envahissant d’insécurité et d’impuissance face à la dé-linquance ?

L e sociologue montre ce que ces actes et ces sentiments

révèlent de l’état de notre so-ciété – l’évolution des valeurs,

les inégalités croissantes de ri-chesse, les façons d’habiter vil-les et villages, les drames fami-liaux, l'échec scolaire, l’am-pleur du chômage et la ghettoï-sation de certains quartiers – et ce qu’ils disent finalement de notre « vivre ensemble ».

Plus d'informations sur le site Internet :

http://www.laurent-mucchielli.org/

Attachée de presse :

Marie Laffite - [email protected] Tél. : 01.45.49.79.74

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MAI 2011 JUIN 2011 JUILLET 2011

PUBLICATIONSPUBLICATIONSPUBLICATIONS

En outre, depuis Octobre 2009, l’AssociationEn outre, depuis Octobre 2009, l’Association Gendarmes & Citoyens publie son bulletin mensuel.Gendarmes & Citoyens publie son bulletin mensuel.

Vous pouvez consulter librement l’ensemble des éditions Vous pouvez consulter librement l’ensemble des éditions en cliquant sur le lien cien cliquant sur le lien ci--dessous.dessous.

AOÛT 2011 SEPT. 2011 OCT. 2011 NOV. 2011

L a réforme des corps et carrières de la Police Nationale : un des outils de

"management" mis au service de la cultu-re du chiffre.

B ref rappel.

E n 1994, la LOPSI, adoptée en 1995, sous l'impulsion

de M. Claude Guéant, prévoyait la fusion des corps en tenue et des corps en civil. Ainsi disparaissaient les enquêteurs de Police, fusionnés avec le corps des gardiens de la Paix et surtout celui des Inspecteurs de Police (en civil) , comprenant la majorité des personnels exerçant la qualité d'Offi-cier de Police Judiciaire, dans les missions d'enquête, qui fusionnait avec celui des Officiers de Paix (en tenue) pour devenir celui des officiers de Police. Les buts an-noncés étaient la réduction du corps par la polyvalence, mais c'était un changement de culture, et une nouvelle organisation hiérarchique : formation de tous les per-sonnels en tenue, éclatement de certains services, fin d'une certaine séparation des pouvoirs en plaçant désormais sous la mê-me autorité hiérarchique administrative l'activité judiciaire et l'activité administra-tive.

P arallèlement, l'attribution de la quali-té d'Officier de Police Judicaire aux

corps et grades de base (corps des gardiens de la Paix) était décidée, sur le modèle de la Gendarmerie

Nationale. Banalisation non

sans conséquence, car cela instaurait de fait une hiérarchie dans cette qualifica-tion, et donc un plus grand contrôle du pouvoir hiérarchique au détriment du pouvoir judiciaire.

C ette réforme, publiée en 1995 et en-trant en vigueur en 1996-1997 après

la sortie des premières promotions, faisait faire des économies considérables en ré-duisant la masse salariale par le transfert des compétences sur la base et en élargis-sant la pyramide des grades par le bas. El-le ne fut donc pas remise en cause par le gouvernement de la tendance politique adverse, revenu aux affaires pour quel-ques années.

U n effet brutal dès 2002.

L a réforme permettait peu à peu de supprimer et fusionner des services.

Après quelques années de mise en place progressive de la réforme, les effectifs de la Police Judicaire étaient laminés. Ces services étaient maintenus dans leur prin-cipe, mais les enquêtes de fond, exigean-tes en investissement humain, en qualifi-cations, peu visibles, peu "productives" statistiquement étaient peu intéressantes pour la volonté déclarée de "mettre un terme au sentiment d'insécurité".

U ne enquête financière, un réseau de banditisme, ne "rapportent" que peu

de garde-à-vues tout en ayant mobilisé du personnel expérimenté, qualifié, et en ayant impliqué des frais.

A titre d'exemple, les effectifs des commissariats de la Police Judicaire

parisienne étaient reversés à la Police de

POLITIQUE POLITIQUE DUDU CHIFFRECHIFFRE ETET POLICEPOLICE (III)(III) LESLES MÉTHODESMÉTHODES MANAGÉRIALESMANAGÉRIALES. .

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Proximité, tandis que les divisions de Poli-ce Judiciaire passaient de six à trois, à moyens constants, ce qui les divisait de fait par deux. Des personnels moins quali-fiés, plus nombreux, renforçaient alors la police urbaine, notamment les Brigades Anti Crimina-lité (BAC). En outre, le travail de "Voie publi-que" était désormais pla-cé sous la même autorité hiérarchique , ce qui imposait ipso facto aux Officiers de Police Judiciaire, naguère chargés de contrôler la validité des inter-pellations et dépendant d'une autre hié-rarchie, de placer le plus possible en garde-à-vue sous peine de rendre des comptes à une hiérarchie soucieuse de produire des chiffres flatteurs, présentant le meil-leur ratio fait constaté- élucidation- inter-pellation- mise en garde à vue. Cette nouvelle structure a évidemment entraîné le fait de privilégier les petites affaires, faciles à multiplier, au détriment des dossiers, enquêtes de fond, et de la recherche du renseignement. La traque au fumeur de "shit" ou au porteur de canif est devenue reine : fait vite constaté et élucidé en même temps, suivi d'une inter-pellation.

L es méthodes internes.

I l va de soi que cela ne s'est pas passé sans heurts : fonctionnaires déplacés de

leur direction d'origine, nouvelles "doctrines" d'emploi, personnels rétifs à la politique du chiffre. De plus la pyramide des âges ainsi que la possibilité de partie en retraite anticipée et proportionnelle a poussé vers la sortie bon nombre de per-sonnels, d'autant que se profilaient d'au-tre part des mesures désavantageuses. Des méthodes "managériales" furent donc mises en place, afin de briser l'esprit col-lectif, et de mettre les individus en concur-rence au détriment de la qualité collective

du travail, par un système de carotte et de bâton. - désignation des "bons" et "mauvais" dé-partements, bonnes et mauvaises circons-criptions, bons et mauvais chefs. On se souvient des humiliations publiques, re-transmises dans les journaux télévisés, in-fligées par le ministre de l'Intérieur de l'époque à des fonctionnaires de divers grades. - intéressement aux "objectifs", avec l'in-troduction d'une part modulable de la pri-me, très importante pour le corps des Commissaires, qui a aug-menté peu à peu pour atteindre peut dé-sormais 2200 € mensuels s'ajoutant au traitement statutaire (Journal Officiel de décembre 2010). - mise en rivalité des personnels, car les primes sont à "enveloppe contrainte", ce qui signifie qu'il faut enlever à X ce que l'on donne à Y. - mise en place de "fidèles", par divers procédés : nominations directes pour les hauts fonctionnaires, possibilité de coop-tation par le système de concours non anonymes à l'oral, ou par le nouveau sys-tème de "voie d'accès professionnelle", qui permet de changer de corps sur dos-sier, manière nouvelle de contourner la règle de la Fonction Publique concernant les nominations au choix, limitées en prin-cipe à 10% du corps. (60% par concours externe). - blocage de la carrière, déplacements des fonctionnaires non dociles ou suspectés d'être critiques, en pratiquant à outrance le système de la non-proposition (il n'exis-te aucun tableau d'avancement prévision-nel, à points, il suffit donc de ne pas pro-poser le fonctionnaire, qui est ainsi puni de manière officieuse).

- Renforcement de la répression interne, de la notion d'obligation de réserve, et des sanctions administratives contre ceux qui ont parlé (affaire Pichon par exemple, commandant de Police).

O n le voit, le système est parfaitement verrouillé tant par la mise en place

d'individualités possédant un pouvoir per-sonnel que par les promesses et menaces latentes sur les personnels.

L es conséquences visibles et prévisi-bles.

A près une lune de miel suite aux pro-messes de lendemains qui chantent,

une amélioration des carrières, beaucoup de policiers commencent à s'apercevoir que leur situation est intenable, profes-sionnellement et relativement à leur place et mission dans la société. Tel syndicat hier favorable dénonce aujourd'hui la poli-tique du chiffre, que ce soit chez les gar-diens et les officiers. Même les syndicats

de Commissaires, corps très ménagé car on s'appuie sur lui, et dont beaucoup de hauts fonctionnaires sont is-sus, se divisent.

U n certain mécontentement gagne la Gendarmerie, qui fait partie de la

"Grande Muette". Des officiers même s'in-quiètent de la dérive : l'un d'eux, cher-cheur et docteur, a étudié les causes et conséquences de la politique du chiffre. Il a été bien entendu sanctionné.

Q uant à la population, son "ressenti" ne va pas dans le sens d'un sentiment

d'amélioration de son quotidien, et la po-litique du chiffre semble plutôt l'éloigner de ses forces de l'ordre.

E nsuite, tout un pan de la culture d'in-vestigation a disparu, avec nombre de

personnels qui la transmettaient. C'est de mauvais augure pour le ren-seignement français, entre autres, comme dans d'autres pays. Aussi grave est l'ambian-ce délétère qui gagne les ser-vices, car la mise en concur-rence par des récompenses personnelles rend les personnels schizo-phrènes. On leur répète qu'il s'agit d'un travail d'équipe, mais d'une part les ré-compenses sont individuelles, d'autre part la récompense la plus importante est pour le chef. Cela entraîne des conflits internes, des difficultés à travailler ensemble, des réticences à bosser pour des objectifs vi-sés non pour le service, mais pour la pri-me ou l'avancement d'un autre, qui sait mieux "se vendre".

D e plus, la fracture entre la Justice et la Police, qui devrait être son bras sé-

culier et son auxiliaire, non s o n adversaire, et œuvrer dans une logique de sépara-tion des pouvoirs et non de concurrence dans la division du travail, ne laisse pas d'inquiéter.

E nfin, sans entrer ici dans le détail, les réformes judiciaires, qui imitant la

procédure accusatoire de certains pays sans rien apporter dans le fond et alour-

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-dissant le travail des forces de l'ordre dans leurs missions d'investigation, sont des héritières directes de la politique du chiffre : elles tentent de masquer les dys-fonctionnements et mécontentements nés de celle-ci, sans rien résoudre directe-ment.

C ette accumulation procédurale, avec empilement de textes, impose au

nom du formalisme et des droits théori-ques la mise en garde-à-vue pour la moin-dre infraction, avec une charge très lourde et démotivante pour les services d'enquê-te. Cet aspect non négligeable demande-rait bien entendu un développement.

MORDAX

16 octobre, Bonneuil-sur-Marne (94), deux motocyclistes en patrouille qui procèdent au contrôle d’un engin de motocross sont pris à partie par une vingtaine d’assaillants qui les caillassent. Ils parviennent à libérer leur ami et récupèrent son engin. Un fonctionnaire est blessé au bras. Avec l’aide de renforts cinq lanceurs de pierres seront interpellés et trois motocross saisies. 16 octobre Cannes (06) un Cannois de 31 ans, ancien adjoint de sécurité, reconnu comme tel est passé à tabac par quatre individus devant ses deux petits garçons de 7 et 9 ans. Avec quasiment toutes les dents cassées et un devis médical d’environ 25 000 € il pense surtout à ses deux enfants trau-matisés. 18 octobre, Fort-de-France (972) : quatre policiers ont été légèrement bles-sés, suite à des heurts, avec échanges de jets de pierre et tirs de grenades lacrymogènes, en raison d'une décision de fermeture administrative d'un petit commerce de quartier. 20 octobre, Dijon (21) deux passagères d’une voiture dont le conducteur était verbalisé s’en sont prises aux policiers. Elles ont frappé une fonction-naire à coups de poing et tiré les cheveux d’une autre. 23 octobre, Stains (93) deux policiers ont été blessés par des éclats de ver-re provenant de la vitre de leur véhicule qui a explosé sous l’effet d’un pro-jectile (probablement un mortier d’artifice). Les deux fonctionnaires ont été hospitalisés. 25 octobre une interpellation a dégénéré à Reims (51). Lors de son inter-pellation un homme soupçonné d’une tentative de cambriolage a blessé un policier d’un coup de poing au visage. Une trentaine d’individus ont es-sayé de libérer l’individu en jetant des pierres. 27 octobre Carcassonne (11) un homme alcoolisé tire au fusil sur les poli-ciers sans les atteindre. Il prend la fuite et finira par se donner la mort avec son arme.

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1er novembre, Orly (94) des hommes encagoulés, repérés par une pa-trouille prennent la fuite. Ils tirent en direction des policiers sans faire de blessés. 9 novembre, Bordeaux (33) des CRS sont obligés de tirer sur un camion pour l’immobiliser. Le chauffeur avait été pris d’un malaise. Deux policiers ont été blessé lorsque leur véhicule a été heurté par le poids lourd. 16 novembre, à Metz Tessy (74) un homme et une femme âgés de 60 ans s’en prennent violemment à deux gendarmes venu mettre à exécution un mandat d’amener concernant leur fils. Frappés à coups de matraques et à coups de pieds les deux militaires sont blessés et l’un d’eux fait l’objet de 15 jours d’arrêt maladie. 17 novembre, Salaise-sur-Sanne (38), un gendarme a tiré sur un homme armé d’un fusil qu’il aurait pointé sur les gendarmes. L’homme, touché à la poitrine, est décédé, le gendarme âgé de 32 ans a été placé en garde à vue pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Il a été remis en liberté et le Parquet semble vouloir privilé-gier la thèse de la légitime défense. Affaire qui reste à suivre cependant. La préfecture de police de Paris a indiqué, dans son PPrama hebdomadai-re, que 2700 policiers ont été blessés en service sur les 9 premiers mois de l’année (300 par mois). Ce chiffre est très important mais plus réaliste que celui qu’avait donné le Président de la République dans sa dernières intervention télévisée. Il évoquait 5 % des 270 000 policiers et gendarmes (effectif d’ailleurs très exagéré). Si ce chiffre avait été exact ce serait 36 fonctionnaires et militaires tués ou blessés chaque jour. Le chiffre donné au président est heureusement erroné.

T oujours atteint de son virus impos-sible à soigner, Padchance reste «

mordu » de police judiciaire. Chaque cambriolage, chaque découverte de ca-davre est pour lui l’occasion d’essayer de mettre en pratique ce qu’il a appris dans son poste précédent. Il n’hési-te pas à solliciter le magis-trat pour provoquer une autopsie au cas où il y a un doute sur les causes de la mort d’une personne. Ceci ne fait pas le bonheur de son adjudant qui a une peur bleue de devoir assister à ce genre d’investiga-tion « poussée » qu’il a toujours réussi à éviter au cours de sa longue carrière. Tous les moyens sont bons. C’est ainsi qu’appelé sur la découverte d’un cada-vre sur une voie ferrée désaffectée il trouvera un moyen extraordinaire pour éviter l’autopsie.

A lors que le cadavre est en position allongée, face contre terre, dans un

état de décomposition avancé, et que la tête se détache du tronc au moment de retourner le corps, Padchance annonce « goguenard » que cette fois ci il va fal-loir y passer. Le pauvre adjudant est dé-jà livide rien que d’y penser. Padchance fouille les vêtements, pas très agréable comme investigation, et découvre quel-ques papiers qui font référence à une maison de retraite. Un appel radio va permettre d’établir qu’un pensionnaire manque à l’appel depuis un mois. Muni de ces renseignements l’adjudant aban-donne son adjoint, chargé des constata-tions, il file à la brigade.

I l reviendra beaucoup plus tard avec la doctoresse attachée à la maison de

retraite. Il l’a faite venir de toute urgence sous prétexte de reconnaître le corps. Au cours de l’audition il réussira à lui fai-re dire, certificat médical à l’appui, que l’état de santé de son patient explique son décès, il ira jusqu’à lui faire établir le document autorisant la délivrance du permis d’inhumer. Tout étant à craindre avec ce fouineur, interdiction est faite à l’adjoint de toucher à autre chose que les photographies et le croquis dans cette enquête. Une autre découverte de cadavre s’est produite pendant les congés de Padchance. Le gendarme OPJ enquêteur partant en permission, il lui appartient de poursuivre cette enquê-te de « suicide » par noyade. Tout s’est produit, très tard dans la soirée, à proxi-mité d’un bar. Etablissement plutôt mal fréquenté à cette heure avancée de la nuit.

P adchance n’a pas trop de difficultés à faire ressortir de nombreuses

contradictions entre les témoignages. Il a pu établir qu’il y a eu quelques violen-ces et que le compagnon de la tenan-cière s’est rendu près de l’étang tout proche, dans le même temps ou d’au-tres clients étaient sor- t is . La difficulté dans ce genre d’enquête tient à ce que si l’on arrive à opposer des témoigna-ges, aucun des prota-gonistes ne veut entrer dans le détail ou mettre en cause ses compa-gnons de beuverie.

PADCHANCE ET LES SITUATIONS PENIBLES(22)PADCHANCE ET LES SITUATIONS PENIBLES(22)

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L a meilleure explication donnée ré-sulte d’un état d’alcoolisation très

avancé pour justifier la violence mais surtout des pertes de mémoire très ar-rangeantes qui résistent aux confronta-tions. Une longue enquête permettra de conclure que le décès n’est pas dû au suicide mais plus probablement à une chute accidentelle dans l’étang, au

cours d’une rixe. Impossible d’arriver à déterminer, parmi quatre ou cinq indivi-dus, lequel a fait tomber la victime à l’eau et encore moins s’il a pu s’agir d’un acte volontaire.

C ette enquête, prise en compte trop tardivement, se soldera par un

aveu d’impuissance à mettre un nom sur le ou les responsables de ces faits. Quelle surprise lorsqu’une commission rogatoire ordonnera exhumation et au-topsie 3 mois après les faits. Le juge explique que, vu les conclusions de l’enquête, il est nécessaire de faire tou-tes les investigations pour éviter un re-cours éventuel d’un membre de la fa-mille. Il est bien conscient que, tenant compte du temps écoulé, il ne sera pas possible de découvrir d’élément dé-terminant. Cependant il n’en démord pas, il esti-me que dans ce genre d’affaire, dans un milieu plutôt mal fré-quenté ce soir là, l’autopsie aurait dû être réalisée dès le début de l’enquête.

Seulement, lorsque les gens présents à la brigade ont décrété qu’il y avait suicide avant de se rendre sur les lieux et qu’ils sont réfractaires aux recher-ches « trop poussées » le résultat est là.

L ’exhumation d’un noyé, après trois mois dans un cimetière sujet aux

infiltrations d’eau, le transport du corps, l’examen détaillé, le retour du cadavre et la nouvelle inhumation seront à ins-crire dans les expériences enrichissan-tes en ce qui concerne des actes de procédures plutôt rares mais très désa-gréables que ce soit au niveau visuel ou olfactif.

B ien qu’il ne soit pas insensible, Padchance se verra souvent en-

voyé là où l’on risque de trouver des scènes particulièrement pénibles. Dans ces cas, qu’il soit de permanence ou non n’a pas d’importance, son com-mandant de brigade l’envoie. Il lui arri-vera d’être confronté à des situations particulièrement difficiles.

P our arriver à « encaisser » il se for-gera une armure, sur les

conseils d’un assistant de médecin légiste : Beaucoup de détachement « mental » tout en sachant garder de la compassion pour les person-nes touchées par les drames auxquels il est confronté, un cocktail pas toujours facile à doser.

D es expériences pénibles Padchan-ce en rencontrera bien d’autres

encore.

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TIONTIONTION ETETET LELELE FONCTIONNEMENTFONCTIONNEMENTFONCTIONNEMENT DESDESDES FORCESFORCESFORCES DEDEDE SÉCURITÉSÉCURITÉSÉCURITÉ... EEELLELLELLE ENTENDENTENDENTEND, , , PARPARPAR UNEUNEUNE MEILLEUREMEILLEUREMEILLEURE CONNAIS-CONNAIS-CONNAIS-

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