ACTUALITÉ OUEST-AFRICAINE · 2019. 10. 22. · Alors que les zones touchées par la violence...

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Cette synthèse de l’actualité ouest-africaine est publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE). Elle met en valeur l’actualité des organisations régionales (CEDEAO, UEMOA et CILSS) ainsi que des autres Membres du Club. Les articles ne doivent pas être présentés comme exprimant les vues officielles de l’OCDE ou de ses pays Membres. Contact : [email protected] ACTUALITÉ OUEST-AFRICAINE www.actualite-ouest-africaine.org www.actualite-ouest-africaine.org Club DU SAHEL ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST Secrétariat du N o 283, 19 septembre - 10 octobre 2019 L’UEMOA se penche sur la libre circulation Africapolis au Sommet Afric’Up Vers une transhumance transfrontalière apaisée UNGA 2019 : Renforcer la résilience au Sahel À lire : Mobilisation des ressources nationales : Lutter contre la corruption et les flux financiers illicites Opinion : Repenser le développement en Afrique Opinion : Au Sahel, les États n’assurent même plus la sécurité ou la justice Maps & Facts : Inégalités au Sahel et en Afrique de l’Ouest Who’s who : Asmaa James, militante des droits des femmes L’UEMOA SE PENCHE SUR LA LIBRE CIRCULATION À la suite de la cérémonie officielle de son 25 e anniversaire le 10 janvier, l’Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA) a organisé un deuxième événement d’ampleur les 7 et 8 octobre à Ouagadougou marquant les 25 ans d’intégration de ses huit pays membres. Rassemblant près de 300 responsables politiques, intellectuels et représentants de la société civile, ce forum scientifique était placé sous le thème « UEMOA, 25 ans, ensemble relevons le défi de la libre circulation des personnes et des biens dans un espace communautaire sécurisé ». Quatre panels de discussion étaient axés sur : 1) l’accélération des réformes communautaires portant sur la libre circulation des personnes et du droit d’établissement ; 2) les actions novatrices pour une liberté effective de circulation des personnes et d’établissement ; 3) les conditions de l’effectivité de la réglementation et des législations communautaires en matière de commerce intra-régional ; les nouvelles approches à préconiser pour accroître le niveau du commerce intra-régional. L’espace UEMOA est généralement reconnu pour ses avancées majeures en termes d’intégration régionale. Parmi ses réalisations, le président de la Commission de l’UEMOA, le président Abdallah Boureima a rappelé la politique du visa unique (adoptée depuis 2009), les directives pour l’établissement libre des professions libérales ainsi que celles concernant la mobilité des étudiants qui permet aux étudiants de tous les pays membres de s’inscrire dans n’importe quelle université publique de l’espace UEMOA. Toutefois, il existe souvent une différence de taille entre la théorie et la pratique. Les participants ont pointé le grand nombre de contrôles frontaliers, les délais et les taxes illégales imposées, la distorsion de concurrence et les difficultés d’accès pour certaines entreprises aux marchés de l’Union. Le commerce intra-communautaire reste faible (il est passé de 9.6 % en 1996 à 16.1 % en 2018). « Notre espace communautaire fait face à une insécurité grandissante et multiforme qui constitue un défi majeur pour la consolidation et l’approfondissement du processus d’intégration régionale », a souligné M. Boureima. La conférence a abordé différentes questions telles que « Comment concilier le principe de libre circulation des personnes et des biens avec l’impératif sécuritaire ? ». S’inspirant des principales réalisations de l’UEMOA, la Commission prépare actuellement le lancement d’un programme télévisuel intitulé « Impact 8 » dont l’objectif est de sensibiliser les citoyens de l’Union aux principales réalisations de l’UEMOA qui font la différence dans leur vie quotidienne. © UEMOA

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Cette synthèse de l’actualité ouest-africaine est publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE).Elle met en valeur l’actualité des organisations régionales (CEDEAO, UEMOA et CILSS) ainsi que des autres Membres du Club.Les articles ne doivent pas être présentés comme exprimant les vues officielles de l’OCDE ou de ses pays Membres. Contact : [email protected]

ACTUALITÉ OUEST-AFRICAINEwww.actualite-ouest-africaine.org

www.actualite-ouest-africaine.org Club DU SAHEL ET DEL'AFRIQUE DE L'OUEST

Secrétariat du

No 283, 19 septembre - 10 octobre 2019

▷ L’UEMOA se penche sur la libre circulation ▷ Africapolis au Sommet Afric’Up ▷ Vers une transhumance transfrontalière apaisée ▷ UNGA 2019 : Renforcer la résilience au Sahel ▷ À lire : Mobilisation des ressources nationales : Lutter contre la corruption et les flux financiers illicites ▷ Opinion : Repenser le développement en Afrique ▷ Opinion : Au Sahel, les États n’assurent même plus la sécurité ou la justice ▷ Maps & Facts : Inégalités au Sahel et en Afrique de l’Ouest ▷ Who’s who : Asmaa James, militante des droits des femmes

L’UEMOA SE PENCHE SUR LA LIBRE CIRCULATION

À la suite de la cérémonie officielle de son 25e anniversaire le 10 janvier, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a organisé un deuxième événement d’ampleur les 7 et 8 octobre à Ouagadougou marquant les 25 ans d’intégration de ses huit pays membres. Rassemblant près de 300 responsables politiques, intellectuels et représentants de la société civile, ce forum scientifique était placé sous le thème « UEMOA, 25 ans, ensemble relevons le défi de la libre circulation des personnes et des biens dans un espace communautaire sécurisé ». Quatre panels de discussion étaient axés sur : 1) l’accélération des réformes communautaires portant sur la libre circulation des personnes et du droit d’établissement ; 2) les actions novatrices pour une liberté effective de circulation des personnes et d’établissement ; 3) les conditions de l’effectivité de la réglementation et des législations communautaires en matière de commerce intra-régional ;

les nouvelles approches à préconiser pour accroître le niveau du commerce intra-régional. L’espace UEMOA est généralement reconnu pour ses avancées majeures en termes d’intégration régionale. Parmi ses réalisations, le président de la Commission de l’UEMOA, le président Abdallah Boureima a rappelé la politique du visa unique (adoptée depuis 2009), les directives pour l’établissement libre des professions libérales ainsi que celles concernant la mobilité des étudiants qui permet aux étudiants de tous les pays membres de s’inscrire dans n’importe quelle université publique de l’espace UEMOA. Toutefois, il existe souvent une différence de taille entre la théorie et la pratique. Les participants ont pointé le grand nombre de contrôles frontaliers, les délais et les taxes illégales imposées, la distorsion de concurrence et les difficultés d’accès pour certaines entreprises aux marchés de l’Union. Le commerce intra-communautaire reste faible (il est passé de 9.6 % en 1996 à 16.1 % en 2018). « Notre espace communautaire fait face à une insécurité grandissante et multiforme qui constitue un défi majeur pour la consolidation et l’approfondissement du processus d’intégration régionale », a souligné M. Boureima. La conférence a abordé différentes questions telles que « Comment concilier le principe de libre circulation des personnes et des biens avec l’impératif sécuritaire ? ». S’inspirant des principales réalisations de l’UEMOA, la Commission prépare actuellement le lancement d’un programme télévisuel intitulé « Impact 8 » dont l’objectif est de sensibiliser les citoyens de l’Union aux principales réalisations de l’UEMOA qui font la différence dans leur vie quotidienne.

© UEMOA

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AFRICAPOLIS AU SOMMET AFRIC’UP

VERS UNE TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE APAISÉE

« Quel rôle les institutions internationales peuvent-elles jouer pour soutenir les villes intelligentes africaines ? ». Le directeur du Secrétariat du CSAO, Laurent Bossard, a présenté la base de données Africapolis, un exemple concret de la manière dont les organisations internationales peuvent permettre une meilleure compréhension des dynamiques qui donnent forme en Afrique aux villes en croissance rapide. M. Bossard était l’un des principaux intervenants du sommet Afric’Up, qui a réuni près de 3 000 entrepreneurs, investisseurs et innovateurs les 24-25 septembre 2019 à Tunis. L’événement était organisé autour du thème « Les villes intelligentes et l’innovation ouverte en Afrique, quelles opportunités pour les startups ? » par le gouvernement tunisien, Smart Africa Alliance, GIZ & Make IT. Il fait partie de l’Agenda « Transformer l’Afrique » de l’Union africaine (UA) dont l’objectif est de promouvoir l’innovation,

l’entrepreneuriat et les talents des jeunes africains dans le monde. Selon les estimations 2017 de l’ONU, la population africaine passera d’ici 2050 de 1.2 milliard (17 % de la population mondiale) à 4.4 milliards (40 % de la population mondiale) ». Les villes absorberont la majorité de cette croissance de la population. 60 % de la population africaine vivra dans un environnement urbain. La planification et l’aménagement du territoire urbain sont donc des problématiques de développement fondamentales. M. Bossard a insisté dans sa présentation sur des faits plutôt contre-intuitifs, comme par exemple l’urbanisation comme conséquence d’une faible migration rurale-urbaine. En effet, les facteurs d’attractivité des villes (comme les opportunités d’emploi) restent relativement faibles et de nombreux ruraux restent dans leur environnement actuel, ce qui conduit à une densification des zones rurales et ainsi à l’émergence de villes secondaires. Au Niger, par exemple, six nouvelles agglomérations de plus de 10 000 habitants apparaissent chaque année. « Ces villes ont l’avantage d’être naissantes. Peut-être peuvent-elles ainsi devenir plus rapidement et plus facilement des « villes intelligentes » que les plus grandes villes établies depuis longtemps ? », s’interroge M. Bossard. D’autres agglomérations urbaines s’étendent rapidement en raison de la fusion des petites et moyennes agglomérations. Le manque de planification commune est frappant. M. Bossard a souligné avec force la nécessité d’un effort collectif de production de données et d’analyses, de création et d’échanges de savoirs et de dialogue participatif.

Les experts en élevage venus des 17 pays de l’espace CEDEAO-UEMOA-CILSS se sont réunis du 7 au 10 octobre 2019 à Accra lors de la 6e concertation de haut niveau sur une « transhumance transfrontalière apaisée et la mobilité du bétail dans le Sahel et les pays côtiers ouest-africains ». Les organisations de la société civile ont approuvé une position commune accompagnée de recommandations phares sur la manière de développer le secteur de l’élevage et le pastoralisme dans le contexte d’une insécurité croissante. Les perspectives de production de fourrage pour 2020 sont globalement bonnes. Il existe cependant des zones où la production est déficitaire, notamment dans l’ouest du Mali, dans l’ouest de la Mauritanie et le nord du Sénégal. Les difficultés d’accès aux pâturages naturels persistent en raison de l’insécurité qui prévaut dans certaines régions du Burkina Faso, du Niger, du Nigéria et du Tchad. Cette situation pourrait affecter les moyens d’existence des populations résidant dans les zones

concernées et conduire à des départs précipités du bétail pour la transhumance, ce qui aurait des conséquences à la fois dans les zones de transit et dans les zones d’accueil. Du côté positif, le travail de sensibilisation et le dialogue entre agriculteurs et pasteurs, ainsi que la collaboration étroite entre les autorités locales, nationales et régionales ont contribué à empêcher les conflits et ont réduit le nombre de victimes liées à la mobilité intra-régionale du bétail. Les comités de transhumance ont été accompagnés avec succès au Burkina Faso, au Mali et au Niger. L’introduction de taxes à l’entrée des marchés de bétail a engendré des ressources financières significatives pour les autorités locales dans les pays côtiers, leur permettant d’investir dans des infrastructures socio-éducatives et sanitaires. Les organisations de la société civile recommandent de mieux synchroniser les calendriers de transhumance des différents pays, d’accélérer la création des comités de transhumance nationaux dans les pays sahéliens et d’évaluer les impacts socio-économiques et environnementaux du pastoralisme. Plus particulièrement, davantage d’analyses concernant les conséquences de l’insécurité, le départ précoce du bétail en transhumance et la concentration élevée du bétail sont nécessaires. Ils recommandent également de renforcer les capacités des organisations paysannes dans les pays côtiers en sensibilisant les populations aux problématiques des pasteurs et à travers le développement d’outils de partage des connaissances. En marge de l’événement, un atelier des médias était organisé pour former les journalistes aux questions de l’élevage, de la transhumance et du commerce.

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À LIRE

AU SAHEL, LES ÉTATS N’ASSURENT MÊME PLUS LA SÉCURITÉ OU LA JUSTICE

MOBILISATION DE RESSOURCES NATIONALES : LUTTER CONTRE LA CORRUPTION ET LES FLUX FINANCIERS ILLICICITES

Ibrahim Mayaki, président-directeur général de l’AUDA-NEPAD et président honoraire du CSAO, a partagé sa vision des principales problématiques qui sous-tendent les débats sur le développement de l’Afrique lors de la conférence « Repenser le développement en Afrique » qui s’est tenue le 27 septembre 2019 à l’Université Columbia de New York. « Le développement signifie la libération des potentiels et des énergies à partir de la base », a-t-il tweeté à ses 28 500 abonnés. Après avoir expliqué les principales transitions qui transforment actuellement le continent africain (démographique, technologique, systèmes naturels, changement climatique, systèmes de gouvernance, développement humain), M. Mayaki s’est concentré sur les questions de gouvernance. « Je suis convaincu du fait que les gouvernements africains actuels n’ont pas le pouvoir de changer les sociétés. Ils pensent avoir du pouvoir mais en réalité, ils n’ont pas le pouvoir de changer quoi que ce soit », a déclaré M. Mayaki. Près de 75 % de la population africaine a moins de 25 ans. Il y a une coupure naturelle et une incapacité à répondre de manière adéquate aux défis auxquels fait face le continent.

OPINION REPENSER LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

Le rapport de la Commission de l’UA fournit une analyse approfondie des problématiques liées à la mobilisation des ressources nationales et aux flux financiers illicites en Afrique. Les analyses de la première partie abordent les questions principales telles que la manière dont les gouvernements répondent aux flux financiers illicites en Afrique, les enseignements tirés de l’Asie ou le rôle de la coopération sud-sud dans la lutte contre les flux financiers illicites. La seconde partie présente les actions spécifiques menées par les États membres de l’UA pour mobiliser les ressources nationales et lutter contre la corruption et les flux

Voici une analyse vraiment intéressante des causes profondes de l’insécurité dans les pays sahéliens, décryptée par Alain Antil de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Alors que les zones touchées par la violence continuent de s’étendre, les tendances socio-économiques et démographiques accentuent encore davantage les fragilités existantes, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger. « Pour entrer dans des trajectoires d’émergence, ces pays ont besoin d’investir massivement dans certains secteurs comme

l’éducation. Or, des efforts budgétaires déjà insuffisants font face à une population scolaire de plus en plus importante. Autrement dit, dans des pays aux économies fragiles, les États devraient augmenter très substantiellement leur investissement (rapporté à chaque élève) dans le secteur éducatif pour enclencher une dynamique. Les pays sahéliens ne sont donc pas sur une trajectoire de rattrapage, mais semblent même décrocher vis-à-vis des pays émergents, voire de certains pays du golfe de Guinée », explique M. Antil.

financiers illicites. Ce rapport vise à encourager l’apprentissage mutuel entre les États membres et les professionnels du développement. S’attaquer aux fausses factures, à l’évasion fiscale, aux prix de transferts excessifs et à la corruption permettra de mobiliser davantage de ressources pour la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et de réduire la dépendance de l’Afrique envers les financements extérieurs. Ce rapport est le résultat de la collaboration entre la Commission de l’UA, les États membres de l’UA, le Centre de développement de l’OCDE et d’autres organisations continentales et internationales.

UNGA 2019 : RENFORCER LA RÉSILIENCE AU SAHELLe secrétaire exécutif du CILSS, Djimé Adoum, faisait partie des principaux intervenants d’un événement organisé par l’ODI en marge de la 74e Assemblée générale (UNGA) qui a eu lieu le 25 septembre 2019 à New York. Il a parlé du renforcement de la résilience au Sahel. La session visait à mettre en lumière les perspectives sahéliennes et a porté sur le rôle des populations dans la construction de cette résilience au changement climatique ainsi que des mesures possibles et concrètes pour soutenir leurs actions. Selon les projections, le Sahel devra faire face à des augmentations de température 1.5 fois supérieure à la moyenne mondiale. Djimé Adoum a souligné l’importance

de soutenir les petits agriculteurs à faire face aux conséquences du changement climatique tout en apportant davantage les perspectives africaines au débat. Plusieurs initiatives positives sont déjà en cours. La CEDEAO a lancé « l’Initiative ouest-africaine pour une agriculture intelligente face au climat ». Le CILSS coordonne la mise en œuvre d’un programme financé par la BAD intitulé « Programme de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel » (P2RS) et du « Projet d’appui régional à l’Initiative irrigation au Sahel » (SIIP). Les solutions concrètes encourageant des écosystèmes durables existent et doivent être mises à l’échelle.

« La meilleure manière d’inclure la jeunesse dans le cadre du développement de l’Afrique, l’Agenda 2063, est de la laisser prendre part à sa conception et à sa mise en œuvre », a-t-il déclaré. Concernant l’incertitude présente au niveau mondial, il a souligné les limites du système de coopération multilatérale. « L’aide va disparaître dans les dix prochaines années. Elle est déjà en train de disparaître et lorsqu’elle ne disparaît pas, elle est transformée en soutien militaire, comme dans la région sahélienne. La plupart de l’aide publique au développement est désormais liée à des objectifs militaires », a ajouté M. Mayaki. Pour conclure, il a appelé à un changement de paradigme pour développer de nouvelles formes de gouvernance permettant de « co-produire des politiques publiques » tout en reconnaissant l’importance fondamentale de la participation de la jeunesse, la nécessité de remplacer l’aide par les échanges commerciaux, de développer des solutions régionales pour les enjeux nationaux et de renforcer les marchés régionaux et nationaux. « Repenser le développement signifie également réfléchir sur ce que signifie la justice », a-t-il conclu.

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WHO’S WHO ASMAA JAMES, MILITANTE DES DROITS DES FEMMES

MAPS&FACTSINÉGALITÉS AU SAHEL ET EN AFRIQUE DE L’OUEST

Asmaa James est journaliste et militante des droits des femmes en Sierra Leone. Elle a lancé la campagne Black Tuesday encourageant les femmes à s’habiller en noir une fois par mois afin

de protester contre l’augmentation du nombre de viols et d’abus sexuels commis sur des filles. Ce mouvement a poussé le président sierra-léonais à réformer ses politiques de lutte contre la violence sexuelle. Elle est l’une des 100 femmes les plus inspirantes et les plus influentes sélectionnées dans le classement BBC 2019. Née à Freetown et élevée orpheline à Pujehun, Asmaa James a eu une enfance difficile. Elle a débuté sa carrière en tant que reporter à la radio et est aujourd’hui la voix de « Good Morning Sierra Leone », une émission sur les droits de l’Homme

En Afrique de l’Ouest, les pays du Sahel et du fleuve Mano sont globalement moins inégaux en termes de revenus que leurs voisins côtiers, ce qui indique des disparités sociales et économiques croissantes entre les économies émergentes (Côte d’Ivoire, Ghana, Nigéria) et les économies rurales qui se transforment moins rapidement. Par ailleurs, de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest sont confrontés à un clivage nord-sud. Le nord du Ghana est beaucoup moins développé que ses zones côtières qui connaissent une urbanisation rapide. Le niveau socio-économique des États du nord-est touchés par le conflit peut difficilement être comparé avec celui des mégapoles du sud qui abritent plusieurs milliardaires du continent. Le revenu moyen par habitant du Nigéria ne reflète pas ces énormes disparités internes. Les inégalités sont

Source : Banque mondiale (2019). Base des Indicateurs du développement dans le monde, http://data.worldbank.org

complexes par nature. Les mesurer n’est donc pas une tâche facile. Elles sont souvent appréhender par le ratio entre les revenus du quintile supérieur et ceux du quintile inférieur ou via l’indice de Gini qui reflète davantage la distribution des richesses au sein d’un pays. Au-delà du revenu, les inégalités sont fortement visibles entre les zones urbaines et rurales en termes d’accès aux services de base qui reste un problème majeur en milieu rural. En ville, il existe également des écarts énormes entre les riches et les pauvres en ce qui concerne l’accès à l’éducation, à l’eau et à l’assainissement et aux services de santé, etc. Les inégalités sont généralement plus élevées dans les agglomérations urbaines que dans les zones rurales. Par ailleurs, de grandes disparités entre les sexes persistent dans toute l’Afrique de l’Ouest.

MALI

NIGÉRIA

BÉNIN

TOGO

GHANA

BURKINA FASO

SÉNÉGAL

GAMBIE

CABO VERDE

CÔTE D’IVOIRE

GUINÉE

TCHAD

MAURITANIE

Indice de Gini [année]

NIGER

SIERRA LEONE

LIBÉRIA

GUINÉE-BISSAU

Source : Banque mondiale (2019). Base des Indicateurs du développement dans le monde, http://data.worldbank.org

Le coefficient de Gini mesure de l'écart de la répartition du revenu entre individus ou ménages d’un pays à partir d'une répartition parfaitement égale. Une valeur de 0 représente l'égalité absolue, une valeur de 100 l'inégalité absolue.

32.6

33

34

34.3

35.3

35.3

33.7

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50.7

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47.2

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43.5

47.8

[2014]

[2009][2014]

[2011]

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0 30 35 4540 100

Le coefficient de Gini mesure de l’écart de la répartition du revenu entre individus ou ménages d’un pays à partir d’une répartition parfaitement égale. Une valeur de 0 représente l’égalité absolue, une valeur de 100 l’inégalité absolue.

de Radio Democracy. À la suite de l’épidémie d’Ebola, elle a créé une fondation pour soutenir les filles issues de milieux défavorisés. Mme James est l’ancienne vice-présidente de la Sierra Leone Reporters Union, un membre de l’Association des journalistes de Sierra Leone et une boursière Mandela Washington de 2016 sous l’égide de l’Initiative Young African Leaders. En 2014, elle a été reconnue comme la journaliste féminine la plus remarquable en Sierra Leone par l’Independent Media Commission.

© James