Action universitaire - octobre 2003

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universitaire universitaire l’Action LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE N°230 octobre 2003 2 Euros l’Action L’action universitaire - page 1 UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - + 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33 Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 51358 - dépôt légal troisième trimestre 2003 Universités / Entreprises Entretien avec Renaud Dutreil Action Universitaire : En dépit de la qualité reconnue de nos diplômes universitaires, les jeunes diplômés méconnaissent souvent le marché du travail et peinent à s’y insérer. Quelles sont, à votre avis, les causes de ce phénomène ? Renaud Dutreill: Beaucoup de par- cours scolaires sem- blent éloignés du monde, les jeunes accumulent un savoir précieux mais n’ont pas le mode d’em- ploi, au sens propre et figuré, de ce savoir. Le système scolaire français a été façonné d’après les théories de Bourdieu et de ses disciples : il repose sur l’idée que tous les savoirs ne se valent pas, qu’il y a une hiérarchie du savoir avec tout en haut le savoir hyper- abstrait, ou savoir dominant, et en bas le savoir des métiers, ou savoir dominé. Le fait que le savoir hyper-abstrait, idéologi- quement correct, débouche sur des diplômes avec men- tion spéciale ANPE ne semble pas sauter aux yeux des beaux esprits. En outre, l’idée d’une hiérarchie des savoirs est aussi scandaleuse que celle de la hiérarchie des civilisations, c’est une séquelle du marxis- me dont nous avons peine à nous défaire. Si nous avions davantage de respect pour la diversité des savoirs, beau- coup de jeunes trouve- raient leur voie, sur le plan personnel ou pro- fessionnel. Dans le cadre de la réflexion que je conduis, à la demande du Premier Ministre, sur l’apprentis- sage, et plus largement sur les « savoirs profes- sionnels », nous allons veiller, avec Luc Ferry à rapprocher l’entreprise, mais aussi tous les lieux d’exercice d’un savoir, de l’institution scolaire. A U : Vous êtes régulière- ment en contact avec les chefs d’entreprises des PME- PMI, dont on sait qu’ils constituent les premiers employeurs privés en France. Quelles sont aujourd’hui leurs attentes en matière de forma- tion des jeunes ? Renaud Dutreil : Deux mots reviennent systématique- ment : qualification et

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❚ LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE ❚ N°230 ❚ octobre 2003 ❚ 2 Euros ❚

l’Action

L’action universitaire - page 1

UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - + 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 51358 - dépôt légal troisième trimestre 2003

❚ Universités / Entreprises

Entretien avec Renaud Dutreil Action Universitaire : Endépit de la qualité reconnue de nosdiplômes universitaires, les jeunesdiplômés méconnaissent souvent lemarché du travail et peinent à s’yinsérer. Quelles sont, àvotre avis, les causes dece phénomène ?

Renaud Dutreill:Beaucoup de par-cours scolaires sem-blent éloignés dumonde, les jeunesaccumulent un savoirprécieux mais n’ontpas le mode d’em-ploi, au sens propreet figuré, de cesavoir. Le systèmescolaire français a étéfaçonné d’après lesthéories de Bourdieuet de ses disciples : ilrepose sur l’idée quetous les savoirs ne sevalent pas, qu’il y aune hiérarchie dusavoir avec tout enhaut le savoir hyper-abstrait, ou savoirdominant, et en basle savoir des métiers, ousavoir dominé. Le fait que lesavoir hyper-abstrait, idéologi-

quement correct, débouchesur des diplômes avec men-tion spéciale ANPE ne semblepas sauter aux yeux des beauxesprits. En outre, l’idée d’une

hiérarchie des savoirs estaussi scandaleuse que celle dela hiérarchie des civilisations,

c’est une séquelle du marxis-me dont nous avons peine ànous défaire. Si nous avionsdavantage de respect pour ladiversité des savoirs, beau-

coup de jeunes trouve-raient leur voie, sur leplan personnel ou pro-fessionnel. Dans le cadre de laréflexion que je conduis,à la demande du PremierMinistre, sur l’apprentis-sage, et plus largementsur les « savoirs profes-sionnels », nous allonsveiller, avec Luc Ferry àrapprocher l’entreprise,mais aussi tous les lieuxd’exercice d’un savoir, del’institution scolaire.

A U : Vous êtes régulière-ment en contact avec les chefsd’entreprises des PME-PMI, dont on sait qu’ i lsconst i tuent les premiersemployeurs privés en France.Quelles sont aujourd’hui leursattentes en matière de forma-tion des jeunes ?

Renaud Dutreil : Deuxmots reviennent systématique-ment : qualification et

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employabilité. Les PME recher-chent des jeunes qui connais-sent un métier et qui sontimmédiatement productifs.Evidemment, c’est un vœupieux. Quand vous débutez, ilfaut bien que quelqu’un vousmette le pied à l’étrier.L’apprentissage est un boncompromis entre la nécessitéde former les jeunes à unmétier et de les insérer dansl’entreprise. La formation paralternance doit du reste pou-voir conduire à des niveauxacadémiques élevés, typelicence ou maîtrise.L’université française est mal-heureusement encore tropéloignée de l’entreprise. Lesécoles d’ingénieurs et de com-merce ont compris depuislongtemps qu’une bonneconnaissance de l’entrepriseallait de pair avec l’enseigne-ment théorique. L’universitédoit se rappeler que sa voca-tion n’est pas uniquement dedélivrer un diplôme, qu’ellepeut aussi délivrer des expé-riences pratiques. Le réel, c’estce qui « résiste », il faut queles jeunes esprits se frottent àla résistance de la vie réelle.

AU : D’après un sondage récentréalisé par la SOFRES, le premiercritère pris en compte par les recru-teurs dans l’appréciation d’une grandeécole ou d’une université est l’existen-ce de cursus en alternance. On saitvotre attachement au développementde cette forme d’enseignement trop peuprésent à l’université? Que diriez-vous à un jeune qui hésite aujourd’huià se lancer dans une formation enalternance ?

Renaud Dutreil : Les chiff-res parlent d’eux-mêmes :

l’apprentissage est une desvoies les plus sûres pour accé-der à un diplôme (plus de70% pour les CAP, BEP, jusqu’àplus de 90% pour les niveauxbac +5 et plus) et à un emploi(l’insertion professionnelledans un emploi non aidé 7mois après la sortie de l’ap-prentissage est de 55% aprèsun CAP et plus de 75 % aprèsun BTS).En outre, l’apprentissage estun moyen de gagner son indé-pendance financière.Enfin, c’est une voie privilé-giée pour accéder à uneresponsabilité entrepreneurialeet ce, quel que soit le niveaude diplôme obtenu.

AU : La recherche universitairedevient de plus en plus technique etnécessite donc des investissements deplus en plus lourds. Son financementest aujourd’hui quasi exclusivementassuré par l’Etat qui n’en est plusdepuis longtemps le seul commanditai-re. Quel rôle peuvent désormais jouerles entreprises pour soutenir la recher-che universitaire et plus particulière-ment les jeunes chercheurs ?

Renaud Dutreil : Le déve-loppement des relations entreles entreprises et la recherchepublique est un enjeu majeurpour le dynamisme et lamodernisation de notre écono-mie. Les relations profession-nelles et financières entre lemonde de la recherche et celuide l’entreprise, en particulierde la PME, sont très insuffi-santes en France : 10% desPME ont un partenariat avecune université contre 55% enEurope du Nord et 25% enmoyenne en Europe.

Le Plan Innovation, présenté

par Claudie Haigneré et NicoleFontaine, doit remédier à cettemutuelle ignorance. Pouratteindre cet objectif et impli-quer les PME, il faut jouer surles jeunes chercheurs. Le PlanInnovation propose en particu-lier de développer les docto-rats en entreprises et d’instau-rer un stage d’initiation à l’en-treprise pour les doctorants. Jesuis convaincu que le dévelop-pement de l’apprentissagedans les universités contribue-ra fortement à ce même objec-tif.

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Le taux de chômage des jeunesremonte légèrement ces derniersmois pour atteindre aujourd’hui18,70%. Cette dégradation est vive-ment ressentie par les étudiants quiselon les dernières enquêtes d’opi-nion, sont très inquiets quant àleur insertion professionnelle futu-re. Même si posséder un diplôme uni-versitaire est un atout déterminant

pour l’emploi, les étudiants ont desraisons objectives de ne pas êtrerassurés. En effet, le niveau de chô-mage des diplômés de l’enseigne-ment supérieur français situe notrepays en queue du peloton européen(13 ° position selon l’ OCDE).Cette situation est d’autant pluspréoccupante qu’en France la situa-tion de l’emploi des jeunes « surréagit » très fortement à l’évolutionde la conjoncture économique.

Face à cette situation, il est néces-saire de mettre en place des mesu-res structurelles pour faciliter l’in-sertion professionelle des étudiants. C’est pourquoi, l’UNI à l’occasion

de sa nouvelle campagne intituléeUniversite-entreprise.com chercheà retisser des liens entre les étu-diants et leurs futurs employeurs.En effet, partout, où de tels liensexistent, qu’ils se limitent à de sim-ples échanges ou qu’ils soient plusapprofondis, notamment grâce à laprésence d’intervenants extérieursdans les formations, les étudiantsen bénéficient fortement lors de

leur recherche d’emploi.

Afin de mieux connaître les aspira-tions des étudiants mais aussi des“recruteurs”, l’UNI lance une gran-de consultation nationale afin dedéfinir leurs attentes respectives enterme de formation et d’emploi. Ce dialogue entre étudiants et chefsd’entreprise, sera facilité grâce à unportail internet qui rassembleratoute l’actualité de l’emploi, ainsique des entretiens avec les princi-paux acteurs de l’insertion profes-sionnelle et de nombreuses res-sources internet sur ce thème.

Les grandes écoles victimedu CNESER

Le 20 octobre dernier, le CNE-SER, toujours sous le joug d’uneintersyndicale de gauche, a enco-re une fois brillé pour sonarchaïsme en rejetant l’arrêtéministériel fixant la liste des mas-ters délivrés par 28 écoles decommerce. Les syndicats ontrefusé d’accorder le grade demaster à des écoles dont ils sem-blent nier l’intérêt. C’est une nou-velle fois, les élèves d’écoles quisont les « victimes collatérales »de cette guerre menée par cesayatollahs du « service public »qui refusent de donner lesmoyens à nos écoles d’être pré-sentes à l’échelle européenne.

Liberté d’enseignementmenacée

Carton rouge aux élus verts etcommunistes du conseil munici-pal de Brest qui ont fait de l’éco-le privée ou plus précisément dela mort de l’école privée leurnouveau cheval de bataille ! Lorsdu vote du budget de la munici-palité pour l’année prochaine, lanébuleuse rouge verte n’a pashésité à bloquer le budget norma-lement alloué aux établissementsprivés d’enseignement faisantainsi une nouvelle entorse à laliberté d’enseignement garantiepourtant par la Constitution.

100 000 ème contrat-jeuneen entreprise signé

Ce dispositif, lancé par le gouver-nement, vise à faciliter la périoded’insertion professionnelle entrela formation et l’emploi.

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