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XII es ENTRETIENS ARMEMENT ET SÉCURITÉ 2 MAI 2018 ÉCOLE MILITAIRE AMPHITHÉÂTRE FOCH PARIS AFFRONTEMENTS & TECHNOLOGIES © UBISOFT – Tom Clancy’s EndWar

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X I I e s E N T R E T I E N S A R M E M E N T E T S É C U R I T É

2 MAI 2018ÉCOLE MILITAIRE

AMPHITHÉÂTRE FOCHPARIS

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F orce est de constater que les affrontements ne manquent pas : confrontations quasi classiques comme en Syrie, avec leur complexité retrouvée : guerre mi-interétatique, mi-civile ; mi-conventionnelle, mi-asymétrique ;

mi-religieuse, mi-terroriste… affrontement au goût de guerre froide entre la Corée du Nord et le reste du monde ; affrontements mystérieux des cyberguerriers et autres combattants, terroristes ou trafiquants dans les profondeurs de la Toile. Avec en arrière-plan, l’affrontement presque séculaire, par intermédiaires, des empires entre une Amérique devenue moins prévisible et une Russie qui redresse la tête, et l’émergence, dont on n’est plus trop sûr qu’elle reste paisible, de la Chine.

Face à ces affrontements d’aujourd’hui, qui offrent leur part de nouveauté, mais présentent aussi de nombreux fondamentaux classiques, les grilles de lecture sont nombreuses. Fidèle à son ADN, l’Association des auditeurs et cadres des hautes études de l’armement propose, comme elle le fait tous les deux ans, un ensemble de travaux menés par ses membres, au sein de groupes de réflexion mêlant auditeurs de la session nationale "Armement et économie de défense" de l’IHEDN et leurs prédécesseurs du CHEAr, mais aussi auditeurs des sessions apparentées (Session nationale "Politique de défense" de l’IHEDN, et session nationale "Sécurité et justice" de l’Institut des hautes études de sécurité et de justice – INHESJ).

Nous ne nous étonnerons donc pas d’y retrouver la variété des perspectives qui font la richesse de ces sessions de hautes études : la vision de prospective technologie à horizon vaste et lointain voisine avec l’approche internationale des nouveaux émergents ; les considérations industrielles avec la réflexion sur le terrorisme ; les questions de sécurité avec le Brexit et la robotisation. Sur toutes ces questions, nos auditeurs ont apporté leurs points de vue compétents et informés, en essayant à chaque fois d’en éclairer plus particulièrement les aspects touchant aux techniques, à l’industrie et à l’économie.

Puissent ces travaux, et le colloque qui se tiendra le 2 mai 2018 pour en partager le fruit, apporter leur pierre à la construction de notre défense et de notre sécurité nationale.

| 8.45 ACCUEILStéphane PICHONPrésident de l’AACHEAr

9.00-09.30 | OUVERTUREGénéral de corps d’armée Bernard de COURRÈGES d’USTOUDirecteur de l’IHEDN

| 09.30-11.00LA FRANCE ET L’EUROPEDANS UN MONDE INSTABLEDANS UN MONDE AUX RECOMPOSITIONS MULTIPLES (NOUVEAUX ACTEURS, BREXIT…), QUELLE STRATÉGIE POUR LA FRANCE ET L’EUROPE ?

ANIMATEUR : Christina Mackenzie | RAPPORTEURS : NATHANIEL SAIDENGER, Éric tételin, Yves de Thomasson, Saâd Aquejjaj

Professeur Bernard HOURCADE Directeur de recherche émérite, CNRS

IGA (2S) Patrick BELLOUARDPrésident d’Eurodéfense France

Emmanuel DUPUY Président de l’Institut prospective et sécurité en Europe, président du Centre pour le développement de l’amitié France-Iran

11.00-11.30 | PAUSE

| 11.30-13.00ANTICIPER LES CONFLITS FUTURSCOMMENT PENSER L’APPORT DES TECHNOLOGIES AUX CONFLITS FUTURS ?

ANIMATEUR : Frédéric BÉNIADA | RAPPORTEURS : Pierre LALOUX, Dominique COSTARGENT, Gérard DUGARD

IGA François MESTREDirecteur adjoint de la direction de la stratégie, chef du service de préparation des systèmes futurs et d’architecture, DGAGénéral Xavier d’AZÉMARChef de la division cohérence capacitaire, EMANicolas MOJAISKYDirecteur général technique adjoint Dassault aviation

13.00-14.30 | DÉJEUNER

| 14.30-16.30TERRORISME : LES BATAILLES DE L’ESPRITLE TERRORISME ISLAMISTE SE MONDIALISE, SOUS DE MULTIPLES FORMES. NOTRE STRATÉGIE ET NOS ARMES SONT-ELLES ADAPTÉES À CES "BATAILLES DE L’ESPRIT" ?

ANIMATEUR : robert RANQUET | RAPPORTEURS : Jacques BONGRAND, Jacques de CORDEMOY

Chantal DELSOLPhilosopheGénéral Vincent DESPORTESAncien directeur de l’École de guerreVéronique DEGERMANNProcureure adjointe de Paris

16.30-17.00 | CLÔTURE

Bernard HOURCADEGÉOGRAPHE, DIRECTEUR DE RECHERCHE ÉMÉRITE AU CNRSAncien directeur de l’Institut français de recherche en Iran pendant la révolution islamique (1978–1993), puis fondateur et directeur de l’équipe de recherche CNRS "Monde iranien" (1993-2005), il a effectué, souvent en collaboration avec ses collègues iraniens, des recherches sur les conséquences politiques des transformations de la société iranienne, la ville de Téhéran et la géopolitique de l’Iran. En dehors des cercles universitaires, il intervient dans les médias et les Think Tanks sur les questions touchant à la géopolitique de l’Iran aux rapports entre politique, territoire et société en Iran. Bernard Hourcade est agrégé (1969) et docteur en géographie (Paris-Sorbonne, 1975).

Patrick BELLOUARDINGÉNIEUR GÉNÉRAL DE L’ARMEMENT (2S)Patrick Bellouard a servi pendant 25 ans au sein de la Délégation générale pour l’armement, exerçant diverses responsabilités touchant essentiellement à la gestion de programmes aéronautiques majeurs, en commençant par le Centre d’essais en vol d’Istres et en passant par l’ambassade de France à Washington DC et l’état-major de l’armée de l’Air. De 1999 à 2004, il a été le directeur du Service des Programmes aéronautiques de la DGA, responsable de la gestion de tous les programmes aéronautiques et des activités d’acquisition associées pour tous les départements ministériels français.

D’août 2004 à février 2008, il a été chargé par le Premier ministre de la coordination interministérielle du programme européen Galileo.De mars 2008 à février 2013, Patrick Bellouard a été le directeur de l’organe exécutif de l’Occar.Il est membre du bureau de l’Association EuroDéfense-France depuis mars 2013, et en est devenu le président depuis avril 2016.

Emmanuel DUPUYPrésident de l’Institut prospective et sécurité en Europe (Ipse : www.institut-ipse.eu), Think Tank spécialisé sur les questions de défense et de sécurité, notamment dans une perspective eurafricaine). Il est également professeur associé à l’université Paris-Sud (Master "Diplomatie et négociations stratégiques"). Il est aussi chercheur au sein du Centre d’études interdisciplinaire de l’université Paris-Sud. Il est également Professeur invité auprès de l’Université de Ningbo (Chine). Il est délégué général du parti Les centristes, en charge des relations internationales.

François MESTREINGÉNIEUR GÉNÉRAL DE L’ARMEMENT (2S)François Mestre est depuis février 2015, directeur adjoint de la stratégie, chef du service de préparation des systèmes futurs et d’architecture. Il commence sa carrière comme ingénieur "Procédé" à la SNPE, puis rejoint la DGA en 1994 comme adjoint au directeur de programme au bureau de programme franco-italien FSAF. Entre 1997 et 1999, il assure

la responsabilité du projet Secoia au sein du SPNUM ainsi que la conduite des études amont du domaine NBC. De 1999 à 2000, il est chef de bureau des armements terrestres à la direction "Programmes et méthodes" puis rejoint en 2001 le cabinet du ministre de la Défense en tant que conseiller technique pour les affaires économiques et budgétaires.Nommé en juin 2002 directeur de programme "Fremm", il est alors responsable de la conduite du stade d’élaboration et des accords internationaux associés. Entre 2006 à 2008, il assure les fonctions d’architecte du système de force "Projection-Mobilité-Soutien".En septembre 2008, il devient sous-directeur de la direction "Plans et programmes" et assure le pilotage de la planification et programmation budgétaires des programmes Lolf de la DGA.

Xavier d’AZEMARGÉNÉRAL DE BRIGADE À L’ÉTAT MAJOR DES ARMÉESChef de la division cohérence capacitaire, il est pilote d’hélicoptère de combat, chef de patrouille et commandant d’escadrille de Puma. Il est breveté de l’Enseignement militaire supérieur scientifique et technique et du Collège interarmées de défense (École de guerre).Il sert à la Section technique de l’armée de Terre : chef du groupe "Hélicoptère d’attaque" et officier de marque du Tigre, puis chef de corps du groupement "Aéromobilité".Il sert en état-major : Force d’action rapide, état-major de l’armée de terre (bureau "Conception des systèmes de forces" et chef du bureau "Programme et système d’armes") et à l’état-major des armées (officier de cohérence

programme "Hélicoptères", et officier de cohérence opérationnelle du système de forces "Projection- mobilité-soutien" et secrétaire général des officiers de cohérence opérationnelle)Auditeur de la 48e Session nationale "Armement et économie de défense" de l’IHEDN Opex et MCD : République centrafricaine, Nouvelle-Calédonie, Ex-Yougoslavie

Nicolas MOJAÏSKY

DIRECTEUR GÉNÉRAL TECHNIQUE ADJOINT, DASSAULT AVIATIONNicolas Mojaïsky a commencé son activité professionnelle en octobre 1982, fort d’un diplôme Ensaé Sup Aéro (promotion 1981) et d’un service national effectué dans l’Aéronavale. Après 13 ans dans le développement des systèmes de missions des Mirage 2000 puis Rafale, puis 8 ans en tant que responsable technique "Avion" (Mirage puis Rafale), il pilote le démarrage du projet Neuron (Coopération, technologies de rupture, clauses techniques innovantes) ; directeur de programme chargé du dossier de lancement d’un nouveau Falcon jusqu’en 2007, il retrouve la technique et où il seconde le directeur général "Technique" dans toutes ses missions. Il est administrateur de la Fondation Isae-Supaero.

Chantal DELSOLDoctorat d’État ès lettres en philosophie soutenu en 1982 à la Sorbonne, Professeur de philosophie politique à l’université Marne-la-Vallée (Paris) 1990-2015, elle crée le

Centre de recherche Hannah Arendt et un programme de coopération avec les pays du Centre-Est (Pologne, Hongrie, Roumanie et autres). À partir de 2016, professeur à l’École Professorale de Paris.Écrivain (ouvrages de philosophie, essais, romans, traduits en quinze langues). Éditorialiste régulière (Figaro, Valeurs actuelles et autres). Directeur de collection aux Éditions de la Table ronde (1992-2003) puis aux Éditions du Cerf (2005- ). Membre de l’Institut de France (Académie des sciences morales et politiques) depuis 2007, président de cette Académie en 2015.Membre de l’Académie catholique de France depuis 2012.

Vincent DESPORTESGÉNÉRAL DE DIVISION (2S), ANCIEN DIRECTEUR DE L’ÉCOLE DE GUERREAprès une carrière opérationnelle qui l’a conduit à exercer des commandements multiples, Vincent Desportes s’est orienté vers la formation supérieure, la réflexion stratégique et l’international. Il a notamment exercé aux États-Unis entre 1998 et 2003, dont deux années au sein même de l’US Army dont il est diplômé du War College. De 2008 à 2010, il a dirigé l’École de guerre. Ingénieur, docteur en histoire, diplômé d’études supérieures en administration d’entreprise et en sociologie, Vincent Desportes s’est par ailleurs investi dans le domaine de la réflexion stratégique. Grand Prix 2016 de l’Académie française, il a publié de nombreux ouvrages et contributions à des revues françaises et étrangères. Conférencier international, spécialiste des affaires stratégiques et militaires, il intervient régulièrement en France et à

l’étranger dans les grands débats radiophoniques et télévisés. Professeur des universités associé à Sciences Po Paris, il enseigne la stratégie dans plusieurs grandes écoles, dont HEC. Vincent Desportes est président de Stratforce Conseil, société de formation et de conseil en entreprise. À ce titre, il intervient régulièrement auprès des comités de direction et des dirigeants des plus grandes entreprises françaises.

Véronique DEGERMANNMagistrat depuis plus de 30 ans, Madame Véronique Degermann a occupé différentes fonctions du siège et du parquet, successivement à Chalon-sur-Saône, Besançon, Toulouse, Bordeaux et Nanterre. Elle a rejoint le parquet de Paris en 2003 où elle a été affectée aux postes de chef de la section criminelle et de traitement en temps réel, puis à partir de 2007, de chef de la section de lutte contre la criminalité organisée, et à compter de 2011, de procureur de la République adjoint en charge de la 4e division qui comprend la section de lutte contre le terrorisme et les atteintes à la sûreté de l’État, la section traitant les crimes de guerre et crimes contre l’humanité et la section des affaires pénales militaires. À ce titre, elle a suivi la montée en puissance du terrorisme islamiste, l’évolution du contentieux irako-syrien et la gestion des différents attentats qui ont frappé la France depuis l’affaire Merah.

LA FRANCE ET L’EUROPE DANS UN MONDE INSTABLE LA SPÉCIALISATION DE L’INDUSTRIE D’ARMEMENT La raréfaction des crédits budgétaires affectés à la défense a conduit à s’interroger sur la pérennité d’une industrie qui ne peut peut-être pas maintenir toutes les compétences nécessaires à notre système militaire. L’idée est alors de concentrer les moyens sur des activités plus limitées, mais plus rentables, où l’industrie pourra exceller en se spécialisant.

Les premières réflexions avaient fait émerger le concept de technologies de souveraineté qui souffre de ne pouvoir recevoir une définition claire et un périmètre défini. Et même dans ce cadre, la France a depuis longtemps renoncé à certaines technologies qui y contribuent. Dans les différents milieux (Terre-Air-Mer) la spécialisation des industriels a déjà largement été opérée. Pour aller plus loin, la piste la plus prometteuse est celle de la spécialisation partagée avec des partenaires étrangers : MBDA offre un exemple qui mérite d’être analysé pour savoir si le modèle peut être étendu.

L’État doit-il être pilote des réorganisations des entreprises d’armement compte tenu de sa position unique de donneur d’ordre et de responsable de la sécurité, ou bien doit-il simplement les accompagner en créant les conditions favorables à cette démarche ? Et d’autres intervenants peuvent-ils être sollicités ?

Les pistes les plus prometteuses sont identifiées et rompent avec l’approche classique des spécialisations par milieu, domaine ou technologie, pour prendre en compte les technologies de rupture.

L’IRAN, LA FRANCE ET L’UNION EUROPÉENNEPlus que d’autres pays, l’Iran reste difficile à appréhender, car les sources relatives à sa gouvernance manquent de fiabilité. Par sa géographie, l’Iran détient en grande partie les clefs de l’approvisionnement énergétique des pays occidentaux, non seulement par l’exportation de sa production, mais aussi par sa capacité de bloquer le détroit d’Ormuz, veine jugulaire des pétromonarchies. Nous pensons qu’il convient de sortir l’Iran de son isolement en souhaitant que la France tire bénéfice de cette évolution géopolitique.

L’intérêt bien compris de l’Union européenne et de la France est de développer rapidement une coopération économique et diplomatique avec l’Iran pour que de tels liens, d’abord matériels, aident au rapprochement de ce pays avec les Nations occidentales et lui évite la tentation d’agir, en s’appuyant sur d’autres États, à l’encontre de la légalité internationale et de la stabilité du Moyen-Orient. Nous avons mis en évidence la nécessité de revoir l’approche de la France et de l’UE vis-à-vis de l’Iran, c’est-à-dire aussi d’autres pays du Moyen-Orient, qui sont ses concurrents et adversaires. Cela implique en particulier de mettre en œuvre un plan européen pour définir une politique commune sur les besoins énergétiques et environnementaux auxquels nous aurons à faire face. Au-delà des aspects spécifiques de défense et d’armement, la France peut avoir un rôle moteur dans cette région où se joue notre avenir.

Ni une alliance ni un affrontement ne saurait être définitif. Les intérêts nationaux seuls sont permanents.

LA DÉFENSE EUROPÉENNE POST BREXITLe vote inattendu des Britanniques le 23 juin 2016 sur l’abandon de leur appartenance à l’Union européenne aura-t-il finalement des conséquences ou non sur l’UE et sur sa défense comme certains le laissent supposer quand on sait combien les

Britanniques ont freiné le développement de la défense européenne au profit d’accords bilatéraux et de l’Otan.

La différence avec les années précédentes tient à ce que cet évènement survient dans un contexte international sujet à de profonds changements politiques, économiques et stratégiques qui ont contraint les pays européens à revoir la conception d’une défense européenne.

La problématique du Brexit nous conduit à nous poser, en particulier, les questions suivantes :

✓ Le sens du mot Europe couvre-t-il l’Union, la partie européenne de l’Otan, une zone géographique avec ou sans la Turquie, l’Ukraine ou la Russie ?

✓ Quelle vision de projet européen entre création d’une entité supranationale ou maintien d’un rôle fort des États ?

✓ Quel contenu de la défense (avec ou sans les questions de sécurité, d’économie, voire de culture) ?

✓ Quel mode d’exercice de la défense (défense globale mondiale ou locale), quel lien avec les États-Unis (inféodation ou coopération équilibrée), quel lien avec l’Otan ?

✓ Quels fonctionnement et mode de gouvernance pour les institutions européennes dans ce nouveau contexte ?

✓ Quelle politique en matière d’industrie de défense européenne avec ou sans les Britanniques

Afin d’éclairer la réflexion dans un contexte qui reste très évolutif, les grandes tendances ont été illustrées par 4 scénarios :

1. L’Otan devient ainsi le lieu de la défense européenne,

2. Une défense européenne à plusieurs vitesses,

3. L’Union européenne devient le pilier d’une Alliance atlantique renforcée,

4. Une refondation complète de l’UE.

ANTICIPER LES CONFLITS FUTURSL’ÉVOLUTION DES ARMEMENTS À CINQUANTE ANS D’ÉCHÉANCE !La seule technique ne détermine pas l’évolution des conflits. Les armements et leur évolution sont pour beaucoup dans l’évolution des guerres, mais n’en sont pas les seuls facteurs explicatifs.

Le monde de 2068 présentera en effet un aspect profondément modifié.

La numérisation se poursuivra et le monde virtuel sera aussi un champ de conflits.

Certaines technologies conduiront à l’apparition d’armements nouveaux.

La physique quantique devrait conduire dans un délai de plus de dix ans, mais de moins de cinquante, à la réalisation d’ordinateurs considérablement plus puissants que les ordinateurs actuels.

L’intrication ouvre des possibilités nouvelles dans les techniques de cryptage et de déchiffrement.

Les nanomatériaux annoncent la réalisation de structures ayant des propriétés nouvelles.

La biologie avance à pas de géant : ordinateur biologique, modification du génome humain ou réalisations de soldats augmentés. La biologie sera la science majeure du XXIe siècle.

L’intelligence artificielle est un objectif que les technologies en développement doivent permettre d’atteindre. Elle devient une réalité, ou presque. Ses applications militaires devraient être très nombreuses.

Dans un monde profondément modifié, des armements faisant appel à la physique quantique, à la biologie et aux nanomatériaux ; des matériels ayant toujours plus recours à l’informatique et

peut-être à une réelle intelligence artificielle, tels sont les défis auxquels les hommes et les femmes responsables des armées et des armements doivent se préparer.

VERS UNE ARMÉE 4.0"Dopée par les géants du numérique, la révolution industrielle 4.0 envahit notre quotidien. Elle touche tous les secteurs de l’industrie et modifie nos modèles économiques et sociétaux. Elle a cependant une double spécificité qui fait peser un risque pour la sécurité des États : elle est supranationale et ses produits – Intelligence artificielle (IA), réseaux, robots… sont très fortement duaux.

Les armées doivent s’adapter à ce nouvel environnement. La question de la robotisation des armements est complexe et revêt des aspects doctrinaux, techniques, éthiques…

✓ Qu’est-ce qu’un robot ? À partir de quand définissons-nous un équipement comme robot ? Comment prendre en compte l’IA, logiciels parfois profondément intégrés ?

✓ Comment les robots seront-ils opérés et quelle sera leur doctrine d’emploi ? Verrons-nous certaines catégories de combattants remplacés par des robots ? Le concept de robot "tueurs" restera-t-il tabou comme longtemps l’ont été les drones ou oserons-nous utiliser des robots de combat, l’accès aux réseaux sociaux pour le ciblage… ?

✓ Avons-nous suffisamment anticipé cette révolution dans la future LPM ? Quand verrons-nous une arme 4.0 en service ? Le Retex des drones (où nos armées ont dû acheter des matériels israéliens et Nord-américains pour satisfaire à un besoin opérationnel pourtant prévisible) montre l’importance d’avoir aujourd’hui une réflexion doctrinale sur la robotique.

✓ Comment doit évoluer le droit international ? Les droits de la guerre ? Quelles limites imposer à l’emploi des robots de combat ? Quelles structures de contrôle devons-nous mettre en place ?

NOUVEAUX AÉRONEFS SÛRETÉ ET SÉCURITÉDans le domaine aéronautique, les progrès scientifiques et technologiques offrent à l’homme de nouvelles opportunités :

✓ satisfaire son "rêve d’Icare", voler de façon individuelle et autonome,

✓ opérer à distance à l’aide de véhicules aériens sans pilote à bord.

Ces aéronefs couvrent un très large spectre, résultats de l’imagination débordante de leurs concepteurs : drones, hommes volants, voitures/taxis volants…

Leurs applications potentielles, civiles, à titre privé ou professionnel, sont multiples. Leur prolifération est rapide et manifeste. Faut-il en contrôler le commerce ?

Outre leur dangerosité accidentelle intrinsèque et leur vulnérabilité à des agressions, ces innovations peuvent être détournées vers des usages malveillants, criminels ou terroristes. Quelles actions de prévention et de protection pour assurer le maintien d’un haut niveau de sécurité et de sûreté vis-à-vis de ces risques et menaces ?

Comment faire évoluer la législation, française et européenne, de certification et de gestion de la circulation aérienne des aéronefs innovants ?

La disproportion est considérable entre d’une part le coût faible ou modéré de ces menaces aériennes, d’autre part la valeur réelle, symbolique ou médiatique de nombreuses cibles potentielles ? Quelle priorité dans la protection permanente ou temporaire des sites ?

Quels sont les systèmes de détection et de neutralisation, les plus efficients ? Par qui les mettre en œuvre : services de sécurité publics, sociétés privées spécialisées ? Quelle organisation au sein de la défense antiaérienne, dont l’armée de l’Air à la charge ?

TERRORISME : LES BATAILLES DE L’ESPRITLE TERRORISME UNE BATAILLE DE L’ESPRITDepuis 2015, les attentats terroristes se sont multipliés en Europe et ailleurs dans le monde. Cette menace, ressentie comme majeure, a déjà fait l’objet de nombreuses analyses. Or il faut bien reconnaître que les travaux menés n’ont pas abouti jusqu’ici à faire émerger des positions unanimes ou des solutions pleinement rassurantes.

Cependant, une observation s’impose : le terrorisme est un affrontement dans le champ de l’esprit. En effet, l’impact d’un attentat sur la vie de tous et l’opinion des dirigeants est largement supérieur à celui d’actes de guerre ayant fait, dans le passé, des victimes en nombre comparable. Inversement, la manipulation des opinions est un moyen d’action privilégié des organisations terroristes.

Il en ressort la nécessité d’une approche spécifique, qui passe par plusieurs séries de questions sur la menace présente.

Premièrement, quels sont les mécanismes dominants ? Faut-il chercher d’abord les causes profondes dans les failles de notre propre civilisation, que manifeste notamment le développement de zones de non-droit, ou dans des facteurs extérieurs ? Pourquoi la plupart des terroristes se réclament-ils aujourd’hui de l’islam ? En quoi les motivations initiales sont-elles amplifiées par des actions médiatiques ? Quel rôle pour l’Union européenne ?

Ensuite, comment assurer notre sécurité et défendre notre identité sans sacrifier nos valeurs fondamentales ? Comment concilier concrètement tolérance, laïcité, respect des libertés, une surveillance efficace et un traitement ferme du processus de "radicalisation" ?

Comment renforcer la cohésion et renouveler la vigueur de notre société, européenne ou nationale, face aux enjeux démographiques ?

L’ÉTHIQUE EN RETARD D’UNE GUERRE ?Les travaux de notre groupe de réflexion étaient engagés quand le gouvernement français publia la Revue stratégique 2017. Le fait que le mot "éthique" en soit absent nous a fait nous demander si la question de l’éthique de l’armement n’était pas "en retard d’une guerre" et nous avons retenu ce titre interrogatif... et un rien provocateur. Loin d’apporter une réponse définitive à cette question, nous avons ouvert un vaste champ de questions, dont une liste suit :

✓ Pouvons-nous encore parler d’éthique de l’armement ?

✓ la réflexion éthique sur l’armement n’est pas possible sans une approche claire de notre politique de défense

L’éthique de l’armement doit elle se consacrer uniquement aux évolutions technologiques des armes à de leur emploi ?

✓ Qu’est devenu le champ de bataille ?

✓ Tout va de plus en plus vite. Est-ce une raison pour se passer d’éthique quand on doit agir ?

✓ Nos approches éthiques se développent dans un monde où nos adversaires, voire nos alliés, ne partagent pas tout ou partie de nos principes. Devons-nous pour autant nous adapter et les faire évoluer ?

✓ Le renseignement est au cœur des actions des forces armées et participe à leur efficacité tout en éclairant ses choix éthiques, en particulier dans la lutte contre le terrorisme. Entrent dans le champ éthique de l’armement les moyens de renseignement (y compris le traitement des données et l’intelligence artificielle), la cyberguerre, les médias et les réseaux sociaux. Au nom de quoi l’éthique de l’armement aurait quelque chose à dire sur ces sujets ?

✓ où est l’éthique quand les robots entrent dans le champ de bataille ?

✓ la guerre actuelle est à la fois économique et médiatique. La réflexion éthique de l’armement doit sortir de son cercle restreint de spécialistes.

Nous aurions pu sous-titrer notre étude " De quoi se mêle l’éthique de l’armement ? "

En tous cas, nous avons devant nous un vaste programme....

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