Abdallah, tirailleur tunisien 2...Ghardimaou, son village de l’Ouest de la Tunisie, est déjà...

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10 — Abdallah, tirailleur tunisien en 14-18 — Un zouave en tenue à l’orientale. D193-2-468 © ECPAD / France / Tournassoud, Jean-Baptiste / 1917.

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  • 10 — Abdallah, tirailleur tunisien en 14-18 —

    Un zouave en tenue à l’orientale. D193-2-468 © ECPAD / France / Tournassoud, Jean-Baptiste / 1917.

  • 11 — Abdallah, tirailleur tunisien en 14-18 — 11

    Introduction

    Alger, avril 1915, alors que l’horreur de la guerre frappe en Europe avec une rare violence depuis près d’un an, Abdallah Ben Ahmed Ben Belgacem1 s’apprête à embarquer dans un conflit sans précédent dont il ne mesure pas la portée.

    Ghardimaou, son village de l’Ouest de la Tunisie, est déjà très loin. Sur le quai, au milieu de l’agitation qui règne, il ne se doute pas qu’il va être emporté par l’Histoire. Avec les autres soldats du 2e bataillon du 8e régiment de marche de Tirailleurs, à vingt ans seulement, il part accomplir son devoir.

    Le froid, la souffrance, la faim seront son quotidien dans les tranchées.

    Il mourra le 29 octobre 1916 à Haudromont Douaumont près de Verdun après avoir repris vaillamment avec ses frères d’armes le fort de Douaumont aux troupes allemandes.

    L’Armée française a reconnu la valeur des soldats de ce régiment ainsi que celle de tous les tunisiens, tirailleurs, zouaves, spahis, qui sont partis combattre lors de ce conflit.

    Esprit de discipline, bravoure, ténacité au combat : la France doit sa liberté, entre autre, à ces soldats. Ils ont témoigné d’un courage sans faille et ont accepté tous les sacrifices.

    Hélas, peu d’écrits rendent hommage à ces hommes de la Première Guerre mon-diale. Pour que personne ne soit tenté d’oublier ou pire d’occulter cette vérité, nous avons choisi de retracer le parcours de ces conscrits ou engagés qui se lancent dès 1914 à corps perdu dans la guerre.

    Il était difficile d’être exhaustif et de retracer avec détail l’histoire de tous les régi-ments, de tous les bataillons et de toutes les unités des soldats tunisiens. Néan-moins, retenons le 8e régiment de marche de Tirailleurs qui a été de toutes les batailles et qui a payé très cher son engagement : le prix du sang versé. Pourtant, ces hommes ne combattaient pas sur un sol où ils étaient nés, ils ne se battaient pas pour leur pays. Mais alors, pourquoi ? Pour qui ?...

    En rendant hommage à ces soldats témoins et acteurs d’une époque bou-leversée, il s’agit de commémorer leur sacrifice en retraçant leur histoire. Il s’agit ainsi de faire acte de devoir de Mémoire.

    Cette approche est autant historique que mémorielle. Elle prend en considéra-tion les lieux de mémoire ainsi que la mémoire vivante à travers les témoignages des familles mais aussi de celui de la Nation reconnaissante.

    Au fil de ces pages, nous allons partager avec vous une histoire humaine qui aurait pu être la vôtre.

    1 Dans la culture arabe, Ben ou Bent signifie la filiation. On est le fils ou la fille de quelqu’un.