Agadir et sa region (2006)

14
Un pôle économique en devenir Supplément au numéro 4352 du 24 février 2006. Ne peut être vendu séparément. Les Dossiers de S S P P É É C C I I A A L L A A G G A A D D I I R R REALISE PAR ANTOINE FLANDRIN

description

Agadir et sa region (2006)

Transcript of Agadir et sa region (2006)

Page 1: Agadir et sa region (2006)

Un pôle économique en devenir

Supplément au numéro 4352 du 24 février 2006. Ne peut être vendu séparément.

Les Dossiers de

SSPPÉÉCCIIAALL AAGGAADDIIRR

REALISE PAR ANTOINE FLANDRIN

••SPE/UNE:••SPE/UNE 29/10/07 11:05 Page 1

Page 2: Agadir et sa region (2006)

Sommaire

Dossier réalisé par Antoine Flandrin

Stratégie :Les atouts d’une région

Page IV et V

Agriculture :Comment le verger soussi peut-il faire face au problème de lararéfaction de l’eau ?

Page VIII et IX

Pêche :Une activité vitale à l’horizon incertain

Page X

Agro-industrie :Des conserveries compétitives à l’approvisionnement fragile

Page XI

Infrastructures :L’armature du désenclavement de la région se met en place

Page XIII

Histoire :Agadir, le grenier du commerce

Page XIV

Culture :Timitar, un festival pas comme les autres

Page XV

II les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006Spécial Agadir

Tourisme : après des

années de vaches maigres,

les affaires reprennent.

Page VI et VII

Agadir, ville festivePage XV

Investissement : Ces secteurs qui font vivrela région.Page XII

••SPE/Sommaire/P2:••SPE/Sommaire/P2 29/10/07 10:57 Page 1

Page 3: Agadir et sa region (2006)

bandes : le bord de mer touristique, les quar-tiers administratifs et résidentiels, et lesquartiers populaires. Bref, Agadir ne parvien-drait pas à trouver une harmonie socio-urba-nistique. Une vision que ne partage pas lemaire, Tariq Kabbage, qui préfère comparerAgadir à un «patchwork de quartiers juxta-posés» ou encore à une «main aux lignes quise croisent et dont le début de la paumeserait le bord de mer». «Il y aura toujours desinégalités entre les différents quartiers,explique-t-il. Il faut augmenter la qualité desquartiers les moins favorisés en améliorantleur cadre de vie. Nous allons développer desespaces de loisir, des espaces verts et des ter-rains de sports. Un maillage de « maisons dequartier » construites à proximité de cesespaces est également prévu. Ces maisonsseront gérées par la mairie en partenariatavec des associations culturelles, musicales,théâtrales, sportives… Le changement demode de vie des gens passe par la culture etle sport».Le maire est d’ores et déjà décidé à supprimerle panneau «zone touristique»à l’entrée de laville. «Il faut sortir de cette conception étroi-te du bord de mer, assène-t-il. Les Gadiris doi-vent pouvoir s’approprier tous les espacesdans toute la ville».D’autres projets à caractère plus «social» ontété lancés, tels la construction d’un centrepour les handicapés , d’un centre de sauve-garde de la jeune fille, financé par laFondation Sud, d’un centre d’accueil pour lesétudiantes, financé par la FondationMohammed V ou encore le recasement desmarchands ambulants dans des marchéssédentarisés, mis en place par le Conseil de laRégion. Autant d’initiatives menées par lesautorités locales pour améliorer les condi-

Agadir peut-elle devenir une des sta-tions balnéaires les plus attractivesde la région MENA ? Un des centresagricoles les plus dynamiques au

monde ? Un pôle de pêche compétitif à l’in-ternational ? Un centre urbain dynamique àl’équilibre socio-urbanistique affirmé ?Une locomotive pour tirer la région de sondésenclavement ? Lorsque l’on connaît lespotentialités de la ville et de la région quil’entoure, on se doit d’y croire.Elaborée par le cabinet Mc Kinsey, pour lecompte du Conseil de la région du Souss-Massa-Drâa, une stratégie permettant ledécollage économique de la région a étémise en application.Est-elle trop ambitieuse ? Deux ans après samise en place, il est encore trop tôt pour ledire. Aujourd’hui, les principaux acteurspublics, parmi lesquels le Conseil de larégion, la Wilaya et le Conseil municipalainsi que les principaux acteurs privés,œuvrent de concert pour accélérer les muta-tions nécessaires.

Un maillage de maisons de quartier pourchanger le mode de vie des Gadiris

Plus de quarante-cinq ans après le tremble-ment de terre qui avait ravagé la ville et enautant d’années d’efforts de reconstruction,comment Agadir gère-t-il son équilibre socio-urbanistique ? D’aucuns diront qu’Agadir estvictime d’une ségrégation entre la zone tou-ristique et le reste de la ville. D’autres avan-ceront que la ville est segmentée en trois

IV les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Stratégie

Les atouts d’une région en devenirAgadir veut devenir un pôle régional compétitifouvert sur le monde. Un défi qui passe par lamise en valeur de ses trois secteurs phare quesont le tourisme, l’agriculture et la pêche, maisaussi par le développement d’une stratégieintégrée au niveau régional.

Spécial Agadir

Elaborée parle cabinetMc Kinsey,pour lecompte duConseil de larégion duSouss Massa-Drâa, unestratégiepermettantle décollageéconomiquede la régiona été mise enapplication.

Un développement socio-urbanistique dont l’équilibre reste à trouver.

Parmi les pistes à explorer : le tourisme rural.

… / …

••SPE/Strat/P4 et 5:••SPE/Strat/P4 et 5 29/10/07 11:01 Page 1

Page 4: Agadir et sa region (2006)

principales villes de nos provinces. Parexemple lorsqu’on lance la création de mar-ché de seconde vente de poisson, nous le fai-sons sur Ouarzazate, Taroudant, Tiznit,Choutka-Aït Baha. Aucune province n’estmise de côté. La réussite de la stratégie vien-dra aussi de la capacité à impliquer l’en-semble du territoire avec des projetsstructurants par zone ».Une vision intégrée qui passe également parla mise en place de mesures pour ralentirl’exode rural. « Le meilleur moyen de main-tenir les populations rurales sur place est decréer, dans chaque douar et dans chaque vil-lage, des activités économiquement viables.Les pistes à explorer sont nombreuses : lavalorisation des produits du terroir, le touris-me de campagne & de montagne…» ,explique Aziz Akhannouch. Rachid Filaliabonde dans ce sens, précisant que « l’on nepeut arrêter l’exode rural qu’en apportantaux habitants les moyens d’améliorer leurcadre de vie. Il faut apporter à tout le mondel’eau, l’électricité et des dispensaires et sur-tout développer l’investissement ».Le thème de l’emploi est également au coeurde la stratégie mise en oeuvre par la Région.« L’objectif de notre stratégie de développe-ment est aussi d’accompagner les mutationssectorielles. Il faut créer suffisamment d’em-plois pour amortir les chocs dits de « produc-tivité ». La modernisation des secteurs de lapêche et de l’agriculture, l’émergence de nou-velles filières de croissance tel le cinéma oul’agrotechnologie, la mutation des secteurstraditionnels, sont des défis auxquels la stra-tégie de la Région tente de faire face, ajouteM. Akhannouch. Dès le départ, la Région aessayé de se concentrer sur des secteurs créa-teurs d’emplois avec des initiatives réali-sables dans des délais raisonnables. Parexemple le tourisme est un secteur à fortepotentialité et un gros employeur de main-d’œuvre. Bien sûr l’amélioration du cadregénéral économique et les nouvelles infra-structures devraient permettre de stabiliserles populations pour qu’elles se projettentlocalement. La réussite de demain dépend del’implication de chacun. Aujourd’hui nouspouvons être satisfaits de la mobilisation desacteurs locaux ». Des discours emprunts depragmatisme mais aussi d’ambitions.Pragmatisme et ambition : deux traits de laforce de caractère des habitants de la régiond’Agadir �

tions de vie et de travail des Gadiris.Des progrès ont également été enregistrésen matière de relogement. Dans le cadre duprogramme «Villes sans bidonvilles» (VSB),devant prendre fin en 2007, 3 000 baraquessur 12 000 existantes ont déjà été résorbées.A cet égard, l’Initiative nationale pour ledéveloppement humain (INDH) va per-mettre d’accélérer le processus de reloge-ment. «L’INDH a prévu une enveloppe de 90millions de DH prévu à cet effet», préciseRachid Filali, wali d’Agadir. Changer le modede vie des gens, voilà donc l’idée de fond. Saréalisation nécessitera toutefois beaucoupde moyens financiers et surtout beaucoupde volonté. D’autres projets pour dynamiserle centre urbain ont déjà été lancés en colla-boration avec la Région, tels le lancementde la nouvelle gare routière prévu pour cetteannée, le nouveau marché de Talborjt et laconstruction de trois nouvelles voies struc-turantes dans la ville.

Un palais des expositions sur 15 000 m2

Mais les projets structurants sont surtout lesprojets à vocation touristique. Pour rendre laville plus attractive, le maire a décidé demoderniser le mobilier urbain. Des nou-veaux bancs, lampadaires et bâches de caféseront prochainement installés. D’autre part,la ville va se doter d’un nouveau logo plusjeune et plus sympathique. Agadir va chan-ger d’identité visuelle.Parmi les projets phare, Agadir peut déjà setarguer de la rénovation de la Corniche, miseen oeuvre par le Conseil municipal. La pro-menade a ainsi été prolongée jusqu’à l’HôtelSofitel. Par ailleurs, les travaux du Palais desexpositions, un espace de près de 15 000 m2,seront lancés cette année. Ce palais, projetdu Conseil municipal, sera dédié à l’anima-tion culturelle, mais on pourra aussi y trou-ver un cinéma, un hall d’expositionpermanente, des salles de congrès, un centrecommercial, un parc et un jardin d’enfants.Autre projet colossal, la Marina d’Agadir. Lestravaux de construction, bien entamés,seront achevés fin 2007. En dehors du portde plaisance, elle offrira 600 logements dehaut standing au total, 190 appart-hôtels etune partie animation qui réunira une cen-taine de locaux commerciaux : magasins deshopping, activités de service, restaurants,cafés, salles de cinéma et salles de jeux.

La Région met en avant des synergies entreles secteurs pour booster la croissance.

La volonté de renforcer l’attractivité écono-mique d’Agadir passe également par laconsolidation de son rôle de pôle régional.L’avenir du Maroc est dans le développementde pôles régionaux axés autour d’un grandcentre urbain. A cet égard, la Région SoussMassa-Draâ mise sur les trois secteurs deforte croissance et d’avenir : le tourisme, lapêche, et l’agriculture. « La mise en valeurdes atouts existants, la modernisation de cessecteurs, leur internationalisation ferontd’Agadir une ville d’une importance plusgrande, prédit Aziz Akhannouch, présidentde la Région du Souss Massa-Draâ. Il fautmettre en avant les synergies et les passe-relles naturelles entre les différents secteurs :la pêche est aussi un facteur touristique,autant que la production agricole qui fait larenommée de notre gastronomie ».La politique d’infrastructures doit égalementrenforcer cette dynamique. « Le lancementdu chantier de l’autoroute Marrakech-Agadir,qui sera prête en 2009, va permettre dedésenclaver la région du Sud , expliqueRachid Filali. De même, le développement duréseau aérien et routier transrégional vaaméliorer l’interpénétration des actions. Lesrotations aériennes « Agadir-Ouarzazate » àpetit prix et l’élargissement de la routeAgadir-Ouarzazate en sont un bonexemple». Autre développement d’infrastruc-tures permettant le désenclavement : le déve-loppement de la plate-forme aéroportuairede Zagora, mis en place par l’Office nationaldes Aéroports, le Conseil de la Région et lescollectivités locales ; l’avancée du programmedes routes rurales et la création d’une ligneaérienne entre Las Palmas et Agadir, mise enoeuvre par le Conseil régional, le Centrerégional du tourisme et Regional Airlines.

Emergence de nouvelles filiales comme lecinéma ou l’agro-technologie

Le développement du pôle économiqued’Agadir passe donc par un aménagement duterritoire plus cohérent et plus équilibré. « Lavision intégrée de la stratégie lancée par laRégion, c’est de justement considérer les dif-férentes dimensions du territoire dans leurensemble, d’avoir une vision globale, indiqueM. Akhannouch. Notre objectif est aussi debooster la croissance à travers une dissémi-nation des projets qui viendront renforcer les

V les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Stratégie

Spécial Agadir

« La visionintégrée dela stratégielancée par laRégion, c’estde justementconsidérerlesdifférentesdimensionsdu territoiredans leurensemble,d’avoir unevisionglobale».

Les rotations aériennes «Agadir-Ouarzazate» à petit prix :

pour une meilleure connectivité intrarégionale.

… / …

Dans la Stratégie de développement de la Région SoussMassa-Draâ, le cabinet de conseil Mc Kinsey a établi une série descénarios pour la croissance et l’emploi des différents secteurs del’économie .

Ainsi, selon un scénario optimiste, la croissance moyenneannuel du PIB s’élèverait à 6,6 % entre 2005 et 2015. Le PIB dela Région qui s’élève aujourd’hui à 34 milliards de DH atteindrait77,4 milliards de DH en 2015. Ventilée entre les différents secteursde l’économie, la part de chacun passerait de 7 % à 23,1 % pourle tourisme, de 4,5 % à 4,6 % pour l’agriculture, de 3 % à 5%pour la pêche, de 0,6 % à 3% pour les mines, de 4 % à 8,5 %pour les PME et le commerce, de 2,3 % à 5 % pour le BTP, de 1 %à 3,6 % pour l’artisannat, de 0 % à 0,3 % pour les nouvelles

filières, de 0,8 % à 0,7 % pour les autres industries et de 10,6 %à 24 % pour les autres services.

Pour l’emploi, le scénario otimiste serait un taux decroissancemoyen pondéré de 4,8% entre 2005 et 2015. Le nombred’emplois de la région passerait de 900 000 à 1, 6 million. Ventiléentre les différents secteurs, le nombre d’emplois passerait de150 000 à 450 000 pour le tourisme, de 117 000 à 153 000 pourl’agriculture, de 40 000 à 132 000 pour l’artisanat, de 90 000 à152 000 pour le commerce et les PME, de 3 000 à 2 000 pour lesmines, de 0 à 3 000 pour les nouvelles filières, de 5 000 à 4 000pour les autres industries, de 335 000 à 580 000 pour les autresservices et de 86 000 à 170 000 pour le BTP. En ce qui concerne lapêche, le nombre d’emplois stagnerait autour de 50 000.

Croissance et emploi : les scénarios optimistesde l’analyse Mc Kinsey

••SPE/Strat/P4 et 5:••SPE/Strat/P4 et 5 29/10/07 11:01 Page 2

Page 5: Agadir et sa region (2006)

n’étant qu’un préalable. D’après la stratégiede Mc Kinsey, Agadir doit tirer profit de laVision 2010 qui a pour but d’améliorer laconnectivité et l’offre litière, tout en repen-sant son produit. En effet, le Conseil Régionala par exemple entrepris la subvention desliaisons Agadir-Ouarzazate et Agadir-LasPalmas afin de favoriser d’intégrer parexemple la plage et le désert. Ce travail sur leproduit s’accompagne de mesures visant àmieux valoriser l’arrière-pays. Le Conseil dela Région et d’autres institutionnels ontlancé des bourses d’idées pour financer lamicro entreprise touristique : plus de trenteprojets ont été financés, dont une grandepartie dans les «zones les plus isolées».Principal ressort de la stratégie de dévelop-pement du tourisme balnéaire : Taghazout.Cette nouvelle station balnéaire, construite à15 km d’Agadir, aura une capacité d’accueilde 20 000 lits. Aujourd’hui, l’aménageur-développeur est connu (Colony capital) etl’enthousiasme est de mise. Toutefois, ducôté des hôteliers gadiris, on espère que «l’aménageur se lance dans la construction deresorts 5 étoiles, souligne Guy Marrache. Sides hôtels des 4 étoiles devaient êtreconstruits, il y aurait risque de cannibalisa-tion».Autre piste non négligeable pour développerl’activité touristique, la promotion des microentreprises. «La création d’un fonds d’appuiau financement de la micro-industrie du ser-vice touristique va permettre de contribuer àl’enrichissement de l’offre touristique et àl’augmentation de la dépense moyenne partouriste, hors-package» , précise AzizAkhannouch, président de la Région duSouss Massa-Draâ.

Plus de 5% de croissance pour les nui-tées hôtelières, plus de 7 % pour lesarrivées en 2005. 4 millions de nui-tées et 1 million d’arrivées en 2005.

Des chiffres qui devraient réjouir les profes-sionnels du secteur touristique.Et pourtant : «2005 a été une bonne année,certes, concède Guy Marrache, présidentdirecteur général de Holidays Services etTikida Hotels Agadir. Mais nous retrouvonstout juste les niveaux des années fastescomme 2000. La croissance n’est pas vrai-ment là. Si l’on regarde le taux de remplissa-ge des hôtels de la ville, on se rend compteque ce n’est pas l’euphorie. Seuls quatre àcinq hôtels sur le front de mer sont aujour-d’hui en mesure de tirer la demande vers lehaut».

Les Français représentent 32% de la clientèleSi la croissance devrait suivre la même ten-dance en 2006, les hôteliers comptent sur-tout sur la venue des touristes français. Cesderniers font depuis quelques années la joiedes hôteliers de la place. S’ils ne représen-

taient que 20% de la clientèle en 2000, ilssont désormais près de 32 %. Toutefois, lesclignotants ne sont pas tous au vert, loin s’enfaut. Le revers de la médaille ? Un marchéallemand qui décroche chaque année. Ce der-nier qui représentait près de 32 % de la clien-tèle en 2000 a chuté à 15% en 2005.Pourquoi une telle bérézina ? «La situationest davantage imputable à la situation del’économie allemande, précise Guy Marrache.Mais il est vrai que la concurrence exercéepar les Turcs et les Egyptiens, qui cassent lesprix, nous nuit. De plus, Agadir est très maldesservie au niveau aérien. Il n’y a pas depoint à point entre Agadir et l’Allemagne.Enfin, il faut l’admettre, le produit Agadir atendance à vieillir». Le mot est lâché. Quefaut-il donc faire pour rajeunir l’imaged’Agadir ou du moins l’adapter à la demandeinternationale actuelle ? C’est justement laprincipale préoccupation des acteurs régio-naux et municipaux et des opérateurs dusecteur touristique.

Développement de la micro-industrietouristique

Le Conseil de la Région Souss Massa-Draaâ acommandé au cabinet Mc Kinsey une straté-gie de développement économique pour larégion. Le diagnostic identifie trois points àaméliorer : l’animation et les activités de loi-sir, la création de services annexes, et l’amé-lioration de la connectivité interne etexterne. Le défi d’Agadir consiste à se posi-tionner sur le balnéaire intelligent : offrir desactivités, des sites, des services qui rendrontle site unique. A l’instar des voisinsCanariens ou d’Ibiza, la croissance du secteurest tirée aujourd’hui par la qualité et l’inven-tivité des opérateurs, les plages ensoleillées

VI les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Tourisme

Tourisme : après des années de vachesmaigres, les affaires reprennentAvec une hausse de plus de 5 % des nuitées en2005, les hôteliers gadiris ont surtout profitéde la croissance du marché français. Afin deconsolider l’élan, les initiatives pour améliorerl’attractivité de la ville se multiplient.

Spécial Agadir

La Marina d’Agadir sera à n’en pas douterla nouvelle attraction de bord de mer….en 2008.Avec 600 logements haut standing au total, 150appartements-hôtels, une centaine de locauxcommerciaux, ce complexe sera unnouveaumoteurde l’activité touristique.

Des magasins de shopping, prévus sur lequai est, des activités de service sur le quai nord,des restaurants, cafés et pubs au niveau sur le quaiouest, mais aussi des salles de cinéma, des sallesde jeux et une discothèque : un programmealléchant qui a déjà séduit de nombreux amateurs.450 appartements ont déjà trouvé preneurs. A cetégard, la première tranche des appartementsrésidentiels devrait être livrée à la fin de l’année.Quant à la partie animation, elle devrait entrer enactivité en mars 2006.

Comptant parmi les projets touristiques lesplus porteurs du Maroc, la Marina Agadir, quis’étend sur une superficie globale de 18 ha,s’organise autour d’unport de plaisance de standinginternational d’une capacité d’amarrage de 316postes de bateaux �

La Marina, le grandprojet d’Agadir

4 millionsde nuitéeset 1 milliond’arrivéesen 2005.

Agadir veut se positionner

sur le balnéaire

intelligent.

… / …

••SPE/Tourism/P6 et 7:••SPE/Tourism/P6 et 7 29/10/07 11:03 Page 1

Page 6: Agadir et sa region (2006)

Une question que l’on peut légitimement seposer. Les hôteliers, eux, misent davantagesur la modernisation de leur produit. Golfs,thalasso, boîtes de nuit, restaurants de luxe…Les marketeurs ne s’y sont pas trompés. Auvue des innovations déclinées, le touriste quivient à Agadir est attiré par la plage et lesoleil, mais surtout par les plaisirs de la viede rêve. Reste à savoir comment mieux com-muniquer pour qu’Agadir avec ses atoutspuisse bénéficier d’une image aussi pérenneque celle de Marrakech �

Une nouvelle identité visuelle pour AgadirLa valorisation du potentiel touristique de laville est également la priorité de la mairied’Agadir. Une réflexion a été menée afin dedonner une nouvelle image à la ville. Le maireTariq Kabbage ne «[ veut ] plus d’une zone tou-ristique isolée des autres parties de la ville,mais d’une ville touristique». Pour ce faire,deux principes phare ont été mis en avant : lamise à niveau de la ville pour les besoins dutouriste et l’amélioration du cadre de vie ducitoyen. «Notre premier chantier est de donnerune nouvelle identité visuelle à la ville,explique Tariq Kabbage. Il s’agit de remettre àniveau l’espace public : nouveaux bancs, lam-padaires, terrasse de cafés, modèles de bâchesdes cafés, abribus, poubelles… mais aussi nou-veau logo. Il s’agit de faire entrer Agadir dansla modernité. La rénovation de l’image de laville passe également par l’aménagement depromenades et de nouveaux espaces vertsdédiés au sport, au loisir et à la rêverie». Auprogramme, la construction d’espaces vertssur la zone Est-Ouest et l’aménagement d’unebande verte le long de la route menant auport. A l’étude, l’aménagement d’une prome-nade sur le front de mer allant de l’OuedSouss jusqu’au pied d’Agadir Oufella, la réor-ganisation du centre urbain, une zone piéton-ne remontant de la Corniche jusqu’à Talborjt.«Il faut sortir de cette conception étroite dubord de mer. Le touriste doit pouvoir circuler

librement dans tout Agadir et s’approprier tousles espaces. Pour casser ces ghettos hôteliers,nous avons prévu de développer des partena-riats avec les commerçants». Un ensembled’initiatives bien vues par le secteur hôtelier,bien que d’aucuns ne cachent pas leur scepti-cisme. «Si l’on veut faire sortir les gens deshôtels, il faut qu’il y ait une vie nocturne àAgadir, explique Guy Marrache.Or, est-il pos-sible d’importer ici le concept de vie nocturneen plein air qui a fait le succès touristique desgrandes villes espagnoles ?».

VII les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Tourisme

Spécial Agadir

Remettreà niveaul’espacepublic :nouveauxbancs,lampa-daires,terrassesde cafés,modèlesde bâchesdes cafés,abribus,poubelles… maisaussinouveaulogo.

Taghazout, la nouvelle station balnéaire, à 15 km d’Agadir, sera aménagée par Colony capital.

… / …

Ce séminaire s'inscrit dans le cadre de l'Initiative lancée par le Ministère desAffaires EtrangèresItalien et les Régions Italiennes, afin d'approfondir le rôle de ces dernières dans la relance dela coopération avec les partenaires des pays du Maghreb, du Mashrek et des Balkans.

C'est ainsi que la ville de Settat, grâce aux efforts soutenus du Président de la région, accueillerales 4 et 5 Mai prochain le premier séminaire hors Italie, avec quelque 300 membres représentantdes régions de l'ensemble du pourtour Méditerranéen.

Lancée en Avril 2004 avec un budget global de 15 millions d'euros, cette initiative, soutenueaujourd'hui par la Commission Européenne, a pour objectif de mettre au point des stratégies, despartenariats et des projets de développement socio-économique de la région méditerranéenne quifavorise une participation active des régions italiennes à la mise en œuvre des politiques de voisinageet de pré-adhésion.

Les domaines thématiques retenus pour l'élaboration des propositions et des projets conjoints sontles suivants : Environnement et développement durable, Développement socio-économique enfonction de la mise en place d'une zone de libre-échange méditerranéenne, et Réseaux etinterconnexions matérielles et immatérielles favorisant l'intégration des marchés. Ce dernier thèmea été développé lors du séminaire organisé par la Région Sicile à Palerme les 10 et 11 Février 2006.

Invitée à ce séminaire, la région Chaouia Ourdigha a été représentée par son Président,M. Abderrahim ATMOUN, qui a intervenu dans l'axe «Gouvernements Locaux et promotions despartenariats territoriaux». Dans son intervention, M. ATMOUN est revenu sur l'importance del'optimisation des flux commerciaux pour le développement des économies locales, et la nécessitéde mettre en place et de renforcer les infrastructures afin qu'elles répondent aux exigences du marchémondial. «La coopération entre régions et zones géographiques de la Méditerranée constitue lemoyen le plus adéquat pour créer des processus d'intégration économique et un espace de circulationdes capitaux, des marchandises et des personnes susceptibles d'entraîner le codéveloppement», a-t-il déclaré lors de son intervention au séminaire de Palerme.

A l'issue de ce séminaire, rendez-vous a été donné pour la rencontre de Settat, coordonnée par laRégion de Chaouia- Ouardigha. Ce séminaire ne manquera pas de rappeler les excellents rapportsde coopération entre le Maroc et l'Italie et le nombre d'investissements italiens au Maroc. Uneconvention de partenariat a d'ailleurs d'ores et déjà été signée, pilotée par la région de Sardaigne,pour soutenir tous les projets entrant dans le cadre du développement socio-économique de larégion .

COMMUNIQUE DE PRESSE

LA REGION CHAOUIA-OURDIGHA ACCUEILLERA LES 4 et 5 MAIPROCHAINS A SETTAT, LE PREMIER SEMINAIRE

HORS EUROPE POUR LE CO-DEVELOPPEMENT DES REGIONSEURO-MEDITERRANNEENES,

••SPE/Tourism/P6 et 7:••SPE/Tourism/P6 et 7 29/10/07 11:04 Page 2

Page 7: Agadir et sa region (2006)

nent à atteindre 40%. Par ailleurs, 50 % deseaux superficielles sont utilisées pour lesbesoins en eau potable du Grand Agadir et deTiznit. En fait, l’agriculture du Souss dépendaujourd’hui de la nappe phréatique, presquetarie dans certains endroits ».

Un contrat-programme ambitieux sur 10 ansQuelles sont les solutions pour une région,qui, plus que les autres, vit d’agricultureintensive ? Comment régler ce problème,pourtant connus depuis des décennies,contre lequel les mesures prises par lesacteurs du secteur agricole et les nombreuxgouvernements n’ont pas eu une grande inci-dence ? Une prise de conscience collectives’imposait. C’est désormais chose faite. Placéeen tête de liste des dossiers vitaux de la stra-tégie de développement de la Région duSouss Massa-Draâ, la problématique de l’eaufait l’objet d’un contrat-programme ambitieuxsur dix ans. Ce contrat-programme a étéconclu par la Région en partenariat avec lesecrétariat de l’Etat à l’eau, le ministère del’Agriculture et le Crédit agricole du Maroc.« Je pense que cette convention permettra desolutionner ce problème, explique AzizAkhannouch, Président de la Région du Sous-Massa Draâ. Elle a fait l’objet d’une largeconcertation aussi bien avec les élus que lesagriculteurs, elle propose notamment lesquatre solutions suivantes : Premièrement, lamise en place d’un montage financier per-mettant la reconversion de 30 000 hectaresvers l’irrigation localisée d’où une économie

Pour que 2006 ait été décrétée«Année de l’eau pour la Région SoussMassa-Draâ », c’est que l’heure est àl’urgence. En effet, la problématique

de la préservation de la ressource hydriqueest un enjeu crucial pour l’agriculture de larégion, centre agricole le plus dynamique dupays. Créateur de richesses (4,5 milliards deDH de valeur ajoutée) et d’emplois (153 000emplois), le secteur agricole de la région estaussi une force de compétitivité à l’export (90% de l’exportation nationale pour la tomateet 60 % pour les agrumes).

Une consommation en eau à l’hectarebeaucoup trop élevée

Toutefois, il est fort consommateur en eau.La consommation, qui a atteint 7 500 m3 parhectare en 2002, est beaucoup trop élevéepar rapport aux ressources de la région. « Larégion possède deux types de ressourceshydriques, précise Abderrazak Mouisset, pré-

sident de l’APEFEL (Association des produc-teurs et des exportateurs de fruits etlégumes). La nappe phréatique (80%) et leseaux superficielles qui proviennent notam-ment des barrages. Or, la nappe phréatique,autrefois la plus riche d’Afrique du Nord, a étéexploitée en l’espace de 60 ans. D’autre part,nos barrages sont trop petits et n’ont jamaisété remplis à 100 %, en partie à cause du cyclede sécheresse qui dure depuis vingt ans.Aujourd’hui, les deux tiers de ces barrages pei-

VIII les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Agriculture

Comment le verger soussi peut-il faire faceà la raréfaction de l’eau ?Enjeu crucial pour l’agriculture, laproblématique de l’eau mobilise tous lesacteurs de la région. Parmi les solutions, larecherche de nouveaux approvisionnements eneau, la tarification de l’eau, mais aussi unrenforcement de la police de cette denrée deplus en plus rare.

Spécial Agadir

«Au niveau des expor-tations, l’agriculture duSouss est confrontéeau problème ducontingentement desquantités de tomatesexportées sur le marchéde l’Union européenne(UE). Cette contraintedes quotas fixes parmois nous pénalise vis àvis de nos concurrents.En effet, à cause de ces

quotas, nous ne pouvons assurer la régularité de l’offre. Nousnous retrouvons fréquemment dans une situation où, enmilieu de mois, nous avons atteint nos quotas. Nous nepouvons satisfaire la demande des grandes surfaces et lescircuits de distribution européens qui sont très exigeants surles délais. Ceux-ci préfèrent éviter ces problèmes en sécurisantleurs approvisionnements. La solution pour eux est de recouriraux Espagnols qui leur garantissent la régularité de l’offre.

Cette situation ne peut être dépassée que si nous diversifionsnos débouchés commerciaux. Un effort doit être fait par lesgroupes exportateurs pour écouler une partie de notreproduction de tomates vers la Russie et le Canada qui sont desdébouchés intéressants.

Des efforts doivent également être faits pour mieuxpénétrer le marché européen. Nous pensons que les petitsfruits comme la clémentine, le nour, l’ortanique, l’afourerpeuvent être des produits compétitifs et demandés. Le Maroca également les moyens de pénétrer le marché américain.C’est un marché très demandeur, mais dont il fautcomprendre les mentalités, les approches commerciales.

En ce qui concerne la campagne agricole 2005/2006,encore en cours, les exportations ont enregistré des niveauxqui sont intéressants, surtout pour les petits fruits,clémentine et famille. En ce qui concerne la tomate, nosproducteurs ont vécu et continuent de vivre de grandesdifficultés au niveau de la commercialisation sur l’UE. Despertes énormes ont été enregistrées. Les conséquences auniveau local ont été désastreuses. Le prix du kilo de tomaten’a pas excédé 1 DH» �

Abderrazak Mouisset, Président de l’APEFEL : «Nosexportations agricoles continuent d’être pénalisées»

L?agricultur,c?est aussiplus de 90 %de laconsommation en eaude laR gion.

Les eaux superficielles ne représentent que 20 % de l’eau

utilisée pour l’agriculture.

… / …

••SPE/Agric/P8 et 9 :••SPE/Agric/P8 et 9 29/10/07 10:15 Page 1

Page 8: Agadir et sa region (2006)

micro irrigation » , explique AbderrazakMouisset.Seconde possibilité, « que l’Etat fasse davan-tage d’efforts pour stocker les 25 % des eauxsuperficielles qui vont à la mer lorsqu’ilpleut». Troisième piste, « un effort doit êtrefait au niveau des équipements hydrauliques,et notamment au niveau du canal deGuerdane qui devait être construit il y a cinqans pour sauver 10 000 ha d’agrumes.Aujourd’hui, les travaux n’ont toujours pascommencé ». Quatrième chantier, économisersur les lâchées de grande quantité d’eau. « 50millions de m3 d’eau en moyenne sont lâchéesà partir du barrage d’Aoulouz, sous prétextede réalimenter la nappe phréatique du Souss.Or, sur le terrain les exploitants n’ont jamaisconstaté un centimètre de récupération d’eau», déplore le président de l’APEFEL.Cinquième idée, la réutilisation des eauxusées. « Le Grand Agadir produit l’équivalentde la capacité d’un barrage moyen commecelui d’Abdelmoumen, indique M.Mouisset.Or ces eaux sont jetées à la mer pour polluerles plages, au lieu d’être réutilisées après trai-tement. Celles-ci pourraient servir à l’irriga-tion de nos espaces verts et de nos golfs ».Enfin sixième solution, le dessalement deseaux qui serviraient aux besoins des hôtelset des industries. «Ils peuvent supporter lecoût élevé de cette solution», ajoute le prési-dent de l’APEFEL �

de 100 millions de m3 par an. Ce montagecomprend notamment la création d’un fondsde garantie financé par la région.Deuxièmement, la mise en place d’un pro-gramme ambitieux d’investissement permet-tant sur les dix prochaines années laconstruction de 2 à 3 barrages collinaires paran. S’ajoute à cela l’édification de 5 grands etmoyens barrages. Troisièmement, la mobili-sation des eaux souterraines profondes viaun programme de 24 MDH sur trois ans.Quatrièmement, la création d’un hub d’acti-vités de pointe dans les agrotechnologiesvisant à développer des activités de rechercheallant dans le sens de la préservation de l’eau(semences faiblement consommatrices d’eau,nouvelles technologies d’irrigation..) ».Le Président de la région attache une impor-tance particulière à « l’économie et la valori-sation de l’eau ». Un point sur lequel denombreux acteurs de la région sont d’accord.« La valorisation de l’eau est une questiontaboue, reconnaît Karim Kassi Lahlou, direc-teur du Centre régional d’investissement duSouss Massa Draâ (CRI). Mais l’eau a unevaleur. Il va falloir trouver le courage de latarifer ». A cet égard, la stratégie de la régionmise sur l’élargissement de la chaîne devaleur au secteur agroalimentaire et au sec-teur agricole. Selon les prévisions, si les solu-tions sont correctement appliquées, lavalorisation de l’eau, qui atteignait juste 4,4

DH le m3 en 2002, devrait rapporter 12 DH lem3en 2015.La stratégie insiste également sur l’importan-ce de la « police de l’eau ». A ce titre, le wali dela région Souss Massa-Draâ, Rachid Filali, estdéterminé. « Nous avons mis en branle tousles dispositifs d’autorité de police pour aiderla région dans cette vision. Nos forces sont làpour empêcher tout contrevenant de creuserun puit sauvage. De même, nous assistonsl’agence du Bassin dans son travail, notam-ment en ce qui concerne le rebouchage despuits », assure le wali.

Enjeu capital : la recherche de l’eauSigne de la préoccupation des autorités régio-nales, une réunion a été tenue récemmententre le Conseil régional, l’Agence du Bassinhydraulique de la région et l’APEFEL pourtrouver des solutions concrètes à la problé-matique de l’eau. Six solutions ont été déga-gées.Première piste, renforcer les installations dessystèmes d’économie d’eau en irrigation.Utilisé depuis plus de 35 ans dans la région,le système du goutte-à-goutte permet l’irriga-tion de 40 % des points agricoles et des diffé-rentes cultures. «Nous souhaitons qu’il passeà 80 %. La majorité des cultures est encoreirriguée avec le système traditionnel quiabsorbe deux fois plus que le goutte-à-goutte.30 000 ha restent à équipés en système de

IX les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Agriculture

Spécial Agadir

˙L?eau aunevaleur. Ilva falloirtrouverlecouragede latarifer¨.

… / …

••SPE/Agric/P8 et 9 :••SPE/Agric/P8 et 9 29/10/07 10:15 Page 2

Page 9: Agadir et sa region (2006)

Les traces les plus précises de l’histoire de larégion remontent au XVe siècle, pendantlequel elle aurait connu la visite desHollandais, des Normands et surtout desPortugais. C’est ainsi qu’en 1476, le PortugaisJuan de Seguira a construit une salinière pourpoissons au nord de l’actuel port, à proximitéd’une source dite Founty en portugais, etautour de laquelle s’est développé un villagede pêcheurs. Mais l’isolement de la région etl’agitation des tribus du Souss amenèrentJuan de Seguiera en 1515, à vendre sesconstructions au Roi du Portugal DonEmmanuel qui les fortifia et les utilisa pour lapêche et le commerce. Le fort de Santa Cruzdu Cap de Gui servait, entre autres, de pointde ravitaillement pour les caravanes à desti-nation de Tombouctou. Celles-ci ramenaientdes esclaves, du sel et des épices mais aussi dusucre, des amandes et des peaux d’animauxvers l’Europe. La trêve ne dura pas longtemps.Des soulèvements furent organisés par AlKaïm Bi Amrillah Es Saadi, puis par son filsCheikh Es Saadi qui parvint à chasser lesPortugais en 1541. Il reconstruisit le fort surles hauteurs de la colline surplombant le portde Founty et lui donna le nom d’Agadir Ighir,littéralement la «casbah grenier», encoreconnue aujourd’hui sous le nom d’AgadirOufella et qui fut détruite lors du tremble-ment de terre de 1960. L’économie de la régionresta très active jusqu’en 1774, où le sultanAlaouite Sidi Mohamed Ben Abdallah, édifiale port d’Essaouira, vers lequel convergea lecommerce. En 1911, la convoitise des coloni-sateurs allait de nouveau se manifester enversla ville d’Agadir, avec l’occupation allemandeet la tentative de débarquement des cuiras-siers «Panther» et «Berlin». Avec l’avènementdu Protectorat français en 1913, la ville futoccupée par les troupes françaises débarquéessur la côte, en raison du blocage des routesterrestres par la résistance marocaine auxalentours de Smimou et de la région de Haha.En1925, les résidents du protectorat planifiè-rent la nouvelle ville, dont le quartier Talborjtet le quartier industriel. Agadir vivra l’indé-pendance quatre ans sous son ancienneforme, avant le tremblement de terre. Au 1er

mars 1960, tout était à refaire. Mais c’étaitsans compter sur la détermination des Gadirisà reconstruire leur ville. Pour bien faire leschoses, ces derniers ne se sont pas simple-ment contentés de la reconstruire, mais ontréussi à en faire le poumon économique de laseconde région du pays, grâce à la valorisationde trois piliers : le tourisme, l’agriculture et lapêche �

Dans le dialecte berbère , le mot«Agadir» signifie grenier. Par saposition stratégique et son accès

sur la mer, la cité a longtemps servi aux

Phéniciens, de point de ravitaillement descaravanes et navires en provenance del’Afrique de l’Ouest, ce qui justifie sonappellation de grenier. Peu de documentspermettent de retracer son histoire, maisdéjà le voyageur carthaginois Hanoun,pendant son périple autour de l’Afrique,parlait d’une région le long de la baied’Agadir et évoquait son littoral poisson-neux.

X les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Histoire

Agadir, grenier du commerceD’où vient le mot «Agadir» ? Comment aévolué la capitale du Souss Massa-Draâ àtravers l’histoire ? Petite histoire de la ville.

Spécial Agadir

••SPE/Histoire/P10:••SPE/Histoire/P10 29/10/07 10:51 Page 1

Page 10: Agadir et sa region (2006)

Ceci étant l’impératif de protection de laressource est parfois en contradiction avecune industrie qui privilégie le volume quela valeur. Encore deux tiers des sardinespêches vont dans les farines animales etde poissons, ce qui constitue une valorisa-tion deux fois inférieure à la fabrication deconserve et autres aliments à base de sar-dines. En attendant une hypothétiquemise à niveau du secteur de la pêche,l’agro-industrie est confrontée à un autreproblème de taille : la hausse du coût desintrants, en particulier, ceux de l’huile d’oli-ve, de l’acier et de l’aluminium.Le secteur est toutefois loin de se laisser allerà la morosité. Il a des atouts. Tout d’abord, auniveau commercial : l’Unicop a investi dansplusieurs plans qui devraient permettre d’ac-croître la compétitivité et la visibilité du sec-teur agro-halieutique. «Le plan Unicop a étéétabli pour maintenir notre outil de produc-tion à un niveau top qualité, explique MajidJoundy. Nous avons également investi dansun plan de formation afin de valoriser les res-sources humaines du secteur. Nous avons misen place un plan de communication à desti-nation des consommateurs. Il s’agit de mieuxfaire connaître nos produits, de communi-quer sur leur diversité et leur qualité. Nousavons également investi dans le marketing :les nouveaux emballages sont plus attrac-tifs». Autre perspective commerciale, l’export.Avec les accords de libre-échange, notam-ment avec les Etats-Unis, ce sont de nou-veaux débouchés qui s’ouvrent au secteur.Enfin, dernière perspective, celle mise enavant par le plan Emergence. Un pôle decompétitivité, grande zone industrielle,regroupant des usines de conserves et despêcheries, est à l’étude. Son apport seraitindéniable. Il permettrait de doter Agadird’un outil de production et d’exportationencore plus efficace �

Premier port marocain en termes detonnages de poisson traité, Agadir estdevenu également le centre de l’in-

dustrie agro-halieutique. Avec 14 conser-veries, 8 500 employés directs, 1,5 milliardde DH de chiffre d’affaires, soit la moitiépour la Marocain, 60 % du poisson traitéau niveau national , soit près de180 000 tonnes, Agadir est le premier portexportateur de conserves en volume.L’industrie agro-halieutique gadirie bénéfi-cie de puissantes infrastructures et d’unsolide savoir-faire. «Agadir a détrôné Safi àla fin des années 1990 , explique MajidJoundy, directeur général de Belma, prési-dent de la Confédération générale desentreprises du Maroc- union régionaleSouss Massa- Draâ (CGEM) et secrétairegénéral de l’Union nationale des indus-tries de la conserve de poisson (Unicop).Cette montée en puissance est due essen-tiellement à de nouveaux investissementsqui ont permis l’accroissement de la pro-duction. Dans le même temps, des unités àSafi ont fermé pendant que d’autres ontouvert à Agadir».

Une industrie fragilisée par le problème del’approvisionnement

Toutefois, cette industrie est aujourd’huifragil isée par de nombreux maux.Contraints d’aller chercher leur matièrepremière très au Sud, où les bancs de sar-dines se sont déplacés, les industriels doi-vent la remonter par camionsfrigorifiques. Ce n’est qu’au port que lepoisson est glacé par les industriels, avantqu’il ne prenne la route. «Il est certain quele fait de remonter la matière premièregrève les coûts, précise Majid Joundy. Ilfaut savoir aussi que presque tout le pois-son pêché à Laâyoune, actuellement pre-mier port sardinier du monde, est traité àAgadir. Les industriels ont dû s’adapter etinvestir leurs propres deniers pour suppor-ter les coûts du transport et surtout lesconditions de transport. Investir dans laqualité était indispensable, sans quoi nousne serions pas les leaders mondiaux de laconserve de sardine».

Les industriels déplorent également l’étatde la flotte sardinière, dont les bateaux nesont pas équipés des indispensables calesréfrigérées alors que les normes dans lespays de destination se durcissent.«L’industrie a opéré sa mutation au débutdes années 1990, indique Majid Joundy.Celle-ci a mis dix ans pour y arriver. Si lesecteur de la pêche avait commencé enmême temps, i l est certain que nousaurions une meilleure maîtrise de la matiè-re première. L’industrie agro-halieutique estaujourd’hui ouverte pour aider la pêche,secteur qui manque de moyens financiers.Il faudrait toutefois lever certaines résis-tances. Les pêcheries doivent s’adapter auxcontraintes d’aujourd’hui : conditions depêche plus difficile, de plus en plus loin etdans des eaux de plus en plus profondes,nécessité de garantir la qualité organiqueet toxicologique de la matière première, etsurtout, irrégularité de l’approvisionne-ment».

Une capacité de traitementde 500 000 tonnes par an

Une fois les maux identifiés, reste toutefoisà trouver les solutions. Comment garantirune maîtrise de la régularité et de la quali-té des poissons pêchés ? Comment mettreà niveau une flotte qui n’est pas auxnormes, et, de surcroît, sensible aux aléasclimatiques ? Des questions cruciales. Pourles industriels, il en va de leur compétitivi-té. En effet, si la flotte ne permet de four-nir que 300 000 tonnes par an, la capacitédes usines est de 500 000. «Nos bateaux netravaillent que 250 jours par an», déploreMajid Joundy. Les plaintes des industrielssemblent toutefois avoir été entendues. UnPlan d’aménagement des pêcheries péla-giques devrait permettre de sécuriser lesapprovisionnements.

XI les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Agro-industrie

Des conserveries compétitives àl’approvisionnement fragileSpécialité d’Agadir, les conserves de poissonbénéficient d’une réputation internationalequi repose avant tout sur la qualité.Toutefois, le secteur est confronté auproblème d’approvisionnement et à lacherté des intrants.

Spécial Agadir

Commentmettre àniveau uneflotte quin’est pasauxnormes, etdesurcroît,sensibleaux aléasclima-tiques ?

L’industrie agro-

halieutique s’inquiète de

l’état de la flotte côtière.

••SPE/Halieutique/P11:••SPE/Halieutique/P11 29/10/07 10:19 Page 1

Page 11: Agadir et sa region (2006)

grand studio en plein air en Afrique.Le développement de l’industrie cinémato-graphique entre également dans une pers-pective de développement de la province duDraâ qui reste à la traîne. Le Conseil régionala pris conscience que les principaux goulotsd’étranglement à un développement équili-bré sur l’ensemble du territoire sont l’encla-vement, le manque d’initiative dans leszones reculées, et d’infrastructures.Autant au niveau des routes que d’autresinfrastructures vitales (santé, aéroports..), leConseil régional essaye d’initier des projetspour améliorer la qualité de vie et d’entre-prendre dans ces régions. Parallèlement, ilaccompagne et aide les porteurs de projetlocaux avec par exemple la bourse d’idéesautour de la micro entreprise touristique.Au niveau des provinces de la Région, sur les5090 entreprises créées en 2005, la palmerevient sans surprises à Agadir avec 1792créations d’emploi, devant Inezgane (1726),Taroudant (1614), Ouarzazate (584), Tiznit(548) et Zagora (174). Un classement quiconfirme le déséquilibre économique de larégion, mais qui ne fait que suivre la logiquedémographique. Si les trois quarts des entre-prises sont concentrées dans le GrandAgadir, c’est que l’essentiel de la populationde la région y vit.Des déséquilibres qui sont une préoccupa-tion majeure au Conseil régional. Des projetsd’infrastructures ont été lancés pour désen-claver Ouarzazate et Zagora. D’autre part, unfonds d’investissement (voir encadré) a étécréé pour faciliter et inciter les projets danstoute la région. Autant d’initiatives volonta-ristes qui permettront à termes –espérons-le- à cet ensemble géographique de trouverune cohésion et une dynamique fortes �

Deuxième région du Royaume ennombre d’entreprises privées, derrièrele Grand Casablanca, Souss Massa-

Draâ concentre quelque 80 000 entreprises,soit 11% au niveau national.«Ces chiffres confortent un constat histo-rique, annonce Karim Kassi Lahlou, direc-teur du Centre régional d’investissement(CRI). Historiquement, Souss Massa-Draâ estune région où l‘on entreprend, où l’on créedes entreprises et de l’emploi». Une tendan-ce que les chiffres corroborent. Entre 2001et 2005, la création d’entreprise dans larégion a enregistré une croissance de 30 %.Le nombre d’entreprises créées est passé de4053 à 5090. Les secteurs en termes de créa-tion d’entreprises les plus porteurs sont lecommerce, les services, les BTP et le touris-me.

Plus de 18 000 projets d’investissement enquatre ans

En ce qui concerne l’investissement, plus de18 000 projets d’investissement de la pluspetite entreprise de téléboutique au grandprojet hôtelier ont été déposés en plus dequatre ans. Ces investissements se montentà plus de 22 milliards de DH. Le nombred’emplois créés à terme oscillera autour de

90 000. Les secteurs lesplus prolifiques sont l’im-mobilier avec 38 % desinvestissements, le touris-me (27%), les commerceset services divers (23 %) etl’industrie (11%). Les sec-teurs les plus dynamiquesau niveau de l’emploi sontles commerces et les ser-vices (47%), l’immobilieret le BTP (36%), le touris-me (9%) et l’industrie(7%).Qu’advient-il des secteursde la pêche et de l’agricul-ture ? Longtemps pre-miers secteurs créateursd’emplois et d’investisse-ments, s’ils continuent de drainer desdizaines de milliers d’emplois directs et indi-rects chaque année, les créations d’emploispurs ne sont pas légion. Toutefois, des pro-jets d’investissement, en vue de moderniserces secteurs, sont prévus. Un pôle de compé-titivité agro-halieutique est à l’étude. Pour lapêche, un travail de requalification de lazone industrielle d’Aït Melloul a été lancé,tandis que le développement de la zone deTassila a été entrepris. Le port de Sidi Ifnidevrait également être relifté.En ce qui concerne le secteur agricole, oncompte beaucoup sur le développement duprojet de l’Agrotech, un pôle de compétitivi-té qui mettra en avant certaines nichestelles que les produits locaux ou les pro-duits du terroir. «Il s’agit de développer larecherche et l’équipement. Le but étant decréer un label région pour renforcer la visi-bilité des agrumes et des primeurs. Ceseront des produits de niche à forte compo-sante technologique», indique Karim KassiLahlou.

Les trois quarts des entreprises concentréesdans le Grand Agadir

D’autre part, des zones agricoles vont égale-ment être développées à Taroudant et àChtouka-Aït Baha.En ce qui concerne le tourisme, des mesuresont été adoptées pour développer les microentreprises touristiques. Celles-ci se spécia-liseront dans l’animation culturelle, lesexcursions, le tourisme écologique…Parmi les secteurs en vue de la région, lecinéma. A l’heure où l’on attend encorebeaucoup de cet «Hollywood» du désert,force est de constater que la productioncinématographique n’a pas encore reprisson niveau d’avant 2001. Toutefois, lesprojets d’investissement pointent le boutdu nez . Un grand projet de studio enplein air à Ouarzazate, le Studio Cla, a étéinitié par les Américains en 2004. Prévusur une surface de 150 ha, il sera le plus

XII les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Investissement

Ces secteurs qui font vivrela régionSi le tourisme, la pêche et l’agriculture sontles secteurs phare de la région, d’autrescomme le commerce, les BTP ou les servicessont de très grands pourvoyeurs d’emplois etde richesses.

Spécial Agadir

Entre2001 et2005, lacréationd’entrepri-ses dans larégion aenregistréunecroissancede 30 %.

L’industrie

cinématographique tarde à

repartir.

Principal levier du développement de la région, l’investissement adésormais un fonds propre. Il s’agit du Fonds Igrane, une société d’économiemixte régionale dont l’objet est de prendre des participations dans dessociétés opérantes dans les secteurs économiques clés de la Région. Cesprojets doivent avoir un impact structurant avec un objectif de rentabilitéfinancière. Le tour du table du fonds est composé, en plus du Conseil RégionalSouss Massa-Draâ, de partenaires publics et privés tels que la CDG, la BanquePopulaire, le Crédit Agricole du Maroc, Attijariwafa Bank et le GroupeHolmarcom.

Doté d’un capital de 166 MDH, dont une participation du ConseilRégional de 23 MDH, le Fonds d’investissement pourra atteindre un niveaud’investissement d’un milliard de dirhams grâce à l’effet multiplicateur.Unappel à projets devra être lancé par le fonds dès les mois prochains. Ce dernieraura une représentation permanente au siège du Conseil Régional. Le fondsviendra en appui aux grands projets structurants de la Région : il sera unealternative de choix pour les entrepreneurs voulant se lancer dans des projetsd’envergure au niveau local.

Le Fonds Igrane : unlevier d’investissement

••SPE/Investiss/P12:••SPE/Investiss/P12 29/10/07 10:55 Page 1

Page 12: Agadir et sa region (2006)

part, l’Office national des aéroports pour-suit le développement de la plate-formeaéroportuaire à Zagora. Aménagementd’une piste pour avions légers (1800m x 30m), aménagement d’une bretelle de liaison,aménagement d’une aire de stationnementpour avions (6 000 m2), construction d’unbâtiment d’accueil, contsruction d’un han-gar pour avions, construction d’une clôturedomaniale… Ce nouvel aéroport sera finprêt pour la fin de l’année. Son coût globalse monte à 18 millions de DH.

Mise en place d’un programme dedésenclavement routier rural

Le désenclavement terrestre passe égale-ment par l’amélioration du réseau desroutes rurales. «Il doit aussi se faire aussiau niveau intrarégional», indique le prési-dent de la Région. La Région a signé deuxconventions avec le ministère del’Equipement, le programme des routesrurales et un accord-cadre pour l’améliora-tion des routes. Le Programme des RoutesRurales a pour but d’améliorer les voies auniveau des routes secondaires à l’intérieurde nos provinces, dans les territoires où ledésenclavement est une priorité. Plus de100 communes et un million de personnesdevraient tirer profit de ces travaux �

Ledéveloppement de la régionpasse par un désenclavementterrestre et aérien performant.

Autoroute Agadir-Marrakech, développe-ment de la plate-forme aéroportuaire deZagora, programme de route régionale…Quelles sont les avancées de ces différentsprogrammes ? Quelles sont les échéances ?Les montants des investissements ? Etatdes lieux.

L’Autoroute Agadir-Marrakech pour 2009«Le lancement des travaux de l’autorouteAgadir-Marrakech, grâce à la sollicituderoyale, va permettre de résoudre le problè-me de l ’enclavement terrestre de larégion», explique Aziz Akhannouch,Président de la région du Souss Massa-Draâ. L’objectif de cette autoroute est demettre Casablanca à trois heures et laMéditerranée à huit heures de route. Larégion sera plus proche de ses marchésnaturels ».

Centre. Le coût prévisionnel de réalisationdu projet est estimé à près de 7 milliardsde dirhams. La mise en service de cetteinfrastructure est prévue pour fin 2009. LeFonds Hassan II participe à son finance-ment à hauteur de 1,5 milliard de DH sousforme d’augmentation de capital d’ADM.Les travaux ont déjà démarré en décembre2005, pour certains tronçons, et serontachevés en 2009. Un trafic de plus de 7 000véhicules par jour est attendu pour 2015.L’autoroute comprendra quatre aires derepos et de services, sept gares de péagesur échangeur, deux centres d’entretien, 19ouvrages d’art (ponts et autres). Le projet aété tronçonné en sept sections : Marrakech– RP 2006 (33 km), RP 2006 - RN 8 (17 km),RN 8 – Chichaoua (34 km), Chichaoua –Imintanout (33 km), Imintanout – Argana(59 km), Argana – Ameskroud (46 km),Ameskroud – Agadir (11 km).

L’amélioration de la connectivité aérienne dela région

«La connectivité aérienne de la région a étéaméliorée, notamment via la mise en placede deux navettes l’une reliant Agadir à LasPalmas et l’autre reliant Ouarzazate àAgadir», précise Aziz Akhannouch. D’autre

XIII les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Infrastructures

L’armature du désenclavementde la région se met en placeAutoroute Agadir-Marrakech, développementde la plate-forme aéroportuaire de Zagora,programme de route régionale… Ledésenclavement va permettre à la région dese rapprocher de ses marchés naturels.

Spécial Agadir

Un traficde plus de7 000véhiculespar jourestattendupour 2015.

D’une longueur de 233 km, cette auto-route permettra de relier deux pôlestouristiques très importants du pays.Elle favorisera également les échanges,essentiellement dans les domaines agri-coles entre les régions du Sud et du

Le programme des routes rurales va toucher plus de 100 communes.

Une meilleure connectivité aérienne grâce à la mise en place des rotations avec les Canaries.

••SPE/Infras/P13:••SPE/Infras/P13 29/10/07 10:53 Page 1

Page 13: Agadir et sa region (2006)

aménagés, des pontons d’accostage instal-lés… Toute une infrastructure qui leur per-met aujourd’hui de pêcher des poissons dequalité. En 2005, ces pêches ont rapportéprès de 10 millions de DH». Toutefois, desefforts restent à faire en ce qui concerne cesegment. «Des ports comme Imessouane,dont l’investissement se monte à 60 mil-lions de DH, ne répondent malheureuse-ment pas aux aspirations des pêcheurs,ajoute M.Zine. L’idée de départ qui était derapprocher les pêcheurs de leur lieu de tra-vail n’a pas été respecté. On en a fait unsite touristique et, aujourd’hui, les pêcheurshabitent loin».Outre la pêche artisanale, les perspectivessubsistent. Le tableau n’est pas complète-ment noir. En tête de l iste , le planEmergence qui prévoit la mise en placed’un Pôle de compétitivité agro-halieu-tique. A l’instar de la politique des clustersinitiée dans les années 1990 au Maroc, McKinsey préconise le partenariat et laconcentration des compétences sur Agadir.L’interaction entre la pêche et l’agro indus-trie doit permettre de stimuler la créationet l’innovation. L’intégration du secteur, del’extraction à la transformation, se feraitpar l’émergence d’un pôle agro-halieu-t ique. «Notre postulat est qu’Agadirdétient des potentialités énormes dans ledomaine de la pêche. En rassemblant lescompétences, nous pouvons renforcer lacompétitivité agro-halieutique. Il fautinvestir dans les technologies, montrer àl’Etat que cette industrie a besoin d’avan-tages fiscaux, lever les goulots d’étrangle-ment, supprimer les outils de pêche qui nesont pas conformes ou les moderniser etpromouvoir la qualité qui commence àbord et non au débarquement», expliqueM.Zine. Un programme chargé qui a desallures d’énième mise à niveau du secteur.Aux acteurs de celui- ci de prouver leurenvie de donner à la région les possibilitésd’un développement à la mesure despotentialités �

Lagrisaille continue de planer surle ciel des pêcheries d’Agadir.2005 n’a pas été une bonne

année pour la pêche à Agadir comme pourtout le Maroc , confie Lahcen Bijdiguen,président de la Chambre des pêches mari-times de l’Atlantique centre à Agadir.Actuellement, le secteur est déboussolé parla cherté du gazoil. Les marins vont en merpour survivre». En effet, ces derniers s’ac-cordent à dire que 50 % de la valeur de lacapture journalière va dans le gazoil. Fraisauxquels il faut ajouter ceux liés à l’assu-rance travail, à l’Assurance maladie oblig-gatoire (AMO) et à la Caisse nationale desécurité sociale (CNSS). Au total, difficile,pour les marins de faire des bénéfices,encore plus de rentrer dans le rang des cir-cuits de distribution formelle.

Une baisse de la ressource inquiétanteAutre grand problème de la pêche àAgadir, la baisse de la ressource provoquée«par la surexploitation des stocks de ben-tique et de pélagique, assène M. Bijdiguen.Le stock poulpier est également fatigué. Iln’y a guère que le stock C au sud deBoujdor qui est riche en pélagique. Maisnotre pêche côtière manque d’infrastruc-tures pour aller y pêcher. Du coup, lesbateaux étrangers sont en train de le dila-pider». En attendant la mise en place d’unplan d’aménagement de la pêche péla-gique piloté par le ministère des Financespour organiser la pêche dans cette zone,les acteurs du secteur s’inquiètent.De même pour la grande distribution dupoisson. «En ce qui concerne la pêchecôtière et artisanale, c’est l’anarchie», seplaint M. Bijdiguen.«Le consommateur est pénalisé à deuxniveaux, renchérit Abdelfattah Zine, direc-teur de la Chambre des pêches maritimesde l’Atlantique centre à Agadir. Au niveaudu prix parce qu’il y a multiplication desintermédiaires. Au niveau de la qualité,parce que le poisson est lavé avec de l’eauimpropre et transporté dans des caissesminables qui ne garantissent aucune qua-lité». Pour la pêche hauturière, la qualitéest de mise, certes, les bateaux étant équi-pés en cales réfrigérées. Mais, là aussi, des

complications subsistent. Selon les arma-teurs de la place, le poulpe est vendu sousle manteau en pleine mer à des bateauxétrangers. Une richesse qui file sous le nezdes industriels marocains qui sont pour-tant nombreux à vouloir développer cetteniche. La difficulté et l’instabilité de l’ap-provisionnement expliquent la faiblesse del’industrie de transformation : le Marocimporte d’Espagne une grande partie dessardines qui sont pêchées dans ses eaux.

Un secteur qui pèse 30 000 emploisQue reste-t-il donc à la pêche de la région,ce secteur qui regroupe plus de 30 000emplois et représente près de 2 milliardsde DH de PIB ? Quelles sont les perspec-tives pour les marins des quelque 260 cha-lutiers et environ 370 unités concentréesdans le port d’Agadir, premier port maro-cain en termes de flotte de pêche ?Certains indicateurs ont pourtant de quoiredonner espoir. Au niveau des débarque-ments de la pêche côtière gadirie, les pro-grès sont là. Le niveau de débarquementqui était descendu à 50 000 tonnes en2002 est remonté à 90 000 tonnes en 2005,après avoir atteint presque 115 000 tonnesen 2004. Autre progrès significatif de lapêche, la qualité . «Le segment de lapalangre a véritablement explosé ces der-nières années. Cette pêche à l’hameçon,développée tout particul ièrement surAgadir, offre une meilleure qualité de pois-son et dynamise les exportations», préciseM.Zine. Parmi les autres signes positifs, ilfaut également saluer le retour du calamardont les débarquements sont équivalents àceux du poulpe.La grande avancée est toutefois à recher-cher du côté de la pêche artisanale. « Cesegment qui était encore ignoré, il y a cinqans, est aujourd’hui en train d’être mis àniveau, précise Abdelfattah Zine. Un com-bat a été mené pour que ces pêcheurssoient intégrés dans le formel. Des villagesde pêcheurs comme Imessouane ont été

XIV les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Pêche

Pêche : une activité vitale àl’horizon incertainCherté des intrants, baisse de la ressource,anarchie des circuits de distribution… Lesecteur de la pêche ne semble pas capable detrouver son rythme de croisière. A l’instar duPlan Emergence, des signes de reprise enmain se font jour.

Spécial Agadir

«Il n’y aguère quele stock Cau sud deBoujdorqui estriche enpélagique.Mais notrepêchecôtièremanqued’infra-structurespour allery pêcher.Du coup,lesbateauxétrangerssont entrain de ledilapi-der ».

Agadir, premier port

marocain en termes de

flotte de pêche.

••SPE/Peche/P14:••SPE/Peche/P14 29/10/07 10:56 Page 1

Page 14: Agadir et sa region (2006)

surprendre le public».Un pari qui a été de loin réussi l’an dernier.Avec 600 000 visiteurs en 2005, le festivalTimitar a rencontré un vif succès. Pour saseconde édition, qui a lieu du 2 au 9 juillet2005, la ville d’Agadir n’a pas lésiné sur lesmoyens. Réussite totale sur le plan artistique.Artistes de renom international, tels le séné-galais Ismaël Lô, l’Ivoirien Alpha Blondy, leCubain Raul Paz ou encore les FrançaisGnawa Diffusion, mais aussi des grands nomsamazigh comme Oudaden, Rayss OuttalebLamzoudi ou encore Agadir Oulad SidiBoujmaâ Agnaou, mais aussi des talentsvenus des quatre coins du Maroc, commeNass El Ghiwane…Réussite sur le plan organisationnel. Unpublic jeune et heureux qui a pu circulerentre les trois scènes disposées dans la ville.Cette année, les Gadiris pourront égalementassister aux différents concerts depuis laPlace Amal, la Scène Bijaoune et le théâtre. Enmarge du festival, des activités culturellesseront organisées dans toute la ville. Six joursde festival qui seront gratuits pour tous �

Latroisième édition du Festival Ti-mitar, qui aura lieu du 11 au 16juillet 2006, s’annonce passion-

nante ! Les organisateurs promettent une pro-grammation musicale séduisante.«Musique amazigh et musique du monde : laprogrammation sera éclectique et de trèsbonne qualité», annonce Mouna Yaqoubi,directrice de l’édition 2006.Le concept «Un festival amazigh au cœur dumonde», qui a fait le succès des dernièreséditions, ne manquera pas de réunir lesamoureux de la musique et de la cultureamazighe, tout comme les néophytes.«Le festival évoquera encore une fois larichesse du patrimoine musical de la RégionSouss Massa-Drâa et fera la part belle auxmusiciens du monde qui ont su témoigner deleur époque sans renier leurs racines ,explique Brahim El Mazned, organisateur dufestival. L’esprit de Timitar est de créer un dia-logue pluriculturel tout en révélant la diversi-té et la richesse patrimoniale des musiques

amazigh et du monde dans des conditions dereprésentation qui les mettent à l’honneur. Lepari que fait ce festival est de rassembler et

XV les dossiers de La Vie éco Vendredi 24 février 2006

Culture

Timitar, un festival pas commeles autres les autres

Construit en 2000, l’Institut français d’Agadir est le plusjeune de ceux installés au Maroc. Sa nouvelle directrice, AnnePotié, et son équipe dynamique et enthousiaste, ont opté pourun programme ambitieux. Premier chantier, celui de laformation. Apprentissage des langues, formation aux métiersde la culture, bibliothèques, documentation… Autant desecteurs prioritaires nécessaires pour promouvoirl’alphabétisation et l’apprentissage.

Second chantier, « montrer que le Sud marocain peutavoir une image autre que celle d’un vaste territoireexclusivement voué au tourisme de masse dénué deperspectives culturelles », explique Anne Potié. Pour ce faire,l’Institut va se lancer dans la recension et la mise en valeur detous les artistes et musiciens de la région.

Troisième chantier, «offrir aux habitants les élémentsd’une vie culturelle enrichissante et formatrice». Ainsi,l’Institut a prévu une programmation riche pour les prochainsmois à venir. Grands spectacles populaires comme le Spectaclede la Compagnie Trans Express en mars, le festival Timitar enjuillet et les Nuits du Ramadan en octobre. Pour la célébration

du Cinquantenaire de l’Indépendance du Maroc, l’Institut aprogrammé un cycle de rencontres et débats. Les jeudi 2 et 3mars 2006, à la Faculté des Lettres et des Sciences del’Université Ibn Rochd, des rencontres seront animées par desécrivains, des historiens et des politologues de renom, commeBenjamin Stora, Driss Chraïbi, Jamaâ Baïda, Pierre Vermeren,Ali El Jaoui, Jean Lacouture, Zakya Daoud, Moulay El HassanSougrati et Mohammed Tozy.

Une riche programmation est aussi prévue pour lethéâtre (Pour tout renseignement [email protected]). Enfin,quatrième chantier, la mise en perspective du rayonnement etla décentralisation de la culture à travers l’ensemble duterritoire du Sud, avec comme point d’ancrage, Agadir, maisaussi Taroudant, Tiznit et Ouarzazate.

L’enthousiasme et l’envie sont donc là. Il faut dire quele besoin de culture est énorme. Lors des récentesreprésentations d’Antigone organisées par l’Institut àTaroudant, Tiznit et Ouarzazate, les salles étaient archi-comble.A tel point que certains n’ont même pas pu assister auspectacle �

L’Institut français d’Agadir : un institut jeuneouvert sur le Sud

Avec plus de 600 000 visiteurs en 2005,Timitar a rencontré un vif succès. Cette année,le festival sera une nouvelle occasion decélébrer la richesse du patrimoine desmusiques amazigh et du monde.

Spécial Agadir

Timitar, «rassembler et surprendre le public».

••SPE/culture/P15 :••SPE/culture/P15 29/10/07 10:16 Page 1