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L’âge de toutes les révolutions

On se réveille un matin et on tombe sur son premier poil pubien. Puis, bang : sans avoir appuyé sur le moindre bouton, on se trouve happé par un tourbillon de changements. Le corps s’étire et se transforme; la façon de voir le monde, ses   proches,   soi-même,   bascule.   Jamais,   dans   la   vie,   nous  ne   connaitrons autant   de   bouleversements   aussi   rapidement.   À   16   ans,   au   volant   d’une voiture,   le   monde   de   l’enfance   semble   déjà   loin   dans   le   rétroviseur. L’adolescence est  une période où tout  bouillonne.  Une révolution à  la   fois biologique, sociale et psychologique à laquelle nul n’échappe.

Pour  certains,   les  remous de  l’adolescence sont tellement  grisants  qu’ils  ne veulent  plus en sortir. D’autres s’en souviendront comme d’une période tumultueuse. Mais peu importe comme elle se vit,  cette tranche de vie commence  invariablement de  la  même façon.  Par un signal chimique qui vient dire : prêt, pas prêt, l’enfance est terminée.

L’étincelle se produit au cœur du cerveau, dans une région appelée l’hypothalamus. En libérant une hormone appelée la gonadolibérine, l’hypothalamus enclenche une cascade d’évènements qui feront triper les ados, déraper certains parents et vendre beaucoup de livres de psychologie.

Les signaux de l’hypothalamus réveillent l’hypophyse, le chef d’orchestre de la révolution biologique.  Cette glande  libère à son tour  un flot d’hormones qui viennent stimuler les ovaires des filles et les testicules des garçons. Les glandes surrénales se joignent aussi au concert. Résultat : un joyeux cocktail chimique, différent pour les filles et les garçons, se déverse dans le système de nos ados. Sa   mission :   étirer   et   remodeler   leurs   corps   d’enfants   jusqu’à   ce   qu’ils deviennent des corps d’adultes.

Les   filles   voient   leur   poitrine   se   développer.   Les   gars,   qui   suivent   ces   progrès   de   près, recommencent à mouiller leur pyjama la nuit. La révolution biologique est en marche. Elle n’a qu’un but  en  tête :  assurer   la   survie  de   l’espèce  Homo sapiens  en  poussant  nos  ados  à  se reproduire.

[…] Une étude menée aux États-Unis montre qu’entre 1850 et 1950 l’âge moyen de la puberté – la transformation physique du corps – est passé de 17 ans à 13 ans. Des changements qu’on explique par la meilleure alimentation et l’amélioration de l’hygiène.

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La révolution psychologique

« La maturité physique est devancée. Mais la maturité sociale, elle, arrive beaucoup plus tard. Avec   les   études   qui   se   prolongent,   les   adolescents   restent   dépendants   de   leurs   parents beaucoup plus  longtemps », souligne Ellen Moss, professeur de psychologie à  l’Université du Québec à Montréal.  Voilà, selon la chercheuse, pourquoi on entend tellement parler de nos ados aujourd’hui. « Avant, l’adolescence, ça n’existait pas. À 15 ou 16 ans, on était un adulte », dit-elle.

L’ado se retrouve ainsi plongé dans un no man’s land prolongé entre l’enfance et l’âge adulte, au sein duquel il devra construire son identité psychologique. Là encore, c’est la révolution.

L’ado doit d’abord redéfinir qui il est. « Il va expérimenter des choses, se tester lui-même. C’est extrêmement important  pour le développement », explique Mme Moss. Ceux qui se fixent trop tôt   risquent   de   passer   à   côté   de   leur   adolescence…   et   le regretter. « Les   expériences   vont   se   faire   à   50  ans.   Et   là,   les conséquences sont plus graves, car on a des responsabilités », dit Mme Moss. À l’opposé, soit parce qu’ils sont perdus dans les remous du changement, soit parce qu’ils y prennent gout, certains ados repoussent les engagements de la vie adulte de plus en plus tard.

Les parents, ces héros de l’enfance, en prennent aussi pour leur rhume. « L’ado va déconstruire l’image idéalisée qu’il avait de ses parents. Il y a un renversement. Alors qu’avant, il ne voyait que du positif, il se met à ne voir que le négatif », explique Mme Moss. Une   étape   nécessaire,   selon   la   psychologue,   et   qui   aboutira éventuellement à une image équilibrée. Pendant ce temps, l’ado délaisse papa et maman pour se retrouver entre amis. « Ça fait partie de la transition vers l’indépendance », dit Mme Moss.

L’ado devra  aussi  apprendre  à  gérer   sa  sexualité,  accepter  qui   il  est,   songer  à  un choix  de carrière réaliste. « Il y a beaucoup de mythes à propos de l’adolescence. Mais pour la plupart des  adolescents,   c’est  une  période  qui   se  déroule  bien »,  dit  Mme Moss.  Une   révolution… tranquille.

Philippe MERCURE,  « L’âge de toutes  les révolutions »,  La Presse,  cahier « Actuel »,  11 mars 2006, p.2.

L’expression no man’s land est une expression anglaise qu’on a gardée telle quelle, en français, durant la Première Guerre mondiale. Elle désignait l’espace qui était située entre les deux lignes ennemies et qui n’était contrôlé par personne. Aujourd’hui, l’expression renvoie à une zone abandonnée ou à une zone tampon.