Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829
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Le
VRAI MESSIE,
ou
L'ANCIEN ET LE NOUVEAU
TESTAMENT
EXAMINÉS D'APRÈS LES PRINCIPES DE LA LANGUE
DE LA NAtURE;
PAR G. OEGGER,
ANCIEN PREMIER VICAIRE DE LA CATHEDRALE DE PARIS.
Un peu de philosophie éloigne du
christianisme, beaucoup de philoso
phie y ramène.
PARIS,
DE L'IMPRIMERIE DE FÉLIX LOCQUW,
RUE NOtRE-DAME-DES-VICtOIRES , N° j6.
1829.
C4- yjtuyZc,
Se trouve aussi chez .
FROMENT, Libraire, galerie Véro-Dodat, n" 8.
H. SERYIER, Libraire, rae de l'Oratoire, n° 6.
LEVAVASSEUR , Libraire , Palais-Royal. _
Alex. MESNIER , Libraire , place de la Bourse.
L'AUTEUR , barrière de l'Étoile., pince de l'Arc-de-Triomphe ,
n» 3.
LE
OH
L'ANCIEN ET LE NOUVEAU TE8TAMENS
tHWISF.S d'IPKÈS LES PRINCIPES 1»K IA I.UfljCÏ
DE LA NATURE.
A MONSIEUR CHARLES COQLEREL,
RÉDACTEUR DE LA REVUE PROTESTANTE.
Monsieur,
Le présent ouvrage expliquera suffisam
ment le long silence que j'ai gardé sur la
lettre que vous avez bien voulu m'adresser
en i827, relativement à une Profession de
foigénérale de toute l'Eglise Protestante.
Il me suffira donc d'ajouter ici deux ou trois
réflexions.
En premier lieu, je crois faire une chose
utile à toutes les communions, en rappelant
l'univers au dogme de Vunité absolue de
personne , comme d'être , dans la Divinité,
laquelle ne saurait être triple que considérée
par rapport à l'homme ; et cela, sans qu'au
cun parti puisse raisonnablement s'en plain
dre , vu la manière dont jeconsidère ensuite
VJ
la personne du CHRIST, auquel j'attribue
la divinité la plus absolue. Persuadé qu'il
faut, de toute nécessité, que tôt ou tard le
CRÉATEUR se manifestepersonnellement ,
soit dans cette vie, soit dans la vie future,
et qu'il sorte de son état d'être métaphy
sique, infini et insaisissable , pour entrer
en un rapport réel avec ses créatures,
j'aime autant croire que cette démarche a
déja étéfaite sur notre globe , ainsi que
l'histoire le raconte, que de la placer au-
delà de la tombe. JÉSUS-CHRIST me pa
raît l'être le plus parfait , le plus glorieux,
le meilleur dont la raison humaine puisse
concevoir L'idée; la bonté prouvant mieux
la divinité que toutes les auréoles de
gloire et que tous les miracles possibles.
Aucun ange de lumière ne peut, selon moi,
être comparé à JÉSUS-CHRIST : et par- là
même, si on me permet ces expressions,
JÉSUS- CHRIST est le côté apperceptible
de l'essence divine, laquelle demeurera
éternellement cachée en lui sous le nom de
Père; par-là même JÉSUS-CHRIST est le
foyer de cette gloire et de cette puissance
infinies avec lesquelles l'homme fini ne
saurait autrement avoir de point de contact.
Après la proclamation ( et l'adoption , sans
doute) du dogme de 1''unité absolue, ce
sera aux philosophes et aux Chrétiens à s'ex
pliquer sur le reste; et nécessairement on
sortira enfin du vague dans lequel une dis
tinction toute humaine , réprouvée par l'É
criture bien comprise ( et rappelant l'idée
d'une pluralité d'êtres ) , retient l'univers
depuis quinze siècles.
Quant à ce que j'entends par la Langue
de la nature , vous ne pourrez le voir que
par la lecture des principaux passages de
mon Introduction. Je vous avertirai simple
ment ici que cette Langue consiste à re
monter, en esprit, au-delà de toutes les
langues de convention , et à ne voir dans
les Livres -Saints ni de Vhébreu, ni du
grec, ni du latin^ etc; mais uniquement
des emblèmes naturels, des symboles, des
hiéroglyphes , tels qu'on a dû les employer
pour exprimer les idées de métaphysique
et de morale, avant qu'on eût créé les mots
conventionnels correspondant à ces idées.
En étudiant ce que les auteurs allemands
ont appelé la symbolique; en se rappelant
Vllj
quelle a du être la nature du langage hié
roglyphique des anciens prêtres égyptiens;
en examinant en outre les caractères du phé
nomène de Vextase moderne, et en compa
rant le tout avec les images prophétiques
et les paraboles de l'Évangile, oh trouve que
la plupart des livres que l'antiquité nous a
transmis comme inspirés, sont écrits, d'un
bout à l'autre, en images parlantes, prises
dans la nature visible, en d'autres termes,
en langue de la nature. Et de cette manière
aussi on. n'y trouve partout que la morale
la plus pure et la plus sublime, comme la
plus haute et la plus saine philosophie. A
quoi il faut sans doute ajouter une appari
tion de la Divinité en personne , appari
tion formant le seul mystère qui reste , et
constituant proprement ce christianisme
qui devait offrir des mystères d'amour plu
tôt que des mystères d'intelligence.
Ayant ainsi fait ma profession de foi bien
claire et bien nette, je puis, Monsieur,
déclarer maintenant, sans crainte comme
sans arrière- pensée,, que dans l'Eglise
extérieure, telle queje la conçois, l'admets
indistinctement tous les Chrétiens de
ix
la grande unité dont vous parlez dans
votre lettre ? même ceux qui se diraient
simplement Chrétiens : car s'ils se disent
Chrétiens, c'est que sans doute ils pour
ront un jour le devenir réellement , au
sein d'une Église dont Vunique but est de
faire naître CHRIST dans les cœurs qui
ne le connaissent pas , et de l'y faire
naître par la charité fraternelle encore
plutôt que par des instructions orales. Et
c'est dans le lien de cette même unité, dans
laquelle il me sera doux de voir entrer bien
tôt des Chrétiens de toutes tes dénomina
tions , que je vous prie d'agréer l'expression
des sentimens d'estime et d'amitié que je
vous ai voués.
Paris, ce ier mai 182g.
OEGGER.
AUX AUTORITES
QUI SE CROIRONT COMPÉTENTES;
;
Le vrai sens des Livres-Saints étant
enfin irrévocablement fixé par la décou
verte de la Langue de la nature , le sous
signé demande que les diverses autorités
ecclésiastiques se hâtent de supprimer des
abus dorénavant incompatibles avec la
société perfectionnée, et d'organiser par
tout un cahesimple et sublime comme l'É
vangile.
S'il arrivait, ce qu'il ne peut croire, qu'a
près un délai convenable les autorités
ecclésiastiques n'eussent point pris sa dé
marche en considération , le soussigné de
manderait alors , au nom des lois, qu'appré
ciant les effets des progrès toujours crois-
sans des lumières, le gouvernement lui
assignât, dans la capitale, une Église ou un
Temple où il pût commencer à exercer le
saint ministère d'après ses nouvelles con
naissances acquises, et sans une odieuse
distinction des sectes; distinction aussi
contraire à VEvangile qu'à la raison et
au repos des États.
OEGGER,
Ancien premier Ficaire de la Cathédrale
de Paris.
Nota. En attendant l'accomplissement de ses vœux,
M. OEgger se fera un plaisir de correspondre avec les
personnes ou Sociétés qui prendraient à cœur la nou
velle cause de l'Évangile, et qui, après avoir lu le
présent ouvrage, auraient quelques éclaircissemens
ultérieurs à demander.
« Nous ne doutons pas que l'esprit de Dieu n'ait
» pu tracer dans une histoire admirable une histoire
» encore plus surprenante , et dans une prédiction une
» autre prédiction encore plus profonde. Mais j'en
» laisse l'explication à ceux qui verront venir de plus
» près le règne de Dieu, ou à ceux à qui Dieu fera la
» grâce d'en découvrir le mystère. Cependant l'homme
» chrétien adorera ce secret divin, et se soumettra par
» avance aux jugemens de Dieu , quels qu'ils doivent
» être, et dans quelque ordre qu'il lui plaise de les
» développer; seulement il demeurera aisément per-
>> suadé qu'il y aura quelque chose qui n'est point entré
» dans le cœur de l'homme. » (L'apocalypse expliquée
par Bossuet. Paris, in-8°, p. 43o.)
LE
V1M MESSIE,
on
L'ANCIEN ET LE NOUVEAU TESTAMENS
lïjuirais d'aisés les principes de la langue
DE LA NATURE.
INTRODUCTION.
Il n'est qu'un moyen de se former une
idée juste et précise de la personne de JÉ
SUS-CHRIST : ce moyen consiste à se mettre
avant tout en état de ne point profaner la
sainte vérité, si on vient à la reconnaître,
condition sans laquelle Dieu est forcé de
nous aveugler; puis à jeter un regard atten
tif et impartial sur l'Ancien et le Nouveau
Testamens. La première de ces dispositions
dépend principalement des individus et de
CELUI qui tient dans sa main le cœnr Ar
2 LE VRAI MESSIE.
l'homme ; mais l'histoire est du ressort de la
critique, et le raisonnement peut être soumis
à l'analyse. C'est donc sous ce dernier point de
vue, point de vue si in téressan t , que nous nous
proposons de remplir une tâche utile. Faire
passer dans l'esprit de nos lecteurs une par
tie des convictions salutaires qui depuis
quelques années font notre plus douce con
solation , tel est notre désir. La carrière que
nous avons parcourue, et qui nous a mis à
même d'apercevoir le fort et le faible de la
pldpart des opinions philosophiques et reli
gieuses en vogue au dix-neuvième siècle ,
nous donne quelque espoir de réussite. Une
idée sur la langue de la nature piquera né
cessairement la curiosité des plus indifférens
en matière de religion; et cette idée est l'i
dée dominante de notre ouvrage. Pour abré
ger toutefois un travail que la frivolité du
siècle pourra trouver encore trop sérieux,
nous nous en tiendrons principalement à
Isaïe , le plus riche des prophètes , et à Saint-
Jean , le plus sublime des évangélistes, nous
contentant de ramener, dans l'occasion , à
ces deux sources principales, les passages les
plus frappans des autres écrivains extatiques.
LE VRAI MESSIE. 3
Prévenant, d'un autre côté, l'impatience
de ces lecteurs qui , avant de s'engager dans
nos dissertations, nous demanderaient quelle
sera l'issue de l'examen que nous leur pro
posons de faire , nous déclarerons ici , sans
détour, que l'issue de cet examen pourra
être pour eux ce qu'elle a été pour nous-
mêmes , savoir : la croyance à la divi
nité absolue de JÉSUS - CHRIST , et la
conviction intime qu'en tenant cette
croyance , on tient la vérité tout entière.
Une pareille promesse vaut bien la peine
que l'on parcoure quelques pages avec at
tention, quand bien même on serait averti
d'avance qu'il va être question de christia
nisme. La distinction de la vérité en vérité
chrétienne et vérité philosophique est une
absurdité qui n'eût jamais dû entrer dans
des têtes bien organisées. Que les lecteurs
apprennent donc qu'en commençant notre
travail , nous étions , comme ils peuvent
l'être, déistes ou quelque chose d'appro
chant, et qu'en le terminant , nous nous
sommes trouvé chrétiens , et chrétiens plus
profondément convaincus que jamais théo
4 LE VRAI MESSIE.
logien ne l'a été , parce que notre conviction
a été le résultat de l'usage le plus libre et le
plus légitime de notre raison individuelle.
Les témoignages qui s'accumulent, en effet,
par ce nouveau mode d'étudier les livres
saints, qui consiste à les lire comme écrits
d'un bout à l'autre dans la langue de la na-
ture , sont plus que suffisans pour convaincre
tout homme de bonne foi, ou plutôt tout
homme de bonne volonté , que JÉSUS-
CHRIST n'était pas seulement un homme
extraordinaire ou un prophête plusgrand
que les autres; qu'il n'était pas seulement
une image de la Divinité, une étincelle de
la Divinité, ou un fils éternel de Dieu dis
tinct de lui quant à la personnalité; mais
qu'il était JÉHOVAH lui-même, JÉHOVAH
en personne; que c'est en se faisant JESUS-
CHRIST, que le Dieu caché, le Dieu méta
physique et insaisissable , s'est manifesté;
que c'est en se faisant JÉSUS-CHRIST , que
l'Etre infiniest entré en communication avec
les êtresfinis et enfouis dans la matière;
en un mot, qu'en paraissant sur les confins
de sa création pour montrer à des enfans
LE VRAI MESSIE. D
égarés autant d'amour qu'il leur avait mon
tré de puissance , le Dieu CRÉATEUR est
devenu aussi RÉDEMPTEUR.
Nos idées paraîtront extraordinaires, sans
doute, à plus d'un genre de lecteurs; mais
qui osera nous en faire un sujet de reproche ?
Quand , au dix-neuvième siècle , on voit en
core le christianisme dans un état si précaire,
que la philosophie ose douter de son triom
phe ultérieur, que risque-t-on à essayer
quelque grand moyen ? En jetant un regard
impartial sur la société chrétienne depuis
dix-huit cents ans, et ses haineuses et in
concevables divisions, n'est-on pas endroit
de soupçonner que, dès les premiers temps,
il a dû être commis quelque grande erreur
qui aura entravé l'œuvre de la régénération
de l'univers, et qu'il y a par conséquent
quelque grand obstacle à lever pour que
la vérité puisse se répandre ? N'est-il pas plus
que probable que depuis long-temps les In
fidèles et tous ces Chrétiens qui ne sont
Chrétiens que de nom, auraient embrassé la
vraiefoi, si la vraiefoi leur eût été bien
présentée? N'est-il pas plus que probable
que depuis long-temps les malheureux des
6 LE VRAI MESSIE.
cendans d'Israël , aussi bien que ceux d'entre
nos philosophes qui cherchent la vérité de
bonne foi, auraient reconnu le Dieu qui
s'est manifesté sur notre globe, si on n'en eût
pas, pour ainsi dire, dégradé la majesté?
Dût, en conséquence, notre profonde con
viction être taxée de témérité , dût notre
courage causer du scandale, nous ne recu
lerons pas , convaincus que nous sommes ,
avec Saint-Chrysostôme , que , quand bien
même la vérité causerait du scandale , il
faudrait encoreplutôtsouffrirce scandale
que de laisser périr la vérité.
Ce qui nous a le plus enhardi dans cette
grande entreprise, c'est l'entière certitude
que nous avions acquise de nous trouver dé
finitivement sur la voie de cette langue de
la nature, que chacun concevra facilement
avoir dû précéder toutes les langues de con
vention ; dans laquelle nous avons trouvé,
en effet, la plupart de nos livres saints
écrits, et qui jette sur leur ensemble un jour
si inattendu et si vif, qu'il n'est guère possible
au déisme de résister.
Rien n'est plus conforme à une saine phi
losophie que de reconnaître l'existence pri
LE V*AI MESSIE. 7
mitive d'une langue de la nature. Les plus
grands noms figdrent en tête de ceux d'entre
nos savans qui se sont occupés de ce qu'ils
appelaient une langue universelle , langue
dont ils sentaient par conséquent les avan
tages, et qu'ils ne croyaient point impossible
de réaliser sur notreglobe parmi les hommes
instruits. La langue de la nature ne diffère
de celle dont ces savans avaient conçu l'idée,
qu'en ce qu'elle doit moins servir à nos rela
tions terrestres qu'à celles que nous devons
avoir un jour avec l'universalité des êtres,
dans ce monde où tous les autres mondes
affluent, et où il nous faudra des moyens de
communication bien plus étendus que tous
ceux que requiert notre existence matérielle.
Le philosophe moraliste, qui est bien per
suadé de l'immortalité de Vhomme , doit
l'être, par-là même, de l'existence actuelle
d'une langue tout autre que celle qui con
siste en sons articulés moyennant l'élasticité
de l'air, et dont la signification n'est que pu
rement conventionnelle. Le moraliste pen
seur se persuadera même facilement que sur
notre globe terrestre lui-même, quelque
matériel qu'il puisse être aujourd'hui avec
8 LE VRAI MESSIE.
ses habilans dégradés, il a dû exister, dans
des temps d'une plus grande perfection , des
moyens de communication différens de ceux
qui ne sont que de pure convention , vu
que, pour établir des conventions, il faut
de toute nécessité savoir déjà s'expliquer au
préalable. Jean -Jacques a avancé le plus
grand des paradoxes, quand il a dit que l'é
tat sauvage était l'état primitif de l'homme :
l'état sauvage n'est, au contraire, que l'état
de notre plus grande dégradation , quand ,
devenus incapables de nous relever par nous-
mêmes, Dieu est obligé de venir à notre se
cours. Toute connaissance, dît Platon , est
souvenir, et toute ignorance est oubli.
Primitivement l'homme a dû être parfait, du
moins dans son genre; et par suite il a dû
aussi avoir un langage parfait, langage qui
n'a pu se perdre que dans lA suite des temps,
et dont la philosophie pourra retrouver les
traces, quand elle voudra tourner ses inves
tigations de ce côté'là. . •
On pourra se former une idée générale
de la langue de la nature, par l'application
que nous avons faite de ses principes à une
explication nouvelle de plusieurs passages
LE VRAI MESSIE. Ç>
des saintes Écritures. Nous ne placerons ici
que quelques réflexions préliminaires qui
mettent les lecteurs à même d'entrer dans
toute notre pensée.
Avant d'avoir réfléchi plus profondément,
on se persuade d'ordinaire que, quand Dieu
a produit notre univers visible, le choix qu'il
a fait des diverses formes et couleurs des
animaux, des plantes et des minéraux, a été
une chose absolument arbitraire de sa part.
Mais cette idée est entièrement fausse.
L'homme peut agir quelquefois par fantai
sie; Dieu ne le peut jamais. La création vi
sible ne peut et ne doit donc être , si on
nous permet ces expressions, que la circon
férence extérieure du monde invisible et
métaphysique; et les objets matériels ne
sauraient représenter que des espèces de
scories des pensées substantielles et intimes
du CRÉATEUR;scories qui doivent toujours
conserver une relation exacte avec leur pre
mière origine; en d'autres termes, la nature
visible a nécessairement un côté spirituel et
moral, Pour Dieu tout est , tout existe :
créery pour lui, n'emporte pas la même idée
que pour nous. Pour Dieu, créer n'est que
IO ht. VRAI MESSIE.
montrer. L'univers, jusque dans ses moin
dres détails, existait pour Dieu aussi réelle
ment avant la création qu'après la création ,
parce qu'il existait en lui substantiellement,
comme la statue existe dans le bloc de mar
bre dont le sculpteur la tire. Par la création,
nous seuls avons été mis en état de perce
voir une partie des richesses infinies éter
nellement enfouies dans l'abîme de l'essence
divine. Le parfait, surtout, a dû toujours
ainsi exister en Dieu. \!imparfait seul a
pu recevoir une sorte de création, moyen
nant l'homme, agent libre , quoique encore
placé sous l'influence d'une Providence qui
ne le perd jamais de vue. Donc ni les for
mes, ni les couleurs d'aucun être, d'aucun
objet dans la nature entière , ne peuvent
avoir été choisies arbitrairement. Tout ce
que nous voyons, touchons, sentons, depuis
le soleil jusqu'au grain de sable, depuis notre
propre corps avec ses admirables organes,
jusqu'à celui du ciron , tout est proflué, avec
une raison suprême, du monde où tout est
esprit et vie. Nulle fibre dans l'animal , nul
brin d'herbe dans le règne végétal, nulle
forme de cristallisation dans la matière inerte,
1E VRAI MESSIE.- M
qui n'ait son rapport bien clair et bien dé
terminé dans l'univers moral et métaphy
sique. Et si cela est vrai des couleurs et des
formes, à plus forte raison faut-il le dire des
instincts des animaux et desfacultés plus
étonnantes encore de l'homme. Les pen
sées, par conséquent, et les affections les
plus imperceptibles que nous croyons con
cevoir par nos propres forces, les composi
tions que nous croyons nôtres , dans les do
maines de la philosophie et de la littérature,
les inventions que nous croyons faire dans
les sciences et les arts, les monumens que
nous croyons ériger, les usages que nous
croyons établir, dans ce que les hommes es
timent grand, comme dans les transactions
les plus insignifiantes de la vie civile et ani
male: tout cela existait avant nous; tout cela
ne nous est simplement que donné, et donné
avec une raison suprême, selon nos divers
besoins du moment. Un degré infiniment
petit de consentement à recevoir, qui forme
notre liberté morale, est la seule chose que
* nous ayons en propre. Et à la seule inspec
tion, des objets qui entourent un homme,
ou de quelques-uns des usages qu'il a adop
i2 LE VRAI MESSIE.
tés, une intelligence supérieure doit pou
voir déterminer quel est le prix moral de
son être; car, à mesure que les êtres mo
raux, pour lesquels seuls la nature infé
rieure existe, se modifient, cette nature doit
admettre des emblèmes nouveaux, analogues
aux perfections ou aux dégradations surve-
nues.
Et, eu effet, sans tous ces emblèmes de
vie qu'offre la création , point d'idée morale,
point de sentiment moral appréciables ,
point de moyen possible de communiquer
une pensée, une affection, de la part de
Dieu, nous osons le dire, à sa créature, pas
plus que de la part d'un être sensible à un
autre. Point de communication possible,
surtout, entre l'état présent de l'homme , et
son état de transformation : tout est rompu,
tout est anéanti dans la nature sensible et
pensante : la vie la plus intime de l'être in
telligent s'efface et rentre dans le néant.
Des exemples peuvent rendre cette vérité
palpable. Sans ce qu'on appelle, par exemple,
un père selon la nature , pourriez-vous «
vous faire une idée de cette portion de la
bonté de Dieu, qui correspond à la tendresse
LE VRAI MESSIE. l3
d'un pere pour ses enfans? Pourriez-vous
même savoir en aucune façon ce que c'est
que tendresse paternelle ? Si jamais dans
la nature il n'avait existé d'homme géné
reux, pourriez-vous vous former une idée
de ce que c'est que générosité ? Si vous n'a
viez jamais rien aimé sur la terre , vous se
rait-il possible d'avoir la moindre notion de
ce que peut être Yamour? Ou bien, pour
choisir nos exemples dans l'ordre des dégra
dations, vous serait-il possible, sans les défec
tuosités , les maladies , et les souillures du
corps humain , de vous représenter les vices
honteux qui sont leurs analogues dans
l'homme moral? Si vous n'aviez jamais vu
tuer, tourmenter, dévorer des animaux,
l'idée de cruauté et de barbarie pourrait-
elle être communiquée à votre esprit? Si
enfin il ne vous était jamais rien parvenu re
lativement auxpersécutions, aux trahisons,
aux infidélités, aux attentatsparricides qui
régnent quelquefois sur la terre, votre âme se
rait-elle en état de recevoir le premier germe
des idées de haine, de perfidie, d'atrocité?
La chose ne paraît réellement pas possible.
Cette considération , d'ailleurs, de la né
l4 LE VRAI MESSIE.
cessité de^constater, par dés emblèmes sen
sibles, des nuances morales, autrement inap-
perceptibles, explique seule ces phénomènes
terribles, ces monstruosités et ces images-dé
goûtantes, indignes évidemment du CRÉA
TEUR , qu'offre la nature aux yeux de
l'homme dégradé. Le fond de notre être,
véritable abîme , ne peut se révéler que par
des phénomènes de vie appréciables. Il en
est de nous, sous ce rapport, comme du
CRÉATEUR lui-même , à l'image duquel
nous avons été créés, et à la connaissance
duquel nous né pouvons nous élever que
moyennant ses merveilles visibles. La nature
est comme un livre dans lequel on lit les
perfections de Dieu , ou comme un miroir
dans lequel on les voit réfléchies. Il faut dire
la même chose de l'homme et des divers phé
nomènes qu'il offre dans sa manière de vivre,
desenourrir,desevêtir. Nous nousappuyons
sur la matière pour remonter aux substances
pures; et il nous faut encore des substances
et des images emblématiques , pour que
nous nous puissions élancer dans le monde
moral et métaphysique ; raison pour laquelle
le CRÉATEUR a été lui-même obligé de ve
LE VRAI MESSIE. l5
nir à notre rencontre, en franchissant l'a
bîme qui nous sépare de son essence pre
mière. En tant que CRÉATEUR, Dieu a
de toute nécessité des moyens de communi
cation analogues à ceux qu'il nous a dépar
tis pour se faire remarquer de nous. Nous
sommes , pour ainsi dire , hommes créés, et
Dieu homme incréé. C'est au point intermé
diaire entrel'm/în/qui est tout, et Y'infiniqui
n'est rien , que Dieu et l'homme se sont
rencontrés. Et ce point , c'est la vie , la vie
manifestée, la vie révélée par des em
blèmes.
Avant toutes les langues de convention et
par sons articulés, quand le CRÉATEUR
a voulu se manifester ou se révéler pour la
première fois à l'homme , comment l'eût-il
pu faire autrement qu'en se montrant à cet
homme sous la forme substantielle d'un
PÈRE , emblème naturel de Dieu créateur?
L'esprit humain ne saurait véritablement
trouver un emblème différent, ni imaginer
un autre moyen de communiquer la pre
mière idée du CREATEUR à quelque intel
ligence secondaire que ce soit. Nous verrons
ailleurs que , quand les hommes n'auront
ï6 LE VRAI MESSIE.
plus voulu reconnaître pour leur CRÉA
TEUR cet Etre ineffable qui leur apparaissait
comme PERE, cet Etre a dû employer na
turellement, pour défendre ses droits, le
moyen que nous appelons la Rédemption du
genre humain , moyen évidemment divin ,
par lequel il a fait voir qu'il était plus intel
ligent, plus puissant, et surtout MEIL
LEUR qu'eux tous ; système immense qui ,
conduit depuis les temps les plus reculés
jusqu'à son entière exécution , avec une
science, une sagesse et une bonté infinies ,
écrase du moins le mortel dont il ne peut
toucher le cœur.
La nécessité indispensable de ce que nous
appelons des emblèmes de iue, montre que
notre existence future elle-même ne saurait
être aussi métaphysique qu'on se l'imagine
quelquefois. Il faut qu'il y ait encore, dans '
notre état de transformation, des formes ap
préciables, des images substantielles, des
objets vus, sentis, perçus, comme cela se
passe dans le monde matériel. Hors de là une
existence quelconque, heureuse ou malheu
reuse, n'est qu'une vraie chimère. La vie
future, c'est évidemment le monde de Ber-
LE VRAI MESSIE. i7
keley. Ce philosophe n'a eu que le tort de
ne point faire une distinction claire et nette
entre le monde substance et le monde ma
tière, ou de ne point reconnaître la nuance
qui les sépare; car, s'il est vrai que la ma
tière existe , il est vrai aussi qu'elle n'est
étendue et impénétrable qu'autant que le
CRÉATEUR le veut , et que pour les êtres
qu'il désigne particulièrement à cet ef
fet. S'il y avait réellement Vinfini entre
la matière et l'esprit , on aurait pu sou
tenir avec raison l'impossibilité de la
création (i).
(1) Si une curiosité , fort naturelle sans doute, nous
demandait ici ce que nous verrons dans l'autre monde,
et ce que nous yferons, nous répondrions sans hésiter,
en nous fondant sur la nécessité indispensable des
emblèmes naturels, que nous nous y verrons entourés,
comme dans le monde matériel , d'un horizon plus ou
moins étendu, rempli par un plus ou moins grand
nombre à!images substantielles prises dans la nature
connue, et que nous nous y occuperons à peu près
comme on s'occupe sur terre quand on cherche le
logement, la nourriture et le vêtement : seulement les
images susdites seront alors en un rapport exact avec
notre être moral: \c firmament , par exemple, re
présentant nos rapports célestes ; les divers objets de
la nature , nos affections sociales ; et le sol qui nous
1..
l8 LE VRAI MESSIE.
Donc, au résumé, l'univers moral et mé
taphysique , en tant que se révélant succes
sivement aux êtres secondaires, c'est-à-dire,
à tous ceux qui ne sont point JEHOVAH,
ne peut être conçu possible que par des
emblèmes analogues dans l'univers des plié-
porte, la nature de noire confiance en CELUI qui
seul sait l'affermir sous nos pieds. Quant à nos oc
cupations diverses , elles seront celles que le Ciel
jugera les pluspropres à caractériser incessamment
l'intime de notre être moral, et les diverses manières
dont nous chercherons à nous approprier la nourri
ture spirituelle de I'amour et de la vérité, en
d'autres termes, k satisfaire a tous mos besoins mo
raux. Toutes ces idées , quoique neuves, ne surpren
dront aucun de ces philosophes qui savent que la na
ture est toujours conforme à elle-même , ou , comme
l'exprime Leibnitz, qu'elle ne fait jamais rien par-
sauts et par bonds. D'après cet apophthegme philo
sophique, notre existence future ne doit, en effet, diffé
rer de la présente que d'une nuance ; et cette nuance
est celle d'un monde matériel à un monde substan
tiel. Nous devons passer à l'existence future , comme
on entre dans un songe agréable : toute la nature
doit nous y accompagner. Cette vérité reçoit un sur
croît de probabilité, ou plutôt d'évidence, quand on
se rappelle que , examinée sans ces préjugés que
donne l'idée vague d'une puissance infinie , que les
LE VRAI MESSIE. i9
nomènes : phénomènes matériels pour le
monde physique , substantiels pour celui
qui ne l'est pas. Le monde moral et méta
physique, pour nous, est comme ancré ,
comme enraciné dans le monde visible , sur
lequel il repose comme sur une base indis
pensable.
bornes de l'impossible, que la simplicité et l'à-pro-
pos ne restreignentjamais , je pourrais même dire,
examinée géométriquement , la chaîne des êtres est à
peu près complète ici-bas dans les trois règnes, et que
par conséquent la nature connue renferme elle-même
tous les élémens nécessaires au bonheur éternel des
créatures sensibles; ce qui rend aussi impossible
qu'inutile la destruction des images de la nature vi
sible , pour l'existence future. C'est le sentiment qui
fait le bonheur , et non la science; et par-là même le
cercle des choses possibles doit être bien plus res
treint qu'on ne le pense communément. Essayez de
supprimer l'horizon d'images célestes et terrestres qui
vous entoure, véritable Eden dans lequel vous vous
trouvez placés ; que restera-t-il pour former le pré
tendu ciel d'un esprit bienheureux ? Il ne restera rien .
Et si ces mêmes images, devenues capables de repaître
dignement les yeux des êtres immortels, enrevêtis-
sant un caractère tout-à-fait spirituel et moral, suffi
sent à votre bonheur, pourquoi les supprimer, ou
même pourquoi leur en substituer d'autres?
20 LE VRAI MESSIE.
L'expérience journalière pourrait prouver
ces vérités à tout le monde sans de grands
raisonnemens. Qu'on prenne un dictionnaire
de morale, qu'on en examine les termes, on
verra qu'ils sont tous dérivés de la vie cor
porelle et animale, depuis le premierjusqu'au
dernier. C'est la naissance, l'accroissement,
la décadence et la mort du corps , son état
de santé ou de maladie, de force ou de fai
blesse, qui ont seuls fourni les idées corres
pondantes dans l'homme moral. Chaque
membre de ce corps , considéré sous le rap
port de son emploi et de son utilité terres
tre , offre les mêmes résultats. Tous les em
blèmes que peuvent fournir l'agriculture,
les arts et métiers, les différentes manières
de se nourrir et de se vêtir chez les hommes,
ont été mis à contribution pour fournir des
moyens de caractériser les diverses nuances
de vie morale et intellectuelle, chez les in
dividus comme chez les sociétés ; et , sans
tous ces emblèmes que la nature elle-même
fournit, le monde moral et métaphysique
serait resté tout entier enseveli dans l'é
ternel abîme.
De là donc la réalité d'une langue de la
LE VRAI MESSIE. 21
nature , que la philosophie devrait déjà ad
mettre, quand bien même on ne pourrait
plus retrouver aucune des lettres de l'alpha
bet immense qui servait à la parler; car cette
langue n'est autre chose, après tout, que la
perception des emblèmes de vie et d'intel
ligence que la nature renferme dans son
sein , et la faculté de transmettre cette per
ception à d'autres êtres.
Toutefois, nous sommes bien éloignés
d'accorder que le dictionnaire de la langue
de la nature soit entièrement perdu; nous
pourrions en retrouver les traces même dans
les langues de convention, dérivées néces
sairement d'elle, si la Bible ne suffisait à elle
seule pour nous remettre en possession d'une
science aussi précieuse. Ce livre si peu connu
et si peu apprécié de l'univers prétendu
éclairé , n'aura pas simplement servi à nous
conserver la langue hébraïque, il nous aura
encore fourni tous les matériaux nécessaires
à la reconstruction de la langue dela nature.
Un certain nombre de nos premiers écri
vains ecclésiastiques, tels que l'apôtre Paul ,
Lactance, Origène, Jérôme et autres, étaient
évidemment sur la voie de cette langue, ainsi
22 LE VRAI MESSIE.
que leur manière particulière d'écrire le
démontre : mais, par un secret jugement du
ciel, les traces précieuses en ont été aban
données presqu'aussitôt par leurs succes
seurs. On a traité ces écrivains de mystiques,
comme ou fait encore aujourd'hui de tous
ceux qui prétendent voir dans la parole de
Dieu quelque chose de plus que dans un
livre ordinaire. Du temps de Théophile, dit
Horsley, le grand art d'interpréter l'An
cien Testament consistait à trouver par
tout des types et des emblèmes. Si , au lieu
de se moquer de cet art, on eût cherché à
voir jusqu'à quel point il était fondé, on en
eût mieux compris les mystères de l'amour
et de la sagesse du PÈRE, et on ne se fût
point égaré pendant dix-huit siècles dans le
labyrinthe des pensées humaines. La parole
de Dieu doit nécessairement être plus riche
et plus féconde en sens que tous les vains
écrits des savans ; son sens doit même être
infini. : •
En abandon nant , en conséquence , la
fausse marche de l'école , qui consiste à
prendre chaque texte comme isolé, par où
on peut évidemment prouver les choses les
LE VRAI MESSIE. 23
plus contradictoires , et en étudiant Ven
semble des livres saints, on acquiert l'entière
certitude que tous les hommes extatiques,
depuis Abraham jusqu'au dernier des pro
phètes, et qu'après eux tous le RÉDEMP
TEUR lui-même, quoiqu'en s'exprimant par
des mots pris dans la langue conventionnelle
en usage de leur temps , ont néanmoins
toujours parlé la langue de la nature, et
que le sens qu'elle offre était le principal, si
ce n'est le seul , qu'ils avaient réellement
l'intention de transmettre à la postérité.
Pour ne parler ici que de JÉSUS - CHRIST ,
c'est là cette langue à laquelle il cherchait à
accoutumer ses apôtres pendant les trois an-
néesqu'il vécut avec eux; c'est là cette langue
qui les embarrassait souvent si fort , qui les
forçait à solliciter en particulier des expli
cations auprès de leur Maître, et même à le
prier de ne point parler ainsi en paraboles.
Quand une similitude, une comparaison est
suivie dans toutes ses branches , et soutenue
aussi longrtémps que JÉSUS-CHRIST l'a
fait, il en résulte une véritable langue ,
qui s'enlace, pour ainsi dire, dans le dis
cours ordinaire , et offre un sens suivi et plus
24 . LE VRAI MESSIE.
relevé à côté du sens naturel. Qu'on se rap
pelle seulement jusqu'où JÉSUS-CHRIST a
porté la signification morale des mots man
ger et boire, on verra qu'il faut un nouveau
dictionnaire, un dictionnaire encore à faire,
pour comprendre l'Écriture sainte ; livre
non-seulement obscur , maisfermé et scellé
jusqu'à ce jour sous mille rapports ; et que
ce ne sera qu'à l'aide de ce dictionnaire que
l'on pourra y trouver les richesses infinies que
la main de PÉTERNEL y a entassées. Celui
qui a la moindre idée des emblèmes de la
nature et de leur signification , lit la Bible
comme avec une loupe : il y voit ce qu'il
n'y avait jamais vu; il lui semble que ce soit
un autre livre. Ce sont, en effet, les hiéro
glyphes égyptiens lus moyennant le système
de M. Champollion. L'homme, dit JÉSUS-
CHRÏST, vit dela parole de Dieu, comme
il vit de pain. Le grain dont on fait le
pain est, selon lui , cette divine parole. Le
pain est la substance de Dieu que l'homme
doit s'approprier, parce que Dieu est bonté
et vérité, et que Phomme moral ne doit
point être autre chose. Le corps et la chair
de JÉSUS- CHRIST sont par conséquent
LE VRAI MESSIB. a5
aussi ce paifl; parce que JÉSUS-CHRIST
n'est que le Verbe ou la vérité divine,
incarnée par amour pour l'homme. Le
pain quotidien ne rappelle qu'une ap
propriation journalière de la bonté et
de la vérité, qui sont Dieu. Les multi
plications miraculeuses du pain opérées
par JÉSUS-CHRIST, signifient l'abon
dance des exemples de vertu ménagés aux
hommes par l'infinie miséricorde. J'ai à
manger d'un pain que vous ne connaissez
pas, dit le SEIGNEUR aux apôtres : mon
manger consiste à faire la volonté de mon
FÈRE. Celui qui mangera du pain que je
lui donnerai, ne mourra pas , mais il iwra
éternellement. Et ce pain, c'est ma pi'opre
chair; il faut que vous me mangiez, alors
seulement Vous aurez la vie en vous. Ex
pressions inconcevables et repoussantes dans
le sens de la langue conventionnelle, mais
riches autant que vraies dans la langue dela
nature. Je suis , dit encore JÉSUS-CHRIST,
le pain de vie descendu du ciel , figuré gros
sièrement par la manne dont vos pères ont
mangé dans le désert : ma chair est par con
séquent une vraie nourriture, comme mon
20 LE VRAI MESSIE.
sang est une véritable boisson. Et cela,
ajoule-t-il, ne doit point vous scandaliser;
car ces paroles sont esprit et vie; la chair
en tant que chair ne sert de rien. Prenez
et mangez ce pain en mémoire de moi ,
dit-il la veille de sa mort ; c'est le corps qui
sera livré demain pour.vous ; et cela signi
fie : appropriez-vous toujours davantage la
vérité et Vamour, qui sont DIEU , en vous
ressouvenant incessamment de mes exem
ples, f^oyez, je me tiens à la porte et je
frappe; celui qui m'ouvrira , j'entrerai
chez lui , je mangerai avec lui , et lui
AVEC MOI....
Qui ne voit qu'il est partout question ici
d'une manducation toute spirituelle? et que
ces dernières paroles, surtout, ne peuvent
el ne doivent être traduites que par celles-
ci : Celui qui m'ouvrira son cœur, je l'ai
merai et il m'aimera. Dieu ne saurait man
ger avec nous d'une autre façon que par
l'amour, ni, par conséquent, nous avec
lui. Cet autre passage de saint Jean , où
JÉSUS-CHRIST dit : De même que je vis
par le PÈRE , de même celui qui me man
gera vivra par MOI, rend cette vérité si
LE VRAI MESSIE. 2T
évidente, que la folie la plus caractérisée
pourrait seule la révoquer en doute.
Mais ce n'est pas tout encore ; la compa
raison de la manducation matérielle, avec
l'appropriation de l'amour et de la vérité
qui font le bonheur de l'homme immortel ,
est encore portée plus loin dans l'Évangile.
Le semeur, y est-il dit, c'est Dieu; le
champ que l'on ensemence, c'est le cœur
de l'homme , où celte semence doit germer;
c'est une église tout entière qui doit por
ter du fruit au temps de la moisson. Le
froment représente les hommes aimant
Dieu; les pailles légères, les âmes sans
valeur morale. Le grenier renferme les ri
chesses du ciel; lefeu de l'enfer consume
la zizanie. Le van est le jugement sur les
bons et sur les méchans. Trois mesures de
farine ou de pâte représentent le royaume
des cieux; le levain des pharisiens , les
fausses doctrines, les disputes haineuses.
La meule elle-même conservera une signi
fication analogue; au renouvellement de
l'Église deuxfemmes tourneront la meule
dans un moulin; l'une sera prise > l'autre
laissée. A cause de leur manière différente
28 LE VRAI MESSIE.
d'annoncer la parole de Dieu, telle église
particulière sera approuvée , telle autre dé
sapprouvée au temps de l'arrivée du FILS
DE L'HOMME. Une meule attachée au cou
d'un homme scandaleux , et précipitée avec
lui dans la mer, sera un bonheur pour lui ;
car cette meule représente le moyen- de s'ap'
proprier la parole de Dieu , et la mer n'est
que la collection des vérités naturelles i
capables de préparer l'homme à la récep
tion des vérités divines, comme nous Tal
ions voir tout à l'heure ; l'eau, dans les dis
cours de JÉSUS- CHRIST, étant partout
l'emblème de la vérité.
Voici, en effet, une légère esquisse sur le
mot boire. De même que manger, c'est s'ap-
proprier l'amour de Dieu, ou la bonté
morale ; de même, boire , c'est s'approprier
la vérité. La vérité délaye pour ainsi dire
la bonté , qui , autrement , ne pourrait s'in
corporer à notre âme , la bonté sans la vé
rité n'étant point appréciable pour des
créatures , en d'autres termes , la bonté ma
nifestée devenant, par- là même, vérité.
Si vous m'aviez demandé de l'eau, dit
JÉSUS-CHRIST à la Samaritaine , je vous
V
LE VRAI MESSIE. 29
en aurais donné qui jaillit jusqu'à la vie
éternelle. Celui qui boira de l'eau que je
lui donnerai, n'aura plus de soif. Celui
qui reçoit ma doctrine , des Jleuves d'eau
jailliront de son cœur. Ces paroles n'ont pas
besoin de commentaire; non plus que celles-
ci , que JÉSUS-CHRIST prononça haute
ment en enseignant dans le Temple : Que
Celui qui a soif vienne boire. Suivez-moi,
jevais vousfairepécheurs dhommes, dit-il
aux apôtres en les associant à la prédication
de l'Évangile; car, des vérités naturelles , ils
devaient élever les hommes aux connaissan
ces spirituelles. De là l'usage du baptême ,
lequel n'est évidemment que l'emblème de
l'acquisition de la vraie doctrine , con
duisant l'homme à la pénitence et à la rési
piscence; car , encore une fois , l'eau ,
comme faisant le mirvir et réfléchissant les
images des objets, est l'hiéroglyphe de la
vérité, plutôt encore qu'elle n'est celui de
la purification. Le vin et le sang^ dans la
bouche de JÉSUS- CHRIST,- considérés
comme boissons, ont , par-là même, des si
gnifications analogues. Seulement ces em
blèmes seront d'un degré plus relevé; le
3o LE VRAI MESSIE.
sang étant plus proche de la vie, et arrosant
la chair même des hommes et des animaux,
tandis que l'eau n'arrose en général que les
objets dont ils se nourrissent; et le vin
ayant , de son côté, plus d'affinité avec l'es
prit de l'homm-e dont il réjouit le cœur,
selon l'expression emblématique de David :
unique raison qui leur fait jouer un si grand
rôle dans les Saintes -Écritures , où il est
question, à chaque instant, du sang des
victimes et de la vigne du SEIGNEUR de
l'ancienne loi, et du sang de l'agneau, du
vin qui fait germer les vierges de la loi
nouvelle. Le premier miracle de JÉSUS-
CHRIST a consisté à changer de l'eau en
w'«, parce que le principal objet de son ap
parition était de changer les vérités natu
relles en vérités divines , et de substituer
sa doctrine à celle de la sagesse humaine. On
met le vin nouveau dans des outres neuves,*
dit-il, en parlant de cette doctrine. Prenez
et buvez, s'écrie-t-il à la dernière Cène, après
avoir préparé depuis long-temps les apôtres
. à un pareil langage , prenez et buvez; ce
vin est le sang de la nouvelle alliance;
c'est mon sang qui est répandu pour la ré-
LE VRAI MESSIE. 3l
mission des péchés; c'est le Nouveau Tes
tament en mon sang. Et les apôlres ont si
bien compris la signification de tous ces dis
cours de leur maître, qu'ils ont donné gé
néralement, plus tard, le nom de Nouveau
Testament au recueil qui renferme sa doc
trine. Le sang de JÉSUS-CHRIST, par con
séquent, partout où il en est question dans
l'Évangile, ne rappelle et ne représente que
la collection des vérités de salut annon
cées par lui à l'univers ; vérités que l'univers
refusait de recevoir, comme il l'a prouvera/'
le fait, et par un embleme matériel, en
répandant sur le Calvaire le sang du RÉ
DEMPTEUR. Et il faut dire la même chose
du vin; car le vin n'est lui-même qu'un
emblème du sang. Je ne boiraiplus de ce
jus de la vigne,jusqu'à ce que je le boive
tout nouveau dans le royaume de mo n
PERE, ne peut signifier, comme on s'en con
vaincra pleinement dans le corps de notre
ouvrage , que l'union complète de la vé
rité divine et de l'amour divin dans la
personne de JÉSUS-CHRIST , en d'autres
termes, la glorification du VERBE dans
les cieux.
32 LE VRAI MESSIE.
Quand on connaît ainsi la vraie significa
tion de boire et de manger', en tant que
ces actions sont des emblèmes moraux, on
conçoit aussi très-bien la raison du choix de
ces mots coupe etplat, dont JESUS-CHRIST
s'est servi en faisant ce reproche aux Phari
siens : Pharisien aveugle , lave d'abord
l'intérieur de la coupe et du plat, afin
que l'extérieur soit propre aussi. lie plat
représente Vhomme, en tant qu'il est le ré
ceptacle de la bonté de Dieu; et la coupe le
mémehomme, en tant qu'il est le réceptacle
de la vérité. Dans un vase matériel, la pu
reté de Vintérieur n'entraîne point néces
sairement, comme chacun sait, la pureté de
l'extérieur. On voit aussi que ces paroles,
heureux ceux qui ontfaim et soif de la
justice, ne sont point choisies sans raison ,
mais qu'elles sont tout entières dans le gé
nie de la langue, de la nature. On comprend
enfin clairement ce texte si obscur de saint
Jean : Ily en a trois dans le ciel qui ren
dent témoignage , le Père, la Parole, et
l'Esprit; et ces trois ne sont qu'une même
chose : ily en a aussi trois qui rendent
témoignage sur la terre, savoir, /'esprit ,
" LE VRAI MESSIE. 33
I'eav et le sang , et ces trois se rapportent
à la même chose ; où Veau signifie les véri
tés naturelles qui annoncent Dieu, le sang
les vérités évangéliques qui révèlent le
même Dieu , et l'esprit, l'action invi
sible de CELUI qui seul peut nous faire
goûter une vérité quelconque, même alors
qu'elle nous serait annoncée par quelque
prophète. Ces trois-là se rapportent à la
même chose , parce que et la raison , et l'É
vangile , et les personnes extatiques , par
lant par l'esprit, s'accordent, à témoigner
que le vrai Dieu n'est autre que le CHRIST
manifesté en chair. Nous verrons ailleurs
que Père, c'est Dieu dans son essence, ou
quant à son amour et sa puissance : parole ,
Dieu dans sa forme , ou la vérité, la sa
gesse divine , que l'on a appelée VERBE ou
FDL.S ; et Vesprit. Dieu dans son action
immédiate sut l'âme ou sur l'intime de tous
les êtres spirituels.
Les lumières victorieuses que la connais
sance des emblèmes naturels ou de la langue
universelle jette sur toute la parole de Dieu,
sont telles , que le mystère de la sainte Cène
se révèle lui-même tout entier. Quand on
3/( £E VRAI MESSIE, '
fait, en effet, tous les rapprochemens que
nous venons de mettre sous les yeux des
lecteurs, et qu'on se rappelle qu'avant de
dire que le pain était son corps , JESUS -
CHRIST avait dit que son corps était du
pain, et qu'avant de dire que le vin était
son sang , il avait dit que le sang était la
vérité, est-il possible qu'on s'y méprenne ?
N'est-il pas plus clair que le jour que, dans
tout cela , il n'a entendu parler que de l'a/M
propriation de Vamour divin et de vérité
divine ? Et ce dogme de la transsubstantia
tion, par lequel on est parvenu à éloigner
les hommes de la pratique la plus sainte et la
plus touchante dela terre etdescieux, n'est-
il pas aussi absurde que si l'on voulait sou
tenir que la parole de Dieu est réellement
dufroment, que JÉSUS-CHRIST est une
vigne véritable , ou que les vérités évan-
géliques sont réellement de Veau et du
sang(l)l
( i) Je conjure ceux de mes frères les catholiques ro
mains qui tiendraient encore à une transmutation de
substances proprement dite, de ne point regarder ici
le mot absurde comme une attaque injurieuse : la
force de la vérité a seule pu me l'arracher. On verra
LE VRAI MESSIE. 35
II nous serait facile de faire les mêmes re
marques sur nombre d'autres emHèmes na
turels familiers à JÉSUS-CHRIST dans ses
instructions, tels que ceux de pierre, de
que, plus bas, je m'élève également plusieurs fois , et
avec force , non contre la Très-Sainte et Très-Ado
rable Trinité, devant laquelle toute intelligence
créée doit s'anéantir, mais contre une Trinité de trois
personnes réellement distinctes, sans que, dans tout
cela, il y ait aucune intention hostile. Je sais que ces
deux points importans étaient si difficiles à saisir
sans la connaissance de la langue de la nature , que
toutes les erreurs dans lesquelles ils ont fait tomber le
genre humain, sont excusables. Dieu étant triple, on
pouvait facilement le croire trois, et ne l'en aimer pas
moins. JÉSUS-CHRIST, dans les idées de la philo
sophie transcendentale , pouvant être considéré
comme placé entièrement hors du temps et de l'es
pace, même en tant qu'homme , certaines personnes
pouvaient aisément se persuader la possibilité d'une
manducation plus ou moins réelle de la chair du fils
de l'homme , et être , avec cela , des chrétiens très-
fidèles et très-aimans. Le zèle du cœur, au yeux du
SEIGNEUR , efface sans peine les méprises de l'esprit.
Et une preuve que les erreurs susdites , quoique graves
en elles-mêmes, pouvaient être tolérées jusqu'ici , c'est
que la Sagesse éternelle n'a pas jugé convenable de les
corriger plus tôt.
36 LE VRAI UTESSIE.
sable, de maison , déporte, de berger, de
brebis, d'arbre, de soleil, de lune, d'é
toiles ;.'par où l'on verrait, à n'en pouvoir
douter, que , même dans ses discours les
plus simples en apparence, il parlait néan
moins toujours la langue de la nature. Pierre,
pour en donner encore cet exemple, c'est
Dieu , c'est le rocher éternel et l'éter
nelle vérité; des principes généraux , des
vérités mères, sont des pierres particu
lières détachées de ce rocher; une maison,
un temple, bâtis avec ces pierres, c'est un
système religieux dont toutes les parties
sont parfaitement liées ; élevée sur le roc,
votre maison est éternelle comme Dieu;
élevée sur le sable incohérent des pensées
humaines, le torrent des tribulations la
renverse; une ville entière de maisons as
sises sur le rocher, c'est un ensemble de sys
tèmes réguliers et inébranlables ; bâtie sur
une montagne , une telle ville éclaire toute
une contrée; enfin , construite entièrement
en pierres précieuses, cette même ville
n'est que la réunion générale de toutes les
vérités divines propres" h opérer le salut du
genre humain; en d'autres termes, c'est la
fc_
LE VRAI MESSIE. 3^
nouvelle Jérusalem descendant du ciel de
la part de Dieu.
Il faut, par conséquent, connaître quel
que chose de la langue de la nature, et en
avoir étudié un peu le génie, pour savoir ce
que les hommes extatiques ont voulu dire;
et faute de cette science, Rome, aussi bien
que les autres sociétés chrétiennes que les
lumières croissantes lui ont successivement
arrachées , ont dû naturellement mal in
terprète^ l'Évangile sur différens points.
Il serait même miraculeux que cela n'eût
point eu lieu. Car, comment ne point.se
fourvoyer , quand on prend grossièrement à
la lettre les mots de père, defils, de man
ger , de boire, de monter, de descendre ,
d'envoyer, dans des discours où il n'est
question que de l'essence divine ? Les véri
tés du salut ont été forcément enveloppées
d'un langage tout humain, par CELUI qui
est sorti des splendeurs éternelles pour visi
ter notre retraite obscure; et il faut savoir
écarter de son langage l'alliage et les scories,
pour avoir purs l'or et l'argent de la doc
trine et de la vérité. Le langage embléma
tique est, comme nous l'avons montré, fondé
38 LE VRAI MESSIE.
sur la nature même des choses : tout autre
langage eût été absurde dans la bouche de
DIEU RÉDEMPTEUR. Des discours qui ne
se seraient adressés qu'à unefraction d'êtres
dans la création, eussent été indignes de
JÉSUS-CHRIST. La langue de la nature,
ou universelle, a des avantages qu'aucune
langue de convention ne peut réunir : seule
elle peut être rendue aussi riche et aussi
concise que le CRÉATEUR le juge néces
saire dans l'occasion ; seule elle peut se faire
entendre de la société éternelle de l'univer
salité des êtres , où la simple idée d'une
langue par sons articulés paraîtrait une ab
surdité. Même en se servant d'une langue
conventionnelle comme instrument, l'Etre
des. êtres a du encore s'adresser à toute sa
création, en enlaçant dans celte première
langue une autre langue tout-à-fait univer
selle. La création n'est, en effet, pour lui,
qu'une unité; et il doit toujours pouvoir
être compris de tous les êtres, depuis l'ange
le plus élevé jusqu'au plus pervers des dé
mons ; avec cette seule différence que , plus
un être a d'intelligence , mieux il démêle le
sens de ses oracles; tandis que celui qui est
LE VRAI MESSIE. 3g
indigne de les bien saisir, en voyant ne
voit point , et en entendant ne comprend
point. Cet objet, encore une fois, est indis
pensable dans les relations du CRÉATEUR
avec une société d'êtres dégradés, et les
emblèmes naturels peuvent seuls le rem
plir.
Que si les contemporains de JÉSUS-
CHRIST n'ont pas saisi , de son temps, toute
la richesse de sa doctrine , c'est que cela ne
pouvait ni ne devait être : J'aurais encore
beaucoup de choses à vous dire, mais
vous n'êtes point en état maintenant
de les comprendre, dit le SEIGNEUR aux
apôtres. Que penserait-on aujourd'hui de
JÉSUS-CHRIST, si, pour faire comprendre
de son temps sa divine nature, il eût dit,
par exemple, en supprimant les emblèmes
de Père et de Fils : La cause première est
le moi universel; moi qui vous parle, je suis
ce même moi universel manifestéparticu
lièrement ? — L'univers alors n'était réelle
ment point assez avancé. Il fallut que le
genre, humain se cultivât peu à peu sous
l'influence de l'esprit et de la vertu d'en-
haut; il fallut qu'il apprit à réfléchir pro
40 LE VRAI MESSIE.
fondement ; il fallut qu'il parvint , avec la
philosophie, à s'élever entièrement au-des
sus des notions de temps et d'espace^ pour
apprécier tous les discours et toutes les dé
marches de son ÉTERNEL BIENFAITEUR.
Mais ces temps heureux sont arrivés à leur
tour. Non-seulement des individus isolés ,
mais la masse entière du genre humain est
prête aujourd'hui à entrer véritablement
dans les vues de l'amour divin. Dix-huit
cents ans sont à peine écoulés, et le plan
éternel de DIEU RÉDEMPTEUR peut se
développer! Une troisième explosion de la
miséricorde infinie, selon l'expression d'un
journal philosophique peut avoir lieu; et,
au moment où l'univers se croira le plus près
du déisme, il sera à la veille de devenir
plus véritablement chrétien qu'il ne l'a ja
mais été.
Nous trouvant ainsi mis sur la voie de la
langue de la nature par les livres inspirés,
nous pouvons maintenant, sans crainte de
nous tromper, citer quelques-uns de ces em
blèmes de la nature que les hommes eux-
mêmes ont conservés dans leur langage ,
sans savoir qu'ils appartiennent réellement
LE VRAI MESSIE. .( I
à une langue distincte. C'est ainsi que l'ins
tinct général du genre humain a déterminé
depuis longt-temps la signification morale
du soleil aussi bien que celle de sa chaleur
et de sa lumière. Le soleil a toujours été le
principal emblème de la Divinité sur la
terre; sa chaleur, celui de l'amour , et sa
lumière, celui de la vérité : de là, dans des
temps de superstition et de barbarie, l'ado
ration du soleil , et le culte du feu , que
l'on retrouve presque chez tous les peuples.
L'or signifie aussi, presque généralement
chez toutes les nations, ce qui est précieux ;
la pierre, ce qui est solide; la graisse, ce qui
est riche, et cent autres emblèmes qu'il "se
rait trop long de rappeler. Moins , en géné
ral, les peuples avaient de mots convention
nels, plus il leur fallait d'emblèmes naturels;
et quand ils n'avaient point de termes con
ventionnels du tout, ce qui se conçoit faci
lement, du moins pour les termes de mo
rale, alors ils n'avaient absolument que des
emblèmes dans leur langage.
Il n'est qu'un seul de ces emblèmes au
quel nous devions nous arrêter encore un
instant ici, à cause de son importance : c'est
42 LE VRAI MESSIE.
celui de l'homme que l'on n'a pas toujours
remarqué autant que ceux qui sont hors de
nous, les objets extérieurs nous frappant, en
général, plus que notre propre être. Dans
tous les temps quelques esprits profonds ont
reconnu que l'homme était l'emblème le
plus parfait possible, l'emblème, par consé
quent , naturel et vrai de tout ce que l'on
peut appeler intelligence et vie. Le nom de
microcosme , ou de monde en petit, donné
à l'homme par les anciens sages, suffirait
pour le prouver. La forme humaine est,
en effet , une vraie forme d'amour et de
sagesse , capable , à elle seule, de caractéri
ser toutes les nuances possibles de l'être
moral' pris dans son état complexe. L'être
vivant et intelligent ne saurait avoir une
autre forme que laforme humaine. L'ange
n'est que l'homme esprit ou l'homme sub
stantiel. Et Dieu lui-même, quand on veut
bien y réfléchir, n'est réellement conçu par
l'esprit humain que comme homme divin.
L'homme divin est le seul côté apercep-
tible de Dieu; son essence infinie demeu
rant éternellement cachée dans cet homme
ou dans cette forme, laquelle nous ne con
LE VRAI MESSIE. 43
cevons pas vide et métapliysique , dans le
sens que l'on donne d'ordinaire à ce mot,
mais pleine et substantielle , puisque Dieu ,
pour paraître comme homme, n'a pas be
soin, à proprement parler, de créer cet
homme^ et qu'il ne fait que le montrer. Ce
qui rend encore l'homme un emblème si in
téressant, c'est le rapport qu'il a ensuite
avec tous les autres êtres vivans que nous
apercevons sur la terre. Après ce roi de la
nature, tous les autres animaux, formes de
vie toujours moins parfaites, inclinant tou
jours davantage la tête vers le sol, ne sont
que les emblèmes des diverses nuances pos
sibles de vie ou d'intelligence dégradée.
Quand l'homme est ce qu'il doit être , il ne
diffère de l'ange que par la pesanteur de sa
matière; quand l'homme se dégrade, il par
court la chaîne de tous les degrés de vie in
férieure, figurée par les animaux : chaque
animal, par ses formes et ses instincts, of
frant une nuance particulière de cette vie.
Tous les rayons du zénith à l'horizon, ou de
la perpendiculaire à la ligne horizontale,
sont ainsi remplis : L'homme et le serpent
forment l'angle droit; le reste des animaux
44 ï-E VRAI MESSIE.
remplit tout le quart du cercle ; et un autre
genre d'êtres est géométriquement impos
sible. '
Nous ne citerons pas un plus grand nom
bre d'emblèmes naturels, en cet endroit,
pour prouver notre thèse ; le corps de l'ou
vrage les fournira en abondance: car, en
envisageant sous, ce même point de vue
tous les objets de la nature, soit morte, soit
vivante, et les phénomènes sans nombre
qu'elle présente, dans un globe entier comme
dans un atome de ce globe, on voit claire
ment que, conservant toujours un rapport
réel, quoique éloigné, avec quelque nuance
de vie ou d'intelligence, non-seulement ils
peuvent servir à les caractériser, mais qu'ils
les caractérisent dans la réalité. La poussière
elle-même et la boue ont ainsi des significa
tions arrêtées. Elles représentent tout ce
qu'il y a de bas et de vil; le bas, le vil ,
l'abject et le dégoûtant, se retrouvant dans
la morale à côté du grand, du noble et du
relevé. C'est évidemment d'un souvenir
éloigné de toutes ces relations nécessaires
entre le monde moral et le monde phéno
ménal , que vient à l'homme ce goût décidé
LE VRAI MESSIE. ^5
pour les comparaisons, dont toutes les
autres figures de rhétorique .ne sont, dans
le fait, qu'une variété. C'est de là que vient
à l'homme ce goût irrésistible pour les fables
et les paraboles; moyens sûrs de faire goûter
à la multitude les idées du juste et de l'in
juste, mais par où les peuples ont été portés
trop souvent à se composer des mythologies
absurdes. Le passage de la langue de la na
ture aux langues de convention, s'était fait
par des progrès si insensibles , que personne
n'avait jamais eu l'idée de remonter à la
source : on ne savait pas le chemin que l'on
avait fait; mais la distance paraît frappante
dès que l'on y est rendu attentif. Primitive
ment on n'aura pas nommé les objets , on
les aura montrés; non corporellement, il
est vrai , mais substantiellement et par la
force de la pensée , tels que ces objets exis
tent en Dieu, et tels que nous les apercevons
encore dans les songes, dans lesquels il y a
évidemment plus que de l'imagination (i).
(i) A moins que l'on n'avoue qu'avec cette imagi
nation on puisse former le monde de Berkeley tout
entier, et par conséquent tous les mondes possibles.
46 LE VRAI MESSIE.
Une communication de pensées et de senti-
mens immédiate est tout aussi concevable ,
et même plus simple -, que toutes celles qui
ne se font que. par des moyens plus ou moins
éloignés : et la richesse d'une pareille com
munication est telle , qu'elle ne souffre au
cune comparaison avec la pauvreté de toutes
les autres. Quand cette faculté primitive de
voir et de faire voir l'objet immédiat de la
pensée et l'emblème naturel des sentimens,
se sera affaiblie, alors seulement les signes
extérieurs seront venus s'y joindre. De là, le
langage des gestes, parlé d'abord plus parti
culièrement par les yeux, la bouche et la
composition particulière du visage, et qui
aura fini par amener les sons conventionnels,
et tous les signes extérieurs, tels que ceux
qui se retrouvent encore chez les sourds et
muets, et enfin ceux qu'offrent les hiéro
glyphes et l'Écriture. A. l'époque où les
deux manières de se parler, celles par em
blèmes naturels et celle par sons articu
lés , se seront mêlées, alors il en sera résulté
le langage que l'on appelle encore aujour
d'hui prophétique ou extatique , dans le
quel les mots conventionnels ne servent
LE VRAI MESSIE. 47
qu'à rappeler les emblèmes plus significatifs
de la nature.
C'est dans cette dernière langue ^évidem
ment. double, nous le répétons, que nous
avons trouvé écrit le plus grand nombre des
livres que l'antiquité nous a transmis comme
livres inspirés. Pour comprendre la Bible,
il ne suffît pas, par conséquent, de com
prendre X'hébreu, le grec , le latin, ou
tel autre idiome dans lequel elle est tra
duite; mais il faut encore comprendre la
langue de la nature; les auteurs sacrés
n'ayant primitivement emprunté du langage
usité de leur temps, que tout juste les mots
nécessaires pour retracer les images natu
relles qui parlent d'elles-mêmes. De là , pour
le dire en passant, ces bizarreries qui se
rencontrent dans les prophètes, et qui ont
si fort choqué des philosophes superficiels ,
ces images monstrueuses réunissant à la fois
les membres discordans de nombre d'ani
maux divers: car, en parlant de sociétés col-
. lectives, ou de diverses nuances du carac
tère moral du même individu, les prophètes
ont été forcés d'amalgamer les emblèmes
primitifs et d'en former de composites, tels
48 LE VRAI MESSIE.
qu'on en remarque principalement dans
Ezéchiel , Daniel et saint J.ean. Tout cela
était entièrement dans le génie de la langue
de la nature, et, par suite, dans l'essence
des choses; et se moquer des animaux , des
cornes , des roues couvertes d'yeux , des
prophètes, du cheval blanc de l'Apoca
lypse, et même du déjeûner d'Ezéchiel ,
c'est ressembler un peu à ces ignorans qui
rient en voyant de l'écriture chinoise ou des
hiéroglyphes égyptiens (i).
Telles sont les considérations qui nous
ont engagés à publier l'Essai qu'on va lire.
(i) En parlant de matières religieuses, Voltaire, le
plus souvent, ne raisonnait pas, il plaisantait. Quant
à Dupuis , il ne s'était point assez rendu maître de la
matière qu'il traitait. Une lecture attentive de la sym
bolique .de Kreutzer, ouvrage très-utile au philosophe
qui voudrait entreprendre l'étude de la langue de la
nature , fait voir avec une évidence qui exclut toute
espèce de doute, que les anciennes religions païennes
avec leurs diverses mythologies et cosmogonies , n'é
taient généralement nées que de la langue de la na
ture mal comprise, et que, par conséquent, le com
plément de la religion chrétienne , la seule véritable ,
consistera dans la connaissance de cette même lan
gue retrouvée , et portée à une certaine perfection.
LE VRAI MESSIE. 49
En étudiant nous-mêmes les saintes Écri
tures avec cette nouvelle clef, nous y avons
vu si clairement les véritables intentions du
CRÉATEUR et RÉDEMPTEUR du genre
humain, que nous nous serions cru coupa
bles , si nous n'avions point fait part de nos
idées -à un mondé si dérouté dans toutes ses
conceptionsreligieuses, que l'on n'y rencon
tre à peine autre chose que de l'athéisme ou
delà susperstition.
Le moment, du reste, n'est point défa
vorable pour engager l'univers à soumettre
à un nouvel examen, à un examen sérieux
et réfléchi, ces événemens immenses qui
sur notre globe ont substitué le> Christia
nisme à l'Idolâtrie. La philosophie du dix-
neuvième siècle n'est réellement plus- celle
du dix-huitième. Depuis les dernières révo
lutions européennes, lesquelles ont été mo
rales autant que physiques, la philosophie
est devenue en grande partie spiritualiste,
de matérialiste qu'elle était. Plusieurs dé
nos penseurs modernes ont enfin reconnu
la vérité de cette prédiction de Platon, que
« ceux qui se livreront aux recherches pro
fondes (de tout ce qui se rattache à la mo
5o LE VRAI MESSIE.
raie et à la religion) avec un esprit humble ,
et qui fuiront cette maniepeuphilosophique
et peu religieuse , de décider, de trancher
tout, à la première vue des difficultés, trou
veront que souvent ce qui leur paraissait le
plus incroyable , était ce qu'il y avait de
plus certain et de plus évident (i). ,» De
grands noms se rattachent déjà à ces nou
velles et rayonnantes doctrines d'un monde
lumière, d'un monde substance^ enclavé
partout dans le monde matière : doctrines
seules vivifiantes, seules vraies, et qui de
vaient triompher tôt ou tard (2).
Nous ne parlerons point ici de ces phé
nomènes qui sembleraient devoir familiari
ser la médecine elle-même avec ces idées
qui agrandissent l'univers de toute l'étendue
de l'espace. Quelques médecins distingués,
en France aussi bien qu'en Allemagne, s'é-
levant, comme on sait, au-dessus de deux
espèces de préjugés opposés, ont examiné,
(1) Ëpître à Denys.
(2) Il est inutile de dire qu'en tête de ces noms il
faut inscrire celui de M. Royer-Collard et de l'école
qu'il a formée.
.
LE VRAI MESSIE. 5l
avec quelque attention , cet étatparticulier
de l'organisme produit par les manipula
tions magnétiques, ou l'imposition des
mains, appelé depuis extase provoquée;
et ils ont reconnu la réalité de phénomènes
surprenans, connus évidemment dans l'an
tiquité, et qui montrent que l'homme,
même en restant dans les liens de l'existence
corporelle, peut néanmoins s'élever quel
quefois au-dessus de l'organisme, et fran
chir ainsi plus ou moins le temps et. l'espace.
Les mots de voyant , de prophète et iVins
piré, ont commencé en conséquence à pa
raître moins étranges à ces savans ; les
traces du langage emblématique ou prophé
tique, reparaissant assez souvent dans l'état
d'exaltation produite par le magnétisme.
Quelques philosophes modernes se sont
même convaincus par - là de la réalité de
certaines communications entre les hom
mes, qui , dépouillant leur enveloppe maté
rielle, ont passé dans ce monde lumière,
lequel se joue au milieu de tous les globes,
comme les rayons du soleil se jouent dans
un globe de cristal, et où se parle la langue
emb lématique, et des hommes vivant encore
.- 3.
5.*? LE VRAI MESSIE.
sur la terre, où jusqu'à présent on ne con
naissait que les langues de convention et par
sons articulés (i). Mais, outre que la méde-
(i) Les preuves de raisonnement que nous avons
données de l'existence primitive d'une langue natu
relle parmi les êtres intelligens, nous paraissaient si
claires et si convaincantes, que nous avions cru inu
tile de surcharger cet avant-propos de citations d'au-
îeurs anciens ayant les mêmes convictions que nous ,
ou rapportant des faits capables de les appuyer. Ici ,
toutefois , où nous touchons à la question délicate du
magnétisme animal, les remarques suivantes pourront
trouver leur place. Le pythagoricien Épicharme parlait
déjà de la manière suivante de ce que j'appelle les
formes substantielles : « L'art de jouer de la flûte,
dit-il , est sans doute quelque chose de séparé de
l'homme qui enjoué. Il en est de même de ce qui est
bien ou de ce qui est bon ; la bonté est nécessairement
une chose séparée de l'homme qui la possède. » A quoi
Alcime ajoute : « L'âme apprend certaines choses,
moyennant les sens, et d'autres sans leur secours,
parce qu'elle considère ces choses en elles-mêmes ; »
ce qui prouve assez clairement que les anciens atta-
, citaient très-souvent l'idée de réalité à ce qui, pour les
modernes , n'a plus été qu'une qualité abstraite. (Voir
Diogène Laè'rce, m, i4, 12.) Philopone assure avoir
vu dans un des livres perdus d'Aristote sur le bien
ou la philosophie , ces propres expressions: « Les idées
ou lesformesdes choses contiennent la matière, comme
i
LE VRAI MESSIE. 53
cine moderne est encore bien loin d'être
d'accord sur ces divers points; outre qu'il
doit être dangereux de chercher à établir
les nombres contiennent les choses nombrées ; car la
matière étant en soi une chose indéterminée, c'est-à-
dire, sans attributs réels, ce sont les formes seules
qui en font des objets. (De An. page 17, Venise, i535.)
En général, selon Pythagore et ses disciples, les
choses seules étaient des objets en soi, c'est-à-dire des
objets réels et éternels, quoique immatériels ; tandis
que les objets matériels, en tant que matériels, n'é
taient rien en soi. Leurs idées se rapprochaient beau
coup de celles émises parmi nous par Berkeley sur la
non-existence de la matière comme quelque chose en
soi; et quand , par suite, ils disaient le monde éternel,
ils n'entendaient souvent parler que des formes sub
stantielles du même monde , telles que chacun les voit
et palpe encore dans l'état de songe. Sous ce rapport,
les nouveaux phénomènes somnambuliques observés
en Allemagne semblent avoir mis quelques-uns de ses
savans à même de comprendre la philosophie des an
ciens, mieux qu'on ne l'avait jamais comprise. « Timée ,
dit Tiedeman dans sa vie de Pythagore, page 545,
promet à ceux qui observent les règles prescrites , la
vue des dieux ( c'est-à-dire , celle de leurs ancêtres
transformés); il en faut évidemment conclure que les
pithagoriciens avaient trouvé le moyen d'être en un
véritable état d'extase. » (État dans lequel l'homme in
térieur et immortel d'un individu , se réveillant pen-
54 1E VRAI MESSIE.
ces sortes de communications entre le
monde naturel et l'univers des hommes-es
prits, vu la dégradation de notre être qui ne
nous permet nécessairement d'entrer en
rapport qu'avec d'autres êtres dégradés qui
dant un sommeil passager , peut naturellement s'en
tretenir avec ceux dont les organes matériels dorment
définitivement du sommeil de la mort.
Stillingfleet , qui, comme on sait, avait fait l'é
tude la plus profonde de l'antiquité, était convaincu,
comme nous, que, dans l'origine, le nom d'une chose
signifiait son essence. On peut consulter les Origines
sacrée ; on y verra la confirmation de presque toutes
nos idées. Le père Kircher était persuadé que la pre
mière langue n'avait pu être conventionnelle. Clément
d'Alexandrie dit en propres termes ( Stromates , L. v.)
que les anciens faisaient quelquefois la relation de
leurs actions par une suite de symboles. C'est de l'E
gypte que la Grèce reçut l'usage des symboles , sa my
thologie , ses temples pour la guérison des malades et
la reddition des oracles ; et l'Egypte elle-même n'avait
trouvé toutes ces choses que moyennant ses hommes
extatiques, ses prêtres et ses prêtresses. Il est impos
sible de se refuser à l'évidence des preuves que l'his
toire fournit à cet égard, et que de nouvelles expé
riences sont venues confirmer dans ces derniers temps.
Aristé Proconensis, qui vivait du temps de Cyrus, est
représenté par des historiens contemporains comme
LE VRAI MESSIE. 55
se trouvent à notre unisson, et que nous ne
serions point en état de bien comprendre,
même alors qu'ils seraient disposés à nous
être utiles; nous regardons les phénomènes
magnétiques comme de bien peu d'usage .
un homme qui pouvait faire sortir son âme de son
corps et l'yfaire rentrera volonté : ce n'était évidem
ment qu'un somnambule. Socrate lui-même, comme
tout le monde sait , entrait de temps en temps dans
l'exaltation magnétique : le démon ou esprit familier
qu'on lui attribue , n'a point d'autre origine. « Ces dé
mons des pythagoriciens , disait Diogène Laërce ( dé
mons, quij comme nous l'avons déjà dit, n'étaient que
les hommes substantiels de leurs ancêtres), influencent
les mortels par des pressentimens et des songes qu'ils
leur donnent; ils leur envoient la santé et la maladie,
et leur révèlent les choses cachées et les événemens fu
turs. » Tout le monde connaît la science cabalistique
des Rabbins, que plus d'une forte tête a défendue dans
les temps passés, et que le progrès des sciences a forcé
quelques savans. modernes à envisager avec un peu
moins de dédain. Enfin , tous les passages des épîtres
de saint Paul , où cet apôtre trace des règles touchant
l'ordre à garder parmi ceux qui parlent des langues
inconnues , ceux qui ont des visio?is, des révélations ,
et ceux qui interprètent les songes, prouvent que
l'imposition des mains , observée par lui, ressemblait
entièrement à nos modernes- expériences sur l'extase
56 LE VRAI MESSIE.
quand il s'agit de morale et de religion :
quoique, du reste, nous serions bien éloignés
de détou/ner de son entreprise celui qui
voudrait se confirmer dans la croyance à
l'immortalité par les expériences du som
provoquée. Il fallait, alors comme aujourd'hui, éprou
ver les esprits pour savoir s'ils sont de Dieu, et faire
la part à l'exaltation imaginaire ou simulée, à la
fourberie et à la. folie. Et ce que les apôtres, en per
sonne, nous ont appris à cet égard, nous dispense
d'entrer dans le détail de ce qu'en ont dit les SS. Pères
et les premiers écrivains ecclésiastiques , qui , sans en
excepter un seul, admettaient tous des extases, des
guérisons , des possessions, et en parlaient comme de
phénomènes connus de tout le monde, parmi les
païens aussi bien que parmi les chrétiens. Tertullien a
écrit à lui seul sept livres sur l'extase ; et il n'est de-:
venu montaniste que pour s'être laissé tromper par
l'extatique Montan, et ses deux compagnes, prophé-
lesses ou somnambules , comme on voudra les appe
ler. Il faut réellement n'avoir jamais ouvert un auteur
ancien, pour pouvoir se persuader que l'étatparticulier
de l'organisme, appelé crise extatique par le docteur
Bertrand, n'a pas été connu de tout temps; qu'il n'a
pas fait souvent l'objet principal des recherches des
peuples , sous le rapport du culte comme sous celui de
la science thérapeutique, et que la plupart des reli
gions de l'univers , n'ont pas eu pour premier principe
cet étonnant phénomène.
\
LE VRAI MESSIE. 5^
tiambulisme artificiel, en se rendant témoin
oculaire de la clairvoyance physique ou
morale de certains individus extatiques,
dans lesquels l'état futur de l'homme dégagé
de la pesanteur de la matière, se montre
d'une manière aussi palpable que tous les
autres phénomènes de la nature.
Le chrétien éclairé n'a jamais eu besoin
d'aucune de ces expériences tardives que
les sciences humaines viennent de temps
en temps ajouter à sa foi. Il lui a toujours
suffi de jeter un regard impartial sur l'ac
cord admirable de l'Ancien et du Nouveau
Testament, et sur le système immense et évi
demment au -dessus du pouvoir de toutes
les intelligence créées, qui en résulte, pour
reconnaître le doigt de Dieu. Mais il n'en
est point ainsi de ces chrétiens simplement
de nom^ qui dans la réalité ne savent plus
ce qu'ils croient, et qui enveloppent dans
un égal mépris et les abus religieux et les
principes les plus indispensables de la mo
rale et de la religion , faute de pouvoir dé
mêler la vérité d'avec des prétentions ab
surdes. Il n'en est point ainsi , surtout de
ces nombreux mécréans du jour, qui ont
3..
53 LE VRAI MESSIE.
souvent de si terribles préjugés à surmon
ter, ne conservant souvent pas la première
idée, la première notion d'une vie immor
telle et dégagée de la pesanteur de la ma
tière. Pour tous ceux-là , la plus simple
planche de passage devient la chose la plus
précieuse ; et l'idée de la langue de la na~
ture , retrouvée dans les livres saints,
nous a surtout paru propre à représenter
cette planche; nous nous en sommes em
paré avec d'autant plus d'empressement que
le nombre de ceux qui doivent y passer est
plus considérable.
Nous avons partagé notre ouvrage en
deux parties : la première traite de la vraie
nature de JÉSUS-CHRIST; la seconde, du
vrai sens de sa doctrine.
LE VRAI MESSIE. §ÇJ
CLEFS HIÉROGLYPHIQUES.
Avant de commencer notre explication
des principaux passages des Saintes-Écri
tures d'après les principes de la langue éton
nante dont nous venons de signaler l'exis
tence, nous voudrions de tout notre cœur
mettre sous les yeux du lecteur le diction
naire qui nous a guidé. Mais, comme c'est
véritablement ici le cas de dire avec Jean-
Jacques , que notre livre serait aussi gros
que le monde, que nous n'aurions point
épuisé notre sujet , nous nous bornerons à
quelques données absolument générales,
simples clefs^ au moyen desquelles le lecteur
lui-même pourra pénétrer plus avant dans
les domaines immenses de la nature. Tout
notre dictionnaire se réduira, en attendant,
aux mots suivans :
I. DIEU, AMOUR, VÉRITÉ.
II. SOLEIL , CHALEUR, LUMIÈRE.
6ô LE VRAI MESSIE.
III. HOMME ^ BONTÉ, SCIENCE.
IV. VIVRE, MANGER, BOIRE.
V. RÉGNE ANIMAL, règne végétal,
RÈGNE MINÉRAL.
VI. CRÉATION, PRODUCTION, DESTRUC
TION.
VII. SUBSTANCE, forme, couleur.
VIII. MARCHER, MONTER, DESCENDRE.
IX. MILIEU, DROITE, GAUCHE.
X. POINTS , NOMBRES , ÉLÉMENS.
I. DIEU, amour , vérité. Par-là même
que, dans sa première essence , Dieu est le
Grand-Tout, l'Etre infini; il n'est rien
pour nous, s'il ne concentre les rayons de
sa gloire éternelle sur un point déterminé ;
en d'autres termes,-*'// ne se présente à
l'homme sous l'image et la ressemblance
de l'homme. Même considéré dans la pre
mière grande division de son être, comme
amour, bonté ou puissance , et comme
vérité , ordre ou sagesse, Dieu ne devient
point encore apperceptible ni saisissable
pour nous. Non - seulement, en portant
notre attention sur ce* deux grands attri
butsprimitifs, son être déjà nous échappe;
LE VRAI MESSIE. # 6l
mais, ces attributs eux-mêmes ne nous
sont connus que par les emblèmes naturels
dont ils sont les abstractions. Comment
connaît-on , en effet, l'amour, si ce n'est par
le cœur? Et comment connaît-on la vérité,
si ce n'est par les objets quinous la révèlent?
De là, nécessité absolue pour toutes les
intelligences créées de n'atteindre Dieu
que moyennant l'emblème d'un homme-
Dieu, ou d'un Dieu-homme. L'homme , par
conséquent, est le véritable hiéroglyphe de
la Divinité: hiéroglyphe in/îni dans ses dé
tails , même à ne considérer l'homme qu'en
tant qu'il est uneforme matérielle, puis
que saforme matérielle n'est elle-même que
l'emblème de son être moral.
II. SOLEIL, chaledr, lumière. Quoi
que la vérité que nous venons d'exposer ne
puisse être méconnue par aucun esprit juste,
pour peu qu'il se rende attentif, les hom
mes, toutefois, n'ont pas cherché généra
lement Dieu dans le type si naturel du beau
idéal de la nature humaine. Guidés, sans
doute, par la conscience secrète dela dégra
dation de leur être , ils ont presque toujours
commencé par chercher Dieu dans un cm
62 LE VRAI MESSIE.
blême du second ordre; emblème inanimé,
et, sous ce rapport, moins susceptiblede dé
gradation, mais aussi d'une perfection pure
ment physique, nous voulons parler de Vas
tre du jour. Toutes les qualités inconceva
bles que l'on remarque dans l'Etre divin se
trouvent en effet tjpifiées d'une manière
presque aussi inconcevable dansle soleil. Le
soleil, dans le firmament , astre toujours le
méme,astre toujours nouveau^paraîtaussi
unique, éblouissant les regards des mor
tels, infiniparsa lumière, présent à toute
la terre , et principe de vie de toute la na
ture. Ses deux qualités essentielles, qui sont
la chaleur et la lumière, se rapportent éga
lement , la première à Vamour, la seconde
à la vérité. Feu mystérieux , dans sa mar-
ché^covame dans la nature de ses rayons ,
les hommes n'en connaissent clairement
que les bienfaits. Tout dans l'univer* est
comme nourri, comme formé de sa sub
stance, depuis Vherbe la plus tendre jus
qu'au diamant le plus dur. De là des mil
lions d'hiéroglyphes que chacun peut faci
lement retrouver. Tous les phénomènes de
la lumière réfléchie, toutes les couleurs,
LE VftAI MESSIE. 63
conservent quelque rapport éloigné avec la
morale : depuis le blanc qui représente les
vérités complexes , jusqu'au noir qui rap
pelle les ténèbres de l'ignorance absolue;
depuis le pourpre qui \et\eVéclat dufeuet
de laflamme, jusqu'au violet le plusfaible>
à peine capable de caractériser les /ormes
des objets. Et cet examen étonnant de la
lumière morte, comparée à celle de l'esprit,
se soutient jusque dans les mystères de la
réfraction et des accès de transmission.
De quelque manière que l'on envisage la
lumière , sous quelque point de vue qu'on
la considère, elle répond toujours à quelque
nuance de vérité ; et l'œil de l'homme , qui
est l'emblème de son a/ne, n'est réellement
nourri que de lumière , dans la contempla
tion de la création entière.
III. HOMME, bonté, science. Nousavons
déjà dit un mot de l'homme dans notre In
troduction ; et on trouvera dans le corps de
notre ouvrage une esquisse assez détaillée
sur les hiéroglyphes sans nombre de ses dil*
t'érens organes. Nous dirons donc simple
ment ici que tout ce qui peut se remar
quer chez l'homme dans les parties végéta-*
64 LE VRAI MESSIE.
tive, instinctive et animale de son être, se
retrouve également dans son être moral,
et n'est de ce dernier que l'hiéroglyphe de
détail. De même que l'homme civil est in
cessamment occupé à acquérir des qualités
personnelles , et à amasser des possessions
capables de le faire rechercher dans le
monde ," de même l'homme immortel ac- -
quiert à tout moment des vertus et des
connaissances célestes qui le rendent digne
• de la société éternelle ; et ces diverses qua
lités métaphysiques sont rendues sensibles
jusque dans leurs dernières nuances, par
les hiéroglyphes infinis des acquisitions
terrestres; hiéroglyphes dont les images
substantielles accompagneront nécessaire
ment l'homme dans son état de transforma
tion; que dis-je? qui l'accompagnent pro
bablement déjà aujourd'hui,quoique àson
insu. L'homme, comme tous les animaux,
peut être envisagé comme un cylindre
creux au travers duquel passent des matières
emblématiques. Tout ce qui entre figure des
appropriations morales ; tout ce qui sort,
des réfections. Autour de celte première
souche,se rangent ensuite tous les divers or-
I/E VRAI MESSIE. 65
ganes des sens, plus ou moins nombreux,
plus ou moins développés selon les sujets, et
qui, envisagés de la même façon, donnent
une masse d'hiéroglyphes moraux qu'il n'est
point au pouvoir humain de nombrer. Et
on remarquera encore ici cette différence
caractéristique, qu'en tout, la bonté perfec
tionne plutôt que la science, parce que la
bonté se rapporte à Vamour, la science a
la vérité. Considéré comme un appareil de
leviers, ou deforces quelconques, l'homme
offre encore un spectacle admirable. La
main est à elle seule un appareil tout entier;
chaque doigt même en est un. Ces appa
reils sont toujours divisés en trois leviers
distincts, pour les raisons que nous donne
rons en parlant de l'hiéroglyphe des nom
bres. Lepouce, placé à la racine de la main,
est l& force la plus considérable du même
appareil ; et en cela il correspond à l'e-
paule et à la hanche, qui sont placées de
même. Par un acte de volonté, de trois le
viers, l'homme n'en fait quhm. Uneforce
rendue nulle, le devient comme en trois
temps : la main plie d'abord , puis le coude,
puis l'épaule; et l'homme est vaincu. Ainsi
66 LE VRAI MESSIE.
se distribuent sur hforme humaine comme
sur une échelle de proportion, les points
hiéroglyphiques de toutes les nuances pos
sibles de forces morales. D'après les don
nées que nous avons déjà à cet égard , nous
pourrons peut-être dire un jour, lesnuances
particulières de chaque doigt et de chaque
phalange.
IV. VIVRE, manger, boire. Dieu est la
vie; l'homme vit : en d'autres termes , chez
l'homme la vie est progressive; en Dieu,
non. Tout dans l'homme se fait par progrès
insensibles : le CRÉATEUR lui-même ne .
saurait intervertir cet ordre. Pour cette rai
son , le corps humain croît et décroît éga
lement par des accessions et des pertes qui
ne se remarquent qu'avec le temps. L'a-
mour même et la vérité , qui sont les pro
priétés exclusives de DIEU , ne peuvent
être appliqués à l'homme que par des
nuances imperceptibles. De là cette écono
mie si admirable de la réhabilitation du
genre humain dégradé, opérée dans un
laps de temps proportionné : vérité essen
tielle, qu'il ne faut jamais perdre de vue
un. instant quand on veut juger sainement
LE VRAI MESSIE. 67
de la marche de DIEU RÉDEMPTEUR. Le
manger, dans l'homme physique, se rap
porte encore une fois à Vamour, et le boire
à la sagesse; et cela , jusque dans leursplus
petits détails. Il en est de la nourriture., en
général , comme du vêtir, lequel rappelle
de même Vamour ou la charité par la
chaleur, et la vérité par les couleurs et les
formes.
V. RÈGNE ANIMAL, règne végétal,
règne minéral. Tous les animaux, par
leurs formes corporelles, comme par leurs
instincts, sont autant d'hiéroglyphes des di
verses dégradations de la nature humaine,
ou des parties détachées de l'ensemble
d'organes de vie appelé homme. Qu'on exa
mine les formes animales géométriquement,
depuis ce même homme qui représente la
perpendiculaire, jusqu'au reptile qui forme
la ligne horizontale , et appliquant par con
séquent à cesformes les règles des sciences
exactes que la Divinité elle-même ne sau
rait changer, on verra que la nature visible.
les renferme toutes; que les combinaisons
des septformesprimitives sont entièrement
épuisées, et que par -là même elles peu
68 LE VRAI MESSIE.
vent représenter toutes les nuances de mo
ralité possibles. De là la chaîne immense
des' types moraux , offerte par tous les ani
maux , dans leurs manières progressive
ment plus imparfaites de pourvoir à leur
frêle subsistance: types qui paraissent quel
quefois arbitraires, et même bizarres, aux
yeux du philosophe superficiel , mais qui ne
le sont plus pour le philosophe naturaliste,
lequel a étudié les rapports délicats des
formes et des instincts dans leurs détails
sans fin, et qui sait que chaquefbrille a été
disposée avec une raison suprême dans le
ciron comme dans l'éléphant. Quant aux
deux autres règnes, le règne végétal n'est
qu'une dégradation du règne animal par la
suppression des mouvemens volontaires; et
le règne minéral , qu'une -dégradation du
régne végétal , par la suppression de mou-
- vemens sensibles quelconques. Mais les rap
ports éloignés du bien et du vrai s'y trou
vent toujours conservés. L'herbe naissante,
par exemple, est le symbole d'une puissance
productive dans son germe; l'arbre, celui
d'une faculté pourvue de tous les moyens
nécessaires à la production de fruits de
LE VRAI MESSIE. 69
toute espèce. Il en est de même des miné
raux. Les modes si variés de cristallisa
tion n'ont sans doute point été abandonnés
au hasard , ni choisis sans quelque raison
morale , par la Bonté et la Sagesse su
prêmes. Seulement la chaleur , dans le
règne minéral, est généralement moins
grande que dans le précédent, ainsi que
dans celui-ci elle est moindre que dans le
premier.
VI. CRÉATION, PRODUCTION, DESTRUC
TION. Si pour Dieu créer n'est pas un acte
proprement dit, c'est-à-dire un effort, chez
l'homme, faire le bien, c'est créer avec
Dieu et par Dieu. Et faire le mal, chez
lui, est créer en un sens encore plus réel;
car, dans le mal, l'homme agit seul; Dieu
ne crée point aVec lui. Aucun des emblèmes
parfaits n'a eu besoin d'une création propre
ment dite. Ils se trouvaient tous dans l'Être
infini, dans VEtre absolu qui peut tout
donner, parce qu'il possède tout. Mais quant
aux emblèmes imparfaits , ils ont tous été
créés ; et cela nécessairement, depuis l'em
blème de la hainefraternelle , laquelle s'est
peinte sur le visage du premier méchant >
70 LE VRAI MESSIE.
jusqu'à celui d'un Dieu cruéifié, qui n'est
qu'un Dieu outragé. Dans l'ordre simultané,
Vinfini est dit créer ou produire le/îni; le
tout est dit créer ou produire la partie.
Tout ce qui produit est créateur ou père ;
tout ce qui est produit estJîls ou vérité. La
substance produit laforme; la forme pro
duit la couleur, etc. La production se rap
porte au é/ett, à l'affirmation , à la réalité,
à l'ordre, à l'harmonie; la destruction , au
roa/, à la négation , à. lafausseté , au e?e-
sordre, à la désharmonie. La nature, dans
sa beauté, est l'emblème de la première ; les
phénomènes terribles , les élémens en co/i-
vulsion, sont l'emblème de la seconde.
L'économie admirable des hommes et des
animaux .se reproduisant entre eux , offre
l'hiéroglyphe de tous les co/yw moraux ,
lesquels ont aussi leur naissance , le temps
de leur croissance et leur dépérissement.
Quand le corps moral est considéré comme
ayant vie, il est représenté par un éVre w-
<»arc£ plus ou moins développé; quand ce
corps n'est qu'un ensemble sans vie, quoi
que régulier, il est figuré par un être mort ,
une statue plus ou moins parfaite, plus ou
LE VRAI MESSIE. 7 i
moins achevée. Toule harmonie divine est
typifiée par les divers degrés des amours et
des unions légitimes et honnêtes; toule
désharmonie , tout péché, toute erreur,
par ceux des amours et des unions illégi
times et déshonnétes. Et ici , ce rapport se
soutient jusque dans les unions inorgani
ques et les attractions ou répulsions de la
matière. Il était métaphysiquement impos
sible , autrement , que toutes ces nuances
morales devinssent appréciables pour des
intelligences créées.
VIL SUBSTANCE, forme, couleur. Sub
stance est tout ce qui est réel. Le Créateur
est substance au suprême degré. Tout ce
qui se voit et tout ce qui se manie dans la
nature , est emblème de cette substance. En
ce sens, les objets que nous apercevons dans
l'état de songe, sont des substances comme
toutes les autres. Chez l'homme, c'est Ja
chair qui représente lasubstance ou lefond
de son- être ; les formes variées de cette
chair représentent ses qualités. Et la chair
de nouveau, comme substance , se rapporte
à Vamour, lesformes et les couleurs à la
vérité. De plus, toutes les formes géométri
72 LE VRAI MESSIE.
ques possibles sont autant de types mo
raux; et, considérées dans leurs dévetop-
l>emem primitifs, elles ne peuvent pas être
en plus grand nombre que les nuances pri
mitives des couleurs. Les trois dimensions
savoir, la longueur, la largeur et laprofbn-
deur^ ont par conséquent aussi leurs signi
fications arrêtées; seulement ^profondeur
devrait être nommée la première comme se
rapportant à la substance. Ces dimensions
doivent faire exactement le parallèle du cen
tre^ de la droite et de hgauche^ dont il sera
question tout à l'heure. Nous avons considéré
plus haut les hommes et les animaux comme
des cylindres creux, ou comme des vases ,
qui contiennent les matières emblémati
ques capables de caractériser leur être.
Que le lecteur étende maintenant cette
idée à tout ce qui est creux', il aura d'abord
Vhorizon et la coupole des cieux qui l'en
tourent comme d'immenses courbes figu
rant Véternité ; il aura ensuite leè édifices
faits de main d'homme de toutes lesformes
et de toutes les grandeurs, depuis le temple
hiéroglyphe de la demeure de la Divinité,
ou plutôt de la vérité divine , jusqu'au
LE VRAI MESSIE. ^3
moindre vase et à la plus petite boite. Et
tous les détails considérés dans leur rapport
avec la forme primitive , avec la forme uni
verselle qui est Vhomme , offriront le type
de quelque nuance morale plus ou moins
éloignée de la source première.
VIII. MARCHER, monter, descendre.
L:'action de marcher est l'emblème général
de la vie et des relations sociales. Dans son
origine, la locomotion chez l'homme est
d'une nature fort simple; mais lui-même la
varie ensuite à volonté : le cheval , Vélé
phantt le char., le vaisseau, le reçoivent
alternativement. Il se fait même des ailes,
et s'élève vers les cieux. De là des hiérogly
phes sans nombraide vie et de relations so
ciales , dont tomes les nuances diverses
peuvent être trouvées et appréciées. L'm-
telligence humaine elle - même , comme
partie abstraite, mettant tous ces appareils
en mouvement, eslfigurée par eux dan3
ses divers dévcloppemens. Et en cela le de
gré d'élévation du sol a aussi sa signification
particulière. Monter est pris en bonne part
et rappelle un rapprochement de la bonté
incréée; de là l'usage des anciens ^adorer
^4 LE VRAI MESSIE.
sur les montagnes. Descendre est pris dans
le sens opposé. Ces deux emblèmes toute-
lois se renversent complètement , quand il
s'agit du vice de l'orgueil et de la vertu de
Vhumilité, ainsi qu'il peut arriver à tous les
emblèmes en général. D'un autre côté, s'as
seoir^ c'est cesser d'agir, c'est se fixer,
c'est se reposer, et même se reposer sur soi.
Se coucher , c'est se reposer sur Dieu, sur
le ivcher éternel. Les. païens appelaient la
Terre la mère de toute la nature ; le Chré
tien sait que cette mère , c'est CELUI qui
n'abandonnerait pas ses enfans, quand bien
même une nourrice pourrait oublier le
nourrisson qu'elle a porté sous ses en
trailles. De là donc les «hiéroglyphes sans
nombre du sommeil de ld~Auit, du réveil ,
de la succession des jours et des travaux ,
et jusqu'à celui du lit , qui représente lafoi,
et de la couverture , qui représente la
charité.
IX. Le MILIEU, la droite, la gauche. Le
milieu représente en général la perfection,
le centre d'un tout, et, en première ligne
par conséquent, l'ÊTRE DES ÊTRES, placé
entièrement hors du temps et de Vespace.
LE VRAI MESSIE. ^5
La droite rappelle la bonté, Impuissance;
la gauche , la vérité , la sagesse. II en est
évidemment de cet hiéroglyphe comme de
celui de la substance , de laforme et de la
couleur. Celui des points et des directions,
qui suit, s'y rapporte également et l'expli
quera tout-à-fait, sans qu'il soit besoin de
nous étendre davantage.
X. POINTS, nombres, élémens. En pla
çant -l'homme au zénith, il a derrière lui
Vorient, devant lui l'occident, à sa droite le
nord , à sa gauche le midi. L'orient , dans
cet état de choses, représente pour lui le
Créateur invisible , le Dieu caché, que la
foiseule peut atteindre. L''orient, caractérisé
par la marche du soleil, emblème matériel
de la Divinité, désigne également un ac-
cmissement dans la bonté et la vérité ;
et par-là même Voccident désigne un dé-
cix>issement analogue : tout comme lenord
rappelle une perte dans la charité, et le
midi , un progrès dans la vérité. Ici, sans
doute, l'ordre que nous remarquions tout à
l'heure par rapport au bien et au vrai , se
trouve renversé, puisque l'homme a la bonté
ou Vamour à sa gauche , et la vérité ou la
4-
76 LE VRAI MESSIE.
sagesse à sa droite. Mais on doit toujours
juger de ces choses, avant tout, par rapport
à ce Dieu , en présence de qui l'homme se
tient. Et dapkis l'homme lui-même, placé
naturellement d'abord par le CRÉATEUR
dans un état d:'accroissement possible , dans
un état par conséquent de liberté morale
pleine et entière, doit faire servir le premier
usage de cette noble faculté à chercher son
CRÉATEUR, et à se tourner librement vers
lui. De là une signification morale de toutes
les directions vers les différens points de
l'immensité, auxquels autant de points
dans le corps humain se rapportent pour les
caractériser. Ces points sont plus réels en
core dans la nature intime de notre être
qu'ils ne le sont dans l'univers physique.
Comme nous l'avons dit, Vâme humaine ne
saurait être considérée sans cet ensemble
d'organes appelé homme; et par-là même
elle ne saurait être conçue sans droite , sans
gauche, ni sans toules les autres directions
qui s'ensuivent. Les points de hauteur nous
sont déjà connus comme rappelant la no
blesse , l'élévation de l'âme; ceux de pro
fondeur, comme rappelant la bassesse et
LE VRAI MESSIE. «7
Vabjection. Considérées comme enmouve-
ment, la direction en hauteur représente
en outre la vie céleste; la direction opposée,
lavie infernale. Les êtres d'une perfection
supérieure , quand ils apparaissent , sont
vus descendant d'en haut; les êtres dégra
dés arrivent d'era bas, quoique les lieux en
eux-mêmes ne soient rien de déterminé ,
tout comme lesformes n'offrent jamais que
des grandeurs relatives. Tout le côté de la
face de l'homme correspond aussi à la bien
veillance , et tout le côté du dos à Vaver*
sion. Le même instinct fait avancer l'amitié,
et reculer l'horreur et le dégoût. Les di
versesformesproéminentes elles-mêmes du
corps chez les humains, désignent, comme
elles créent , leurs diverses affections.
Les nombres qui se rapportent aux points
ont aussi leurs significations arrêtées. Mai*
il n'y a que des considérations extrêmement
étendues et métaphysiques qui pourraient le
faire comprendre. Nous n'entrerons point
en discussion à cet égard. L'analogie que
cette matière a nécessairement avec tout le
reste, nous tiendra lieu de preuve. L'unité
se rapporte à Dieu; la dualité à Vamour et
78 LE VRAI MESSIE.
à la vérité. La dualité se rapporte par- là
même aussi à Yhomme , qui , pour cette
raison , a été créé mâle etfemelle; le mari
rappelant plutôt la sagesse, la.femme plu
tôt la bonté. La Trinité , ou le nombre
trois , désigne toujours la perfection d'un
être ou d'un objet, probablement à cause
des trois rapports distincts que l'esprit
humain peut y découvrir. Il sera ample
ment question , dans le corps de notre ou
vrage, des étonnantes propriétés du nombre
sept et du sabath de la nature humaine.
Nous n'ajouterons ici qu'un mot sur les
nombres dix et douze , pour faire comme
toucher au doigt à nos lecteurs que certains
nombres ne sauraient, en aucune façon,
être tout-à-fait arbitraires. La dizaine,
qui est prise du nombre de nos doigts, est
par -là même fondée dans la nature des
Choses ,, puisque le CRÉATEUR n'a pas
choisi ce nombre sans raison. Il en est de
même de la douzaine : Les différentes par
ties du jour et de la nuit, par exemple,
n'auraient jamais pu être divisées dans une
proportion différente. Les quatre points
radicaux qui leur servent de base, et dont
LE VRAI MESSIE. IJ9
deux sont dans l'horizon , et les deux autres
au zénith et au nadir, amenaient nécessaire
ment douze ou vingt-quatre , nombres qui
ont également une importance propor
tionnée dans les Saintes-Écritures, ainsi que
nous le ferons voir.
Enfin, les quatre élémens, dans tous
leurs immenses détails, n'offrent à l'esprit
réfléchi que des emblèmes moraux en si
grand nombre, qu'aucun philosophe ne sera
en étal de les compter. La terre, commefon-
dement solide , comme base soutenant le
roi de la nature, l'homme aufront élevé',
rappelle toujours Dieu, l'éternel appui
deses créatures. Comme productive de tou
tes sortes defruits agréables au goût et à la
vue^ la terre rappelle incessamment la so
ciété humaine , l'Église de Dieu. Uair
avec ses habitans ailés , Vathmosphère avec
ses innombrables phénomènes, annon
cent partout Vaction invisible d'un Dieu
caché , son immensité , sa bonté inépuisa
ble envers tout ce qui respire , unie à une
majesté aussi imposante que terrible.
Veau, comme élément transparent , fu
gitif, mobile, réfléchissant les images des
8o I/E VRAI MESSIE.
objets avec l'exactitude du miroir (quand
elle est calme), rappelle, avec tout le cor
tège quiy trouve sa vie, les diverses nuan
ces , les divers degrés de vérités; et cela ,
par opposition à la terre habitable, laquelle
se rapporte plutôt à la bonté et à la sub
stance. Et quant aufeu, il nous ramène au
soleil, dont il émane; et il représente par-
là même la charité et les sciences parmi
des èlccsfaibles images de leur AUTEUR ,
lequel est I'Amour et la Vérité incréés.
Nous pensons que cette esquisse , quel
que comte et quelque imparfaite qu'elle
soit, suffira pour réveiller l'attention de
toutes les classes de lecteurs , et pour leur
prouver d'avance que nos explications des
Livres Saints ne sauraient être arbitraires ,
comme celles qure l'on avait données jus
qu'ici. Entrons en matière.
tE VRAI MESSIE. 8i
PREMIÈRE PARTIE.
VRAIE NATURE DE JÉSUS-CHRIST.
CHAPITRE PREMIER.
Jésus-Christ d'après l'Ancien Testament.
Le premier passage de nos livres inspirés
qui ait rapport à JÉSUS-CHRIST , c'est ce
lui que Moïse met dans la bouche même
du CREATEUR, au moment où le genre
humain , lassé, pour ainsi dire , de son bon
heur originaire, commence à se séparer de
DIEU , et à croire qu'il peut se passer de lui.
Voici ce passage :
Alors JÉHOVAH-DIEU dit au serpent :
Je mettrai une inimitié entre toi et la
4»
82 LE VRAI MESSIE.
femme , et entre sa race et la tienne. Elle
te brisera la tête, et tu lui briseras le talon .
(Genèse, III. i5.)
Telles sont, selon Moïse , les paroles pro
phétiques par lesquelles le CRÉATEUR an
nonça lui - même la restauration de l'uni
vers déchu. Examinons-les avec l'attention
qu'elles méritent. Faisant abstraction des
mots conventionnels, voyons quelle doit
être la signification des emblèmes qu'elles
offrent dans la langue de la nature. Dépouil
lons nous, surtout, de tous les préjugés mo
dernes.
Quoique conçue en termes généraux et
énigmatiques, cette prophétie a paru si
claire dans tous les temps, qu'on l'a tou
jours appliquée à un libérateur céleste ;
. avant l'ère chrétienne, à un messie futur ;
après cette ère , à JÉSUS-CHRIST. Et si JE-
SUS^CHRIST n'est point ce libérateur, on
se persuade aisément aujourd'hui que l'an
nonce elle-même d'un envoyé quelconque
était chimérique.
Quand on s'est élevé à l'idée d'une langue
de la -nature, on ne demande plus d?où
vient cette manière de s'exprimer si étrange,
LE VRAI MESSIE. 83
et qui ne ressemble en rien à notre langage
accoutumé; on ne dit plus : Pourquoi ce
serpent, pourquoi cette inimitié entre lui
et la femme, pourquoi cette tête et ce talon
écrasés? On serait étonné au contraire que
cette prophétie antique ne fût conçue entiè
rement qu'en termes conventionnels et ne
rappelant aucune image de la langue pri
mitive. On ne dit plus surtout avec l'impie :
Pourquoi DIEU n'a-t-il point parlé sans fi
gure, et ne s'est-il pas annoncé clairement
sous le nom et la personne de JÉSUS-
CHRIST? Cette demande serait risible si
elle ne renfermait un blasphème. Pour peu
que l'on ait compris lanature intime du mode
de communiquer les pensées chez les êtres
sortant immédiatement des mains du CREA
TEUR , soit que ces êtres parlent entre eux ,
soit que leur CRÉATEUR lui-même condes
cende à leur adresser la parole, on con
çoit aussitôt que cette prophétie importante,
rapportée par Moïse, n'a dû se faire que
moyennant des emblèmes pris immédiate
ment dans la nature; et que par consé
quent JÉHOVAH n'a ni pu ni dû s'expri
mer autrement qu'il n'a fait.
84 LE VRAI MESSIE.
DIEU, en manifestant ses volontés d'une
manière emblématique, les ordres de génies
les plus élevés, qu'il s'est associés dans le
gouvernement de l'univers, peuvent lire
dans son langage une infinité de choses qui
échappent aux mortels, et ils sont ainsi mis
en état de diriger les destinées de la terre
selon le plan arrêté par le TRÈS-HAUT,
sans que les hommes eux-mêmes, ou les
génies dégradés, puissent déranger en au
cune façon ce plan, tout en ayant reçu la
même manifestation. C'est là un dernier
avantage de la langue de la nature, que nous
n'avons fait qu'indiquer sommairement dans
notre Introduction. La vie d'un homme,
l'histoire d'un peuple entier peuvent deve
nir ainsi, entre les mains de la Providence ,
un langage muet, un type immense , un em
blème ou hiéroglyphe infini, qui instruit tous
les ordres d'intelligences, et chacun de ces
ordres dans le degré qui lui est propre, de
ce qu'ils doivent savoir. Les familles que
nous appelons patriarchales, et toute la na
tion Israélite, ont offert de semblables types
à la terre et aux cieux; comme tout homme
de bonne foi est obligé de le reconnaître,
LÉ VRAI MESSIE. 85
dès qu'il consent à s'élever au-dessus des
préjugés de ces écrivains, qui ne se sont mo
qué de l'histoire des Juifs, que parce qu'il ne
leur était pas donné de la bien comprendre.
La voix du CRÉATEUR parlant à l'univers
par l'organe vivant du peuple Juif, avait été,
du reste, si bien entendue, que Vattente
d'un être extraordinaire qui devait pa
raître sur notre globe, annoncé et figuré
en même temps par ce peuple inconcevable,
était devenue générale, même parmi les
payens, quoiqu'alors on n'eût aucune idée
claire du génie de la langue emblémati
que ((). Et aujourd'hui on pourra se con
vaincre par des preuves qui ne le cèdent en
rien à celles des sciences exactes , que tout
ce qui est arrivé aux enfans d'Israël, depuis
(1) D'après une tradition ancienne et constante,
dit Suétone (yie de Vespasien), le bruit s'était répandu
dans tout l'Orient que les destins portaient que des
hommes partis de Judée s'empareraient de tout l'uni
vers. Tacite dit de même : Nombre depersonnes étaient
alors persuadées que les Livres sacrés desprêtres an
nonçaient que /'Orient devaitprévaloir, et que les ton -
quérans partiraient de la Judée ( Histoires , liv. y,
chap. i3.)
86 LE VRAI MESSIE.
la vocation d'Abraham jusqu'à leur établis
sement définitif dans la terre promise, ne
présente qu'un type détaillé de ce qui de
vait arriver au MESSIE, et à la société qu'il
devait former pour commencer son règne
éternel (i). Abraham était évidemment
l'emblème du CRÉATEUR visitant notre
globe et voulant redevenir le PÈRE de cette
multitude d'en fans qui l'avaient méconnu.
Isaac figurait principalement la catastrophe
sanglante qui devait constater éternellement
l'amour inconcevable du CRÉATEUR , ainsi
que la perversité et la haine plus inconce
vables de ses créatures. Jacob avec ses
douze enfans et leurs douze tribus, annon
çait de même JÉSUS- CHRIST avec ses
apôtres et les diverses églises particulières
qu'ils ont fondées, comme nous avons la
certitude de pouvoir le prouver dans la
(i) Jusqu'à la vocation d'Abraham i l'Histoire sainte
n'est absolument qu'emblématique , et comprend une
durée indéterminée. A dater de cette époque , elle est
en même temps emblématique et historique; ce qui la
met parfaitement d'accord avec l'histoire profane , la
quelle ne reconnaît guère de faits certains au-delà
d'Abraham.
LE VRAI MESSIE. 87
suite de cet ouvrage, et d'une manière à
élever le lecteur au-dessus de toute espèce
de doute : le tout conformément à la pre
mière prophétie de JEHOVAH déclarant
que le règne du serpent serait détruit. Les
rapprochemens de tous ces événemens,
même à ne les considérer que comme des
points d'histoire, ont de quoi frapper o?é-
tonnement les esprits les plus prévenus ,
quand ils viennent à les examiner dans leurs
détails immenses. L'histoire de Joseph
venduparsesfrères^ et devenant leur sau
veur en Egypte, ne peut être lue qu'avec
une émotion profonde, quand on remarque
toutes les allusions qui y sont faites à JEHO-
VAH-CRÉATEUR devant devenir un jour
JÉSUS-CHRIST-RÉDEMPTEUR.C'est aussi
là le nommé Judas , l'un des douze, qui se
laisse aveugler par le misérable gain de quel
ques pièces d'argent. Et dans le palais des
Pharaons , comme dans le cénacle de Jéru
salem, le JOSEPH que l'on croyait mort, se
présente tout à coup, et dit : Ne craignez
point , c'est moi! Je suis Joseph, votre
frère, que vous avez vendu en Egypte. Le
Fils bien -aimé d'Israël avait également
88 LE VRAI MESSIE.
trente ans , quand il se présenta devant le
monarque d'Egypte, comme JÉSUS-CHRIST
quand il commença sa carrière évangélique;
et VÉgypte étant l'emblème de la sagesse
humaine, comme la rareté du pain est ce
lui de la disette de la parole de DIEU, les
rapports de ressemblance entre Joseph et
JÉSUS-CHRIST se multiplient à l'infini. La
sortie d'Israël prodigieusement multipliée >
de la terre d'esclavage , le passage de la
Mer Rouge, la loi donnée sur Sinaï, le
séjour dans le désert, les combats livrés
auop nations corrompues, et l'entrée dans
le pays de Canaan ; tout cela indique si
clairement la rédemption opérée depuis
par JÉSUS-CHRIST et l'établissement de
son règne céleste , qu'il faudrait être plus
qu'insensé pour n'y point reconnaître un
plan profondément calculé de la divine
Providence, et vraiment digne de l'ÉTER-
NEL , qui seul pouvait le porter à exécu
tion.
La philosophie a été choquée, il est vrai,
de ces guerres d'extermination livrées par le
peuple choisi aux habitans de la terre de
Canaan ; mais c'était précisément par -là
LE VRAI MESSIE. 8c)
qu'Israël offrait l'emblème le plus clair de la
destruction de tous les vices représentés
par ces divers peuples, par un autre vice,
celui de la cruauté. A proprement parler,
Dieu ne punit personne , le vice se punit et
se détruit toujours lui-même. Nulle part il
est dit que Dieu ait approuvé la cruauté des
Israélites, plus que tous les vices de leurs
ennemis; et dans cette rencontre Dieu s'est
simplement servi des Israélites comme il au
rait pu faire de tout autre peuple barbare de
ce temps-là, s'il avait pu remplir ses desseins.
Il est facile de trouver ainsi l'Écriture-Sainte
en défaut, quand on commence par mettre
"en avant cette erreur évidente, que les Juifs
étaient un peuple réellement plus chéri de
Dieu que tout autre. Dieu chérit tous ceux
qui font bien, et haït tous ceux qui font mal,
Israélite ou autre, n'importe. Il serait diffi
cile de dire aujourd'hui lequel de tous ces
anciens peuples était le moins barbare ;
peut-être étaient-ce encore les Juifs , quoi
qu'on en ait dit. Quand les deux frères Juda
et Simëon coupèrent les pieds et les mains
au roi Adonibezek, pour l'enchaîner ensuite
90 LE VRAI MESSIE.
le reste de ses jours, ce roi ne leur reprocha
point leur cruauté : il se contenta de dire
qu'il avaitfait subir lui-mêm.e un traite
ment semblable à soixante rois , et leur
avaitfait manger ses restes sous sa table.
Dieu n'avait rien de commun avec de pa-
reilleshorreurs, quineprouventelles-mèmes
que la nécessité indispensable d'une rédemp
tion ou restauration générale des masses;
mais il avait besoin de caractériser et de re
présenter sous des emblèmes naturels les
malheurs réels, non-seulement de toutes les
nations vicieuses sur la terre , mais surtout
ceux des sociétés dégradées du monde uni
versel , par les égaremens moraux auxquels-
elles se livrent; et pour cela l'histoire des
Juifs, aussi bien que celle de leurs ennemis,
servit admirablement ses desseins.
Les noms mêmes des lieux et des person
nes étaient significatifs dans celte histoire
étonnante : Canaan signifie terrée de pos
session (le ciel, l'immortalité qui nous est
promise); Jérusalem signifie , elle verra la
paix (la paix que JÉSUS-CHRIST a ap
portée); Abram signifie le Père Très
LE VRAI MESSIE. 0, I
Haut (le Dieu du ciel, le Créateur invisible
et insaisissable); Abraham^i), lepèred'une
multitude (le Dieu-Homme, le Dieu-Ré
dempteur visible et abordable); Joseph veut
dire l'homme surajouté (le Dieu incarné,
offrant en apparence deux personnes dans
la Divinité); Benjamin veut dire fils de la
droite, oufils de la vieillesse (l'un et l'autre
peuvent s'appliquer à JÉSUS-CHRIST), etc.
Ce plan immense, œuvre évidente du ciel,
et préparé de longue main, ne faisait que se
développer. Le caractère des personnages
avait été choisi , et les noms donnés en con
séquence. Les noms des lieux, différentes
circonstances avaient concouru à les rendre
significatifs. Sinaï^ après la loi donnée, si
gnifia la même chose que la loi, et rappe
lait en outre les circonstances imposantes
qui avaient accompagné sa promulgation.
Babel et Sodome représentaient infiniment
mieux, l'une l'orgueil, l'autre la corrup
tion des mœurs, après que ces noms étaient
devenus emblématiques, que n'auraient pu
_(i) Cet H est pris du mot JÉHOVAH , dont la ra
cine est HIH , Être , parce que Abraham devait figu
rer l'essence divine mieux connue des hommes.
g2 LE VRAI MESSIE.
faire tous les mots conventionnels possibles.
Nous ne pouvons entrer ici dans des détails
qui -rempliraient des volumes ; et nous nous
bornerons à déclarer que les rabbins, aussi
bien que les théologiens, ont étrangement
restreint le nombre des endroits de l'Ancien
Testament, où il est réellement question,
selon eux , du MESSIE. Par l'étude de la
langue de la nature, on acquiert la certitude
qu'il en est question d'un bout à l'autre; que
les moindres détails , les moindres circons
tances où se trouvaient les patriarches et les
prophètes, ont rapport à quelque démarche
ou perfection particulière du MESSIE; que
la vie entière de ces hommes emblématiques
était une prophétie en action; et que l'É
vangile tout entier pourrait être composé
de phrases extraites , mot pour mot, de
VAncien Testament. Quand l'École voudra
une fois laisser de côté ses disputes sans fin
et sans objet, qui ne sont plus, pour la plu
part, que des disputes de mots , et étudier
le génie de la langue de la nature, remon
tant à la signification originaire et radicale
des principaux termes de convention em
ployés par les écrivains extatiques, ils coin
LE VRAI MESSIE. g3
prendront aussi mieux ce qu'ils ont voulu
dire.
Il est à peu près démontré que dans la
Bible le mot de création lui-même doive
être pris pour création spirituelle ou régé
nération de l'homme. Ce point est plus in
téressant et plus digne des soins de l'ÉTER-
NEL, que des détails sur la production ma
térielle de l'univers; détails inconcevables
pour nous, et de peu d'usage, vu que
l'homme qui à la simple inspection du ciel
et de la terre , n'est pas persuadé qu'ils n'ont
pas pu se faire d'eux-mêmes, ne le sera pas
davantage par le récit de Moïse. Il faut dire
la même chose de nombre d'autres mots
conventionnels, tels que jardin, arbre ,
fleuve, eau^ déluge, soleil, lune, nuée,
arc-en-ciel , et même de ceux d'homme, de
femme, de pere, èejils, defille, d'idolâtrie,
de prostitution , qui , tout en nous rappe
lant des objets connus, peuvent en même
temps avoir des significations emblémati
ques appropriées au monde moral. Jérémie,
en parlant de la perversité de l'homme , se
sert absolument des mêmes expressions que
Moïse emploie en parlant du chaos, qui,
p4 LE VRAI MESSIE.
selon PÉcole, aurait précédé la création du
globe habitable : « Mon peuple est insensé,
dit Jérémie , ils ne montpoint reconnu; ce
sont desenfans insensés et qui n'ont point
d'entendement ; ils sont habiles à faire le
mal; mais ils ne savent pas faire le' bien.
J'ai regardé la terre , et voici elle est sans
forme et vide ( terra erat inanis et <va-
cua); j'ai regardé les cieux , et ils sont sans
lumières. (FecitDeus luminaria. . .) J'ai re
gardé, et il n'y avait pas d'homme {d!Adam\
et tous les oiseaux des cieux avaient dis
paru. » (Jérémie iv, 22, 23,25.)
C'est donc nécessairement que Dieu
parle par emblèmes quand il manifeste ses
volontés à ses créatures; les esprits purs eux-
mêmes, aussi bien que les hommes extati
ques qui entrent en rapport avec eux, ne
doivent point parler un autre langage : et
toutes ces considérations mises en avant , le
passage de la Genèse que nous avons cité
n'a pas besoin d'un long commentaire. Le
serpent , dans la bouche de JÉHOVAH , ne
peut signifier que le mal moral dans son
dernier degré de perversité. Ce reptile
forme en quelque sorte l'anneau le plus bas
LE VRAI MESSIE. C>5
de la chaîne des animaux malfaisans. Il se
traîne dans la fange et mord la poussière.
La race de lafemme écrasant la tête du
serpent , est évidemment un de ses descen-
dans , détruisant le mal moral jusque
dans sa racine. Et la morsure du talon de
la femme ne peut signifier qu'une ven
geance exercée sur la partie la moins
élevée de CELUI qui devait naître d'elle.
Le talon du descendant de la femme repré
sente aussi naturellement Yhumanité de
DIEU INCARNÉ, que la terre ou les na
tions représentent Vescabeau de ses pieds.
Lafemme^ enfin , est l'emblème de la bonté
de DIEU, comme Vhomme est celui de sa
sagesse: aussi est-ce, en général, par sa
bonté et son amour que Dieu nous a ramenés,
plutôt que par les nouvelles maximes de mo
rale qu'il nous aurait apprises. Avant JÉSUS-
CHRIST, les hommes connaissaient encore,
jusqu'à certain point, leurs devoirs; mais ils
n'avaient plus le courage de les remplir; ils
manquaient moins de lumières que de bonne
volonté , moins de leçons que d'exemples ; et
c'est là le vide que le CRÉATEUR est venu
remplir lui-même, en entrant en personne
96 LE VRAI MESSIE.
dans la sphère d'action de tous les êtres, en
établissant par-là d'éternels rapports d'a
mour et de reconnaissance et rendant
ainsi le bonheur du ciel une chose conce
vable.
Celle première annonce de l'apparition
d'un RÉDEMPTEUR est devenue en général
si claire dans toutes ses parties, par la nais
sance, la vie et la mort de JÉSUS-CHRIST,
qu'il est inutile de nous y arrêter plus long
temps; la plus insigne mauvaise foi pourrait
seule y méconnaître le doigt de Dieu. JÉSUS-
CHRIST, naissant d'une vierge, et ressusci
tant des morts peu de jours après sa cruci
fixion, accomplit iaprophétiejusquedansses
moindres détails. 11 n'est question, en effet,
dans les paroles de JÉHOVAH que de la
semence de la femme , expression singu
lière , et qui naturellement enveloppait quel
que mystère; et l'expression, tu lui briseras
le talon, ne désigne pas une destruction en
tière et irrévocable, de sa semence; par où
on pouvait voir que le descendant de la
femme devait survivre. Joseph, dit en con
séquence l'Évangile, n'avait point connu
safemme, quand elle enfanta son premier-
fcE VRAI MESSIE. gn
né. Et JESUS survécut à son sacrifice,
comme le jeunelsaac survécut au sien, lors
que, gravissant avec Abraham la montagne
de Horeb, chargé du bois du sacrifice, il
offrit le type le plus clair et le plus touchant
du SAUVEUR mourant plus tard sur la
même montagne(i), après y avoir traîné sa
croix , et ravissant ensuite à la mort la proie
dont elle s'était saisie.
La mort de JEHOVAH , en tant que re
vêtu de chair; ou en tant que VERBE in
carné, est elle-même l'emblème nécessaire
de celles de ses infortunées créatures qui
l'ont méconnu, et dans le cœur desquelles
il avait trouvé une véritable tombe; tout
comme sa résurrection est celui de la re
naissance à la vie spirituelle de toutes
celles qui seront assez heureuses pour re
trouver JÉHOVAH dans le CHRIST, ainsi
que nous le verrons plus bas.
Telles sont quelques-unes des réflexions
(i) Quelques interprètes, du moins, prétendent que
c'était la même montagne. Nous ne savons jusqu'à quel
point cette prétention est fondée; mais la chose nous
parait fort naturelle.
5
98 LE VRAI MESSIE. .
sans nombre que peuvent suggérer le peu
de lignes emblématiques de la Genèse que
nous avons citées, même à ne les considé
rer que par rapport aux destinées de notre
terre. Car la manière dont les anges de Dieu
auront, envisagé ces démarches de JEHO-
VAH-RÉDEMPTEUR , est un autre mys
tère, ou plutôt un autre abîme, dans lequel
il ne nous sera permis de hasarder nos re
gards que lorsque nous serons nous-mêmes
transformés en lumière; quoiqu'il soit proba
ble que généralement le SEIGNEUR n'aura
voulu montrer aux esprits parfaits, du spec
tacle de sa vie et de sa mort sur notre globe,
que ce que ce spectacle pouvait avoir
d'attendrissant , réservant pour des cœurs
plus dénaturés celui de sa passion maté
rielle.
Voyons maintenant dans quels détails sont
entrées les personnes favorisées de visions
extatiques, quand, dans la suite des siècles,
elles ont porté leur attention sur le libéra
teur qui devait naître.
Nous ne nous arrêterons pas. à l'assurance
que Dieu donna à Abraham de l'arrivée du
MESSIE, quand, l'envoyant dans une terre
LE VRAI MESSIE. go
de pèlerinage, il lui dit que ses descendans
( les vrais croyans) seraient plus nombz'eux
que les étoiles dufwmament ; que dans sa
vieillesse il lui naîtrait unfils , et qu'en
lui toutes les nations de la terre seraient
bénies (Genèse xn. 3). Nous ne nous ar
rêterons pas à l'assurance que Dieu renou
vela à Jacob, quand, dans une vision sur les
confins de la terre de Canaan , il lui dit : Je
suis JEHOVAH, je vous donnerai à
vous et à votre race la terre où vous
dormez : votre postérité sera nombreuse
comme la poussière de la terre, et toutes
les nations seront bénies dans CELUI
qui sortira de vous (Genèse, xxvm. i3,
i4)« Ces passagesne nous apprennent rien
de particulier sur la nature intime du libé
rateur promis. Nous passerons également
sous silence ce passage fameux qui repré
sente JEHOVAH apparaissant à Abraham
sous l'emblème de trois hommes ou anges ,
par où certains écrivains ont voulu prouver
une trinité de trois personnes distinctes en
Dieu , savoir, JEHOVAH, ou le Créateur
et Père de la nature ; JÉSUS- CHRIST, son
fils éternel, né dans le temps; et enfin le.
5.
IOO LE VRAI MESSIE.
Saint-Esprit , recevant son existence des
deux autres. Les théologiens eux .-mêmes
abandonnent > en général, l'Ancien Testa
ment, quand il s'agit de prouver la trinité
de trois personnes distinctes. JÉHOVAH,
en effet,quoique unique en personne comme
en être, ce qui est la même chose , a très-
bien pu être représenté devant Abraham
par trois anges à la. fois, comme emblème
de sa triple essence relativement à l'homme ;
triplicité ou trinité que la philosophie elle-
même a reconnue d'après Platon. A Sodome,
le même JÉHOVAH ne fut plus représenté
que par deux anges, sans que cela tirât à
conséquence. Du reste, le premier de ces
anges (en admettant qu'Abraham n'appelait
JÉHOVAH que celui-là seul exclusivement
aux autres, pouvait n'être lui-même qu'un
individu distinct de l'ÊTRE DES ÊTRES, et
dans qui JÉHOVAH s'était simplement per
sonnifié, comme cela arrivasouvent.il le fit
ainsi en apparaissant à Ézéchiel : La maison
était remplie de lagloire du SEIGNEUR,
dit ce prophète; alors je l'entendis qui
me parla du dedans de la maison; et
.l'ANGE qui étaitproche de moi me dit : Eils
LE VRAI MESSIE. 10i
de l'homme , c'est ici le lieu de MON
trône; où l'on voit que le SEIGNEUR et
Vange parlent comme un être identique.
(Ézéch. , xliii. 5, 6, 7). Il se montra
de même à Manoah , père de Samson.
L'ange du SEIGNEUR, est -il dit au livre
des Juges , n'apparut plus à Manoah ni
à sa femme. Alors Manoah dit ' à sa
femme : Nous mourrons très-certainement,
parce que nous avons vu JÉHOVAH.
(Juges, xiii. 2i , 22). Il apparut de la
même manière à Gédéon. L'ange du Sei
gneur, dit l'écrivain sacré, apparut à Qé"-
déonj et lui parla; et au verset i45 il con
tinue :Alors le SEIGNEUR le regardant
lui dit: Allez... c'est MOI qui vous ai en
voyé (Juges, vi. i2). Enfin , au même livre,
chap. II, #. I, se lisent ces paroles: L'ange
de l'ÉTERNEL monta de Guilgal à Bokim ,
et dit : JE vous ai fait entrer au pays que
J'AVAIS JURE de donner à vos pères......
Ce qui prouverait, au besoin, qu'Abraham,
ni aucune autre personne de l'Ancien Testa
ment, n'a jamais vu JÉIIOVAH d'une façon
différente, c'est cette déclaration formelle
faite à Moïse : Nul homme ne me verra
i02 LE VRAI MESSIE.
sans mourir. Si pour voir JÉHOVAH tel
qu'il est , il ne faut pas être un autre
lui-même^ et cesser par conséquent d'être
homme, du moins faut-il cesser d'être
homme dégradé , comme le sont tous
ceux de notre terre. Le DIEU INCARNÉ ,
l'enfant qui nous est né, lefils qui nous a
été donné , pouvait seul nous faire voir JÉ
HOVAH, autant qu'il est donné à de faibles
mortels de le voir sans être anéantis par sa
présence. Et encore, après sa glorification,
dans le ciel, la même mystérieuse appari
tion , moyennant un être intermédiaire ,
reparaît. Car, dans l'Apocalypse, JÉSUS-
CHRIST se présente souvent tellement per
sonnifié dans un ange distinct de lui, que
saint Jean même y est trompé, et tombe
deux fois à terre pour adorer cet ange, qui
deux fois l'en empêche (Genèse xxm ,
Nous passerons enfin sous silence la fa
meuse bénédiction prophétique donnée à
Juda par Jacob devenu vieux , et entré dans
l'état d'extase immédiatement avant sa mort.
Le sceptre ne sortira pas de Judajusqu'à
ce que vienne CELUI qui doit venir, et
LÉ VRAI. MESSIE. Io3
qui sera l'attente des nations ( Genèse ,
xux, i0). Cette bénédiction ne prouve
qu'une chose, la certitude que de tout temps
la nation israélite a attendu quelque envoyé
extraordinaire du ciel. Mais ici, comme ail-
leurs, cet envoyé n'est annoncé qu'en ter
mes généraux; et, à l'égard de la nature
intime de son être, il n'y a réellement au
cune lumière directe à tirer du Penta-
teuque.
Il n'y aurait tout au plus qu'une preuve
indirecte que l'on pourrait faire dériver des
livres de Moïse, et qui est commune à tous
les autres endroits de l'Ancien Testament,
ou le CRÉATEUR est appelé JÉHOVÀH.
Nous la donnerons en passant, parce qu'elle
rentre entièrement dans la thèse que nous
nous proposons de défendre, et que, pour
être indirecte, elle n'en est pas moins pé-
remptoire. C'est la racine même du mot
JEHOVAH; et sa signification intime , qui
la fournira? En effet, en prouvant que la
Divinité est une et indivisible dans son es
sence ou son être^ on prouve en même
temps que si la Divinité a dû réellement pa
raître sur là terre, ce n'a pu être que le
i04 LE VRAI MESSIE.
CRÉATEUR ou l'être JÉHOVAH lui-même
qui a paru. Or, le mot Jéhovah, selon la
force du terme hébraïque, signifie Vêtre in
fini, l'être,parexcellence , tout l'être. Dieu'
est donc aussi une personne infinie; il est
la personne par excellence ; il est toute
personnalité; en d'autres termes, JÉHO
VAH est une seule personne, comme il
est un seul être, tout en étant triple par rap
port à l'homme. Si cette proposition n'est
pas vraie, il faut renoncer à faire usage de
la raison. Maintenant de deux choses l'une,
ou le MESSIE sera la personne même de JÉ
HOVAH , ou il ne sera qu'un pur homme ;
il n'y a point de milieu. Un verra, par la
suite de cet ouvrage , lequel est le vrai.
Passons donc aux temps postérieurs,
quand, l'univers étant assez préparé à sa
venue , les personnes extatiques ont pu par
ler plus clairement du MESSIE promis. Par-
là nous serons mis à même de porter un ju
gement motivé non-seulement sur le mo
ment précis de son arrivée et sur les diverses
circonstances de sa vie et de sa mort , qui ne
permettent pas de le méconnaître, mais en
core sur la véritable nature de sa personne
LE VRAI MESSIE. ) o5
sacrée, rendue depuis long-temps mécon
naissable par toutes les finesses de nos pré
tendus interprètes de Platon , aussi étran
gers , ce semble , sous ce rapport , aux
opinions des savans, qu'aux déclarations les
plus formelles de nos Livres Saints.
Avant de passer définitivement à Isaïe,
que nous avons choisi pour notre grand in
terprète, disons seulement un mot de Da
vid et de ses psaumes. Ce roi-prophête fut
lui-même un emblème vivant du MESSIE
comme ROI ÉTERNEL. Le rapport entre
David, souverain terrestre^ JÉSUS,souve
rain du royaume qui n'estpas de ce monde,
ne saurait être méconnu par un homme de
bon sens. Il n'y a qu'à rapprocher quelques-
unes des circonstances de la vie du roi
d'Israël de celles du ROI de GLOIRE, pour
s'en convaincre. Il suffit de lire un petit
nombre des psaumes pour voir , à n'en pou
voir douter, qu'il y est question de toute au
tre chose que des événemens du moment du
petit royaume de Judée. En effet, la vue
prophétique de David perçait souvent dans
l'avenir le plus éloigné. Tous ses cantiques
offrent comme un écho des hymnes célestes.>.
5.. .
Io6 1E VRAI MESSIE.
Ses psaumes ne sont pas seulement des ar-
rarigemens de mots, tels qu'en offrent nos
.vers ordinaires : ce sont des relations de pen
sées, bien plus capables de ravir l'âme. Plu
sieurs de ces psaumes dépeignent JÉSUS-
CHRIST trait.pour trait , et sont compris de
'tout le monde , même sans le secours d'au
cune connaissance de k langue de la nature.
Nous n'en citerons qu'un seul , le vingt et
unième, où évidemment le spectacle du
Calvaire était tout entier sous les yeux du
prophète. Mon Dieu , mon Dieu !pourquoi
m'avez-vous abandonné ?... Je suis un ver
de terre, et non un homme ; je suis l'op
probre des hommes et le rebut du peuple.
Ceux qui me voyaient se moquaient de
moi; ils parlaient de moi avec outrage , et
ils m'insultaient en remuant la tête. Il a
espéré au SEIGNEUR , disaient-ils ; que le
SEIGNEUR le délivre maintenant, qu'il le
sauve, s'il est vraiqu'il l'aime Ils ont
percé mes mains et mes pieds , et ils ont
compté tous mes os. Ils se sont appliqués à
me regarder et à me considérer. Ils ont
partagé entre eux mes habits, et ils o n
jetéle sort surma robe... . Tous lespeuples
LE VRAI MESSIE. 107
jusqu'aux extrémités de la terre se ressou
viendront du SEIGNEUR, et se converti
ront à lui; toutes les nations se proster
neront devant lui et l'adoreront. Qu'on
lise l'histoire de la Passion dans Saint-Mat
thieu , et que l'on juge si c'est une chose fa
cile de distinguer l'historien du prophète.
Ce même psaume, JÉSUS-CHRIST l'a évi
demment rappelé sur la croix, quand il s'est
écrié : Eloï', eloï, lamma sabactani? c'est-
à-dire, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m'avez-vous abandonné ? Les bourreaux
ont continué ce psaume en action , et l'hisr
toire du genre humain régénéré le ter
minera.
Et si David, en dépeignant ainsi le MES
SIE dans sa vie et dans sa mort , rend la
méprise" impossible, il ne célèbre pas moins
clairement l'unité absolue de JÉHOVAH en
être et en personne. Il n'est guère qu'un
seul passage des psaumes dont on pourrait
inférer une dualité : c'est celui auquel JÉ
SUS-CHRIST nous a rendus lui-même at
tentifs, quand il a demandé aux Pharisiens
comment il se faisait que David en extase
appelait le CHRIST son SEIGNEUR, en di
Io8 tÈ VRAI MESSIE.
sant : Le SEIGNEUR a dit à mon SEI
GNEUR : asseyez-vous à ma droite ( Saint-
Matthieu, xxn, 44)? Mais une preuve que
ce passage devait être difficile à comprendre,
et que du temps de JÉSUS-CHRIST les
hommes n'étaient pas encore en état de
s'élever à des conceptions aussi hautes et
aussi métaphysiques que celles de Vunitéde
personne entre le PÈRE et le FILS, c'est
que JÉSUS-CHRIST n'a point expliqué alors
ce texte, et n'a point permis qu'on l'inter
rogeât à cet égard. Aujourd'hui, en s'élevant
avec la philosophie au-dessus des notions de
temps et d'espace, en pénétrant, pour ainsi
dire, dans la nature et l'essence intime de
TÊTRE INFINI, et en examinant cette ques
tion d'après les lumières que donne la con
naissance de la langue de la nature , on
trouve, à n'en pouvoir douter, que, par le
SEIGNEUR adressant la parole , il fallait
entendre JÉHOVAH , en tant que CRÉA
TEUR ou MOI UNIVERSEL ; et par le SEI
GNEUR à qui la parole est adressée , le
même JÉHOVAH en tant que RÉDEMP
TEUR OU MOI DIVIN MANIFESTÉ SUR UN
point. Il y a, en effet, une différence entre
' LE VRAI MESSIE. i09
les deux mots hébreux qu'on a rendus in
distinctement par celui de Seigneur: le
premier, est Jéhovah , le sçcond Adoni ou
Adonaï, que l'on sait être deux noms dif-
férens du même être adorable , considéré
seulement sous différens points de vue. Et
quafld même on voudrait soutenir que le
mot Aàoni ne se rapportait simplement qu'à
David, on n'en serait pas plus avancé; car
David était lui-même l'emblème personnel
de 5ÉH0VAH , comme devant devenir le
conquérant des siens , et emmener la cap
tivité captive. Pour le dire en passant, Dieu
est généralement désigné dans la Bible sous
quatre dénominations diverses , Elohim ,
Jéhovah , Adonaï et Adonaï-Jéhoïh. La
première dénomination , celle dont Moïse se
sert avant la création ou plutôt avant la ré
génération de Vhomme - Adam , est un
pluriel vague, qui veut dire les Très-hauts ,
les Dieux, pour ainsi dire éloignés , peu
connus. La seconde, donnée à Dieu à la fin
de l'œuvre des six jours, marque l'essence
même de llïTRE DES ÊTRES, Dieu par con
séquent mieux manifesté à l'homme ré
généré, et mieux connu de lui. La troisième
1 i0 LE VRAI MESSIE.
semble indiquer le CREATEUR se montrant
sous la forme humaine ou angélique, la
quelle, en tant que la Forme la plus parfaite
de la vie et de l'intelligence, est aussi la
sienne. La quatrième enfin nous paraît dési
gner plus spécialement Dieu comme RÉ
DEMPTEUR ou MESSIE FUTUR. C'esPpro-
prement en JÉSUS-CHRIST que l'essence
divine et la forme visible se sont unies dé
finitivement pour donner un ROI ÉTERNEL
à toutes les créatures sensibles, même Sux
plus dégradées et aux plus enfoncées dans la
matière, lesquelles en avaient effectivement
le besoin le plus indispensable. Le nom
'S!Adonaï-Jèlioïh est aussi principalement
donné à Dieu dans les Saintes -Écritures
lorsque l'individu qui s'adresse à lui est dans
l'affliction et implore sa miséricorde. Abra
ham le prononce pour la première fois
quand il représente à Dieu qu'il n'a point
d'enfans, et qu'il est prêt à descendre dans
la tombe sans un héritier dans lequel les
promesses du ciel puissent se réaliser.
Toutes ces remarques, minutieuses en appa
rence, sont plus importantes qu'on ne pense :
aucun iota , aucun trait n'est inutile dans
LE VRAI MESSIE. I I I
la parole de l'ÉTERNEL. Pour éviter toutes
les méprises à cet égard , nous avons rétabli
le nom trois fois saint de JEHOVAH partout
où nous l'avons trouvé dans le texte original.
Ce nom est, en effet, de toutes les langues;
le CRÉATEUR lui-même se l'est donné : Je
suisr JÉHOVAH, a-t-i.l dit à Moïse ; c'est là
mon nom pour l'éternité. Et on n'aurait ja
mais dû se permettre de le traduire ni de le
changer en aucune langue (i).
Ecoutons maintenant Isaïe. Nous par
courrons ses prophéties avec rapidité. Il est
inutile, aussi bien qu'impossible, que nous
nous arrêtions à chacun de ses passages aussi
long-temps que nous nous sommes arrêté
au texte de Moïse du commencement de la
(i) Si l'occasion ne s'en représente plus, nous con
signerons ici' notre conviction qu'outre la langue en
tièrement universelle par images naturelles , il doit y
avoir aussi une langue naturelle par sons articulés ,
quoique infiniment moins riche que la première. En
effet , à en juger par analogie, les sons de la voix de
l'homme, et les articulations de sa bouche, doivent se
diviser comme les élémens des autres sens, en sept
nuances principales; et en partant de ce principe,
l'organe de la parole peut être réduit à des règles sûres
ii2 LE VRAI MESSIE.
Genèse. Une ou deux courtes réflexions suf
firont en général. Ce sera au lecteur lui-
même à tirer les conclusions. D'un autre
côté, quand il se rencontrerait un petit
nombre de textes que le lecteur ne trou
verait pas côncluans du tout, il n'y aurait
encore aucun mal; car- il s'en tiendrait alors
aux mille autres que nous avons assurément
présentés avec clarté et précision, et qui
établissent la vraiefoi d'un* maniè-re incon
testable. \
Il arrivera aux derniers jours que la
montagne de la maison de JEHOVAH sera
affermie au sommet des montagnes , et
qu'elle sera élevée par-dessus les coteaux ;
et toutes les nations y aborderont. Et
et géométriques, règles applicables même au cri aies
animaux. La langue à la fois la plus simple et la plus
riche sera la langue naturelle des sons. Certains noms
pourraient, être alors comme des noms naturels ;• cer
tains mots pourraient avoir comme une vertu particu
lière capable de percer, plutôt que d'autres, dans ces
sociétés transformées qui se sont retirées davantage
au sein de la nature humaine primitive ; et la langue
hébraïque pourrait bien être un dialecte d'une langue
originairement aussi parfaite.
LE VRAI MESSIE. Il3
plusieurs peuples iront et diront : Venez,
et montons à la maison de JÉHOVAH, à
la maison du Dieu de Jacob; et il nous
instruira de ses voies, et nous marcherons
dans ses sentiers^ car la loi sortira de
Sion, et la parole de JÉHOVAH sortira
de Jérusalem. Il exercera le jugement
p/xrmi les nations, et il reprendra plu
sieurs peuples ; ilsforgeront de leurs e'pées
des hoyaux, et de leurs hallebardes des
serpes; une nation ne levera plus l'çpée
contre une autre, et ils ne s'abandonne
ront plus à la guerre. Venez , ô maison de
Jacob ! marchons dans la lumière de JÉ-
nUVAH (ïsaïen^ 2, 3, 4, 5).
Il est impossible de lire le premier cha
pitre d'Isaïe, dont le passage qu'on vient de
lire fait la suite, sans reconnaître dans son
langage quelque chose qui n'est point hu
main. Comparez la manière de s'énoncer
de ce prophète avec- tout-.ee que la littéra
ture orientale peut fournir de plus fort en
images et de plus hardi en conceptions ;
vous ne trouverez nulle part rien d'appro
chant. Toutefois, ce n'est pas l'art du rhé
teur que nous admirons dans#ces sortes de
Il4 LE VRAI MESSIE.
passages; nous sommes persuadé, au con
traire, qu'il n'y a pas l'ombre de ce qu'on
appelle rhétorique dans tous les écrits d'I-
saïe. Ceuxfqui cherchent à faire ressortir les
beautés du langage 4es différons pro
phètes, font injure à la parole de DIEU.
CELUI qui a parlé par la bouche des pro
phètes, est le même qui a dit : Que votre
langage soit oui, oui, non, non; ce qui
est au-delà vient du mal (Matth-. V. 37).
Isaïç , dans le vrai , est donc aussi simple que
l'Évangile. Cette vérité, assez claire déjà aux
yeux du simple bon sens, devient évidente
pour celui qui connaît la langue de la na
ture. Ce qui rend, en effet , ïsaïe si fort ,
n'est autre chose que la force même de la
vérité; et ce qui le rend si fleuri, ce ne
sont que les images ou emblèmes naturels
moyennant lesquels il parle.
Montagne, dans l'Ecriture-Sainte, a deux
significations : l'une favorable, savoir, éléva
tion vers Dieu, amour de Dieu; l'autre dé
favorable , savoir, Vorgueil humain ; c'est
pour cela qu'il est dit ailleurs, qu'à la venue
du SEIGNEUR toute montagne sera abais
sée et toute vallée sera élevée. La maison
LE VRAI MESSIE. Il5
de JÉHOVAH, ou. son temple, n'est autre
chose que l'emblème d'une doctrine ou
d'une collection de vérités, formant un sys
tème plus ou moins régulier, plus ou moins
bien lié dans toutes ses parties, et capable
de faire connaître Dieu et de mener à lui.
Ce passage d'Isaïe , en entier, dans la langue
de la nature, veut donc dire tout simple
ment qu'au moment de la décadence de
l'église israélite , la connaissance et l'amour
de JÉHOVAH, au lieu de périr avec elle,
se répandront, au contraire, et s'élèveront
avec une société choisie au-dessus de toutes
les autres sociétés qui croiront aussi con
naître, aimer et adorer Dieu ; au point que
toutes les nations, les idolâtres mêmes, ver
ront la gloire de JÉHOVAH se révélant aux:
.hommes, et se joindront à la foule de ses
vrais adorateurs.
Mais, pour toucher au point principal de
notre examen , il est prédit ici qu'à l'arrivée
du MESSIE il s'établira une paix perpétuelle
par toute la terre. Changer les épées en
hoyaux , les hallebardes en serpes , et re
noncer à toute guerre, signifie la fin des
massacres de nation à nation, aussi bien que
I l6 LE VRAI MESSIE.
la fin des disputes haineuses et passionnées
de l'esprit humain en fait dé doctrine et de
connaissance de la vérité. Faudrait-il con
clure de tout ce qui s'est vu dans la société
chrétienne depuis dix-huit cents ans, et au
physique et au moral, que JÉSUS-CHRIST
n'était point le MESSIE véritable, vu que,
depuis ce temps, les guerres et le carnage
n'ont fait, en quelque sorte, que s'enflam
mer au lieu de s'éteindre? Non; il y a une
autre manière d'expliquer ce phénomène.
La prédiction d'Isaïe n'était point limitée au
moment précis de la venue du SEIGNEUR.
Le plan de la régénération de l'univers de-1-
vait Seulement commencer à se développer
à cette époque', mais ne devait se déployer
•entièrement qu'avec le temps. Qu'est-ce que
dix-huit cents ans dans les plans de l'ETER--
ISELpourqui mille ans sont comme lejour
d'hier qui est passé, et comme une veille
dans la nuit? Nous avons l'intime convic
tion qu'en levant aujourd'hui le grand ob
stacle de la distinction de trois personnes di
verses en Dieu (erreur pernicieuse, quoique
dans le temps.elle ait sauvé la.foi au MESSIE
d'une extinction entière); la vraie connais
LE VRAI MESSIE. H^
sance du CRÉATEUR visitant notre globe,
et. établissant des rapports d'amour et de
vérité, aussi élonnans entre la terre et les
cieux ,' que ceux que peuvent réaliser l'an
cienne et la nouvelle alliances, se répandra
définitivement sur les deux hémisphères. ^l
est de toute impossibilité que l'esprit hu
main se résigne à croire que jamais le CRÉA
TEUR, ni dans l'ancien temps, ni dans des
temps plus rapprochas de nous, n'a eu
aucune espèce de rapport avec les mortels ,
lesquels auraient été , durant des milliers
d'années, le jouet d'une vaine promesse,
d'une vaine attente, et resteraient pour tou
jours dans une incertitude plus cruelle mille
fois que ne le serait l'ignorance totale d'un
ÊTRE CRÉATEUR.
L'année que mourut le roi Hosias, je
vis le SEIGNEUR séant sur son trône
haut et élevé , et les pans de ses vêtemens
remplissaient le temple. Les séraphins se
tenaient au-dessus de lui, et chacun d'eux
avait six ailes. : de deux ils couvraient
leurface , de deux ils couvraient leurs
pieds, et de deux ils volaient. Et ils criaient
l'un à l'autre et disaient : Saint, saint,
I i8 LE VRAI MESSIE.
saint est JÉHOFAH, le Dieu des ar
mées : toute la terre est remplie de sa
gloire. Et les poteaux et le seuil de la porte
furent ébranlés par la voix de celui qui
criait; et la maisonfut remplie defumée.
Alors je dis: Malheur à moi ! c'estfait de
moi? carje suis un homme souillé de lè
vres, et je demeure au milieu d'un peuple
souillé de lèvres, "et mes yeux ont vu
JÉHOVAH, le Dieu hes armées (Isaïe> vi,
i,2,3,4,5).
Ce passage , aussi bien que tout le cha
pitre m qui le précède, est rempli de mots
emblématiques. Il n'y a qu'une étude lon
gue et approfondie qui pourra les faire com
prendre tous dans leurs détails. Sur plu
sieurs, nous n'avons encore que des conjec
tures. Celui du trône est le plus connu; il
signifie puissance, autorité. Les pans des
vêtemens de JÉHOVAH remplissant le
temple, offrent un emblème plus difficile à
saisir. En se rappelant, toutefois, que les'4>&-
temens de JÉSUS-CHRIST devinrent lumi
neux sur le Thabor , lors de sa transfigura
tion devant les apôtres, et en rapprochant
de cette circonstance les autres textes de
LE VRAI MESSIE. I I g
l'Écriture qui représentent Dieu comme re
vêtu de lumière, on en doit conclure que
les vêtemens sous lesquels JÉHOVAH s'est
montré quelquefois, figuraient l'éternelle
vérité , en tant que connue des hommes
auxquels il se montrait : ici Vabondance des
vérités divines maniféstéesà l'église juive; car
il est dit que les pans de ses vétemens rem
plissaient le temple.
La porte du Temple est l'introduction à
la vraie doctrine. Les ailes des séraphins si
gnifient, en général, leur agilité, leur fa
culté d'élever leurspenséesjusqu'à FETRE
DES ETRES. Mais quant à la raison pour la
quelle ces. séraphins avaient six ailes, quant
à la raison pour laquelle» les poteaux de la
porte furent ébranlés , nous n'avons pas
même osé^ jusqu'ici, former.aucune conjec
ture à cet égard, quoique nous soyons cer
tains que toutes les dimensions géométriques,
soit en hauteur, en largeur, en longueur ou
en profondeur, doivpnt avoir une significa
tion morale déterminée (i). Contentons-
(1) Les tonnes primitives des corps doivent se ré
duire à des élémens très-simples. Les nuances primi
tives des couleurs se trouvent classées dans l'iris :
120 LE- VRAI MESSIE.
nous donc de faire , en cet endroit, une re
marque plus précise. Isaïe prétend , dans
cette vision , avoir vu JEHOVAH de sespro
pres yeux , sans l'intermédiaire par Consé
quent d'aucun ange, comme l'avaient vu
d'autres prophètes ou hommes extatiques.
Comment donc l'aura-t-il vu ? Saint Jean
nous l'explique. D'aprèslui, c'était l'emblème
du MESSmftttur, sous .lequel JÉHOVAH
parut dans cette circonstance; Isaïe , dit
elles sont an nombre de sept. Les mêmes proportions
se retrouvent dans les tons et les sons , peut-être dans
les saveurs, et en général dans tous les sens de l'homme.
Le nombre des sens lui-même pourrait facilement être
porté à sept, en admettant ce qu'on pourrait appeler
des demi-sens , tels que «elui du cœur et celui de la re
production. Dites la même chose du règne minéral. Il
est probable qu'il n'existe que sept métaux primitifs,
auxquels l'extatique Bœhm attribuait la formation de
tout l'univers. Rien donc n'est plus naturel que la sup
position que les formes variées des corps, dans les
trois règnes , puissent devenir significatives de cer
taines nuances morales ; et une étude approfondie de
la langue de la nature changera probablement nos con
jectures en certitude. Le septième jour de la création ,
ou régénération de l'homme, et le sabbat ou jour
saint , ne doivent point avoir d'autre origine. Nous
reviendrons encore sur cette matière.
LE VRAI MESSIE. i2i
l'apôtre, rapporte ces choses lorsqu'il a
vu la gloire de JÉSUS-CHRIST et qu'il a
écrit de lui ( Jean xn, 4 i). ^ y a donc iden
tité parfaite de personne entre l'ETRE qui
se montra avec tant de gloire au prophète,
et CELUI avec qui l'apôtre eut le bonheur
de vivre en une sorte de familiarité sur la
terre: seulement, l'un a vu la forme angé-
lique et emblématique de CELUI qui devait
s'incarner plus tard; et l'autre a vu cette
même forme poussée , pour ainsi dire, jus
que dans le degré de l'existence matérielle,
sous laquelle l'ESSENCE DIVINE était voi
lée.
Et JÉHOVAH continua de parler avec
Achaz , en disant : Demande un signe
pour toi de JÉHOVAH, ton Dieu, soit en
haut dans le ciel, soit en bas sur la terre.
Et Achaz dit : Je n'en demanderai pas, et
je ne tenteraipas JÉHOVAH. Alors Isaïe
décria : Ecoutez maintenant , 6 maison
de David! Ce vous semble-t-ilpeu de chose
defatiguerles hommes ? Voulez-vous aussi
fatiguer Dieu ? C'est pourquoi le SEI
GNEUR lui-même vous donnera un signe.
Voici: une vierge sera enceinte, et elle
122 LE VRAI MESSIE.
ENFANTERA UN FILS , ET ELLE APPELLERA SON"
nom EMMANUEL; il mangera du beurre
ET DU MIEL, JUSQU'A CE Qu'lL SACHE REJETER
LE MAL ET CHOISIR LE BIEN. Mais , avant
que l'enfant sache rejeter le mal et choi
sir le bien , la terre que tu as en détesta-
tion , sera abandonnée par ses deux rois
(Isaïe, vu, i0, ii , i2, i3, i4, i5, i6).
A la première vue de ce passage dans
Isaïe, un lecteur ordinaire peut croire qu'il
n'y est question tout simplement que de la
ligue des rois d'Israël et de Syrie contre Jéru
salem , et de la délivrance de cette ville , sol
licitée par Achaz. Mais quand en examine
tout le chapitre de plus prés, et qu'on se
rend raison des détails ; quand on se rappelle
surtout que l'histoire entière des descendans
d'Abraham était un type ou hiéroglyphe
immense annonçant l'apparition de JÉHO-
VAH comme RÉDEMPTEUR de tous les
peuples, histoire où, comme nous l'avons
vu, les noms des lieux et des personnes, et la
vie même et toutes les démarches de celles-
ci étaient emblématiques; alors on finit par
V découvrir, avec une égale clarté, l'an
nonce positive de ce grand LIBÉRATEUR.
LE VRAI MESSIE. I a3
En effet , JEHOVAH , apparaissant sur la
terre sous le nom et la personne de JÉSUS-
CHRIST, né de la vierge nommée Marie ,
laquelle avait étéfiancée à Joseph , à la
suite d'une conception opérée immédiate
ment par la vertu créatrice, explique seul
ce prodige, qui devait être le plus étonnant
que l'on put trouver au ciel et sur la terre.
- S'il ne s'était agi là que d'une jeune fille qui
dût se marier , qui dût avoir des enfans
comme toute autre femme, que l'un de ses
enfans dût être appelé Emmanuel^ qu'enfin
cet enfant dût manger réellement du beurre
et du miel, ce n'eût point été là un miracle
que l'on dût chercher bien loin. Que l'on se
dépouille donc de tout préjugé , et surtout
que l'on se familiarise avec la langue des pro
phètes, en étudiant l'ensemble de leurs dis
cours; on verra encore clairement, sous
l'emblème cité, qu'il y est toujours question
du plan immense conçu parJEHOVAH pour
se faire reconnaître de ses créatures déchues;
plan, nous le répétons, suivi avec une exac
titude si divine, depuis l'époque la plus recu
lée des annales humaines jusqu'à nos jours,
124 LE VRAI MESSIE.
qu'un être d'une sagesse infinie pouvait seul
l'exécuter, et qui prouve par conséquent
que JÉHOVAH est seul le MAITRE ÉTER
NEL des anges et des hommes, quoiqu'il pa
raisse au milieu d'eux sous une forme ana
logue à la leur, et qu'il ait semblé à plusieurs
n'être que l'un d'entre eux.
EMMANUEL , dans la langue hébraïque ,
signifie Dieu avec nous. Dans la langue de
la nature, le beurre doit signifier la richesse
de l'amour de Dieu; le roze/, la douceur de sa
loi. Quant aux divers rois qui sont ici repré
sentés comme se faisant la guerre, l'un, ce
lui de Jérusalem , doit représenter une
doctrine vraie; les autres , les erreurs con
traires.
Rendez gloire à la sainteté de JÉHO
VAH , le Dieu des armées ; qu'il soit lui-
même votre crainte et votre terreur, et il
deviendra votre SANCTUAIRE. 72 sera
une pierre d'achoppement , une pierre de
scandale pour les deuoc maisons d'Israël ,
un piège et un sujet de ruine à ceux qui
habitent dans Jérusalem. Plusieurs d'en
tre eux se heurteront contre cette pierre ;
LE. VRAI MESSIE. i25
ils tomberont et se briseront; ils s'engage
ront dans le filet , et ils y seront pris
(Isaie, vin, ï3, i4, i5, i6).
JÉSUS-CHRIST ne saurait être méconnu
dans ce passage, non - seulement comme
MESSIE, tel qu'on l'entend communément,
mais comme JEHOVAH en personne. D'a
près le prophète, ce n'était point un envoyé
de JEHOVAH, ni un fils de JEHOVAH
distinct de lui quant à la personnalité, mais
JEHOVAH le Dieu des armées lui-même ,
qui devait être la crainte d'Israël, qui devait
devenir son sanctuaire et une pierre d'a
choppement pour ses deux maisons. Aussi
l'apôtre ne s'y méprend -il pas : La pierre ,
dit-il aux Juifs, que les architectes ont re
jetée , et qui néanmoins est devenue la
pierre de l'angle, leurest unepierre contre
laquelle ils se heurtent , et une pierre oui
lesfait tomber (I. de Saint-Pierre, n, 7, 8).
L'expression de sanctuaire , employée
par le prophète, est remarquable en ce que
JÉSUS-CHRIST s'est lui-même dit plus tard
le sanctuaire ou temple d'Israël : Détruisez
ce temple; dans troisjours je le rebâtirai
(Jean, 11, 9).
I2Ô 1E VRAI MESSIE.
Temple , comme nous l'avons déjà remar
que, signifie un ensemble de vérités rela
tives à la connaissance de Dieu et à son
culte. Le temple et la maisondu SEIGNEUR
signifient aussi souvent le ciel et le bonheur
que Vony goûte. Pierre signifie générale
ment Dieu ,foi enDieu, ou vérité divine ,
par toutes les Saintes-Écritures.
Un PETIT ENFANT nous est né, et un
ELLS nous a été donné; il portera sur son
épaule la marque de sa principauté; il
sera appelé ADMIRABLE , CONCILIA
TEUR, DIEU, HÉROS, PÈRE DU SIÈCLE
FUTUR, PRINCE DE LA PAIX. Son em
pire s'étendra de plus en plus , et la paix
qu'il établira n'aura point de fin. //
s'asseoira surle trône de David, et il pos
sédera son royaume pour Vaffermir et le
fortifier dans l'équité et dans la justice
depuis ce temps jusqu'à jamais. Le zèle de
JÉHOVAH-ZEBAOTH/ëm ce que je dis
(Isaïe,ix, 6, 7).
En prenant , comme l'on doit , tous les
mots figurés du prophète pour autant d'em
blèmes naturels et pleins de vérité , plutôt
que pour des expressions emphatiques con
LE VRAI MESSIE. I27
formes à ce qu'on appelle le génie oriental ,
on trouve dans ce passage une prophétie
aussi claire qu'incontestable de l'apparition
de JÉHOVAH sur notre terre, visitant ses
enfans pour les sauver, et ne se faisant con
naître que par degrés , afin de ne point ef
frayer l'esprit humain par la vue subite de
l'AMOUR INFINI. Le CRÉATEUR s'est vé
ritablement montré parmi nous comme un
de ces bons princes qui se font un plaisir de
cacher leur dignité royale sous un habit
commun pour visiter une chaumière pen
dant la nuit, et ne faire deviner leur passage
que par leur munificence. Et qu'on ne dise
pas que cette comparaison est un blasphème :
le SEIGNEUR lui-même nous accoutume à
un pareil langage dans les Saintes-Écritures.
Il se plaît dans le simple titre de David et de
roi d'Israël , c'est-à-dire, roi de tous ceux
qui veulent bien être de ses sujets; et les
hommes qui ont un cœur comprennent
tout ce que renferment de pareils titres.
Dans le passage que nous venons de citer ,
Dieu s'annonce même sous la dénomination
d'un petit enfant , tfun fils ; noms qui ne
respirent et ne rappellent que la douceur >
i28 LE VRAI MESSIE.
Vinnocence , la confiance et Vamour. L'em
blème du petit enfant est un emblème trop
cher et trop connu, pour exiger une expli
cation. Les anges les plus parfaits sont ces
enfans célestes qui voient toujours laface
du PÈRE. Vdivfils, Isaie n'entend pas en cet
endroit unfils éternel de Dieu : il n'entend
pas même Vhumanité de JÉSUS- CHRIST ,
qui devait avoir un vrai rapport de filiation
avec JÉHOVAH revêtissant notre chair, et
se faisant pauvre pour nous enrichir : Isaïe
ne parle réellement que dufils de l'homme^
c'est-à-dire , du Dieu humilié et anéanti
par amour pour l'homme. C'est aussi là le
titre que JÉSUS-CHRIST s'est donné le plus
ordinairement lui-même pendant sa vie mor
telle. Pendant les démarches de son amour
sur notre terre, il était éminemment le fils
de l'homme. Ce petit enfant , cefils devait
être, en outre , lui-même le PÈRE du siècle
futur; et si JÉSUS-CHRIST est le PÈRE en
personne, il ne peut donc être FILS qu'au
figuré. Le même être ineffable, la même
personne divine sera PÈRE en tant que
CRÉATEUR, et FILS en tant que RÉ
DEMPTEUR.
LE VRAI MESSiE\ f2Q
Uépaule^ dans la langue de la nature , si
gnifie laforce ou la puissance. La marque
de la royauté du petit enfant devait être la
croix! Par le zèle de JÉHOVAH , il faut en
tendre son amour. Le reste du chapitre ix
est rempli d'expressions emblématiques ,
ainsi que tout le chapitre x. Le lecteur
pourra facilement en deviner la signification
naturelle, quand il saura qu'il n'est ques
tion d'un bout à l'autre, dans ces deux cha
pitres, que de la décadence et de la perver
sion entière de l'Eglise israélite , et de la
restauration dela société des enfans de Dieu
par l'apparition du SEIGNEUR.
Il sortira un rejeton de la tige de Jessé
et unefleur naîtra de sa racine. Et Ves-
prit de JEHOVAH se reposera sur lui:
l'espatde sagesse et d'intelligence , Vesprit
de Conseil et deforce , l'esprit de science et
de piété; et il sera rempli de Vesprit de la
crainte de JEHOVAH. Il ne jugera point
sur le rapport des yeux , et Une condam
nera point sur un ouï-dire ; mais iljugera
les pauvres dans lajustice, et il se décla
rera le vengeur des humbles qu'on op
prime. Ilfrappera la terre de la verge de
6..
l3o LE VRAI MESSIE.
sa bouche , et il tuera l'impie par le souffle
de ses lèvres. Lajustice sera la ceinture
de ses reins , et la fidélité la ceinture de
ses flancs. Le loup demeurera alors avec
l'agneau , et le léopard gîtera avec le che
vreau. Le veau , le lionceau et le bétail
qu'on engraisse seront confondus ensem
ble , et un petit enfant les conduira. La
jeune vache paîtra avec l'ours , leurs pe
tits gîteront ensemble , et le lion mangera
dufourrage comme le bœuf. L'enfant qui
tette s'ébattra sur le trdu de l'aspic , et
l'enfant qu'on sevré mettra sa main dans
la caverne du basilic. Aucun ne nuira ni
nefera aucun dommage'surma montagne
sainte , parce que la terre aura été rem
plie de la connaissance de JEHOVAH ,
comme le bassin de la mer est rempli des
eaux qui le couvrent. En ce jour-là , le
rejeton de Jessé sera exposé comme on
étendard devant tous les peuples ; les na
tions viendront lui offrir leurs prières, et
son sépulcre sera glorieux. Alors le SEI
GNEUR étendra sa main plus loin, pour
acquérir le résidu de son peuple qui sera
demeuré de reste en Assyrie , en Egypte ,
LE VRAI MESSIE". ï3<
à Patras , à Cus , à Hélam , à Sinhar, à
Hamath et dans les îles de la mer : il
élevera son étendard parmi les nations ,
et assemblera les Israélites qui auront été
chassés , et recueillera des quatre coins
de la terre ceux de Juda qui auront été
dispersés (fsaïe, xi, de i à i3).
Il faudrait être bien aveugle et bien préoc
cupé, pour prétendre que de pareilles prédic
tions n'avaient de rapport qu'au petit gouver
nement temporel des Juifs. Ce peuple et son
gouvernement ne sont donc icique l'emblème
d'un peuple et d'un gouvernement plus inté-
ressans. Le royaume dont parle le prophète
est un royaume spirituel dont le roi est éter
nel , le royaume, par conséquent, de JÉ-
HOVAH et de ses immortels enfans. Mais
examinons quelques emblèmes de détail.
Rejeton et /leur sont compris aisément :
nous remarquerons simplement que ces deux
emblèmes, trop insignifians pour caractériser
une personne réelle , éternelle et distincte,
dans l'essence de JEHOVAH, semblent avoir
été choisis exprés pour écarter cette idée. Ils
indiquent que Dieu , se revètissant de chair;
ne déploiera sa divinité que peu à peu, et qu'it
l32 LE VRAI MESSIE.
croîtra insensiblement en sagesse, en âge
et en grâce devant Dieu et les hommes 7
jusqu'à ce qu'il atteigne la plénitude de la
divinité, et que JEHOVAH apparaisse en
lui corporellement. Li'aspic et le basilic ,
espèces particulières de serpens, ne sont que
des nuances de l'emblème du serpent en
général ; et ils offrent une preuve incontes
table que tous les autres animaux qui sont
nommés ici, ne représentent également
qu'autant de nuances variées du caractère
moral de l'homme dégradé , quoiqu'il soit
difficile d'assigner aujourd'hui tous les degrés
particuliers de perversité que le prophète
avait en vue. Les emblèmes du loup et de
Vagneau sont les seuls qui nous soient res
tés familiers depuis l'introduction des mots
de convention dans la morale; et encore
n'en connaissons-nous pas toute l'étendue.
hafoin dont le prophète dit que le lion fera
sa nourriture comme le bœuf, doit repré
senter un moyen d'acquisition de certaines
qualités morales , de la connaissance par
conséquent et de l'amour de la vérité et de la
vertu. Quant à l'ensemble du passage, il est
hors de toute espèce de doute qu'il annonce
LE VRAI MESSIE. i 33
la paix entière et parfaite, le bonheur inal
térable et éternel qui devait s'établir dans la
société de ceux qui s'attacheraient à JÉHO-
WU.Uétendard que le SEIGNEUR devait
élever d'abord parmi les peuples , puis
parmi les nations idolâtres, est évidemment
la croix de JÉSUS-CHRIST : Quand vous
aurez élevé le Fils de l'homme (le rejeton
de Jessé, lefils de David), alors toutes les
nations s'assembleront autour de lui, dit
le SAUVEUR. C'est de la tombe de JÉSUS-
CHRISTqu'est sortie cette gloire qui lui a at
tiré des adorateurs.
Il est inutile de remarquer que ce sont ces
sept différens esprits qui selon le prophète
devaient remplir le RÉDEMPTEUR, qui ont
donné lieu à ce que l'on a appelé, depuis, les
sept dons du Saint-Esprit. Saint Jean a vu
la même chose figurée par sept lumières
brillant devant le trône de Dieu, qu'on lui dit
être les sept esprits de Dieu. Et on voit
combien on a eu tort de faire de l'esprit de
Dieu une personne distincte dans l'essence
divine : erreur pour laquelle l'Écriture n'offre
aucun prétexte, et bien plus impardonnable
encore que celle qui distingue dans JÉHO
l34 LE VRAI MESSIE.
VAH la personne particulière d'un FILS.
Nous verrons dans le chapitre suivant que le
vent (en latin spiritus, esprit) est l'emblème
naturel de l'action du Dieu cachér en tant
qu'elle est invisible comme le vent; de même
que les oiseaux, et en particulier la colombe,
sont à leur tour les emblèmes du vent et de
l'atmosphère terrestre inapperceptibles à
nos yeux par eux-mêmes, et nécessairement
représentéspardesemblèmesapperceptibles.
Saint Paul appelle tous les esprits dégradés,
ou les hommes transformés et devenus invi
sibles à l'œil de chair , les puissances de
l'air.
La malédiction de Babel, qu'Isaïe,
fils d'Amoz, a vue. Élevez l'enseigne sur
la haute montagne; élevez la voix vers
eux; remuez la main, et qu'on entre dans
les portes des orgueilleux. C'est moi qui
ai donné charge à ceux qui me sont dé
voués, et j'ai appelé mes hommes Jbrts
pour exécuter mes rigueurs : ils se réjouis
sent à cause de ma grandeur. Il y a sur
les montagnes un bruit d'une multitude ,
tel qu'est celui d'un grand peuple , la bruit
du son éclatant des royaumes et des na
LE VRAI MESSIE. i 35
tions assemblées. JÉHOVAH , le Dieu des
années,fait sa revue pour le combat. JÉ
HOVAH et les instrumens de son indigna
tion viennent d'un pays éloigné, du bout
des cieux, pour détruire la terre.... La
journée de JÉHOVAH est venue : elle n'est
quefureur et ardeur et colere , pour ré
duire le pays en désolation , et il en exter
minera les pécheurs. Même les étoiles des
deux et leurs astres neferont point luire
leurs clartés ; le soleil s'obscurcira quand
il se levera , et la lune ne fera point res
plendir sa lueur. Je punirai le monde ha
bitable à cause de sa malice , et les mé-
chans à cause de leur iniquité. Jeferai
cesser l'arrogance desjïers, etj'abaisserai
la hauteur des tyrans (Isaïe , xm, i, 2, 3,
4,5,9,i0,ii).
C'est l'empire de l'orgueil que JÉHOVAH
promet iei de venir détruire en personne. Il
est généralement reconnu que Babel est
l'emblème de ce vice odieux. Dans les cha
pitres suivans, jusqu'au vingt-quatrième in
clusivement , le prophète annonce de même
la destruction de tous les autres vices repré
sentés par d'autres villes fameuses, ou d'autres
l36 LE VRAI MESSIE.
pays connus par différens désordres, tels que
Tyr, Moab, l'Egypte, l'Assyrie. Si on ne con
naît pas aussi clairement quels sont les vices
particuliers signifiés par ces divers pays et
villes, comme on le connaît de Babel , c'est
simplement parce que ce dernier emblème
s'est conservé, et que les autres ont été per
dus. Et qu'il soit ici question d'une guerre
faite aux désordres moraux, communs à
toutes les nations dégradées, communs
même à tout individu déchu du caractère
de l'homme parfait , plutôt que de guerres
•réelles entre ces divers pays, le prophète le
déclare formellement. JÉHOVAH, dit -il,
viendra pour réduire le pays en désola
tion, et pour en exterminer tous les pé
cheurs.
Mais , demandeiâ-t-on , comment recon
naître la douceur et l'humilité de JÉSUS-
CHRIST sous ces images terribles par les
quelles le prophète annonce la visite de JE-
HOVAH? Nous répondons que ceci se com
prend très-bien par celui qui a pénétré tout
le génie de la langue de la nature : il con
çoit facilement comment l'amour peut être
appelé quelquefois zèle, justice, vengeance
LE VRAI MESSIE. i3t
et même colère etfureur, surtout quand il
se rappelle que les apparences sont telles. Ce
sont les hommes eux-mêmes qui se trou
blent et s'effraient à l'approche de leur
ÉTERNEL MAITRE. C'est la grandeur de
son amour elle-même qui enflamme la haine
et la colère de ceux qui lui résistent; c'est le
feu de leurs propres passions qui dévore
ces derniers à l'approche d'une miséricorde
qu'ils ne veulent ni reconnaître ni recevoir.
Si JÉHOVAH, en visitant notre malheureuse
retraite, a répandu du sang, ce n'a été que
le sien : les passions humaines seules ont
fait couler celui qui a été versé à l'occasion
de sa religion.
Les autres emblèmes de ce passage se
comprennent aisément', ou seront expliqués
plus tard. \j obscurcissement du soleil et de
tous les astres indique le moment de la
plus profonde ignorance et de la plus pro
fonde barbarie , quand le CRÉATEUR mé
connu est obligé de se manifester d'une
manière extraordinaire. L'emblème des té
nèbres a accompagné physiquement et mo
ralement la mort du RÉDEMPTEUR.
JÉHOVAH , le Dieu des armées , prépa~
l38 LE VRAI MESSIE.
rera à tous les peuples sur cette montagne
unfestin de viandes délicieuses et unfes
tin de vin , des viandes pleines de suc et
de moelle , un vin pur et sans aucune lie.
Il brisera sur cette montagne cette chaîne
qui tenait liés tous les peuples. Il rompra
cette toile que l'ennemiavait ourdie, etqui
enveloppait toutes les nations. Il précipi
tera la mortpourjamais; et le SEIGNEUR-
DIEU (ADONAI-JÉHOLB>ecAera les lar
mes de tous lesyeux ; il effacera de dessus
la terre l'opprobre de son peuple.... En ce
jour-là,sonpeuple dira : c'est la vraiment
celui qui est notre Dieu; nous l'avons at
tendu, et il nous sauvera : c'est luiqui est
JEHOVAH ; nous l'avons attendu long
temps , et maintenant nous serons dans
l'allégresse , nous serons ravis dejoie dans
le salut qu'il nous a donné (Isaïe, xiv, 6,
7/8,9)-
Montagne , dans le sens favorable ,
comme nous l'avons déjà dit , signifie une
élévation vers Dieu ; ici, par conséquent,
une société ou église remplie de la connais
sance et de l'amour de Dieu. Les viandes
et le vin ^ comme nourriture, dans le sens
LE VRAI MESSIE. \3g
moral, ne peuvent représenter que les bons
désirs et les vérités pures , ou le plaisir de
faire le bien et la jouissance de connaître
le vrai. Ici, toutes ces choses dans leur der-
nier degré de perfection; car il est dit que
les viandes seront délicieuses et le vin sans
aucune lie. C'est dans ce mê,me sens, quoi
que dans un degré plus sublime, que JÉ
SUS-CHRIST a dit depuis que les hommes
doivent mangersa chair et boire son sang
pour avoir la vie. La mort précipitée pour
jamais ne peut être que la mort éternelle,
la mort prise au sens moral. Mais voyez
comment ,l'identité de la personne de JÉ-«
HOVAH et de JÉSUS-CHRIST est encore
une fois clairement exprimée en cet endroit :
En ce jour-là , le peuple de JÉHOVAH
dira : c'est là vraiment celui qui est notre
Dieu, c'est lui qui est JÉHOVAH; nous
l'avons attendu long-temps ; mais main
tenant nous serons dans l'allégresse, nous
serons ravis de joie dans le salut qu'il
nous a donné. Ces paroles ne prêtent véri
tablement à aucune amphibologie; et il est
absolument impossible de méconnaître dans
ce passage, bien examiné et comparé avec
l4o LE VRAI MESSIE.
d'autres passages semblables , la restaura
tion de l'Eglise juive, ou plutôt la substitu
tion de l'Eglise chrétienne qui devait lui être
faite par JÉHOVAH, et la conversion des
Gentils. Tous les chapitres suivans ne son
qu'une explication détaillée de ce grand évé
nement, et de la manière dont il devait s'ac
complir. Partout la vanité des sciences hu
maines est dépeinte sous l'emblème* de
VEgypte; partout le prophète montre l'im
possibilité d'établir le bonheur sur la terre
autrement que par le retour des peuples au
SEIGNEUR. Et ce même SEIGNEUR, con
sidéré, comme CRÉATEUR, il l'appelle JE-
HOVAH; considéré comme RÉDEMPTEUR,
ill'appelle ADONAI-JÉHOIH. A mesure que
l'on fera des progrès dans l'étude des em
blèmes naturels , on verra ces choses plus
clairement. Passons au chapitre xl , intelli
gible même pour ceux qui n'auraient aucune
idée d'une langue de la nature.
Consolez - vous , consolez - vous , mon
peuple, dit votre Dieu; parlez à Jérusa
lem selon son cœur, et lui annoncez que
son temps est arrivé, que son iniquité est
tenue pour acquittée , et qu'elle a reçu de
LE VRAI MESSIE. I/fl
la main de JÉHOVAH le doublepour tous
ses péchés. On a entendu la voix de celui
qui crie dans le désert : préparez la voie
deJÉHOVAH; rendez droits dans la soli
tude les sentiers de notre Dieu. Toute
VALLÉE SERA COMBLÉE, ET TOUTE MONTAGNE
ET TOUT COTEAU SERONT ABAISSÉS , et les
chemins tortueux seront redressés, et les
lieux raboteux seront aplanis. Alors la
gloire de JÉHOVAH se manifestera , et
toute chair la verra en même temps ; car
la bouche de JÉHOVAH a parlé Voici
JÉHOVAH-Z^'ew qui vient dans sa puis
sance ; il dominera par la force de son
bras. Ilporte avec lui les récompenses, et il
tiententre ses mains le prix des travaux. Il
menera son peuple dans les pâturages
comme un pasteur qui paît ses brebis. Il
assemblera les petits agneaux entre ses
bras , il les placera dans son sein, et con
duira celles qui allaitent (Isaïe, xn, i, a,
3,4/5, i0 i i).
Nous engageons le lecteur à lire ce cha
pitre en entier : il se convaincra pleinement
que le JÉHOVAH dont il est ici question
n'est autre que ce JÉSUS dont le précurseur
l/\1 LE VRAI MESSIE.
Jean a préparé Ici voie (Matth., m, 3) ; le
même qui a dit depuis : Je suis le bon pas
teur, je donne ma vie pour mes brebis
(Jean, x, 2); le même qui nous avertit, par
la bouche du disciple bien aimé, de nous te
nir prêts pour son second avènement : Je
vais venir bientôt, et j'ai ma récompense
avec moipour rendre à chacun selon ses
œuvres (Apoc, xxn, i 2). Tous les emblèmes
naturels dans ce passage peuvent être com
pris sans une explication particulière. La
vallée, prise en bonnepart, représente Vhu-
milité; en mauvaise part , la bassesse. Les
petits agneaux sont lesfidèles exicovefai
bles. Le sein de Dieu , c'est son amour. Al~
j,iter, c'est enseigner la charité et hvérité^
à cause de l'emblème des seins et du lait.
Voici mon serviteur dont je prendrai
la défense ; voici mon élu dans lequel mon
ame a mis toute son affection. Je répan
drai mon esprit sur lui, et il annoncera
la justice aux nations. Il ne criera point^
et il ne haussera ni nefera ouïr sa voix
dans les rues. Il ne brisera point le roseau
CASSÉ , ET N'ÉTEINDRA POINT LE LUMIGNON
fumant. 77 mettra avant tout lejugement
LE VRAI MESSIE. i 43
et la vérité. Il ne se retirera point et ne se
désistera point qu'il n'ait mis ordre sur la
terre; et les îles espéreront en lui. Ainsi a
dit JÉHOVAH-DIEU, qui a créé les cieux
et qui les a étendus , qui a préparé la terre
et tout ce qu'elle produit, qui donne la
respiration à ses habitans et Vesprit à
ceux qui y marchent. MOI JÉHOVAH
je t'ai appelé pour lajustice ; je prendrai
ta main et je te garderai; je t'établirai
l'alliance despeuples et la lumière des na
tions^ afin d'ouvrir lesyeux des aveugles,
de retirer les prisonniers des souterrains
oit ils sont enfermés , et d"•amener ceux qui
sont dans les ténèbres à la lumière du
jour. Je suis JÉHOVAH , c'est là le nom
qui m'est propre , etje ne donneraipoint
ma gloire à un autre (Isaïe , xlii, de i à g),
lsaïe parle à la vérité ici de Cyrus, roi de
Perse, qu'il nomme par son nom plusieurs
siècles avan t sa naissance; mais ceroi,quoi-
quepaïen, devait lui-même, dans le moment
de son expédition, devenir un emblème de
certaines démarches particulières du MES
SIE , comme Abraham idolâtre l'était de-
venul ong-temps avant lui .Cesont les vie
l44 LE VRAI MESSIE.
toires que la bonté et l'amour de Dieu de
vaient remporter sur le vice et l'erreur parmi
les hommes, qui sont ainsi représentées par
des conquêtes et des triomphes terrestres ; et
c'est avec raison que les apôtres ont appliqué
ces divers passages au RÉDEMPTEUR ,
quand ils ont écrit l'histoire de sa vie. C'est
du reste toujours JEHOVAH qui s'annonce,
et qui ne reconnaît aucune autre personne
qui soit digne de partager sa gloire.
II faut se rappeler que quand une fois un
emblème est adopté par les écrivains sacrés,
ils le poursuivent ensuite, selon l'occasion,
dans toutes ses branches. Ainsi, la mer et
les Jleuves ayant leur signification , le ro
seau en a une analogue; le feu ayant la
sienne, le lumignon, et même Xafumée qui
en sort, en conservent une semblable. R est
d'ordinaire assez facile de deviner ces rap
ports une fois qu'on est sur la voie. Nous
dirons seulement que la grandeur des ob
jets, à moins qu'elle ne soit elle-même un
emblème distinct, n'y est pour rien dans la
signification , et que la mêchefumante est
aussi significative qu'une machine à va
LE VRAI MESSIE. 1^5
peur, ou que le cratère d'un volcan, quand
elle est bien appliquée à son objet.
Écoutez-moi donc maintenant, vous ,
Jacob, mon serviteur, et vous, Israël, que
j'ai choisis. Ainsi a dit JÉHOVAH , qui
vous aformés dès le sein. Ne crains point,
Jacob , ni toijuste , mon élu; car je ré
pandrai les eaux sur celui qui est altéré,
et des rivières sur la terre sèche ; je répan
drai mon esprit sur la postérité et ma bé*
nédiction surceux qui sortiront de toi. Ils
germeront parmi les herbages comme les
saules plantés sur les eaux courantes.
L'un dira: je suis à JEHOVAH; l'autre se
glorifiera du nom de Jacob. Un autre
écrira sur sa- main : je suis à JÉHOVAH;
et un autre prendra le surnom d'Israël.
Ainsi a <to /'ÉTERNEL, le ROI D'ISRAËL
et son RÉDEMPTEUR ,JÉHOVAH, le Dieu
des aimées: Je suis le PREMIER et leDER-
NIER, et il n'y a point d'autre Dieu que
MOI (Isaïe, xliv, i, 2, 3, 4? 5,6).*
Il faut également lire ce chapitre en entier.
JEHOVAH s'y déclare encore , et à plusieurs
reprises, SEUL DIEU, SEUL CRÉATEUR
et SEUL RÉDEMPTEUR. Où trouverez -
7
l/fi LE VRAI MESSIE.
vous, dit-ilr un créateur autre que moi?
En existe-t-ilpeut-être un queje ne con
naisse point ? S'il y avait réellement dans
son essence un Fils éternel, distinct de lui
comme personne , JEHOVAH ne l'eût-il
pas déclaré en cet endroit, afin que nul ne
s'y trompât, et qu'on lui rendît des homma
ges divins comme au PERE? S'il y avait sur
tout trois personnes distinctes en lui , son
espritformant la troisième, n'était-ce point
le lieu de le" proclamer hautement? Loin de
là : JÉHOVAH ne cesse de répéter qu'il est
seul, qu'il est unique; il porte même le défi
à Israël de lui faire connaître un Créateur
et un Rédempteurautre que lui. C'est donc
ce même JÉHOVAH, unique en être et en
personne, qui a répété depuis , par saint
Jean , dans son Apocalypse ou Révélation ,
ce qu'il avait déclaré ici par Isaïe : Je suis
/'ALPHA et /'OMEGA, le PREMIER et le
DERNIER, le PRINCIPE et k FIN , le RE
JETON et le FILS DE DAVID (Jpoc. , xx,
i3, i6). Il est impossible de méconnaître,
dans ces sortes de passages, l'intention for
melle du SEIGNEUR de faire bien connaître
Vunité de son être avant toute autre chose,
(^^"X,
LE VRAI MESSIE. 1^>J
pour éviter par-là toute espèce d'idolâtrie.
Dans le chapitre précédent, il avait répété
jusqu'à tix fois la même vérité : C'est MOI,
c'est MOI qui suis JÉHOVÀH , avait-il dit ,
et hors de MOI il n'y apoint de SAUVEUR ;
c'est MOI-MEME qui vous ai annoncé les
chosesfutures, et c'estMOlquivous aisau
vés; c'est MOI, le SAINT d'Israël, qui vous
airachetés; cWMOI, c'est MOI-MÊME qui
efface vos iniquités pourl'amour JeMOI ,
et pour neplus me souvenir de vos péchés.
Il n'est point de véritéqui soitaussi souvent ré-
pétéeniaussi fortement inculquéeque celle-ci
dans toute l'Ecriture-Sainte. Combien donc
les théologiens et les conciles auraient-ils dû
craindre de changer la triple essence de
JÉHOVAH , en tant que considéré par
l'homme, en trois personnes réellement
distinctes , tandis que le contraire était par
tout intimé dans l'Ancien Testament , et que
les apôtres avalent tous parlé dans le même
sens! Le SEIGNEUR est SAUVEUR selon
saitit Pierre, et leSAUVEUR est SEIGNEUR.
JÉSUS-CHRIST, selon saint Jean , est lui-
même le vrai Dieu et la vie éternelle , quoi
qu'il soit appelé Fils à cause de son incar
î4$ LE VRAI MESSIE.
nationale tout d'après la déclaration formelle
de leur MAITRE et du nôtre : MOI et le
PÈRE nous sommes une même chose; celui
qui ME voit , voit le PÈRE. Pour en revenir
au passage d'Isaïe, l'expression de S'aint d'I
sraël est aussi formelle pour désigner le
CRÉATEUR que celle de JÉHOVAH. Le
«oro d'une chose, dans la langue de la na
ture, signifie Vessence de' cette chose : le
nom de Dieu signifie par conséquent Ves-
sence de Dieu. Dieu, comme l'on voit, met
en cet endroit les noms de Jéhovah, d'Israël
et de Jacob, sur la même ligne : preuve évi
dente que ces derniers étaient en même
temps les noms d'hommes et de peuples, et
les emblèmes de JÉHOVAH, envisagé sous
certains rapports particuliers. Il en est comme
du nom de David et d'un grand nombre
d'autres.
yiinsi a dit JÉHOVAH à son oint , à
Cjrus : Je t'ai appelé par Ion nom ,^t je
t'ai nommée bien que tu ne me connusses
point (Cyrus ne devait naître, et connaître
par conséquent le SEIGNEUR qu'au bout de
plusieurs siècles); je suis JÉHOVAH, et il
n'y en a point d'autre; il n'y a point
LE VRAI MESSIE. i 4g
de Dieu que moi. Je t'ai ceint, quoique tu
ne me connusses point, afin que l'on ap
prenne de l'Orient au Couchant qu'il n'y
a point d'autre que MOI JÉHOVAH UNI-
QUE, quiforme la lumière et qui crée les
ténèbres , quiproduis le bonheur et le mal
heur. O cieux ! envoyez la rosée d'en haut;
que les nuées distillent le JUSTE ; que la
terre s'ouvre et produise le SAUVEUR.
C'est MOI JÉHOVAH qui ai créé ces mer
veilles Voici ce que dit JÉHOVAH :
L'Egypte avec tous ses travaux , l'E
thiopie avec ses richesses , et Saba avec
ses grands hommes ^passeront vers vous ,
ô Israël! ils vous appartiendront et mar
cheront à votre suite; ils viendront , les
fers aux mains , et ils diront : Il n'y a de
Lfteu cjuo psimni atous : il riV cl point d'au
tre Dieu que le vôtre. Fous êtes vraiment
le DIEU CACHÉ, o DIEU D'ISRAËL, DIEU
SAUVEUR! Les fabricateurs de l'erreur
ont tous été confondus; ils rougissent de
honte; ils sont couverts de confusion :
mais Israël a reçu du SEIGNEUR un salut
éternel : il 'ne rougira jamais, et ne sera
point confondu dans les siècles éternels.
l5o LE VRAI MESSIE.
Voici ce que dit le SEIGNEUR : Je suis
JÉHOVAH, et il n'y a point d'autre Dieu
que moi. Je n'aijamais parié en secret ni
dans quelque coin obscur de la terre! Ce
n'est point en vain que J'ai dit à la race
de Jacob : Reeherchez-moi, carje suis le
SEIGNEUR qui enseigne lajustice, et qui
annonce la droiture et la vérité. Assem
blez-vous , approchez , vous tous qui avez
été sauvés des nations parlez: qui a
annoncé ces merveilles dès le commence
ment? Qui les aprédites dès les premiers
temps ? N'est-cepointMOUÉUOYAH, qui
ne reconnais point d'égal ? N'est-ce point
MOI, le seul Dieujuste et capable de sau
ver ? Convertissez-vous donc à MOI , peu
ples de toute la terre, et vous serez sauvés,
pfl.Vf.P nue Tir SUIS H H-™» wnrçuu , JST HORS
de MOI, il n'y en a point d'autre. J'aijuré
par MOI-MÊME; cette parole de justice
est sortie de ma bouche, et elle ne sera
point vaine : c'est que tout genoufléchira
devant MOI, et que toute languejurera
/wMON NOM. Lajustice, dira-t-on, et
laforce sont à JÉHOVAH; tous ceux qui
viendront contre lui, tous ceux qui vou
LE VRAI MESSIE. l5l
dront luifaire la guerre seront anéantis ,•
mais la postérité d'Israël serajustifiée, et
se glorifiera en son Dieu ( Isaïe , xlv , pres-
qu'entier).
II faudrait plus que de la mauvaise foi
pour soutenir qu'il n'est question ici que des
guerres du peuple juif, et de ses triomphes
sur ses voisins. Dans le vrai, il n'est pas plu
tôt question ici d'un peuple que d'un autre :
tout vrai adorateur de JEHOVAH est en
fant d'Abraham; tout homme sérieuse
ment converti est hébreu et Israélite ; et
c'est bien à pure perte que nos prétendus
sages se sont appliqués à ravaler le peuple
juif comme nation: il était aussi bien ques
tion d'eux-mêmes, dans ces transactions,
que de ceux dont leur haine cherchait avec
tant de soin à nous faire remarquer les fai
blesses et la perversité. Que si JEHOVAH a
effectivement remporté les triomphes qu'il
annonçait ici, il ne les a évidemment rem
portés qu'en paraissant sous la forme du
CHRIST, et en devenant le pontife éternel
selon l'ordre de Melchisédec. Chose éton
nante! U faut le répéter jusqu'à satiété : dans
aucun endroit des Saintes-Écritures il ne se
l52 LÉ VRAI MESSIE.
trouve une seule expression qui insinuerait
que JEHOVAH dût nous sauver par un au
tre que lui, qu'il dût nous racheter par un
Fils distinct de sa personne : au contraire ,
il est-reprsenté partout commejaloux d'ê
tre seul DIEU et seul SAUVEUR. Dieu ,
dans l'Ancien Testament, nous parle sou
vent de tous ses attributs divers, de toutes
ses diverses qualités; il se dit étemel, im
mense , infini, tout-puissant, miséricor
dieux, vrai, juste ; et jamais un mot de
deux personnes distinctes qui doivent se
trouver dans son essence. Que l'on juge
par-là de quel côté est la vérité.
Ces expressions, Dieu crée les ténèbres ,
Dieu crée le malheur, dont des hommes
superficiels ont abusé, prouvent clairement
qu'il faut prendre tout ce passage au figuré,
et entendre par la lumière ceux qui sont dans
la vérité, et par les ténèbres, ceux qui sont
dans le mensonge. Tous ceux qui restent dan s
les ténèbres ne sont malheureux que parleur
propre faute; et Dieu n'a ordonné, ou per
mis, leurs souffrances que conformément h
sa sagesse infinie qui veut que l'homme ne
cherche que le vrai bonheur»
\.
LE VRAI MESSIE. l53
Lesroisserontvos nourriciers et les.reines
vos nourrices. Ils vous adoreront en bais
sant le visage contre terre ; ils baiseront
la poussière de vos pieds ; et vous saurez
que c'est MOI qui suis JÉHOVAH, et que
ceux qui rriattendent ne seront jamais
confondus. Peut-on ravir à un géant la
proie dont il s'est saisi , et enlever à un
hommefort ceux qu'il a rendus ses cap
tifs ? Voici ce que dit JÉHOVAH : Les cap
tifs du géant lui seront ravis , et ceux
que l'homme fort avait pris lui seront
arrachés des mains. Je jugerai MOI-
MÊME ceux qui vous avaient jugés , et
je sauverai vos enfans. Jeferai manger
à vos ennemis leur propre chair, je les
enivrerai de leurpropre sang comme d'un
vin nouveau; et toute chair saura que
c'est MOI qui suis JEHOVAII qui vous
sauve, et que le PUISSANT DIEU DE JA
COB est votre RÉDEMPTEUR (Isaïe,xLix,
23, 24, ?5, 26).
Si cette prophétie n!a point été accomplie
en JÉSUS-CHRIST, évidemment elle ne l'a
jamais été et ne le sera jamais. Dans lésons
littéral, il était impossible qu'elle reçut son
i54 Ï-E VRAI MESSIE.
accomplissement; et un homme extatique,
doué du moindre degré de moralité, n'eût
jamais parlé défaire manger en réalité leur
propre chair à ses ennemis terrestres. Il
est donc clair que le prophète était exalté
ici au-dessus de son sujet apparent, et qu'il
ne parlait que de la destruction des méchans
et du triomphe des bons , sous la conduite
du SEIGNEUR. Ceux qui m'attendent , dit
JEHOVAH , ne seront jamais confondus.
Qui attendait donc la nation Israélite au
nom de tout le genre humain? En mettant
de côté les Juifs charnels qui n'attendaient
qu'un grand conquérant terrestre, on sait
que les autres attendaient le MESSIE; qu'ils
attendaient CELUI qui devait venir ,; un
LIBÉRATEUR spirituel et moral. Et s'ils
ne faisaient aucune conjecture déterminée
sur la nature intime de cet ETRE SAU
VEUR, du moins s'attendaient-ils plutôt
que ce serait le JEHOVAH de Sinaï lui-
même, qui s'était annoncé tant de fois, qui
viendrait les sauver, qu'un Fils né de lui
de toute éternité : chose dont ils n'avaient
pas la moindre idée. Et si, d'un autre côté,
ils ne l'ont point attendu en vain , c'est aussi
LE "VRAI MESSIE. l55
cet ETRE adorable en personne qui est
venu se faire leur LIBÉRATEUR, ou plu
tôt celui du genre humain.
Par cet emblème repoussant d'hommes
mangeant leur propre chair et buvant
leur propre sang, est signifié que ces
hommes seraient forcés de reconnaître que
leur bonheur prétendu n'est que misère,
et que leur prétendue sagesse n'est que
fausseté, ainsi que les emblèmes de chair
et de sang le donnent suffisamment à en
tendre.
Le géant dont il est ici question ne peut
être autre que celui que JÉSUS-CHRIST a
appelé depuis le Fort armé, et le Prince
.de ce monde, en d'autres termes, le mal
moral^enferpersonnifié; car, comme nous
l'avons dit, la société collective de tous les
êtres dégradés est toujours représentée
sous l'emblème d'un seul être monstrueux,
caractérisant la nature de sa perversité, tout
comme des sociétés nombreuses d'anges cé
lestes sont souvent dépeintes par un seul
ange, emblème de leur amour et de leur sa
gesse. JÉSUS- CHRIST admettait une ac
tion universelle de tous les êtres moraux
l56 LE VRAI MESSIE.
les uns sur les autres. S'élevant au-dessus
de la notion' commune de l'espace^ et ne
regardant la grandeur des formes que
comme une chose relative, il admettait
même la présence d'êtres bons ou mauvais
dans l'homme : idée éminemment philo
sophique, comme nous le prouverons dans
la seconde partie, à la honte de cette pré
tendue sagesse humaine qui s'est permis si
souvent et si sottement de sourire de pitié
en lisant certains passages de l'Évangile.
Réveille-toi', réveille-toi, Sion; revêts-toi
de taforce , Jérusalem 7 ville de sainteté;
revêts-toi de tes vêtemens magnifiques;
car l'incirconcis et le souillé ne passeront
plus désormais par tes rues. Jérusalem 7
secoue la poudre de dessus toi; lève-toi et
t'assieds; défais-toi des liens de ton cou,
fille de Sion captive. Car ainsi a dit JÉ-
HOVAH : vous avez été vendus pour rien,
et vous serez aussi rachetés sans ar
gent. 'Mon peuple descendit autrefois
en Egypte pour habiter dans ce pays
étranger; et Assur l'a depuis opprimé
sans aucune raison. Qu'ai-je donc à
faire maintenant, dit JÉHOVAH , voyant
LE VRAI MESSIE. i 57
mon peuple enlevé sans aucune raison ?
Ceux qui le dominent le maltraitent in
justement, et mon nom est blasphémé
sans cesse pendant tout le jour. C'est
pourquoi il viendra un jour où mon
' peuple connaîtra la grandeur de MON
NOM, parce qu'alors je dirai : MOI qui
PARLAIS AUTREFOIS , ME VOICI PRÉSENT!
Que les pieds de CELUI qui annonce la
bonne nouvelle sont beaux sur la mon
tagne, les pieds de CELUI qui prêche la
paix, qui prêche le salut, et qui dit à
Sion : TON DIEU va régner. JÉHOVAH
afait voir SON BRAS SAINT aux yeux
de toutes les nations , et toutes les ré
gions DE LA TERRE VERRONT LE SAUVEUR
que notre Dieu doit vous envoyer (Isaïe ,
lu, jusqu'au verset 9).
Le Dieu de Moïse pouvait- il s'annoncer
plus clairement en personne, que par ces
paroles : MOI qui parlais autrefois (par
les prophètes), ME VOICI maintenant
PRÉSENT? N'est-ce pas évidemment le
même MOI DIVIN qui est PÈRE et qui est
FILS, qui est CRÉATEUR et qui est RÉ
DEMPTEUR? Quant aux mots embléma
l58 LE VRAI MESSIE.
tiques employés dans ce passage, et que
nous n'avons point encore rencontrés, As-
sur doit avoir une signification analogue à
celle SEgypte^ c'est à-dire défavorable. Et
Egypte^ comme nous l'avons vu, indique
le faste et la vanité des sciences hu
maines. Les pieds de CELUI qui annonce
la bonne nouvelle, sont Vhumanité de
Dieu incarné; humanité représentée dès
le commencement par le talon de la femme.
La bonne nouvelle, c'est l'Évangile; car
évangile signifie bonne nouvelle en grec.
Le bras de Dieu, la droite de Dieu, c'est
s&force, c'est son amour : voilà pourquoi
JÉSUS-CHRIST, le Verbe ou la vérité di
vine, est dit être à sa droite. Étant à sa
droite, il tient lui-même .réellement la
gauche, et cela, parce que la vérité ne pa
rait que comme une chose secondaire en
Dieu, comme si elle n'était que le fruit de
l'éternel AMOUR. Et que ce soit JÉSUS-
CHRIST que le prophète avait ici en vue
quand il annonçait JÉHOVAH, le chapitre
suivant le prouve d'une manière aussi claire
que chose puisse être prouvée parmi les
hommes. Le lecteur va en juger.
LE VRAI MESSIE. l59
Et maintenant , qui a cru à notre pa
role ? A qui le bras de JÉHOVAH a-t-il
été révélé? Il s'élevera devant lui comme
UN ARBRISSEAU, et COMME UN REJETON d'une
terre sèche. Il est sans beauté et sans
éclat. Nous l'avons vu , et il n'avait rien
qui attirât l'œil, et nous l'avons méconnu !
Il nous a paru un objet de mépris , le
dernier des hommes , un homme de dou
leur, qui sait ce que c'est que souffrir.
Son visage était comme caché: il nous
paraissait méprisable , et nous n'en avons
fait aucun cas. Il a pris véritablement
nos langueurs sur lui; il s'est véritable
ment chargé de nos douleurs. Pour nous,
nous l'avons considérécomme un lépreux,
comme un hommefrappé de Dieu et hu
milié. Et cependant c'est pour nos iniqui
tés qu'il a été percé; c'est pour nos crimes
qu'il a été blessé. Le châtiment qui devait
nous procurer la paix est tombé sur lui :
il nous a guéris par ses meurtrissures.
Nous nous étions tous égarés comme des
brebis errantes ; chacun de nous s'était
détourné pour suivre sa propre voie ; et
JÉHOVAH l'a chargé LUI SEUL de Vini
l6o LE VRAI MESSIE.
quité de nous tous. Il a été offert , parce
que LUI-MEME l'a voulu; et il n'a point
ouvert la bouche. Il sera'mené à la mort
comme une brebis que l'on va égorger; et
il gardera le silence comme un agneau
est muet devant celui qui le tond. Il est
mort au milieu des douleurs , condamné
par des juges. Qui racontera sa généra
tion ? car il a été retranché de la terre
des vivans. Je l'aifrappé à cause des
erreurs de mon peuple. Il donnera les im
pies pour le prix de sa sépulture , et les
riches pour la récompense de sa mort ,
parce qu'il n'a point commis d'iniquités ,
et que le mensonge n'a point été trouvé en
lui. Mais JEHOVAH l'a voulu briser clans
son infirmité. S'il livre son âme pour le
péché, il verra sa race se multiplier éter
nellement ; et la volonté de JEHO VAH
s'exécutera heureusement sous sa con
duite. Il verra lefruit de ce que son âme
a souffert, et il en sera rassasié. Comme
MON SERVITEUR est juste, il justifiera
par sa doctrine un grand nombre , et il
portera sur lui leurs iniquités. C'est pour
quoi je lui donnerai pour partage une
LE VRAI MESSIE. l6l
grande multitude; et il distribuera les
dépouilles des -forts , parce qu'il a livré
son âme à la mort et qu'il a été mis au
nombre des scélérats ; parce qu'il a porté
les péchés de plusieurs et qu'il a priépour
les violateurs de la loi ( Isaïe, lui ).
C'est à regret que nous ajoutons ici quel
ques réflexions; car si le cœur n'a point
parlé au lecteur, tous les discours sont su
perflus. Ce passage n'est pas simplement em
blématique, comme la plupart des précé
dons : il regarde le RÉDEMPTEUR directe
ment', il le montre du doigt; il contient
toute l'histoire de sa personne sacrée. Les
évangélistes n'ont pu parler plus clairement
depuis, et Isaïe avait évidemment sous les
yeux tous les tableaux à la fois.
Nous avons déjà fait remarquer la ten
dance de ces expressions, comme un arbris
seau, comme un rejeton : elle3 éloignent
toute idée d'une seconde personnedistincte.
Et saint Jean semble avoir conservé à des
sein cette manière de parler, même après
l'incarnation , quand il dit : nous avons vu
la gloire comme d'un fils unique du père :
expression que le concile de Nicée aurait dû
IÔ2 LE VRAI MESSIE.
examiner attentivement, avant de porter at
teinte à l'unité d'être et de personne dans
la Divinité. L'adverbe de comparaison
comme tombe nécessairement s\ivfil& plutôt
que sur gloire. L'apôtre donne à entendre
par-là que Dieu ne saurait avoir unjîlspro
prement dit et distinct de lui quant à la
personnalité, comme cela a lieu parmi les
hommes.
Réjouissez-vous , stérile qui n'enfantez
point; chantez des cantiques de louange et,
poussez des cris de joie, vous qui n'aviez
point d'enfuns , parce que celle qui était
abandonnée a maintenant plus d'enfans
que celle qui avait un mari, dit JEHO-
VAH. Donnez de l'espace à vos tentes;
étendez le plus que vouspourrez les peaux
qui les couvrent ; rendez-en les cordages
plus longs et les pieux plus affermis. Car
vous vous étendrez à droite et à gauche :
votre postérité aura les nations pour
héritage , et elle habitera les villes dé
sertes. Ne craignez donc point , car vous
ne serez point abandonnée ni confuse, et
vous ne rougirez point; mais vous ou
blierez la honte de votre jeunesse et l'on
LE VRAI MESSIE. l63
probre de votre veuvage. CELUI qui vous
a créée sera lui-même votre 'épouï : son
nom est JEHOVAH, le Dieu des armées.
Le SAINT D'ISRAËL vous rachètera , et
il s'appellera le DIEU DE TOUTE LA
TERRE(Isaïe, iv, i , 2, 3, 4, 5).
Après avoir raconté la mort de JEHOVAH-
JÉSUS-CHRIST comme exemple de charité
et d'amour , capable de toucher tous les
hommes , et de les rappeler au SEIGNEUR ,
le prophète procède à la description de sa
nouvelle Eglise. Car , il ne faut point s'y
tromper , ces mots : qui racontera sa géné
ration, car il a été retranché de la terre
des vivans , ne veulent pas dire que JÉ
SUS-CHRIST n'aura point de descendans.
Us annoncent, au contraire, que ses géné
rations seront si nombreuses , qu'on ne
pourra les compter , ainsi qu'il avait été
prédit à Abraham.
Partout, dans le langage emblématique,
une Eglise ou une société de personnes
fidèles à Dieu est figurée par unefemme, une
épouse , une mère (sans doute à cause de sa
fécondité, et parce que la bonté doit y régner
l64 LE VRAI MESSIE.
plutôt que la science). Ces mois , fille de
Sion, Jillê de Jérusalem, etc., ne sont
que les églises de Sion et de Jérusalem :
et les femmes de mauvaise vie, les pros
tituées , quand il en est question dans
l'Ecriture-Sainte, ne sont que des églises
corrompues. Par suite JÉHOVAH, comme
objet du culte et de l'amour d'une Eglise ,
est aussi représenté généralement sous
l'emblème d'un époux. Le précurseur du
MESSIE comprenait parfaitement ce lan
gage : CELUI , dit-il , en parlant de JÉSUS-
CHRIST , qui a /'épouse est /'époux ; ilfaut
qu'il croisse et que je diminue ; Uami de
^époux est ravi d'entendre sa voix. Saint
Jean l'évangéliste décrit également l'union
de la société céleste avec JEHOVAH sous
l'emblème de noces. Réjouissons - nous ,
dit-il ; faisons éclater notre j'oie , et ren
dons-lui gloire; car les noces de l'agneau
sont venues, et son épouse s'est préparée
(^/>oc.,xix,6).JÉHOVAH-JÉSUS-CHRIST,
au surplus, pourra seul devenir dorénavant
le Dieu de toute la terre : jamais le Dieu
métaphysique du déisme ne le deviendra;
LE VRAI MESSIE. i 65
parce qu'il ne pourra jamais s'établir aucuns
rapports réels de reconnaissance et d'amour
entre lui et les hommes.
Nous passerons les chapitres suivans, qui
traitent du même sujet , l'établissement
d'une société nombreuse d'adorateurs de
JEHOVAH, à la suite de son apparition sur la
terre, malgré tous les efforts du vice et de l'er
reur. Ces chapitres pourront facilement être
compris du lecteur d'après les connaissances
que nous lui avons suggérées jusqu'ici. Nous
n'expliquerons même plus qu'un seul pas
sage de tout le reste des prophéties d'Isaïe,
abandonnant au zélé de chacun le soin de
pousser plus loin par lui-même des recher
ches aussi précieuses.
Qui est celui qui vient cPEdom , qui
»vient de Bosra avec sa robe teinte de
rouge , qui éclate dans la beauté de ses
vêtemens, et qui marche avec uneforce
toutepuissante? C'est MOI dequila parole
est la parole de justice , qui viens pour
défendre et pourSAUVER. Pourquoidonc
votre robe est-elle toute rouge , et pour
quoi vos vêtemens sont-ils comme les ha
bits de ceux qui foulent le vin dans le
l66 LE VRAI MESSIE.
pressoir? J'ai été seul à fouler le vin,
sans qu'aucun homme d'entre tous les
peuplesfût avec moi. Je les aifoulés dans
mafureur, je les aifoulés auoc pieds dans
ma colère, et leur sang a jailli sur ma
robe, et tous mes vêtemens-en sont tachés.
Car j'ai dans le cœur le jour de la ven
geance; le temps de racheter les miens est
venu. J'ai regardé autour de moi , et il n'y
avaitpersonnepour m'aider;j'ai cherché,
et je n'ai point trouvé de secours : ainsi
mon bras seul m'a suffi pour sauver.
J'aifoulé les nations en ma colère ; je les
ai enivrées en mafureur , et j'ai abattu
leurforce par terre. Jeferai mention des
gratuité* de JÉHOVAH , qui sont les
louanges de JÉHOVAH , à cause de tous
les biens que JÉHOVAH nous afaits. Car
grand est le bonheur d'Israël , lequel il lui
a préparédans ses compassions et selon la
grandeur de ses gratuités. Il a dit : quoi
qu'il en soit , ils sont mon peuple, ils ne
périront point , et il leur a été SAUVEUR
(Isaïe,XMii, du v. i au 8).
Aucun passage n'est plus propre que ce
lui-ci à nous donner une idée claire de la
LE VRAI MESSIE. i67
langue de la nature, et une preuve évidente
que l'Écrilure-Sainte est conçue tout en
tière dans cette langue. Presque chaque mot
est ici un emblème. Celui des vêtemens en
est le plus remarquable : nous y avons déjà
rendu le lecteur attentif. Les vêtemens di
vers ne sont que différentes vérités; ici ce
sont les vérités évangéliques, l'alliance nu
sang du SAUVEUR. Ce qui paraît surtout
incroyable à celui qui commence cette étude
étonnante des emblèmes naturels, c'est que
les noms mêmes des lieux et des personnes
puissent avoir des rapports à la morale et à
la religion. Cette vérité est néanmoins pal
pable dans le texte cité; car sans doute que
l'on ne voudra point croire que le hasard seul
a fait que Edom signifie précisément rouge
dans la langue hébraïque , et Bosra un ven
dangeur: deux circonstances qui caractéri
sent elles-mêmes JÉHOVAH ou JÉSUS -
CHRIST , représenté ici avec une robe d'un
rouge de sang, comme celle d'un homme
quifoule le pressoir. Mais s'il est prouvé in
contestablement par-là que les noms de pays
mêmes sont emblématiques dans le passage
rapporté , à plus forte raison les objets na
l68 LE VRAI MESSIE.
turelsle sont-ils. Aussi qui peut méconnaître
ici que le rouge , que les raisins , que le
sang ne signifient également ce Dieu d'a-
mour, dont la colère et la fureur elles-
mêmes ne sont que de Vamour ^ ainsi que
nous l'avons expliqué plus haut ? Et quel
sens auraient autrement toutes ces expres
sions énigmatiques? Ge ne peut être que
pour cette raison que le prophète , après
avoir entendu comment le SEIGNEUR, seul
bon^ seuljuste , a foulé toutes les na
tions, engage l'univers à célébrer lagratuité
et la miséricorde qu'il a fait éclater dans sa
délivrance.
Le résumé de ce que l'on trouve claire
ment d'un bout à l'autre dans Isaïe, quand
on l'étudié. ainsi à fond, et que l'on a plus
d'égard au sons des emblèmes de la nature
qu'à celui des mots de convention dont il
s'est servi, c'est que JÉHÔVAH , le DIEU
CRÉATEUR du ciel et de la terre, quoique
triple , envisagé dans ses rapports avec
l'homme , est néanmoins UN en personne
comme en être et en essence ; et que ce
même JÉHOVAH ou CRÉATEUR devait
paraître sur notre terre sous le nom et la
LE VRAI MESSIE. i69
forme de JÉSUS-CHRIST pour deveniraussi
son RÉDEMPTEUR, afin que toute louange,
adoration, reconnaissance et tout amour
fussent rendus à CELUI-LA seul qui éter
nellement sera tout en tous pour le bonheur
de ses innombrables créatures.
Et une telle foi n'est-elle pas parfaitement
propre à satisfaire le cœur aussi bien que
l'esprit de tout être sensible ? Pourquoi
quelque autre être que ce soit serait-il l'objet
de nos hommages et de notre affection ?
Toutebonté et toute beautédansses créatures
ne sont-elles point à JÉHOVAH, et ne doi
vent-elles point lui être rapportées? N'est-ce
point JÉHOVAH seul que nous devons ai
merdans ses créatures? Oui, JÉHOVAH est
le centre de tout, il est seul, il est unique,
il n'y en a point d'autre que lui, et il n'en .
faut point d'autre. Une multiplicité de per
sonnes distinctes , même dans sa propre
essence, serait inutile, si elle n'était ab
surde. JÉHOVAH-JÉSUS-CHRIST est lui^
même PÈRE, FILS et SAINT-ESPRIT , le
vrai mystère de Dieu, consistant en ce que
les deux MOI apparens en JÉSUS-CHRIST
n'étaient pourtant qu'a/ze seule et même
8
I^O LE VRAI MESSIE.
personne, et non en ce que trois personnes
réellement distinctes ne seraient qu'un
même Dieu.
Voyons maintenant quelques passages
des autres prophètes. Nous nous convain
crons de plus en plus que le même langage
et les mêmes vérités se retrouvent partout
dans les Saintes-Écritures.
Malheur aux pasteurs quifontpérir et
qui déchirent les brebis de mes pâturages,
dit JÉHOVAH; c'est pourquoi voici ce
que dit JÉHOVAH, le DIEU éTISRAEL ,
auxpasteurs qui conduisent mon peuple :
Vous avez dispersé les brebis de mon
troupeau ; vous les avez chassés , et vous
ne les avez point visitées : et MOIJe vous
visiterai dans ma colère, pour punir le
dérèglement de votre cœur et de vos
œuvres, dit JÉHOVAH. Je rassemblerai
toutes les brebis qui resteront de mon
troupeau , de toutes les terres dans les
quelles je les aurai chassées; je lesferai
revenir à leurs champs; et elles croîtront
et se multiplieront. Je leur donnerai
des pasteurs qui auront soin de lesfaire
paître. Elles ne seront plus dans la
1E VRAI MESSIE. I^[
crainte et dans l'épouvante; et le nombre
s'en conservera, sans qu'il en manque une
seule, dit JÉHOVAH. Le temps vient , dit
JÉHOVAH, où je susciterai à David un
germe juste. Un . roi régnera qui sera
sage , qui agira selon l'équité, et qui ren
dra lajustice sur la terre. En ce temps-là
Juda sera sauvé, Israël habitera dans
ses maisons , sans rien craindre ; et voici
le NOM qu'ils donneront àce roi: JÉHO-
VAH-NOTRE-JUSTICE. (Jcrémie, xxm,
i, 2, 3,4,5,6.)
On retrouve ici la même langue em
blématique parlée par Isaïe. Les individus
changent; mais la nature ne changeant
pas, leur couleur est partout la même.
Le mot de germe revient à celui de re
jeton, que nous avons expliqué plus haut;
nous le rencontrerons encore.
Jusqu'à présent la théologie n'a pas pro
noncé clairement ce NOM : JÉHOVAH-
NOTRE -JUSTICE. En distinguant deux
personnes diverses, c'est plutôt le Fils que
le Père qui est devenu notre justice; car
dans les idées des Chrétiens du jour, le
Père est resté au ciel pendant le temps de
8.
172 LE VRAI MESSIE.
la rédemption ; et le Fils nous a aimés plus
que lui, puisque l'amour du Père n'a éclaté
qu'en ce qu'il a consenti au sacrifice que
le Fils a consommé dans la réalité : autant
d'idées fausses, qui, nous le répétons, ont
fait méconnaître, dans ces derniers temps,
le Dieu CRÉATEUR avec le Dieu RÉ
DEMPTEUR. Il est temps de reconnaître
enfin que JÉSUS-CHRIST était le PÈRE
LUI-MEME, en tant que voilé et caché sous
notre chair, et de lui donner son VRAI
NOM : JÉHOVAH-NOTRE-JUSTICE.
Nous nous abstiendrons de parler ici de
l'application que l'on pourrait faire de ce
texte aux pasteurs modernes, qui semblent
en être exactement au même point où en
étaient ceux de l'ancienne loi, immédiate
ment avant la venue du MESSIE; qui,
comme ces derniers, dispersent le troupeau
et le divisent par des disputes absurdes,
au lieu de le réunir par l'amour: cette di
gression serait trop étrangère à notre sujet.
D'un autre côté, ce sera là le seul pas
sage que nous citerons de Jcrémie. Les
bornes de notre ouvrage ne nous permet
tent pas de suivre tout au long ce prophète
LE VRAI MESSIE. i^3
si abondant et si évidemment sur-humain.
II pourra faire le sujet d'une étude particu
lière pour le lecteur qui se sentirait quelque
envie de pousser plus loin la science des em
blèmes naturels.
C'est pourquoi , ô pasteurs , écoutez la
parole de JÉHOVAH : Je jure par MOI-
MÊME, dit le SEIGNEUR -DIEU, que
parce que mes troupeaux ont été livrés
en proie à l'ennemi, et que mes brebis ont
été exposées à être dévorées par les bêtes
sauvages , comme n'ayant point de pas
teurs , puisque ces pasteurs n'ont point
cherché mes troupeaux , mais qu'ils n'ont
eu soin que de se paître eux-mêmes
Je viens MOI-MEME contre ces pasteurs
chercher mon troupeau , et le reprendre
de leurs mains. Jeferai en sorte que ces
pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes ;
car je soustrairai mon troupeau à leur
violence, et empêcherai qu'il devienne
dorénavant leur proie .Je visiterai
MOI-MEME mes brebis, comme un pas
teur rassemble son troupeau quand il se
tient au milieu du lieu de leur disper
sion dans des jours de nuages et d'ob~
i74 LB VRAI MESSIE.
scurité. Je ferai MOI-MEME paître mes
brebis; MOI-MEME je les ferai r-eposer,
discernant par mes propres yeux etju
geant entre les brebis grasses et les brebis
maigres. C'est moi JÉHOVAH qui ai parlé
(Ézéchiel, xxxiv, 7,8,9, i0, i1, 12, i5,
i6,20).
Nous ne craignons pas de nous tromper, en
supposant que le lecteur aurait cru entendre
encore ici le langage de Jérêmie , si nous ne
l'avions point averti, tant est grande l'analo
gie entre les hommes extatiques parlant la
même langue ! .'
Dans ce texte se remarque une particu
larité qui se rencontre dans quelques psau
mes de David : c'est qu'au commencement
et à la fin Dieu se nomme JÉHOVAH, tan
dis que dans tout l'intervalle où il paraît
comme pasteur des brebis, c'est-à-dire,
comme leur SAUVEUR, il prend le nom
d'ADONAI ou d'ÉLOIM. Nous ne répéte
rons plus que ces dénominations diverses
n'indiquent nulle distinction de personnalité
en Dieu : quand JÉHOVAH veut bien nous
répéter lui-môme aussi souvent qu'on vient
de le voir, qu'il nous visitera en personne ,
LE VRAI MESSIE. i 75
nous devons l'en croire. Nous releverons
simplement ici une objection que l'on pour
rait faire contre cette grande vérité , en s'ap-
puyant de ces paroles par lesquelles Ézéchiel
termine le même passage : Je susciterai sur
mes brebis un pasteur unique pour les
paître. David, mon serviteur, aura soin
de les paître lui-même ; il leur tiendra lieu
de pasteur. MOI JÉHOVAH, /<? serai leur
Dieu, et mon serviteur David sera au mi
lieu d'elles comme leurprince. JÉHOVAH,
pourrrait-on dire, distingue entre lui et
David, qui représente JÉSUS- CHRIST;
donc la distinction des deux personnes est
fondée. Mais d'abord ce passage est uni
que, après cinq ou six déclarations formel
les qui lui sont contraires; il faudrait donc
se départir de ce dernier texte, quand même
il prouverait quelque chose. Toute difficulté
néanmoins est levée, quand on sait que Da
vid était lui-même l'emblèméde JÉHOVAH,
comme devant devenir le ROI ÉTERNEL
de ses créatures; que c'est par conséquent
JÉHOVAH lui-même qui a paru dans la
personne de JÉSUS- CHRIST que l'on avoue
être ce ROI, et que là distinction des per
I76 LE VRAI MESSIE.
sonnes entre Dieu CRÉATEUR et Dieu
RÉDEMPTEUR , n'était qu'apparente.
Vous étiez attentif à cette vision, dit
Daniel à Nabuchodonosor, en lui expliquant
le songe de la grande statue composée de
quatre espèces de métaux; voies étiez at
tentifà cette vision , lorsqu'une pierre se
détacha de la montagne, sans la main
d'aucun homme ; et frappant la statue
dans ses pieds defer et d'argile, elle les
mit en pièces. Alorsfirent brisés ensem
ble le fer , la terre, l'airain, l'argent et
l'or, et ils devinrent comme la paille de
Vaire d'été, que le vent transporte çà et
là ; et il ne fut point trouvé aucun lieu
pour eux; mais cette pierre qui avait
frappé la statue devint une grande mon
tagne, et remplit toute la terre Puis 7
après avoir expliqué l'emblème des métaux
comme désignant quatre royaumes divers,
ou plutôt quatre Églises diverses dont ces
royaumes n'étaient que l'emblème terrestre,
il ajoute : Dans le temps de ces royaumes,
le Dieu du ciel suscitera un royaume qui
ne passera point à un autre peuple , qui
renversera et qui réduira en poudre tous
LE VRAI MESSIE. IJn
les royaumes , et qui subsistera éternelle
ment^ selon que vous avez vu que la pierre
qui avait été détachée de la montagne
sans la main d'aucun homme, a brisé la
terre , lefer , l'airain, l'argent et l'or. Le
GRAND DIEU a fait voir au roi ce qui
doit arriver à l'avenir. (Daniel, n, 34, 35,
44,45).
C'est ici un nouvel et frappant exemple du
langage emblématique usité dans le monde
universel, et connu dans l'antiquité. La con
duite de Nabuchodonosor aût été absurde
au-delà de toute expression, si la possibilité
de communiquer avec le monde des esprits,
c'est-à-dire, avec les hommes dépouillés de
leurs organes matériels, et d'apprendre par
leur moyen certaines choses cachées , n'avait
point été généralement reconnue dans son
empire. Qu'on lise cette transaction intéres
sante tout au long dans la Bible , on verra
qu'il n'y a qu'à admettre que l'être qui agit
dans nos rêves, est un être réel et substan
tiel ; que ce même être survit après la des
truction du corps 5 qu'alors il parle par em
blèmes , tandis que l'homme -matériel ne
connaît que le langage par sons articulés; et
8..
inS ie VRAt messie.
que de cette manière certaines communica
tions peuvent s'établir moyennant les son
ges, entre les vivans et les morts autrement
séparés comme par un mur d'airain ; et tout
s'explique!
Dans la mythologie païenne , qui avait re
tenu bien des choses des emblèmes naturels
dont la connaissance venait seulement de
s'effacer, les quatre métaux signifiaient les
quatre différens âges du monde. Dans la
langue dela nature, ils représentent quatre
différens degrés de bonté et de vérité, et
par - là même les Églises ou sociétés 'cor
respondantes à ces degrés.
Mais qui pourrait se tromper aujourd'hui
sur l'application spirituelle de ce songe de
Nabuchodonosor ? Cette pierre , détachée
sans mains d'homme, n'est-elle point évi
demment JÉSUS - CHRIST , la pierre de
l'angle, le rocher des sièclesl En d'autres
termes, n'est-elle point évidemment JÉHO-
VAH, paraissant sur la terre comme VERBE
ÉTERNEL ? Ce royaume, qui ne sera jamais
détruit, n'est-ce point évidemment celui que
JÉSUS-CHRIST a établi , lequel seul pourra
^. enfin engloutir tous les autres , quand il sera
LE VRAi MESSIE. i 79
bien connu sur la terre, parce que c'est un
royaume d'AMOUR tout différent de ceux
établis par les enfans des hommes?
La première année de Darius,fils d'As-
suérus, de la race des Mèdes,..moi Daniel,
j'eilS , PAR LA LECTURE DES LlVRES SAINTS ,
l'intelligence du nombre des années dont
JÉHOVAH avait parlé au prophête Jéré-
mié, en disant que la désolation de Jéru
salem durerait soixante-dix ans. J'arrê
tais mes yeux et mon visage sur le SEI
GNEUR, pour le prier et le conjurer....Je
n'avais pas encore achevé ma prière ,
lorsque l'ange Gabriel, quej'avais vu au
paravant dans une vision, vola tout à
coup à moi, et me touùha au temps du sa
crifice du soir. Il m'instruisit , me parla
et me, dit: Dès le commencement de votre ,
prière,j'ai recu cet ordre, etje suis venu
pourvous découvrir toutes choses , parce
que vous êtes un homme rempli de désirs.
Soyez donc attentif à ce que je vais vous
dire , et comprenez cette vision. Dieu a
abrégé et fixé le temps à soixante-dix
semaines , enfaveur de votre peuple et de
votre ville sainte , afin que les prévarica*
l8o LE VRAI MESSIE. .
tions soient abolies , que le péché trouve
safin , que l'iniquité soit effacée, que la
justice éternelle vienne sur la terre, que
les visions et les prophéties soient accom
plies, et que le SAINT DES SAINTS SOIT
OINT DE L'HUILE SACRÉE. Sachez donc
ceci, et legravez dans votre esprit. Depuis
l'ordre quisera donnéde rebâtirJérusalem,
jusqu'au CHRIST,CHEFDEMONPEUPLE,
il y aura sept semaines et soixante-deux
semaines; et les places et les murailles de
la ville seront bâties de nouveau , parmi
des temps fâcheux et difficiles , pendant
sept semaines. Et après soixante-deux se
maines, le CHRIST SERA MIS A MORT;
et le peuple qui doit le renoncer, ne sera
plus son peuple. Un peuple, avec son chef
qui doit venir , détruira la ville et le sanc
tuaire ; elle finira par une ruine entière ,
et la désolation qui lui a étéprédite arri
vera après la fin de la guerre. Il conti
nuera son alliance avec plusieurs dans une
SEMAINE ; et A LA MOITIÉ DE LA SEMAINE les
hosties et les sacrifices seront abolis ; l'a
bomination et la désolation seront dans
le temple, et la désolation durera jusqu'à
LE VRAI MESSIE. l8l
la consommation et/usqu'àlaJin(Dan\el ,
ix, i, 3,3, 21,22, 23, etc.).
Cette prophétie est si claire et en même
temps si touchante, que nous ne ferons pas
au lecteur l'injure de vouloir la lui expli
quer. Nous nous contenterons de lui faire
remarquer que la manière de tompter dont
se sert ici l'ange Gabriel, quoique envelop
pant un nouveau mystère , que nous ne
comprendrons peut-être que dans le ciel(i),
consiste à entendre par semaines des se-
maines ou septaines d'années; et que cela
ne doit point étonner.; car, qu'au lieu du
mot semaine , devenu exclusif parmi nous ,
on se figure le mot douzaine ,on verra clai
rement que le prophète pouvait entendre
des années comme toute autre mesure
de temps. C'était pour l'intelligence des
soixante et dix années de Jérémie que Da
niel priait, persuadé qu'il était déjà alors
(i) Nous croyons avoir découvert, depuis que ceci
est écrit, que cette nouvelle manière mystérieuse de
s'énoncer, n'a été employée que pour dérouter ceux
des êtres dégradés du monde universel qui auraient
«herché à contrarier les desseins de Dieu , si le plan
de son amour leur eût été connuplus clairement.
i82 LE VRAI MESSIE.
que ce nombre n'était qu'emblématique.
Maintenant l'ange lui apparaît et lui parle ,
non plus d'années, mais de semaines; nou
vel hiéroglyphe , mais que le prophète com
prit parfaitement, et que l'histoire a rendu
depuis fort clair. En comptant par semaines
ou septaines d'années , on trouve juste les
4go ans qui s'écoulèrent entre le règne d'Ar-
taxerce, sous lequel la construction du tem
ple fut reprise, et la mort de JÉSUS-CHRIST;
sept fois 70 faisant juste 490. Comme nous
l'avons déjà dit, quand JÉHOVAH parle, il
s'adresse à toute sa création intelligente; et
chaque être trouve dans ses paroles ce qui
lui est approprié. Les esprits purs quiagissent
sur le genre humain, doivent nécessaire
ment être toujours en avance sur lui, dans
l'intelligence des oracles du Très-Haut; ora
cles dont ils concourent à amener l'accom
plissement parfait , malgré les efforts réunis
de tous les esprits dégradés, et malgré la
liberté laissée aux hommes, sur lesquels les
destinées de la terre ne sont jetées simple
ment que comme dimmenses réseaux en
veloppant lesmasses sans gêner les individus.
Ce grand but, le Ciel ne l'atteint qu'en par
LE VRAI MESSIE. l83
lan t par emblèmes. Les nombres surtout en
offrent de riches et de difficiles à saisir, dans
ce monde qui est placé hors du temps et de
l'espace, ou plutôt dans ce monde où le temps
et l'espace ne sont plus que des apparences
susceptibles du plus et du moins. Pour ce
qui nous concernait, il suffisait que, d'après
cette prophétie, nous pussions fixer assez
clairement l'époque de l'arrivée du MESSIE,
pour ne le point méconnaître ; et pour cela,
elle était assurément assez claire et assez pré
cise. Au milieu juste des trois années et de
mie indiquées par l'ange , JÉSUS DE NA
ZARETH A ÉTÉ SACRÉ ROI DES JUIFS
SUR LE CALVAIRE, POUR COMMENCER
SON RÈGNE ÉTERNEL.
Daniel déclare, dans ce texte, que c'est
par la lecture des Livres Saints qu'il est
entré en communication avec le monde
spirituel. En reconnaissant aujourd'hui que
ces Livres sont écrits en langue naturelle,
on conçoit que Daniel avait pris le vrai moyen .
Le même prophète dit ailleurs que rien
n'est plus difficile au monde que de bien
comprendre les visions; qu'il faut une sa
gesse, une science et une persévérance dont
l84 LE VRAI MESSIE.
.peu de mortels sont susceptibles. Nous le
croyons facilement , car l'alphabet de la
langue de la nature est bien plus immense
que celui de la langue chinoise. Cet alphabet
a dérouté non-seulement les confesseurs de
sainte Thérèse et ceux de cent autres exta
tiques, mais, selon quelques-uns, le profond
Pascal lui-même. — Que l'on ne se hâte pas
toutefois d'en conclure que nous, chétif,
qui avons démêlé quelque chose de cette
langue, nous sommes doué d'un génie tel
qu'il n'en a pas encore paru. Non , ce phé
nomène peut s'expliquer d'une toute autre
façon; et quand il sera utile de le faire ou
que le temps en sera venu, nous dirons le
fin mot. Nous ferons même plus, nous prou
verons nos assertions; car l'expérience que
nous ont fait acquérir les ouvertures que
nous avons cru devoir faire à cet égard à
trois ou quatre savans ( ecclésiastiques et
autres ), nous a convaincu que la raison,
la conscience ni Vhonneur ne suffisent plus
pour que l'on soit cru sur parole, dès que
l'on avance desfaits relatifs à une autre vie ,
et sentant tant soit peu la science cabalis
tique.
LE VRAI MESSIE. l85
Vous allez être pillée, ô fille des vo
leurs ! Ils vous assiégeront de toutes
parts; ILS LEVERONT LA VERGE SUR LE
PRINCE D'ISRAËL, et le frapperont sur
la joue. Et vous j Bethléhem Ephrata ,
vous êtes petite entre les villes de Juda ;
c'est de vous toutefois que sortira CELUI
qui doit rgéner dans Israël , dont les gé
nérations sont dès le commencement, dès
l'éternité. Après cela, il les abandonne
ra jusqu'à ce que celle qui doit enfanter
ait enfanté ; et ceux de sesfrères qui se
ront, restés , se convertiront et sejoindront
aux enfans d'Israël. Il demeureraferme,
et il paîtra son troupeau dans laforve de
JEHOVAHj dans la sublimitéde la majesté
de JÉHOVAH, SON DIEU. Et les peuples
seront convertis , parce que sa grandeur
éclatera jusqu'aux extrémités du monde.
C'est LUI qui sera notrepaix (Michée, v,
i,a, 3,4).
Michée a ppelle Jérusalem/?//e des voleurs,
parce qu'elle était une Eglise corrompue, qui
s'arrogeait le droit d'expliquer la parole de
Dieu d'après son propre sens pervers, et qui ,
s'attachant à la lettre, faisait consister la Reli
l86 LE VRAI MESSIE.
gion dans de vaines subtilités , et négligeait
les points les plus importons de la loi, sa
voir, lajustice et la miséricorde , ainsi qu'il
arrive à toutes les Eglises sur leur déclin.
Bethléhem^ en hébreu, signifie la Maison
du Pain, où est né CELUI qui est le pain
de vie. Il serait très - possible que par un
second emblème, Bethléhem représentât, à
l'égard des esprits célestes, notre terre tout
entière. Elle est également une des plus pe
tites du firmament, et c'est d'elle néanmoins
qu'est sorti CELUI qui sera éternellement le
Pain des anges. .
Ces mots : dont les générations sont
éternelles, n'indiquent nullement xmfils de
Dieu engendréde toute éternité, mais bien
le CRÉATEUR lui-même, dont les produc
tions sont dès le commencement. D'autres
. passages analogues, bien examinés, prouvent
jusqu'à l'évidence que c'est là leur unique
vrai sens.
Ces mots : après cela , il les abandonne
ra JUSQU'A CE QUE CELLE QUI DOIT ENFANTER
ait enfanté , nous paraissent extrêmement
remarquables, en ce qu'ils annoncent déjà
par avance le renouvellement de l'Eglise que
LE VRAI MESSIE. i87
JÉSUS-CHRIST devait établir; renouvelle
ment dont , du reste , le SAUVEUR a parlé
lui:même ouvertement, en prédisant l'extinc
tion de toute charité et de toute foi, et un
second avènement du Fils de Vhomme.
Voici comment ce passage doit être entendu:
Après être sorti de Bethlêhem Ephrata ,
c'est-à-dire, après avoir établison Eglise, le
MESSIE doit abandonner les siens, en
d'autres termes, être méconnu des siens,
jusqu'à ce que celle qui doit enfanter ait
enfanté, c'est-à-dire, jusqu'à ce que lasocié-
té, ou Eglise formée par lui, ait donné
d'elle-même naissance à une autre socié
té ou Eglise,comme saint Jean l'a prédit éga
lement depuis dans l'Apocalypse sous l'em
blème d'unefemme enceinte , accouchant
d'un enfantmâle enprésence d'undragon.
Alors ceux de sesfrères qui seront restés,
c'est-à-dire, lesJuifs actuels,se convertiront
et se joindront aux en/ans d'Israël, c'est-
à-dire, aux Chrétiens actuels, car les vrais
enfans d'Israël ne sont autres que les vrais
adorateurs de JÉHOVAH.
Si cette explication n'est point la véritable,
il est inutile d'en chercher d'autres. Mais
l88 LE VRAI MESSIE.
aussi, en admettant par une conséquence
forcée, que les seuls vrais adorateurs sont
aujourd'hui ceux qui reconnaissent l'iden
titédepersonne entre JEHOVAH et JÉSUS-
CHRIST, il ne serait point étonnant que
nombre de Juifs reconnussent enfin la vérité,
en entendant annoncer ce MESSIE-JEHO-
VAH, MESSIE-PÈRE , MESSIE véritable
ment NOUVEAU pour .eux, comme il l'est,
hélas! pour un trop grand nombre de Chré
tiens de nos jours. Dieu veuille que nospres-
sentimens ne nous trompent pas: mais nous
espérons tout de la nouvelle époque qui se
présente pour le Christianisme.
Jegarderail'alliance quej'aifaite avec
vous lorsque vous êtes sortis du pays d'E-
gj"pte7 etmon esprit sera au milieu devons.
Ne craignez point. Voici ce que dit JE
HOVAH, le Dieu des armées: Encore un
peu de temps , et j'ébranlerai le ciel et
LA TERRE, LA MER ET TOUT L'UNIVERS ; j'É-
BRANLERAI TOUS LES PEUPLES , ET LE DESIRE
DE TOUTES LES NATIONS VIENDRA; et
je remplirai cette maison de gloire La
gloire de cette derniere maison sera plus
grande que celle de la première (Aggée, n,
LE VRAI MESSIE. i 89
Une prédiction aussi solennelle annonce
autre chose qu'un grand conquérant, autre
chose qu'un prophète, et, nous osons le dire,
autre chose qu'un fils de Dieu distinct de
sa personne sacrée ; un fus même éternel,
personnellement distinct de lui, si cela était
possible, ne pouvant jamais remplacer JÉ
HOVAH. C'est JÉHOVAH, le CRÉATEUR
lui-même, qui est le DESIRE de toutes les
nations ; c'est LUI que le cœur réclame et
que les yeux cherchent. Aucun bonheur ne
peut remplacer auprès d'une créature celui
de voir et de posséder son CRÉATEUR.
C'est précisément pour cela que ce CRÉA
TEUR, aussi bon qu'il est puissant, s'est
tellement personnifié eh JÉSUS-CHRIST,
que celui qui voit JÉSUS-CHRIST voit
la PERSONNE MÊME du Dieu caché:
vérité évidente pour le philosophe qui a
reconnu la nécessité absolue des emblèmes
naturels; vérité disons-nous, évidente, au
point que si JÉHOVAH ne s'était point ma
nifesté comme homme, il faudrait qu'il se
manifestât tôt ou tard comme ange : et
par-là même l'incrédulité n'en serait pas
plas avancée puisque seulement alors
i90 LE VRAI MESSIE.
on concevrait moins comment la bonté
infinie aurait visité . plutôt l'homme déjà
transformé et devenu pareil aux esprits im
mortels, que l'homme malheureux acca
blé du poids de la matière , et dont la
perversité et les souffrances de tout genre
le rendaient un objet plus digne de pitié et
de commisération.
Alliance veu.t dire, union intime par la
connaissance et l'amour. — Ebranler le
ciel, la terre et la mer, c'est amener des
changemens dans la société céleste , dans
l'église terrestre qui lui correspond, et
dans les vérités naturelles ou la sagesse
humaine.
Ecoutez , 6 Jésus, grand-prêtre, vous et
vos amis qui sont auprès de vous (car
ILS SONT DESTINÉS A ÊTRE LA FIGURE DE
l'avenir), je vais faire venir /'ORIENT
qui est mon serviteur. Koici la pierre
que j'ai mise devant Jésus : il y a sept
yeux sur cette unique pierre : je la taille
rai, et je la graverai moi-même avec le
ciseau, ditJEHOVAH, le Dieu des armées;
etj'effacerai en unjour l'iniquité de cette
te/Te (Zachariê . n , 8, .9).
LE VRAI MESSIE. i0i
Nous citons ce passage principalement
comme une preuve de la signification em
blématique de certains personnages des
Saintes-Écritures, personnages choisis et mis
pour ainsi dire exprès à part pour être la
figure de l'avenir. Les emblèmes que des
personnes choisies ainsi exprès offraient,
étaient moitié naturels, moitié factices; et
le même JÉHOVAH, comme RÉDEMP
TEUR FUTUR, a été représenté par une
infinité de personnages différens, depuis
Abraham jusqu'à saint Jean -Baptiste; le
même mystère d'amour pouvant être consi
déré sous une infinité de rapports divers.
Quelques-uns des emblèmes de ce passage
ne sont pas encore connus dans leurs détails.
Il en est ainsi de celui de la pierre taillée à
sept facettes, à moins que cette pierre
n'ait rapport à l'arc septicolore de Val
liance de FÉternel avec la nature, et ne re
présente la foi sacrée en JÉSUS - CHRIST,
devenu à la fois notre rocher, notre vie,
notre lumière, noirejustice ^ et par-là notre
Sabbat pu éternel bonheur (i).
(1) Le nombre sept est un nombre si remarquable
dans la langue de la nature , que nous ne pouvons
ig2 LE VRAI MESSIE.
Quant à VOrient, serviteur de JEHO-
VAH, il ne peut être que JÉHOVAH lui-
nous défendre d'en dire encore un mot à cette occa
sion , quoique à peine il nous sera possible d'effleu
rer cette matière. Par toute la Bible, dans l'Ancien
comme dans le Nouveau Testament , le nombre sept
signifie toujours une chose infiniment sainte et sacrée;
et par conséquent , dans le sens opposé , une chose in
fernale au suprême degré. De là le Sabbat , la sep
tième époque, ou le septième Jour , qui n'est que la
perfection morale d'une créature, sa sainteté, son
éternel bonheur en Dieu. De là le repos du Créateur
lui-même, à la suite de l'œuvre des six jours; de là
l'année jubilaire des Juifs, après sept fois sept ans,
figure du jubilé éternel des esprits devenus parfaits,
selon leur nature ; et cent autres rapprochemens qu'il
nous serait facile de faire des passages des Saintes-
Écritures rappelant le nombre sept. Mais c'est surtout
en tant que s'appliquant à la nature physique, que
notre intention est ici de considérer ce nombre re
marquable , persuadés que deux mots, à cet égard,
suffiront, pour faire voir au lecteur le plus prévenu
que nos convictions ne. reposent point entièrement
sur des chimères , et que les emblèmes moraux , four
nis par les nombres eux-mêmes , peuvent être fondés
en nature. C'est évidemment d'après la base du nom
bre sept que tous les organes du corps humain ont
été formés. La voix de l'homme est divisée en sept
tons différens , savoir : cinq tons pleins et deux demi-
LE VRAI MESSIE. I 0,3
même, apparaissant sous la forme de JÉSUS-
CHRIST. JÉSUS-CHRIST seul a effacé de-
tons. La même division se remarque dans les sons que
rend le gosier, et qui donnent cinq voyelles et deux
diphthongues. Les yeux distinguent de même sept
couleurs principales, dont deux peuvent être régar
dées comme des demi-couleurs. Dites la môme chose
de l'oreille qui est en un exact rapport avee la voix.
Dites la même chose, en un mot, de tous les sens de
l'homme , dont le nombre lui-même pourrait facile
ment être porté à sept, comme nous l'avons remarqué
ailleurs , en y faisant entrer le cœur et l'organe de la
reproduction : car il est évident que les mêmes pro
portions se trouvent dans les odeurs, les saveurs, et
en général dans toutes les formes géométriques primi
tives. Nous sommes si convaincus de cette vérité , que
nous osons prédire à messieurs les phrœnologistes
qu'ils porteront un jour le nombre de nos organes
cérébraux , au nombre jubilaire, c'est-à-dire, à sept
fois s»ept, ou "à quarante-neuf; de même qu'un de
nos amis leur avait déjà 'prédit qu'ils y reconnaîtraient
trois catégories distinctes. Il nous est également par
venu qu'un savant médecin de la capitale croit avoir
trouvé certains rapports entre la structure du corps
humain, et celle des temples d'Egypte, et entre ces
derniers et la distribution de notre système plané
taire; et nous osons l'engager à livrer hardiment son
travail au public , sur , d'avance , qu'il ne peut qu'être
ingénieux.
9
194 I^E VRAI MESSIE.
v.
puis l'iniquité de la terre; seul il a déclaré
avoir par lui-même ce droit incommuni
cable de la Divinité de remettre les péchés :
afin que vous sachiez que le fils de
l'homme a sur la terre le pouvoir de re
mettre les péchés , levez-vous, dit-il au
paralytique ; emportez votre lit, et vous
en allez dans votre maison.
Vous recevrez l'or et l'argent, et vous
enferez des couronnes que vous mettrez
sur la tête du grand-prêtre Jésus, fils de
Josedec , et vous lui direz : Voici ce que
dit JÉHOVAH, le Dieu des armées; voila
l'homme qui a pour nom /'ORIENT; ce
sera un germe qui poussera de lui-même;
et il bâtira le temple de JÉHOVAH. Oui,
lui-même , il bâtira le temple de JEHO-
ATAH; il sera couronné dé gloire, il s'as-
séjera sur son trône et dominera. Le
grand-prêtre sera aussi assis sur le sien , *
et il y aura entr'eux une alliance de
paix (Zacharie, vi. ii, i2, i3).
En examinant de près, et conformément
au génie de la langue de la nature, ce nom
d'OIUENT donné au MESSIE par plusieurs
prophètes, on ne peut y méconnaître ce
LE VRAI MESSIE. igS
vrai soleil levant qui devait éclairer nos
ténèbres, savoir, JÉHOVAH en tant que
verbe ou étemelle vérité, naissant dans
l'obscurité sur la terre des mortels, et arri
vant par degrés au midi ou à la plénitude
de son être. — Le mot de germe implique
la même idée : imperceptible d'abord, il doit
se développer peu à peu, et devenir enfin
le temple de JEHOVAH. Ce germe doit en
outre pousser de lui-même : c'est évidem
ment l'incarnation immédiate et volontaire
de DIEU RÉDEMPTEUR : c'est lui qui est
devenu le vrai temple de JÉHOVAH,détruit
et rebâti au bout de trois jours; le taber
nacle de la Divinité , laquelle y habite cor-
porellement et dans tou-te sa plénitude,
pour être à ^mah/iccessible aux hommes.
Nous-mêmes, nous devons plus tard former
autant de pierres vivantes de ce temple ,
afin qUe tous soient consommes dans l'u
nité,
JÉSUS-CHRIST s'est -assis sur le trône
de son PÈREquand le FILS DE L'HOMME
est remonté là oà il était auparavant ;
et le grand-prêtre ( selon Vordre de Mel-
chisédec) s'y est assis en même temps; car
. . 9-
i96 LE VRAI MESSIE.
JÉHOVAH, DIEU CRÉATEUR, et JÉSUS-
CHRIST, DIEU RÉDEMPTEUR , ne sont
qu'un seul et même Etre adorable, uni
que dans son essence , triple par rapport à
l'homme. C'est une union , ou plutôt une
unité entière et parfaite que le prophète
entendait par une alliance de paix entre
le germe de JÉHOVAH et le grand-prêtre.
JÉSUS est UN avec JÉHOVAH ; l'homme
peut simplement lui être uni: telle est la
différence.
Pour mettre tous les lecteurs en état d'é
tudier par eux-mêmes plus à fond ce pas
sage emblématique de Zacharie, en le com
parant à d'autres passages analogues, nous
rappellerons ici que Jésus-Josedec signifie
Sauveur- Jéhovah-Justice , Jo étant une
abréviation de Jéhovah.
En ce temps-là , dit JÉHOVAH , je tra
vaillerai à réduire en poudre toutes les
nations qui viendront contre Jérusalem ,
et je répandrai sur la maison de David et
sur les habitans de Jérusalem un esprit de
grâces et deprièi l <vIls jetteront les yeux
sua MOI qu'ils auront percé; ils pleure
ront avec larmes et avec soupirs CELUI
LE VRAI MESSIE. i97
qu'ils auront blessé , comme on pleure un
fils unique; et ils seront pénétrés de dou
leur, comme on l'est à la mort d'un fils
aîné (Zacharie, xn, g, i0).
Il ne reste rien a expliquer ici : il n'y
a qu'a engager le lecteur a reconnaître
SON SEIGNEUR ET SON DIEU, si jusque-
la IL A EU LE MALHEUR DE LE MÉCONNAÎTRE.
Ce n'est point un faible mortel comme lui,
• c'estJÉHOVAH, son DIEU en personne, qui
lui parle en -cet endroit. Les expressions de
fils unique^ de fils aîné^ ne sont que des
comparaisons.
En cejour-là^ chacun de ces prophêtes
qui auront inventé des prophéties ; sera
confondu par sa propre vision. Ils ne se
couvriront plus de sacs pour donner de
Pautoritéà leurs mensonges ; mais chacun
d'eux dira: Je ne suis point prophête ; je
suis un homme qui laboure la terre dès
majeunesse, à l'exemple d'Adam. Alors
on lui dira : D'où viennent donc ces plaies
que tu as dans les mains ? et il répondra :
J'ai étépercé de ces plaies dans la maison
de ceux qui m'aimaient. 0 épée, réveille-
toi! YiENS CONTRE MON PASTEUR, CONTRE
igS LE VRAI MESSIE.
l'homme qui se tient toujours attaché
a moi, dit JÉHOVAH,LE Dieu des armées;
FRAPPE LE PASTEUR, ET LES BREBIS SERONT
DISPERSÉES, ET j'ÉTENDRAI MA MAIN SUR LES
petits ( Zacharie, xm , 4 , 5 , 6 , 7 ).
On voit par ce passage que la coutume
des faux prophètes, chez les Juifs, était d'a
voir les mains percées : coutume qui ne
pouvait venir que d'une connaissance anti
cipée de la mort du MESSIE, ou bien de
quelque connaissance vague de la significa
tion naturelle des mains percées en elle-
même. Il y avait anciennement dans l'Orient
de nombreuses écoles, où on formait de
jeunes prophètes par centaines, comme dif-
férens passages de l'Ancien Testament le
prouvent. Ceux qui ne pouvaient s'élever à
la hauteur de l'extase divine, ou plutôt
ceux que le SEIGNEUR n'élevait point à
cette hauteur, tâchaient alors d'imiter les
prophètes véritables le mieux qu'ils pou
vaient ; en d'autres termes, ilsjouaient les
prophêtes, aidés en cela plus ou moins
par les mauvais esprits. Et cet abus fut to
léré deda part de la Providence, comme un
contre-poids dans la balance de la liberté
LE VRAI MESSIE. I QO.
humaine, et pour éviter de plus grandes
profanations.
Par l'homme qui se tient toujours à la
droite de JÉHOVAH, et que David appelle
souvent le fils de la droite, on ne peut
entendre qu'ADONAI^ l'éternelle vérité,
fruit de l'éternel amour, comme nous l'a
vons déjà fait remarquer; ou JÉHOVAH,
apparaissant sous laforme angélique ou
humaine; forme qu'il a revêtue de chair ^
quand le pasteur devait être frappé, les
aînés du troupeau dispersés . et lesjeunes
brebis recueillies pour former une société
nouvelle.
JÉHOVAH paraîtra ensuite , et il com
battra cette nation, comme il afait quand
il.a combattupour sonpeuple. En cejour-
là, IL POSERA SES PIEDS SUR LA MONTAGNE DES
Oliviers j qui est vis-à-vis de Jérusalem
vers l'orient; et la montagne des Oliviers
serafendue par le milieu , vers l'orient et
l'occident , de sorte qu'il y aura une très-
grande vallée ; et une moitié de la mon
tagne se retirera vers l'aquilon, et l'autre
moitié vers le midi. Et vous fuirez par
cette vallée des montagnesjusqu'à Astal;
200 1È VRAI MESSIE.
vous vous enfuirez comme vous vous en-
fuites devant le tremblement de terre , aux
jours de Josias, roi de Juda. Alors JÉHO
VAH monDieu viendra; et tousses Saints
seront avec lui. En ce temps-là, on ne
verra point de lumière ; mais il n'y aura
que froid et gelée. Ily aura unjour connu
de JÉHOVAH ^ qui ne sera nijour ni nuit;
et sur le soir de cejour\ la lumière paraî
tra . Il.soHira alors deJérusalem des eaux
vives , dont la moitié se répandra vers la
mer d'orient , et l'autre moitié vers la mer
d'occident; et elles couleront l'hiver et
l'été. En ce temps-là, JÉHOVAH sera le
roi de toute la terre; JÉHOVAH sera UN,
et son nom UN (Zacharie, xiv, 3, 4j 5, 6,
7,8,9).
Nous pensons en avoir dit assez au lecteur
pour qu'il soit persuadé que tout ce passage
est emblématique, et qu'il n'est point impos
sible d'en retrouver toutes les significations
de détail. Un travail approfondi sur la lan
gue de la nature, parlée par tous les prophè
tes, travail qui sans doute ne sera pas l'ou
vrage d'un seul homme, mènera à ce résultat.
En attendant, on voit clairement que , par
LE VRAI MESSIE. SOt
les eaux sortant de Jérusalem, il faut en
tendre les vérités divines ; que ce jour oh
il n'y a ni lumière ni ténèbres , mais seule
ment un crépuscule , duJrvid et de la gelée,
est le moment de l'extinction totale de la
vérité et de la charité, quand JÉHOVAH
est obligé de venir LUI-MEME au secours
de ses faibles enfans , pour rétablir et multi
plier parmi eux les liens de l'amour; enfin ,
que Vo/'ient indique Vaccroissement de cer
taines vérités, et Voccident le décaisse
ment de certaines autres; tout comme le
midi indique les sociétés,qui sont dans la
charité , et le nord^ celles qui manquent
de charité.
Nous savons bien déjà ce que veut dire
montagne; mais la circons-tance des oli
viers , et celle de la séparation de la mon
tagne des Oliviers en deux parties , pour
laisser un vallon au milieu, sont encore des
énigmes pour nous.
Le reste de cette prophétie est fort
clair: JÉHOVAH paraîtra; il posera se&
PIEDS SUR LA MONTAGNE DES OLIVIERS. Ses
pieds, comme nous Pavons prouvé, sont
son humanité tout entière. Il ne reste
9-
202 LE VRAI MESSIE.
donc maintenant qu'à attendre ce moment
solennel, où JÉHOVAH deviendra par le
fait LE ROI de toute la terre ; et ce mo
ment arrivera quand on ne dira plus que
JÉHOVAH est trois, mais UN , ni que son
nom est trois , mais UN.
Je vais vous envoyer mon ange , qui
préparera ma voie devant Mkface , et aus
sitôt le DOMINATEURquevous cherchez ,
l'ANGE DE L'ALUANCE QUE VOUS DÉ
SIREZ, viendra dans son temple : LE
^OICl QUI VIENT, dit JÉHOVAH, LE
DIEU DES ARMÉES (Malachie, m. i).
On remarque avec autant d'admiration
que de joie, comment les prophéties sont
devenues toujours plus claires, à mesure que
les temps du MESSIE approchaient : LE
VOICI QUI VIENT, dit Malachie, le der
nier des prophètes.
Et dans ce moment décisif, encore nulle
mention d'utifils éternel^m d'une seconde ,
ni encore moins d'une troisième personne
distincte dans L'ÊTRE DIVIN. JÉHOVAH
ne dit pas imon ange préparera la voie à
mon fils , mais mon ange préparera MA
VOIE devant MA FACE.
US VttAt MESSIE. 303
Nous nous arrêterons ici, et nous n'accu
mulerons pas un plus grand nombre de té
moignages tirés del'Ancien Testament , pour
prouver notre thèse : ce que nous avons dit
est plus que suffisant pour éclairer tout
homme sensé et de bonne foi. Malheur au
lecteur qui jusqu'ici n'aurait point reconnu
le DIEU DE SON COEUR, et SA PART
POURl'ÉTERNITÉ!
Réponse à quelques objections.
Avant de passer à ce que le disciple bien
aimé et les autres apôtres nous apprendront
sur la personne sacrée du MESSIE, avec le
quel ils ont vécu, pour ainsi dire , dans une
amitié intime, nous devons répondre à quel
ques objections insignifiantes, que, dans
des temps d'ignorance, on a cru pouvoir
faire contre l'unité absolue de personne en
JEHOVAH) d'après quelques expressions
particulières de l'Ancien Testament.
Elohim, dit-on, est un des noms que les
prophètes, après Moïse, donnent le plus
souvent à Dieu : or, ce nom est évidemment
un pluriel. On voit même plusieurs fois ce
nom construit avec des adjectifs ou des
20-4 l-E VRAI MESSIE.
verbes au pluriel. Ainsi Abraham dit ( Ge
nèse , xx, i3) : Depuis quEzonm mont
fait sortir de la maison de mon père
(Genèse, xxxv, 7); il est dit : Elohim se
sont montrés à Jacob ; les deux verbes
niguelou iSaa , et hithehou innn 1 étant in
contestablement des pluriels dans la langue
originale. Ainsi, au Deutéronome(iv, 7), on
lit : Elohim Kérébim omp daiSn les Dieux
proches; dans Isaïe (uv, 5), on trouve le
verbe osika, "pn, vrai pluriel , en parlant du
CRÉATEUR, comme si le prophète avait
dit : ceux qui vous ont fait. Au second
livre de Samuel (vu, 23), Elohim Halé-
kou^ inSn D'nbx; ailleurs enfin, on .rencon
tre ces expressions : Elohim Kedoshim ,
OTznp dviSn, Elohim Gebahim ,dVqj ovhx ,
autant de pluriels; donc, dit-on, même
d'après l'Ancien Testament, on peut recon
naître plusieurs personnes en Dieu.
Mais, nous le demandons, comment dans
une question d'une telle importance^ ques
tion qui touche à la nature même de l'ETRE
que Ton ne peut diviser qu'en le détruisant,
on ose s'appuyer de telles autorités? Même
en reconnaissant quelque force à ces petites
LE VRAI MESSIE. 2o5
remarques, que pourraient-elles prouver
contre plusieurs milliers de passages formels
qui représentent le CRÉATEUR comme un
être absolument unique! . .
Tous les passages cités, au reste, ou ne
sont qu'autant d'anomalies grammaticales ,
ou sont des textes mal compris et mal appli
qués, comme nous Talions montrer.
Sans parler des faux dieux , tout le monde
ne sait-il pas en effet qu'anciennement on
appelait quelquefois les anges, quelque
fois même les grands hommes, du nom de
Dieux! Et est-il étonnant alors qu'avec le
temps il se soit introduit une terminaison plu
rielle dans un des noms donnés à JÉHOVAHi
sans que personne ait prétendu par-là mul
tiplier en aucune façon son être ni sa person
nalité! Entrez dans les détails, vous verrez
qu'aucune de ces objections ne mérite d'être
prise en une sérieuse considération. Abra
ham, dans l'endroit cité, parle à un idolâtre,
à Abimelek , de visions qu'il avait eues en
songe par le ministère des anges, dans un
temps où lui-même ne regardait encore
.1EH0VAH que comme un Dieu distinct, et
plus puissant que les autres (si toutefois
2o6 LE VRAI MESSIE.
Abraham a jamais eu avant sa mort des
idées plus saines; ce que nous ne décidons
pas ici (i)); il pouvait donc se servir tout natu
rellement de l'expression plurielle Elohim ,
sans que l'on en puisse tirer aucune con
séquence. Dites la même chose du passage
relatif à Jacob, à qui Dieu s'était également
révélé moyennant les sociétés du inonde
spirituel, ou du moins accompagné de ces
sociétés , sur l'échelle emblématique. Au
Deutéronome, il est évidemment question
de faux dieux. Isaïe , où il n'a ajouté Vlota
que par euphonie au participe osika^ selon
l'usage reçu; ou bien il aura voulu donner
à entendre par-là les soins multipliés que
le Seigneur avait pris dans divers temps pour
réformer Israël. Enfin Elohim Kedoshim
ne veut dire autre chose que Dieu les sain
tetés, ou Dieu très-saint; Elohim-geba-
him^ Dieu les hauteurs, ou Dieu très
(i) Abraham n'a jamais appelé Dieu directement
Jéhovah; seulement , quand il donna un nom à la
montagne où il allait sacrifier Isaac, il l'appela Jéhovah
y pourvoira. Aussi l'ÉTERNEL déclare-t-il à Moïse
(Exode vi, 3.), qu'il n'a point été connu d'Abraham
par son NOM JÉHOVAH; ce qui est très-digne de
remarque.
LE VRAI MESSIE. 207
haut, un pluriel n'étant très souvent qu'un
superlatif. Le mot Elohim, d'ailleurs, n'est
pas le seul mot de la langue hébraïque qui ,
avec une terminaison plurielle ne soit en ef
fet qu'un singulier. Nous pourrions en citer
des exemples. De plus, ce même mot Elo-
him se trouve, en revanche, construit avec
un singulier dans dés endroits où il est un
pluriel véritable, désignant les faux dieux :
Lo ihe/eh leka Elohim ekarim , est-il dit
dans le premier commandement, au lieu
ù'Ihejou. Et enfin , les deux mots Jéhovah
Elohim qui sont très souventjoints ensemble
peuvent tout .naturellement se traduire
ainsi : JÉHOVAH qui nous tient lieu de
tous les Vieux, ou bien JÉHOVAH qui est
le Dieu de bonté, le Dieu de- sagesse et
le Dieu de puissance. Au résumé, aucune
objection quelconque ne doit paraître de
quelque poids à côté de cette déclaration
solennelle de JÉHOVAH sur Sinaï : Écoute,
ô israel, JÉHOVAH ton dieu (ou Jébovah
QUI EST POUR TOI TOUS LES DIEUX ), EST UN
JÉHOVAH unique. Quand il n'y aurait dans
toute la Bible que cette seule déclaration ,
il faudrait s'y tenir (Deut. vi, 4)-
208 LE VRAI MESSIE.
Mais, ajoute-t-on, voilà qui est plus sé
rieux. Dieu dit dans la Genèse : faisons
l'homme à notre image; l'homme est de
venu comme l'un d'entre nous; descen
dons et confondons leur langage. . . Cela
n'est-il pas décisif ?
Nousrépondons que ces sortes depassages,
ou n'offrent que des manières de parler
communes à toutes les langues, ou prouvent
que Dieu s'adresse quelquefois aux anges
qui l'entourent, efc que pour leur bonheur
il associe à ses œuvres. Quand Moïse fait
dire à Dieu , faisons , descendons , confon
dons, ce n'est évidemment que parce que
dans aucune langue l'impératif n'a de
première personne au singulier. Et pour ce
qui est do ces mots , l'homme est devenu
comme l'un d'entre nous, ils paraissent fort
naturels, quand on faj{ attention que le ser
pent , s'adressant à Adam et à Eve , avait dé
jà été représenté comme parlant au pluriel :
vous serez comme des dieux; car le Seigneur
n'a fait de son côté que rappeler ce propos.
Il faut sentir véritablementquel'on défend
une mauvaise cause , quand on a recours à
des inepties pareilles à celles que L'on n'a pas
1E VRAI MESSIE. 20O.
craint d'avancer, quand on a voulu mainte
nir une trinité de personnes distinctes dans
l'essence divine. C'est ainsi que l'on s'est ac
croché à ce passage des Nombres ( vi, 24 ),
où est décrite la triple bénédiction que le
grand-prêtre devait donnera Israël dans cer
taines circonstances : Que JÉHOVAH vous
bénisse et qu'il vous conserve; que JÉHO
VAH <vous découvre son visage, et qu'il ait
pitié de vous ; que JÉHOVAH tourne son
visage vers vous ,^t qu'il vous donne la
paix.CeUe bénédiction peutsansdoute avoir
quelque rapport à la triple essence de JÉ
HOVAH, quand on le considère dans son
rapport avec l'homme; mais il y a loin de là
à une distinction réelle de personnes.
Terminons donc en déclarant de nouveau,
et solennellement, que dans tout l'Ancien
Testament il n'y a aucun vestige deladistinc-
tion dangereuse que l'on a faite dans les temps
modernes; que le MESSIE lui-même n'y est
jamais annoncé comme constituant une per
sonne à part, et qu'aucune vérité n'y est plus
souvent ni plus formellement répétée que
celle de L'UNITÉABSOLUEDEJÉHOVAH.
3i0 LE VRAI MESSIE.
CHAPITRE IL
Jésus-Christ d'après le Nouveau Testa
ment.
Saint-Luc est celui des évangélistes qui est
remonté le plus haut dansl'histoire de la vie
mortelle de JÉSUS-CHRIST; saint Jean, ce
lui quia pénétré le plus avant dans la nature
de son être. Avant donc de parcourir par
ordre tout l'évangile de saint Jean, citons
d'abord quelques passages de saint Luc.
Alors un ange du SEIGNEUR apparut
à Zacharie ( le grand-prëtre) , se tenant
deboutaucôté droit de l'autel desparfums.
Et Zacharie , en le voyant,fut troublé, et
la frayeur le saisit ; mais l'ange lui dit :
Zacharie, ne crains point, car ta prièr-e
est exaucée , et Elisabeth , tafemme, t'en
fantera unfils; et tu lui donneras le nom
^^v.
LE VRAI MESSIE. 2 M
de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie
et de ravissement, etplusieurs se réjouiront
de sa naissance , car il sera grand devant
le SEIGNEUR. Il ne boira point de vin tii
d'autres liqueurs fermentées , et il sera
rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa
mère. Il convertira plusieurs des enfans
d'Israël au SEIGNEUR leur Dieu, et il
marchera devant lui dans l'esprit et lu
vertu d'Elié, pour tourner les cœurs des
pères vers les enfans, et les rebelles à la
sagesse des justes , afin de préparer au
SEIGNEUR un peuple parfait ( Saint Luc ,
du verset u au \^m° ).
Dans ce passage, il n'est encore question
directement que de la naissance du Pré
curseur : aussi ne le citons-nous que pour
mieux faire voir comment les deux Testamens
sontliés ensemble; comment le mémeplan est
partout poursuivi par le ciel, et annoncé à
la terre en termes emblématiques. Jean est
évidemment cet ange qui devait être en
voyé devant la face du SEIGNEUR pour
lui préparer sa voie , selon le prophète
Zacharie. On attribue ici à Jean les qualités
d'ÉuE, parce qu'il représentait le même
2 i2 LE VRAI MESSIE.
emblème que cet ancien serviteur de Dieu.
De même que Moïse représentait toute la
loi, de même JElie, et après lui Jean, repré
sentaient tous les prophêtes. La loi et les
prophêtes, dit le SEIGNEUR, se terminent
dans la personne de Jean. Et cette circons
tance avait donné lieu à cette croyance po
pulaire répandue du temps de JESUS -
CHRIST , qu'Elie reparaîtrait immédiate
ment avant la venue du MESSIE.
Jean n'est plus compte au nombre des
prophètes proprement dits , parce qu'il a
montré du doigt CELUI qui devait venir.
77 est plus qu'un prophête ; il est le plus
grand des enfans des hommes, selon la dé
claration de JÉSUS-CHRIST. Et par-là, pour
le dire en passant, JÉSUS-CHRIST s'est dit
Dieu au moins indirectement ; car quel
autre pourrait être CELUI de qui ce même
Jean , le plus grand des enfans des hommes,
comme on vient de l'entendre, se recon
naissait néanmoins indigne de dénouer les
cordons des souliers /si ce n'est le PÈRE de
tous les hommes? Nous aurons plus d'une
fois occasion de remarquer combien estera-
tuile l'assertion de ces esprits superficiels qui
LE VHAI MESSIE. 2l3
prétendent que JÉSUS-CHRIST ne s'est
jamais déclaré Dieu assez ouvertement. Cent
passages paraissent aussi concluans, à cet
égard , aux yeux de l'homme exempt de pré
jugés, que celui qui contient la réponse de
JÉSUS-CHRIST au grand-prêtre, lorsque,
interrogé par lui, au nom du Dieuvivant^'A
est le CHRIST le FILS DE DIEU, il répond :
OUI, JE LE SUIS. De plus , vous verrez
le fils de l'homme assis à la droite de la
puissance de Dieu, venant dans les nuées
duciel. Saint-Marc rend par une affirmation
claire et catégorique cette expression usitée
anciennement, vous le dites, pour affirmer
une chose.
Or, ausixième mois, Dieu envoya l'ange
Gabriel dans une ville de Galilée appe
lée Nazareth, à une viergefiancée à un
homme nommé Joseph , de la maison de
David; et cette vierge s'appelait Marie.
Et i'ange étant entré dans le lieu où elle
était , lui dit : Je te salue, toi qui es reçue
en grâce; le SEIGNEUR est avec toi; tu
es bénie entre toutes lesfemmes. Et ayant
vu l'ange, elle fut troublée de son discours,
et elle pensait en elle-même ce que pouvait
2l4 EE VRAI MESSIE.
être cette salutation. Alors l'ange lui dît :
Marie, ne crains point , car tu as trouvé
grâce devant Dieu ; et tu concevras et
enfanterixs un fils à qui tu donneras le
nom de JÉSUS. // sera grand et sera ap
pelé le filsdu Très-Haut; et le SEIGNEUR
DIEU lui donnera le trône de David son
père. Il régneraÉTERNELLEMENT sur la
maison de Jacob; et il n'y aura point de
fin à son règne. Alors Marie dit à l'ange :
Comment cela sefera-t-il , puisque je ne
connais point d'homme ? Et Vange lui ré
pondit :LeSxiJfT-EspRiT surviendra entoi,
et la vertu du Très-Haut te couvrira de
son ombre : c'est pourquoi aussi /«chose
sainte qui naîtra de toi sera appelée le
fils de Dieu (St.-Luc, i, du v. 26 au 35).
Plus on examine ce passage, plus on est
frappé de son exact rapport avec tout ce qui
avait été prédit, depuis les paroles de JÉ-
HOVAH au serpent, jusqu'à celles du père
desaintJean-Baptiste dans son cantique d'ac
tions de grâces. Et si, d'après toutes les pro
phéties de l'Ancien Testament que nous
avons rapportées, le lecteur est persuadé
qu'un libérateur céleste devait paraître
LE VRAI MESSIE. 3l5
sur notre terre, il doit être persuadé éga
lement que ce libérateur n'était autre
que JÉSUS-CHRIST.
Mais c'est ici le lieu où nous nous som
mes réservé d'expliquer définitivement ce
qu'il faut entendre par ces mots fils de '
Dieu , en parlant du SAUVEUR DU MON
DE, que nous prétendons être JÉHOVAH
lui-même en personne.
Sans rappeler que dans les temps anciens
le mot defils était extrêmement vague, et ne
signifiait très-souvent qu'une relation quel
conque^ non-seulement parmi les animaux,
mais même parmi les choses inanimées,
ainsi que le prouvent les expressions âefils
de celle qui est sous lejoug , defils du car-
quois , fils de la mort , fils du tonnerre,
fils de la lumière, etc.; dans un sens plus
restreint, fils de Dieu, signifiait ancienne
ment un homme vertueux : en ce sens,
nous disons encore enfans de Dieu, par o[>-
positions aux enfans de Bélial. Fils de
Dieu signifiait aussi dans l'Ancien Testament
un voyant, un prophête, un ange, un
envoyé de Dieu , comme celui qui apparut
au milieu des trois jeunes gens dans la four
ai 6 LE VRAI MESSIE.
naise, quand Nabuchodonosor dit : N'ai-je
point fait,jeter trois hommes liés dans ce
Jeu? d'où vient donc que j'en vois un
quatrième semblable à un fils de Dieu?
Les prophètes étaient appelés du nom de
fils de Dieu1 comme des personnes chéries
de DieUj et du nom de fis de l'homme,
comme des envoyés de Dieu près des hom
mes. Ces mêmes dénominations étaient enfin
transportées à l'image emblématique , sous
laquelle JEHOVAH apparaissait aux patriar
ches en extase, surtout quand cette image,
au lieu d'être un simple phénomène, comme
le buisson ardent ou lesfeux de Sinaï, re
présentait la forme distincte de l'homme
ou de l'ange. Tel Daniel décrit JÉHOVAH
sous le nom de \ancien des jours, s'as-
séyant sur son trône defeu et de flammes ,
ayant un vêtement blanc comme la neige,
et une chevelure éclatante comme la laine
la plus pure (Daniel vu, 9, 1^), donnant,
au eils DE i'hommb , qui arrive avec les
nuées des cieux et se lient devant lui,
unedominationéternelle etunr-ègne qui ne
finira point; quand , malgré l'apparition de
ces deux personnages, le prophète ne conçut
IE VRAI MESSIE. 2i7
jamaisl'idée d'aucune duplicité de personnes
divines; l'ensemble de cet emblème impo
sant étant pour lui JÉHOVAH, le vieillard,
comme emblème particulier du CRÉA -
TEUR éternel , et le fils de l'homme,
comme emblème particulier du MESSIE
futur, ou du CRÉATEUR devant s'incarner
un jour. Tel JÉHOVAH fut également vu
d'Ézéchiel quaud il dit : Quelqu'un m'ap-
parut commeunfeuardent; depuis les reins
Jusqu'en bas, ce n'était qu'uneflamme, et
depuis les reins jusqu'en haut, il parais
sait un airain mêlé d'orétincelant de lu
mière. Ici encore, outre ce prejnier person
nage, un autre, qu'Ézéchiel appelle éga-;
lemei\tfils /Je l'homme, toucha les lèvres du
prophète. Deux emblèmes, qui, comme le
précédent, et comme les trois anges d'A-,
braham. ou les deux de Sodom-e , se confon
daient si bien dans l'esprit d'Ézéchiel, etgé-
néralementdetousles prophêteSjque jamais
ils n'eurent la moindre idée de multiplier
pour cela la personnalité divine ( Ëzéçhiel,
vin, 2). Dans le Nouveau Testament,
JÉSUS-CHRIST, vrai//* de l'homme, en
tant que PROPHETE et SAUVEUR, fut
2l8 LE VRAI MESSIE.
transformé de la même manière sur le Tha-
bor, en un emblème vivant de JEHOVAH
DANS SA GLOIRE, resplendissant comme
le soleil, et communiquant cettelumière di
vine même à ses vêtemens (Saint Matthieu,
xvn, 2 ), quand une voix partit de la nue,
( et non du Père distinct demeuré au ciel ,
comme on le croit communément ), et dit:
Cest ici mon Fils Bien-Aimé, écoutez-le.
Le même être adorable reparaît enfin dans
l'Apocalypse : Au milieu des sept chande
liers d'or, dit saint Jean , je vis quelqu'un
qui ressemblait au fils de l'homme. //
êtaitvêtu d'une longue robe,et ceint d'une
ceinture d'or au-dessus des mamelles. Sa
tête et ses cheveux étaient blancs comme
la laine pure et comme de la neige , et ses
yeux paraissaient comme uneflamme de
feu. Ses pieds étaient semblables à de Vai
rain fin, quand il est dans une four
naise ardente (Apoc. i, i3, i4 ? *5)-
Ici, le personnage que Jean désigne par
le mot quelqu'un, n'est évidemment autre
que le CRÉATEUR apparaissant sous une
forme emblématique. Il ressemblait au
FILS DE L'HOMME, parce que JÉSUS
LE VRAI MESSIE. 2i9
CHRIST n'était qu'un être identique avec
ce même CRÉATEUR. L'agneau, dit ail
leurs Jean , vint recevoir le livre des mains
de CELULqui était assis sur le trône; où évi
demment Vagneau ne représente que l'hu-
» inanité de.ÏÉHOVAH, c'est-à-dire, le Dieu
incarné/le CHRIST ou Roiparexcellence;
et CELUI qui est assis sur le trône, la divi
nité du même Etre.
Dans tous ces passàges,les mots defils de
Dieu sont généralement appliqués aux di
vers emblèmes sous lesquels JEHOVAH s'est
montré, et avec lesquels il s'était plus ou
moins identifié. Car JEHOVAH se montre à
chacun selon sa capacité, ou selon l'idée
qu'il est essentiel de lui communiquer dans
le moment. Moïse, homme passionné,
voit Dieu dans une épine enflammée , et le
peuple d'Israël, qui ne connaît que le senti
ment de sa crainte, le voit dans une tem
pête. Chaque ange même du ciel doit voir
Dieu d'une manière un peu différente, selon
le degré de sa sagesse ou de son amour.
Et pour le dire en passant, les descrip
tions elles-mêmes de ces prophètes, vivant
à des époques si éloignées, commesont celles
10.
330 LE VRAI MESSIE.
do saint Jean et d'Ézéchiel, descriptions
toutefois d'une ressemblance si parfaite,
suffiraient pour démontrer à l'esprit le plus
préoccupé que JÉHOVAHetJÉSUS-CHRIST
ne sont qu'une même personne et qu'un
même être, appelé tantôt PÈRE, tantôt FILS,
tantôtJÉHOVAH, tantôt le MESSIE, tantôt
FILSDE DIEU, tantôt FILS DE L'HOMME,
selon les diverses manières de l'envisager.
D'après tout cela , et vu Vunité absolue
de l'ÊTRE DIVIN, inculquée si fortement
par toute l'EcriturerSainte, la seule vraie si
gnification des motsJïls de Dieu appliqués
à JÉSUS-CHRIST, doit être celle-ci : le Dieu
de gloire, le Dieu créateur, c'est JÉ-
HOVAH PÈRE; le verbe, la par-oie, le
Dieu incarné et rédempteur, c'est JÉ-
HOVAH FILS; en tant qu'amour, ou puis
sance, ou volonté éternels, Dieu est PÈRE ,
en tant qu'éternelle sagesse ou éternelle
vérité, il est FILS; en tant que moi uni
versel, il est PÈRE , en tant que moi person
nifiéparticulièrement en Judée, il est FILS;
enfin, en tant que né immédiatement par
la vertu du Tres-Haut, il est FILS DE
DIEU, en tant que né par amour pour
LE VRAI MESSIE. 22 1
les malheureux mortels , il est FILS DE
L'HOMME: par où l'on voit que la qualité
de FILS DE L'HOMME est réellement su
périeure à celle de FILS DE DIEU; l'une
ne se rapportant qu'au VERBE ou à la VÉ
RITÉ, l'autre à ï'AMOUR. Mais quant à Vu-
nitéïïêtre, comme de^emm/2e,ellea tou
jours été une, indivisible et absolue dans
Vessence divine, et le sera éternellement.
JÉSUS-CHRIST , dit l'apôtre Paul lui-même,
étant dans la forme de Dieu, .n'a pa.s craint
de s*anéantir et de paraître sur la terre sous
la forme de l'esclave ; en d'autres termes ,
JÉHOVAH apparaissant dans le ciel sous la
forme d'un homme divin, n'a pas craint de
se montrer sur la terre sous la forme d'un
faible mortel. C'est donc le même ETRE
ineffable, la même PERSONNE DIVINE,
qui nous a créés et qui nous a rachetés ; qui ,
comme créateur, nous a montré sa puis
sance, et qui, comme réparateur, nous a
prouvé son amour. Quand on s'en tient stric
tement aux expressions simples de l'Évan
gile, Dieu manifesté en chair , leverbefait
chair,etqu'on ne réunitpas toutce que l'es
prit humain a de plus sophistique pour les
222 1E VRAI MESSIE.
embrouiller, tout demeure clair et intelligible
dans la grande démarche de JEHOVAH pa
raissant en roi au milieu de ses enfans.
QueMarie soitrestéevierge,malgrésa con
ception, la chose est fort claire, puisque l'E-
TRE CRÉATEURs'estincarnélui-même, par
saproprevertu créatrice, appeléeSaint-Esprit
par l'ange. JEHOVAH, le, roidegloire, est lui-
même,en un sens,leyt>ère deJÉHOYAHhumi-
lié et anéanti dans le sein de Marie : JEHO
VAH es,t, pour ainsi dire,fils à lui-même; ce
qui se conçoit parfaitement, malgré la singu
larité de l'expression : tandis que, dans la mar
nière ordinaire d'entendre ce mystère, l'ab
surdité saute aux yeux : outre l'idée funeste
d'une multiplicité de dieux, qu'une distinc
tion ree//edepersonnesnepeutquefaire naî-
tre,ilya encore là cetinconvénient,quela per
sonne du CHRIST serait plus véritablement
fils de la personne appelée Saint-Esprit,
que de celle appelée Père, puisqu'il est dit :
elle conçut du Saint-Esprit.
Mais ce qui prouve jusqu'à l'évidence que
notre explication est la seule vraie, c'est que
l'ange lui-même répète deux fois , que CE
LUI qui naîtra de Marie ne sera ^w'appe
• LE VRAI MESSIE. 223
lé Fils de Dieu; c'est que pour faire voir que
Marie ne fournira que la chair mortelle du
Û4ESSIE , il se sert des mots, la chose sainte
qui naîtra de toi, évitant de dire, Venfant
qui naîtra de toi.
Et en consignant ici, pour la première fois,
une vérité aussi importante, nous osons con
jurer le lecteur, au nom detout ce qu'il y a de
plus sacré, de ne jamais plus entendre que le
même et unique JEHOVAH, sous le nom de
Fils comme sous celuide Père, s'il veut con
server des idées claires sur la Divinité, et ne
point s'exposer à perdre entièrement la foi
au Dieu créateur aussi bien qu'au Dieu ré
dempteur, en divisant et en multipliant
dans son esprit l'ÊTRE DES ÊTRES.
Joseph aussimonta de Galilée en Judée,
savoir, de la ville de Nazareth à la ville
de David, nommée Bethléhem, parce qu'il
était de la maison et de lafamille de Da
vid, pour être enregistré avec Marie , son
épouse, qui était enceinte. Et pendant
qu'ils étaient là, le temps auquel elle de
vait accoucher arriva. Et elle mit au
monde son premier né; et elle l'emmail-
lotta et le coucha dans une crèche, parce
524 LE VRAI MESSIE. •
qu'il n'y avait point de place pour eux
dans l'hôtellerie. Or, il y avait dans la
même contrée des bergers qui couchaient
auoc champs, et qui gardaient leurs trou
peaux pendant les veilles de la nuit. Et
tout à coup un ange du SEIGNEUR se
présenta à eux,et la gloire du SEIGNEUR
resplendit autourd'eux, et ilsfurent saisis
d'une grande peur. Alors l'ange leur dit :
N'ayez point de peur, carjevous annonce
unegrandejoiequiserapourtout le-peuple:
c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de Da
vid, un SAUVEUR, qui est le CHRIST, le
SEIGNEUR, vous est né; et vous le recon
naîtrez à ceci : c'est que vous trouverez
LE PETIT ENFANT EMMAILLOTTÉ ET COUCHÉ
dans une crèche. Et au même instant il
y eut avec Vange une multitude de l'armée
céleste, louantDieu et disant : Gloiresoit à
Dieu au plus haut des cieux , paix sur la
terre aux hommes de bonne volonté ( Saint
Luc, du verset 4 au i4me )•
D'après l'Ancien Testament , ainsi que
nous l'avons vu, le MESSIE devait naître à
Bethléhem, et malgré cela, être appeléNa
zaréen ; il devait être SEIGNEUR, CHRIST
-X
LE VRAI MESSJE. 223
el SAUVEUR , DOMINATEUR, ROI et RÉ
DEMPTEUR, et paraître en même temps
si humble et si pauvre^ qu'à peine il pût être
remarqué. N'est-ce point là l'Etre étonnant
dont les anges annoncent ici à des bergers
la réjouissante naissance, et dont l'histoire
nous a transmis depuis des détails Si divins
sur sa vie et sur sa mort?—Et vous le recon
naîtrez à ceci : c'est que vous trouverez
LE PETIT ENFANT EMMAILLOTTÉ ET
COUCHÉ DANS UNE CRÈCHE! — Philo-
sophesdudix-neuvièmesiècle, quelle marque
pour reconnaître le Dieu de l'univers! ! ! —
De grands hommes toutefois, et des hommes
qui se piquaient de philosophie comme vous,
l'ont reconnu. Et encore tous les jours de
profonds génies, admirés comme tels de l'u
nivers civilisé, deviennent so\i\ent chrétiens
àforce de philosophie , sans que leurs fri
voles contemporains s'en doutent. Le mo^1
ment même n'est pas éloigné où plus d'un
de ces hommes vraiment grands, vraiment
philosophes, déconcerteront le siècle incré
dule et vain par une déclaration franche et
éclatante. Nous nous attendons du moins à
une conduite aussi belle et aussi noble de la
22Ô LE VRAI MESSIE.
part de ceux qui nous ont fait l'honneur de
nous entretenir en particulier de _eette im
portante matière , et de nous avouer qu'ils
étaient chrétiens. Quant à nous-mêmes,
nous n'avons acquis aucun droit à nous mêler
dans leurs rangs : jusqu'ici nous ne sommes
connu dans le monde que par une démar
che que quelques personnes ont bien voulu
appeler courageuse : qu'on nous permette
toutefois de déclarer ici que, tout en conti
nuant d'admirer plus d'une page de Jean-Jac
ques, nous ne laissons pas d'être devenu un
chrétien plus décidéque ne l'était cethomme
immense qui se surprenait quelquefois à
prouver le pour et le contre, mais qui évi
demment était encore cent fois plus chré
tien que tous ses prétendus disciples du
dix-neuvième siècle, qui, ou ne l'ont jamais
/«-, ou ne l'ont jamais compris (i). Nous
"devenons même chrétien tous les jours da-
(i) Il est impossible, en lisant certains passages de
Jean-Jacques sans prévention, de ne pas reconnaître
en lui certaines convictions chrétiennes. Jamais un hy
pocrite, n'eût trouvé ce ton; une incrédulité absolue
n'eût jamais parlé avec cette chaleur, Jean-Jacques ,
d'ailleurs, hypocrite! quel blasphème ! Ah ! si l'homme
Le vrai messii*. "2'ï+j
vantage, à mesure que nous nous élevons
mieux au-dessus de tout fanatisme et de
toute superstition. Oh! que ne nous est-il
donné de faire connaître de même de tous
nos contemporains cet antique JEHOVAH
de l'univers, devenu aujourd'hui JESUS-
CHRIST; cet EHEJEH de Moïse, ce DIEU
$Abraham, SIsaac et de Jacob , qui
parlait autrefois, et qui maintenant nous
est présent ! Que ne nous est-il donné de
faire connaître de tous les hommes ce Dieu
caché des prophètes , manifesté en chair,
ce Dieu métaphysique des philosophes i
devenu saisissable , cet ETRE DES ÊTRES,
en un mot, que nous cherchons souvent si
loin, tandis qu'il est à notre côté! Malheu
reux! vous voulez seulement oue Dieu soit
puissant, vous ne voulez pas qu'il soit BON
aussi! Juifs modernes, vous seriez peut-
être prêts à adorer JÉHOVAH dans quelque
grand conquérant terrestre revêtu de pour
rie la nature a déclaré que la mort de JÉSUS-CHRIST
luiparaissait la mort d'un DIEU , nous pouvons bien
l'en croire. Et quand on accorderait que Rousseau
doutait, toujours sera-t-il qu'il n'avouera jamais pour
ses disciples des hommes qui ne doutent de rien»
228 LE VRAI MESSIE.
pre et entouré de flatteurs; mais vous ne
voulez point le reconnaître dans ce héros
de l'évangile qui n'avait oà reposer sa
tête. Depuis quand donc un acte de bonté
et de vertu, depuis quand un sentiment
de bienveillance et iïamour , ne sont-ils
pas plus grands que la conquête de l'u
nivers?
L'emblème de berger est assez facile à
deviner, aussi bien que la raison pour la
quelle des pâtres furent informés de la nais
sance du RÉDEMPTEUR préférablement
aux monarques de la terre. La naissance
dans une crèche est un problème plus dif
ficile à résoudre; à moins qu'elle n'ait un
rapport éloigné avec la nourriture, et, par
suite, avec l'état de dégradation morale
dans lequel le RÉDEMPTEUR a trouvé le
genre humain à son arrivée; dégradation
telle , que les hommes s'étaient rangés au
niveau des brutes.
SEIGNEUR, dit le vieillard Siméon, tu
laisseras maintenant mourir ton servi
teur en paix selon ta parole; car mes
yeux ont vu ton SAUVEURque tu aspré
paré pour être exposé à la vue de tous les
1E VAAI MESSIE. 2^g
peuples^pour être la lumière quidoit éclai
rer les nations et la gloire de ton peuple
Israël. . . V^oici, cet enfant est mispour être
une occasion de chute etde résurrection de
plusieurs en'Israè'l(Si. Luc, il, v. 29 au 34).
Qui ne reconnaît ici l'apparition réelle de
ce LIBÉRATEUR si long-temps promis et
si long-temps attendu? Qui ne reconnaît
avec Siméon dans cet ENFANT PRÉCIEUX
qu'il tient entre les bras, la pierre d'achop
pement , lapierre de Vangle, dont parlaient
les prophètes?
Mais passons à saint Jean, surnommé avec
raison le Théologvsn, parce qu'il a le mieux
compris la nature de son Maître, probable
ment pour l'avoir le mieux aimé. Tâchons
de suivre cet aigle s'élançant d'un vol assuré
vers le soleil éternel : nous ne ferons que
nous confirmer de plus en plus dans toutes les
vérités que nous avons reconnues jusqu'ici.
Au commencement était la PAROLE,
et la PAROLE était avec DIEU , et la PA
ROLE était DIEU. Elle était au commen
cement avec Dieu. Toutes choses ont été
faites,par elle , et sans elle rien de ce quia
étéfait n'a étéfait. En elle était la viE,ef
23o LE VRAI MESSIE.
la vie était la lumière des hommes; et la
lumière luit dans les ténèbres; mais les
ténèbres ne l'ont point reçue... Et la PA
ROLE A ÉTÉ FAITE CHAIR, elle a ha
bitéparmi nous; et nous avons contemplé
sa gloire, une gloire comme d'un Fils uni
que du Père, plein de grâce et de vérité
( Saint Jean, i, i , a, 3, \, 5,... i4)-
Jusqu'au verset 5, saint Jean parle de
JÉHOVAH comme manifestant seulement
son essence divine par l'action, ou la créa-
tion (i),etson influence sur les êtres comme
vie et comme lumière. De là ce verbe , cette
parole , que l'on a eu raison depersonnifier,
mais que l'on n'eut jamais dû distinguer de
la personne même de l'ÊTRE CRÉATEUR.
LayôrroedeDieu n'est que son essence vue,
autant qu'elle peut l'être; et cette essence
ne peut être vue que comme vérité, puis
que la bonté manifestée devient vérité ,
ainsi que saint Jean l'exprime par ces mots :
La PAROLE était avec DIEU au com
mencement, et cette PAROLE était elle-
(i) La création n'est elle-même qu'une manifesta
tion ; car , comme nous l'ayons dit , créer , pour Dieu >
n'est que montrer.
LE VRAI MESSIE. 23 i
même DIEU (i). A quoi il ajoute que les
ténèbres n'ont point reçu cette PAROLE ,
parce que les intelligences créées , égarées
par le sentiment de leur propre excellence,
n'ont plus voulu reconnaître pour leur
CRÉATEUR ce VERBE, ou cette FORME
DIVINE qui leur apparaissait comme PÈRE.
Et c'est alors que cette PAROLE , ou VERBE,
s'est fait chair, pour forcer ainsi l&foi
des êtres les plus enfoncés dans la matière.
Si, par ce qu'il appelle la PAROLE, saint
(i) Cetfe vérité, comme nous l'avons vu dans la
première partie, était déjà renfermée implicitement
dans le nom ÏÏAdonaï donné à Dieu dans l'Ancien
Testament : ce qui a fait dire, depuis, à saint Paul,
que JESUS -CHRIST est le commencement de ta
créature de Dieu; en d'autres termes, qu'il est une
substance produite spontanément , par opposition à ce
qui est réellement créé. C'est le genitum non factum ,
le lumen de lumine du Concile de Nicée. C'est même ,
si l'on veut, l'ange de M. Brouwer, dont il a été ques
tion il y a quelque temps dans les feuilles publiques ;
car évidemment cet auteur, dans sa dissertation, a
plutôt entendu parler de Informe angélique, insépa
rable de Dieu manifesté, que d'un individu distinct
de sa personnalité divine , en qui Dieu se serait trans
formé préalablement à son apparition sur notre
globe.
23a 1E VRAI MESSIE-
Jean avait entendu un Filsproprement dit,
et personnellement: distinct de Dieu , il l'eût
déclaré sans détour, et n'eût point employé
ce mot vague de parole , susceptible de tou*
les sens qu'on veut bien lui donner. Parole,
en grec, Aoyeç, en hébreu, -ot (Dabar),
signifiait anciennement chose, essence in
connue, substance dont on ignore les at
tributs ou principes constitutifs , et dont
un sonfugitif, un vain son, était en effet
l'emblème le plus naturel : il y avait loin de
là à l'idée du Concile de Nicée. Platon lui-
même , qui a donné lieu à l'erreur de la plu
ralité des personnes, déclare, en propres
termes, que par le Logos il n'entend que la
sagesse de Dieu. Le ternaire par lequel
Platon exprimait la triple essence dela divi-
vinité, en tant que perçue par l'homme,
était AyaQov , . bonté, Nous , intelligence,
et Hav^rt, vie (i). Rien n'était plus vrai,
(i) Il est des auteurs qui donnent d'autres noms
aux trois principes de Platon. Le premier, selon eux ,
est ïlpuroi Qiof, le second, Attftiovpyos ; le troisième,
ner«£ï tu Koa-^a. Mais cela revient toujours au
même. Le Xiparc; ©so? , c'est XInfini; le Kripievpyos ,
c'est cet Infini se manifestant, appelé ailleurs \tyos ,
LÉ VRAI MESSIE. 233
ni plus philosophique, que cette distinction
de Dieu en amour, sagesse et i)ie , ou en
et la ftrv%n rU Ketrftv , l'action de cet Infini sur
l'intime de tous les êtres intelligens et sensrbles. Platon
ayant pris ses notions , à cet égard , chez les prêtres
égyptiens (et juifs', selon Pbilon), et s'étant contenté
de les transmettre verbalement à ses disciples, il n'est
pas étonnant qu'elles nous soient parvenues envelop
pées d'expressions différentes. Ées Chinois, moyen
nant , sans doute, quelques personnes extatiques , ont
aussi reconnu , de temps immémorial , la triplicité ou
trinité de Dieu, envisagé par rapport à l'homme. C'est
leur trimourte. Tao, essence triple et ineffable , a
créé , selon eux, le ciel et la terre en se divisant en
trois [parties pour ne pas dire personnes). La pre-1
mière partie de l'ÊTRE DIVIN est chargée de lapro
duction; la seconde, de l'arrangement; et la troi-
sième , du maintien de la succession régulière. C'est
toujours la même vérité. Produire est de l'amour;
arranger, de la sagesse; et maintenir, de l'influence.
Il faut dire la même chose de la manière de voir des
anciens Parsis. La doctrine des Mythras est exacte
ment celle de saint Jean , comme elle est également en
core celle de l'extatique Swedenborg. On y présente la
lumière essentielle comme étant le premier emblème
de la Divinité. On y parle du soleil spirituel, type et
cause du soleil naturel; des ténèbres combattant la
lumière; et jusque d'un Médiateur appelé parole ou
vie.
234 LE VRAI MESSIE.
bonté , vérité et leur union; et rien en
nfême temps n'est plus conforme à l'Évan
gile. En plaçant la substance, Vamour ou
la puissance, avant laforme, la vérité ou
Vaction, quand on parle de l'ETRE DES
ETRES, tout devient simple et intelligible
dans sa nature divine; tandis qu'en renver
sant ou dénaturant cet ordre, comme on a
fait malheureusement depuis, on rend le
CRÉATEUR tellement métaphysique, qu'il
ne reste que des mots; ou bien on le dé
truit entièrement en le multipliant. DIEU
en lui-même est UN; il est triple par rap
port à l'homme ! cela est clair, cela est obvie ;
un enfant même est en état de le compren
dre. Mais si JÉHOVAH est bonté et vie
avant d'être intelligence; si, par une prio
rité de raison , il est substance avant d'être
forme, ETRE avant d'être tel être, il n'est
pour cela ni deux ni trois personnes dis
tinctes; il est , au contraire , toute person
nalitépossible , parce qu'il est l'ETRE PAR
EXCELLENCE, TOUT L'ÊTRE; et il serait
plutôt une infinité de personnes que trois
seulement (i).
(i)Tout ce que l'on pourrait accorder à la Théologie
LE VRAI MESSIE. 235
Nous ne saurions, du reste, nous persua
der que les pères de Nicée eux-mêmes
aient eu, dans le temps, des idées aussi gros
sières que celles qui ontreprésenté, depuis,
le Père, ou la première personne, au ciel; le
Fils, ou laseconde, sur la terre; et le Saint-
Esprit, ou la troisième, montant et descen
dant de l'un à l'autre : idées diamétralement
opposées aux déclarations les plus formelles
de l'Évangile, représentant partout le Père
comme étant dans le CHRIST, comme ne
l'ayant point laissé seul , et comme n'étant
qu'une chose avec lui; par où l'on a réelle
ment détruit la vraie notion de DIEU dans
l'esprit d'une infinité de Chrétiens. Saint
Basile, entre autres, déclare que le FILS
est appelé la PAROLE, parce qu'ils est l'i
mage du PÈRE. Mais Vimage de quelqu'un
n'est pas sonfilsproprement dit. Dans la lan
gue de la nature, Vimage d'une chose est ,
dans toute la force du terme , la parole de
cette chose, parce que, comme nous l'avons
moderne , ce serait de dire que , quoique la personne
de Dieu , en elle - même , soit une , elle est pourtant
triple par rapport à l'homme , ainsi que nous l'a-vons
dit de son Être.
236 LE VRAI MESSFE.
montré 5 toutes les images de la nature sont
parlantes, toutes sesformes sont embléma
tiques. Saint Cyrile ajoute : le FILS est né
du PÈRE, comme la sagesse naît de Vintel
ligence. Nouvelle preuve que toute cette
génération du VERBE n'était que figurée,
et qu'elle n'eût jamais dû amener une dis
tinction réelle de personnes; ce qui était
porter une main sacrilège sur l'UNITÉ de
l'ÊTRE JÉHOVAH,ot ce que Platon eut en
horreur de faire. Aussi Atliénagore disait-il
encore en propres termes, de son temps, que
le Fils n'était qu'âne relation , et que la gé
nération du VERBE n'était quefïgurative.
Théophile, évêque d'Antioche, est le pre
mier qui ait prononcé le mot de Trinité :
Les trois jours y dît-il, qui précèdent la
création des luminaires, sont les types de
la TRINITÉ > et le quatrieme jour est le
type de l'homme qui a besoin de lumière.
On pouvait trouver quelque chose de mieux
que la trinité de personnes distinctes dans
les paroles de ce mystique. Il nous mettait
sur la voie d'une solution satisfaisante de
cette choquante contradiction du soleil ma
tériel créé seulement le troisièmejour. Les
LE VRAI MESSIE. 23^
premiers Pères étaient, en général, très va
gues, en parlant de la nature intime du
Père , du Fils et du Saint-Esprit en Dieu.
Je dis trois personnes, avouait ingénument
saint Augustin (de Trinit. v. 9), non'pour
dire quelque chose , maisyoowr ne point me
taire. Du temps des premiers Pères, les
idées, à cet égard, n'étaient point aussi fixes
qu'elles le sont devenues dans les temps pos
térieurs; et, par-là même, c'est un pointsur
lequel on peut et on doit revenir. Si vous
me demandez, disait Atliénagore à Marc-
Aurèle et à Commode, comment le fils est
appelé fils , je vous répondrai (avec saint
Jean ) que c'est parce qu'il est comme un
premier néf non cependant comme une
chose faite ou créée , mais comme une
chose qui ÉTAIT; car Dieu étant une in
telligence éternelle, il avait aussi le logos
éternellement avec lui. Ce n'est que long
temps après Platon que l'erreur capitale des
trois personnes distinctes s'est introduite;
elle n'a même pris une entière consistance
dans tous les esprits que long-temps après
le concile de Nicée. On désigna d'abord les
trois principes de Platon par le mot de
238 LE VRAI MESSIE.
HpoctoTtov , qui veut dire face , comme si
l'on eût voulu distinguer en Dieu troisfa~
ces. Est venu ensuite le mot YTOorao-tç des
Pères de Nicée, qui signifie une substance
sur une autre; ce qui n'impliquait point en
core clairement une pluralité de personnes.
Ce ne fut que chez les Latins que le mot hj~
postase fut enfin rendu par le mot per-
sona, pris du rôle que remplissait un indi
vidu sur la scène , et que fut accréditée dé
finitivement la foi, non pas seulement en
deux personnes , première origine de la dis
pute, mais en trois personnes réellement
distinctes.
Le bon sens eût suffi depuis long-temps
à corriger une erreur aussi palpable, si en
général l'homme ne répugnait à attaquer les
idées des masses, dans l'objet de leur adora
tion, et s'il ne respectait trop la Divinité pour
en faire, sans une urgente nécessité (i), le
sujet d'une dissertation scientifique. Qu'on
se représente un peu ce qui résulte de trvis
moi réellement distincts, ne faisant pour
tant qu'arc moi\ Trois moi, ou personnes^ ou
(i) Cette nécessité, devenue indispensable à l'époque
où nous vivons , est notre excuse.
LE VRAI MESSIE. 23a.
êtres, ne peuvent devenir véritablement
distincts que par une volition ou une pen
sée distincte. Or, on l'avoue, tout ce qu'une
personne divine pense ou veut, l'autre le
pense et le veut semblablement et en même
temps. La distinction serait donc encore inu
tile quand elle ne serait point absurde. C'est
un mystère, dit-on, un mystère ineffable,
que vous devez adorer et non comprendre.
•Il est facrle de faire ainsi des mystères, en
voulant accorder des choses contradictoires.
Ce ne sont point des mysteres, ce ne sont
point des distinctions métaphysiques que
l'homme adore , mais ÏEtre créateur dont
le nom est JÉHOVAH. En JÉSUS-CHRIST,
Dieu incarné, nous sommes obligés, il est
vrai, d'admettre une diversité apparente et
comme une nuance du MOI divin; le MOI
universel étant autre chose que le MOIpar
ticulier de CHRIST, le DIEU DE GLOIRE
autre chose que le DIEU humilié; mais du
moins là l'identité d'être et de personne est
conservée.
Ceux qui seraient persuadés que le con
cile de Nicée a réellement attaché un même
sens aux mots hypostaseet être, et qui en con
2^0 LE VRAI MESSIE.
séquence sentiraient quelque répugnance à
secouer le joug d'une telle autorité, pour rec
tifier leurs idées, devront se rappeler que
les Chrétiens des premiers temps n'ont pas
dû mieux connaître la vérité que nous ; que
nous avons le même Évangile, lequel est en
core pour nous aussi clair et aussi simple
qu'il l'était pour eux; qu'enfans de Dieu
comme eux^ nous sommes nécessairement
aussi bien partagés qu'eux en secours spiri
tuels; et qu'enfin nous savons nécessairement
mieux qu'eux comment les paroles et toutes
les démarches de Dieu RÉDEMPTEUR doi
vent être considérées comme placées hors de
tout temps et hors de tout espace; parce
que c'est là une hauteur de vue, à laquelle
les esprits cultivés par une philosophie trans-
cendentale, devaient seuls pouvoir s'élever-
Ce n'est jamais qu'avec le temps que la vé
rité se fait jour parmi les masses. La connais
sance de la langue de la nature n'eût jamais
pu se répandre dans les premiers siècles.
Ceux même qui alors avaient été mis sur la
voie de celte langue par la crise extatique ,
ne l'ont jamais développée. Les préjugés et
l'ignorance élant le partage des masses, du
LE VRAI MESSIE. 2^t
temps du SAUVEUR, quoique l'on comptât
alors quelques bonnes têtes chez les Grecs
et les Romains. Les ténèbres et tous les cri
mes, voilà le siècle de JÉSUS-CHRIST; et
l'univers péchait encore plutôt par le cœur
que par Vesprit. Ce n'était donc que peu à
peu que la salutaire influence de son Evan
gile devait se faire sentir; et si les Pères de
INicée étaient plus près du berceau du chris
tianisme, nous avons en revanche une ex
périence de quinze siècles, qui doit être
considérée pour quelque chose. Quand on a
parcouru le cercle de toutes les erreurs, alors
on est plus près de la vérité. Toutes les er
reurs dans lesquelles on est tombé^ relative
ment à la nature de JÉSUS-CHRIST, depuis
dix huit cents ans, venaient généralement
de ce qu'on n'avait pas pris une idée assez
grande de sa personne. L'esprit humain s'ob
stinait en quelque sorte à le regarder, à
cause de la simplicité de ses manières, comme
un être purement humain, qui avait besoin
d'une espèce de protection de la partd'un être
supérieur, distinct de lui, et auquel des se
cours même terrestres , des sociétés infail
libles, des vicaires et des remplaçans, pou
242 LE VIIAI MESSIE.
vaient n'être point inutiles. Les apôtres eux-
mêmes partageaient encore des idées aussi
grossières. Ils reçurent depuis, dira-t-on, le
Saint-Esprit. Nous ne l'ignorons pas, nous sa
vons même qu'ils le reçurent trois ou quatre
fois , preuve qu'ils en avaient besoin , et que
le Saint-Esprit n'était point une personne.
Nul homme n'a peut-être une plus grande
idée que nous des douzes pêcheurs de Gali
lée; mais toujours étaient-ils des hommes ,
et des hommes de leur temps. Aujourd'hui
seulement , la masse du genre humain devait,
par conséquent, pouvoir envisager un vrai
rayon de la DIVINITÉ MANIFESTÉE.
Que l'on, s'en tienne donc à saint Jean , au
disciple bien-aimé, au théologien par excel
lence, qui connaissait notre MAITRE à tous,
pour le moins aussi bien que tous les con
ciles. Dieu a paru en chair, il s'est revêtu
de chair; LA PAROLE n'était pas le Fils
de Dieu, mais elle était Dieu lui-même, et
cette PAROLE s'estfaite chair. Il n'y a ici
aucune amphibologie. Nous nous étions en
foncés dans la matière, nous ne pouvions
plus remonter au Dieu lumière , au Dieu
vérité, au Dieu we,'raême alors qu'il se se
' LE VRAI MESSIE. 243
rait présenlé à nous sous la forme angélique.
JEHOVAH a donc franchi le dojuble abîme
qui nous séparait de lui, en venant nous
chercher en chair, suivant en cela toutes
les lois de l'ordre et de la nature , établies
primitivement par lui, à l'exception de sa
seule conception , laquelle fut immédiate :
et par-là la philosophie elle-même recon
naîtra dorénavant plus facilement son Dieu;
car assurément elle le cherchera plutôt dans
la bonté, dans Vamour personnifiés , que
dans tous les autres emblèmes possibles,
fussent-ils plus étincelans que tous les so
leils ensemble.
Saint Jean répète deux fois le mot com
mencement^ pour éviter celui d'éternité que
nous ne comprenons pas; car quand nous
croyons penser à l'éternité, nous ne pensons
réellement qu'au temps.Tont est commence
ment pour nous, à quelque distance que
nous placions la création; et Moïse enten
dait déjà ce mot comme l'apôtre , et non
comme on l'a entendu depuis.
P.ourmoi,je ne le connaissaispas; mais
CELUI qui m'avait envoyé baptiser d'eau
m'avait dit *. CELUI surqui tu verras l'Es
244 LE VRAt MESSIE.
prit descendre et s'arrêter, c'est LUI qui
baptise du$aint-Esprit (Saint Jean, i, 33).
Saint Jean était un homme extatique, dont
la vue intérieure avait été ouverte pour qu'il
pût voir ce qui se passait dans le monde des
hommes-esprits. Ceux qui ont suivi quelques
expériences somnambuliques, d'un ordre
tant soit peu relevé, qui ont étudié un peu
la nature du phénomène appelé songe , ou
qui se sont familiarisés avec les idées de
Kant, de Berkeley et deMalebranche, com
prennent cela parfaitement. Une voix avait
envoyé Jean baptiser d'eau, c'est-à-dire
annoncer les vérités naturelles et porter
les hommes à la pénitence. Celle même
voix lui avait donné un signe pour recon
naître la présence de JEHOVAH incarné,
qui devait baptiser d'esprit , c'est-à-dire
annoncer les vérités divines; et cet Etre
adorable se trouva être JÉSUS de Nazareth;
car ce fut sur lui que la colombe emblémar
tique se montra. Nous avons déjà expliqué
l'emblème de la colombe, et toute voie est
dorénavant fermée au blasphème. Le vent
est Vembleme naturel dc Vaction invisible
de Dieu; et le vent étant, par suite, un
Y,
LE VRAI MESSIE. 2^
emblème qui ne peut être que senti et non
vu, il est représenté lui-même par les êtres
qui y vivent, c'est-à-dire les oiseaux : ici
par une colombe qui est, en outre, le sym
bole de la douceur et de la pureté. Cette
action invisible de Dieu peut être caracté
risée de mille- manières différentes : toutes
sont autant d'emblèmes différens du même
ESPRIT INEFFABLE, c'est-à-dire de Dieu
lui-même agissant sur les hommes sans se
montrer à eux en personne.
(JYous croyonspouvoir annoncer ici que
par la suite nous serons, en général, plus
courts dans nos explications , le lecteur
commençant à être en état de suppléer
parlui-même à ce que nous omettronspour
abréger}.
Nathanaël répondit àJÉSUS : MAITRE,
tu es le FILS DE DIEU , tu es le ROI D'IS
RAËL. JÉSUS lui répondit : En vérité, en
vérité , je vous dis que désormais vous
verrez le ciel ouvert^ et les auges de Dieu
descendre sur le FILS DE L'HOMME
(Saint Jean, i, 49, 5i).
Ces paroles, tu es le Fils de Dieu , dans
la bouche de Nathanaël, signifiaient, tues le
246 LE VRAI MESSIE.
MESSIE que nous attendons; et ces autres,
tu es le roi d'Israël, voulaient dire , tu es
JÉHOVAH; car Israël avait été dans le prin
cipe une vraie théocratie, et ce règne devait
être repris , avec la seule différence que
Vuniversalité dugenre humain devait alors
être Israël.
Nathanaël n'avait sans doute point de
JÉSUS- CHRIST des idées aussi élevées
que nous pouvons les avoir aujourd'hui ;
mais cela ne prouve rien contre l'induction
que nous tirons de ses paroles. Ainsi que
nous l'avons déjà remarqué, aucun des apô
tres n'avait des notions précises sur la divi
nité de son MAITRE : leur conduite à tous,
et surtout celle de Judas, l'a suffisamment
prouvé : mais toujours savaient-ils queJÉSUS
était autre chose qu'un simple mortel, quoi
qu'il en eût hforme. Et s'il qtail autre chose,
qu'était-il donc ? Un ange du ciel eùt-il
pu venir fournir la carrière que JÉSUS-
CHRIST a fournie? Evidemment non.
r Par ciel ouvert, il faut entendre la vue
céleste ouverte chez l'homme; car le ciel
se trouve dans Vintime de chacun , et non
par-delà les astres. Si Lessing avait su cela.
1E VRAI MESSIE. 247
il n'aurait pas prétendu que le premier venu
devait pouvoir entendre la Bath Kol , et
voir la colombe emblématique qui marqua
la présence de l'ÊTRE ABSOLU.
Mais JÉSUS ne se fiait point à eux
parce qu'il les connaissait tous , et qu'il
n'avaitpas besoinquequelqu'unlui rendît
témoignage d'aucun homme, parce qu'il
connaissait par lui-même ce qui était
dans l'homme (Saint Jean, n, n/\).
Ce privilège de lire dans la pensée des
autres hommes ne suffirait pas , par lui seul,
pour prouver la divinité absolue de JÉSUS-
CHRIST, puisque toutes les personnes ex
tatiques possèdent ce même privilège dans
un plus ou moins grand degré de perfec
tion. Mais quand on remarque que dans JÉ
SUS-CHRIST cette connaissance de l'intime
des âmes s'est montrée en un degré suprçme,
on y voit un témoignage de plus qui vient
se joindre utilement à tous les autres. Or,
comment est-il possible de concevoir .une
connaissance de ce qu'il y a de plus caché
dans le cœur humain , plus grande que celle
que JÉSUS-CHRIST montra, par exemple,
en prédisant à Pierre qu'il le renierait trois
248 LE VRAI MESSIE.
fois? JÉSUS- CHRIST connaissait évidem
ment l'intime de Pierre mieux que cet
apôtre ne le connaissait lui-même; car pour
Pierre, il se croyait capable dans ce moment-
là de souffrir tous les tourmens et la mort
même pour CELUI qu'il aimait. Qu'on ré
fléchisse mûrement à ces circonstances, on
verra qu'elles décèlent en JÉSUS-CHRIST
la divinité tout entière. Et pour le dire en
passant , s'il est vrai qu'aucun homme ne
connaît le fond de son propre être; si le
SEIGNEUR nous connaît tous mieux que
nous ne nous connaissons nous-mêmes,
comment ne pas nous abandonner entière
ment à sa divine Providence, soit qu'il nous
conduise par la prospérité, soit qu'il choi
sisse, pour nous amener à la perfection mo
rale, le chemin de l'adversité qu'il nous a
frayg lui-même? d'autant plus qu'il ne suffi
rait pas encore à un homme de connaître
parfaitement son propre cœur pour se bien
conduire; puisque xtétant , lui, qu'une
seule des parties constitutives de Vensemble
de tous les êtres, il faudrait qu'il connût en
core cet ensemble avec ses détails infinis ;
connaissance évidemment incommunica-
le! vrai messie. ifa
ble, et qu'il faut laisser au CRÉATEUR.
Sije vous ai parlé de choses terrestres
et que vous ne les croyiez pas , comment
croirez-vous quand je vous parlerai de
choses célestes?Aussipersonne n'est monté
au cielque CELUI qui est descendu du ciel,
savoir, le FILS DE L'HOMME qui est au
cré/(Saint Jean, m, i2, i3).
La seconde naissance dont JÉSUS -
CHRIST avait parlé à Nicodème quand il
lui dit , il faut que l'homme naisse deux
fois , n'est autre chose que la naissance
de l'homme au moral. C'est par l'âme que
l'homme est homme plutôt que par le corps,
lequel, à une différence de formeprès, nous
est commun avec les animaux. Le corps exté
rieur ou animal conserve toujours à peu près
la même nuance de forme chez l'homme,
quel que soit le degré de moralité ou d'im-
moralitéde l'individu; mais il ne doit pas en
être de même de l'homme intérieur et im
mortel, de cet être dont celui qui agit dans
nos songes nous peut donner une idée : cet
hommeAk ne sau l'ait être véritablement
homme que quand il est moral et religieux ,
que quand il connaît Dieu et s'attache à lui.
û5o 1E VRAI MESSIE,
Jusque-là, plus ou moins près du simple ins
tinct des animaux, il doit en représenter tous
les caractères , dans le monde embléma
tique chacun portant comme sur le front
la marque de ce qu'il est , et une église ou
société corrompue, selon l'expression des
hommes extatiques, n'étant que la de-*
meure de toutes sortes d'animaux im
mondes. C'est à nous-mêmes à donner nais
sance à notre homme intérieur, quand notre
homme animal est assez formé ; et ceci ne
.se peut faire que par* une coopération libre
à la grâce et à l'amour de Dieu qui nous y
invite, et par l'étude et la réception de la
bonté et de la vérité.
Mais si les hommes, du temps de JÉSUS-
CHRIST, n'étaient point en état de saisir et
d'apprécier des idées qui nous paraissent
aujourd'hui si simples, comment auraient-ils
pu s'élever à la connaissance dela vraie na
ture duMESSIE pour laquelle il leur eût fallu
savoir faire entièrement abstraction du temps
' etde l'espace? Quand on voit JÉSUS-CHRIST
tenir un langage aussi éloigné de toutes
les idées terrestres, et déclarer que LE
FILS DE L'HOMME est descendu du ciel,
LE VRAI MESSIE; a5t
et que néanmoins il est resté au ciel ,
on doit bien se persuader qu'il faut entrer
bien plus profondément dans sa pensée
qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour, pouf saisir
le vrai sens de ses discours. Les mots monter
et descendre , en particulier, ne sont évi
demment ici que des emblèmes signifiant
un état degloire et un état (^humiliation.
Celte vérité immense de JEHOVAH incarné
apparaissant à la fois comme PÈRE et
comme FILS, comme Dieu infini et comme
Dieu manifesté, et mis, en un point, en
contact avec l'êtrefaible et borné appelé
homme, ne pouvait se développer qu'avec
les progrès de l'esprit humain. Et cette appa
rition, pour ainsi dire anticipée, du CREA
TEUR au milieu d'hommes grossiers qui ne
pouvaient apprécier en aucune façon l'avan
tage ineffable qui leur était accordé, ne fait
que prouver davantage la profondeur incon
cevable de son amour; amour qu'aucun
homme cultivé ne devrait plus pouvoir con- .
lempler aujourd'hui sans répandre des larmes
d'attendrissement, et sans se sentir disposé à
reconnaître avec nous la divinité absolue de
JÉSUS -CHRIST, quand bien même aucun
252 LE VRAI MESSIE.
apôtre ni aucun mortel ne l'eût reconnue
jusqu'à présent.
Celui qui croit en lui ne sera point con-
damné;mais celuiquinecroitpointest déj à
condamné, parce quHl n'a pas cru au nom
du fils unique de DIEU (Jean, m, i8).
S'il est vrai, s'il est incontestablement
prouvé que JEHOVAH s'est revêtu de chair
tout exprès pour se faire reconnaître des
hommes charnels, il est clair aussi que celui
quinelereconnaîtpointàcelte grande marque
deson amour, à cette demarcheextrêmedesa
charité, nele reconnaîtra jamais, et quepar-
lâ même il se trouve perdu sans ressource.
Comment le CRÉATEUR pourra-t-il, en
effet, se faire reconnaître dans l'autre monde,
dans le monde intime , à l'esprit orgueilleux
ou préoccupé qui l'aura méconnu dans la
PERSONNE de JÉSUS-CHRIST, dans la
BONTÉ et la VERTU PERSONNIFIÉES 7
Mille soleils ne seront pour lui qu'un phé
nomène de la nature; des millions d'anges
ne seront pour lui que des êtres fils du
hasard, comme il l'est lui-même. Moïse a
reconnu Dieu dans les feux de Sinaï et le
tison de Horeb;mais comment faudra-t-il
LE VRAI MESSIE. 253
que le SEIGNEUR se présente à un de nos
prétendus sages, à un de nos demi-savans
ou de nos philosophes matérialistes, pourse
faire reconnaître? Tous ces raisonneurs
le reconnaîtront-ils plutôt, quand, dans le
monde esprit , il se présentera à eux comme
un ange resplendissant de lumière , qu'ils
ne le reconnaissent sousla forme d'unhomme
vertueux et aimantl II y a lieu d'en douter.
Encore une fois donc, celui qui croit en
JÉSUS -CHRIST voit en lui le PÈRE de
la nature; et celui qui n'y croit point , la
condamnation demeure sur lui; car il n'a
point cru au nom du fils unique de DIEU ;
il n'a point connu L'AMOUR ÉTERNEL;
amour qui a voulu ^éternellement celui
qui voit JÉSUS voie /ePERE, et que celui
qui parle à JÉSUS parle au PÈRE.
CELUI que Dieu a envoyé annonce les
paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui a
pas donné l'esprit par mesure (Saint Jean ,
m, 34).
Les hommes, sans exception, ne reçoivent
l'esprit que par mesure; c'est-à-dire, qu'é
ternellement ils pourront se rapprocher da
vantage de la perfection incréée, ou de la
354 LE VRAI MESSIE.
vérité et de la bonté éternelles,sans toute
fois jamais les atteindre. Mais .quant à JÉSUS-
CHRIST ^ il en a reçu toute la plénitude^
quoique aussi d'une manière successive ; à la
fin de sa vie, toute la bonté toute la vérité,
toute Vessence, et par conse'quent toute la
personnalité divines, habitèrent en lui
corporellement. II faudra bien que la phi
losophie , après s'être élevée au premier
degré de conception transcendentale qui
voit la création matérielle tout entière sous
elle, reconnaisse aussi enfin des degrés
dans le moi. Le moi n'est au fond que l'indi
vidu même ayant conscience de son exis-*
tetice. Le MOI JÉHOVAH est bien certaine
ment différent du moz'humain ou angélique.
Et cela étant, pourquoi ne reconnaîtrait-on
pas des degrés d'unwoz créé à un autre? Ces
aperçus, nous l'avouons, sontmétaphjsiques
au-delà de tout ce que l'esprit humain avait
avancé jusqu'à ce jour; mais il faut bien
aller jusque-là, quand on veut porter ses
regards dans les profondeurs de l'ETRE
DIVIN : ETREincompréhensible autant que
ion, qui a placé l'ange sur les premiers
degrés de son trône, et qui, selon l'expres
le vrai messie. 255
sion de David, a voulu qu'entre l'ange et
l'homme il n'y eût qrfune nuance imper
ceptible.
Nous devons remarquer que le mot en*
voyer n'est pas seulement pris au figuré,
quand îl s'agit du MESSIE, mais que c'est
on véritable emblème. En Dieu, il n'y a que
l'AMOUR qui puisse envoyer la VÉRITÉ.
Quant à son ÊTRE , il est partout ; et il
peut uniquement se manifester plus ou
moins à l'homme.
Cettefemme (la Samaritaine) répondit à
JÉSUS : Je sais que le MESSIE doit venir;
qicanddonc ilseravenu^ilnousannoncera
toutes choses. JÉSUS lui dit : Je le suis ,
MOI qui te parle (Saint Jean, iv, 25, 26).
Le propos de cette femme prouve sans
réplique que les Juifs attendaient autre
chose qu'un prophète ordinaire. Et s'ils ne
donnaient pas, réellement au MESSIE le
nom de JÉHOVAH, ils supposaient du
moins que ce serait luij car qui peut ensei
gner aux hommes toute vérité, si ce n'est
la VÉRITÉ INCRÉÉE en personne ? Il faut
lire dans l'Évangile même la conversation
entière de JÉSUS-CHRIST avec la Samari
256 LE VRAI MESSIE.
taine : elle n'est d'un bout à l'autre qu'une
suite d'emblèmes naturels , que le lecteur
n'aura plus de peine à comprendre, et qui
lui causeront plus de joie encore que de
surprise.
JÉSUS revint encore à Cana en Galilée,
oie il avait changé Veau en vin (Saint
Jean, iv, 46).
Sous ce premier prodige par lequel
JÉSUS-CHRIST manifesta sa gloire, nous
comprendrons tous ses autres miracles, tels
que la multiplication dupain, la guérison
instantanée des boiteux, des sourds-muets
et des aveugles de naissance , la résurrec
tion des morts rappelés à la vie par lui ,
l'action de marcher sur les eaux , de com
mander à la tempête , et les autres; et nous
déclarerons une fois pour toutes qu'ils
offrent tous autant de preuves irréfragables
de sa divinité absolue. Il n'y a évidemment
que la volonté créatrice elle-même qui puisse
opérer de semblables merveilles. S'il est
vrai que certains hommes extraordinaires et
certains prophètes ont également pu soula
ger par l'imposition des mains quelques ma
lades dans leur» souffrances , jamais la nature
1Ê VRAI MESSIE. 25^
tout entière, avec tous ses élémens, n'a en-
tenduleur voixcommeelleentendaitcellede
JÉSUS-CHRIST. Mais ce qu'il est plus essen
tiel de savoir , c'est que toutes ces dé
marches du RÉDEMPTEUR guérissant les
malades, et changeant , dans l'occasion, les
lois dela nature, étaient, avant tout, autant
d'emblèmes de la langue de la nature, de
venus nécessaires pour le monde moral et
métaphysique. S'il n'en avait point été ainsi,
rien n'eût empêché que le SEIGNEUR ne
guérît tout le monde; et il n'y aurait point
de raison encore aujourd'hui pour qu'il
n' abolîtpoint entièrementles lois d'après les
quelles les souffrances nous arrivent : car JÉ
SUS- CHRIST'est encore tout aussi puissant, et
tout aussi intimement présent à tous les mal
heureux, qu'il l'était pendant sa vie mortelle.
—Pour peu que l'on réfléchisse, on trouve
facilement la signification emblématique de
toutes ces œuvres miraculeuses : changer
l'eau en vire, c'est élever les vérités natu
relles aux vérités divines ; rendre la vue aux
aveugles, c'est manifester la vérité à ceux
qui la méconnaissent; redresser les boiteux ^
c'est affermir «eux qui chancèlent dans les
258 LE VRAI MESSIE.
sentiers de la vertu; rendre la voix et Voute
aux sourds-muets, apprendre aux idolâtres
à entonner les louanges du vrai Dieu,
ressusciter les morts, faire connaître CELUI
qui est la voie, la vérité et la vie, à ceux
qui l'ont méconnu , et dont la mort spiri
tuelle est bien plus terrible que la mort du
corps qui n'en est que Vimage. Toutes les
démarches de JÉSUS-CHRIST resteront
ainsi éternellement dans le monde substan
tiel pour constater et faire comprendre à
tous les esprits les rapports dans lesquels les
êtres moraux sont placés à l'égard de leur
CRÉATEUR; car, en mourant, l'homme ne
passe pas seulementau monde métaphysique
et substantiel avec laforme qu'il avait à la
fin de sa vie, mais avec toutes celles que son
être a successivement revêtues depuis son
berceau; et on y peut voir par conséquent
JÉSUS-CHRIST* à l'âge de douze ans, ou
• dans telle autre circonstance de sa vie,
comme dans la crèche ou sur la crvix; sa
vie entière , avec ses emblèmes infinis, parle
encore, et évangélise incessamment l'uni
versalité Aes êtres. La tombe du DIEU RÉ
DEMPTEUR elle-même parlera éternel-
LE VRAI MESSIE. 2jg
lement; elle dira qu'ilfut des créatures in
fortunées qui méconnurent HAUTEUR de
leursjours, et qui dirent dans leur cœur:
DIEU N'EST PAS. Être mort et n'êtrepas,
sont en effet des corrélatifs dans la langue
de la nature. Le sépulcre de Dieu veut dire
Dieu méconnu ; et le sépulcre le l'hommç
veut dire Vhomme méconnaissant Dieu.
JÉSUS leur dit : Mon père agitjusqu'à
présent etj'agis aussi. A cause de cela, les
Juifs cherchaient encoreplusà lefairemou
rir, non-seulementparce qu'ilavait violéle
sabbat, mais encore parce qu'il disait que
Dieu étaitson propre père, se faisant égal
a Dieu. JÉSUS, continuant, leur dit: En vé
rité, en véritéje vous déclare que le FILS
NE PEUT RIEN FAIRE DE LUI-MÊME, A MOINS
QU'IL NE LE VOIE FAIRE AU PERE; GAR TOUT
CE QUE LE PÈRE FAIT, LE FILS LE FAIT PA
REILLEMENT; car le PÈRE aime le FILS et
lui montre tout ce qu'ilfait; et il lui mon
trera des œuvres plus grandes que celles-
ci, afin que vous soyez dans l'admiration ;
car comme le PÈRE ressuscite les morts
et leur donne la vie , de même aussi le
FILS donnt' a vie à qui il lui plaît. Le
260 LE VRAI MESSIE.
PÈRE ne juge personne , mais il a donné
au FILS tout pouvoir de juger, afin que
TOUS HONORENT LE FILS COMME ILS HONO
RENT le PÈRE. Celui qui n'honore pas le
FILS n'honore pas le PÈRE qui l'a envoyé.
En vérité , en vérité,je vous dis que celui
qui entend ma parole , et croit à CELUI
qui m'a envoyé, a la vie étemelle; et il ne
sera point exposé à la condamnation ;
mais il est passé de la mort à la vie. En
vérité^ en vérité , je vous dis que l'heure
vient, et elle est même déjà venue, que
les morts entendront la voix du FILS DE
DIEU, et ceux qui Vauront entendue vi
vront; car comme le PÈRE a la vie en soi-
même, ainsi il a donné au FILS d'avoir
la vie en soi-même; et il lui a donnélepou
voir de juger, parce qu'il est le FILS DE
L'HOMME.Ne soyez point étonnés de cela,
car l'heure viendra en laquelle tous ceux
qui sont dans les sépulcres entendront sa
voix, et ils sortiront, savoir : ceux qui au
ront bien fait , pour la vie éternelle, et
ceux qui auront mal fait , pour la con
damnation éternelle (Saint Jean, v, du
verset i7 au 3ome).
LE VRAI MESSIE. 26ï
Il parait que les Juifs avaient assez bien
compris à ce discours les prétentions de JÉ
SUS-CHRIST à la divinité, puisqu'ils se mi
rent en devoir de le lapider. Ils étaient en
cela plus intelligens que ceux de nos incré
dules modernes, qui prétendent que JÉSUS-
CHRIST ne s'est jamais dit Dieu assez
clairement. En effet, qui doit être honoré
comme Dieu, si ce n'est Dieu? qui peut res
susciter les morts, qui peut disposer dela
vie, qui a la vie en soi, si ce n'est Dieu?
Qui peut prendre sur lui de juger tous les
mortels, si ce n'est Dieu? Rien n'est plus
formel que ces passages , pour constater la
divinité absolue de JÉSUS-CHRIST, surtout
quand on s'élève au-dessus de la distinction
des personnes.
Ces mots , le FILS ne peut rienfaire par
lui-même, bien loin de prouver que JÉSUS-
CHRIST n'était pas Dieu, prouvent au con
traire qu'il était JÉHOVAH lui-même en
personne; car ils annoncent que le FILS ou
Vhumanité n'était que comme un instru
ment que le PÈRE faisait agir. Les plus
grandesœuvres que le PÈRE devait montrer
par JÉSUS-CHRIST, et qui devaient exciter
262 LE VRAI MESSIE.
l'admiration, ou plutôt réveiller la foi des
hommes, ne sont autre chose que son entière
glorification, non-seulement dans les cieux,
mais surtout dans les cœurs des mortels qui
tôt ou tard devaient être forcés à le recon
naître; car, pour des miracles ordinaires,
plus grands que ceux rapportés dans l'Evan
gile, la nature , telle que nous la connais
sons , n'en paraît pas susceptible.
Et ses frères lui dirent: Pars d'ici et
t'en vas en Judée , afin que tes disciples
voient aussi les œuvres que tu fais ; car
personne nefait rien en cachette quand
il veut agirfranchement. Puisque tufais
ces choses, montre-toi toi-même au monde;
car ses frères même ne croyaient pas en
lui. JESUS leur dit : Mon temps n'est pas
encorevenu, mais votre temps est toujours
prêt. Le monde ne peut pas vous avoir en
•haine; mais il me hait parce que je rends
témoignage contre lui que ses oeuvres sont
mauvaises. Montez; vous autres , à cette
fête, pour moi je n'y monte point encore,
parce que mon temps n'est point encore
accompli. Et leur ayant dit ces choses, il
demeura en Galilée. Mais quand sesfrères
"X:
LE VRAI MESSIE. 263
furent montés, alors il monta aussi à
cettefête, non point publiquement, mais
comme en secret. Or, tes Juif le cher
chaient et disaient : Oit est-il? Et il y
avait un grand murmure à son sujet
parmi les troupes. Les uns disaient : il est
homme de bien; et les autres disaient:
non, mais il séduit le peuple. Toutefois,
personne ne parlaitfranchement de lui,
à cause de la crainte qu'on avait des
Juifs. Et comme lafête était déjà à demi-
passée, JÉSUS monta au temple, et il en
seignait; et les Juifs s'en étonnaient, et di
saient : Comment celui-ci sait-il les Ecri
tures , vu qu'il ne les a point apprises
(Saint Jean, vu, du v. 3 au i6)?
On aurait tort de croire que l'incrédulité
de ses frères puisse fournir en aucune façon
une preuve contre la divinité de JÉSUS-
CHRIST. La foi est un don que Dieu n'ac
corde qu'à ceux qui en sont dignes; et sa
voir qui en est digne et qui n'en est pas digne,
qui laprofanera, qui ne la profanera pas, est
un mystère quelesangesmêmes ne cherchent
pas à connaître. Sous ce rapport donc,JÉSUS
ne reconnaissait point les degrés de parenté. .
2Ô4 LE VRAI MESSIE.
De plus, ses frères ne disconvenaient nulle
ment des œuvres miraculeuses qu'il faisait;
au contraire, ils les jugeaient djgnes d'être
faites devant le monde entier; et ce sont ces
œuvres qui rendaient témoignage de lui.
On voit aussi par ce passage combien est
gratuite la supposition de ceux qui préten
dent que JÉSUS-CHRIST avait étudié en
Egypte, et qu'il connaissait les secrets de ses
prêtres. Si les Juifs n'avaient pas parfaite
ment bien connu JESUS pourJils de Joseph
le charpentier (i), et de Marie son épouse ,
et s'ils n'avaient point eu la certitude qu'il
n'avait point fait d'études, ils ne se seraient
point étonnés de ses enseignemens dans le
temple. Il est évident, d'ailleurs, que la
manière même dont JÉSUS-CHRIST ins
truisait, faisait le principal sujet de leur
admiration; car il enseignait comme ayant
de L'autorité, et non pas comme les scri
bes (Saint Marc, i, 22). Un jour qu'il entra
dans le temple, on lui présenta le livre de la
loi : en l'ouvrant, il tombe sur ce passage
(i) Avant que Newton eût appelé le CRÉATEUR le
grand Architecte de l'univers, cette vérité avait été
figurée par l'emblème du charpentier.
LE VRAI MESSIE. 265
d'Isaïe : L'Esprit du SEIGNEUR est sur
moi; c'est pourquoi il m'a oint; il m'a en
voyé pour annoncer l'Evangile auœ pau
vres , pour guérir ceux' qui ont le cœur
brisé , pourpublier la liberté aux captifs
et rendre la vue aux aveugles , pour ren
voyer libres ceux qui sont dans l'oppres
sion, et pourpublier l'annéefavorable du
SEIGNEUR. Puis il leur dit : Cette parole
de l'Écriture est accomplie aujourd'hui
(Saint Luc, iv, i8, i9, 20, 2i ). Tout cela
avait sans doute de quoi surprendre : on en
eût encore été surpris quand bien même on
eût été persuadé que JÉSUS avait étudié en
Egypte. Qu'il faut de préjugés, pour mé
connaître le Dieu d'amour, sous le prétexte
même que ses démarches décèlent trop d'a
mour!
Nous ne nous arrêterons point à la ques
tion de savoir si JÉSUS-CHRIST avait des
frères véritables , ou seulement des parens
que l'on appelait également de ce nom chez
les Juifs. Cette question n'est absolument
d'aucune importance : nous sommes tous
les frères de JÉSUS-CHRIST.
Alors les Pharisiens lui dirent : Où est
12
266 LE VBAI MESSIE.
ton père ? JÉSUS leur répondit : Vous ne
connaissez niMOl ni mon PÈRE; SI VOUS
ME CONNAISSIEZ, VOUS CONNAITRIEZ
AUSSI MON PÈRE. JÉSUS dit ces paroles
dans la trésorerie , enseignant au temple;
' mais personne fie le saisit, parce que son
heure n'était pas encore venue. Et JÉSUS
leur dit encore : Je m'en vais, et vous me
chercherez, mais vous mourrez en votre
péché. Là oùje vais, vous n'y pouvez ve
nir. Les Juifs donc disaient : Se tuera-t-il
lui-même, qu'il dit : là ohje vais vous n'y
pouvez venir? Alors il leur dit: Vous êtes
d'en bas , mais moije suis d'en haut ; vous
êtes de ce monde, mais moije ne suis point
de ce monde. C'est pourquoije vous ai dit:
Vous mourrez dans vos péchés; car, si
VOUS NE CROYEZ QUE C'EST MOI, VOUS
mourrez dans vos péchés. Et toi, qui es-tu ?
lui dirent-ils alors. JÉSUS leur répondit :
ce que je vous ai dit dès le commence
ment (Saint Jean, vm, i9,25).
Sans doute que si les Juifs avaient connu
JÉSUS-CHRIST, ils auraient aussi connu le
PÈRE, parce que ce n'est qu'un seul et
même JÉHOVAH. Un grand nombre d'au
1E VRAI MESSIE. 267
très passages deviennent ainsi fort clairs
dans la foi à l'unité absolue de personne. Et
une preuve que les Juifs, malgré leur sens
obtus, s'étaient douté d'une signification
mystérieuse et emblématique renfermée
dans le mot de Père, c'est qu'ils demandè
rent oh il était , question absurde, s'ils
avaient clairement compris par- là l'Etre
infini et invisible.
Quand JÉSUS-CHRIST «lit : Fous mour
rez dans votre péché, et là oùJe vais vous
n'y pouvez venir, il sous -en tendait né
cessairement: vu votre mauvaise volonté,
vu votre disposition haineuse. JÉSUS-
CHRIST allait en effet prendre possession
d'un royaume où hfoi, Yamour et la bonne
volonté pouvaient seuls entrer.
Ces autres paroles ^ si vous ne croyez
que C'EST MOI (ou bien queje suis , on
syo stfju) signifient nécessairement l'une de
ces deux choses : si vous ne croyez que je
suis le MESSIE , ou bien , si vous ne croyez
que je suis CELUI QUI EST. Or, les deux
versions sont conformes à notre thèse. Ces
dernières paroles enfin , Je suis ce que je
vous ai dit dès le commencement, rappel
268 LE VRAI MESSIE.
.'"s
lent la même vérité; et à moins de dire
qu'elles doivent être traduites ainsi : je suis
le Principe ou le Commencement de toutes
choses , ainsi que JÉSUS-CHRIST s'exprime
ailleurs, elles prouvent que le SEIGNEUR
était comme fatigué de leur répéter tou
jours la même vérité; vérité qu'ils ne pou
vaient goûter, parce qu'ils étaient de ce
monde, et qu'ils aimaient les choses ter
restres préférablement à celles qui sont
d'en haut.
Et JÉSUS leur dit : Quand vous aurez
élevé le fils de l'homme, alors vous sau
rez CE QUE JE SUIS ; et queje nefais rien
de moi-même, maisqueje ne dis que ce que
le PÈRE m'a enseigné. CELUI qui m'a en
voyé est avec moi; le PÈRE ne m'a point
laissé seul, parce que jeJais toujours ce
qu'il lui plaît En vérité, en vérité, je
vous dis : Avant qu'abraham fut, J'É
TAIS (Saint Jean, vin, 28, 29, 58).
Commentons ces paroles. Quand toutes
mes démarches sur la terre seront consom
mées; quand. je me serai rendu obéissant
jusqu'à la mort pour vous ramener à la vertu ; .
quand, après cela, vous aurez médité pen-
LE VRAI MESSIE. 269
dant des siècles sur mon apparition, ma vie,
ma doctrine et la nature de mon être, rap
prochant tous les événemens dans leurs dé
tails, considérant toutes les prophéties dans
leur ensemble; quand la philosophie aussi
bien que la théologie se seront épuisées en
conjectures, que les Conciles et les Acadé
mies auront avancé successivement toutes
les erreurs , et seront enfin forcés d'avouer
que Dieu seul est sage, intelligent , infail
lible, comme il est seul bon, seul grand et
seul saint; quand, en un mot, vous aurez
considéré toutes les suites de ma mort, la
quelle aura changé l'univers, le christianisme
se relevant toujours plus radieux au mo
ment que la sagesse humaine croira pouvoir
triompher de lui, alors vous vous écrierez :
O ciel! ce JÉSUS qu*ils ont crucifié, il était
notre ÉTERNEL BIENFAITEUR, notre
ÉTERNEL AMI! Hélas l CELUI QUI EST
était si près de nous , et nous ne le savions
pas! JÉHOVAH en personne, ce Dieu
inépuisable en amour, est venu nous vi
siter! Son visage n'était que tant soitpeu
voilé, pour que nous pussions le voir et
vivre, ET NOUS L'AVONS MÉCONNU!
27O , 1E VRAI MESSIE.
Nous remarquerons, pour la dernière
fois, que ces mots, enseigner, ordonner;
envoyer, monter, descendre , et autres sem
blables, seraient encorefigurés , même dans
la manière ordinaire de considérer la per
sonne de JÉSUS-CHRIST, et que par con
séquent elles ne peuvent arrêter personne.
Le Père ne m'a point laissé seul signifie :
Je n'agis que par LUI ; c'est LUI qui agit
en MOI. Cesautres paroles ; Jefais toujours
ce qu'il lui plaît , doivent évidemment être
traduites par celles-ci : Je ne fais que ce
qu'ilfait par moi. En entendant ainsi tous
ces passages dans leur vrai sens, on conçoit
enfin parfaitement la vérité de cette décla
ration remarquable, que JEHOVAH-JÉSUS-
CHRIST pouvait seul fair&: En vérité', je
vous dis, avant qu'Abraham fît , J'É
TAIS.
JÉSUS ayant appris que (les Pharisiens)
avaient chassé (l'aveugle né guéri par lui),
et l'ayant rencontré, il lui dit : Crois-tu
au FILS DE DIEU? // répondit: Qui est-il,
afin queje croie en lui? JESUS lui dit : Tu
l'as vu, et c'est LUI-MEME qui te parle
( Saint Jean , rx , 35 , 36 , 37 ).
LE VRAI MESSIE. 27 i
Cet empressement de JÉSUS-CHRIST à
se faire connaître à ce malheureux montre
également qu'il était DIEU; car l'aveugle
étant guéri de son infirmité corporelle , n'a
vait plus besoin de croire pour obtenir cette
guérison; mais il avait encore besoin de
croire pour avoir la vie, en reconnaissant
le VRAI DIEU; il avait besoin d'être guéri
de cet aveuglement de l'âme qui porte
quelques infortunés à douter de l'existence
même de Dieu; et ufie infinité d'autres, à
se contenter d'un Dieu entièrement méta-
phjsique^ avec lequel on ne peut pas plus
avoir de rapports d:'amour et de reconnais
sance qu'avec une vérité géométrique.
JÉSUS-CHRIST se nomme ici FILS DE
DIEU contre son ordinaire; car il se dési
gnait presque toujours par les mots de FILS
DE L'HOMME. La première de ces dénomi
nations indique JÉHOVAH INCARNÉ; la
seconde a plutôt rapport à sa qualité de
PROPHETE; de même que d'autres déno
minations le rep/ésentent comme ROI, et
d'autres comme GRAND-PRÊTRE. Il était
réellement tout cela.
Une circonstance qui prouve que cet
272 LE VRAI MESSIE.
aveugle -né, comme tous les Juifs, en
tendait quelque chose de plus par les mots
de Fils de Dieu qu'un prophète ordinaire,
c'est qu'après avoir cru JÉSUS-CHRIST
prophète , et apprenant qu'il est le. FILS DE
DIEU, il se prosterna et l'adora, JÉSUS-
CHRIST y consentant. Quand avec cela on
se rappelle que jamais la nation israélite n'a
eu la moindre idée d'une seconde personne
divine distincte de l'ÊTRE CRÉATEUR,
ce qui lui eût paru un blasphème, on ne
peut méconnaître un seul instant la grande
vérité que nous défendons. Il est probable
que par ces mots, Fils de Dieu, cet aveugle-
né comprit le MESSIE; sans cela il aurait de
mandé quelque explication. Toutes ces tran
sactions, au reste, eurent lieu enprésence des
Pharisiens ; circonstancequ'ilfaut examiner
avec attention dans l'Évangile même; car, en
général, les prêtres Juifs avaient une bien
plus grande idée de JÉSUS- CHRIST qu'on
ne l'imagine aujourd'hui. Ils le suivaient par
tout; ils le faisaient épier incessamment; ils
le craignaient , ils l'admiraient : quelquefois
ils arrivaient jusqu'au soupçon qu'il pour
rait bien être le MESSIE. Mais il était écrit
LE VRAI MESSIE. 2^3
que le CHRIST souffrirait pour entrer
dans sa gloire. Ces choses avaient été dé
cidées dans d'autres conseils que ceux du
Sanhédrin. C'est, en effet, VEnfer qui a
crucifié JÉSUS-CHRIST, et non les Juifs!
Les Juifs n'étaient que les bourreaux, que
les exécuteurs de la volonté criminelle du
genre humain dégradé, à laquelle chacun
participe. Ils ne savaient ce qu'ils fai
saient; et s'ils eussent connu le Dieu de
gloire, ils ne l'eussentjamais crucifié. Peut-
être était-il nécessaire, dans le temps, que
l' Enfer lui-même ne connût point entière-
rement toute la dignité de la personne du
MESSIE, pour lui éviter la profanation
formelle de l'ÊTRE JÉHOVAH.
Personne ne m'ôte la vie, mais je la
donne moi-même,-y'cu lepouvoir de la quit
ter^ etfai le pouvoir de la reprendre ;fai
reçu cet ordre de mon PÈRE.... Les Juifs
s'assemblèrent donc autour de lui, et lui
dirent : Jusqu'à quand tiens -tu notre
âme en suspens ? Si tu es le CHRIST ,
dis-nous-le franchement. JESUS leur ré-
pondit : Je vous l'ai dit, et vous ne le
croyez pas..,. MOI et MON PÈRE nous som
274 t-E VRAI MESSIE.
mes une MÊME CHOSE (Saint Jean, x, i8,
24, 25, 3o).
Après le commandement, aimez-vous les
uns les autres, ces paroles qui indiquent
l'unité absolue de la Divinité, MOI et mon
PÈRE nous sommes une même chose ,ye suis
dans le» PÈRE, e£ le PÈRE erf erc MOI , sont
celles que l'on trouve le plus souvent répé
tées dans l'Évangile. En entendant cette dé
claration, les Juifs qui l'avaient eux-mêmes
provoquée, se mirent encore en devoir de
lapider JÉSUS-CHRIST, et il leur dit; N'est-
il pas écrit dans votre loi, vous êtes des
dieux ? Si donc la loi appelle dieux ceux
à qui la parole du SEIGNEUR était (svm-
plemeni) adressée, pourquoi dites-vous que
Je blasphême, MOI que mon PÈREa SANC
TIFIÉ et envoyé dans le monde, si je dis
que je suis LE FILS DE DIEU ? Des person
nes superficielles ont voulu voir dans ces
paroles une espècede rétractation; mais très-
certainement elles énoncent tout le con
traire. Si JÉSUS-CHRIST avait voulu se
rétracter, il aurait sans doute trouvé des ter
ni es clairs et simples, tels que l'on en ren
contre dans rÉvangile. ..Mais non, JÉSUS
LE VRAI MESSIE. 2^5
CHRIST insiste : Il y a une grande diffé
rence, dit-il , entre MOI et un simple pro
phète, ou une personne à qui la parole de
Dieu est simplement adressée : Je suis CE
LUI que le PERE a sanctifié et envoyé
dans le monde pour le sauver. Mais que
veut dire sanctifié , si ce n'est rendu divin,
préparé pour recevoir la plénitude de la
Divinité?Etpourcela, ajoute le SAUVEUR,
vous voulez me lapider! Comme s'il leur eût
dit : Que serait-ce donc si je me déclarais JÉ-
HOVAH lui-même, JÉHOVAH en personne ,
quoique voilé sous la chair de mes fragiles en-
fans? Si JÉSUS-CHRIST ne s'est pas servi
d'autres termes devant les Juifs, pour expri
mer sa divinité absolue, que ceux qu'il a jugé à
propos d'employer, c'est que ni leur cœur ni
leur esprit n'étaient disposés comme il conve
nait. La distinction de Dieu PÈRE et Dieu
FILS, en entendant par-là le moi universel
de JÉHOVAH et le moi individualisé en
CHRIST, est d'ailleurs une distinction trés-
réelle et très-vraie, quoiqu'elle n'indique
deux personnes qu'en apparence; et elle
était, en outre d'une absolue nécessité, dans
la supposition d'une rédemption , puisque,
276 LE VRAI MESSIE.
sans cette distinction, le MESSIE n'aurait
jamais pu nous donner l'exemple de la ma
nière dont on doit s'y prendre pour retour
ner au PÈRE, par la patience dans les souf
frances; de la manière dont on doit prier le
PÈRE, craindre, aimer le PÈRE. JÉSUS-
CHRIST s'est donc déclaré Dieu autant qu'il
a pu et dû le faire; et si quelque Juif ne l'a
pas compris de son temps, ou si quelque
chrétien ne le comprend pas encore aujour
d'hui, c'est qu'ils n'ont pas su s'en rendre di
gnes. Qui a jamais pu dire qu'il est le maî
tre de laisser et de reprendre sa vie à <vo-
lonté, si ce n'est le CRÉATEUR?
Une preuve enfin que , par les mots Fils
de Dieu, les Juifs n'entendaient pas une per
sonne distincte de la Divinité, c'est la ré
ponse qu'ils firent dans une de ces cir
constances : Ce n'estpas pour tes guérisons
que nous te lapidons , mais pour ton blas
phême, parce qu'étant homme , tu tefais
Dieu. Ils ne lui reprochent pas de se faire
Fils de Dieu, mais DIEU.
Je sais bien que tu m'exauces tou
jours; maisje dis ceci à cause de ce peu
ple qui est autour demoi, afin qu'il croie
LE VRAI MESSIE. 277
que tu m'as envoyé; et quand il eut dit
cela, il cria à haute voix : Lazare, sors
de ta tombe; et à l'instant même le mort
sortit , ayant les pieds et les mains liés de
bande$ , et la tête enveloppée d'un linge.
Depuis cejour-là donc les J[uifs consultè
rent ensemble pour lefaire mourir (Saint-
Jean , xi, 42i 43) 53).
Les premières paroles de ce passage sont
une preuve de ce que nous venons juste
ment de dire de la nécessité d'une distinc
tion apparente de deux personnes : le Père
et le Fils étant deuxfois la mêmepersonne .
Dans la supposition, en effet, que la pré
sence du CRÉATEUR devînt nécessaire
sur un globe, ce que la liberté morale de
l'homme pouvait naturellement amener,
comment conçoit-on que JÉHOVAH " eût
pu remplir en même temps l'office de
Créateur et celui de Médiateur, si , dans le
temps de son humiliation, pour donner des
exemples de charité à ceux qui en avaient
besoin, il ne lui eût point été permis d'ap
peler du nom de Père cette Essence divine,
cet Amour infini, cette Providence univer-
selle incessamment présente à tous les globes
2^8 LE VRAI MESSIE.
et a tous les êtres, quoique manifestée comme
Verbeou Mérité sur un point déterminé de
la création matérielle? Dans la seconde par
tie, nous aurons très-souvent l'occasion de
faire voir que par Père , en parlant de la
Divinité, il faut^ entendre L'AMOUR ÉTER
NEL, tout comme par Fils, ou Verbe, on
entend L'ÉTERNELLE VÉRITÉ.
Donc , quand JÉSUS-CHRIST s'adressait
au Père, comme il le fit dans cette rencontre,
c'était moins pour le prier, Vinvoquer,
l'adorer, que pour montrer aux hommes
comment on doitfaire toutes ces choses.
JÉSUS-CHRIST le déclare ici formellement :
Je ne dis ceci qu'à cause de ce peuple qui
est présent. Et il répète la même chose dans
le même chapitre, quand une voix s'était
fait entendre, et que les assistans étaient à
conjecturer ce que cela pouvait être: Cette
voix, dit-il, n'est point pour moi; elle est
pour vous.
La résurrection de Lazare est une nou
velle preuve dela divinitéde JESUS-CHRIST.
Quel autre que le CRÉATEUR pourrait
ainsi se faire entendre d'un cadavre qui sent
déjà mauvais? Des prophètes ont bien aussi
LE VRAI MESSIE. 2^9
ressuscité des morts sous l'ancienne loi ;
mais ces prophètes déclaraient nettement
qu'ils n'agissaient qu'au nom de DIEU, et du
MESSIE futur; tandis que JÉSUS-CHRIST
s'est dit depuis ce DIEU et ce MESSIE EN
PERSONNE.
Pour le dire en passant, la conduite des
Juifs résolvant la mort de JÉSUS-CHRIST,
parait assez naturelle à celui qui sait un peu
se reporter aux temps et aux lieux. Pour les
Juifs, il n'y avait point de milieu; n'ayant
aucune idée d'une pluralité de personnes,
JÉSUS-CHRIST, pour eux, était ou DIEU
lui-même , ou bien le plus dangereux des
imposteurs. Ne pouvant donc croire à la
divinité de JÉSUS - CHRIST , parce qu'ils
aimaient la gloire des hommes plus que
la gloire de Dieu ( Saint Jean , xn, 43 ),
ils résolurent de le crucifier. Les raisonne-
mens de nos prétendus penseurs modernes
sont moins justes. Ne pouvant reconnaître
dans le héros de l'Evangile les traits de la
Divinité elle-même, ils font du DIEU -
HOMME un être intermédiaire et inconce
vable qui au fond n'est ni Dieu ni homme.
Mon Père, dit JÉSUS-CHRIST , glorifie
280 LE VRAI MESSIE.
ton nom. Alors il vint une voix du ciel,
qui dit:Etje l'aiglorifié, etJe le glorifierai
encore { Saint-Jean, xn, 28 ).
Le nom, dans la langue de la nature,
signifiant l'essence ^ ces mots, glorifie ton
nom, sont l'équivalent de ceux-ci : unis de
plus en plus ton essence divine à la na
ture humaine, jusqu'à ce que celle-ci
soit entièrement glorifiée (ou divinisée).
Et c'est aussi là ce qu'une voix da ciel pro
mit de faire; mais cette voix n'était partie
en effet que de JÉSUS-CHRIST lui-même
puisque le PÈRE ne l'avaitpointlaisséseul,
puisque le PÈRE était en lui , puisque le
FILS DE L'HOMME était demeuré au
ciel, quoiqu'ilfut descendu du ciel. Cette
glorification de JÉSUS-CHRIST, ou, si on
nous permet cette expression , cette divi
nisation de son humanité, a été successive;
elle semble même n'avoir été complétée
que dans le ciel, où Saint-Jean a vu, plu
sieurs années après, des emblèmes augustes
qui semblaient y avoir encore rapport (i).
(1) Voyez l'Apocalypse, surtout les 3e et 4e cha
pitres.
LE VRAI MESSIE. 28 i
Or, JÉSUS criait à haute voix, et dit :
Celui qui croit en moi né croit point en
moi, mais en CELUI qui m'a envoyé; et
celui qui me voit [ne me voit point moi),
mais CELUI qui m'a envoyé (Saint Jean,
xii, 44, 45).
Est-il possible, nous le demandons à tous
les hommes tant soit peu disposés à s'élever
au-dessus des préjugés reçus, est-il possible
d'exprimer plus clairement l'identité de
personne entre JÉSUS et JÉHOVAH? Et
les philosophes , les penseurs du jour,
pourraient-ils trouver des termes plusfor-
mels pour exprimer cette vérité, quand ils
les chercheraient exprès? Aussi, qu'on lise
l'histoire;jusqu'au tempsd'Arius, nulhomme
n'avait distingué catégoriquement en Dieu
trois personnes différentes. Jusque-là, par
conséquent, tous ceux qui croyaient en JÉ
SUS-CHRIST, croyaient par-rà même plus ou
moins confusément à l'apparition ou à lama-
nifestation du PEPiE CÉLESTEenpersonne .
Mais c'est précisément ce qui devint une
chose impossible pour les hommes indignes
et incapables de comprendre un tel prodige
d'amour. Arius nia donc la divinité de
23a LE VRAI MESSIE.
JÉSUS-CHRIST; et c'est là-dessus que les Pè-
resdeNicée imaginèrent leurJîls engendréde
toute éternité, etpersonnellement distinct
du Père, commissionné en quelque sorte
par luipour opérer notre salut. Le desir, ce
semble, de conserver sur la terrera quelque
prix que ce fût, la foi à une apparition quel
conque du CRÉATEUR, les fit tomber dans
cette erreur. Et DIEU le permit ainsi pour
un plus grand bien : car sî les Juifs eussent
lapidé JÉSUS, s'il se fût dit JÉHOVAH
assez in telligiblement pour leur sens grossier,
les Grecs et les Romains, incapables encore,
malgré leur esprit et leurs lumières, de s'éle
ver au-dessus des notions de temps et d'es
pace, auraient au moins maudit sa mémoire;
et la foi qui rend seule le salut possible, se
serait éteinte dès sa naissance. Aujourd'hui
seulement l'univers commence à être capable
de reconnaître "JÉSUS pour ce qu'il était
réellement. Et après l'avoir ainsi préparé
pendant dix-huit siècles, ce DIEU de bonté
se fera sans doute maintenant connaître à lui
sans réserve. Le temps en est venu; il faut
enfin que le grand mystère du ciel et de la
terre se dévoile. Et ce siècle des lumières ,
LE VRAI MESSIE. ^83
que l'ignorance et la mauvaise foi se plaisent
quelquefois à calomnier, connaîtra encore
son SEIGNEUR et son DIEU mieux qu'on
ne l'a jamais connu. Le Juif et l'Infidèle
pourront enfin sejoindreau chrétien devenu
philosophe, et au philosophe ne rougissant
plus de se dire chrétien.
Philippe dit à JÉSUS : SEIGNEUR, mon
trez-nous le PÈRE, et cela nous suffit
( Saint Jean, xiv, 8 ).
On est tenté de s'impatienter à la vue de
cette inconcevable stupidité des apôtres.
Quelle question de la part de Philippe, au
moment que JÉSUS achevait ces propres
paroles : Si vous me connaissiez , vous con
naîtriez aussi le PÈRE; ET DÈS A PRÉ
SENT VOUS LE CONNAISSEZ, ET VOUS
L'AVEZ VU! Philippe, lui répète encore
une fois l'inaltérable douceur du SAU
VEUR, Philippe, QUI.M'A VU, A VU LE
PÈRE; NE CROIS-TU DONC PASENCORE
QUE JE SUIS DANS LE PÈRE, ET QUE
LE PÈRE EST EN MOI; ET QUE LES
PAROLES QUE JE DIS, CE N'EST POINT
MOI QUI LES DIS, MAIS QUE C'EST
LE PÈRE QUI PARLE ET AGIT EN MOI?
284 hE VRAI MESSIE.
En vérité, si cela ne veut pas dire qu'il rûy a
pas d'autre PÈRE que JÉSUS-CHRIST,
nous ne savons plus ce que c'est que parler
clairement.
On aurait tort toutefois de s'impatienter
contre les Apôtres. Combien de Chrétiens
ont été plus intelligens qu'eux depuis dix-
huit cents ans?
Si vous m'aimiez , vous vous réjouiriez
de ce quej'ai dit : Je m!en vais à mon PÈRE;
car mon PERE est plus grand que moi
( Jean, xiv, 28).
Ce passage si embarrassant pour nos
théologiens scholastiques, devient toutclair
dans la nouvelle doctrine. Le Dieu humilié
et anéanti sur la terre, allait remonter au
degré de gloire qui lui était propre avant
lafondation du monde , et.ee devait être là
assurément un sujet de joie pour tous les
amis du SEIGNEUR. Les humiliations et les
opprobres du CREATEUR venant pour se
faire reconnaître par des enfans ingrats et
aveugles, ne pouvaient point durer toujours;
il devait enfin remonter sur ce trône éternel
dont il n'était descendu que par amour pour
eux, et rentrer dans cette gloire infinie qui
L
LE VRAI MESSIE. 285
était sienne avant que la terrefut faite ;
JÉSUS-CHRIST devait en un mot retourner
vers son PERE, parce que son PÈRE était
plus grand que lui. Voilà tout le mystère
de ce passage.
Et c'est ici la vie éternelle, qu'ils te con
naissent SEUL VRAI DIEU, et CELUI que
tu as envoyé JÉSUS - CHRIST ( Jean ,
xvii, 3 ).
Ce texte n'est remarquable qu'en ce que
JÉSUS-CHRIST oarledc lui-même en tierce
personne, comme il parle d'ordinaire du
PÈRE. La conclusion naturelle que l'on en
peut tirer, c'est que rieii n'était moins fondé
qu'une distinction réelle de personnes ou
d'êtres entre JÉHÔVAH et le MESSIE. Le
seul vrai Dieu c'est le MOI INFINI, c'est
l'ESSENCE DIVINE incommunicable. Le
CHRIST est ce MÊME MOI proportionné
à la capacité de Vesprit humain^ lequel
est fini. Pour avoir la vie éternelle, il faut
* donc quel'homme connaisse le CPiÉATEUR,
le PÈRE de la nature, et en même temps
le CHRIST, le ROI par excellence, qui n'est
que ce même CRÉATEUR vu, ce même
PÈRE manifesté.
286 LE VRAI MESSIE.
JÉSUS répondit : Mon royaume n'est pas
de ce monde ;'si mon royaume était de ce
monde, mes gens combattraient, afin que
je nefussepas livré auxJuifs : maismain-
tenant mon royaume n'est point d'ici- bas
( Saint Jean , xvm, 36 ).
Le règne du MESSIE ne devait point être
le règne d'un monarque terrestre, d'un con
quérant faible et vain; le régne du MESSIE
devait être un règne impérissable; sa domi
nation devait être une domination éter
nelle. Le royaume de JÉSUS-CHRIST n'est
donc autre que le royaume de JÉHOVAH-
DIEU, composé de tous ses immortels en fans,
où l'on ne connaît qu'une loi, celle del'amour.
Malheur', oui malheur à tous ces apôtres
ambitieux qui encore aujourd'hui ne sau
raient apprécier toute la sublimité, toute la
majesté de ce mot de JÉSUS CRUCIFIÉ:
MON ROYAUME* N'EST PAS DE CE
MONDE !
Et quand JÉSUS eut pris le vinaigre, il
dit .TOUT EST ACCOMPLI; et baissant
la tête, IL RENDIT L'ESPRIT (Saint
Jean, xix, 3o).
Si nous ne pouvons méconnaître un ins-
LE VRAI MESSIE. 287
tant l'amour de notre Dieu dans le doulou
reux et imposant spectacle du Calvaire; si
nous sommes forcés d'y voir cette grande
loi de l'ordre qui contre-balance à jamais le
ciel et l'enfer, et maintient en équilibre le
franc arbitre de l'universalité des êtres; si,
en un mot, en examinant l'ensemble de l'An
cien et du Nouveau Testamens, qui com
prennent à peu près toute l'histoire du
genre humain, nous ne pouvons plus mé
connaître en JESUS- CHRIST la personne
même du CRÉATEUR : il n'en est pas de
même d'une infinité de petites circonstances
de détail dans l'histoire de sa vie et de sa
mort, dont le moindre trait est un hiérogly
phe infini. A cet égard, une étude approfon
die de la langue de la nature pourra nous
apprendre encore bien des mystères. C'est
ainsi que l'on peut conjecturer que le vinai
gre que JÉSUS-CHRIST Voulut goûter avant
sa mort, devait avoir rapport à la falsifica
tion complète de sa doctrine dans les der
niers temps, puisque le vin signifie généra
lement la vérité par toute l'Écriture-Sainte.
Mais qui sait si le mystère de l'amour du
288 LE vrai messie:
PÈRE ne devra pas rester éternellement un
mystère, même pour les anges du troisième
ciel? — Si tout, absolument tout, nous était
enfin dévoilé, d'où se tirerait l'enthousiasme
religieux, d'où se tirerait le transport, le ra
vissement de l'admiration? — Que l'on ne
craigne donc point de voir disparaître quel
ques mystères de création humaine, quand il
est constant que les mystères vraiment di
vins de la TOUTE-PUISSANCE et de L'A
MOUR seront ÉTERNELS.
Et baissant la tête, IL RENDIT L'ES.
PRIT ! — 0 JÉHOVAH! qui sera digne de
te comprendre?
Huit jours après , comme ses disciples
étaient encore dans la maison , et que
Thomas était avec eux, JÉSUS vint, les
portes étant fermées , et il fut la au mi
lieu d'eux, et leur dit : La paix soit avec
vous ! puis il dit à Thomas : Mets ici ton
doigt, et regarde mes mains; avance aussi
ta main et la mets dans mon côté, et ne
sois plus incrédule, mais crois. Thomas
répondit et lui dit : Mon SEIGNEUR et
mon DIEU ! JÉSUS lui dit : Parce que tu
LE VRAI MESSIE. 289
m'as vu Thomas tu as cru; heureux ceux
qui n'ont pas vu et qui ont cru (Saint
Jean , xx, 27, 28, 29).
Venir, en parlant de l'apparition de JE-
SUS-CHIST, après sa résurrection , doit se
prendre aufiguré, comme dans tous les en
droits où il est question de sa venue comme
envoyé duPÈRE; c'est ce que l'apôtre veut
donner à entendre quand il ajoute aussitôt :
Et il fut là au milieu d'eux, Quoique la
circonstance des portesfennées soit rappe
lée, l'évangéliste ne prétend pas pour cela
que JÉSUS-CHRIST soit passé au travers'
de ces portes. Le corps même de Dieu RE
DEMPTEUR, en tant que chair et os , était
évidemment divinisé, c'est-à-dire soustrait
au temps et à l'espace! Peu de lecteurs,
nous le craignons, seront capables de s'éle
ver à celte hauteur. Il est toutefois constant
qu'il n'y a point l'infini entre la matière et
l'esprit, et qu'on peut parvenir à se familia
riser avec toutes ces idées, quand, avec
Kant, Berkeley et Malebranche, on tâche
dese mettre entièrement au-dessus du monde
matériel , et des notions qui en dérivent.
Mon SEIGNEUR et mon DIEU ! s'écria
i3
2QO LE VRAI MESStE.
Thomas en revoyant son MAITRE. Fasse le
ciel que ce cri soit aussi celui de l'incrédule
qui aura lu cet ouvrage! Il ne verra point de
miracles commeThomas en avait vu; il n'ap
prendra que les merveilles de L'AMOUR du
Dieu SAUVEUR. Mais, s'il croit, ah! s'il
croit, il sera plus heureux que Thomas ;
caria vue des miracles affaiblit toujours
plus ou moins la liberté morale.
Ces choses ont été écrites , afin que vous
croyiez que JÉSUS est le CHRIST, le FILS
DE DIEU, et qu'en croyant vous ayez la
VIE en son NOM (Saint Jean, xx, 3i ).
Il est donc vrai que ce JÉSUS si mé
connu, si vilipendé au dix -neuvième siè
cle, est néanmoins le même que JÉHO-
VAH, le DIEU DES ARMÉES, le CRÉA
TEUR du ciel et de la terre! Il est donc vrai
que hors de JÉSUS il n'y a point de RE
DEMPTEUR; qu'il est le PREMIER et le
DERNIER, le PRINCIPE et la FIN, LE
SAINT D'ISRAËL, CELUI QUI A ÉTÉ,
QUI EST ET QUI SERA, LE TOUT-PUIS
SANT ; qui a été percé pour nous sur la
croix, mais qui est VIVANT, DANS
TOUS LES SIÈCLES DES SIÈCLES !
LE VRAI MESSIE. 29 i
Lecteur , qui que vous soyez, vous con
naissez maintenant notre foi, cette foi vivi
fiante que nous désirons être aussi la vôtre.
-En considérant de près ce globe teint de
sang, en examinant la condition vraie du
genre humain, et en pénétrant avec la clef
de la langue de la nature dans les Livres
Saints, nous avons reconnu que tout autre
Dieu que JÉSUS-CHRIST n'est point le
Dieu de cette terre. Il fut un temps, nous
le répétons, où nous nous égarions, comme
vous pouvez faire, sur l'océan sans rives des
pensées humaines; mais enfin, après vingt
' ans d'études, de recherches et de médita
tions, vers l'époque de l'entière maturité de
l'esprit , nous avons eu le bonheur de deve
nir chrétien, de déiste, il faut bien dire le
mot, que nous étions. Et le moment précis
qui détermina notre changement, fut ce
lui où , promettant solennellement au
CREATEUR de ne point profaner la
sainte vérité , si nous venions à la recon
naître, nous joignîmes à l'étude la prière.
Ce moment fut celui où, maudissant les prin
cipes relâchés de celte école qui prétend
que la perfection et les conseils évangéliques
i3.
2Q2 LE VRAI MESSIE.
ne sont que pour les cloîtres, nous commen
çâmes à nous mettre au-dessus de toutes les
passions comme au-dessus de tous les pré
jugés. C'est alors, oui, c'est à cet instant,
que le voile est tombé, et que le SOLEIL
DE JUSTICE et de VÉRITÉ a lui à nos
yeux. Faites de même, lecteur; le chemin
vous en est frayé; vous avez dans notre
personne unepreuve vivante de la possibi
lité d'arriver à un point fixe, seul bonheur dé
sirable ici-bas, et à l'espoir d'un plus heureux
avenir. Nous sommes si persuadés aujour
d'hui dela divinité absoluede l'auteur de l'É
vangile, et du bonheur parfait dont il peut
faire jouir ceux qui s'attachent à lui, que nous
reconnaîtrions ces vérités, quand bien même
aucun mortel ne les eût reconnues avant
nous. Oui, là est la vérité', elle est là tout
entière! JÉSUSrCHRIST est la VÉRITÉ.
Mais encore une fois ne marchandez plus
avec votre conscience. Dans les plus petites
choses, allez droit à la perfection. Les peti
tes choses sont plus intéressantes en morale
que les grandes. L'homme du monde évite
lui-même les grandes fautes : il appartient au
chrétien d'éviter lesfautes légères, car c'est
V
LE VRAI MESSIE. 2q3
dans les petites choses que se montrent vrai
ment la fidélité et l'amour. Il y a un grand
sens dans ces paroles : Un peu de philoso
phie rend incrédule; beaucoup de philo
sophie ramène au christianisme : il est
vrai que ce n'est point à la théologie sco-
• lastique à entonner le chant de triomphe.
Réponse à quelques difficultés.
Nous lisons, dit*on, dans saint Matthieu
(xix, i9) qu'un jeune homme ayant ap
pelé le SAUVEUR bon maître, JÉSUS lui
répondit : Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il
n'y a qu'un seul bon , savoir, DIEU. Ces
paroles ne prouvent- elles pas clairement
que JÉSUS-CHRIST n'était point Dieu , et
qu'il ne voulait pas qu'on lui en donnât le
titre?
Nous répondons que si ceux qui font
cette objection avaient considéré d'abord
avec attention Vensemble de VÉvangile ,
seul moyen de connaître le vrai sens d'un
texte détaché, bien loin de voir ici un ar
gument contre nous, ils y auraient vu, au
contraire, toute notre doctrine, ou plutôt
294 LE VRAI MESSIE.
toute la vérité. Ils y auraient vu, d'un côté,
Vunité de personne , car il y a dans le grec
eiç, et dans le syriac (kad)(i), mots exclu
sifs de toute autre individualité ; ils y au
raient vu, de l'autre, la divinité absolue
du RÉDEMPTEUR; car JÉSUS ne pouvant
se contredire, et s'étant déclaré clairement
Dieu dans d'autres endroits, ce passage doit
être évidemment entendu de la manière sui
vante : Tu m'appelles BON; appelle-moi
donc aussi DIEU, puisque DIEU SEUL
est BON.
Une autre objection est tirée de ces
paroles du SAUVEUR, en saint Matthieu
(xx , 23) : // est vrai que vous boirez le
calice que je boirai; mais pour ce qui est
d'être assis à ma droite ou à ma gauche ,
ce n'est point à moi à vous le donner ,
mais ce sera pour ceux à qui mon PERE
l'aura préparé; et de ces autres -en saint
Marc (xm, 3a) : Pour ce qui est du jour
et de l'heure (du dernier avènement), per
sonne ne le sait, non pas même les anges
(i) Notre SEIGNEUR ayant parlé le syro-chal-
déen , il est probable que c'est là le mot dont il s'est
servi.
.'.
LE VRAI MESSIE. 296
qui sont dans le ciel, ni même le FILS ,
mais seulement le PERE. Dans le premier
de ces textes, dit-on , JÉSUS-CHRIST avoue
un défaut de puissance; dans le second,
un défaut de science: donc il n'était point
Dieu.
Mais quand on s'est convaincu par la con
frontation de tous les passages qui peuvent
jeter du jour sur ceux-ci , et une étude ap
profondie de ce que nous avons appelé la
langue de la nature, que par père il faut
entendre Vamour, qui , en Dieu considéré,
par rapport à l'homme, est comme placé en
avant ou au-dessus ou à droite de la vé
rité , le tout, par une priorité de raison ,
ces expressions n'offrent réellement plus au
cune difficulté. C'est Vamour de Dieu, c'est
le degré de charité dans les créatures,
et non la vérité divine, qui décident de la
place ou du rang que chacun doit occuper
dans la société éternelle. C'est aussi Vamour
de Dieu, c'est la bonté divine, et non save-
rité, qui decidentdumoment où l'Église doit
être renouvelée sur la terre , renouvelle
ment qui est toujours appelé jugement der
nier dans les Saintes-Écritures.
2g6 LE VRAI MESSIE.
Les Sociniens tirent une autre objection
contre la divinité de JÉSUS-CHRIST, de
ces paroles qu'il adressa à son PÈRE céleste,
en priant pour les Apôtres et pour tous ceux
qui dans la suite des temps devaient croire
en lui : PÈRE SAINT ,/e te prie qu'ils
soient un, comme TOI, ô mon PERE , es
en MOI, et queje suis en TOI... , qu'eux
aussi soient consommés dans /'unité. Si ,
disent les Sociniens, l'union entre JÉSUS-
CHRIST et le PÈRE de la nature n'est pas
plus intime que celle qui peut se former en
tre lui et les autres hommes , il ne parti
cipe donc pas plus à la divinité que tous les
autres. La réponse à cette difficulté se trouve
tout entière dans le passage où nous avons
expliqué la nature du MOI universel et
du MOI personnifié particulièrement en
CHRIST : passage d'après lequel nous ne
craignons plus d'avancer cette vérité har
die : Qu'en s'èlevant au-dessus des notions
d'espace,pour déclarer que ses disciples se
raient unjour en lui et lui en eux, JÉSUS-
CHRIST EN A DIT ASSEZ POUR SE FAIRE RE
CONNAITRE POUR DIEU PAR LES PHILOSOPHES
du i90 siècle. Par sa glorification , JÉSUS
'* 1E VRAI MESSIE. 297
CHRIST s'est tellement identifié avec'la plé
nitude de la divinité , qu'il ne lui est rien
resté de son individualité humaine, laquelle,
même pendant sa vie mortelle, n'était dis
tincte de l'ÊTRE JÉHOVAH qu'en appa
rence ; tandis que nous autres , tout en trou
vant en Dieu la vie entière de notre intellect .
et de notre volonté (à notre liberté morale
près), notre individualité, toutefois, nous
restera éternellement. JÉHOVAH est UN;
son NOM (ou JÉSUS-CHRIST) est UN. Et
les hommes lui seront éternellement unis.
Tel est le mystère de l'AMOUR INCRÉÉ.
Nous sommes persuadés, du reste, que
les chrétiens sociniens, ceux du moins qui
sont chrétiens véritables (car on n'est pas
chrétien comme on est platonicien), nous
sommes persuadés, disons -nous, que tous
ceux-là seront les plus disposés à reconnaître
et à embrasser la vérité. L'erreur de la Trinité
des personnes distinctes a seule donné nais
sance à une persuasion aussi vague que celle
de Vunitarianisme qui n'accorde au SAU
VEUR du monde qu'une étincelle de la
divinité. Et en levant cette erreur fonda
mentale, la vérité percera aussitôt dans tout
i3..
2ûtf tE VRAI MESSIE. ♦ >
son éclat, au milieu d'une société instruite
et accoutumée au raisonnement. Élevez au
tant que vous voudrez l'excellence de l'être
JÉSUS-CHRIST, si réellement il n'est
point DIEU, il restera toujours infiniment
au-dessous de Dieu; et l'attente du genre
. humain est trompée jusqu'à ce jour.
JÉSUS-CHRIST, remarque-t-on encore^
dit à l'avant dernier verset de l'évangile de
saint Matthieu : Allez , instruisez tous les
peuples, et les baptisez au nom du PERE,
et du FILS, et du SAINT-ESPRIT. JÉ
SUS-CHRIST, dans le moment solennel de
son départ de ce monde, se serait-il servi de
semblables expressions , s'il n'y avait en Dieu
troispersonnes réellement distinctes ? Nous
répondons que ce passage ne prouve réelle
ment quelque chose que dans l'idée des
chrétiens déjà préalablement imbus de l'er
reur d'une distinction réelle de personnes;
mais que ceux qui ont eu le bon esprit de
reconnaître Vunité absolue de l'Etre divin ,
ne voient dans ce passage que troisfois la
même personne ou le même Etre, en tant
que Créateur^ Rédempteur et Régénéra
teur >• comme si JÉSUS-CHRIST avait dit :
LE VRAI MESSIE. 299
Allez , baptisez tous les peuples au nom
de DIEU que vous connaissez mainte
nant comme PERE, comme FILS et comme
SAINT-ESPRIT. Nous verrons dans la se
conde partie que baptiser et instruire de
la vérité sont synonymes dans la langue de
la nature.
Le texte le plus embarrassant de tout l'É
vangile, relativement à cette vérité, sont
ces paroles du SEIGNEUR à Madeleine, après
sa résurrection : Dis à mesfrères : Je monte
vers MON PÈRE et vers VOTRE PÈRE,
vers MON DIEU et vers VOTRE DIEU.
Toutefois, cette difficulté elle-même dispa
raît entièrement , dès que l'on sait que par
le mot Dieu, dans les Saintes-Ecritures, il
faut toujours entendre puissance éternelle ,
comme par celui de Père il faut entendre
éternel amour. Et la preuve que toutes ces
paroles dites par le SEIGNEUR à Made
leine au moment qu'elle venait de le pren
dre pour un jardinier, étaient emblémati
ques, c'est qu'il lui dit en même temps: Ne
me touchepoint; tandis qu'un ipstant après,
d'autres saintes femmes, et peut-être Made
leine elle-même, le touchèrent sans diffi
3oO LE VRAI MESSIE.
culte, en embrassant ses pieds. Toucher ,
dans la langue de la nature , signifie union.
Quant au mot montrer, il est emblémati
que bien évidemment, comme nous l'avons
souvent fait remarquer, puisque lePEREt/e
la nature est partout.
Terminons par un mot sur les épîtres ,
reliées d'ordinaire en un seul volume avec
les quatre Évangiles et la Révélation,ou Apo
calypse de saint Jean.
Quoique nous fassions une grande diffé
rence entre l'ÉVANGILE proprement dit,
c'est-à-dire, entre les paroles de l'ÉTER-
NELLE VÉRITÉ, et les lettres édifiantes que
les apôtres ont jugé à propos d'adresser à
diverses églises particulières , ou à des indi
vidus et des amis dont le salut leur tenait à
cœur, nous regardons néanmoins leur auto
rité comme devant être d'un très grand
poids aux yeux de tous les Chrétiens. Et en
cela nous croyons tracer une ligne de dé
marcation indispensable, entre laparoledu
CRÉATEUR en personne, et celle de ses
créatures. Les apôtres eux-mêmes n'ont ja
mais eu l'intention que leurs épîtres fussent
regardées comme une partie intégrante de
LE VRAI MESSIE. 3o I
l'Évangile (i). Cette présomption étaitbien
loin de leur cœur. Nous pourrions en citer
des preuves, si cela était nécessaire, et si
l'histoire n'avait point suffisamment prouvé
la grande différence qu'il y a entre les Évan
giles et les épîtres. Presque toutes les dispu
tes qui ont déchiré la société chrétienne de
puis dix-huit cents ans, sont nées à propos
de quelques passages des épîtres, surtout de
celles de saint Paul qui a cru devoir en
tamer avec les Juifs de son temps des dis
cussions souvent personnelles et locales,
auxquelles les Chrétiens plus modernes n'au
raient jamais dû prendre part. L'Évangile
proprement dit est si clair et si simple,
( la charité d'ailleurs y perce partout si bien
dans chaque mot ! ) qu'il n'a guère été pos
sible d'engager des disputes à son sujet.
Les apôtres avaient des momens de ravis-
( i) Peut-être, dans la langue de la nature , faudrait-
il représenter les quatre Évangiles eux-mêmes , si ce
n'est pour le fond, du moins pour la forme par du
foin, c'est-à-dire, de l'herbefanée , afin de les distin
guer de laparole vivante de JÉSUS-CHRIST, repré
sentée plus naturellement par de l'kerbe verte et sur
pied. Nous traiterons ailleurs cette matière.
3û2 LE VRAI MESSIE.
sement et d'extase; cela est constant, per
sonne n'en doute; les Évangiles et l'Apo
calypse, écrits d'un bout à l'autre dans la lan
gue de la nature, le prouvent. Mais les apôtres
n'avaient ces dons extraordinaires que dans
les momcnsoù ils mettaient directement la
main aux plans de la DIVINITÉ , et non
quand ils travaillaient de leur propre chef,
et écrivaient à leurs amis et à leurs disciples.
Paul lui-même distingue de la manière la plus
formelle entre ces moments de ravissement
d'espiit et les autres époques de sa vie :
Quand nous sommes en esprit , dit-il , nous
sommes avec DIEU; quand nous redescen
dons sur la terre , nous sommes avec vous
( II, auxCorinth. v. i3 ). D'un autre côté,
Vhomme perce souvent d'une manière évi
dente dans plusieurs endroits des écrits de
cet apôtre; endroits où il raisonne et se dis
culpe comme aurait fait à sa place tout autre
mortel bien intentionné, mais se ressentant
des imperfections de sa frêle nature. Il suffit
de lire les chapitres XI et XII de sa seconde
épîtreaux Corinthiens, pour s'en convaincre.
Quoiqu'il en soit toute fois , la grande vé
rité que nous avons établie jusqu'ici , d'après
LE VRAI MESSiE. 3o3
l'Ancien et le Nouveau Testamens , se re
trouve également d'une manière assez claire
dans les épîtres des apôtres, quand on les
lit sans prévention. C'est ainsi que saint
Paul dit aux Romains (ix, 5): Des pa
triarches, est sorti, selon la chair, JÉSUS -
CHRIST même, qui es^DIEU, au-dessus de
tout, et béni dans tous les siècles. Aux
Corinthiens ( I, xv, 28 ) :Aprh,s que toutes
choses lui auront été assujetties , alors
aussi le FILS lui-même sera assujetti à
CELUI qui lui a assujetti toutes choses ,
afin que DIEU soit tout en tous: par où
l'on voit que, selon saint Paul, le Fils, ou
l'humanité elle-même, devait enfin se con
fondre dans Vunitè \de JÉHOVAH. Aux
mêmes (II, v. i9 ) : DIEU s'est réconcilié
le monde en JÉSUS-CHRIST , c'est-à-dire ,
étant JÉSUS-CHRIST. Aux mêmes ( I, vm.
6): Pour nous, il riy a qu'UN DIEU,
savoir, le PÈRE, et ^w'UN SEIGNEUR,
savoir, JÉSUS-CHRIST. Et une preuve que,
par DIEU et SEIGNEUR l'apôtre entendait
parler du même être divin , de la même per
sonne divine, c'est que nulle part, dans aucun
de ses écrits, il n'est clairement question
3o4 LE VRAI MESSIE.
d'une distinction réelle de deux ou de trois
personnes. Il dit encore aux mêmes (xi, 3) :
La tête de CHRIST e*fDIEU;ce qui revient
à ce que nous avons vu dans les prophètes,
que l'humanité duRÉDEMPTEUR n'offrait,
pour ainsi dire, que les pieds , que le talon
de sa divinité; mais que quant à son être
réel, il n'était autre que JÉHOVAH en
personne.
Nous pourrions retrouver les mêmes véri
tés clairement exprimées dans tous les autres
apôtres. Quoiqu'ils désignassent le plus or
dinairement leur MAITRE par la dénomi
nation de FILS DE DIEU, pour les raisons
que nous avons données, quand il s'agissait
de définir nettement la nature de son être ,
ils ne l'appelaient plus que DIEU purement
et simplement. C'est ainsi que saint Jean, en
terminant une de ses lettres, dit, en parlant
de JÉSUS-CHRIST : Cest LUI gui est le
VRAI DIEU ET LA VIE ÉTERNELLE. La
première épître catholique du même Jean
estdirigèe tout entière contre les gnostiques
qui admettaient deux personnes dans le
CHRIST. Malgré cela, on y chercherait en
vain une seule expression qui aurait rap
LE VRAI MESSIE. 3o5
port aux troispersonnes distinctes. Dans le
fait, ni Jean, ni aucun des autres apôtres,
n'ont jamais fait une mention formelle d'une
telle distinction. Quiconque, dit-il encore,
(ire Épit, h, 23), nie le FILS , n'a pas non
plus le PERE, et quiconque confesse le
FILS a aussi le PÈRE, évidemment parce
que le FILS n'est que le PÈRE MANIFESTÉ.
Dans toute autre supposition, cette assertion
serait fausse, car le déiste aurait du moins
le PÈRE. Dans la même épître ( v. i ), il
dit : Quiconque croit en CHRIST est né de
Dieu. Malgré cette naissance divine , les
fidèles ne sont pas des fils de Dieu propre-
ment dits; donc n\le verbe ou la sagesse
éternelle , quoique née ou issue de Véternel
amour , les mots née et issue devant se
prendre au figuré. Même comme né dans
le temps d'une vierge, le FILS DE DIEU
n'était point un fils proprement dit, et dis
tinct du PÈRE quant à la personnalité , car
alors , et selon le même Jean , il n'était que
comme un fils unique. On peut tirer les
mêmes conséquences des textes suivans :
Celui qui a le FILS a la vie ; celui qui n'a
pas le FILS n'a pas la vie (ibid. v. t2);
3o6 LE VRAI MESSIEi
car si le PERE était une personne diffé
rente du FILS, on pourrait évidemment
avoir la vie par elle. Celui qui demeure
en la doctrine de CHRIST a le PÈRE et le
FILS (Épîlre n, v. g), parce que tous deux
ne sont qu'une même chose, un être iden
tique. Tout esprit qui confesse que JÉSUS-
CHRIST est venu en chair, est de Dieu
(Irede Jean, iv, 2). Dans ce dernier texte,
par JÉSUS -CHRIST, l'apôtre entend mani
festement LE ROI PAR EXCELLENCE, ou
le CRÉATEUR en personne; car quant à
l'homme Christ, nul ne peut nier qu'il n'ait
été en chair, etc.
Mais nous nous en tiendrons là, persuadés
que nous avons dit tout ce qu'il faut pour
inspirer la vraiefoi a. ceux qui sauront se
rendre dignes de la reconnaître. Quant aux
autres, nous ne pourrons que penser à eux
dans nos prières, en présence de CELUI qui
s'est réservé à lui seul de donner la foi, et
qui désire lui-même la communiquer avec
une ardeur dont aucun mortel ne peut se
faire une idée. Et nous prierons pour ces
infortunes avec d'autant plus de ferveur, que
noussommes persuadés que, n'y ayant aucun
LE VRAI MESSIE. 3o7
rapprochement possible entre le fini et
l'infini, le malheureux qui ne croit point
au DIEU-HOMME, ne poursuit qu'une divi
nité entièrement métaphysique , qui fuira
éternellement devant lui, sans jamais se
laisser atteindre.
^""V
LE VRAI MESSIE. 3oO,
DEUXIÈME PARTIE.
VRAI SENS DE LA DOCTRINE DE
JÉSUS-CHRIST.
INTRODUCTION.
Après avoir ainsi reconnu la véritable
nature de l'Etre adorable qui s'est montré
sur notre globe, il est d'une égale impor
tance de savoir bien positivement quelle
doctrine il a annoncée , quelles croyances
et quelles œuvres il a exigées de nous; car
la connaissance de Dieu n'est point une
science spéculative, elle est toute pratique.
Entrons donc dans un examen détaillé
des principales maximes de morale de l'É
vangile, enveloppées d'ordinaire d'images
paraboliques, vraie langue de la nature.
3lO , LE VRAI MESSIE.
que JESUS-CHRTSTa parlée lui même après
tous les prophètes, et que l'on n'a jamais bien
connue dans l'Église ; et nous verrons que
dans tous les discours de morale du SAU
VEUR, il y a aussi quelque chose de plus que
ce que les mots pris dans le sens du langage
de convention nesemblent annoncer; nous
verrons, en un mot, au plus juste, le véritable
objet de son apparition parmi nous, sous le
double rapport de la doctrine et des œuvres
qu'elle commande.
Le sens supérieur des discours de morale
de JÉSUS-CHRIST , sens supérieur même
au sens moral ordinaire, est assez facile à
trouver avec la clef des emblèmes naturels,
surtout quand on s'élève en esprit dans ces
sociétés plus pures , dégagées depuis long-
tems de leurs entraves matérielles, et qui
toutefois devaient également comprendre
toutes les paroles du CRÉATEUR , quoique
revêtu de chair et s'adressant à des hommes
mortels, et quand, dépouillant ces paroles
de leurs scories terrestres, on n'y voit que
leurs analogues dans le monde moral et mé
taphysique, (i) Avant néanmoins de com-
(i) Quand JÉSUS-CHRIST enseignait , chacune de
LE VRAI MESSIE. . 3 I I
mencer à guider nous-mêmes les lecteurs
dans l'application de cette règle à un certain
nombre de passages choisis de l'Évangile,
nous leur en offrirons un exemple général
que les dix commandemens proclamés sur
Sinaï, sous l'ancienne foi, nous fourniront.
Jamais probablement aucun de nos lecteurs
n'aura pensé que ces commandemens pou
vaient aussi regarder les habitans des cieux,
et qu'ils les regardaient même plus directe
ment que nous, vu que le genre humain sur
notre globe n'est qu'un point imperceptible
dans l'universalité de ces êtres qui com
blent l'espace entre nous et le CRÉATEUR.
Voici pourtant, comment on conçoit que
les dix commandemens peuvent aussi re
garder les esprits purs. En passant sous
silence le premier de ces commandemens,
commun évidemment à tous les êtres sen
sibles , qui savent que bonheur et amour de
ses paroles était toujours adaptée, à la fois, aux be
soins des hommes de bonne volonté sur terre et à
ceux de la société qui leur correspond dans le monde
des esprits, aux" besoins des hommes pervers d'ici-
bas, et à ceux de la société infernale qui leur res
semble.
3l2 » LE VRAI MESSIE.
Dieu sont synonymes, n'est-il pas évident
que, par le second, il peut être défendu
aux anges de s'attacher à aucun être du se
cond ordre de préférence au CRÉATEUR,
quel que soit le nombre ou le genre des per
fections dont cet être du second ordre se
trouve enrichi, et que, persuadés que l'on
rompt avec Vamour et la vérité éternels
par-là même que l'on croit avoir une pensée
un sentiment qui ne soient point actuel
lement à DieU; et de Dieu, ils ne doivent
point surtout s'appuyer sur eux-mêmes, s'a
dorer eux-mêmes, en se faisant eux-mêmes
Jéhovah; que par le troisième, il peut leur
être enjoint de ne jamais retourner aux
soucis de ces êtres qui se séparent de leur
CRÉATEUR, et veulent trouver le bonheur
par leurspropresforces, mais de goûter en
paix celui queDieuleur préparent qui est leur
vrai sabbat; que par le quatrième, il peut
leur être ordonné, sous les noms de père
et de mère, d'honorer leur CRÉATEUR, en
prenant part aux louanges que l'Église ou
société céleste dont ils font partie, lui dé
cerne, et en recevant continuellement par
son canal Vamour et la vérité qui sont la
LE VRAI MESSIE. 3l3
nourriture impérissable des habitans des
cieux; que par le cinquième, il peut leur
être défendu de porter aucun de leurs frères
a se séparer en rien de son Dieu , séparation
qui constitue une mort plus terrible que celle
du corps; que par le sixième et le neuvième,
ils peuvent avoir été prémunis contre toute
espèce d'infidélité envers leur Éternel Bien
faiteur, les diverses espèces d'idolâtries ter
restres étant elles-mêmes toujours figurées
parles différentes sortes de prostitutions; que
par le septième et le dixième, il peut leur
avoir été interdit de ne jamais rien rapporter
à eux-mêmes, mais de rapporter toujours
tout à Dieu, à qui tout appartient, et à qui
rien ne peut être soustrait que par un vol
manifeste, même en parlant dubien.qui peut
se trouver chez sescréatures; que, d'après le
huitième enfin , ils doivent éviter toute es
pèce d'erreurs et de faussesdoctrines, s'appro-"
priant incessamment les vérités divines dans
toute leur pureté, parce qu'elles seules font
connaître et goûter le véritable amour ou le
vrai bonheur?
Dans toutes ces applications, mystiques,
si vous voulez, il n'y a évidemment rien de
«4
3l4 LE VRAI MESSIE.
forcé, rien qui ne soit naturel, et qui par-là
même ne paraisse vrai. Et s'il en est ainsi,
pourquoi voudrait-on borner la parole de
Dieu aux tems, aux lieux et auxpersonnes?
Nous n'ignorons pas que ce sens transcen-
dental que l'on peut découvrir ainsi par
tout dans les Livres inspirés, ne soit souvent
purement spéculatif^our nous autres mor
tels, et qu'il nous suffit d'avoir connaissance
du premier degré de spiritualité supérieure ,
auquel nous pouvons atteindre, et que nous
pouvons réaliser dans notre conduite : mais
une étude de cette nature, même poussée à
cette hauteur de vues, peut-elle manquer,
en aucun cas , de nous faire voir les richesses
immenses entassées dans les Livres Saints?
peut-elle manquer d'engager des hommes
curieux de vérités religieuses, ou désireux
de trouver de quoi perfectionner leur être
moral, à examiner ces livres de plus près,
et à les approfondir tous les jours davantage?
Et la Chrétienté n'en recu eillera-t-elle pas
par-là même les fruits les plus précieux ?
Parcourons donc dans cette seconde par
tie , la clef de la langue de la nature à la
main, les passages les plus remarquables de
LE VRAI MESSIE. 3l5
.l'Évangile, sous le rapport des maximes de
morale et des règles de conduite qu'il ren
ferme, et un torrent de lumières nouvelles
viendra éclairer notre esprit. Nous suivrons
de préférence l'exposition de saint Matthieu,
qui a donné le plus de détails sur les cir
constances de la vie mortelle de JÉSUS-
CHRIST, et qui, témoin oculaire et auri
culaire de tout ce qu'il rapporte , avait pro
bablement tenu un journal exact de toutes
les démarches de son Maître, à mesure que
les miracles se multipliaient sous ses pas,
et que les discours de la sagesse divine cou
laient de ses lèvres.
Quand dans le monde on se sera formé
une idée exacte de cette nouvelle et vraie
manière d'entendre et d'étudier l'Évangile,
on entreverra le plus beau jour pour le
christianisme , et le plus brillant avenir pour
le genre humain tout entier comme pour
chaque individu en particulier. Le savant
donnera toute sa science ^ l'avare tout son
or, et l'ambitieux tous ses titres , pour faire
l'acquisition de ces nouvelles richesses spi
rituelles que rien ne saurait corrompre pen
dant l'éternité. Nous-mêmes, quand, guidés
14.
3l6 LE VRAI MESSIE.
par le Ciel, nous sommes tombés sur toutes
ces vérités, nous avons ressenti la joie de
cet infortuné égaré long-temps dans un
antre obscur, resaisissant tout à coup le fil
sauveur capable de le ramener à la lumière.
Hélas! il y avait quarante ans que nous
cherchions en vain ce CRÉATEUR infi
niment BON cpii nous avait placés sur cette
terre, et que l'on nous disait présent par
tout; il y avait quarante ans que nous
cherchions à connaître clairement les lois
de son amour, afin d'y trouver le bonheur
en nous y conformant. En attendant, nous
nous égarions au [loin , avec d'orgueilleux
philosophes et de plus orgueilleux théolo
giens, parcourant en insensé tout le monde
métaphysique, pendant que le DIEU de no
tre cœur était si près de nous, et nous sou
riait avec fcmt d'amour; pendant que son
code de charité et de bonheur, qu'un en
fant peut comprendre, quand on le lui pré
sente tel qu'il est, se trouvait sous notre
main! — malheureux que nous étions!
Comment, dira~t-on, ce DIEU et sa vo
lonté, sont-ils encore si difficiles à trouver
au dix-neuvième siècle? Comment, au sein
fcÉ VRAI MKSSIE. 3l^
même du Christianisme, tombe-t-on encore
si facilement dans un déisme vague , inca
pable de rendre l'homme content de lui-
même, plus incapable de rendre les autre»
contens de lui? Est-ce la faute de DIEU?
Non, sans doute. La fausse manière dont on
enseigne publiquement l'Évangile à l'uni
vers, n'est pas même le véritable obstacle
qui s'oppose aux Chrétiens de nos jours,
quoique , sans doute , elle soit bien capable
de les dérouter. Nous avons dans notre per
sonne la preuve qu'il faut un effort moral
d'une certaine intensité, pour déchirer le
voile. Que les hommes se raprochent de
Dieu, et Dieu se rapprochera d'eux ;
qu'ils renoncent aux plus petites passions;
qu'ils ne marchandent plus avec leur con
science; qu'en attendant de plus grandes lu
mières, ils commencent par vivre confor
mément au peu de vérités morales qu'ils
connaissent; que, dans le doute, \ls s'ab
stiennent, selon leconseil'que leur donne un
païen; qu'ils ne distinguent plus entre pré
ceptes et conseils; qu'ils ne parlent plus
d'offenses vénielles, quand il s'agira de leur
3l8 LE VRAI MESSIE.
ÉTERNEL PÈRE : et alors, en dépit de l'é-
cole et de ses subtilités , ce PERE se révélera
à eux; il se révélera à eux dans toute la
force du terme ! Mille voies lui sont ouver
tes à cet effet, et aucune ne sera merveil
leuse à ses yeux. Non , mortels , ce n'est
point Dieu qui nous a abandonnés , ce n'est
point Dieu qui s'est éloigné de nous, c'est
nous qui nous sommes éloignés de lui : il
nous cherche, et nous nous dérobons à ses
regards; il nous poursuit, et nous le fuyons;
il nous adresse la parole, et nous ne l'enten
dons plus; il vient se montrera nos yeux
sous notre propreforme, sous les traits les
plus palpables de l'être, et nous ne voulons
plus le reconnaître!!!
Qu'un seul de nos lecteurs parvienne aux
convictions salutaires que nous avons enfin
acquises, et qui sont pour nous une source
de joies si ineffables,nous serons assez payés
de notre travail. 0 ciel! ce frère que nous
aimons, que nous chérissons, nous l'aurons
mis sur la voie de cette perle précieuse , à
côté de laquelle toutes les richesses de la
terre ne sont rien; nous l'aurons mis sur la
^
LU VRAI MESSIE. 3 i C)
voie de ce trésor caché dans le champ du
père de famille, qui mérite que l'on vende
tout ce que l'on possède pour en faire l'ac
quisition !
>20 LE VRAI MESSIE.
CHAPITRE UNIQUE.
Doctrine de JÉSUS-CHRIST contenue
dans l'Évangile.
En ce temps là vint Jean-Baptiste prê
chant dans le désert de la Judée , en di
sant : Convertissez-vous , car le royaume
des deux est proche. C'est ici celui dont
il aétéparlépar Isaïe le prophête , quand
il dit : On a entendu la voix de celui qui
CRIE "DANS LE DÉSERT : PRÉPAREZ LE CHEMIN
du Seigneur, aplanissez ses Sentiers. Or,
Jean avait son vêtement de poil de cha
meau , et une ceinture de cuir autour de
ses reins; et son manger était des saute
relles et du miel sauvage. Alors les habi-
tans de Jérusalem et de toute la Judée, et
de tout le pays des environs du Jourdain,
vinrent à lui, et ils étaient baptisés par
lui, confessant leurspéchés. Mais voyant
LE VRAI MESSIE. 32 1 *
plusieurs des Pharisiens et des Saducéens
venir à son baptême , il leur dit : Races
de vipères , qui vous a avertis de fuir la
colère à venir ? Faites donc desfruits con
venables de pénitence (Saint Matth., m, du
verset Ier au 8mc).
Le baptême d'eau qu'administrait le pré
curseur Jean, n'était que Vemblème maté
riel de cette conversion intérieure, de cette
conversion du cœur, indispensable pour en
trer au royaume céleste que JEHOVAH ve
nait fonder en terre. Baptême , vu la signi
fication emblématique de Veau et de l'ablu
tion, veut dire connaissance de la vérité,
et, par elle, pénitence (i); et la pénitence .
elle-même ne signifie que conversion. Sans
le changement radical de l'intérieur de
l'homme, le baptême et la pénitence ne sont
(i) On doit se rappelé» que l'eau, le cristal, le
verre, le miroir, et généralement tous les corps qui
réfléchissent la lumière, et où se peignent les images '
des objets , sont autant d'emblèmes naturels de diffé
rentes branches de vérités : raison pour laquelle l'arc-
en-ciel, dans lequel des myriade.s de gouttes d'eau •
réfléchissent les rayons de lumières de toutes les cou
leurs possibles, est le signe de l'e'ternelle alliance du
TRÈS-HAUT. Ucau signifie donc connaissance <lir.
322 £E VRAI MESSIE.
que de pures cérémonies, : mais changer l'in
térieur de l'homme , c'est-à-dire, l'intime de
son esprit et de son cœur, n'est point une
chose aussi facile qu'on le pense , ni l'œuvre
d'un jour. L'homme n'est point , si on nous
permet cette expression, une simplesurface,
mais un solide profond , et, pour ainsi dire ,
immerise : vraie raison pour laquelle Dieu
ne peutjamais se décider à l'anéantir, quelque
progrès qu'ait fait chez lui la corruption. Il
y a des degrés de conversion , il y a des de
grés de bonne volonté qui vont jusqu'à l'in
fini. Aux yeux de Dieu, nous serons même
toujours dans le mal, et nous devrons tra
vailler éternellement à notre réforme.
Tel est donc le baptême que l'on doit prê
cher aujourd'hui :Convertissez-voussérieu
sement et sans retour; allez droit à la per
fection^même dans les plus petites choses;
suivez non-seulement ce que l'on a appelé les
vrai, avant que , par l'ablution , elle ne rappelle la-
purification et le changement de vie. Le corps de
l'homme, et surtout sa tête, est l'emblème général de
l'intelligence ; et baptiser quelqu'un ne signifie que
l'instruire , afin de réformer par - là son homme in
térieur et immortel..
LE VRAI S'iESSïE: ^23
commandemens de Tjien, mais suivez les
conseils qu'il a bien, voulu vous donner, per
suades que vous ne pouvez les déprécier sans
blasphème. Reconnaissez, en un mot, JÉ
SUS-CHRIST, pour l'unique Dieu du ciel et
de la terre, et commencez dès aujourd'hui à
marcher sur ses traces; ou bien vous êtes per
dus. Tant que vous ne vous serez point atta
chés irrévocablement à la vérité qui sauver
vous neserez point baptisésdans toute laforce
du terme; et tant que vous ne vous se
rez point convertis de manière à ne plus
retomber, sciemment, même dans les plus
petites fautes, telle que de négliger une
plus grande perfection pour une moindre ,
vous ne pourrez point vous flatter d'avoir vé
ritablement reçu le sacrement depénitence.
Si jusqu'ici on avait bien compris tout
cela, une infinité de personnes ne se seraient
point fait un jeu de ce qu'elles appellent la
confession , quand elles promettent cent fois
la même chose à leur CREATEUR , et se par
jurent cent fois : moquerie infernale de la
part de ceux qui réfléchissent, et pratique
insensée de la part des autres , qui par-là ne '
font q,ue s'endormir sur leurs désordres Et
324 EE VRAI. MESSIE.
les prêtres du SEIGNEUR n'auraient eu
garde de donner le nom de sacrement de
pénitence à ces cérémonies illusoires, qui r
chaque fois qu'on les répète , prouvent
elles-mêmes que jusque-là on n'avait com
mis que des sacrilèges. Si jusqu'ici on avait
bien compris ces choses , on se serait gardé
surtout d'imputer au SEIGNEUR la barba
rie de damner éternellement d'innocens
petits êtres qui n'ont pas même pu con
naître leur misère; et cela, pour la seule
raison qu'on ne leur a pas fait couler maté-
riellement de l'eau sur la tête. Aujourd'hui
donc que;, par la connaissance de la langue
de la nature, on voit clairement l'intention
du CREATEUR sous ces différents rapports;
que tous ces abus soient réformés. Encore
une fois, convertissez-vous, purifiez-vous
du vieux levain, car le règne de Dieu est
au milieu de vous; sortez de Babjlone;
retirez-vous de ceux qui vous flattent dans
vos crimes; fuvez en même temps ceux qui
crient : Nous ne voulons pas que celui-ci
règne sur nous ; reconnaissez JÉSUS -
CHRTSTpour laVÉRITÉ INCRÉÉE, pour la
personne même du CRÉATEUR invisible,
LE VRAI MÈSSIË. 32 5-
du PERE que vous avez dans les cieUx de*
puis une éternité, et ne cherchez le bonheur
qu'en lui et par lui, ou vous êtes perdus.
Mais afin que l'on ne dise pas que nous
rejetons aucun des moyens de salut ména
gés au monde par DIEU RÉDEMPTEUR,
déclarons ici que, comme tous les théolo
giens, nous reconnaissons la nécessité d'un
baptême et d'une pénitence extérieurs, de
quelque façon qu'on les administre; que
nous les tenons, ainsi que la sainte Cène ,
pour des rites entièrement sacrés : la philo
sophie elle-même ne pouvant nier que si
l'on négligeait ces institutions matérielles,
leur partie correspondante au moral ne
se perdrait bientôt, et qu'en conséquence
il faut tenir à ces usages avec le même res
pect, la même religion que s'ils avaient de
l'efficacité par eux-mêmes. Nous l'avons dit,
le monde moral et métaphysique est comme
ancré, comme enraciné dans le monde
phénoménal, et il faut des emblèmes réels
pour établir parmi les êtres une communi
cation générale de pensées et de sentimens.
C'est là ce qui a donné lieu à ces institu
tions matérielles et grossières chez les Juifs,
3a6 LE VRAI MESSIE.
moins matérielles et moins grossières chez
les Chrétiens. Mais si, grâce à l'Evangile,
nous ne sommes plus aussi barbares que ces
anciens peuples dont les holocaustes étaient
à peine autre chose qu'une abomination
aux yeux du SEIGNEUR, il ne faut point
pour cela nous imaginer que chez nous
Vécorce elle-même de nos institutions soit
devenue une chose sainte et efficace pour le
salut. De même que, chez les Juifs, la cir
concision ne représentait que le renonce-
cernent aux passions brutales , à la débau
che, à la cruauté et au carnage,quï étaient
devenus^ une seconde nature chez tous les
anciens peuples; de même le baptême, chez
nous, n'est que l'emblème de la réception
de ces vérités divines , qui, au milieu de
l'homme animal, peuvent donner nais
sance à cet homme immortel qui doit lui
survivre ; ce qui est né de la chair étant
chair, et ce qui est né de Vesprit étant es
prit. JÉSUS-CHRIST ni ses apôtres n'ont ja
mais attaché d'autre mystère à toutes ces
choses. . , . - '
Quant à la manière dont le précurseur
était vêtu et se nourrissait } elle caractéri
LE VRAI MESSIE. 3^7
sait en langue de la nature ce que cet
homme extraordinaire était au moral ,
ainsi qu'une étude approfondie le prouvera
à l'observateur attentif qui confrontera tous
les textes de l'Écriture où il est question
d'emblèmes analogues, et ainsi qu'on pourra
le conclure clairement de ce qui en sera
dit occasionnellement dans la suite de cet
ouvrage. Le SAUVEUR lui-même a fait allu
sion à la signification emblématique du cos
tume de Jean v quand il a dit à la foule :
Qu'êtes-vous allé voir? un homme vêtu
avec mollesse? Koici ,ceux qui sont vêtus
avec mollesse sont dans les maisons des
rois. Tout mortel est obligé, dans sa per
sonne, dans sa vie et sa mort, de fournir
continuellement des emblèmes capables de
caractériser lefond de son être , lequel par
lui-même est une espèce d'infini insaisissable.
Nous ne savons plus, il est vrai, apprécier
tous ces emblèmes; mais un œilplus exercé
les apprécie et les détermine; et le CRÉA
TEUR en personne, apparaissant à une épo
que donnée, et dans des circonstances don
nées, ne pouvait que commencer par la
crèche et finir par la croix.
3a8 LE VRAI MESSIE.
Bienheureux sont les pauvres d'esprit ,
car le royaume des deux est d eux (Sain.t
Matth., v, 3).
En passant les sept autres béatitudes assez
faciles à comprendre, arrêtons-nous à ces
mots profonds que le fanatisme a si fort dé
naturés. Pauvreté d'esprit ne veut pas dire
qu'après avoir renoncé à sapropge volonté,
à ses propres lumières, il faille ensuite se
soumettre aveuglément aux volontés et aux
caprices d'un autre faible mortel. Pauvreté
desprit ne veut pas dire qu'il faille être igno
rant et grossier, ridicule et misanthrope,
condamner tous les plaisirs et renoncer à
tout bonheur terrestre. Pauvreté d'esprit
ne signifie qu'humilité , simplicité , dou
ceur , renoncement à soi et confiance en
Dieu. Pour être pauvre d'esprit, il suffit de
se laisser conduire comme un enfant parce
Dieu qui parle incessamment au cœur de
chacun. Il suffit d'examiner avec calme en
toute circonstance ce qui est le plus agréable
au SEIGNEUR-, et de l'exécuter ensuite avec
fermeté, ayant soin surtout de ne jamais
rien s'approprier du bien que l'on fait , per
suadé que c'est Dieu seul qui opère en nous
LE VRAI MESSIE. 329
le vouloir et le faire, qu'il ne nous reste à
nous qu'un simple- consentement à servir
d'instrument du bien entre les mains de
CELUI qui seul est BON, et qui nous donne
incessamment touteslesbonnespcnsées, tous
les bons désirs, comme le soleil nous donne
sa lumière et sa chaleur. Pauvreté d'esprit
signifie donc aussi manger de Varbre de
la science le moins .que possible , et se
contenter deVarbre de vie; car le bonheur
n'est point un raisonnement, mais un senti
ment. Quel est le philosophe quî ne soit pas
forcé deconvenir qu'il a étéplusheurauxpen-
dant le temps desjeux innocens de son jeune
âge, que pendant les plus brillantes années
de ses études et de sa réputationdesavant?
Quel est le philosophe qui niera qu'après
avoir soulevé le premier pourquoi, il n'a
jamais pu arriver au dernierl
Mais au lieu d'entrer ainsi profondément
dans la pensée de Dieu qui seul voulait rester
propriétaire de l'intime de notre vie, parce
que seul il connaît les besoins de Vensemble
de tous les êtres, et ce que chacun doit être
par rapport à tous les autres, ce qui constitue
effectivement le règne de Diou en nous, on.
33o 1E VRAI MESSIE.
faussé dans ces derniers temps ses intentions,
au point de soutenir que pauvreté d'esprit
voulait dire renoncement aux richesses ter
restres; oe qui a amené quelques-uns à faire
profession publique depauvreté, entassant
souvent d'un autre côté plus de richesses
que jamais, non, il est vrai, en leur propre
nom, mais au nom de leur établissement.
Il serait assez singulier qu'un homme riche
dans le monde ne pût entrer dans le royaume
de Dieu aussi bien qu'un pauvre. Si la fortune
a ses tentations, la misère a bien les siennes
aussi. Quand JÉSUS-CHRIST parle- de la
position critique des riches quant au salut,
il faut, en suivant toujours le rapportdu phy
sique au moral, entendre surtout ceux qui
sont riches à leurspropres yeux,<\u\ croient
avoirde grandes vertus,qui se persuadentque
leurs nombreuses bonnes œuvres les sauve
ront nécessairement. A.lorsdevient aussi claire
et intelligible cette expression si fortedu SEI
GNEUR, qu'ilest mPossiBLEque le riche en
trée au Ciel, qu'un chameaupasseraitplu
tôt parle trou d'une aiguille, et que Dieu
seul est capable de le sauver ! Depuis les temps
adamiques, les hommess'étaientsifortaccou
LE VRAI MESSIE. 33 f
tumés à se croire quelque chose par eux-
mêmes et en eux-mêmes , que DIEU RÉ
DEMPTEUR, pouvait seul venir à leur se
cours , et leur faire comprendre que vou
loir être et vivre par soi, c'est la mort , et
que vouloir exister, sentir, agir unique
ment en Dieu etpar Dieu, c'est la seule vie
possible.
Prenez-garde de ne point faire vos
bonnes œuvres devant les hommes , pour
être regardés d'eux ; autrement vous n'en
recevrez point la récompense de votre
PÈRE quiest aux cieux ( Saint-Matthieu ,
yr, i).
C'est effectivement là notre grand mal sur
la terre: faire tout pour nous, rapporter
tout à nous, n'attacher de prix qu'à l'orgueil,
à la vanité, à la renommée; ne voir jamais
que notre individu dans toutes nos dé
marches, même dans nos prétendues bonnes
œuvres; nous appuyer, en un mot^ sur nous,
sur notre bras , et non sur le PÈRE.
Mais en attendant que nous trouvions
l'occasion de discuter ce sujet à fond, rappe
lons ici en peu de mots la vraie signification
du mot Père, en tant qu'il désigne nos rap
332 LE VRAI MESSIE'.
ports avec le CRÉATEUR; car ce mot repa-»
rai ira souvent dans les différens textes que
nous citerons. Notre PERE unique et véri
table n'étant autre, comme nous l'avons
montré dans la première partie, queJÉSUS-
CHRIST lui-même, CRÉATEUR aussi bien
que RÉDEMPTEUR, ce Père qui est aux
cieux ne peut représenter ici, comme en
cent autres endroits, que l'AMOUR ÉTER
NEL, par opposition à l'ÉTERNELLE VÉ
RITÉ manifestée en chair. C'est en effet le
sentiment de l'amour qui devient notre ré
compense dans le Ciel plutôt que la vue de
la vérité. Qui vous reçoit me reçoit, dit
JÉSUS-CHRIST aux apôtres, etqui me re
çoit reçoit le PÈRE qui m'a envoyé; parce
que celui qui reçoit les apôtres reçoit la
vérité qui est JÉSUS-CHRIST, et que celui
qui reçoit JÉSUS-CHRIST reçoit l'AMOUR
ETLERONHEUR qu'il peut nous procurer.
Quand vous priez , n'usezpoint devaines
redites, commefont les païens ; car ils s'i
maginent d'être exaucés en parlant beau
coup. Pour vous , priez ainsi: NOTRE
PÈRE qui êtes au cieux, Que votre nom
soit sanctifié; Que votre règne vienne;
le vrai messie. 333
Que votre volonté soitfaite sur la terre
comme au ciel; Donnez-nous aujourd'hui
notre pain quotidien; Pardonnez-nousnos
offenses comme nous pardonnons a ceux
QUI NOUS ont offensés; Et ne nous laissez
point tomber en tentation; mais délivrez-
nous du mal ; Car c'est a vous qu'appar
tiennent LE RÈGNEjLAPUISSANCE ET LA GLOIRE
aux siècles des siècles. Amen. (Saint-
Matthieu, vi, du verset 7 au i3 ).
On ne conçoit guère comment, après cette
déclaration si formelle du SEIGNEUR , U
puisse se rencontrer encoretant d'abus à cet
égard dans certaines sociétés chrétiennes, où
l'on ne croit point avoir trop fait quand on a
répété quinze dixaines de fois Jla même
chose. Le Chrétien éclairé n'adressera pas fa
cilement à son CRÉATEUR d'autre prière
que celle qu'il lui a lui-même enseignée.
Et quand il l'aura dite une ou deux fois dans
une.journée avec une confiance et une piété
vraimenti filiales, il sera persuade que l'A-
MOURÉTERNEL l'a suffisamment compris,
et qu'au moins, pour ce jour-là, le pain lui
est assuré. Le Chrétien éclairé évitera sur
tout cet usage sacrilège de s'adresser à d'au
334 LE VRAi MESSIE.
tres êtres qu'à Dieu, quelque parfait que ces
autres êtres puissent paraître, le PERE, le
CHEFde la famille pouvant etdevant seuldis-
poserdetout. Chose admirable! Cetteoraison
vraiment dominicale contient toutes les vé
rités, et suggère toutes les affections dont
nous devons nous nourrir pendant la vie et
pendant l'éternité; elle est susceptible de
sentimens variés, comme les différentes posi
tions dans lesquelles les hommes peuvent se
trouver sur la terre; et les anges mêmes peu
vent encore la répéter dans le Ciel : son sens
est véritablement infini, comme cela devait
être.
NOTRE PÈRE ! Quel nom! Et qui l'a ja
mais compris? Le meilleur des pères de la
terre, le représentant le plus digne de la Di
vinité dans une famille, est-il capable de
nous donner une idée de la bonté pater
nelle de notre Dieu? Les habitans du troi
sième Ciel savent-ils eux-mêmes 'tout ce
qu'ils disent quand ils appellent le CRÉA
TEUR leur PÈRE? PÈRE, c'est AMOUR : et
quia jamais compris l'AMOUR ?
Qui êtes aux cieux ; c'est-à-dire, qui
êtes tout entier dans l'intime de notre âme :
LE VRAI MESSIE. 335
qui êtes plus réellement présent à chacun de
nous, que ne l'est ee soleil qui nous éclaire.
Le soleil est présent tout entierà chaque in
dividu en particulier ; son éloignement l'ait
même que quand nous marchons, il semble
nous suivre. Vous nous êtes toutefois infi
niment plus présent encore, ô vous , CRÉA
TEUR de tons les astres, DIEU DE BONTÉ,
qui nous poursuivez partout de votre pré
sence commede votre amour! Même comme
homme, ô Dieu RÉDEMPTEUR , vous êtes
réellement présenta chacun de nous comme
sa propre pensée! car ce Fils de votre
droite vous l'avez glorifié^ vous l'avez divi
nisé , vous l'avez soustrait à ce temps et à
cet espace que vous avez vous-même créés
en créant l'univers. C'est nous,ô JÉHOVAH,
ô ÊTRE DES ÊTRES, qui vous reléguons
dans les cieux par notre aveuglement -et
notre perversité! Nous vous croyons loin de
nous, nous vous plaçons par-delà les astres,
parceque nous sommes haine et vous amour,
et que ces deux sentimenssont éloignés l'un
de l'autre, comme la terre l'est des cieux.
Que votre nom soit sanctifié. Le nom
de Dieu c'est son essence, et son essence
336 LE VR'AI MESSIE.
c'est l'AMOUR. Ce souhait veut donc dire :
Que votre nature soit connue autant qu'elle
peut l'être, o vous , Dieu incommunicable
dans votre essence première , vous dont
personne n'a vu la face ! Ce souhait veut
dire que JÉSUS - CHRIST soit reconnu
pour JÉHOVAH , puisqu'en se personni
fiant de la sorte, le CRÉATEUR nous a
manifesté son ETRE le plus parfaitement .
qu'il lui a été possible.
Que votre règne vienne : ce Règne, ô
DIEU RÉDEMPTEUR, que vous avez com
mencé quand vous refusâtes d'être Roi;
quand vous déclarâtes que votre royaume
' n'était pas de ce monde^ quand un roseau
fut votre sceptre, une épine votre couronne,
et la croix votre trône; quand toute votre
puissance fut anéantie sur le Calvaire ; quand
toute votre majesté fut éclipsée, et que,
par dérision, on écrivit au-dessus de votre
tète : JÉSUS DE NAZARETH, ROI DES
JUIFS; — oui, que ce règne-là vienne, car
c'est le règne de L'AMOUR.
Que votre volonté soit faite sur la
terre comme au ciel. Il faut que tous les
Etres de l'immense création renoncent à
S
LC VRAI MESSIE. SSj
leur propre volonté : un seul d'entre eux
qui voudrait agir par lui-même détruirait
toute l'harmonie des cieux. Voilà jusqu'à
quel point notre propre volonté doit être
anéantie par celle du SEIGNEUR. Le siècle
éclairé dans lequel nous vivons aura lui-
même encore de la peine à comprendre ces
vérités; c'est néanmoins ici l'unique moyen
de confondre toutes ces myriades <d'êtrcs
que la puissance créatrice fait naître à tout
moment., dans cette unité divine qui doit
être aussi étroite que celle qui unit en JÉ-
HOVAH le PÈRE et le FILS.
Donnez -nous aujourd'hui notre pain
quotidien. L'amour et la vérité fprment,
pour ainsi dire, la vie.de Dieu : ils doivent
aussi former la nôtre. Voilà le pain que
nous devons demander tous les jours , et
que les anges demandent comme nous. La
vie du ciel, comme celle.de la terre , est une
vie de relations, une vie do services de
mandés et rendus. Nos relations avec l'ETRE
DES ÊTRES forment la première source de
oette vie précieuse qui est la vraie félicité.
Dieu lui-même s'est chargé de multiplier
ces relations ; et combien n'en a-t-il pas in
i5
338 LE VRAI MESSIE.
troduit de nouvelles dans l'éternelle sociélé ,
par cet amour infini qu'il a déployé dans
l'œuvre de la Rédemption! Sans cette Ré
demption, vous seule eussiez été connue
des mortels, puissance irrésistible de notre
Dieu! ces images plus touchantes de la ten
dresse paternelle poursuivant un enfant
égaré, et de cet enfant malheureux, vaincu
par l'amour, se jetant enfin dans ses bras ,
seraient restées dans l'éternel néant. Re
penti?* du pécheur, retour de l'enfant pro
digue, premier soupir d'un cœur déna
turé reconnaissant l'empire de la vertu ^vous
n'eussiez jamais humecté les joues d'aucun
être sensible ! La Rédemption doit donc
nourrir notre amour, comme la création
nourrit notre admiration. Qu'admirerait-on
éternellement, si ce n'est le Dieu CRÉA
TEUR? Qu'aimerait-on éternellement, si ce
n'est le Dieu RÉDEMPTEUR?
Pardonnez -nous nos offenses comme
nous pardonnons a ceux qui nous ont of
fensés. Dieu pardonne toujours, car il est
AMOUR. Ce sont les hommes qui doivent
se pardonner entre eux, afin de s'accoutumer
peu à peu à s'aimer. A proprement parler,
LE VRAI MESSIE. 33g
nous ne pouvons pas offenser Dieu; nous
ne faisons que nous offenser nous-mêmes
quand nous abandonnons ses lois. Il n'y a
qu'une chose que Dieu ne nous pardonne
pas : c'est de voir que nous ne cherchons
qu'à nous rendre malheureux nous-mêmes,
qu'à nous rendre malheureux les uns les
autres , par la haine , l'envie, la vengeance ,
le mépris , l'intolérance , la persécution ,
sentimens infernaux qui nous rendent à
jamais indignes du bonheur que Dieu nous
prépare, comme ils nous rendent incapables
de le goûter.
Ne nous laissez pas tomber en tenta
tion. On a souvent si mal compris ces pa
roles, qu'on a cherché à les dénaturer. On
a prétendu que Dieu ne nous pouvait con
duire par les tentations. Quel philosophe
cependant peut dire l'effet que dofveht pro
duire sur l'intime de notre être la tenta
tion et la souffrance ? Qui peut savoir
quelles conditions , dans une occasion don
née, feront naître dans notre intérieur telle
nuance de pensées et d'affections plutôt
que telle autre ? Les souffrances ne sont-
elles pas Vopposé des jouissances des pas
i5.
34o LE VRAI MESSIE.
sions ; et n'est-il point naturel que ce soient
elles qui les guérissent? Les tentations
sont-elles autre chose qu'une lutte; et n'est-
ce point Vexercice qui fortifie les lutteurs?
Et s'il est vrai que les tentations nous for
tifient dans le bien et nous prémunissent
contre le mal, pourquoi donc Dieu ne pour
rait-il pas nous faire passer par le creuse^
des tribulations , pour nous y purifier
comme on purifie l'or dans le feu ? La phi
losophie , en contradiction sur ce point
avec elle-même, avoue que lefond de notre
être est un véritable infini ; pourquoi
donc ne pourrait-il pas devenir, dans cer
tains, cas nécessaire et indispensable qu'un
homme dégradé tombât à une certaine pro
fondeur dans des déchiremens de l'âme
capables de le réveiller et de le ramener au
bien ? Le sens de cette demande de l'oraison
dominicale doit donc être celui-ci : Ne nous
conduisez pas par les tentations , SEI
GNEUR , s'il est possible que notre âme
dégradée se réforme par d'autres voies
(comme , par exemple f celle de la prière
qui peut aussi relever l'âme, quand elle
estfaite avecferveur) } mais si cela n'est
,
LÉ VRAI MESSIE. 34 i
pointpossible , que votre volonté soitfaite
et non la nôtre*
Mais déliVKeznous du mAl. Ce mal, c'est
le mal moral, c'est l'influence de l'enfer, qui, .
faisant effort contre le ciel, établit cette ba
lance de ïa libçrté du genre humain qui
donne la vie et le mouvement à l'universa
lité des êtres, et qui y introduit à cha
que instant des millions de relations nou-1
velles. Sans cette action continuelle' de l'en
fer, l'équilibre de notre liberté morale se
romprait évidemment à chaque moment;
quoique , sans doute , il soit toujours vrai
de dire que les efforts de l'universalité des
êtres dégradés, ne sont nécessaires que con-
ditionneïlement, et vu leur perversité vo
lontaire. Ce n'est qu'en attendant que leurs
propres malheurs les corrigent, que Dieu
tire un avantage pour la vertu, de la fureur
même de ces êtres.
Dans les temps où l'on comprenait encore
mieux la doctrine de JÉSUS- CHRIST, on
personnifiait le mal moral , et on disait : dé
livrez-nous de Satan, du Diable, ou du
malin esprit. Mais telle est la bizarrerie de
l'esprit humain , que ceux-là même qui dans
342 LE VRAI MESSIE.
leurs moindres discours personnifient inces
samment cent objets inanimés, et qui ne
parlentquedu géniédes empires, du monstre
. de la guerre , de l'hydre des révolutions, se
scandaliseraient d'entendre encore appeler
diable, ou serpent, ce génie du mal qui
nous poursuit partout, et qui dans le lan
gage emblématique apparaît réellement sous
la forme d'un être monstrueux , caractéri
sant la société entière de tous ces hommes
pervers que notre terre vomit à chaque ins
tant dans le monde des esprits, et qui, dé
pouillés de leurs organes matériels, poussent
encore les mortels aux crimes qu'ils ne peu
vent plus commettre eux-mêmes.
Cak c'est a vous qu'appartiennent le
règne, la puissance et la gloire aux siè
CLES des siècles. Ces paroles, retranchées
mal à propos par les Catholiques romains, ren
ferment à elles seules tout ce qui vient d'être
dit. Dieu doitêtre tout en tous, parce que seul
il peut faire le bonheur de tous. Les êtres
secondaires ne peuvent être des dieux
qu'en JÉHOVAH et par JÉHOVAH, qui
éternellement leur attribuera plus de per
fection et de bonheur qu'ils ne pourraient
LE tRAI MESSIE. 345
s'en approprier eux-mêmes s'ils étaient in-
dépendans de lui. Telles sont quelques-unçs
des réflexions infinies que peut suggérer la
prière enseignée par JÉSUS-CHRIST, quand
on l'examine dans le sens spirituel qui y est
caché.
L'œil est la lumière du corps; si ton œil
est net , tout ton corps sera éclairé; maissi
ton œil est mal disposé, tout ton corps
sera ténébreux. Si donc la lumière qui est
en toi n'est que ténèbres , combien seront
grandes les ténèbres mêmes /(Saint-Matth.,,
VI, 22, 23).
L'œil du corps n'est ici que l'emblème de
cet œil intérieur, de cette vue inconcevable
qui remplit le système planétaire tout en
tier, et dont les phénomènes qu'offrent les
personnes jetées dans le somnambulisme par
l'imposition des mains, aussi bien que cer
tains songes ordinaires, peuvent donner l'i
dée la plus claire à chacun. Notre homme
intérieur est armé d'un œil infiniment plus
pénétrant que celui de notre homme exté
rieur : œil divin , qui reçoit les rayons de
lumière de toutes parts, et pour qui ces
rayons ne sont plus divergens; qui non-seu
344 £8 VRAI MESSIE.
lement sait rapprocher les distances, mais
pour qui les distances n'existent plus. C'est
là l'œil qu'il faut tâcher de rendre net pour
pouvoir contempler éternellement les mer
veilles de la puissance et de l'amour du SEI
GNEUR; c'est là cet œil qu'il faut chercher
incessamment à préserver des ténèbres de
l'incrédulité, des préjugés de l'ignorance
et de la perversité ." ténèbres plus épaisses
mille fois que celles de l'Egypte, et plus
à craindre que celles de la tombe.
Ne donnez pas les choses saintes aux
chiens , et ne jetez pas vos perles devant
lespourceaux, de peur qu'ils ne lesfoulent
aux pieds , et que^ se retournant y ils ne
vous déchirent (Saint-Matth., vu , 6).
La crainte de la profanation des choses
divines,yon>/ârea£«>rcqueDieudoit empêcher
autant que possible, dans le système éter
nel des; êtres, explique bien des difficultés
relativement à sa conduite envers le genre
humain et son action sur les créatures. Ou
tre la nécessitégénérale d'envelopper tout le
mystère dela Rédemption dansles emblèmes
et les paraboles de la langue de la nature ^
pour le soustraire par-là aux attaques impies
LE fAA'l' MESSIE. 345
<]es hommes-démons, c'est par-là que s'expli
quent ces passages devenus si fameux par
les réflexions superficielles de l'incrédulité,
où il est dit que Dieu aveugle les hommes
de peur qu'ils ne voient; qu'il les rend
sourds de peur qu'ils n'entendent ; et qu'il
endurcit leur cœur de peur qu'ils ne se
convertissent et, soient guéris. Dieu assuré
ment ne demande pas mieux que de vous
voir revenir à lui : mais si ce même Dieu
prévoit que ce n'est que pour un temps que
vous revenez vous mêler parmi ses adora
teurs; s'il' prévoit qu'infâmes déserteurs des
bannières de son amour, vous devez un
jour retourner à votre vomissement , en
vous associant avec ses ennemis, n'est-ce
pas pour lui un devoir de vous dérober ses
dons sacrés ? La crainte de la profanation
explique même cette manière progressive,
et comme insensible, par laquelle le SEI
GNEUR régénère le genre humain, quand
il laisse s'écouler des siècles entre un de
gré d'amélioration et un autre. C'est bien as
sez qu'il soit mort unefois pour nospéchés,
et ressuscité pour notre justification; il
tout qu'après une telle démarche il mette
i5-
346 LE VRAI MESSIE,
son éternelle majesté à couvert de nos ou
trages; et encore cela, non pas à cause de
lui, mais à cause de nous , et pour nous
épargner des regrets éternels. Il faut qu'il
aille, pour ainsi dire, pas à pas, se dût-il
passer dix-huit siècles entre une faveur et
une autre. Pendant ce temps, les relations
des êtres se compliquent à l'infini, et pré
parent les voies à d'éternels transports; Dieu
sachant tôt ou tard tirer le- bien du mal
même. Ces dix-huit siècles , du reste, con
tre lesquels l'irréflexion peut se récrier, ne
sont pour les individus que soixante ans,
ou la durée de la vie de chaque homme;
chacun, en particulier, pouvant incessam
ment trouver son salut dans l'Évangile, sans
se mêler de ce que cet Évangile doit être
par rapport aux masses , ou à l'universalité
des êtres; point que le CRÉATEUR seul
peut et doit déterminer. Les mille erreurs
scolasliques qui ont défiguré la doctrine du
salut depuis près de deux mille ans, n'ont
empêché aucun de ceux qui pendant tout
ce temps ont passé à l'existence immaté
rielle,^ reconnaître leur RÉDEMPTEUR r
dès qu'ils ont été présentés devant lui :. au.
LE VRAI' MESSIE. 347
contraire, ils n'en ont été que mieux prépa
rés à ne se fier qu'à l'ÉTERNELLE VÉRITÉ,
ayant connu par leur propre expérience
la faiblesse et l'insuffisance de l'esprit hu
main. Il faut dire la même chose de toutes
les générations d'infidèles que la terre a
nourries depuis l'apparition du SEIGNEUR.
Et combien de ceux que nous appelons des
grands hommes n'eussent point à se repro
cher, depuis dix-huit cents ans, l'attentat
sacrilège d'avoir voulu effacer de dessus la
terre le nom du CHRIST, si, en général, ils
avaient cru son règne moins chancelant,
et s'ils n'avaient espéré que son royaume
s'écroulerait de lui-même?
Nous dirons ailleurs comment la réaction
de l'univers des esprits dégradés contribue
de son côté à rendre les progrès de la ré
génération du genre humain comme insen
sibles. Cette réaction a dû être terrible , à
en juger seulement par l'opposition que
l'œuvre du SEIGNEUR a rencontrée sur no
tre petite terre. Ce sont deux mers infinies
qui ont été mises en contact , l'une fu
rieuse, l'autre calme; et ce ne sera qu'après
348 tE VRAI MESSIE.
des balancemens sans fin que l'éternel
équilibre pourra se rétablir.
La même crainte de la profanation des
choses divines nous explique enfin ce que
ce peut être que ce péché contre le Saint-
Esprit^ qui ne doit point pouvoir être re
mis. Assurément le Saint-Esprit, quand
bien même il serait une personne distincte
dans l'essence divine , ne laisserait pas pour
cela d'être aussi miséricordieux que les
deux autres, et il pardonnerait aussi bien
que le Père et le Fils. Mais si, après avoir
connu la VÉRITÉ, c'est-à-dire le CREA
TEUR incarné par amour pour vous ,
vous le méconnaissez de nouveau, et l'aban
donnez de nouveau, outrageant ainsi son
inconcevable charité, alors il ne reste plus
pour vous aucune ressource , parce que Dieu
lui-même n'a plus d'autre moyen de se
frayer un chemin à votre cœur.
Nous pouvons aussi expliquer en cet en
droit comment il se fait qae l'on trouve quel
quefois dans la bouche de JÉSUS-CHR.IST
des expressions qui choquent certaines^
oreilles délicates, telles que les expressions.
le vrai messie: 34g
de chien, de pourceau , de serpent, de
race de vipères, de génération Hypocrite^
adultère, et autres. En se rappelant qu'il
existe une langue de la nature, dans laquelle
tous les .objets terrestres, et principalement
les animaux 7 deviennent autant d'hiérogly
phes infiniment plus significatifs que tous
les mots de convention que l'on pourrait
employer, on ne s'étonne plus devoir figu
rer de temps en temps les noms de ces
mômes animaux dans les Saintes-Écritures.
Rien n'était mieux appliqué aux descendans
de ces homme* qui s'étaient laissé séduire
primitivement par Vantique serpent, que
Fexpression de race de vipères dont le pré
curseur Jean, parlant la même langue, s'é
tait déjà servi. Le mot de chien revient éga
lement bien souvent dansles Livres inspirés,
et toujours à propos. David avait déjà dit
dans ses visions prophétiques touchant le
SEIGNEUR r Je me suis vu entouré d'une
troupe de chiens et de taureaux. Dans
l'Apocalypse,, l'ange s'écrie : Dehors les
chiens , les empoisonneurs et lesfornica-
teursl JÉSUS-CHRIST , en éprouvant la foi
de la Cananéenne, lui observe qu'il ne con
35o LE VRAI MESSIE.
vient point de prendre le pain des en/ans
et de lejeter aux chiens; et elle ne se re
bute pais : comprenant , à ce qu'il paraît , le
sens allégorique de cette expression , elle
s'en sert "elle-même pour renouveler sa de
mande, et elle est exaucée. Quant à la dé
nomination de génération adultère , si sou
vent appliquée aux Pharisiens , et aux Juifs
en général, par le SEIGNEUR, elle signifie
Vinfidélité à Dieu, dont Vinfidélité matri
moniale est l'emblème naturel. Et qui mé
rita mieux une semblable dénomination , que
ce peuple si favorisé du ciel, et si indigne de
l'être, qui adorait le veau d'or quand Sinaï
fumait encore de la foudre du.Dieu vivant;
qui se montra incorrigible à toutes les épo
ques de son existence, et qui méconnut enfin
son JEHOVAH au moment même qu'il ne
mit plus de bornes à ses bontés? De là donc
ces mots de chiens et de pourceaux dans
le texte que nous avons cité, et qui ont un
rapport réel avec les êtres moraux qui mé
connaissent les vrais biens. Quand le Dieu
incarné lui-même veut bien être représenté
par un agneau, comme emblème de sa dou-
ur, de son innocence et de sa bonté, des
LE VRAI MESSIE. 35 1
hommes corrompus ne doivent pas trop se
plaindre de voir caractériser leur degré de
moralité par ces animaux domestiques ,
souvent plus doux et plus utiles qu'eux : té-
•moin ce bœuf patient avec sa généreuse
compagne , qui nourrissent une famille. en
tière, qui ne méconnaissentJamais la crè
che de leur maître , et qui lui donnent leur
chair à manger après leur mort. Depuis que
Dieu nous a fait la grâce de nous ouvrir l'es
prit pour l'intelligence; des Saintes-Écri
tures, et de nous donraer une idée des em
blèmes naturels , nous ne trouvons plus
rien de choquant dans les Livres Saints, pas
même dans ce troupeau de porcs que des
démons sortis d'un possédé ont précipité
dans la mer. Cet événement à la fois histo
rique et^mblcmatique peut être très-digne
du SEIGNEUR, sans que jusqu'ici on en ait
compris tout le sens.
Demandez , et il vous sera donnée cher
chez, et vous trouverez ;frappez, et il vous
sera ouvert (Saint Matth. , vu, 7).
Certaines personnes se . rebutent dans
leurs prières quand elles restent long-temps
sans être exaucées, et se persuadent que ces
35a LE VRAI MESSIE.
paroles du SEIGNEUR n'ont été dites que
par manière d'acquit. Nous ne dirons point
à ces personnes que probablement elles ont
mal prié; mais nous les rendrons attentives
à quelques autres vérités auxquelles elles"
n'ont peut-être point assez' réfléchi. Mille
considérations guident le SEIGNEUR, quant
au temps et à la manière de nous accorder
nos demandes, même alors qu'elles sont"
dans l'ordre. Tantôt un malheur apparent
nous est utile, etunbonheur nuisible;;' tan
tôt ceux qui nous entourent^ OU' l'universa
lité des êtres, souffriraient d'un avantage
qui nous serait personnel; tantôt enfin l'é
poque à laquelle nons attendons une faveur
n'est pas la plus convenable. Il est écrit .::
« Au tempsfavorableje vous ai exaucé,
et au temps opportunje suis vent» à votre
secours. » Tel jeune homme qui avait solli
cité sa conversion et l'entière réforme de
son être vers l'âge de vingt ans, ce qui était
sans doute une prière bien entendue, n'a
pourtant été pleinement exaucé que vers
l'âge de quarante. Jusque-là , sans douté, il.
eût été exposé à abuser des connaissances
de Dieu, en n'y conformant point sa vie, ou
LE VRAI MESSIE. 353
eh les faisant servir à l'acquisition d'une sa
crilège renommée dans le monde. Jusque-là,,
par conséquent, c'eût été pour lui le plus
grand des malheurs que d'être exaucé ;'et le
Cieï l'exauçait réellement en nelui envoyant,
pendant tout ce temps, que des peines, des
afflictions et des épreuves capables de ré
former l'intime de sa nature corrompue. Et
chacun ne peut-il pas dire la même chose de
l'effet de ses prières? Ne peut-on pas même
le dire avec vérité d'une société, d'une
Eglise tout entière? Qui peut décider, si
ce n'est le SEIGNEUR, à quelle époque il
sera le plus utile à une Église de connaître
toute la vérité ; si c'est au bout de quatre
siècles ou au bout de dix-huit? Insensés!
avec quelle témérité nous critiquons quel
quefois les voies adorables de la Providence !
Quand nous nous plaignons de n'avoir point
été exaucés, nous le sommes d'ordinaire
depuis long-temps. Les dons de Dieu sont
d'ordinaire tout prêts quand nous les solli
citons. Au fond, nous ne prions que pour
nous en rendre moins indignes; et c'est
Dieu lui-même qui nous, a portés à prier
pour les obtenir.
354 iE VRAI MESSIE.
Entrez par la porte étroite, car c'est le
chemin spacieux et la porte large qui
mènentà laperdition; etily en a beaucoup
qui entrent par elle. Et la porte est étroite
et le chemin étroit qui mène à la vie, et il
y en a peu qui le trouvent (Saint Matth.,
Mi, i3).
On a conclu de c© texte,- et d'autres sem
blables, au petit nombre des élus, préten
dant qu'à peine ilse rencontre dixpersonnes
dans une grande ville qui se sauvent. Une
telle doctrine, bien loin de ranimer le zèle
des fidèles pour leur salut , comme certains
théologiens veulent bien se l'imaginer, est
bien plutôt faite pùur les décourager. La vé
rité est que le SEIGNEUR n'a rien voulu
déterminer à cet égard : quand il parle du
petit nombre des élus, il ne parle jamais que
comparativement. Si petit que soitlè nombre
des réprouvés, il sera toujours trop grand;
et quelque nombreux que soient les élus,ils
ne le seront jamais assez. Rien de positif ne
pouvant donc être statué à cet égard, les
vrais apôtres de l'Évangile se contenteront
toujours de déclarer que tous ceux qui le
voudront sincèrement seront sauvés; tandis
1E VRAI MESSIE. 355
que les lâches et les vicieux se perdront,
quel qu'en soit le nombre.
Ainsi toutbon arbrefait de bonsfruits;
mais le mauvais arbre fait de mauvais
fruits. Tout arbre qui nefait pas de bons
fruits est coupé etjeté aufeu ( Saint Mat
thieu, vu, i7, i9).
Il est bien digne de remarque que cette
comparaison de l'arbre avec l'homme soit
constamment suivie par toute l'Éciïture-
Sainte. Et à en juger par le soin que pren
nent les hommes inspirés, de nommer sou
vent des arbres en particulier, il paraîtrait
que l'espèce même d'un arbre figure un ca
ractère particulier de l'homme. Cueille-t-on
du- raisin sur Vépine , dit le SEIGNEUR,
ou desfgues sur le chardon? Et ailleurs :
Voyez le figuier , comme tous les autres
arbres ; quand ses branches deviennent
tendres et que ses feuilles se montrent,
vous dites, l'été estproche. JÉSUS-CHRIST
très-certainement n'a pas nommé particu
lièrement l'épine , le chardon et lefiguiery
sans de bonnes raisons. Au livre des Juges^
( ix, 8 ), se lit une parabole, ou fable, dans
laquelle on fait figurer Volivier pour son.
356 LE VRAI MESSfE.
huile, le figuier pour sa douceur, h-vïgner
pour son jus qui réjouit, et enfin l'épine
comme servant à mettre lefeu même aux
cèdres du Liban ; preuve évidente que tous
ces divers arbres ne sont qu'autant d'e/ra-
blèmes moraux quand ils sont nommés
dans les Saintes-Écritures. Saint-Jean , dans
l'Apocalypse, fait plusieurs fois mention de
l'olivier et de l'arbre de vie. Selon David ,
l'hommejuste est un arbreplanté le long
des eaux t dont lafeuille ne tombe pas, et
qui donne régulièrement son fruit. Le
cèdre et l'olivier reviennent souvent dans
ses psaumes.Jean le précurseur enfin déclare
que la cognée est déjà placée à la racine
des arbres. N'en doit-on pas conclure que
les arbres de ha vie et de la science du bien
et du mal, dont parle Moïse au commen
cement dela Genèse, sont des emblèmes
analogues; que Varbre dévie est Dieu, ou
l'homme s?attachant à Dieu; et Varbre
de la science du bien et du mal, ce même
homme s1éloignant de Dieu et se repo
sant sur lui-même? L'homme n'a de vie
qu'en Dieu et par Dieu : Je suis la vie , a
déclaré le SEIGNEUR. Si donc l'homme se
LE VRAI MESSIE. 357
sépare de Dieu pour se reposer sur lui-
même, par où ii acquiert la connaissance
du bien et du mal , la mort est son partage;
non la mort du corps, mais la mort bien
plus terrible de l'âme, dont celle du corps
n'est que l'emblème.
Quoi qu'il en soit de cette dernière conjec
ture,.une vérité démontrée, c'est que géné
ralement les arbres,quand il en est question
dans les Livres inspirés, ne représentent que
les hommes considérés sous un rapport
particulier. Quant à la signification des es
pèces diverses parmi les arbres, nous en
sommes sans doute réduits aux conjectures.
Le cèdre peut rappeler la grandeurou Vor-
gueil; Vépine, les tribulations ou la mé
chanceté) Volivier, la douceur ou la paix.
Tel est le génie de la langue de la nature,
que tous les objets créés conservent tou
jours quelque rapport avec l'homme; et cela
dans leurs plus petits détails; jusque-là que
les feuilles mêmes, les fleurs et les fruits
d'un arbre , conservent leurs significations
relatives, que les feuilles représentent les
pensées de l'homme , les Jleurs ses bons dé-
airs, et lesfruits ses actions.
358 LE VRAI MESSIE.
Mais s'il est démontré par-là que le mot
arbre est toujours pris au figuré dans les
Saintes-Ecritures, pourquoi ne prendrait-on
pas également au figuré ce Jeu dans lequel
les mauvais arbres doivent être jetés? Assu
rément notre intention n'est point ici de
diminuer en aucune manière la crainte que
l'homme doit avoir de l'enfer, des horreurs
duquel nous ne sommes pas en état, dans
cette vie, de nous faire des idées justes, non
plus que nous ne le pouvons faire des joies
du ciel : mais nous ne saurions nous arrêter
à ces images grossières qui représentent les
damnés comme brûlés éternellement dans
unfeu matériel. A quoi sert aujourd'hui
cette croyance surannée. que l'on veut de
force imposer à l'univers, si ce n'est à por
teries peuples à nepluscroireàaucune espèce
de châtiment quelconque dans la vie future?
Nous ne risquons donc rien de dire franche
ment notre pensée à cet égard. Le feu in
fernal ne saurait être que l'emblème de
l'état moral des êtres dégradés : c'est lefeu
de leurs passions , de leurs haines, de leurs
feireurs qui les dévore. Et sous ce rapport,
nous ne nions pas que l'image dufeu ^ des
LE VRAI MESSIE. 35g
flammes ., de lafumée^ etc. , ne doive être
aperçue souvent au milieu, ou autour des
sociétés infernales, pour les caractériser aux
yeux de ceux qui les contemplent.
Que l'on ne s'y méprenne pas toutefois;
pour n'être point matérielles, les souffrances
des damnés n'en sont pas moins terribles.
Déjà sur la terre , la société de ces hommes-
monstresquinerespirent quevengeance,que
carnage, et dont les passions les plus fu
rieuses comme, les plus dégoûtantes for
ment la vie , est une société assez lugubre
aux veux de toute âme honnête. Que sera-
ce quand ces êtres dégradés se serontencore
précipités plus'avantdansl'abîmede la perdi
tion , et que , ne pouvant plus persécuter le
j uste que Dieu aura soustrait à leur rage, cette
rage s'exercera enfin entre eux seuls, et
s'enflammera en raison de leur nombre?
Plusieurs me diront alors : Seigneur,
Seigneur^ n'avons-nous pas prophétisé
en ton nom ? n'avons-nous pas chassé les
démons en ton nom ? n'avons-nous pasfait
plusieurs miracles en ton nom? Maisje
leur répondrai tout ouvertement : Je ne
vous ai jamais connus ; retirez-vous de
36o LE VRAI MESSIE.
tooï, vous tous gui vous adonnez à l'ini
quité ( Saint-Matthieu, vu, 22 ) /
Ce passage prouve sans réplique que les
miracles, les prophéties, les guérisons par
la prière et l'imposition des mains, et en gé
néral toutes les œuvres surnaturelles , ne
sont point un signe infaillible de sainteté,
quand même on accorderait que le titre de
Saint puisse jamais être donné à un autre
qu'à Dieu, qui est seul Saint. Dieu seul
guérit, Dieu seul prophétise , Dieu seul fait
des miracles^ et il. choisit pour cela les ins-
trumens qu'il lui plaît, quelquefois les plus
vils. Ce sont des œuvres, des fruits, de
bons fruits, que le SEIGNEUR nous de
mande, et rien autre chose; et encore,
quand nous avons fait tout ce que nous de
vons à cet égard , ne sommes-nous que des
serviteurs inutiles. Et qu'à Rome on ne
dise pas . que dans la canonisation de ce
qu'on y appelle les Saints , on a aussi, et
particulièremsnt, égard aux vertus qu'ils
ont pratiquées dans un degré héroïque : il
n'est point donné à l'homme de connaître
ce degré dans un individu. C'est là un mys
tère que Dieu seul connaît; un mystère que
LE VRAI MESSIE. 36 i
âui seul peut connaître, et aucun de nous
ne sait s'il est digne d'amourou de haine.
Quiconque entend donc les paroles que
je dis , et les met en pratique , je le com
parerai à l'homme prudent qui a bâti s'a
maison sur la roche ; et lorsque la pluie
est tombée , et que les torrens sont venus,
que les vents ont soufflé et ont donné
contrecette maison,elle n'estpoint tombée,
-parce qu'elle était fondée sur la roche
( Saint Matthieu , vm ,24,25).
Nous avons vu dans la première partie
quel est l'emblème de la Pierre et du Ro
cher: c'est la vérité, c'est la solidité, lafoi,
la confiance inébranlable en Dieu; par
opposition au sable qui représente Verreur,
l'inconstance, la faiblesse , Vincohérence.
David donne très-souvent à Dieu le nom de
\Rocher, ainsi que les prophètes qui l'ap
pellent Rocher éternel, Rocher des siècles.
Quand JÉSUS-CHRIST rencontra pour la
première fois l'apôtre Simon, il lui donna
Je nom de Pierre à cause de la fermeté
de caractère qui devait le distinguer des
autres apôtres; et, plus tard, il déclara que
-ce serait sur la Pierre, qu'il bâtirait son
16
362 1E VRAI MESSIE.
église. Ce sont ces sortes de passages qui
ont donné lieu aux abus de l'Église de
Rome, quand elle a voulu dominer sur toutes
les autres Églises de l'univers. Elle oublia.,
ou affecta d'oublier, que la Pierre , c'est
JÉSUS-CHRIST ; et que personne ne peut
donner d'autre fondement à FEglise que
celui-là. Quand JÉSUS-CHRIST, au mo
ment que Simon reconnut sa divinité , avec
une conviction si profonde, qu'il lui sem
blait qu'il pourrait donner sa vie pour cette
foi, dit à ce disciple ,: Vous êtes Pierre , et
sur cette Pierreje bâtirai mon Eglise, et
les portes de l'enfer ne prévaudront point
contre elle, c'est évidemment comme s'il
lui .avait dit : Je vous ai appelé Pierre dès
le commencement , à cause de cette foi
jferme dont vous donnez en ce moment la
preuve; je vous déclare donc que c'est
sur une telle foi que reposera toute l'œu
vre de la régénération du genre humain.
En d'autres termes, tous les en/ans des
hommes m'avaient méconnu, m'avaient
abandonné. Je viens me montrer à eux
en chair : ceux qui comme vous recon-
'naitT'ont ma divinité à cette marque d'a-
1k... •..
VE VKAI MESSIE. 363
mour, seront sauvés et constitueront mon
Église ; je les mettrai à couvert de toutes
ces attaques des enfers. Quant aux au
tres , ils périront nécessairement, puis
qu'il ne me reste aucun autre moyen de
me révéler à eux. Rome est d'autant plus
coupable d'avoir abuse de ce texte, que
dans le latin il n'y a pas la même amphibo
logie que dans le français; pour Pierre,
homme, ily a Petrus, et pourpierre, rocher
ou foi", il y apetra. Le pouvoir des clés,
c'est-à-dire , le pouvoir d'ouvrir et defer
mer les cieux à volonté, que Rome dérive
de ces prétendues promesses particulières
faites à l'apôtre Simon,, n'est également
qu'une usurpation sacrilège; et il est éton
nant qu-il ait jamais trouvé des apologistes
dans le monde chrétien. Il y a par trop
•d'orgueil, de la part des apôtres de l'humi-
Jité, à vouloir se mettre ainsi à Ja place de
CELUI qui ne saurait céder sa gloire à
un autre. Le SAINT et le VÉRITABLE,
est-il dit dans l'Apocalypse, qui a la clef
de David, qui ouvre et personne neferme,
iqui ferme et personne n'ouvre (in, 7).
»Dieu seul s'est réservé de faire usage de
16.
364 LE VRAI MESSIE.
cette elef^ qui, du côté de Dieu , signifie -la
Toute-Puissance ; et du côté de l'homme,
la confiance, la foi qui lui ouvrç le ciel;
car sous ce rapport les deux emblèmes de
la Clefet de la Pierre se rapprochent. Si
mon Pierre lui-même , ni les autres apô
tres de JÉSUS-CHRIST, n'ont jamais eu là
moindre idée de ces prétendus droits qu'une
ambition tout humaine a seule pu s'arroger
depuis. Il y .a plus encore^ quand bien
même il serait prouvé que Pierre eût pos
sédé des pouvoirs aussi divins, et qu'il les
.eût transmis à ses successeurs, on ne pourrait
encore évidemment écouter ces derniers que
dans le cas où leurs décisions seraient rai
sonnables , justes , et conformes à l'Évan
gile^ puisque, hors de là, ils ne seraient
jamais que des Satans , comme l'était
Pierre lui-même, lorsqu'enflé , enorgueilli
malheureusement aussi par l'approbation
particulière qu'il croyait avoir reçue, il mé
rita que le SAUVEUR lui dise, en rappe
lant le mot de la Pierre , mais l'appliquant
d'une manière fort différente : Retirez-vous
de moi , Satan, vous m'êtes (une pierre)
jje scandale (Saint Matthieu, xvi, a3). •
LE VRAI MESSIE. 365
Le soir étant venu , on présenta à JÉ
SUS plusieurs démoniaques , desquels il
chassa par sa parole les Esprits malins ,
et guérit tous ceux qui étaient malades
(Saint Matthieu , vin, i6). , .-.- v.
Il est assez singulier que cette doctrine
des possessions , ou de Vaction des hommes
méçhans et qui ont perdu leurs organes
matériels sur les hommes vivans qui ont
encore les leurs, et qui a fait sourire si
ironiquement les philosophes du dernier
siècle, soit précisément la doctrine la plus
évidemment philosophique de tout l'Évan-
vangile, pour peu qu'on vienne à l'appro
fondir : doctrine seule capable de mettre
tant soit peu la raison humaine d'accord avec
elle-même, dans ses idées sur le temps et
l'espace , sur la liberté morale et Vorigine
du mal. En effet, tous ces philosophes pré
tendus n'étaient-ils point forcés d'admettre
• l'immortalité de Vhomme et son libre ar-,
bitre? N'étaient-ils point forcés de recon
naître ce grand ensemble, ce grand tout?
qui réunit tous les mondes et tous les êtres
dans une unité parfaite? Quelques-uns d'en-
tr'eux n'avaient-ils pas donné eux-mêmes
366 1E VRAI MESSIE.
aux penseurs la plus grande latitude rela
tivement à la nature de la matière et à celle
de nos idées ( i ) ? Comment donc ces
philosophes ont-ils pu nier, après cela, 1»
possibilité des possessions , ou de Vaction
de méchans morts sur de méchans vivans ?
Si tous ces êtres sont libres, pouvez-vous
les empêcher d'agir les uns sur les autres ?
Ils sont morts , dit-on. Nous le savons. Ils
sont morts quant au corps matériel et pe
sant , mais non quant au corps spirituel ,
dont celui qui agit dans nos songes peut
donner à chacun l'idée la plus claire et la
plus distincte. Les hommes sans corps, ou
plutôt ceux qui n'ont plus qu'un corps sub
stantiel, exercent leur action sur l'homme
intérieur ou substantieldes possédés, et, par
ce moyen, jusque sur leurs organes extérieurs
et matériels ; de même que déjà dans le
monde un ami perfide s'empare de toutes
les facultés morales de son ami, et cause sa
(i) Sans parler de ceux qui se disaient douter de
tout, puisque douter d'une chose c'est supposer par-
là même qu'elle pourrait être vraie , et donner ainsi à
chacun la liberté de laisser pencher son doute du
côté qu'il lui plaît.
£E VRAI MESSIE. $67
idoine. Disons-le donc, les idées des philo
sophes du dernier siècle, sur la liberté des
êtres, n'étaient point encore assez étendues :
Hs n?ont point revendiqué tous leurs droits.
La liberté de l'homme n'est pas seulement
comme un seul rayon qui s'étend toujours
dans la même direction; elle est bien plutôt
comme un soleil tout entier qui lance ses
rayons de toutes parts. Si nous n'étions pas
libres, par exemple, au moins jusqu'à un
certain point, de suivre notre raison ou de
ne la pas suivre, d'embrasser la vérité ou
de la repousser, nous ne serions point libres
dans toute la force du terme. Notre liberté
morale est par conséquent telle, qu'elle
nous permet de méconnaître à la longue les
principes mêmes les plus clairs, après les
avoir admis pendant un temps; elle est telle,
qu'elle nous permet d'affaiblir et de dé
truire peu à peu notre propre raison. Que
dis-je? notre liberté morale est telle, qu'il
ne lui est point impossible qu'elle se détruise
elle-même. Ceci est vrai, surtout quand on
considère les hommes e» masse; car la li
berté des masses est encore bien plus grande
que celle des individus. Les masses, comme
368 LE VRAI MESSIE.
L'histoire le témoigne, peuvent s'abrutir en
tièrement; elles peuvent adorer Dieu et la
vertu à une époque , et les nier à une autre
époque; elles peuvent même parvenir à ce
point de dégradation , de ne plus s'occuper
de l'un ni de l'autre y de n'y plus penser, à
la manière des brutes. Que dis-je encore? ô
Dieu créateur et rédempteur ! la liberté
de vos enfans va jusqu'à leur permettre de
vous prendre en haine !— Vraie et entière
liberté chez les hommes, suppose tout cela.
Quand donc, au milieu de ces réflexions ,
nous entendons certains sages parler de leur
raison comme d'une Divinité, mettre tou
jours en avant leur raison , même en dis
sertant de ces secrets terribles de la nature
dont à peine ils ont soupçonné l'existence T
nous ne pouvons nous empêcher de leur
dire : Où en est, nos bons amis, cette rai
son que vous nous vantez tant? est elle bien
lumineuse? On rirait d'un enfant, ou d'un
paysan , qui mettrait toujours sa raison en
avant : êtes-vous sûrs que la vôtre est la rai
son suprême? Ne s'est-il pas trouvé au con
traire parmi vous certains individus dont
vous avouez vous-mêmes que, sous certains
LE VRAI WESSIE. 36g
rapports, leur raison n'était plus que la su
prême déraison ?
Mais si l'on est forcé de reconnaître que
notre liberté est illimitée au point que nous
venons dedire,sera-t-il étonnant que quel
ques êtres s'obstinent dans le mal, même
après avoir subi la transformation que nous
appelons la mort? Sera-t-il étonnant qu'ils
poussent la perversité jusqu'à finir par trou
ver du plaisir à mal faire , à se plaire dans le
crime , à haïr enfin Dieu et la vertu au
point de chercher à les attaquer et à les
anéantir, si cela était possible, dans tous les
êtres qui offrent encore quelques traits de
vérité ou de bonté éternelle?
Quant à la manière dont les êtres sous
traits à nos yeuxde chair, agissent sur nous,
elle n'est ni si inconcevable ni si inexpli
cable qu'on a bien voulu le croire. Il suffit
pour cela de se rappeler que la grandeur
des formes n'est qu'une chose relative;
qu'elle n'est rien en elle-même , et que dans
la pensée de l'homme il y a de la place
non-seulement pourw/i ou deux êtres^mais
pour un système planétaire fout entier. ,
i6„
SjO EE VRAI MESSIE.
Toutefois, pouvons-nous ajouter encore-
que nous avons donné dans notre première
partie des raisons encore plus palpables ,
pour porter une saine philosophie à admet
tre une action plus ou moins grande des
esprits dégradés sur les hommes mortels.
Dans cette suppositionravons-nousdit,n'ex-
plique-t-on pas bien plus facilement le phé
nomène de ces crimes horribles dont des
êtres d'un jour se rendent quelquefois cou
pables sur la terre? Le crime d'un Judas, par
exemple, ne devient-iK pas plus concevable,
par-là même que l'on nous apprend que ce
fut un Satan qui le lui dicta, après s'être
rendu entièrement maître de son cœur?
Quel philosophe ne se sent point soulagé,
quand il apprend qu'il lui est permis de
répartir la culpabilité d'un pairicide
sur un plus grand nombre d'êtres per
vers, d'êtres surtout vieillis depuis des
siècles dans le crime, et dont rien ne doit
plus nous étonner? Ce n'est évidemment
que dans l'ensemble de la création , et dans
l'action simultanée des masses , que le
CRÉATEUR a pu admettre ces monstres
ES VRAI ltfESSÏÊ. 37 i
dont la conduite effraie quelquefois la
terre (i).
Rien do»c n'est plus croyable que les
possessions , quand l'histoire nous les ra
conte comme èHautresfaits arrivés devant
témoins : d'autant plus, qu'à coté de l'action
des méchans, se trouve partout cette des
bons, et forme le contre-poids nécessaire de
la liberté morale du genre humain; balance
éternelle, qui peut quelquefois pencher,mais
dont l'équilibre ne peut jamais être anéanti.
Quand l'homme se livre au mal, il est aidé
par mille êtres sortis de l'abîme ; quand il se
livre au bien, des millions d'anges viennent à
son secours; au point qu'un individu né dans
la fange, sans autre appui que sa méchan
ceté, peut parvenir à faire le malheur de
flous ses contemporains, comme l'histoire
de plus d'un peuple le prouve; au point heu-.
(i) Reimbaùer, Reimbaùer! composé horrible d'hy
pocrisie, de débauche et d'atrocité! y aurait-il en
core pour toi, dans la révolution des siècles ,....
quelque chance de bonheur ? Malheureux ! si dans le
système de la rédemption, cette chance n'existe pas ,....
il ne faut plus espérer!
Mais quels témoins, contre une loi sacrilège ,.»...
qu'un Reimbaùer,.... un Mingrat !!..;...
372 LE VRM MESSIE.
reusemcnt aussi, qu'un pauvre pâtre peut
faire plus de bien dans sa patrie que plusieurs
générations de ses princes : exemple qu'un
Vincent de Paul a réalisé parmi nous.
Comment il se fait que les possessions cor
porelles (car pour celles qui n'ont lieu que
sur l'homme esprit, nous ne doutons pas
qu'elles ne soient encore très-fréquentes )
soient plus rares aujourd'hui qu'elles n'é
taient autrefois? Il est superflu, nouspensons,
d'en dire la cause. Cette amélioration dans
le sort des humains est due sans doute
à l'action puissante du Christianisme, qui a
donné une nouvelle trempe à la société;
elle est due surtout à l'action divine de
CELUI qui est venu mettre l'enfer comme
un escabeau sous ses pieds. C'est une loi
dans l'univers moral, que chaque être com
mande aux autres d'après le degré de vertu
qu'il s'est acquis dans le monde; et même
comme pur homme, JÉSUS-CHRIST serait
encore le maître et le chefnaturel de tous
les êtres qui ont jamais respiré sur la
terre.
Et comme JÉSUS était à table dans la
maison de Matthieu, voiciplusieurs péa-r
LE VRAI MESSIE. . 3^3
gers et desgens de mauvaise vie quiétaient
venus là , se mirent à table avec JÉSUS et
ses apêtres. Ce qu'ajantvu^ les Pharisiens
dirent à ces derniers: Pourquoi votre
maître mange-t-il avec des pêagerS et des
gens demauvaise viel MaisJÉSUS l'ayant
entendu ,leur dit : Ceux qui sont en santé
n'ont- pas besoin de médecin, mais ceux
Qui se portent mal (Saint Matthieu, ix,
TO, II, i2 ). ;
Cette conduite de JÉSUS -CHRIST est
bien opposée à celle de ces docteurs mo
dernes, qui non-seulement défendent à des
Chrétiens tout commerce avec d'autres
Chrétiens, mais qui vont jusqu'à leur inter
dire de prier dans le même temple ; commesi
les mursj- étaientpour quelque chose dans
le Christianisme. Selon l'esprit de JÉSUS-
CHRIST, la tolérance extérieure, dans tout
ce qui concerne le culte public, devrait être
parfaite. C'est là, en effet, la seule unité
possible dans l'Eglise visible , et le seul
acheminement praticable vers Vunité de
foi intérieure. Comment les sociétés di
verses pourraient-elles jamais se rapprocher
et se fondre en une, si vous les tenez toutes
374 LE VRAI MESSIE.
séparées défait, si les unions matrimoniales
même sont prohibées des unes aux autres, et
par-là les réunions en famille, et en général
toute espèce de fraternité? Ne verrait-on pas
plutôt les temples matériels se rapprocher les
uns des autres, que des sociétés séparées de
la sorte? Le vrai Chrétien regardera donc
toujours comme des frères véritables tous
lesautres Chrétiens, de quelque pays ou secte
qu'ils puissent être, et même ceux qui se
diront seulement Chrétiens; car il doit les
croire, et non les juger. S'ils se disent
Chrétiens, c'est que sans doute ils pourront
un jour le devenir en effet , surtout si vous
leur donnez un accès libre dans vos assem
blées, et si votre conduite a de quoi les édi
fier. Le vrai Chrétien se souviendra même
que tous les hommes, jusqu'au païen -et au
publicain , sont encore ses frères; et pour
ne plus oublier ses devoirs à cet égard , il
mettra partout la charité avant la foi , renver
sant, même dans le langage, l'ordre introduit
mal à propos par des hommes peu réfléchis;
il ne dira plus la Foi, VEspérance et la Cha
rité , mais la Charité, la Foi et {'Espé
rance. Ces dernières, en effet, ne sont que le
LE VRAI MESSIE. S-jS
fruit de la Charité, et doivent unjourdispa
raître, tandis que la Charité est éternelle.
Lesgens de la chambre du nouveau ma
rié peuvent-ils s'affliger pendant que le
nouveau marié est avec eux? Les jours
viendront que le nouveau marié leur sera
été, et c'est alors qu'ils jeûneront (Saint
Matth., ix% i5).
Toutes les expressions figurées dans ce
passage sont conformes au génie de la langue
de la nature. Nous avons vu que de même
que l'infidélité à Dieu est toujours désignée
dans les Saintes-Écritures par l'adultère, de
même l'union avec Dieu y est toujours repré
sentée par un mariage légitime. Comment,
en effet, trouver un emblème plus naturel
pour les unions morales, que celles qui déjà
dans la vie forment les liens les plus étroits
et les plus chers? Dieu est donc le nouveau
marié ou Vépoux; l'Église qui s'attache à
lui la nouvelle mariée ou l'épouse; et le
moment de Vétablissement d'une Église
est le moment des noces. L'univers moral
n'est, dans la réalité, qu'une union immense
de la bonté et de la vérité, de Vamour et
de la sagesse : mariage sacré, qui tient à
3^6 !"« VIUI MESSIE.
Vessence même de la Divinité. En Dieu
l'AMOUR et la VÉRITÉ sont UN ; dans les,
êtres créés, ils s'unissent, et s'uniront
ÉTERNELLEMENT.
On voit aussi par ce passage que, par
jeûner^ le SEIGNEUR entendait simplement
s'affliger dans le sens moral, ou s'affliger,
de ses péchés. Le jeûne corporel /en usage
dans certaines Églises, et que, dans quelques-
unes, on a rendu si ridicule par les détails
minutieux et absurdes dans lesquels on est
entré , n'est donc , dans la réalité, qu'un
mémorial du jeûne du cœur, et dont l'u
nique importance est de rappeler ce dernier.
Ce n'est point du tout entrer dans l'esprit
de l'Évangile que de croire que l'on a tout
fait quand on a jeûné au printemps , et qu'on
s'est abstenu pendant quelques semaines
d'oeufs et de graisse : il faut jeûner toute
l'année : Faites jeûner vos passions, rom
pez votre pain avec le pauvre, voilà là
vraie manière dejeûnerr dit le prophète.
Et l'Évangile ajoute : Demeurez inviolable-
ment attaché au SEIGNEUR, pratiquez
incessamment la CHARITÉ , et mangez
de tout ceque Von vous servira surla table.
LE VRAI MESSIE. 3jff
Etquand JÉSUSy«£ arrivé dans la mai
son , deux aveugles le suivirent. Il leur
dit : Croyez-vous que je puisse vous gué
rir? Oui, nous le croyons, répondirent-ils.
Alors JÉSUS leur toucha les yeux en di
sant : Allez , qu'ilvous soitfaitselon votre
foi (Saint Matth., vin, 28).
Ce passage et d'autres semblables , celui
surtout où il est dit que dans certain pays
JÉSUS-CHRIST ne fit point beaucoup de
miracles, à cause de l'incrédulité de ses ha-
bitans, montrent que le SEIGNEUR n'agis-^
sait jamais arbitrairement dans les guérisons
qu'il opérait, mais qu'une coopération quel
conque dela part des individus était indis
pensable. Nous avons vu en outre que ces
guérisons corporelles étaient toujours en
même temps les emblèmes naturels de di
verses réhabilitations morales ; emblèmesi
qui étaient devenus absolument nécessaires
parmi les êtres immortels pour la commu
nication immédiate de la pensée et du sen
timent qui s'y rattache. Il s'ensuit qu'il faut
en général une foi peu commune pour ob
tenir des guérisons instantanées et d'une na
ture supérieure à celles que procurent les
378 tÙ VRAI MESSIE.
remèdes ordinaires. Il faut, pour ainsi dlrey
que la guérison morale ou la suppression to
tale du désordre qui était la première cause
du mal corporel, ait eu lieu auparavant,
puisque les maladies corporelles ne sont ja
mais que des remèdes de rame, et que Dieu,
qui a lui-même fait ces sages dispositions,
se contredirait s'il enlevait les souffrances
avant que leur but ait été atteint. Il est rare
qu'une maladie, même chez les individus
les moins bien disposés, n'amène quelque
amélioration morale. On est d'ordinaire
moins porté à l'irréligion, à l'orgueil, à la?
dureté, après une indisposition un peu sé
rieuse : la douceur^ au contraire, la bonté,
la reconnaissance, se remarquent presque
chez tous les convalescens. Mais si les gué-
risons qu'on appelle miraculeuses sont dif
ficiles à obtenir, elles ne sont pas pour cela
impossibles en elles-mêmes. Dans les temps
apostoliques, quand les fidèles avaient en
core assez de foi et de courage pour pren
dre tout à coup de bonnes résolutions, et
les soutenir ensuite jusqu'au dernier soupir,
de semblables guérisons s'obtenaient tous
les jours. Aujourd'hui les dispositions re
LE VRAI MESSIE. 3fty
quises nous manquent ; nous n*avons plus-
une foi assez exclusive en CELUI qui est
venu pour guérir toutes nos langueurs.
Le courage de demeurer fidèle à la résolu
tion une fois formée de ne plus manquer
sciemment au plus petit des conseils évangé-
Eques, est encore plusrare.Ni les malades, ni
les prétendus apôtres qu'ils appellent pour les
oindre d'huile et leur imposer les mains,,
ne régardent plus aujourd'hui ces choses
que comme de vaines cérémonies; de part
et d'autre on les remplit le plus souventavec
répugnance , et il serait étonnant que les
malades ressentissent te moindre soulage
ment. On se moque même, de nos jours, des
succès que certaines personnes pieuses ob
tiennent encore quelquefois dans des fa
milles pauvres et simples, où un malade sur
son grabat rappelle l'idée de l'or dans la
fournaise, et où un christianisme-pratiquer
resté au fond des cœurs, malgré le manque
d'instruction (peut-être malgré les cnsei-
gnemens absurdes de l'école), laisse encore
quelque entrée libre aux grâces, du SEI
GNEUR. Si ces personnes qui guérissent
sont des prêtres, comme l'est aujourd'hui le
38o LE VRAI MESSIE'.
prince de Hohenlohe, on rit en secret, et1
on laisse aller lefanatisme son train. Si
ces personnes sont des laïques, le clergé
croit tout au plus de ^on devoir de s'enqué
rir s'il n'entre pas quelque diablerie dans
leurfait. Si enfin quelques-unes de ces per
sonnes changent les termes, et déclarent
qu'elles guérissentpar le magnétisme, alors
on s'écrie: Qu'est-ce que le magnétisme?
une chimère, une absurdité, qui ne vaut
pas la peine d'être examinée. En un mot,
laïques comme ecclésiastiques, nous ne sa
vons plus aujourd'hui que nous attirer mille
maux par mille excès : malgré les déclara
tions les plusformelles, vous imposerez les
MAINS AUX MALADES ET ILS SERONT GUÉRIS,
nous ne croyons plus que le SEICNEUR
puisse ou veuille nous soulager : et la théo
logie, aussi bien que la philosophie, ont dé
cidé que les souffrances sont inséparables
de la nature.
Quiconqueneprendpassa croix et vient
après moi , ri'est point digne de moiÇSaint
Matth. x,38).
La croix a été de tout temps l'emblème
des souffrances et des tentations. Le SEI
VE VRAI • MESSIE. 38>{
tGINEUR. a prononcé la sentence qu'on vient
de lire, long-temps avant sa mort sur le Cal
vaire. Les anciens peuples, qui connaissaient
encore quelques-uns des emblèmes natu
rels, avaient choisi ce genre de supplice
pour d'autres raisons que celle de la gran
deur des souffrances qu'il cause. Maudit,
est-il dit dans l'Ancien Testament, tout
homme attaché sur le bois\ Chez les Ro
mains, la crucifixion était estimée un sup
plice si honteux qu'on ne l'infligeait jamais
à aucun citoyen. Mais ce qui, à nos yeux,
est une preuve sans réplique que la mort
sur la croix est un emblème de la langue
-naturelle, c'est que ce genre de mort fut
celui auquel le DIEU RÉDEMPTEUR a
voulu se soumettre. Cette mort, en effet,
avait déjà été figurée long-temps d'avance
par le serpent d'airain érigé dans le dé
sert au milieu des Israélites frappés de ma
ladie. Le serpent, dont la nature est de ram
per sur la surface de la terre, élevé ainsi vers
le ciel, semble montrer que, par l'ancienne
loi, les hommes méchans par leur nature
pouvaient devenir naturellement bons ,
comme sont les animaux doux et utiles,
382 LE VRAI MESSIE.
par opposition aux animaux féroces (i) : et
le corps de JÉSUS - CHRIST , élevé de la
même manière lors de la promulgation de
la loi nouvelle, après avoir été humilié jus
qu'à terre comme un ver que l'on écrase,
doit montrer que, moyennant l'Évangile,
la bonté purement naturelle des hommes,
peut être changée en une bonté morale et
religieuse , qui est seule une bonté réelle.
Tout était emblème, nous le répétons , dans
la viedeJÉSUS-CHRIST, depuis sa naissance
dans une crèche, jusqu'à sa mort sur la
croix, parce qu'il était mélaphysiquement
nécessaire que cette vie renfermât tous les
emblèmes naturels d'un Dieu RÉDEMP
TEUR. En faisant abstraction de toutes les
langues de convention, comment eût-on pu
montrer les diverses manières de renier
Dieu, de le repousser, de le méconnaître,
si ce n'est par les divers tourmens corpo
rels qu'on lui a fait endurer pendant sa pas-
(i) Ce serpent était sans doute d'airain, parce que
l'airain représente un degré de bonté analogue parmi
les métaux. On connaît les âges defer, d'airain, d'ar
gent et d'or, l.'or-et l'airain se rapportent à l'amour,
l'argent et le fer à la vérité.
LÉ VRAI MESSIE. 383
•sion? Par une étude,approfondie de la lan
gue de la nature, on parviendra enfin à com
prendre cet hiéroglyphe infini du mystère
d'amour.
Quand JÉSUS-CHRIST déclare, en cet
endroit, que pour être digne de lui, il faut
que l'homme se charge de sa croix,, il ne
veut pas dire qu'il faut que nous nous tour
mentions sans nécessité, comme l'ont pré
tendu certains esprits sombres et misan
thropes , mais seulement que nous suppor
tions avec patience les peines inséparables
de notre condition actuelle, comme lui-
même s'est soumis, sans ouvrir la bouche,
à la mort de la croix , quand cela était de
venu indispensable.
Bienheureux est celui qui n'aura point
été scandalisé en moi (Saint Matth. xi, 6).
Il n'y avait d'autre scandale à prendre en
JESUS-CHRIST que celui de méconnaître
sa divinité, de ne le point prendre pource
qu'il était, de ne point voir en lui le
CHRIST, LE ROI PAR EXCELLENCE, OU
JEHOVAH en personne. En vain les théo
logiens scolastiques prétendraient -ils que
ce scandale consistait à ne le point recon
384 ,£E VRAI MESSIE.
naître pour fis de Dieu né de toute éter
nité. Nulle part, comme nous l'avons vu, ni
dans l'Ancien Testament ni dans l'histoire
du Christianisme, il n'est question d'un fis
semblable, jusqv^au Concile de Nicée, quatre
cents ans après la mort de JÉSUS-CHRIST.
C'est donc bien plutôt le saint Concile lui-
même qui s'est scandalisé en JESUS-
CHRIST, en n'ayant point une idée assez
haute de L'AMOUR DU PÈRE, et en lui
associant pour cette raison unepersonne dis
tincte de lui, pour opérer notre Rédemption .
En ce-temps là JÉSUS', prenant la pa
role, dit : Je te rends grâces, ô mon
PÈRE, SEIGNEUR DU CIEL ET DE LA TERRE,
de ceque tu ascachéces choses auxsAGv.s
etaux intelligenSj etque tu lesas révélées
aux petits enfans (Saint Matth.xi, a5).
La vérité peut bien se montrer , mais
elle n'est bien comprise que par Vhumilité ,
la simplicité et l'amour, toutes qualités
dont Venfance est l'emblème naturel. L'É
vangile condamne en cet endroit tous ceux
qui sont trop épris de leurs propres lu
mières , de leurs propres raison et intelli
gence, et qui, en conséquence, ne croient
LE VRAI MESSIE. 385
point avoir besoin à chaque moment du se
cours du CREATEUR comme un petit en
fant a besoin du secours de son père ; tous
ceux, en un mot, qui ne savent ce que c'est
que candeur, douceur, charité, réserve, et
qui oublient ces vertus, surtout quand il
est question de discuter et de décider des
questions religieuses.
Quant à la vraie philosophie, à la vraie
sagesse», aux vraies lumières, dont l'hami-
lité sans doute a toujours été le premier apa
nage, comme elle l'est de tout vrai mérite,
il serait absurde de supposer que l'Évangile
les ait jamais condamnées, son AUTEUR dé
clarant, au contraire, qu'il n'est lui-même
que lumière, que sagesse et que vérité.
JÉSUS-CHRIST rendgrâce au PÈRE, de
cette disposition de la providence qui favo
rise les petits plus que les grands , et par-là
il ne veut que donner à entendre que cette
disposition est dans la nature même , des
choses , ou dans l'essence intime de Dieu,
qui est amour avant d'être vérité. Nous
verrons , à l'occasion du texte suivant, com
bien nombre de passages de l'Évangile, où
L'HOMME-DIEUparle du PÈRE, deviennent
17
386 LE VRAJ MESSIE.
.f
clairs, quand par Père on entend amour^
comme depuis long-temps par Fils on a
entendu vérité.
Personne ne connaît le FILS , que le
PÈRE; et personne ne connaît le PÈRE,
que le FILS et celui à qui le FILS l'aura
voulu révéler (Saint Matth , xi, 27 ).
De tous les textes du Nouveau Testament
qui prouvent que par PÈRE il faut entendre
L'AMOUR ÉTERNEL, comme on est con
venu depuis long-temps d'entendre par le
FILS la DIVINE VÉRITÉ sous le nom de
VERBE ou de PAROLE, et que tous deux
ne sont qu'UN dans l'essence de JÉHOVAH,
ce texte-ci parait le plus remarquable. Rap
pelons donc ici un moment cette grande vé
rité de l'unité absolue de la personne ou de
Vêtre divin , que nous avons établie dans
notre première partie, malgré les dénomi
nations diverses de Père. , de Fils et d'Es
prit-Saint, qu'on lui donne, afin que les
lecteurs voient que, d'un bout à l'autre,
l'Évangile n'est pas moins péremptoire,
sur ce point, que l'Ancien Testament. Dieu
est CHARITÉ, et Dieu est VÉRITÉ : ce
jsont deux textes bien connus du Code sa
LE VRAI MESSIE. 387 •
cré. Mais Dieu est, pour ainsi dire, l'un
avant Vautre; du moins y a-t-il pour la cha
rité ou Vamour une priorité de raison
que personne ne disputera. Les hommes
eux-mêmes reconnaissent cette priorité en
pardonnant plus facilement Verreur que la
haine. La première essence de Dieu est
donc amour, et la vérité en est comme le
fruit. Ce sont toutefois deux infinis qui seuls
se comprennent l'un l'autre : Personne ne
connaît le FILS , que le PÈRE ; et personne
ne connaît le PERE que le FILS. Voyons
maintenant comment JÉSUS-CHRIST a pu
ajouter qu'il dépend de lui de révéler le
PÈRE à celui qu'il en juge digne. Il y a
plusieurs manières de connaître Dieu. La
contemplation des merveilles de la nature
peut nous élever à une connaissance géné
rale de son auteur, ou plutôt à la connais
sance des divers attributs de son auteur :
c'est ainsi quoDieu est connu par les déis
tes, quand ils lui donnent les divers noms
à!Etre suprême, d'Etre éternel, d'Être
créateur, d'Etre invisible, infini et in
compréhensible. On peut encore connaître
Dieu comme un Etre individuel, dans les
388 LE VRAI MESSIE.
occasions où il lui plaît de se manifester
dune manière plus directe, soit par des
emblèmes qui sont hors du cours ordinaire
de la nature (tels que le buisson ardent ,
la voix qui sefit entendre lors de la trans
figuration), soit moyennant des individus,
anges ou hommes, qu'il remplit tellement
de son esprit, que leur individualité propre
disparaît. Ainsi l'ont connu différens per
sonnages de l'Ancien Testament, les pa
triarches, les prophètes. On peut le connaî
tre enfin personnifié entièrement , comme
J'ont connu les apôtres quand il a bien voulu
converser familièrement avec eux pendant
trois années sur la terre, après y être né
comme tous les autres hommes , et y avoir
passé par tous les degrés de la vie. Mais il
est une manière de le connaître plus par-
. faite encore que toutes celles-ci; c'est celle
enseignée par saint Jean, quand il dit : Celui
qui n'aime point ne connaît point Dieu;
il ne l'a point vu , il demeure dans LA
MORT; Vamour seul donne l'instinct qui
reconnaît Dieu parfaitement, l'amour seul
connaît Dieu. Et combien , même sous ce
rapport, notre connaissance de Dieu n'est-
LE VRAI MESSIE. . 330,
elle pas encore étroite et obscure? De même
que JÉSUS-CHRIST, comme VÉRITÉ, ne
pourra jamais être connu que successive
ment et pendant l'éternité (c'est-à-diré
qu'il ne sera jamais connu tel qu'il est) de
même JÉSUS-CHRIST, comme AMOUR,
neserajamais connu tout entier (i). La seule
manière donc dont on conçoive queJÉSUS-
CHRIST puisse révéler ce PÈRE que per
sonne n'aJamais vu^ et qu'il est même im
possible de voir, c'est de dire que celui
qui,par l'apparition du DIEU INCARNÉ ,
aura conçu une assez haute idée de L'A
MOUR DU DIEU INVISIBLE, pour se per
suader que JÉHOVAH LUI-MÊME s'est
manifesté en chair, celui-là connaîtra le
PÈRE autant qu'il est donné à unfaible
(i) Connaître Dieu n'est pas en connaître le nom.
Le Dieu incarné , le Dieu manifesté et mis à notre por
tée, est lui-même encore un infini. Dix-huit siècles de
disputes sur la nature de son être l'ont bien fait voir.
Comment donc tant de savans du dix-neuvième siècle
prétendent-ils connaître la Divinité, sans avoir con
sacré à cette étude la centième partie, peut-être, du
temps qu'ils auront donné à l'étude des sciences
exactes, de la. géométrie par exemple?
390 LE VRAI MESSIE.
mortel de le connaître, et qu'il le connaî
tra même tous lesjours davantage, à me
sure qu'il apprendra à l'aimer davan
tage.
Rien n'est évidemment plus naturel que
cette explication , et rien , au contraire, n'est
plus absurde que toutes celles que l'on
voudrait lui substituer, en conservant la dis
tinction absolue des personnes (i). On sent
surtout vivement cette vérité, quand on se
rappelle que JÉSUS-CHRIST n'a cessé de
déclarer que le PERE était en lui, et lui
dans le PERE, el que tous deux ils n'é
taient qu'une même chose; quand on se
rappelle que ce ne fut qu'à la fin de sa vie,
(1) Nous avons remarqué ailleurs qu'en suppri
mant toutes les langues de convention, il ne restait
que l'emblème de père pour caractériser le créateur.
Père , avons-nous dit , est généralement l'être qui
produit; fils , celui qui est produit. De même que
dans la nature morte , le créateur est représenté par
le soleil, de même, dans la nature vivante, il l'est par
un père ; et celui qui connaît la langue de la nature ,
ne peut abandonner les expressions qui rappellent ces
emblèmes primitifs, lors même qu'il parle une langue
de convention.
"X.
k
LE VRAI MESSIE. 3g I
quand ses apôtres eurent suffisamment re
connu sa Divinité, et eurent fini par t'aimer
par-dessus toutes choses, qu'il cessa de leur
parler du PÈRE en figures ., et qu'il leur
dit ouvertement, en parlant de ce PERE :
Maintenant vous connaissez le PERE, et
dès àprésent VOUS L'AVEZ VU.
Père signifie amour divin , d'une ma-
nièreaussi évidente, en maintautres endroits.
Quiconque, dit JÉSUS-CHRIST , a été ins
truit parle PÈRE vient à MOI, parce que
le FILS, ouïe VERBE, n'est lui-même bien
connu que de ceux à qui l'AMOUR l'a ré
vélé. Touteplante, dit-il ailleurs, que mon
PÈRE n'aura point plantée, sera arra-.
ehée,pavce que la vérité sans l'amoui\ ou
\afoi sans la charité, ne sont rien. Quicon
que, dit-il encore, me confessera devant
les hommes, je le confesserai devant mon
PÈRE qui est dans les cieux, parce que
c'est l'amour céleste qui devient la récom
pense de ceuxquireconnaissentque la VÉRI
TÉ DIVINE a été incarnée par le DIVIN
AMOUR, plutôt que la -connaissance de
cette même divine vérité; l'amour seul.
pouvant constituer lafélicité suprême.
392 IE VRAI MESSIE-.
Il est inutile de rappeler ici la raison pour
laquelle JÉSUS-CHRIST parlait constam
ment de Père et de Fils, tout en nous en
tretenant de JÉHOVAH unique : nous l'a
vons montré dans la première partie. De
même que Père est l'emblème naturel du
CRÉATEUR, de même Fils est l'emblème
naturel de ce qui vient du CRÉATEUR,
et par conséquent éminemment DU DIEU
HUMILIÉ, devenu l'AMI de l'homme, son
CONSOLATEUR et son RÉDEMPTEUR.
Il y a une différence réelle entre le MOI
UNIVERSEL, et ce même MOI individua
lisé en CHRIST , quoique celte différence
ne tombe pas sur la personnalité. Il y a une
différence surtout, comme nous venons de le
voir, entre Dieu comme AMOUR ÉTER
NEL, PUISSANCE ÉTERNELLE, et entre
Dieu comme ÉTERNELLE VÉRITÉ ou
ÉTERNELLE SAGESSE. Et enfin on doit
se le rappeler, la distinction du CREATEUR
en PÈRE et en FILS, ou en JÉHOVAH et
en MESSIE, était métaphjrsiquement . né
cessaire, dans la supposition d'une réhabili-
• tation du genre humain déchu.
Venez àmoi, vous tousqui êtesfatigués
LE VRAI MESSIE. 3p;3
et chargés, et je vous soulagerai ( Saint
Matthieu , xi , 28 ). •.
Ces paroles s'adressent à tous les enfans
des hommes sans exception : nous voulons
tous, plus ou moins, nous appuyer sur nous-
mêmes, être quelque chose par nous-mêmes:
voilà d'où vient notre charge, no.tre fatigue.
Il faut que par les souffrances nous recon
naissions notre erreur, et que nous reve
nions à nous appuyer entièrement sur Dieu.
Dieu nous avait tellement favorisés, il nous
avait placés si près de lui, que nous avons
voulu monter sur son trône, et être d'autres
Jéhovah : il n'y a que le sentiment de notre
faiblesse et de «notre misère qui puisse
nous corriger. Toute cette malheureuse
vie terrestre, que nous croyons follement
l'état naturel de l'homme, n'est là, en ef
fet, que pour nous dégoûter de tout ce
qui n'est point Dieu et vie en Dieu et par
Dieu. '
Quiconquefait la volontéde raorePÈRE
qui est dans les cieux, celui-là est mon
frère , ma sœur, et ma mère ( Saint Mat
thieu, Xii, 5o ).
On voit encore ici que tous les mots qui
17.. •
Sg4 tâ ttna messie.
dans l'Évangile , et en général dans tous les
Livres inspirés, désignent les degrés de pa
renté , n'expriment au fond qu'une relation
d'amour. C'est l'amour qui forme toutes les
relations véritables. Ce qu'il y a surtout de
remarquable dans ce texte, c'est l'espèce de
renoncement qu'y fait JÉSUS-CHRIST* de
sa propre mère; comme s'il avait voulu
donner à entendre que la maternité n'avait
point formé entre elle et lui de lien plus
étroit que celui qui lui attache tout autre
Chrétien dont l'amour est ardent et sans
feinte. Déjà aux Noces de Cana, JÉSUS'
avait prononcé ce mot dur et froid en appa
rence :Femme, qu'y a-b-il entre moi et
toi? Et en mourant, il recommanda sa
mère à Jean en ces termes : Femme^voilà
ton fils; Jean^ voilà ta mère. Ne semble-
t-il point déclarer assez clairement, par
toutes ces expressions, que Marie n'avait
fourni, dans le principe, que la chair qui
devait revêtir ADONAI, ou rendre sensible,
dans le degré matérielr l'éternelle forme
de JÉIIOVAH; de plus, que cette chair in
firme elle-même, ill'avaïtenfing-^or^îeeen la
soustrayant au temps et à l'espace; et qu'en
LIS VBAI MESSIE. 3p5
conséquence, ce n'était qu'improprement
qu'il pouvait être appelé Fils de Marie ?
Ceci devrait donner à penser à ceux qui ne
craignent point d'élever des autels à celte
créature , qui , tout intéressante qu'elle
puisse être, ne devrait jamais, sous aucun
rapport, être assimilée au CREATEUR, et
qui serait évidemment elle-même la pre
mière à renverser ces autels, s'il lui était
donné de revenir sur la terre.
Alors ses disciples s'approchant lui
dirent: Pourquoi leurparles-tupar simili
tudes ?Jl répondit : C'est parce qu'il vous
est donné de connaître les mystères du
royaume des cieux , et que pour eux cela
ne leur est point donné : car à celui qui a
Usera donné , et il abondera; mais à celui
qui n'a rien, cela même qu'il a lui sera été
( Saint Matthieu, xm, i0, i i, i2 ).
En reconnaissant que le SEIGNEUR, qui
ne fait aucune acception des personnes,
n'avait ainsi favorisé les apôtres de préfé
rence aux autres hommes, que parce qu'il
savait que les apôtres devaient répondre à sa
confiance, tandis que les autres en auraient
abusé ; comment, dira-t-on, parmi le nombre
396 LE VRAI MESSIE.
des douze, JÉSUS- CHRIST en choisit-il
un qui devait si cruellement en abuser
lui-même, savoir, Judas Iscarioth? Nous
répondrons que sans doute Vamitié et la
confiance que JÉSUS lui montra dans cette
' rencontre, étaient l'unique moyen de mettre
ce malheureux suf un degré de la balance
de la liberté morale qui lui rendait le salut
possible. Tous les hommes ne naissent pas
avec des dispositions égales pour le vice et
Ja vertu : que dis-je? aucun homme ne res
semble à l'autre comme être moral; et, sous
ce rapport, CELUI-LA. SEUL peut gouver
ner les cœurs, qui les connaît à fond, et
personne ne peut lui donner des conseils.
Il y a dans la vie de chaque individu une
époque, un point, où il est placé exacte
ment sur la balance éternelle \Veux-tu ser
vir le SEIGNEUR, ou ne veux-tu pas ?
C'est à Dieu à régler cette balance, et à
avantager chacun également; et là-dessus
nous pouvons assurément nous en rapporter
à son impartialité (i), Ce Judas qui poussa
(i) Voici , au juste, quelle conduite le SEIGNEUR
tient à l'égard de tous les hommes sur la terre :
Si l'homme est dans le bien , le SEIGNEUR le mène-
LE VRAI MESSIE. 3g^
le repentirjusqu'à ne plus pouvoir vivre ,
tandis qu'il n'est point dit que les autres
apôtres , à l'exception de Pierre, aient pensé
le moins du monde à pleurer leurs lâches
défections ; ce Judas , qui pouvait s'être
laissé persuader que son Maître n'était qu'un
faux prophète, ou bien qu?étant un pro
phète véritable il n'aurait qu'un miracle à
faire pour se sauver, n'était, au fond, que
Vemblème vivant de tous ceux qui trahis
sent leur Dieu. 11 était notre emblème à
tous! Nous sommes tous des Judas; et
malheur à celui qui se croirait meilleur que
lui! Quand on lit dans l'Ancien Testament
que ce fut de même celui des douze enfans
de Jacob dont le nom était Judas, qui fit
vendre Joseph , mais qui en même temps
contribua ensuite le plus efficacement à dé
cider Israël à laisser descendre Benjamin
en Egypte lors de la seconde famine, en'lui
disant, avec une touchante fermeté : « En
par là route dans laquelle il pourrafaire le plus de
bien possible , dût-al avoir quelque chose à souffrir
sur cette route. Si Chomme est dans le mal, il lui
trace la carrière dans laquelle ilpourra faire le moins
DE MAL POSSIBLE.
398 LE VRAI MESSIE.
\oie l'Enfant avec moi, j'en réponds! Rede
mande-le de ma main , si je ne te le ramène !
Si je ne te le représente, que le péché en
soit sur moi le reste de ma vie. » Quand on
pense, en outre , que plus tard Joseph par
donna indistinctement à tous ses frères, à
Judas comme aux autres, on reconnaît
avec un attendrissement profond qu'évi
demment cette parole dir SAUVEUR : Il y
A PLUS DE JOIE DANS LE CIEL AU RETOUR
D'UN SEUL PÉCHEUR, Qu'lL NE s'en EXCITE A.
L'OCCASJONDE QUATRE-VrNGT-DIX-NEUF JUS
TES, a dû trouver un heureux accomplisse
ment dans le disciple traître. Quel spec
tacle, ô Dieu ! que de se représenter le
pauvre Judas au ciel avec son an-
cien MAITRE!... aimant beaucoup, parce
qu'on lui a beaucoup pardonné..... et ce
même BON MAITRE, ne faisant d'autre dis
tinction entre lui et les autres apôtres , que
de le choisir plus particulièrcmen t pou r aider
à ramener ceux de ses derniers et malheu
reux enfans^ représentés par Benjamin..:.
et qui ne sont autres que les Juifs actuels..!
Lecteur, qui que vous soyez, vos larmes
coulent en cet endroit! oui, elles coulent ,
V
le vrai messie. 3gg
car les miennes inondent ma plume [....Mal
heur, oui malheur à ce cœur assez infor
tuné, qui ne palpiterait point à la seule
idée de Judas sauvé , ou même d'une
chance de salut en sa faveur! Hélas! ce
pauvre malheureux^ il n'avait pu survivre à
sa faute : J'AI PÉCHÉ, J'AI PÉCHÉ! s'était-
il éerié, en. livrant le sang innocent , et
îl était allé s'arracher la vie ! N'en doutons
plus , c'est là I'enfant prodigue., pour le
quel le PÈRE... A TUÉ LE VEAU GRAS..
Il est extrêmement remarquable qu'entre
les deuxfamines de la terre de Canaan,
et pendant que Joseph resta inconnu en
Egypte, ceux de la famille qui parlaient de
lui ne l'appelaient que cet homme. On ne
parle pas autrement depuis dix huit cents
ans, intervalle entre les deux grandes
dispensations correspondant aux deux
grandesfamines du genre humain; on ne
parle pas autrement, disons-nous, du véri
table JOSEPH, du DISPENSATEUR du
pain de vie : cet homme, dit-on, ce Jésus
qui a paru en Judée : le moment ne serait-
il pas venu, par conséquent, où JÉHOVAH-
JÉSUS-CIIRIST dira à tous ses frères, tant
4oO LE VRAI MESSIE.
aux aînés qu'aux plus jeunes : C'EST MOr,
ne craignez point; je suis JOSEPH, votre
FRÈRE, que vous avez vendu au pays
d'Egypte? Et y en aura-t-il un seul qui
pourra le méconnaître ?
Quant à ces paroles si obscures, ou plu
tôt si contradictoires en apparence, celui
qui a , il lui sera donné, et celui qui'n'a
rien, on lui ôtera même ce qu'il a , elles
deviennent claires quand on sait entrer assez
profondément dans la pensée de CELUI qui
parlait , pour ainsi dire , forcément la lan
gue de la nature, parce qu'il s'adressait aux
anges du Ciel , en même temps qu'aux
hommes sur la terre. En effet, JÉSUS-
CHRtST n'avait-il pas dit long-temps au
paravant : Ou faites l'arbre mauvais et
son fruit mauvais, ou Varbre bon et son
fruit bon? Ne devait-il pas dire plus tard
par la bouche de saint Jean :Plût à Dieu
que vous fussiezfroid ou chaud; mais
parce que vous êtes tiède,je commencerai
par vous vomir de ma bouche ? Ne faut-il
pas, par conséquent, de toute nécessité,
que tous les êtres moraux deviennent enfin
ou"tout-à-fait bons ou tout-à-fait mauvais?
LÉ VRAI MESSIE. 4or
Èri d'autres termes, ne faut-il pas que Dieu
donne de plus grandes grâces à celui qui en
possède déjà, et qu'il retire peu à peu toutes
ses faveurs à celui qui en abuse? L'homme
est, en général, un être bien plus compli
qué qu'on ne le pense. Sur cette terre, nul
n'est jamais bon sous tous les rapports , ni
mauvais sous tous les rapports. Le juste a ses
•taches, et le méchant son bon côté ; mais cet
état de choses est pour Dieu un état violent;
c'est pour lui urt état de profanation conti
nuelle; le mal- mêlé ainsi au bien attaque sa
sainteté et excite son zèle; il ne peut s'em
pêcher d'ajouter incessamment de nouvelles
perfections à celles que l'homme de bien
réunit déjà, et de retrancher de celles qui"
restent au méchant , ou plutôt de celles
qu'il croit lui être propres; car ee que
l'homme croit. avoir en propre, il ne l'a
réellement pas. Selon lui ,'il a; selon Dieu,
il n'a pas. L'homme ne peut avoir dans la
réalité que ce que Dieu lui approprie , et
qu'il reconnaît lui- même n'être point sien.
De là cette expression : on lui ôtera ce qu'il
n'a pas. - . • *
Ce passage suppose aussi quelque chose
4o2 LE VRKI MESSIE.
d'analogue à ce que les Catholiques romains
ont appelé le Purgatoire, mais qu'ils ont
peint sous de si fawsses couleurs. Quand la
séparation entière du bien et du mal, chez
un individu , n'a point été faite sur la terre ,
il faut bien qu'elle s'achève dans l'autre vie.
De là l'action qu'il est permis aux hommes
dépouillés de leur corps matériel, d'exercer
encore sur les hommes vivans dans le monde,-
et probablement entre eux. En servant ainsi
aux tentations par lesquelles les bons sont
entièrement réformés, les méchans se dé
gradent eux-mêmes de plus en plus, jusqu'à
ce qu'enfin il ne reste plus rien de bon en
eux. •
Nous dirons ailleurs que, selon nous, les
peines de l'autre vie ne sont éternelles que
pour ceux qui voudront bien rester éter
nellement méchans ; mais qu'il y a toujours
lieu au repentir devant le PERE, quoique
le retour devienne plus difficile à mesure
qu'on s'enfonce dans l'abîme. -
// leur proposa une autre similitude en
leur disant : Le royaume des cieux est
semblable à un homme qui a semé de la
bonne semence dans son champ ;maispen
LE VRAI MESSIE. 4°^
dant que les hommes donnaient , son en
nemi vint, et sema de l'ivraieparmi le blé,
puis s'en alla. Et après que la semencefut
venue en herbe, etqu'elle eutportédufruit,
alors parut aussi l'ivraie. Les serviteurs
du père defamille vinrent donc à lui et
lui dirent : Veux-tu que nousy allions et
que nous cueillions l'ivraie ? Et il leur ré
pondit: Non, de peur qu'en arrachant l'i
vraie vous n'arrachiez en même temps le
blé. Laissez-les croître tous deux ensem
blejusqu'à la moisson i et au temps de la
moissonje dirai aux moissonneurs : cueil
lezpremièrement l'ivraie, et la liez enfais
ceaux pour la brûler; mais assemblez le
blé dans mon grenier ( Saint Matth. , xm,
du v. 24 au 3ome).
En examinant cette parabole selon la si
gnification qu'elle doit avoir dans la langue
de la nature , on y voit mille vérités qu'on
n'y avait jamais aperçues jusqu'alors. On y
voit d'abord que Dieu se compare à un
homme ^ comme il a fait dans plusieurs au
tres endroits de l'Évangile, où il va quelque
fois jusqu'à se dire ouvertement Homme^
Roi, et Père defamille. Vous cherchez à
4of le vrai Messie.
mefaire mourir, dit JÉSUS-CHRIST aux
Juifs, moi qui suis un homme qui vous ai
dit la vérité (Saint Jean, vm, 4<>)- Dieu
est effectivement homme au suprême degré,
comme nous l'avons dit dans notre introduc
tion. Les hommes de la terre, destinés à de
venir anges dans le ciel , n'ont tous été créés
que d'après son image et sa ressemblance.
Cette double expression est , sans aucun
doute, employée par l'écrivain sacré, dans
l'intention que l'on ne s'y trompe point. Le
mot Kenéget (ij:d) dont se sert Moïse en
cet endroit, est exactement le même que
celui par lequel il exprime qu'Adam ne
trouva point de compagne semblable à lui",
passage où bien évidemment il est question'
d'uneforme réelle et substantielle. En tant
qu'elle est la plus parfaite des formes, l'u
nique forme même de tout ce qui peut être
appelé intelligence, sagesse , amour et vie,
la forme humaine , ou angélique , est aussi
la propre forme de Dieu , qu'il n'a fait que
transmettre à ses créatures sensibles. Seule
ment, dans l'homme cette forme est hu
maine, dans l'ange angélique, et dans Dieu
divine. Je suis le DIEU VIVANT, disait
LE VRAI MESSIE. 4°5
JÉHOVAH; je suis la VIE, a dit JÉSUS-
CHRIST. l)es philosophes superficiels, qui
ne peuvent comprendre que Dieu est sub- •
stance -avant d'être forme , amour avant
d'être vérité', et que créer^ pour lui, n'est
que montrer , riront de cette idée; mais
qu'ils se rappellent que tous les peuples, les
plus civilisés comme les plus grossiers,
qu'eux-mêmes, tout philosophes qu'ils sont,
donnent malgré eux la forme humaine à
Dieu dans leur pensée, et qu'il ne leur est
guère possible de faire autrement, même en
enfonçant leur esprit dans des abstractions
-métaphysiques , où l'on peut bien aperce
voir encore un certain agrégat d'attributs
indéfinis , mais où VEtre a réellement dis
paru. Qu'on examine avec impartialité la
forme admirable de l'homme, non, il est
vrai, en tant que terminée par des lignes, et
de telle ou telle grandeur, mais dans sa
nature qui est celle d'un être intelligent
en rapport avec tous les autres, et en tant
que placée hors du temps et de l'espace , on
verra qu'elle n'est point aussi indigne de la
Divinité qu'on veut bien le croire : on y
trouvera une espèce d'infini dont toutes les
4o6 LE VRAI MESSIE.
autres formes de vie possibles ne sont que
<les dégradations; on y trouvera en un mot
une espèce de noyau ou cœur, organe né
cessaire de tout être intelligent.
Pour ne faire ici qu'un léger croquis des
richesses infinies de la forme humaine, nous
remarquerons que la Tête correspond à
VIntelligence ; le Cœur, à l'Amour; les
Organes de la Respiration, à la Vie; VOEU,
à la Science, à la Toute-Présence ; le Nez,
à la Pénétration , à la Finesse; \'Oreille , à
la Miséricorde , al! Obéissance; la Bouche,
à la Sagesse, à la Vérité; la Langue, à la
Communication de la Pensée, à la Persua
sion; VÉpaule, à la Puissance et à la
Force; le 2?ra.? et la Main, à la Puissance
et à VAdresse ; les Jambes , à VImmensité;
les Pieds , à la Stabilité, à la Fermeté , ou
bien à une Force ennemie qui détruit, qui
écrase; la Face, à la Bonté, à la Bienveil
lance; le Z?o.y, à VAversion et au Mépris',
la Forme entière, à tout ce que l'on con
çoit être intelligence, amour et w"e. Et
ici nous avons passé mille autres rappro-
chemens qu'il serait impossible d'énumérer,
car, ni les Os, ni la Chair , ni le Sang , ni
"
LE VRAI MESSIE. " 4°7
les Cheveux , ni les Dents, ni les Doigts ,
ni les Ongles , ni les Veines, ni les Nerfs,
ni aucun Muscle, m^aucune Fibrille, ne
sauraient être sans leur partie correspon
dante dans le monde moral et métaphysique.
Nous avons passé surtout la signification mo
rale des innombrables instincts ,facultés ,
fonctions et affections de cet ensemble
d'organes de vie appelé homme, et dont
nous ne rappellerons que deux, pour ex- #
pliquér mieux notre pensée. Le Mire, par
exemple, révèle le Bonheur vrai oufac
tice; et le Pleurer, la Douleur ou le su
prême de l'attendrissement et de la Joie.
De là tous ces détails qui paraissent minu
tieux dans les Saintes-Ecritures, mais qui
cessent de le paraître dès qu'on s'est formé
la moindre idée de cette langue de la nature,
d'après laquelle aucun objet créé, depuis les
plus grands jusqu'aux plus petits, n'a pu de
meurer sans un rapport bien déterminé avec
la vie la plus intime. Les cbeveux de votre
tête ,. disait JÉSUS-CHRIST, ont tous été
comptés; et aucun d'eux ne tombera à
terre sans votre PÈRE. Dans le livre de
l'Apcalypse, le cheval est représenté comme
4o8 • LE VRAI MESSIE.
l'emblème de cette portion de l'instinct hu
main qui nous porte à la recherche de la
vérité. Une ignorance impie pourra se mo
quer d'une pareille disposition; mais cela
n'empêchera pas le philosophe chrétien de
la trouver admirable. Nous l'avons dit,
examinées géométriquement , toutes les
formes animales possibles se trouvent ren
fermées dans le quart de cercle formé par
Vhomme emblème de Vintelligence univer
selle , et Vanimal rampant qui n'offre que
le dernier degré de la vie. Or, le cheval
est incontestablement une des premières
dégradations de cette forme universelle
de l'Etre intelligent. Rien donc de plus na
turel que d'apprendre que c'est lui qui est
le premier hiéroglyphe d'une portion de
cette intelligence. Les aptitudes , d'ailleurs,
du cheval, aussi bien que sa manière de se
nourrir, contribuent, de leur côté, à carac
tériser cet emblème. Le cheval sert à nous
faire parcourir un horizon terrestre,
comme notre imagination nous faitparcou
rirunhorizon intellectuel; il sert à charrier
les objets terrestres et à mettre un certain
ordre dans les divers emblèmes matériels ,
k
LE VRAI MESSIE. 4°9
comme notre intelligence nous sert à ar
ranger convenablement les images de nos
pensées. Enfin , il se nourrit iïherbe, de
foin et de grain , autant d'objets que nous
avons reconnu être les emblèmes des pre
miers germes de nos idées.
Et en parlant des diverses significations
emblématiques des différentes parties dis
tinctes du corps humain , nous ne craignons
pas même les sottes remarques de quelques
philosophes cyniques qui , au lieu de pen
ser profondément, ne sauraient que faire
ici des remarques grossières. Les rapports
privés de l'époux et de l'épouse, rapports
dont les hommes corrompus ont seuls fait
une chose brutale et dégoûtante, représen
tent de la manière la plus significative le
mystère éternellement caché de la Création
divine., ou de l'union primitive de la sub
stance et de la forme , de l'Amour et de la
Vérité; union qui seule constitue la pre
mière essence de tous les êtres. S'il y a d'ail
leurs dans la forme humaine un côté réelle
ment plus matériel et moins noble , c'est
précisément ce côté-là qui caractérise ce
qu'il y a en nous de vil et d'abject; car le
18
4lO LE VRAI MESSIE.
vil et Vabject se retrouvent encore une
fois dans le moral comme dans le physique
qui en est l'emblème; et celte grossièreté,
qui n'est qu'accessoire, peut très-bien dis
paraître sans que la forme elle-même soit
altérée. Tout cela n'empêche nullement
que le corps humain , ou plutôt la forme
substantielle de l'homme, ne soit un type
universel de toutes les nuances possibles
de vie et de valeur morale : au point que
si dans le Ciel les diverses sociétés d'anges ,
correspondantes à ces nuances, sont arran
gées selon un certain ordre, ce qui paraît
hors de doute , elles ne le sont encore que
d'après ce même type : idée qui a pu donner
lieu à celui des apôtres qui connaissait le
mieux la langue de la nature (probablement
parce qu'il avait subi plus souvent ou à un
plus haut degré la crise extatique), à dire
que pierres vivantes , ou maison spiri
tuelle, nous sommes tous destinés àfor
mer le corps {ou le temple ) de JÉSUS-
CHRIST dans les cieux.
= Cent passages de saint Paul prouvent que
les images de la Langue de la nature , vues
par lui dans ses extases, avaient passé dans
LE VRAI MESSIE. 4ii
son langage ordinaire. On n'a qu'à lire le
chapitre m de la première Épître aux Corin?
thiens,pours'en convaincre :Manger, Boire,
Lait, Viande, Édifice, Or, Argent, Pierres
précieuses , Bois, Foin, Chaume, etc.,
sont autant de mots de la Langue de la na
ture. A savoir jusqu'à quel point il était utile
anciennementque Paulconnût cetteLangue,
ce ne sera point nous qui le déterminerons.
Mais ce qu'il y a de certain , c'est qu'il était
bien éloigné de la connaître parfaitement ,
puisque cette connaissance devait, à la fin
des temps ,faire descendre la nouvelle Jé
rusalem sur la terre.
On voit, en second lieu , par la parabole
citée, que la faute de notre dégradation
n'est nullement la faute de Dieu, mais bien
celle de l'homme insouciant dans l'affaire
de son salut, et celle de l'enfer, ou de la so
ciété des Méchans, transformés en hommes-
esprits, qui le portent incessamment au mal,
en quoi ils font consister leur vie et leur
bonheur. L'enfer est encore une fois per
sonnifié en cet endroit, comme le génie de
la Langue de la nature l'exigeait. Le Mal
moral se présente toujours dans le monde
18.
4l2 LE VRAI MESSIE.
métaphysique et substantiel, comme Ven
nemi de Dieu et des hommes; de même
que la Bonté éternelle se montre toujours
comme VAmi de tous.
On voit, en troisième lieu, par la même
parabole, la raison philosophique du pro
fond degré de corruption où Dieu peut
laisser tomber les sociétés intelligentes avant
de venir personnellement à leur secours;
aussi bien que la raison philosophique de la
lenteur avec laquelle se fait la réhabilitation
des êtres déchus : réhabilitation qui ne peut
être amenée que par progrès insensibles ,
de la même manière que la dégradation avait
eu lieu. Tant que le bien et le mal se trou
vent mêlés, et que le bien souffrirait -de
l'entière suppression du mal , Dieu peut
et doit attendre. Aussi long -temps qu'un
homme égaré peut revenir au bien par lui-
même, et sans un secours extraordinaire
de la part du CRÉATEUR, il est bon qu'il
demeure abandonné à sa proprelîberté : car
s'il revient , il sefait une plus grande joie
dans le Ciel que n'en occasionne la per
sévérance de quatre-vingt-dix-neufjustes.
Une pareille disposition est , sous' tous les
LE VRAI MESSIE. 4*3
rapports , la plus admirable qui puisse être
offerte aux méditations de l'Esprit humain ;
et cette déclaration : Celui à qui on a
pardonné beaucoup 3 aime davantage ,
serait le mot le plus philosophique que l'on
ait jamais prononcé, s'il n'était divin; parce
qu'il explique Vorigine du mal mieux que
tous les raisonnemens humains n'avaient pu
-faire (i).
Mais ce qui est dit ici d'un individu/ il
faut le dire également des masses , lesquelles
ne sont que des unités collectives, surtout
dans le plan de Vunité éternelle. Dieu rie
peut ni ne doit entreprendre lui-même
l'œuvre de la régénération d'une société dé
gradée, que du moment où il est devenu
impossible à cette dernière de se relever
par ses propresforces, ou par les moyens
(i) Le passage le plus attendrissant de tout le poème
de la mort d'Abel, est celui où Caïn est représenté
ébranlé un moment par les remontrances de son père,
et prêt à rentrer en lui-même : or, c'est là le spectacle
qu'offrent tous les pécheurs revenant à de meilleurs
sentimens ; pourquoi donc eût-il fallu tarir, dans la
«création, cette source de la joie la plus pure pos
sible ?
4 i 4 ,E VRAi MESSIE.
ordinaires. Mais aussi, dans cetle circons
tance, Dieu s'est-il réservé d'entrer lui-
même comme partie active dans le système
des êtres créés, afin de ne point leur rester
étranger, et surtout afin de ne point rester
responsable de leurs souffrances ; car le
Dieu du Calvaire^ comme nous l'avons dit ,
a seul le droit d'engager les hommes à la
patience dans les maux qui les accablent.
Quant au temps et au lieu où le secours
extraordinaire doit être accordé, Dieu seul
en est le juge. Mille mesures partielles peu
vent avoir été prises depuis une éternité ,
pour relever mille mondes déchus, jusqu'à
ce que , dans la plénitude des temps , sera
arrivée lagrande époque del'Incarnation^
destinée à maintenir efficacement la ba
lance éternelle des êtres moraux , lorsque
leur universalité aura menacé de succomber :
époque unique qui partage en quelque
sorte l'éternité en deux éternités, celle qui
précéda l'Incarnation , et celle qui la suit.
Jusqu'au temps de JÉSUS-CHRIST, ou de
JÉHOVAH INCARNÉ, l'univers moral^ow-
vait se dégrader : depuis cette époque , il
peut se relever. Et le débordement universel
LE VRAI MESSIE. ^l5
de tous les esprits ennemis du bien ne
cessera que par degré , comme il arriva du
temps de Noé , lorsque les eaux du déluge ,
emblème de l'inondation de tous les maux
selon David, se retirèrent peu à peu de toute
la surface de la terre.
On voit enfin par la même parabole, pour
ne point prolonger ces remarques sans fin ,
que le temps de la moisson ne saurait être
la fin du monde matériel , comme l'a ima
giné la faiblesse de ces prétendus penseurs
qui ont cru que Dieu finirait par ne plus *
avoir de place au Ciel ; mais qu'zm Juge
ment dernier n'est jamais que la fin d'une
Église, quand elle est remplacée par une
autre. Après une moisson , le PÈRE DE
FAMILLE en prépare toujours une autre.
Il s'était fait une moisson au temps de
JÉSUS-CHRIST, quand il disait que les
campagnes blanchissaient , et invitait ses
apôtres au travail. Le jugement dernier
eut lieu alors au moment que le SEI
GNEUR dit : C'est maintenant le Juge
ment du monde, c'est maintenant que le
Prince de ce monde est mis dehors. Une
nouvelle moisson et un nouveau Jugement
4l6 LE VRAI MESSIE.
dernier devaient avoir lieu, quand l'Église
chrétienne devait être gâtée elle-même au
point que le FILS DE L'HOMME arrivant
n'y trouverait plus defoi, et serait obligé
par conséquent de la renouveler entière
ment. L'éternel Semeur moissonne aussi
éternellement : c'est là l'occupation de ses
anges, dont la joie suprême est d'assembler
incessamment tous les en/ans de Dieu ,
des bouts delà terre aux bouts des cieux,
et de les incorporer à leurs sociétés heu-
' reuses. C'est là l'unique cause d'éternelles
relations parmi les êtres. Et où en serait le
Ciel avec ses habitans, si Dieu n'y créait
plus rien de nouveau ? Frappé au cœur,
il cesserait de vivre à mesure qu'il cesserait
d'agir. La fin du monde , telle qu'on l'en
tend d'ordinaire, ne serait en effet que la
fin de toutes choses.
Alors JÉSUS ayant appelé ses disciples ,
leur dit : Je suis ému de compassion en
vers cette multitude de gens ; car ily a
trois Jours qu'ils ne bougent d'avec moi^
et ils n'ont rien à manger; si je les ren
voie à jeun, lesforces leur manqueront en
chemin (Saint Matth. , Xi. 3a).
LE VfcÀI MESSIE. 4l^
Quelle bonté touchante de la part du
SEIGNEUR dans cette circonstance ! Et de
combien toutes ses démarches ne devien
nent-elles pas plus touchantes encore, quand
on pense qu'il était, non un Envoyé person
nellement distinct du Père céleste , mais
JÉHOVAH, le CRÉATEUR lui-même, vi
sitant notre humble retraite, et entrant
dans tous les détails de nos besoins et de
nos misères ? Quel attrait irrésistible ne de- '
vaient point avoir, d'un autre côté, ses dis
cours et ses instructions, pour faire ainsi ou
blier à unepopulace grossière jusqu'au besoin
de manger ! Où sont les philosophes, où
sont les sages, ayant quelquefois une si pe
tite idée du SAUVEUR DU MONDE , et
une si haute idée d'eux-mêmes , qui puis
sent montrer quelque chose d'approchant?
Et ces prédicateurs modernes qui, avec tous
les charmes de ce qu'ils appellent de l'élo
quence, ont tant de peine à réunir un audi
toire, que doivent-ils penser de leur manière
d'annoncer l'Evangile Y
Et six jours après , JÉSUS prit Pierre
et Jacques et Jean sonfrère , et les mena
<i l'écart sur une haute montagne; et il
18..
4l8 t,E VRAI MESSIE.
fut transfiguré en leur présence, et son
visage resplendit comme le soleil, et ses
vêtemens devinrent blancs comme de la
lumière ( saint Matthieu, xvi, i, 2 ).
Nous avons déja vu que le soleil était le
véritable emblème de la Divinité, comme
présidant à la nature : il l'est comme astre
unique dans le firmament, donnant la vie ,
à la fois, à l'homme et au vermisseau, au
cèdre et au brin d'herbe; il l'est par sa pré
sence à chaque homme en particulier, qui
en jouit tout entier, et qu'il poursuit de ses
bienfaits,selon l'expression duRoi-prophête;
il est enfin par la distinction de sa cha
leur et de sa lumière, qui correspondent
exactement à l'AMOUR ou au PÈRE, et à la
VÉRITÉ ou au FILS. La Divinité ne pou
vait donc se montrer sous desemblèmes plus
vrais et plus caractéristiques qu'elle ne s'est
montrée sur le Thabor. Son visage res
plendit comme le soleil, et ses vêtemens -
devinrent blancs comme la lumière. Les
apôtres eux-mêmes, et le lieu de la scène,
étaient des emblèmes dans ce moment :
Pierre représentait ta/tu, Jacques l'amour,
et Jean la réunion des deux ou les bonnes
y' "v. .
le vrai Messie. 4'9
œuvres; comme on peut le voir, en exami
nant avec attention les autres endroits de
î'Évangile où JÉSUS-CHRIST est dit avoir
pris avec lui particulièrement ces trois
mêmes apôtres, la résurrection de la fille de
Jaïrus, l'agonie dans le jardindes Oliviers....
Quant à la montagne du Thabor, elle
montrait l'élévation vers Dieu , l'amour de
Dieu ou l'Église céleste.
Nous avons également déjà remarqué que
la voix qui se fit entendre alors, n'était que
celle du MOI UNIVERSEL conversant avec
le MOI INDIVIDUEL en CHRIST, quoique
le PÈRE et le FILS ne fussent réellement
que le même JÉHOVAH. Dans des temps
plus barbares encore que ceux du MESSIE ,
quand une loi de crainte fut d'abord publiée
parmi les hommes corrompus, comme moyen
préparatoire à la loi de Vamour , une voix
semblable s'était fait entendre; mais elle
avait parlé du milieu de nuages sombres ,
recelant la foudre et inspirant une terreur
salutaire. On peut conjecturer, par consé
quent, que les nuages interposés entre le
CRÉATEUR et ses créatures, sont l'emblème
du plus ou moins d'empressement avec
420 LE VRAI MESSIE.
lequel celles-ci reçoivent les lois de sort
amour, et cherchent par elles à dissiper les
ténèbres de leur ignorance. La parole ou
le livréde la loi, vraie colonne du désert,
dont un côté est lumineux , l'autre obscur,
est donc aussi ce nuage dont Dieu s'est en
touré, et qui voile plus ou moins la Divi
nité à nos regards , selon que nous nous
rendons plus ou moins indignes de la voir.
Les Juifs charnels ne l'apercevaient qu'au
travers de la tempête , comme un être for
midable, dont le seul son de voix pouvait
donner la mort (i); ils ne comprenaient
que la lettre de la Bible, et ils demandaient
un Messie conquérant. La nouvelle loi ne
s'interpose plus entre Dieu et ses adorateurs,
plus disposés à un amour filial, que comme
une nuée blanche au travers de laquelle on
distingue déjà la place du trône étincelant,
et qui promet de laisser voir incessamment
CEL\]\ quiy est assis , l'Époux universel
(i) « Nil praeter nubes et coeli numen adorant, » di
sait-on anciennement des Juifs; ce qui toutefois était
encore un éloge , en prouvant que l'idolâtrie était de
venue universelle chez toutes les autres nations.
LE VRAI MESSIE. /['2i
de toutes les sociétés célestes, qui s'avance
comme un soleil radieux pourfoui*tùr sa
course. En lisant l'Évangile avec attention ,
chacun pourra aujourd'hui entendre une
voix qui lui dit : JÉSUS-CHRIST EST JÉ-
HOVAH INCARNÉ, l'unjque CRÉATEUR
DU CIEL ET DE LA TERRE, LE DIEUD'AMOUR,
AUSSI BIEN QUE DE VÉRITÉ : NE LE MÉCON
NAIS pas ! Il a plu à I'agneau de briser enfin
les sept sceaux du livre de vie, et d'en ou
vrir le sens, riche comme la nature tout
entière, dans chaque ligne, dans chaque
mot, et dans chaque virgule. Et quand
les clartés du code sacré, perçant de
tous côtés nos ténèbres, auront fait dé
couvrir généralement son DIVIN AU
TEUR sous son vrai jour , tout l'univers
aura vu le FILS DE L'HOMME venant
DANS LES NUÉES DU CIEL AVEC UNE GRANDE
PUISSANCE ET UNE GRANDE MAJESTÉ. Oui ,
n'en doutons pas, c'est là le second avène
ment: il n'en faut plus aitendre d'autre. Le
FILS DE L'HOMME et le VERBE, la PA
ROLE et l'ÉVANGILE, sont synonymes.
La NOUVELLE JÉRUSALEM n'est que la
VÉRITÉ entièrement DÉVOILÉE: elle
423 LE VRAI MESSIE.
est descendue sur la terre; et JÉSUS-
CHRIST A DÉJÀ PARU !
Et Jésus répondant dit : O race incré
dule et perverse, jusqu'à quand serai-je
avec vous ? Jusqu'à quand vous supporte-
rai-je?Amenez-moi l'enfant.Et ayant cen
suréfortement le démon , il sortit à l'heure
même; et Venfant fut guéri (Saint Mat
thieu, xvu, i7 ).
Ces paroles de JÉSUS - CHRIST à ses
apôtres n'indiquent point un mouvement
d'impatience de sa part, mais bien un désir
ardent de leur voir faire des progrès plus
rapides dans la perfection morale, qui seule
donne une puissance capable de commander
en maître aux esprits dégradés. Dans ce
monde où tant de myriades d'êtres agissent
les uns sur les autres, c'est la volonté la
plusfortement arméepar lafoi et Vamour,
qui maîtrise toutes les autres," parce que
Dieu lui-même lui prête saforce. Et c'est
pour nous armer d'un pareil bouclier que le
DIEU-HOMME a paru sur la terre. Tant, par
conséquent, que nous restons faibles et dé-
fians, c'est lui qui est obligé de nous sup
porter, c'est lui qui en souffre. Sivous aviez
LE VRVl MESSIE. 4'-^
de lafoi comme un grain de sable , avait
dit ailleurs JÉSUS-CHRIST à 'ses apôtres ,
vous diriez à cette montagne de se jeter
dans la mer, et ellevous obéirait. Legrain
de sable était alors pris par lui en bonne
part, comme provenant de la pierre; et
montagne signifiait l'orgueil ou une société
orgueilleuse; la me/-, les vérités naturelles
ou une société qui est dans ces vérités : ce
qui rend ce passage très-intelligible. Dans
le texte cité, c'étaient des êtres réels qui
avaient pris possession de toutes les facultés
morales et spirituelles, et même par- là,
du corps d'un individu vivant, auquel
il s'agissait de commander : œuvre réelle
ment plus difficile que de transporter des
montagnes. Et les apôtres n'avaient acquis
encore alors ni assez d'amour , ni assez de
confiancerfouv agir avec une telle efficacité;
ce n'est que plus tard qu'ils devaient par
venir à tout pouvoir dans celuiijui lesfor
tifiait. Il y a des variétés infinies dans le
degré de perversité des esprits dégradés,
Ceux qui s'étaient attachés à cet enfant, ne
pouvaient être maîtrisés que moyennant le
jeûnét et la prière. Jeûne veut dire ici
4a4 LE VRAI MESSIE.
renoncement entier auxpassions et à ta
volonté propre; et prière veut dire force
eh Dieu et par Dieu. Nous avons montré
plus haut que rien n'était plus simple ni
plus croyable que lefait des possessions ^
quand on réfléchit sérieusement à la nature
de l'homme, à son union indispensable avec
l'universalité des êtres, et à cette liberté
dont il conservera éternellement le germe,
quelle que soit sa conduite. Mais quant aux
lois particulières d'après lesquelles ces
sortes de rapports entre le monde spirituel
et le monde naturel s'établissent et se dissol
vent , elles seront toujours un mystère pour
les hommes mortels. Une chose seulement
est sûre , c'est que plus nous serons sembla
bles à Dieu,plus nous participerons à sa
puissance pour refouler dans les enfers
tous les genres de maux.
Malheur au monde à cause des scan
dales ! car il est nécessaire qu'il arrive des
scandales ; toutefois , malheur à l'homme
par qui les scandales arrivent! (Saint
Matlh. , xvin, 7).
Comment les scandales pourraient-ils être
nécessaires, autrement, que dans le système
LÉ VRAI MESSIE. 42^
d'une influence exercée sur le genre humain
par Venfer? Mais cette influence une fois
admise, on conçoit clairement comment les
scandales peuvent devenir inévitables. Mal
heur cependant, dit le SAUVEUR, à
Vhomme par qui ils arrivent : parce que
l'homme a tort de se laisser ainsi aller à ser
vir d'instrument à la perversité infernale. Le
mal moral ne devient réellement nôtre que
quand nous nous l'attribuons; de même
que le bien ne devient nôtre que quand
Dieu nous l'attribue.
Et il leur répondit : N'avez-vous point
lu que CELUI qui les a faits dès le com
mencement, fit un homme et unefemme ,
et qu'il dit : A cause décela l'homme quit
tera son père et sa mère, et se joindra à
sa femme, et les deux ne seront qu'une
seule chair : ce donc que Dieu a joint,
que l'homme ne le sépare point. (Saint
Matth.,xix, 4)-
La sainteté du mariage vient de ce que
Vhomme est l'emblème de la vérité divine, la
femme l'emblème du divin amour, et leur
union l'emblème de l'union éternelle de
Vun et de Vautre dans JÉHOVAH. Toute
426 LE V&AI MESSIE.
la création n'est qu'une combinaison inv*
mense d'amour et de vérité, et le plan de
Dieu est partout uniforme. Ehomme et la
femme forment sans contredit le premier et
le plus noble nœud de cette combinaison.
Dieu est l'Etre unique, et il se suffit à lui-
même. Pour l'homme, créature faible, il
ne lui est pas bon d'être seul. De même
que pour JEHOVAH il n'y a qu'uNE éter
nité, pour l'homme deux, de même ce
dernier doit être double dans sa nature
pour être heureux. Il correspondra à la
fois aux deux perfections primitives que
l'esprit créé découvre dans son CRÉATEUR,
savoir, h. l'amour et à la sagesse : il sera, en
un mot , mâle etfemelle. Le mari recevra
éternellement l'influence de la bonté de
Dieu, mais il la recevra par lafemme. La
femme recevra éternellement l'influence de
la sagesse de Dieu; mais elle la recevra par
le mari; et ils s'avanceront ainsi, de siècle
en siècle, dans les voies de la perfection et
du bonheur, sans jamais atteindre ni éga
ler CELUI qui s'est proposé pour "leur éter
nel modèle. Tel est le premier nœud de ces
liens innombrables, destinés à former parmi
LE VRAI MESSIE. 427
lés êtres d'éternelles relations d'amour
et de reconnaissance ; et le bonheur su
prême et sansfin des créatures n'est point
concevable d'une autre façon.
Est-il nécessaire, après cela, de longs
raisonnemens pour démontrer l'absurdité
du célibat tel que , dans des temps d'igno
rance et de barbarie, on l'a introduit parmi
les Chrétiens, au risque de donner naissance,
par-là, à tout ce que l'ordre des choses
possibles peut offrir de plus monstrueux et
de plus exécrable?—A des enfans de Dieu ,
qui seront à la fois débauchés, assassins,
et...PRÊTRES?—Et le célibat n'est-il pas dia
métralement opposé à tout ce qui est con
venable , honnête, bon , juste , saint ?— 0
Dieu ! faudra-t-il , au dix-neuvieme siècle ,
faire signer par... un Mingrat... un Reim-
baùer.... une pétition capable de décider nos
pontifes et nos législateurs au rappel d'une
pareille loi ?—Quand l'Écriture dit : Vous ne
séparerez pas ce que Dieu a uni, c'est de
l'homme et de la femme en général, du
mâle et de la femelle en général, et , par
suite, du moine comme de la cénobite, du
prêtre comme de la religieuse, qu'elle en-
42^ Lfe VRAI MESSIE.
tend parler, plutôt que de ces prétendues
unions faites souvent par les convenances
et un prêtre , et dans lesquelles DIEU, la
vertu et le vrai bonheur des époux n'y ont
été pour rien : vraie caricature de la
sainte etprimitive institution de la nature.
On croit communément que le ma
riage n'a plus lieu dans l'autre vie, et que la
diversité des sexes s'efface entièrement. On
se trompe. Ce que l'union de l'homme et de
la femme a de grossier sur la terre, doit
sans doute disparaître; mais le mariage véri
table, ce lien sacré des cœurs et des âmes,
qui fait véritablement le bonheur de deux
êtres créés l'un pour l'autre, et dont nous
n'avons plus, en général , une idée assez
claire dans les temps de corruption où nous
vivons, doit toujours subsister : ce que
Dieu ajoint étant joint àjamais. S'il est
dit quelque part que dans le ciel on ne se
marie pas, cela ne s'enlend que des unions
telles qu'elles se font sur la terre, quand
tout est consulté, excepté DIEU et le bon
heur des hommes. Et s'il est dit que les
hommes sont dans le ciel comme les anges
de Dieu, cela signifie simplement que Va-
' LE VRAI MESSIE. 429
rnour véritable suffira alors toutseulpour
unir éternellement ceux qui , vraies par
ties d'un tout, auront été créés les uns
pour les autres (i).
, Or, quand les premiers furent venus ,
ils croyaient recevoir davantage; mais
ils reçurent aussi chacun un denier. Et
l'ayant reçu, ils murmurèrent contre I0
père defamille , en disant : Ces derniers
n'ont travaillé qu'une heure, et tu les as
faits égaux à nous qui avons porté le
poids du jour et de la chaleur. Et il ré
pondit à l'un d'eux, et lui dit : Mon ami,
je ne tefais point de tort : n'as-tupas ac-
(1) Il est inutile de remarquer que cela n'empêche
pas que les globes matériels ne soient les seuls sémi
naires des cieux. Il faut que l'homme naisse deux
fois. Sur les globes , il naît selon la chair; et dans le
inonde universel, il naît selon l'esprit. On n'est point
homme par cela seul qu'on a des bras et des jambes ;
on n'est homme que par le désir du bien et la connais
sance du vrai. Dans le monde spirituel, on ne paraît
même sous une forme humaine qu'autant que l'on
connaît le SEIGNEUR, qui est l'unique source de toute
vie. Et donner naissance à de ces enfans spirituels (pie
le monde n'est point digne de voir, est la plus douce
jouissance des anges.
43o LE VRAI MESSIE.
cordé avec moi à un denier? prends ce
qui est à toi et t'en vas. Sije veux donner
à ce dernier autant qu'à toi, ne m?est-il
pas permis défaire ce que je veux de mes
biens ? Ton œil doit-il être méchant , de ce
que\fe suis bon? (Saint Matthieu, xx, du
v. i0 au i5°").
De même que le PERE et le FILS sont
UN dans l'essence divine, de même les élus
seront un jour tous consommés dans l'uni
té. JÉSUS-CHRIST est dans le PÈRE, et le
PÈRE est en LUI ; et nous aussi , nous se
rons un jour plongés tout entiers dans cet
océan d'amour et de félicité. Seulement,
notre individualité nous restera, tandis que
le MOI de JÉSUS-CHRIST est le MOI per
sonnel de JÉHOVAH. Et n'était-il point ab
solument nécessaire que le CRÉATEUR
suivît un pareil plan , en établissant une so
ciété éternelle, infinie, et heureuse àja
mais! Serait-il bon, même en supposant que
cela serait possible, qu'il y eût plusieurs
JÉHOVAH; que d'autres êtres que LUI
fussent quelque chose par eux-mêmes ou
en eux-mêmes; que d'autres que lui fus
sent la source originaire de tout amour
LE VRAI MESSIE. • fôl
et de tout bonheur? Ne 3uffit-il pas à une
créature quelconque de sesentir heureuse;
que ce soit elle qui agisse, ou que ce soit
DIEU qui agisse en elle? Non, il ne peut
ni ne doit y avoir qu'un seul JÉHOVAH,
qui sera tout en tous ; et tout le ciel
doit lui être soumis comme un seul homme.
Voyez ce qui se passe sur la terre, où les
hommes ne veulent pas être en DIEU. Lfen-
fer a-t-il des couleurs plus sombres que ces
scènes horribles que vous remarquez quel
quefois sur le théâtre du monde? Si DIEU,
dans la vie future, né réunissait tous les
cœurs et toutes les facultés dans l'uni
que nœudde son amour, une seulevolonté
non divine détruirait l'éternelle harmonie.
En entrant sans réserve dans les vues de
L'AMOUR ÉTERNEL, nous pouvons de
venir des dieux en Dieu, tandis quesi nous
voulions avoir la vie en propre, nous n'au
rions jamais pu être favorisés à ce point.
De plus , dans le plan adopté par le, CRÉA
TEUR, il peut admettre dans l'éternelle so
ciété une variété d'êtres à l'infini, sans
exciter par-là aucune jalousie, et sans pou
voir être accusé par aucun d'entre eux de
432 LE VRAI MESSIE.
faire acception des personnes. Tous ses
dons lui restant en propre, un être moins
parfait en verra un autre plus parfait,
comme il voit DIEU lui-même; et aucun
ne se permettra de murmurer, comme fi
rent les serviteurs du père de famille de la
parabole dont nous venons de rapporter les
derniers versets :au contraire, chacun sera
heureux du bonheur de tous ses voisins. O
ciel! comme cet Évangile si peu connu est
toujours profond, philosophique, admirable,
divin, dans les petites choses comme dans
les grandes!
Alors JÉSUS parla aux troupes et à
ses disciples, en disant : Les Scribes et
les Pharisiens sont assis sur la chaire de
Moïse; toutes les choses donc qu'ils vous
disent d'observer^observez-les, et lesfaites,
mais non point leurs œuvres , parce qu'ils
disent et ne font pas; car ils lient en
semble des fardeaux pesans et insuppor
tables , et les mettent sur les épaules des
hommes ; mais ils ne veulent point les re
muer de leur doigt. Et ils font toutes
leurs œuvres pour être regardés des
hommes : ils portent de larges phylactères
LE VRAI MESSIE. 4^3
et de longuesfranges à leurs vêtemens.
Ils aiment les premières places dans les
festins , et les premiers sièges dans les sy
nagogues ; et les salutations au marché ,
et d'être appelés des hommes, notre Maître,
notre Maître. Mais , pour vous , ne soyez
point appelés notre Maître; car CHRIST
seul est votre Maître. Pour vous, vous
êtes tous Frères. Et n'appelez personne
sur la terre votre Père ; car un seul est
votre PERE, lequel est dans les cieux. Ne
soyez pas non plus appelés Docteurs : car
CHRIST seul est votre Docteur. Que celui
qui est le plus grand entre vous soit votre
serviteur; car quiconque s'abaissera sera
élevé. Mais malheur à vous , Scribes et
Pharisiens hypocrites , * qui fermez le
royaume descieux aux hommes! carvous-
mémes n'y entrez pas, et vous ne souffrez
point que ceux qui désirent y entrer y
entrent. Malheur à vous , Scribes et Pha
risiens hypocrites, qui dévorez la maison
des veuves, même sous le prétexte défaire
de longues prières ! c'est pourquoi .vous
en recevrez une plus grande condamna
tion. Malheur à vous , Scribes et Phari
•9
434 IE VRAI MESSIE.
siens hypocrites , qui courez la mer et la
terre pour faire un prosélyte , et apres
qu'il l'est devenu, vous le rendez Fils de
la géhenne deuxfois plus que vous ! Mal
heur à vous , Scribes et Pharisiens hypo
crites , qui payez la dîme de la menthe ,
de l'anet et du cumin, et qui laissez les
choses les plus importantes de la Loi^ la
justice , la fidélité et la miséricorde ! Il
fallait faire ces choses , et ne point
omettre celles-là. Conducteurs aveugles ,
vous coulez le moucheron et vous englou
tissez le chameaux. Malheur à vous,
Scribes et Pharisiens aveugles , car vous
êtes semblables aux sépulcres blanchis ,
qui paraissent beaux par dehors , mais
qui au dedant sont pleins d'ossemens
de morts et de toutes sortes d'ordures !
Vous paraissez justes par dehors aux
hommes ; mais au dedans vous êtes
pleins d'hypocrisie et d'iniquité. Malheur
à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites!
car vous bâtissez les tombeaux des pro
phêtes , et vous réparez les sépulcres des
justes : et vous dites : Si nous avions été
du temps de nos pères, nous n'aurions
LE VRAI MESSIE. 4^5
pas participé avec eux au meurtre des
prophêtes. Ainsi vous êtes témoins contre
vous-mêmes que vous êtes les enfans de
ceux qui ont fait mourir les prophêtes ;
vous achevez de remplir la mesure de
vos pères. Serpens et race de vipères ,
comment échapperez-vous au supplice de
la géhenne (Saint Matthieu , xxm , presque
en entier)? - .
Ceux qui prétendraient que l'Église chré
tienne n'a pas pu se corrompre entièrement,
devraient soutenir que l'Eglise israélite ne
le pouvait pas non plus : car elle était aussi
l'œuvre de DIEU (i). JÉSUS-CHRIST an
nonçait formellement la corruption future
et complète de l'Église qu'il fondait, en dé
clarant que dans les derniers temps il n'y
aurait plus ni foi ni charité : vertus sans
lesquelles toute Église n'est qu'un cadavre
infect. Il ne faut donc pas nous étonner
de voir une si grande ressemblance entre le
Clergé du siècle dernier et celui qui est ici
si fortement censuré par le SEIGNEUR ; et
(i) Dans le système d'une infaillibilité quelconque,
la foi n'eût jamais pu se perdre , ce qui pourtant est
contraire à l'Évangile.
J9-
436 LE VRAI MESSIE.
aux mêmes caractères il nous faut recon
naître la même corruption de notre Église et
sa fin. Hélas! les temps modernes ne présen
taient-ils pas mêmeun caractère pluseffrayant
que ceux qui contristèrent JESUS-CHRTST ?
Pouvait-on dire encore, avec vérité, dans
ces derniers temps , en parlant de ceux qui se
donnaient pour les successeurs des apôtres,
ce que JÉSUS-CHRIST disait des prêtres
Juifs, qu'il fallait suivre leurs leçons et
non leurs exemples ? La doctrine elle-même
ne s'était-elle pas corrompue de mille ma
nières dans leur bouche? Et n'eût-on pas
été sacrilège par cela seul que l'on eût goûté
leurs doctrines ? Nos prêtres du dernier
siècle n'avaient -ils pas rejeté tout le far-
c deau de l'Etat sur les épaules du pauvre
ouvrier et du laboureur patient , englou
tissant eux-mêmes toutes les richesses, sans
vouloir contribuer aux charges publiques
pour une obole? Le Luxe, la Mollesse n'é
taient-ils pas devenus leur partage? Leurs
corporations immenses, et prétendues reli
gieuses, ne dévoraient-elles pas la substance
de la veuve et de l'orphelin, sous prétexte
de longues prières? Ne voulaient -ils pas
LE VRAI MESSIE. 4%
avoir les premières places partout où ils
so présentaient , dans VÉglise comme dans
VEtat? Ne s'étaient-ils point fait appeler
Docteurs ? Ne s'étaient-ils point fait appeler
Pères? N'avaient-ils point eu l'impiété d'u
surper le titre sacré du SEIGNEUR lui-
même, trouvant celui de Maître trop insi
gnifiant? De toutes leurs corporations, la
plus fameuse, la plus orgueilleuse et la
plus intrigante, pour laquelle le nom de
Chrétien n'était plus une assez grande dis
tinction, n'avait-elle point pris le nom sacré
de Jésus, et ne l'a-t-elle point porté comme
si elle ne l'eût pris que dans l'unique inten
tion de le rendre odieux? Leurs chefs ro
mains n'avaient- ils point poussé l'audace
jusqu'à s'intituler Saintetés, faisant d'autres
saints à volonté, se faisant baiser la pous
sière des pieds, allant jusqu'à se faire ado
rer par une cérémonie sacrilège appelée
adoration du Pape ? Quelle étrange espèce
d'apôtres, juste ciel ! Et que leur manquait-
il donc, après avoir ainsi usurpé tous les
droits divins, en mettant leurs décisions
au-dessus de l'Évangile, que le titre même
de Dieu? Mais arrêtons-nous, et ne pous
438 LE VRAI MESSIE.
sons pas plus loin un parallèle terrible qui
a frappé suffisamment tous les yeux.
JÉSUS-CHRIST se déclare ici notre SEUL
MAITRE, notre SEUL SEIGNEUR , notre
SEUL DOCTEUR, notre SEUL PÈRE. Et
en cela il n'usurpe rien; car le PERE qui
est aux cieux était en LUI, et il était
lui-même au Ciel et dans /ePERE, tout
en étant FILS DE L'HOMME sur la terre.
Pour nous, c'est-à-dire pour tous les êtres
créés , nous sommes tousfreres. Le plus ou
le moins de chanté et d'amour fait seul une
différence parmi les hommes. Et aucune
autre ambition n'est permise parmi eux, si
ce n'est que les pj*emiers pourront désirer
d'être les derniers.
Mais, ô ciel! pouvons-nous le dire? n'est-
ce point un blasphème? Ce JÉSUS lui-même,
que nous avons reconnu être le CRÉATEUR
du Ciel et de la terre , ce JÉSUS lui-même,
élevé par la nature de son Etre au-dessus
de toutes les créatures, n'est-il pas encore
notre FRÈRE? Ah! oui, cette vérité, vrai
mystère d'amour, n'en est pas moins une
vérité. L'Ecriture nous le dit : II n'a pas
craint de les appeler ses frères. Notre
LE^VRAl MESSIE, 43g
CREATEUR est notre frère et notre ami;
et le respect seul nous empêche de lui don
ner des noms si doux à notre tour. Au lieu de
cela, nous l'appelons PÈRE, nom qui ne
respire ni moins d'intimité, ni moins de
tendresse. Oui, encore une fois , notre
CREATEUR est notre frère et notre ami ;
et c'est de LUI que nous devons apprendre
la douceur et Vhumilité. — Oh ! avec
quelle bonté, quelle simplicité touchante ce
CREATEUR incompréhensible ne doit-il
pas traiter les fortunés habitans des deux,
à en juger par sa condescendance pour les
Apôtres et pour les petits en fans qui se pres
saient autour de LUI sur la terre!
La dégradation héréditaire et graduelle
du genre humain pourrait se prouver par
la réflexion que fait ici JÉSUS-CHRIST aux
Scribes et aux Pharisiens, d'être les en/ans
de ceux qui ont tué les Prophètes; dégrada
lion toutefois qui ne leur eût point été im
putée, s'ils n'avaient point rempli eux-
mêmes la mesure de leurs pères. Mais une
telle digression nous mènerait trop loin, et
cette vérité est assez prouvée par le fait.
Quelques écrivains ont voulu voir de la
44<> LE VRAI MESSIE.
dureté dans l'accusation d'hypocrisie si sou
vent répétée contre les Pharisiens; mais en
examinant tout le passage avec impartialité,
on n'y voit tout du long que la plus exacte
vérité, et le désir le plus ardent de montrer
, à ces infortunés le mal qui les consumait,
et dont ils ne s'apercevaient pas eux-mêmes.
JÉSUS-CHRIST était la VÉRITÉ; il devait
donc la dire1 la vérité; il devait la dire
tout entière, et sans aucuns ménagcmen shu-
mains. Ce n'était point, du reste, exclusive
ment aux individus vivant de son temps, que
le DIEU RÉDEMPTEUR s'adressait quand
il leur reprochait leur hypocrisie : c'est nous
qui sommes les vrais Pharisiens $ c'est nous
qui sommes les hypocrites véritables.
Si JÉSUS -CHRIST était la VÉRITÉ
MÊME, il était aussi l'AMOUR MÊME; et
on va voir si cet amour a su percer, à son
tour, dans les dernières paroles qui termi
nent tous ces reproches. .
Voici, je vous envoie des Prophêtes ,
et des Sages, et des Scribes; vous en tue
rez , vous en crucifierez , vous enfouette
rez dans vos synagogues , et vous les per
sécuterez de ville en ville , afin que vienne
k
LE VRAI MESSIE. fâl
Sur vous tout le sang juste qui a été ré
pandu sur la terre , depuis le sang d'Abel
le juste, jusqu'au sang de Zacharie,fils
de Barachie , que vous avez tué entre le
temple et l'autel. En vérité , je vous dis
que toutes ces choses viendront sur cette
génération. Jérusalem , Jérusalem ! qui
tue les Prophêtes , et qui lapide ceux
qui te sont envoyés, combien de fois ai-je
voulu rassembler tes enfans, comme la
poule rassemble ses poussins sous ses
AILES, ET TU NE l'as POINT VOULU ! Voici ,
votre maison va devenir déserte; carje
vous disque désormais vous ne me verrez
plus jusqrfà ce que vous disiez : Béni soit
CELUI qui vient au NOM du SEIGNEUR
(Saint Matth., le reste du chapitre xxm)!
Les paroles touchantes que le SAUVEUR
adresse ici aux Juifs , il les adresse à chaque
homme en particulier. Hommes égarés,
nous dit-il à tous , combien defois vous ai-
je appelés au repentir? combien de fois
aije voulu vous réformer , vous créer de
nouveau, pour votre propre bien , pour
votre propre bonheur?Et... vous ne l'avez
point voulu!! Ces mêmes paroles, il lesa éga
19..
442 LE VRAI MESSIE.
lement adressées, et depuis long-temps, à l'É
glise chrétienne tout entière, à cette Eglise,
à cette société chérie, qu'il s'était acquise
au prix de tout son sang. Avec quelle ar
deur, ô Ciel! il eût désiré qu'elle fût de-
meuréefidèle et chaste! avec quelle ardeur
il eût désiré qu'après ses égaremens , du
moins, elle fût retournée à lui! Et... elle
ne l'a point voulu (i)!
Aussi cette sentence terrible : V^oici,
votre maison va demeurer déserte , a-t-e!le
également enfin reçu son .accomplissement
sur elle? Car dans notre explication du cha
pitre suivant, on verra clairement que ce
qu'on appelle encore Église chrétienne dans
le monde, ne saurait plus être l'Église véri
table; que le second avènement doit déjà
être derrière nous, et que la société nou
velle, annoncée dans l'Apocalypse sous le
nom de Nouvelle Jérusalem , doit déjà
exister quelque part sur la terre.
(i) Tu ne l'as point voulu : quelle preuve de notre
liberté morale! Pendant toute l'éternité elle nous sera
conservée intacte : Dieu ne lui fera jamais d'autre vio
lence que celle de ses exemples de bonté, de charité
et de douceur.
Y
le Vrai messie, ffi
Béni soit CELUI qui vient au NOM du
SEIGNEUR, en langue de la nature, signifie :
honneur et gloire à DIEU CRÉATEUR,
devenant aussi RÉDEMPTEUR. Nom
veut dire Essence; et VÉtre qui vient au
nom de JÉHOVAH, ne peut être que JÉ-
HOVAH lui-même. Les Juifs ne retrouve
ront ce JÉHOVAH qui autrefois leur était
si cher, que quand ils le reconnaîtront
dans la personne du CHRIST. Et les Chr-é*
tiens modernes , plus loin encore de la vé
rité que les infortunés enfans dAbraham,
ne trouveront le Dieu métaphysique et in-
, saisissable qu'ils poursuivent avec les
déistes, que du moment que, reconnaissant
que ce Dieu s'est PERSONNIFIÉ et rendu
ABORDABLE sur notre globe, ils s'écrie
ront avec un saint ravissement : Hosanna
au FILS DE DAVID ! Béni soit CELUI qui
est venu au nom du SEIGNEUR!
On remarquera que la preuve de la divi
nité afoo/«e de JÉSUS-CHRIST, que l'on
peut tirer de la déclaration qu'il fait, que
c'est lui-même qui envoie des Prophêtes au
genre humain, appartient à la première
partie de cet ouvrage. On remarquera aussi
444 LE VRAI MESSIE.
que le mépris, là persécution , les souf
frances , et une mort plus ou moins vio
lente, ont toujours été les marques aux
quelles on a reconnu les vrais apôtres de
JÉSUS -CHRIST; car pour les faux pro
phètes, ils sont plus heureux, ils demeurent
dans les maisons des Pois.
Et comme JÉSUS sortait du temple , et
s'en allait , ses disciples s'approchèrent
de lui pour luifaire remarquer la beauté
de l'édifice. EtJÉSUS leur dit : Voyez^vous
bien toutes ces choses ? En méritéyje vous
dis qu'il ne sera pas laissé ici pierre sur
pierre qui ne soit démolie. Puis, s'étant
assis sur la montagne des Oliviers , ses
disciples vinrent à lui en particulier , et
lui dirent : Dis-nous quand toutes ces
choses arriveront , et quel sera le signal
de ton avènement et de lafin du monde ?
Et JÉSUS, répondant, leur dit : Prenez
garde que personne ne vous séduise , car
plusieurs viendront en mon nom, disant :
Je suis le Christ; et ils en séduiront plu
sieurs. Et vous entendrez des guerres et
des bruits de guerre; mais prenez garde
que vous n'en soyez point troublés \ car il
\
LE VRAI MESSIE. ^4$
faut que toutes ces choses arrivent, Mais
ce ne sera pas encore lafin; car une na*
tion s'élevera contre une autre nation, et
un royaume contre un autre royaume , et
ily aura desfamines et des pestes et des
tremblemens de terre en divers lieux.
Mais toutes ces choses ne seront qu'un
commencement de douleurs. Alors ils vous
livreront pour être affligés , et ils vous
tueront; et vous serez haïs de toutes les
nations à cause de mon nom. Alors plu
sieurs seront scandalisés et se trahiront
l'un l'autre; et il s'élevera plusieursfaux
prophêtes qui en séduiront plusieurs. Et
parce que l'iniquité sera multipliée, la
charité de plusieurs se refroidira: mais
qui aura persévéréjusqu'à lafin , celui-là
sera sauvé. Et cet Évangile du royaume
seraprêché dans toute la terre habitable^
pour servir de témoignage à toutes les
nations; et alors viendra lafin. Or, quand
vous verrez l'abomination de la désola*
tion qui a été prédite par Daniel le pro
phête, être établie dans le lieu saint {que
celui qui le lit y fasse bien attention);
alors que ceux qui seront ^en Judée s'en
44^> iE VRAI MESSIE.
fuient aux montagnes; et que celui qui
sera sur la maison ne descende pointpour
emporter quoi que ce soit de sa maison;
et que celui qui est aux champs ne re
tourne point en arrière pour emporter ses
habits. Mais malheur aux femmes en
ceintes et à celles qui allaiteront en ces
jours-là ! Priez, afin que votre fuite ne
soit point en hiver, ni en un jour de sab
bat; car alors il y aura une grande af
fliction, telle quHl n'y en a point eu de
semblable depuis le commencement du
monde jusqu'à maintenant, ni il n'y en
aura plus de telle. Et si cesjours-là n'eus*
sent été abrégés , il n'y eût eu personne
de sauvé; mais à cause des élus , cesjours-
là servnt abrégés. Alors si quelqu'un vous
dit : Voici, le CHRIST est ici, ou il est là,
ne le croyez point, car il s'élèvera defaux
Christ et defaux prophêtes, qui feront
de grands prodiges et des miracles pour
séduire même les élus , si cela était pos
sible. Voici, je vous l'ai prédit. Si donc
on vous dit : Voici, il est au désert, ne
sortez point ; voici, il est dans le lieu le
._-.-£&« retiré de' la maison, ne le croyez
LE VRAI MESSIE. 44^
point : car comme l'éclair sort de l'orient
et sefait voir jusqu'à l'occident , il en
sera de même de l'avenement du FILS DE
L'HOMME : là où sera le corps mort, là
s'assembleront les aigles. Or, aussitôt
après l'affliction de cesjours-là , le soleil
deviendra obscur, et ta luhe ne donnera
point sa lumière, et les étoiles tomberont
du Ciel, et les vertus des cieux seront
ébranlées. Alors le signe du FILS DE
L'HOMME paraîtra dans le Ciel ; alors
aussi toutes les tribus de la terre se la
menteront en sefrappant la poitrine, et
verront le FILS DE L'HOMME venant
dans les nuées du Ciel avec une grande
puissance et une grande gloire. Et il en
verra les anges qui, avec un son éclatant
de la trompette, assembleront les élus des
quatre vents , depuis l'un des bouts des
deuxjusqu'à l'autre bout. Or, apprenez
cette similitude prise du figuier: quand
ses branches sont déjà en sève, et qu'il
pousse desfeuilles , vous connaissez que
l'été est proche. De même , quand vous
verrez toutes oes choses, sachez que le
FILS DE L'HOMME estproche et qu'il est à
448 LE VRAI MESSIE.
la porte. En vérité, je vous dis que cette
génération nepassera point que toutes ces
choses ne soient arrivées. Le Ciel et la
terre passeront; mais mes paroles ne pas
seront points Quant à ce jour-là, et à
l'heure > personne ne lesait, non pas même
les anges du Ciel, mais mon PÈRE seul.
Mais comme il en était auxjours de Noé,
il en sera de même de l'avènement du FILS
DE L'HOMME : car comme aux jours
avant le déluge, les hommes mangeaient
et buvaient, se mariaient et donnaient
leurs enfans en mariage , jusqu'au jour
que Noé entra dans l'arche, et ils ne
connurent point que le déluge viendrait,
jusqu'à ce qu'il vint et les emporta tous;
il en sera absolument de même de l'avene
ment du FILS DE L'HOMME. Alors deux
hommes seront dans un champ : Vun sera
pris , l'autre laissé; deux femmes mou
dront au moulin : l'une sera prise et
l'autre laissée. Veillez donc^ car vous ne
savez à quelle heure votre SEIGNEUR
doit arriver. Sachez que si un père defa^
mille savait à quelle veille de la nuit le
larron doit venir, il veillerait et ne lais
LE VRAI MESSIE. , 449
serait point percersa maison. C'est pour
quoi vous aussi tenez-vous prêts; car le
FILS DE L'HOMME viendra à l'heure oh
vous n'y penserez pas. Qui est le servi
teur prudent et fidèle que son maître éta
blit sur tous ses serviteurs pour leur don
ner la nourriture dans le temps qu'ilfaut?
Bienheureux est ce serviteur que son
maître, enari'ivant, trouvera agirde cette
maniere; en vérité, je vous dis qu'il l'é
tablira sur tous ses biens. Mais si c'est un
méchant serviteur qui dise en soi-même :
Mon maître tarde de venir, et qu'il se
mette à battre ses compagnons de service,
et à manger et à boire avec les ivrognes,
le maître de ce serviteur viendra aujour
qu'il ne l'attend pas et à l'heure qu'il ne
sait point; et il le séparera et le mettra
au rang des hypocrites : là il y aura des
pleurs et des grincemens de dents (Saint
Matth. xxiv).
Nous avons rapporté ce chapitre tout au
long, à cause de son importance à l'époque
où nous vivons. Examinons-le attentivement,
dans l'esprit quia présidé jusqu'ici à nos re
cherches, et un nouvel horizon se découvrira
45o LE VRAI MESSIE.
devant nous; nous verrons paraître comme
un nouveau ciel et une nouvelle terre.
Avant de commencer , remarquons la
signification d'un certain nombre de mots
emblématiques employés dans ce passage ,
afin de montrer clairement au lecteur qu'il
ne faut point ici s'arrêter au sens naturel.
La lune , par opposition au soleil , est une
société qui reçoit un certain nombre de
vérités divines, et les propage; comme
l'astre de la nuit recoit sa lumière du
soleil , et la réfléchit sur la terre. Il n'est
point du tout rare que lune signifie
Eglise, on foi dans les Saintes-Écritures,
C'est ainsi que ce mot est pris par David
chaque fois qu'il déclare que la lune doit
passer ,qu elle doit disparaître , par oppo
sition au soleil qui doit demeurer toujours.
La lune, par Vaccroissement et le décaisse
ment de ses phases , rappelleTétat depros
périté ou de décadence des églises par
ticulières; ce qu'il était pour le moins aussi
intéressant de constater par un emblème na
turel, qu'il l'était de marquer la durée de la
vie des hommes et des empires. Ciel est une
Église céleste ; terre une Église terrestre;
LE VRAI MESSIE. /{Si
car on sousenterid la terre de Canaan.
Il est absurde de supposer que le firmament
visible et la terre habitable soient jamais dé
truits , certaines personnes, comme on vient
de le voir, devant être laissées ici-bas. Le
signe du FILS DE L'HOMME dans le ciel
n'est point une croix dans la région stel-
laire,ou dans les nuages, visible auxfeux
des mortels, comme les esprits moqueurs
dont parle le prophète, pouvaient seuls
chercher à lefaire accroire à des hommes
faibles , mais bien un signal que les anges
verront exclusivement dans le ciel véri
table qu'ils habitent , et par où ils compren
dront que le moment est venu où, par leurs
soins, la Jérusalem céleste doit descendre
sur la terre delà part de Dieu. Quant aux
mortels dont la double ou la triple vue n'est
point ouverte, ils ne verront le FILS DE
L'HOMME que dans les nuées ; c'est-à-dire,
que leurs égaremens et leurs malheurs qui
sont annoncés ici par les lamentations de
toutes les tribus de la terre , lesforceront
à la fin à reconnaître le Dieu de toute con
solation dans ce héros de l'Évangile, dont
ils auront long-temps parlé sans le bien con
45 2 LE VRAI MESSIE.
naître et dont ils auront lu, pendant des
siècles la parole sans la bien comprendre ,
à cause du voile ou du nuage qui la couvre
quand c'est l'œil du préjugé on de l'igno
rance qui la contemple. Les quatre vents
sont les esprits qui sont plus ou moins
dans Vamour de Dieu, et ceux qui sont
plus ou moins dans la divine vérité. Les
bouts des cieux représentent ceux des habi-
tans célestes qui sont les plus parfaits, et
ceux qui sont les moins parfaits. Enfin, si les
significations emblématiques du son de la
trompette^ du grincement des dents, du
figuier, et du serviteur qui bat ses compa
gnons et boit avec les ivrognes, ne nous
sont connus que d'une manière vague , au
moins savons-nous , à n'en pouvoir douter,
que ces significations existent, et qu'elles doi-
ven t avoir un rapport direct, lâpremière avec
le rassemblement des en fans de Dieu, la se
conde avec les divers genres desouffrances
des méchans, et la troisèmea\ec l'appropria
tion ou la réfection des vrais biens et la
falsification des vérités divines (i).
(i) Voir l'examen des mots manger et boire dans
notre Introduction,
LE VRAI MESSIE. 453
Nous ajouterons seulement encore ici par
anticipation, que cette comparaison du dé
veloppement graduel du figuier comme
signe de la proximitéde l'été, avec l'arri
vée du FILS DE L'HOMME, montre claire
ment que tous les différens signes de son
apparition ne devaient être que des signes
moraux, qu'il faudrait reconnaître par les
seulesfoi-ces de la raison, et non autant de
prodiges visibles dans l'atmosphère ter
restre. Entrons en matière.
Au commencement de ce chapitre ,' on
voit que les apôtres avaient fini , à la longue,
par s'accoutumer à entendre parler à leur
MAITRE la langue de la nature. Quand ils
lui eurent montré le temple, et qu'il leur
eut déclaré qu'il n'y resterait pas pierre sur
pierre, ils avaient , ce semble , clairement
compris que le temple signifiait VEglise , et
les pierres les vérités delàfoi, qui devaient
entièrement périra la fin des temps, puis
qu'ils lui demandèrent aussitôt ijuand au
raient lieu son second avènement et la
consommation du siècle. lisse rappelaient
sans doute cette autre déclaration figurée :
Détruisez ce temple, et dans trois joursfe
454 LE VRAI MESSIE.
le rebâtirai , quand par temple il fallait en
tendre le corps de JÉSUS- CHRIST et îe
verbe lui-même, ou la divine vérité révélée
aux hommes. Ce n'était point, en effet, le
temple matériel de Jérusalem qui devait
beaucoup occuper ce SEIGNEUR. Appor
tons donc la même intelligence à l'examen
de ces importantes prédictions, et saisissons-
en le vrai sens, afin que personne ne nous
séduise. Ceux qui nous appellent et qui nous
disent, venez^ le Christ est ici, sont ceux
quiprétendent nous expliquerl'Evangile,
mais qui ne le comprennent point eux-
mêmes : ne les écoutons pas. Par guerres et
bruits de guerres , n'entendons pas l'expé
dition toute matérielle de Tite contre Jé
rusalem , mais bien des divisions et des dis
putes dans l'Église chrétienne ^lesquelles
se sont montrées effectivement aussitôt
après la mort de son AUTEUR. Ne nous ef-
frayonspoint,en outre, de tous ces malheurs,
quoique plus terribles mille fois que des ba
tailles et des sacs.de villes, car ilfaut que
tout icela arrive auparavant. Tous ces
(liveee aeaildaies, Poflreun fondamentale
nièmo'smr Nullité absolue de JEHOVAH,
l'e vrai messie. 455
la bonté divine saura les faire tourner enfin
à l'utilité du genre humain. En rencontrant
toutes ces choses inconcevables dans les
Saintes-Écritures, et ces disputes plus in
concevables encore parmi les premiers sec
tateurs du CHRIST , on sera forcé d'étudier
l'Évangile plus à fond, de mieux considérer
la parole de Dieu sous toutes ses faces; et la
vérité, ainsi découverte, n'en deviendra à la
fin que plus inébranlable; la vérité n'en sera
que d'autant plus lumineuse après que
Verreur aura prévalu.
Les pestes sont les mauvais exemples
et les mauvaises doctrines ; les famines ,
l'ignorance, l'oubli de l'Évangile, la rareté
de la parole de Dieu; les tremblemens de
terre sont des commotions générales dans
l'Eglise; les soulèvemens des royaumes
études nations , la subversion de tous les
principes du Christianisme; la génération,
enfin , qui ne doit point passer que tout ne
soit arrivé, c'est le peuple juif en entier, et
non pas uniquement les familles qui vivaient
du tempsdu SEIGNEUR. Le mot de généra
tion est souvent employé, en ce seus dans
l'Évangile : témoins ces expressions , gêné
456 SE VRAI MESSIE.
ration méchante, génération adulter .
Et comme toutes ces choses ne pouvaient
évidemment avoir lieu du vivant même des
apôtres, JÉSUS-CHRIST, dans leur per
sonne, s'adressait à tous ses disciples, même
à ceux qui n'existaient pas encore, et pour
lesquels il priait d'avance quand il disait :
PERE SAINT, je ne te conjure pas seule
mentpour ceux-ci^ mais encorepour tous
ceux qui par leurs prédications croiront
e«;MOI (i).
Tel est^le sens général des importantes
prédictions du SEIGNEUR que l'on trouve
dans ce chapitre, quand on s'élève à la hau
teur du langage de la nature.
Jetons maintenant un regard impartial
sur l'histoire, et voyons si nous pourrons
(i) Nous pouvons remarquer ici en note, de crainte que
l'occasion ne s'en représente plus , que tous les dis
cours de JÉSUS - CHRIST s'adressaient plutôt au
genre humain en entier, qu'à ses seuls apôtres , les
quels , depuis Pierre, jusqu'à Judas , n'étaient que les
emblèmes de toutes les nuances d'Églises ou sociétés
chrétiennes possibles. La promesse du Saint-Esprit,
ou des lumières d'en haut, en particulier, a évidem
ment plutôt été faite à la chrétienté en masse , qu'aux
douze pécheurs exclusivement.
\
LE VRAI MESSIE. 4^7
méconnaître un seul instant que toutes ces
choses, ainsi comprises, n'aient été réelle
ment déjà accomplies, que tous les mal
heurs prédits ne soient venus réellement
fondre sur l'Église, et que par conséquent
la fin ou la consommation n'ait dû les
suivre de près.
Parmi tant de sociétés qui prétendent
aujourd'hui que CHRIST est avec elles ,
où est celle qui puisse le prétendre avec la
moindre couleur de vérité? N'était-il point
dit que la véritable Église n'offrirait
plus qu'une seule bergerie, tandis que
nous avons vu toutes les sociétés chrétiennes
modernes, divisées enfactions, se damner
les unes les autres ? N'était-il point dit que
dans la véritable Église il n'y aurait
qu'un seul paîteur, tandis que nous avons
vu chez les Chrétiens de ces derniers
temps autant de chefs particuliers qu'ils
offraient de séparations de fait ? D'un
autre coté, la fin ou la consommation ne
devait-elle pas arriver aussitôt que VÉvan
gile du royaume, c'est-à-dire,/» nouvelle
du règne de DIEU sur la terre, aurait été
20
458 LE VRAI MESSIE.
annoncée à toute la terre habitable ? Et
depuis la découverte et la transformation de
VAmérique, cette disposition n'était-elle
pas suffisamment remplie? Où est la contrée
qui n'ait point entendu invoquer le nom de
JÉSUS-CHRIST, qui n'ait point été teinte
du sang de quelque apôtre, qui n'ait point
vu le frère divisé contre le frère, les enfans
contre les pères, et les pères contre les en-
fans? Et où est par conséquent la contrée
sur la terre habitable, qui ne soit point
prête à reconnaître sans restriction son RÉ
DEMPTEUR, dés que, mettant de côté
toutes les disputes absurdes, on le lui an
noncera tel qu'il était véritablement, savoir ,
JÉHOVAH en personne , établissant parmi
les enfans des hommes, non d'interminables
dissentions et des haines sacrées, mais son
règne éternel de paix, d'amour et de
bonheur?
Il n'est donc guère possible de se tromper
de beaucoup sur l'époque réelle du second
avènement.
Les réformes opérées dans le seizième
siècle ont paru à quelques-uns avoir été un
LE VRAI MESSIE. 4^9
acheminement vers ce grand événement;
Dieu faisant servir les passions humaines
elles-mêmes à l'accomplissement de ses des
seins. Ne nous y trompons pas toutefois; ce
n'a pas dû être uneforce humaine, ni phy
sique ni morale, qui a dû renouveler
l'œuvre de Dieu parmi nous. Il en est de
cette œuvre tout entière comme de la
révélation particulière qui en annonçait la
restauration. Celui qui avait dicté cette pro
phétie énigmatique, cette révélation vrai
ment obscure appelée Apocalypse , et qui
annonçait une Jérusalem nouvelle pour
l'époque de l'entière corruption de l'Église
ancienne, pouvait aussi seul en donner le
mot. De quel droit un faible mortel oserait-
il se mêler de diriger la marche de Dieu
RÉDEMPTEUR dans sa grande œuvre; de
ce Dieu dont chaque pensée , chaque pas
est un infini, si lui-même ne l'y invite? Ou
comment un faible mortel oserait-il mettre
la main à un plan calculé depuis le commen
cement du monde, pour déjouer toutes les
ruses de l'universalité des êtres dégradés, si
le CRÉATEUR en personne ne lui saisit et
46o LU VRAI MESSIE.
ne lui dirige la main? C'est donc DIEU lui-
même qui a dû retoucher à son ouvrage.
Et s'il a voulu se servir dela faiblesse de quel"
que mortel, ce dernier n'a dû être entre ses
mainsqu'un instrumentauxj/J faisant lebien,
incapable de faire le mal , comme l'ont été
les envoyés de Dieu dans tous les temps.
Que si on nous demande, avec uhe sur
prise fort naturelle sans doute, comment
un aussi grand événement, un événement
dont les suites du moins doivent changer
l'univers , aurait pu passer, jusqu'à ce jour,
inaperçu, nous répondrons que c'est parce
que l'univers a des yeux et qu'il ne voit
pas, qu'il a des oreilles et qu'il n'entend
pas, et que son cœur est appesanti au point
qu'il ne connaît et qu'il n'aperçoit que les
vanités de la terre. Serait-il étonnant, en
effet, que la transaction que l'Évangile ap
pelle le second avènement du SEIGNEUR,
eût pu lieu, et fût accomplie dans toutes ses
parties, sans que jusqu'ici des hommes de
plaisir s'en fussent doutés? Le règne du
CHRIST ne devait point venir d'une ma
nière éclatante ni extraordinaire (Saint
BjE VRAI MESSIE. fôt
Luc, xvii, 20). On ne devait point pou
voir dire, le CHRIST est ici, le CHRIST est
là. Sa lumière devait paraître comme un
éclair (frappant plutôt les yeux de l'âme
que ceux du corps), depuis l'orient jus
qu'à l'occident. Personne ne devait savoir
le jour ni l'heure -, afin que l'on se tint
toujours prêt , et afin qu'aucun être ne pût
se rendre coupable de l'entreprise sacrilège
de vouloir contrarier les desseins de L'A
MOUR ÉTERNEL. Le SEIGNEUR devait
arriver comme un voleur ( i ) (Apoc. xvi >,
i5)./II devait se présenter à minuit, au
moment oit personne ne l'attendait. On
devait être attentifet se tenir bien sur ses
gardes.,pour ne point méconnaître le FILS
(1 j De crainte que ce mot de valeur ne choque
une ignorance orgueilleuse , nous devons dire que >
par cette expression emblématique, lé SEIGNEUR
prédit qu'il convaincra tous ceux qui voudront s'ap
puyer sur leurs prétendues vertus et bonnes œuvres,
que rien de tout cela ne leur appartient en propre;
mais que tout ce qui est bon, vrai ajuste, est à Dieu
et de Dieu. Le plus grand des saints n'aura , eu effet,
que le mérite d'avoir voulu être un instrument du
bien , d'avoir voulu être heureux.
462 LE VRAI MESSIE.
DEL'HOMME; et les personnes inattenti
ves devaient le méconnaître nécessairement.
Comme auxjours de Loth, et comme aux
jours de Noé (autres époques de renou
vellement ET DE RESTAURATION ) , les
hommes devaient manger et boire , se ma
rier', et donner leurs en/ans en mariage ,
et ne pas plus s'occuper de la venue du
SEIGNEUR que si elle ne dût jamais avoir
lieu. Eh! n'en avait-il pas déjà été de même
lors du premier établissement du Christia
nisme? Quand le CRÉATEUR s'est montré
en chair sur notre globe , sa présence était-
elle si apparente que personne ne pût s'y
méprendre? JEHOVAH ne s'était-il pas au
contraire voilé , de manière à pouvoir être
méconnu de tout le monde? Quand le
CHRIST prêchait son paisible Évangile dans
un coin de la Judée , l'univers s'en doutait-
il? Ne sait-on pas que ceux7là même qui
approchaient le SEIGNEUR de près, et vi
vaient avec lui comme des enfans vivent
avec leur père, étaient encore à se demander
qui il était ? Ne sait-on pas que ce n'a été
proprement que long-temps après la mort
LE VRAI MESSIE. 4^3
du RÉDEMPTEUR, qu'on a commencé dans
l'univers à reconnaître plus ou moins obscu
rément sa Divinité; et qu'au bout de dix-
huit siècles oh s'avise seulement de soup
çonner toute la profondeur du mystère
d'amour de JÉHOVAH visitant en per
sonne des enfans encore incapables de le
reconnaître? Il faudrait ignorer les pre
miers élémens de l'histoire , pour ne point
savoir que le premier avènement lui-même
n'est devenu réellement apparent dans le
monde qu'à l'époque où le monde s'est vu
changé. A plus forte raison donc en, a-t-il
dû être de même au second avènement, où
aucune apparition en chair ne pouvait ni ne
devait plus avoir lieu, quand la Parole
devait être elle-même le VERBE, l'Évan
gile lui-même le FILS DE L'HOMME.
Mais ne poussons pas plus loin ces raison-
nemens. Les ecclésiastiques du jour eux-
mêmes nous en dispensent. Ils se plaignent
aujourd'hui en masse* qu'il n'y a plus ni
foi ni charité sur la terre; nos prédicateurs
l'annoncent à qui veut l'entendre. Les der
niers temps sont donc venus de leur propre
464 1E VRAI MESSIE.
aveu! la consommation est donc accom~
plie de leur propre aveu ! Et il ne s'agit
plusque.de savoir à quelle époque, au juste,
la foi et la charité' se sont éteintes; à
quelle époque le soleil s'est obscurci, faute
de la connaissance du vrai Dieu; à quelle
époque la lune a refusé sa lumière, par
Vignorance qui a éclipsé l'Église, à quelle
époque les étoiles sont tombées du Ciel,
par la perte successive de tous les vrais
principes.
Que le lecteur se rappelle un peu l'his
toire, et qu'il juge. Avoir tout ce qui s'est
passé depuis une centaine d'années, et ce
qui se passe encore tous les jours , peut-on
méconnaître un seul instant que nous n'ayons
passé réellement depuis long -temps par
tous les malheurs prédits, et que le renou
vellement n'ait dû les suivre de près? Et ici,
il faut le rappeler, nous ne parlons point de
bouleversemens civils ni de révolutions
funestes dans les. États, fléaux purement
matériels , et simples emblèmes, des ravages
intimes qui se font dans les âmes. Nous
parlons ici de nos malheurs réels, parce
^ X
LE VRAI MESSIE. 465
qu'ils sont spirituels , et entraînent des
suites éternelles. Ce n'est point d'ailleurs
comparativement à d'autres horreurs de
siècles encore plus barbares, que nous de
vons juger de nos misères, mais bien d'après
les grâces insignes, les faveurs extraordi
naires et les secours divins que nous avons
reçus du Ciel, -et l'abus que nous en avons
fait. Quand on pense que le CRÉATEUR,
l'ÊTRE des. ÊTRES, que JÉHOVAH, en un
mot, a bien voulu paraître en personne au
milieu de nous, pour établir sur la terre une
société parfaite, et se former un peuple
digne de lui, et que l'on voit qu'après dix-
huit siècles toutes ses démarches, tous ses
exemples, ses souffrances et sa mort lamen
table n'ont encore produit parmi nous que
la haine, les divisions , les schismes, les
persécutions, le fanatisme et l'établissement
sacrilège d'une autorité toute terrestre ,
toute mondaine, à qui souvent une seule
couronne ne suffisait plus , à qui il en
fallait trois posées les unes sur les autres,
contraste effrayant avec la couronne d'é
pines de CELUI qui refusa d'être Roi ,
466 LE VRAI MESSIE.
autorité véritablement infernale, qui, plus
ou moins chez toutes les sectes, ne faisait
servir les choses saintes qu'au faste , à l'am
bition , à la domination sur des frères ,
et à la tyrannie des consciences; on doit
bien s'écrier : ô Dieu, nous avez -vous ré
servés à voir nous-mêmes ces malheurs
tels qu'il rty en avait point eu depuis le
commencement , et tels qriïl ne doit plus
s'en représenter? Nous avez-vous réservés
à voir de nos propresyeux /'abomination
de la désolation dans le lieu saint (i)?
Non, ce n'est point sans raison que le
SEIGNEUR a dit : Que ùelui qui lit Daniel
(i) Nous protestons dela manière la plus solennelle
que nous ne parlons point ici des individus , mais de
tous les chefs d'églises pris en masse. Nous savons
que l'esprit de Rome, même a singulièrement changé
depuis le seizième siècle. Et ce ne sera qu'aujourd'hui
que l'on pourra voir définitivement si la papauté
aura été plutôt un mal qu'un bien.pour l'univers. Un
pape du siècle dés lumières peut évidemment faire au
tant de bien à la chrétienté , que le plus égaré de ses
prédécesseurs lui a fait de mal. Tout cela dépendra de
la manière* dont on accueillera à Rome la Nouvelle
Dispensalion.
LE VRAI MESSIE. '4^7
yfasse bien attention , et comprenne bien
ce prophête : l'application de cette pro
phétie devait être d'autant plus difficile à
faire , que, par un jugement terrible, elle
devait s'appliquer précisément à ceux qui
s'en douteraient le moins. .
Que faire donc? demanderont ici quelques
-hommes de bonne volonté, comme les pre
miers fidèles le demandèrent aux apôtres :
Hommes frères , qu'exigez-vous de nous?
Que faire? Écouter le SEIGNEUR et non les
hommes; sortirde Babylone et de sa corrup
tion, et chercher laface du Dieu de Jacob
avec uncœurcontrit et humilié; voir l'Église
véritable dans la foi à la divinité absolue du
SAUVEUR, dans la conversion du cœur,
et dans la perfection évangélique prise
dans le sens le plus strict et le plus noble,
plutôt que dans d'absurdes disputes sur la
foi, aux dépens de la charité, ou dans une
variété de cérémonies extérieures. Que
ceux qui se trouvent dans la Judéefuient
aux montagnes. Quittez ce temple aban
donné par le SEIGNEUR; quittez une église
qui n'en est plus une; cherchez l'église inté.
468 LE VRAI MESSIE.
rieure , qui n'est qu'AMOUR : soyez vous-
même une église tout entière pour le SEI
GNEUR; que votre corps soit le temple, et
votre cœur l'autel. Le désert est une église
sans bonnes œuvres , n'y allez pas. Le lieu
le plus retiré de la maison est une église
sansfranchise, pleine de subtilités et de
mystères; n'y entrez point. Que celui qui
est dans sa maison ne descende point ; que
celui qui est dans les champs ne retourne
point en arrière. Si vous avez des convic
tions personnelles puisées immédiatement
dans l'Évangile, qui forment un système '
solide et lié dans toutes ses parties comme
un superbe édifice bâti sur le roc, n'écoutez
plus les vaines arguties de l'école , laquelle
dit eiNE fait pas. Si vous êtes sérieusement
occupé à faire le bien, à couvrir la honte
de votre nudité, et à vous préparer conve
nablement pour aller à la rencontre de l'É
poux, ne tournez point la tête en arrière;
car celui quia mis la main à la charrue,
et se détourne, n'est point propre au
royaume des dieux. La oie est le corps
mort, là les aigles s'assembleront. Si vous
LE VRAI MESSIE- '. ^6q
êtes capables de vous élever à cette hauteur
de vue chrétienne qui vous permette de re
connaître que le SEIGNEUR a été de nou
veau crucifié dans son église , qu'il y est
mort de nouveau; alops vous irez à lui)
vous vous assemblerez autour de iui^ et
pour vous il sera plus que jamais le Dieu
VIVANT et éternellement fidèle aux
siens (i). Mais que votrefuite n'ait point
(i) Nous savons tout ce que l'on 'peut dire contre
cette manière nouvelle d'expliquer l'emblème du
corps mort. Nous nous y tiendrons, toutefois, jusqu'à
ce qu'on nous ait fourni une explication plus satis
faisante. Le corps du SEIGNEUR dans le sépulcre, sur
le Calvaire, a lui-même figuré l'extinction de l'Église
ancienne; et le mot grec irrafta que l'on rend d'ordi
naire par corps mort, et même par cadavre, ne si
gnifie, dans la réalité, qu'une chose renversée, et peut
rappeler tout aussi bien l'extinction de lafoi et de la
charité , tjue l'on sait être une crucifixion et une mort
du Seigneur dans les cœurs. Quant aux aigles , ils dé
signent incontestablement plutôt ces personnes in
telligentes parmi les hommes naturels qui, à la lueur
de l'éclair, devaient reconnaître la venue du FILS DE
L'HOMME , qu'ils ne représentent les enseignes ro- .
maines et les aigles de Tite, lors de la 'destruction
matérielle de Jérusalem.
47« ^E VRAI MESSIE.
lieu en hiver ; car si la charité est éteinte
en vous , vous courrez en vain. Qu'elle
n'ait point lieu au jour du sabbat. Si la
semaine du travail est passée , et si vous
vous mposez sur vqs œuvres et votre mé
rite, vous n'êtes point digne d'augmenter
le nombre des enfans du royaume. Malheur
auxfemmes enceintes et à celles qui nour
riront en ce temps-là! Malheur à vous,
si vousfomentez des.passions injustes y si
vous nourrissez des desseins criminels , si
chaque moment voit éclore parmi vous de
nouvelles haines, de nouveaux désordres;
si vous n'établissez , pour ainsi dire, des so
ciétés et des églises particulières , que pour
mieux tyranniser, pour mieux écraser les au
tres ; car ni les médisans , ni les menteurs,
ni les avares , ni les fornicateurs , ni les
adultères , ni tous ceux qui aiment ou
commettent l'iniquité , n'entreront dans
le royaume des cieux !
Il est plus qu'évident que JÉSUS-CHRIST
n'entendait poùft parler en cet endroit de
vraies nourrices et de véritables mères
de famille. Ces femmes enceintes et qui
r^v
LE VRAI MESSIE. 47 t
allaitent , ne sont, dans la réalité , que des
églises particulières : ce sont les filles de
Sion , lesfilles de Jérusalem , les filles de
Tjr et de Babylone devenues misérables ,
les femmes infidèles et adultères , en un
mot , de tous les temps. Et si au siège de la
capitale de Judée, des mères infortunées ont
dévoré effectivement leurs propres enfans,
c'estque cette ville représentait, dans la na
ture corporelle , l'emblème de ce qui devait
se passer dans la société spirituelle qui lui
correspondait.
De tout cela il faut donc conclure que
l'époque du second avènement est déjà der
rière nous , ou ce vingt-quatrième chapitre
de saint Matthieu demeure à jamais inintel
ligible.
Et, en effet, qui pourrait méconnaître
l'arrivée de JESUS-CHRIST au miKeu des
nuées du c/e/,dans cette influencé -victo
rieuse que mille personnes de tous les
pays et de toutes les sectes ressentent au
jourd'hui à la lecture des Saintes-Ecritures ^
et dans celle profusion avec laquelle le vo
lume sacré a été répandu récemment dans
47 3 i«E VRAI MESSIE.
toutes les parties du monde? Qui pourraitmé .
connaître l'action puissantedecetteiVbitt>e//é
Jérusalemdescendant du Ciel de lapart de
Dieu*, dans ce mouvement moral qui porte,
pour ainsi dire , l'univers en masse à la re
cherche de la lumière; mouvement qui, de
puis près d'un siècle, se fait sentir dans toutes
les contrées, dans toutes les classes dela so
ciété, surtout dans les rangs les plus éclairés,
et qui tend à tout renouveler, à tout perfec
tionner? Qui pourrait méconnaître cette ac
tion puissante, dans ce besoin de la vraie li
berté chez les enfans de Dieu; dans celte
soif dévorante pour la justice , que rien ne
semble pouvoir étancher; dans ces senti-
mens généreux qui se révoltent contre tout
ce qui est abus, soit civils, soit religieux ; sen-
timens nouveaux sur la terre, qui ne recu
lent devant aucun genre de sacrifices , qui
font repousser au savant les lauriers acadé
miques, au courtisan les ^honneurs, à. l'é
goïste l'or de la corruption? D'où part ce
trésor de bonne volonté, si ce n'est de ce
Ciel qui ne nous oublia jamais, et qui
veut enfin réformer entièrement la. terre
LE VRAI MESSIE. ^7^
après l'y avoir préparée depuis des siècles?
Nous ignorons quelles sont ici les pensées
du lecteur, et quelles résolutions il forme.
Nous désirons qu'elles soient telles, qu'il
n'ait jamais lieu de s'en repentir. Quant à
nous, nous savons ce qui s'est passé dans no
tre cœur, et nous pouvons le raconter;
nous nous en ferons même un plaisir et un
devoir.
Toutes les considérations que nous venons
de développer, nous ayant forcé de reconnaî
tre VEglise véritable du SEIGNEUR dans
cette charité universelle qui a horreurde
toutes les disputes^ de toutes les haines reli
gieuses , de toutes les divisions et sépara
tions défait, admisesmalheureusementJus
qu'ici parmi les enfans de Dieu, et qui adore
avec autant de simplicité que d'amour le
Dieu CRÉATEUR aussi bien que RÉDEMP
TEUR dans la personne admirable de JÉ
SUS-CHRIST , nous nous sommes vu forcé
par-là .même , il y a deux ans , à nous décla
rer publiquement chrétien universel, ou
chrétien vraiment catholique, en rendant
4^4 LE VRAI MESSIE.
à ce terme sa première signification' (i). Et
quelle a été notre joie, quand nous avons
trouvé aussitôt que nous n'étions ni le pre
mier ni le seul à professer de pareils senti-
mens; quand nous avons- rencontré dans
toutes les communions chrétiennes avec les-1
• quelles nous avons eu occasion de fraterni
ser, nombre de personnes ayant les mêmes
convictions; quand no-us avons même dé
couvert des sociétés et des Eglises entières
formées déjà sur ce plan ; églises et sociétés
chez lesquelles la foi rivalise avec la charité,
les lumières avec l'amour, et chez les
quelles on ne balancerait pas à reconnaître
la divinité absolue de JÉSUS-CHRIST >
(ij Les mots catholique romain offrent une contra
diction dans les termes. C'est comme si l'on disait
universel-particulier. Sans les circonstances actuelles ,
le mot universel serait encore de trop. Les martyrs
disaient simplement, je suis chrétien; pourquoi en di
rions-nous davantage ? Un homme seul ne saurait être
universel; et l'Eglise véritable elle-même ne devien
dra de plus en plus universelle qu'à mesure que le
règne du SEIGNEUR s'étendra. Que si par le mot
universel vous entendez charité universelle , le mot
de chrétien l'a déjà dit : ce mot dit tout.
le vrai Messie. ^5
quand même jusqu'ici aucun mortel, au
cun APÔTRE NE L'EUT JAMAIS RECONNUE!
N'en doutons plus par conséquent, la
nouvelle Eglise du SEIGNEUR a déjà pris
racine dans [les cœurs; 'V'épouse de l'a
gneau s'est parée, et le temps r>E ses no
ces est arrivé. Il suffira, en effet, que
tous ces sentimens se manifestent mainte
nant au dehors d'une manière victorieuse,
qu'ils constituent un culte visible et capa
ble de nourrir par la suite le feu sacré de
l'alliance éternelle, pour que l'univers re
connaisse que la SAINTE JÉRUSALEM,
ÉTERNELLE DANS LE CIEL, EST RÉEL
LEMENT DÉJÀ DESCENDUE SUR LA
TERRE.
Et il arriva que quandJÉSUS eut achevé
tous ces discours , il dit à ses disciples :
Vous savez que la fête de Pâque arrive
dans deux jours , et lefils de Vhomme va
être livré pour être crucifié (Saint Matth.
XXVI, i, 2).
Nous n'entrerons point ici dans de grands
détails ; jamais nous ne pourrions épuiser le
sujet immense de la passion et de la mort de
476 J;E VRAI MESSIE:
DIEU RÉDEMPTEUR. Il faut que le lecteur
étudie lui-même ce récit à la fois lugubre et
majestueux fait par saint Matthieu : il y trou
vera matière à d'éternelles réflexions; il se
sentira surtout enflammé de sentimens d'a
mour, nouveaux peut-être pour lui, mais qui
pourront lui donner un avant-goût de ce
qu'éprouvent les esprits bienheureux dans
les creux. Ce sera la première occasion pour
lui de faire usage de la clef d'or de la Lan
gue universelle qui lui a été mise en main.
Tout était emblématique dans la passion et
la mort de JÉSUS-CHRIST : les temps , les
lieux , les moindres circonstances , la
trahison de Judas, l'interrogatoire , la
flagellation , la condamnation, la croixj
les clous , la couronne d'épines , le fiel et
le vinaigre, le côté ouvert, le sang et l'eau
qui en sortirent , les malfaiteurs crucifiés
à droite et à gauche , les vêtemens parta
gés, l'obscurcissement du ciel, le voile du
temple déchiré, les rochers fendus, les
morts ressuscites , le sépulcre, enfin , et la
résurrection glorieuse du troisième jour.
Les diverses souffrances du SEIGNEUR,
LE VRAI MESSIE. 477
comme nous l'avons remarqué plus haut,
avaient toutes rapport aux diverses manié-
res dont DIEU peut être méconnu et ou
tragé par les créatures dégradées, à toute
espèce, par conséquent, d'erreurs et dépê
chés. Quelques-unes des-circonstances de la
passion doivent aussi avoir étéfiguratives
de l'avenir; et les Intelligences, soustraites
aux langages de convention , auront vu toute
la suite des temps dans cet hiéroglyphe in
fini. Quant à nous, ce que nous pourrons
y découvrir maintenant suffira pour nous
conduire au degré de perfection dont notre
nature est susceptible, pour peu que nous
veuillions entrer dans les vues de L'AMOUR
ÉTERNEL ; et la société humaine tout en
tière pourra enfin devenir ce qu'elle doit
être. Mais malheur, oui malheur à l'homme
qui pourra parcourir encore l'histoire de la
passion , racontée avec cette simplicité dont
un disciple dû CHRIST pouvait seul donner
l'exemple , sans être consterné autant qu'at
tendri, et qui, comprenant ce langage muet
dela nature prête à défaillir, ne s'écriera pas :
cette mort était la mort de mon Dieu !
478 LE VRAI MESSIE.
S'il était utile , dans Vensemble de la
création , que le mal y fût admis comme
chose possible et éventuelle , et pour que
la liberté des êtres moraux demeurât tou
jours intacte et à cause du spectacle at
tendrissant du retour des égarés, le CRÉA
TEUR non-seulement a pu, mais il a dû l'y
admettre; sauf à devenir lui-même, dans
l'occasion, le plus malheureux . de tous les
êtres souffrahs; car alors aucun de ses en-
fans n'a de droit au murmure; il ne leur
reste à tous qu'un sentiment éternel d'ad
miration, d'amour et d'adoration.
La rédemption du genre humain, par la
mort de son AUTEUR, est un mystère bien .
plus profond que la sagesse humaine ne l'a
jamais soupçonné. Pour nous autres mor
tels, on peut bien dire que la rédemption
a consisté principalement dans les exemples
qui nous ont été donnés. Mais en était-il de
même pour toutes ces myriades d'êtres qui,
depuis l'origine des choses, s'étaient succes
sivement dépouillés de, leurs enveloppes
terrestres , et s'étaient élancés dans ce
inonde où toutes les lois deviennent des
"te...
LE VRAI MESSIE. 4?9
lois métaphysiques ; où toutes les langues
conventionnelles elles-mêmes disparaisse!) t?
Ne peut-on pas dire qu'il était devenu indis
pensable que le CRÉATEUR entrât EN PER
SONNE dans le système de l'universalité des
êtres créés, pour ne point lui rester étran
ger , et pour s'y revêtir d'un caractère-moral
fait pour refouler l'influence du mal prêt à
rompre la balance de la liberté universelle? 77
était nécessaire que le FILS DE L'HOMME
souffrît, et entrât ainsi dans sa gloire, a
dit le RÉDEMPTEUR lui-même. Sans doute
que la puissance divine eût pu anéantit
en un instant la partje corrompue et deve
nue infernale de la création; mais est-ce là
la marche que le CRÉATEUR devait suivre?
Que penserait-on aujourd'hui de Dieu, si
en effet il s'était contenté , dans cette occu-
rence, de lancer la foudre éternelle? De
quel droit uneforce, une vertupour ainsi
dire métaphysique, se mêlerait-elle de met
tre l'ordre dans le monde moral? Qu'est-
ce que le levier de la toute-puissance a de
commun avec celui de la bonté et de Vd~
mour? L'homme vertueux sur la terre n'eût
480 LE VRAI MESSIE.
il point été alors plus grand que son AU
TEUR , aux yeux mêmes de la raison ? Re
connaissons donc l'œuvre de l'ÉTERNEL ,
quand l'empreinte de son doigt est marquée
aussi fortement que nous le voyons dans le
récit des souffrances et de la mort de
l'HOMME-DIEU, et ne prolongeons point
éternellement une opiniâtreté absurde qui
ne veut point que le CREATEUR s'occupe
de ses créatures , et qui repousse le DIEU
D'AMOUR, sous prétexte que ses démar
ches démontreraient trop d'amour. Autant
il est nécessaire que Dieu se dérobe à la pré
sence de l'homme, quand l'homme com
mence à se retirer de lui pour s'appuyer sur
soi-même, autant il est naturel que Dieu
vienne à son secours , quand , arrivé au fond
de l'abîme, l'homme est devenu complète
ment malheureux. Rien ne nous donne une
plus grande idée du CREATEUR que
quand, s'étant retiré de nous, nous le con
templons comme Dieu caché. C'est alors
qu'avec Jean-Jacques, nous le voyons dans
son essence infinie , dans son être métaphy
sique , dans sa puissance illimitée , dans sa
i
LE VRAI MESSIE. fôl
nature incompréhensible , qui partout
nous surprend, et partout nous échappe ,
comme un mystère immense, comme une
énigme sans mot; et moins alors nous le
comprenons , plus nous l'adorons. ETRE
DES ÊTRES! lui disons-nous ,je suis parce
que tu es; c'est m'élever à ma source que
de te méditer sans cesse. Le plus digne
usage de ma raison est de s'anéantir de
vant toi : c'est mon ravissement d'esprit,
c'est le charme de ma faiblesse, de me
sentir accablé de ta grandeur (i). Mais
(i) Il suffit de lire les deux alinéas qui précèdent
cette tirade de Rousseau, pour reconnaître l'embarras
où l'avait jeté le défaut d'une distinction entre Dieu
en tant qu'infini, et Dieu en tant que manifesté à sa
créature. Dieu, dit-il, est bon , juste , puissant, intel
ligent, etc., mais il ne l'est pas à la manière des
hommes : ce qui signifie, en d'autres termes, que toutes
ces qualités ne sont rien pour nous; car qu'est-ce
qu'une bonté que je ne puis saisir, que je ne puis
sentir? La force de la vérité amène Rousseau lui-
même à admettre cette conséquence : Affirmer toutes
ces choses, s'écrie-t-il à la fin, c'est, au fond, n'af
firmer rien. Il n'y a en effet d'autre réponse possible
à cette question : Comment Dieu est-il bon ? que celle-
482 LE VRAI MESSIE.
quand l'homme en est là, quand il est ainsi
disposé, alors Dieu reparaît. Quand, à force
de s'appuyer sur soi-même , l'homme est
devenu tout-à-fait misérable, la nature en
tière, atteinte de son souffle glacé, s'étant
dwcie, et étant dc\enuefîjce et morte au
tour de lui, au lieu de représenter inces
samment l'emblème vivant de son pria:
moral, lequel n'est autre chose que la con
naissance et Vamour de son CREATEUR ;
alorsDieu se montre; il se montre nécessaire
ment; et de plus, il se montre avec bonté
ci : Dieu est bon, comme il l'a fait voir, en paraissant
sous laforme de JÉSUS-CHRIST; la bonté de Dieu
ressemble au sentiment que Von éprouve en lisant
l'Évangile,—en voyant l'ÈTRE des ÊTRES naissant
dans une étable, parce qu'il n'y avait point rie place
pour lui à l'hôtellerie, — en le voyant expirer sur la
croix , à la suite de cette prière : PÈRE , pardonne-
leur, ils nesavent ce qu'ilsfont,'—• Car encore une fois,
la création ne prouve que la puissance de Dieu ; la
rédemption seule prouve sa bonté. Ce sont du moins là
les bornes où notre philosophie s'est arrêtée. Si quelque
sage, plus heureux que nous, trouvait la bonté divine
ailleurs , nous lui aurions une grande obligation s'il
voulait bien nous faire part de sa découverte.
i
LE VRAI MESSIE. 4^3
et avec simplicité', comme un consolateur,
comme un AMI. On peut même porter le
défi à l'esprit humain de trouver une seule
raison tant soit peu plausible pour prouver
qu'il doive se montrer autrement. 0 ciel!
quelle différence entre JÉSUS de Naza
reth... et le plus glorieux des monarques
de l'Asie! Quelle différence entre Vhumble
Fils de Marie... et le plus vanté des con-
quéransphilosophes!—Rien dans le christia
nisme ne craint l'investigation : au contraire,
l'ignorance et le fanatisme qui reculent de
vant l'examen , lui sont seuls funestes. Les
théologiens scolastiques, sous ce rapport,
ont eu à se reprocher des torts incalculables,
on ne peut se le dissimuler; mais combien
la prétendue philosophie du dernier siècle
n'a- t-elle point à rougir de la légèreté avec
laquelle elle a traité ces graves matières?
Or, au soir du Sabbat, aujour qui de
vait luire pour le premier de la semaine,
Marie-Madeleine et l'autre Marie vinrent
voir le sépulcre. Et voici, il sefit un grand
tremblement de terre , car l'ange du SEI
GNEUR descendit du Ciel, et vint, et
ai.
484 LE VRAI MESSIE.
ivula la pierre à côté de l'entrée du sé
pulcre, et s'assit dessus. Et son visage
était comme un éclair , et son vêtement
blanc comme de la neige ; et les gardes en
furent tellement saisis defrayeur , qu'ils
devinrent comme morts. Mais l'ange , pre
nant la parole, dit auxfemmes : Pour
vous, n'ayez point de peur; car je sais
que vous cherchez JÉSUS qui a été cru
cifié. Il n'est point ici; il est ressuscité.
Venez et voyez où le SEIGNEUR a été
couché (Saint Matth. xxvm, i,2,3,4> 5, 6).
Quand l'ange ôta la pierre, le corps de
JÉSUS n'y était déjà plus. Ce corps, devenu
pareil à celui des esprits purs , n'avait pu être
retenu par aucun obstacle matériel. Berke
ley, Malebranche et Kant'avaient donc tous
trois plus ou moins raison dans leurs sys
tèmes divers sur la nature de la matière, sur
les êtres substantiels, sur la manière dont
les choses existent et sont vues en Dieu,
enfin sur la nature du temps et de l'espace;
et la philosophie est ici en un parfait accord
avec la Foi.
Ceux qui, après tout cela, douteraient
ï
LE VRAI MESSIE. 4^5
encore de la résurrection deJÉSUS-CHRIST,
quant à son corps de chair , en quoi il ne res
semble point aux autres hommes qui voient
toujours la corruption (car nous ne conce
vons plus la possibilité de nier la résurrec
tion en elle-même), doivent faire attention
à cette circonstance péremptoire quejamais
les Juifs n'eurent l'idée de produire ce
corps pour donner le démenti à ceux qui
les accusaient publiquement d'avoir cru
cifié LE FILS DE DIEU.
Mais, pour laisser de côté toutes ces pe
tites difficultés d'une incorrigible incrédu
lité, quel est donc ce corps mystérieux qui
participe ainsi à toutes les qualités de l'es
prit; pour qui la matière n'existe plus, et
qui, selon toute la valeur de ce mot, est
soustrait au temps et à Vespace? N'est-ce
point évidemment le corps de JÉHOVAH,
ce corps qu'il a glorifié et uni intimement
à sa Divinité; ce corps devenu AD0NA1,
ou forme éternellement visible et palpable
de Dieu, qui peut devenir aussi intimement
présent a chaque être intelligent que sa
propre pensée ; forme et corps , s»ns les
486 LE VRAI MESSIE.
quels les malheureux mortels n'auraient ja
mais pu avoir plus de rapports de recon
naissance et d'amour avec laDivinké, qu'ils
n'en peuvent avoir avec une abstraction
métaphysique? Quel est, en un mot, ce mys
tère plus inconcevable que toute la création
matérielle, et qui confond toutes les idées?
N'est-ce point évidemment JÉHOVAH l'É-
TER1NEL CRÉATEUR qui a opéré toutes
ces merveilles, en paraissant sur les confins
de sa création, pouryôrcer notre amour ,
après avoirforcé notre admiration?
Que la philosophie ne se fasse point illu
sion. En reconnaif-santà JÉHOVAH la forme
humaine, en tant que cette forme est mé-
taphysiquement la plus parfaite; en recon
naissant que cette forme, substantielle en
elle-même (i), il l'a poussée, par l'incarnation,
dans le degré le plus matériel de l'être , en
paraissant en chair, on trouve la solution de
plusieurs grands problèmes qui jusque-là
faisaient le désespoir de l'esprit humain. On
(i) Il faut toujours se rappeler que , selon nous ,
créer, pftur Dieu, n'est que montrer.
p*~^
l
LE VRAI MESSIE. 4^7
conçoit comment certains êtres intelligens
ont pu méconnaître le CRÉATEUR, et se
séparer de lui, croyant lui être égaux. On
conçoit comment il ne reste que misère et
que souffrance à ceux qui l'ont ainsi aban
donné, sans qu'on puisse l'accuser en au
cune façon d'en être la cause : ceux qui
fuient l'unique source possible du bonheur,
ne pouvant s'en prendre qu'à eux-mêmes
de leurs tourmens. On conçoit encore com
ment l'amour infini a dû attirer le CRÉA
TEUR sur notre terre, et le porter à 5e
sacrifier pour nous, après avoir établi ce sys
tème immense de rédemption, développé
dans les deux Testamens^par où il a montré
que s'il leur ressemble par la forme, il sur
passe infiniment tous les mortels en science,
en sagesse, en puissance, et surtout en
bonté et en amour. « Les hommes meurent
quelquefois pour leurs amis, » semble-t-il
avoir dit : « ces insensés ne veulent plus me
reconnaître; ils se sont déclarés mes enne
mis; ils ont introduit le désordre dans l'é
ternelle harmonie, et le malheur dans des
sociétés où je ne prétendais voir régner que
488 LE VRAI MESSIE.
la félicité. Je vais leur faire annoncer mon
apparition au milieu d'eux; je vais me pré
senter à eux; je vais leur donner tous les
exemples possibles de bonté et de vertu. Je
sais qu'ils me persécuteront à mort; mais
comparant enfin leur haine avec mon
AMOUR, ils reconnaîtront leur MAITRE;
et ils sauront queje suis JEHOVAH LEUR
DIEU. » La difficulté que trouve un maître,
même terrestre, à se faire reconnaître pour tel
par des serviteurs qu'il a gâtés par trop de
b'onté, est connue de tout le monde; et tout
indigne qu'une telle comparaison puisse être
d'un tel sujet, elle peut servir à l'éclaircir.
Les hommes primitifs approchaient tout près
de la perfection divine. Ces créations infinies
et ineffables de l'univers emblématique ,
dont l'œuvre des six jours n'offre que les
scories , et moyennant lesquelles l'homme
sondait les profondeurs du passé et perçait
les voiles de l'avenir , accompagnaient si
bien toutes ses pensées, toutes ses affections,
qu'il pouvait s'en croire lui-même l'auteur.
Le DIEU des Ùieuoc ne s'était en quelque
sorte réservé que le droit de dire, dans Poe-
LE VRAI MESSIE* 4^9
casion,le CRÉATEUR, C'EST MOI; et en
cas de résistance, il ne pouvait qu'exhorter,
que prier, que conjurer; par où il compro
mettait de nouveau sa divinité. Il n'y avait
donc évidemment que le Chrétien, et que
le Chrétien du siècle des lumières , qui de
vait pouvoir apprendre, sans danger, quelles
bornes arrêtaient la Science éternelle et
la Puissance incréée; parce que ce Chré
tien seul devait pouvoir comprendre que
ces bornes n'avaient été posées que par
l'ÉTERNEL AMOUR. Il était de toute im
possibilité que l'œuvre de la Rédemption
reçût son dernier développement ailleurs
qu'au milieu d'une génération susceptible
de pensées et de sentimens assez sublimes
pour reconnaître toutes les condescen
dances du CRÉATEUR, sans le mépriser;
et pour l'adorer, au contraire, d'autant
plus profondément , qu'elle le verrait plus
humble et plus près d'elle. La toute-puis
sance, en effet, ne consista jamais à placier
au-dessus des hommes pour les dominer;
mais à ne se mettre qu'à leur niveau, et à
n'employer que les ressources de leurpropre
4gO LE VRAI MESSIE.
nature , pour les maîtriser pendant l'éter
nité. On conçoit enfin, en partant du point
de vue élevé d'un DIEU-HOMME, tous les
rapports qui ont dû exister entre le CRÉA
TEUR et ses créatures , depuis les siècles
éternels; tous ces combats d'amour dont il
est parlé dans les Livres-Saints, sous le nom
de guerres de JÉHOVAH; et la raison ac
quiesce, satisfaite sur tous les points.
N'en doutons plus par conséquent.: le
grand secret de la Divinité est découvert.
Ce coup de maître, s'il est permis de s'ex
primer ainsi, qui cache en même temps et
qui décèle le Tout-Puissant, c'est de nous
avoir aimés au-delà de ce qu'aucune raison
créée ne pourra jamais concevoir ; c'est
d'avoir fait de nous autant de Dieux (i).
En se faisant semblable à nous, et en nous
faisant semblables à lui, Dieu a établi cette
balance éternelle dé la liberté des êtres qui
crée à chaque instant des millions de rap-
(i) Cette expression n'est point de nous : l'Écriture-
Salnte elle-même déclare aux hommes qu'ils sont tous
des dieux : Yos du estis.
"V
i
LE VRAI MESSIE. 49 '
ports nouveaux , et répand incessamment
partout le mouvement et la vie. II nous a
émancipés en quelque sorte par-là de son
autorité divine, et nous a rendus libres
même en sa présence.
Que les philosophes nous disent, en effet,
comment JEHOVAH pourrait se communi
quer autrement à ses créatures qu'en se per
sonnifiant $ et supposé qu'il ait voulu se
personnifiersw notre globe, comment il eût
pu le faire mieux, ou comment il eût pu le
faire autrement qu'en se faisant JÉSUS-
CHRIST, et nous nous taisons pour tou
jours.
Mais les onze disciples s'en allèrent en
Galilée sur la montagne où JESUS leur
avait ordonné de se rendre , et quand ils
l'eurent vu, ils l'adorèrent; mais quel
ques-uns doutèrent. Et JÉSUS s'appro-
chant, leur parla en disant : Toute puis
sance m'est donnée au Ciel et sur la terre.
Allez donc, et enseignez toutes les nations,
les baptisant au nom du Père, et du Fils,
et du Saint-Esprit, et les enseignant de
garder tout ce que je vous ai commandé.
492 - tE Vrai messie.
Et voici : je suis toujours avec vous jus-*
qu'à la consommation du siècle (Saint
Matth. xxvih, i6, i7, i8, i9, 20).
Quelques-uns doutèrent : Paroles éton
nantes, après tout ce que les apôtres avaient
vu et entendu! Comme elles prouvent bien
que Dieu ne porte jamais aucune atteinte à
notre liberté morale! Cette liberté a bien des
degrés; elle admtit bien le plus ou le moins
parmi les masses; mais sa racine nous restera
éternellement comme individus : et damnés
ou sauvés, nous ne serons jamais l'un ni
l'autre que parce que nous le voudrons
bien.
Toute-puissance m'est donnée ne veut
pas dire que le SEIGNEUR ait reçu cette
puissance de quelque autre : il se l'était ac
quise lui-même. Quand JÉHOVAH, comme
VERBE INCARNÉ, avait été entièrement
GLORIFIE, alors toute-puissance devint
naturellement sienne au Ciel et sur la terre,
même comme homme. Au Ciel, elle était
sienne comme ÉTERNEL CRÉATEUR; sur
la terre, il se l'était acquise par sa vertu.
r v
•
LE VRAI MESSIE. ^9$
CONCLUSION*
Maintenant que toutes nos idées de détail
sont clairement exposées, nous pouvons pla
cer ici un précis très-court de la vraie doc
trine.
Dieu étant par sa nature un être infini ,
il ne peut entrer en un rapport direct avec
l'homme qu'en sortant de cet état primitif
et incommunicable , et en se constituant
un Etre fini. S'il est vrai que Dieu a créé
l'homme à son image et ressemblance, il
est vrai aussi que lui-même ne peut se dis
penser de se présenter à l'homme sous 17-
mage et la ressemblance de l'homme, vu
que laforme humaine est, métaphysique-'
ment et géométriquement parlant, la plus
parfaite. Tant que l'homme était inno
cent, Vapparition de cet ETRE CRÉA-
494 LE VRAI MESSIE.
TEUR était pour lui une jouissance inef
fable; ta reconnaissance était pour lui le
suprême bonheur; et le doute même ne
lui venait pas que cet ETRE pût le tromper.
Quand l'homme devint criminel, il dit :
Qui me prouve que cet Etre est mon
Créateur ? Ne suis-je pas un Etre tout
semblable à lui? pourquoi dépendrais-/ e
de lui? pourquoi le reconnaîtrais-je pour
mon maître ?
Ce soupçon injurieux pouvait naître
d'autant plus facilement dans le cceur de
l'homme, que sa liberté était plus grande ,
que sesfacultés étaient plus étendues, et
que ses pensées , toutes substantielles , vé
ritable création ( quoique secondaire ) ,
l'entouraient incessamment comme d'une
suite non interrompue de miracles. Dans
une si triste conjoncture, que pouvait, que
devait faire Dieu? Rien , si ce n'est de re
prendre l'homme avec bonté, avec douceur.
D'om te vient , at-il dit dire, ce soupçon
criminel ? L'idée du mal ne vient qu'à un
Etre capable lui-même de malfaire. Qui
t'a appris ce que c'est que le mensonge et
I
LE VRAI MESSIE. J\<^S
l'imposture , si ce n'est ta propre méchan
ceté (guis indicavit tibiquod nudus esses)!
Si je te déclare que c'est MOI qui t'ai créé,
pourquoi ne pas m'en croire ? Tu peux
sans doute te séparer de MOI , parce que
je t'ai créé libre; mais je dois t'avertir d'une
chose, c'est qu'il n'a pas dépendu de MOI
que dans ton nouvel état tu ne sois pas
malheureux (si maie agis nonne pecca-
tum cubât ad januamT). Tel a nécessaire
ment dû être le langage du SEIGNEUR : il
n'a pas dû être différent. Que s'il s'est trouvé
après cela une suite d'Etres assez infortunés
pour ne point écouter un pareil langage, le
mal a dû aller en empirant; et une branche
tout entiere de VEternelle famille a dû
arriver enfin au dernier échelon de la per
versité et du malheur : point où il lui était
impossible de sortir de l'abîme. Aussi est-ce
là le point où la Bonté de Dieu attendait
son infortunée créature. Les miracles de
la création n'ont pu la sauver; mais l'A-
MOUR LA SAUVERA. La BONTÉ ÉTER
NELLE est une qualité plus divine que
l'ÉTERNELLE PUISSANCE. Dieu est
4g6 LE VRAI MESSIE.
AMOUR avant d'être VÉRITÉ, tl descen
dra donc dans l'abîme ; il se sacrifiera tout
entier : ce ne sera pas VAmi qui donnera sa
vie pour VAmi; mais ce sera VAmi qui
donnera sa vie pour VEnnemi. Dieu de
viendra, en un mot, I'hommk juste de
Platon. Il mourra sur la croix : en mou
rant, il AURA LE SOURIRE DU ï>ARDON SUR LES
lèvres; et à la vue d'un pareil spectacle, les
hommes diront : Voilà qui est au-dessus
des forces de la nature humaine! voila
qui est divin! VOILA NOTRE CRÉA
TEUR!!!
Si on nous demandait ici, en nous voyant
terminer la tâche que nous nous étions im
posée , ce que nous pensons au juste que
l'Évangile exige aujourd'hui de chacun de
nous, nous répondrions avec le même Évan
gile : Aimez votre Dieu par-dessus toutes
choses, et votre prochain comme vous-
même ; c'est à cela que se-réduisent la loi
et les prophêtes.
Si on insistait, et si on demandait des
détails sur la meilleure forme du culte exté
rieur, nous répondrions encore : Commen-
%
V
LE VRAI MESSIE. 497
cez par établie dans vos cœurs, bien solide
ment, le cfuLTE de. Vamour de Dieu et du
prochain, et alors ce culte se manifestera
au dehors par les témoignages les plus na
turels et les formes les plus appropriées.
Nous dirions par conséquent aussi à chacun
de rester, en attendant, dans la communion
particulière dans laquelle il est né, parce
que dans toutes on peut servir Dieu en
esprit et en vérité , et édifier son prochain
par ses vertus.
Si, en troisième lieu, quelques personnes,
après avoir tout bien peséj bien examiné,
l'Évangile à la main, et l'entendant dans
son vrai sens, nous déclaraient leur convic
tion intime, que la société particulière de
Chrétiens dans laquelle elles sont nées , a
trop dévié de l'esprit de l'Évangile , et
même de la lettre de l'Évangile , dans son
culte extérieur, pour qu'en conscience elles
pussent prendre une part active à ses céré
monies; alors il ne nous resterait qu'à les
engage!' à s'attacher à une de ces sociétés
formées depuis peu en Angleterre , en
Suède, en Allemagne, en Amérique et
4y8 LE VRAI MESSIE.
même en France, sous le nom de Chrétiens
de la Nouvelle Jérusalem ; car ce sont là
les sociétés que nous avons trouvées le plus
à la hauteur des lumières du siècle, sous le
rapport du culte aussi bien que sous celui
de la Foi. Ces sociétés ne sont exclusives en
rien de ce qui concerne les rapports exté
rieurs et civils. Quoiqu'on y ait adopté
quelques usages particuliers , on s'y fait
Un devoir de la tolérance la plus parfaite;
reconnaissant pour frères véritables tous les
Chrétiens, de quelque pays ou secte qu'ils
puissent être, et ne se permettant d'autre
persécution envers ceux que l'on croit dans
l'erreur, que celle de leur témoigner un
plus grand amour. Le culte extérieur de
ces sociétés est en général fort simple et
évangélique, et consiste dans l'administra
tion des deux seuls sacremens que le RE
DEMPTEUR a institués, celui du Baptême
et celui de la Sainte-Cène, dans le chant des
hymnes et des cantiques spirituels, et la pré
dication de la parole : le tout en langue na
tionale, conformément à ce mot de saint
Paul (I. aux Corinth. , xiv, i6) : Comment
LE VRAI MESSIE. 499
celui qui est du simple peuple dira- 1- il
amen à ton action de grâce, s'il ne sait
ce que tu as dit ? Quant à la doctrine , ces
mêmes sociétés ne reconnaissent pour vraie
Parole de Dieu que les Livres que JÉSUS-
CHRIST a énumérés lui-même, quand il a
dit qu'il fallait que tout ce qui est écrit dans
la Loi de Moïse, dans les Prophêtes et
les Psaumes,fût accompli ; auxquels elles
joignent les Évangiles et la Révélation de
saint Jean ; les seuls livres qui soient effec
tivement écrits d'un bout à l'autre dans la
Langue de la nature. Mais ce en quoi ces
sociétés sont principalement d'accord, c'est,
outre la fraternité avec tous les hommes , le
dogme de l'unité absolue d'être et de per
sonne en JÉHOVAH , et son identité avec
JÉSUS-CHRIST, qu'elles adorent à la fois
comme PÈRE, FILS et SAINT-ESPRIT,
ou comme Dieu CRÉATEUR , RÉDEMP
TEUR et RÉGÉNÉRATEUR.
Si enfin quelques autres Chrétiens de
bonne volonté se plaignaient qu'il n'y a
point dans leur voisinage de sociétés sem
blables à celles dont nous parlons, nous
5oO LE VRAI MESSIE.
leur dirions que rien ne les empêche de les
établir : carpartout où deux- ou trois s'as
semblent au nom du SEIGNEUR , le SEI
GNEUR est au milieu d'eux (i). La seule
chose que nous aurions à leur recommander
alors, serait de ne jamais se regarder pour
cela comme séparés défait d'aucune autre
société chrétienne, et de continuer inviola-
blement à avoir, dans l'occasion, tous les
rapports extérieurs, tant civils que religieux,
avec toute autre espèce de Chrétiens (2),
(1) Nous donnons cette latitude avec d'autant plus
de facilité, que nous sommes persuadés que, dans la
nouvelle ère qui se présente pour l'Évangile, il n'est
plus à craindre de voir la chrétienté se scinder en au
tant d'élémens hétérogènes , qu'on l'a vu aux époques
de réformes purement humaines, quand le SEIGNEUR
n'avait point encore permis que le vrai sens des Livres-
Saints fût déterminé d'après les règles infaillibles de la
Langue de la nature. La clarté et là raison dans la
doctrine , et la simplicité réunie à la majesté dans le
culte, donneront nécessairement à toutes les églises
nouvelles une nuance uniforme.
(a) Avec tous ceux du moins qui, de leur côté,
auraient assez de charité pour ne repousser aucun
frère.
à
LE VRAI MESSIE. 5oi
persuadés que c'est ce malheureux principe
des divisions et des séparations haineuses ,
et cette erreur fondamentale qui prétendait
maintenir la Foi aux dépens de la Charité,
qui avaient causé tous les maux du Chris
tianisme; et qu'en les supprimant, l'Évangile
pourra enfin remplir le but pour lequel il a
été prêché, savoir, le bonheur général de
tous les humains.
Fm.
■
errata:
Page 48, ligne 5 , dans la note, au lieu de Kreutzer,
lisez: Creuzer.
Page 3oo , ligne 3, au lieu de montrer, lisez : monter.
TABLE DES MATIÈRES.
Page..
Lettre à M. Coquerel , v
Déclaration de M. OEgger x
Pressentiment de Bossuet . xij
Introduction sur la langue de la nature. ........ i
Clefs hiéroglyphiques 5n
Première Partie. Jésus-Christ d'après l'Ancien
testament 8i
Réponse à quelques objections 2o3
Jésus-Christ d'après leNouveau Testament. 210
Réponse à quelques difficultés 20,3
Deuxième Partie. Introduction 309
Doctrine de Jésus-Christ contenue dans
l'Évangile 32o
Conclusion 4p5
V
. ->
' •-
'vl
ESSAI
.
DICTIONNAIRE
DE LA LANGUE DE LA NATURE.
9i
SE TROUVE .iUSSl :
..
Chez Félix Locquin, Imprimeur, rue Notre-Dame-
des-Victoires, a" i6; ^
Treuttel et Wurtz, Libraires , rue de Lille,
Alexandre Mesnieb , Libraire , place de li
Bourse; *'.' I
q q y A /. -/| f
i'jt/.m aj :i<i
.'
ÏMPMMEIÏK DE FELIX LOCQUIIT ,
rua Notrv-Dauc-d»M-Victoirc*, a* 16.
ESSAI
D'UN
DICTIONNAIRE
t DE LA LANGUE
' ./U.V.'ijjj
DE LA NATURE.
ou
ij • - .
Explication de liuit cents images hiéroglyphiques, sonrre
de toutes les anciennes myiliologics, et clef'dc l'Ecrituro
Sainte , aussi-bien que des songes extatiques en général ;
PAR M. ŒGGER,
Ancien premier Vicaire de la C.ijiieiir.iiu du Paris , Profcistnr
de philosophie au coijège du Quimper.
PARIS.
DELAUNAY, LEVAVASSEUR,
MBKAIBES, AU PALAIS-KOYAl ;
RISLER, RUE DE L'OKATOIRE. N° 6.
1831.
VMO.
lJ. J»Jl ;/ rit ,l\JJl <i -JMH i
AVIS.
- L'autettu espère qu'après avoir essayé, à l'aide
de ce Dictionnaire, l'explication dje quelques pas-
sages obscurs de nos livres sacres , le public , et sur
tout le clergé , se feront des idées plus exactes sur la
nature de ses démarches , que jusqu'ici l'ignorance
et la malveillance ont si faussement interprétée».
*" j.iïH'Ô » »'"*'.•. " 'i.ii.fjj
»
<
. . .
3
»' ''
'i
:
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m ».
OBSERVATIONS
PRÉLIMINAIRES.
''...-,
.:
J'ai suffisamment expliqué, dans mon ouvrage
sur le vrai Messie, ce que j'entends par la langue
de la nature. C'est cette langue par images par
lantes qui a nécessairement précédé toutes les
langues de convention et par sons articulés.
C'est cette langue vue plutôt que parlée , dont
la richesse, comparée à la pauvreté des autres,
est comme celle d'un'paysage immense que l'œil
découvre à la fois, tandis que la description la
plus détaillée n'en peut donner qu'une idée va
gue et imparfaite. J'ai aussi indiqué, dans l'ou
vrage cité, les règles générales, et pour ainsi
dire la grammaire de cette langue. Maintenant
j'essaye d'en donner le dictionnaire, afin que
chacun puisse voir que ma théorie n'est point
une théorie vaifle et incapable dé fournir aucun
résultat. Renvoyant par conséquent le lecteur à
mon premier travail , je ne placerai ici que quel- !
qués observations préliminaires. !''P *.'*'
I. Toutes les images emblématiques de la
langue de la nature peuvent être prises en bonne
i
- -• .a . -
ou en mauvaise part. La même force du lion, pour
ne citer que cet exemple, est bonne quand il
protège ses petits, et mauvaise quand il déchire
le voyageur. A cet égard , les circonstances qui
accompagnent ces images peuvent seules en dé
terminer le sens. Ceci rend, il est vrai , l'intelli
gence de la langue de la nature difficile ; mais ©n
attrait tort d'en conclure qu'il est impossible d'en
tirer parti. On s'est éh général abstenu , dans ce
dictionnaire, d'indiquer les deux significations
opposées, vu que l'une fait nécessairement devi
ner l'autre.
lï. Toutes les images emblématiques possibles
se rapportent ou au bien ou au vrai, qui sont
les deux attributs les plus généraux de la Divi
nité. La répétition multipliée de ces deux mots ne
doit donc étonner personne; d'autant plus qu'ils
ne reparaissent jamais qu'avec des nuances, quoi
que ces nuances ne puissent pas toujours être
saisies ni énoncées.
. III. Pour donner des bornes à un ouvrage
qui au fond n'aurait que celles de la nature, on
s'est contenté de l'explication d'un très -peut
nombre d'images hiéroglyphiques, et seulement
de celles qui ont paru les plus riches ou les plus
usuelles. Tout est si bien lié dans la langue de la
nature , que dès qu'on est sur la voie d'un em
3
blême , on peut le poursuivre ensuite sans guide
dans toutes ses branches. En connaissant, par
exemple, la signification du pain, on découvre
aisément celle de lu pâte, du levain , de lafarine,
du moulin, de la meule, et des divers grains dont
le pain se fabrique, >
IV, Pour l'homme , il y a une différence entre
les images emblématiques prises immédiatement
dans la nature, et celles prises dans la conduite
et les usages particuliers d'un peuple. Ces; der
nières nous paraissent arbitraires, quoiqu'elles
ne le soient pas réellement. Dès l'article Abrar
ham, je remarque cette différence , et j'annonce
que, pour cette raison , on a écarté de ce diction
naire presque toutes les images hiéroglyphiques
de cette seconde espèce. Les curieux les trouve
ront dans le Dictionnaire des correspondances ,
publié à Londres il y a déjà quelques années,
et dans lequel on s'est arrêté de préférence aux
hiéroglyphes de l'Ecriture Sainte. Et quant au
petit nombre de nos savons qu'une injuste pré
vention aurait tellement éloignés de l'étude de
toute religion révélée, qu'ils voudraient avant
tout se convaincre que les diverses mythologies
ne sont nées que de la perte de la langue de la
nature, ils pourraient se contenter de consulter
les articles suivans : Animal, Astrologie, Atte
lage , Baptême, Beauté, Cheval, Correspondances,
Eau, Eclen, Froment, Garçon, Langue de la
nature , Lion , Lune, Magnétisme , Mystères , Oi
seaux, Ours, Père, Prescience, Rivière, Sa
crifice, Serpent , Soleil, Songe, Vaisseau, Véte-
mens, Vierge, Vin, Voyant, etjèl'-'
•''iiV. La vérité la plus générale qui résulte de
la découverte de la langue de la nature , consiste
A dire que, si Dupuis a trouvé le christianisme
dans la mythologie , cette nouvelle découverte
fait trouver le christianisme aussi bien que la
mythologie dans la nature même'; avec cette dif
férence que le christianisme avec ses révélations
est la source pure, la mythologie la source cor
rompue. , *...•i. M).:- . •».•
VI. Dernière observation. S'il arrivé que le mot
que 1 on cherche a été omis, il fa lit avoir recours
â un mot analogue plus générique : par exemple,
ail lieu de palais ? on cherchera maison; au lieu
de orfèvre , on cherchera or et ouvrier; et ainsi
du reste. Il est d'ordinaire indispensable de lire
tous les renvois qui se trouvent à la fin d'un ar
ticle, pôùfsé faire une' idée exacte d'un emblème
en particulier. Si à chaque article oh avait voulu
tout dire , ce dictionnaire se serait enflé à une
grosseur démesurée.
-:'-'V. ,'i'v- . ^.v- , 'i. *V. : a'.'.t.iii 't.». : .f; r '.
ESSAI
i
DICTIONNAIRE
DE LA LANGUE DE LA NATURE.
A.
ABEILLE. Disposition a disputer sur des ques
tions de morale et de religion , en particulier sur la
loi positive de Dieu. {Voy., Fleurs, Cire, Lumière,
Miel , Insectes , Mouchb , Frelon.) -
ABEL. La douleur. La Charité. {Voy. Abraham ,
Caïn.) 'i,''.. ' .<
ABIME. Tentations. Faussetés. Passion. Haine.
En général, Dégradation. Quelquefois la sagesse éter
nelle. {V^oy. Antre , Yallée, Descendre, Fosse.)
ABLUTIONS. {Voy. Eau , Baptême.)
ABOMINATION. Méchanceté infernale. (/^.Dé
solation , Vomissement.)
ABRAHAM. Père d'une multitude. Première
image du Père Très-Haut, ou du Dieu incommuni
cable dans son essence (Abram) , devant devenir
visible et abordable à toutes ses créatures. Le SEI
GNEUR , par conséquent , quant à sa nature divine
céleste. En général , tous les grands personnages des
Saintes Ecritures ne sont qu'autant d'emblèn>es de
Dieu, envisagé sous un rapport particulier',' soit
comme Créateur , comme Rédempteur , ou comme
Régénérateur. Les noms mêmes des peuples et des
lieux dont il est question dans les livres inspires , ont
'un sens moral se rapportant d'une manière plus ou
6 .'.-
moins éloignée à Dieu et à sa providence. Nous n'en
citerons qu'un très-petit nombre d'exemples; car
cette partie demanderait un dictionnaire à part,
comme sortant des premiers élémens , des élémens
simples de la nature visible. {Voy. Isaac, Jacob,
Joseph, Moïse ^Prophète, David, Egyptien , Assy
rien, etc.)
ABSINTHE. Faussetés et souffrances causées par
l'erreur et le mensonge. {Voy. Bile , Amer.)
ACHETER. S'approprier les connaissances du
bien et du vrai. {Voy. Vendre.)
ADAM. Homme. Homme au moral. Homme
parfait. Mot à mot : Rouge , Terre. {Voy. ces mots.)
Adam est un nom générique qui n'indique pas né
cessairement le premier homme, ou le premier in
dividu de notre espèce , mais seulement un homme
ayant certaines qualités morales, savoir , celles rela
tives à la perfection morale. C'est absolument comme
si l'on disait aujourd'hui Israélite ou Chrétien.
{Voy. Création , Créer,- Beauté.)-
ADONIS. ( Voy. Garçon. ySefôri quelques-uns ,
Adonis n'étaitque le soleil personnifié. {Voy. Soleil.)
ADULTÈRE. Infidélltéà Dieu. Abandon du bien
et du vrai. L'adultère se rapporte plutôt à la corrup
tion du bien , la fornication plutôt à la falsification
du- vrai. {Voy. Mariage , Union , Fornication,
Sodomie. )
AGE D'OR.Règne d'innocence et de bonheur sur
la terre , selon la fable. ( Voy. Métal , et le nom
dos difféiens métaux.) L'âge d'argent fut celui où
les hommes commencèrent à se dégrader; l'âge
d'airain, celui où l'injustice se répandit; et l'âge do
fer, celui où les crimes se multiplièrent sur la terre.
{Voy. Astrée.') ; , ,, ) '. ..!,;','.,•'•
AGNEAU. Bien de l'innocence. Innocence inté
rieure. Douceur. Simplicité. Charité. {Voy, Ani
mal, Laine, Chaleur.) ,;;.•, •. .
AHRIMANE. {Voy. Ténèbres.)
AILE. Puissance par le vrai. Pensées célestes.
-
7
Protection. ( Voy. Oiseaux , . Colombe , Poule ,
Aigeté. )
. AIGLE. Connaissances. Instruction. Providence.
( Voy* Oiseaux;, Voler, Voir,)
AIGUILLE. ( Voy. Ouvrage a l'aiguille.) Le
trou de l'aiguille signifie le vrai spirituel , comme
en général tout ce qui est percé à jour. ( Voy Fe
nêtre , Chameau. )
AIR. Vrai spirituel , par opposition à l'eau.
{.Voy. Eau , Vents , Oiseaux. ) L'air se prend aussi
en mauvaise part , surtout quand il est froid, malsain,
quand il est corrompu et méphitique. {Voy. Cave,
Souterrain. )
ALLER A CHEVAL. Faire des progrès dansées
connaissances humaines , représentées par tous les
emblèmes naturels que l'on rencontre en voyageant.
.Se perfectionner dans l«s sciences philosophiques,
•morales et religieuses. Raisonner par induction.
Discourir sur le vrai. ( Voy. Marcher , Voler, Ele
ver, Char, Chemin, Attelage, Cheval. )
AMANDE. {Voy. Fruits, Arbre.) •
AME. Homme intérieur et substantiel qui se dé
veloppe dans l'extase et le songe. L'âme n'est pas
un soufflei invisible et impalpable, comme une fausse
théologie l'a prétendu , mais un homme véritable ,
quoique immatériel , ayant tous ses organes. L'âme
raisonnable affecte même naturellement la forme
humaine ; et c'est elle" seule qui la communique à
la matière inerte. L'âme a , de plus^ trois degrés de
développement possible , savoir : te. naturel , le
rationnel ou spirituel , et le céleste. ( Voy, ces mots.
J'cy. aussi Homme, Ange, Substance, Songe,
Ciel; ) Le mot âme dans la Bible signifie souvent
simplement la vie et la respiration. Et- si l'on vou
lait, en cotisùqueucej distinguerunprincipe/«/ene«r,
ouuiièfl-nîc, chez l'ange' ou l'homme' immortel
lui-même , on ne trouverait que la vie immédiate
du SEIGNEUR eniihdus .: car lui seul est propre
ment la -uïevaussi-biert ;q«e l'être.
AMEN. Ija véritô>C'ef*Jijifc mot hébreu.
8
AMER. Vrai falsifié. Vérité dénaturée. {V. Doux,
Fiel.).
AMOUR. Vouloir que ce qui esta nous soit à un
autre. Dieu est l'amour suprême , parce qu'il veut
nous approprier tout son être, c'est-à-dire, toute
bonté et toute vérité. Dieu se cache en quelque
sorte de nous , pour que nous puissions nous per
suader que nous sentons et pensons par nous-mêmes.
Il faut que nous découvrions par nos propresJbrces
tous lesattributs, et j usqu'à l' existence mêmedeDieu ,
afin que toutes ces vérités deviennent nôtres. Delà
la faiblesse et l'ignorance dans lesquelles nous nais
sons. Les plus grandes difficultés de la philosophie,
celles surtout de l'origine du mal physique et moral,
reposent sur cette vérité profonde , sur cette qualité
essentielle de l'amour divin , qui ne se communique
d'abord à nous que d'une manière indirecte, et ne
se montre comme être individuel et personnifié sous
notre propre forme , qu'après que nous nous sommes
approprié l'amour et la vérité eu général. {V. Haine,
Correspondances. )
ANE. ( Voy. Cheval , Attelage. )
ANGE. Forme d'amour et de sagesse. L'exté
rieur d'un ange exprime parfaitement son intérieur ,
Sarce que son homme substantiel est , pour ainsi
ire, mobile, et suit toutes les nuances de son être
moral; tandis que la forme extérieure de l'homme
est stationnaire en tant que matérielle. Un démon,
ou diable , n'est que le contraire de l'ange ; et
l'homme est l'un ou l'autre quant à sa forme inté
rieure , substantielle et immortelle , selon qu'il est
dans le bien ou dans le mal, même pendant cette
vie. ( Voy. Dieu , Ciel , Ame , Homme , Démons ,
Apparitions.) .>'.'• iy i
ANIMAL, ANIMAUX. Affections. Affections
bonnes,, s'il est question d'animaux domestiques ,
doux et utiles; affections mauvaises s'il est ques
tion d'animaux sauvages, nuisibles et féroces. Delà
les divers animaux dont parlentles prophètes aussi-
bien que les mythologistff*.; animaux qui sont eux
9
mêmes. quelquefois surchargés d'hiéroglyphes nou
veaux, et offrent par-là des espèces de monstres,
tels que les centaures , les sphinx , les syrènes , etc. ,
de la fable , et les chérubins des livres saints. Nous
ne pourrons citer l'hiéroglyphe moral que d'un très-
petit nombre d'animaux. Ce sera par l'analogie
qu'ils auront avec ces premiers , que ceux que nous
ne citerons pas devront être expliqués. En connais
sant, par exemple, la signification du li<(n, de l'ours,
de la panthère , du chien , du chat , du rat , de la
souris, etc. ,' on pourra deviner celle de tous les
petits animaux et insectes garnis de poils qui dévo
rent les autres animaux. Les signes du zodiaque ne
proviennent originairement que d'une application
plus ou moins inexacte faite de l'hiéroglyphe naturel
des animaux à quelque ancienne doctrine de morale.
Il en est de même des autres constellations. Il est
arrivé en cela tout le contraire de ce qui arrive com
munément ; c'est le ciel moral qui a peuplé le ciel
physique. Hérodote dit formellement que le; Egyp
tiens outles premiers divisé l'année eu douze mois,
et ont donné des noms aux douze dieux. ( V. Douze,
Mois. )La doctrine de la métempsycose n'a pas non
plus d'autre origine que la signification morale des
divers animaux. (Voy. quelques animaux en parti
culier, soit Reptiles, Oiseaux, Poissons ou Qua
drupèdes. Voy. aussi Ange, Baptême, Beaute, Mé
tempsycose , Soleil , Etoile. )
ANNEAU. Marque d'autorité par le vrai. (^.Pen
dant d'oreille, Cercle, Bracelet, Main, Doigt,
Or.)
ANNEE. Période d'une église. Durée quel
conque. Eternité. Le monde spirituel étant placé
hors du temps et de l'espace , qui alors ne sont plus
que des apparences , les périodes ne désignent en
général qu'un certain état des sociétés, ou un chan
gement de cet état. ( fiy. Jour , Mois, Semaine,
Temps.,) .:»
ANTRE, CAVERNE. Lieu infernal. Lieu de
ténèbres , où apparaissent ceux qui sont dans l'igno
rance, la fausseté et la méchanceté. {Voy. Cave.
Enfer, Abîme, Inférieur. )
APOLLON. Apollon était le même que Horos
chez les Egyptiens. Horus semble en effet venir de
or ou ur, feu, lumière. {Voy. Soleil, Chah,
CaEViL. )
APOTRE. Envoyé de Dieu. Les douze apôtres
représentent l'ensemble du bien provenant du vrai .
et chaque apôtre en particulier en représente um
nuance , Judas comme les autres ; il avait nécessai
rement son bon côté , sans cela le SEIGNEUR ne
l'eût point choisi; il ne lui eût point surtout confié
la bourse des pauvres. ( Voy. Douze. Voy. anssi
Pierre , Jacques , Jean , Judas. )
APPARITION du SEIGNEUR. LeSEIGNEUR
apparaît à chacun sous une formé qui est en rapport
avec le degré de sa foi et de son amour. Ceux qui
ne le connaissent point et ne l'aiment point ne le
voient point. Les apôtres eux-mêmes l'ont plutôt
vu par la foi que par la vue de son corps matériel.
( Voyez Avènement.)
APPARITIONS. On peut voir les défunts en
songe. Les extatiques et les somnambules les peuvent
voir également, quoique éveillés ou paraissant l'être.
Delà cette croyance universelle aux apparitions chez
tous les peuples , et qu'un siècle matérialiste ne sait
que tourner en ridicule. ( Voy. Ame, Substance,
Magnetisme. ) ' .
APPELE. Celui qui reçoit l'influence divine; car
cette influence est amour. Tout le monde est ap
pelé au bonheur par la perfection ; il n'y a point
d'autre prédestination. ( Voy. Prédestination
, Elu.)
APPELER. Donner un nom. ( Voy. Nom. )
APPUYER, S'APPUYER. Le même sens au mo
ral. {Voy. Rocher, Bâton, Béquille.)
ARAIGNEE. Tentations. Filets tendus par des
esprits dégradés qui sont dans le faux. {Voy. In
secte , Mouche , Fil , Filet.)
ARBRE, ARBUSTE. Bonté naturelledel'homme.
II
Connaissances. Perceptions. Vrai scientifique. Tout
ce qui a rapport à la sagesse et à l'intelligence. Je
vois les hommes comme des arbres, disait l'aveugle
guéri par le SEIGNEUR , quand sa vue spirituelle
s'est ouverte, pour faire place ensuite à sa vue natu
relle. L'arbre de vie du jardin d'Ëden était la bonté
et l'amour ; celui de la science du bien et du mal , le
désir immodéré de la science , ou le désir de la
science pour la science même. En général , les arbres
à fruits représentent les hommes qui font de bonnes
actions ; les arbres qui ne rapportent point de fruits ,
les hommes durs et égoïstes. Et pour cette dernière
raison , des extatiques disent souvent que la vue
seule de l'épine , du pin , du chêne vert et des autres
arbres de ce genre , suffit pour leur causer de la ter
reur. En effet, l'arbre représente les nerfs et les fibre»
du corps humain, dont il imite toutes les ramifications}
et le- fluide nerveux a rapport à l'esprit, comme tous
les gaz et les premiers sucs nourriciers des plantes ,
en tant qu'ils sont invisibles et proviennent de l'eau
ou de la lumière : la bonté purement naturelle est
donc réellement comme une espèce de végétation.
[Voy. Eden, Fibres, Nerfs, Feuilles, Fleurs,
Fruits , Bois , Bonté , Magnétisme , Science.)
ARC. Doctrine du vrai, ou doctrine du faux.
{Voy. Flèches, Armes.)
ARC-EN-CIEL. Toutes les vérités divines. Al
liance éternelle. C'est par la vérité divine qu'on
s'allie et s'unit à la divine bonté. {Vcy. Eau,
Nuée , Couleur , Sept , Cercle.)
ARCHE. Eglise. {Foy. Vaisseau.)
ARGENT. Le vrai spirituel ; à cause de sa blan
cheur. {Foy. Or, Métal, Blanc.)
ARGENT MONNAYÉ. (Bourses ou sacs rempli
d'or et d'argent.) Le bien et le vrai en abondance.
ARMES. Raisonnemens. Disputes. Discussions.
Toutes les espèces d'armes , aussi-bien que les guer
riers, ont ces significations. {Voy. Arc, Flèche,
Bouclier , Lance, Fronde, etc.)
,2
ARME A FEU. Persécution infernale. ( Voy.
Feu , Antre.) .-...
ARMEE. Système etappareil d'instruction. iVoy.
Armes.) '.'...•",.
. AROMATES. Vérités intérieures chez l'homme;
car les aromates proviennent en général de l'inté
rieur des arbres et des plantes. ( Voy. Encens ,
Myrrhe . Rksine, Arbre, Nez.) .
ARRÊTER, (S'arrêter, ou être arrêté.) Être dans
l'inaction, dans le faux. {Voy. Marcher, Lien , Pri
sonnier.) - •
ASSEOIR. Confirmer dans un état moral. {Voy.
Marcher.) Etre assis, signifie aussi autorité j et être
assis sur un trône, jugement. {Voy. Trône.)
ASSYRIE, ASSYRIEN, Ijationalité, rationnel;
par opposition à Egypte et,Egyptien, qui ne rap
pellent qu'un état purement naturel. Les mots Asie
et Assyrie viennent d'un mot hébreu qui signifie
feu ; c'est peut-être là ce qui a donné a ces pays ces
significations particulières. Je dis peut-être , car le
site d'un pays par rapport à un autre , ou le caractère
reconnu de ses habitans, peuvent aussi concourir à
la nuance particulière de la signification morale qu'on
lui donne. (Voy. Egypte, Naturel, -Orient, Points
cardinaux, Rationnel.)
ASTRËÉ. Fille de Jupiter et de Thémis, selon
la fable ; ou plutôt la Bonté et la Justice person
nifiées sous la forme d'une vierge ou d'une.femme.
Elle quitta, dit-on, la terre après l'âge, d'or. {Voy.
Vierge. Fille, Femme, Age d'or.)
ASTROLOGIE. Art prétendu de lire dans les
astres les éyénemens de la terre. D'où vient ce tra
vers-si accrédité de l'esprit buniain? La perte de la
langue de la nature en donne seule la' raison.' Dans
cette langue , le soleil signifie la vérité , les étoiles
certains principes généi'aux. Mais ces images hiéro
glyphiques ne se montrent que dans le ciel véritable
qui se découvre aux. extatiques ', et non dans le firma
ment matériel, où l'ignorance populaire et la foule
profane et étrangère aux initiations , a prétendu les
J ï3
voir. Encore aujourd'hui , et parla même raison, no*
savans sont souvent injustes envers les brahmes, en
voyant des planètes où ceux-ci entendaient parler de
principes ou de sooie'le's spirituelles. On ne compren
dra bien les livres écrits en langue sanscrite, que
quand les disciples de la nouvelle Eglise se mêleront
de leur interprétation. ( Voy. Songe , Extase ,
Soleil, Etoile, Prescience, Voyant.)
AïRE. {Voy. Fourneau.) %
ATTEIAGE. Tous les animaux qui servent à
charrier des objets, ou à transporter l'homme , re
présentent , chacun dans sa nuance , la faculté de se
perfectionner par -le raisonnement discursif. {Voy.
Char , Cheval, Chameau, Eléphant, etc.)
AUBERGE. Le naturel extérieur. {Voy. ces deux
mots; voy. aussi Maison.)
AUGURES. (Voy. Oiseaux, Directions.) •
AUJOURD'HUI. Toujours. Éternellement.
AURORE. Commencement d'une Eglise. Etat
d'un npuveau régénéré. {Voy. Soleil, Jour , Prin
temps.1)
AUTEL. Amour de Dieu. Culte. Adoration.
(Voy. Elever, Montagne.)
AUTOMNE. Bonnes rouvres. Fruits de bonté et
de vérité dans leur perfection. {Voy. Printemps,
Moisson, Vendange.) ' >/
AVÈNEMENT DU SEIGNEUR. Le second avè
nement n'a pas lieu en chair; car cette mesure ne
pourrait évidemment être profitable qu'à un petit
nombre de personnes d'une seule génération ; et dès
la génération suivante, le genre humain n'en serait
pas plus avancé. Nous l'avons déjà dit à l'article Ap
parition , les apôtres eux-mêmes n'étaient point
chrétiens pour avoir vu le SEIGNEUR en un corps
de chair. Ily a tant de temps que je suis avec vous,
leur dit JESUS-CHRIST , et vous ne m'avez pas
connu ! L'avènement véritable du SEIGNEUR
dans une âme a lieu quand cette âme commence à
reconnaître la divinité du SEIGNEUR et à s'atta
cher à lui par amour. L'Evangile que JESUS
CHRIST nous a laissé est véritablement le Verbe ou
le Fils de l'homme : c'est dans l'Evangile qu'avec le
temps on pourra finir par la voir, si ce n'est dès
cette vie matérielle, du moins dans la vie substan
tielle et immortelle. La connaissance de la langue
dela nature et de la nouvelle dispensation hôtera
parmi nous la connaissance du SEIGNEUR , et
établira définitivement son règne. ( Voy. Appari
tion, Correspondances, Consommation du siècle.)
AVEUGLE. Celui qui est dans l'ignorance et Ver-
reur. {Voy. OEii..>
B.
BABEL. Culte extérieur, saint en apparence,
mais corrompu au fond. Confusion. (.Voy. Tour,
Ville.)
BACCHUS. {Voy. Vin ,-Soleil.)
BAGUETTE. Puissance naturelle. {Voy. Bâton,
Main.) C'est de là que vient la>,eroyance à la,-divi.
nation par la baguette, et la rabdomantic. Dans le
songe ou l'extase , l'empire d'un individu sur ses
passions lui est figuré par une baguette plus ou
moins propre à chasser les animaux. {Voy. Ans-
maux.)
BAIN. Régénération. ( Voy. Baptême.)
BAISER. Union des sentimens. Conjonction par
affection. {Voy. Union, Communion.)
BALANCE. Liberté. Examen de la qualité d'un
objet. {Voy- Mesure, Lourd , Léger.)
BALAYER LA MAISON. Disposer en ordre ce
qu'il y a de bien et de vrai dans l'intérieur de
1 homme. ( Voy. Maiso.v.) Balayer le chemin signifie
préparer les voies. ( Voy. Chemin.)
BAPTEME. Régénération par la vérité. Péni
tence. ( Voy. Eau , Laver , Régénération. ) Le»
traces de^ cet emblème, plus oa moins défiguré , se
trouvent presque chez tnus les anciens peuples, qui
avaient géiiér;ilanient fait de Fusage des bains et des
ablutions des rites religieux. Nous ue^ rappellerons
i5
ici que les mystères de Cottyto. Les initiés à ces
mystères s'appelaient Baples; leurs ablutions se fait
saient la nuit , et avec le soleil levant la procession
s-'avançait : les uns étaient habillés en soldats , 'les
autres en chasseurs, les autres en oiseleurs ; des ani-
mauxféroces mêmey figuraient en habits d'homme»
( Voy. Chasse , Armes, Lion , Ours, Animait*.)
BARBE. Scientifique sensuel. ( Voy. Bouchï ,
Poil , Cheveu , Fibre.)
BABQUE. Doctrine de l'Eglise puisée dans la pa
role. {Voy. Vaisseau. )_ 7
BATlR. Avancer dans le vrai par le bien. ( Voy.
Maison.) .;. ». * ' '.'..•.
BATON. Sceptre. Puissance naturelle , par op
position à la main qui est puissance spirituelle. De là
le bâton des devins et des enchanteurs. ( V. Sceptre.)
BATTRE. Tourmenter, punir. {Voy. Bâton.) .'
BEAUTE. Dans le monde spirituel , la beauté
dépend entièrement de la perfection morale des in
dividus. Celui qui connaît leSEIGNELR et cherche
le bien et le vrai , y apparaît seul sous la forme hu
maine; les autres hommes n'y apparaissent que sous
la forme de l'animal qui a le plus d'analogie avec
leur caractère dominant , quoique le plus souvent
eux-mêmes ne s'en doutent pas. Ce sont les visions
des anciens extatiques à cet égard , qui ont donné
naissance au dogme de la métempsycose et à toutes
les métamorphoses, de la Fable. ( Voy. Correspon
dances, Songes, Corps humain, Animal. )
BÉGAYER , BÈGUE. ( Voy. Muet , Langue. )
BÉLIEB. ( Voy. Agneau. ) . ' H
BELZEBUB. Le Démon. Un emblème du mal
moral , sous une forme humaine monstrueuse. Mot
à mot, le prince des mouches. ( Voy. Mouche , In
secte , Beauté. ) . .. '
BÉNIR. Enrichir des biens de la charité et de la
vérité. ( Voy. Main , Imposition des mains. ) »
BÉNÉDICTION. Réception du bien et du Vrai.
Union avec le SEIGNEUR. ( Voy. Bénir. ); ..;:.;
BÉQUILLE. Soutien hors de l'ordre naturel.
:"-v
Marcher avec des béquilles signrfies'apptrrer strr nn
prétendu mérite des bonnes œuvres. ( Voy. Mi-
amt , Bois. ) „.
BERGER. Dieu. JÉSUS-CHRIST. Celui qui
conduit au bien et au vrai de la charité. ( Voy. PaS
TEUR , AGNEaU. )
BEURRE. Bien céleste du principe rationnel.
( Voy. Graisse, Huile. )
BIEN. ( Voy. Bonté. )
BILE. Faux infernal. {Voy. Amer, Fiel, Sang.)
BITUME. Le bien mélû de mal , probablement
entant que graisse imparfaite. ( Voy. Graisse. )
BLANC. Vérité pure , parce que le blanc réflé
chit toute la lumière. ( Voy. Couleur. )
BLÉ. ( Voy. Froment. )
BLESSURE. Conviction de fausseté. En bonne
{Sart, conviction de vérité. {Voy. Armes, Ulcère.)
BLEU. Affection pour les vérités célestes. Bleu
clair, affection pour les vérités spirituelles. Les
prêtres égyptiens portaient des vêtemens bleu-de-
ciel. (Voy. VÊtEMENS , IwDIGO , VlOLEt , COULEUR ,
Spirituel. )
BOEUF. Bonté naturelle, affection naturelle.
( Voy. Animaux , Veau, Taureau. ) C'est pour cette
raison que les Egyptiens sacrifiaient un jeune bœuf
blanc et pur. ( Voy. Blanc. ) Dans les hiéroglvphes
égyptiens , un bœuf diversement lié , soit par les
cornes , soit par les jambes , représentait aussi , selon
Horus-Apollon , un homme qui avait fait certains
efforts pour se corriger de ses défauts.
BOIS. Volonté naturelle chez l'homme dans le
K"is bas degré. Le bien ou le mal de ses affections,
bois de chaque arbre offre une nuance d'affection
différente. ( Voy. Arbre, Feuille, Fruit, Cèdre,
Epine , etc. )
BOITE. Ce qui contient une chose. ( Vcy. Vase,
Corbeille , Vaisseau , Maison. )
BOITER. Etre dans quelques faussetés , quoique
voulant généralement le bien. ( Voy. Béquille. )
BONNET. ( Voy. Ornemens de la tête. )
u
H
B0NTÉ. Amour. Charité. {Voy. AMOUR.)Quai*d
la bonté n'est point raisonnée selon le plan de la
Providence, elle est mauvaise. Un bon cœur vaut
mieux, il -est vrai, qu'un mauvais naturel; mais il
ne donne pas par lui-même le moindre degré de
bonté morale. Celle-ci ne naît qu'avec l£s efforts
Î>ersonnels de l'individu. Et de plus, strictement par
ant, Dieu seul est bon. Si la bonté d'une créa
ture pouvait être bonté en soi , Dieu ne serait plus
la bonté infinie. Sa bonté - ne peut que nous être
appliquée. Les nuances du bon sont aussi innom
brables que celles du vrai, puisque le vrai n'est que
le bon manifeste'. Le bon ou le bien engendre tou
jours un autre bon ou bien. Il y a , par conséquent,
le bien provenant du bien , et le bien provenant
du vrai. {Voy. Mal, Être.)
BOUC. Un degré médiocre de charité provenant
de la vérité. ( Voy. Agneau , Chevreau , Animal.)
BOUCHE. Discours. Sagesse. ( Voy. Langue.)
BOUCLIER. Défense contre les raisonnemens
d'un adversaire. Raisonnemens. ( Voy. Armes. )
BOUE. {Voy. Sol.) ' r ...,.,, .1
' BRACELET. Espèce particulière de puissance
parle vrai. ( Voy. Ornemens, Main.) . . .:, . i
BRAS. Puissance. ( Voy. Epaule, Main, Doigt. )
BREBIS. {Voy. Agneau.)
BRIQUE. Vérité contrefaite. Vérité du degré
infime. Fausseté. ( Voy. Pierre. )
BRUIT. Discussions. Raisonnemens , surtout
quand il y a bruit des eaux , du vent , des ailes.
{Voy. Von, Cri.)
BRULE. ( Voy. Consume par le feu. )
BUISSON. Degré de scientifique. ( Voy. Verdure,
Arbre. )
CABANE. {Voy. Maison:.) './".'
CABBALE. Science secrète des Juifs {Voy. Mïs"
i6
tirt*, MAft««Tis»ra, Soitoe, Extase , Langue m la
nature, Vètemews.)
CADAVRE. Extinction totale et corruption du
bien et du vrai. ( Voy. Mon , Blessure , Chair ,
Corps «umain. )
CAIN. La passion. La haine. La foi sans les œuvre*.
La foi sans la charité. ( Voy. Abex. )
CANAAN. Église. Ciel. ( Voy. Terre. ) ^
CANAL. Le bien du vrai , à cause de la direction
donnée à l'eau , et à cause de la pierre. Doctrine de
charité. ( Voy. Eau , Pierre. )
CANDELABRE. Intelligence. Foi. ( roy. Lu
mière.)
CANTIQUE. Glorification duSEIGNEUR. Joie.
Triomphe. ( Voy. Musique. )
CAPTIF. Celui qui est dans le faux. ( Foy. Pri
sonnier , Maison , Maladie. )
CASQUE. Défense par l'intelligence. Chez les
Egyptiens , le casque signifiait le plus haut degré
de sagesse. ( Voy. Ornemens de la tète. )
CAVE , SOUTERRAIN. Signe de dégradation
infernale. Air de cave , air pestilentiel d'un souter
rain signifie persécutions des mauvais esprits. Ten
tations infernales. {Voy. Antre, Enfer , Inférieur,
Air.)
CAVERNE. ( Voy. Cave , Antre. )
CÈDRE. Moyen de purification interne. Carac
tère de celui qui n'est que dans le scientifique ou le
rationnel. Grandeur. Orgueil. ( Voy. Hysope,
Arbre. ) #
CÈDRES DU LIBAN. Les connaissances de la
vérité , ou bien lés sociétés orgueilleuses qui sont
dans les faussetés. ( Voy. Cèdre. )
CEINTURE. Moycud'uniou. ( Voy. Lien.) Cein
ture des reins signifie le bien de l'Eglise quant à la
bonté et à la vérité. {'Voy. Flancs, Reins.) La
ceinture de poils que portaient les prophètes, et
notamment Saint-Jean , siguifiait l'ensemble de la
parole de Dieu quant à la lettre. ( Voy. Poil, Che-
VW.} . ; .--. ' - .-"
*9
CELESTE. Ce qui a rapport au ciel supérieur
et à l'amour divin. ( Voy. Spirituel, Naturel.)
* CENDRES.Le faux provenant des passions. {Voy.
Poussière, Feu , Sable.) v .
CÈNE (La sainte )• ( Voy. Communion, Mange»,
Boire.) ' ,
CENT. Tout. La même nuance que dix dont cent
est le produit. ( Voy. Dix , Nombre. ) Il en est de
même de mille. . '- .
CENTAURE. ( V. Satyr.Cheval , Homme. ) '
CENTRE. Ce qui est intime. Ce qui est parfait.
Dieu , avaut tout. ( Voy. Intérieur. ) -.. •
CEP. Intellectuel de l'Église. ( Voy. Vigne,
Arbre. )
CERCLE. Durée sans fin. Éternité. Tout ce qui
est de forme ronde a rapport aux choses éternelles,
depuis la voûte des cieux et l'arc-en-ciel jusqu'au
moindre fruit et à la moindre goutte de rosée. {Voy.
Arc-en-ciel, Rond, Quarré.)
CÉRÈS. ( Voy. Froment. )
CERF. Affections naturelles. Caractère vif, sau
vage, orgueilJeux. {Voy. Animal, Ours, Loup.)
CERISE. ( Voy. Fruits , Pomme, Fraise.)
CERVEAT7. Science. Connaissance. Mémoire.
( Voy. Livre*, Tête , Poumon.)
CERVELET. Mouvemens volontaires. Amour.
( Voy. Cerveau.)
CERVOISE. Faux de l'Eglise : cervoise se prend
d'ordinaire en mauvaise part, par opposition au
vin. ( Voy. Vin , Pomme.)
CHAINE. Suite de choses morales tenant 'en
semble. Suite de vérités et de raisonnemens. La
qualité du métal indique la nuance particulière.
( Voy. Ruban , Corde.) Chaîne , prise en mauvaise
part, signifie empêchement. Impuissance. Fausse
doctrine. ( Voy. Lien.)
CHAIR. Amour. Le propre de l'homme. La chair
se rapporte à la substance , par opposition à la. forme
qui se rapporte à la vérité. {V. ces mots. V. aussi
Manger, Animal.) ;»».•.;: ... » .- •
30
CHAISE. {F. Siège.)
CHALEUR. Amour, bon ou mauvais. {F. Fe.d.)
CHAMEAU. Choses scientifiques d'un ordre com
mun, d'un ordre purement naturel. Litière de cha
meau signifie Scientifique vrai. {F. Cheval,- Paille,
Herbe, Arbbe, Attelage, Aiguille.) Quand on
connaît l'hiéroglyphe du chameau , du trou de l'ai
guille et du riche, on ne s'étonne plus de cette sen
tence de l'Evangile : Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d'une aiguille, qu'à un riche
d'entrer dans le royaume des cieux ; car cela signifie
tout simplement qu'il est plus facile à une personne
qui est dans les connaissances scientifiques d'arriver
auxvérités spirituelles, quecela n'est facile à une autre
personne qui s'attache exclusivement aux sciences
naturelles. Dans le monde spirituel, d'ailleurs, les
objets n'ont point de grandeur déterminée , étant
placés hors du temps et de l'espace. Z»
CHAMP. Église. Bien de l'Église. Un champ de
blé signifie les Fruits du bien et du vrai de l'Eglise.
( F. Terre , Froment. ) -
CHAMPS-ELYSÉES. {F. Éden.)
CHAPEAU. {F. Ornemens de la. tête.)
CHAR. Doctrine. Système de vérité. (T^.^Boîte,
Maison, Vaisseau, Attelage, Cheval.)
CHARBON. Le faux provenant des passions. Le
faux des passions. {F. Feu , Bois.) -
CHARDON. {F. Épine , Verdure.)
CHARITÉ. {F. Amour.)
CHASSE, ALLER A LA CHASSE. Faire des
efforts pour acquérir le bien et le vrai , ou pour dé
truire le mal et le faux. (F. les noms des divers ani
maux qu'on prend ou qu'on tue à la chasse.)
CHAT. Mauvais caractère. Médisance. Calomnie.
(F. Ours , Chien , Panthère.) » •
CHAUME. Scientifique nul. {F. Paille.)
CHAUVE-SOURIS. Ignorance. {F. Hibou.)
CHAUVE (TETE). Privé de connaissances spi
rituelles ou naturelles. (^.Cheveu.) • . ._ •
M
CHEMIN. Carrière de la vie. Le vrai conduisant
au. bien. {V. Rue , Place publique.)
CHEMINÉE. {V. Fourneau, Fumée.) V
CHÊNE. Caractère de l'homme difficile, dur et
sensuel, {r. Arbre.) - , - ,.^ '
CHEVAL. En tant qu'il sertàtransporterl'homme,
il signifie Facilité de se perfectionner dans les con
naissances utiles, principalement dans celle des vé
rités divines. Les anciens connaissaient très-bien
cet emblème. Les Perses , ^ux fêtes de Mythra , con
sacraient au soleil un cheval blanc. Chez les Grecs ,
Pégase fait jaillir avec son pied làfontaine d'Bip-
pocrène ; et quatre coursiers sont attelés au char
d^Apollon. Des antiquaires assurent même que les
chevaux d'Apollon étaient représentés avec les mê
mes couleurs que ceux dont parle Jean dans l'Apo-
• calypse. Dans 1 Écriture Sainte, le cheval signifie en
général l'intelligence de la parole de Dieu; et le che
val blanc, l'intelligence de son sens intérieur et spi
rituel. L'âne, le chameau et les autres quadrupèdes
du même genre , ont unesignification analogue, mais
dans un aegré inférieur. Du reste, l'emblème du
char attelé de quatre chevaux n'était pas seulement
connu des Grecs , mais de tous les anciens prophètes
et mythologistes étrangers à cette nation. {V. Char,
Aller a cheval^Attelage , Fontaine, Soleil,;
v. aussi les coule^P Blanc, Noir , Roux et Pale.)
CHEVEU. Dernier degré de vie quant au vrai.
Scientifique du dernier degré. Dans Ta langue de la
nature , on regarde les cheveux et les poils comme
étant les terminaisons des fibres çtdes nerfs. (/^.Poil,
Fibre, Nerf.)
CHEVREAU. Irinocenceextérieurc.(^. Agneau.)
CHIEN. Passions grossières , principalementcelles
du manger, de la colère. \V. Chat, Animaux.)
CHOUETTE. {F. Hibou.)
CHUTE. {V. Tomber, Degradatiok.)
CIEL. État de béatitude en Dieu. Le ciel est
partout, vu que dans le ciel le temps et l'espace ne
a*
«ont qu'apparens. Cela n'empêche pas toutefois
que monter ne signifie aller au ciel , et desc-endre ,
venir du ciel. {V. ces deux mots.) Il y a trois cïeux.
correspondans aux trois degrés de développement
dont l'âme humaine est susceptible. [V'. Terri,
Ame , Jardin , Ëden.) Quant au ciel visible , ou au
firmament, il n'est que l'hiéroglyphe naturel du
ciel véritable et invisible aux yeux charnels, {y. So
leil , Etoile, Nuée.)
CINQ. Le nombre cinqsignifie pleinement, abon
damment, comme exubérance de quatre. (^.Qltatre,
Nombre.) Il signifie'aussi suffisamment , autant qu'il
en faut. . _ --
CIRCONCISION. Purification des amours gros
siers. {F. Chair, Organes de la génération, Corps
humain.)
CIRE. Moyen d'acquérir des lumières pures.
\V. Abeille, Suif.) -^
CITERNE. {F. Puits.)
CLEF. Puissance , principalement celle d'ouvrir
et d'introduire. {F. Porte, Sceau.)
CLOCHE , CLOCHETTE. L'ensemble de la doc
trine et du culte dirigés vers une société. {V. Bruit,
Métal.)
CLOU. Ce qui attache. Ce qui affermit. Ce qui
arrête.
CNEPH. Dion des EgyptiensJlfele représentaient
sous la'forme humaine, couleur ïïleu céleste, tenant
en main une ceinture et un sceptre , ayant une plume
sur la tête , et dans la bouche un œuf, duquel était
censé procéder un autre dieu;, nommé Phla , le
même que Vulcain. {V. tous les mots soulignés;
v. aussi VÊtEMENS.)
COEUR. Amour. Volonté. {F. Poumon.)
COLERE. Quand on l'attribue à Dieu ; c'est
amour ; car Dieu ne châtie que par amour. [V. Zèle,
Haine.)
COLLIER. Marque de la réunion de l'intérieur
avec l'extérieur. {V. ces deux derniers mots; v. aussi
Cou, Chaîne.)
.
a3 •
COLLTNE. Bien de la charité. (F. Montagne.)
COLOMBE. Le bien et le vrai de la vérité chez
celui qui se régénère. La colombe , comme tous les
oiseaux, représente aussi l'esprit de Dieu et son ac
tion invisible sur ses créatures. {F. Oiseau, Vent,
Esprit, Songe , Extase.)
COLONNE. Bien de l'amour et de la foi , parce
qu'une colonne soutient une maison, un temple.
Colonne se prend au naturel , et est comme la base
du spirituel qui y correspond. {V. Naturel.)
COMPAGNON. {F. Frère.)
COMMUNION. Union mutuelle par l'amour.
(V. Manger, Boire.) La vraie commu nion chrétienne
consiste dans l'amourréciproquedeJESUS-CHRIST
et du fidèle; en d'autres, termes , en ce que le SEI
GNEUR mange avçc lefidèle, et lefidèle avec le
SEIGNEUR , selon l'expression même de l'Evan
gile. Quand on sait à n'eu pouvoir douter que laseule
communion vraie est celle de l'amour , il y a peu à
disputer sur le signe extérieur qui la représente.
(V. Cuair , Sang.) .»-'•
CONCEPTION. Première réception du bien et
du vrai. L'enfantement et tout le procédé de la gé
nération ont des significations analogues. {V. Ma
riage , Enfantement.)
CONNAISSANCE. Science raisonnée. Elle sup
pose un degré de plus que la science pure et simple ;
mais elle n'est pas iencore la foi , ni surtout la foi
vive, qui seule donne à l'dme la vie véritable.
{V. Science , Sagesse , Vie.)
CONSOMMATION DU SIÈCLE. Derniertemps
de l'Église; quand le SEIGNEUR est obligé de la
renouveler. {F'. Jugement dernier.)
CONSUMÉ PAR CE FEU. Anéanti par le.mal
de l'amour de soi. {V. Feu.)*
COQ. Matin. Chant du coq signifie Fin et com
mencement d'une Église. {F. Aurore. )
CORBEAU. Fausseté. {F. Oiseau, Noir, Co-
IX>MBE.)
CORBEILLE. Le contenant. Système de vérité
a4
capable de contenir la bonté. {V. Boîte, Vase, Pa
rier.) De là l'emblème de Moïse recueilli sur les eaui
dans une corbeille de joncs. {V. Moïse, Vaisseau.)
CORDE. Moyen d'union. Suite de vérités. {F.
Lien , Lin , Chaîne.) . . ,.
CORNE. Puissance duvraiparlcbien. {fr. Chais,
Os, Ongle.) Dans la Bible, corne signifie quelque
fois les rayons du soleil, et la gloire dent ils sonl
l'emblème. •
CORPS HUMAIN. Le corps humain est le mi
crocosme des anciens, ou le monde en petit; car il
correspond même à l'univers moral et au ciel
(V. Homme.) Les objets matériels de l'univers vi
sible dans les trois règnes se rapportent tous à
quelque partie du corps humain , et deviennent des
hiéroglyphes moraux selon la njiancedc ce rapport
(F. Arbre.) De plus , la direction de ces objets par
rapportau corps, leur éloignement ou leur proximité
du corps, est un hiéroglyphe nouveau. Un fruit , une
fleur, par exemple, varient la nuance de leur signi
fication primitive, selon qu'ils se trouvent placés aui
pieds, à la hauteur de la main , ou au-dessus de la
tête. Le corps humain est une véritable échelle de
Sroportion pour s'orienter dans l'univers moral et
ans le ciel. {V. Forme humaine , Membres , et la si
gnification des diverses parties du corps; v. aussi
Conception, Enfantement.)
CORPS DES ANIMAUX. {V. Corps humai»,
Membres, Manger, Chair.)
CORRESPONDANCES. Significations morales
de tous les objets de la nature visible. La science
des correspondances sert à l'explication des images
que présentent les extases et les songes , et devient
ainsi la clé de toute l'Ecriture Sainte. La nécessité
absolue de constater les aberrations morales par les
aberrations physiques, explique également l'origine
du mal physique, et cela de manière à satisfaire la
philosophie la plus scrupuleuse. Chez les Egyptiens,
la connaissance imparfaite des correspondances »
donné naissance aux hiéroglyphes et a l'idolâtrie.
:
;a5
( P' . Langue de la nature , Hiéroglyphes, Swe
denborg. ) ..'./.,.. i
COTE. Ce qui est. propre et cher à lîhomme.
Les côtes ont rapport au vrai , les .flancs au bien.
( V. Os; Pojtrine.), .; .". J. . i' ,->i;;.'
. ...COTON. Degré ou nuance du vrai naturels Le
coton est le Byssus de l'Ecriture Sainte. ( V. Soiç,
Lin , Toile, Vêtemens.) ,
COTTE D'ARMES. Système raisonné. Raison-
nemens. ( V. Armes, Bouclier.)
COU. Union du céleste et du spirituel , de Ja
charité et de la foi, ou du bien et du vrai, parce
Îue le cou unit y», tête et la poitrine.. {F(. Tête ,
oitrine , Collier. ) h. .;. \ •,:.>:*.": i
COUDRIER. {V. Noisetier , Baguette.). -;
COULEUR. Vérité, en tant que formée par des
rayons de lumière. Les trois premières cculeurs ,
savoir , le rouge, l'orangé et lé. jaune, se rapportent
au vrai de l'amour; les trois dernières, savoir-, le
bleu , l'indigo et le violet , au vrai simplement , ou
avec décroissance du bien. Quant au vert, il re
présente la nuance intermédiaire. ( V. Çliaque cou
leur en particulier j ,o>. aussi Arc -en -ciel , Soleil,
Sept.) ' ..:•• ,1 . -i ; »'I
COUCHÉ, ETRE COUCHÉ. Marque de tran-
. quillitéi et de confiance. Être couché au lit signifie un
état qui peut servir au spirituel, (f. Marcher, S'as
seoir , Lit. ) . i : . . .. . ; , , ; , .
-'; COURONNE. Divin. bien produisant le divin
vrai. {Pr. Ornement de la tête.) . ,-j . ,-. • ;' „
, QOUTEAU. Le vrai combattant. La purification
du vrai par les tentations. Le faux dans le 'sens
analogue. (^"V Glaive.)
CRÉATION. Elle se prend au moral. {T. Créer.)
Quant à la création matérielle, elle n'est d'aucun
intérêt en fait de morale. La vraie différence çptre
• matériel et substantiel échappe à l'esprit humain'. Le
monde matériel n'est peut-être que l'écorce ou la
scorie du monde substantiel.- Et Dieu a probable
ment toujours créé.; :.j... .'i»:ii » . .,.iû
3
a6
CRÈCHE. Instruction pour l'intellect. < F. MaN
GER DES aNIMaUX. )
CRÉER. Réhabiliter au moral. Rendre à la "vie
spirituelle. ( V. Création. )
CRÉPUSCULE. État mitoyen entre la vérité
• et l'erreur, entre le bien et le mal. {pr. Aurori.
Lumière , Coq. )
CRI. Douleur à cause du faux. ( ^.Vorx , Bruit. |
CROCHET. Moyen d'union, {F. Clou. )
CROITRE. Augmentation dans le bien , par op
position à multiplier, qui est une augmentation dans
le vrai.
'CROIX. Souffrance. Tentation. Destruction du
bien et du vrai. {F. Crucifier, Bois, Clou, PrED,
Maiw.)
'CRUCIFIER. Punir pour la corruption du bien
et du vrai ; et dans le sens contraire , souffrir
pour l'un etpour l'autre. ( V. Lapider, )
CRUDITE. En parlant des fruits, absence d'a
mour et de charité dans la nuance particulière cor
respondant à chaque fruit. (F. Fruits. )
CRISTAL. Vérités spirituelles et divines , parce
Îae le cristal est clair comme l'eau pure. ( F. Eau,
li amant , Verre de vitre. )
CUIR. {F. Peau, Animai,.) i
i CUIRE. Préparer le bien par le vrai de la foi.
{F. Eau, Feu , Nourriture.)' ' «:
CUISSE. Degré de bonté et d'affection , à cause
de la proximité des flancs. {F. Organes de Î.a géné
ration , Pied.) ' • .' » . . !m .
CUIVRE. Bien naturel. ( V. Or, Argent, Métal.)
CYGNE, ( P". Oiseaux , Blanc , Ea.u . )
• v.v .) . . . . , , • [ .', v ; .
...}• ... • ,. . ..[, •.;; .
DAVID. Dieu comme roi éternel , comme divin
rçai. {F. Roi.) .J» '
DEBOUT. Ferme. ( F. Tenir. ), . ;
DÉGRADATION. La chute ou dégradation du
genre humain , contre laquelle une fausse sagesse
ose quelquefois s'élever, n'est que la suite naturelle-
de l'abus de la liberté laissée à l'homme. Cette dé*-';
gradation pouvait avoir des suites d'autant plus
terribles, que la perfection de la nature, humaine va
jusqu'à permettre à l'homme de scruter dansTave
nir. La méchanceté pouvait ainsi, détruire le biea
i'usque dans sa. première source. {F. Pbesciehcie ,
-iiberte. ) ,. . ., , .i( . ; . . • ; , /
DEGRES. Tout , dans la vie spirituelle aussi-bien
que dansla nature , est disposépardegrés, et s'avance
par progrès insensibles. Il y a dans' l'âme deuxiçs-
pèces de degrés, ceux de latitude qui sont'homo
gènes , et ceux en hauteur qui sont distincts quanta
l'espèce; en tout trois degrés, le naturel;, le^spirituel
et le céleste, Tous ces degrés ont en même temps
leur intérieur et leur extérieur. {V. ces mots.) Entre,
les degrés distincts, il n'y a de communication que
par correspondances ou par imageshiéroglyphiques.
Dans l'homme terrestre on distingue de même trois
degrés , le corporel , le naturel et le rationnel ; mais
ces degrés communiquent entre eux directement.
( F. Ame, Ciel, Echelle, Correspondances, Langue
DE Là_ NAtURE ) V. UljSSÏ RAtIONNEL.)
DELUGE. Tentations. Tribulations. Extinction,
du vrai. {Voy% Eau. ). ,. . . ; -'
DEMAIN. Éternité. État nouveau. M
DÉMONS . Hommes devenus esprits bons ou mau
vais. Les hommes dégradés dans le monde spirituel
s'apparaissent les uns aux. autres sous la figure hu
maine; mais aux yeux des êtres supérieurs en mo
ralité , ils ne se montrent que sous des formes plus
ou moins monstrueuses, et même sous les formes
des divei's animaux. Dansla langue de la nature,
et par conséquent dans l'Écriture Sainte , le mal mo
ral est toujours appelé Diable ou Satan. Diable est
plïtôt la destruction du bien , Satan plutôt la falsi
fication du vrai. {Voy. Géwie , Beauté, Métemp
sycose.) . .,,•[ ;,; ;;;.
DENTS. Dernier degré de la vie naturelle ii»ui->
28
rieure chez l'homme. Côté extérienr ou naturel de
renWndement. Grincement des dents signifie Col
lision entre les Vérités et les faussetés. ( Voy, Inté
rieur, Exterieur. ) '
DERNIER: ( Voy. Premier, Petit. )
-DESCENDRE. Se dégrader. S'humilier. ( V.
MONtER, ËtEVER.) :
- DÉSERT. Médiocrité, oïl absence du bien et du
vrai. Etat de, tentation. {Voy. Eden, Jardin.)
-DÉSOLATION. Faussetésinfernales. {Voy. ABO
MINAtION.)
DEUX. Conjonction. Le bien et le vrai. Ce qui
est 'Saint, complet. Deux et demi. La plénitude.
{Voy. Nombres-.)' . • .
DEVIN. Celui qui fait profession de découvrir
l'avenir etiles choses cachées , dans l'état de songe ou
d'extase. -( V. ces deux mots ; voy. aussi Magné
tisme, y On ne peut plus révoquer en doute que
l'état prophétique ne se soit plus ou moins déve
loppe' chez tons les peuples, même chez les sauvages
d Amérique. ( V. Jongleur. )
DÉVORER. S'approprier. Détruire. Dévorer
tiri livre ; s'approprier son contenu. Dévorer k chair
de quelqu'un ; détruire ce qui fait sa vie. Sans la
connaissance dé cet hiéroglyphe, il est impossible
de ne point trouver absurde ces passages des Saintes
Écritures , où il est question quelquefois , non-seu
lement de manger des choses dégoûtantes, mais
jusqu'à des chevaux avec leurs cavaliers, et des char-
riots avec ceux qui sont montés dessus. ( V. Man
ger. )
DIABLE. (V. Démons.) •: •"•' '•. :'
•-DIAMANT. Vérité divine. Vérité éternelle. {V.
Cristai , Verre dE'vitre, Elu , Mïroir. )
DIEU. Le Créateur', le Rédempteur et le Régé-
nérateur'des hommes. Comme PèM', il' test invisible ;
quand il se constitue visible, il devient Fils» Avant
son incarnation matérielle, la Divinité ne pouvait
se montrer que sous la forme d'un ange embléma-
^#-— ^ tique./ Mais cette fdraie ne suffisant plus pour lu
•
t
a9
faire reconnaître par des esprits dégradés , DIEU
s'est fait le plus malheureux et en même temps le
plus vertueux des mortels , afin de leur montrer à
tous leur maître. Dieu s'est fait le premier et le
dernier , l'alpha et l'oméga de la création , afin
que toutes les sociétés éternelles pussent recon
naître leur Roi dans le héros du Calvaire , et s'at
tacher à lui dans une union éternelle. (/^o^'.-Appa-
bition, Avènement, JÉSUS-CHRIST, JËHOVAH,
Divin bien et Divin vbai , Roi , Fobme humaine ;
voy. aussi Eternel et Infini.) Les anciens admet
taient quelquefois plusieurs dieux inférieurs; mais
alors évidemment ils ne prenaient plus le nom de
Dieu dans le sens absolu , et ils n'entendaient plus
parler que de ces êtres que nous rangeons nous-
mêmes en diverses catégories sous l'Etre suprême ,
et que nous appelons anges ou âmes de nos ancêtres.
DIEUX. ( Voy, Dieu.)
DIRECTIONS. Les directions vers les points car
dinaux , vers le ciel , ou vers le centre de la terre ,
ont aussi des significations morales. {Voy. les Points
cardinaux; voy. aussi Monter, Descendre, Nombre,
Corps humain , Droite , Gauche. ) De là vient cette
prétention des anciens, qui disaient .que le fleuvg
Himérée avait des eaux douces quand il se dirigeait
vers le midi , et des eaux amères-quand il coulait,
vefs le nord. ( Voy. Rvvière , Eau. )
DISTANCES. Dans le monde spirituel les dis
tances ne sont qu'apparentes ; et représentent sim
plement des diversités d'étais moraux. Les êtres
dont les caractères sympathisent semblent proches
les uns des autres; ceux dpnt $es caractères se re
poussent semblent éloignés eh raisoiL des leur aver
sion. ( Voy. Espace. )
DIVIN BIEN et DIVIN VRAI. Dieu. Amour
et vérité. Volonté et intelligence. Bonté et sagesse.
Substance et forme. Père et Fils. IJout cela revient
au même dans le langage extatique. Par le procédé
de l'Incarnation, le, divinbien s'est uni au divin vrai, .
au point de personnifier pour nous r.es^e.ftee. divine,
3.
3o
ti là* mettre en un rapport direct avec toutes les
créatures. Sans ce procédé il était devenu métaphy-
siqriemcnt impossible de donner un Roi éternels
toutes les créatures, dé les réunir, de les consom
mer toutes dans Yùnitë. { roy. Glorification.
Amour , Vérite , Dieu , etc. , etc. )
DIVINATION. ( Voy. Songe.)
DIX-. Tout. Cent signifie Tout également, n'étact
que dix multiplié par lui-même. ( Woy. Nomme.'
Dix signifie aussi ce qui reste, les reliques; ei
dixième mois ou jdur du mois, l'état de l'initiation
de l'homme intérieur.
DOIGT. Degré de puissance , eu particulier
quant au vrai. Chaque doigt offre une nuance dif
férente que l'expérience seule pourra déterminer.
Le doigt du milieu peut se rapporter à la liberté, le
pouce et l'index à la puissance par le bien , les dem
autres à celle par le vrai. ( Voy. Main , Bfus
Épaule. )
DOS. Partie volontaire du 'caractère de l'homme.
Aversion. Le dos a aussi rapport aux choses cachée?.
aux points qui' forment un objet de simple foi, pu
opposition a la face qui correspond aux connais-
.s*nces claires. Ou bien encore le dos correspond au
. passé , la face à l'avenir, {V. Marcher , se tourser.
DOUX. Ce qui est agréable. La dbuceur se rap
porte à Ja vérité, l'amertume à la fausseté. {F
'Amer;)
DOUZE. L'ensemble de tout ce qui a rapport
au* biens de la charité et de la foi. Dites la même
chose de 2.4, de <fi et de i/j4 > l11' ne sont que de»
dérivés de t'i:' ( V: Tttitfus ,. Apôtres ; voy. au»
Nombres), et en pârtïcufier Taëis et Quatre , Dix et
Deux, dont douze se ,comp,ose. ) C'est a "cause &(
cette signification morale du nombre, douze qu'on
jetrouve ce nombre 'si souvent; mentionné dans les
livres Saints et les nyytli'ologics anciennes. On con
naît les douze portes du soleil , les&ouze vents , etc.,
aussi-bien que les douze portes de la nouvelle Jéru
salem, les dou'zfe^p'ôti-es, les vingt quatre vlerflàrdj,
J.
3i
lessoixante-douxe disciples, les céht qiiarante-qiiatré
mille élus. ,( V: Porte , Vieillard.) ....
Bj DROIT1 Ce qui est juste. jCq.cmi. est dans rendre, ,
ifii (^-Tordre;) ' ,'/:
. fc, DROITE. La droite se rapporte au bien, la gauche
' au vrai. Et par la droite et la gauche il faut en-
i tendre la moitié entière du corps humain lui-même^
Ljg aussi-bien que les objets extérieurs qui y répondent;
7 car chaque fibre de ce corps a une signification par-
j6, ' ticulière. Ainsi le pied droit , le talon , le genou ,Je
:uii " fémur droit , etc. , ont une nuance analogue à, la
signification de la droite en général. Dans le sens
„ défavorable , la gauche est prise pour le mal. Cet
,, hiéroglyphe revient assez souvent dans les livres
c saints j et la faible elle-même admettait deux chc-
j mins' se présentant aux âmes des défunts aumoment
,»> de leur mort, dont l'un conduisait , à droite, aux
^ Champs-Elysées, tandis que l'autre, sur la gauche.,
aboutissait au Ténare. Le* 4ruspices croyaient éga-
l lement favorable un éclair vu à droite, et fatal un
l,, éclair vu à gauche. (/^. Eclair.)
.j DUR. Le faux, par opposition à ce qui est tcti-
:t d.re. et mou, et rappelle le vrai. ( V. Os , Corne ,
1 Chair.) •
EA.U , EA.UX. Vérités , parce qu'elles sont trâns -
parentes et forment miroir. Pénitence, baptême,
parce qu'elles lavent les souillures. Prises eu mau
vaise- part, les eaux signifiant tentations, tribula
tions, faussetés, principalement quand elles sont
gâtées , et donnent naissance à dés insectes et à des
miasmes pestilentiels. C'est de:là que viennent tous
ces usages de bains et d'ablutions chez les anciens,
lès stoliastes' ou prêtres porteurs d'eau chez lés
Egyptiens, les fables de Tantale, du, Styx et du
Cocyte, etc. Les eaux se prennent aussi dans les'
trois degrés, savoir ,1e naturel; le spirituel et le
3a
céleste. ( V . Boire , Laver , Baptême , Source , Puits,
Vase d'un étang , Degrés , Déluge. )
ECARLATE. Intelligence provenant de l'amour
spirituel. {V. Etoffe, Couleur, Pourpre, Spiri
tuel.)
ÉCHELLE. Communication entre les degrés hé
térogènes ou de hauteur. ( V. Miroir , Degrés ,
Métal.) La tête de l'échelle signifie le Ciel.
ECLAIRS. Vérités relatives au divin amour, se
faisant vivement sentir dans les âmes. ( V. Lumière,
Tonnerre. ) Eclair pris en mauvaise part. ( V. Feu
du ciel.)
ÉDEN. Jardin. Paradis. Etat de perfection
et de bonheur. ( V . Arbre. ) Les divers objets de
la nature végétale, principalement les arbres à
fruits, représentent l'état moral des esprits supé
rieurs , et les entourent comme d'un riant jardin
(v. Jardin) ; tandis que les êtres dégradés appa
raissent dans des déserts et dans des lieux arides.
{'V. Désert, Antre.) Les Champs-Elysées et le Té-
nare des païens nroiit point d'autre origine. Et ce
qui est plus étonnant encore , c'est que le Cb.ou-K.ing
et l'Y -Ring des Chinois parlent également dela for
mation de l'univers parles Trois Vertus suprêmes,
de la chute des premiers criminels , de l'état d'inno
cence des premiers humains , jouissant d'uue habi
tation délicieuse, arrosée par unefontaine d'immor
talité , divisée en quatre sources men'eilleuses , etc.
Ce sont absolumenUles mêmes images emblématiques
employées dans la Bible; et elles trahissent ainsi une
source commune, savoir, la langue de la nature.
( y. ce dernier mot ; v. ^ussi Source , Rivière.) ,
ÉGLISE. Société qui s'attache à Dieu. (f\ Terre.)
Chaque homme en particulier est aussi une Église.
EGLISE, en tant qu'édifice matériel. (/^.Temple.)
EGYPTE. Sciences naturelles , par opposition aux
sciences spirituelles. Faste et orgueil des connais
sances humaines. Amour de dominer par une fausse
sagesse. {V. Assyrie, Correspondances.)
ÉLÉPHANT. {V- Animal, Grand.) Il repré-
33
sente les sentimens outrés des hommes qui croient
tout savoir ; et , comme moyen de transport , des
entreprises orgueilleuses. {V. Nez, Cheval, Almbr
a cheval , Attelage. )
ÉLEVER. Perfectionner, éclairer, parce qu'en
s? élevant on se rapproche du ciel et' du soleil.
( y. Monter , Montagne.) . '<
ÉLU. Celui qui est dans le bien et le vrai. {F. Ap-
KELÉ.) . ;; . » .','•.. I ' '.».:i
EMMANUEL. ,Dieu en rapport avec l'homme^;
par conséquent JESUS-CHRIST , leMessie : car en
tant que créateur invisible e\ insaisissable , Dieu ne
saurait avoir de rapports directs avec l'homme,
( V. Dieu. ) Mot à mot, Emmanuel veut dire Dieu
avec nous. Ceux qui ont étudié à fond les nouvelles
révélations de Swedenborg sont convaincus que c'est
par un effet particulier de la Providence que cet
homme extraordinaire avait reçu au baptême le
nom d'Emmanuel. Aucun des prophètes anciens ,
aucun apôtre ne l'avait porté , et il' ne devait êtrc:
domié au SEIGNEUR que plus tard. [V,. Prophète.)
ENCENS. Dernières vérités touchant le bien cé
leste. Vrai de la foi. Bien et vrai spirituel , et même
céleste. ( V. Aromates , Odeurs. ) , .
ENCHANTEMENT. Prouver d'une manière
plus ou moins plausible que le vrai est faux, et que
le mal est bien. {V: Devin, Songes , Magnétisme. )
ENFANT. Innocence. Affection. Faiblesse. Les
i enfans d'une famille signifient Affection du bien et
du vrai. ( V. Fille, Garçon.)
ENFANTEMENT. Commencement de la vie se
lon le bien et le vrai. Il se prend aussi en mauvaise
paît; ( V . Nourrice.) L'accroissement et le décrois-
sement des corps naturels correspondent dans toutes'
les parties à la formation et à la dissolution des corps-
moraux. ( V. Garçon, Fille, Homme, Femme,
Eglise, etc.)
ENFER. Étit inférieur. État de dégradation ,' et
par conséquent de souffrance. Toutes les images ter
ribles sous lesquelles on a dépeint de tout temps les
souffrances des êtres dégradés, se rencontrent en
effet dans le monde spirituel ; mais elles ne font que
caractériser la nuance de leurs diverses souffrances
morales ; et ces êtres né se doutent souvent pas de
la présence des emblèmes horribles qni les entourent.
( y. Ciel, Ange , Antre, Feu , Fumée , etc. )
ENTENDRE. ( F. Oreille. )
ENTRAILLES. Affections sociales. Affections
de famille. Amour. Charité. ( F. Flancs , Orgaks
DE La GENERAtION, CORPS HUMaIN.)
ENTRER. Ce mot peut se prendre au moral
comme tous les autres. Il signifie le commencement
d'un état meilleur ou pire. {V. Sortir.) ^.-
ÉPAULE. Puissance dans toute sa force. La
marque royale se portait anciennement sur l'épauie.
{F. Bras, Main.)
EPEE. Raisonnement. ( V. Armes. )
EPI. Les épis- de toute espèce, même ceux dn
roseau, se rapportent aux choses scientifiques.
{F. Herbe, Foin, Paille, Arbuste.)
EPINE. Le faux provenant du mal. ( F. Arbre,
Piquer , Percer , Tuer.)
EP'OUSE. Église qui est dans l'amour du SEI
GNEUR. L'épousé est l'union du Lien et du vrai,
par opposition à la Vierge , qui est principalement
l'affection du vrai. ( y. Fiancée , Vierge.)
ÉPOUX. Le SEIGNEUR , auquel une Eglise s'at
tache par amour. {F. Mariage.)
ESPACE. Dans le monde spirituel les espaces ne
sont qu'apparéns. Ils désignent l'affection et l'aver
sion entre les êtres moraux, leur grandeur ou peti
tesse relatives. ( F. Grand, Distances, Lieu.)
ESPRIT. ( f. Vent.) Saint-Esprit. Action invi
sible de Dieu sur l'intime de l'homme, sur sa con
science. Vision emblématique. Songe hiérogly
phique.^. Influx divin, Colombe , Oiseaux.)
ÉTANG. Vérités en une certaine abondance. Pins
souvent , faussetés en abondance , et tribulations si
35
les eaux sont stagnantes. ( F. Eau, Rivière , Mer. )
ÉTÉ. État d'amour et de vérité. ( V. HivEn.)
ÉTEINDRE. ( F. Fetj , Eàti. )
ÉTERNEL. Durée sans fin. {F. Éternite, Infini.)
ÉTERNITÉ. L'homme n'a pas une idée claire
ni pleine du mot éternité. Toutes les questions éter
nelles et infinies passent la conception-de l'esprit hu
main; et il est absurde de s'en occuper. ( F. Infini.)
ÉTINCELLE. ( F. Feu , Flamme.)
ÉTOFFE. Le vrai que l'on peut s'approprier.
( F. Vêtement, Laine, Lin.) ' •
ÉTOILE. Connaissances relatives au bien et au
vrai. Société qui est dans ces connaissances. ( F . So
leil , Lune.)
ÉTRANGER. Celui qui ne connaît pas Dieu.
( F. Parenté.)
ETRE. Il y a une différence entre VEtre-Dieu et
Yélre de la créature. Dieu a la plénitude de Vétre;
à proprement parler, lui seul est; les créatures çte
sont qu'à la seconde branche de l'être. {F. Bonté.)
EXCRÉMENT. Corruption infernale du bien.
( V. Nourriture, Enfer.)
EXTASE. Vue de l'âme dans le monde spirituel.
Vue des images emblématiques annonçant les choses
futures. ( V. Songe, Prophète, Magnétisme, Im-
, .POSItION ;DES MAINS.) 1
EXTERIEUR. Moins parfait, par opposition à
intérieur. ( F. Supérieur. )
F.*. ' . . . • • - , . i
FABLES. {Voy. Langue de la nature, Songe,
Mystères. ) , _. ; ' '
FACE. Intérieur de l'homme. Son âme, 6on ca
ractère , sa présence. Face . de Dieu signifie bien
veillance; fffx. colère de Dieu. ( Voy. Dos. ) . ; .,
-, FAIBLESSE. {F. Maladie , Vertu. ).
36
FAIM. Désir du bien et du vrai pour soi ou pour
les autres. Leur privation. ( V. Manger. )
FAISCEAUX. {V. Gerbe.)
FARDEAU. Péché, peine du péché, {f^. Portes.!
FARINE. Vrai , pouvant conduire au bien. ( V,
Grain, Moulin, Pain.)
FATIGUE. {F. Las.)
FEMME. Affection du vrai. Affection en géné
ral. Église. ( V. Mari,) .'!
FENÊTRE. Lumière. Vérité. Faculté intellec
tuelle. Moyen de connaître. Caractère public d'mi
individu. La fenêtre représente aussi, ainsi que h
porte , la voie par laquelle un individu se défait de
ses défauts. Une personne qui a de fortes tentations
verra, par exemple, en songe , des araignées énorme
au milieu de sa chambre ou près de son lit ; si elle
vient à vaincre ces tentations plus facilement , les
araignées paraîtront moins grandes et près delà
fenêtre; enfin, délivrée de ces tentations, elle les
Verra blanches, petites, en dehors de la fenêtre,
d'où elles disparaîtront enfin entièrement. ( V. Lu
miere, Maison , Rideau,Volet.) .
FER. Vrai naturel. {F. Métal, Cuivre, etc.)
FERMENTATION. Effet des passions bonnes
' ou mauvaises. {V. Levain, Pâte, Farine, Raisin,
Vin, Ivrogne, Fruits. ) ' '
FEU. Amour bon ou mauvais. Passion. Colère. Le
feu du ciel signifie Punition à cause de l'amour de soi
Pris en bonne part , le feu du ciel peut aussi signi
fier la vérité divine, unie à la charité et arrivant ino
pinément dans une âme. De là l'usage chez les Ro
mains d'allumer des feux aux fêtes de Paies. Les
Celtes faisaient les mêmes cérémonies au solstice
d'été; et les chrétiens n'ont fait que les transférera
la fête de Saint-Jean. Chez les Chaldéens, on adorait
aussi Dieu sous l'emblème du feu; entre autres, dans
la ville d'Ur, ou lavilléVde Feu. On sait le défi
qu'ils portèrent aux Egyptiens, et comm'ènt la statue
fff- ->^ remplie d'eau, de ces derniers, éteignit le 'feu des
Chaldééns, et vainquit ainsi leur dieu qu'ils préten
daient Invincible. {F. Eclair.)
FEUILLES. Connaissances. Vérités naturelles,
rationnelles et Sensuelles. Pensées scientifiques. .( F/
Arbre, Fleur , Fruit , Verdure.)
FIANCEE. Une Église ou personne qui désire le
SEIGNEUR , par opposition à celle qui le reçoit.
( V. Épouse. )
FIBRES. Les pensées , par opposition aux nerfi
et aux muscles, qui sont les actions qui v corres
pondent. ( V. Arbre,. )
FIEL. Faux infernal. ( F. Absynthe , Amer.)
FIÈVRE. Etat de celui qui s'est exalté par de
mauvaises passions. La fièvre chaude correspond au
feu infernal; la fièvre froide à l'absence del'amoftr
et de la charité. ( V, Maladie. )
FIGUE. Bonté naturelle; probablement parce
qu'ellFnaît sans avoir fleuri auparavant. ( F. Fleur.)
FIGURE. ( F, Face, Forme.)
FIGURE GÉOMÉTRIQUE. (^Quarre, Sept. )
FIL. Vérité. Suite d'idées. ( F. FiBRif, Lin, Corde
Chaîne.) /';
FILET DU PÊCHEUR. Moyen natur«^e per.
suasian. Moyen de faire passer les nommes ae^ûç-
trines purement humaines à la doctrine de l'Ëglist
du SEIGNEUR. Moyen de faire passer les hommes
du naturel au spirituel. Persuasion du faux. ( F. Fil,
Eau, Poisson, Air, Araigne'e, Lien, Prisonnier.)
FILLE. Affection du vrai. Eglise. Foi et charité.
Fille publique est une Eglise corrompue; Petite fille,
l'Eglise d'un individu quant à l'affection du vrai en
core un peu vague, mais pleine d'innocence; ( V.
Garçon. ) *••.,;..'.' .'.
FlLS. Vérité. Les fils représentent les penchams
vers les vérités provenant du bien, ou simplement les
vérités; et les filles les affections de ces vérités. {V,.
Enfans.) /.,'-.. w ' ' .•" "
FILS DE DIEU. La sagesse éternelle procéda*
4
3*
r* -v
de l'éternel amour, et devant s'incarner dans letemps.
est appelée le Fils de Dieu, le Verbe. ( f. Verbe.,
Mais JESUS^HRIST comme homme est seul pro
prement le FILS DE DIEU , parce qu'il provient
du Père, quoiqu'il n'en soit pas distinct quant à la
personnalité. Fils de thomme signifie Dieu incarne
par amour pour l'homme, ou le vrai diiin quia
pu cire tenté. Enfin , l'expression de Fils de Dieu
appliquée à l'homme , veut dire la même chose que
Enfant de Dieu.
FLAMME. Bien spirituel , par opposition à I
lumière qui en émane et qui est le vrai spirituel.
FLANCS. Amour conjugal. Amour du prochain.
( V. Entrailles , Organes de LA.GENERA-rioK.)
FLÈCHE. Raisonnement. Conviction, (f^. Aame
Bo;s.) ^^'
FLEURS. Bonnes pensées. Bons désirs. État voi
sin, de la régénération. Science du vrai. Le^neurs
rouges ont rapport aux* pensées sur la charité- les
blanches , à celles sur la vérité. Quelques fleurs sont
suivies de fruit. , d'autres ne le sont pas : il en est
de même d<~ Donnes pensées et des bons désirs. Il
fautaussi £ .re attention commentles fleurs croissent,
pour er déterminer la signification précise , celles
qu,V.sf'-- ,Près de la terre, comme la violette , râp
aient l'humilité"; les autres indiquent une éléva
tion au moral , qui peut être prise en bonne oa
mauvaise part. ( V. Feuilles Frcits. )
FLEUVE. (^.RivrèRE.;':
FOIN. Véritésque l'homme s'est appropriées. Vé
rités, considérées abstractivement à la pratique , que
quelqu'un a, par exemple , consignées dans unJivre.
[ F . Herbe. ) ..'..-.
FOLIE. Suite d'idées et d'actions non en harmonie
av.eclavie commune. La folie peu* être causée parla
présence d'esprits bons aussi-bien que par celle d'es
prits mauvais. II suffit que ces esprits_soient dans
une sphère d'action plus intense, que l'individu
auquel ils,se•sont attachés. Toutes les. passions yébé-
39
mentes peuvent nous mettre en rapport avec les
esprits, etnbus soumettre à leur influence. L'homme
est toujours accompagné au moins de deuxesprits ,
qui sont à peu près de sa nuance morale, l'unTheilleur,
Vautre moins bon que lui ; et cela pour l'avantage
moral de tous les trois. Mais dans les transports de
quelque passion violente , l'homme peut dépasser
cette ligne destinée a maintenir sa liberté, et il
peut rendre attentifs sur lui des êtres d'une autre
sphère , qui , jusque-là > ne se doutaient pas de sa
présence, et ne pensaient pas à l'influencer, puis
qu'ils ne le voyaient que sous des emblèmes vagiies.
Les passions les plus louables , l'amour et la piété,
peuvent causer les aberrations' appelées folies. Voilà
pourquoi les anciens mêlaient souvent une sorte de
vénération à leur pitié pour les fous. Cette manière
d'envisager la folie explique seule l'a conduite de la
Providence à l'égard d'une classe malheureuse, qui
autrement serait abandonnée du ciel. Les fous ne
sont eu général que des extatiques , des indivjdus
qui dorment du sommeil magnétique , et dont^la
seconde vue, ou la vue dans le monde spirtuel,
est ouverte ( V. Songe , Extase , Magnétisme ,
Vovant. )
FO>T>EMENT, FONDATION. La même chose
que rocher , pierre. ( F", ces mots. )
FONTAINE. La Sainte Écriture. La Parole de
Dieu. ( V. Eau , Source* }
FORCE. Elle se prend au moral pour vertu*
FORÊT. Lieu qui rappelle l'intelligence, (V.
Arbre, Eden. )
FORMÉ. Vérité, par opposition à la substance,
qui est bonté. ^
FORME HUMAINE. La forme humaine est; {géo
métriquement parlant, la forme la plus parfaite
sous laquelle un être intelligent et sensible puisse
se présenter à ses semblables. Elle est par consé
quent aussi la forme propre à Dieu, dans ses rapports
directs avec l'homme. L'homme représente la ligne
4o
Ïierpendiculaire , le serpent la ligne horizontale, et
es autres animaux remplissent tout le quart du
cercle. ( V. Skrbent. ) Quand Dieu , dit Zoroastre ,
voulut organiser la matière de l'univers , il envoya,
sa volonté sous la forme d'une lumière très-bril
lante , et elle parut sous \a.Jîgure d'un homme. {Y".-
Corps humain, Substance, Homme.)
FORMES GÉOMÉTRIQUES. {.F. Quake*,
Cercle, Nombre.)
FORNICATION. Union illégitime. Infidélité s
Dieu. Corruption. Etat d'une Église dégradée. (F.
Adultèrk, Mariage, Union.)
FOSSE. Imperfection. Souffrance. Tentation.
Etre dans la fosse , c'est être dans le mal. {F. Abîjce,
Enfer , Prisonnier. )
FOURMI. Pensées et désirs des avares. Tous les
animaux grenctiers ont cotte signification. ( F. Rat,
Souris. ) C'est pour cette raison que les mages des
Perses se faisaient un si 'grand honneur de tuer des
serpens et des fourmis. ( F. Serpent. ) ,*.
FOURNEAU. Les plaisirs des affections natu
relles. Passions licites ou non licites. ( F. Feu,
Cendre , Fumée. ) Le fourneau ou la cheminée où
on prépare le manger, peut aussi" avoir rappprt à
une doctrine particulière de religion ou de morale.
{F. Cuire.-) . * --^V- H*j«*
FRAISE. Amour de Dieu , parce qu'elle est
rouge; et humilité, parce qu'il faut se baisser pour
la cueillir. {F. Fruits, Pomme.)
FRAPPER. Détruire. Tourmenter. Frapper à
la porte , demander l'entrée. Frapper le rocher ,
prier Dieu avec importunité.
FREIN. Ce qui sert à guider l'intelligence et
l'imaeinfllinn de l'homme. (^V Cheval;) .,. ^-^
FRELON. Crainte de ceux qui sont dans le faux
du mal, à cause de son dard. {F. Abeille, Mouche,
Insecte, Épine, Percer, Tuer.) • ',. ^.: ....«-r
FRÈRE. Le bien rationnel. Le bien naturel.
Quelquefois le Vrai de4a même espèce. L'affection
.
. . •
<iu bien et du vrai dans l'homme naturel , est d'a
bord comme celle du frère et de la sœur; si cet
homme devient rationnel et par-là spirituel , cette
affection devient comme celle du mari et de la
femme. ( V. Rationnel , Soeur. ) , \
FRERES. Biens spirituels en général. ^
FRÈRE et COMPAGNON. Le bien, et levrai
qui lui correspond. j.'
FROID. Absence de la charité. {V. Chaleur,
Feu.)
FROMENT. Le bien de l'Église. Le bien na
turel , par opposition au pain qui est le bien spiri
tuel. Il en est comme du raisin par rapport au moût
et au vin. {V. ces .mots; v. aussi Farine.) C'est la
perte de cet hiéroglyphe naturel qui a donné lieu
a toutes les fables que les anciens ont débitées sur
Cérès. ( V. Moisson. )
FRONDE. .Moyen particulier de conviction ,
comme toutes les armes. ( V. Goliath.)
FRONT. Amour céleste. Science concernant cet;
amour. Dans le sens contraire, Haine, Opposition.-
( V. Tête. )
FRUITS. Bonnes œuvres. Connaissances du bien ,
par opposition aux feuilles et aux fleurs qui ne sont
que les pensées et les bons désirs. La signification de'
chaque fruit varie selon sa forme , sa couleur et sa
saveur. Il est impossible d'entrer ici dans des détails
que l'expérience seule pourra faire connaître. Les
fruits farineux se rapportent généralement au vrai ,
les huileux au bien. Ceux qui donnent le vin, comme
le raisin , la pomme , indiquent le bien conduisant
au vrai de la foi» La peine de cueillir les fruits re
présente la difficulté de s'approprier les diverses
branches de bonté morale. De là la défense en
Egypte de manger de certains fruits; les prêtres
dégradés ou ignorans de ce pays , ayant regardé les
tentations nécessaires à la purification du cœur ,
comme des punitions de dieux ennemis, qui s'irri
tent en voyant l'homme faire des efforts pour s'ap
4<
proprier les qualités morales correspondantes à ce»
fruits. ( V . Manger , Crudité , Corps humain ,
Pomme, Raisin , etc. )'-
FUMÉE. Faste , ou Orgueil de l'intelligence
propre. Ignorance. Fausseté. Ténèbres provenant
des passions. ( F. Feu. ) Prise en bonne part , la
fumée peut aussi signifier quelquefois l'Ecriture
Sainte , quant à la lettre sous laquelle est voilé k
sens mystique. ( V, Nuée. )
G.» ,.
GABRIEL. Mot à mot, Force de Dieu. So
ciété angéliquc tout entière , ainsi que Michaël ,
Raphaël. Chacune de ces sociétés est chargée d'en
seigner quelque vérité particulière touchant Dieu
rédempteur, ( V.. Ange. )
GARÇON, PETIT GARÇON. Église d'une per
sonne , quant à la vérité du système et à la charité.
( V. Fille , Petite fille. ) A mesure que ces sortes
d'eufans hiéroglyphiques deviennent plus grands,
ils représentent' une affection plus intense, ou un
système de vérité plus solide, jusqu'à ce qu'ils de
viennent jeune homme , jeune personne , homme,
femme, époux ou épouse j car alors la signification
changei quant à l'espèce. ( V. ces différens mots.)
De là , entre autres , l'origine des fêtes à'Adonis , cé
lébrées par tant d'extravagances chez les anciens ,
quand ils pleuraient sa mort, et se réjouissaient de
sa résurrection. « Le petit garçon nous est né , le
fils nous a été donné, » dit d'un autre côté Isaje,
en annonçant la naissance de Dieu rédempteur, avec
lequel et- par lequel devait naître toute religion vé
ritable. ( Vi. Vierge. )
GAUCHE. (V. Droite.)
GÉNÉRATION. Production du bien et du vrai ,
quand une. vérité ou une vertu eu amène une autre.
{ F. Bonté , Mal , Enfantement. J*
GENIE. Être spirituel ou substantiel, chargé de;0*"" Sir-:-'* .•.
-,
43
VeîHer aux destinées des individus ou d'une loi par
ticulière de la naturel La croyance à l'existence de
ces génies a été universelle. Il serait facile d'assi
gner une centaine de peuples des divers temps et
des divers paysnqui ont été et sont unanimes sur ce
point. Les communications extatiques, plus ou moins
connues partout , même chez les peuples sauvages,
ont seules pu rendre cette croyancef aussi univer
selle. Que feraient, en effet, tant de myriades d'êtres
immortels , si leur plaisir n'était pas de travailler
sous la direction de l'Être des êtres aux destinées
générales de l'univers ?,On- sait bien que Dieu n'a
pas besoin d'eux; mais il a besoin de les occuper et
de les rendre heureux ; ei vivre, agir, jouir, et être
heureux, sont des choses inséparables. ( V. Démons,
Anges. )
GERBE. Série de vérités eu de faussetés dans
l'esprit humain.JLes choses scientifiques s'arrangent
toujours comme en faisceaux de diverses herbes dans
la langue vus, et sont appelées gerbes dans l'Ecriture
Sainte. ( P\ Herbe. ) ^
GESTE. Les gestes expriment toutes sortes de
vérités morales et de senlimens du cœur. La mine,
la main peuvent former une langue tout entière.
{F. Face, Main.)
GLACE. Absence d'amour et de charité. ( V. Cha
leur, Froid, Eau. ) .. ,.
GLACE. Miroir. {K Miroir.)
GLAIVE. Combat contre le faux. Glaive tiré
du fourreau signifie Combat continuel , et Glaive à
deux tranchans, Combat pour le bien et le vrai. Por
ter le glaive sur la cuisse , c'est combattre par bonté.
. ( V. Armes , Couteau, Cuisse. )
GLOIRE. Sens interne et divin de la parole de
Dieu. Gloire se rapporte à la vérité; honneur à la
bonté. (/'.Soleil, Lumière.) • >
GLORIFICATION. *Union du divin bien et du
divin vrai. {V. ces mots.)
GOLIATH. Comme géant, orgueil. CommePhi
44
listin, science et foi dénuées de charité. David a
vaincuGoliath, signifie, le SEIGNEUR avaincu l'or
gueil et le vice par la vérité et l'amour. {F^. Fronde,
Pierre , Front.)
GRAINS. Vérités en germes. Vérités qui se pro
pagent. Grain dé froment, parole de Dieu. {f^. Se
mence, Gerbe.)
GRAISSE. Bien céleste. Bien de l'amour. Cf.
Huile.)
GRAND. En bonne part, puissance ; en mauvaise
part, orgueil. La grandeur des' objets n'est pas ab
solue , elle n'est que relative dans le monde des es
prits. Les grandeurs disproportionnées sont toujours
prises en mauvaise part.. {V. Petit, Espace.)
GRELE. Faux infernal. Faux détruisant le vrai.
{V. Glace , Pluie.)
GRENOUILLES. Raisonncmens provenant du
faux. {V. Animal, Insecte, Eau.)
GUÉRISON. Résipiscence. {V. Médecin, Mé
decine.)
H. .
HACHE. Le faux de l'intelligence propre. Intel
ligence détruisant le vrai. Quelquefois la vérité de
la foi provenant de la charité. {V. Instrument , Ou
vrier , Bois , Fer.-) ' • .
HAINE. Eh parlant de Dieu , amour ; car Dieu
ne hait que le mal qui est en nous. Chez l'homme ,
mouvement désordonné contraireàl'amour, quoique
naissant de l'amour, savoir, de l'amoilr-propre, de
l'amour du monde.
HAUTEUR. Degré du bien et du vrai. {V. Su
périeur.)
HÉCATE. {V. Lune.) .
HERBE. Vrai scientifique. L'herbe verte et sur
pied représente des vérités vivantes et divines. Fau
chée et fanée, elle représente ces mêmes vérités
—1
45
après que l'homme se les est appropriées; car tout
ce que l'homme touche , il le fane plus ou moins.
( y. LÉGUME.) .
HERBE (Mauvaise). {V. Zizanie.)
HERCULE. ( V. Force.) Hercule représentait le
soleil ; et ses douze travaux , les douze signes, {f. So
leil.)
HIBOU. Fausseté." Ignorance. Au rapport de
Çaussin , chez les anciens mystiques chrétiens, les
oiseaux de nuit signifiaient généralement les héré
tiques. (V. Oiseaux , Nuit.)
HIÉROGLYPHE ÉGYPTIEN. Signe allégé
rique déjà détourné de la signification primitive/
d'un ohjet pris dans la nature visible. {V. Corres
pondances, Langue de la nature.)
HIER. État précédent. Éternité. {V. Temm.)
HIVER. Etat d'absence de charité.
HOMME. Il n'y a point de différence entre
l'homme et l'ange, (f. Ame.) La partie la plus im
perceptible chez l'homme ayant une signification
morale, elle doit passer au_ monde substantiel,'
comme tout le reste de son être. L'homme corres
pond à toute la création; il est le type le plus par-
Fait de l'amour et de la vérité ,'et par conséquent il
est aussi celui de la Divinité. Un père de l'Église ap
pelait l'homme le Dieu terrestre. Le ciel -lui-même
est disposé, d'une manière analogue aux diverses
parties du corps humain. Les sociétés célestes , par
exemple, qui sont principalement dans la vérité j
sont dans la tête; ceux qui sont principalement dans
l'amour, Sont dans le cœur , etc. {V, Corps humain ,
Forme humaine, Statue.)
HOMME(Jeune) et JEUNE FILLE. Intelligence
et affection. {V". Jeune homme.)
HUCHE. Affections ou- passions de l'homme ex
térieur ou naturel, {y. Boîte , Bois , Farine , Pate#
Pain.)
HUILE. Le bien séleste. {V. Graisse.) Dans une
lampe allumée, l'huile est le bien; la flamme, le
46
vrai. Répandre de l'huile sur une statue c'est an
noncer qu'elle est le vrai du bien. {V. Statue.)
HUIT. Commencementd'uuétat nouveau comm^
venant après sept.-(^. Sept, Sunt.) Huit SS£
aussi complètement. 8
HUMBLE. Mot à mot, près du sol. \r. Petit.)
HYACINTHE. Couleur écarlate. {F. Écablati i
Cèdr^°PE' M°yen de Purification extérieure. [F.
I.a * ^ »
IDOLATRIE. {F. CORRESPONDaNCES, L.AKGUE D£
La NatURE.) -
IDOLE. Fausseté. Faux culte. .(^-Statue.)
ILES. Églises ou individus encore éloiprjés dn
M»? b,en' mais *ïui les déritwat. ( /". Terre,
IMPOSITION DES MAINS. Signe de la com-
muniçation et de la réception du bien et du vrai
»(* Main, Front, Tète, Magnétisme.)
SU^CHRÏsTr -Cr' DlEU' JÉHOVAB' *
INCIRCONCI. Homme qui n'a renoncé à aucune
des passions grossières. ( F. Circoncision. ) ! "
INDIGO. (Bleu foncé.) Deuxième degré de l'af-
fection du vrai. ( F. Bleu, Violet, Couleur??
, INFERIEUR. Etat d'imperfection, de dégrada
tion et de souffrance. ( F. SupÈrIEUR , Abîme , g™ b )
INFINI Toutes les questions infinies aussi-bien
qu éternelles surpassent la portée de l'esprit bu
main; et si est absurde de s'en occuper, dans une
autre vue que de s'exciter à des sentimens d'humi
lité, d adoration et d'enthousiasme à la vue du
Grand-Ètre. ( F. Eternite. )
INFLUX DIVIN. Influence cachée de Dieu sur
ame humaine , par l'amour et la vérité. Insensible
1 influx divin ne forme que le mouvement de la
■.
*3 -.
conscience : devenu sensible dans le souge ou l'ex
tase , il revêt des images emblématiques , et s'appelle
Saint-Esprit. ( V. Magnétisme , Saint-Esprit , Lan
gue r>B la nature. ) Dieu influe toujours par le- .
spirituel sur le naturel , par l'intérieur sur l'exté
rieur , par leisupérieur sur l'inférieur, et jamais
en sens, contraire. Il y a en outre un influx; indi
rect , c'est celui qui se fait sur l'homme par' les êtres
spirituels qui l'entourent : les mauvais même servent
comme moyen entre les mains de Dieu. ( V. Liberté ,
Divin bien, Divin vrai.)
INITIATIONS. ( V. Mystères, Songe, MaGNÉ
TISME.) * -
INONDATION. Tentation. Tribulation. {F. Dé
luge.) . ,
INSECTES. Faussetés de la malveillance. (^. Rep
tiles , Animal-, Mouche , Belzébub. )
INSTRUMENS. Moyens d'agir. (>, Ouvrier.)
INSTRUMENS DE MUSIQUE. {V. Musique,
Chant.)
INTÉRIEUR. Partie spirituelle et plus parfaite
de l'âme humaine. {f. Extérieur, Supérieur.)
ISAAC. Affection du vrai. Dieu rédempteur,
quant à son caractère divin rationnel. Mot à mot,
Isaac signifie le Rire. ( V-» Rire , Jacob. ).
ISIS.' {V. Minerve.); Les Egyptiens soutenaient
qu'Isis se montrait, aux malades pendant leur som
meil, et leur indiquait les remèdes. {V. Magnétisme . )
Il fallait bien que les anciens eussent quelque secret
extraordinaire : les médecins de-Darius ne purent
délivrer ce prince, en sept jours, etune maladie dont
Démocède le guérit en une heure.
ISRAEL/Le SEIGNEUR, quant à sou caractère
divin-,! céleste, spirituel. Une Eglise qui est dans
ce degré. {V. Jacob , Judas , Divin, Céleste. )
IVOIRE. Vrai naturel: \V. Os.)
IVROGNE. Cehii qui déraisonne dans Tes choses
<te la foi.-{V., Vite.) J'
JACQUES. Apôtre.^. Pm«, Apôtre.)
JACOB. Le Rédempteur, quant à son caractère
divin naturel, [F. Isaic.) Uue Eglise, quant à sa
partie extérieure. ( f. Is.-.ael.)
JARDIN. Paradis. Bien de la sagesse. ( F*. Éde».
Arme. )
JAUNE. Troisième degré du vrai de l'amour.
(V. Coclecr , Rouge. )
JEAN. Apôtre, f F. Pierre , Apôtre. )
JÉHOVAH. L'Être par excellence,. LTÊtre des
êtres. Le Père de la nature. Le Créateur infini , in
compréhensible , invisible, inabordable dans son
essence première. Pour l'homme , JÉHOYAH n'est
antre que JÉSUS - CHRIST. (,f. Dietj, JÉSU&
CHRIST.)
JÉRUSALEM.' Église, quant nu vrai de la doc
trine. ( V. Lcse, Ville. ) La nouvelle Jérusalem,
qui, selon XApocalypse, doit descendre du ciel,
n'est que l'Église chrétienne renouvelée ; et ce re
nouvellement consiste uniquement dans la connais
sance de la langue de la nature : car, dans cette
langue , une ville emblématique , telle qu'est décrite
la nouvelle Jérusalem promise , n est qu'un système
religieux complet et partait. {V. Or, Cristal,
Pierres précieuses, Perles, Soleil, etc.) Lucien
.parle d'une-villc à peu près semblable à celle dé
crite dans XApocalypse, comme emblème d'un
enseignement religieux donné par des extatiques;
seulement il s'en lient à la division par sept , au lieu
de celle par douze. . -
JÉSUS:CHRIST. Sauveur. Roi. Roi par excel
lence. JÉHOVAH VU. Le côté aperceptible de
l'essence divine , incommunicable dans son premier
principe. Le FILS de Dieu,, en qui et par qui on
voit le PÈRE. Dieu Créateur, devenu aussi Dieu
Rédempteur. En un mot , l'Etre infini personnifie'et
constitué^/zm en faveur de toutes les créatures qui
.
49
doivent s'attacher à lui par amour , et qui n'eussent
pu le faire si Dieu était resté dans son essence méta
physique et absolue. ( F. Dieu, JÉHOVAH.)
JEUNE. Fort, vigoureux. (^.Vieillard.)
JEUNE HOMME. Intelligence. Franchise. Vé
rité. Vérité confirmée -et assurée jusqu'à un certain
point. Les jeunes hommes et les jeunes filles signi
fient les vérités et les bontés. ( V. Enfant , Garçon,
Fille, Vierge.)
JEUNER. S'abstenir du mal. ( V. Manger. ) ,•
JONGLEURS. Nom que l'on donne aux prêtre»
des sauvages d'Amérique. Quand ou connaît les phé-
nomè.nes de l'extase provoquée, on ne s'étonne plu9
que presque tous les usages des anciens temples , les
ablutions , les circoncisions faites avec des couteaux
de pierre, toutes les horreurs des sacrifices humains ,
et les diverses initiations, se soient retrouvées jusque
chez les sauvages du Nouveau-Monde. {V. Devin ,
Prêtre , Magnétisme , Songe. )
JOSEPH. Le SEIGNEUR quant à son caractère
naturel -spirituel -céleste. Les hommes ou anges
qui sont dans ce degré. {V. Naturel, Spirituel,
Céleste , Degre's. )
JOUR. Etat;de lumière, d'intelligence et de foi.
Durée d'une Eglise , avec, son matin et son soir.
( V. Nuit. )
JUDAH. Le SEIGNEUR quant à son divin
amour. Le royaume céleste du SEIGNEUR. La
tribu de Judah était l'emblème du règne de JÉSUS-
CHRIST; elle se ' trouvait la première des tribus
après que Ruben, Siméon et Lévi eurent été mau
dits. ( V. Israël , Jacod , Judas.) On remarquera sans
surprise que la plupart des noms propres de l'Ecri
ture Sainte qui caractérisent lé SEIGNEUR, se
trouvent réunis dans la lettre / ou /, quand on
saura que cette lettre est une abréviation du nom
hébreu Jehovah, signifiant la plénitude de l'être.
JUDAS, l'Apôtre. Caractère violent, emporté,
sensuel, passionné, qui se laisse aller au premier
5
5o
mouvement , mais n'excluaut pas d'autres bonnes
qualités. C'est à tort que l'on n'écrit pas le nom de
Judas de la même manière que celui du patriarche;
et c'est plus à tort encore qu'on a , dans le monde
chrétien , une idée si repoussante de ce disciple du
SEIGNEUR, si infortuné, qui D'a.pu survivre à sa
faute , et dont le SEIGNEUR' a probablement voulu
parler dans sa touchante parabole de l'Enfant pro
digue. Judas n'était que le type de toute la nation
juive , aussi-bien que de tous les hommes passionnés
chez les autres nations; car les chrétiens eux-mêmes
sont d'ordinaire aujourd'hui plus juifs que les eu-
fans d'Abraham selon la chair. {F. Juif, Apôtre.)
JUGEMENT. ( V. Justice. )
JUGEMENT DERNIER. Fin d'une Église, et
commencement d'une Église nouvelle. Le jugement
dernier de chaque individu se fait au moment de sa
mort; c'est sa propre conscience qui le juge» Cela
n'empêche pas qu'il n'y ait quelquefois certainsju-
gemens plus solennels des sociétés en masse , tel qu'il
v en a eu un lors^de l'apparition de la Divinité en
chair , lorsque JESUS-CHRIST dit : C'est mainte
nant le jugement du monde , et tel que celui qu'il
avait annoncé pour l'époque de son second avène
ment. {V. Terre , Mémoire, Livre, Jérusalem. )
JUIF. Caractère sensuel et tout terrestre. ( P. Ju
das. )
JUSTICE. Perfection morale. Justice se rapporte
au bien , jugement au vrai.
JUPITER. Le dieu suprême des païens . Mot à
mot , Dieu le père. C'est évidemment un dérive du
mot primitif Jéhovah ou Jah , signifiant l'Etre par
excellence. ( V. Jéhovah, Judah.)"Jou signifiait
toujours Dieu ou nature divine, chez les païens : de
là J unon. Io, Io Bacclie, Io Pœan, etc., etc..
:!-
..
... . ..;•.(
LABOURER. Se préparer par le bien à fecevoir
le vrai. {V. Terre, Champ, Verdure.)
LABYRINTHE. Palais composé de douze cham
bres , et bâti en l'honneur du Soleil. ( V. Soleil ,
Maison , Douze. ) Plus tard, labyrinthe ne signifiait
plus, qu'un enclos d'allées tellement disposées qu'il
était difficile d'en trouver l'issue.
LAINE. Le vrai du bien de l'innocence. Le vrai
céleste chez l'homme intérieur. Laine ou poil de
chèvre signifie la même chose chez l'homme exté
rieur. '( V. Poil, Vêtement , Agneau. ) Les prê
tres égyptiens ne pouvaient ni entrer dans leurs
temples , ni se faire enterrer avec des étoffes de
laine : ce qui provenait nécessairement d'un senti
ment d'humilité. Les Juifs modernes s'enveloppent
encore aujourd'hui d'une étoffe blanche dans leurs
synagogues ; usage qui doit avoir une origine em
blématique analogue.
LAIT. Affection du vrai. Bien spirituel céleste.
C r. Nourrice , Veau. )
LAMPE. Connaissances et charité. ( V. Lumière ,
Huile. )
LANCE. Raisonnement naturel , à distance ou
par écrit. Coup de lance signifie Conviction. ( V.
Armes , Bâton , Fer. )
LANGUE. Doctrine. Opinion. ( V. Bouche. )
LANGUE PARLÉE. Toutes les langues parlées
sont conventionnelles , ayant nécessairement été pré
cédées de la flftigue de la nature , langue immuable
comme le Créateur , laquelle se fait par images par
lantes , et est vue plutôt qu'entendue. ( V. Corres
pondances. ) Les songes sont souvent conçus dans
cette langue. ( V. Songe. ) Pour les extatiques , tous
les objets de la nature, les arbres , les pierres, les
animaux ont leur signification morale arrêtée. Les
5i
, animaux sont même souvent introduits , comme
parlant la langue conventionnelle du voyant. De là
toutes ces relations d'animaux parlans , dans toutes
les mvlhologies , et môme dans l'Ecriture Sainte. En
se perdant , la langue de la nature a donné naissance
à l'idolâtrie cl aux différentes mytliologies. ( V. Hié
roglyphes , Soleil. )
LANGUE DE LA NATURE. ( V. Langue pjj-
lée, Correspondances. )
LAPIDER. Punir quelqu'un pour la violation
de la vérité ; et dans le sens contraire , souffrir pour
la vérité. ( K. Crucifier.) Lapider et crucifier étaient
les principaux supplices des anciens , à cause de li
signification de la pierre, du bois, de la croix , etc.
( V . ces mots.)
LARGEUR. Elle a rapport au vrai. ( f. Lon
gueur.)
LAS, LASSITUDE. État de celui qui est prêt
de succomber, qui est prêt d'être vaincu. Accablé
de fatigue signifie 'Etat de combat violent et de
violente tentation.
LAVER. Purifier des souillures morales. {V, Bap
tême, Eau.)
LEGER. {V. Lourd , Balance.)
LEGUMES. Ce qu'il y a de plus ordinaire dans
les jouissances humaines et naturelles. [V. Verdure,
Manger.)
LEOPARD. Celui qui est dans des faussetés nom-
• creuses et dans la méchanceté. Hérésie destructive
de l'Eglise. \V. Animal, Taches.)
LÈPRE. Profanation du vrai , parce qu'elle pro
vient d'une décomposition du san {*.♦ '. Sang.) De
là cette persuasion des Perses qu'un lépreux avait
nécessairement péché contre le Soleil. {V. Soleil.)
On sait combien les Juifs ont eu à souffrir de cette
maladie, qui reparait aujourd'hui sous le nom de
dartres. On a toujours reconnu son rapport avec le
péché en général ; mais on ne savait pas qu'elle figu-
k.
53
jrait -principalement la profanation de la parole de
Dieu. [V. Maladie, Ulcère.)
LEVIER. Puissance. [V. Main , Bâton, Sceptre.)
LEVAIN. Le faux et lemal. Manger du pain
sans levain , c'est se purifier de l'erreur et de la mé
chanceté. ( A^. Farine, Pain , Pâte.)
LIBERTE. La liberté de l'homme vient princi
palement de ce qu'il est continuellement balancé
entre les deux influences opposées du ciel et de l'en-
ferj influences auxquelles l'homme échappe d'autant
moins , que dans le monde spirituel chacun peut
pénétrer plus ou moins avant dans les destinées fu
tures des moi-tels. \V. Prescience.) Pour rendre
l'homme plus libre , Dieu n'a fait eu quelque sorte
que se laisser deviner par lui. Heureux celui qui le
trouve personnifié dans la crèche et sur le calvaire,
après l'avoir admiré dans le spectacle de la nature,
et l'avoir cherché en vain dans les régions incom
mensurables du firmament et dans-la lumière inac
cessible de son trône éternel. {P. Dieu, Jeiiovah, In
carnation, etc.) Libre et volontaire: sont presque
synonymes. Il est rare que l'homme soit placé sur
le degré d'un libre arbitre métaphysiquement par
fait, qui seul offrirait une liberté entière, et en pre
nant ce mot daiis le sens absolu. En ce sens ,.i! peut
se faire qu'un individu n'agisse librement qu'une
seule fois sa vie, et cela au moment où le Dieu
créateur, rédempteur et régénérateur , le met lui-
même sur l'éternelle balance, afin de savoir s'il veut
ou ne veut pas le servir. (/•*. Ïntlx'x, Volonté,
Ange, Folie.) La vue même des miracles n'ôte pas
à l'homme le degré de liberté véritablement morale,
à laquelle le Créateur s'est fait une loi.de ne jamais
toucher. Voilà pourquoi les oracles, les prophéties
et les prédictions les plus' positives, faites en songe
et en langue de la nature , laissent encore les hommes
dans un vague qui rie se détruit entièrement qu'a
près l'événement $ et c'est Cette circonstance qui dé
routait si fort les anciens quand ils consultaient sur
l'avenir, sans avoir assez de philosophie ni assez de
5.
54
moralité pour le faire à propos. ( V. Miracle ,
Songe , Prescience, Magnétisme.) La vraie liberté
consiste à se laisser conduire par le SEIGNEUR :
se laisser conduire par l'influence infernale, c'est
l'esclavage véritable. {?'. Captif.)
LIE. Ce qu'il y a de pire dans le faux et le mal.
[V. Vase d'un étang.) La lie du vin est la falsifica
tion du bien de la foi. {V. Vin , Vinaigre.)
LIEN. Moyeu d'union. Défaut de liberté. Homme
lié signifie celui qui est dans le faux. ( V. Corde,
Captif , Maladie.)
LIEU. Dans leuiondespirituel, lelieun'est qu'une
apparence. De quelque manière qu'un ange se. tourne,
il a toujours le SEIGNEUR devant lui ; les sociétés
qui sont dans le bien , à sa droite, et celles qui sont
dans le mal , ou dans le vrai seulement, à sa gauche.
(f/. Distance, Directions , Espace, Orient.)
LIGNE. Suite d'idées. {V. Point, Nombre,
Centre, Directions, Corde, Chaîne, Fil.)
LIGNE A PÉCHER. Moyen de faire passer do
degré naturel au degré spirituel. {V. Filet, Ba
guette, Fil, Crochet, Poisson, Eau, Air.)
LIN. Doctrine vraie, à cause de la blancheur et
du tissu d'une étoffe de lin. Le vrai divin, {y. Corde,
Ouvrage a l'aiguille , Fil.)
LINGE. Vrai du dernier ordre. [V. Lin , Vête
ment.)
LION. Force, en bonne ou en mauvaise part.
Dans le sanctuaire de Mythra , les initiés étaient
élevés à différons grades de vertu et de force mo
rale , représentés par différens animaux. Le pre
mier grade ctait'celui de soldai , le second celui de
lion (pour les femmes, celui à'hjeiine); après on
devenait prêtre ou corbeau, puis Satyr, Bacchus
et Soleil. Tout cela sont des preuves irréfragables
de la connaissance primitive , et de la perte de la
langue de la nature. Œ. les mots souligné»; v. aussi
Animal, Baptême, Ours.)
LIS. Innocence. Raisonuemens vrai», mais qui
•
55
n'engendrent point de fruits , ou que l'on envisage
abstractivement aux fruits. [V. Fleurs , Rose.)
LIT. Le lit représente un état purement naturel.
La tête du lit, le naturel intérieur. {F. Dormir.)
Le lit signifie aussi le naturel de la foi , et une doc
trine de fqi que quelqu'un s'est appropriée. Il en
est comme des vétemens , de la maison , du char, etc.
d'un individu. {V. ces mots; v. aussi Rideaux.)
LIVRE. Mémoire des choses transmises à la pos
térité. La mémoire de l'homme est elle-même ce
livre, où tout est écrit, et d'après lequel il sera
jugé. { V. Cerveau.)
LONGUEUR. La longueur se rapporte au bien,
la largeur au vrai. Elle correspond à l'Orient et à
l'Occident , au lieu que la largeur se rapporte au
Midi et au Nord. [V . ces mots; v. aussi Hauteur »
Profondeur.)
LOUP. Désir de ravager. Il peut aussi être pri»
eu bonne part. ( V. Animal.)
LOURD. Ce qui a de la valeur. {V. Léger, Subs
tance.)
LUMIÈRE. Vérité. Vérité divine. Vrai de la foi.
{F. Soleil, Dieu, àrc-en-ciel.) C'est de là que
vient cette doctrine anciennement si universelle
ment répandue sur les combats de la lumière contre
les ténèbres, ou d'Oromaze contre Ahrimane. (V. Té
nèbres.) Les Romain* allumaient des cierges au*
fêtes des Lubcrcalcs , en l'honneur du dieu Pan.
L'Eglise a transféré cet usage à la fête de la purifi
cation , pour détruire plus «facilement les désordres
qui l'accompagnaient.
LUNE. Eglise , parce qu'elle reçoit sa lumière et
sa chaleur du soleil. {V. Lumière, Chaleur, So
leil. ) La lune change, elle croîtet elle décroît, tan
dis que le soleil est toujours le même : il en est de
même des Eglises par rapport à Dieu. Cet emblème
est connu de tous les chrétiens instruits. C'est pour
cela qu'il en est si souvent question dans l'Ancien et
le Nouveau Testament. Il a aussi été la première ori*
56
gine de la déesse Hécate de la Fable ) à laquelle 1•
anciens donnaient le plus souvent le nom de *«'
jeune fille, appiiTor **pi, fille indicible et mvsté
rieuse. ( V. Viebge. )
M.
MAGIE. Art de se mettre eu rapport avec les dé
mous. { f. Magnétisme. ) Quand on employait cet
art pour le bien , ou l'appelait anciennement Théur-
gie. {V. ce mot.) Quand on l'employait pour le mal.
on l'appelait Géotie. ( V. Devin.)
MAGNETISME. Le magnétisme moderne n'es:
que l'imposition des mains de l'antiquité. C'est un
agent inconcevable que l'ou peut employer pour le
bien ou pour le mal des hommes , et dont les limites
ne sont pas encore bien connues , même en ne le
considérant que dans son action sur les corps orga
nisés. Le somnambulisme , ou l'extase provoquée, à
laquelle le magnétisme a conduit , est cet état pro
phétique dont la corruption et l'idolâtrie des an
ciens peuples ne se servaient que. pour faire le mal,
ne dierchant en général à pénétrer l'avenir que
pour exterminer d'autant plus facilement leurs en
nemis , mais dont les lumières et la philosophie mo
dernes , fruits du christianisme, pourront tirer enfin
tout l'avantage que le Créateur y a attaché pour la
Elus grande perfection et pour le plus grand bon-
eur de ses créatures. ( V\ Vent , Songe , Extase,
PROPHEtE , SaINt-EsPRIT^ PRESCIENCE , TrOPHONIUS.)
Mais si le magnétisme , comme agent thérapeutique,
est déjà une chose si délicate , qu'en Prusse on a cru
devoir en régler l'emploi par des lois , que n'en
doit-on pas penser lorsqu'on l'emploie aux commu
nications spiritudles avec les êtres soustraits à l'exis
tence matérielle, communications dont la possibilité
es,t reconnue par tous ceux qui ont examiné d'un peu
{irès cet étonnant phénomène de l'extase provoquée?
1 n' y a plus lieu de s'étonner aujourd'hui que la ré
57
vélation des mystères des anciens temples ait d'or*
j.r d inaire entraîné la peine de mort.
„;,, MAISON. Système. Doctrine. Intérieur de l'in-
„telligence de l'homme. L'intérieur de l'homme,
"" quant au bien et au vrai unis ensemble et disposés
en ordre. Pour désigner le bien exi particulier, on
dit d'ordinaire maison paternelle, on maison du
père, par opposition à la maison de la mère , qui se
rapporterait plutôt au vrai de la.môme espèce. Chez
ni; les prêtres égyptiens , on trouvait encore de ces
': £ grandes maisons quarrdes,à differens compartimens,
.A qui , selon eux , représentaient la vie humaine.
.jti (V. Toit, Vaisseau, Temple, Labyrinthe, Soleil,
"Pierre, Bois, Bâtir , Quarré , Figures géomé-
.; TRIGUES.)
MAL. Dégradation morale. Il y a le mal du faux ,
;i et le faux d.u mal ; car le mal et l'erreur s'engendijent
': mutuellement. {V. Bonte.)
MALADIE? Etat de celui qui est dans le mal
moral. Chaque espèce, de maladie correspond à un
genre de mal différent. La maladie peut aussi se
prendre en bonne part, comme la mort elle-même,
quand on la regarde comme le dépérissement du
vieil homme. {V. Lien, Captif, Prisonnier.)
MALE. Généralement les animaux mâles se rap-
'j portent à la vérité, les femelles à la bonté.
MAMELLES. Affection. Charité. Amour. La ma
melle droite se rapporte au vrai du bien , et la gauche
au bien du vrai. (V. Bonté, Lait, Corps humain.)
MANES. Les anciens appelaient ainsi les Ames
deleurs ancêtres. (V. Dieux.) Quelquefois par mânes,
ils n'entendaient que les divinités infernales, (jf". Su
périeur, Démons, A'nge, Génie.)
MANGER. S'approprier le bien et le vrai. Dé
truire le faux..{V: Dévorer*, Boire.)
MANGER DES ANIMAUX. La paille, l'herbe,le
foin , les racines , etc. ( qui en eux-mêmes signifient
losçientifiquenaturcl), quand on les considèrecomme
nourriture,' correspondent au bien de ce scientifique.
{F, Nourriture, Animaux, etc,}
58
MANNE. Le bien spirituel. Le bien dix vrai. Le
SEIGNEUR. ( V. Pain , Pluie, Ciel. )
MANTEAU. ( V. Vêtement; ) Le manteau dé
signe en général le rogne spirituel. ( V. Spirituel,
Céleste. ) •
MARCHAND. ( V. Acheté» , Vendre. )
MARCHER. Vivre. Marcher devant le SEI
GNEUR , c'est Vivre selon sa loi. ( V . Alleu j
cheval, Voler, Char , Vaisseau.)
MARI ET FEMME. Le bien et le vrai. Mais
l'homme non marié signifie le vrai.
MARIAGE. Union du bien et du vrai. Église
établie chez une ou plusieurs personnes. Le mariage
de l'homme et de la femme , type de cette union ,
est éternel , quand les époux sont de vrais époux,
c'est-à-dire quand ils sont faits l'un pour l'autre. Le
mari perfectionnera éternellement la femme quant
à l'intelligence ; et la femme perfectionnera éter
nellement le mari quant à la bonté. Et les deux ne
font qu'un seul être, un seul ange, selon l'institu
tion même du Créateur qui les a unis de la sorte,
et a défendu expressément de les jamais séparer.
( V. Homme , Femme , Epoux , Epouse , . Noces ,
Union.)
MATIN. Etat nouveau, par opposition au soir.
Etat de perfection. Commencement d'une Eglise.
( V. Jour , Soir. )
MAUDIRF,. {V. Bénir.)
MEDAILLE. \V. Argent monnayé.)
MÉDECINE. Purification du mal. ( V. Maladk,
Herbe. ) »-
MÉLCHISÉDEC. L'homme intérieur du SEI
GNEUR. Mot à mot, 1% Roi de justice.
MEMBRES DU CORPS DE L'HOMME ET
DES ANIMAUX. Chaque membre a sa signification
particulière. Nous en avons indiqué un certain
nombre. Quant aux détails , il faut les deviner. ( V.
Corps humain , Forme humaine , Tète , Poitrine ,
^
50
ïambes , Bras, Mains , Pieds,' Organes de lA géne'-
iation, Fibres, Nerfs, Sang, Os , etc.) Les anciens
ivaieut mis chaque membre sous la protection d'une
iivinité particulière : la tête était sous celle de
Jupiter , la poitrine sous celle de Neptune , la main
sous celle de la Foi , le dos sous celle de Pluton , etc. ,
La connaissance de la langue de la nature met sur
la voie de ces singulières inventions.
MERv Ensemble des connaissances humaines.
Collection de toutes les vérités naturelles. La bête
de la mer, dont il est parlé dans l'Apocalypse, est la
dernière limite du délire de la fausse philosophie et
de l'orgueil scolastique. ( V. Eau , Animal. )
MÈRE. Eglise quant à la vérité. Eglise en- géné
ral. Le vrai divin. ( V. Père, Vierge, Epouse. )
MERITE. Celui qui se fait un mérite quelconque
de ses bonnes œuvres , commet' envers Dieu le
péché qui est qualifié de vol dans l'Évangile. Dieu
seul est bon,, parce qu'il est la bonté infinie. Il ne
peut y avoir de bontéhors de lui, ni séparée de lui.
Nul homme par conséquent ne peut être vraiment
et absolument bon. Faire le bien chez l'homme n'est
autre chose que fuir le mal : et comment peut-on
être louable de fuir le mal ? Un homme qui se noie
a-t-il quelque mérite s'il vient à s'échapper? Encore
une fois , l'homme vicieux est malheureux, l'homme
vertueux est heureux; mais la conduite de ce der
nier n'est pas un mérite proprement dit; il n'est que
relatif. ( Vr Vie , Bonte. )
MESSIE. JÉSUS-CHRIST. Motàmot, l'Oint, le
Roi, le Roi par excellence. ( V. Dieu, Roi, Jehovah,
JÉSUS-CHRIST. )
MESURE, Qualité d'un objet quant au bien et
au vrai. ( V. Longueur, Largeur, Boîte, Vase ,
Balance. ) - . ., .
METAL. Les métaux représentent certains de
grés de bien et de vrai , comme la pierre et tous les
autres objets de la nature. De là les quatre âges du
monde , selon les anciens. De là aussi cette échelle
6o
emblématique des prêtres deMythra, dans laquelle il
y avait sept portas correspondant aux différens pas
sages des âmes dans les étoiles pour arriver kla per
fection : la première en plomb, consacrée à Saturne;
la deuxième en étain, à Vénus; la^troisième en
airain, à Jupiter; la quatrième v en fer, à Mer
cure; la cinquième en métal mélangé , à Mars:);
sixième en argent , à la Lune ; et la septième en or.
. au Soleil. {V. Or, Argent, Cuivre , Fer, etc. ;
voyez aussi Sept, Porte, Etoile, etc.)
MEULE. Préparation du vrai pour servir an
bien. ( V. Moulin, Farine , Pain.)
MEURTRE , MEURTRIER. ( V. Tuer.)
MIDI. Etat de sagesse et d'intelligence. ( T.
Nord. )
MIEL. Jouissances extérieures ou naturelles. Le
bien de la foi ou de la loi de Dieu. {V. Doux, Amb,
Abeille. )
MILLE. Beaucoup. Grand nombre. A l'infini.
( V. Nombre , Cent.)
MINERVE. Déesse païenne. Elle représentait
• Dieu comme science et vérité éternelle. Les Grecs
la disaient sortie de la tête de Jupiter , parce que la
tête correspond à l'intelligence. Les Egyptiens l'ap
pelaient Isis , par opposition à Osiris , qui sans
doute pour eux était Dieu quant à la substance ou
à la bonté ; et ils mirent sur son temple de Sais
cette admirable inscription : Je suis tout ce qui a
été , est et sera ; nul mortel n'a encore soulevé mon
voile. C'est moi qui ai engendré le soleil. {F-
Soleil. )
MIRACLE. Événement contraire aux lois ordi
naires de la nature» Si on excepte les miracles de
l'Evangile qui ont été en même temps des emblèmes
moraux devenus nécessaires, les miracles sont en
général moins iutéressans qu'on ne croit, en fait de
moral, puisqu'ils détruisent toujours plus ou moins
le libre arbitre. (^.Liberte.)
MIROIR. Ressemblance/Vérité. Vie future.
6i
Immortalité. Le miroir représente atissi les points
de séparation, entre les trois cieux et le degré de
moralité de celui qui s'y mire. ( V. Ame , Ciel ,
Degrés , Echelle. )
MOIS. Etat moral d'une société ou d'une per
sonne. Changement de cet état. ( J\. Temps, Année.)
MOÏSE. La loi du SEIGNEUR. Dieu en tant que
législateur. Mot à mot, Tiré des eaux, ou sauvé
des tribulations. ( V. Eau. )
MOISSON. Avancement dans le bien et le vrai.
Fruits de charité et de vérité. ( V. Champ , Fro
ment, Labourer. )
MONDE DES ESPRITS. {F. Ciel, Ame, Appa
ritions , Substance , Spirituel. )
MONNAIE. Prix du vrai et du bien. Apprécia
tion du vrai et du bien. Une pièce de monnaie re
présente en général le vrai provenant du bien.
Trente sicles d'argent est une estimation vile dans
l'Ecriture Sainte. ( V. Or , Argent. Trois , Nombre.)
MONTAGNE. Amour de Dieu , Élévation vers
Dieu. Orgueil. Anciennement on adorait sur les
hauts lieux, à cause de la première de ces significa
tions. ( V. Fosse , Abîme. )
MONTER. Se perfectionner. S'élever par or-
gneil. Descendre se prend dans le sens contraire.
( V. Elever, Supérieur.)
MONTRE. Epoques de l'histoire du genre hu
main, ou d'uncÉglise. Vie automatique. Montre d'or,
époques correspondantes au règne de l'amour et
à la charité. Montre d'argent, époques correspon
dantes au règne de la vérité seule ou de la foi sans
la charité, qui alors n'est qu'erreur.
MORT. Perte du bien et du vrai. Dans, un sens
opposé , Résurrection; car mourir pour l'état natu
rel est ressusciter pour l'état spirituel. ( V. Tom
beau. )
MOU. Le vrai , par oposition au ferme qui est 1«
bien. Mou signifie aussi faible , incertain.
6
6 3
MOUCHE. Pensée méchante. Réflexion piquante.
Idées et affections suggérées par les mauvais esprits.
{V. Abeille, Insecte , Aile, Belzedud. ) Les Païens
eux-mêmes adoraient quelquefois Jupiter sous le
nom de Destructeur des mouches.
MOULIN. Examen du vrai. Eglise. Eglise par
ticulière, parce que dans un moulin on prépare le
frain pour en faire de la farine et du pain. {f. Paiit,
'arine. )
MOUT, VIN DOUX. Vrai naturel, par opposition
au vin qui est le vrai spirituel. {V. Raisin , Vin.)
MOUTARDE:GRAINDEjMOUTARDE. Propre
de l'homme. Bonté naturelle de l'homme avant
qu'il soit régénéré. Cette bonté n'a d'autre avan
tage que de pouvoir fournir la simple possibilitédu
salut. Mais aussi le premier pas une fois fait dans
la spiritualité , qui est seule une bonté réelle , alors
le fidèle peut faire les progrès les plus rapides.
MUET. Celui qui ne peut ou qui ne veut pas
adorer le SEIGNEUR. ( V. Oreille , Bouche. )
MULTIPLIER. {F. Croître. )
MUR. Le vrai en tant qu'il protège et défend
l'individu qui le connaît. La parole de Dieu dans Je
sens de la lettre ; parce que la lettre renferme et
protège le sens spirituel. Mur se prend aussi pour
un obstacle.
MUSIQUE. Joie. Culte. Les inîtrumens à cordes
se rapportent au bien spirituel , les instrumens à
vent au bien céleste. Les. premiers ont rapport à la
vérité ; les seconds à la bonté. {V. Cantique. ) De là
la fable d'Orphée apprivoisant les ours et les tigres,
et attirant môme à lui les^'ochers et les arbres par
les accens harmonieux de sa lyre à sept cordes. {V.
ces différens mots qui ne représentent qu'autant de
caractères variés des hommes. )
MYRRHE. Perception du vrai sensuel. (/^.Aro
mates.)
^MYSTÈRES. Les mystères des anciens tpmples
«insistaient à se mettre en rapport avec le monde
63
spirituel par la connaissance des songes embléma
tiques. ( y. Songes) Les songes, en effet, expli
qués d'après les règles de la langue de la nature,
ont d'ordinaire rapport à la conduite morale des
individus pendant les premiers jours, mois ou an
nées qui suivent ces songes. C'est pour cela que
Cicéron ne craignait pas de ranger les mystères des
anciens temples , ceux d'Eleusis entre autres , au
nombre des établissemens les plus utiles à l'huma
nité. Quoique évidemment mille illusions pouvaient
se mêler à ces sortes d'expériences extatiques, on
ne peut se dissimuler que les anciens ne soient sou
vent parvenus à développer tellement chez les
initiés ce que l'on peut appeler l'éducation de l'étal
de songe, qu'ils les poussaient à de véritables
rapports avec le monde des esprits. « Je me suis
approché des confins de la mort , dit un 'fameux
initié; j'ai foulé aux pieds le seuil de Proserpine j
j'en suis revenu à travers tous les élëmens; ensuite
j'ai vu une lumière brillante , et me suis trouvé en
présence des dieux.» Les Pythagoriciens eux-mêmes,
au rapport de Tiedemann « avaient encore le secret
d'entrer dans une véritable extase. » ( V. MagnjÎ-
tIME, TbOPHONIUS.)
MYTHRA. ( V. Mystèiœ , Métal, Soleil. )
N.
NAGER. Surmonter les erreurs et les tentations.
( V. Eau , Déluge.)
NAISSANCE. Renaissance. Naissance au sens spi
rituel , quant à la pratique du bien et la connais
sance du vrai. ( y. Beauté-. ). • y
NATUREL. Premier degré de développement
moral et religieux dont l'âme humaine est suscep
tible. Les autres degrés sont le spirituel et le céleste,
( V. ces derniers mots; voyez aussi Degrés, Science,
Rationnel.) -v ."..-.yA^:lu
64
NEIGE. Vérité , à cause de sa blancheur ; mais
absence de charité. ( V. Glace , Hiveb. )
NERF. Muscle. Action. CF. Fibbe. )
NEZ. Perception. Faculté de percevoir. L'odorat
a rapport à la fois et au bien et au vrai.
NEUF. Neufsignifie Conjonction, parce que sept
est un état parfait et huit un état nouveau. ( y. Deux,
Sept , Huit, Nombre. )
NOCES. Moment de l'établissement d'une Eglise,
soit chez plusieurs , soit chez un seul individu.
( V. Mariage, Union, Epoux.)
NOIR. Erreur. Fausseté. Mensonge. {V. Blanc,
Tache, Couleur. ) . .
NOISETIER. Vrai naturel. ( V. Arbre , Ba
rbette , Fruit. )
NOM. Essence d'une chose, Caractère d'une per
sonne. JÉSUS-CHRIST est véritablement le nom ,
le type ou Yhiéroglyphe de Dieu , puisqu'en lui et
par lui on peut connaître et aimer le Père de la
nature, incommunicable dans son essence métaphy
sique. JESUS-CHRIST est le premier mot dela
langue de la nature, parce qu'il est le VERBE
ETERNEL manifesté'( V. Dieu , Langue. )
- NOMBRE. Qualité des objets. Les significations
morales des nombres , connues des anciens , entre
autres de Pythagore , varient selon que l'on consi
dère les nombres en eux-mêmes ou par rapport à
ceux qui suivent ou précédent. Les nombres multi-
Eliés par eùxrmêmes ne changent, d'ordinaire, point
t signification primitive ; et lés nombres composés
ont des significations composées. ( V. chaque nombre
en particulier. ) Ceux qui rient des nombres de Py
thagore devraient se rappeler que rien dans la nature
ne peut être resté sans un côté spirituel et moral
quelconque. Si le nombre un représente plutôt Dieu
et la perfection que tout autre, deux plutôt la con
jonction ou la diversité que tout autre , pourquoi
tous les nombres n'auraient-ils pas également leurs
nuances arrêtées ? Il en est nécessairement de l'arith-
r N»
iix
65
ftiétique comme de la géométrie : la ligne droite
correspond aussi plutôt à la franchise de la conduite
que la ligne courbe. ( F. Ligne, Direction, Quarré.)
NORD. Etat de sagesse médiocre , d'intelligence
obscure» ( V. Midi. ).
NOURRICE. Innocence. Le nourrisson signifie
là même chose. Nourrice se prend aussi en mauvaise
part. ( F. Enfantement , Nudité.)
NOURRIR. ( V. Nourriture, Mangée ,.Boire.)
NOURRITURE. Appropriation du bien et du
vrai. ( V. Manger, Boire.)
NUDITE. Innocence. Dénuement du bien et du
vrai. Sujet de honte et de confusion. ( F. Pauvre ,
Vêtement.)
NUEE. La parole de Diea dans le sens de la lettre.
Degré des connaissances célestes. Les nuées se pren
nent en bonne et mauvaise part , selon qu'elles sont
claires et servent simplement à tempérer l'ardeur
du soleil , ou que sombres et obscures elles recèlent
la foudre. ( F. Ciel , Soleil, Fumée. )
NUIT. Etat d'ignorance et d'erreur. Absence
complète de charité et de vérité. ( F. Jour.)
.-,-.. ' "" V :':.:. .. '. .:./;. :\-i 'i
0.•• v.- '.•"... -..
OCCIDENT. L'amour divin sur son déclin.
( F. Orient. )
ODEUR. Perception de l'état moral d'un indi
vidu ou d'une société. ( F. Nez , -Aromates.') Le»
mauvaises odeurs se prennent naturellement en
mauvaise part. Dans le monde spirituel , ceux qui
haïssent leurs frères jusqu'à la mort , exhalent une
odeur cadavéreuse. Ceux qui abusent de la parole-
de Dieu pour satisfaire leurs passions et leur orgueil,
sont trahis par une odeur de pain brûlé. D'autres
sentent la 'punaise , la souris , l'urine et l'excré
ment, etc. {F. ces différens mots.),
OEIL. Science. Connaissance. ( F, Science.) Un»
6.
• 66
^v
poutre dans l'œil signifie un faux du mal considé
rable , et une paille dans l'œil un faux du mal peu
considérable. .' .
ŒUF. Projet. ( V. Semence , Multiplier ,
Oiseaux. ) C'est de" là que vient ce fameux œuf
epsmogonique des anciens jnystagogues.
OINDRE. Bonifier une chose ; la rendre céleste
et divine. Oindre une personne , c'est déclarer
qu'elle çsudans le bien , dans l'amour. De là l'usage
d'piudre et de.sacrer les rois. ( V. Huile , Graisse,
Statue. ) •
OISEAUX. Pensées. Pensées et affections re
latives au vrai spirituel. Car les airs elles vents dans
lesquels les oiseaux se meuvent , et dont ils sont
eux -mêmes l'hiéroglyphe , représentent les vérités.
\ V. Air, Sain r- Esprit. } La grandeur, la couleur
et les instincts des oiseaux changent lès nuances des
significations primitives. Les oiseaux de nuit sont
pris eu mauvaise part , aussi-bien que toutes les es
pèces d'insectes ailés. Il est évident que c'est cet
hiéroglyphe naturel des oiseaux vus en songe, qui
a donné naissance à la science des augures : il ne
fallait pour cela que confondre les oiseaux substan
tiels qui apparaissent à ceux qui songent ou sont en
extase, avec les oiseaux que l'on voit dans la nature
extérieure; et c'est ce que l'ignorance des anciens
n'a pas manqué de faire. Le môme emblème a fait
naître dans le christianisme l'usage de représenter le
Saint-Esprit sous la forme d'une colombe, {p^. Co
lombe, Vent, Animal, Aile, Mouche, Abeille,
Frelon. )
OLIVE. Amour divin. Bonté divine. Bien de
a charité. ( V. Huile. )
OLIVIER. Bien de l'Église céleste. {F. Vigne.)
Les rejetons de l'olivier sont les membres de cette
Église.
OMBRE. Décroissement de connaissance. Ombre
peut aussi se prendre en bonne part quand le soleil
se prend en mauvaise part, h'otnbre de la poutre,
67
dans l'Ecriture Sainte, signifie un principe général
obscure.
ONGLE. Le vrai du bien , dans le plus bas degré,
chez l'homme comme chez les animaux. La chair
signifie le bien, et toutes les parties osseuses le vrai.
( V. Os, Poil, Cheveu, Fibre, Nerfs, etc. )
ONZE. La signification de ce nombre doit être
déterminée d'après celle de dix et de douze. ( V. ce»
nombres ;.v. aussi Um»)
OR. Le bien céleste. Le bien de l'amour , à causa
de sa couleur de feu, ( V. Argent,,Métal.)
ORGE. Degré de bouté purement naturelle do
l'homme encore étranger à la spiritualité. ( V. Fro
ment. ) •-...-
OROMAZE. Principe bon. Dieu de la lumière.
(f^. Ténèbres , Lumière , Soleil.)
ORANGÉ (Couleur). Deuxième degré du vrai
de l'amour. ( V. Couleur, Rouge, Jaune.)
OREILLE. Obéissance, Attention en Dieu. Mi
séricorde.
ORGANES DE LA GÉNÉRATION. Amour
conjugal. Affections de famille. ( V. Flancs , En
trailles, Union, Nudité.) Connaissant ces signi
fications sacrées, les anciens n'attachaient pas néces
sairement comme nous des idées rebutantes aux
Organes de la génération. On en rencontre mille
exemples dans l'Ecriture Sainte. Et on conçoit par-
là comment les emblèmes du Phallus et du C'te'is
ont pu s'introduire dans les cérémonies religieuses
des païens , écart qui avec nos idées actuelles pa
raîtrait tout-à-fait inexplicable.
ORIENT. Dieu , parce qu'il est le soleil éternel
qui ne se couche jamais. ( P. Soleil. ) Les autres
plages célestes se règlent toutes d'après l'Orient.
( F. Occident, Midi, Nord, j
ORNEMENS. Vérités divines que quelqu'un
«'approprie. ( V. Vêtement. )
. ORNEMENS DE LA TÊTE. Ils ont tous rap*
68
port à l'intelligence et à l'autorité par le vrai , le
chapeau et le bonnet, aussi-bien que le diadème et
la tiare. ( V^ Couronne. .) Le chapeauUndique plus
d'intelligence que la simple tiare, sans doute parce
que cette dernière ne garantit pas le cou ni les
épaules.
ORPHÉE. ( V. Musique. )
ORPHELIN. Celui qui, sans qu'il y ait de sa faute,
manque des moyens de s'instruire et de se perfec
tionner au moral. ( V. Père, Mère , Enfant. )
OS. Le propre de l'homme quant au vrai , par
opposition à la chair qui est le propre de l'homme
quant au bien; (et en mauvaise part quant au faui
et au mal. ) Os de mes os et chair de ma c/iàir, si
gnifie Conjonction complète quant au"bien et quant
au vrai. L'os est, par rapport à la chair, ce que la
pierre ou le rocher est par rapport à la terre.
\V. Ivoire, Pierre.)
OSIRIS, Dieu des Egyptiens. Ils le représen
taient quelquefois sous l'emblème d'un œil; quel
quefois sous celui d'un sceptre. {V. ces mots. ) Osiris
n'était au fond que le soleil , ou , pour les gens
éclairés , celui dont le soleil est lui même l'eniblènie.
( V. Soleil, Minerve. )
OURS. Connaissances naturelles sur toutes choses,
jointes à un caractère sombre et parfois violent.
( V. Poil, Animal. ) On peut voir à l'article Lion
combien les anciens avaient été i déroutés par de
fausses applications des hiéroglyphes naturels des
animaux. Ils mêlaient à leurs processions jusqu'à des
ours et des singes déguisés en hommes, parce que
leurs prêtres extatiques avaient vu dé semblables
images dans leurs songes, sans en connaître la signi
fication réelle. Dans l'Ecriture Sainte, l'ours rappelle
surtout «ùx qui savent très-bien disputer sur la pa
role de Dieu , mais qui ne là comprennent nulle
ment. Des voyageurs racontent qu'encore aujour
d'hui certains paysans deia Sibérie croient que ceux
qui ont fait la guerre aux ours vont droit au ciel,
X
<>9
tandis que ceux qui meurent tranquillement dan»
leurs lits, sont obligés dé servir long-temps sous terne
un Dieu très-sévère. J'aime mieux expliquer cette
croyance par une connaissance éloignée de la lan
gue mystique , que de toute autre manière. \
OUVRAGES A L'AIGUILLE. Travaux de l'es
prit. Objets scientifiques. ( V. Lin, Lien, Ouvrier,
Fll4 Etoffe.)
OUVRIER. Homme intelligent. L'espèce de l'in
telligence est déterminée par la matière que l'ouvrier
met en œuvre.
• • > ... • --.:»*
P.
PAILLE. Scientifique naturel. {V. Herbe, Fom,
Froment. )
PAIN. Tputenourriturespirituelle, l'amour aussi-
bien que la vérité. ( V. Manger , Boire. )
PAIX. Bonheur. Perfection morale. {V. Repos.)
PALE. Malsain. Malade. Faible. Mort^ Le cheval
pâle de MApocalypse signifie l'intelligence de l'Ecri
ture Sainte entièrement perdue. ( V-. Santé , Ma
ladie. )
PALMIER. Le bien spirituel, ou le bien du vrai.
( V. Olivier, Arbre. )
PAN, Dieu du paganisme; Mot à mot, le Tout,
le grand Tout. C'est ainsi que la superstition païenne
avait défiguré l'idée primitive de l'Etre infini. ( V.
Lumière. )
PANIER. Le volontaire de l'homme en tant que
contenant le bien. Jouissance sensuelle à l'occasion
du bien. {y. Bois, Boîte, Verre a boire.)
PANTHÈRE. [V. Léopard , Tacheté. )
PARENTÉ. Degré d'affinité spirituelle. On n'est
frères et parens, au sens moral et religieux, qup
quand on a le SEIGNEUR pour Père commun ,
c'est-à-dire quand on reconnaît la divinité person
nelle de JÉSUS-CHRIST.
1°
PABFITM. {V. Aromates.)
PAROLIv(^. Verbe.)
PASTEUR. Celui qui conduit au bien et au vrai.
{F. Troupeau. )
PATE. Premier état du vrai , disposé à produire
le bien. {F. Farine, Pair.)
PAUVRE. Celui qui ost privé du bien- et du vrai;
celui qui désire le bien et le vrai. {F. Petit. ) Pau
vreté se rapporte plutôt au manque du vrai , indi
gence au manque du bien. ( F . Riche. )
PEAU. Les affections extérieures. {V". Corps bu-
main.) '
PEGASE. ( F. Cheval , Àius. )
PENDANT D'OREILLE, Le bien de l'obéi»-
lance. ( F. Oreille. )
PERCER. {F. Tuer.) Percer à jour. ( F. Fe-
hetre, Aiguille.) . •
PERE. Le bien. L'amour divin ,_ par opposition
à Fils qui est la divine sagesse. L'Eglise quant à la
bouté, (f. Mère, Fils.) Le mot Pape vient évi
demment de cet emblème antique du Père. Pour
ruoi, dit Hérodote, je trouve .très-bien que les Scy
thes appellent Zeus papa. Dans les premiers siècles
de l'ère ebrétienne, tous les évêques se faisaient
appeler papes, nom qui s'est conservé jusqu'à ce
jour dans l'Eglise grecque, dont tous les ministres,
même les simples prêtres , sont appelés popes. Ce
n'est que long temps après queTévêque de Rome a
usurpé seul la dénomination exclusive de pape ou
de père de l'Eglise universelle; quoique évidem
ment, dans la réalité , il ne soit et ne puisse être le
Î>ère quede ceux qui le reconnaissent et s'attachent à
ui. {F. T,hot. )
PERFECTION. Dans le sens absolu , Dieu.
L'homme ne sera jamais absolument parfait ; mais il
pourra se perfectionner éternellement.
PERLE. Connai&anee du bien et du vrai. {F,
Pierres précieuses. ) La nacre réfléchit toutes les
nuances de lumière. {F. Lumière.)
7',
PERSONNE. Nous n'avons une. idée claire du
mot personne que quand nous nous représentons un
homme ou un individu distinct. On a donc eu tort
de rendre le mot. hypostyse par le mot personne ,
qui donne nécessairement aux chrétiens l'idée de
trois dieux. ( V. Trinite. )
PESTE. Damnation. ( V. Malaime.) ,
PETIT. Insignifiant. Humble. Les plus petits
sont les plus grands dans le ciel , parce qu'ils y sont
les plus heureux. Il en est de même des premiers et
des derniers , de ceux qui sont à droite et de ceux
qui sont à gauche. Les uns sont dans le vrai par le
bien $ et les autres dans le bien par le vrai. Tous ces
mots peuvent sans doute être aussi pris en mauvaise
part.
PEUPLIER. Caractère de celui qui est dans le
bien et le vrai naturels de l'Eglise. ( P'. Arbre. )
PHILISTIN. État d'un homme tout-à-fait naturel.
( V. Incirconci , Circoncision.)
PIED. Puissance. Puissance inférieure et odieuse.
Affection dans le plus bas degré. La tête correspond
aux choses célestes , le tronc aux choses spirituelles,
et les pieds aux naturelles. ( F. Corps humain.)
PIERRE , ROCHER. Vérité, Foi en Dieu. Des
pierres détachées signifient des vérités particulières,
des vérités intellectuelles inférieures. La pierre cou
vrant un puits représente la fausse sagesse humaine
empêchant de reconnaître les vérités révélées. Une
Pierre taillée de main d'homme rappelle le vrai de
intelligence propre, et par conséquent le vrai fal
sifié , etc. H est bien remarquable que Iç surnom
de pierre ou de lapis ait été conservé à Jupiter par
les païens. { V. Maison , Jérusalem , Pierres prb-
creusEs. )
PIERRE , Apôtre. Pierre représente la foi , Jac
ques l'amour , et Jean les bonnes œuvres. ( V. Apô
tres, Pierre , Rocher. )
PIERRES PRÉCIEUSES. Vérités divines. Vérité»
tirées des Saintes Ecritures. Les nuancés suivent celle*
de la lumière et de la couleur propre à ehaqnepierre
Un lapidaire représente le volontaire ou la bonne
volonté d'un homme qui travaille à sa régénération.
Delà les douze espèces de pierres précieuses connues
des écrivains inspirés de l'Ancien et du Nouveau Tes
tament, et même des mystagogues des anciens tem
ples. ( F. Diamant, Eau , Rosée, Perle, Lumière,
Couleur, Arc-en-ci'el, Piebre.)
PIQUER. {F. Tuer, Mouche, Frelon.)
PLAGE. Nuances d'états moraux déterminées
par le site de ces plages relativement aux pointa
cardinaux. ( V. chacun des points cardiuaux; ».
surtout Orient.)
PLAIE. {F. Blessure, Ulcère.)
PLANTE. ( r. Herbe , Légume. )
PLANTE DES PIEDS. {F. Pied, Talon.)
PLEURER. Le suprême de la douleur ou de la
joie. Pleurer peut aussi signifier reconnaître des vé
rités et renoncer à des erreurs. {F. Rire, Eau.)
PLOMB. Le bien et le vraF falsifiés, par opposi
tion à l'or et à l'argent qui sont le bieu et le vrai.
Plomb peut'aussi être pris en bonne part; alors ii
signifie le dernier degré du bien naturel. {F. Mé
tal. )
PLUIE. Bénédictions célestes , principalemeni
sous le rapport de la connaissance du vrai. Dans le
sens contraire , Malédictions. ( F. Eau. )
PLUTON. Divinité préposée aux maux et aux
souffrances. C'était l'Ahrimane des Perses. ( V. Ti
mbres, Lumière, Bonte, Antre.)
POIL. Dernier degré de la vie chez les animaux
et chez l'homme , quant au vrai procédant du bien.
( F. Ongle, Cheveux, Chair. ) Les poils des ani
maux sont assimilés au vêtement chez l'homme.
(F. Vêtement.) La laine se rapporte plutôt au vrai
de la charité, à cause de sa chaleur. ( F. Agneau. )
POINT. Réalité, Entité. ( F. Centre , Ligne. )
,
-
*..
POINTS CARDINAUX. (Vovéz-les en'partttiui
lier. V. aussi Directions.) tes Rabbins et les " Oa-
balistes , en faisant le dénombrement des diverses
intelligences célestes , les classaient d'après les nuan
ces morales indiquées par les quatre points cardi
naux, en partant de l'orient, comme source "&ê
feu et de lumière , ou d'amour et de vérîté.Psellus
dans son livre des génies , les groupe aussi trois
par trois , faisant face aux quatre coins du monde,
a peu près comme saint Jean place ses anges sur les
douze portes de la nouvelJe Jérusalem.
POISON. ( V. Venin.)
POISSON. Degré, de connaissance du vrai na
turel. {V. Animal, Etang, Riviere, Mer, Filet
Ligne.) '
POITRINE. Charité, parce qu'elle renferme le
cœur. (/^Côte, Poumon.) .- .
POMME. Science du vrai. ( V. Pomme de Gee-
nade , h ruits , Cervoise. ) La manière dont les fruits
croisant y entre aussi pour quelque chose dans leur
signification. Ceux qui , comme la pomme, crois
sent sur des arbres plus hauts que la stature hu
maine sont censés lui être envoyés d'en haut, ou
du ciel. Ceux qui croissent à terre ou sous terre
ont une autre signification. ( V. Fraise, Sol , Corp,
HTJMaIN. ) ' .
POMME DE GRENADE. Science du-bifen
parce que ce fruit est rouge. La pomme ordinaire
eta^it verte ou jaune se rapporte plutôt à la science
du vrai De la sans doute j'antique tradition dela
pomme d'Adam. ( V. Fruit., Arbre.)
< r/?rRC> Affec,tions les plus basses et les plus viles
[T. Vase d un etang, Sol Animal.) Cette s.Vnifi*
auïZirT mil'ère 3UX Ë^tiens, aux Perses et
PORTE. Introduction. Entrée dans un certain .
état moral ou scientifique. Sortie de cet état. (T
Fenêtre , Maison , Poteaux. ) • •
PORTER. Se prend au moral, et souvent en
74
mauvaise part. Le péché et la peine du péché sont
représentés par des fardeaux.
POSSESSION DU DÉMON. Les corps ne sont
plus guère possédés par de mauvais esprits dans les
temps modernes; mais les âmes le sont encore. De
là ces grands crimes que l'on ne peut presque pas
expliquer autrement que par de vraies possessions.
( V. Démons, Liberte.)
POTEAUX DE LA. PORTE. Les vérités natu
relles chez l'homme. La traverse de dessus est le bien
correspondant à ces vérités. ( V. Porte, Maison.)
POUCE. Puissance du vrai. ( V. Main , Doigt.)
POULE, qui couvre ses petits de ses ailes. Cha
rité. Protection. ( V. OEuf, Oiseau, Aile, Animal,
Coq, Aigle. )
POUMON. Emblème principal de l'affection du
vrai. Tout l'appareil de la respiration correspond à
l'intelligence, tout comme le cœur correspond à
l'amour. Voilà pourquoi le SEIGNEUR a soufflé
sur les apôtres on leur donnant le Saint-Esprit. Et
ces deux appareils organiques , savoir , le poumon
et le cœur, ont physiquement entre eux les mêmes
rapports qui existent moralement entre la sagesse et
l'amour, lesquels se nourrissent aussi mutuellement,
et se donnent réciproquement la vie. ( V. "Vent, Es
prit, Chaleur, Sang, Coeur, etc.)
POURPRE. Amour céleste. Connaissances rela
tives à cet amour ( ^ Ecarlate, Rouge, Couleur. )
POURRITURE. Corruption infernale du bien,
( V. Chair , Fruit'.)',
POUSSIÈRE. Faussetés infernales. {V. Sable,
Cendres.);
PRÉDESTINATION. Tous les hommes sont
Srédestinés au bonheur par la perfection. La pré-
esti nation proprement dite est un blasphème.
PRÉDICTION. {V. Prescience, Songe.)
_ TREMIER. En parlant de Dieu, premier signifie
Eternel, de même que dernier. Le premier, c'est
75
JÉHOVAH; le dernier, JÉSUS-CHRIST , ou l'hu
manité de JÉHOVAH. {T. Petit.)
PRESCIENCE. Dieu a prévu la conduite morale
des humains . aussi long-temps d'avance qu'il l'a
.voulu. On ne doit pas dire qu'il l'a prévue éternelle
ment, car l'esprit humain ne compreud pas assez ce
mot. L'homme peut aussi connaître plus ou moins
les choses futures , sous la direction du SEIGNEUR ,
quand il connaît la langue de la nature et les hiéro-
glypes des songes eudes extases; mais l'ahus de cette
science est ce'qu'il y a de plus abominable dans la
création. Sur notre terre dégradée, cet abus a été
porté à un tel point par les peuples idolâtres de
l'antiquité , que la Providence a momentanément
retiré ce don, et qu'il a fallu, avant qu'il pût nous
être rendu, que le Créateur lui-même vînt rétablir
l'ordre primitif par l'appareil immense de, sa ré
demption. [V. REDEMPTION , SoNGE, ExTÀSEj, COR
RESPONDANCES , ËtERNEL , EnFINI .)
PRÉSSOÏR. Le bien et le vrai de l'amour , parte
que le pressoir sert à exprimer l'huile et le vin.
(V. ces deux mots.)
PRÊTRE. Dans le sens suprême, Dieu quant à
son amour; de même que Roi signifie Dieu quant à
sà'vérité. L'homme qui est dans l'amour s'appelle
aussi prêtre. (F. Roi , vètemens.) Mot a' mot, prêtre
signifie vieillard : et cette dernière dénomination
leur a été conservée dans presque toutes' les langues.
(F.-D,vrN.y ;
PRIÈRE, Désir. Entretien avec Dieu. Révélation;
car quand on prie avec ferveur le Père se révèle.
PRINCE. ( Fils de roi. ) Principe de vérité.'^.
Roi.) . '. •JJj:' .. i
PRINCESSE. Elle est au prince eiî'q'ir'une soeur
est à son frère , une fille à son père , sauf la nuance
de son rang. ( J'VRoi , Fille, Soeur.)
PRINTEMPS. Commencement de la production
dû bien et'du vrai. [V. Automne. ):: ,,: '' <
PRISONNIER. Celui qui est dans l'é foui: ( *
Lien , Maladie )"•. '." • .yi t sas•-»nu «oh mut• l iMU
76
PROFANATION. Union dn bien et du mal du
vrai et du faux.
PROFONDEUR. Degrés du bien et du vrai , con
sidérés dans leur décroissement. ( F. Hauteur
Supérieur. )
PROPHÈTE. Doctrine. Vérité de la doctrine.
LE SEIGNEUR , en tant qu'il instruit les hommes
dans sa divine vérité. {F. Extase, Imposition des
mains, Voyant.)
PROPRE. Le propre de l'tanime, c'est l'intime
de 6a vie et de sa volonté. Ce propre» n'est que le
mal , parce que Dieu seul est bon , et que l'homme
ne peut l'être qu'en lui et que par lui. ( F. Mérite v
PROSTITUTION. {F. Union des.seks, Adul
tère , Sodomie , Vierge. )
PUANTEUR; Aversion. Abomination. ( V
Odeur.)
PUITS. Les faussetés , parce qu'on en suppose les
eaux mauvaises , par opposition à celles d'une source
vive. {F. Source. ) Nettoyer un puits, c'est purifier
un système de doctrine. Puiser de l'eau , c'est s'ins
truire. Boucher un puits, ne point vouloir s'ins
truire. ( F. Eau , Boire. )
PUNAISES. Penchant à attaquer l'innocence.
Dans le monde spirituel, le vindicatif sent la pu
naise, de' même que l'odeur, de souris trahit les
avares. {F. Insectes, Odeur.) On sait qu'il y a
diverses espèces de punaises; les animaux et "les
arbres en sont aussi infectés, et la diversité de ces
derniers en fait varier la nuance de signification.
^PUSTULES. Maux honteux. Blasphèmes. <iF.
Ulcère. )
PYTHONISSE. {F. Magnétisme.)
îl/'S . . .j
QUARRÉ. Ce qui est juste. Quarré double, Ce
qui est juste jet parfait. De là le Dieu quarré ou le
Dieu Terme des anciens , révéré sous la forme d'une
,aste e^
*i. enne des s i
i
pierre dé taille. Toutes les formes géométriqaes Oût
leurs significations particulières-, aussi-bien que les
nombres et les couleurs. Le cercle ,. comme nous
l'avons dit plus haut, se rapporte à tout ce qui est
éternel. Du reste, les formes géométriques primi
tives doivent être en aussi petit nombre que les cou
leurs primitives. {Fi Sept, Cercle, Maison.)
QUATRE. Tout quant au bien. En tant que
deux fois deux-, Union. ( V. Nombre, Deux.)
QUEUE. Ternie de l'intelligence, en bien ou en
mal , par opposition à la tête dont la queue n'est
censée que le prolongement. La queue signifie aussi
le plùé -bas degré'eri' général. . ;.'
QUINZE. Peu. Suffisamment , comme cinçj. {V.
Cinq. ), Quand quinze veut dire' le quinzième du
mois , alors il signifie état de sainteté , état nouveau ,
comme huit,' parce que quinze renferme deux sab
bats. {V. Sabbat, j'1^" *. v"1 ' "'. '
•: . i i: ' -'i iijj'.'-i .'. i. 1» '. .:•.'.... .. . ' . . ',
[ .i . , •• . /-..'.
RACINE. Premier moyen de la production du
vrai et' du bien. Les racines qui se mangent se rap
portent plutôt au bien. ( V. Sol , Terre , Pomme ,
Verdure, Fruit. ) ' .'.:».-
RAISIN. Charité de l'Eglise. Bonté intérieure et
spirituelle. ( V. Vin, Vigne, Figue.)
RAISON. ( tr Révélation.) .' V '£
RAT- Les rats,, en tant qu'animaux grenetiersj
rappellent les passions de ceux qui ;$ par. avarice,
détruisent le bien de l'Eglise. {V. Froment, Fourmi ,
Souris. ) v .' r . . .
RATIONNEL. Opposé au naturel soiis !e:rappert
de la connaissance du vrai. Le degré, rationnel chez
l'homme est intermédiaire 'entre le naturel et le spi
rituel j et il diffère peu de. ce dernier. Le bien du ra
tionnel est représenté par l'hiéroglyphe aufrère , le
7-
78
vrai du rationnel par celui dela sœur.{Fr. ces mots;
vqy. aussi Naturel, Bonté, Science , Degrés. )
RÉDEMPTION. La rédemption par le SEI
GNEUR neconsiste radicalement que dans ses efforts
personnels contre l'irruption des maux infernaux.
Par son incarnation et sa vie sur la terre , la Divi
nité s'est rendue saisissable et abordable , et les
hommes ne peuvent être rachetés , ou sauvés , qu'en
s'attachant à elle , en suivant ses exemples et en por
tant leurs croix à sa suite. ( V. Liberté , Régénéra
tion , Dieu. )
ftEGNE DE DIEU. Règne de l'amour et de la
vérité. Règne de CHRIST; car il est la vérité et
l'amour personnifiés. ( V. Jéhovah , Dieu.)
RÉGÉNÉRATION. Délivrance successiye de tous
les maux et de toutes les erreurs , opérée par le SEÏ-
GNEUR che? ceux qui s'attachent à lui. ( V. Vo
lonte, Liberté , Dieu , Baptême, Rédemption.)
REINE. Eglise , comme femme. ( V. Roi. )
BEINS. Discernement du vrai et du faux , à cause
de la sécrétion des urines qui se fait dans cette partie.
( F. Eau , Boire. )
REPOS. Bonheur. {F". Sabbat, Paix, Asseoir.)
REPTILES. Les passions sensuelles. ( if. In
sectes. ). . ' .
RESINE. Vrai du bien naturel intérieur. {F.
Encens , Aromates. )
RÉSURRECTION. Retour à la vie spirituelle.
L'homme ressuscite au moment même de la mort;
car son homme intérieur passe au monde spirituel
comme on entre dans un songe. Dieu seul est res
suscité avec son corps matériel, parce kju'il l'avait
entièrement glorifié et rendu substantiel. {V. Tom
beau. ) . . " •
REVELATION. Connaissance donnée à l'homme
extraordinairement ou avec appareil. La raison est
aussi une espèce de révélation; niais l'homme peut
plus facilement la fausser. Les systèmes les plus op-
.Hisés régnent sur la terre, pendant que chacun
79
; prétend avoir la raison pour lui. Un appareil im-
i mense de révélations , tel que celui de l'Ancien et
du Nouveau Testament expliqués d'après les règles
. de la langue de la nature , finira nécessairement par
; triompher de toute la sagesse créée. Dieu a voulu
| entrer comme partie active dans les transactions
[ éternelles des êtres libres , et c'est ce qu'il a fait par
' son incarnation ; sans elle il nous serait resté per
sonnellement étranger à toute éternité. ( V. Rédemp-
RICHE. Celui qui possède beaucoup d'avantages
moraux, ou celui qui croit en posséder beaucoup.
; ( V. Pauvre. ) "-' " .
RICHESSES. Les biens de l'amour et de la sa
gesse sont seuls des biens véritables. Les richesses
naturelles n'en font que représenter les. diverses
nuances. ( V. Or , Argent , Pierres précieuses ,
Vêtemens. )
RIDEAUXDEFENÊTRE. Degrés de foi et d'in
telligence du vrai. Quand on prend le soleil en,
mauvaise part, alors c'est protection contre l'erreur
et le mal. ( V. Et6ffe , Voile , Volet. )
RIDEAUX DE LIT. ( V. Lit et Rideaux. )
RIRE. Le rire rappelle en général l'affection du
Vrai, le plaisir que l'on ressent à reconnaître Ja
vérité. ( y. I§aac , Pleurer. )
/RIVIÈRE. Le vrai en abondance. {V. Eau, Mer,
Etang.) Pour cette raison? les anciens Perses respec
taient les fleuves au pouit de ne pas permettre quel
quefois qu'on s'y lavât les mains. Les Juifs eux-mêmes
aimaient encore pour cette raison %célébrér leurs
fêtes sur le bord des rivières.
'ROCHER: Vérité. Confiance. 'Foi. ( V. Pierre.)'
ftOGNON. (T- Reins-V' 7: i"* ..)''.' -
ROI. Un.principe de vérité. La vérité. Dieu
quant à la véi'ité.. L'honnie qui est dans la vérité.
Les rois terrestres eux-mêmes représentent les ca
ractères particuliers d'une doctrine de vérité admise.
8o
Voilà pourquoi l'Evangile dit que le SEIGNEUR
nous a faits Rois et- Prêtres. ( V. Prêtre. ) Voilà
pourquoi aussi JESUS-CHRIST, interrogé par Pi-
late s'il est Roi, répond qu'il est ne pour rendre
témoignage à la vérité.
RONCE. {F. Épine.)
ROND. Tous les objets de forme ronde bu cylin
drique se rapportent aux choses éternelles ; dans le
firmament, les astres; sur la terre, les fruits, les
plantes et les membres de l'homme et des animaux.
( ^V Cercle , Quarré. )
ROSE. Pensées touchant l'amour. Sentimens de
charité qui ne portent point de fruits. ( V. Fleurs,
Lis.)
ROSEAU. Rien du vrai extrêmement débile.
( V. Herbe , Eau , Epi. )
ROSEE. Le vrai , principalement le vrai de la
paix et de l'innocence. ( V. Eau , Pltjle , Ahc-en-
Cnx. ) Chez les Egyptiens la rosée était également
l'hiéroglyphe de la science.
ROUE. Faculté de raisonner sur les choses scien
tifiques. ( V. Char, Cercle. )
ROUGE. Amour de Djeu. Amour en général,
parce que le rouge est la couleur du feu. ( y. Feu,
Couleur.) ' .- ; >
ROUX. Disposition à la dispute. Passion hai
neuse, en tant que le roux est un faux rouge.
( V. Rouge, Couleur..} Le cheval roux de l'Apoca
lypse signifie Disputes.dans l'Eglise. Disputes sur la
foi aux dépens de la charité. ^ .
ROYAUME! Société céleste. ( V. Roi. ) On dis
tingue dans le ciel le, royaume céleste et le royaume
spirituel. Dans le premier, on est dans la vérité par
l'amour du SEIGNEUR; dans le second , on est
dans la charité par là vérité. Dans l'Ecriture Sainte,
lé royaume céleste est représenté parle royaume de
Judah, le royaume spirituel par celui d'Israël. {V. cei
deux mots; v. aussi Spirituel- )
-8i
RUBAN. 8uite de raisonnemens ou de vérités.
( .V. Chaîne, Fil, Etoffe, Soie. )
RUE, PLACE PUBLIQUE. Le vrai conduisant
au bien. ( V. Chemin, Maison.).'
RUGIR COMME LE LION. Se lamenter très-
fortemjBt à cause de la perte du bien ou du vrai.
( V. LiOn^£ri. )
JS.
' ' - " , ' rc . -
SABBAT. Bonheur éternel. Perfection morale.
( V. Sept, Paix, Repos. )
SABLE. Scientifique faux ; quelquefois vrai, mais
léger. ( V. Pierre. )
SABOT DE CHEVAL ET DES AUTRES ANI
MAUX. Vrai du bien dans le plus bas degré.
( V. Oncéle, Dent, Chévetj. )
SACRIFICE. Ce que l'on abandonne par amour
pour Dieu. Quand 'on sait que tous les animaux
aussi-bien que tous les fruits de la terre ont des si
gnifications emblématiques, et que leurs images
entrent soiis toutes les formes dans le langage exta
tique, on conçoit très-bien l'origine des sacrifices
de toute espèce , chez les païens comme chez le
Seuple emblématique d'Israël.^V. les noms des
ivers animaux qu'on était dans l'usage de sacrifier. .)
Il n'en fallait pas moins que ces avertissemens cé
lestes mal compris, pour forcer ...quelquefois des
mères à sacrifier leurs enfans. On sait que les Car
thaginoises riches , niais qui ri'ayajent pas d'enfans,
en achetaient des mères pauvres. Et il fallait que la
mère assistât au sacrifice sans laisser échapper un
soupir ; sans cela on ne la payait pas, parce que Içs
prêtres soutenaient que le sacrifice- ne valait rien.
D'où peuvent provenir de pareilles idées, si ce n'est
de l'enfer? Pour ccqui est du sacrifice du Calvaire,
il n'est point un sacrifice proprement dit, et comme
l'entendent certains théologiens. Le sacrifice du Cal
8»
vaire n'est réellement que le sacrifice de Yamow
éternel. Dieu, dès le principe, ou dès Véternité (i
quelqu'un croit comprendre ce mot), avait résolu
d'arrêter par ses exemples, à leur dernière période,
les dégradations introduites par la libre volonté des
hommes. Il le fit par son incarnation ; et p^ir cette
raison Dieu rédempteur est appelé Yagneaïttmmolt
dès l'origine du monde. {V'. Rédemption. )
SAGESSE. Connaissance de la vérité jointe à
une vie qui y soit conforme. ( V. Vie.) Sagesse
vient du mot latin sapere , goûter ou distinguer les
choses bonnes à manger. ( V. Manger. )
SALUT. Bonheur éternel. Le saint consiste à
connaître Dieu et à s'attacher à lui par amour, afin
d'entrer ainsi dans l'ordre éternel, et les -vues de sa
bonté et de sa sagesse infinies. Le salut consiste par
conséquent aussi a connaître JESUS-.ÇHRIST, et à
vivre selon son Evangile ; car JÉSUS-CHRIST
n'est, autre que le créateur personnifié et devenu
abordable. Si l'Être-Suprême ne se fût pas person
nifié sous le nom et la personne de JESUS-CëLRIST
sur' notre sol matériel , il serait forcé de se person
nifier de la même manière dans le monde spirituel;
et la philosophie n'en serait pas plus avancée.
SANG. Vie. Charité. Le divin vrai du divin
bien. L'amour di^n procédant de l'humanité di
vine du SEIGNEUR. Le sang répandu signifie la
vérité divine falsifiée et détruite , méprisée et ou
tragée. ( V. Chajh, Vin, Raisin, Croix, Tuer. )
SANTE.Ce motseprendaumoral. ( ^.Maladie.)
- SATAN. (F", Démons.) 7
SATYRS, PRIAPES. Ceux qui s'adonnent aux
obscénités. ( V. Beauté. ) Les sphynx , les svrènes et
Jes,centaures , ont une origine semblable ; ce ne sont
que des réunions des emblèmes de la femme et du
lion ou du poisson , et de ceux de l'homme et du
cheval ou du bouc. ( V. tous ces mots.)
SAUTERELLE. Les faussetés dans le plus bas
83
degré , probablement parce que les sauterelles dé
vorent la verdure. ( V. Verdure , Insecte. )
SAUVEUR, (f. RÉDEMPtION.)
SCEAU. Marque de consentement. Un objet
scellé signifie une chose cachée. Le livre scellé de
sept sceaux de l'Apocalypse signifié le secret du
Père céleste.
SCEPTRE. Puissance. ( V. Bâton. ) Le petit
sceptre d'ivoire aussi-bien que le siège des sénateurs
romains étaient aussi d'origine emblématique , et
par conséquent extatique. ( V. Ivoire , Siège. )
SCIENCE. Connaissance de toute espèce. La
science est purement naturelle , et n'a aucun prix
moral. Elle ne devient proprement connaissance
que quand elle est raisonnée; et elle ne mérite le
nom de sagesse que quand elle est devenue la règle
de vie de l'individu. Vouloir savoir les choses inu
tiles , ou vouloir trop savoir , est un péché. C'est
le fruit de l'arbre de la science du bien et du mal.
( V. Arbre, Verre a boire, Vie. )
SCORPION. Persuasion du faux mortel. Stupeur
et torpeur morales ; car la morsure du scorpion cause
des effets analogues dans le corps humain. ( V. In
secte, Mouches, Punaises, Odeur.) .
SEL. Dans le sens favorable, affection de la vé
rité; le vrai désirant le bien. Dans le sens défavo
rable, absence de la même affection; le faux repous
sant le bierr.J
SEMAINE. Période de temps. Grande période.
Période entière. {F. Sept, Sabbat, Temps.)
SEMENCE. Le bien et le vrai du SEIGNEUR
dans le cœur de l'homme , où ils doivent-fructifier;
ou simplement Je vrai du bien. La semence est aussi
la parole de Dieu , et ensemencer est instruire. Prise
en mauvaise part , la semence représente les erreurs
et les mauvaises affections- prêtes à se multiplier.
{V. Grain, Cuamp, Zizanie.^
SENS. Faculté d'apercevoir et d'apprécier}*
84
vrai *t le bien. Les cinq sens , comme toutes les par
ties du corps humain, ont leurs significations parti
culières. Le toucher correspond à l'affection -du
bien , le goût à l'affection dû savoir , l'odorat à celle
de percevoir , l'ouïe à celle d'apprendre et d'obéir .
enfin la vue , à l'affection de la sagesse et de l'intelli
gence. {F". les noms des divers organes des- sens:
v. aussi Corps humai'n. ) . .
SENSUEL. Affections basses et purement natu
relles. Naturel et sensuel sont quelquefois synonymes
dans la langue mystique. {V. Naturel.)
SENTIER. ( F. Chemin. )
SEPT. Saint. Sacré. Etat de perfection. Tous le:
premiers élémens des sens de l'homme sont divisé
en sept nuances, les couleurs, les tons, les sons, et
probablement les saveurs, et les formes donnant
naissance au tact. De là sans doute cette signification
importante du nombre sept dans les Saintes Ecri
tures, qui se retrouve dans toutes les mythologies.
( F. Sabbat, Arc-en-Ciel, Couleur, Quarré.)
SÉPULCRE. Mort. Résurrection. {F. Mort.
Tombeau. )
SERPENT. Degré le plus bas de l'homme sen
suel. Ruse. (r.ANtMaL, Direction, Elever, Corps
humain. ) L'homme s'élève vers le ciel ; le serpent
rampe sur la terre ; ils forment entre eux l'angle
droit; et les autres animaux , par leurs différentes
manières de porter la tête ,' remplissenttout le quart
du cercle ; tous ensemble offrent l'image sensible de
tous les degrés possibles de perfection ou de dégra
dation morale. On voit par- là pourquoi les mages
de Perse se faisaient honneur de tuer les serpens.
( V. Souris, Fourmi , Forme humaine. )
SERVITEUR. Celui qui est dans le vrai, par
opposition à ministre, lequel représente celui qui
est danslebien. Les serviteurs et les servantes, dans
l'Ecriture Sainte , sont les moyens d'union entre le
bien et le vrai , entre l'homme intérieur et l'homme
extérieur. . . .
85
SIBYLLE. (/^.Magnétisme, Songe.)
SICLE. {F. Monnaie.)
SIEGE, CHAISE, FAUTEUIL. Place que l'on
occupe dans la société. {V. Trône. )
SIGNES DU ZODIAQUE. La langue de la na
ture rend seule raison de la division et des noms des
douze signes du Zodiaque. ( V. les noms des diffé-
rens signes en particulier ; v. aussi Douze. ) On ne
peut nier que Dupuis ne dise des choses très-intéres
santes sur le rapport des signes célestes avec les
croyances religieuses des anciens; mais il'ne hasarde
pas même de conjecture sur la première origine de
noms si singuliers donnés aux constellations, (f. Ani
maux , Soleil. ) . '
SION. Eglise qui est dans l'amour. ( V. Jérusa
lem , Montagne. )
SIX. Etat de travail et de tentation, parce que
ce nombre précède immédiatement le nombre sept
ou le sabbat , qui est la perfection morale. Comme,
double de trois, six signifie aussi le tout, quant au
bien et au vrai.j^V. Sept, Deux, Trois.)
SOEUR. Vrai naturel.- Vrai rationnel. Vrai in
tellectuel. {V. Frère.) . ,
SODOMIE. Degré le plus grossier d'infidélité à
cDieu et de corruption morale. {V. Union , Fornica
tion , Adultère. )
SOIE. Bien çt vrai céleste , parce qu'elle est douce
au toucher et éclatante. ( V. Coton, Lin, Vête
ment. ) -
SOIF. Désir de la vérité. Désir de la science.
{f. Boire, Eau. )
SOIR. Fin d'une Église. État d'obscurité et de
déci'oissemènt dans le bien. ( V. Matin. )
SOL. Cœur de l'homme. Partie extérieure , sensi-
tive, de l'homme naturel , où le bien spirituel peut
prendre racine. (F". Terre, Champ.) Un sol mal
propre , qui salit ce qui ytouche , représente la fausse
8
"^.
doctrine, l'hérésie d'une personne au d'une Église.
(V. Vase, Lie.)
SOLEIL. Dieu comme amour et vérité éternels,
o» le feu est amour , et la lumière vérité. ( V. Feu. )
Voilà pourquoi , lors de la Transfiguration , Dieu
Rédempteur s'est montréxomme. entouré du soleil.
Laperte de cet hiéroglyphe naturel a été la première
cause del'adoration du Soleil chez tous les anciens peu
ples. Aussi Myùira, Bacchus , Titan , Hercule , Apol
lon, Adonis même, et Atys„ étaient souvent con
fondus avec le Soleil. Labyrinthe veut dire Te
palais du Soleil. Le labyrinthe primitif a été com
posé de douze chambres correspondant aux douze
signes du zodiaque. Il est bien, remarquable que le
mot hébreu aïn signifie également le soleil, unefon
taine, et l'œil, trois hiéroglyphes de la vérité. Osi-
ris et Sérapis représentaient aussi le Soleil. ( F^. ces,
mots. ) Il y aurait une infinité de remarques à faire
sar cet intéressant hiéroglyphe naturel, du Soleil;
mais les bornes de ce dictionnaire s'y refusent.
Nous ajouterons seulement avec Procl'us, que les an
ciens admettaient d'ordinaire doux soleils , l'un ma
tériel, l'autre spirituel, cause du premier. Dupuis
montre très-bien comment les diverses mythologies
sont provenues des noms des astres "et des constella
tions : mais comment ces dénominations et ces divi
sions primitives des astres , ces hommes et ces ani
maux célestes se trouvaient-ils déjà préalablement
dans les cieux? C'est ce qu'il ne dit pas. La perte du
la langue de la nature peut seule en, rendre raison.
( f. Signes du Zodiaque. ) Pris en mauvaise part ,
le Soleil représente l'amour de soi, l'amour du
monde. (/^. Chaleur, Lumiere, Lune, Etoile,
Animal.)
. SOMMEIL. État purement naturel chez Ubommo
non régénéré. Insouciance. Ignorance. .Repos.
\F.hlT.)
. SOMNAMBULISME. {V. Extase, Magwétisms,
Sq»«e,).
. SON. {V. Voix,, S£B£, Gouwsw»..) .
V - ' .
SONGE. Vue dans le monde spirituel. Vue des
images parlantes de la nature substantielle. Pres
cience. Prédiction. L'état de songe est le prélude
de notre existence immortelle. Les images hiérogly
phiques vues en songe annoncent d'ordinaire les
choses à venir, quoique se présentant sous la forme
du présent ; car le monde spirituel est placé hors dn
temps et de l'espace, au point que des prophètes
peuvent aller jusqu'à parier des choses futures,
comme si elles étaient passées.' ( V. Temps, Année. )
Le songe est le phénomène le plus remarquable de
la vie humaine, mais aussi celui dont il est le plus
difficile de tirer parti dans l'état de dégradation ac
tuel. Ce qui ajoute surtout à cette difiiculté, c'est
l'incertitude où l'on est souvent avant l'événement,
de savoir s'il est question de scènes historiques et
. civiles, ou purement morales et spirituelles. D'un
autre côté , il est extrêmement dangereux pour tout
homme qui ne se sent pas la force de tout sacrifier
pour Dieu, d'entrer en rapport avec le monde des
esprits par des songes emblématiques ; les plus ter
ribles des persécutions , la pauvreté , la maladie , !a
folie et la mort l'attendent. Cicéron, tout en admet
tant quelques songes remarquables , fait contre leur
signification hiéroglyphique des objections qui tom
bent toutes devant celui qui a des idées claires sur la
liberté humaine, sur la nature des rapports qui
doivent exister entre le monde matériel elle monde
spirituel, devant celui surtout qui connaît la langue
de la nature. (^".Liberté, Prescience. ) Dans le
principe , les songes servaient de guide à l'homme
moral et religieux. Le Christianisme est destiné à
ramener l'homme à cet état de perfection auquel ïl
faudra qu'on revienne tôt ou tard. Chez les anciens ,
la perte de la signification vraie des images offertes
dans le songe et l'extase, avait donné naissance aux
hiéroglyphes, à l'idolâtrie et aux diverses mytholo-
fics. {F. Correspondances, Extase, Prescience,
cbstance, Langue delà nature, Magnétisme.}
SORTILEGE. Dans la langue extatique, par
sortilège et enchantement, on entend des raisonne-
mens captieux qui forcent, pour ainsi dire, l'esprit à
prendre le faux pour le vrai..(^. Devin , Enchan
tement , Magnetisme.)
SORTIR. Passer d'un état moral à un autre. Sor
tir d'un pays ; {P". Sol.) Sortir d'une maison, d'un
temple. -(T7. Maison, Temple.)
SOUFRE. Concupiscence provenant de l'amour
mauvais , principalement de l'amour de soi. {V. Feu ,
Jaune.)
SOURCE. Vérité pure. Vérité divine, principa
lement quand il y a Source d'eau vive. ( V. Eau ,
Puits,)
SOURD. Désobéissant. {V. Oreille.)
SOURIS. Sentimens d'avarice , surtout chez
l'homme de l'Eglise, à cause, sans doute, que la,
souris est un animal grenetier. Les avares sont in
festés de souris dans le monde spirituel : ils en ont
niérnè' l'odeur. C'est évidemment d'un songe ou
d'une crise extatique relative à un avare , que vient
l'érection de la tour aux souris dans le Rhin.
{V. Rat, Odeur, Fourmi.) On connaît l'aventure de
Crinis , prêtre d'Apollon , dont les champs , au dire
de la Fable , se remplirent de souris et de rats ,
parce qu'il avait négligé son devoir dans les sacri
fices. Apollon, touché de son repentir, tua. ces ani
maux avec ses flèches , ce qui lui valut le surnom de
Sminthéus. Mais il faut remarquer que ce n'est
qu'en songe ou en extase que Crinis avait vu ces
souris emblématiques. (F". Songe.)
SPIRITUEL. Opposé non-seulement à ce qui est
matériel et mondain , mais encore à ce qui est pure
ment naturel. Le monde spirituel est plus réel que le
matériel : Platon déjà l'enseignait , ainsi que tous les
pythagoriciens. Le cieLspirituel est celui ,où l'on est
dans le bien par le vrai., par oppositibn au royaume
céleste, où l'on est dans le vrai par le bien, {V. Na
turel, Substantiel , Ame, Ciel , Royaume.)
, STATUE, Système ou vérités , considérés abs-
"V
89
tractivement et en eux-mêmes, par opposition à
ceux qui sont vivifiés par la pratique des individus.
Le bien et le vrai ayant vie, sont représentés par
l'homme; considères abstractivement, ils le sont par
son image ou sa statue. Les statues sont par consé
quent le dernier terme <le l'ordre éternel. Vous ne
vous Jerez point d'images taillées, veut dire , vous
ne vous ferez point de système religieux , car vous en
êtes incapables; tous les systèmes que vous feriez se-
raientfaux; et vous recevrez celui que votre Créateur
vous donnera. {V. Homme , Femme , Jeune Homme ,
Jeune Fille, Vierge, Epoux, Epouse.)
SUBSTANCE,, SUBSTANTIEL. Ce qui est réel
et palpable sans être matière. Nous disons que ce
que nous voyons et palpons en songe n'est point
• matière proprement dite, quoique dans le moment
nous ne puissions l'en distinguer. L'état d'immor
talité ne nous offrira que des substances semblables.
Voilà pourquoi Platon soutenait qu'elles étaient
plus réelles que les objets ou apparences matérielles.
En effet , apparence pour apparence ^ il vaut mieux
appeler de ce nom l'état terrestre que l'état céleste.
La -substance se rapporte à l'amour, la forme à la
vérité. Dieu est la substance et la forme infinies.
(V. Ame, Ciel, Spirituel,)
SUIF. Moyen naturel d'acquérir le vrai du bien.
(V. Cire , Graisse , Lumiere.)
SUPÉRIEUR. Plus parfait. Le supérieur et l'in
térieur représentent les degrés de perfection , par
opposition à l'inférieur et à l'extérieur, qui rap
pellent tes degrés d'imperfection, ou de perfection
moindre. S'élever , c'est se perfectionner , à moins
qu'on ne s'élève que par orgueil ; s'abaisser, c'est le
contraire. Quant à l'extérieur, il rappelle naturel
lement la simple éepree renfermant toujours on
noyau plus précieux. {?. Monter, Descendre.)- ;
SWEDENBORG. C'est le pins remattraable d«
tous les extatiques modernes. Il a resté près de
«ingt-ciuq ans dans cetétat singulier, connu anjour
8.
9»
d'hui sous le nom d'extase provoquée, et il passe à
juste titre pour un prophète véritable. Il a expliqué
en une trentaine de volumes une grande partie de
l'Écriture Sainte d'après les principes de la langue
de la nature , et il a donné la clef de tout le reste.
Son explication de l' Apocalypse, il a déclaré la tenir
tout entière du SEIGNEUR, qui, en effet, pou
vait seul donner le mot de cette étonnante énigme.
Il estinutile d'ajouter qu'après Dieu c'est à Swe
denborg que je suis principalement redevable de
la connaissance de la laugue de la nature. ( V. EMMA
NUEL.)
SYRÈNE. Beauté sans bonté ; beauté qui trompe.
{V. Femme, Beaute , Poisson , Satyr.)
T.
TABLE. Préparation éloignée pour l'appropria
tion de la nourriture de l'âme, qui est le bien et le
vrai. {V. Manger, Boire.)
TACHE. Erreur. Faute. Les païens enseignaient
d'après leurs extatiques , que les âmes, ou les corps
aériens des hommes criminels, conservaient des
taches ou des flétrissures analogues à tous les crimes
commis, et que c'était d'après 1,'inspection de ces
taches qu'elles étaient jugées. {V. Noir, Tacheté;
v. aussi Corps humain , Beaute , Ulcère.i,
TACHETE. Le vrai et lefaux mêlés ensemble.
Agneau tacheté , les erreurs de l'innç-cence. Cheval
tacheté ou moucheté, erreurs sur les doctrines de
l'Écriture Sainte. Panthère , erreur de la mé
chanceté, à cause de ses taches, etc. Les taches sé
parées montrent que les erreurs ne font pas un sys
tème entier et lié. Il en est autrement d'un animal
tout-à-fait noir. (f. Noir, Blanc)
TALON. Le plus bas degré des affections na
turelles. {F, Pied, Corps humain.)
,. TAPIS. Vérité du plus bas degré, ou concer-
9»
liant les choses les moins élevées. Vérités naturelles.
Vérités du ciel inférieur. En tant que tissus de laine,
les tapis ont aussi rapport à un degré de bonté. Les
tapisseries et, les tentures ont des significations ana
logues. {V. Etoffe, Rideaux.)
TARTARE. (f: Antre", Enfer.)
TAUREAU. Affections naturelles et grossières,
bonnes ou, mauvaises. Le bétail en général repré
sente ces affections. [V. Boeuf, Vache, Veau.) C'est
delà que vient la vénération pour le bceuf Apis,
l'adoration du Veau d'or, et les divers sacrifices de
bétail chez les anciens, etc. {V. Animal, Sacri
fices.)
TEMOIN. Confirmation du bien par le vrai.
_ TEMPLE. Le vrai divin. Système de Religion.
(V. Maison, Boîte.)
TEMPLES DES ANCIENS. {F. Mystères, Tro-
phonius , Magnetisme. )
TEMPS. Le temps dansle monde spirituel désigne
un état moral. 11 n'y est plus une longueur déter
minée. Déjà sur la terre il tient beaucoup de la sim
ple apparence : une lieure qui n'est qu'un instant
pour l'homme distrait, est une longueur mortelle
pour celui qui s'ejinuie Ou qui souffre. (/^Espace-,
Distance. ) Il n'y aura plus de temps, siguifie dan»
l'Apocalypse, il n'y aura plus d'Église.
TÉNÈBRES. Ignorance. Fausseté. {V. Lumière.)
Les ténèbres représentent l'Ahrimano. de la mytho
logie persane ; et la lumière , Oromaze son adver^-
saire. Elles représentent aussi le Pluton de la Fable,
dont le royaume devait se trouver à l'occident, par
opposition au séjour de la lumière, que l'on avait
placé à l'orient. ( V. Soleil.)
TENIR. Posséder. Se tenir debout , c'est être ré
formé , quant à l'homme naturel et extérieur. ( V.
Forme humaine, Serpent.)
TENTATIONS. Souffrances spirituelles. Com
bats contre le mal et le faux. Les tentations vien
ga
nent principalement des efforts opposés que font
en nous les Esprits bons et mauvais pour nous at
tirer de leur côté. Il y a par conséquent des tenta
tions de diverses espèces : aujourd'hui il n'y en a
presque que de naturelles^ à cause du dépérissement
de la vraie foi. ( V. Liberté, Volonté , -Naturel ,
Spirituel.) ,
TERRE. Eglise. Le cœur de l'homme , ou doit
croître la bonne semence. Terre de Canaan, c'est le
Gel. ( V, Sol, Champ, Eden.) Il est parlé dans
l'Apocalypse d'un nouveau ciei et d'une nouvelle
terre j le jugement dernier sera donc un renouvelle
ment et non une destruction de la nature , comme
le croient les chrétiens ignorans. (V. Ciel.)
TERRE GLAISE. Église hérétique, qui enseigne
le faux. {F. Sol.)
TETE. Intelligence. Ciel supérieur. Amour.
Partie première quant au rang. ( V. Cerveau, Pou
mon, Queue, Forme humaine.)
THEURGIE. L'art de converser avec les esprits
immortels. {V. Magnétisme, Songe, Extase.)
TITAN. Nom du soleil et des étoiles chez quel
ques païens. ( V. Soleil. ) En bas breton, ou en cel
tique, Titan signifie Maison defeu.
THOT. Ancien nom de Dieu chez les Egyptiens.
C'est le même que le Teutatès des Germains , dont
ceux-ci prirent le nom de Teulseh. Les mots Qeoj
des Grecs , et Deus des Latins , en dérivent égale
ment. Il est très-probable que la vraie signification
du mot égyptien Thot était père. Tad signifie en
corepère en bas breton. {F'. Père.) Les Teuset lesDus
étaient aussi des espri/s supe'n'eurs , des espèces de
Faunes et de Satyrs chez ies Gaulois ; et encore au
jourd'hui dans quelques contrées ignorantes , on
donne ces noms à une certaine espèce de revenans.
TOILE. Vérités. (F. Lu» , LffcGE. )
TOIT. L'intérieur, l'iatime des pensées et du
cœur de l'homme. ( V. Maison , Tour. ) -
93
TOMBEAU. Le tombeau du SEIGNEUR signi
fie Dieu méconnu par l'homme j et le tombeau de
l'homme signifie l'homme méconnaissant Dieu {F.
Sépulcre , Mort, Resurrection.)
TOMBER. Etre vaincu. Tomber en arrière,
s'éloigner du vrai «Tomber sur le côté droit, être
vaincu quant au bien. Tomber sur le côté gauche,
être vaincu, quant au vrai. Tomber sur la face,
adorer à la manière des anciens. {V. Las, FAtI
GUÉ.)
TONDRE LES BREBIS. S'occuper du bien de
l'Eglise; et, dans le sens contraire, lui faire du mal.
{¥. Berger, Troupeau.)
TONNERRE. Divin Amour et divine Vérité.
La parole de Dieu dans toute sa force. (V. Voix ,
Bruit, Eclair. )
TORDRE. Rendre, injuste et faux. Tordu, ta-
boteux et inégal , est opposé à ce qui est juste, bon
et droit. {V. Droit.)
TOUR. Orgueil. Culte de soi-même. Ce qu'il y
a d'intérieur et d'intime dans les vérités , dans les
systèmes. ( V. Maison, Toit.)
TOURNER. Se tourner, se convertir. {V. Dos.)
TRAVAILLER. Se prend au moral pour faire le
bien. Quelquefois, travailler signifie souffrir. {V.
Ouvrier. )
TREMBLEMENT* DE TERRE. Changement
d'état dans une Eglise. ( V. Terre.)
TRIBU. Religion quant au bien de la vie.
TRIBUS. (Les douze tribus.) L'ensemble des biens
et des vérités spirituels. Tout quant à la foi et à
la religion. Les douze pierres du rational d'Aarou
représentaient la même chose. {V. Apôtre, Douze,
Pierres précieuses, Vieillard. )
TRINITE. Dieu considéré dans son essence, dans
son humanité divine, et dans son action sur les
créatures \ en d'autres termes, Dieu considéré comme
Père, Fils et Saint-Esprit. La Trinité en Dieu n'est
©4
que l'unité parfaite. On a eu tort d'y distinguer trois
personnes diverses : le mot hvpostase a été mal
compris.. En admettant en Dieu trois personnes,
ou trois êtres intelligens , ce qui est la même chose,
on arrive nécessairement à l'idée de trois Dieux ; ou
bien on nie la Divinité du Fils et du Saint-Esprit.
Pour rétablir partout la véritaSlc idée de Dieu , et
la foi au CHRIST, il faut dire aujourd'hui que Dieu,
en lui-même , est un , mais qu'il est triple par rap
port à l'homme , étant à la fois Créateur, Rédemp
teur et Régénérateur.
TROIS. Tout quant au vrai. Complet. Fini.
Achevé. Trois signifie aussi ce qui est parfait , ce
qui est saint , comme sept. ( V. Sept. ) Trois et
demi .dara les Saintes Ecritures, signifie la Fin
entière.
TROMPETTE. Révélation céleste. Manifesta
tion et, exploration de l'intérieur de l'homme ou
d'une Eglise. ( V. Bruit , Voix , Cuivre. )
TRONE. Puissance. Autorité par le vrai. Juge
ment. ( V. Siege. )
TROPHONIUS. ( Antre de Trophonius. ) Les
prêtres du temple érigé près de cet antre .prépa
raient les malades par des purifications, puis les fai
saient dormir dans cet antre, et quand ils avaient
eu un songe relatif à leur indisposition , les prêtres
l'expliquaient et indiquaient le remède. ( V. Magne-
ri&ME , Mystères , Songe. ) •
TROUPEAU. Ceux qui se laissent conduire vers
le bien et le vrai. ( V. Pasteur , Berger. )
TUER. Otcr la vie spirituelle. Enlever la foi et
la charité. ( V. Vie.) Tuer quelqu'un avec l'épée,
la pique , ou quelque autre arme' pointue , c'est dé
truire entièrement en lui la vérité, ou ce qu'il
prend pour la vérité. {V. Maladie , Mort , Sang,
Crucifixion , Cadavre. )
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ULCÈRE. Corruption du bien de l'amour divin.
Blasphème. ( f". Blessure.)
UN. L'harmonie. La perfection. Dieu. {V. Union.)
UNION. L'union vraie , l'union parfaite et absa-
lue n'existe qu'entre l'essence divine et la divine
humanité J ou entre le PERE et le FILS , qui sont
un, comme le corps et l'âme chez l'homme sont un.
Entre les hommes, aussi-bien qu'entre l'homme et
Dieu, il ne peut y avoir que conjonction. {V. Un.)
UNION DES SEXES. Le mariage est une union
sainte ou sacrée , parce qu'il représente l'union du
bien et du vrai, qui, partant de Dieu, leur pre
mière source, forment toute l'immense création.
Toutfr union morale, toute harmonie, émane de
cette première et divine source. Quant aux unions
illégitimes , elles représentent toutes les nuances des
désordres moraux. {F'. Mariage, Adultère, etc. )
URINE. Vrai falsifié. ( V. Reins , Eau. )
V.
VACHE. Degré d'affections. Affections du vrai.
(V. Lait, Veau, Taureau, Mâle, Animal.)
VAISSEAU. Système. Doctrine d'une Église
puisée dans la parole de Dieu, par opposition à
Char, qui le plus souvent ne représente qu'un sys
tème de vie en général. ( V. Vent, Char, Roue,
Maison, Ville, Boîte, Corbeille.) L'arche de
Noé , avec tous ses détails , n'est qu'un immense
hiéroglyphe contenant la description d'une Eglise ou
société religieuse de l'antiquité. De là encore chez les
Egyptiens l'usage de consacrer un vaisseau chargé de
figures hiéroglyphiques aux fêtes d'Isis. Cette déesso
paraissait alors habillée sous les symboles dela Lune,
96,
( V. Luire.) On y voyait des vases à'eau , des vases de
lait en forme de mamelles, une corbeille d'or rem
plie de rameaux d'or , des serpens d'or sur lesquels
étaient jetés quelques c'pis, etc. {V. tous ces mots.)
VAISSELLE DE TERRE. Idées et systèmes de
l'intelligence propre. Dans la Bible, cette image se
prend presque toujours en mauvaise part. [V. Vais
seau , Boîte.)
VALLEE. Etat inférieur. Etat de perversité.
Humilité. ( F. Montagne , Antre, Cave.)
VAN. Séparation de la vraie et de la fausse doc
trine d'une Eglise. Séparation de ceux qui sont dans
ces deux doctrines opposées. ( V. Froment, Paille,
Vaisseau. ) Les mvstagogues avaient consacré le
van à Bacchus , parce que ceux qui étaient initiés à
ses mystères étaient censés purifiés de leurs vices
Comme le froment est purifié de la /paille. -Les
mêmes emblèmes sont conservés dans l'Evangile.
VARIETE. Une variété à l'infini étaitjiécessaire
dans la création , même dans le bien , pour donner
de la vie aux sociétés et multiplier les rapports
parmi les êtres. Mais l'homme seul pouvait intro
duire cette variété , puisque Dieu ne peut faire
acception de. personnes. Delà le libre arbitre laissé
à chaque individu. De là ce degré de liberté, plus
grand encore, laissé aux masses. ( V. Liberté. )
VASE. Ce qui contient un autre objet. Le vrai
est d'ordinaire le vase du bien {V. Boîte, Vaisselle.)
. VASE D'UN ETANG. Souffrances et tribula
tions à cause du mal du faux. ( V. Eau , Lie, Sol. )
VEAU. Bonnes affections naturelles. Désir de
connaître les vérités divines. ( V. Animal , Lait ,
Vache. )
VENDANGES. ( V. Vin , Raisin , Vicnje , Mois
son, Fbuits. ) Nos ancêtres idolâtres célébraient les
fêtes de Bacchus les premiers jours d'octobre avec
de très-grands désordres. Les chrétiens eux-mêmes
avaient retenu quelque chose de cet usage , en invo
quant Bacchus et écrasant du raisin en son honneur.
C'est pour obvier à ces inconVéniens que l'Eglise
réunit la fête de Saint-Bacque et de Saint-Denis
(noms véritables de deux saints , quoique dérivés
du noni' de Bacchus ) att g octobre. Le peuple fut
ainsi détourné de sa superstition et de ses désordres.
Tout le monde peut voir combien cette version est
plus naturelle que celle de Dupuis sur le même
sujet. ' . i -....). \ î
VENDRE. Approprier les connaissances dit bien
et du vrai aux autres personnes ;' par conséquent
enseigner. Acheter signifie se les approprier à spi-
même. Trafiquer a les deux sens. " '
VENIN. Tromperie. Hypocrisie. VV. Serpent,
Scorpion. )
VENT: Action invisible. Force.cachée. Influence
du vrai dans l'entendemept. Raisonncmcns. Vérités
célestes ou faussetés, infernales. ( V. Air , Esprit ,
Saint-Esprit, Oiseaux , Colombe. ) .-:•;, ,\
VENTRE; {.V. Ektraili.es. ) ;: T . - ,:,
VÉNUS. {F. Vierge.) .
VER. Tourment infernal. Il se dit principalement
du faux. Il peut aussi être pris en bonne part. ('^.
Insectes , Serpent , Tuer. )
VERBE, LE VERBE ÉTERNEL. L'éternelle;
(sagesse , par opposition à l'éternel amour, ( V. Vé-
«ite', Divin vrai , Nom, Fils, Père..)
VERD. Etat intermédiaire entre le vrai dé
l'amour et le vrai simple. ( V. Couleur. )
VERDURE. Affections scientifiques, La diversité
des herbes et des feuilles en forme les nuances. La
verdure est en général le premier .dearé de la dispo,
sition à rapporter des fruits, (f'. JIebbe, Fleur,
Arbre , Champ , Jardin , Le'gumes. ), j
VÉRITÉ. Dieu quant au vrai divin. ( V. Fils ,
Amour, Père.) ; zin . 1 i î *_• -. -. '
VERRE A BOIRE. Scientifique sensuel. Désir
immodéré de savoir. L'homme naturel s'occupe dé
93
mille choses inutiles : c'est cette partie de la science
seule que l'Ecriture condamne, sous l'emblème de
l'arbre de la connaissance du bien et du mal , par
opposition à l'arbre de vie..Le bonheur est plutôt un
sentiment .qu'une science, et c'est ce que l'homme
n'a pas voulu comprendre., (.,/r, Sciehce, Ancra ,
V*E,etc.) • ,'o-ii- -/.-.'• --M •.!. i,(:i,/-.' j „ 'i
VERRE DE VITRE. Vérités naturelles ayant rap
port à la vie civilei ( V. Cristal , Diamant. ) .
VERTU. Force de l'âme,, Le mot latin est le
m,ème pour la.,force du corps., parce que cette der
nière est 1'hiéroglvphe naturel de la première.
1^TEMÉNà.''yèrités;;i^:'4oçU:iiies du dernier
ordre que quelqu'un s'est appropriées^La significa
tion des vêtemêns ' est modifiée parleur couleur,
leur forme et les parties du co^i'ps auxquelles ils cor
respondent ',''dêpùis'.lâ plumé' sfirlè chapeàji jusqu'à
la semelle des souliers^ { ^.,'Cneï>h. ) Dans la langue
de la nature; la vérité est dite revêtir le bien. De là
la différence des vêteniens chez les prêtres égyp
tiens. Leur DémiourgUe;, coiiime on- sait , 'portait
un manteau bleu céleste parsemé d'éioifes; il était
ceint d'une ceinture jrfune , et avait au coû une
chaîne d'or portant, un gros saphir entouré de
pierres précieuses. Les Sioliastes .portaient une
étoffe h raies blanches. Qunnd on connaît cet em
blème naturel, des vêteniens,, oo, ne, s'étonne plus
des détails minutieux de TEcrjtiure Sainte touchant
l'habillement du grand-prêtre. Les;Esséuieus eux-
mêmes 'donnaient encore à leurs récipiendaires un
habit blanc ;" un tablier, et une ermitieUç.Eu géné
ral, toutes les sociétés secrètes sont d'origine cabalis
tique. Il en existecucViré de ce genre chez lésDruses
en Syrie. ( V. Exterieur. ) Vêtemcus blancs signifie
vérités pures ; Vêtement rouge . vrai de l'amoiir.'Le
vêtement ou la tunique sans couture du SEIGNEUR,
signifiait un système de vérité complet. Le vêtement
ou les poils des animaux représentent leurs ins
tincts. ( F . Po]L,L»i»k'LAirtE,: Etoffe, Toile, CEIN
TURE, CqbïS HUMAIN.) mj. ,1 'ju.--- ..•..,;.-,
99 rVEUVE. Église j ou personne qui est dans le
vrai , mais non encore dans le bien , parce qu'elle
ne fait encore que le désirer. ( V. Femme, Epouse.)
VERMINE. {F. Insectes, Punaise.) '
VIANDE. ( V. Chair, Manger ; Animal.) ,
VIE. Union du bien et du vrai. Dieu seul est
la vie, parce qu'il est l'amour et la vérité éter
nels, L'homme ne peut vivre qu'en lui et par lui.
En voulant vivre par lui-même , s'appuyer sur lui-
même, l'homme rencontre nécessairement l'erreur
et la mort. ( V. Dieu , JÉSUS -CHRIST , Regéné
ration, Rédemption, Ame, Salut. )
VIEILLARD. Sagesse. Innocence. Faiblesse. Les
vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse représentent
la doctrine du bien et du vrai des deux Eglises sur
périeures , de la céleste et de la . spirituelle.
\ V. 'Douze-, Apôtres, Tribus, Ciel, Ame;. "} .
VIERGE. Eglise dans le vrai pur et non falsifiée
Doctrine de l'Eglise _quan1; au sens spirituel de la
parole. {V. Femme, Epouse, Lune, Ville, Vigne.)
Il est inutile de remarquer qu'au sens moral la
virginité peut être commune aux deux sexes. Chez
les païens, cet hiéroglyphe intéressant de la Vierge
s'était tellement dénaturé , qu'il ne rappelait plus
qu'un signe du zodiaque ou une Vénus impudique.
Dans les livres des Hébreux seuls , la vierge a con^
serve sa vraie signification , aussi-bien que l'enfant
qu'ils annonçaient • devoir naître d'elle. {V. Fils,
Enfant, Garçon (petit). , i. /
. VIGNE. Eglise quant à la doctrine tirée de la
parole , considérée abstractivement , et non comme
.vfiyantejchsz les individus. Le bien de l'Eglise spi
rituelle;- Une vigne considérée simplement comme
cep , c'est-à-dire , quant à son pied , ses branches et
ses feuilles , représente la partie intellectuelle cor
respondante au^vrai et au bien de l'Eglise ; et la
croissance" de là' vigne, les efforts successifs qui
amènent la régénération. ( V. Cep, Raisin. Olivier,
Vierge, V«lle.) ...D.tktff"'
■oo
. VILLE. Doctrine de l'Eglise dans le sens naturel,
par opposition à vierge qui est sa doctrine spiri
tuelle. Ville est aussi une doctrine considérée abstrac-
ttvemcnt. ( F. Vigne, Maison , Jérusalem , Vus-
seau. ) ,
VIN. Le vrai divin. Le vrai de la parole, parce
qu'il représente le sang. {V. Sang, Raisin.) Il est
Inutile de remarquer que c'est la perte de tous ces
hiéroglyphes naturels du' raisin , de la vigne et du
Vin, qui a donné nais*auce au culte de Bacchus et
tnx fêtes établies chez les anciens en faveur de cette
prétendue divinité. Jep'o'is, dit Hérodote, que c'est
Mélampus, homme sage et voyant, qui a introduit
les fêtes de Dionysius. ( V. Voyant, Vendanges.)
VINAIGRE. Le vrai divin falsifié. ( V. Vin,
Fiel. )
VIOLET. Troisième degré du vrai et,de l'affec
tion du vrai. Vrai naturel prêt à passer à l'amour
Spirituel. La progression dans le sens favorable se
rait du bleu au violet. 11 en est autrement du rouge
et du jaune. ( V. Couleur. )
VIOLETTE. ( r. Fleur, Violet, Fraise. )
VISION. ( V. Songe, Extase, OEil. ) '
VOILE. Degré d'ouverture de ViateNigence.
{V. OEil, Rideaux, Fenêtre, Volet. ) Voile de
vaisseau. ( V. Vaisseau , Toile» )
VOIR. Corinàf;tre. ( K Vue, OEil. )
VOIX. Vérité. Doctrine. Voix àe l'Éternel, Doc
trine divine. ( V. Bruit, Tonn*|»re. ) Le son d« voix
dans le monde spirituel trahît le fond du coeur et lé
caractère de l'individu, llne* vdix sifflante, par
exemple, et enrouée, indique l'avarice où des sèn-
timens terrestres. ( V\. Sept, i) »?
VOLER, Percevoir. S'instruire'. S'iiistruire des
ÀO'scs' cëîefctès. '( V. Marcher , Aller a cheval,
Char, iOiSEÀU, 'ÂitLE^j ^' ^ ,h'.;)n;t,.',.',J iu.l •
VOLET. Cause d'obscurité spirituels. Protection
contre les erreurs. ( F. Ombre, Feuêtre, Rideaux.)
VOLONTAIRE. ( F. Libre. )
VOLONTÉ. Faculté de se porter vers un objet.
( V. Liberté. ) Bonne volonté suppose toutes les
vertus , dans toutes les circonstances , et éternelle
ment, et il n'est point aussi facile que l'on pense de
la posséder ni de la créer chez les autres. - Former
des hommes de bonne volonté n'était réservé qu'au
héros de l'Évangile, qu'a Dieu rédempteur. Les
lumières éclairent , les exemples seuls' unis aux souf
frances et aux tentations; changent Yintime de la
volonté et la convertissent. ( V . Rédemption, Régé
nération, Vie. ) *
VOMISSEMENT. Faussetés infernales. Maux
abominables. Vomir peut signifier qu'on y est , ou
qu'on s'en débarrasse. ( V. Manger , Boire , Fruits ,
Vin , Ivrogne. )
VOYAGEUR. Un être ayant un but moral.
( F. Marcher. )
VOYANT. Individu qui a la seconde vue , chez
qui les yeux de l'immortalité sont ouverts dès cette
vie. La/philosophie moderne n'admet plus les formes
substantielles ; mais elle a grand tort. Tous les an
ciens- les admettaient. Les anciens étaient même si
persuadés de la réalité de certaines transactions qui
avaient lieu dans le songe ou dans l'extase , qu'ils
confondaient souvent ces événemens avec ceux de la
vie matérielle; et c'-est ce qui a donné lieu à ces mille
fables de l'antiquité, absurdes, si on les suppose arri
vées matériellement, mais qui s'expliquent facile
ment par la connaissance de la langue de la nature ,
et en en transportant la scène dans le monde spiri
tuel. Bien des transactions arrivées ainsi dans le songe
ou l'extase, ont fini par passer dans l'histoire. ( F.Ex
tase, Spirituel, Substantiel, Magnétisme, Songe,
Apparitions, Langue de la nature, Swedenborg. )
.VUE. Dans le degré naturel , c'est science; dan'
le degré spirituel, connaissance; dans le degré cé
leste, sagesse. ( V. OEil, Science, Eau. ) ^
IM
VTJLCA1N. Dieu des païens, représenté sons la
forme d'un forgeron dans un antre , travaillant
principalement aux foudres de Jupiter. ( V, les mou
toulignés; v. aussi Fbu, Fer, Ouvrier, ciCmvu.
ZÈLE. Ardeur. Amour. ( V. Ftv. \
ZIZANIE. Le faux de l'Église. Le faux du mal.
( V. Froment , Herbe , Gerbe. )
ZODIAQUE. ( V. Animal . Sighes di Zodiaque-)
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