Adolf Hitler

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Adolf Hitler 1 Adolf Hitler Adolf Hitler Adolf Hitler en 1937 Naissance 20 avril 1889 Braunau am Inn, Autriche-Hongrie Décès 30 avril 1945 (à 56 ans) Berlin, Allemagne Nationalité Autrichienne jusquau 7 avril 1925 [1] Allemande depuis le 25 février 1932 Famille Eva Braun (marié le 29 avril 1945) Adolf Hitler, né le 20 avril 1889 à Braunau am Inn en Autriche (alors en Autriche-Hongrie) et mort par suicide le 30 avril 1945 à Berlin, était un homme politique allemand dorigine autrichienne, fondateur et figure centrale du nazisme, instaurateur de la dictature totalitaire du Troisième Reich. Porté à la tête de lAllemagne par le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) quil reprit en 1921, il est chancelier du Reich le 30 janvier 1933, puis se fait plébisciter en 1934 comme président, titre quil délaissa pour celui de Führer (« guide »). Sa politique expansionniste fut à l'origine du volet européen de la Seconde Guerre mondiale, pendant lequel il fit perpétrer de très nombreux crimes contre lhumanité, dont le génocide des Juifs dEurope occupée reste le plus marquant. À la postérité, lampleur sans précédent des destructions, des pillages et des crimes de masse dont il fut le responsable, tout comme le racisme radical singularisant sa doctrine et l'inhumanité exceptionnelle des traitements infligés à ses victimes, lui ont valu d'être considéré de manière particulièrement négative par l'historiographie, par la mémoire collective et par la culture populaire en général. Son nom et sa personne font généralement figure de symboles répulsifs [2] .

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Adolf HitlerAdolf Hitler

Adolf Hitler en 1937

Naissance 20 avril 1889Braunau am Inn,  Autriche-Hongrie

Décès 30 avril 1945 (à 56 ans)Berlin,  Allemagne

Nationalité Autrichienne jusqu’au 7 avril 1925[1]

Allemande depuis le 25 février 1932

Famille Eva Braun (marié le 29 avril 1945)

Adolf Hitler, né le 20 avril 1889 à Braunau am Inn en Autriche (alors en Autriche-Hongrie)et mort par suicide le 30 avril 1945 à Berlin, était un homme politique allemand d’origineautrichienne, fondateur et figure centrale du nazisme, instaurateur de la dictaturetotalitaire du Troisième Reich.Porté à la tête de l’Allemagne par le Parti national-socialiste des travailleurs allemands(NSDAP) qu’il reprit en 1921, il est chancelier du Reich le 30 janvier 1933, puis se faitplébisciter en 1934 comme président, titre qu’il délaissa pour celui de Führer (« guide »).Sa politique expansionniste fut à l'origine du volet européen de la Seconde Guerremondiale, pendant lequel il fit perpétrer de très nombreux crimes contre l’humanité, dont legénocide des Juifs d’Europe occupée reste le plus marquant. À la postérité, l’ampleur sansprécédent des destructions, des pillages et des crimes de masse dont il fut le responsable,tout comme le racisme radical singularisant sa doctrine et l'inhumanité exceptionnelle destraitements infligés à ses victimes, lui ont valu d'être considéré de manièreparticulièrement négative par l'historiographie, par la mémoire collective et par la culturepopulaire en général. Son nom et sa personne font généralement figure de symbolesrépulsifs[2] .

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Jeunes années

Adolf Hitler enfant.

L'un des rares hommes dont on peut affirmer sans conteste que sanseux, l'histoire du monde aurait connu un cours radicalement différent(selon les mots de Ian Kershaw, l'un de ses biographes), Adolf Hitlerreste largement une énigme, notamment en ce qui concerne sajeunesse et surtout la formation de sa personnalité et de sa mentaliténationaliste, antimarxiste, raciste et antisémite. Très solitaire, le futurdictateur allemand n'a jamais tenu un journal intime de sa vie, ilcorrespondait peu et écrivait peu, et il n'a livré dans Mein Kampf(1925) qu'une autobiographie en bonne part reconstruite.

Origines et enfance

Alois, le père d’Adolf Hitler

Adolf Hitler naît le 20 avril 1889 dans l’auberge Gasthofzum Pommer, Vorstadt Nr. 219, à Braunau am Inn, unepetite ville de Haute-Autriche près de la frontièreaustro-allemande. Il est le quatrième des six enfantsd’Alois Hitler et de Klara Pölzl. La plupart des enfantsmeurent en bas âge ; seule sa sœur cadette Paula (†1960) lui survivra.

Alois Hitler, le père d’Adolf, est douanier. Né horsmariage le 7 juin 1837, Alois porte d’abord le nom defamille de sa mère, Maria Anna Schicklgruber, mais le6 juin 1876, il est légitimé par le mari de sa mère, etobtient un an plus tard le droit de porter le nom « Hitler». Adolf n’utilisa jamais d’autre patronyme, et «Schicklgruber » ne resurgit que plus tard chez sesopposants politiques.

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Arbre généalogique d’Adolf Hitler

L’arbre généalogique d’AdolfHitler laisse cependant planerde fortes suspicions deconsanguinité. L’incertituderelative à ses origines n’estpas sans conséquence. Ainsiaprès l’Anschluss en 1938, ilfait détruire Döllersheim, levillage natal de son père, en letransformant en champ de tir.

L’enfance d’Adolf se passesous la stricte discipline d’unpère âgé, fonctionnaireretraité dès 1895. Le 3 janvier 1903, son père meurt, suivi le 21 décembre 1907 par samère, qui succombe à un cancer du sein.

Élève médiocre à partir de son entrée à la Realschule (lycée) de Linz, où il croise la routedu futur philosophe juif Ludwig Wittgenstein[3] , Hitler refuse déjà de suivre la voiepaternelle.

Bohème à Vienne : les années de formation décisives (1908- 1913) Devenu orphelin, vivant d’une petite bourse, il échoue par deux fois à l’examen d’entrée del’Académie des Beaux-Arts de Vienne en 1907 et le 8 octobre 1908, par un manque detravail suivi qui ne le quitte jamais de sa vie. Autodidacte, grand lecteur (notamment deNietzsche) et admirateur inconditionnel de la musique de Richard Wagner, tout comme sonami August Kubizek, il développe un intérêt profond pour l’architecture. Il vit de sespeintures, surtout des aquarelles, enchaîne les petits boulots, vivant dans une vie debohème et de misère constante durant cinq ans. Plus tard, dans Mein Kampf, il écrit :

« Cinq années pendant lesquelles je dus, comme manœuvre d’abord, ensuitecomme petit peintre, gagner ma subsistance, maigre subsistance, qui ne pouvaitmême pas apaiser ma faim chronique. Car la faim était alors le gardien fidèle quine m’abandonna jamais, la compagne qui partagea tout avec moi. Chaque livreque j’achetai eut sa participation ; une représentation à l’opéra me valait sacompagnie le jour suivant ; c’était une bataille continuelle avec mon amieimpitoyable. J’ai appris cependant alors comme jamais avant. Hors monarchitecture, hors les rares visites à l’Opéra, fruit de mes jeûnes, je n’avaisd’autre joie que des livres toujours plus nombreux. »

Adolf Hitler assiste aux séances du Parlement autrichien, il écrit plus tard son mépris pourla démocratie et le parlementarisme. Il étudie les thèses pangermanistes et observel’influence de la politique sur les masses. Dans ce bastion de la social-démocratieautrichienne, il forge également son dégoût pour les doctrines marxistes.

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Caricature antisémite, finXIXe siècle. Le jeune Hitler, à

Vienne, a été influencé par cesvecteurs de haine très diffusés.

C'est aussi pendant les années de Vienne que se forge sonantisémitisme, même si selon les conclusions de IanKershaw, il reste impossible de déterminer le moment exactet les raisons précises pour lesquelles Hitler est devenuantisémite. Il est acquis en effet que le futur inspirateur de laShoah, de son propre aveu, n'était pas antisémite en arrivantà Vienne. Mais dans ce foyer de l'antisémitisme politiquemoderne, dirigé depuis 1897 par le maire populiste KarlLueger, élu sur son programme foncièrement antisémite,Hitler a sûrement été largement influencé par l'abondantepropagande antijuive de bas étage qui circulait alors, àtravers une foule de libelles, de caricatures, de journaux àbas prix et de discours publics.

Au printemps 1913, pour éviter son enrôlement dans l’arméede l’Empire austro-hongrois, état multi-ethnique qu’il exècre, il s’enfuit à Munich et vit envendant ses peintures de paysages. Sa tentative d’échapper à la conscription estremarquée, mais, après avoir été refusé lors d’un examen médical à son retour en Autriche(pour constitution « trop faible »), il retourne à Munich.

Engagé volontaire dans la Première Guerre mondiale En 1914, exalté par l’entrée en guerre de l’Allemagne[4] , Hitler s’engage comme volontaire.Il se bat sur le front ouest dans le 16e régiment d’infanterie bavarois. Soldat enthousiaste, ilest apprécié de ses pairs et supérieurs, qui lui refusent toutefois un avancement, jugeantqu’il ne possède pas les qualités d’un chef. Il remplit pendant presque toute la durée de laguerre la mission d’estafette entre les officiers. Fin septembre 1916, sa division part pourla bataille de la Somme. Hitler est blessé une première fois à la cuisse, le 7 octobre. Ilrentre se faire soigner en Allemagne, à l’hôpital de Beelitz, près de Berlin. Après uneaffectation à Munich, il revient sur le front des Flandres. Dans la nuit du 13 au 14 octobre1918, sur une colline au sud de Wervicq, près d’Ypres (Belgique), son unité subit unbombardement britannique au gaz moutarde. Touché aux yeux, il est évacué vers l’hôpitalde Pasewalk, en Poméranie. Hitler est décoré de la Croix de fer 1re classe (distinctionrarement accordée à un soldat engagé mais facilement octroyée à une estafette, du fait deses contacts avec les officiers) pour avoir accompli le dangereux transport d’une dépêche.Ironiquement, cette décoration lui est remise sur recommandation d’un officier juif[5] .Alors que l’Allemagne est sur le point de capituler, la révolution gagne Berlin et laKaiserliche Marine se mutine. Le Kaiser Guillaume II abdique et part pour les Pays-Basavec sa famille. Le socialiste Philipp Scheidemann proclame la République. Deux jours plustard, le nouveau pouvoir signe l’armistice de 1918.De son lit d’hôpital, Hitler est anéanti par cette annonce. Il affirme dans Mein Kampf yavoir eu une vision patriotique, et d'avoir sur le coup « décidé de faire de la politique ».Toute sa vie, Hitler adhéra au mythe du « coup de poignard dans le dos », diffusé par la caste militaire, selon lequel l'Allemagne n'aurait pas été vaincue militairement, mais trahie de l'intérieur par les Juifs, les forces de gauche, les républicains. Jusqu'à ses derniers jours, le futur maître du Troisième Reich resta obsédé par la destruction totale de l'ennemi intérieur. Il voulait à la fois châtier les « criminels de novembre », effacer novembre 1918, et ne jamais voir se reproduire cet évènement traumatique, à l'origine de son engagement

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en politique.

Le combat politique À sa sortie d’hôpital en novembre 1918, Hitler retourne dans son régiment de Munich. Plustard, il écrira que la guerre avait été « le temps le plus inoubliable et le plus sublime »[6] .

Hitler en 1919

Carte de membre du NSDAPd'Adolf Hitler, 1920.

Bien qu'Hitler ait écrit dans Mein Kampf avoir décidé des'engager en politique dès l'annonce de l'armistice de 1918,il s'agit là surtout d'une reconstruction rétrospective.Comme le note Ian Kershaw, Hitler s'abstient encore des'engager dans les premiers mois de 1919, ne songeantnullement par exemple à rejoindre les nombreux Corpsfrancs - des unités paramilitaires formées par les ancienscombattants d'extrême-droite pour écraser les insurrectionscommunistes en Allemagne puis la jeune République de

Weimar elle-même. Sous l'éphémère République des conseils de Munich, il est resté discretet passif, et a probablement fait extérieurement allégeance au régime[7] .

Depuis le 9 novembre 1918, la Bavière est en effet alors entre les mains d’un gouvernementrévolutionnaire, la Räterepublik ou « République des conseils », proclamée par lesocial-démocrate Kurt Eisner et virant de plus en plus à gauche après l'assassinat de cedernier début 1919. La propre caserne de Hitler est dirigée par un soviet (« conseil »).Dégoûté, Hitler quitte Munich pour Traunstein. Cependant, en 1919, alors que le pouvoirest hésitant entre communistes du KPD et sociaux-démocrates du SPD, il se fait éliredélégué de sa caserne, une première fois lorsque le pouvoir en Bavière est aux mains duSPD, puis une seconde fois en tant que délégué adjoint sous l’éphémère régime communiste(avril-mai 1919), juste avant la prise de Munich par les troupes fédérales et les Corpsfrancs. Il n'a pas cherché à combattre ces régimes, sans pour autant avoir adhéré à aucunde ces partis, et il est probable que les soldats connaissaient ses opinions politiquesnationalistes[8] ,[9] .Hitler reste théoriquement dans l’armée jusqu’au 31 mars 1921. En juin 1919, alors que larépression de la révolution fait rage en Bavière, son supérieur, le capitaine Karl Mayr, lecharge de faire de la propagande anticommuniste au sein de ses camarades (« l'homme quiinventa Hitler » mourra résistant socialiste à Buchenwald en février 1945, deux mois avantle suicide du Führer). C'est au cours de ses conférences parmi les autres soldats qu'Hitlerdécouvre vraiment pour la première fois ses indéniables talents d'orateur et depropagandiste, et que pour la première fois, un public se montre spontanément séduit parson charisme.

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L'orateur charismatique du parti nazi (1919- 1922)

Quelques poses d'Adolf Hitler en train de discourir, photo de HeinrichHoffmann en 1930

Début septembre 1919, Hitlerest chargé de surveiller ungroupuscule politiqueultra-nationaliste, le Partiouvrier allemand, fondé un anplus tôt par Anton Drexler. Surla fin d'une réunion dans unebrasserie de Munich, il prendà l'improviste la parole pourcondamner vivement uneproposition d'un orateur.Remarqué par Drexler, il selaisse convaincre peu aprèsd'adhérer, et transforme vitele parti en Partinational-socialiste destravailleurs allemands(NSDAP).

Son magnétisme et sescapacités d'orateur en font un personnage vite prisé des réunions publiques desextrémistes de brasserie. Ses thèmes favoris — antisémitisme, antibolchevisme,nationalisme — trouvent un auditoire déjà réceptif. Mobilisant de plus en plus de partisans,il se rend vite assez indispensable au mouvement pour en exiger la présidence, que legroupe dirigeant initial lui abandonne dès avril 1921 après un véritable ultimatum de sapart. Du fait de ses talents d’agitateur politique, le parti gagne rapidement en popularité,tout en restant très minoritaire.

Hitler dote son mouvement d'un journal, le Völkischer Beobachter, lui choisit le drapeau àcroix gammée pour emblème, fait adopter un programme en 25 points (en 1920) et le doted'une milice agressive, les Sturmabteilung (« Sections d'assaut » ou SA).Au départ, Hitler se présente comme un simple « tambour » chargé d'ouvrir la voie à unfutur sauveur de l'Allemagne encore inconnu. Mais le culte spontanément apparu autour desa personnalité charismatique dans les rangs des SA et des militants le fait vite seconvaincre qu'il est lui-même ce sauveur providentiel. À partir de 1921-1922, la convictionintime qu'il est désigné par le destin pour régénérer et purifier l'Allemagne vaincue ne lequitte plus[10] ,[11] .Son narcissisme et sa mégalomanie ne font en conséquence que s'accentuer, comme saprédominance absolue au sein du mouvement nazi. C’est ce qui le différencie d'unMussolini, au départ simple primus inter pares d'une direction collective fasciste, ou d'unStaline, qui ne croit pas lui-même à son propre culte, fabriqué tardivement pour mieuxasseoir sa victoire sur Trotski et sur la vieille garde bolchevique.Inspiré par la lecture du psychologue Gustave Le Bon, Hitler met au point une propagandehargneuse mais efficace.

« L'idée centrale de Hitler est simple : lorsqu'on s'adresse aux masses, point n'est besoin d'argumenter, il suffit de séduire et de frapper. Les discours passionnés, le

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refus de toute discussion, la répétition de quelques thèmes assénés à satiétéconstituent l'essentiel de son arsenal propagandiste, comme le recours aux effetsthéâtraux, aux affiches criantes, à un expressionnisme outrancier, aux gestessymboliques dont le premier est l'emploi de la force. Ainsi, quand les SAbrutalisent leurs adversaires politiques, ce n'est pas sous l'effet de passionsdéchaînées, mais en application des directives permanentes qui leur sontdonnées.  »     — Henri Burgelin, « Les succès de la propagande nazie », in L'Allemagne deHitler, op. cit., p. 124.

De sa vie, Hitler n'accepta jamais un débat rationnel ni contradictoire et ne parla quedevant des auditoires acquis[12] .En janvier 1922, Hitler est condamné à trois mois de prison (dont deux avec sursis) pour «troubles à l’ordre public ». Il purge cette peine à la prison de Stadelheim de Munich entrejuin et juillet 1922. Hitler est même menacé d’être expulsé de Bavière.

Le putsch manqué de Munich (9 novembre 1923)

Les personnalités inculpées lors du procès d'Adolf Hitler en1924, photo d'Heinrich Hoffmann

Admirateur fervent de Mussolini(dont un buste ornera durablementson bureau), Hitler rêve d'avoir à sontour sa « marche sur Rome » qui lefasse accéder au pouvoir par laforce[13] .

En novembre 1923, alors quel'économie s'est effondrée avecl'occupation de la Ruhr, que lepapiermark rongé parl'hyperinflation ne vaut plus rien etque des entreprises séparatistes oucommunistes secouent certainesparties de l'Allemagne, Hitler croit lemoment venu pour prendre lecontrôle de la Bavière avant de marcher sur Berlin et d'en chasser le gouvernement élu.

Les 8 et 9 novembre 1923, il conduit avec le maréchal Erich Ludendorff le coup d'Étatavorté de Munich connu comme le Putsch de la Brasserie. Le complot bâclé est facilementmis en déroute, et lors d'un heurt de ses troupes avec la police devant la Feldherrnhalle,Hitler est lui-même blessé tandis que sont tués 16 de ses partisans, promus ultérieurement« martyrs » iconiques du nazisme.

Le NSDAP est aussitôt interdit. En fuite, Hitler est arrêté le 11 novembre, inculpé deconspiration contre l’État, et incarcéré à la prison de Landsberg am Lech. À partir de cetinstant, il se résoudra à se tourner tactiquement vers la seule voie légale pour arriver à sesfins.Mais dans l'immédiat, il sait exploiter son procès en se servant de la barre comme d'une tribune : la médiatisation de son procès lui permet de se mettre en vedette et de se faire connaître à travers le reste de l'Allemagne. Les magistrats, reflétant l'attitude des élites traditionnelles peu attachées à la République de Weimar, se montrent assez indulgents à

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son égard. Le 1er avril 1924, il est condamné à cinq ans de réclusion criminelle pour «haute trahison », dont il purgera moins d'une année, à la prison de Landsberg am Lech.

Constitution définitive d'une idéologie (1923- 1924) Pendant sa détention, il dicte à son secrétaire Rudolf Hess son ouvrage Mein Kampf, récitautobiographique, et surtout manifeste politique, appelé à devenir le manifeste dumouvement nazi. Hitler y dévoile sans fard l’idéologie redoutable et très cohérente qu’il aachevé de se constituer depuis 1919 (Weltanschauung), dont il ne variera plus et qu’ilcherchera à mettre en pratique[14] .Outre sa haine de la démocratie, de la France « ennemie mortelle du peuple allemand », dusocialisme et du « judéo-bolchevisme », sa doctrine repose sur sa conviction intime à basepseudo-scientifique d’une lutte darwinienne entre différentes « races » foncièrementinégales. Au sommet d’une stricte pyramide, se trouverait la race allemande ou « race desSeigneurs », qualifiée tantôt de « race nordique » et tantôt de « race aryenne » (et dont lesplus éminents représentants seraient les grands blonds aux yeux bleus, quoiqu’Hitler soitlui-même petit et brun). Cette race supérieure doit être « purifiée » de tous les élémentsétrangers, « non-allemands » (undeutsch), juifs ou malades, et doit dominer le monde par laforce brute. Au traditionnel pangermanisme visant à regrouper tous les Allemandsethniques dans un même État, Hitler ajoute la conquête d’un Lebensraum (espace vital)indéfini, à arracher notamment à l’Est aux « sous-hommes » polonais et slaves. Enfin, Hitlerparle constamment d’« éradiquer » (ausrotten) ou d’« anéantir » (vernichten) les Juifs,comparés à des vermines ou des poux, qui ne sont pas seulement pour lui une raceradicalement inférieure, mais aussi radicalement dangereuse.Hitler a principalement emprunté sa vision ultra-raciste à Gobineau et H. S. Chamberlain,son culte du surhomme à Nietzsche, son obsession de la décadence à Oswald Spengler, lesconcepts de race nordique et d'espace vital à l'idéologue du parti Alfred Rosenberg. Il puiseaussi dans la « révolution conservatrice » animée par Arthur Moeller van den Bruck, dont ila lu l'ouvrage Le Troisième Reich.Après seulement 13 mois de détention et malgré l’opposition déterminée du procureurStenglein, il bénéfice d’une libération anticipée le 20 décembre 1924.

Réorganisation du parti (1925- 1928) Craignant d’être expulsé vers l’Autriche, Hitler renonce à la nationalité autrichienne le 30avril 1925. Devenu apatride (lui qui fera ultérieurement déporter les apatrides, contraintsdans les camps de concentration au port d’un insigne spécifique), et bien qu’il soit interditde parole en public jusqu’au 5 mars 1927, il reconstruit son parti et retrouve une certainepopularité.Si ses succès électoraux restent modestes avant 1928, le NSDAP rend ses structures plusperformantes et s’étend géographiquement. Il diversifie ses organisations de masse encréant des associations qui ciblent chacune une catégorie sociale : étudiants, paysans,ouvriers, femmes, intellectuels, jeunes (Hitlerjugend fondée en 1926), etc. Le Parti naziconstitue ses forces en contre-société et en contre-gouvernement susceptibles, le jour venu,de se substituer de plain-pied au pouvoir en place[15] .Allié à Julius Streicher, un propagandiste antisémite pornographe et très violent dont la clientèle est centrée sur la ville de Nuremberg, Hitler fait de celle-ci la ville des congrès du parti. Le parti est implanté en Allemagne du Nord par les frères Otto et Gregor Strasser,

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qui mettent plus qu’Hitler l’accent sur le côté socialiste du nazisme et souhaitent l’allianceavec l’URSS contre les « ploutocraties » occidentales. Face à ces derniers, ses seulsconcurrents sérieux pour la direction du parti, Hitler renforce son autorité personnelle.C’est à partir de cette date qu’il impose comme obligatoire dans le parti le salut naziprononcé bras tendu — Heil Hitler ! ou, si l’on est face à lui, Heil mein Führer ! —, unrappel permanent de sa suprématie. C’est de cette époque aussi que date l’entrée en scènede Joseph Goebbels, Gauleiter de Berlin, l’un de ses plus fidèles soutiens — lequel, prochedes frères Strasser au départ, avait d’abord traité Hitler de « petit-bourgeois » et demandéson exclusion du parti, avant de succomber à son charisme en 1926.Les SA, la brutale milice du parti qui s’illustre dans les agressions et les combats de rues,posent plus de problèmes à Hitler par leur recrutement plébéien assez large et par leurdiscipline souvent incertaine. La base des SA est partisane d'une « seconde révolution » etexaspérée par les compromis que doit faire le Parti nazi dans sa conquête du pouvoir. Leurssections berlinoises, commandées par Walter Stennes, iront même jusqu'à saccager àplusieurs reprises les locaux du parti nazi entre 1930 et 1931[16] . Dès 1930, confronté àcette grave mutinerie de leur part, Hitler rappelle de Bolivie son ancien complice du putschde 1923, Ernst Röhm, qu’il avait mis lui-même sur la touche en 1925 : ce dernier reprendleur tête et rétablit en partie l’ordre dans leurs rangs.Mais pour permettre à Hitler d’équilibrer la puissance des SA, c’est dès 1925 qu’HeinrichHimmler crée pour lui la SS : chargée de sa garde personnelle, cet « ordre noir », futurinstrument de la terreur policière et génocidaire, est une élite beaucoup plus dévouée à lapersonne même du Führer que les SA. Hitler a toute confiance dans « le fidèle Heinrich »,comme il qualifie cet exécutant à l’obéissance aveugle, qui lui voue une admirationnotoirement fanatique.Hitler, dont le train de vie personnel ne cesse de s'embourgeoiser, s'attache aussi à serendre respectable et rassurant aux yeux des élites traditionnelles. Pour rallier celles-ci,mieux se distinguer des frères Strasser et faire oublier son image d'agitateur plébéien etrévolutionnaire, il se prononce par exemple pour l'indemnisation des princes allemandsexpropriés en 1918 au référendum de 1927. Le magnat de la Ruhr Fritz Thyssen lui apporteainsi son soutien public.En 1928, le NSDAP marque le pas et peine à remonter la pente : seuls 2.6% des votants luiaccordent leur confiance aux élections législatives du 28 mai, et il compte moins de 180000membres. Mais il n’a plus de concurrent sérieux à l’extrême-droite, car de multiplesgroupuscules et petits partis de la mouvance völkisch (« nationale-raciste ») ont périclitéaprès 1924-1925, tandis que le vieux maréchal Ludendorff, ancien participant du putsch dela Brasserie qu’Hitler avait habilement poussé à se présenter à la présidentielle de 1925,s’est disqualifié par son score médiocre.En 1929, pour mieux mener campagne contre le plan Young sur les réparations de guerredues à la France, le magnat de la presse et chef nationaliste Alfred Hugenberg s'est allié àHitler, dont il a besoin des talents oratoires, et a financé la campagne de propagande qui apermis au Führer des nazis de se faire connaître dans toute l'Allemagne.Les fruits de la réorganisation portent à partir de cette date, quand le contexte généraldevient favorable avec le début d'une grave crise politique et économique.

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La "résistible ascension" d'Adolf Hitler (1929- 1932)

Adolf Hitler en 1932

Évolution en pourcentage du chômage enAllemagne de 1926 à 1940

Comme le suggérera à raison Bertolt Brecht par letitre célèbre de sa pièce La résistible ascensiond'Arturo Ui, âpre satire antinazie, la marche aupouvoir d'Adolf Hitler ne fut ni linéaire niirrésistible. Toutefois, elle fut favorisée après 1929par un contexte de crise exceptionnel, et par lesfaiblesses, les erreurs ou le discrédit de sesadversaires et concurrents politiques.

L'Allemagne n'avait derrière elle en 1918 qu'unefaible tradition démocratique. Née d'une défaite etde l'écrasement d'une révolution, la République deWeimar s'était mal enracinée, d'autant queserviteurs et nostalgiques du Kaiser restaient trèsnombreux dans l'armée, l'administration, l'économieet la population. Le Zentrum catholique, partimembre de la coalition fondatrice de la République,s'engage dans une dérive autoritaire à partir de lafin des années 1920, tandis que communistes,nationalistes du DNVP et nazis continuent derefuser le régime et de le combattre. Enfin, le cultetraditionnel des grands chefs et l'attente diffused'un sauveur providentiel prédisposaient une bonnepart de sa population à s'en remettre à Hitler.

État-nation très récent et fragile, traversé demultiples clivages géographiques, religieux,politiques et sociaux, l'Allemagne entre en plus dansune nouvelle phase d'instabilité politique à partir de1929. Après le décès de Gustav Stresemann, artisanavec Aristide Briand du rapprochementfranco-allemand, la chute du chancelier HermannMüller en 1930 est celle du dernier gouvernementparlementaire. Il est remplacé par le gouvernementconservateur et autoritaire de Heinrich Brüning, duZentrum.

Monarchiste convaincu, le très populaire maréchalPaul von Hindenburg, porté à la présidence de laRépublique en 1925, cesse de jouer le jeu de ladémocratie à partir de 1930. Il se met à gouverner par décrets, nommant des cabinets à sesordres de plus en plus dépourvus de la moindre majorité au Parlement, usant et abusant deson droit de dissolution du Reichstag — utilisé pas moins de quatre fois de 1930 à 1933. Lesinstitutions de Weimar sont donc vidées de leur substance bien avant que Hitler ne leurporte le coup de grâce[17] .

Les conséquences catastrophiques de la crise de 1929 sur l’économie allemande, très dépendante des capitaux rapatriés aux États-Unis immédiatement après le krach de Wall

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Street, apportent bientôt au NSDAP un succès foudroyant et imprévu. Aux élections du 14septembre 1930, avec 6,5 millions d'électeurs, 18,3 % des voix et 107 sièges, le parti nazidevient le deuxième parti au Reichstag.La déflation sévère et anachronique menée par Brüning ne fait qu'aggraver la criseéconomique et précipite de nombreux Allemands inquiets dans les bras de Hitler. Enconstituant avec ce dernier le « Front de Harzburg » en octobre 1931, dirigé contre legouvernement et la République, Hugenberg et les autres forces des droites nationalistesfont involontairement le jeu de Hitler, dont la puissance électorale et parlementaire faitdésormais un personnage de premier plan sur la scène politique[18] .Le septennat du président Hindenburg se terminant le 5 mai 1932, la droite et le Zentrum,afin d’éviter de nouvelles élections, proposent de renouveler tacitement le mandatprésidentiel. L’accord des nazis étant nécessaire, Hitler exige la démission du chancelierBrüning et de nouvelles élections parlementaires. Hindenburg refuse, et le 22 février 1932,Joseph Goebbels[19] annonce la candidature d’Adolf Hitler à la présidence de la République.Le 26 février, Hitler est opportunément nommé Regierungsrat, fonctionnaire d’État, ce quilui confère automatiquement la nationalité allemande.

La montée du NSDAP au Reichstag

Sa campagne électorale estsans précédent sur le plan dela propagande. En particulier,l’usage alors inédit etspectaculaire de l’avion dansses déplacements électorauxpermet à Goebbels deplacarder des affiches : « LeFührer vole au-dessus del’Allemagne ».

Hitler obtient 30,1 % des voixau premier tour le 13 mars1932 et 36,8 % au second touren avril, soit 13,4 millions desuffrages qui se portent sur sapersonne, doublant le scoredes législatives de 1930. Soutenu en désespoir de cause par les socialistes, Hindenburg estréélu à 82 ans. Mais lors des scrutins régionaux qui suivent l’élection présidentielle leNSDAP renforce ses positions et arrive partout en tête, sauf dans sa Bavière d'origine. Auxlégislatives du 31 juillet 1932, il confirme sa position de premier parti d'Allemagne, avec37,3 % des voix et devient le premier groupe parlementaire. Hermann Göring, bras droit deHitler depuis 1923, devient président du Reichstag. Né d'un groupuscule, le culte de Hitlerest devenu en moins de deux ans un phénomène de masse capable de toucher plus du tiersdes Allemands.

Hitler réussit à faire l'unité d'un électorat très diversifié. Contrairement à une idée reçue,ce ne sont pas les chômeurs qui ont mis leur espoir en lui (c'est parmi eux que Hitler faitses moins bons scores), mais les classes moyennes, qui redoutent d'être les prochainesvictimes de la crise[20] .

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Si l'électorat féminin votait fort peu à l'extrême-droite dans les années 1920, la popularitébien connue du Führer auprès des femmes s'est jointe au rapprochement structurel entrevote féminin et vote masculin pour lui assurer des renforts de voix supplémentaires après1930. Les protestants ont davantage voté pour lui que les catholiques, mais une bonne partdu vote de ces derniers était fixé par le Zentrum. Les campagnes, éprouvées par la crise etsoumises en Prusse à la rude exploitation quasi-féodale des Junkers, se sont servies du voteenvers Hitler à des fins protestataires. Les ouvriers ont moins voté nazi que la moyenne,même si une part non négligeable a été tentée. Quant aux fonctionnaires, aux étudiants ouaux médecins, leur haut niveau d'instruction ne les a pas empêchés d'être sur-représentésdans le soutien au doctrinaire de Mein Kampf[21] .Allié à la droite nationaliste, bénéficiant du discrédit du Zentrum et de l'obligation pour leSPD de soutenir l'impopulaire Von Papen « pour éviter le pire », Hitler multiplie aussi lesdéclarations hypocrites où il se pose en démocrate et en modéré, tout en flattant les élitestraditionnelles et jusqu'aux Églises par un discours plus traditionaliste qu'avant. Lescommunistes du KPD, qui réduisent Hitler à un simple pantin du grand capital, lui rendentservice en combattant avant tout les socialistes, au nom de la ligne « classe contre classe »du Komintern, et en refusant toute action commune avec eux contre le NSDAP. Le KPD vajusqu'à coopérer avec les nazis lors de la grève des transports à Berlin en 1932[22] .Fin 1932, la situation se dégrade encore sur les plans économique et social (plus de 6millions de chômeurs à la fin de l’année). L’agitation et l’insécurité politique sont à leurcomble, les rixes avec implication de SA hitlériens sont permanentes. Le gouvernement trèsréactionnaire de Franz von Papen est incapable de réunir plus de 10 % des députés et desélecteurs.Engagé dans un bras de fer personnel avec Hitler, le président Hindenburg refuse toujoursde le nommer chancelier : le vieux maréchal prussien, ancien chef de l’armée allemandependant la Grande Guerre, affiche son mépris personnel pour celui qu’il qualifie de « petitcaporal bohémien » et dont il affirme qu’il a « tout juste l’envergure pour faire un ministredes Postes ». Toutes les tentatives de conciliation échouent.Fin 1932, le mouvement nazi traverse une phase difficile. Sa crise financière devient aiguë.Les militants et les électeurs se lassent de l’absence de perspectives, des discours àgéométrie variable de Hitler et des contradictions internes du programme nazi[23] . Biendes SA parlent de déclencher tout de suite un soulèvement suicidaire dont Hitler ne veut àaucun prix, et Gregor Strasser menace de faire scission avec l’appui du chancelier Kurt vonSchleicher. Enfin, les élections législatives de novembre 1932 ont consacré une baisse depopularité du NSDAP qui perd 2 millions de voix et 40 sièges.C’est le moment où Léon Blum, de France, écrit dans Le Populaire que la route du pouvoirest définitivement fermée pour Hitler et que toute espérance d’y accéder est pour luirévolue. Pourtant, ces revers n’entament en rien sa détermination.

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L’accession au pouvoir absolu

Adolf Hitler en 1933

Le 30 janvier 1933 vers midi, Hitler est nommé à lachancellerie de la République de Weimar, suite à unmois d’intrigues au sommet organisées par l’ancienchancelier Franz von Papen, et grâce au soutien de ladroite et à l’implication du DNVP. Le soir même, desmilliers de SA effectuent un défilé nocturne triomphalsur l'Unter den Linden, sous le regard du nouveauchancelier, marquant ainsi la prise de contrôle deBerlin et le lancement de la chasse aux opposants.

La destruction de la démocratie (1933- 1934)

Incendie du palais du Reichstag le28 février 1933

Contrairement à une idée reçue fréquente, Hitler n'ajamais été « élu » chancelier par les Allemands, maisfinalement « hissé au pouvoir » par une poignéed'industriels et d'hommes de droite[24] ,[25] . Et en dépitde son énorme poids électoral, jamais une majoritéabsolue des électeurs ne s'est portée sur lui, puisquemême en mars 1933, après deux mois de terreur et depropagande, son parti n'obtient « que » 44 % dessuffrages. Toutefois, il a atteint son objectif poursuividepuis 1923 : arriver au pouvoir légalement. Et il esthors de doute que le ralliement de la masse desAllemands au nouveau chancelier s'est faite très vite, et moins par la force que paradhésion à sa personne.

Lors de la formation du premier gouvernement d'Hitler, le DNVP de Hugenberg espèreêtre, avec le Zentrum de von Papen, en mesure de contrôler le nouveau chancelier — bienque le DNVP ne représente que 8 % des voix alors que les nazis en ont 33.1%. De fait, lepremier gouvernement d'Hitler ne compte, outre le chancelier lui-même, que deux nazis :Göring, en charge en particulier de la Prusse, et Wilhelm Frick au ministère de l’Intérieur.

Mais Hitler déborde rapidement ses partenaires et met immédiatement en route la mise au pas de l’Allemagne. Dès le 1er février, il obtient d’Hindenburg la dissolution du Reichstag. Le 3 février, il s’assure le soutien de l’armée. Pendant la campagne électorale, Von Papen, Thyssen et Schacht obtiennent des milieux industriels et financiers, jusque-là plutôt réservés envers Hitler, qu’ils renflouent les caisses du NSDAP et financent sa campagne[26] . La SA et la SS, milices du parti nazi, se voient conférer des pouvoirs d’auxiliaire de police.

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De nombreux morts marquent les rencontres des partis d’opposition, notamment du SPD etdu KPD. Des opposants sont déjà brutalisés, torturés voire assassinés.L’énigmatique incendie du Reichstag, le 27 février, permet à Hitler de suspendre toutes leslibertés civiles garanties par la Constitution de Weimar et de radicaliser l’élimination de sesopposants politiques, notamment des députés communistes du KPD, illégalement arrêtés.Le NSDAP remporte les élections du 5 mars 1933 avec 17 millions de voix, soit 43,9 % dessuffrages. Dans les jours qui suivent, dans tous les Länder d’Allemagne, les naziss’emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le 20 mars, au cours d’une grandiosecérémonie de propagande sur le tombeau de Frédéric II de Prusse à Potsdam, où il s’afficheen grand costume aux côtés de Hindenburg, Hitler proclame l’avènement du TroisièmeReich, auquel il promettra ultérieurement un règne de « mille ans ». Le 23 mars, grâce auxvoix du Zentrum auquel le chancelier a promis en échange la signature d'un concordat avecle Vatican, et malgré l'opposition vaine du seul SPD, le Reichstag vote la Loi des pleinspouvoirs qui accorde à Hitler les pouvoirs spéciaux pour quatre ans. Il peut désormaisrédiger seul les lois, et celles-ci peuvent s'écarter de la constitution de Weimar que Hitlerne se donna même pas la peine de jamais abolir formellement.

Des étudiants nazis brûlent les livresproscrits en public le 10 mai 1933.

C’est une étape décisive du durcissement du régime.Sans même attendre le vote de la loi, les nazis ontouvert le premier camp de concentration permanent le20 mars à Dachau, sous la houlette de Himmler. Cedernier jette en Allemagne du Sud, tout comme Göringen Prusse, les bases de la redoutable police politiquenazie, la Gestapo. Le 2 mai, vingt-quatre heures aprèsavoir accepté de défiler devant le chancelier, lessyndicats sont dissous et leurs biens saisis. Le 10 mai,le ministre de la Propagande Joseph Goebbels préside àBerlin une nuit d’autodafé où des étudiants nazisbrûlent pèle-mêle en public des milliers de « mauvaislivres » d’auteurs juifs, pacifistes, marxistes ou psychanalystes. Des milliers d’opposants, desavants et d’intellectuels fuient l’Allemagne. Le 14 juillet, le NSDAP devient le parti unique.Hitler met fin aussi rapidement aux libertés locales. L’autonomie des Länder estdéfinitivement supprimée le 30 janvier 1934 : un an après son accession à la chancellerie,Hitler devient le chef du premier État centralisé qu’ait connu l’Allemagne.

En tout, entre 1933 et 1939, de 150000 à 200000 personnes sont internées, et entre 7000et 9000 sont tuées par la violence d’État. Des centaines de milliers d’autres doivent fuirl’Allemagne[27] .Les nazis condamnent l’« art dégénéré » et les « sciences juives », et détruisent ou dispersent de nombreuses œuvres des avant-gardes artistiques. Le programme pour « purifier » la race allemande est également très tôt mis en œuvre. Une loi du 7 avril 1933 permet à Hitler de destituer aussitôt des centaines de fonctionnaires et d'universitaires juifs, tandis que les SA déclenchent au même moment une campagne brutale de boycott des magasins juifs. Hitler impose aussi personnellement à l'été 1933 une loi prévoyant la stérilisation forcée des malades et des handicapés : elle est appliquée à plus de 350000 personnes[28] . Détestant particulièrement le mélange des populations (qualifiées de « honte raciale »), le chef allemand ordonne de stériliser en particulier, en 1937, les 400 enfants nés dans les années 1920 d’Allemandes et de soldats noirs des troupes françaises

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d’occupation.

Le plébiscite de novembre 1933entérine la fin de la démocratie en

Allemagne

En novembre 1933, le nouveau dictateur fait plébiscitersa politique quand 95 % des votants approuvent leretrait de la Société des Nations et que la liste uniquedu NSDAP au Reichstag fait 92 % des voix.

Les SA de Röhm exigent que la « révolution »nationale-socialiste prenne un tour plus anticapitaliste,et rêvent notamment de prendre le contrôle de l’armée,ce qui compromettrait dangereusement l’alliance nouéeentre le chancelier et les élites conservatricestraditionnelles (présidence, militaires, milieuxd'affaires). Des faux documents forgés par Heydrichachèvent aussi de persuader Hitler que Röhm complotecontre lui. Le 30 juin 1934, durant la Nuit des LongsCouteaux, fort du soutien bienveillant de l’armée et duprésident Hindenburg, Hitler fait assassiner plusieurscentaines de ses partisans et de ses anciens ennemispolitiques. Parmi eux, Gregor Strasser et Ernst Röhm,chef de la SA, mais aussi le docteur Erich Klausener,chef de l’Action catholique, ou encore son prédécesseur à la chancellerie, Von Schleicher,ainsi que Von Kahr, qui lui avait barré la route lors du putsch de 1923. Ne comprenant pasce qui lui arrive, Röhm meurt fusillé en criant : Heil Hitler !

Le 2 juillet, le vieil Hindenburg félicite Hitler, qu'il apprécie de plus en plus, pour safermeté en cette affaire. Sa mort le 2 août tranche le dernier lien vivant avec la Républiquede Weimar. En vertu de la constitution, le chancelier exerce temporairement les pouvoirsdu président défunt. Le même jour, le Reichstag vote une loi de fusion des deux fonctionsen une seule : Hitler devient Führer und Reichskanzler. Un plébiscite du 19 août (90 % deoui) achève de donner au Führer le pouvoir absolu.

Le culte du Führer, pierre angulaire du système totalitaire Entouré d’un culte de la personnalité intense, qui le célèbre comme le sauveur messianiquede l’Allemagne, Hitler exige un serment de fidélité à sa propre personne - il est prêténotamment par les militaires, ce qui rendra très difficile les futures conspirations contre luiau sein de l’armée, beaucoup d’officiers rechignant profondément en conscience à le violer.L’ambition totalitaire du régime et la primauté du Führer sont symbolisées par la nouvelledevise du régime : Ein Volk, ein Reich, ein Führer - « un peuple, un empire, un chef », danslaquelle le titre de Hitler prend de façon idolâtre la place de Dieu dans l’ancienne devise duDeuxième Reich : Ein Volk, ein Reich, ein Gott (« Un peuple, un empire, un dieu »).Le Führerprinzip devient le nouveau principe de l’autorité non seulement au sommet del’État, mais aussi, par délégation, à chaque échelon. La loi proclame par exempleofficiellement le patron comme Führer de son entreprise, comme le mari est Führer de safamille, ou le gauleiter Führer du parti dans sa région.

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En 1935, appel de soldats allemandsfaisant partie de la SA, de la SS ou de la

NSKK. Photo prise à Nuremberg le 9novembre 1935.

Hitler entretient son propre culte par sesinterventions à la radio : à chaque fois, le pays toutentier doit suspendre son activité et les habitantsécouter religieusement dans les rues ou au travailson discours retransmis par les ondes et par leshaut-parleurs. À chaque congrès tenu à Nuremberglors des « grand’messes » du NSDAP, il bénéficied’une savante mise en scène orchestrée par sonconfident, l’architecte et technocrate Albert Speer :son talent oratoire électrise l’assistance, avant queles masses rassemblées n’éclatent enapplaudissements et en cris frénétiques pouracclamer le génie de leur chef.

Inversement, la moindre critique, le moindre doutesur le Führer mettent leur auteur en péril. Sur lesmilliers de condamnations à mort prononcées par lesinistre Tribunal du Peuple du juge Roland Freisler,un bon nombre des personnes envoyées à laguillotine après des parodies de justice l’ont étépour des paroles méprisantes ou sceptiques àl’encontre du dictateur.

Le salut nazi devient obligatoire pour tous lesAllemands. Quiconque essaie, par résistance passive, de ne pas faire le Heil Hitler ! derigueur est immédiatement singularisé et repéré.

Au printemps 1938, le Führer accentue encore sa prédominance et celle de ses prochesdans le régime. Il élimine les généraux Von Fritsch et Von Blomberg, et soumet laWehrmacht en plaçant à sa tête les serviles Alfred Jodl et Wilhelm Keitel, connus pour luiêtre aveuglément dévoués. Aux Affaires étrangères, il remplace le conservateur Konstantinvon Neurath par le nazi Joachim von Ribbentrop, tandis que Göring, qui s’affirme plus quejamais comme le no 2 officieux du régime, prend en charge l’économie autarcique enévinçant le Dr Hjalmar Schacht.

La population allemande est encadrée de la naissance à la mort, soumise à l’intensepropagande orchestrée par son fidèle Joseph Goebbels, pour lequel il crée le premierministère de la Propagande de l'histoire. Les loisirs des travailleurs sont organisés - etsurveillés - par la Kraft durch Freude du Dr Robert Ley, également chef du syndicat unique,le DAF. La jeunesse subit obligatoirement un endoctrinement intense au sein de laHitlerjugend qui porte le nom du Führer, et qui devient le 1er décembre 1936 la seuleorganisation de jeunesse autorisée.

Le Führer dans le système nazi : interprétations et débats L’école historique allemande dite des « intentionnalistes » insiste sur la primauté de Hitler dans le fonctionnement du régime. La forme extrême de pouvoir personnel et de culte de la personnalité autour du Führer ne serait pas compréhensible sans son « pouvoir charismatique ». Cette notion importante est empruntée au sociologue Max Weber : Hitler se considère depuis 1920 comme investi d’une mission providentielle, et surtout, il est

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considéré sincèrement comme l’homme providentiel par ses partisans, puis par la massedes Allemands sous le Troisième Reich.Alors que le culte de Staline a été imposé tardivement et artificiellement au parti bolchevikpar un apparatchik victorieux mais dépourvu de charisme et de rôle particulier dans larévolution d'Octobre, le culte de Hitler a existé dès les origines du nazisme, et y occupe uneimportance primordiale. L’appartenance au Parti nazi signifie avant tout une allégeanceabsolue à son Führer, et nul n’occupe de place dans le Parti et l’État que dans la mesure oùil est plus proche de la personne même de Hitler. Hitler veille d’ailleurs personnellement àrenforcer son image de chef inaccessible, solitaire et supérieur, en s’abstenant de touteamitié personnelle, et en interdisant à quiconque de le tutoyer ou de l’appeler par sonprénom – même sa maîtresse Eva Braun doit s’adresser à lui en lui disant Mein Führer.D’autre part, pour les intentionnalistes, sans le caractère redoutablement cohérent del’idéologie (la Weltanschauung) qui anime Hitler, le régime nazi ne se serait pas engagédans la voie de la guerre et des exterminations de masse, ni dans le reniement de toutes lesrègles juridiques et administratives élémentaires qui régissent les États modernes etcivilisés.Par exemple, sans son pouvoir charismatique d’un genre inédit, Hitler n’aurait pas puautoriser l’euthanasie massive de plus de 150000 handicapés mentaux allemands parquelques simples mots griffonnés sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4, 3septembre 1939). De même, Hitler aurait pu encore moins déclencher la Shoah sans jamaisrédiger un seul ordre écrit. Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda jamais,justement, à voir un ordre écrit : un simple ordre du Führer (Führersbefehl) était suffisantpour faire taire toute question, et entraînait l’obéissance quasi-religieuse et aveugle desbourreaux.L’école rivale des « fonctionnalistes » (conduite par Martin Broszat) a cependant nuancél’idée de la toute-puissance du Führer. Comme elle l’a démontré, le Troisième Reich n’ajamais tranché entre le primat du parti unique et celui de l’État, d’où des rivalités depouvoir et de compétence interminables entre les hiérarchies doubles du NSDAP et dugouvernement du Reich. Surtout, l’État nazi apparaît comme un singulier enchevêtrementde pouvoirs concurrents aux légitimités comparables. C’est le principe de la « polycratie »(Martin Broszat).Or, entre ces groupes rivaux, Hitler tranche rarement, et décide peu. Fort peubureaucratique, ayant hérité de sa jeunesse bohème à Vienne un manque total de goût pourle labeur suivi, travaillant de façon très irrégulière (sauf dans la conduite des opérationsmilitaires), le Führer apparaît comme un « dictateur faible » ou encore un « dictateurparesseux » selon Martin Broszat. Il laisse en fait chacun des rivaux libre de se réclamer delui, et il attend seulement que tous marchent dans le sens de sa volonté.Dès lors, a démontré le biographe Ian Kershaw, dont les travaux font la synthèse des acquisdes écoles intentionnalistes et fonctionnnalistes, chaque individu, chaque clan, chaquebureaucratie, chaque groupe fait de la surenchère, et essaye d’être le premier à réaliser lesprojets nazis fixés dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C’est ainsi que la persécutionantisémite va s’emballer et passer graduellement de la simple persécution au massacre puisau génocide industriel. Ce qui explique que le Troisième Reich obéit structurellement à laloi de la « radicalisation cumulative », et que le système hitlérien ne peut en aucun cas sestabiliser.

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Ce « pouvoir charismatique » de Hitler explique aussi que beaucoup d’Allemands soientspontanément allés au devant du Führer. Ainsi, en 1933, les organisations d’étudiantsorganisent d’elles-mêmes les autodafés de livres, tandis que les partis et les syndicats serallient au chancelier et se sabordent d’eux-mêmes après avoir exclu les Juifs et lesopposants au nazisme. L’Allemagne se donne largement au Führer dans lequel ellereconnaît ses rêves et ses ambitions, plus que ce dernier ne s’empare d’elle.Selon Kershaw, le Führer est donc l’homme qui rend possible les plans caressés de longuedate à la « base » : sans qu’il ait nullement besoin de donner d’ordres précis, sa simpleprésence au pouvoir autorise par exemple les nombreux antisémites d’Allemagne àdéclencher boycotts et pogroms, ou les médecins d’extrême-droite, tel Josef Mengele, àpratiquer les atroces expériences pseudo-médicales et les opérations d’euthanasie massivedont l’idée préexistait à 1933.Ce qui explique aussi, toujours selon Ian Kershaw et la plupart des fonctionnalistes, latendance du régime hitlérien à l’« autodestruction ». Le Troisième Reich, retour à l’«anarchie féodale », se décompose en effet en une multitude chaotique de fiefs rivaux. Hitlerne peut ni ne veut y mettre aucun ordre, car stabiliser le régime selon des règles formelleset fixes rendrait la référence perpétuelle au Führer moins importante. C’est ainsi qu’en1943, alors que l’existence du Reich est en danger après la bataille de Stalingrad, tous lesappareils dirigeants du Troisième Reich se disputent pendant des mois pour savoir s’il fautinterdire les courses de chevaux - sans trancher.Le régime substitue donc aux institutions rationnelles modernes le lien féodal d’allégeancepersonnelle, d’homme à homme, avec le Führer. Or, aucun dirigeant nazi ne dispose ducharisme d’Hitler. Le culte de ce dernier existe dès les origines du nazisme et estconsubstantiel au mouvement puis au régime. Chacun ne tire sa légitimité que de son degréde proximité avec le Führer. De ce fait, en l’absence de tout successeur (« En toutemodestie, je suis irremplaçable », propos d’Hitler à ses généraux rapporté par HannahArendt), la dictature de Hitler n’a aucun avenir et ne peut lui survivre (selon Kershaw). Lamort du Troisième Reich et celle de son dictateur se sont d’ailleurs pratiquementconfondues.

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Les Allemands et Hitler L’adhésion des Allemands à sa politique (et plus encore à sa personne) fut importante,surtout au début.

Timbre à l'effigie du Führer publiéen 1944.

L'« autre Allemagne », « une Allemagne contre Hitler»[29] , a certes existé, mais ces expressions mêmessoulignent après coup son caractère désespérémentminoritaire et isolé. Toute opposition a été vite réduitepar l'exil, la prison ou l'internement en camp.Démocrates, socialistes et communistes ont payé parmilliers le plus lourd tribut, ainsi que les Témoins deJéhovah qui refusaient la guerre, le salut nazi et toutsigne d'allégeance à l'idolâtrie entourant le Führer. Ladélation de masse a sévi et plongé le pays dans uneatmosphère de crainte, où nul ne peut plus s'ouvrir sansrisques à son voisin, des enfants endoctrinés allantjusqu'à dénoncer leurs parents.

Rares sont ceux qui au nom de leurs principeshumanistes, marxistes, libéraux, chrétiens oupatriotiques, ou tout simplement par humanité et au nom de leur conscience, oserontdouter du Führer, le braver en s'abstenant du salut nazi, en transgressant les multiplesinterdits de la société nazie, ou en venant en aide à des persécutés - a fortiori en entrant enrésistance active. Par mépris, le très nationaliste écrivain Ernst Jünger appelait HitlerKniebolo dans son journal de guerre. Le communiste Bertold Brecht le mettra en scène sousles traits du gangster Arturo Ui. Le démocrate Thomas Mann le dénoncera à la radioaméricaine, tout en reconnaissant que « cet homme est une calamité, d'accord, mais cen'est pas une raison pour ne pas trouver son cas intéressant. » Pour les étudiants chrétiensde la Rose Blanche, revenus de leurs illusions initiales, il représentait l'Antéchrist[30] . MgrLichtenberg, mort déporté pour avoir prié à Berlin pour les Juifs, dira à la Gestapo: « Je n'aiqu'un seul Führer : Jésus-Christ ».

Malgré son interdiction et la violente répression qui s'abat sur ses membres, le KPDparvient à conserver une organisation clandestine organisé autour de l' « Orchestre rouge», qui diffuse tracts et brochures et infiltre les sommets de l'appareil d'État allemand[31],[32] .Toutefois, la terreur ne suffit pas à expliquer le caractère indéniablement tardif et limité dela résistance allemande à Hitler.Son antisémitisme et son racisme faisaient écho à des préjugés très répandus, mais saufpour une faible minorité, ils ne motivèrent pas le vote Hitler ni le soutien à sa dictature - ilsn'eurent guère non plus d'effet dissuasif. La large popularité du Führer avant-guerre provient surtout du rétablissement brutal del'ordre public, de son anticommunisme, de son opposition au « Diktat » de Versailles, dessuccès diplomatiques et économiques obtenus (notamment l'importante réduction duchômage) et de sa politique de réarmement.Encore qu’il ne faille pas oublier ni les conditions sociales et politiques dans lesquelles les améliorations économiques ont été obtenues, ni les pénibles situations de pénurie alimentaire, l'imposition d'ersatz de pauvre qualité en remplacement des importations

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condamnées par l'autarcie, et le manque de devises dès 1935. En particulier, le pouvoird’achat des ouvriers a baissé entre 1933 et 1939. Les femmes ont été renvoyées de force aufoyer (et 200000 de celles ne présentant pas les garanties de pureté raciale exigées par laloi stérilisées). L’exode rural s’est accéléré. Et les lois nazies encourageant la concentrationdes entreprises et du commerce ont conduit à 400000 fermetures de petites entreprises dèsavant-guerre[33] . Les catégories sociales qui avaient mis leurs espoirs en Hitler sont doncloin d’avoir toujours été satisfaites.

Hitler en parade à Nuremberg,novembre 1935. Aux congrès annuels

du Parti culmine la ferveur populaire àla fois obligatoire et authentique

autour de lui.

Par ailleurs, beaucoup d’Allemands reprennent auprofit de Hitler la distinction ancestrale entre le bonmonarque et ses mauvais serviteurs. Alors que les «bonzes », les privilégiés du Parti-État, sontgénéralement méprisés et haïs pour leurs abus et leurcorruption fréquente, on considère spontanément Hitlercomme exempt de ces tares, et comme un recourscontre eux. Beaucoup d’Allemands ont spontanémentcru que le Führer était laissé dans l’ignorance des «excès » de ses hommes ou de son régime[34] .

En quelques années, Hitler s'est de fait identifié à lanation, canalisant au profit de sa personne le sentimentpatriotique même de citoyens réservés envers lenazisme. L'aspect de « religion civile » revêtu par lenazisme a séduit aussi nombre d'Allemands, et le cultemessianique organisé autour de Hitler a soudé lapopulation autour de lui. Bien des esprits se sont laissésaussi fasciner par l'irrationalisme nazi, avec son culte néo-romantique de la nuit, du sang,de la nature, de son goût des uniformes et des parades, de ses rituels et de ses cérémoniesspectaculaires ressuscitant un univers médiéval ou païen. De même que par l'appel efficaceaux héros mythiques du passé national (Arminius, Barberousse, Frédéric II duSaint-Empire, Frédéric II de Prusse, Andreas Hofer, Otto von Bismarck...) mobilisésrétrospectivement comme précurseurs du Führer providentiel[35] .

Les Églises en tant qu'institutions ont peu cherché à s'opposer à un chancelier pourtantnéo-païen et antichrétien. Malgré maintes tracasseries infligées, Hitler s'est toujours biengardé de mettre en application les projets d'éradication du christianisme nourris par sonbras droit Martin Bormann ou l'idéologue du parti Alfred Rosenberg. Il a joué surl'anticommunisme, l'antiféminisme et les aspects réactionnaires de son programme pourséduire les électorats religieux. La signature du concordat avec le Vatican, en juin 1933, aété un triomphe personnel, qui a lié les mains à l'épiscopat et renforcé sa statureinternationale. Se défendant de « faire de la politique », évêques, curés et pasteurs nes'opposaient que sur des points matériels ou confessionnels et terminaient leurs sermons enpriant « pour la patrie et pour le Führer ». L'encyclique antinazie du pape Pie XI, MitBrennender Sorge (1937), interdite de diffusion par la Gestapo, ne mentionne pas le nom deHitler, et ne condamne que partiellement son régime, ni lui ni aucun de ses partisansn'étant jamais menacés d'excommunication.Contrairement à une légende, Hitler n'était avant 1933 ni le candidat ni l'instrument des milieux d'affaires. Mais le grand patronat s'est vite rallié à lui, et a amplement bénéficié de la restauration de l'économie puis du pillage de l'Europe, allant jusqu'à se compromettre

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souvent dans l'exploitation de la main-d'œuvre concentrationnaire (IG Farben à Auschwitz,Siemens à Ravensbrück)[36] . Alors que tous les éléments conservateurs (militaires,aristocrates, hommes d'Église), ont fourni leur tribut à la (faible) résistance allemande, lepatronat y est resté remarquablement peu présent. Une des rares exceptions estparadoxalement celle de son très ancien partisan Fritz Thyssen, qui rompt avec Hitler etfuit le Reich en 1939, avant de lui être livré l'an suivant par l'État français et interné.L'historien Götz Aly, dans Comment Hitler a acheté les Allemands, insiste quant à lui queles bénéfices matériels de l'aryanisation et du pillage de l'Europe, plus que l'idéologie, ontrendu maints Allemands redevables et complices de leur Führer. Les centaines de trains debiens volés aux Juifs assassinés n'ont pas été perdus pour tout le monde, ni les milliers delogements vacants qu'ils étaient contraints d'abandonner[37] .

Politique économique et sociale Hitler rejette dans un même mépris capitalisme et marxisme. Son nationalisme racistetranscende les clivages traditionnels. Un objectif fondamental pour lui est la reconstitutiond’une « communauté nationale » (Volksgemeinschaft), unie par une race et une culturecommunes, débarrassée des divisions démocratiques et de la lutte des classes, tout commedes Juifs et des éléments racialement impurs, et où l'individu enfin n'a aucune valeur etn'existe qu'en fonction de son appartenance à la communauté. Après les divisions civilesdes années 1920, beaucoup d'Allemands ne demandent qu'à partager ce rêve.Ayant déjà pris ses distances avec la partie socialiste du programme nazi à la fin des années1920, Hitler achève de refuser l'idée d'une révolution sociale après la purge de Röhm et laliquidation des SA. Peu doué lui-même en économie, le Führer fait contre la crise le choixtrès vite d'un pragmatisme brutal, écartant du gouvernement le vieux théoricienéconomique nazi Gottfried Feder au profit du sympathisant et brillant spécialiste plusclassique Hjalmar Schacht, ancien directeur de la Reichsbank. En quelques années,l’économie est remise sur pied entre autres grâce à des emplois publics créés par l’État(autoroutes déjà planifiées sous la République de Weimar, ligne Siegfried, grands travauxspectaculaires de l'ingénieur nazi Fritz Todt, logements également dans la continuité del'œuvre de Weimar, etc.). Le réarmement n’intervient que plus tard (Plan de quatre ans,1936), après relance de l’économie, aidée par une conjoncture de reprise mondiale.Dès mai 1933, les syndicats dissous laissent la place au Front allemand du travail (DAF),organisation corporatiste nazie, dirigée par Robert Ley. Le DAF interdit la grève et permetaux patrons d’exiger davantage des salariés, tout en garantissant à ceux-ci une sécurité del’emploi et une sécurité sociale. Officiellement volontaire, l’adhésion au DAF est de faitobligatoire pour tout Allemand désirant travailler dans l’industrie et le commerce. Plusieurssous-organisations dépendaient du DAF, dont la Kraft durch Freude chargée d'encadrer lesloisirs des travailleurs ou d'embellir leurs cantines et leurs lieux de travail.Entre 1934 et 1937, Schacht a pour mission de soutenir l’intense effort de réarmement duTroisième Reich. Pour atteindre cet objectif, il met en place des montages financiers tantôtingénieux (comme les bons MEFO), tantôt hasardeux, creusant le déficit de l'État. Parailleurs, la politique de grands travaux développe une politique keynésienned’investissements de l’État. D’après William L. Shirer, Hitler diminue également tous lessalaires de 5 %, permettant de dégager des ressources pour relancer l’économie, ce quisemble confirmer selon lui la nature interventionniste de ses directives.

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Le chômage baisse nettement, passant de 6 millions de chômeurs en 1932 à 200000 en1938. La production industrielle a rattrapé en 1939 son niveau de 1929 en ne la dépassantque légèrement. Cependant, Schacht considère que les investissements dans l’industriemilitaire menacent à terme l’économie allemande et souhaite infléchir cette politique.Devant le refus de Hitler qui considère le réarmement comme une priorité absolue, Schachtquitte son poste début début 1939 au profit de Göring. Seuls la fuite en avant dansl'expansion, la guerre et le pillage ont sans doute permis à Hitler d'éviter une grave crisefinancière et économique finale[38] .

Les rêves d’architecte : Hitler et l’art officiel nazi

Albert Speer et Adolf Hitler en 1938

L’architecture était probablement la plus grandepassion de Hitler. S’il se voulait un artiste, il n’acependant jamais rien compris aux arts de son temps,qu’il méprisait et détestait. À Vienne comme à Munich,foyers actifs de l’art moderne, il est passécomplètement à côté des avant-gardes, réservant sonadmiration aux monuments néo-classiques duXIXe siècle. Dès son arrivée au pouvoir, il disperse lesavant-gardes artistiques et culturelles, fait brûler denombreuses œuvres des avant-gardes et contraint desmilliers d’artistes à s’enfuir d’Allemagne. Ceux qui demeurent se voient souvent interdirede peindre ou d’écrire, et sont placés sous surveillance policière. En 1937, Hitler faitcirculer à travers toute l’Allemagne une exposition d’« art dégénéré » visant à tourner endérision ce qu’il qualifie de « gribouillages juifs et cosmopolites ».

Buste d’Hitler réalisé par Arno Brekeren 1938.

Arrivé au pouvoir, il fait surtout valoriser dans lescérémonies nazies la musique de Richard Wagner etcelle de Anton Bruckner, ses favorites. Il encourage un« art nazi » conforme aux canons esthétiques etidéologiques du pouvoir au travers des œuvres de sonsculpteur préféré Arno Breker, de Leni Riefenstahl aucinéma, ou de Albert Speer, son seul confidentpersonnel, en architecture. Relevant souvent de lapropagande monumentale, comme le stade destiné auxJeux olympiques de Berlin (1936), ces œuvres au styletrès néo-classique développent aussi souventl’exaltation de corps « sains », virils et « aryens ».

L’une des obsessions d’Hitler était la transformationcomplète de Berlin. Dès son accession au pouvoir, iltravaille sur des plans d’urbanisme avec son architecteAlbert Speer. Il était ainsi prévu une série de grandstravaux monumentaux à l’ambition démesurée,d’inspiration néo-classique, en vue de réaliser le «nouveau Berlin » ou Welthauptstadt Germania. Laguerre contrariera ces projets, et seule la nouvelle chancellerie, inaugurée en 1939, fut

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achevée. La coupole du nouveau Palais du Reichstag aurait été 13 fois plus grande quecelle de la basilique Saint-Pierre de Rome, l’avenue triomphale deux fois plus large que lesChamps-Élysées et l’arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l’arc detriomphe parisien (40m de haut). Le biographe de Speer, Joachim Fest, discerne à traversces projets mégalomanes une « architecture de mort » (Albert Speer, Perrin, 2001).En pleine guerre, Hitler se réjouira que les ravages des bombardements alliés facilitentpour l’après-guerre ses projets grandioses de reconstruction radicale de Berlin, Hambourg,Munich ou Linz. Dans son bunker, il lui arrivera de rêver de longues heures immobilesdevant une maquette de Linz telle qu’il la voulait reconstruite.

La diplomatie hitlérienne La diplomatie du Troisième Reich est essentiellement conçue et dirigée par Hitler enpersonne. Ses ministres des Affaires étrangères successifs (Konstantin von Neurath puisJoachim von Ribbentrop) relayent ses directives sans faire preuve d’initiatives personnelles.La diplomatie hitlérienne, par son jeu d’alliances, d’audaces, de menaces et de duperies, estun rouage essentiel des buts stratégiques que poursuit le Führer. Ses discours tonitruantsau Reichstag ou aux congrès nazis de Nuremberg scandent les crises diplomatiques qu’ilprovoque successivement ; ils alternent avec ses interviews hypocritement rassurantes auxjournaux étrangers, ou avec ses entretiens accordés aux représentants étrangers.Assimilant complètement son destin personnel au destin de l’Allemagne, et identifiant lecours biologique de sa vie avec la destinée du Reich, Hitler est obsédé par la possibilité deson vieillissement prématuré, et il veut donc pouvoir déclencher sa guerre avant de fêterses 50 ans. Le regard porté par le dictateur sur lui-même a donc un rôle direct dansl’accélération des événements par lesquels il conduit l’Europe à la Seconde Guerremondiale.

L’opposition au traité de Versailles Le 14 octobre 1933, Hitler retire l’Allemagne de la Société des Nations et de la Conférencede Genève sur le désarmement, tout en prononçant des discours pacifistes. Le 13 janvier1935, la Sarre plébiscite massivement (90,8 % de Oui) son rattachement à l’Allemagne.Le 16 mars 1935, Hitler annonce le rétablissement du service militaire obligatoire et décidede porter les effectifs de la Wehrmacht de 100000 à 500000 hommes, par la création de 36divisions supplémentaires. Il s’agit de la première violation flagrante du traité de Versailles.En juin de la même année, Londres et Berlin signent un accord naval, qui autorise le Reichà devenir une puissance maritime. Hitler lance alors un programme de réarmement massif,créant notamment des forces navales (Kriegsmarine) et aériennes (Luftwaffe).

« Voyons ! Réfléchissez ! Rendez- vous compte de ce qui est logique ! » Les Jeux olympiques d'hiver de 1936 à Garmisch-Partenkirchen ont constitué une formidable vitrine pour la propagande, surtout pour faire oublier sa politique du fait accompli et mettre au pied du mur le Royaume-Uni et la France dans ce qu’Hitler projette de faire. En janvier 1936, Bertrand de Jouvenel, jeune journaliste se trouvant aux jeux d’hiver, prend l’initiative de contacter Otto Abetz, représentant itinérant du Reich, pour lui demander une interview d’Hitler. Abetz y voit une bonne opportunité de communication pour contrecarrer la ratification du pacte franco-soviétique par un vote de la Chambre des députés devant avoir lieu le 27 février. La veille de la publication, le propriétaire de

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Paris-Soir, Jean Prouvost, interdit la diffusion de l’article, qui est demandée par le présidentdu conseil Albert Sarraut. Finalement, l’article est publié, le lendemain du vote dans lejournal Paris-Midi du vendredi 28 février[39] .Quel était le but des Allemands ? Faire retarder la publication pour ensuite dire que lesbonnes intentions d’Hitler avaient été cachées aux Français et ainsi adopter descontres-mesures. Pour cette fois-ci, il s’agira de la violation du traité de Versailles et desaccords de Locarno par la remilitarisation de la Rhénanie le 7 mars 1936[40] .Ce que dira Hitler dans son interview dans Paris-Midi est calibré pour le public français etreprésentatif de ses talents de manipulateur. Il dit ainsi sa « sympathie » pour la France etexpose ses volontés pacifiques : « La chance vous est donnée à vous. Si vous ne la saisissezpoint, songez à votre responsabilité vis-à-vis de vos enfants ! Vous avez devant vous uneAllemagne dont les neuf dixièmes font pleine confiance à leur chef, et ce chef vous dit :"Soyons amis !" »[41] .Les réactions à cette interview sont toutes convergentes à travers l’Europe, de Londres àRome en passant par Berlin. Tous les commentateurs saluent les paroles de paix d’Hitler etchacun y voit le début d’un rapprochement à quatre[42] .Dès le 7 mars 1936, Hitler revient sur ses paroles de paix en remilitarisant la Rhénanie,violant une nouvelle fois le traité de Versailles ainsi que les accords de Locarno. C’est uncoup de bluff typique de sa méthode personnelle. Hitler a donné comme consignes à sestroupes de se retirer en cas de riposte de l’armée française. Cependant, bien que l’arméeallemande, à ce moment-là soit bien plus faible que ses adversaires, ni les Français, ni lesBritanniques ne jugent utile de s’opposer à la remilitarisation. Le succès est éclatant pourHitler.

Complaisances à l’étranger La fascination exercée par Hitler dépasse largement à l’époque les frontières del’Allemagne. On compte même à l’étranger plusieurs cas de femmes ayant voulu se suiciderpar amour désespéré pour sa personne.Pour de nombreux sympathisants du fascisme, il incarne l’« ordre nouveau » quiremplacera les sociétés bourgeoises et démocratiques « décadentes ». Certainsintellectuels font ainsi le pèlerinage du congrès de Nuremberg, comme le futurcollaborationniste Robert Brasillach. Le journaliste Fernand de Brinon, premier Français àinterviewer le nouveau chancelier en 1933, sera un militant proche du nazisme, et lereprésentant du régime de Vichy en zone nord dans Paris occupé. Le 13 juin 1933, lepremier ministre fascisant de Hongrie, Gyula Gömbös, est le premier chef de gouvernementétranger à rendre une visite officielle au nouveau chancelier allemand.

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Le premier ministre britanniqueDavid Lloyd George s'affiche avecHitler le 7 juin 1936. Joachim von

Ribbentrop apparaît à l'arrière entreles deux.

Chez les conservateurs de toute l’Europe, beaucoups’obstinent des années à ne voir en Hitler que le rempartcontre le bolchevisme ou le restaurateur de l’ordre et del’économie en Allemagne. La spécificité et la nouveautéradicales de sa pensée et de son régime ne sont pasperçues ; on ne voit en lui qu’un nationaliste allemandclassique, guère plus qu’un nouveau Bismarck. On veutsouvent croire aussi que l’auteur de Mein Kampf s’estassagi avec l’exercice des responsabilités. Au printemps1936, Hitler reçoit spectaculairement à sa résidencesecondaire de Berchtesgaden le vieil homme d’Étatbritannique David Lloyd George, un des vainqueurs de1918, qui ne tarit pas d’éloges sur le Führer et lessuccès de son régime. En 1937, il reçoit de même lavisite du duc de Windsor (l’ex-roi d’Angleterre ÉdouardVIII).

À l’été 1936, Hitler inaugure les Jeux olympiques deBerlin. C’est l’occasion d’un étalage à peine voilé depropagande nazie, ainsi que de réceptions grandioses destinées à séduire les représentantsdes establishments étrangers présents sur place, notamment britannique. Le Grec SpyrídonLoúis, vainqueur du marathon aux premiers jeux de 1896, lui remet un rameau d’oliviervenu du bois d’Olympie. La France a renoncé à boycotter les jeux, et ses sportifs fontpolémique en défilant devant Hitler le bras tendu (le salut olympique ressemblant au salutnazi). Par contre, la délégation américaine s’est refusée à tout geste ambigu lors de sonpassage devant le dictateur. Plus tard, pendant les épreuves, Hitler quitte la tribuneofficielle pour éviter d’avoir à serrer la main du champion noir américain Jesse Owens dontles succès aux épreuves d’athlétisme ridiculisent sous ses yeux ses doctrines sur la «supériorité » raciale des Aryens.

Le 2 janvier 1939, Hitler est élu Homme de l’année 1938 par le Time Magazine.

Les alliances

Timbre à l'effigie d'Hitler et de Mussolini,célébrant l'alliance des deux fascismes.

En juillet 1936, Hitler apporte son soutien auxinsurgés nationalistes du général Franco lors de laguerre d’Espagne. Il fait parvenir des avions detransports pour permettre aux troupes coloniales duMaroc espagnol de franchir le détroit de Gibraltarlors des premiers jours cruciaux de l’insurrection.Tout comme Mussolini, il envoie ensuite du matérielmilitaire ainsi qu’un corps expéditionnaire, laLégion Condor, qui permettra de tester lesnouvelles techniques guerrières, notamment lesbombardements aériens terroristes sur lespopulations civiles, lors de la destruction deGuernica en 1937.

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Hitler et Mussolini durant une visiteofficielle en Yougoslavie occupée

L’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, qui ontcombattu dans deux camps différents sous laGrande Guerre, étaient initialement hostiles pardésaccord sur l’Anschluss. En juin 1934 à Venise,lors de leur première rencontre, Mussolini a toisé dehaut Hitler, vêtu en civil et mal à l'aise face à celuiqui lui a longtemps servi d'inspirateur. Le dictateuritalien empêche en juillet l'annexion de l'Autriche enenvoyant des troupes au col du Brenner aprèsl'assassinat du chancelier autoritaire EngelbertDollfuss par les nazis autrichiens. Mais après ledépart de l’Italie de la Société des Nations, suite àson agression contre l’Éthiopie, et avec leurintervention commune en Espagne, les deuxfascismes se rapprochent et concluent une alliance,une relation décrite par Benito Mussolini commel’Axe Rome-Berlin, fondé en octobre 1936.

En novembre 1936, l’Allemagne et le Japon signentle pacte anti-Komintern, traité d’assistance mutuellecontre l’URSS, auquel se joint l’Italie en 1937. Cette même année Hitler rencontre àNuremberg le prince Yasuhito Chichibu, frère cadet de l’empereur Hirohito, afin deraffermir les liens entre les deux états. En septembre 1940, la signature du Pacte tripartiteentre le Troisième Reich, l’Italie et l’Empire du Japon, formalise la coopération entre lespuissances de l’Axe pour établir un « nouvel ordre ». Ce pacte obligera Hitler à déclarer laguerre aux États-Unis après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, sans bénéfice aucun pourl’Allemagne, puisque sous-estimant un pays qu’il ne connaît pas, il fait entrer en lice contrele Reich l’immense potentiel économique de l’Amérique, hors d’atteinte.

En mai 1939, l’Allemagne et l’Italie signent un traité d’alliance militaire inconditionnel, lePacte d'Acier : l’Italie s’engage à aider l’Allemagne même si celle-ci n’est pas l’agressée.

L’Anschluss Afin de réaliser l’Anschluss, rattachement de l’Autriche au Troisième Reich interdit par letraité de Versailles, Hitler s’appuie sur l’organisation nazie locale. Celle-ci tente dedéstabiliser le pouvoir autrichien, notamment par des actes terroristes. Un coup d’Étatéchoue en juin 1934, malgré l’assassinat du chancelier Engelbert Dollfuss. L’Italie a avancéses troupes dans les Alpes pour contrer les velléités expansionnistes allemandes, et lesnazis autrichiens sont sévèrement réprimés par un régime autrichien de type fasciste.Début 1938, l’Allemagne est davantage en position de force et est alliée avec l’Italie. Hitlerexerce alors des pressions sur le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg, le sommant,lors d’une entrevue à Berchtesgaden en février, de faire entrer des nazis dans songouvernement, dont Arthur Seyss-Inquart au ministère de l’Intérieur. Devant la menacecroissante des nazis, Schuschnigg annonce en mars l’organisation d’un référendum pourconfirmer l’indépendance de l’Autriche.Hitler lance alors un ultimatum exigeant la remise complète du pouvoir aux nazis autrichiens. Le 12 mars, Seyss-Inquart est nommé chancelier, et la Wehrmacht entre en

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Autriche. Hitler franchit lui-même la frontière par sa ville natale de Braunau am Inn, puisarrive à Vienne où il est triomphalement acclamé par une foule en délire. Le lendemain, ilproclame le rattachement officiel de l’Autriche au Reich, ce qui est approuvé parréférendum (99 % de oui) en avril 1938. Le Grossdeutschland (« Grande Allemagne ») étaitainsi créé, avec la réunion des deux États à population germanophone. Rares sont alors lesAutrichiens à s’opposer à la fin de l’indépendance, à l’image de l’archiduc Otto deHabsbourg, exilé.En Autriche annexée, la terreur s’abat aussitôt sur les Juifs et sur les ennemis du régime.Un camp de concentration est ouvert à Mauthausen près de Linz, qui acquiert vite laréputation méritée d’être l’un des plus terribles du système nazi. Le pays natal de Hitler,qui se targua après la guerre d’avoir été la « première victime du nazisme » et refusalongtemps toute indemnisation des victimes du régime, s’est en fait surtout distingué par saforte contribution aux crimes du IIIe Reich. L’historien britannique Paul Johnson[43]

souligne que les Autrichiens sont surreprésentés dans les instances supérieures du régime(outre Hitler lui-même, on peut citer Adolf Eichmann, Ernst Kaltenbrunner, ArthurSeyss-Inquart ou Hans Rautter, chef de la Gestapo aux Pays-Bas occupés) et qu’ils ont enproportion beaucoup plus participé à la Shoah que les Allemands. Un tiers des tueurs desEinsatzgruppen étaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six commandants desprincipaux camps d'extermination et près de 40 % des gardes des camps. Sur 5090criminels de guerre recensés par la Yougoslavie en 1945, on compte 2499 Autrichiens.

Crise des Sudètes et accords de Munich Poursuivant ses objectifs pangermanistes, Hitler menace ensuite la Tchécoslovaquie. Lesrégions de la Bohême et de la Moravie situées le long des frontières du Grossdeutschland,appelé Sudètes, sont majoritairement peuplées par la minorité allemande. Comme pourl’Autriche, Hitler affirme ses revendications en s’appuyant sur les agitations del’organisation nazie locale, menée par Konrad Henlein. Le Führer évoque le « droit despeuples » pour exiger de Prague l’annexion au Reich des Sudètes.Bien qu’alliée à la France (et à l’Union soviétique), la Tchécoslovaquie ne peut compter surson soutien. Paris veut absolument éviter le conflit militaire, incitée en cela par le refusbritannique de participer à une éventuelle intervention. Le souvenir de la Grande Guerreinfluence également cette attitude : si les Allemands ont développé le désir de revanche, lesFrançais entretiennent quant à eux une ambiance générale résolument pacifiste.Le 29 septembre 1938, conformément à une proposition de Mussolini faite la veille, AdolfHitler, le président du Conseil français Édouard Daladier, le Premier ministre britanniqueNeville Chamberlain et le Duce italien Benito Mussolini, réunis dans la capitale bavaroise,signent les accords de Munich. La France et le Royaume-Uni acceptent que l’Allemagneannexe les Sudètes, pour éviter la guerre. En échange, Hitler, manipulateur, assure que lesrevendications territoriales du Troisième Reich s'arrêteront là. Le lendemain, laTchécoslovaquie, qui avait commencé à mobiliser, est obligée de s’incliner. Parallèlement,le IIIe Reich autorise la Pologne et la Hongrie à s’emparer respectivement de la ville deTeschen et du sud de la Tchécoslovaquie.Maître-d’œuvre de la politique d’« apaisement » avec le Reich, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain a alors ce mot fameux : « Hitler est un gentleman ». Mais alors que les opinions publiques française et britannique sont enthousiastes, Winston Churchill commente : « Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur.

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Et vous allez avoir la guerre. » De fait, Hitler rompt sa promesse à peine quelques mois plustard.En mars 1939, la Slovaquie, encouragée par Berlin, proclame son indépendance ; sonleader, Jozef Tiso place son pays sous l’orbite allemande. Hitler, lors d’une entrevuedramatique à Berlin avec le président tchécoslovaque Emil Hácha (remplaçant le présidentdémissionnaire Edvard Beneš), menace de bombarder Prague si la Bohême et la Moravie nesont pas incorporées au Reich. Le 15 mars, Hácha cède, et l’armée allemande entre àPrague sans combat le lendemain. La Bohême et la Moravie deviennent un protectorat duReich, dirigé par Konstantin von Neurath à partir de novembre 1939, puis de 1941 à sonexécution par la résistance tchèque en mai 1942, par le haut chef SS Reinhard Heydrich,surnommé « le boucher de Prague ».En mettant la main sur la Bohême-Moravie, le Reich s’empare par la même occasion d’uneimportante industrie sidérurgique et notamment des usines Škoda, qui permettent deconstruire des chars d’assaut. En annexant des populations slaves et non plus allemandes,Hitler a jeté le masque : ce qu'il poursuit n'est plus le pangermanisme classique mais, ainsiqu'il l'avoue sans fard à ses généraux le 23 mai 1939, la conquête d'un espace vital illimité.

Le Pacte germano- soviétique et l’agression de la Pologne Après l’Autriche et la Tchécoslovaquie, vient le tour de la Pologne. Coincée entre deuxnations hostiles, la Pologne de Józef Piłsudski a signé avec le Reich un traité denon-agression en janvier 1934, pensant ainsi se prémunir contre l’Union soviétique.L’influence de la France, alliée traditionnelle de la Pologne, en Europe centrale a ainsiconsidérablement diminué, tendance qui s’est confirmée ensuite avec le démembrement dela Tchécoslovaquie et la désagrégation de la Petite Entente (Prague, Bucarest, Belgrade),alliance placée sous le patronage de Paris.

La Luftwaffe bombardeVarsovie, septembre 1939.

Au printemps 1939, Hitler revendique l’annexion de la Villelibre de Dantzig. En mars, l’Allemagne a déjà annexé la villede Memel, possession de la Lituanie. Ensuite, Hitlerrevendique directement le corridor de Dantzig, territoirepolonais perdu par l’Allemagne avec le traité de Versailles en1919. Cette région donne à la Pologne un accès à la merBaltique et sépare la Prusse-Orientale du reste du Reich.

Le 23 août 1939, Ribbentrop et Molotov, ministres desAffaires étrangères de l’Allemagne et l’Union soviétiquesignent un pacte de non-agression. Ce pacte est un nouveaurevers pour la diplomatie française. En mai 1935, legouvernement de Pierre Laval avait signé avec l’URSS untraité d’assistance mutuelle, ce qui eut pour conséquence derefroidir les relations de la France avec la Pologne, maisaussi avec les Tories au pouvoir à Londres. Avec le pacte de

non-agression germano-soviétique, la France ne peut plus compter sur l’URSS pourmenacer une Allemagne expansionniste. En outre, la Pologne est prise en tenaille.L’Allemagne et l’URSS ont convenu d’un partage de leurs zones d’influence : Pologneoccidentale pour la première, Pologne orientale (Polésie, Volhynie, Galicie orientale) etPays baltes pour la seconde.

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Le 30 août 1939, Hitler lance un ultimatum pour la restitution du corridor de Dantzig. LaPologne refuse. Cette fois-ci, la France et le Royaume-Uni sont décidés à soutenir le paysagressé. C’est le début de la Seconde Guerre mondiale.

La diplomatie hitlérienne pendant la guerre Une fois la France vaincue en 1940, Hitler satellise les pays d’Europe centrale : Slovaquie,Hongrie, Roumanie, Bulgarie. Hitler obtient l’adhésion de la Hongrie et de la Bulgarie,anciens vaincus de la Première Guerre mondiale, en leur offrant respectivement la moitiéde la Transylvanie et la Dobroudja, cédées par la Roumanie, où le général pro-hitlérien IonAntonescu prend le pouvoir en septembre 1940. À partir de juin 1941, Hitler entraîne laSlovaquie, la Hongrie, et la Roumanie dans la guerre contre l’URSS, ainsi que la Finlande,qui y voit une occasion de réparer les torts de la guerre russo-finlandaise.

Hitler et Mannerheim enFinlande le 4 juin 1942

Cependant, Hitler échoue à faire entrer en guerre l’Espagnefranquiste. Comptant sur la reconnaissance du Caudillo qui agagné la guerre civile espagnole en grande partie grâce àson soutien, il le rencontre à Hendaye le 23 octobre 1940.Hitler espère l’autorisation de Franco pour conquérirGibraltar et couper les voies de communications anglaises enMéditerranée. Prudent, le dictateur espagnol sait quel'Angleterre ne peut plus déjà être envahie ni vaincue avant1941, et que le jeu reste ouvert. Les contreparties exigéespar Franco (notamment des compensations territoriales enAfrique du Nord française), dont le pays est par ailleursruiné et dépendant des livraisons américaines, sontirréalisables pour Hitler, qui souhaite ménager quelque peule régime de Vichy pour l’amener sur la voie de lacollaboration. Sorti furieux de l'entrevue au point dequalifier Franco de « porc jésuite »[44] , Hitler a cependantbénéficié plus tard de l'envoi en URSS des "volontaires"espagnols de la division Azul, qui participe jusqu'en 1943 à tous les combats (et à toutes lesexactions) de la Wehrmacht, et le Caudillo l'a toujours ravitaillé en minerais stratégiques depremière importance.

Au lendemain de l'entrevue de Hendaye, le 24 octobre, Hitler s'arrête à Montoire où lacollaboration d'État française est officialisée au cours d'une entrevue avec Pétain. Lapoignée de main symbolique entre le vieux maréchal et le chancelier du Reich frappe destupeur l'opinion française.En novembre 1941, le Grand Mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, rencontre Adolf Hitleret Heinrich Himmler, souhaitant les amener à soutenir la cause nationaliste arabe. Ilobtient d’Hitler la promesse « qu’une fois que la guerre contre la Russie et l’Angleterresera gagnée, l’Allemagne pourra se concentrer sur l’objectif de détruire l’élément juifdemeurant dans la sphère arabe sous la protection britannique»[45] . Amin al-Husseinirelaie la propagande nazie en Palestine et dans le monde arabe et participe au recrutementde combattants musulmans, concrétisé par la création des divisions de Waffen-SSHandschar, Kama et Skanderberg, majoritairement formées de musulmans des Balkans.Ce soutien des nazis au Grand Mufti de Jérusalem est contradictoire avec la politique antisémite dans les années 1930, qui a pour conséquence l’émigration d’une grande partie

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des juifs allemands vers la Palestine. Quant au Grand Mufti, sa stratégie est guidée par leprincipe selon lequel l’ennemi de ses ennemis (en l’occurrence les Anglais et les Juifs) doitêtre son allié[46] . Du point de vue hitlérien, il s’agit essentiellement d’ébranler les positionsde l’empire britannique au Moyen-Orient devant l’avancée de l’Afrikakorps et de permettrele recrutement d’auxiliaires, notamment pour lutter contre les partisans, alors quel’hémorragie de l’armée allemande devient problématique.

Adolf Hitler en visite à Paris Le 18 juin 1940, Hitler visite Paris pour la première fois, rapidement. Il passe en revue lestroupes des détachements de la Wehrmacht qui défilent devant le maréchal Walther vonBrauchitsch et le général Fedor von Bock, commandant en chef du groupe d’armées B. Lesoir, il rentre à Munich pour rencontrer Benito Mussolini et examiner la demande decessation d’hostilités adressée par Philippe Pétain.Le dimanche 23 juin, il visite une deuxième fois la capitale française, toujours de façonbrève et discrète (trois véhicules) en compagnie d’Arno Breker et Albert Speer,essentiellement pour s’inspirer de son urbanisme (il avait donné l’ordre d’épargner la villelors des opérations militaires). Dès 6 heures du matin, en provenance de l’aérodrome duBourget, il descend la rue La Fayette, entre à l’Opéra, qu’il visite minutieusement. Il prendle boulevard de la Madeleine et la rue Royale, arrive à la Concorde, puis à l’arc detriomphe. Le cortège descend l’avenue Foch, puis rejoint le Trocadéro. Hitler pose pour lesphotographes sur l’esplanade du Trocadéro, dos tourné à la tour Eiffel. Ils se dirigentensuite vers l’École militaire, puis vers les Invalides et il médite longuement devant letombeau de Napoléon Ier. Ensuite, il remonte vers le jardin du Luxembourg qu’il visite,mais ne souhaite pas visiter le Panthéon. Pour finir, il descend le boulevard Saint-Michel àpied, ses deux gardes du corps à distance. Place Saint-Michel, il remonte en voiture. Ilsarrivent alors sur l’île de la Cité, où il admire la Sainte Chapelle et Notre-Dame, puis la rivedroite (le Châtelet, l’hôtel de ville, la place des Vosges, les Halles, le Louvre, la placeVendôme). Ils remontent ensuite vers l’Opéra, Pigalle, le Sacré-Cœur, avant de repartir à8h15. Un survol de la ville complète sa visite. Il ne reviendra plus jamais à Paris[47] ,[48] .

La Seconde Guerre mondiale

En juin 1942 avec son État-Major

Hitler a eu de « brillantes » intuitions, lors de lapremière phase de la Seconde Guerre mondiale. LaWehrmacht applique la Blitzkrieg (guerre éclair,impliquant un emploi massif et concentré desbombardiers et des blindés), qui lui permet d’occupersuccessivement la Pologne (septembre 1939), leDanemark (avril 1940), la Norvège (avril-mai 1940), lesPays-Bas, le Luxembourg et la Belgique (mai 1940), laFrance (mai-juin 1940), la Yougoslavie (avril 1941) et laGrèce (avril-mai 1941).

En particulier, la défaite rapide de la France en juin 1940 est un véritable triomphe pourHitler, qui est acclamé par une foule massive à son retour à Berlin en juillet. Cependant, cetéternel joueur de dés remet tout en jeu en agressant l'URSS le 22 juin 1941, décision àterme fatale.

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La guerre radicalise son régime et lui fait prendre ses traits les plus meurtriers. De mêmeque l'attaque de la Pologne donne le signal du massacre des handicapés mentaux ou de larépression de masse contre les peuples slaves, c'est dans la guerre d'extermination(Vernichtungskrieg) planifiée contre les populations soviétiques que s'élabore notamment laSolution Finale. Toute l'Europe occupée est livrée à la terreur et au pillage, avec des degrésdivers selon le sort qu'Hitler réserve à chaque "race" et à chaque pays.

Les succès et la conquête de l’Europe (1939- 1940) Son mépris total du droit international a facilité la tâche à Hitler, tout comme son absencecomplète de scrupules, ainsi que la passivité frileuse ou la naïveté de nombre de sesvictimes. Ainsi, six de ces pays (Danemark, Norvège, Pays-Bas, Luxembourg, Belgique,Yougoslavie) sont des États neutres, attaqués par surprise, sans même la formalité d’unedéclaration de guerre. Hitler a souvent exprimé à ses proches son sentiment selon lequelles traités diplomatiques ou de non-agression qu’il signait au nom de l’Allemagne n’étaient,pour lui, que des papiers sans réelle valeur, uniquement destinés à endormir la méfianceadverse. Au procès de Nuremberg, le IIIe Reich se verra reprocher la violation de pas moinsde 34 traités internationaux.De même, Hitler n’hésite pas à recourir à des méthodes de terreur pour faire plierl’ennemi. Il ordonne ainsi la destruction par les airs du centre de Rotterdam le 14 mai 1940,ou le terrible bombardement de Belgrade (6-9 avril 1941), en représailles à un putschanti-hitlérien d’officiers serbes hostiles à l’adhésion à l’Axe. La Wehrmacht s’illustre aussidans son avancée par un certain nombre de crimes de guerre, ainsi le massacre de 1500 à3000 soldats noirs des troupes coloniales en France[49] , premières victimes dansl’Hexagone du racisme hitlérien.Autodidacte en matière militaire, Hitler juge que les généraux de la vieille école dominantla Wehrmacht, souvent issus de l’aristocratie prussienne (généralement méprisée par lesnazis qui se considèrent révolutionnaires), sont trop prudents et dépassés par lesconceptions de la guerre moderne (la Blitzkrieg, guerre psychologique). Les succès sontavant tout ceux de jeunes généraux talentueux tels que Heinz Guderian ou Erwin Rommel,qui savent faire preuve d’audace, d’initiatives, et ont une conception de la guerre plusnovatrice que leurs adversaires.

Dans la clairière de Rethondes, justeavant la signature de l'armistice avec

la France, Hitler et ses générauxcontemplent la statue du maréchal

Foch (22 juin 1940).

Toutefois, Hitler lui-même démontre une certainehabileté et audace stratégique. Il est ainsi persuadé quela France ne bougera pas pendant que la Pologne seraenvahie, évitant à l’Allemagne de combattre sur deuxfronts, ce qui est effectivement le scénario de la drôlede guerre. Il est également en grande partie à l’originedu plan dit « von Manstein », qui permet, enenvahissant la Belgique et la Hollande, de piéger lesforces franco-britanniques projetées trop en avant et deles prendre à revers par une percée dans les Ardennesdégarnies, pour isoler le meilleur des troupes adversesacculées à Dunkerque en mai-juin 1940. Cependant, le24 mai, Hitler, redoutant qu'une avance trop rapide ne

fournisse à l'ennemi l'occasion d'une improbable deuxième victoire de la Marne, commet l'erreur d'ordonner à ses troupes de marquer un arrêt devant le port, d’où rembarquent

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alors les 300000 soldats britanniques, ordre qualifié plus tard de « miracle de Dunkerque ».Le 22 juin, dans la clairière de Rethondes, lors de l'Armistice franco-allemand qu'il asymboliquement exigé de voir signer dans la même clairière et le même wagon qu'en 1918,Hitler esquisse de joie un célèbre pas de danse.Avant l’invasion de la Russie un an plus tard, l’Allemagne hitlérienne domine donc l’Europe,ajoutant au printemps 1941 la Yougoslavie et la Grèce à son empire, envahis pour venir enaide à Mussolini, jaloux des succès de Hitler mais lui-même vite empêtré dans les Balkans.Avec ses succès militaires et la disparition de l’influence française en Europe centrale, laSlovaquie, la Hongrie, la Roumanie (dont les champs de pétrole sont une obsessioncontinuelle pour Hitler durant la guerre) et la Bulgarie, en adhérant au Pacte tripartite,tombent dans l’orbite de l’Allemagne, mettant à sa disposition des bases pour de futuresactions.Entre juin 1940 et juin 1941, le seul adversaire de l’Allemagne nazie reste le Royaume-Uni,appuyé par le Commonwealth. Hitler est plutôt enclin à des relations cordiales avec lesAnglais, considérés racialement comme proches des Germaniques. Il espère que legouvernement britannique finira par négocier la paix et qu’il acceptera de se contenter deson empire colonial et maritime sans plus intervenir sur le continent. Hitler compte surl’action de la Luftwaffe, puis les attaques des sous-marins contre les convois demarchandises (bataille de l’Atlantique), pour faire plier le Royaume-Uni.

"Hitler ne préviendra pas: aie toujours ton masque

à gaz". Affichebritannique pendant le

Blitz.

Mais sur ce point, la détermination de Winston Churchill, arrivéau pouvoir le 10 mai 1940, contraste avec les atermoiements deses prédécesseurs. Refusant toute paix de compromis, galvanisantla population britannique, il contrarie les plans du Führer. Dès le15 septembre 1940, la bataille d'Angleterre est virtuellementperdue, l’héroïsme des pilotes de la Royal Air Force ayant faitéchec aux rodomontades de Göring, maître de la Luftwaffe, dontla semi-disgrâce auprès du Führer commence.

Furieux, Hitler ajourne dès le 12 septembre l’opération Seelöwe -son plan de débarquement en Angleterre, au demeurant improvisétrop tardivement à l’été 1940, et irréalisable tant que leRoyaume-Uni a encore sa flotte navale et aérienne. Il déchaînealors les bombardements terroristes sur les populations civilesbritanniques : le Blitz s’abat chaque jour sur les cités anglaises, enparticulier sur Coventry, rasée par l’aviation allemande le 26novembre 1940, ou sur la vieille City de Londres, incendiée notamment dans les nuits dedécembre 1940 et du 10-11 mai 1941. Mais la détermination populaire britannique resteintacte.

En 1942, en représailles aux premiers grands raids britanniques sur les cités allemandes,Hitler ordonnera encore de détruire une à une les villes d’art britanniques par les airs (les «raids Bädecker », du nom d’un guide touristique célèbre), de même qu’il déchaînera en1944 les V1 et les V2 sur l’Angleterre. Sans plus de succès.Par ailleurs, la guerre sous-marine à outrance rapproche le Royaume-Uni des États-Unis,soucieux de la liberté de commerce et de navigation. Hitler commence à considérer que laguerre avec l’Amérique, foyer du capitalisme juif à ses yeux, devient inéluctable.

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Erreurs et premiers échecs (1941)

"Alors, je vois que toi aussi tu as des ennuis ?".Caricature soviétique dressant le parallèle entre les

campagnes de Russie de Napoléon et d'Hitler.

Hitler s’avère aussi et surtout être uncommandant en chef brouillon etimprévisible, dédaigneux de l’opinion deson état-major. Il peut compter sur la trèsgrande servilité de celui-ci, et en premierlieu du chef de l’Oberkommando derWehrmacht (OKW, haut commandementdes forces armées), Wilhelm Keitel. ChezHitler, un manque fréquent de réalisme sedouble souvent d’impairs stratégiques. Enoutre, le Führer est inconscient de bien desproblèmes du front. Comme Adolf Hitleraccueille très mal les mauvaises nouvelleset tout ce qui ne correspond pas à ses

plans, ses subordonnés hésitent à lui transmettre certaines informations.

Sa première grave erreur a été d’ouvrir un deuxième front, en envahissant l’immense Unionsoviétique sans avoir terminé la guerre contre le Royaume-Uni. Toujours persuadé d’avoirune tâche monumentale qu’il aura du mal à réaliser en une seule vie, il souhaite attaquerl’URSS, principal réservoir d'"espace vital" et ennemi principal doctrinal, dans des délaisrapides. À partir de décembre 1940, il planifie une guerre d'extermination terroriste à l'Est: il ne s'agit pas seulement de détruire le bolchevisme, mais au-delà, comme déjà enPologne asservie, de détruire l'État, de réduire les populations civiles à l'état d'esclaves etde sous-hommes, de vider par les massacres et les déportations les territoires conquis deleurs Juifs et de leurs Tziganes, afin de laisser la place à des colons allemands.

Au lancement de l’opération Barbarossa contre l’Union soviétique en juin 1941, Hitler,considérant que l’Armée rouge s’écroulera rapidement, envisage d’atteindre avant la fin del’année une ligne Arkhangelsk-Astrakhan. Il interdit à ses troupes d'emporter du matérield'hiver.Il divise son armée en trois groupes : le Groupe d’armée Nord (GAN) ayant pour objectifLeningrad, le Groupe d’armée Centre (GAC) ayant pour objectif Moscou, et le Grouped’armée Sud (GAS) ayant pour objectif l’Ukraine. À ce dispositif s’ajoutent les alliésfinlandais au Nord, hongrois, roumains et italiens au Sud, ces derniers étant considéréscomme peu fiables par Hitler et son état-major.En août 1941, Hitler donne la priorité à la conquête de l’Ukraine, objectif économiqueprimordial avec ses terres céréalières et ses mines, par le GAS, mais aussi objectifstratégique, car une très grosse part de l'Armée Rouge est concentrée autour de Kiev :marcher directement sur Moscou avant d'avoir détruit ces réserves, comme le voudraientde nombreux généraux allemands, exposerait dangereusement le flanc de la Wehrmachtaux yeux de Hitler. Ce faisant, le Führer oblige le GAC à stopper, alors qu’il était parvenu à300 kilomètres de Moscou. L’offensive sur ce secteur reprend en octobre, mais cecontretemps fait intervenir un adversaire redoutable : l’hiver russe.

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Fosse commune de quelques-uns des3,5 millions de prisonniers soviétiques

exterminés par les nazis.

Hitler a négligé ce facteur autant qu’il a sous-estimé,par haine des Slaves et du communisme, la qualité et lacombativité des « sous-hommes » soviétiques. Sonracisme lui fait aussi interdire formellement à l'arméed'invasion de se chercher des alliés parmi lesnationalistes locaux et les ennemis du régime stalinien.

Au contraire, les déchaînements de cruautés contre lescivils et la mise en œuvre des crimes de masseprémédités aliènent très vite à Hitler les populationssoviétiques, rejetées dans les bras d'un Staline qui saitproclamer l'union sacrée. L’arrivée de troupes fraîchesde Sibérie permet de dégager Moscou et de faire reculer des Allemands mal préparés auxdures conditions climatiques. La Wehrmacht a alors perdu 700000 hommes (tués, blessés,prisonniers), soit un quart de son effectif sur ce front.

Le 19 décembre 1941, alors que la retraite menace de se transformer en débacleincontrôlable comme celle qui avait fait disparaître la Grande Armée napoléonienne en1812, Hitler prend directement le commandement de la Wehrmacht sur le front russe,évinçant le général von Brauchitsch ainsi que Guderian, von Bock et von Rundstedt. Ilinterdit catégoriquement toute retraite, tout repli même stratégique, allant jusqu'à fairecondamner à mort des officiers et des généraux qui en effectuent en lui désobéissant. Lesordres draconiens du Führer parviennent de fait à stabiliser le front à quelque 150km deMoscou, au prix de terribles souffrances des soldats.Désormais, la guerre-éclair a fait son temps et Hitler a perdu tout espoir d'une guerrecourte. De surcroît, c'est au même moment qu'il déclare la guerre aux États-Unis, le 11décembre 1941, peu après l'attaque de Pearl Harbour le 7, dont ses alliés japonais nel'avaient même pas prévenus, et sans bénéfice aucun pour le Reich, puisque l'empirejaponais ne déclare nullement la guerre à l'URSS. Le Führer a fait donc inconsidérémententrer en lice le plus grand potentiel économique du monde, hors d'atteinte de ses Panzeret des bombardiers.Hitler est désormais le maître absolu de l'armée et des opérations (même Staline laisseaprès 1942 la bride sur le cou à ses généraux, tandis que Churchill, Roosevelt et de Gaullene prennent guère que des décisions politiques). Si l'échec frustrant devant Moscouradicalise encore ses projets meurtriers (sa décision d'exterminer tous les Juifs d'Europe estprise au moment du ralentissement de l'avancée en Russie[réf. nécessaire]), Hitler disposeencore de forces armées redoutables et reste pour l'heure le maître tout-puissant del'Europe conquise, des portes de Moscou à l'Atlantique.

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Le maître de l'Europe occupée : exploitation et terreur L'« Ordre Nouveau » promis par la propagande nazie n'a jamais signifié pour Hitler que ladomination absolue et l'exploitation systématique de son « espace vital » par la « race desSeigneurs ».

L'« ordre nouveau » de Hitler vu par laRésistance polonaise.

Partout les économies locales sont donc placées soustutelle, et mises en coupe réglée au profit exclusif duIIIe Reich et de son effort de guerre. Des tributsfinanciers exorbitants sont exigés des vaincus, lesmatières premières drainées en Allemagne ainsi que lesproduits agricoles et industriels (sans oublier lesœuvres d'arts, dont des trains entiers sont raflées parGöring et Rosenberg). Le pillage de l'Europe occupéeest d'autant plus radical que Hitler tient absolument àmaintenir un haut niveau de vie à la populationallemande même en pleine guerre, pour éviter que nese reproduise la révolte de novembre 1918.

Le 21 mars 1942, pour pallier la pénurie demain-d'œuvre causée par la mobilisation massive desAllemands sur le front de l'Est, Hitler nomme legauleiter Fritz Sauckel, « négrier de l'Europe », plénipotentiaire au recrutement destravailleurs . Placé sous l'autorité directe du seul Führer, Sauckel parvient, à force dechasses à l'homme et de rafles massives à l'Est, et en usant à l'Ouest davantaged'intimidations et de mesures coercitives (conscription du travail et STO), à amener en deuxans plus de 8 millions de travailleurs forcés sur le territoire du Grand Reich. Parmi eux, lestravailleurs polonais et soviétiques (Ostarbeiter) ont été soumis à un traitement brutal etextrêmement discriminatoire, leur laissant à peine le minimum vital pour subsister[50] .

Parallèlement, le 8 février 1942, Hitler a chargé son confident et architecte préféré, lejeune technocrate Albert Speer, de réorganiser l'économie de guerre du Reich. Trèsefficace, Speer obtient des résultats significatifs qui prolongent la guerre. Mais il ne metlongtemps à vaincre les réticences de Hitler à proclamer la guerre totale voulue parGoebbels, le Führer ne voulant pas imposer aux Allemands des sacrifices susceptibles denuire à son image et de les pousser à la révolte.Himmler de son côté exploite jusqu'à la mort la main-d'œuvre forcée des camps deconcentration, dont le taux de mortalité explose littéralement à partir de début 1942. Le 9décembre 1941, Hitler a pris personnellement le sinistre décret Nacht und Nebel, cosignépar Keitel, qui prévoit de faire littéralement disparaître les résistants déportés « dans lanuit et le brouillard » (expression empruntée par le Führer à un opéra de Wagner). Au seinde l'enfer concentrationnaire nazi, ce sont donc les détenus de toute l'Europe classés « NN» qui connaîtront les pires traitements et le taux de mortalité le plus terrifiant.La domination nazie réintroduit largement en Europe des pratiques disparues depuis leXVIIIe siècle : torture, prise d'otages, réduction des populations en esclavage, destructionde villages entiers deviennent des pratiques banales qui signent la brève hégémonie deHitler.On peut y ajouter l'enrôlement forcé dans les troupes allemandes des Malgré-Nous alsacien-mosellans ou polonais, dont les territoires annexés sont soumis à une intense

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germanisation forcée. Ou l'enlèvement aux mêmes fins de germanisation de centaines demilliers d'enfants européens aux traits « aryens », confiés aux Lebensborn que superviseMartin Bormann, secrétaire du Führer.Hitler a ainsi personnellement fixé le taux draconien de 50 otages à fusiller par soldatallemand blessé, et de 100 par soldat allemand tué. Strictement appliqué à l'Est, faisant desvictimes par dizaines de milliers, ces représailles massives sur les civils sont plus «modérées » à l'Ouest, où le racisme hitlérien ne méprise pas autant les populations, et où ilfaut tenir compte du plus haut niveau de développement et d'organisation des sociétés.Elles n'en sont pas moins appliquées.

Pendaison de civils polonais, 26 juin1942

Aussi, après une série d'attentats inauguré par le coupde feu du colonel Fabien contre un officier allemand enplein Paris, Hitler ordonne personnellement l'exécutiond'un certain nombre d'otages, qui seront fusillésnotamment au camp de Châteaubriant. En mars 1944,lorsque la Résistance italienne tue 35 soldats allemandsdans Rome occupée, Hitler exige que cent otages soientfusillés pour chaque tué : le maréchal Kesselring «réduit » le taux au demeurant irréaliste à dix pour un,et ce sont tout de même 355 Italiens qui périssent auxFosses Ardéatines.

Le 10 juin 1942, suite à l'exécution de son fidèle Heydrich par la résistance tchèque, Hitlerordonne la destruction totale du village de Lidice.Le 17 juin 1944, quand le maréchal Rommel lui demande de faire passer en jugement lesresponsables du massacre d'Oradour-sur-Glane, préjudiciable aux relations avec Vichy,Hitler se contente de le rabrouer en lui ordonnant de ne pas se mêler de politique.

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Des revers à la débacle (1942- 1944) Pendant l’offensive d’été en Russie du Sud en 1942, Hitler répète l’erreur de l’annéeprécédente en divisant un groupe d’armée en deux, le rendant ainsi plus vulnérable. Legroupe A se dirige vers le Caucase et ses champs de pétrole, le groupe B se dirige versStalingrad.

« Nous détruirons l'ennemi sans pitié». Affiche soviétique, 1943.

Cette ville industrielle qui porte le nom de sonadversaire devient pendant des mois un enjeusymbolique démesuré, théâtre dramatique d'un dueldirect entre Adolf Hitler et Joseph Staline. Après unebataille acharnée rue par rue, maison par maison voirepièce par pièce, la VIe Armée de Friedrich Paulus seretrouve encerclée dans la ville. Hitler interdit toutetentative de sortie qui abandonnerait la ville, et toutecapitulation. En janvier 1943, il nomme Paulusmaréchal : aucun maréchal allemand n'ayant jamaiscapitulé, il escompte que Paulus se suicidera plutôt quede se rendre. Peine perdue: la capitulation du nouveaupromu à Stalingrad, le 30 janvier 1943, a unretentissement mondial immense et marque le tournantde la guerre à l'Est.

Si Hitler a froidement sacrifié une armée de 300000hommes à Stalingrad, son obsession à maintenir lestroupes épuisées dans la ville en ruines n'est cependantpas due qu'à un orgueil insensé de sa part ou qu'à sonfanatisme, ainsi qu'il est généralement avancé. Les 100000 Allemands survivants encerclésfixaient aussi plus de 500000 Soviétiques, soulageant d'autant le gros de la Wehrmacht, quipendant ce temps se replie en bon ordre en Ukraine, d'où elle peut vite relancer descontre-offensives. Au demeurant, vues les conditions de vie et la mortalité dans une URSStout entière affamée par l'invasion hitlérienne, les rescapés de Stalingrad n'auraient pasdavantage survécu à leur captivité si elle avait commencé plus tôt[51] .

Au même moment, Rommel est chassé d'Afrique du Nord par les Alliés, et le refus obstinéde Hitler d'évacuer la Tunisie coûtera encore 250000 prisonniers à l'Axe en mai 1943.Très réservé sur l'offensive de Koursk - sa dernière sur le front de l'Est, et la plus grossebataille de blindés de l'Histoire - Hitler ne fait aucune difficulté pour l'arrêter, le 13 juillet1943, quant à son échec flagrant vient s'ajouter le débarquement allié en Italie, qui l'obligeà dégarnir le front russe et qui précipite le renversement de son collègue Mussolini. Cedernier, l'un des rares hommes pour qui Hitler conserve un sentiment de camaraderie, estlibéré par un commando SS sur ses ordres, mais il n'est plus désormais qu'un collaborateurdes nazis, à la tête d'une République de Salo fantoche.

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Affiche américaine ridiculisant Hitler.

Jusqu’à la débâcle de 1945, Hitler continue d'ordonnerperpétuellement à ses troupes, sur quelque front que cesoit, de ne pas reculer, en dépit des rapports de forcelargement en faveur des Soviétiques ou des Alliés, oudes conditions du terrain, qu’il ne constate jamais surplace.

Dans la nuit du 6 juin 1944, Jodl refuse de réveiller leFührer alors que les parachutistes sautent sur laNormandie et que 4126 navires alliés prennent d'assautla « forteresse Europe » et percent le Mur del'Atlantique construit sur ses ordres. Cependant, lalégende répandue qui veut que l'Allemagne ait perdu laguerre à cause des sommifères pris la veille par Hitlerest infondée : qu'il ait dormi ou non, il n'aurait pas étéquestion de réagir sans au moins quelques heures derecul pour apprécier la situation[52] .

Intoxiqué par les services alliés (opération Fortitude), Hitler retarde l’envoi dePanzerdivisionen pour rejeter les forces débarquées, pensant que l’opération Overlord estune diversion et que le vrai débarquement doit avoir lieu dans le Pas-de-Calais. Il nechangera pas d'avis avant la fin de la bataille de Normandie. En août 1944, il ordonne augénéral von Kluge d’effectuer une contre-attaque à Mortain pour sectionner la percée destroupes américaines à Avranches. Cependant, les troupes allemandes engagées dans cetteopération ne peuvent avancer jusqu’à leurs objectifs en raison des bombardements massifs,et elles sont prises dans une nasse refermée par George Patton et Montgomery, dans lapoche de Falaise où 50000 Allemands sont fait prisonniers.

Varsovie insurgée anéantie par lesAllemands, été 1944

Le 25 août 1944, Paris est libérée, intacte, bien que leFührer eut ordonné sa destruction. Le général Dietrichvon Choltitz, commandant les troupes allemandes dansla capitale française, a refusé d’obéir à cet ordre audemeurant peu réalisable. La capitale de la Pologne n’apas la même chance, car après l’insurrection deVarsovie, en août-septembre 1944, la ville, déjà détruiteà 50 % par les combats, est rasée ensuite à 90 % surordre personnel d’Hitler ; les civils sont déportés et onrelève près de 200000 morts.

Fin 1944, malgré la perte de la France et de la Belgiqueà l'Ouest, de la Grèce et du sud de la Yougoslavie à l'Est, Hitler a réussi à stabiliser lesfronts sur le Rhin, la Vistule et le Danube, et se montre encore capable de lancer uneoffensive dans les Ardennes. En s'emparant de la Hongrie, il a empêché le régent MiklósHorthy de virer de bord comme l'ont fait la Roumanie et la Bulgarie, sans négliger aupassage de faire déporter en 56 jours plus de 500000 Juifs hongrois à Auschwitz par le zéléEichmann. Grâce aux millions de travailleurs forcés, l'économie de guerre allemandeconfiée à Speer continue à produire à plein régime, malgré les bombardements alliés surles villes du Reich. Hitler parvient donc à retarder sensiblement l'échéance finale et àremporter des succès jusqu'à la fin.

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S'il est devenu évident pour tous, jusqu'au sein même de ses serviteurs, que la défaite estinéluctable et qu'Hitler mène l'Allemagne à la catastrophe, aucune cessation des combatsn'est possible tant qu'il reste en vie. Or en Allemagne même, Hitler exerce une lourderépression après avoir survécu à l'attentat du 20 juillet 1944.

Attentats contre sa personne et complot du 20 juillet 1944 Le pouvoir absolu de Hitler ne cesse de se renforcer au cours de la guerre. Ainsi en avril1942, lors d’une cérémonie au Reichstag, il se fait donner officiellement droit de vie et demort sur chaque citoyen allemand.Tandis que l'étoile de Göring pâlit, et que son successeur désigné Rudolf Hess s'estmystérieusement enfui en Écosse en mai 1941, son secrétaire particulier Martin Bormanns'affirme de plus en plus comme une éminence grise, filtrant les accès à Hitler, gérant sesbiens et jouant un rôle actif dans la mise en œuvre des projets nazis en Europe.Ses victoires de 1939-1941 ont renforcé la croyance de la population dans son infaillibilité,et rendu impossible la tâche de ceux qui voudraient le renverser. Même de futurs résistantscomme le pasteur Martin Niemöller, les étudiants martyrs de la Rose blanche à Munich oule comte de Stauffenberg, héros de l’attentat du 20 juillet 1944, ont été initialement séduitspar la personne charismatique du Führer et par ses succès[53] .Cependant, si le soutien au moins passif des masses reste pratiquement acquis jusqu’à lafin, depuis la crise des Sudètes en 1938, des individus ou des groupes isolés ont comprisque seule la mort de Hitler peut encore permettre d’éviter un désastre total à l’Allemagne.La « chance du diable » (Kershaw) assez peu ordinaire dont bénéficie Adolf Hitler lui apermis d'échapper de peu à plusieurs tentatives d’assassinat. Mais il faut aussi compteravec la difficulté d'accéder à lui puisqu'il se terre dans son QG prussien après 1941, sonincapacité à se tenir à des horaires réguliers et prévisibles, la foule ou la garde SS quil'entourent, et ses précautions prises - ses déplacements de guerre sont secrets, le fond desa casquette est blindé, il porte un gilet pare-balles et ses aliments sont goûtéspréalablement par son médecin[54] . En novembre 1938 à Munich, le catholique suisseMaurice Bavaud a tenté de tirer sur lui, il sera guillotiné. Le 8 novembre 1939, lors de lacommémoration annuelle de son putsch manqué à la brasserie Bürgerbräukeller, Hitleréchappe à un attentat orchestré par Johann Georg Elser. La bombe explose 20 minutesaprès le départ d’Hitler qui avait dû écourter son discours à cause des mauvaisesconditions climatiques l’obligeant à prendre le train plutôt que l’avion.Au fur et à mesure que l’issue de la guerre se précisait dans le sens d’une défaite, plusieursgradés ont comploté avec des civils pour éliminer Hitler. Bien que les Alliés aient expriméle choix d’une reddition sans conditions lors de la conférence d'Anfa, en janvier 1943, lesconjurés espèrent renverser le régime afin de négocier un règlement politique du conflit.Parmi eux, l’amiral Wilhelm Canaris, chef de l’Abwehr (services secrets), Carl FriedrichGoerdeler, l’ancien maire de Leipzig, ou encore le général Ludwig Beck. Ce dernier, aprèsla défaite de Stalingrad, met en marche le complot sous le nom d’opération Flash, mais labombe placée le 13 mars 1943 dans l’avion de Hitler, en visite sur le front de l’Est,n’explose pas.Le 20 juillet 1944 à 12h42, à la Wolfsschanze, Hitler est blessé dans un attentat lors d’une tentative de coup d'État d’officiers organisée par Claus von Stauffenberg, qui est durement réprimée. Compromis, les maréchaux Erwin Rommel et Günther von Kluge sont contraints au suicide, tandis que l’amiral Canaris est envoyé dans un camp de concentration où il sera

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assassiné par pendaison à l’approche des Alliés, aux côtés du pasteur Dietrich Bonhoeffer.En tout, plus de 5000 personnes sont arrêtées et assassinées au cours de la répression. Envertu du principe totalitaire de la responsabilité collective, et se référant aux antiquescoutumes de vengeance des peuplades germaniques (Sippenhaft), Hitler fait envoyer lesfamilles des conjurés dans des camps de concentration. Les conjurés, maltraités etridiculisés, sont traînés devant le Tribunal du Peuple de Roland Freisler, qui les abreuved’injures et d’humiliations au cours de parodies de justice n’essayant même pas derespecter les apparences élémentaires du droit, avant de les envoyer à la mort. Beaucouppérissent pendus à des crocs de boucher à la prison berlinoise de Plotzensee. Hitler fitfilmer les exécutions pour pouvoir les visionner avec ses fidèles dans sa salle privée, bienqu’il semble que les films ne furent finalement jamais projetés.

La défaite finale et la mort

Aux abois Les ordres de Hitler à ses troupes deviennent de plus en plus irréalistes compte tenu del’écrasante supériorité de l’Armée rouge et des Alliés. Les réunions entre Hitler et son chefd’état-major (depuis juillet 1944) Heinz Guderian sont de plus en plus houleuses et cedernier finit par être renvoyé le 28 mars 1945.

« Hitler doit mourir pour quel'Allemagne vive » : graffiti sur une

baraque du camp de la mort deBuchenwald, libéré par l'armée

américaine, avec Hitler pendu eneffigie (avril 1945).

Devant ses proches, Hitler déclare que les « armesmiracles » vont renverser la situation (dont les V1 etV2, les premiers missiles, assemblés notamment dans letunnel mortifère du camp de concentration deDora-Mittelbau, ou encore les premiers chasseurs àréaction Messerschmitt Me 262), ou encore que demême que son héros Frédéric II de Prusse avait jadisété sauvé par un retournement d’alliance in extremis,de même les Alliés arrêteront de combattre le IIIe Reichpour s’attaquer à l’Union soviétique.

En fait, depuis la conférence de Casablanca en janvier1943, les Alliés sont sans ambiguïté sur l’exigenced’une capitulation sans condition et sur ladénazification de l’Allemagne et le châtiment descriminels de guerre. Quant aux « armes nouvelles »,elles auraient été tout à fait insuffisantes, et Hitler a lui-même gâché ses dernières chancesen affichant longtemps son mépris pour les « sciences juives » dont la physique nucléaire(une des causes du retard pris aux recherches sur la bombe atomique), ou encore enexigeant, contre l’avis de tous les experts, de construire les avions à réaction non pascomme chasseurs, ce qui aurait pu faire basculer la guerre aérienne, mais commebombardiers - pour pouvoir reprendre la destruction des villes anglaises.

Dans les derniers mois du conflit, Hitler, dont la santé décline rapidement, n’apparaît plus en public, ne parle plus guère à la radio, et reste la plupart du temps à Berlin. C’est Joseph Goebbels, le chef de la propagande, par ailleurs commissaire à la défense de Berlin et responsable de la Volksturm, qui se charge d’exhorter les troupes et les foules. Le lien entre les Allemands et le Führer se distend. Hitler n’a jamais visité une ville bombardée ni un hôpital civil, il n’a jamais vu aucun des réfugiés qui fuient l’avancée de l’Armée rouge

Adolf Hitler 41

par millions à partir de janvier 1945, il ne se rend plus de longue date au chevet de soldatsblessés, et a cessé depuis fin 1941 de prendre ses repas avec ses officiers ou ses soldats. Saglissée hors du réel s’accentue.

Officier nazi de la Volksturm suicidéauprès d'un portrait lacéré du Führer,

printemps 1945

Convaincu que le peuple allemand ne mérite pas de luisurvivre puisqu’il ne s’est pas montré le plus fort, Hitlerordonne le 19 mars 1945 une terre brûlée d’uneampleur inégalée, incluant la destruction desindustries, des installations militaires, des magasins etdes moyens de transport et de communications, maisaussi des stations thermiques et électriques, desstations d’épuration, et de tout ce qui est indispensableà la survie élémentaire de ses concitoyens. Cet ordre nesera pas respecté. Albert Speer, ministre de l’armementet architecte du Reich, a prétendu devant le tribunal deNuremberg qu’il avait pris les mesures nécessairespour que les directives de Hitler ne soient pasaccomplies par les gauleiters.

En avril 1945, le Reich est aux abois : le Rhin franchi par les Occidentaux le 23 mars, lesvilles matraquées par des bombardements quotidiens, les réfugiés fuyant en masse de l’Est,les Soviétiques approchant de Vienne et de Berlin. Dans les rues assaillies de ces deuxvilles, les SS pendront encore en public ceux qui parlent de cesser un combat sans espoir.Sur des cadavres de civils pendus à des lampadaires, des pancartes précisent par exemple :« Je pends ici parce que j’ai douté de mon Führer », ou « Je pends ici parce que je suis untraître ». Les dernières images d’Hitler filmées, en pleine bataille de Berlin, le montrentdécorant ses derniers défenseurs : des enfants et des pré-adolescents.

Les dix derniers jours

Journal américain annonçant la mortd’Hitler

Le 20 avril, les hauts dirigeants nazis viennent unedernière fois saluer hâtivement leur maître pour sonanniversaire, avant de tous s'enfuir précipitamment loinde Berlin, attaquée par l'Armée Rouge. Terré au fond de son Führerbunker, Hitler refuse departir pour la Bavière et choisit de rester à Berlin pourmieux mettre en scène sa mort. Au cours de séancesquotidiennes de plus en plus orageuses, tandisqu'au-dehors la plus grande bataille de la guerre faitrage, il continue à ordonner d'impossibles manœuvrespour délivrer la capitale vite encerclée. Le 22 avril,comprenant la vanité de ces tentatives, il entre dansl'une de ses plus terribles colères, avant de s'effondreren reconnaissant enfin pour la première fois que « laguerre est perdue » (« Das Krieg ist verloren »). Ladécision du suicide est prise dans les jours suivants.

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Le 23, Albert Speer revient en avion dans Berlin assaillie pour refaire ses adieux à Hitler. Illui avoue avoir saboté la terre brûlée, sans réaction du dictateur, et s'en va en n'ayantobtenu qu'une molle poignée de main de son idole.Les dernières crises internes du régime ont lieu quand le soir du 25, Hermann Göring,toujours nominalement héritier de Hitler, lui envoie de Bavière un télégramme luidemandant s'il peut prendre la direction du Reich conformément aux dispositions de 1941.Persuadé par Bormann d'y voir à tort un ultimatum et un coup de force du Reichsmarshall,Hitler, furieux, destitue Göring et le fait assigner à résidence par les SS.Sa fureur redouble le 27 quand la radio alliée lui apprend que son fidèle Himmler a tenté àson insu de négocier avec les Occidentaux[55] : aussitôt, il fait arrêter et fusiller dans lesjardins de la chancellerie le propre beau-frère d'Eva Braun, le responsable SS HermannFegelein, agent de liaison de Himmler.Dans la nuit du 29 avril, après avoir épousé Eva Braun, Hitler dicte à sa secrétaire TraudlJunge un testament privé puis politique, exercice d'autojustification où il nie saresponsabilité dans le déclenchement de la guerre. Curieusement, le texte ne dit mot dubolchevisme, au moment même où les Soviétiques s'emparent de Berlin. Par contre,l'obsession antisémite de Hitler y apparaît toujours intacte. Il exclut Himmler et Göring duNSDAP, écarte Speer, Ribbentrop et Keitel, promeut Goebbels à la chancellerie et confie latête de ce qui reste du Reich au grand amiral Karl Dönitz.Le 30 avril vers 15h30, alors que l’Armée rouge n’est plus qu’à quelques centaines demètres, Adolf Hitler se suicide en compagnie d’Eva Braun. On suppose généralement que lepoison utilisé par Eva Braun était du cyanure de potassium, mais Ian Kershaw soutient quele poison fourni à tous les occupants du bunker était de l’acide prussique. Hitler se donne lamort d'une balle dans la bouche. On retrouvera son arme de service à ses pieds.Une affirmation fréquente est qu'il aurait mordu la capsule juste avant ou presque en mêmetemps qu’il se tira une balle dans la tempe[56] , mais Kershaw affirme qu’il est impossible detirer juste après avoir mordu un tel poison, et que le corps de Hitler n'ayant pas dégagél'odeur d'amande amère caractéristique de l'acide prussique et constatée sur celui d'EvaBraun, il faut conclure à la mort par balle seule ; de nombreuses autres thèses circulent,impliquant parfois qu’un autre ait tiré la balle, mais elles sont classées comme fantaisistes.Pour ne pas voir son cadavre emporté en trophée par l'ennemi (Mussolini a été fusillé le 28par les partisans italiens et son corps pendu par les pieds devant la foule à Milan), Hitleravait donné l'ordre de l'incinérer. C'est aussitôt chose faite par son chauffeur Erich Kempkaet son aide de camp Otto Günsche, dans un cratère de bombe près du bunker. La pluied'obus soviétiques labourant Berlin a presque certainement détruit l'essentiel des deuxcorps.

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Découverte du camp de Dachau, 29avril 1945.

Refusant de survivre à son maître malgré ses ordres, etconsidérant qu'il n'y a plus de vie imaginable dans unmonde sans national-socialisme, Goebbels se suicide lelendemain avec sa femme Magda, après avoirempoisonné leurs six enfants.

Ce même 1er mai, la radio apprend aux Allemands lamort de leur dictateur, en laissant croire qu'il a été tuéle jour même et les armes à la main. Le 2 mai, aprèsavoir signé la capitulation de Berlin, le généralWeidling rétablit la vérité au micro et accuse AdolfHitler d'avoir abandonné « en plan » (im Stich) soldatset civils. Dans les villes ruinées ou sur les routes, lamasse des Allemands d'abord soucieuse de survie restera plutôt indifférente à la fin deHitler[57] .

Le 4 mai, la 2e DB du général Leclerc s'empare symboliquement du Berghof, la résidencedu Führer à Berchtesgaden. Le 8 mai 1945, le IIIe Reich capitule sans condition. Au mêmemoment, l'ouverture des camps de concentration révèle définitivement au monde horrifiél'ampleur de l'œuvre de mort hitlérienne. « La guerre de Hitler était finie. Le traumatismemoral, qui était l'œuvre de Hitler, ne faisait que commencer » (Ian Kershaw).

Legs historique

Discours d'Adolf Hitler au Reichstag enavril 1941

Personnage impitoyable et déshumanisé, dictateurtotalitaire, raciste et eugénique, Adolf Hitler a étésurtout le principal responsable du conflit de loin leplus vaste, le plus destructeur et le plus traumatisantque l'humanité ait jamais connu, à l'origine de près de40 millions de morts en Europe, dont 26 millions deSoviétiques. Environ 11 millions de personnes ontdirectement été assassinées sur ses ordres, en raisondes pratiques criminelles systématiques de son régimeet de ses forces armées, ou en application de sesprojets exterminateurs prémédités. Parmi elles, les trois

quarts des Juifs de l'Europe occupée. « Jamais dans l'Histoire, pareille ruine matérielle etmorale n'avait été associée au nom d'un seul homme » (Ian Kershaw)[58] .

L'image de Hitler a été définitivement fixée, en particulier, lors de la découverte des campsde la mort lente en avril-mai 1945, avec leurs monceaux de cadavres décharnés, leurssurvivants squelettiques et hagards, leurs expériences pseudo-médicales et leurs chambresà gaz doublées des tristement célèbres fours crématoires. Cette révélation macabre aachevé de trancher les débats antérieurs entre adversaires et partisans du personnage etde son régime[59] . La redécouverte de la Shoah, depuis les années 1970, a recentrél'attention sur la spécificité du judéocide qu'il a inspiré, tout en confirmant la natureintrinsèquement criminelle de son action et de son système.

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Bilan d'un désastre

Enfant dans les ruines de Varsovie.

Le bilan humain est sans précédent. En trois annéesd'occupation, la terreur nazie a fait périr près du quartdes habitants de la Biélorussie. La Pologne sous Hitler aperdu près de 20 % de sa population totale (dont 97 %de sa communauté juive, jusqu'alors la première dumonde). L'URSS, la Grèce et la Yougoslavie ont perduentre 10 et 15 % de leurs citoyens[60] .

A l'Ouest, la terreur et l'exploitation hitlériennes ont étémoindres, mais restent éprouvantes. Entre 1940 et1944, la France de Vichy a été le paysproportionnellement le plus pillé d'Europe, 30000 habitants ont été fusillés sur place, desdizaines de milliers déportés en camps de concentration, un quart de la population juiveexterminée, sans oublier les 400000 soldats tombés au combat, ni les deux millions desoldats maintenus indéfiniment en captivité dans le Reich ou plus de 600000 Français duSTO obligés d'aller travailler dans les usines allemandes.

Soldat allemand tué en Italie, fin 1943

Les Allemands ne sont pas les derniers à avoir payéchèrement les ambitions démesurées de leur Führer,auquel ils ont toutefois globalement continué d'obéirjusqu'à la fin. Trois millions de soldats sont morts aufront, laissant encore davantage de veuves etd'orphelins, et condamnant une génération à subir ledéséquilibre durable du sex ratio et de la vie de famillesmonoparentales. Ainsi, deux tiers des mâles allemandsnés en 1918 n'ont-ils pas vu l'issue de la guerre[61] .Toutes les grandes et moyennes villes allemandes oupresque sont en ruines, et 500000 civils ont été tuéspar les bombes. Des centaines de milliers de femmesallemandes de tous âges ont été exposées aux viols del'Armée Rouge en 1945.

L'Allemagne même, dont Hitler avait prétendu faire la raison de son combat politique et deson existence, disparaît en tant qu'État au terme de l'aventure nazie. Elle ne retrouve sonindépendance qu'en 1949 (sans la pleine souveraineté au début) et son unité qu'en 1990.Berlin, l'une des villes qui avait le moins voté pour Hitler et que le Führer n'avait jamaisaimée, n'en subira pas moins une division de 40 ans, matérialisée après 1961 par le célèbreMur de Berlin. En représailles aux exactions massives du IIIe Reich, plus de 8 millionsd'Allemands présents depuis des siècles ont été chassés en 1945 des Sudètes, des Balkanset de toute l'Europe centrale et orientale. Sans oublier la déportation en Sibérie, en 1941,des Allemands de la Volga vus par Staline comme une cinquième colonne potentielle deHitler. Le territoire actuel de la RFA est inférieur d'un quart à celui du Reich de 1914.

Le traumatisme hitlérien a aussi valu à l'Allemagne son élimination définitive comme puissance militaire, ses effectifs armés restant strictement limités, et interdits d'opérations hors de ses frontières au moins jusque dans les années 1990. Sur le plan diplomatique, la division d'après-guerre a fermé jusqu'en 1973 les portes de l'ONU à la RDA et à la RFA (« géant économique et nain politique »). En revanche, sur le plan économique, son fidèle

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Albert Speer a su renouveler les machines et enterrer les usines : le potentiel industriel del'Allemagne est largement intact après-guerre, ce qui a permis de se demander si Hitlern'était pas le père inavouable du miracle économique allemand d'après-guerre[62] .

Soldat et graffiti de l'Armée Rougedans le Reichstag en ruines, peu après

la mort d’Hitler

Les pillages, les bombardements, les représailles et laterre brûlée ordonnées par Hitler ont dans l'immédiatlargement aggravé le bilan matériel inégalé de laguerre. Des milliers de villes, de bourgs et de villagesont été détruits par la Wehrmacht et les SS dans toutel'Europe. Minsk a été ainsi détruite par Hitler à 80 %,Varsovie à 90 %. L'URSS compte au moins 25 millionsde sans-abris et l'Allemagne 20 millions[63] . 30 millionsde réfugiés et « personnes déplacées » errent sur lesroutes d'Europe en mai 1945, en majorité enAllemagne.

Le combat contre le « bolchevisme », dont Hitler avaitfait un fondement de sa mission et un de ses thèmes depropagande les plus porteurs, s'achève sur un fiascototal. C'est en repoussant l'agression hitlérienne que l'Armée Rouge pousse jusqu'à Berlinet que l'URSS peut imposer le communisme et sa domination à la moitié de l'Europe pourplus de 40 ans. Devenu le principal vainqueur de son ancien allié Hitler, Staline retire ausside sa victoire sur ce dernier un immense prestige dans sa population et dans le mondeentier.

Hitler reçoit Ante Pavelić, dirigeant del'État indépendant de Croatie, 1943

Dans les pays occupés, en engageant la collaborationavec Hitler, généralement sans obtenir aucunecontrepartie du Führer[64] , bien des responsableseuropéens ont causé à leur pays de graves divisionsciviles et des compromissions qui reviendront hanterdurablement les mémoires nationales. De durs combatstraumatisants ont opposé ennemis et alliés de Hitlerdans la France de Vichy, dans la République de Salo ou,à une échelle bien pire, dans l' État indépendant deCroatie dirigé par les Oustachis. En Pologne, en Grèceet en Yougoslavie, les résistants au maître du IIIe Reichn'ont même pas pu s'entendre entre eux et se sont violemment combattus: la guerre civilegrecque de 1944-1949, par exemple, est aussi un héritage de Hitler.

Spoliés et exterminés, les Juifs d'Europe ont vu disparaître à jamais les foyers les plusbrillants et prospères de leur culture, avec l'éradication sans retour des fortescommunautés de Berlin, Vienne, Amsterdam, Vilnius ou Varsovie. Les trois quarts deslocuteurs du yiddish ont péri. En Europe de l’Est, les rares survivants des camps sontsouvent insultés voire assassinés à leur retour, en particulier par ceux qui ont pris leursbiens en leur absence. Il n'est pas rare alors d'entendre des Polonais ou desTchécoslovaques se plaindre à haute voix que « Hitler n'a[it] pas fini le travail »[65] .

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Mémoire et traumatisme moral Principal absent du procès de Nuremberg, et malgré le mot d'ordre de Göring « Pas un motcontre Hitler », le Führer a vu la plupart de ses subordonnés rejeter sur lui, à titreposthume, la responsabilité de leurs actes criminels. La plupart prétendirent n'avoir faitqu'obéir à ses ordres, et avoir ignoré l'essentiel de la réalité de son régime de terreur et degénocides[66] .

Procès des principaux complices deHitler à Nuremberg, 1946.

La dénazification d'après-guerre n'empêcha pas maintscomplices de Hitler de ne jamais être inquiétés, ou defaire des carrières politiques, économiques ouadministratives prospères, en RFA comme en RDA.D'autres se sont réfugiés, via des filières d'exfiltration,en Amérique latine ou dans le monde arabe, continuantd'y entretenir le culte nostalgique du Führer, etcontinuant souvent d'y diffuser l'antisémitisme et lenégationnisme, tout en réutilisant les méthodespolicières du IIIe Reich au profit de dictatures locales.Pratiquement aucun ancien responsable nazi n'a jamaisfait acte de repentance, ni manifesté le moindre regretd'avoir suivi et servi Hitler.

La seule exception partielle notable est celle de Albert Speer, ancien confident et ministredu dictateur, mais son complexe de culpabilité, exposé dans ses mémoires sur le IIIe Reich,se mêle à une fascination persistante pour Hitler, qui témoigne que le charisme dupersonnage faisait encore effet bien au-delà de sa mort et de la découverte de sesforfaits[67] .Hitler a brisé la continuité de l'histoire allemande. Il a mis en question jusqu'à lapermanence et au sens même de la civilisation. Un des peuples les plus cultivés et les plusdéveloppés du monde s'est révélé en effet capable d'engendrer un Hitler, et de le suivrejusqu'au bout sans grande résistance, y compris dans des entreprises d'une barbarie à cetteheure unique dans l'Histoire[68] . Dès lors, la conscience allemande et européenne n'a cesséd'interroger les responsabilités du passé allemand dans l'avènement de Hitler, celle de laculpabilité des Allemands ayant vécu sous le Führer (Schuldfrage), mais aussi laresponsabilité morale qui échoit en héritage aux générations ne l'ayant pas connu. Selon lemot de Tony Judt, « demander à chaque nouvelle génération d'Allemands de vivre à jamaisdans l'ombre de Hitler, exiger qu'ils endossent la responsabilité de la mémoire de laculpabilité unique de l'Allemagne et en faire l'aune même de leur identité nationale était lemoins qu'on pût exiger... mais c'était attendre beaucoup trop[69] . »

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« Souviens-toi de cela ! Ne fraternisepas ! » (affiche de l'armée américaine,

été 1945)

En 1952, 25 % des Allemands sondés avouaient avoirune bonne opinion de Hitler et 37 % trouvaient bon den'avoir plus aucun juif sur leur territoire. En 1955, 48 %considéraient encore que Hitler, sans la guerre,resterait l'un des plus grands hommes d'État que leurpays ait jamais connu. Ils étaient encore 32 % àsoutenir cette opinion en 1967, surtout parmi les plusâgés[70] .

Encore à partir des années 1980, la résurgence dephénomènes néonazis ultraminoritaires mais trèsviolents a pu aussi inquiéter. Ces groupes sontreconnaissables entre autres à leur pratique du salutnazi ou lorsqu'ils célèbrent bruyamment l'anniversairede la naissance et de la mort du Führer.

Le renouvellement des générations, l'affaiblissement àpartir des années 1960 des tabous publics et privésempêchant de parler d'une Hitlerzeit (ou Hitlerdiktatur)traumatisante et compromettante, la redécouverte de la singularité du génocide des Juifs àpartir des années 1970, la lutte contre le négationnisme, ont permis par la suite d'éradiqueren bonne partie les sympathies ou nostalgies latentes pour Hitler et son régime enAllemagne et en Autriche.

Hitler est aussi revenu hanter périodiquement les mémoires collectives des autres pays.Surtout à partir des années 1960-1970, on redécouvre un peu partout que le plus grandcriminel de l'Histoire a bénéficié jusque chez soi de soutiens indispensables, de relais, dedélateurs - ou tout simplement d'indifférences, de passivités et de complaisances plus oumoins lourdes de conséquences humaines et morales. La France ne reconnaîtra qu'en 1995la responsabilité de l'État pétainiste dans les déportations de Juifs. Même des États neutrestels que la Suisse ou le Vatican ont vu mettre âprement en question les ambiguités de leurattitude face à l'Allemagne nazie.Même à l'Ouest, la guerre contre Hitler n'avait jamais été conçue comme une guerre poursauver les Juifs. La spécificité raciste et exterminatrice de son action avait rarement étéperçue des contemporains. Les pouvoirs publics et l'opinion s'étaient plus attachés, dansl'après-guerre, à célébrer les résistants et les soldats qui avaient combattu le dictateur(perçu d'abord comme l'agresseur étranger et l'oppresseur de la nation) que ses victimes,souvent réduites au silence. Ce n'est qu'après le procès Eichmann en 1961 et avec laredécouverte de l'unicité de la Shoah, dans les années 1970, que le monde occidentalcomprend le génocide des Juifs comme le principal crime du Führer[71] .Paradoxalement, l'auteur de Mein Kampf a sans doute été le fossoyeur involontaire du vieilantisémitisme européen : largement répandu avant-guerre comme une opinion parmid'autres, l'antisémitisme est, après lui, devenu définitivement un tabou dépourvu de toutdroit de cité en Occident, ainsi qu'un délit passible des lois.À travers tout l'Occident, un vaste effort de pédagogie à travers l'école, les medias, lesproductions littéraires et culturelles, les témoignages de survivants, a permis defamiliariser le grand public avec l'ampleur des méfaits du IIIe Reich. Aussi le nom de Hitlerévoque-t-il spontanément et durablement, dans les masses, l'idée même du criminel absolu.

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Doctrines raciales et crimes contre l’humanité Hitler avait présenté ses thèses raciales et antisémites dans son livre Mein Kampf (Moncombat), rédigé en 1924, lors de son incarcération dans la forteresse de Landsberg, aprèsson putsch raté de Munich. Si son succès fut modeste dans un premier temps, il fut tiré àplus de dix millions d’exemplaires et traduit en seize langues jusqu’en 1945 ; il constitue laréférence de l’orthodoxie nazie du Troisième Reich.Rien dans sa biographie connue ne permet d'affirmer que l'individu Hitler ait jamais tué outorturé quelqu'un de ses mains. Il n'a jamais visité un seul de ses camps de concentration,ni assisté à aucun des bombardements ou des fusillades de masse dont lui ou sessubordonnés donnaient l'ordre. Mais chaque exécutant, au premier chef desquels son fidèleHimmler, savait qu'en mettant en pratique les conséquences logiques de la doctrine nazie,il accomplissait loyalement les directives du Führer.

Théories racistes Dans ce livre, Hitler expose ses théories racistes, impliquant une inégalité et une hiérarchiedes races, et son aversion particulière pour les Slaves, les Tsiganes, et surtout les Juifs.Présentés comme des races inférieures, ils sont qualifiés d’Untermenschen (« sous-hommes»).Selon Hitler, les Juifs sont une race de « parasites » ou de « vermine » dont il fautdébarrasser l’Allemagne. Il les rend responsables des évènements du 9 novembre 1918[72]

et donc de la défaite et de la révolution allemandes, ainsi que de ce qu’il considère ladécadence culturelle, physique et sociale de la prétendue civilisation aryenne.Mein Kampf recycle la théorie du complot juif déjà développée dans les Protocoles desSages de Sion. Hitler nourrit son antisémitisme et ses théories raciales en se référant à desidéologies en vogue en son temps. À Vienne, durant sa jeunesse, les Juifs, bien intégrésdans l’élite, sont souvent accusés de la décomposition de l’empire d’Autriche-Hongrie. Lahaine des juifs est exacerbée par la défaite de la Première Guerre mondiale. Quant à sesidées sur les races humaines, Hitler les tient essentiellement de Die Grundlagen desneunzehnten Jahrhunderts (« Genèse du dix-neuvième siècle », 1899) du Britanniqued’expression allemande Houston Stewart Chamberlain, dont les thèses reprenaientelles-mêmes celles de l’Essai sur l'inégalité des races humaines (1853) du racialiste françaisGobineau. Hitler s’inspire également du darwinisme social de Herbert Spencer tel que leprônait la Deutsche Monistbund (« Ligue moniste allemande ») fondée par Ernst Haeckel.Hitler reprend aussi dans Mein Kampf les vieilles doctrines pangermanistes visant àregrouper dans un seul État les populations allemandes dispersées, mais il y ajoute,notamment sous l'influence du théoricien nazi Alfred Rosenberg, la revendication d’un «espace vital » (Lebensraum) en Europe de l’Est. Les territoires allemands doivent êtreindéfiniment élargis surtout en Europe centrale et en Ukraine (déjà convoités par lescouches dirigeantes allemandes au temps du Kaiser Guillaume II), car jugés trop étroits auregard des besoins matériels de leurs populations et dans une position stratégiqueinconfortable entre des puissances hostiles à l’ouest et à l’est.Hitler cible enfin deux adversaires fondamentaux : les communistes et la France,considérée comme dégénérescente (car dirigée par les Juifs et créant un Empire colonialmultiethnique), et contre qui l’Allemagne doit se venger de l’humiliant traité de Versailles.

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Adolf Hitler est obsédé par l’idée de pureté d’une prétendue race aryenne, la « racesupérieure » dont les Allemands sont censés être les dignes représentants, au même titreque les autres peuples nordiques (Norvégiens, Danois, Suédois). Dans le but d’asseoirscientifiquement cette notion de race aryenne, des recherches pseudo-anthropologiquessont entreprises et des cours d’université dispensés. (Himmler crée un institut scientifique,l’Ahnenerbe). En fait, les Aryens étaient un groupe de peuplades nomades vivant en Asiecentrale au IIIe millénaire av. J.-C. et sans liens aucun avec les Allemands. Toujours est-ilque la notion d’« aryen » devient avec Hitler un ensemble de valeurs fantasmagoriques queles scientifiques nazis ont tenté de justifier par de prétendues données objectives.La « race aryenne » est assimilée aux canons esthétiques de l’homme germanique: grand,blond et athlétique, tel que le représente Arno Breker, le sculpteur favori d’Hitler.Parallèlement, Hitler développe un intérêt particulier pour le paganisme nordiquepré-chrétien, plus conforme à ses théories raciales qu’un christianisme à racine hébraïque,trop humaniste et trop universaliste. La religion des dieux Wotan et Thor avait notammentété glorifiée par les opéras de Richard Wagner, dont Hitler était un fervent admirateur.Heinrich Himmler fut le fidèle hitlérien qui poussa le plus loin cette passion, et on retrouvece symbolisme mythologique dans l’uniforme et les rituels des SS, « chevaliers noirs » duTroisième Reich.

Les victimes de l’euthanasie

Médecin de la mort : Karl Brandt,médecin SS de Hitler et principal

maître-d'œuvre de l'aktion T4

Les doctrines raciales nazies impliquaient également d’«améliorer le sang allemand ». Des stérilisations massives,appliquées avec le concours des médecins, furent ainsientreprises dès 1934, portant sur près de 400000 «asociaux » et malades héréditaires. Par ailleurs, 5000enfants trisomiques, hydrocéphales ou handicapésmoteurs disparaissent.

Avec la guerre, un vaste programme d’euthanasie desmalades mentaux est lancé sous le nom de code « ActionT4 », sous la responsabilité directe de la chancellerie duReich et de Karl Brandt, médecin personnel d’Hitler. Parquelques lignes manuscrites, Hitler assure en septembre1939 l’impunité totale aux médecins sélectionnant lespersonnes envoyées à la mort, libérant ainsi des placesdans les hôpitaux pour les blessés de guerre. Commepour les juifs, les victimes sont gazées dans de faussessalles de douche. Malgré le secret entourant ces

opérations, l’euthanasie est condamnée publiquement par l’évêque de Münster en août1941. Elle cesse officiellement, mais continue en fait dans les camps de concentration.Environ 200000 schizophrènes, épileptiques, séniles, paralytiques ont ainsi été exécutés.Par ailleurs, les forces nazies ont

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Le château de Hartheim en Bavière, oùfurent gazés 18269 malades incurables

et 5000 détenus politiques.

systématiquement fusillé les handicapés mentauxtrouvés dans les hôpitaux de Pologne et d'UnionSoviétique envahies.

De nombreux spécialistes de l’euthanasie sont ensuiteréaffectés au gazage massif des Juifs : l’aktion T4aura donc à la fois préparé et précédéchronologiquement la Shoah.

De la persécution antisémite à la «Solution Finale » Dans l’Allemagne nazie, les juifs étaient exclus de lacommunauté du peuple allemand(Volksgemeinschaft). Le 1er avril 1933, les docteurs,avocats et commerçants juifs sont l’objet d’une vaste campagne de boycott, mise en œuvrenotamment par les SA. Ces milices créées par Hitler avaient déjà perpétré, dès le début desannées 1920, des actes de violences contre les juifs. Le 7 avril, deux mois après l’arrivéed’Hitler au pouvoir, la Loi « pour le rétablissement d’une fonction publique professionnelle» exclut les juifs de tout emploi dans les gouvernements (sauf les anciens combattants etceux qui étaient en service depuis plus de dix ans).

Boycott officiel des magasins juifs par les SA,Berlin, 1933.

Le 15 septembre 1935, Hitler, officialisant etradicalisant l'antisémitisme d’État, proclame leslois de Nuremberg, comprenant les lois « pour laprotection du sang et de l’honneur allemand » et« sur la citoyenneté du Reich ». Celles-ciinterdisent aux Juifs l’accès aux emplois de lafonction publique et aux postes dans lesuniversités, l’enrôlement dans l’armée ou lapratique de professions libérales. Ils ne peuventplus avoir de permis de conduire. Mesure sansprécédent, les Juifs sont même déchus de leurnationalité allemande. Les mariages mixtes oules relations sexuelles entre juifs et Allemandssont également interdits. L’objectif est laségrégation complète entre le peuple allemandet les juifs, ce qui est valable également pour lesécoles, le logement ou les transports encommun. En 1937, une « loi d’aryanisation » viseà déposséder les Juifs des entreprises qu’ilspossèdent.

Lourdement frappés par ces mesuresdiscriminatoires, les Juifs allemands émigrent massivement : environ 400000 départs en1933-1939 en comptant les Autrichiens (sur environ 660000), vers les Amériques, laPalestine ou l’Europe de l’Ouest. En général, les victimes de Hitler seront mal accueillies,quand elles ne seront pas absurdement internées en tant que ressortissants d'un paysennemi, ou refoulées sans gloire par divers pays d'Europe et d'Amérique.

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Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, c’est un véritable pogrom, la nuit de Cristal,qu’organise Joseph Goebbels avec l'approbation du chancelier. Le prétexte en estl’assassinat à Paris d’un diplomate du Reich par un Juif allemand. Mais Goebbels est aussiplus prosaïquement très soucieux de regagner également la faveur d'Adolf Hitler, qu'il apartiellement perdue lorsque sa liaison avec une actrice a failli conduire son couple audivorce public... Quant aux tortionnaires à l'œuvre cette nuit-là, ils ne sont que tropheureux de voir le Führer les autoriser verbalement à donner libre cours à leurs préjugés età leurs envies de violence.Au cours d'une nuit d'horreur, des centaines de magasins juifs sont saccagés et la plupartdes synagogues d'Allemagne incendiées. On relève 91 morts et près de 30000 juifs sontinternés dans des camps de concentration (Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen). À lasuite de ces évènements, la communauté juive, tenue hypocritement pour responsable desviolences, est sommée de payer une amende de 1 milliard de marks. Les biens des juifs sontmassivement spoliés.À noter que parmi les Allemands entrés en résistance, très peu l’ont fait en raison de cesmesures antisémites. La population allemande, embrigadée en cela par la propagande deHitler, Goebbels ou Streicher, était convaincue de l’existence d’une « question juive ». Ceconditionnement favorisera la participation de nombre d’entre-eux à l’extermination desjuifs.

Accomplir la « prophétie » : la mise à mort industrielle des Juifsd’Europe L’allusion à l’extermination physique des Juifs dans Mein Kampf fait encore l’objet d’undébat d’historiens. Pour une partie d’entre-eux, ce projet n’a pas été explicitement décritdans ce livre, tandis que l’autre partie estime que l’antisémitisme qui s’y exprime est nonseulement alarmant, mais s’appuie sur une terminologie (Ausrotung) significative. Le projetd’extermination totale des Juifs a pu germer dans l’esprit d’Hitler et de ses séides assez tôt,mais il ne semble pas qu’il ait établi de plan précis ou de méthodologie pour passer à l’acteavant la guerre. Rien ne semble indiquer, qu’initialement, les dirigeants nazis aient prévuque les premières mesures antisémites devaient conduire à une conclusion homicide et afortiori génocidaire.Cependant, d’après les mots du procureur général américain Robert Jackson lors du procèsde Nuremberg, « la détermination à détruire les juifs a été une force qui, à chaque moment,a cimenté les éléments de la conspiration (nazie) ». De fait, les déclarations d’Adolf Hitlersur les Juifs montrent que, dès le début, il nourrissait le projet de destruction physique desJuifs et que la guerre fut pour lui l’occasion d’annoncer cette destruction, puis d’encommenter la mise en œuvre[73] .Surtout, le 30 janvier 1939, dans un discours retentissant au Reichstag, Hitler a «prophétisé » qu’en cas de guerre, le résultat serait « l’anéantissement de la race juive enEurope ». À cette « prophétie » décisive, lui-même ou Goebbels feront de nombreusesallusions en privé au cours de la guerre : son accomplissement une fois la guerrecommencée sera l’une des préoccupations prioritaires.

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Famille affamée du ghetto de Varsovie

Hitler n’a toutefois nul besoin de s’investirpersonnellement beaucoup dans la destruction desJuifs, déléguée à Himmler, qui se contente de luifaire des rapports réguliers. Si divers documentssecrets nazis planifiant l’extermination font souventallusion à « l’ordre du Führer », aucune notemanuscrite de lui sur la Shoah n’a jamais étéretrouvée ni n’a sans doute jamais existé. C'estsigne que son pouvoir absolu lui a permis dedéclencher l’un des plus grands crimes de l’Histoiresans même besoin d’un ordre écrit.

Les dirigeants nazis ont longtemps envisagé, parmi d’autres « solutions » comme lacréation de zones de relégation, d’expulser l’ensemble de la communauté juive allemandesans l’exterminer, mais aucune phase de réalisation concrète n’a été enclenchée. Desprojets d’installation des juifs en Afrique (Plan Madagascar) ont notamment été envisagés.Le déclenchement de la guerre radicalise les persécutions antisémites au sein du TroisièmeReich. La prolongation de la guerre contre le Royaume-Uni ne permet plus d’envisager cesdéportations, de même qu'est abandonnée l’idée d’un déplacement des juifs d’Europe enSibérie — qui aurait déjà suffi en lui-même à provoquer une hécatombe en leur sein.

Une femme juive et son enfant fusillés par les Einsatzgruppen àIvangorod, Ukraine, 1942

L’occupation de la Pologne enseptembre 1939 a placé souscontrôle allemand plus de 3000000de juifs. Ceux-ci sont rapidementparqués dans des ghettos, dans lesprincipales villes polonaises, où ilssont spoliés et affamés, et réduitsà une misère inimaginable.L’attaque contre l’Unionsoviétique, à partir du 22 juin1941, place sur un même plan laconquête du Lebensraum etl’éradication du «judéo-bolchévisme ». Des unités dela SS, les Einsatzgruppen, souventsecondées par des unités de laWehrmacht et de la police, aidées parfois d'habitants et de collaborateurs locaux,fusilleront sommairement de un et demi à près de deux millions de juifs, femmes, bébés,enfants et vieillards compris, sur le front de l’Est.

Le 18 septembre 1941, une circulaire secrète de Himmler annonce que le Führer a décidéde déporter tous les Juifs d'Europe occupée à l'Est, et que l'émigration forcée n'est plus àl'ordre du jour. C'est le premier pas vers un génocide à l'échelle cette fois du continententier. Fin 1941, les premiers « camions à gaz » sont utilisés à l'est, tandis que les campsd'extermination de Chelmno et de Belzec sont déjà construits et commencent leur œuvred'assassinat de masse.

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La date précise de la décision prise par Hitler n’a jamais été cernée de façon précisepuisqu’il n’a jamais formellement écrit un ordre, mais il l'a élaborée au cours de l'automne1941. La radicalisation immédiate et préméditée de la violence nazie avec l'invasion del'Union soviétique, le ralentissement puis l'échec des opérations en URSS, la perspectivebientôt concrétisée de l'entrée en guerre contre les États-Unis, ont sans doute précipité ladécision de Hitler de réaliser sa « prophétie » de 1939[74] .Le 20 janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee, 15 responsables du Troisième Reich,sous la présidence du chef du RSHA Reinhard Heydrich, entérinent la « solution finale auproblème juif » (Endlösung der Judenfrage). L’extermination totale des Juifs en Europe varevêtir un caractère bureaucratique, industriel et systématique qui la rendra sanséquivalent à cette heure dans l'histoire humaine. Hitler n'est pas là en personne, mais lesmesures prises respectent ses objectifs généraux.Au sommet de l'État, immédiatement après Hitler, ce sont Himmler, Heydrich et Göring quiont pris la part la plus importante dans la mise en place administrative de la Shoah ausommet de l’État. Sur le terrain, l’extermination des juifs a été souvent le fait d’initiativeslocales, allant parfois au-devant des attentes et des décisions du Führer. Elles ont éténotamment l'œuvre d’officiers de la SS et de gauleiters fanatiques pressés de plaire à toutprix au Führer en liquidant au plus tôt les éléments indésirables dans leurs fiefs. Lesgauleiters Albert Forster à Dantzig, Arthur Greiser dans le Warthegau ou Erich Koch enUkraine ont ainsi particulièrement rivalisé de crautés et de brutalités, les deux premiersconcourant entre eux pour être chacun le premier à tenir leur promesse verbale faite àHitler de germaniser intégralement leur territoire sous dix ans[75] . Deux prochescollaborateurs d’Hitler, Hans Frank, gouverneur général de la Pologne, et AlfredRosenberg, ministre des Territoires de l’Est, ont également pris une part active au grandmassacre.

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La déportation-extermination planifiée de tous les Juifs d'Europe àAuschwitz-Birkenau. Musée du camp.

Beaucoup d'« Allemandsordinaires » ont été à peinemoins compromis que les SSdans les massacres sur le frontde l'Est. Plus d'un policier deréserve, plus d'un jeune soldatou d'un officier avaient intégréle discours nazi, sans parlerdes généraux de Hitler. Desmilliers donnèrent libre coursà leur violence et à leursadisme dès qu'ils furentautorisés et encouragés àhumilier et à tuer au nom duFührer[76] . À travers toutel'Europe, d'innombrables «criminels de bureaux », àl'image du bureaucrate AdolfEichmann, exécutèrent sansétat d'âme particulier lesdesseins de leur Führer ou degouvernements

collaborateurs. Dans les camps d'extermination, ainsi que le rappellent les mémoires ducommandant d'Auschwitz Rudolf Höss, responsable de la mort de près d'un million de Juifs,il était impensable à quiconque, du simple garde SS au chef du camp, de désobéir à l'ordredu Führer (Führersbefehl), ou de s'interroger un seul instant sur la justesse de ses ordres.A fortiori, il était hors de question d'éprouver le moindre scrupule moral[77] . Aucun des «bourreaux volontaires de Hitler » (Daniel Goldhagen) n'a jamais été contraint de participerà la Solution Finale : un soldat ou un SS dont les nerfs craquaient se laissait persuader decontinuer, ou il obtenait facilement sa mutation.

Personne au sein de son système ne découragea donc Adolf Hitler de procéder à la Shoah.En 1943, l'épouse de son ancien ministre Konstantin von Neurath, choquée de ce qu'elleavait vu du camp juif de Westerbrok en Hollande occupée, osa exceptionnellement s'enouvrir au Führer : ce dernier la rabroua que l'Allemagne avait assez perdu de soldats pourqu'il soit obligé de se soucier de la vie des Juifs, et la bannit à l'avenir du cercle de sesinvités.Dans l'ensemble, les chefs et opinions alliés, le pape Pie XII ou une partie de la Résistanceeuropéenne ne prirent pas conscience de la gravité spécifique du sort des Juifs, etgardèrent plutôt le silence sur leur sort, ce qui aida sans doute indirectement Hitler. Demême que la non-résistance d'une partie importante des Juifs affamés, désorientés etignorants du destin qu'il leur réservait. En avril-mai 1943, en revanche, la révolte du ghettode Varsovie plongea Hitler dans une colère prolongée, mais ses ordres furieux et répétésn'empêchèrent pas une poignée de combattants juifs de faire échec plusieurs semaines à lareconquête SS.Après l’été 1941, Himmler retint le procédé d’exécution massive par les chambres à gaz testé à Auschwitz. Au total, près de 1700000 juifs, surtout d’Europe centrale et orientale,

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ont été gazés à Sobibor, Treblinka, Belzec, Chelmno et Maïdanek. Dans le seul camp deconcentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, 1000000 de juifs ont péri.Les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée — 5 à 6 millions d'êtres humains dont 1.5million d'enfants, tous n'ayant commis que le crime d'être né juif et ne représentant aucunemenace sinon imaginaire — ont donc péri dans une entreprise de nature sans précédent.Sur les 189000 Juifs qui vivaient à Vienne avant Hitler, un millier survivent en 1945, toutcomme seulement une poignée des Juifs restés en Allemagne en 1940. Les Pays-Bas ontperdu 80 % de leurs Juifs, la Pologne et les pays Baltes plus de 95 %. En deux ou trois ans àpeine, l'extermination a fait disparaitre des familles entières. Dans une large part del'Europe, c'est en fait toute une culture, tout un univers qu'Adolf Hitler a fait assassinersans retour.

L’extermination des Tsiganes

Tziganes internés par les nazis, 1940.

Hitler n'a pas dit un mot des Tziganes dans Mein Kampfet en tout état de cause, il ne nourrit pas pour euxl'obsession qu'il éprouve pour les Juifs[78] .

Son régime persécute et interne les 34000 Tziganes duReich dès avant-guerre, et les prive de leur citoyennetéallemande, mais moins au nom de raisons raciales (lesTziganes sont originaires des mêmes régions que leberceau supposé de la race « aryenne ») qu'en tant qu'«asociaux ». Ce qui n'empêcha d'ailleurs pas de s'enprendre aussi à ceux d'entre eux qui sont parfaitementbien intégrés dans la société allemande, dans laquelle beaucoup disposaient de logements,de métiers ou de décorations acquises au front. L’« Office central pour la lutte contre lepéril tsigane » fut l'instrument de cette répression. Paradoxalement, la tribu des Sinti,censée ne pas s'être abâtardie, fut épargnée, au contraire des sang-mêlés en partie nés denon-Tziganes « aryens ».

L'extermination d'environ un tiers des Tsiganes européens ou Porajmos pendant la guerren'a pas revêtu le caractère systématique et général du génocide des Juifs.Ainsi, aucun n'a été déporté de France, où ils étaient pourtant des milliers disponibles dansles camps d'internement du régime de Vichy. En Belgique et aux Pays-Bas, les nazisattendirent 1944 pour déporter plusieurs centaines de Gitans à Auschwitz - ce qui futsuffisant toutefois pour décimer sans retour leur communauté. La terreur et lesdéportations furent plus fortes à l'Est, où beaucoup furent fusillés sur place par lesEinsatzgruppen, la Wehrmacht ou par leurs collaborateurs locaux (les Oustachis croates sechargèrent de liquider 99 % des 28700 Tziganes du pays[79] ). Mais s'il a donné le 16décembre 1942 l'ordre général de déportation des Tziganes européens à Auschwitz,Himmler s'en est désintéressé presque aussitôt, et Hitler ne semble pas avoir accordé uneattention particulière à la question.Dans la section spéciale qui leur était réservée à Auschwitz-Birkenau, les familles tziganes n'étaient pas séparées, ni exposées aux sélections régulières pour la chambre à gaz ni soumises au travail forcé, quelques-unes purent même être libérées en échange de leur stérilisation forcée. Mais le médecin SS de leur camp, Josef Mengele, surnommé l'« Archange de la Mort », pratiqua des expériences pseudo-médicales sur un certain nombre

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d'enfants tziganes, notamment des jumeaux.Après avoir longtemps hésité, puis fait mettre à part plusieurs milliers d'hommes validespour le travail forcé concentrationnaire, Himmler donna finalement l'ordre au commandantdu camp, Rudolf Höss, d'exterminer ce qui restait du « camp des familles ». Du 1er au 3août 1944, des milliers de Tziganes, hommes, femmes, enfants et vieillards, furent ainsiconduits à la chambre à gaz dans des scènes dramatiques[80] .L'estimation du nombre de Tsiganes victimes des nazis reste l'objet de controverses. Pourles Tsiganes allemands et autrichiens, le chiffre des personnes envoyées dans les camps deconcentration, déportées à l'est et gazées, oscille entre 15000 et 20000 sur une populationde 29000 Tsiganes en 1942 ; quant au nombre des Tsiganes européens assassinés par lesnazis, il a été successivement estimé à 219000 victimes par rapport à une population totalede 1000000 (Kenrick et Puxon, 1972), à 196000 morts sur 831000 personnes (Kenrick,1989), voire à un demi million de victimes (Rose et Weiss, 1991), cette dernière estimationn'étant pas étayée par une source ou une ventilation par pays[81] . La reconnaissance deleur tragédie fut tardive, et dans l'immédiat, elle ne modifia guère les préjugés et lespratiques publiques courantes à leur encontre.

Les « sous- hommes » slaves : massacres, famine, stérilisation L’extension du Lebensraum allemand devait fatalement se réaliser aux dépens despopulations slaves repoussées vers l’Est. Pour Hitler, la Pologne, les Pays baltes, laBiélorussie et l’Ukraine devaient être traités comme des colonies. À ce sujet, Hitler auraitdit, selon Hermann Rauschning, en 1934 : « Ainsi s’impose à nous le devoir de dépeupler,comme nous avons celui de cultiver méthodiquement l’accroissement de la populationallemande. Vous allez me demander ce que signifie « dépeuplement », et si j’ai l’intentionde supprimer des nations entières ? Eh bien, oui, c’est à peu près cela. La nature estcruelle, nous avons donc le droit de l’être aussi ».

Hitler et Himmler bourreaux de laPologne. Affiche de la Résistance

polonaise, 1943.

Les populations non germaniques sont expulsées desterritoires annexés par le Troisième Reich après 1939,et dirigées vers le Gouvernement général de la Pologne,entité totalement vassalisée et placée par Hitler sous lejoug de Hans Frank, le juriste du parti nazi. Dès octobre1939, le RSHA programme la « liquidation physique detous les éléments polonais qui ont occupé unequelconque responsabilité en Pologne (ou) qui pourrontprendre la tête d’une résistance polonaise ». Sont visésles prêtres, les enseignants, les médecins, les officiers,les fonctionnaires et les commerçants importants, lesgrands propriétaires fonciers, les écrivains, lesjournalistes, et de manière générale, toute personneayant effectué des études supérieures. Des commandosSS sont chargés de cette besogne. Ce traitementextrêmement dur aura causé la mort de près de2200000 Polonais, dont 50000 membres des élites.C'est ainsi que 30 % des professeurs de l'enseignement

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supérieur polonais ont péri, ou des milliers d'hommes d'Église, d'aristocrates et d'officiers.En comptant les 3000000 de juifs polonais, exterminés à plus de 90 %, c’est 15 à 20% de lapopulation civile polonaise qui a disparu.Les nazis firent aussi fermer les théâtres, les journaux, les séminaires, l’enseignementsecondaire, technique et supérieur. Du 1er août au 2 octobre 1944, avec l’accord de Hitler,Himmler orchestra la répression de l’insurrection de Varsovie, avec pour but la destructiontotale de la capitale, foyer le plus actif de la résistance polonaise. Avec la complicité passivede l’Armée rouge qui, stoppée par les Allemands aux portes de la ville, ne parachuta aucuneaide aux insurgés, les nazis détruisirent la ville à 90 %, et la vidèrent de ses derniers civilsaprès avoir causé la mort d’environ 200000 personnes.Avec l’agression de l’URSS, Hitler a prémédité une guerre d’anéantissement contre lespopulations soviétiques, des experts réunis par Göring ayant notamment prévu que « nosprojets devraient entraîner la mort d’environ 10 millions de personnes ». Le but est depiller toutes les ressources du pays, de démanteler toute l’économie, de raser les villes, etde réduire les populations à l’état d’esclavage et de famine. La répression contre les Slavesprend donc une tournure encore plus massive, bien que certaines populations, notammentles nationalistes baltes et ukrainiens aient été initialement disposées à collaborer contre lerégime stalinien.Le traitement des prisonniers soviétiques capturés par les Allemands a été particulièrementinhumain : 3700000 d’entre eux sur 5500000 meurent de faim, d’épuisement ou de maladie,parfois après avoir été torturés ou suppliciés ; des milliers d’autres sont conduits dans lescamps de concentration du Reich pour y être abattus au cours de fusillades massives. Lescommissaires politiques sont systématiquement abattus au nom du « décret descommissaires » (Kommissarbefehl) signé par Keitel dès avant l’invasion. Des millions defemmes et d’hommes, parfois des enfants et des adolescents, sont raflés au cours dechasses à l’homme dramatiques pour être transférés dans le Reich comme main-d’œuvreservile.Les actions des partisans sont l’occasion de représailles impitoyables sur les populationsciviles, aussi bien en URSS qu’en Pologne, en Grèce et en Yougoslavie. Environ 11500000civils soviétiques meurent ainsi pendant la Seconde Guerre mondiale.L’obsession personnelle de Hitler à réduire ces peuples à l’état de sous-hommes a privé laWehrmacht de nombreuses aides potentielles parmi les populations soumises au jougsoviétique. Elle a également eu un rôle mortifère direct, comme lorsque Hitler interditd’enlever d’assaut la ville de Leningrad, qu’il soumet délibérément à un blocus meurtrierresponsable, en mille jours de siège, de plus de 700000 morts de civils. À ses yeux, la villequi avait vu naître la révolution de 1917 devait être affamée puis rasée au sol.De même, Hitler a cautionné les expériences pseudo-médicales visant à mettre au point unprogramme de stérilisation massive des femmes slaves, perpétré sur des milliers decobayes humains de Ravensbrück et d’Auschwitz. Et les premières victimes de gazages auZyklon B à Auschwitz furent des prisonniers soviétiques[82] .

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Persécution des homosexuels

Monument auxvictimes

homosexuelles deHitler, Amsterdam

La déportation méconnue des homosexuels s’estimerait à 75000victimes[83] . Mais avec la destruction des dossiers, ce chiffre n’estqu’une estimation et peut être plus important. N'ont été déportés queles homosexuels des territoires allemands ou annexés.

Hitler, le végétarisme et les droits des animaux sousl'Allemagne nazie Il est souvent fait référence au fait que Hitler était végétarien. Cela serait dû à uneprescription d’ordre médical (qu’il ne respectait pas à la lettre) et à des fins de propagandevisant à le faire passer pour un ascète entièrement dédié à son peuple. S'il fit à plusieursreprises l'apologie du régime végétarien, il ne le mit jamais en pratique pour lui-même.Albert Speer et Robert Payne, deux des plus importants biographes d’Hitler, démontrentdans leurs livres qu'il n’était pas végétarien. De plus, il fit bannir les organisationsvégétariennes d’Allemagne quand il arriva au pouvoir. Il arrêta leurs responsables et fitcesser la parution de la principale revue végétarienne publiée à Francfort. La persécutionnazie força les végétariens allemands soit à quitter le pays, soit à vivre dans laclandestinité. Dione Lucas, qui a travaillé à l’hôtel Hamburg avant la guerre, se souvientcomment elle devait préparer pour Hitler son plat favori : « Je ne voudrais pas vous couperl’appétit pour le pigeon rôti », écrit-elle dans son livre de cuisine, « mais vous serezintéressé de savoir que c’était le plat favori de monsieur Hitler, qui dînait à l’hôtel trèssouvent »[84] .Les textes d'Hitler sur les animaux sont peu nombreux ; il y fait référence dans Mein Kampfpour justifier ses thèses racistes en prenant l'exemple de la sélection naturelle et, dans sesconversations privées, il ennuya son auditoire par de longues tirades sur les chiens-loups.Par contre, sans en être précurseur[85] , la propagande nazie reprend à son compte laprotection animale et développe la législation la plus vaste et élaborée de l'époque à cesujet.« Dans le nouveau Reich, il ne devra plus y avoir de place pour la cruauté envers les bêtes.» (Extrait d’un discours d’Adolf Hitler[86] , ces propos inspirant la loi du 24 novembre 1933sur la protection des animaux : « Tierschutzgesetz »). Selon ses auteurs, Giese et Kahler,cette loi se veut en rupture avec les thèses anthropocentristes de la civilisation chrétienne :l’animal est maintenant protégé en tant qu’être naturel, pour ce qu’il est, et non parrapport aux hommes. Toute une tradition humaniste, voire humanitariste, défendait l’idéequ’il fallait, certes, interdire la cruauté envers les animaux, mais davantage parce qu’elletraduisait une mauvaise disposition de la nature humaine, voire parce qu’elle risquaitd’inciter les êtres humains à la violence, que parce qu’elle portait préjudice aux bêtes entant que telles[87] .Cette loi de protection animale se trouve donc depuis quelques années au centre d’un débat historico-philosophique. Mais la paternité nazie de l’écologie profonde[88] a du mal à faire

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l’unanimité chez les historiens[89] . Que le IIIe Reich ait promulgué les plus importanteslégislations qui soient à l’époque touchant la protection de la nature et des animaux[90] estessentiellement due à la frénésie législative nazie[91] (destinée à masquer l'illégalitéinstallée). La volonté propagandiste de cette législation laisse peu de place au doute, lerégime nazi souhaitant soigner son image chez les déjà puissantes associations écologistesallemandes (regroupées dans une structure nazifiée) et selon Élisabeth Hardoin-Fugier, quia écrit l’essai La Protection législative de l’animal sous le nazisme, celle-ci n’était pasvraiment suivie dans la pratique et ne servait qu’à des fins de propagande[92] .À l'image de ses idées sur l'humanité, Hitler ne reconnaissait pas une égalité entre lesanimaux. S'il était admiratif des chiens-loups (notamment de sa chienne berger allemandBlondi), il n'avait que du mépris pour les bichons d'Eva Braun. Quant à l'"éthique" durégime nazi envers les animaux, elle était bien sélective en concernant essentiellement lesanimaux de compagnie et en ce que ces derniers, s'ils avaient appartenu à des juifs, étaientmassacrés après l'arrestation de leurs maîtres[93] .

Vie privée et personnalité

Adolf Hitler au quotidien

Adolf Hitler à son domicile en 1936

Comme son homologue totalitaire Joseph Staline, Hitlervivait, surtout pendant la guerre, en reclus et endécalage temporel, menant dans ses divers QG une viemorne, monotone et essentiellement nocturne, dont ilimposait l'ennui à tout son entourage.

Avant de s'y terrer après 1941, notamment à la «Tanière du Loup » ou Wolfsschanze vers Rastenburg, ilest toujours officiellement domicilié à Munich (ilboudera Berlin toute sa vie) et plus encore, il aime àsatisfaire son goût romantique pour les montagnes à sarésidence secondaire alpine de Berchtesgaden, le Berghof, doublée du panoramique Nidd'aigle. Sur l'Obersalzberg viennent aussi habiter quelques-uns de ses principauxcourtisans et intimes.

Ne connaissant guère d'autres passions que celle du pouvoir, Hitler ne buvait ni ne fumait(le tabac était rigoureusement proscrit en sa présence), il mangeait généralementvégétarien (cf. infra pour précision), et sa vie sentimentale et sexuelle n'a jamais été queréduite au strict minimum. Se présentant à son peuple comme mystiquement marié àl'Allemagne, pour justifier et instrumentaliser son célibat, il a caché aux Allemandsl'existence d'Eva Braun pendant toute la durée du IIIe Reich, négligeant souvent celle-ci etlui interdisant de paraitre en public voire de venir à Berlin, et la confinant le plus possibleen Bavière. Sa jeune nièce Geli Raubal, avec laquelle il avait eu une liaison, s'était suicidéeen 1931 dans sa chambre de Munich. Pour Ian Kershaw, en choisissant des femmesnettement moins âgées que lui (16 ans de moins dans le cas d'Eva Braun), et en conservantla distance (sa future épouse d'un jour ne devait l'appeler que mein Führer), Hitlers'assurait de pouvoir garder intacte sa domination narcissique et égoïste sur elles.

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Hitler et les époux Goebbels prennentle thé dans les jardins de la

chancellerie, 1934

Profondément dénué d'humanité, solitaire et sans amis,Hitler a toujours été incapable dès sa jeunesse delaisser transparaître le moindre sentiment decompassion ou d'affection réelle pour personne,réservant ses quelques accès de tendresse à sa chienneBiondi, un berger allemand. Son égoïsme sanscomplexe, sa conviction d'être infaillible et sa soif dedomination se traduisaient au quotidien par le refus detoute critique et par ses interminables monologues,ressassant éternellement les mêmes thèmes des heures durant, et épuisant son entouragejusque très tard dans la nuit.

Cela ne l'empêchait pas de régner sur son entourage et sur les masses par son charisme etson indéniable talent de séduction, et d'inspirer des dévouements aveugles allant jusqu'aufanatisme. Les célèbres colères effroyables qu'il pouvait piquer, contre ses générauxnotamment, n'étaient en réalité pas très fréquentes, et survenaient surtout quand lasituation échappait à son contrôle[94] .Les images célèbres de l'orateur Hitler en train de vociférer ou d'éructer avec force gestesfrénétiques ne doivent pas non plus donner une idée réductrice de ses talentspropagandistes. En réalité, avant d'en arriver à ces points d'orgue fameux qui électrisaientl'assistance, Hitler savait varier les tons, construire sa progression et doser son débit,lequel ne s'accélérait que graduellement.Autodidacte, son instruction hâtive a toujours laissé à désirer. Sa bibliothèque contenait1500 volumes (contre 20000 pour celle de Staline), dont fort peu d'ouvragesauthentiquement scientifiques ou philosophiques[95] . Il n'a jamais lu Marx, a persécutéFreud (décimant aussi sa famille), et a déformé grossièrement la pensée de Nietzsche afinde mieux faire cadrer ses lectures avec son idéologie personnelle. Il ne connaissait aucunelangue étrangère, son interprète attitré Paul Schmidt se chargeant de lui traduire la presseextérieure ou l'accompagnant dans toutes les rencontres internationales. Myope, maisrefusant par vanité de porter des lunettes, il fallait lui présenter chaque matin la presseallemande dans une édition aux caractères spécialement grossis pour lui. Prompt à exalteret à embrigader le sport, il ne faisait jamais le moindre exercice de culture physique.Incapable de se contraindre au travail régulier et suivi depuis sa jeunesse bohême deVienne, le « dictateur paresseux » (Martin Broszat) n'avait pas d'horaires de travail fixes,négligeait souvent de réunir ou de présider le conseil des ministres, était parfoislonguement introuvable même pour ses secrétaires, et ne faisait le plus souvent quesurvoler les dossiers et les rapports. Au contraire du très bureaucratique Staline, Hitlerdétestait la paperasserie, et n'a de sa vie rédigé qu'un seul memorandum, celui sur le Plande Quatre Ans (1936), qu'il n'a d'ailleurs fait lire qu'à deux ou trois personnes dont Göringet le chef de l'armée Von Blomberg. Ses directives étaient souvent purement verbales ourédigées en des termes assez généraux pour laisser à ses subordonnés une assez grandemarge de manœuvre [96] .Détaché du catholicisme dès son enfance, et devenu un doctrinaire antichrétien, Hitler n'a jamais assisté à une cérémonie religieuse de toute sa vie politique, même s'il faisait souvent référence en public à une vague « Providence » dont il se sentait l'instrument. Malgré des tracasseries et des surveillances, il a toujours eu l'habileté de ménager globalement les Églises allemandes, évitant un conflit ouvert dangereux pour l'adhésion des populations à

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sa personne. Ni lui ni ses partisans n'ont jamais été excommuniés, et l'encyclique antinaziedu pape Pie XI, Mit Brennender Sorge (1937), évite prudemment de mentionner le nom deHitler. Cyniquement, Hitler n'a jamais rédigé de déclaration de sortie de l'Église catholiqueet se prêtait à la simagrée de continuer à payer ses impôts d'Église[97] .Sa santé n'a cessé de se dégrader dans les dernières années de la guerre. Déprimé etinsomniaque, vieillissant, voûté et tremblant (peut-être atteint sur la fin de la maladie deParkinson), bourré de médicaments par son médecin le Dr. Morrell, Hitler était surtoutabsorbé par les opérations militaires et hanté en son sommeil, de son propre aveu, par laposition de chacune des unités détruites sur le front de l'Est. C'est bien avant de passer àl'acte qu'il évoquait devant ses proches le suicide comme la solution de facilité quipermettrait d'en finir en un instant avec ses ennuis.

Aspects énigmatiques du personnage

Timbre en mémoire de Georg Elser : «Je voulais empêcher la guerre ».

Il est établi que Hitler donna des ordres spécifiquespour que Johann Georg Elser, l’auteur de l’attentat deMunich qui aurait pu le tuer en novembre 1939, ne fûtni exécuté, ni même mis dans une situation où ses joursseraient en danger. Pourquoi ? Peut-être pour organiserun grand procès-spectacle à la fin de la guerre, où lesBritanniques auraient été mis en cause. Elser futinterné au camp de Dachau et assassiné d'une balledans la nuque le 5 avril 1945, peu avant la défaiteallemande.

Il donna également des ordres pour qu’un certainnombre d’Allemands d’origine juive s’étant distinguéspendant la Première Guerre mondiale ne soient pasinquiétés. Ce point était à l’origine une demande dumaréchal Hindenburg, à rapprocher de la phrase de Göring, « Je suis celui qui décide quiest Juif et qui ne l’est pas ». Toutefois, la plupart des anciens combattants juifs déportés aughetto surpeuplé de Terezinstadt, dont les nazis avaient fait un camp modèle pour bernerefficacement la Croix-Rouge, n'eurent le droit en fait qu'à un sursis, puisque les trainsemmenaient ensuite périodiquement les prisonniers à Auschwitz-Birkenau où la plupartpérirent liquidés dans les chambres à gaz.

Hitler a pris comme symbole pour son mouvement le svastika (croix gammée), déjà symbolede diverses organisations racistes (en allemand « völkisch ») comme la Société Thulé. Lesvastika est à la base indien, et est un signe de vie. Le symbole nationaliste utilisé dès la findu XIXe siècle l’a repris à l’identique, mais en sens inverse, comme pour en retourner aussila signification (le « Viva la muerte » des phalanges espagnoles n’était pas loin) ; le salutque Mussolini, repris par la suite par Hitler à partir de 1926, demandait de ses troupesétait exactement celui des légionnaires de l’empire romain saluant l’Empereur, mais aussides gladiateurs qui l’exécutaient avant de mourir (le fameux rite du « Ave Caesar, moriturite salutant »).Point que certains jugent négligé par la plupart des historiens : les doctrines mystiques dans lesquelles Hitler et d’autres responsables du nazisme auraient puisé leur inspiration pour l’élaboration de la politique national-socialiste, et les rapports que le Führer aurait entretenus avec l’univers des sciences occultes (source : Louis Pauwels et Jacques Bergier,

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Le Matin des Magiciens, introduction au réalisme fantastique, Folio, 1960).Adolf Hitler a choisi le 22 juin 1941 pour débuter l’opération Barbarossa, le jour qui suit lesolstice d’été, où le Soleil est à son apogée. Féru d’astrologie, ayant adopté le svastika pourreprésenter son idéologie, (qui symbolise dans la mythologie nordique le marteau de Thortournoyant dans le ciel comme étant le Soleil) ; [précision nécessaire][réf. nécessaire]difficile d’ytrouver une simple coïncidence, quand on sait que même durant les derniers jours AdolfHitler lisait des prévisions astrologiques à Eva Braun dans le Führerbunker.[98]

Anecdotes et rumeurs

Publicité pour Volkswagen, 1936

• Adolf Hitler serait aux origines de Volkswagen (« Lavoiture du peuple » en allemand, le mot Volkdésignant à la fois le peuple et la race) et notammentde la Coccinelle. Adolf Hitler aurait rencontréFerdinand Porsche à ce propos et lui aurait parléd’une voiture populaire pouvant transporter 5personnes, atteindre une vitesse de croisière de100km/h, consommer environ 7 litres pour 100km etne coûtant pas plus de 1000 Reichsmarks dans le butque chacun puisse s’offrir une voiture. Le prototypefut appelé KdF-Wagen (Kraft durch Freude).

• De nombreuses rumeurs ont couru sur sa sexualité,du fait notamment de son absence de viesentimentale officielle, faisant courir le bruit d'uneasexualité ou d'une homosexualité. On lui a prêté despratiques sexuelles déviantes, allant du masochismeà la coprophilie[99] . Otto Strasser, entre autres,explique, qu'il pratiquait l'ondinisme avec sa nièceGeli Raubal[100] ,[101] . D'autres rumeurs le déclaraient impuissant[102] . Après la guerre,la révélation d'un rapport d'autopsie soviétique réalisé en 1945, dont le caractèrescientifique a été contesté, a répandu l'histoire qu'il n'avait qu'un testicule[103] . Mais ils'agirait plutôt d'une légende urbaine, car le médecin de famille d'Hitler, le docteurEduard Bloch, a affirmé sans équivoque qu'il avait examiné Hitler pendant son enfance etl'avait trouvé « génitalement normal »[104] .Cette légende n'a cependant aucun rapport avec la chanson anti-allemande « Hitler hasonly got one ball » (« Hitler n’a qu’une couille », sur l’air de la Marche du ColonelBogey), populaire pendant la guerre[105] .

• Une rumeur récurrente prétend que Hitler était seulement peintre en bâtiment ; unecaricature féroce de Sennep a peut-être contribué à ancrer la légende. Il a en fait laissédes aquarelles, estimées au nombre de 2000, certes sans génie particulier, mais quitémoignent, au moins, du fait qu’il était capable d’en peindre et qu’il possédait en toutcas de très bonnes bases dans cette technique. En revanche, pendant ses années degalère, après avoir échoué à l’examen d’entrée aux Beaux-Arts, Hitler occupa un emploide manœuvre, comme il l’a mentionné dans Mein Kampf.

• Cinquante faux Carnets d'Hitler furent publiés en Allemagne par le magazine Stern en 1983, alors qu’ils avaient été réalisés par un faussaire nommé Konrad Kujau. Paris Match

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acheta à prix d’or l’exclusivité pour la France…• Une victime onomastique directe de Hitler fut son propre prénom : rien qu'en France,

son usage décline dès 1933 pour s'effondrer avec la guerre. Depuis 1945, sous toutes sesvariantes, "Adolphe" a pratiquement disparu comme nom de baptême[106] .

• Outre qu'il a rendu plus difficile et angoissant à la philosophie contemporaine de penserun monde qui a connu Hitler, le personnage, invoqué de façon rhétorique comme leparadigme de la monstruosité et du mal radical, a donné involontairement son nom à unprocédé de logique : la reductio ad hitlerum. On parle également « point Godwin » de laconversation, à partir duquel tout sujet potentiel finit théoriquement par conduire àparler d'Adolf Hitler ou du nazisme.

Rumeurs post mortemNombre de rumeurs circulèrent sur la possibilité que Hitler aurait survécu la fin de laguerre. Le FBI mena des enquêtes jusqu’en 1956 sur des centaines de pistes plus ou moinssérieuses. Mais dès la chute de Berlin, les services secrets soviétiques avaient récupéré unegrande partie du corps.En juin 1946, les témoins, prisonniers du NKVD dirigé par Lavrenti Beria, sont transportésà Berlin, dans le parc du bunker. Ils indiquent l’endroit où ils ont enflammé, puis enterré lecorps de Hitler et celui de sa femme. L’emplacement correspond à l’exhumation réaliséepar le SMERSH un an plus tôt. On en profite pour procéder à de nouvelles fouilles et ondéterre quatre fragments de crâne. Le plus grand est transpercé par une balle. L’autopsieréalisée fin 1945 se trouve en partie confirmée : les médecins y notaient en effet l’absenced’une pièce maîtresse du crâne, celle qui justement permet de conclure que Hitler s’estsuicidé par arme à feu. Le puzzle est désormais complet.Ces éléments ne sont toutefois pas diffusés par Beria. Staline lui-même n’en aurait pas ététenu informé [réf. nécessaire], ce qui expliquerait qu’il ait soupçonné les Occidentaux d’avoirrecueilli le dictateur déchu. Pour tenter d’expliquer ce surprenant silence des soviétiquessur ces preuves indubitables prouvant la mort d’Hitler, il a été avancé que ce doute auraitpu servir à viser l’Espagne franquiste, dernier bastion du fascisme en Europe après la chutedes régimes allemand et italien, laissant insinuer qu’Hitler y aurait trouvé refuge et offrantainsi à l’Armée rouge un prétexte pour traverser l’Europe de l’Ouest afin de renverser lerégime de Franco.Concernant les restes des époux Hitler, ils sont pudiquement oubliés. Il faut attendre 1970,et l’ère Brejnev, pour que le chef du KGB Youri Andropov les fasse détruire par le feu[réf. souhaitée], toujours sans divulgation de cette incinération. Mais le crâne et les dents deHitler, conservés dans les archives, échappent à la crémation. On n’en apprend l’existencequ’après la chute de l’URSS. En 2000, la partie supérieure du crâne du dictateur devientmême l’une des curiosités d’une exposition moscovite organisée par le Service fédéral desarchives russes pour marquer le cinquante-cinquième anniversaire de la fin de la guerre.

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Hitler, Marx et le socialisme Mein Kampf est un ouvrage violemment anti-marxiste. Hitler y qualifie le marxisme de «doctrine juive » et de « peste mondiale ». Sous la dictature nazie, les socialistes furentpersécutés, assassinés, enfermés en camps de concentration dès 1933. Les livres de KarlMarx furent interdits et brûlés.L’économiste libéral autrichien Ludwig von Mises estimait en 1944 que le nazisme avaitappliqué la plupart des mesures transitoires préconisées par le Manifeste du Particommuniste de Karl Marx et Friedrich Engels : huit des dix mesures citées en 1848 parMarx et Engels auraient été exécutées par les nazis. Seuls deux points n’auraient pas étécomplètement adoptés par les nazis, à savoir l’expropriation de la propriété foncière etl’affectation de la rente foncière aux dépenses de l’État (point no 1 du Manifeste) etl’abolition de l’héritage (point no 3). Leurs méthodes de taxation, leur planisme agricole etleur politique concernant la limitation des fermages iraient selon Mises dans le sens dumarxisme[107] . Ce point de vue est marginal. En réalité, seuls quatre points ont étéappliqués, deux par Hitler lui-même, les autres résultants de la conservation de choixréalisés sous la République de Weimar. Enfin, certaines de ces mesures ont été largementappliquées par tous types de régimes au XXe siècle : « Éducation publique et gratuite detous les enfants » par exemple. La France appliquait à cette même époque cinq desmesures proposées par Karl Marx.[réf. nécessaire]

Ce qui ne saurait faire oublier non plus le rejet radical de la notion de lutte des classes parles nazis, leur absence totale de nationalisation et de réforme agraire, leur ententecomplexe mais durable avec les milieux industriels et financiers[108] ,[109] ,[110] , leurnéo-paganisme fort éloigné du matérialisme historique, enfin leur haine absolue dumarxisme — et le fait que comme le remarque son biographe Ian Kershaw, sur les millionsde mots de Hitler conservés pour la postérité, aucun ne permet de conclure qu’il ait jamaislu un seul texte de Marx.

Regards de contemporains • Brouillé avec Hitler, le maréchal Ludendorff adresse une lettre prophétique à son ancien

collègue Hindenburg, peu après le 30 janvier 1933 :« En nommant Hitler chancelier du Reich, vous avez remis notre sainte patrieallemande entre les mains d’un des plus grands démagogues que nous ayonsjamais connus. Je vous prédis solennellement que ce funeste personnage conduiranotre Reich dans l’abîme et plongera notre nation dans une misère inconcevable.Les générations à venir vous maudiront dans la tombe pour ce que vous avezfait[111] . »

• Benito Mussolini déclara à Ostie, en août 1934 au cours d’un entretien avec la presse etdes amis autrichiens :

« Hitler est un affreux dégénéré sexuel et un fou dangereux. Lenational-socialisme en Allemagne représente la barbarie sauvage et ce serait lafin de notre civilisation européenne si ce pays d’assassins et de pédérastes devaitsubmerger le continent. Toutefois, je ne puis être toujours le seul à marcher sur leBrenner[112] . »

• Erwin Rommel en octobre 1938 après avoir accompagné et assuré la sécurité du Führerdurant l’annexion des Sudètes:

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« Hitler possède un pouvoir magnétique sur les foules, qui découle de la foi enune mission qui lui aurait été confiée par Dieu. Il se met à parler sur le ton de laprophétie. Il agit sur l’impulsion et rarement sous l’empire de la raison. Il al’étonnante faculté de rassembler les points essentiels d’une discussion et de luidonner une solution. Une forte intuition lui permet de deviner la pensée desautres. Il sait manier avec habileté la flatterie. Sa mémoire infaillible m’abeaucoup frappé. Il connaît par cœur des livres qu’il a lus. Des pages entières etdes chapitres sont photographiés dans son esprit. Son goût des statistiques estétonnamment développé : il peut aligner des chiffres très précis sur les troupesde l’ennemi, les diverses réserves de munitions, avec une réelle maestria quiimpressionne l’état-major de l’Armée. »

• Léon Degrelle interviewé en 1981[113] , décrit Hitler qu’il rencontra à l’été 1933 :« Hitler n’était pas un homme comme les autres, il ne ressemblait en rien auxpoliticiens que j’avais eu l’occasion de rencontrer jusque-là. C’était un hommeextrêmement simple, vêtu simplement, parlant simplement, très calme,contrairement à tout ce qu’on a pu raconter. Il était plein d’humour et très drôledans sa conversation. Sur toutes les questions, politiques, économiques, socialesou culturelles, il était porteur de vues absolument neuves, qu’il exprimait avecune clarté et une conviction qui entraînaient l’adhésion de ses auditeurs. Il savaitconquérir les individus et les foules par le rayonnement étrange de sapersonnalité. »

• Baldur von Schirach, ancien chef de la Hitlerjugend et gauleiter de Vienne, écrira en1967, peu après sa sortie de prison :

« La catastrophe allemande ne provient pas seulement de ce que Hitler a fait denous, mais de ce que nous avons fait de Hitler. Hitler n'est pas venu del'extérieur, il n'était pas, comme beaucoup l'imaginent, une bête démoniaque quia saisi le pouvoir tout seul. C'était l'homme que le peuple allemand demandait etl'homme que nous avons rendu maître de notre destin en le glorifiant sans limites.Car un Hitler n'apparaît que dans un peuple qui a le désir et la volonté d'avoir unHitler[114] ».

Descriptions et représentations culturelles

Interprétation psychanalytique Fondateur d’un État totalitaire, doctrinaire raciste et antisémite, responsable de la partieeuropéenne de la seconde guerre mondiale ayant fait entre quarante et soixante millions demorts[115] , et inspirateur du génocide des Juifs et de crimes contre l’humanité sansprécédent ni équivalent à cette heure dans l’histoire humaine, le personnage d’Hitler acristallisé une telle animosité qu’il est devenu aux yeux des Occidentaux la figurearchétypale du criminel, sinon la figure même du « mal absolu ». Aussi les interprétationsde son comportement revêtent-elles nécessairement un enjeu considérable, et aussi est-ilnécessaire de les considérer avec beaucoup de recul.

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Hitler bébé.

Dans son livre de 1983 Am Anfang war Erziehung(traduit en français sous le titre C'est pour ton bien),Alice Miller analyse les liens entre son éducation «répressive » et la suite de sa biographie et avancel’explication que les comportements violents de Hitlertrouveraient leur origine dans ses traumatismesinfantiles.

Sa mère avait épousé un homme plus âgé qu’elle de 23ans, et qu’elle appelait « oncle Aloïs » ; ses trois enfantsmoururent en quelques années autour de la naissanced’Adolf, amenant ce dernier à être surprotégé. Il auraitété régulièrement battu et ridiculisé par son père ; aprèsune tentative de fugue, il aurait été presque battu àmort. Adolf haït son père durant toute sa vie et on arapporté qu’il faisait des cauchemars à son sujet à la finde son existence. Lorsque l’Allemagne nazie annexal’Autriche, Hitler fit détruire le village où son père avaitgrandi.

Au cinéma • Triumph des Willens (Le Triomphe de la volonté), film datant de l’époque nazie (1935),

tourné par Leni Riefenstahl. Film à caractère propagandiste, sans narration, filmé pourdonner la meilleure image possible d’Hitler au congrès de Nuremberg, du 30 août au 3septembre 1933. On y voit des scènes où Hitler est filmé de très bas baignant dans lalumière, lui donnant un air majestueux. Pour l’époque, des innovations y ont étéintroduites comme les travellings circulaires lors des discours, et de très grands planslors de parades. Il remporte un prix d’honneur en France comme meilleur documentairede l’année. Ce film a précédé les lois de Nuremberg et le début de la politique raciale duIIIe Reich, ce qui explique en partie son succès à l’étranger.

• Parmi les nombreuses représentations au cinéma, Charlie Chaplin ridiculisa Hitler dansson film de 1940 Le Dictateur (The Great Dictator) : le dictateur en question a en effetpour sosie un petit coiffeur juif qui prendra sa place et terminera le film sur un discourshumaniste émouvant. Pour la petite histoire, Hitler fit interdire le film en Allemagne,mais s’en procura une copie qu’il se fit projeter en privé à deux reprises. Chaplin était néla même semaine que le tyran, ce qui le marqua toute sa vie. Aux États-Unis, suite à despressions de la United Artists, ce film ne put sortir que six mois après la fin de sontournage.

• La Fin d'Hitler, un film de Georg Wilhelm Pabst sorti en 1955, (titre original : "Der LetzteAkt"), une reconstitution des derniers moments vécus par Hitler et ses proches dansl'abri souterrain en avril 1945.

• Les Dix derniers jours d'Hitler, un film de 1973, où le dictateur est incarné par AlecGuinness.

• En 1999, le réalisateur russe Alexandre Sokourov place Hitler au début de sa trilogie surle pouvoir dans le film Moloch, le récit impressionniste d’un week-end au Berghof ducouple Hitler-Eva Braun.

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• Mrs Meitlemeihr, court métrage de 2002 avec Udo Kier dans lequel Hitler a survécu à laguerre et se cache à Londres déguisé en femme.

• En 2003, Hitler - la naissance du mal (Canada / États-Unis), donne un éclairage sur lajeunesse d’Hitler et sa montée au pouvoir (jusqu’en 1934). Ce film, envers lequel leshistoriens seront sans doute critiques, a le mérite de montrer la genèse du dictateur, etl’Allemagne telle qu’il l’a connue au moment où il met en place son « combat », alors qu’iln’est encore qu’un « aspirant » en politique. À noter que le film a été censuré par TF1(environ quarante minutes de scènes coupées) qui a acquis les droits pour la France.

• En 2003 Max, réalisé par Menno Meyjes, narre l’histoire entre Adolf Hitler (joué parNoah Taylor), à l’époque jeune artiste, et Max, artiste juif amputé du bras droit. Maxencourage Hitler à exorciser sur la toile ses colères, ses haines et ses peurs. Petit à petit,Hitler devient haineux envers les juifs ce qui conduira à l’horreur que l’on sait.

• En 2005 sort La Chute (Der Untergang), réalisé par Oliver Hirschbiegel, avec dans le rôled’Hitler, l’acteur suisse Bruno Ganz. Ce film narre les derniers jours du Führer dans sonbunker.Lors de sa sortie, ce film a attisé la polémique. On lui a notamment reproché de montrerun visage trop humain du dictateur de l’Allemagne.

• Mon Führer - La vraie véritable histoire d'Adolf Hitler sorti en 2007 présente Hitlercomme un sujet comique.

• Walkyrie sorti en 2009 retrace le complot du 20 juillet contre Hitler.

Créations diverses et uchroniques • Hitler a souvent été utilisé comme personnage dans des œuvres de fiction. Un exemple

précoce en est la description cryptée dans la pièce écrite en 1941 par Bertolt Brecht, LaRésistible Ascension d'Arturo Ui, dans laquelle Hitler est transposé en la personne d’unracketteur mafioso sur le marché des choux-fleurs à Chicago.

• Dans le recueil de nouvelles de Dino Buzzati Le K, la nouvelle nommée Pauvre petitgarçon contient une chute assez inattendue…

• Roald Dahl a également écrit une petite nouvelle sur Adolf Hitler dans Kiss Kiss, recueilde nouvelles à l’humour noir, elle s’intitule Une histoire vraie.

• Une des plus étranges œuvres tardives de Salvador Dali fut Hitler se masturbant [116], lereprésentant au centre d’un paysage désolé.

• Dans son roman Pompes funèbres, Jean Genet propose une vision homoérotisée duFührer, ainsi qu’un regard poétique sur les rapports qu’entretiennent la violence nazie etl’attirance sexuelle.

• Rêve de fer (The Iron Dream, 1972) une uchronie de Norman Spinrad : un certain AdolfHitler, n’arrivant pas à fonder un mouvement politique, émigre aux États-Unis, écrit desromans d’heroic fantasy, dont un, le Seigneur du Swastika, récit enchâssé dans le livre deSpinrad avec ses préface et postface expliquant un monde n’ayant pas connu le régimenazi.

• Ces garçons qui venaient du Brésil, Franklin J. Schaffner (1976), raconte une tentative declonage du dictateur défunt par le sinistre Docteur Mengele.

• Fatherland, de Robert Harris est une uchronie qui met en scène un thriller dans uneEurope où le Troisième Reich a triomphé des Alliés en 1944.

• La Part de l'autre, d’Éric-Emmanuel Schmitt, est un roman uchronique qui nous montre ce qu’aurait pu devenir le monde si, à cet instant précis du 8 octobre 1908, le jury de l’École des Beaux-Arts de Vienne avait prononcé « Adolf Hitler : admis ». Il écrit en

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parallèle la vie d’Hitler avec celle qu’il aurait eue s’il avait été admis.• Un Château en Forêt : Le Fantôme de Hitler, de Norman Mailer est une biographie de

Hitler, où un SS posséderait des informations secrètes sur l'enfance et la vie du Führer etles livrerait au lecteur.

• Lors de l'inauguration du musée de cire "Madame Tussauds" de Berlin le 5 juillet 2008,un visiteur berlinois a décapité la tête de la statue de cire d'Hitler. Celle-ci sera retiréeafin d'être réparée[117] .

Mandats politiques

Notes et références [1] (de) Hitler renonce à sa nationalité autrichienne (http:/ / www. ns-archiv. de/ personen/ hitler/ oesterreich/

staatsbuergerschaft. php) (7 avril 1925)[2] Son biographe Ian Kershaw, dans la préface à son Hitler (t. I, Flammarion, 2000), analyse ainsi la singularité

historique d’Hitler, dont le nom est devenu de fait dans la conscience universelle un synonyme du « Mal » :outre qu’il a sévi bien au-delà des frontières de son pays, il s’agit d’un conquérant qui « n’a laissé que desruines derrière lui », ainsi qu’un immense traumatisme moral. L’historien note aussi que même les derniersdéfenseurs d’Hitler n’osent pas assumer frontalement ses actes (négationnisme). L’historiographiecontemporaine a enfin amplement démontré et souligné la singularité de la Shoah, génocide mené contre latotalité d’un peuple désarmé et dispersé, selon des méthodes industrielles et bureaucratiques sans équivalent àcette heure dans l’Histoire humaine. De même, il a été régulièrement souligné la spécificité de ses projetsd’exterminations racistes ou de la destruction méthodique et radicale de la personne humaine dans les campsde concentration. Cf. p. ex. Henry Rousso, « La violence congénitale du nazisme », in Nazisme et stalinisme.Histoire et Mémoire comparées, Complexes, Bruxelles, 2000.

[3] Kimberly Cornish, Wittgentsein contre Hitler. Le Juif de Linz, PUF, 1997. Une photo de classe montre les deuxgarçons à peu de distance. La thèse très controversée du livre suppose qu'ils se connaissaient et qu'Hitleraurait nourri pour Wittgenstein une aversion à l'origine de son antisémitisme et donc de la Shoah. Elle n'estgénéralement pas retenue des historiens, pour qui il n'existe d'ailleurs pas de signe d'un antisémitisme familialni personnel chez Hitler avant qu'il n'arrive à Vienne.

[4] Un cliché pris sur Odeonplatz à Munich le 2 août 1914 le montre dans la foule assemblée voir (en) Pictures ofHitler - Hitler Celebrating the Declaration of WWI (http:/ / history1900s. about. com/ library/ holocaust/blhitler14. htm)

[5] Lionel Richard (dir.), D’où vient Adolf Hitler ?[6] Mein Kampf, chapitre V "La guerre mondiale".[7] Ian Kershaw, Hitler, tome I, Flammarion, 2000, suppose que Hitler a même très probablement arboré alors le

brassard socialiste comme tous les soldats.[8] Cf. Hitler, tome 1 de Ian Kershaw, et 'Hitler de Heiden[9] Dans Mein Kampf, Hitler donne de cet épisode un récit plutôt elliptique, mais assez clair quant à sa vision du

monde :

« En mars 1919, nous étions de retour à Munich. La situation était intenable et poussait à la continuation de la révolution. La mort d’Eisner ne fit qu’accélérer l’évolution et conduisit finalement à la dictature des soviets, pour mieux dire, à une souveraineté passagère des Juifs, ce qui avait été originairement le but des promoteurs de la révolution et l’idéal dont ils se berçaient. […] Au cours de cette nouvelle révolution de soviets, je me démasquai pour la première fois de telle façon que je m’attirai le mauvais œil du soviet central. Le 27 avril 1919, je devais être arrêté, mais les trois gaillards n’eurent point le courage nécessaire en présence du fusil braqué sur eux et s’en retournèrent comme ils étaient venus. Quelques jours après la délivrance de Munich, je fus désigné pour faire partie de la Commission chargée de l’enquête sur les événements révolutionnaires dans le

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2e régiment d’infanterie. Ce fut ma première fonction active à caractère politique. »

[10] Ian Kershaw, Hitler. Essai sur le charisme en politique[11] Ian Kershaw, Hitler, tome I.[12] En 1932, de passage à Munich, l'ancien ministre britannique Winston Churchill accepta par curiosité un

rendez-vous avec le leader nazi, mais ce dernier annula l'entrevue avec son futur vainqueur quand ce dernierdemanda à son intermédiaire pourquoi Hitler en voulait tant à des gens qui n'avaient fait que naître juifs.

[13] Pierre Milza, « Hitler et Mussolini », in L'Allemagne de Hitler, op. cit., p. 112[14] François Bédarida, Le Nazisme et le génocide, Pocket, souligne la spécificité de l’idéologie d’Hitler :

parfaitement cohérente, sincèrement ressentie, cette Weltanschauung est unique au monde car aucune autren’a entraîné par son application de crimes aussi vastes et singuliers.

[15] Serge Berstein, « La prise du pouvoir par Adolf Hitler », in L'Histoire. L'Allemagne de Hitler, Points-Seuil,1991, p. 26.

[16] Robert O. Paxton, Le Fascisme en action, Seuil, p. 173-174.[17] Voir en particulier l'ouvrage de Detlev J. Peukert, La République de Weimar, 1997.[18] Serge Berstein, loc. cit., p. 29.[19] Lionel Richard, Goebbels, Portrait d'un manipulateur, Bruxelles, André Versaille éditeur, 2008[20] Philippe Burrin, « Qui était nazi? », in L'Allemagne de Hitler, op. cit.[21] Philippe Burrin, « Qui était nazi? », in L'Allemagne de Hitler, op. cit.[22] Robert O. Paxton, Le Fascisme en action, p.162.[23] « La conquête du pouvoir par Hitler résulte largement de l'usage cynique qu'il sut faire d'une propagande

fondée sur le mépris : mépris de ses camarades politiques dont il abandonnait le programme à sa guise et dontil trahit les préoccupations ouvriéristes ; mépris de ses concitoyens auxquels il promet toute chose et soncontraire, changeant de style selon les lieux, les moments et les publics. Les seuls constantes des discourshitlériens sont l'antisémitisme et la xénophobie. », Henri Burgelin, Les Succès de la propagande nazi, op. cit., p.127.

[24] Ian Kershaw, Hitler, t. I, op. cit.[25] De même Alan Bullock conclut que Hitler est arrivé au pouvoir par une « conspiration d'escalier de service. »

dans Hitler :A Study in Tyranny, Londre, Odhams, 1952, p. 203.[26] Philippe Burrin, « Le Grand capital a-t-il soutenu Hitler ? », in L’Histoire, L’Allemagne de Hitler, Points-Seuil,

1994[27] J.M. Argelès, « La terreur en Allemagne avant 1939 », in Une si longue nuit, dir. St. Courtois, 2003.[28] Jean-Pierre Azéma, « Les victimes du nazisme », in L'Allemagne de Hitler, op. cit., p. 312[29] Günter Weisenborn, Une Allemagne contre Hitler, 1947.[30] Inge Scholl, La Rose blanche. Six Allemands contre le nazisme, éd. de Minuit, 1953, rééd. 1998.[31] Gilles Perrault, L'Orchestre rouge, Fayard, 1989[32] Léopold Trepper, Le Grand Jeu, Albin Michel, 1993.[33] Atlas du IIIe Reich, coll. Autrement, 1998[34] Ian Kershaw, Hitler, Flammarion, 2000, passim[35] Peter Reichel, La Fascination du nazisme, Hambourg, 1997[36] Philippe Burrin, « Le grand capital a-t-il soutenu Hitler ? », in L'Allemagne de Hitler, op. cit., p. 149-167[37] Götz Ally, Comment Hitler a acheté les Allemands, Flammarion, 2007[38] Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ?, 1988, Seuil, coll. Points. (pour les rapports du nazisme à l'économie)[39] Barbara Lambauer, Otto Abetz et les Français, Fayard 2001, page 96[40] Bertrand de Jouvenel, Un voyageur dans le siècle, Robert Laffont 1979, page 256[41] Extrait plus large de l'interview :

« ...Vous vous dites : "Hitler nous fait des déclarations pacifiques, mais est-il de bonne foi ? Est-il sincère ?" N’est-ce pas un point de vue puéril que le vôtre ? Est-ce qu’au lieu de vous livrer à des devinettes psychologiques, vous ne feriez pas mieux de raisonner en usant de cette fameuse logique à laquelle les Français se déclarent si attachés ? N’est-il pas évidemment à l’avantage de nos deux pays d’entretenir de bons rapports ? Ne serait-il pas ruineux pour eux de s’entre-choquer sur de nouveaux champs de bataille ? N’est-il pas logique que je veuille ce qui est le plus avantageux à mon pays, et, ce qui est le plus avantageux, n’est-ce pas évidemment la paix ? ...C’est bien étrange que vous jugiez encore possible une agression allemande !

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Est-ce que vous ne lisez pas notre presse ? Est-ce que vous ne voyez pas qu’elles’abstient systématiquement de toute attaque contre la France, qu’elle ne parlede la France qu’avec sympathie ? ...Jamais un dirigeant allemand ne vous a fait de telles ouvertures si répétées. Etces offres émanent de qui donc ? D’un charlatan pacifiste qui s’est fait unespécialité des relations internationales ? Non pas, mais du plus grand nationalisteque l’Allemagne ait jamais eu à sa tête ! Moi, je vous apporte ce que nul autren’aurait jamais pu vous apporter : une entente qui sera approuvée par 90 % de lanation allemande, les 90 % qui me suivent ! Je vous prie de prendre garde à ceci : Il y a dans la vie des peuples des occasions décisives. Aujourd’hui la France peut,si elle le veut, mettre fin à tout jamais à ce "péril allemand" que vos enfants degénération en génération, apprennent à redouter. Vous pouvez lever l’hypothèqueredoutable qui pèse sur l’histoire de France. La chance vous est donnée à vous. Sivous ne la saisissez point, songez à votre responsabilité vis-à-vis de vos enfants !Vous avez devant vous une Allemagne dont les neuf dixièmes font pleineconfiance à leur chef, et ce chef vous dit : "Soyons amis !" »

Extrait de l’interview de Bertrand de Jouvenel paru dans le journal Paris-Midi du vendredi 28 février 1936 Page1 et 3/ Ref. BNF MICR D-uc80

[42] Ibid., samedi 29 février 1936, p. 3. Toutefois, du fait que cette interview intervienne après la ratification dupacte franco-soviétique, certains commentateurs allemands auront des paroles dures à l’égard d’ÉdouardHerriot, d’Albert Sarraut et de Flandrin, leur reprochant d’avoir signé avec les Soviétiques

[43] Une histoire des Juifs, Robert Laffont, 1986[44] Ian Kershaw, Hitler, t. I, op. cit.[45] Cité par K. Timmerman, op. cit., p. 109[46] Compte rendu de l’entretien entre le Führer et le grand Mufti de Jérusalem le 30 novembre 1941, Documents

on German Foreign Policy, 1918-1945, cité dans Walter Laqueur, The Israel-Arab Reader, Penguin Books, 1970,pp. 106-107.

[47] Historia hors série N°13, juin 1969 ; Paris ville ouverte par Pierre Bourget / Charles Lacretelle[48] Le choc de 1940 / Jean Cau[49] Une saison noire Le massacre des tirailleurs sénégalais mai-juin 1940 par Raffael Scheck (http:/ / www.

histoforum. org/ histobiblio/ article. php3?id_article=473)[50] Ulrich Herbert, Hitler's foreign workers, Cambridge, 1997[51] Larousse de la Seconde Guerre mondiale, dir. Claude Quétel, Mémorial de Caen, 2004, p. 321-322[52] Olivier Wieviorka, Histoire du Débarquement en Normandie, Perrin, 2007[53] "Est-ce un hasard si plusieurs de ceux qui allaient en devenir les plus farouches adversaires, un Niemöller, un

Stauffenberg, un Hans Scholl, ont commencé par éprouver pour lui de l'attirance avant de s'en détourner avechorreur ?" in L'Allemagne de Hitler, collection L'Histoire, Points-Seuil, 1991, introduction, p. 15

[54] Raymond Cartier, La Seconde Guerre mondiale, Hachette, 1964, t. II, p. 67[55] Pour Himmler cependant, certaines recherches récentes forment l'hypothèse qu’il aurait négocié avec les

Alliés sur ordre de Hitler lui-même. Cf. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome III, p. 205, et les travauxde François Delpla.

[56] Les derniers jours de Hitler, par Édouard Husson (http:/ / www. histoire. presse. fr/ content/ recherche/article?id=282) ; c’est également ce que laisse entendre le film La Chute, même si le double suicide lui-même,faute de témoin, n'est pas mis en scène.

[57] Raymond Cartier, La Seconde Guerre mondiale, Larousse, 1964, t. II, p. 346[58] in conclusion finale de Hitler, Flammarion, 2000[59] François Furet, Le Passé d'une illusion, 1993[60] Tony Judt, Après-Guerre. Une histoire de l'Europe depuis 1945, Armand Colin, 2007, chapitre premier «

L'héritage de la guerre ».[61] Tony Judt, op. cit, p. 34[62] cf. Tony Judt, op. cit., p. 425[63] Tony Judt, op. cit., p. 30[64] La France du maréchal Pétain, ainsi, a nourri l'illusion coûteuse que le Führer était prêt à faire de la France

un pays partenaire dans sa « nouvelle Europe », d'où une collaboration à sens unique qui a permis à Hitler d'atteindre à moindres frais ses objectifs de pillage, répression ou déportation. Cf. Robert Paxton, La France de

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Vichy, Seuil, 1973.[65] Cf. par exemple la fin de Maus, d'Art Spiegelman.[66] Éditions Chroniques, conclusion de la Chronique de la Seconde Guerre mondiale, 1987.[67] Albert Speer, Au cœur du IIIe Reich, Fayard, 1971, ou encore Joachim Fest, Albert Speer. Le confident de

Hitler, tr. fr. Perrin, 2001[68] L'ancien chef de la Hitlerjugend et gauleiter de Vienne Baldur von Schirach, condamné à 20 ans de prison à

Nuremberg, écrit en 1967 : « La catastrophe allemande ne provient pas seulement de ce que Hitler a fait denous, mais de ce que nous avons fait de Hitler. Hitler n'est pas venu de l'extérieur, il n'était pas, commebeaucoup l'imaginent, une bête démoniaque qui a saisi le pouvoir tout seul. C'était l'homme que le peupleallemand demandait et l'homme que nous avons rendu maître de notre destin en le glorifiant sans limites. Carun Hitler n'apparaît que dans un peuple qui a le désir et la volonté d'avoir un Hitler. » Cité in L'Histoire,L'Allemagne de Hitler, Points-Seuil, 1991, p. 13

[69] Tony Judt, Après-Guerre, Armand Colin, p. 942[70] Tony Judt, Après-Guerre. Une Histoire de l'Europe depuis 1945, Armand Colin, 2007, p. 80 et p. 940[71] cf. Tony Judt, op. cit., "Epilogue: de la maison des morts"[72] Mémorandum de Walter Hevel, fonctionnaire du ministère des affaires étrangères du Reich, 21 janvier 1940.

Akten zur deutschen auswärtigen Politik, vol. 158, p. 170., cité par Gerald Fleming, Hitler and the FinalSolution, University of California Press, 1994, p. 14.

[73] Voir la longue liste des propos d’Hitler rapportés par PHDN : « L’antisémitisme mortifère d’Hitler. Paroles etdocuments » (http:/ / www. phdn. org/ histgen/ hitler/ declarations. html)

[74] « Hitler et la Solution Finale : le jour et l'heure », in L'Allemagne de Hitler, op. cit., p. 269[75] Ian Kershaw, Hitler, t. II, op. cit., passim[76] Omar Bartov, L'Armée de Hitler, Pluriel, 1999[77] Rudolf Höss, Le Commandant d'Auschwitz parle[78] Pour tout le passage, Annette Wieviorka, "Les Tziganes aussi...", in Auschwitz, la mémoire d'un lieu, Pluriel,

2005[79] Jean-Pierre Azéma, "Les victimes du nazisme", in L'Allemagne de Hitler, op. cit., p. 321[80] Hermann Langbein, Hommes et femmes à Auschwitz, Fayard, 1971, p. 27 sq et p. 49 sq[81] Guenter Lewy, La persécution des tsiganes par les nazis, Paris, Les Belles Lettres, 2003, p. 364-365[82] Le 3 septembre 1941, d’après Rudolf Hoess, commandant du camp. Voir Pierre Vidal-Naquet, Les assassins

de la mémoire, 2005, p. 143.[83] Mémorial de la déportation homosexuelle (http:/ / deportation-homosexuelle. org/ histoire. html)[84] Dione Lucas : The Gourmet Cooking School Book (New York : Bernard Geis Associates)[85] la première règlementation de défense des animaux est anglaise est date de 1876[86] Discours radiodiffusé de Hitler, le 1er février 1933[87] Texte officiel dans le Reichsgesetzblatt, Journal Officiel du Reich, n°132, du 25 novembre 1933, p 987-988,

une colonne p. 989. Traduction du Bulletin juridique du Comité International, BJCI, 1933, pp. 33-37[88] Thèse essentiellement portée en France par le livre de Luc Ferry, Le Nouvel Ordre écologique, LGF, 1994[89] Elisabeth Hardouin-Fugier, Estiva Reus, David Olivier: Luc Ferry ou le rétablissement de l'ordre, Tahin Party,

2002[90] « Le Point » du 6 avril 2001[91] Hubert Schorn, Die Gesetzgebung des National Sozialismus als mittel des Machtpolitik, Frankfurt aM.

Vittorio Klostermann, 1963[92] voir La Protection législative de l’animal sous le nazisme par Élisabeth Hardoin-Fugier (http:/ / tahin-party.

org/ textes/ ferry127-151. pdf)[93] Victor Klemperer : La langue du III Reich, Paris, Albin Michel 1975[94] "Hitler au quotidien", in Larousse de la Seconde Guerre mondiale, dir. Claude Quélen, Mémorial de Caen,

2004, p. 194[95] Henri Michel, Les Fascismes, Que Sais-je?, PUF, 1977[96] "Hitler au quotidien", loc. cit. et Ian Kershaw, Hitler, op. cit., passim[97] Jacques Nobécourt, "Mit Brennender Sorge", in Dix leçons sur le nazisme, dir. Alfred Grosser, 1987[98] voir le film Der Untergang[99] Ron Rosenbaum, « Pour en finir avec la théorie d'un Adolf Hitler à une seule couille », in Rue89.com, 30

novembre 2008 (http:/ / www. rue89. com/ 2008/ 11/ 30/pour-en-finir-avec-la-theorie-dun-adolf-hitler-a-une-seule-couille)

[100] Bruno Gaudiot, Thierry Féral, Adolf Hitler: l'archaïsme déchaîné, Paris, L'Harmattan, 2001, 187 pages, p.173 (ISBN 274750610X).

[101] Sur l'ondinisme supposé de Hitler, Paul Simelon, Hitler, comprendre une exception historique?, Paris, L'Harmattan, 2004, 156 pages, p. 35-36 (ISBN 2-7475-6272-7), parle d'une rumeur née après le suicide de Geli

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Raubal, qui le lierait aux « extravagances sexuelles de Hitler », en l'occurrence « l'ondinisme », mais jugequ'elle manque de fondement.

[102] Les affirmations sur l'impuissance de Hitler ont été démenties par Heinz Linge, valet de chambre de Hitler.Voir Michel Beauquey, J. V. Ziegelmeyer, Le disparu du 30 avril, Productions de Paris, 1964, 294 pages, p.  131.

[103] Paul Simelon, Hitler, comprendre une exception historique?, Paris, L'Harmattan, 2004, 156 pages, p. 35(ISBN 2-7475-6272-7), qui s'appuie sur Norman Finkelstein.

[104] Ron Rosenbaum, « Pour en finir avec la théorie d'un Adolf Hitler à une seule couille », in Rue89.com, 30novembre 2008 (http:/ / www. rue89. com/ 2008/ 11/ 30/pour-en-finir-avec-la-theorie-dun-adolf-hitler-a-une-seule-couille)

[105] Kevin Moore, Museums and Popular Culture, Continuum International Publishing Group, 1997, 182 pages(ISBN 0-7185-0227-2), parle, p. 119, d'une « well-known wartime anti-German ditty: "Hitler has only got oneball, Goering has two but very small, Himmler has something similar, but poor old Goebbels has no balls at all."»

[106] L'attribution du Prénom Adolphe Année par Année (http:/ / tf1. notrefamille. com/ v2/ services-prenom/prenom. asp?firstname=adolphe& x=26& y=1)

[107] (Ludwig von Mises, Omnipotent Government, The Rise of the Total State and Total War)[108] « c’est le soutien direct apporté au Führer par les industriels et les milieux d’affaires qui a fait pencher la

balance de son côté » (Pierre Milza, Les Fascismes, Imprimerie Nationale, 1985, p. 231).[109] Entente qualifiée de « mythe favori » des marxistes par Claude Polin dans Le totalitarisme, PUF, coll. « Que

sais-je ? », 1982, 127 pages, p. ? (ISBN 2130376150).[110] « Les milieux d'affaires, jusqu'alors réticents en raison de l'anticapitalisme initial du NSDAP, commencent à

voir en lui le rempart le plus sûr contre la poussée révolutionnaire » à la suite des élections présidentielles de1932. « Les principaux représentants de la grande industrie rhénane (Krupp, Thyssen, Kirdorf) décident desoutenir Hitler pour mettre fin au désordre croissant. Le chef du parti nazi les rassure en leur expliquant queses diatribes anticapitalistes ne visent que les banquiers juifs en leur promettant une politique d'armementfavorable à la grande industrie lourde. Une rencontre avec l'ancien chancelier von Papen et un groupe debanquiers à Cologne, le 4 janvier 1933, achève de sceller l'accord entre les milieux d'affaires et Hitler ». VoirJean Guiffan, Jean Ruhlmann, Histoire de l'Europe au XXe siècle, Paris, Éditions Complexe, 1995, 252 pages, p.138-139 (ISBN 287027551X).

[111] In Philippe Bouchet, La république de Weimar, Ellipses, 1999, p. 83. Ian Kershaw met aussi la citation enexergue du chapitre "Hissé au pouvoir" de son Hitler, t. I, op. cit.

[112] Chroniques de l’histoire, (ISBN 290596992X)[113] Interview recueillie par Jean Kapel, Histoire magazine, n° 19, septembre 1981.[114] Baldur von Schirach, J'ai cru à Hitler, Hambourg, 1967, cité in L'Allemagne de Hitler, collection « L'Histoire

», Points-Seuil, 1991, p. 13.[115] Marc Nouschi, Bilan de la Seconde Guerre mondiale, Le Seuil, 1996[116] http:/ / gouloufoufou. free. fr/ images/ stories/ stockage/ 1973_06. jpg[117] 24 heures (http:/ / www. 24heures. ch/ pages/ home/ 24_heures/ l_actu/ monde/ monde_detail/ (contenu)/

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Voir aussi

Articles connexes • Shoah• Conférence de Wannsee• NSDAP• La nuit de cristal• La nuit des longs couteaux• Peintures d'Hitler• Résistance allemande au nazisme

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Bibliographie : Source utilisée pour la rédaction de l’article

Biographies générales • François Delpla, Hitler, Grasset, 1999, (ISBN 978-2246570417)• Joachim Fest, Hitler, Tome 1 : Jeunesse et conquête du pouvoir, Gallimard, 1973• Joachim Fest, Hitler, Tome 2 : Le führer, Gallimard, 1973• Joachim Fest, Les Derniers Jours de Hitler, Perrin, 2005, (ISBN 978-2262023294)

• Ian Kershaw, Hitler, tome 1, 1157 pages, Flammarion, 1999, (ISBN 978-2082125284) • Ian Kershaw, Hitler, tome 2, 1632 pages, Flammarion, 2000, (ISBN 978-2082125291) • Ian Kershaw, Hitler : Essai sur le charisme en politique, Folio Histoire, 2001, (ISBN

978-2070419081)• Ron Rosenbaum, Pourquoi Hitler, Lattès, 1998, (ISBN 9782709619134)

Aspects particuliers • Brigitte Hamann, La Vienne de Hitler. Les années d'apprentissage d'un dictateur, Paris,

Édition des Syrtes, 2001.• Götz Aly, Comment Hitler a acheté les Allemands, Flammarion, 2005, (ISBN 2082105172) • Sir Alan Bullock, Hitler et Staline, Albin Michel, 1994, (ISBN 2226064915 et ISBN 2226064923)• Gerhard Boldt La Fin de Hitler, Corréa, 1949• Henrik Eberle et Matthias Uhl, Le dossier Hitler, Presses de la Cité, 2006• Bernd Freytag von Loringhoven et François d'Alançon, Dans le bunker de Hitler : 23

juillet 1944 - 29 avril 1945, Perrin 2005, (ISBN 2262024782)• David Garner, Le dernier des Hitler, Patrick Robin Éditions, 2006, (ISBN 2352280044)• (de) S. Haffner, Anmerkungen zu Hitler, Munich, 1978.• Ian Kershaw, Le Mythe Hitler, Flammarion, Paris, 1987.• Gérard Letailleur, Les secrets du chancelier (préface de Christian de La Mazière),

Éditions Dualpha, coll. « Vérités pour l’histoire », 2005, (ISBN 2915461392)• Philippe Masson, Hitler chef de guerre, Perrin, 2005, (ISBN 2262015619)

• Lionel Richard, D’où vient Adolf Hitler ?, Autrement, 2000, (ISBN 978-2862609997) • (en) William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich, Simon & Schuster, 1990,

(ISBN 0-671-72868-7)• Giulio Ricchezza, La Vie fantastique d’Adolf Hitler, 3 t., Famot, 1974

Souvenirs et témoignages • Hermann Rauschning, Hitler m’a dit, Hachette, 2005, (ISBN 978-2012792395)• Bénédicte Savoy (trad.), Un attentat contre Hitler, Procès verbaux des interrogatoires de

Johann Georg Elser, préface de Gilles Perrault, Solin Actes Sud, 1998, (ISBN 9782742716548)• Rochus Misch, J'étais garde du corps d'Hitler, Le Cherche-Midi, 2006, (ISBN 2749105056)

Fictions • La Part de l'autre, Eric-Emmanuel Schmitt, Albin-Michel, 2005• Un Château en Forêt : Le Fantôme de Hitler, Norman Mailer, 2007.

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Liens externes • (en) Hitler à Odeonplatz Munich, août 1914 (http:/ / history1900s. about. com/ library/

holocaust/ blhitler14. htm)• (fr) Archives de l’INA : Entrevue entre Hitler et Franco à Hendaye en octobre 1940 (http:/

/ www. ina. fr/ archivespourtous/ index. php?vue=notice& id_notice=AFE85000178)• (fr) Article et dossier à télécharger sur les archives US concernant Hitler, les enquêtes

du FBI et les données relatives à un complot américain destiné à le supprimer en 1933(http:/ / www. armees. com/ Pour-le-FBI-Hitler-etait-vivant. html)

• (fr) Le double langage dans l’hitlérisme (http:/ / www. diploweb. com/ p7dura2. htm) parGuy Durandin, professeur honoraire de psychologie sociale à l’universitéRené-Descartes-Paris V.

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Sources et contributeurs de l'articleAdolf Hitler  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=41605321  Contributeurs: 0000, 307sw136, ?renommé20080528814, A.D.O.L.F.H.I.T.L.E.R., A3 nm, ADM, AIRAZUR, ALDO CP, Abracadabra, Actarus Prince d'Euphor, Actias, Acélan, Adastra, Adrille, Aegil, AgatheD, Alain Caraco,Alamandar, Alcazarfr, Alexboom, Alexm57, Alexvial, Alo, Alphonse Wagner, Alvaro, Amine93l, Amoceann, Anarchy-boy, Andoni, Angelef, Anierin,Animaldudésir, Anoonym, Anthere, Aoineko, Apollofox, Apollon, Archambaud, Archeos, Archibald, Archimatth, Arglanir, ArmenG, ArnoLagrange, Arnsy,Arolión Yolenda, Artavezdès, Aruspice, Attis, Aurevilly, Ayin, Azerty92, Baalshamin, Badmood, Badplayer, Balouk, Baronnet, Barraki, Barsamuphe,Baudouin de Lille, Bdarteve, Benoît92, BernardM, Bgf, Bibi Saint-Pol, Bidjim, Black31, BluePencil, Bob08, Bobby Ewing, Bobodu81, Bogatyr, Bono,Bouchecl, Bradipus, Brato, BrightRaven, Bâillonnette, C-R, Cambran bruno, Captain Waters, Carthae, Caton, CdC, 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Larochep, Lastpixl, Le Dernier desTrémolins, Le bibliographe, Le sotré, Leag, Lebob, Lechat, Lecorrecteurfou, LeonardoRob0t, Like tears in rain, Lilyu, Liondelyon, Litlok, Livajo, Looxix,Louis-garden, Lucius, Ludo29, Ma'ame Michu, Madlozoz, Maggic, Manchot sanguinaire, Manukid, Marc Mongenet, Marcellus55, Markadet, Markov,Martial75, Martin, MatB, Mathieuw, MatrixCM, Matt314, Matth97, Maurilbert, Max227, Med, Melkor73, Meszigues, Mhon, Michel BUZE, Mika,Miniwark, Minouminou4, Mmenal, Moala, Moebius05, Moez, Moha93800, Moumine, Mr Patate, Museau65, Mutatis mutandis, Mwarf, N&G, N'importelequel, N0osphR, Nabulione932, Naevus, Nassiva, Nataraja, NeMeSiS, Necrid Master, Nemesis 12, Neptune, Neuromancien, Neven, NicDumZ, Nico86,NicoRay, NicoV, Nicolas Ray, Nicolu, Nimportnawac, Nkm, Nono64, Numbo3, Nykozoft, Oblic, Ollamh, Olmec, Orthogaffe, Otets, Overmac, OxamHartog, P-e, Padawane, Paddyez, Panoramastitcher, Panoramix, Papatt, Paris75000, Patroklis, Pautard, PetetheJock, Petiyoda, Phe, 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Source des images, licences etcontributeursImage:Bundesarchiv Bild 183-S33882, Adolf Hitler.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-S33882,_Adolf_Hitler.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs: o.Ang.Image:Flag_of_Austria-Hungary_1869-1918.svg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Flag_of_Austria-Hungary_1869-1918.svg Licence: Public Domain  Contributeurs: User:Actarux, User:Sgt_bilkoFichier:Flag of Germany.svg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Flag_of_Germany.svg  Licence: Public Domain  Contributeurs:User:Pumbaa80Fichier:Bundesarchiv Bild 183-1989-0322-506, Adolf Hitler, Kinderbild.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-1989-0322-506,_Adolf_Hitler,_Kinderbild.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs:o.Ang.Fichier:Alois Hitler.jpeg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Alois_Hitler.jpeg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Eintragungins Nichts, Gugganij, Mtsmallwood, Samulili, Svencb, TerraX, 4 modifications anonymesFichier:Stammbaum Adolf Hitler 3.png  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Stammbaum_Adolf_Hitler_3.png  Licence: GNUFree Documentation License  Contributeurs: Iotatau, Kelisi, Tornad, WikipediaMaster, 3 modifications anonymesFichier:Antisemiticroths.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Antisemiticroths.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs: FML,Kolossos, Mattes, Mu, Schimmelreiter, Wolfmann, 1 modifications anonymesFichier:Hitlermember.png  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Hitlermember.png  Licence: Public Domain  Contributeurs:Herbythyme, Kahlil88, Mtsmallwood, Nishkid64, Schaengel89, Túrelio, 7 modifications anonymesFichier:Bundesarchiv Bild 102-10460, Adolf Hitler, Rednerposen.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_102-10460,_Adolf_Hitler,_Rednerposen.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs:Hoffmann, HeinrichFichier:Bundesarchiv Bild 102-00344A, München, nach Hitler-Ludendorff Prozess retouched.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_102-00344A,_München,_nach_Hitler-Ludendorff_Prozess_retouched.jpg  Licence:inconnu  Contributeurs: User:AlMareFichier:Bundesarchiv Bild 102-13774, Adolf Hitler.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_102-13774,_Adolf_Hitler.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs: Mtsmallwood, YMSFichier:Evolution du chômage en Allemagne (1928-1940).svg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Evolution_du_chômage_en_Allemagne_(1928-1940).svg  Licence: inconnu  Contributeurs:User:HistoricairFichier:Parti Nazi aux élections législatives.svg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Parti_Nazi_aux_élections_législatives.svg Licence: inconnu  Contributeurs: User:HistoricairFichier:Adolf Hitler-1933.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Adolf_Hitler-1933.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs: Cecil,Dsmurat, Erberg, Polarlys, Str4nd, Vonvon, 4 modifications anonymesFichier:Bundesarchiv Bild 146-1977-148-19A, Berlin, Reichstagsbrand.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1977-148-19A,_Berlin,_Reichstagsbrand.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs:Beek100, Srittau, 1 modifications anonymesFichier:1933-may-10-berlin-book-burning.JPG  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:1933-may-10-berlin-book-burning.JPG Licence: inconnu  Contributeurs: User Dyss on en.wikipediaFichier:Bundesarchiv Bild 183-K0930-502, Wahlplakat der NSDAP zur Reichstagswahl.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-K0930-502,_Wahlplakat_der_NSDAP_zur_Reichstagswahl.jpg  Licence: inconnu Contributeurs: o.Ang.Fichier:Reichsparteitag 1935.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Reichsparteitag_1935.jpg  Licence: Public Domain Contributeurs: Charles RussellFichier:Deutsches Reich - 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Fichier:Soviet soldiers mass grave, German war prisoners concentration camp in Deblin, German-occupied Poland.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Soviet_soldiers_mass_grave,_German_war_prisoners_concentration_camp_in_Deblin,_German-occupied_Poland.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs: unknown, due to the character (post war exhumation), work by polish or soviet author, in both cases PD.Fichier:New European Order.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:New_European_Order.jpg  Licence: Public Domain Contributeurs: Infrogmation, Jarekt, Piotrus, Spetsedisa, Themightyquill, Tony WillsFichier:WWII Krakow - 04.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:WWII_Krakow_-_04.jpg  Licence: Public Domain Contributeurs: "Ze zbiorow prywatnych"Fichier:Ussr0466.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Ussr0466.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Alex Bakharev,Butko, FrancisTyers, Infrogmation, Kneiphof, 1 modifications anonymesFichier:Ww2 poster oct0404.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Ww2_poster_oct0404.jpg  Licence: Public Domain Contributeurs: Ar-ras, Frumpy, Get It, Infrogmation, Jorva, Knoerz, Man vyi, Matthead, Paddy, Themightyquill, Tony Wills, Wolfmann, 1 modificationsanonymesFichier:Bundesarchiv Bild 146-1996-057-10A, Warschauer Aufstand, Soldat mit Flammenwerfer.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1996-057-10A,_Warschauer_Aufstand,_Soldat_mit_Flammenwerfer.jpg  Licence:inconnu  Contributeurs: SchremmerFichier:Buchenwald Hitler Effigy 74975.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Buchenwald_Hitler_Effigy_74975.jpg  Licence:Public Domain  Contributeurs: Mtsmallwood, USHMM, 1 modifications anonymesFichier:Volkssturm.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Volkssturm.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Records ofthe Office of War Information [OWI]Fichier:Stars & Stripes & Hitler Dead2.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Stars_&_Stripes_&_Hitler_Dead2.jpg  Licence:Public Domain  Contributeurs: US ArmyFichier:Starved bodies of prisoners who were transported to Dachau from another concentration camp, lie grotesquely as they diedenroute.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Starved_bodies_of_prisoners_who_were_transported_to_Dachau_from_another_concentration_camp,_lie_grotesquely_as_they_died_enroute.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Chiewatc, Makthorpe, Petrusbarbygere, R-41, Ratatosk, 1 modifications anonymesFichier:Bundesarchiv Bild 101I-808-1238-05, Berlin, Reichstagssitzung, Rede Adolf Hitler.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_101I-808-1238-05,_Berlin,_Reichstagssitzung,_Rede_Adolf_Hitler.jpg  Licence:inconnu  Contributeurs: o.Ang.Fichier:Polish kid in the ruins of Warsaw September 1939.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Polish_kid_in_the_ruins_of_Warsaw_September_1939.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs:Andros64, Jarekt, Starscream, 1 modifications anonymesFichier:DeadGermanOrtona.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:DeadGermanOrtona.jpg  Licence: Public Domain Contributeurs: Terry F. Rowe / Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada / PA-115188Fichier:Graffiti inside the ruins of the German Reichstag building.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Graffiti_inside_the_ruins_of_the_German_Reichstag_building.jpg  Licence: inconnu  Contributeurs:User:W.wolnyFichier:138 Ante Pavelic.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:138_Ante_Pavelic.jpg  Licence: GNU Free DocumentationLicense  Contributeurs: Bobby, G.dallorto, Mtsmallwood, R-41, 1 modifications anonymesFichier:Nuremberg-1-.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Nuremberg-1-.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: (en)Fichier:Buchenwald Samuelson 62779.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Buchenwald_Samuelson_62779.jpg  Licence:Public Domain  Contributeurs: Arnold Samuelson (1917-2002)Fichier:Karl Brandt SS-Arzt.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Karl_Brandt_SS-Arzt.jpg  Licence: Public Domain Contributeurs: Beek100, Maiplatz, Mattes, MtsmallwoodFichier:Alkoven Schloss Hartheim 2005-08-18 3589.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Alkoven_Schloss_Hartheim_2005-08-18_3589.jpg  Licence: Creative Commons Attribution-Sharealike2.5  Contributeurs: DralonFichier:Antisemitism in Berlin 1933.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Antisemitism_in_Berlin_1933.jpg  Licence: PublicDomain  Contributeurs: Jayvdb, Mike.lifeguard, Nard the Bard, 1 modifications anonymesFichier:Gueto de v.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Gueto_de_v.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Willy Georg (b.1911)Fichier:Kiev Jew Killings in Ivangorod (1942).jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Kiev_Jew_Killings_in_Ivangorod_(1942).jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Photographerunknown Often attributed to w:pl:Jerzy Tomaszewski (fotografik)Jerzy Tomaszewski who discovered it.Fichier:Map auschwitz deportation 4499.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Map_auschwitz_deportation_4499.jpg Licence: inconnu  Contributeurs: Hynek MoravecFichier:Porajmos.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Porajmos.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Olahus, Ronline,Thuresson, 3 modifications anonymesFichier:Gott mit uns - polish resistance poster, German-occupied Poland, 1943.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Gott_mit_uns_-_polish_resistance_poster,_German-occupied_Poland,_1943.jpg  Licence: Public Domain Contributeurs: AnonMoos, Jarekt, Liftarn, Lobo de Hokkaido, Piotrus, R-41, Spetsedisa, Themightyquill, Tony Wills, Wst, 1 modifications anonymesFichier:Amsterdam-Homomonument-05.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Amsterdam-Homomonument-05.jpg  Licence:Creative Commons Attribution 2.0  Contributeurs: La Sequencia from Evanston, IL, USAFichier:Bundesarchiv Bild 146-1973-034-42, Obersalzberg, Adolf Hitler im Haus Wachenfeld.jpg  Source:http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1973-034-42,_Obersalzberg,_Adolf_Hitler_im_Haus_Wachenfeld.jpg  Licence:inconnu  Contributeurs: Mtsmallwood, YMSFichier:Garden party Reich Chancellery0003.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Garden_party_Reich_Chancellery0003.jpg Licence: anonymous-EU  Contributeurs: UnknownFichier:Georg Elser-Briefmarke.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Georg_Elser-Briefmarke.jpg  Licence: Public Domain Contributeurs: Gedeon, Hbk33Fichier:Nazi Volkswagen.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Nazi_Volkswagen.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs:Aviad2001, Jack O'Neill, Ketamino, Mattes, Morio, Vaya, 1 modifications anonymesFichier:Feather.svg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Feather.svg  Licence: GNU Free Documentation License  Contributeurs:BMK, Booyabazooka, Javierme, Troy 07, 3 modifications anonymes

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You may add a passage of up to five words as a Front-Cover Text, and a passage of up to 25 words as a Back-Cover Text, to the end of the list of CoverTexts in the Modified Version. Only one passage of Front-Cover Text and one of Back-Cover Text may be added by (or through arrangements made by)any one entity. If the Document already includes a cover text for the same cover, previously added by you or by arrangement made by the same entityyou are acting on behalf of, you may not add another; but you may replace the old one, on explicit permission from the previous publisher that added theold one. The author(s) and publisher(s) of the Document do not by this License give permission to use their names for publicity for or to assert or implyendorsement of any Modified Version. 5. COMBINING DOCUMENTS You may combine the Document with other documents released under this License, under the terms defined in section 4 above for modified versions,provided that you include in the combination all of the Invariant Sections of all of the original documents, unmodified, and list them all as InvariantSections of your combined work in its license notice, and that you preserve all their Warranty Disclaimers. The combined work need only contain one copy of this License, and multiple identical Invariant Sections may be replaced with a single copy. If there aremultiple Invariant Sections with the same name but different contents, make the title of each such section unique by adding at the end of it, inparentheses, the name of the original author or publisher of that section if known, or else a unique number. Make the same adjustment to the sectiontitles in the list of Invariant Sections in the license notice of the combined work. In the combination, you must combine any sections Entitled "History" in the various original documents, forming one section Entitled "History"; likewisecombine any sections Entitled "Acknowledgements", and any sections Entitled "Dedications". You must delete all sections Entitled "Endorsements." 6. COLLECTIONS OF DOCUMENTS You may make a collection consisting of the Document and other documents released under this License, and replace the individual copies of thisLicense in the various documents with a single copy that is included in the collection, provided that you follow the rules of this License for verbatimcopying of each of the documents in all other respects. You may extract a single document from such a collection, and distribute it individually under this License, provided you insert a copy of this License intothe extracted document, and follow this License in all other respects regarding verbatim copying of that document. 7. AGGREGATION WITH INDEPENDENT WORKS A compilation of the Document or its derivatives with other separate and independent documents or works, in or on a volume of a storage or distributionmedium, is called an "aggregate" if the copyright resulting from the compilation is not used to limit the legal rights of the compilation's users beyondwhat the individual works permit. When the Document is included in an aggregate, this License does not apply to the other works in the aggregate whichare not themselves derivative works of the Document. If the Cover Text requirement of section 3 is applicable to these copies of the Document, then if the Document is less than one half of the entireaggregate, the Document's Cover Texts may be placed on covers that bracket the Document within the aggregate, or the electronic equivalent of coversif the Document is in electronic form. Otherwise they must appear on printed covers that bracket the whole aggregate. 8. TRANSLATION Translation is considered a kind of modification, so you may distribute translations of the Document under the terms of section 4. Replacing InvariantSections with translations requires special permission from their copyright holders, but you may include translations of some or all Invariant Sections inaddition to the original versions of these Invariant Sections. You may include a translation of this License, and all the license notices in the Document,and any Warranty Disclaimers, provided that you also include the original English version of this License and the original versions of those notices anddisclaimers. In case of a disagreement between the translation and the original version of this License or a notice or disclaimer, the original version willprevail. If a section in the Document is Entitled "Acknowledgements", "Dedications", or "History", the requirement (section 4) to Preserve its Title (section 1) willtypically require changing the actual title. 9. TERMINATION You may not copy, modify, sublicense, or distribute the Document except as expressly provided for under this License. Any other attempt to copy, modify,sublicense or distribute the Document is void, and will automatically terminate your rights under this License. However, parties who have receivedcopies, or rights, from you under this License will not have their licenses terminated so long as such parties remain in full compliance. 10. FUTURE REVISIONS OF THIS LICENSE The Free Software Foundation may publish new, revised versions of the GNU Free Documentation License from time to time. Such new versions will besimilar in spirit to the present version, but may differ in detail to address new problems or concerns. See http:/ / www. gnu. org/ copyleft/ .Each version of the License is given a distinguishing version number. If the Document specifies that a particular numbered version of this License "orany later version" applies to it, you have the option of following the terms and conditions either of that specified version or of any later version that hasbeen published (not as a draft) by the Free Software Foundation. If the Document does not specify a version number of this License, you may choose anyversion ever published (not as a draft) by the Free Software Foundation. How to use this License for your documents To use this License in a document you have written, include a copy of the License in the document and put the following copyright and license noticesjust after the title page:

Copyright (c) YEAR YOUR NAME. Permission is granted to copy, distribute and/or modify this document under the terms of the GNU Free Documentation License, Version 1.2 or any later version published by the Free Software Foundation; with no Invariant Sections, no Front-Cover Texts, and no Back-Cover Texts. A copy of the license is included in the section entitled "GNU Free Documentation License".

If you have Invariant Sections, Front-Cover Texts and Back-Cover Texts, replace the "with...Texts." line with this: with the Invariant Sections being LIST THEIR TITLES, with the Front-Cover Texts being LIST, and with the Back-Cover Texts being LIST.

If you have Invariant Sections without Cover Texts, or some other combination of the three, merge those two alternatives to suit the situation. If your document contains nontrivial examples of program code, we recommend releasing these examples in parallel under your choice of free softwarelicense, such as the GNU General Public License, to permit their use in free software.