Accueil 176

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Ce numéro a été tiré à 7 500 exemplaires. ACCUEIL - revue trimestrielle - ENFANCE & FAMILLES D’ADOPTION - 221 rue La Fayette - 75010 PARIS.

Tél. : 01 40 05 57 70 - Site Internet : <www.adoptionefa.org> Directrice de la publication : Nathalie Parent - Rédactrice en chef : Claire Tridon.

Comité de rédaction : Frédérique Le Floch, Geneviève Miral, Janice Peyré, Aubeline Vinay. Secrétariat de rédaction : Frédérique Le Floch - Conception maquette : Geneviève Miral, Jacques Chabot - Maquette : Frédéric Flosi

Routage : Hervé Bullier - Imprimerie : Chevillon imprimeur, 26 boulevard Kennedy - 89100 SENS Dépôt légal : SEPTEMBRE 2015 - Commission paritaire N° 0617 G 82257

Fédération Nationale des Associations de Foyers Adoptifs - La Fédération est reconnue d’utilité publique par décret du 5 novembre 1984.La reproduction d’articles ou de témoignages extraits de ce numéro est soumise à l’accord préalable d’Enfance & Familles d’Adoption.

Couvertures, p. 6, 33 et 50 : Jacques Chabot / Couverture, p. 3 et 12 : © Shutterstockp. 3, 8, 9 et 10 : Jacob Khrist © Flammarion / p. 3 et 46 : © 123rf – Prakaymas Vitchitchalaop. 5 : © Du Boix / p. 7 : Martin St-Amant - Wikipedia - CC-BY-SA-3.0p. 14 : © Depositphoto / p. 16 : © Shutterstock – Bachop. 20 : © 123rf – Igor Yarutap. 24 et 42 : © Fotolia / p. 37 : © Claire Tridonp. 54 : © 123rf – Rainer Lesniewski

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> Sommaire n° 176

DOSSIER

RUBRIQUES

LIRE, ÉCOUTER, VOIR

4 Éditorial – Nathalie Parent5 Actus8 Entretien avec… Lyes Louffok

Quand les adoptés deviennent parents 12 Un moment heureux mais troublant – Geneviève Miral13 La parentalité des adoptés – Sandra Racine 14 Recommencer une lignée – Témoignage16 Ce qu’en disent les études – La rédaction20 Transmettre, réparer, se séparer – Témoignages23 Fière d’avoir donné la vie – Témoignage24 Antécédents médicaux inconnus – Dr Odile Baubin27 Des sentiments ambigus – Témoignage29 Demain je vais rencontrer ma mère – Extraits33 Ce petit plus – Témoignage36 Les relations familiales – Témoignages37 Devenir grand-mère – Cécile Delannoy39 Stérile ? Pourquoi pas moi ? – Témoignages40 Raconte-moi ton histoire – Témoignages41 Pour aller plus loin

42 À l’international : États-Unis : un nouveau pays d’origine ? – Claire Tridon

46 Santé/Vie de famille : Les risques de la prématurité – Dr Odile Baubin

50 Chronique juridique : Les rapports d’évaluation : entre mythes et réalités, de réelles interrogations – Jean-François Goujon-Fischer

54 En France : Le passage d’un attachement à l’autre

> 12

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Accueil n° 1764

> Éditorial

Lancée en 2011, l’étude d’Enfance & Familles d’Adoption « Le devenir desjeunes ayant grandi dans une famille adoptive »1 a été rendue publiqueles 4 et 5 juin 2015, lors d’un colloque international qui s’est tenu à Pariset qui a rassemblé près de 300 personnes pendant deux jours. Premièreétude de cette envergure en France, elle a la particularité de ne cibler ni uneprocédure particulière d’adoption (adoption nationale ou internationale,démarche individuelle ou par OAA), ni un pays ou un continent.Contrairement à ce qui peut se faire en Suède, il n’est pas possible, enFrance, de travailler sur l’ensemble d’une population, mais le nombre d’adop-tés et d’adoptants qui ont répondu à l’enquête a été jugé significatif par lesscientifiques français et étrangers présents au colloque.Chaque histoire étant singulière, chaque parcours unique, tous ne se retrou-

veront pas dans cette étude, jugée trop pessimiste par certains ou trop optimiste par d’autres.Toutefois, la richesse de ses résultats permet de dégager de grandes tendances pour mieuxaccueillir les enfants qui arrivent aujourd’hui, mieux accompagner les familles et les jeunes adulteset ouvre de nombreuses perspectives de travail.

S’il est difficile d’agir dans les pays d’origine, nous pouvons faire évoluer nos propres lois etpratiques. Cette étude fait émerger les difficultés rencontrées par les enfants nés en France etles effets néfastes des placements successifs. En s’appuyant sur ces résultats, qui confortentl’inquiétude de certains professionnels2, il paraît primordial de mettre en place un recueil le plusprécis possible des informations médicales pour tous les enfants placés, de connaître les conditionsde la grossesse et de la vie pré-adoptive. Il est tout aussi important de donner une existence légaleaux consultations adoption (COCA), avec un personnel formé et susceptible de prendre en chargeles familles adoptives dans leur spécificité.EFA milite depuis des années pour que soient obligatoires une préparation des postulants à laparentalité adoptive, une information sur les enfants adoptables et un accompagnement desfamilles adapté. Trop d’enfants arrivent encore dans des familles qui n’ont pas été préparées :connaître les conditions de vie de l’enfant, les raisons de son abandon, les accueils successifsqu’il a vécus permettrait aux parents de réagir avec plus de pertinence et moins d’émotions àdes compor tements parfois difficiles à décoder. Donner une famille à un enfant est la mesure deprotection de l’enfance la plus à même de lui proposer un avenir (comme le démontre une étudesuédoise présentée lors du colloque) mais lui donner des parents préparés à l’accueillir dans saspécificité relève de notre responsabilité. Après les professionnels, les chercheurs nous proposentdes clés permettant d’envisager toutes les dispositions sociales, législatives et médicales pourprendre en charge au mieux les enfants adoptés et leur famille.

Nathalie Parent

Présidente d’Enfance & Familles d’AdoptionMembre du Conseil national d’accès aux origines personnelles

1 La synthèse de cette étude est disponible sur : <www.adoptionefa.org>, > Colloques et congrès2 Voir « Plaidoyer pour l’adoption nationale » : Accueil n° 169 et sur les sites <www.adoptionefa.org>

et <www.osibouake.org>

Le devenir des adoptés

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Accueil n° 17612

> Dossier

Il est des événements qui marquent notre vied’une façon particulièrement intense, l’arrivée d’unenfant est sans conteste un de ces momentsmajeurs. Qui ne se souvient de ce poème de VictorHugo ?Lorsque l’enfant paraît, le cercle de familleApplaudit à grands cris.Son doux regard qui brilleFait briller tous les yeux,Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,Innocent et joyeux.

Mais c’est peut-être oublier un peu vite que, sidevenir parent est généralement un moment dejoie et de plénitude, cela vient aussi bousculerchacun d’entre nous. Il s’agit de faire une placedans sa vie, dans celle de la famille, à cette toutenouvelle personne, et la place de chacun s’entrouve modifiée. C’est aussi un événement quiravive souvenirs, peurs et blessures anciennes,réinterroge notre propre histoire et le désir quinous a mis au monde, et qui vient chercher l’en-fant que nous étions. Myriam Szejer le rappellebien dans son ouvrage Ces neuf mois-là, souli-gnant aussi que la question de la transmission,notamment des modèles parentaux, prend alorsune dimension particulière  : la façon dont on seprojette soi-même comme parent est en rapportdirect avec les parents qu’on a soi-même eus, ouencore avec d’autres modèles parentaux. Que l’onveuille faire comme eux ou s’y opposer.

On le voit, on le sait, devenir parent est toujoursun grand bouleversement et implique uneréflexion et des remaniements sensibles et per-sonnels. Lorsque l’on est adopté, comment envi-sage-t-on, vit-on sa maternité ou sa paternité  ?Quelles questions, quelles émotions, cette paren-talité fait-elle émerger ou resurgir  ? Est-elle unélément déclencheur d’un questionnement sur sesorigines ? Modifie-t-elle ou fait-elle évoluer le res-senti des personnes adoptées à l’égard de leursparents de naissance, de leurs parents adoptifs ?Mais aussi, comment en parle-t-on à ses enfants ?

Ce sujet est rarement abordé dans la littératureconsacrée à l’adoption et par la recherche, alorsque désormais de nombreux adoptés sont en âgede devenir parents ou le sont déjà. En revanche, ilsemble être une véritable préoccupation des adop-tés, préoccupation que l’on retrouve sur les forumsd’adoptés et lors de nombreux témoignages.C’est pourquoi ce dossier a souhaité laisser unelarge place à leur parole et à leurs ressentis.Formidables témoignages de ces pères, de cesmères, certains devenus à leur tour aussi parentspar adoption, d’une grande sincérité et d’unegrande force que nous avons le plaisir de vous lais-ser découvrir.

Geneviève Miral

La rédaction tient à remercier les personnes, mem-bres pour certaines de l’association La Voix desAdoptés, qui nous ont livré leurs témoignages.

Un moment heureux mais troublant

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Accueil n° 17614

> Dossier

La naissance de mes enfants n’apas été sans répercussions pour

moi. Pendant la grossesse de ma femme, le faitd’avoir été adopté n’a pas tellement fait écho enmoi. En revanche, la question est vraiment remon-tée à la surface à la naissance de mes enfants.Lorsque mon premier enfant est arrivé, subite-ment, presque brutalement, la question de mesorigines est revenue. Je me souviens très bien qu’àla maternité, en voyant ma fille pour la premièrefois, je voyais ma mère, et surtout, je voyais à quoipouvaient ressembler mes parentsà travers mes enfants. À cetteépoque-là, je n’éprouvais pas decolère à l’égard de ma mère denaissance, je lui ai toujours trouvé mille et unebonnes raisons de m’avoir abandonné. La colèreest venue après ! J’ai les yeux marron, mon ex-femme a les yeuxbleus et notre fille a les yeux bleus. Quand on n’apas trop séché les cours de génétique, on se dit  :Tiens… Ce sont des choses aussi bêtes que cela quifont qu’on a envie de retrouver.Les choses ont mis du temps à mûrir en moi, maisc’est bien l’arrivée de ma fille qui a été le déclen-

cheur de ma démarche pour retrouver mes origines.Autre retentissement de la naissance, pour la pre-mière fois, j’avais quelqu’un de mon sang en facede moi. Je ne sais pas ce qu’il en est dans lesfamilles où l’adoption n’est pas présente, mais êtrepère a suscité en moi un attachement très trèsimportant à mes enfants, au point que j’airepoussé longtemps l’idée de divorcer pour pou-voir rester auprès d’eux tant qu’ils en avaientbesoin. J’ai été adopté à 2 ans, sur la période de 0à 2 ans de mes enfants, je me suis rendu compte

de ce qui m’avait manqué. Je mesuis dit : Voilà ce que je n’ai paseu. Et ça, c’est dérangeant. Audépart, on se dit : Oh, deux ans,

ce n’est pas si long, et, finalement, quand on lesvoit passer avec ses propres enfants, on se dit : Ilme manque un morceau. Tant qu’on n’est pasparent, on ne le mesure pas, ou pas assez.

Mes parents adoptifs étaient ravis à l’annonce dela naissance. Ils considèrent mes enfants pleine-ment comme leurs petits-enfants. Mais quand mesenfants étaient en bas âge, ils étaient très stres-sés. N’ayant pas eu d’enfants biologiques, ils ne

Recommencer une lignée

Quelqu’un de mon sang en face de moi

Témoignage

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Accueil n° 17624

> Dossier

Comment les médecins vont-ils arriver à nous pren-dre en charge correctement ? Sauront-ils faire undiagnostic sans ces informations  ? Jusqu’à quelpoint allons-nous pâtir de l’absence de ces élé-ments d’histoire médicale ?La recherche de pathologies connues dans l’his-toire familiale fait partie de tout « interrogatoire »,première étape incontournable d’un examen médi-cal bien conduit. Dans quel objec-tif ? Peut-on faire sans ? Mon bébécourt-il plus de risque ?Lorsque le médecin se trouve faceà un patient qui lui apporte sessymptômes, il entre dans unedémarche qui consiste à rassembler tous les élé-ments qui lui permettront d’aboutir à une ou plu-sieurs hypothèses qu’il conviendra ensuite de véri-fier. Comme dans une enquête policière à laquellece terme d’interrogatoire peut faire référence,toutes les informations, positives ou négatives,sont recueillies et créent un faisceau de présomp-tions qui mènera au diagnostic final. S’il est habi-tuel de chercher de prime abord leur lien entreelles et avec la pathologie recherchée, il est fré-quent de devoir laisser de côté certains signes quin’ont rien à voir avec la maladie actuelle. Les anté-cédents font partie de ces signes qui peuventenrichir la recherche.

Dans le cadre de la surveillance habituelle d’unegrossesse, la présence chez des parents prochesde certaines maladies, dont on connaît la préva-lence familiale, va inciter le médecin à rechercherspécifiquement des signes allant dans ce sensou à prévoir des dispositions. Par exemple, devantla notion d’un important terrain allergique dansune famille, il est conseillé d’éviter un contact pré-

coce avec certains allergènes  ;cela peut aller de l’allaitementmaternel exclusif, en évitant les« compléments » en cas d’into-lérance alimentaire, à l’exclusiondes laits de toilette ou des vête-

ments synthétiques, voire l’utilisation de couchesen tissu. Pour autant, ces prédispositions ne sontpas systématiquement héréditaires et la prudencedans l’exposition aux allergènes est de mise pourtout nouveau-né du fait de l’augmentation consi-dérable des situations d’eczéma et/ou d’asthmedont l’explication est certainement beaucoup plusenvironnementale que génétique.

La méconnaissance de pathologies dans la famillen’est d’ailleurs pas l’apanage des adoptés. Il existede nombreuses situations où l’on apprend la mala-die d’un proche à l’occasion de la découverte decette même maladie dans sa descendance. Soit

Comme dans uneenquête policière,

toutes les informationssont recueillies

Antécédents médicauxinconnusBien souvent, au moment de donner la vie, l'adoptése questionne sur la nature du patrimoine génétiquequ'il va transmettre, ravivant l’angoissante questionde l'absence d'informations. La méconnaissance desantécédents médicaux de leurs parents biologiques,situation fréquente à laquelle sont confrontées lespersonnes adoptées et leur famille, cristallise biendes inquiétudes.

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Accueil n° 17642

> À l’international

Au XIXe siècle, pour peupler l’Ouest du pays entravailleurs, on a expédié en train de nombreuxenfants privés de familles afin qu’ils soientaccueillis par des parents adoptifs à la recherchede bras supplémentaires ou privés de progéniture.Les premiers textes encadrant l’adoption remon-tent au milieu du XIXe siècle, le MassachusettsAdoption of Children Act (1851) est considérécomme la première loi moderne, tandis qu’enEurope, il faudra attendre plus de 70 ans pourqu’on légifère en la matière. Sur cette terre d’immi-gration et d’intégration, on peut imaginer qu’ilétait plus facile que dans la vieille Europe de déve-lopper des solidarités familiales en dehors desliens de sang.

En 1970, une pointe de 175 000adoptions a été enregistrée aux

États-Unis. Rapportée à la population, c’est dixfois plus que les adoptions en France dans lesannées record. Et même s’il n’est pas possible dereconstituer les chiffres de l’adoption depuis ledébut du XXe siècle, on estime aujourd’hui que,dans la population actuelle, plus de 5  millionsd’Américains ont été adoptés et que c’est le cas

pour plus de 3 % des moins de 18 ans. L’adoptionconcerne une minorité non négligeable d’enfantsmais, surtout, son importance symbolique va bienau-delà de cette réalité statistique. Les États-Unissont LE pays de l’adoption  : Adoption Nation,comme le souligne le titre d’un ouvrage publié parle directeur du prestigieux Donaldson AdoptionInstitute, Adam Pertman, qui met en avant l’impactdu phénomène sur la société et les familles améri-caines.Les institutions religieuses ont joué, dès le départ,un rôle important en se préoccupant du sort maisaussi de l’âme des enfants délaissés et la motiva-tion religieuse n’était pas absente, après 1945,quand l’adoption internationale s’est développéeen faveur des enfants victimes de la guerre. Lesfamilles des militaires stationnés en Allemagne del’Ouest ont été les premières à recueillir des nou-veau-nés abandonnés. Dans les années 1950,sous l’impulsion d’une famille de l’Oregon qui,après avoir adopté huit enfants en Corée, a créé leHolt, un mouvement très important d’adoptiondans ce pays se développe parmi des Américainsqui partagent la conviction que les enfants

En 2014, quatre organismes français ont été habilités pourexercer l’activité d’intermédiaire pour l’adoption d’enfantsoriginaires des États-Unis. L’apparition des USA dans laliste des pays d’origine vient bousculer nos représenta -tions sur la logique de déplacement des enfants qui veut

que les adoptions internationales se fassent depuis des pays pauvres ou danslesquels l’adoption est mal considérée vers des pays qui offrent un contexte plusfavorable. Les États-Unis n’appartiennent, a priori, à aucune de ces deux catégories.Les dispositifs encadrant l’adoption outre-Atlantique peuvent nous sembler biencomplexes à saisir et manquer de lisibilité. Aussi est-il nécessaire de replacer cettenouvelle perspective pour l’adoption internationale dans son contexte historique etterritorial avant de s’interroger sur sa pertinence.

États-Unis : un nouveau paysd’origine ?

« Adoption Nation »

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Accueil n° 17646

> Santé / Vie de famille

Né avant terme, c’est-à-dire avant 37 semainesd’aménorrhée, les différents organes sollicitéschez le prématuré sont, par essence, immatures etvont présenter des dysfonctionnements selon ledegré de prématurité. Ces difficultés d’adaptationexpliquent d’une part les pathologies de la périodenéonatale précoce et leurs conséquences, maisd’autre part les séquelles à pluslong terme qui constituent l’in-certitude de développement, aucœur des projets d’apparente-ment et d’adoption.

La respiration : « pousser son premier cri », pas sisimple  ! Cela demande une énergie musculaireimportante, puis, pour que la respiration soit effi-cace, des alvéoles pulmonaires en capacité de sedéplisser pour absorber l’oxygène et rejeter le gazcarbonique. Cette maturité s’installe entre la 32e

et la 36e semaine et, à défaut, on aura recours àune ventilation artificielle plus ou moins sophisti-quée qui, bien qu’adaptée à la fragilité pulmonairedu prématuré, comporte des risques de lésion.

La circulation sanguine  : pendant la vie intra-utérine, le sang arrive et repart par le cordon ombi-lical, empruntant un circuit particulier avec descourts-circuits entre le cœur droit et le cœur

gauche. À la naissance, le circuit change et surtoutles communications droite-gauche doivent se fer-mer pour éviter le mélange du sang oxygéné avecle sang désaturé. Ces fermetures se font grâce à lapression dans la cage thoracique liée à l’installa-tion de la respiration, mais elles impliquent aussi lamusculature du cœur et des vaisseaux sanguins.

La prématurité peut donc être àl’origine d’un retard de ferme-ture de ces courts-circuits san-guins, responsable d’un surcroîtde travail pour le cœur qui

pourra se résoudre spontanément ou nécessiterun traitement médicamenteux ou chirurgical.

L’alimentation : le premier réflexe du nouveau-néest de chercher à téter pour se nourrir. Une suc-cion de bonne qualité nécessite des musclestoniques et une bonne coordination avec la déglu-tition, ce qui n’est pas encore au point chez le pré-maturé. On va donc devoir lui apporter directe-ment dans l’estomac le lait qui fournira les caloriesindispensables à sa croissance et l’énergie requisepour toutes ces fonctions à mettre en route. Au-delà de l’estomac, l’intestin doit assurer l’absorp-tion des nutriments utiles et cela passe par unemuqueuse encore fragile qui n’est pas encoreprête. La digestion reste une étape délicate qui

Les risques de la prématuritéPour tout enfant, le moment de la naissanceest un véritable chamboulement physiologiquepuisqu’il doit prendre en charge ses propresfonctions vitales jusque-là assurées in uteropar sa mère. L’enfant né à terme est

parfaitement armé pour faire face à cette échéance et, s’il peut exister des petitsproblèmes de démarrage, cette étape se passe la plupart du temps sans souci. Il n’enest pas de même pour le prématuré…

Les principales fonctionsne sont pas toujours

prêtes à prendre le relais

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