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Académie de Mâcon – Pôle Art roman – 25/09/2017 Voyage en Languedoc « Entre cités romaines et abbayes romanes » les 16, 17, 18 et 19 mai 2017 Le languedoc où se déroule notre voyage, « entre cités romaines et abbayes romanes » regroupe 4 départements : le Gard, l’Hérault, l’Aude et la Lozère, qui aujourd’hui sont réunis dans la nouvelle région l’Occitanie. (Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées) Entre Provence et Catalogne, le Languedoc a été un carrefour, une région de passage, un itinéraire pour les chemins de Compostelle avec la via Tolosane. Depuis les premiers siècles, il a été traversé par de nombreuses invasions : Latins, Vandales, Wisigoths, Francs et Arabes, et tour à tour ces peuples ont construit mais aussi détruit, ce qui donne à la région une profonde diversité de traces dont l’art roman en est la meilleure illustration. Le Languedoc est riche d’un passé historique et héritier d’un patrimoine prestigieux. Là encore nous constaterons que l’art roman n’aime pas l’uniformité, tout en étant toujours le même il est cependant toujours nouveau. Quelques généralités sur l’art roman languedocien : - l’art languedocien est influencé de l’Antique : déjà nous avons de nombreux vestiges, ceux de Nîmes, les arènes, la maison carrée, la Tour Magne que nous visiterons, le Pont du Gard…et sur le plan religieux nous avons Saint-Gilles-du-Gard, avec des porches évoquant des arcs de triomphe, des frontons triangulaires, des colonnes cannelées, des pilastres, des chapiteaux corinthiens, une très belle frise… - l’art languedocien inspiré par l’architecture wisigothique : le Languedoc a fait partie intégrante du royaume wisigoth de Toulouse de 419 à 507 et de celui de Tolède de 507 à 711, 1 exemple, l’arc outrepassé de saint Hippolyte de Loupian. - l’art languedocien influencé par les Lombards : chevet en particulier décoré de bandes lombardes. - ce qui va donner sur le plan du 1er art roman : l’exemple type de Saint- Guilhem. Cet art roman languedocien se reconnait d’abord à l’appareil de ses murs faits de petits moellons taillés sommairement au marteau, posés à plat, en assises régulières avec de gros joints. A cette maçonnerie rustique, simple mais solide, répond le sobre décor mural des « bandes lombardes » et des frises de dents d’engrenage, procédé de maçon dont la réalisation nécessite peu de moyens, (de simples pierres posées en biais, mais avec un effet décoratif certain). Dernier élément septimanien, la petite fenêtre cruciforme qui s’ouvre parfois dans le pignon de la façade ou le mur du chevet (cf Saint-Guilhem) Encore quelques caractéristiques sur le plan architectural d’ensemble : - un plan basical avec une nef voûtée en berceau plein cintre coupée d’arcs doubleaux, - des collatéraux très larges et bas (différents de ce que l’on a vu en Poitou, rarement voûtés à demi berceau et exceptionnellement à berceaux transversaux, (cf Tournus), et - un transept peu saillant et pas de déambulatoire sauf pour les églises de pèlerinage, et - les fenêtres en plein cintre percées dans la partie haute de la nef diffusent peu de lumière, elles seront par la suite fortement ébrasées.

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Voyage en Languedoc « Entre cités romaines et abbayes romanes »

les 16, 17, 18 et 19 mai 2017 Le languedoc où se déroule notre voyage, « entre cités romaines et abbayes romanes » regroupe 4 départements : le Gard, l’Hérault, l’Aude et la Lozère, qui aujourd’hui sont réunis dans la nouvelle région l’Occitanie. (Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées) Entre Provence et Catalogne, le Languedoc a été un carrefour, une région de passage, un itinéraire pour les chemins de Compostelle avec la via Tolosane. Depuis les premiers siècles, il a été traversé par de nombreuses invasions : Latins, Vandales, Wisigoths, Francs et Arabes, et tour à tour ces peuples ont construit mais aussi détruit, ce qui donne à la région une profonde diversité de traces dont l’art roman en est la meilleure illustration. Le Languedoc est riche d’un passé historique et héritier d’un patrimoine prestigieux. Là encore nous constaterons que l’art roman n’aime pas l’uniformité, tout en étant toujours le même il est cependant toujours nouveau.

Quelques généralités sur l’art roman languedocien :

- l’art languedocien est influencé de l’Antique : déjà nous avons de nombreux vestiges, ceux de Nîmes, les arènes, la maison carrée, la Tour Magne que nous visiterons, le Pont du Gard…et sur le plan religieux nous avons Saint-Gilles-du-Gard, avec des porches évoquant des arcs de triomphe, des frontons triangulaires, des colonnes cannelées, des pilastres, des chapiteaux corinthiens, une très belle frise… - l’art languedocien inspiré par l’architecture wisigothique : le Languedoc a fait partie intégrante du royaume wisigoth de Toulouse de 419 à 507 et de celui de Tolède de 507 à 711, 1 exemple, l’arc outrepassé de saint Hippolyte de Loupian. - l’art languedocien influencé par les Lombards : chevet en particulier décoré de bandes lombardes. - ce qui va donner sur le plan du 1er art roman : l’exemple type de Saint- Guilhem.

Cet art roman languedocien se reconnait d’abord à l’appareil de ses murs faits de petits moellons taillés sommairement au marteau, posés à plat, en assises régulières avec de gros joints. A cette maçonnerie rustique, simple mais solide, répond le sobre décor mural des « bandes lombardes » et des frises de dents d’engrenage, procédé de maçon dont la réalisation nécessite peu de moyens, (de simples pierres posées en biais, mais avec un effet décoratif certain). Dernier élément septimanien, la petite fenêtre cruciforme qui s’ouvre parfois dans le pignon de la façade ou le mur du chevet (cf Saint-Guilhem) Encore quelques caractéristiques sur le plan architectural d’ensemble : - un plan basical avec une nef voûtée en berceau plein cintre coupée d’arcs doubleaux, - des collatéraux très larges et bas (différents de ce que l’on a vu en Poitou, rarement voûtés à demi berceau et exceptionnellement à berceaux transversaux, (cf Tournus), et

- un transept peu saillant et pas de déambulatoire sauf pour les églises de pèlerinage, et - les fenêtres en plein cintre percées dans la partie haute de la nef diffusent peu de lumière, elles seront par la suite fortement ébrasées.

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façade de Saint-Gilles-du-Gard Saint Hippolyte de Loupian Nous commençons la visite par :

I - la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon

- Présentation de l’ordre de saint Bruno, voir texte de Micheline Cotessat - Histoire de la Chartreuse Notre Dame du Val-de-Bénédiction en quelques dates : Elle a été construite entre 1342 et 1352 par le cardinal Etienne Aubert qui sera le futur Innocent VI. Il souhaitait remercier Jean Birel, le général de l’ordre des chartreux, qui en refusant de devenir pape, lui avait permis d’accéder à cette fonction. Cette chartreuse est dédiée à saint Jean-Baptiste. Elle est consacrée en 1358 et elle accueille au début 12 cellules de moine autour du cloître du cimetière. En 1365, Innocent VI décède et est inhumé, selon ses vœux, dans la chapelle ajoutée par lui à l’église. La même année un incendie détruit partiellement l’édifice, la chartreuse est agrandie en 1372 et accueille alors 24 pères, des cellules sont construites autour d’un nouveau cloître saint Jean. L’ensemble va subir des modifications au XVIIe siècle, le nombre des pères est alors de 40 et il faut ajouter 30 frères convers. La chartreuse est à son apogée. La Révolution la frappe alors qu’elle est en pleine vitalité. En 1793, elle est vendue et découpée en lots. En 1834, Prosper Mérimée va entreprendre sa restauration et en 1905, elle est classée Monument historique et aujourd’hui elle concilie conservation du patrimoine et création artistique.

Innocent VI remet la chartreuse à un cartusien

II - l’Abbaye Saint Sauveur d’Aniane :

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- Benoît d’Aniane : sa vie et son rôle dans le renouveau du monachisme bénédictin :

voir texte de Colette Tonneau

- Histoire de l’Abbaye Saint Sauveur : voir document édité par l’Office du Tourisme

Intercommunal de la vallée de l’Hérault. www.ville-aniane.com/

III - l’abbaye de Gellone à Saint-Guilhem-le-Désert - Guilhem : sa vie, voir texte de Colette Tonneau - Histoire de l’abbaye de Gellone : fondée en 804 par Guilhem puis reconstruite au

début du XIe siècle, elle est le symbole du premier art roman en Languedoc, sera et est encore une halte spirituelle sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Elle a connu un rayonnement spirituel jusqu’au XIVe siècle. Mais son prestige ne la préserve pas des conflits de l’histoire et des errements humains. Au XVe siècle, le régime de la Commende est dévastateur car il entraine la prise de pouvoir par les abbés commendataires. Ceux-ci ne sont plus élus par leur communauté mais par le pouvoir politique : ils n’ont plus de lien spirituel avec la communauté dont ils ont la charge et sont là simplement pour encaisser les revenus et les bénéfices d’où un relâchement spirituel et un laisser-aller. Les guerres de religion au XVIe siècle vont entrainer son déclin. L’abbaye est sauvée de la ruine par la Congrégation de Saint-Maur qui y demeure jusqu’en 1790. A la Révolution, l’abbatiale devient église paroissiale de Saint Guilhem. Les bâtiments conventuels sont vendus comme biens nationaux. Une filature et une tannerie s’y installent et le cloître va servir de carrière de pierres, il est dépouillé de ses sculptures dont une partie se trouve aujourd’hui au nord de l’ile de Manhattan à New-York. Dès 1840, la prise en charge de l’Abbaye par les Monuments historiques stoppe le processus d’abandon. Une restauration d’envergure menée à bien depuis 1960 tente de redonner à l’édifice un aspect fidèle à l’esprit originel. Elle est classée au Patrimoine de l’UNESCO depuis 1998 et aussi au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Aujourd’hui, la communauté du Carmel de Saint-Joseph rend à l’abbaye sa destination religieuse.

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la nef et le cloître

IV – le prieuré de Saint-Michel de Grandmont - Présentation de l’ordre de Grandmont : voir texte de Marie-Thérèse Corbillon

- Histoire du prieuré Saint Michel de Grandmont : fondé à la fin du XIIe siècle, ce

prieuré est l’un des plus beaux spécimens de l’architecture grandmontaine. Il semblerait qu’il existait une chapelle dédiée à saint Michel, d’où le nom donné à ce prieuré. Au XIIIe siècle, c’est sans doute l’évêque de Lodève qui fait don à l’ordre de Grandmont de terres et d’une vaste forêt pour entretenir 12 religieux. Au début du XIVe siècle, les moines durent défendre leurs biens contre le seigneur du lieu qui réclamait des droits de chasse et de juridiction sur les terres du monastère : les habitants du village coupèrent les arbres du bois et y firent paître leur bétail. A la suite de ces conflits, en 1325, les moines se mirent sous la protection du roi Charles V et ils traversèrent la guerre de 100 sans trop de heurts. Puis la Commende fut introduite en 1471, elle entraina l’appauvrissement et le dépeuplement du prieuré. Au XIVe siècle, il n’y avait plus que 4 clercs et l’évêque en visite pastorale somma le prieur commendataire d’entretenir les bâtiments conventuels et l’église et de revenir à « une étroite observance », ce qu’il ne fit pas. A la dissolution de l’ordre en 1772, il ne restait plus qu’un clerc. Le domaine fut attribué au Chapitre de la cathédrale de Lodève, adjugé en 1791 comme Bien national à un négociant de Lodève, puis revendu et transformé en chais. Racheté en 1957, et avec l’aide de la Caisse Nationale des Monuments historiques sa restauration fut entreprise. Aujourd’hui, il sert de rencontres culturels, d’expositions, de cadres de concerts servis par l’acoustique remarquable de l’église.( cf église et chasse)

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V – l’abbaye de Valmagne - présentation de l’hérésie cathare, voir texte l’hérésie cathare de Charles Angeli - histoire de l’abbaye : elle a été fondée en 1138 par Raymond Trancavel, vicomte de

Béziers. A l’origine, c’était une abbaye bénédictine qui va se rattacher à l’ordre de Cîteaux, deuxième réforme des bénédictins, et dès lors observera la règle et aussi l’architecture définie par saint Bernard. Elle nous met au chœur d’un évènement historique qui bouleverse le Languedoc à partir du milieu du XIIe siècle. Il s’agit de la crise de l’hérésie cathare et du mouvement de reconquête qu’elle engendre, par la mission de prédication d’abord puis par la croisade (1209). Face à l’hérésie et jusqu’à l’apparition des frères prêcheurs de saint Dominique en 1215, les cisterciens dont ceux de Valmagne sont « considérés par le pape comme l’âme de la mission de conversion par la parole et par l’exemple », face aux cathares qui prônent un mépris des créatures de ce monde, il faut opposer un exemple de radicalisme évangélique. Et en cette fin de XIIe siècle le Languedoc est tenté par le catharisme et il se couvre d’abbayes cisterciennes. Les cisterciens sont à l’origine de l’introduction du premier art gothique dans cette région et l’abbaye de Valmagne reconstruite en 1257 est à ce titre exemplaire. Après une période d’expansion et de richesse (2 siècles), l’abbaye va être confrontée à la guerre de 100 ans, à la Commende qui va être dévastatrice, ensuite lors des guerres de religion, l’abbaye est presque abandonnée….en 1575 les Huguenots mettent à sac l’église, brise les vitraux, massacrent les moines…Elle va rester déserte pendant une 40 d’années, elle devient un repaire de brigands. Les moines ne reviennent à Valmagne qu’au début du XVIIe…un nouvel abbé commendataire va vouloir la transformer en palais épiscopal. A la Révolution l’abbaye est à nouveau saccagée, et en 1790 les 3 derniers moines la quittent et s’enfuient à Barcelone. Elle devient alors un bien national, elle est vendue en 1971 et achetée par un certain Granier-Joyeuse qui transforme l’église en chai. Elle a été vendue et rachetée par un comte de Turenne qui la consacre définitivement à la viticulture. Elle est classée aux Monuments historiques depuis 1997.

facade occidentale

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VI – Quelques images des cités romaines Nous n’oublierons pas les deux cités romaines visitées : d’abord Nîmes avec l’amphithéâtre, la Maison Carrée, la Tour Magne, le jardin La Fontaine et les hôtels particuliers et ensuite Vaison-la-Romaine avec le site de Puymin où nous avons découvert la maison à l’Appolon Lauré, le musée archéologique avec cette belle mosaïque du paon. Et nous terminons le voyage par la cathédrale Notre-Dame de Nazareth et son cloître roman.

Notre Dame de Nazareth

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Mosaïque du paon, site antiquités de Vaison

Bibliographie : Le Languedoc roman p 13 à 31 Editions Zodiaque de la Pierre Qui Vire, les documents édités par les Offices du Tourisme Wikipédia pour chacun des édifices présentés Marie-Thérèse Corbillon