ABC de la psychologie de l'enfant, Corinne MOREL

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AVERTISSEMENT L’utilisation de ce document est régi par des conditions consultables à l’adresse http://www.lesocial.fr/conditions Si vous n’acceptez pas ces conditions, vous ne devez pas utiliser ce document. Extraits des conditions d’utilisation « Chacun des éléments constituant le site LE SOCIAL (…), déposé ou non ainsi que l’ensemble du site lui-même et des compositions particulières créées par la totalité de ces éléments ou certains d’entre eux sont protégés par le droit d’auteur et sont la propriété exclusive et personnelle de l’association LE SOCIAL soit pour avoir été créés par elle, soit parce qu’elle a régulièrement obtenu, préalablement, les autorisations requises des titulaires des droits. Il est donc strictement interdit (…) d’utiliser, reproduire ou représenter même partiellement, modifier, adapter, traduire, ou distribuer sur tout autre support de quelque nature qu’il soit, l’un quelconque des éléments ou des combinaisons d’éléments ou la totalité du site lui-même par quelque moyen technique que ce soit existant ou à venir, sans l’autorisation expresse préalable et écrite de l’association LE SOCIAL. Les seules autorisations données par l’association LE SOCIAL le sont aux conditions suivantes : - La reproduction sans aucune altération et en un seul exemplaire pour utilisation strictement privée sur écran monoposte ou pour copie de sauvegarde en tirage papier à des fins privées. (…) » « Toute utilisation qui ne respecterait pas les prescriptions ci-dessus constitue une violation des droits d’auteur et une contrefaçon. La contrefaçon est un délit pénal susceptible d’entraîner une condamnation en vertu de l’article L 335-2 du Code de la Propriété Intellectuelle, l’application des peines suivantes : 2 ans d’emprisonnement, et 1 000 000 Frs (152 449,02 Euro) d’amende, sans préjudice des dommages – intérêts qui pourraient être réclamés pour le préjudice causé ou pour la violation du droit à l’image ou de tout autre droit. »

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AVERTISSEMENT

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Si vous n’acceptez pas ces conditions, vous ne devez pas utiliser ce document.

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ABC DE LA PSYCHOLOGIE DE L’ENFANT

ABC de la psychologie de l’enfant, de Corinne Morel, édition Jacques Grancher Editeur, janvier 2000,

dresse une analyse et une explication de la psychologie de l’enfant de la naissance à l’adolescence. L’ouvrage se découpe en six parties : les quatre premières parties traitent du développement psycho-affectif et du développement intellectuel de l’enfant de la naissance à l’adolescence, la cinquième partie aborde les aspects pratiques de l’éducation, et la sixième et dernière partie « reprend les données précédentes en les appliquant aux situations concrètes auxquelles tout parent se trouve tôt ou tard confronté. » La psychologie de l’enfant comprend deux axes fondamentaux : le développement intellectuel et le développement psycho-affectif ; l’amour et la tendresse ont une grande part d’importance dans l’éducation de l’enfant. Qui dit développement dit « stades différents », ainsi les parents et les éducateurs doivent opérer une remise en question continuelle, et « sont donc sans cesse obligés d’évoluer au fur et à mesure que » l’enfant grandit (p.26). 1/ DE LA NAISSANCE A TROIS ANS.

a) De la conception à la naissance. La naissance est un acte violent et traumatisant, de part la variation de température (le fœtus

expérimente une chaleur constant de 37° à 39°), la lumière et le bruit (dans l’univers intra-utérin tout est amorti et le bébé est protégé de l’intensité lumineuse), la séparation (le fœtus et la mère ne faisait jusqu’alors qu’un), et dans certains cas la césarienne ou la gémellité (ordre de la naissance).

b) Le développement psycho-affectif de la naissance à trois ans. « Lorsqu’il naît, il est en devenir et son évolution dépend profondément de la qualité affective de son

environnement. » (p.43) La mère tient un rôle fondamental et capital au cours des trois premières années de l’enfant ; selon D.W.

Winnicott « la cellule mère-bébé est à ce point essentielle qu’il n’y a pas au départ de nourrisson en tant que tel mais d’une structure mère-nourrisson. C’est-à-dire que le bébé continue de fusionner avec sa mère pendant les semaines qui suivent la naissance. » (p.42) Winnicott cite rois phases de dépendance :

1-La dépendance absolue ou la double dépendance (de la naissance à 6 mois) : « A l’ origine, le nourrisson n’a pas de Moi, c’est-à-dire qu’il ne distingue pas sa mère de lui-même. Il se « vit » comme une partie de sa mère. » (p.44-45), il faut établir la continuité avec l’univers intra-utérin, et exposer le bébé à une attente trop longue affecte sérieusement son développement psycho-affectif ; 2-La dépendance relative (de 5/6 mois à 1 an) : le bébé devient plus actif et plus patient, il « se « sépare » progressivement de sa mère, c’est-à-dire qu’il devient capable de supporter, sans être détruit, les attentes, les séparations ou les absences, à condition qu’elles ne soient pas trop prolongées. », en outre il se reconnaît comme un individu ; 3-L’indépendance au-delà de 1 an : « la capacité d’être seul. Il peut, sans éprouver de peur ou de culpabilité, partir à la découverte du monde. Bien évidemment, son exploration est entrecoupée par de réguliers retours vers la mère. » (p.48). Un environnement affectif est essentiel pour l’éveil et la socialisation de l’enfant, « c’est directement et essentiellement l’amour maternel qui lui permet de triompher des angoisses dépressives, mais aussi des angoisses de persécution. » (p.57) L’attachement chez le bébé est un besoin inné et un facteur clé de la socialisation, Bowlby recense cinq comportement d’attachement : la succion, l’agrippement, les cris, le sourire et, quand le développement moteur le permet, le fait de suivre son objet d’attachement. » (p.64)

Lors de sa deuxième année, l’enfant connaît une phase d’opposition, « Pour la structuration psychique de l’enfant, il est important que ses parents posent des limites bien définies et fassent preuve d’autorité (sans violence naturellement), mais il est tout aussi important qu’il tente de s’y opposer et qu’il « revendique » la légitimité de ses désirs. » (p.70-71) Entre 9/12 mois et 24 mois commence le processus de séparation (individualisation), « dès qu’il commence à se mouvoir, il crée un espace entre sa mère et lui, en s’éloignant d’elle tout simplement. Cette nouvelle attitude génère des sentiments paradoxaux : désir ardent de découvrir le monde et peur de perdre la protection de sa mère (ou de toute autre figure d’attachement) » (p.77) La parole

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devient alors le médiateur privilégié, « Elle permet la distance physique puisqu’elle comble l’espace […] L’enfant trouve un équilibre entre exploration et attachement. » (p.80-81)

c) Le développement intellectuel de la naissance à trois ans. « Le développement intellectuel du bébé et du jeune enfant est étroitement rattaché aux activités

sensorielles et motrices. » (p.89) Ainsi, les principales acquisitions du stade sensori-moteur sont : l’objet, l’espace, le temps, et la causalité. 2/ L’ENFANT DE TROIS A SIX ANS.

a) Le développement psycho-affectif de l’enfant de trois à six ans. « C’est la période des « complexes » : complexe de castration, complexe d’Œdipe, complexe d’Electre,

complexe de Caïn. C’est aussi la période de la reconnaissance de la différence, avec tout ce que cela implique d’acceptation de soi et de l’autre. […] Il s’agit également d’une période fondamentale au niveau de la personnalisation et de l’individualisation. L’enfant se définit de mieux en mieux comme un sujet à part entière. » (p.101)

Complexe de castration : l’enfant découvre sa différence sexuelle, « la différence des sexes et le complexe de castration qui lui est relatif jouent un rôle fondamental dans la construction et l’acceptation de l’identité sexuelle (renoncement à être du sexe opposé). » (p.106) Complexe d’Œdipe : « Le mythe traduit en effet le conflit originel qui oppose l’enfant à un de ses parents pour pouvoir mieux être aimé de l’autre. » (p.106), « L’enfant, même s’il considère le parent du même sexe comme un rival, nourrit quand même à son égard des sentiments tendres et un attachement affectif puissant. C’est du fait de cette ambiguïté que la situation Œdipienne est tellement douloureuse. » (p.108) C’est une période déterminant au niveau de la structure psychique profonde de l’individu, qui se distingue en trois instances : le ça, le moi et le surmoi (conscience morale intériorisée). « Le surmoi se construit sur des identifications, c’est-à-dire sur les modèles environnementaux. Les parents constituent les figures les plus importantes et sont systématiquement pris comme modèles par les enfants. » (p.116)

Durant cette période il faut aussi poser des limites, car l’enfant n’est pas conscient de ce qu’il a droit de faire ou ne pas faire, mais « Si l’interdit a été accompagné d’explications, le risque de récidive est considérablement réduit. […] Ce n’est pas la dureté ou la violence avec laquelle on pose la limite qui importe, c’est la cohérence et la fermeté. » (p.115) Période aussi marquée par la personnalisation (au cours de trois stade : opposition, séduction, imitation) et la socialisation de l’enfant. La socialisation reste très égocentrique, on le remarque à travers les relations temporaires ou le choix centré sur l’objet lors des jeux avec d’autres enfants. Néanmoins l’enfant fait preuve d’une entière tolérance : pas de distinctions raciales, sexuelles, et/ou sociales, seul l’objet compte.

b) Le développement intellectuel de l’enfant de deux à sept ans. Le développement mental joue sur : les acquisitions intellectuelles, l’évolution du raisonnement, les

nouveaux outils utilisés par l’enfant (langage, dessin et jeu), la socialisation de l’enfant, sa représentation et sa conception du monde, et la formation du jugement moral.

L’enfant reste très égocentrique dans son système de pensée marqué par une « incapacité à prendre en

compte un point de vue autre que le sien. […] Il ne parvient pas encore à se mettre à la place de l’autre. » Pour exposer sa pensée, l’enfant use de symboles et de signes : le langage caractérisé par un monologue individuel, « l’enfant se parle à lui-même quand il est tout seul ou quand il est parti dans l’univers du fantastique de son jeu. Au lieu de penser dans sa tête, l’enfant pense à voix haute. » (p.127-128), ou un monologue collectif, « Dans un groupe chaque enfant parle pour lui-même et, finalement à lui-même. Même quand il s’adresse à d’autres personnes (enfants ou adultes), il ne tient pas compte de leurs réactions ou de leurs interventions, mais continue sur sa lancée. » (p.127) ; le jeu créatif caractérisé par une imitation différé, « L’enfant élabore de véritables mises en scènes, dont il est l’auteur et l’acteur principal. […] ils lui permettent de reproduire des situations de la vie quotidienne en les arrangeant selon un scénario idéal. » (p.129) ; le dessin à travers lequel « il peut exprimer spontanément et librement ce qu’il ressent, éprouve ou pense. » (p.129).

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Dans son raisonnement il n’use pas de logique mais de son intuition, « il n’utilise pas sa compétence mais cherche intuitivement la solution. » (p.131) Concernant son évolution mentale elle « génère l’apparition de la morale, qui était jusque là (avant 2 ans) absente ou au moins extérieure à l’enfant. » (p.137), mais elle se distingue par la morale hétéronome, c’est-à-dire le respect du petit par le grand, « l’enfant respecte l’adulte, même lorsque l’adulte ne le respecte pas » (p.138) et il considère « que toute faute doit être sanctionnée. Ne pas gronder ou punir un enfant qui a fait une bêtise, quelles que soient les circonstances, est une mauvaise chose. » (p.141), de même que sa conception du mensonge et de la justice se distingue de celle de l’adulte : « Le mensonge est plutôt lié à son imagination et à sa tendance naturelle à déformer ou à exagérer la réalité. » (p.139), l’enfant croit en une injustice immanente (lorsque deux évènements se produisent consécutivement, l’enfant les relie spontanément même s’il n’y a aucun lien entre eux). 3/ L’ENFANT DE SIX A DOUZE ANS.

a) Le développement psycho-affectif de l’enfant six à douze ans. « Le corps, qui était jusque là très investi, passe au second plan. Ce désinvestissement ne concerne pas

les activités physiques, mais le mode d’échange, la nature des désirs et la recherche de plaisir. » (p.146) : la pudeur et le dégoût, la sublimation des pulsions sexuelles (la différence des sexes est totalement intégrée, et l’identité sexuelle se renforce).

Période caractérisée par une ouverture sociale, ainsi le jeu d’imagination connaît une évolution vers des

jeux plus intellectuels et plus collectifs. b) Le développement intellectuel de l’enfant de sept à douze ans. « L’intuition cède progressivement la place à une pensée plus réflexive. » (p.152) ; les acquisitions

intellectuelles influent sur : la socialisation (apparition de « vrais » échanges, c’est-à-dire que le dialogue remplace le monologue) et les sentiments moraux (apparition de valeur telles que le respect mutuel, la justice, la volonté). A partir de sept ans il « dissocie de mieux en mieux son point de vue propre de celui de l’autre. Cette aptitude nouvelle lui permet d’échanger, de dialoguer, de partager. » (p.153) ; en outre, il intègre « progressivement le concept de justice, en tant que recherche d’équité et de juste mesure. » (p.157) Pour finir, l’intuition fait place à la déduction. 4/ LA PUBERTE ET L’ADOLESCENCE.

a) Le développement psycho-affectif de l’adolescent. L’enfant est dans un « entre-deux » : son corps opère des changements, il connaît des transformations

psychologiques intenses, c’est le début d’une problématique sexuelle (la puberté), et son identité en devient imprécise ; tous ces facteurs créent un inconfort et un mal être chez l’adolescent. « Le préadolescent doit faire face à une nouvelle image de soi, à un corps différent, qu’il ne reconnaît pas tout de suite comme étant sien. De ce fait, il y a toujours une période, plus ou moins longue, dans laquelle il est mal dans sa peau. » (p.168)

Les sentiments à l’égard des parents sont ambivalents : émancipation de l’autorité parentale (désir

d’autonomie) et besoin accru de l’affection et de la protection parentale. Cela laisse place à des conflits, ce que l’on nomme la crise d’adolescence : « Pour Winnicott, la rébellion de l’adolescent traduit la liberté que lui ont donné ses parents d’être un individu à part entière, d’avoir une personnalité propre. […] comme quand il avait deux ou trois ans, l’adolescent a besoin de s’opposer pour s’affirmer. » (p.179)

Durant cette période, il faut apprendre à responsabiliser progressivement l’enfant, lui laisser une

certaine autonomie avec des limites à ne pas dépasser, et par la même occasion lui apprendre à assumer les conséquences de ses décisions et de ses actes ; la présence des parents doit rester effective.

Sa socialisation est importante : « Un isolement trop prononcé constitue un symptôme de déséquilibre et

de troubles intérieurs profonds. L’adolescent a un intense besoin de communiquer, d’échanger des idées et de sortir de sa cellule familiale. » (p.184)

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b) Le développement intellectuel de l’adolescent. Il use d’hypothèses et de déductions, « Sa réflexion n’est plus centrée vers un résultat précis, mais est

utilisée pour (re) penser, imaginer, concevoir le monde. » (p.185-186) L’égocentrisme fait son retour mais « consiste essentiellement en un sentiment de supériorité et en un mouvement d’orgueil par rapport à ses théories. » (p.187), ce qui induit un paradoxe : « l’envie de changer le monde (projet altruiste) tout en jouant un rôle capital (projet égocentrique). » (p.187) L’adolescent est un idéaliste. 5/ ASPECTS PRATIQUES DE L’EDUCATION.

a) Le tempérament. « Le tempérament prend essentiellement en compte les besoins et rythmes biologique de l’enfant et son

mode habituel ou privilégié de réaction. Il ne définit en aucun cas ses besoins affectifs et psychologique ni ses potentialités intellectuelles. » (p.193) On ne naît pas ce qu’on est, on devient ce qu’on est. Il se constitue à partir de neuf critères : le niveau d’activité, la régularité des rythmes biologiques, la tendance à l’approche ou au recul face à une situation nouvelle, l’adaptabilité, l’intensité des réactions, la sensibilité à la stimulation, l’humeur dominante, la capacité à se laisser distraire, et la persévérance dans l’accomplissement d’une tâche.

« Il convient dans la relation parents-enfant, comme dans tout autre relation, d’être ouvert et tolérant. Chacun a ses goûts, ses besoins, ses rythmes, qui méritent d’être respectés. » (p.199)

b) Les contes de fées. Selon Bruno Bettelheim « les contes répondent, par excellence, à la problématique des enfants de tout

âge. Ils leur délivrent un enseignement et donnent du sens à leur vie, à leurs angoisses et à leurs désirs conscients ou inconscients. » (p.200) Ils divertissent et amusent l’enfant, développent son intelligence, et font écho à ses angoisses et à ses aspirations. Le conte est un dispensateur d’espoir et enseigne la valeur des épreuves et du combat : « ils constituent ainsi une invitation à trouver par soi-même la solution aux grandes énigmes. Mais, et c’est là la valeur psychanalytique des contes de fées, il ne s’agit pas uniquement de trouver un sens à la vie mais de trouver un sens à sa vie. » (p.203)

« Le thème récurrent de tous les contes est le triomphe du bien sur le mal, du bon sur le mauvais. » ; la

condition du héros trouve écho chez l’enfant et lui donne confiance en lui. Il « montre à l’enfant, sans lui faire de leçon de morale, la valeur du bien. » (p.205)

Il est important que ce soit l’enfant qui choisisse le conte qu’il a envie de lire ou de se faire lire mais s’il en vient à choisir le même conte maintes et maintes fois : ceci indique qu’il en ressent le besoin, que cette histoire trouve écho en son fort intérieur et qu’il est en quête de réponses.

c) Le jeu. « Chaque jeu présente un intérêt et répond à un besoin spécifique de l’enfant. » (p.213) Il existe trois

types de jeux selon Piaget : le jeu d’exercice (activité essentiellement physique, période sensori-moteur), le jeu symbolique (imitation ou invention, période préopératoire), le jeu de règle (maturation intellectuelle et psychologique, période des opérations concrètes).

Bühler les classe en quatre catégories : les jeux fonctionnels (éprouver, expérimenter, …), les jeux de

fiction (imitation, identification), les jeux de réception (dessin animé /film, écoute, théâtre/cirque), les jeux de construction.

Le jeu a une fonction psychologique. On peut citer par exemple l’Objet transitionnel : « il s’agit d’un

jouet – souvent unique – qui est chargé d’une valeur affective et morale toute particulière. […] l’objet transitionnel sert à faire la transition entre le dedans et le dehors, entre l’intérieur et l’extérieur. » (p.219) Le jeu aide à maîtriser ses angoisses, s’identifier à l’agresseur, et créer une néo-réalité. Il aide notamment la créativité de l’individu, « C’est en jouant, et seulement en jouant, que l’individu, enfant ou adulte, est capable d’être créatif et d’utiliser sa personnalité tout entière. C’est seulement en étant créatif que l’individu découvre le soi. » (p.218)

d) Le dessin.

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L’enfant « trouve dans le dessin un mode d’expression privilégié. » (p.221) ; le dessin « renseigne sur ses perceptions, ses angoisses et ses demandes. » (p.222) Luquet les classe en 5 stades : le gribouillage (1 ou 2 ans), le réalisme fortuit (2 ou 3 ans), le réalisme manqué (3 ou 4 ans), le réalisme intellectuel (de 4 à 8 ans), le réalisme visuel (de 9 à 13 ans).

Le test de Goodenough permet d’ « apprécier les progrès moteurs et intellectuels de l’enfant. […]

L’intérêt du test réside dans les informations qu’il dispense au sujet du schéma corporel et de la conscience du corps. » (p.224) 6/ COMPRENDRE ET APAISER.

a) Comprendre et apaiser les angoisses. Ce qui suscite l’angoisse chez l’enfant : L’inconnu, « l’excès de nouveauté et de changement est, pour lui, source d’angoisse. […] Tout ce quo

est inhabituel produit en lui un sentiment d’étrangeté qui l’angoisse. » (p.235) ; Le corps, par le biais de l’apprentissage de la propreté et des différences sexuelles ; L’attitude parentale, « La peur de perdre l’amour de ses parents constitue l’angoisse la plus puissante.

Elle va de la peur de perdre réellement ses parents à la peur d’être abandonnée ou de ne plus être aimé. […] La colère des parents terrorise également l’enfant » (p.236-237) ;

Les angoisses diverses liées à la dévalorisation et à la dépréciation, à un excès de responsabilités, à leur

responsabilité lors de problèmes ou de difficultés, à une éducation trop sévère ou à des punitions corporelles, violentes et répétées, à l’obligation de prendre sur eux et à la compétition ou aux comparaisons.

b) Comprendre et apaiser les pleurs. L’absence de réponse lorsque le bébé pleure se traduit toujours par une augmentation des pleurs car on

laisse l’enfant livré à sa souffrance et à sa détresse, et peut causer un traumatisme : « Elle diminue la confiance dans l’environnement et fragilise le Moi : le sujet est peu sociable, il se ferme et se montre méfiant. » (p.241)

Certains ont parfois tendance à réprimer le pleur chez le garçon car cela indique pour eux un signe de

faiblesse et est contraire à l’image de la virilité, le garçon vit les pleurs comme une honte et prend sur lui, son comportement se traduit alors par de la colère ou de l’agressivité.

c) Comprendre et apaiser la colère et l’agressivité. La colère et l’agressivité sont les conséquences directes de l’impuissance de l’enfant. « La meilleure

manière de réguler l’agressivité de l’enfant est de lui montrer qu’il existe d’autres réponses. […] Seule l’adaptation de l’attitude parentale permet de réguler les attitudes agressives et violentes de l’enfant. » (p.245) Il faut alors réagir par le dialogue (agressivité justifiée) ou la fermeté (agressivité excessive).

L’agressivité peut néanmoins avoir une valeur positive. « L’opposition devient une manière de

s’affirmer et de séparer le dedans du dehors. […] Il s’agit dans tous les cas de s’individuer et de s’affirmer. » (p.246)

d) Comprendre et apaiser les conflits. Les causes : « l’écart entre les perceptions des adultes et celles des enfants ou des adolescents », le

« mode d’expression », et l’ « affirmation de soi qui passe nécessairement par l’opposition. » (p.249). Les réponses : les explications (donner la raison de l’interdit), le savoir céder (revenir sur une décision si elle se révèle inutile ou erronée), l’écoute, la concertation (tenir compte de l’avis et de l’intérêt de l’autre), le savoir s’excuser.

« La gestion et l’apaisement des conflits passent par la négociation. […] La discussion doit parfois

céder la place à la fermeté » dans le cas d’un échec de négociation. » (p.249) e) Comprendre et apaiser les réactions à la séparation.

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« Les séparations sont une source importante d’angoisse pour l’enfant. » (p.252), ainsi il est important de créer une relation de confiance et de bien préparer l’enfant à la séparation. Elle a aussi une fonction positive et formatrice.

f) Comprendre et apaiser les troubles du sommeil. « Il s’agit de problèmes systématiques d’endormissements, de peurs ou de réveils nocturne également

systématiques. » (p.258). Il faut tenir compte de ses rythmes, ritualiser les heures qui précèdent le coucher, être disponible au moment du coucher, fixer des limites. Les problèmes liés au sommeil ne sont parfois que l’expression de rythmes personnels.

g) Comprendre et apaiser les rivalités fraternelles. Elles sont inévitables mais pas irréductibles (complexe de Caïn) : ne pas comparer les enfants entre eux,

ne pas les mettre en compétition, ne pas focaliser sur le bébé au détriment de l’aîné, ne pas prendre systématiquement parti, ne pas prendre l’aîné pour un substitut parental.

« L’amour est la nourriture dont tous les enfants et les adolescents ont le plus besoin. Et cet amour est

porteur d’espoir […] l’espoir qu’il devienne un être équilibré et heureux. » (p.262)