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LA FORÊT FRANÇAISE, UNE RESSOURCE MENACÉE À PROTÉGER (1661-1827) Au milieu du XVIIe siècle, la marine française est dans un piètre état […]. Seuls deux ou trois vaisseaux peuvent affronter la haute mer. La marine doit louer ou acheter des navires étrangers en cas de guerre. Colbert décide alors de réorganiser toute la filière, de la culture du chêne au chantier naval. La construction d’un grand vaisseau nécessite d’abattre jusqu’à 4000 chênes centenaires. Or, à cette époque, il n’existe pas de politique forestière digne de ce nom. Le défrichage et la surexploitation des forêts royales ont provoqué une baisse régulière de la surface boisée. La forêt s’étend alors sur environ 13 millions d’hectares. Le bois de chêne étant insuffisant, on en importe essentiellement d’Italie et d’Albanie. Le pin, utilisé pour le gréement, provient d’Europe du Nord. […] Mais toutes ces importations ne conviennent pas à Colbert. Aux yeux de cet homme d’Etat, la forêt constitue à la fois une source de richesse importante, « un trésor qu’il faut soigneusement conserver », et une ressource indispensable pour la construction de navires. […] L’ordonnance d’août 1669 scelle une reprise en main vigoureuse des L'ordonnance royale du 26 août 1824, organisant la Direction générale des Eaux et Forêts, crée une école où seront enseignés les sciences naturelles, l'économie forestière, les mathématiques et la jurisprudence forestière, ainsi que des cours pratiques. L'ordonnance du 1er décembre 1824 fixe son siège a Nancy, ce qui s'explique d'une part par l'abondance des forêts dans l'est de la France et d'autre part par la proximité de l'Allemagne, génératrice des premières théories d'enseignement forestier, et prévoit son ouverture pour le 1er janvier 1825. Son premier directeur est Bernard Lorentz, ancien secrétaire de l'Inspection générale des forêts du département du Mont- Tonnerre. Il est, de même que ses deux successeurs immédiats, 1

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LA FORÊT FRANÇAISE, UNE RESSOURCE MENACÉE À PROTÉGER (1661-1827)

Au milieu du XVIIe siècle, la marine française est dans un piètre état […]. Seuls deux ou trois vaisseaux peuvent affronter la haute mer. La marine doit louer ou acheter des navires étrangers en cas de guerre. Colbert décide alors de réorganiser toute la filière, de la culture du chêne au chantier naval. La construction d’un grand vaisseau nécessite d’abattre jusqu’à 4000 chênes centenaires. Or, à cette époque, il n’existe pas de politique forestière digne de ce nom. Le défrichage et la surexploitation des forêts royales ont provoqué une baisse régulière de la surface boisée. La forêt s’étend alors sur environ 13 millions d’hectares. Le bois de chêne étant insuffisant, on en importe essentiellement d’Italie et d’Albanie. Le pin, utilisé pour le gréement, provient d’Europe du Nord. […] Mais toutes ces importations ne conviennent pas à Colbert. Aux yeux de cet homme d’Etat, la forêt constitue à la fois une source de richesse importante, « un trésor qu’il faut soigneusement conserver », et une ressource indispensable pour la construction de navires. […] L’ordonnance d’août 1669 scelle une reprise en main vigoureuse des forêts françaises. […]Dans la foulée, les chantiers navals sont réorganisés pour que la fabrication d’un navire prenne un rythme industriel. L’effort est considérable. En 1667, la marine est en possession de 300 vaisseaux et galères. […] C’est la Révolution qui porte un coup à cette politique. La liberté de coupe, restaurée par une loi de 1791, et l’anarchie ambiante livrent les futaies1 au pillage. Le massif forestier s’en trouve réduit de 500 000 hectares.

Jacques-Marie Vaslin, « Les chênes français, le « trésor » de Colbert »

Le Monde, 27 avril 2011 

1. Forêt composée d’arbres élévés.

L'ordonnance royale du 26 août 1824, organisant la Direction générale des Eaux et Forêts, crée une école où seront enseignés les sciences naturelles, l'économie forestière, les mathématiques et la jurisprudence forestière, ainsi que des cours pratiques. L'ordonnance du 1er décembre 1824 fixe son siège a Nancy, ce qui s'explique d'une part par l'abondance des forêts dans l'est de la France et d'autre part par la proximité de l'Allemagne, génératrice des premières théories d'enseignement forestier, et prévoit son ouverture pour le 1er janvier 1825. Son premier directeur est Bernard Lorentz, ancien secrétaire de l'Inspection générale des forêts du département du Mont-Tonnerre. Il est, de même que ses deux successeurs immédiats, alsacien et formé en Allemagne. Tous les trois ont contribué à introduire en France les théories allemandes recommandant la conversion des forêts en futaies, produisant plus de bois d'oeuvre et moins de bois de feu, théories qui sont enseignées aux élèves de l'Ecole de Nancy, assurant la formation d'une nouvelle génération de forestiers.

https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/r

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Une industrie au cœur du massif : les forges de Tronçais

Dans les années 1780, l'industriel lorrain Nicolas Rambourg décide d'établir des forges et des fourneaux à Tronçais. Le site lui apporte les trois éléments indispensables à son entreprise : le minerai de fer, le bois

pour la chauffe, et l'eau pour la force mécanique. Plusieurs forges sont construites (Sologne, Morat), les étangs de Tronçais, de Saloup et de Morat sont creusés, et l’étang de Saint-Bonnet est agrandi.Nicolas Rambourg obtient des concessions pour exploiter les deux tiers de la forêt jusqu’environ 1830. Seul le centre du massif, appelé désormais "la Réserve", est conservé en futaie, Les forges utilisent par la suite la houille, relâchant la pression sur la forêt, et cessent définitivement leur activité en 1935. 

L'aménagement de 1835 fait le choix de la futaie régulière

L'aménagement de 1835 peut être considéré comme le point de départ de l'amélioration continue du massif. Après avoir constaté les dégâts liés aux forges et en suivant les principes novateurs de la toute jeune Ecole forestière de Nancy, le comte de Buffévent, alors inspecteur des Eaux et Forêts, décide de traiter l'ensemble de la forêt en futaie régulière. L’objectif est de fournir du bois d’œuvre de manière constante, grâce à une forêt équilibrée en classes d’âges.

Moins connu que Colbert, Buffévent occupe pourtant une place bien plus importante dans l'histoire de Tronçais : grâce à lui, Tronçais est l'une des plus anciennes chênaies traitées en futaie régulière de France. Il a mis en place le système de coupes progressives pour la régénération naturelle des futaies.

Les aménagements suivants confortent cette décision

Il est remarquable que la forêt de Tronçais soit gérée depuis près de 200 ans avec le même objectif, confirmé par les aménagement successifs de 1868, 1898, 1928, 1952, 1976 et 2001 : une futaie régulière, équilibrée, produisant du chêne droit, de gros diamètre et d’excellente qualité.

Le cycle a été allongé : de 160 ans lors de l’aménagement de 1835, il est à plus de 200 ans aujourd’hui. La forêt étant très déséquilibrée au début du XIXe siècle (les deux-tiers avaient alors moins de 50 ans), il a fallu un cycle complet pour équilibrer la forêt, si bien que l’équilibre n’est atteint qu’aujourd’hui. Il n’y a jamais eu autant de vieux bois à Tronçais ! […]

http://www1.onf.fr/enforet/troncais/comprendre/diagnostic_enjeux/20120521-132535-152770/@@index.html

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Le comte d’Essuiles, dans un mémoire intitulé Observations sur la consommation des bois en France et sur leur reproduction, écrivait en 1787 : « Nous allons dire la vérité fâcheuse : hormis les forêts dans lesquelles le Roi chasse habituellement et qui sont conservées en bon état, toutes celles qui lui appartiennent dans le Royaume tout comme celles de communautés -laïques ou ecclésiastiques- sont mal tenues : la plupart livrées au pillage des hommes et à la dévastation des bestiaux ; plusieurs mêmes absolument détruites, et leur sol en friche ou en labour. Telles sont presque toutes celles du Dauphiné, où la propriété de plus de 12 000 arpents de bois, loin de produire au Roi en dix ans un seul écu, lui a couté en argent sorti du trésor royal, non compris les gages du Grand Maitre, 37 179 livres. « En Bretagne, plus de 12 000 arpents sur 45 000 ont été réduits au même état depuis 60 ans. Il en est ainsi dans toutes les provinces. « Si l’on porte ses regards sur les bois des communautés laïques, on y trouvera plus d’un million d’arpents totalement anéantis (soit la moitié). Veut-on les fixer sur ceux des ecclésiastiques et communautés religieuses ? On verra les frais divers emporter un tiers de la valeur des coupes, quelquefois plus. « La ruines d’une grandes partie des forêts, la disette de cette denrée dans plus des trois quarts du royaume, tout exige que le ministère cesse enfin de temporiser et d’employer de petits palliatifs contre de grands maux »… Quant à Perthuis, il signale, il signale l’extraordinaire diminution des futaies dans tous le royaume depuis un siècle, et il cite les chiffres suivants : 8 millions de baliveaux dans les forêts royales, c’est-à-dire d’arbres de futaie mis à l’abri des coupes, en 1669, 1 600 000 seulement à la fin du XVIIIe siècle. On ne peut qu’être frappé en effet de constater dans les plus belles ou les plus grandes forêts du royaume la prédominance croissante des taillis : par exemple, les forêts de l’apanage des ducs d’Orléans, étaient presque vides de futaies, ainsi les forêts d’Orléans de Montargis, de Dourdan, de Laigue, de la Fère, Marly et Saint-Gobain : seules les futaies de de Villers-Cotterêts et de Bruadan-Romorantin avaient été en partie sauvegardées. Dans la grande forêt de Fontainebleau, l’âge moyen de coupe était tombé de 46 ans vers 1750 à 36 ans à la veille de la Révolution. Les forêts seigneuriales étaient sans doute finalement parmi les mieux ménagées. Un autre phénomène agraire, particulièrement grave et visible, était le développement des landes, que Young évaluait en France à 18 millions d’acres, soit plus de 7 millions d’hectares, donc autant que de forêts : une bonne partie d’entre elles proven aient d’ailleurs d’anciennes forêts, de telle sorte que les statistiques forestières sont elles-mêmes trompeuses : il aurait fallu pouvoir distinguer « vrais bois » et « landes et broussailles », comme le faisait exceptionnellement à cette époque le Bureau d’Agriculture d’Angoulême pour l’Angoumois. De toute façon, un important mouvement de défrichement s’était manifesté depuis une cinquantaine d’années : il existait bien sous l’Ancien Régime un vieux dogme administratif, affirmé par l’Ordonnance des forêts de 1669, d’après laquelle il fallait conserver avant tout les forêts. Mais un impératif nouveau s’était manifesté au XVIIIe siècle, par suite de l’augmentation rapide de la population, celui d’accroitre la production de graines. On fait généralement partir ce mouvement de défrichement de l’époque de la campagne physiocratique, c’est-à-dire des années 1758-60. Le forestier Perthuis, très averti du phénomène, fait commencer ce mouvement dès 1748, époque de la paix d’Aix-la-Chapelle, « à partir de cette date dit-il, l’industrie française et le commerce intérieur et extérieur prirent un essor qui ne parait pas avoir d’exemple dans l’histoire ; avec plus de revenu, on eut plus de besoins : des milliers de foyers nouveaux répandirent la chaleur, le luxe devint croissant ». […] Sans doute, le défrichement n’était pas forcément synonyme d’essartage des bois : les innombrables landes, bruyères, etc., étaient surtout visées, mais il était inévitable que les forêts souffrissent aussi. Même la sacro-sainte loi fondamentale de la Couronne, l’inaliénabilité du domaine, fut alors tournée, et de belles forêts royales furent sacrifiées, surtout depuis l’avènement de Louis XVI, qui laissa en général le pouvoir aux brasseurs d’affaires. […]

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On a le droit de supposer que les défrichements de broussailles l’emportaient sur les défrichements de vraies forêts, mais outre les régions humides de l’Ouest de la France, il est certain que les régions montagneuses souffrirent d’un grave déboisement. Or, ce phénomène y était particulièrement regrettable sur des terrains en pente forte, car il favorisait l’érosion. Voici ce qu’écrivait en 1788 un membre du Comité d’Agriculture, de Cheyssac : « Sous prétexte de favoriser la culture des grains, on a porté la bêche ou la charrue dans des terrains qui étaient destinés à produire du bois. La terre des coteaux a été entrainée dans les vallées, elle a encombré les ruisseaux et les rivières. »La situation des forêts était donc fort sérieuse en France à la veille de la Révolution. Cette situation était d’autant plus dommageable pour le pays que les besoins ne faisaient que s’accroitre, car les utilisations économiques du bois n’avaient pas diminué, bien au contraire : la demande était considérable, le charbon de terre et la tourbe, malgré les progrès récents de l’extraction ne constituaient encore que des combustibles d’appoint.Etudions seulement parmi les innombrables usages du bois les principaux d’entre eux et tout d’abord la consommation des foyers domestiques. Tous les auteurs de l’époque signalent un accroissement continu de la demande de bois de feu. […]

https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1966_num_13_4_2921

Le Code forestier de 1827

Peu appliquée, « la « Grande Réformation » de Colbert est insuffisante, la superficie de la forêt française continuant de diminuer. Un nouveau code forestier, fondement de la législation actuelle, est mis en place par le roi Charles X.

Titre III : Des Bois et Forêts qui font partie du domaine de l’État :Section VI.57. Il est défendu d’abattre, de ramasser ou d’emporter des glands […] ou autres fruits, semences ou production des forêts [sans autorisation] sous peine d’une amende […].Titre VI. Des bois des communes et établissements publics :91. Les communes et établissements publics ne peuvent faire aucun défrichement de leurs bois sans une autorisation expresse et spéciale du gouvernement […].110. Dans aucun cas et sous aucun prétexte, les habitants des communes et les administrateurs ou employés des établissements publics ne peuvent introduire ni faire introduire dans les bois […] des chèvres, brebis ou moutons.

Code forestier du 21 mai 1827.

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Daniel Jousse, un juriste du XVIIIe siècle, revient sur l’ordonnance sur les eaux et forêts, promulguées en 1669 par Louis XIV sur les conseils de Colbert.

Les bois sont […] une des plus belles productions de la nature, tant à cause de leur grande utilité pour la construction des bâtiments que pour les différents besoins des hommes. Il en est de même de la conservation du gibier dans les forêts, et de celle du poisson dans les rivières ; l’un et l’autre exigent pareillement toute l’attention du Souverain puisqu’ils sont une grande partie de la nourriture des hommes, et que la chasse, ainsi que la pêche, leur fournissent d’ailleurs un exercice et un amusement agréable. […] C’est pour établir une loi générale sur cette matière que Louis XIV a fait rédiger l’ordonnance du mois d’août 1669.Pour pouvoir mieux réussir dans la conservation des bois du royaume, nos souverains ne se sont pas bornés uniquement à ceux de leur domaine1 […] mais ils ont aussi porté leur attention sur ceux des ecclésiastiques, des communautés et même des particuliers ; sur tous lesquels ils ont cru devoir exercer un droit de police, en les assujettissant à certaines règles dans la coupe de leurs bois, afin d’en mieux conserver l’espèce […]

Daniel Jousse, commentaire sur l’ordonnance des eaux et forêts, 1772.

1. Référence aux forêts royales, dont l’usage était réservé au roi et à la cour.

Le 15 octobre 1661, un arrêt du Conseil du roi entend « remédier aux désordres qui se sont introduits dans toutes les forêts de son royaume ». Défense est faite aux grands maitres de délivrer les coupes de bois et aux usagers des forêts d’exercer leurs usages. L’acte marque le début de la réforme générale des Eaux et Forêts dans tout le royaume, entreprise restée dans la mémoire collective comme la Grande Réformation (1661-1680), ayant doté les forêts d’un code unique – la Grande Ordonnance de 1669- remplaçant la multitude des règlements particuliers.Des commissaires du roi sont chargés d’enquêter sur les désordres, de déterminer les abus du passé et de rétablir la conservation des forêts. Leur mission première est de restaurer les peuplements forestiers pour éviter toute disette et permettre l’autosuffisance du royaume en bois […] Dans le midi, ces plantations ou replantations concernent notamment les espaces défrichés à l’intérieur des forêts. Les prescriptions recommandent de planter des arbres à hauteur de 4 jeunes pour 1 vieil arbre, voire de planter 50 à 200 arbres sur les terrains de lande. Les semis de graines ou de glands sont encouragés. Les forêts concernées « doivent être semées ou plantées de la semence et de l’essence de bois la meilleure et la plus convenable pour chacun fonds desdites forêts, comme de sapin dans les Pyrénées et de chêne dans les autres montagnes ou de hêtre ou de châtaignier dans les fonds qui ne seront pas assez forts pour faire pousser du chêne ou du sapin ».Ces préoccupations pour le bien commun se doublent toutefois d’une réalité plus insidieuse : elles favorisent l’immixtion de l’État à l’intérieur de ses provinces les plus éloignées, au plus près de ses sujets et de leur quotidien lié à l’économie de subsistance – voire leur survie. La Grande Réformation entraine la renégociation des pactes entre le souverain et ses populations suscitant oppositions et adhésions autour des forêts […].

Forêts Françaises, 1661 le plan ColbertL’Histoire n°464. Octobre 2019

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