Actes des Economic Ideas 2013

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Réussir l’avenir La réforme des politiques publiques Synthèse de la journée du 3 mai 2013 Accueil Sommaire Partenaires Chiffres-clés Intervenants et ateliers Mise en perspective Retour en images

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Réussir l’avenir La réforme des politiques publiques

Synthèse de la journée du 3 mai 2013

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Page 2: Actes des Economic Ideas 2013

#3 Le contexte et l’ambition du Forum par François Pélissier

#6 Intervention de Philippe Maystadt

#22 Intervention de Gerhard Schröder

#25 LES VALEURS

#25 Le courage de la réformeUne nécessité gagnante

#27 La vérité, la transparence, la gouvernance Des valeurs fondamentales pour le changement

#30 Oser la liberté De l’intérêt particulier à l’intérêt général

#32 LA MÉTHODE

#32 Public-Privé Déplacer le curseur

#35 Success stories Le Canada et la Lettonie

#37 Les challenges Remettre en question nos modes de fonctionnement

#38 Biographie des intervenants

Sommaire

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Page 3: Actes des Economic Ideas 2013

L a première session des Economic Ideas s’est tenue Place Stanislas à Nancy (France) le 3 mai 2013. Ce forum avait été conçu pour donner de la visibilité aux dirigeants et les aider à construire leur stratégie.

En comprenant mieux les enjeux liés à la nécessaire réforme de l’État, ce Forum devait leur permettre de mieux anticiper les difficultés à venir, de s’y préparer et de s’adapter, grâce à une meilleure connaissance des problèmes économiques actuels.

Nous nous étions également fixé pour ambition de donner de l’espérance aux acteurs économiques, de réfléchir ensemble et d’imaginer des solutions s’engageant résolument dans la réforme, de partager de l’information entre chefs d’entreprise de terrain et experts internationaux, de contribuer à redonner une certaine fierté aux acteurs du territoire en créant un événement d’envergure internationale et de développer l’attractivité, le rayonnement de Nancy et de la Grande Région.

De l’avis de tous, l’ensemble de ces objectifs ont été atteints et nous imposent maintenant de pérenniser cet événement qui aura marqué l’actualité économique de 2013.

Ce Forum, organisé autour de 2 séances plénières et de 2 séries de 3 ateliers thématiques simultanés, centrées pour la première sur les valeurs et pour la seconde sur la méthode, aura réuni 23 intervenants de renommée internationale. Plus de 500 participants dont 80 % de chefs d’entreprise ont débattu, échangé et réfléchi ensemble sur la réforme des politiques publiques, condition nécessaire d’un avenir réussi.

Philippe Maystadt a brillamment ouvert le Forum en posant la problématique générale et en exposant son point de vue d’expert et d’homme politique d’expérience. L’intervention de Gerhard Schröder, point d’orgue de cette journée, nous a permis de connaître sa vision de la réforme, son analyse des premières actions des pays occidentaux et ses pistes de réflexion pour l’avenir.

Afin de permettre à chacun d’avoir une vision globale de cette réflexion, nous avons établi une synthèse de cette journée. Ainsi, chaque acteur local, dont vous êtes, pourra prendre en compte la nécessité absolue pour nos pays de s’engager dans cette réforme que les entreprises appellent de leurs vœux.

Réussir l’avenir

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

François Pélissier, Président de la CCI de Meurthe-et-Moselle

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Page 4: Actes des Economic Ideas 2013

L ’ensemble de ces partenaires ont contribué par leurs actions, par leur mobilisation et par leur soutien au succès de la première session des Economic Ideas le 3 mai dernier.

Les partenaires

Partenaires publics

Partenaires consulaires

Partenaires privés principaux

Partenaire privé

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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Page 5: Actes des Economic Ideas 2013

502participants dont plus de 400 chefs d’entreprise

nationalités (Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, États-Unis, Finlande, France, Hongrie, Kosovo, Lettonie, Luxembourg, Royaume-Uni et Russie)

journalistes (BFM, Les Échos, L’Est Républicain,

Europe 1, Le Point, RTL, Wall Street Journal...)

Les chiffres-clés

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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Le temps de l’investissement

PLÉNIÈRE AVEC PHILIPPE MAYSTADT

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Philippe MAYSTADT

Président honoraire de la Banque européenne

d’investissement,

Conseiller spécial auprès de la Commission européenne,

Président de l’European Policy Centre.

Journaliste

Franz-Olivier GIESBERT (FRA)Directeur

Le Point

BALISE

L a situation économique en Europe est une occasion de repenser nos modes de

fonctionnement. En effet, le secteur public comme le secteur privé manquent aujourd’hui de moyens parce que la croissance est en berne de façon durable. Plus que jamais, il est important de s’interroger sur les causes de la richesse des nations et sur ce qui peut lui nuire à terme. Le développement des entreprises privées devrait ainsi redevenir une des priorités des politiques publiques actuelles afin qu’elles puissent réaliser ce qu’elles savent faire de mieux : créer des emplois, de la richesse et de la croissance. Pour conduire le changement, il est nécessaire de s’appuyer sur les valeurs fondamentales que sont le courage, la vérité, la transparence et la liberté. Elles orienteront les méthodes à utiliser pour repositionner le rôle de chacun, comme ont su le faire des pays comme l’Allemagne, le Canada, et bien d’autres.

INTERVENTION

C omment concilier le besoin d’assainissement des finances publiques de nombreux États

européens et la nécessité de stimuler la croissance

et l’emploi ? C’est la question centrale qui se pose aujourd’hui à nos gouvernements et qui divise économistes, partis politiques et opinion publique. La réponse à cette question ne peut évidemment pas être “tout à l’assainissement” ou “tout à la croissance”.

1) D’une part, le poids de la dette publique doit être réduit si on veut éviter de (re)tomber dans l’effet “boule de neige” qui oblige à consacrer au service de la dette une part croissante des moyens disponibles. Ce serait catastrophique au moment où l’impact budgétaire du vieillissement de la population se fera de plus en plus sentir. La partie active de la population devrait supporter à la fois la charge croissante de la dette et celle des personnes âgées. Impossible !

D’ailleurs, la crise a montré qu’une croissance stimulée par l’endettement – public ou privé – est une croissance artificielle qui n’est pas durable. L’Espagne est sans doute le cas le plus spectaculaire. En entendant aujourd’hui des appels à relancer l’économie par un endettement supplémentaire, je me dis que certains ont la mémoire courte. Il suffit de rappeler que les pays > Voir les biographies

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La méthode

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Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

qui ont perdu ou qui risquent de perdre l’accès aux marchés, ou qui paient des coûts prohibitifs pour le financement de leur dette souveraine, n’ont simplement plus le choix. Leur seule option est de rétablir la soutenabilité de leurs finances publiques. S’ils ne le font pas, ils seront confrontés à des coûts de plus en plus insoutenables pour refinancer leur dette avec des conséquences encore plus négatives, principalement pour les plus vulnérables dans la société car ce sont généralement ceux qui sont déjà en difficulté qui paient le prix le plus élevé quand l’État est en cessation de paiement.

Bien entendu, le rythme de l’assainissement peut être discuté. Dans le cas de l’Espagne, du Portugal et ensuite de la Grèce, on a, à juste titre, revu le calendrier initial et accordé une extension d’un ou deux ans – jusqu’en 2015 – pour ramener le déficit public sous la barre des 3 % du PIB. Il est vraisemblable que des ajustements de trajectoire budgétaire seront décidés pour d’autres pays, dont la France qui recevra probablement un délai supplémentaire de deux ans. En effet, comme l’a écrit la Commission Européenne dès novembre 2012 dans son “Examen annuel de la croissance 2013” (doc. COM(2012) 750 du 28.11.2012), “si un pays a déployé l’effort structurel convenu mais n’atteint pas ses objectifs uniquement en raison d’une croissance plus défavorable que prévue, le délai fixé pour la correction du déficit excessif peut être prolongé”. Ce qui est important, c’est de raisonner en termes de déficit structurel (c’est-à-dire nettoyé de l’impact des variations conjoncturelles) plutôt que de déficit nominal ; sinon, on se met dans une logique d’amplification

des cycles qui contraint à d’autant plus d’efforts que l’évolution conjoncturelle est plus défavorable.

Si le rythme de l’assainissement peut être discuté, la direction n’est pas discutable. Car la simple perspective d’une marche arrière peut annuler l’effet positif de l’assainissement sur les primes de risque. La bonne stratégie consiste donc à conduire la consolidation budgétaire graduellement mais avec constance, en veillant à la qualité des mesures tout autant qu’à leur quantité et en crédibilisant l’engagement pluriannuel de réduction du déficit. Pour cela, il faut, me semble-t-il, respecter les cinq principes rappelés par Jean Pisani-Ferry (“Le Monde”, 23 avril 2013) :

fonder ses calculs sur des prévisions prudentes (par exemple, pour la France, il serait plus crédible de retenir une hypothèse de croissance du PIB de 0,7 % en 2014, qui est la moyenne des estimations des principaux experts, plutôt qu’un taux de 1,2 % qui risque de laisser dubitatifs non seulement le Haut Conseil des finances publiques mais aussi les marchés) ;

décider dès aujourd’hui des réformes structurelles qui s’appliqueront progressivement dans les prochaines années (par exemple, la fin programmée de certains monopoles, le relèvement progressif de l’âge effectif du départ à la retraite ou la réduction progressive des inégalités entre régimes de retraite) ;

identifier les gisements d’efficacité dans la sphère publique (la Belgique est 2ème et la France 5ème sur 27 pour le nombre de fonctionnaires

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Le Point

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pour 100 habitants sans que la qualité du service public soit pour autant supérieure) ;

programmer la fin des politiques dont le rapport coût bénéfice est trop élevé (par exemple, les allocations familiales pour les plus aisés ou certaines mesures d’aide à l’emploi qui ne provoquent que des effets d’aubaine et pas de véritable création d’emplois additionnels) ;

mettre en œuvre des réformes fiscales qui apporteront des recettes sans décourager l’activité (par exemple, comme la Commission Européenne le recommande fortement à la Belgique devenue, selon la dernière publication d’Eurostat, championne européenne de la charge fiscale sur le travail, alléger la fiscalité sur les revenus du travail et compenser par une hausse de la fiscalité environnementale).

Au niveau européen, l’examen des programmes de stabilité et des programmes nationaux de réformes que les gouvernements viennent de déposer à Bruxelles dans le cadre de la nouvelle procédure dite du « semestre européen » devrait servir de support à un dialogue sur les mesures à venir, et à certifier – donc à crédibiliser - les engagements nationaux.

2) D’autre part, on ne peut nier que les mesures prises pour réduire le déficit et la dette, même si on admet qu’elles peuvent être plus progressives, viennent s’ajouter à celles qui, dans de nombreux pays, doivent être prises d’urgence pour tenter de rétablir la compétitivité-coût des entreprises. Ceci est vrai aussi pour la France et la Belgique. Les

deux pays connaissent depuis plusieurs années une détérioration de leur balance courante et des pertes de parts de marché à l’exportation. Dans les deux pays, la hausse des salaires a été plus rapide que celle de la productivité, conduisant à une hausse significative du coût salarial unitaire. En France, c’est dans le secteur des services marchands que la hausse du coût salarial unitaire a été la plus forte : 20 % sur la dernière décennie alors qu’il demeurait pratiquement stable en Allemagne. Résultat : le coût salarial horaire apparaît aujourd’hui particulièrement élevé en France par rapport à ses voisins (34 euros/h pour 28 euros/h en Allemagne, 26 euros/h en Italie et 18 euros/h en Espagne).

Or, en France, le prix des services marchands représente 25 % des coûts de production de l’industrie manufacturière. Certes, la compétitivité ne dépend pas seulement des coûts, et plusieurs études montrent que le handicap de compétitivité de la France tient davantage à des éléments hors coûts, des éléments plus qualitatifs. Mais il y a un lien entre les deux. En raison de la hausse de leurs coûts, pour garder des prix compétitifs à l’exportation, de nombreuses firmes ont réduit leur marge opérationnelle (pour l’ensemble du secteur manufacturier, celle-ci a diminué d’un tiers entre 2000 et 2011) et cette détérioration de la marge a réduit leur capacité d’investir en recherche-développement, en nouvelles technologies, en marketing, en innovation sous toutes ses formes. Juste pour donner une idée, on peut mentionner que les dépenses de R&D du secteur privé en 2011 se sont élevées à 1,4 % du PNB en France, pour 1,9 % en Allemagne, 2 % aux USA et davantage encore au Japon et en Corée du Sud.

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Cette perte de compétitivité à la fois “coûts” et “hors coûts” est une situation que l’on retrouve à des degrés divers dans plusieurs pays de la zone euro et qui a amené les gouvernements de ces pays à prendre des mesures en vue de limiter les coûts salariaux par diverses techniques : dans certains pays du Sud, par une diminution forcée des salaires ; en Belgique, par l’interdiction d’augmenter les salaires au-delà de l’indexation et des augmentations liées à l‘ancienneté ; en France, par un crédit d’impôt qui devrait diminuer les coûts salariaux de 6 % mais qui est partiellement financé par une hausse de la TVA.

Ce cumul des mesures budgétaires et de compétitivité aboutit inévitablement à déprimer la consommation, ce qui a pour conséquence de freiner la croissance et de pousser le chômage vers des niveaux insoutenables. Le chômage touche plus de 19 millions de personnes dans la zone euro, 12 % de la population active ; il atteint plus de 25 % en Espagne et en Grèce ; en Espagne, plus d’un jeune sur deux est sans emploi. L’effet dépressif est d’autant plus fort que ces mesures sont prises simultanément dans plusieurs pays qui sont dans des liens étroits d’interdépendance économique. La récession en Espagne aggrave la situation au Portugal ; les mesures prises en Grèce pèsent sur l’économie chypriote ; la détérioration de la situation française affecte celle de la Belgique. On est donc face à une énorme crise sociale qui débouche sur une crise politique avec son florilège de proclamations anti-européennes et protectionnistes, la montée des égoïsmes nationaux et l’emballement des populismes d’extrême droite ou d’extrême gauche.

Certes, tous les États membres de la zone euro ne sont pas dans la même situation. Plusieurs pays, en premier lieu l’Allemagne mais aussi l’Autriche, la Finlande et l’Estonie, ont à la fois des finances publiques saines et un surplus de leur balance courante. D’où la suggestion souvent entendue ces jours-ci : que les pays qui se portent bien fassent l’inverse des autres et augmentent les salaires et/ou les dépenses publiques. Grâce au marché unique, ceci aurait sûrement un impact positif pour d’autres pays de l’Union, mais sans doute moins pour les pays du Sud qui sont dans les difficultés les plus grandes. De toute façon, même si les salaires croissent cette année plus vite en Allemagne que chez ses voisins, il est peu vraisemblable que l’Allemagne s’engage délibérément dans une politique d’expansion par la dépense publique ou tolère des hausses salariales qui compromettraient la compétitivité de ses entreprises.

3) Si la demande demeure déprimée, les pays de la zone euro peuvent-ils espérer sortir de leurs difficultés grâce aux exportations  ? Certes, le déficit de la balance courante de plusieurs pays en crise s’est réduit récemment. Mais c’est dû davantage à la forte contraction de leurs importations, conséquence de l’effondrement de la demande intérieure, qu’à l’essor de leurs exportations, même si celles-ci ont augmenté pour l’Irlande, le Portugal et surtout pour l’Espagne (+ 20 % en deux ans). Si la reprise se confirme dans d’autres parties du monde, notamment aux États-Unis, la zone euro devrait en bénéficier. Ce serait encore davantage le cas si nous parvenions à négocier de bons accords commerciaux qui assurent une

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véritable réciprocité et qui ouvrent effectivement de nouvelles opportunités pour nos entreprises. Cela semble être le cas pour le dernier accord de ce type, celui avec la Corée du Sud. Depuis l’entrée en vigueur de l’accord, les exportations européennes vers ce pays ont augmenté davantage que les exportations coréennes vers l’Union européenne. Les négociations se terminent avec le Canada ; elles commencent avec le Japon et les USA. La Commission européenne estime que la finalisation de ces accords pourrait apporter une augmentation de plus de 1 % du PIB de l’Union européenne. Encore faut-il que les belles intentions se traduisent dans la réalité, notamment en ce qui concerne l’ouverture effective des marchés publics et l’harmonisation ou du moins la reconnaissance réciproque des normes techniques (principal point d’accrochage avec les USA). Mais, même dans un scénario optimiste, pour les pays du Sud de l’Europe, la partie n’est pas gagnée. Les mesures courageuses qu’ils prennent pour rétablir leur compétitivité ne produisent leurs effets positifs que progressivement ; en outre, la force de l’euro ne favorise pas leurs exportations.

4) Dès lors, si la demande domestique demeure déprimée et si les exportations n’offrent qu’un soutien limité, que reste-t-il comme levier de croissance ? L’investissement productif qui peut créer des actifs aussi bien matériels (infrastructures d’énergie ou de transport, bâtiments ou équipements industriels, logements,…) qu’immatériels (formation, recherche). Ce faisant, l’investissement a un impact positif sur le long terme car il augmente le potentiel de croissance de l’économie. C’est

l’objectif fondamental de la stratégie “Europe 2020” : accroître la productivité des économies européennes, puisque de hauts taux de productivité signifient que, même avec des coûts salariaux et des coûts énergétiques relativement élevés, les coûts unitaires peuvent être maintenus à un niveau compétitif. Les énormes différences de croissance de la productivité entre les États membres dans la période de 2002 à 2007, donc déjà avant la crise financière (en Grèce, durant cette période, la productivité a diminué de 1,8 % par an !) expliquent pour beaucoup les écarts de compétitivité qui se sont creusés au sein de la zone euro. La compétitivité n’est pas un but en soi. Mais c’est le moyen d’assurer la croissance des entreprises et donc de soutenir l’emploi et le niveau de vie. À cet égard, il est intéressant de noter que ce sont les pays européens qui sont restés parmi les plus compétitifs dans l’économie mondialisée qui ont aussi des systèmes de protection sociale particulièrement développés.

Pour rappel, la stratégie “Europe 2020”, telle qu’elle a été proposée par la Commission et solennellement adoptée par le Conseil européen, comporte trois piliers :

une croissance “intelligente” (“smart growth”), c’est-à-dire “développer une économie fondée sur la connaissance et l’innovation”, ce qui implique d’investir plus et mieux en R&D (objectif : 3 % du PIB) et en formation (objectif : au moins 40 % de diplômés de l’enseignement supérieur dans la population âgée de 30 à 34 ans) ;

une croissance “durable” (“sustainable growth”), c’est-à-dire “promouvoir une économie plus verte, plus économe dans l’utilisation des

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ressources naturelles”, ce qui implique d’investir plus et mieux dans la recherche de nouvelles technologies de production, dans des réseaux plus performants de transports en commun, dans de nouvelles sources d’énergie renouvelable (objectif : 20 % de la consommation finale d’énergie) et surtout dans les économies d’énergie fossile (notamment dans les transports et les bâtiments) ;

une croissance inclusive (“inclusive growth”) , c’est-à-dire “encourager une économie à fort taux d’emploi favorisant la cohésion sociale”, ce qui implique d’investir plus et mieux dans l’économie sociale et dans des programmes destinés aux catégories plus vulnérables, notamment en proposant des solutions innovantes en matière de formation par le travail, de lutte contre les discriminations et d’intégration des immigrants. Ajoutons que, si l’investissement dans ces trois piliers est crucial pour maintenir notre compétitivité et augmenter notre potentiel de croissance, il peut aussi contribuer à créer de l’emploi dans le court terme, par exemple dans les secteurs de la construction et de l’équipement.

Mais l’investissement ne se décrète pas. L’investissement suppose confiance dans l’avenir et moyens de financement. Ce sont les deux questions essentielles  : comment rendre confiance dans l’avenir  ? Comment acheminer les ressources disponibles vers l’investissement ?

5) Le mal dont souffre l’Europe aujourd’hui, c’est d’abord le manque de confiance.

Les indicateurs du moral des consommateurs et des entreprises restent très bas et parfois reculent encore. Nombre d’acteurs économiques européens ne croient plus en l’avenir parce qu’ils ne voient plus quelles sont les perspectives, parce que les responsables communautaires ou nationaux ne leur expliquent pas pourquoi, comment et selon quel tempo les réformes seront menées. Ainsi, on laisse se développer des débats nationaux à coups de slogans pour ou contre l’austérité, pour ou contre Bruxelles, pour ou contre Berlin et sa “chancelière égoïste”. Cela n’a aucun sens puisqu’en réalité il est déjà convenu au niveau européen, avec l’accord de l’Allemagne, de maintenir le cap de l’assainissement mais de ralentir le rythme de la consolidation budgétaire. L’autre jour, Olli Rehn, le Commissaire européen aux affaires économiques, déclarait à Washington : “Je vais vous dire un secret : cela fait des mois que nous avons décidé de ralentir le rythme de l’ajustement budgétaire”. C’est bien là le problème : cela fait des mois que cela ne devrait plus être un secret ! Tous les acteurs économiques devraient savoir quelles sont les perspectives pour les prochaines années, quels programmes de réformes ont été “certifiés” par la Commission et selon quel calendrier les gouvernements les mettront en œuvre. Comme disait Émile Zola : “Il faut savoir où on va et montrer qu’on y va”.

De même, pour rétablir la confiance, nous avons besoin d’une vision plus claire sur l’avenir de l’Europe et plus particulièrement de la zone euro. Le débat lancé par le rapport Van Rompuy en vue de compléter l’union monétaire par une union bancaire, une union économique et, à terme, une

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union politique est, à cet égard, d’une importance capitale. En particulier, la mise en œuvre selon le calendrier prévu des différentes étapes vers l’union bancaire devrait être un élément essentiel de clarification et donc de rétablissement de la confiance. Ce qui signifie que la supervision bancaire unique confiée à la BCE devrait être opérationnelle comme prévu en mars 2014, et que la directive visant à harmoniser les régimes nationaux de restructuration bancaire devrait être rapidement adoptée par le Conseil et le Parlement européens. La création d’une véritable union bancaire est un des projets les plus importants pour rétablir la confiance dans la zone euro, notamment parce qu’elle contribuera à restaurer le mécanisme de transmission de la politique monétaire dans l’ensemble de la zone euro. Dans le même ordre d’idée, de manière encore plus urgente, il serait très utile, pour contribuer au rétablissement de la confiance, d’achever la remise en ordre du secteur bancaire, encore fragile dans plusieurs pays. La Commission Européenne pourrait encourager les gouvernements à recapitaliser rapidement les banques, dans les cas où cela s’avérerait encore indispensable, en annonçant que l’augmentation du déficit due à des mesures de recapitalisation avant la fin de 2013 serait traitée comme une “mesure unique et exceptionnelle” au sens du Traité budgétaire et ne serait donc pas prise en compte dans le calcul du déficit structurel (un autre avantage de raisonner en termes structurels !).

6) La seconde condition pour la relance par les investissements, c’est évidemment la capacité de les financer. Malheureusement, l’investissement public diminue en raison des

contraintes budgétaires, d’autant plus qu’il est électoralement moins dangereux de supprimer un investissement en recherche ou en infrastructure que de diminuer une allocation ou un subside de fonctionnement. Quant à l’espoir de voir la diminution des investissements publics nationaux compensée par une hausse significative des investissements financés par le budget européen, comme le proposait la Commission européenne, il a été tué dans l’œuf par le compromis malheureux du Conseil européen sur le cadre financier 2014-2020. Les quelques mesures annoncées par le Conseil européen – utilisation plus rapide des fonds structurels, “Connecting Europe Facility”, “Youth Employment Initiative” pour les régions où le chômage des jeunes dépasse 25 % - n’auront qu’un impact limité...

Reste donc l’investissement privé. Les fonds pour le financer ne manquent pas. Que l’on songe au montant colossal que les particuliers ont déposé sur leurs livrets d’épargne ! Que l’on songe à de nombreuses sociétés du Nord de l’Europe qui ont un accès aisé au marché des capitaux et qui, souvent, ont reconstitué une trésorerie abondante ! Que l’on songe aux investisseurs institutionnels – compagnies d’assurances, fonds de pension, fonds mutuels, fondations - qui disposent d’importantes réserves et sont à la recherche de placements à long terme, sûrs et diversifiés ! Ces investisseurs institutionnels détiennent dans l‘Union européenne un total d’actifs estimé en 2012 à près de 14 trillions d’euros, 14 000 milliards, soit plus que le PIB de l’Union. La question fondamentale est donc de savoir comment une partie de ces énormes ressources peut être acheminée vers

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le financement d’investissements productifs. Pour répondre à cette question, il faut considérer un ensemble de facteurs interconnectés :

la capacité des institutions financières à apporter du financement de long terme ;

l’efficience des marchés financiers pour offrir des instruments de financement de long terme ;

l’encouragement du placement de l’épargne à long terme ;

la possibilité pour les PME d’accéder au financement bancaire et non bancaire ;

un système de garantie pour les investissements dans les pays en crise.

Note pour le lecteur : la partie qui suit est plus technique ; ses quatre premiers points sont pour l’essentiel un résumé des propositions qui sont reprises dans le Livre vert sur le financement de long terme que vient de déposer le Commissaire Michel Barnier ; le cinquième point est la présentation d’une proposition que défend l’European Policy Centre.

1) La capacité des institutions financières à apporter du financement de long terme

Traditionnellement, les banques commerciales ont été les intermédiaires financiers les plus importants en Europe. La part du secteur bancaire dans l’Union européenne est grande en comparaison avec d’autres régions, spécialement les États-Unis, Les entreprises européennes sont davantage dépendantes du financement bancaire.

La crise financière a montré les conséquences désastreuses que peuvent entraîner un excès de crédit et une prise de risques trop importants par les banques. Il est dès lors justifié que de nouvelles règles prudentielles visent à éviter la répétition des excès du passé ; il s’agit d’améliorer la résilience des banques et de restaurer la confiance dans ces institutions. Toutefois, il ne faut pas pousser les choses trop loin – ou trop rapidement – et imposer des exigences en termes de ratio de solvabilité et de ratio de liquidité qui aboutiraient à décourager le financement de long terme. Or, on doit bien constater que le volume de nouveaux prêts de plus de 5 ans a sensiblement diminué en 2012, d’abord en raison de la diminution de la demande de crédit mais aussi parce que les banques ont tendance à considérer que ce genre de prêts consomme trop de capital. Lorsqu’ils sont interrogés à ce sujet, des dirigeants de grandes banques expliquent que les nouvelles exigences de “Bâle III”, qui viennent d’être traduites dans la directive “Capital Requirements IV”, rendent les prêts à long terme trop coûteux en termes de fonds propres. Même s’il est probable qu’ils exagèrent, il demeure que le “trade-off” entre la nécessité de restreindre la création de liquidité pour assurer la stabilité et le besoin de fournir du financement pour les investissements dans l’économie réelle requiert une calibration adéquate et une mise en œuvre progressive des nouvelles règles.

D’autre part, les banques publiques de développement, nationales et multilatérales, pourraient jouer un rôle accru dans le financement des investissements et mener une action contra-cyclique. Ainsi, la Banque

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Européenne d’Investissement, dont le capital vient d’être augmenté de 10 milliards, devrait pouvoir prêter 60 milliards de plus que prévu au cours des années 2013-2015, ce qui représente un volume d’investissements de plus de 120 milliards (puisque la BEI ne finance normalement qu’au maximum 50 % du coût total de l’investissement et s’efforce toujours de servir de catalyseur d’autres financements). Outre leur action contra-cyclique, les banques publiques de développement peuvent aussi réduire la volatilité des coûts de financement pour certains investisseurs, par exemple des emprunteurs dont la note de crédit est dégradée non pour des raisons intrinsèques mais comme une conséquence automatique de la dégradation de la note-pays.

Enfin, les banques publiques de développement peuvent contribuer à attirer des fonds privés en offrant des instruments financiers fondés sur le partage ou la garantie de certains risques. C’est l’idée à la base des “obligations de projet” (projectbonds, à ne pas confondre avec les eurobonds). Une société en charge de la réalisation d’un projet d’infrastructure émet des obligations pour le financer. Pour que ces obligations atteignent le niveau de “rating” qui permet aux investisseurs institutionnels (fonds de pension, compagnies d’assurances) d’y souscrire, une tranche subordonnée est prise conjointement par la Commission Européenne (dont le risque en first loss est plafonné au départ) et par la BEI (qui assume le risque résiduaire). Cette formule, que la Commission a soumise à consultation publique, a reçu des signes de vif intérêt de la part d’investisseurs institutionnels, pour autant, ont-ils ajouté, que les nouvelles règles prudentielles

de Solvency II ne découragent pas ce type de placements à long terme.

Des formules de ce genre, en partageant les risques et en attirant des fonds privés, permettent d’accroître l’efficience dans l’utilisation du budget européen ; avec un même montant budgétaire, la Commission peut soutenir un volume beaucoup plus important d’investissements. De même, puisqu’il y a partage de risques avec la Commission, la BEI peut, avec le même montant de capital, accorder un volume de prêts bien plus important que si elle agissait seule. Outre la proposition relative aux “obligations de projet”, la Commission et la BEI avaient déjà mis en place deux “facilités” avec partage de risques : la Risk Sharing Financing Facility (RSFF) pour le financement de projets de R&D et le Loan Guarantee Instrument for TEN-Transport (LGTT) pour le financement d’infrastructures de transport. Le cadre financier pluriannuel 2014-2020, tel que proposé par la Commission, prévoyait un recours accru à ces instruments conjoints de financement. Il n’est pas encore possible de savoir ce qui subsistera de cette intention après la décision du Conseil européen.

Les investisseurs institutionnels devraient constituer des apporteurs naturels de financement de long terme. La longue duration de leurs engagements les autorise, du moins en principe, à faire des investissements buy-and-hold dans des actifs productifs de longue durée, donnant sur la durée un rendement plus élevé pour compenser les risques à long terme et la moindre liquidité inhérente à la plupart de ces actifs. Leur horizon à long terme permet aux

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investisseurs institutionnels de se comporter de manière “patiente”, tout le contraire du “short-termisme” qui caractérise le comportement de beaucoup d’acteurs sur les marchés financiers. On voit clairement une tendance de nombreux investisseurs institutionnels à rechercher des placements de long terme, suffisamment diversifiés et avec des risques limités, et à y consacrer une part croissante de leurs portefeuilles.

Toutefois, les investisseurs institutionnels, comme les banques, sont obligés de respecter une multitude de règles prudentielles et les normes comptables internationales (IFRS). Les nouvelles règles prudentielles pour les compagnies d’assurances (la directive Solvency II) les obligent à détenir des actifs pour couvrir la nature et la duration de leurs engagements. La directive vise à introduire un régime harmonisé d’évaluation des actifs fondée sur la valeur économique de marché. L’impact de ces nouvelles règles prudentielles dépendra du point de départ individuel de chaque institution mais aussi du fine-tuning des modalités de traitement des actifs de long terme. La discussion en cours porte sur la meilleure façon d’assurer que les règles d’allocation de capital ne vont pas trop peser sur la détention d’actifs à long terme. Certains assureurs prétendent que les règles dans leur formulation actuelle les incitent à réduire la détention d’actifs à plus de 5 ans, ce qui serait paradoxal compte tenu de la nature “long terme” de leurs engagements. Dans ce contexte, les services de la Commission ont demandé à l’EIOPA (“European Insurance and Occupational Pensions Authority”) d’examiner si la calibration détaillée des exigences en capital pour des

investissements dans certaines catégories d’actifs (y compris les “obligations de projet”) ne devrait pas être ajustée pour s’assurer qu’il n’y a pas d’obstacle au financement de long terme sans pour autant créer de risque additionnel. L’EIOPA doit remettre son rapport en juin 2013 ; sur cette base, la Commission appréciera s’il y a lieu de revoir Solvency II ou les mesures dérivées.

Quant aux fonds de pension, ils ont besoin de gérer leur portefeuille de manière à générer le niveau requis de rendement annuel pour leurs bénéficiaires. Les règles diffèrent encore fortement d’un État à l’autre. La Commission a l’intention de proposer une harmonisation et, dans l’ensemble, un renforcement des règles applicables aux fonds de pension. Ici encore, il faudra veiller à ce que les nouvelles règles ne découragent pas indûment le financement de long terme.

2) L’efficience des marchés financiers pour offrir des instruments de financement de long terme

Des marchés financiers performants sont aussi nécessaires pour assurer le financement des investissements dans l’économie réelle. Les marchés européens d’obligations se sont remarquablement développés au cours des dernières années : c’est ainsi que le montant total de l’encours d’obligations émises par des sociétés non financières est passé de 652 milliards début 2008 à 940 milliards en juillet 2012. Néanmoins, les obligations des sociétés non-financières en Europe ne représentent encore que 15 % de leur dette. En outre, seules les grandes sociétés ont accès à ce type de financement.

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La Commission a proposé diverses mesures pour améliorer la structure du marché, la transparence et la pertinence des informations, la protection des investisseurs. Il faudra voir si ces mesures sont suffisantes pour accélérer le développement de ce type de financement. D’autre part, de nombreux analystes estiment que les entreprises ont besoin davantage de capital que de dette. Il est clair qu’il y a un equity gap en Europe, surtout pour les entreprises moyennes (mid-caps) en croissance. Cette situation existait avant la crise mais, depuis, l’incertitude macro-économique a encore accentué le biais en défaveur de l’investissement en capital. Les fenêtres pour des placements en bourse sont plus réduites que jamais, limitant encore davantage l’accès des sociétés au capital ; les bourses européennes jouent aujourd’hui davantage un rôle de fournisseur de liquidités que d’apporteur de capital frais. De manière générale, le coût du capital demeure élevé tandis que le coût de la dette a diminué. Ce qui renforce la justification de mesures qui visent à la neutralité entre le financement par fonds propres et par endettement. En Belgique, la justification économique des intérêts notionnels garde tout son sens, même s’il faut corriger la législation pour éviter les abus et les effets d’aubaine auxquels elle a donné lieu.

3) L’encouragement du placement de l’épargne à long terme

Il y a divers facteurs qui doivent être pris en compte étant donné l’impact qu’ils peuvent avoir sur l’épargne à long terme. L’action des pouvoirs publics, en particulier les régimes fiscaux, a un rôle important pour favoriser l’épargne à

long terme et son utilisation pour financer des investissements productifs. D’autres éléments, comme les méthodes d’évaluation des actifs, les normes comptables et les stratégies des gestionnaires de fortune, sont aussi cités par les analystes parmi les facteurs qui compliquent la chaîne d’intermédiation, augmentent le coût de l’intermédiation et accentuent le biais en faveur du court terme.

Fiscalité

La structure et le niveau de taxation peuvent évidemment avoir un impact sur les décisions d’épargne et d’investissement et donc sur le potentiel de croissance. De manière générale, les systèmes fiscaux devraient être conçus de manière telle qu’ils entraînent le moins de distorsion possible dans les décisions économiques des ménages et des entreprises, sauf s’il s’agit d’encourager des changements de comportement pour tenir compte d’externalités qui sont ignorées par le marché (market failures).

Fiscalité et investissement

L’impôt des sociétés est un des facteurs qui influencent les décisions sur le volume des investissements et le mode de leur financement. Comme je viens de l’indiquer, l’impôt des sociétés dans la plupart des Etats membres tend à favoriser le financement par endettement plutôt que par fonds propres, puisque les intérêts sur les emprunts sont déductibles. La formule belge des intérêts notionnels est une tentative pour réduire ce biais et donc pour rendre les entreprises non financières moins vulnérables à des mesures de restriction du crédit. Les discussions en cours

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sur l’harmonisation de la base taxable à l’impôt des sociétés devraient permettre d’approfondir cette question, notamment de tirer les leçons – positives et négatives – de l’expérience belge.

Fiscalité et épargne

La fiscalité de l’épargne a de nombreuses implications, y compris sur le niveau d’épargne dans une économie et sur son utilisation. Il est évident que donner un avantage fiscal à des dépôts de court terme, comme les livrets d’épargne en Belgique, n’a guère de sens. Plusieurs États membres ont déjà mis en place des incitants pour accroître l’épargne à long terme, notamment en relation avec la pension. Quelques États membres ont aussi adopté des mesures pour favoriser le placement de l’épargne des ménages dans des investissements de long terme, notamment par des comptes d’épargne spécifiques réservés au financement d’investissements dans certains secteurs (souvent le logement), moyennant un rendement garanti et, dans certains cas, des avantages fiscaux. Le gouvernement belge a annoncé la mise à l’étude d’une formule similaire.

Normes comptables

La comptabilité n’est pas neutre ; elle influence les décisions économiques. Les normes comptables aident à fournir un langage commun entre les entrepreneurs, les investisseurs et les autorités publiques, offrant ainsi confiance et sécurité. Ceci implique que les normes comptables doivent tenter de réconcilier différents points de vue : celui économique de l’entrepreneur et celui financier de l’investisseur. Le principe du marked to market peut améliorer la transparence et la

cohérence de l’information financière puisqu’il montre la valeur de marché des actifs et passifs et fournit des informations sur la condition financière relative des divers acteurs. Mais il peut aussi être préjudiciable à la stabilité et à la vision de long terme. Il est donc nécessaire d’examiner plus avant si les normes actuelles sont adéquates lorsqu’elles s’appliquent à des institutions dont le business model implique qu’elles conservent actifs et passifs jusqu’à leur échéance (buy-and-hold). Il serait utile d’identifier le moyen de combiner la qualité de l’information donnée aux investisseurs avec l’incitation à détenir et à gérer des actifs de long terme. Car, selon moi, les normalisateurs comptables ne peuvent pas être indifférents aux conséquences économiques des normes qu’ils promulguent.

4) La possibilité pour les PME d’accéder au financement bancaire et non bancaire

Les petites et moyennes entreprises ont le potentiel de soutenir la croissance et surtout la création d’emplois. On les a souvent qualifiées d’ “épine dorsale” de l’économie européenne. Elles représentent 98 % de toutes les firmes de la zone euro ; elles emploient environ ¾ des travailleurs de la zone euro et elles génèrent 60 % de la valeur ajoutée. Mais, tout aussi traditionnellement, elles ont rencontré des difficultés pour financer leur croissance. Cela s’explique par des raisons structurelles, notamment le fait qu’elles sont plus opaques et que leur capacité financière est plus difficile à apprécier, parce que leur documentation financière est moins informative et leur histoire de crédit généralement plus courte. Étant donné leur dépendance à l’égard du financement

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bancaire, ces difficultés sont accrues aujourd’hui en raison de la plus grande prudence des banques. La dernière enquête de la BCE auprès du secteur bancaire confirme que les PME ont plus difficilement accès au crédit aujourd’hui qu’avant la crise. En outre, dans plusieurs pays, elles subissent les conséquences de la fragmentation des marchés financiers au sein de la zone euro, et les conditions d’accès au crédit varient fortement d’un pays à l’autre. C’est dans les pays fragiles, où les banques elles-mêmes en sérieuse difficulté ont réduit leur activité de prêt, que les difficultés de financement des PME sont les plus grandes, même si les perspectives de faible croissance et la nécessité de réduire l’endettement des entreprises et des ménages freinent aussi la demande de crédit.

Du point de vue des banques commerciales, il est compréhensible qu’elles adoptent une approche plus sélective afin de préserver la qualité des actifs dans leur bilan. Mais, en général, les restrictions apparaissent très sévères à l’égard des PME. Pour illustrer ceci, on peut mentionner deux faits. Au second semestre 2012, les PME payaient en moyenne 160 points de base de plus que les grandes entreprises, mais cette moyenne recouvre de grandes différences entre les pays. Le supplément de prix payé par les PME s’élevait à 50 points de base en Autriche et en Belgique, mais à 174 points de base en Irlande et à 261 points de base en Espagne. Le second fait est le plus grand taux de rejet des demandes de prêts des PME, comme le montre la dernière enquête de la BCE. Cette dernière estime qu’au plus fort de la crise, plus précisément au premier semestre de 2009, les restrictions additionnelles dans l’octroi

de crédits ont entraîné près de 2 % de réduction de croissance du PIB, soit environ un tiers de la récession générale !

Pour tenter de contrer cette évolution, la BEI a développé un nouveau type de prêts aux banques commerciales, liant plus explicitement l’octroi de ces prêts à une amélioration effective des conditions de crédit pour les PME. En Grèce et sans doute demain dans d’autres pays en crise, la Commission a autorisé l’utilisation de fonds structurels pour constituer un fonds garantissant la BEI pour l’octroi de ces prêts.

Une approche similaire et fort utile consiste à mettre en place un système public de garanties pour les prêts des banques commerciales aux PME. C’est ainsi que le gouvernement français a prévu pour 2013 une enveloppe de 500 millions d’euros pour des garanties de ce type accordées via la nouvelle BPI.

La moindre disponibilité du crédit bancaire amène à rechercher des alternatives, des canaux non bancaires pour le financement des PME : fonds de capital-risque, le cas échéant avec le soutien du Fonds européen d’investissement (FEI) ; bourses et plates-formes spécialisées pour les PME ; institutions de micro-crédit, notamment dans le cadre du programme européen Progress ou soutenues par l’initiative JEREMIE gérée par le FEI (recyclage de fonds structurels). Une initiative récente mérite d’être signalée : l’adoption par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne de deux règlements qui seront directement applicables à partir du 22 juillet prochain : le règlement n° 345/2013 relatif aux fonds de capital-risque européens et le règlement

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n° 346/2013 relatif aux fonds d’entrepreneuriat social européens. Dans les deux cas, il s’agit d’établir un cadre commun pour éviter que les activités de ces fonds soient soumises à des règles différentes d’un État membre à un autre et que des exigences qualitatives différentes ne créent des inégalités dans la protection des investisseurs et engendrent des incertitudes quant à la question de savoir ce que recouvre un investissement dans un de ces fonds. Ces deux règlements établissent donc des règles uniformes, notamment en ce qui concerne les investissements éligibles, les investisseurs susceptibles d’être sollicités, la relation des gestionnaires avec les investisseurs, l’obligation de disposer de fonds propres suffisants et de ressources humaines adaptées, le règlement des conflits d’intérêts, la méthode d’évaluation des actifs, l’obligation de fournir régulièrement des informations sur la politique et les cibles d’investissement. L’autorité compétente de l’État d’origine vérifie le respect, par les gestionnaires du fonds, des exigences uniformes prévues par le règlement et, si l’examen est positif, accorde un “enregistrement” et en informe aussitôt les autorités des autres États membres. À partir de ce moment, disposant d’une sorte de passeport européen, le fonds peut développer ses activités dans d’autres pays de l’Union Européenne.

Une autre alternative, plus récemment expérimentée mais susceptible de développement, consiste à créer des réseaux d’affaires permettant le partage des risques, notamment entre une grande entreprise et un groupe de PME

(expérience de Philips sous-traitant de la R&D à des PME et les finançant partiellement). Selon la BCE, ces prêts de sociétés à sociétés se développent actuellement en Allemagne.

Enfin, il y a la proposition d’innover en créant un marché d’”asset-backed securities” où les actifs sous-jacents seraient des prêts aux PME, des crédits “prime” (et non “subprime”). Puisque les PME sont caractérisées par leur petite taille et parce qu’il est coûteux pour un investisseur de rassembler des informations à leur sujet, les PME ne peuvent qu’avoir un accès très limité aux investisseurs institutionnels, même quand leur qualité de crédit est bonne. Dans ce contexte, la titrisation, si elle est bien organisée, pourrait offrir aux gestionnaires de masses importantes d’épargne une voie moins coûteuse pour les acheminer vers les PME. Toutefois, pour soutenir la relance de ce segment de marché auquel les excès passés ont donné une réputation d’opacité, il est indispensable d’augmenter la transparence si on veut retrouver la confiance des investisseurs. À cet égard, les efforts déployés, sous l’impulsion de la BCE, par l’initiative baptisée “Prime Collateralised Securities” (PCS) méritent d’être encouragés. Ses promoteurs ont défini des critères communs de standardisation, qualité, simplicité et transparence de manière à garantir la profondeur et la liquidité de ce nouveau marché d’”asset-backed securities”. L’achat de ces ABS permettrait de libérer du capital réglementaire pour les banques émettrices et donc rendrait possible l’octroi de nouveaux prêts aux PME.

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5) Un système de garantie pour les investissements de non-résidents dans les pays en crise

Les flux de capitaux privés au sein de la zone euro se sont brusquement déplacés, abandonnant les pays les plus vulnérables. Il est à craindre que ces fonds privés, pourtant abondants, ne financeront pas l’investissement dans les pays qui en ont le plus besoin aussi longtemps que l’incertitude et les risques seront aussi élevés. Ces risques sont de divers ordres : changements de politiques, par exemple en matière fiscale ; instabilité sociale, se traduisant par des grèves ou des occupations ; incapacité des consommateurs de payer leurs factures…

Or, la priorité absolue pour la zone euro est de mettre fin à la fragmentation financière, d’améliorer les conditions de financement dans les pays les plus vulnérables et d’encourager l’entrée et l’utilisation efficiente des capitaux afin d’y soutenir l’ajustement. C’est pourquoi l’EPC (“European Policy Centre”) propose que l’Union Européenne crée un Fonds européen de garantie des investissements (FEGI) pour apporter une forme d’assurance contre les risques excessifs que prendraient des non-résidents qui investissent dans les pays en crise. Pour être crédible, ce fonds devrait être alimenté par une dotation de départ, mais il n’y aurait de paiement effectif que dans la mesure où le risque couvert se matérialiserait. En fait, cela reviendrait à utiliser au profit de l’investissement dans le Sud de l’Europe la méthode bien connue et efficace de l’Allemagne qui assure par un fonds public les investissements des sociétés allemandes dans des

pays en développement. C’est aussi la méthode utilisée par l’Union Européenne lorsqu’elle accorde sa garantie aux financements de la Banque Européenne d’Investissement en-dehors de l’Union Européenne (en l’espèce, la provision dans le budget européen représente 9 % du total des financements couverts et elle s’est avérée plus que suffisante).

Les arguments ne manquent pas en faveur de la création d’un tel Fonds : il serait une preuve de confiance dans l’avenir à long terme des pays en crise ; ce serait un instrument beaucoup moins coûteux que des subsides ; il est très probable qu’en cas de matérialisation des risques couverts, les paiements iraient à des sociétés de pays qui seraient les plus gros contributeurs au Fonds, ce qui rend le schéma plus acceptable politiquement ; il fournirait une route sûre pour les investisseurs institutionnels, libérant ainsi des capitaux importants. Surtout, il contribuerait à réaliser ce qui était un objectif majeur lors du lancement de l’euro : une meilleure allocation des ressources permettant une plus grande convergence des économies.

La question clé pour les gouvernements (et les parlements) est de savoir s’ils sont disposés à mettre leurs actes en conformité avec leurs déclarations. Ils proclament tous leur confiance dans l’avenir de la zone euro et ils disent tous vouloir que les pays en crise retrouvent la croissance. La création du FEGI serait un moyen efficace et relativement peu coûteux d’y contribuer. Certes, le Conseil européen ne peut pas décider cette création du jour au lendemain. Les détails du projet devraient être soigneusement

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Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

analysés et développés, notamment quels risques pourraient être couverts et dans quelle proportion (pour éviter des comportements irresponsables, il est clair que l’indemnisation ne peut jamais être totale). Il serait utile de consulter des experts des assurances et des investisseurs institutionnels et d’examiner comment le Fonds pourrait être soutenu par les actifs de la BEI. Mais le Conseil européen pourrait demander que ces analyses et consultations se déroulent rapidement de manière à pouvoir décider début 2014. En soi, une telle demande serait déjà un signe de confiance.

Les Européens restent maîtres de leur destin.

Contrairement à ceux qui considèrent que l’Europe est définitivement un continent perdu, “a lost continent”, pour reprendre un titre du magazine américain Time, je suis convaincu que le déclin n’est pas inéluctable. Mais la décennie qui vient sera cruciale. Nous sommes à une période charnière de notre histoire, une période de basculement géo-économique et de mutations technologiques dont la rapidité et l’ampleur ne nous permettent plus de faire “comme d’habitude”. Il ne sert à rien de cultiver la nostalgie des “Trente Glorieuses”. Ces temps ne reviendront pas. De même qu’on ne reviendra pas sur la mondialisation de l‘économie. Face à ces bouleversements, il n’y a qu’une voie, celle des réformes, qui nous permettront de rester ou de devenir les meilleurs dans un certain nombre de domaines et d’assurer ainsi un potentiel de croissance suffisant pour garder un régime

social conforme à nos valeurs. J’espère que les Européens choisiront cette voie, celle des réformes pour la croissance, une croissance réelle, pas une croissance artificielle alimentée par un endettement excessif, une croissance durable, pas une croissance qui gaspille les ressources naturelles, une croissance inclusive, pas une croissance qui ne bénéficie qu’à une minorité de privilégiés.

J’ai essayé de montrer que ce type de croissance passe nécessairement par l’investissement et que celui-ci suppose une vision plus claire de notre avenir collectif.

Merci de votre attention.

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Le Point

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La vision de la réforme du Chancelier Schröder

PLÉNIÈRE DE GERHARD SCHRÖDER

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Gerhard SCHRÖDER

Ancien Chancelier Allemand

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Le Point

BALISE

C ette intervention a été l’occasion pour le Chancelier de donner sa vision concernant

les valeurs nécessaires pour réformer et la méthode que l’on doit employer. Il s’est agi aussi pour lui d’analyser les premières actions de réforme des pays occidentaux et de donner quelques pistes de réflexion et d’actions qui seront utiles pour que l’Europe sorte de la crise et retrouve le chemin d’une croissance durable.

INTERVENTION

L a crise en Europe a démontré qu’une nouvelle orientation est nécessaire pour relever les

défis actuels et futurs. Les changements doivent être conduits au niveau national mais également européen.

1) Dans le respect d’une même philosophie à harmoniser sur le plan européen, chaque pays doit déterminer sa propre voie et adapter son propre plan de réforme.

De nombreux pays européens se situent dans une situation similaire à celle de l’Allemagne au début des années 2000, alors qualifiée par de nombreux observateurs comme “le malade de l’Europe”. Le programme “Agenda 2010”

avait été présenté devant le Parlement comme une ambition moderniste et protectrice, visant à préserver le modèle d’économie sociale de marché. Aujourd’hui, l’Europe considère l’Allemagne comme un modèle à suivre. Certes, un programme de réforme des économies nationales doit être initié par les États membres, afin qu’ils se donnent les moyens de choisir les contours de leur réforme plutôt que de se la voir imposer. Mais il serait illusoire de croire que le modèle allemand puisse être dupliqué à l’identique dans d’autres pays. Chacun possède en effet son histoire et des spécificités culturelles avec lesquelles il convient de composer. Dans le cas de l’Allemagne, les réformes conduites à partir de 2003 n’expliquent d’ailleurs qu’en partie sa réussite actuelle. Certes, la flexibilisation du marché du travail, la baisse des impôts de 53 % à 43 % et la hausse de l’âge de départ à la retraite ont permis d’alléger les dépenses publiques et de réinvestir dans des secteurs jugés prioritaires. Cependant, les principaux facteurs sont également structurels :

D’une part, l’Allemagne a su conserver une structure économique unique qui se caractérise par une base industrielle forte et des PME très compétitives, le fameux “Mittelstand”, qui représente 24 % du PIB. Ceci contraste nettement avec la Grande-Bretagne, qui a misé sur les services financiers et où l’industrie ne représente > Voir les biographies

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Page 23: Actes des Economic Ideas 2013

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

plus que 16 % du PIB. L’instauration d’une politique de soutien aux PME combinée à une culture de l’international forte et omniprésente a permis un développement constant de la base industrielle allemande.

D’autre part, le partenariat social qui régit les relations entre employés et dirigeants a fait ses preuves pendant la crise : les partenaires sociaux ont démontré leur sens des responsabilités, par la signature au cours des dernières années d’accords salariaux flexibles et l’acceptation de hausses modérées des rémunérations. À cet aspect, vient s’ajouter la formation duale, encouragée en Allemagne depuis longtemps, qui favorise l’apprentissage et aide les jeunes à s’insérer très tôt sur le marché du travail.

Ces éléments constituent des caractéristiques propres à la mentalité et à la structure politico-économique allemandes, caractéristiques qui ne peuvent être transposées de manière simpliste vers d’autres pays.

Selon Gerhard Schröder, la France devrait s’attacher à développer sa compétitivité industrielle en renforçant le développement international de ses entreprises, faire évoluer le système de retraite, flexibiliser le marché du travail et enfin élaborer une politique fiscale favorable aux PME.

2) Pour la mise en œuvre du processus de réforme, trois paramètres devraient être absolument pris en considération : le facteur temps, la nécessaire pédagogie, l’équilibre entre rigueur et croissance.

Tout d’abord, s’il peut y avoir une acceptation sociale des réformes en temps de crise, le principal obstacle est lié au fait qu’il subsiste un décalage temporel entre l’instant où les réformes, parfois douloureuses, sont prises et celui où leurs effets commencent à se faire sentir. Dans le cas de l’Agenda 2010, il a fallu attendre plus de cinq ans pour mesurer les premiers effets des réformes engagées. Les élus doivent par conséquent concevoir la probabilité d’un échec électoral dans l’intérêt de leur pays.

Ensuite, le processus doit absolument être accompagné d’une pédagogie adéquate, afin d’éviter d’éventuels rejets de la part de la population. En ce sens, il est indispensable d’expliquer l’essence même de la réforme et son intérêt. Dans le cas de l’Agenda 2010, qui fut très controversé, l’objectif était de protéger les moins de 25 ans : ces derniers ont ainsi été les grands vainqueurs des réformes engagées avec 8 % de chômage en Allemagne aujourd’hui seulement, contre 25 % en France ou 60 % en Espagne. Par ailleurs, le cœur des réformes de l’Agenda 2010 était articulé selon le principe “exiger et aider” qui vise à maintenir l’équilibre entre solidarité et responsabilité individuelle : l’État-Providence doit garantir un droit à la protection et à la dignité ; parallèlement, il doit pouvoir demander aux individus des contreparties, et notamment de se prendre en main dans le cadre d’une recherche d’emploi. Il s’agissait donc d’une réforme à la fois structurelle et culturelle.

Enfin, il convient de veiller à ne pas s’enfermer dans une approche dogmatique. Il ne s’agit pas de choisir entre austérité et croissance. L’approche

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Gerhard SCHRÖDER

Ancien Chancelier Allemand

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Intervention de Philippe Maystadt

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doit bien inclure les deux éléments, car les réformes structurelles ne peuvent être efficaces que si la croissance est stimulée de manière parallèle à la rigueur. Ainsi, les marges de manœuvre dégagées doivent bénéficier en premier lieu à la formation, aux entreprises, à la recherche-développement et à l’éducation. Sans cela, il existe un risque d’étranglement des économies nationales par l’austérité. En outre, le calendrier doit être soigneusement défini et revêtir une certaine souplesse. Le retour à la rigueur de Chypre ou de la Grèce ne peut être réalisé à court terme et doit pouvoir être amorti via le principe de solidarité européenne. Dans le cas de l’Allemagne, le gouvernement avait d’ailleurs en son temps mené des négociations permettant de ne pas remplir les critères de Maastricht afin de ne pas paralyser la réforme.

3) L’Europe et le couple franco-allemand doivent être les éléments moteurs de cette reconstruction.

Globalement, tous les pays de l’Union Européenne ont compris l’intérêt de réformes qui partageraient des objectifs communs : renforcer la compétitivité, consolider les budgets publics et préserver les systèmes sociaux afin d’en assurer la viabilité. Cependant, il existe encore de grandes disparités au sein de l’Union Européenne, ce qui est préjudiciable. L’erreur commise lors de l’union monétaire avait d’ailleurs été de ne pas prévoir la coordination des différentes politiques économiques et financières au sein de la zone euro.

La France et l’Allemagne ont donc la responsabilité de sortir l’Europe de la crise politique dans laquelle elle se trouve actuellement, et d’être moteur dans l’instauration d’un programme de réformes et de croissance au niveau européen, et donc corriger les erreurs de conception initiales de l’union monétaire. Le couple franco-allemand doit endosser le leadership de l’Europe qui permettra de faire progresser la communauté sans créer de division et réinvestir pour mieux construire. À terme, une mutualisation de la dette pourrait même être envisageable.

En effet, l’Europe a besoin d’un Euro fort et d’une politique économique et financière commune qui préserve ses intérêts économiques mais aussi sociaux. D’un point de vue géopolitique, la concurrence des États-Unis, et désormais de l’Asie avec la Chine (qui devrait atteindre le même niveau que l’Europe d’ici à une dizaine d’années), démontre que nous avons tout simplement besoin de plus d’Europe. Il revient désormais aux dirigeants des États membres de défendre l’idée européenne de manière plus ouverte et vigoureuse.

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Gerhard SCHRÖDER

Ancien Chancelier Allemand

Journaliste

Franz-Olivier GIESBERT (FRA)Directeur

Le Point

Page 25: Actes des Economic Ideas 2013

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Le courage de la réforme Une nécessité gagnante

ATELIER LES VALEURS

Le courage de la réforme Une nécessité gagnante

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Intervenants

Antje GERSTEIN (ALL) Directrice de la représenta-

tion permanente du BDA auprès de l’Union

Européenne

Pierre GRAMEGNA (LUX) Directeur général de la

Chambre de Commerce du Grand-Duché

de Luxembourg

Christian NOYER (FRA)Gouverneur de la Banque

de France

Modérateur

Jean-Rémi BAUDOT (FRA) Journaliste économique

BFM TV

BALISE

N ous traversons, en Europe particulièrement, une crise sévère et durable qui appelle des

réformes budgétaires et structurelles certes indispensables mais qui font peur. Certains pays comme la Grèce, l’Espagne et l’Italie se sont engagés sur cette voie. La mise en œuvre de ces réformes est cependant difficile et conflictuelle. Elle nécessite toujours un courage de la part de l’ensemble des citoyens, mais aussi des responsables politiques. Pourquoi ce paradoxe ? Comment sortir de cette impasse ? Quelle est la méthode gagnante du courageux management des réformes ? « Il faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace » : cette phrase de Danton qui a marqué l’histoire de France est plus que jamais d’actualité.

SYNTHÈSE

La crise actuelle – financière, économique et politique – a des incidences profondes sur l’interaction entre le politique et le citoyen. La nécessaire mutation qui en découle se voit accompagnée de la mise en œuvre – parfois imposée par les institutions extérieures – de réformes structurelles.

Ce changement macro-économique va de pair avec la remise en cause de certains acquis ; dans bien des cas, il est source de relations conflictuelles entre les différents corps de notre société. C’est d’ailleurs là son principal paradoxe : bien que l’ensemble des acteurs économiques et sociétaux reconnaissent volontiers, lors d’une crise, que leur système a atteint ses limites et donc invoquent un besoin de changement, le passage à l’acte demeure difficile voire parfois impossible. Cela nécessite de la part des initiateurs une maîtrise du management des réformes qui s’inscrit en premier lieu dans le courage,point d’entrée du mouvement de réforme.

La réforme est par définition un élément crispant car elle implique pour l’opinion la notion de perdants. Ainsi, en fonction des organisations des différents pays, la mise en œuvre peut s’avérer compliquée : en effet, en France par exemple, la centralisation et la bureaucratie constituent des freins significatifs que les corporatismes existants ne facilitent pas. La crainte des élus d’être écartés de l’échiquier politique en cas de défaite électorale, s’ils venaient à conduire des mesures impopulaires ou à bouleverser profondément le cadre politique, représente elle aussi un important élément de blocage.> Voir les biographies

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Page 26: Actes des Economic Ideas 2013

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Le courage de la réforme Une nécessité gagnante

ATELIER LES VALEURS

Le courage de la réforme Une nécessité gagnante

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Aussi, des éléments communs, combinés, sont nécessaires pour réussir ce processus :

la propension au courage est indispensable, avec comme corollaire la capacité à envisager l’échec électoral au profit d’une vision et d’une ambition à plus long terme,

la vision à long terme  est nécessaire, et doit tenir compte des données d’évolution structurelle, comme la dynamique de la dette ou la dynamique démographique,

l’équité de la réforme doit être un fil directeur et doit prendre en compte des notions comme l’inter-générationnel (jeunes-seniors), l’inter-sectoriel (public-privé), l’inter-géographique (territoires différents),

la pédagogie , enfin, est un facteur clé permettant d’expliquer le bien-fondé de l’action, à initier dès les phases de consultation ou de négociation.

Ce processus de réforme doit absolument s’inscrire dans un espace-temps suffisant pour permettre d’analyser collectivement la situation, de soigner les transitions et, à terme, d’en faciliter l’acceptation. La relance de l’économie allemande par Gerhard Schröder au début des années 2000 n’a pas été un miracle mais l’aboutissement d’une prise de conscience sur plusieurs années avec un diagnostic connu et partagé par l’ensemble des couleurs politiques ; en Allemagne, c’est le SPD qui a conduit et crédibilisé ces réformes,

confirmant par là même qu’il n’existait pas d’autre alternative. En effet, si le constat n’est pas reconnu par l’ensemble des protagonistes, aucun mouvement ou objectif de réforme ne peut être mis en œuvre collectivement sur le long terme. En ce sens, l’implication des partenaires sociaux au niveau européen est cruciale.

Cette nécessité de réforme doit se traduire également dans l’uniformisation indispensable des politiques économiques au niveau européen. Le courage se traduit alors dans la capacité, lors des périodes de rebond économique, de continuer d’assainir les finances publiques au détriment d’une facilité qui serait d’ouvrir les vannes d’une redistribution non maîtrisée. On peut dès lors se poser la question s’il est plus courageux de réformer dans le contexte d’une crise ou dans un cadre économiquement plus favorable.

Réformer, c’est avoir cette incessante propension à l’audace en se posant la question du principe de subsidiarité, et le courage de valider le bon niveau d’exercice entre l’Europe et les États des différentes compétences. Sur la base d’une vision partagée et explicitée, c’est aussi avoir le courage d’anticiper les réformes au plus tôt sans attendre “d’être au bord du précipice”. Enfin, il s’agit d’inverser le prisme et d’attendre de nos décideurs qu’ils changent la donne ; comme disait W. Churchill : “la première des qualités humaines est le courage car elle garantit toutes les autres”.

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Page 27: Actes des Economic Ideas 2013

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ATELIER LES VALEURS

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Intervenants

Yves ELSEN (LUX) Président Directeur Général

de HITEC Luxembourg SA

Richard WEBER (ALL) Président Directeur Général du groupe Karlsberg GMBH

Modérateur

Pascale JOANNIN (FRA) Directrice générale de la

Fondation Robert Schuman

BALISE

F ace aux nouveaux défis du monde, de plus en plus aplati par les nouvelles technologies,

la vérité, la transparence, voire l’authenticité de la gouvernance sont autant de paramètres qui s’imposent désormais à tous, non plus comme un souhait ou l’option d’un choix, mais comme la nécessité de dépasser ses propres horizons et de développer une démarche top-managériale novatrice, adaptée au temps présent et, à terme, gagnante. Exigées par les consommateurs, ces valeurs ont déjà profondément modifié le fonctionnement des entreprises. La question est de savoir comment et s’il est possible de s’en inspirer afin de mettre en œuvre des réformes structurelles dans le secteur public.

SYNTHÈSE

Verbatim : La gouvernance donne de l’indépendance. On n’achète pas l’innovation, on ne décrète pas

l’innovation, on s’y entraîne tous les jours. Winston Churchill : Never was so much owed

by so many to so few. John Fitzgerald Kennedy : Ne demandez pas ce

que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. Karl Marx : L’humanité ne se pose que des

problèmes qu’elle peut résoudre.

Le thème de la transparence est empreint d’actualité : au-delà du concept, il est devenu une véritable exigence dans le monde politique mais également dans le monde économique et financier. La gouvernance est également une réalité dans le monde des entreprises, au sein de l’État, et doit permettre de fixer les règles permettant la transparence. Le développement des usages numériques et les tendances du “fast checking” témoignent du besoin de transparence et de vérité notamment dans la sphère politique et dans la relation aux citoyens. Deux chefs d’entreprise, l’un luxembourgeois et l’autre allemand, apportent un éclairage sur leur compréhension de la vérité, de la transparence et de la gouvernance dans le monde économique et envisagent dans quelle mesure ces valeurs peuvent permettre des changements.

Selon Yves ELSEN, la gouvernance dans l’entreprise doit s’appuyer sur une répartition très claire des rôles et responsabilités. À titre d’illustration, HITEC a fait le choix de définir six compétences fondamentales : chaque collaborateur de la société dispose de l’une d’entre elles au moins et doit savoir précisément ce qu’il est censé apporter dans ce cadre à travers des objectifs clairs et partagés. Ceci permet de laisser une forme d’indépendance ou d’autonomie

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La vérité, la transparence, la gouvernance : des valeurs fondamentales pour le changement 1/3

La vérité, la transparence, la gouvernance Des valeurs fondamentales pour le changement

Page 28: Actes des Economic Ideas 2013

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La vérité, la transparence, la gouvernance : des valeurs fondamentales pour le changement

ATELIER LES VALEURS

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

à chacun. Cette autonomie est renforcée par la question des évaluations individuelles qui permettent de responsabiliser les salariés sur leurs objectifs et de les associer aux résultats de l’entreprise par l’intermédiaire de primes.

Le second axe clé du développement de la société réside dans l’innovation, qui ne peut se décréter ou s’acheter mais qui doit faire l’objet d’un “entraînement quotidien”. Tous les salariés de l’entreprise sont encouragés à développer un esprit novateur et créatif. L’autonomie de chacun évoquée plus haut facilite ce développement qui doit être préféré à des modèles prédéfinis à l’anglo-saxonne (processus d’innovation figés).

La société Karlsberg GMBH, brasseur depuis 1878, s’est développée autour de la vision suivante : “Faire aujourd’hui ce à quoi les autres penseront demain”. Ainsi, selon M. Weber, les niveaux des salaires étant globalement comparables entre la France et l’Allemagne, c’est l’innovation qui permet à l’Allemagne de garder un leadership économique en Europe.

L’innovation allemande est surtout portée par les entreprises du “Mittelstand”, entreprises de taille intermédiaire très peu développées en France. À titre d’illustration, la Lorraine compte seulement 200 entreprises de plus de 200 salariés. Le modèle du Mittelstand

s’est tout d’abord développé en appui aux grandes entreprises industrielles (services tels que l’IT par exemple). Historiquement, les entreprises de taille intermédiaire ont aidé les entreprises industrielles à innover dans les domaines connexes ou supports à leur métier. Dès la fin des années 1990, le Mittelstand a été considéré comme une cible prioritaire pour l’État en matière d’innovation. C’est également par le biais de l’innovation que la qualité peut se développer. Au-delà des aspects économiques, la compétitivité hors coûts est un enjeu clé du développement des entreprises européennes : ainsi, la loi de pureté de 1516 qui encadre les ingrédients autorisés dans le brassage de la bière continue d’être appliquée en Allemagne et se développe même dans d’autres pays malgré l’assouplissement de la législation européenne. Cet exemple illustre comment la compétitivité peut s’appuyer avant tout sur la qualité.

M. WEBER souligne enfin que les PME allemandes sont fondées sur des valeurs de responsabilité, fiabilité, assiduité, confiance et loyauté. Ces valeurs constituent une forme de contrat social entre les entrepreneurs et les salariés dans les PME allemandes, notamment dans les entreprises familiales. Aujourd’hui, on tente “d’institutionnaliser” ces valeurs, notamment à travers la responsabilité sociale des entreprises : en décrétant qu’elles sont socialement responsables,

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La vérité, la transparence, la gouvernance Des valeurs fondamentales pour le changement

Page 29: Actes des Economic Ideas 2013

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La vérité, la transparence, la gouvernance : des valeurs fondamentales pour le changement

ATELIER LES VALEURS

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

les entreprises deviennent des employeurs intéressants et des fournisseurs de qualité. Mais ces dispositifs ne permettent pas de remplacer les valeurs fondamentales et la culture de l’entreprise. Ces valeurs font également naître une différence entre les entreprises allemandes et les entreprises françaises : l’employé français veut un patron fort auquel il veut donner toute responsabilité. En Allemagne, c’est la notion d’équipe et de collégialité de la décision au sein de l’entreprise qui est plus importante.

Les fondements de l’Europe reposent sur la différenciation : les entreprises européennes doivent cultiver leurs différences tout en développant les éléments qui les rapprochent.

L’innovation doit être un moteur commun à l’ensemble des entreprises européennes.

L’innovation revêt, plus que jamais, un caractère stratégique dans la mesure où elle assure la pérennité de l’entreprise.

Mais l’innovation ne doit pas être envisagée comme une solution à court terme car elle produit une pérennité beaucoup plus courte qu’il y a vingt ans compte tenu d’une compétition qui a pris une dimension internationale.

En pratique, la mise en réseau (entre PME, avec des fournisseurs, des universités...) est un facteur qui permet d’aborder l’innovation de manière efficace.

Culturellement, les entreprises européennes doivent également davantage considérer l’innovation comme un vecteur de profit et non comme un centre de coûts.

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La vérité, la transparence, la gouvernance Des valeurs fondamentales pour le changement

Page 30: Actes des Economic Ideas 2013

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Oser la libertéDe l’intérêt particulier à l’intérêt général

ATELIER LES VALEURS

Oser la liberté De l’intérêt particulier à l’intérêt général

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Intervenants

Alexandre MELNIK (FRA) Professeur à l’ICN Business

School

Bernard RENTIER (BEL) Recteur de l’Université

de Liège

Carlo THILL (LUX) Président du Comité de

Direction de la BGL BNP Paribas

Modérateur

Jean-Marc VITTORI (FRA)Éditorialiste économique

Les Echos

BALISE

L a liberté individuelle puise ses racines dans la civilisation de l’Europe. Oser la liberté,

c’est revenir aux sources et sortir de la peur de l’avenir. Oser la liberté, c’est devenir acteur de son changement. Oser la liberté, c’est ouvrir un nouvel horizon aux générations futures. Aujourd’hui et a fortiori demain, la liberté et la responsabilité individuelles peuvent-elles façonner les innovations d’une société ouverte, moderne et démocratique ? Comment préserver la confiance en la capacité de l’homme à trouver des solutions aux problèmes qui se posent à lui et s’assurer en même temps qu’il ne prenne pas trop de risques ?

SYNTHÈSE

La liberté individuelle puise ses racines dans la civilisation de l’Europe. Dans son discours du 3 mars 1794, Saint Just a dit : “Le bonheur est une idée neuve en Europe”. En 2013, la liberté est-elle une idée neuve ?

Les libertés actuelles sont souvent fragilisées par les éléments suivants : réglementations, interdictions, changements permanents… N’a- t-on pas oublié que la liberté est fondamentale ?

Oser la liberté en 2013, c’est oser repenser le monde du XXIe siècle de manière globale. L’aspiration à la liberté est irrépressible : il est indispensable de décloisonner le monde, de développer une vision globale, d’essayer d’expliquer les choses de manière simple. Avec l’émergence d’Internet et des nouvelles modalités d’échange à travers les réseaux sociaux, la liberté de parole est en train de prendre une toute autre signification. De la même façon, les mots “éducation” et “travail” sont à reconsidérer à l’aune de ce nouveau monde. Ainsi, la liberté de la finance est également à promouvoir : la régulation trop contraignante en Europe (sur-règlementation, absence d’harmonisation entre les États européens, rémunérations trop encadrées) a un effet négatif sur le fonctionnement de l’économie.

Oser la liberté en 2013, c’est sortir de la peur du changement, retrouver l’excitation du challenge. Le principal frein à la liberté est la peur de l’avenir : le respect des traditions, la sécurité de l’emploi, le principe de précaution, sont autant de sources de blocage. Il est nécessaire de changer de mentalité, il faut réhabiliter le goût du risque. Oser la liberté, c’est accepter et assumer l’échec.

Oser la liberté en 2013, c’est réinjecter le politique dans l’économie. L’homme politique > Voir les biographies

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Page 31: Actes des Economic Ideas 2013

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Oser la libertéDe l’intérêt particulier à l’intérêt général

ATELIER LES VALEURS

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

ayant aujourd’hui un niveau d’action local dans un monde global, les résultats des politiques ne sont pas satisfaisants. Les entreprises européennes, qui sont soumises à des règles locales, souffrent d’une concurrence d’entreprises soumises à d’autres contraintes. L’économie est plus avancée que la politique. Il est nécessaire de réactualiser le système des institutions transnationales (ONU, FMI…). Cette politique de valeurs et de convictions doit être fondée sur l’éthique. La liberté est une valeur indispensable à toute créativité.

Oser la liberté en 2013, c’est réhabiliter le libéralisme. Les entreprises doivent être décomplexées, il doit être dit clairement que l’entreprise ne peut plus garantir l’emploi à vie. La liberté doit être un véritable outil de concurrence pour les entreprises (liberté d’installation), mais également un outil de gestion, à l’instar des universités belges qui se sont développées grâce à leur autonomie en termes de gestion financière, pour la nomination des professeurs et pour l’attribution des moyens de recherche.

Oser la liberté en 2013, c’est sortir du modèle top-down du XXe siècle et aller vers le modèle “bottom up”. Il est tout d’abord nécessaire de remettre l’humain au cœur de l’économie, en se fondant sur son imagination pour développer la liberté. Le chef d’entreprise a pour mission de décloisonner, de faire en sorte que les idées

d’en bas arrivent en haut, que les idées circulent librement au sein de l’entreprise : par la mise en place d’outils (Prix de l’innovation) ou en réunissant des équipes venant de départements différents pour générer de nouvelles idées. Il en est de même pour la liberté dans la recherche qui, grâce à l’accès libre à la communication scientifique facilité en Belgique, devient un outil de connaissance et de progrès évident.

Oser la liberté en 2013, c’est renouer avec les valeurs fondamentales de la civilisation occidentale, remettre l’homme au centre de l’économie, l’homme en tant qu’acteur du changement. La liberté n’existe que par ses limites. On a toujours tendance à rejeter les contraintes sur la société, sur les autres, mais la plupart sont celles que l’on s’impose. Il est nécessaire de se libérer des contraintes et d’essayer de penser autrement. Un bon signe peut-être avec la présentation par le gouvernement français le 29 avril 2013 d’une mesure qui prévoit la suppression du fichage des entrepreneurs en faillite par la Banque de France. Les banquiers étant réticents à faire confiance quand une première expérience était un échec, ce fichier était souvent un obstacle pour obtenir un crédit.

Oser la liberté en 2013, c’est assumer et s’approprier le passé, s’adapter au présent, préparer l’avenir.

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Oser la liberté De l’intérêt particulier à l’intérêt général

Page 32: Actes des Economic Ideas 2013

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ATELIER LA MÉTHODE

Public-Privé Déplacer le curseur

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Intervenants

Brice COUTURIER (FRA) Journaliste à France Culture

Christian JOURQUIN (BEL) Président honoraire du

conseil exécutif de Solvay SA

Modérateur

Philippe LE GUEN (FRA) Directeur de l’Association et

de la Maison Jean Monnet

BALISE

F ace à l’affaiblissement de l’État-Povidence bâti sur le modèle des « Trente Glorieuses », le

modus operandi de nos sociétés est à repenser, et en particulier celui de la fonction publique. Ce sujet, à l’ordre du jour partout dans le monde, est d’une acuité toute particulière en France, qui a bien du mal à imaginer qu’il puisse être nécessaire de circonscrire l’étendue du rôle de l’État. Il y a cependant aujourd’hui de réelles opportunités de sortir du statu quo actuel et d’engager une réflexion autour des nouvelles missions de l’État.

SYNTHÈSE

Verbatim Le pire est de croire que l’on peut résoudre les problèmes d’aujourd’hui avec les solutions d’hier

Le thème, dans un contexte français, s’envisage dans la perspective de “l’État Providence”. Un éclairage international et historique permet de mettre la question du curseur public-privé en perspective. Dans l’environnement actuel, la question de la relance doit faire l’objet d’une réflexion sur l’intervention de l’État dans la sphère économique pour faire face aux défis posés actuellement aux économies européennes en général, et à l’économie française en particulier.

Citant Bertrand de Jouvenel, théoricien du libéralisme économique, Brice Couturier rappelle

la tentation historique du pouvoir de puiser et mobiliser l’énergie nécessaire à son dessein dans les ressources de la société. Cette thèse trouve une illustration parfaite dans l’histoire de l’imposition en France. Instauré de manière transitoire par Philippe Auguste en 1190 comme un instrument du pouvoir régalien, l’impôt finançant la guerre s’est progressivement développé. À la chute de Louis XVI, l’impôt est partout et permanent. Ceci amènera à la première banqueroute de la France en 1797.

Cette mise en perspective historique permet de rappeler qu’à la faveur de la crise, le risque existe d’assister à une tentative des États d’ôter à la société civile des marges de manœuvre qui lui étaient alors confiées. Ce risque s’exprime notamment dans les facteurs exposés par les États pour justifier leur intervention croissante dans ce contexte de crise :

La financiarisation de l’économie en premier lieu. Thèse marxiste dès 1910, la financiarisation de l’économie n’est pas un facteur nouveau qui justifie une intervention croissante des États.

L’appétit des banquiers : de la même manière, les banques ont eu, depuis leur création, l’objectif de gagner de l’argent, et ce point n’est pas propre à la crise actuelle.

La dérégulation des marchés financiers  : les États y ont eu largement recours pour se financer et depuis longtemps.

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Public-Privé : déplacer le curseur Le rôle de l’Etat dans l’économie jusqu’où faut-il aller ?

Page 33: Actes des Economic Ideas 2013

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

L’austérité : la France est sur le point d’enregistrer son 40e budget consécutif en augmentation, la dette publique a atteint 90 % du PIB en 2012, les dépenses publiques pèsent 56 % du PIB. Ces chiffres prouvent qu’on ne peut pas parler d’austérité en France.

Dans ce contexte, tout va dans le sens d’un contrôle renforcé de l’État sur l’économie, qui a failli aboutir en France à une séparation des banques (dépôt / investissement) qui s’est avérée impraticable.

L’objectif visé est donc de diriger l’épargne vers l’investissement productif. On parle alors d’État stratège qui trouve notamment écho à travers la création de la Banque Publique d’Investissement, dont les premiers pas ne sont pas au rendez-vous car elle n’a pas de “doctrine”.

Le rôle des banques centrales est également assez préoccupant. On demande en effet aux banques centrales de résoudre les problèmes des États en injectant, par le biais de taux d’intérêt bas, des liquidités dans des économies au point mort. Les banques centrales, au premier rang desquelles la BCE, créent ainsi l’illusion d’une reprise économique. La même stratégie avait été employée par la Fed aux états-Unis en 2001, avec les mauvais résultats que l’on connaît.

Lorsque la question du curseur public-privé se pose, l’argument souvent avancé, en Europe en général

et en France en particulier, s’appuie sur le niveau des prestations sociales qui justifierait une intervention forte de l’État dans l’économie et un taux de prélèvement élevé. Or, pour ce qui concerne la France et le prix de la dépense publique, les prestations sociales sont relativement moins bonnes que dans de nombreux pays. À titre d’exemple, la France perd chaque année des places dans les classements européens sur l’éducation, les remboursements dentaires diminuent régulièrement...

Ceci amène à penser que la relance économique devra passer par une relance de l’offre. Des investissements devront être consentis pour monter l’offre en gamme sur l’exemple allemand.

Par ailleurs, on peut distinguer trois niveaux d’intervention de l’État : le niveau conjoncturel, le niveau structurel et le niveau distributif (horizontal ou vertical). L’État n’a pas les moyens de financer de grands travaux car il est allé beaucoup trop loin dans son intervention distributive. Par ailleurs, une amélioration conjoncturelle retarderait les mesures structurelles à prendre. La relance économique ne pourra donc passer que par une intervention structurelle. Cette dernière doit avoir pour objectif de restaurer l’écart qui s’est creusé entre la valeur ajoutée créée et la valeur ajoutée perçue par les clients car cette valeur ajoutée est partie. Ceci pose la question de la proposition de valeur des entreprises européennes.

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ATELIER LA MÉTHODE

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Public-Privé : déplacer le curseur Le rôle de l’Etat dans l’économie jusqu’où faut-il aller ?

Public-Privé Déplacer le curseur

Page 34: Actes des Economic Ideas 2013

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Historiquement, la puissance économique de l’Europe s’est forgée grâce à une volonté sectorielle notamment dans l’industrie. C’est celle-ci qui a permis d’aboutir à la conclusion du traité fondateur de la CECA. Dans les années 1950, les planifications étaient sectorielles et les politiques étaient horizontales.

D’autres exemples internationaux illustrent l’importance de l’intervention sectorielle :

En Chine, la planification sectorielle, qui représente un travail de conception considérable, joue un rôle primordial. L’investissement en Chine par les entreprises internationales ne peut pas s’expliquer que par le niveau des salaires.

En Corée du Sud, une part très significative du PIB est dédiée à la R&D (5 à 7 % du PIB, contre 1,9 % en Allemagne). La Corée propose également un modèle d’organisation des ministères très intéressant pour les acteurs économiques. Un ministère unique a été installé pour le commerce, l’industrie, la communication et l’éducation : un interlocuteur unique traite les questions économiques.

Une observation des modèles chinois et coréen permet de tirer quatre enseignements :

Une vision stratégique et structurée “Top Down” doit être privilégiée à l’approche “Bottom Up” qui vise à multiplier les initiatives sans vision.

La planification chinoise n’a rien à voir avec la planification soviétique.

Les exigences environnementales sont fortes en Chine.

La notion de benchmark est clé pour les Chinois et les Coréens.

L’État doit avoir un rôle d’orientation en anticipant au maximum ce que pourraient être les évolutions des marchés, du contexte social, de la technologie... A la fois “mère” et “ vigie” et sans être dirigiste, l’État doit éclairer les acteurs économiques sur les domaines pertinents dans lesquels investir, par exemple, ou sur le positionnement des pôles.

L’Etat doit également développer son approche des entreprises de manière à mettre en place un point d’entrée transversal à l’ensemble des problématiques des entreprises de manière à apporter une réponse structurée et complète.

Enfin, la question de la formation de l’ingénieur jusqu’à l’ouvrier de poste est fondamentale. Si la Chine forme et dispose d’excellents ingénieurs, les ouvriers sont très peu et mal formés dans ce pays. La formation en Europe sur l’ensemble de la chaîne managériale, de l’ingénieur à l’ouvrier, est essentielle. Elle permettra de conserver une avance déterminante en matière de qualité, d’innovation et d’efficacité.

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ATELIER LA MÉTHODE

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Public-Privé : déplacer le curseur Le rôle de l’Etat dans l’économie jusqu’où faut-il aller ?

Public-Privé Déplacer le curseur

Page 35: Actes des Economic Ideas 2013

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ATELIER LA MÉTHODE

Success stories Le Canada et la Lettonie

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Intervenants

Mel CAPPE (CAN) Professeur à l’Université de

Toronto, ancien ministre

Andris VILKS (LVA) Ministre des Finances de la

République de Lettonie

Modérateur

Cécile PHILIPPE (FRA) Économiste et fondatrice de

l’Institut économique Molinari

BALISE

A lors que le débat entre plus d’austérité budgétaire et plus de croissance fait rage,

les réformes menées entre autres au Canada et en Lettonie ont ouvert le champ des possibles en montrant que l’on peut concilier les deux. Ainsi, de 1994 à 1999, la fonction publique du Canada a opéré des réformes qui ont rétabli de manière spectaculaire les finances publiques du pays. Après avoir culminé à plus de 8,5 % du PIB en 1983, le budget de l’État canadien est devenu excédentaire vers le milieu des années 1990. Sévèrement touchée par la crise économique en 2009, la Lettonie a entrepris une audacieuse cure d’austérité en baissant fortement les dépenses publiques, les salaires des secteurs public et privé et les retraites correspondantes, en maintenant une protection sociale minimale et des taux d’imposition bas. En quatre ans, les difficultés ont été surmontées, la croissance est revenue, et le pays envisage d’adopter la monnaie unique dès l’an prochain.

SYNTHÈSE

Le succès de ces réformes est lié à différents facteurs clés :

Il est indispensable de mener une politique stratégique, cohérente, large et profonde. Une vision stratégique à long terme est indispensable à toute réforme, que ce soit au niveau de la formation ou des investissements : il faut identifier les domaines d’investissement jugés stratégiques et y investir.

Les priorités stratégiques doivent faire l’objet d’un consensus. Grâce à la concertation, aux discussions et aux négociations, il est indispen-sable que le gouvernement arrive à convaincre toutes les parties prenantes. Les priorités définies par le gouvernement doivent obtenir un consensus pour créer un contexte politique et social favorable aux réformes.

Il faut trouver un bon et juste équilibre dans les mesures. Il est plus facile d’augmenter la TVA que de réduire des subventions ou de fermer des écoles ou des hôpitaux. Le piège étant d’augmenter les impôts au lieu de réduire les dépenses publiques. Pour la Lettonie, comme pour le Canada, l’assainissement budgétaire est dû pour les deux-tiers à la réduction des dépenses. Au sein des dépenses, il est également nécessaire > Voir les biographies

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Success stories Les leçons que l’on peut tirer des exemples canadiens et lettons

Page 36: Actes des Economic Ideas 2013

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

de trouver un équilibre efficace entre l’austérité (avec une baisse des dépenses publiques) et la croissance (avec l’augmentation des subventions versées aux entreprises et aux agriculteurs).

Il faut avoir du courage pour parler de la réduction des dépenses, ne pas être effrayé par les défis à résoudre, ne pas être refroidi par les nombreux freins qui encouragent l’immobilisme.

Il faut profiter de la crise pour tout remettre à plat. Face aux crises qu’ont connues le Canada et la Lettonie, les gouvernements de ces pays n’avaient pas d’autre choix que d’engager des réformes. Une crise économique, politique, financière ou fiscale est peut-être la meilleure opportunité pour repenser un certain nombre de politiques.

Il est nécessaire d’avoir un calendrier de réformes clair qui présente, sur une période définie, les différentes réformes à réaliser pour répondre aux objectifs stratégiques identifiés. Le rythme des réformes ne doit être ni rapide, ni lent.

Ces réformes doivent être menées en toute transparence. Au Canada, tous les ministères ont subi des coupes budgétaires de façon transparente : le ministère des Finances a communiqué des objectifs de réduction des budgets, et chaque ministre devait expliquer sa

démarche et son programme de mesures pour atteindre ces objectifs sur une période donnée.

Réformer, c’est avant tout faire preuve de pédagogie. Le gouvernement doit montrer que c’est lui qui dirige, que c’est lui qui met en place les politiques. Il doit présenter et expliquer clairement sa stratégie, son programme et son calendrier à tous : pays partenaires, acteurs privés, associations, citoyens... En toute transparence, le gouvernement doit expliquer que ce sera dur. Il est indispensable d’obtenir un soutien solide de toutes les parties.

Enfin, il est indispensable que le gouvernement donne l’exemple. Étant en première ligne, il doit être irréprochable : il est impossible par exemple de baisser les subventions des agriculteurs sans baisser parallèlement les dépenses des ministres.

En Europe, beaucoup de pays souffrent d’un manque de flexibilité sur le marché du travail. La situation économique actuelle est une occasion de repenser un certain nombre de politiques. L’Europe ne doit pas se donner une année supplémentaire pour entamer des réformes nécessaires. C’est en ayant une politique stratégique, cohérente, large et profonde, et en ayant un calendrier de réformes clair, transparent et partagé, que les gouvernements connaîtront le même succès que les exemples canadiens et lettons.

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ATELIER LA MÉTHODE

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Success stories Les leçons que l’on peut tirer des exemples canadiens et lettons

Success stories Le Canada et la Lettonie

Page 37: Actes des Economic Ideas 2013

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ATELIER LA MÉTHODE

Les challenges Remettre en question nos modes de fonctionnement

La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

Intervenants

Patrick BERNASCONI (FRA) Président de la Fédération

nationale des travaux publics

Robert DENNEWALD (LUX) Président de la Fedil

Christian MOLITOR (ALL), Directeur de l’association

sarroise des Caisses d’Epargne

Modérateur

Esther LENEMAN (FRA) Journaliste à Europe 1

BALISE

E n ce début de IIIe millénaire, le monde vit une profonde mutation, imposant de nouveaux

défis qui nécessitent de s’adapter en permanence au risque de régresser, voire de disparaître. Ceci implique une constante remise en cause de nos modes de vie, d’action et de pensée, obligeant à une nécessaire flexibilité des structures et surtout des mentalités. Le monde change… et nous avec. Nous devons l’accepter et nous l’approprier, c’est-à-dire prendre des initiatives nouvelles, voire radicales, pour être en mesure, notamment en Europe et tout particulièrement en France, de rester dans le peloton de tête et d’être les pilotes et les acteurs du changement.

SYNTHÈSE

Dans un monde et une société en constant mouvement, il devient nécessaire voire indispensable de s’adapter. Ce processus implique alors, de fait, une remise en cause des fondements en vigueur – modes de vie, d’action, de pensée – c’est-à-dire un profond bouleversement des mentalités de chacun. Il s’agit alors d’interagir dans ce monde en mouvement : flexibilité, remise en cause, changement, challenges deviennent les pièces maîtresses.

Parmi les changements auxquels nos pays européens sont confrontés, les intervenants ont pu déterminer plusieurs “vœux” de changements :

une vraie politique industrielle européenne, une nécessaire mise en œuvre d’une

harmonisation fiscale et sociale, une politique économique européenne

centralisée, car il est désormais impensable d’imaginer une politique monétaire sans politique économique, une nécessité de pédagogie pour faire adhérer à

l’idée européenne avec un souci de simplification dans sa gestion, une prise en compte par les élus de la réalité

économique des entreprises.

Si les défis sont partagés, il n’en demeure pas moins que le vrai challenge de la remise en question de nos modes de fonctionnement réside dans la capacité à faire accepter ce changement, et même en amont d’arriver à partager l’intérêt de cette nécessité. Aussi, cela doit-il conduire à engager des réformes structurelles sur le long terme.

Les facteurs clés de succès du changement résident donc notamment dans la qualité du dialogue social, nécessaire pour avancer ensemble vers demain. L’exemple allemand de la co-gestion, souvent plébiscité, n’apparaît toutefois pas comme l’unique facteur de succès : il s’accompagne dans les faits de décideurs politiques capables de prendre et d’assumer leurs décisions.

La participation des représentants des salariés reste cependant essentielle pour inventer et faire accepter les changements : en effet, une économie a besoin d’une diversité d’acteurs, d’idées et de relations pour résister aux chocs, et cela ne peut passer que par une interaction de l’ensemble des forces vives d’une société.

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Les challengesRemettre en question nos modes de fonctionnement

Page 38: Actes des Economic Ideas 2013

Philippe Maystadt est né à Verviers (Belgique) le 14 mars 1948. Docteur en droit de l’Université catholique de Louvain, il est par ailleurs titulaire d’une Maîtrise en administration publique de la Claremont Graduate School de Los Angeles (USA). Plusieurs fois Ministre et Vice-Premier Ministre, il est resté dix ans à la tête du Ministère des Finances du Royaume de Belgique, de 1988 à 1998. La revue Euromoney l’a distingué en 1990 comme “ministre des Finances de l’année”.

Son parcours l’a amené à présider le Conseil Ecofin, le Comité intérimaire du Fonds monétaire international (président ayant occupé le plus longtemps cette fonction dans l’histoire du FMI) ainsi que le Conseil des gouverneurs de la BERD. Pendant douze ans, de 2000 à 2011, il a dirigé la Banque européenne d’investissement. Depuis 2012, il est professeur aux universités de Louvain-la-Neuve et de Luxembourg. Il a aussi succédé à Peter Sutherland à la présidence de l’”European Policy Centre”. En avril 2013, il a été nommé Conseiller spécial auprès de la Commission européenne, chargé de faire des propositions en vue d’accroître l’influence de l’Union européenne dans l’élaboration et l’adoption des normes comptables.

Biographies

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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Philippe MAYSTADT (BEL)

Président honoraire de la Banque européenne d’investissement, Conseiller spécial auprès de la Commission européenne, Président de l’European Policy Centre.

L’ex-Chancelier allemand Gerhard Schröder est une figure majeure de la scène politique mondiale depuis plus d’une décennie. Charismatique et pragmatique, son autorité est reconnue, tant sur le plan des relations internationales que du développement économique et du changement social. Il a incarné le renouveau politique d’une nouvelle génération de leaders de son pays, et, surtout, il est l’homme qui a conduit la nouvelle Allemagne réunifiée, 3e puissance économique du monde, au seuil du XXIe siècle. Gerhard Schröder fut élu chancelier une première fois en 1998. Pendant ses sept années au pouvoir, il a profondément modernisé l’économie allemande. Élu pour un second mandat en 2002, le Chancelier a porté l’influence de son pays au niveau mondial, en adoptant une attitude forte sur des sujets internationaux. Issu d’un milieu très modeste, Gerhard Schröder est pugnace. À 19 ans, alors qu’il travaille le jour dans une quincaillerie pour gagner sa vie, il suit les cours du soir à la faculté de droit de l’Université de Göttingen. Il adhère au parti des jeunes sociaux-démocrates en 1963, et devient rapidement le président fédéral du mouvement. Son ascension est rapide jusqu’au parlement national, au sein duquel il est élu pour la première fois en 1980. S’appuyant sur son bastion électoral – la Basse-Saxe, sa région natale et le plus grand État fédéral du pays –, il conquiert la présidence du Land en 1990.

Gerhard SCHRÖDER (ALL)

Ancien Chancelier allemand

Page 39: Actes des Economic Ideas 2013

Biographies

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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Journaliste et présentateur de télévision et de radio, il est un expert des questions économiques et financières. Au cours de sa carrière, il a conduit des centaines d’interviews, des PDG du CAC 40 aux grandes figures politiques. Il a exercé au sein des plus grandes rédactions françaises et internationales (BFM Radio, Bloomberg TV, Radio Classique, France 24, Libération…). Ex-présentateur de la matinale de Bloomberg TV à Londres, il officie actuellement sur BFM TV, chaîne d’information leader en France.

Jean-Rémi BAUDOT (FRA)Journaliste économique BFM TV

Patrick Bernasconi est né en 1955. Diplômé de l’École spéciale des travaux publics, chef d’entreprise depuis 25 ans, il est responsable de quatre entreprises de TP employant 150 personnes. Président du syndicat des Canalisateurs de 1996 à 2004, il est Président de la FNTP depuis 2005, membre du bureau exécutif du MEDEF et du CESE. Il vient de conduire, pour le MEDEF, la négociation sur la sécurisation de l’emploi.

Patrick BERNASCONI (FRA) Président de la Fédération nationale des travaux publics

Ingénieur et industriel, Robert Dennewald commence sa carrière à l’ARBED, ancêtre d’ArcelorMittal. Il y exerce de nombreuses fonctions à New York et en Europe, jusqu’à prendre la direction de plusieurs branches du groupe. En 1993, il rejoint le groupe Ciments au Luxembourg puis devient PDG d’Eurobéton SA en 1996. Aujourd’hui, outre ses fonctions à la Fedil, il est Vice-Président de la Chambre de Commerce et administrateur d’ING Luxembourg.

Robert DENNEWALD (LUX)Président de la Fedil

Depuis 2011, il est éditorialiste de la matinale à France Culture et présente, chaque vendredi, l’émission “L’Hebdo des Idées”. Il a créé et animé pour l’antenne les émissions “La Cause Commune”, “Contre- Expertise” et “Du Grain à Moudre”. Dans la nouvelle formule du mensuel Enjeux - Les Échos, il est responsable d’une double page consacrée à la veille des think-tanks étrangers. Il fut également rédacteur en chef des magazines Globe, Le Monde des Débats et chef de service à L’Événement du jeudi.

Brice COUTURIER, (FRA) Journaliste à France Culture

Haut fonctionnaire, Mel Cappe est un expert des politiques publiques au Canada. Il a présidé l’Institut de recherche lié à ces questions de 2006 à 2011, après avoir exercé les fonctions de haut commissaire du Canada au Royaume-Uni, de secrétaire du Cabinet, puis de chef de la fonction publique. Il a également occupé des fonctions clés au ministère des Finances et de l’Industrie, été vice-ministre de l’Environnement, du Développement des ressources humaines, du Travail, et président de la Commission d’assurance-emploi.

Mel CAPPE (CAN)Professeur à l’Université de To-ronto, ancien ministre

Outre ses fonctions à HITEC Luxembourg S.A., Yves Elsen connaît parfaitement le monde de l’entreprise. Il est administrateur externe de diverses sociétés luxembourgeoises, comme Carrosserie Comes & Cie SA, et de firmes internationales. Il a été membre du comité de direction de SES SA au cours des 29 dernières années, où il a occupé de nombreux postes à responsabilités en tant que directeur général, responsable du développement technique ou marketing. Depuis 2010, il est également Président du Fonds national de la recherche du Luxembourg (FNR).

Yves ELSEN (LUX)Président Directeur Général de HITEC Luxembourg SA

Page 40: Actes des Economic Ideas 2013

Biographies

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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Parallèlement au poste de direction qu’elle occupe à la Fondation, Pascale Joannin est membre du conseil scientifique des Forums Economic Ideas. Experte de l’Union européenne et de ses politiques, elle est l’auteur de plusieurs articles sur la condition des femmes au sein de l’Union européenne. Parmi ses écrits : “Vers une Europe plus féminine ?”, “More women in leading Europe”, “La mixité, un modèle européen”. Elle fut enfin auditrice à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).

Pascale JOANNIN (FRA) Directrice générale de la Fondation Robert Schuman

Géographe de formation, Antje Gerstein s’implique très vite dans la politique sociale européenne et internationale, notamment à Genève comme déléguée des employeurs allemands auprès de l’Organisation internationale du travail. Aujourd’hui, elle dirige à Bruxelles la représentation de la Confédération des associations patronales allemandes (BDA) auprès des institutions européennes. Elle est reconnue pour sa grande connaissance des instances communautaires et des enjeux liés au monde de l’entreprise.

Antje GERSTEIN (ALL)Directrice de la représentation permanente du BDA auprès de l’UE

Pierre Gramegna a été Directeur des Relations économiques internationales auprès du ministère des Affaires étrangères entre 2002 et 2003. Il a également été Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire pour le Grand-Duché de Luxembourg au Japon entre 1996 et 2002. Il a étudié le droit et l’économie à Paris.

Pierre GRAMEGNA (LUX)Directeur général de la Chambre de Commerce du Grand-Duché de Luxembourg

Diplômé de l’Université de Bruxelles, de l’École de Commerce Solvay et de la Harvard ISMP Business School, Christian Jourquin, président du comité exécutif de Solvay, quitte ses fonctions en 2012. Il fut notamment président du CEFIC (Conseil européen des fédérations de l’industrie chimique) et de l’ICCA (International council of chemical associations). Il est membre de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique et membre et président du conseil d’EIFT (European institute of innovation and technology foundation).

Christian JOURQUIN, (BEL)Président honoraire du Conseil exécutif de Solvay SA

Philippe Le Guen est spécialiste des affaires européennes depuis plus de vingt ans. Il a notamment coordonné et animé en France plusieurs programmes communautaires d’aide aux entreprises et à l’innovation dans le cadre des fonds structurels européens. Chargé de cours dans les universités et grandes écoles françaises sur ces questions, il intervient régulièrement dans des cycles de formations, conférences ou séminaires en France et en Europe. Il collabore également au think-tank Europe & Entreprises.

Philippe LE GUEN, (FRA)Directeur de l’association et de la Maison Jean Monnet

Journaliste, animateur de télévision, de radio et romancier franco-américain, FOG intègre la rédaction du Nouvel Observateur au service politique à la fin de ses études de journalisme. En1985, il est nommé directeur de la rédaction de l’hebdomadaire qu’il quitte pour prendre le même titre au Figaro jusqu’en 2000, année où il décide d’intégrer le Point. Il en devient le directeur. Depuis 2003, il est le PDG du groupe SEBDO Le Point. Sa carrière audiovisuelle débute en 2001.

Franz-Olivier GIESBERT (FRA)Directeur Le Point

Page 41: Actes des Economic Ideas 2013

Biographies

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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Parallèlement à sa fonction à la Caisse d’Épargne de la Sarre, il assume également la direction du Conseil économique de gestion. Ancien conseiller du groupe parlementaire “Bündis 90 / Die Grünen” du parlement sarrois, il est devenu à partir de 1999 journaliste au Financial Times Deutschland, édition allemande du quotidien britannique spécialisé dans les marchés financiers. Il est diplômé de l’université de la Sarre et de l’université du Michigan (États-Unis).

Christian MOLITOR (ALL)Directeur de l’association sarroise des Caisses d’Epargne

Christian Noyer est Gouverneur de la Banque de France depuis 2003. À ce titre, il est membre du Conseil des Gouverneurs de la BCE et Président de l’Autorité de contrôle prudentiel. Auparavant, il a exercé de nombreuses responsabilités à la Direction du Trésor, dont il a été le Directeur de 1993 à 1995. Il a en outre été Directeur de cabinet de plusieurs ministres des Finances. De 1998 à 2002, il a été Vice-Président de la BCE.

Christian NOYER (FRA)Gouverneur de la Banque de France

Outre ses fonctions à l’université, Bernard Rentier préside EOS, une association pour la promotion de l’Open Access destinée à faciliter l’accès aux travaux des chercheurs dans le milieu universitaire. Virologiste et immunologiste de formation, il a axé ses recherches scientifiques sur la grippe, la rougeole et la varicelle. Il a notamment présidé de grandes associations européennes tournées vers la lutte contre les maladies infectieuses.

Bernard RENTIER (BEL) Recteur de l’Université de Liège

Fin connaisseur des questions géopolitiques, cet ancien diplomate a participé aux négociations de l’ONU sur le désarmement. Professeur à l’ICN Business School et conférencier international, ses sujets de prédilection sont les enjeux géostratégiques du XXIe siècle, l’approche des BRIC, l’Europe... Il est l’auteur de nombreuses publications sur les problématiques géopolitiques (Le Monde, Revue Défense Nationale...), du livre “Itinéraire d’un diplomate franco-russe”.

Alexandre MELNIK (FRA) Professeur à l’ICN Business School

Diplômée ès sciences économiques de l’Université Paris-IX Dauphine, auteur d’un grand nombre d’articles publiés dans des journaux aussi bien francophones qu’anglophones, Cécile Philippe a publié en 2007 son premier livre aux Éditions J.C. Lattès, intitulé “C’est trop tard pour la terre”. Elle est intervenue à maintes reprises à la radio (BFM, RFI...) et à la télévision (Arte, France 3, LCI...) sur des questions de politiques publiques.

Cécile PHILIPPE (FRA)Economiste et fondatrice de l’Institut économique Molinari

Après des études à Paris et à la School of Journalism de Columbia University à New York, Madame Leneman est devenue spécialiste des dossiers internationaux et européens. Elle démarre sa carrière au World Service de la BBC, avant de rejoindre Europe 1 comme envoyée spéciale permanente à Londres. Elle y couvre l’actualité britannique et irlandaise, notamment la fin de mandat de Margaret Thatcher, le processus de paix en Irlande du Nord, la politique de Tony Blair et le dilemme européen des Britanniques.

Esther LENEMAN (FRA)Journaliste à Europe 1

Page 42: Actes des Economic Ideas 2013

Biographies

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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Andris Vilks est né en 1953. Il a étudié la gestion et le marketing au Nordisk Landboskole, Odense (Danemark). C’est en 1986 qu’il a démarré sa carrière professionnelle et a servi notamment la banque lettone SEB et ses filiales jusqu’en 2010, puis le Premier ministre letton, l’Association des grandes villes lettones et l’Association nationale des banques commerciales. Élu au Parlement, il a été nommé ministre des Finances en novembre 2012.

Andris VILKS (LVA)Ministre des Finances de la République de Lettonie

Richard Weber est né en 1944 à Deux-Ponts en Allemagne. Titulaire d’un doctorat en économie, il est depuis 1983 PDG de la Brasserie Karlsberg GmbH (Hombourg, Sarre). Depuis 1996, il préside la CCI de la Sarre (IHK Saarland). Il a également présidé de 2002 à 2008 la Fédération des brasseurs allemands. Plusieurs fois décoré (croix du Mérite de la RFA, Légion d’honneur), Richard Weber est connu pour sa contribution à l’économie de la Sarre et en faveur de la coopération franco-allemande.

Richard WEBER (ALL)Président Directeur Général du groupe Karlsberg GMBH

Dans ses articles, Jean-Marc Vittori couvre l’économie sous toutes ses formes, de la théorie scientifique jusqu’à sa pratique politique. Diplômé d’économie et de Sciences Po Paris, il a travaillé pour plusieurs titres de presse magazine, dont L’Expansion, qu’il a dirigé. Membre du comité directeur de l’Association française de science économique et du conseil scientifique des Journées de l’économie, il a publié plusieurs ouvrages dont “L’effet sablier. Vers la mort des classes moyennes” (Grasset, 2009).

Jean-Marc VITTORI (FRA)Editorialiste économique Les Echos

M. Thill a consacré sa carrière à la banque. Entré en 1978, il devient rapidement responsable des départements Crédits, Factoring et Risk Management. À partir de 1985, il en dirige la banque de détail, le réseau national, le secteur entreprises puis les ressources humaines. Peu à peu, il devient membre ou président des principales filiales de la banque. Aujourd’hui, il exerce notamment un mandat à la Chambre de Commerce du Luxembourg.

Carlo THILL (LUX)Président du Comité de Direction de la BGL BNP Paribas

Page 43: Actes des Economic Ideas 2013

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Economic Ideas – 3 Mai 2013

Réussir l’avenir

La réforme des politiques publiques

Mise en perspective

Anne PHILIPONA HINTZY (FRA), Directeur Associé Deloitte France,

Georges KIOES (LUX), Associé Audit, Deloitte Luxembourg,

Laurent WEERTS (BEL), Partner Audit, Deloitte Belgique,

Depuis 2008, l’Europe traverse une crise aux facettes multiples : d’abord

financière, elle est ensuite devenue économique, budgétaire et sociale,

conduisant notre continent vers une situation conjoncturelle douloureuse : le

chômage touche désormais plus de 19 millions de personnes dans la zone euro

soit 12% de la population active.

A terme, cette crise menace le cœur même de notre système : à titre d’exemple,

la France, avec son 40ème budget consécutif en augmentation, sa dette publique

atteignant 90% du PIB en 2012 et ses dépenses publiques pesant 56% du PIB,

consacre une part croissante des moyens disponibles au service de la dette,

compromettant largement l’avenir des générations futures.

Comme l’a souligné Philippe MAYSTADT dans son discours introductif,

« l’Europe est à une période charnière de son histoire, une période de

basculement géoéconomique et de mutations technologiques dont la rapidité et

l’ampleur ne lui permet plus de faire comme d’habitude ». Dans ce contexte, et

afin de pouvoir faire face au vieillissement de la population et mettre un terme à

leur dépendance aux marchés financiers, l’ensemble des acteurs européens

reconnaissent l’urgence d’une réforme de fond.

Réussir l’avenir La réforme des politiques publiques 1

Page 44: Actes des Economic Ideas 2013

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Ce besoin de réforme constitue un véritable challenge pour les acteurs publics et

privés car il place à la fois les décideurs politiques et les chefs d’entreprises

devant d’importantes responsabilités.

Pour les décideurs politiques tout d’abord, le principal enjeu consiste à résister à

la tentation de mettre en œuvre des mesures conjoncturelles en réponse à la

crise. Plus faciles à lancer en période de crise car probablement socialement

plus acceptables, ces mesures de court terme n’ont toutefois de portées que

provisoires. Dans ce contexte, l’enjeu consiste bien à oser de véritables réformes

structurelles des politiques publiques, plus difficiles à assumer car moins

populaires, portant leurs fruits généralement sur des échéances plus lointaines,

comme l’exemple allemand tend à le démontrer. Dans un environnement social

très tendu, cette démarche requiert donc du courage : elle implique une remise

en question de nos modes de fonctionnement, une capacité de la part de ses

initiateurs à faire accepter ce changement et enfin une détermination

considérable dans sa mise en œuvre.

Selon Christian JOURQUIN, Président honoraire du comité exécutif de Solvay

SA (Atelier « Public-Privé : déplacer le curseur »), l’Etat doit avoir un rôle

d’orientation en anticipant au maximum les évolutions sociales, technologiques et

économiques. Pour en faciliter leur acceptation, le processus de réforme et le

rétablissement des finances publiques à un niveau plus supportable doivent non

seulement s’inscrire dans le temps, mais également faire l’objet d’efforts

pédagogiques soutenus. A ce sujet, lors de sa conférence de presse, Gerhard

Schröder a d’ailleurs fait observer qu’une plus grande communication de sa part,

menée sans intermédiaire avec les citoyens allemands, et aux fins d’expliciter

très régulièrement les réformes en cours, aurait sans doute pu constituer un

élément majeur pour sa réélection. De fait, les facteurs clés de succès résident

dans la qualité du dialogue social, le respect de transparence à l’égard des

citoyens et la maîtrise de la gestion et du calendrier des réformes.

En définissant une politique structurelle à long terme, la responsabilité des états

réside avant tout dans le fait d’offrir un cadre stable et des perspectives aux

acteurs économiques, en matière de règlementation fiscale et sociale

notamment.

En effet, dès lors que les conditions cadres sont réunies, c’est aux acteurs

économiques, et plus particulièrement aux PME, véritable « épine dorsale » de

l’économie européenne, qu’il revient de conduire les aspects essentiels de la

réforme. D’une part, les salariés doivent être davantage responsabilisés et

associés à la politique de leur entreprise. D’autre part, les dirigeants doivent faire

preuve d’initiative, tant sur le plan de l’innovation que de l’internationalisation,

afin de renforcer leur compétitivité et créer la croissance, synonyme de création

d’emplois, levier indispensable à une sortie de crise. En effet, comme l’a relevé

Richard WEBER, Président Directeur Général de Karlsberg GMBH (atelier

intitulé « La vérité, la transparence, la gouvernance : des valeurs fondamentales

pour le changement »), c’est l’innovation, principalement portée par les PME du

« Mittelstand » (considéré dès la fin des années 1990 par l’Etat allemand comme

une priorité), qui permet encore aujourd’hui à l’Allemagne de conserver son

leadership industriel en Europe. Pour que l’innovation puisse être un moteur

commun à l’ensemble des entreprises européennes, celles-ci doivent considérer

l’innovation, non comme un centre de coûts, mais comme un vecteur de profit,

dans la mesure où elle permet d’améliorer leur compétitivité, et par conséquent

d’assurer leur pérennité et leur croissance. En pratique, les PME doivent aborder

le défi de l’innovation de manière commune par la mise en réseau, et se

réapproprier ainsi la devise de l’Union européenne « uni dans la diversité ».

En ce sens, bien que les difficultés actuelles tendent à renforcer les replis

nationalistes, l’Europe représente une partie de la solution. Plutôt que de voir en

Réussir l’avenir La réforme des politiques publiques 2

Page 45: Actes des Economic Ideas 2013

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l’Union européenne la source de tous les maux, il est sans doute préférable de

prendre conscience de ses bénéfices et de les capitaliser :

• D’un point de vue économique, l’Union européenne demeure la première

puissance économique mondiale avec 25 % du PIB et continue d’offrir de

nombreux débouchés pour nos entreprises. Cette situation doit nous

permettre d’envisager l’avenir avec confiance et ambition et d’être

maîtres de notre développement.

• Sur le plan politique, les pays formant l’Union européenne sont autant de

sources d’inspiration et de benchmark pour nos états afin de s’améliorer

en permanence et construire des politiques efficaces et cohérentes. Si

les modèles des uns ne peuvent pas forcément être dupliqués à

l’identique chez leurs voisins compte tenu des différences culturelles et

structurelles (comme l’a justement souligné Gerhard SCHRÖDER vis-à-

vis de la France et de l’Allemagne) et si bien sûr il ne faut pas tomber

dans une vision manichéenne de l’exercice, on retiendra de l’atelier

« Success stories » qu’il peut exister au sein même de l’Union

européenne un grand nombre de bonnes pratiques. Plate-forme

d’échanges et de dialogue unique en son genre, l’Union européenne

peut en outre donner l’élan nécessaire afin de bâtir des réformes

constructives dans un strict respect des principes de solidarité et de

souveraineté.

• Enfin, d’un point de vue stratégique, comme l’a rappelé Christian

JOURQUIN, Président honoraire du comité exécutif de Solvay SA (atelier

« Public-Privé : déplacer le curseur »), la puissance économique de

l’Europe s’est construite historiquement sur la base de planifications

sectorielles et de politiques horizontales, qui ont abouti à la conclusion

du traité fondateur de la Communauté Européenne du Charbon et de

l’Acier (CECA) et plus tard, à la mise en œuvre de programmes

industriels ambitieux, notamment dans le secteur aéronautique avec la

création du groupe Airbus. Une vraie politique industrielle européenne

formalisée par des programmes de réindustrialisation et d’innovation

pourrait être conçue selon le même modèle dans des secteurs porteurs

(santé, énergie, environnement, transport, etc.), afin de développer

massivement l’investissement productif et rebâtir l’identité

communautaire européenne autour de grands projets d’avenir.

Réussir l’avenir La réforme des politiques publiques 3

Page 46: Actes des Economic Ideas 2013

Retour en images Conférence de presse

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La méthode

Gerhard Schröder

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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Page 47: Actes des Economic Ideas 2013

Retour en images

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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La Grande Salle de l’Opéra de Nancy

L’accueil à l’Opéra de Nancy Le Foyer de l’Opéra de Nancy

Philippe Maystadt

Page 48: Actes des Economic Ideas 2013

Retour en images

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La méthode

Intervention de Philippe Maystadt

Intervention de Gerhard Schröder

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