ABAQUES LOGARITHMIQUE A MULTIPLES S ENTRÉES · 8 LA HOUILLE BLANCHE En considéran le causes st...

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8 LA HOUILLE BLANCHE En considérant les causes des accidents, on trouve que 5o pour IOO des cas proviennent exclusivement et 9 pour 100, en partie de la propre faute de la victime. Un pourcentage relativement élevé, 18 pour 100, doit être attribué à la négli- gence ou manque de réflexion d'autrui. Témoin l'exemple déjà cité, où un aide-monteur enclancha, contrairement à u n ordre donné, la station de transformation pendant que le monteur y travaillait encore. Voici encore un autre exemple : Un aide-monteur avait reçu l'ordre de travailler dans une station de distribution à haute tension. Pour une raison quel- conque, il quitta un moment son travail. Entre temps un inci- dent imprévu nécessita la mise en service de la partie d'installa- tion en réparation. Lorsque l'aide-monteur revint à son travail, il ignorait que les conduites étaient sous courant et fut foudroyé aussitôt qu'il toucha un des fils. Un autre ouvrier était juste- ment en train de barrer la partie de l'installation qui venait d'être mise sous courant, mais s'était rendu dans un local adja- cent pour chercher du matériel, à ^l'instant o ù la victime se rendait à son travail. Dans un autre cas, un monteur et u n aide-monteur étaient occupés à faire des connexions dans une station de transforma- tion déclanchée. Une fois le travail terminé, le monteur, en quittant la station, ordonna à son aide de ramasser les outils, mais négligea de remettre en place les grilles de protection. Malheureusement le courant fut enclanché en ce moment par le surveillant de l'usine avant que le monteur en ait donné l'ordre. Lorsque l'aide-monteur voulut prendre u nfilà plomb, suspendu à u n isolateur derrière le tableau, il entra en contact avec des parties sous tension et fut tué. .En considérant les tensions auxquelles les accidents se sont produits, on trouve : Jusqu'à 2D0 volts, 10 cas ; soit 29 pour 100 (en 1905, 21 pour 100). Entre 25o et 1000 volts, 5 cas ; soit îb pour 100 (en 1905^ 1 1 pour 100). Plus de 1000 volts, 19 cas : soit 56 pour 100 (en 1905, 68 pour 100). Cette année également, il y a lieu de signaler le nombre rela- tivement élevé d'accidents causés par la basse tension, il atteint, comme l'année précédente, le double de ceux à tension moyenne. Un cas est surtout intéressant, parce qu'il réfute l'opinion q u e le courant continu à basse tension ne peut avoir un effet mortel. Un monteur était occupé sur un poteau à attacher des fils aux isolateurs. A un moment donné il entra en contact avec deux conducteurs de polarités différentes (courant continu à 220 volts), poussa un cri et s'affaissa inanimé dans la ceinture. On déprécie encore trop souvent le danger que les courants à basse tension présentent pour bien des personnes. Ajoutons encore qu'aucun des accidents, avec courant à basse tension, n'est arrive dans un local imprégné de liquides con- ducteurs . Dans t5 accidents o n a essayé de rappeler la victime à la vie et dans 2 avec succès. B. Dégâts matériels. Parmi les 8 cas de dégâts matériels, 5 peuvent être ramenés à des installations défectueuses ou au mauvais fonctionnement des appareils de protection. Dans un cas, un câble souterrain fut détérioré par une forte perte à la terre, survenue par suite d'un défaut d'isolement. Le courant pénétra dans une conduite d'eau posée directement contre l'armature du câble et l'endommagea. Il est probable que le câble avait été endommagé lors de la pose même delà conduite d'eau. Dans un autre cas, un court-circuit s'était déclaré dans une conduite d'éclairage (cordon souple). L'isolation du cordon s'enflamma et le feu se communiqua à la paroi en bois. Il ne fut pas possible de déterminer d'une manière certaine le débit des coupe-circuits. Le troisième cas est celui o ù la résistance d'une lampe à arc s'échauffa, probablement à cause du mauvais fonctionnement de la lampe, à tel point que la poutre du plafond, contre laquelle elle était fixée prit teu. La résistance ne se tro.uvait qu'à une distance de 3 o u 4 c m d u plafond et ce dernier n'était pas protégé par une plaque incombustible. Dans trois cas, la cause des dégâts ne doit être attribuée que partiellement à la défectuosité des installations, l'autre part pouvant être ramenée à la force majeure ou au mauvais fonc- tionnement des appareils de protection, dont on ne connaît pour le moment pas de modèle qui se prête bien à l'emploi en pratique et qui soit d'un fonctionnement absolument sûr. Citons, par exemple, une installation intérieure des sur- tensions se produisirent par suite d'un défaut au transforma- teur. Dans une traversée de plancher, entre l'écurie et le fenil, le courant sauta d'un conducteur à l'autre et enflamma l'isola- tion des fils. Le feu s'était communiqué au foin qui entourait la colonne montante, mais on réussit à l'éteindre, avant qu'il n'ait causé de dommages importants. Dans l'installation en question, les conduites à basse tension n étaient pas munies d'appareils contre les surtensions. Dans un autre cas, un transformateur fut endommagé par un coup de foudre. Malgré les appareils protecteurs, le courant primaire paraît avoir passé dans le réseau à basse tension, car dans plusieurs installations intérieures, le courant avait sauté aux parties voisines des bâtiments en formant des arcs. A quel- ques places les fils avaient fondu, à d'autres, leur isolant était carbonisé. Les appareils contre les surtensions paraissent avoii fonctionné, mais le contact entre les deux disques métalliques séparés par une rondelle de mica perforée^ n'était sans doute pas suffisant. Ce cas nous prouve, en outre, qu'il est nécessaire de disposer la plaque de terre des appareils contre les surtensions aussi loin que possible de celle des appareils parafoudres à haute tension. L'incident précité, ainsi que d'autres observations que nous avons eu l'occasion de faire, nous donnent l'impression que les appareils contre les surtensions, avec leur construction actuelle généralement admise, ne fonctionnent pas toujours avec succès et qu'ils ne répondent pas, par conséquent, aux exi- gences qu'on est en droit d'imposer aux appareils de protec- tion. Y aurait-il moyen de trouver une disposition simple et suie, q ui, lors de surtensions dangereuses, dans le circuit secon- daire, fonctionnerait c o m m e disjoncteur des conduites pri- maires alimentant la station de transformation. Dans le cas l'on n'est pas sûr d'atteindre l'interruption du courant primaire sur tous les pôles, il faudrait arriver à une mise à terre directe des conduites primaires, simultanément avec leur interruption partielle. (L'Industrie Electrique.) Résolution des Equations AU MOYEN D' ABAQUES LOGARITHMIQUES A MULTIPLES ENTRÉES La résolution de certains problèmes d'hydraulique nécessitant la résolution d'équations entières d'un degré supérieur au second, nous avons pensé qu'il était intéressant de publier ici un nouveau procédé de résolution rapide de ces équations, au moyen tïabaques logarith- miques à multiples entrées, dont l'auteur est M. Jules JOUFFRAÎ', directeur des Fonderies et Ateliers de Constructions mécaniques de Vienne (Isère). Jusqu'à ce jour, pour résoudre d'une façon pratique et lorsqu'on ne pouvait les éviter — des équations quel- conques, on a employé plusieurs méthodes qui peuvent se ramener à deux principales. Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1908004

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8 L A H O U I L L E B L A N C H E

E n c o n s i d é r a n t les c a u s e s d e s accidents, o n t r o u v e q u e

5o p o u r IOO des cas p r o v i e n n e n t e x c l u s i v e m e n t et 9 p o u r 100,

en partie d e la propre faute de la victime. U n p o u r c e n t a g e

relativement élevé, 18 p o u r 100, doit être attribué à la négli­

g e n c e o u m a n q u e d e réflexion d'autrui.

T é m o i n l'exemple déjà cité, o ù u n a i d e - m o n t e u r e n c l a n c h a ,

c o n t r a i r e m e n t à u n ord r e d o n n é , la station d e tr a n s f o r m a t i o n

p e n d a n t q u e le m o n t e u r y travaillait e n c o r e .

V o i c i e n c o r e u n autre e x e m p l e :

U n a i d e - m o n t e u r avait reçu l'ordre d e travailler d a n s u n e

station d e distribution à h a u t e tension. P o u r u n e raison quel­

c o n q u e , il quitta u n m o m e n t s o n travail. E n t r e t e m p s u n inci­

d e n t i m p r é v u nécessita la m i s e e n service d e la partie d'installa­

tion e n réparation. L o r s q u e l'aide-monteur revint à s o n travail,

il ignorait q u e les c o n d u i t e s étaient s o u s c o u r a n t et fut f o u d r o y é

aussitôt qu'il t o u c h a u n des fils. U n autre ouvrier était juste­

m e n t e n train d e barrer la partie d e l'installation q u i venait

d'être m i s e s o u s c o u r a n t , m a i s s'était r e n d u d a n s u n local adja­

cent p o u r c h e r c h e r d u matériel, à ̂ l'instant o ù la victime se

rendait à s o n travail.

D a n s u n autre cas, u n m o n t e u r et u n a i d e - m o n t e u r étaient

o c c u p é s à faire d e s c o n n e x i o n s d a n s u n e station d e t r a n s f o r m a ­

tion d é c l a n c h é e . U n e fois le travail t e r m i n é , le m o n t e u r , e n

quittant la station, o r d o n n a à s o n aide d e r a m a s s e r les outils,

m a i s négligea d e remettre e n place les grilles d e protection.

M a l h e u r e u s e m e n t le c o u r a n t fut e n c l a n c h é e n ce m o m e n t p a r

le surveillant d e l'usine a v a n t q u e le m o n t e u r e n ait d o n n é

l'ordre. L o r s q u e l'aide-monteur v o u l u t p r e n d r e u n fil à p l o m b ,

s u s p e n d u à u n isolateur derrière le tableau, il entra e n contact

a v e c des parties s o u s tension et fut tué.

. E n c o n s i d é r a n t les tensions a u x q u e l l e s les accidents se so n t

produits, o n t r o u v e :

J u s q u ' à 2D0 volts, 10 cas ; soit 29 p o u r 100 (en 1905, 21

p o u r 100).

E n t r e 25o et 1000 volts, 5 cas ; soit îb p o u r 100 (en 1905^

1 1 p o u r 100).

P l u s d e 1000 volts, 19 cas : soit 5 6 p o u r 100 (en 1905, 68

p o u r 100).

Cette a n n é e é g a l e m e n t , il y a lieu d e signaler le n o m b r e rela­

t i v e m e n t élevé d'accidents causés p a r la basse tension, il atteint,

c o m m e l'année p r é c é d e n t e , le d o u b l e d e c e u x à tension

m o y e n n e . U n cas est surtout intéressant, p a r c e qu'il réfute

l'opinion q u e le c o u r a n t c o n t i n u à basse tension n e pe u t avoir

u n effet m o r t e l .

U n m o n t e u r était o c c u p é sur u n p o t e a u à attacher des fils

a u x isolateurs. A u n m o m e n t d o n n é il entra e n contact a v e c

d e u x c o n d u c t e u r s d e polarités différentes ( c o u r a n t c o n t i n u à

220 volts), p o u s s a u n cri et s'affaissa i n a n i m é d a n s la ceinture.

O n déprécie e n c o r e trop s o u v e n t le d a n g e r q u e les c o u r a n t s

à basse tension présentent p o u r bien d e s p e r s o n n e s .

A j o u t o n s e n c o r e q u ' a u c u n d e s accidents, a v e c c o u r a n t à basse

t e n s i o n , n'est arrive d a n s u n local i m p r é g n é d e liquides c o n ­

d u c t e u r s .

D a n s t5 accidents o n a essayé d e rappeler la victime à la vie

et d a n s 2 avec s u c c è s .

B . Dégâts matériels. — P a r m i les 8 cas d e dégâts matériels,

5 p e u v e n t être r a m e n é s à d e s installations défectueuses o u a u

m a u v a i s f o n c t i o n n e m e n t d e s appareils d e protection.

D a n s u n cas, u n câble souterrain fut détérioré p a r u n e forte

perte à la terre, s u r v e n u e par suite d'un défaut d'isolement. L e

c o u r a n t pénétra d a n s u n e c o n d u i t e d'eau p o s é e d i r e c t e m e n t

contre l'armature d u câble et l ' e n d o m m a g e a . Il est p r o b a b l e

q u e le câble avait été e n d o m m a g é lors d e la p o s e m ê m e d e l à

c o n d u i t e d'eau.

D a n s u n autre cas, u n court-circuit s'était déclaré d a n s u n e

c o n d u i t e d'éclairage ( c o r d o n s o u p l e ) . L'isolation d u c o r d o n

s ' e n f l a m m a et le feu se c o m m u n i q u a à la paroi e n bois. Il n e

fut pas possible d e d é t e r m i n e r d ' u n e m a n i è r e certaine le débit

des coupe-circuits.

L e troisième cas est celui o ù la résistance d'une l a m p e à arc

s'échauffa, p r o b a b l e m e n t à c a u s e d u m a u v a i s f o n c t i o n n e m e n t

d e la l a m p e , à tel point q u e la p o u t r e d u pl a f o n d , contre

laquelle elle était fixée prit teu. L a résistance n e se tro.uvait

qu'à u n e distance d e 3 o u 4 c m d u pla f o n d et ce dernier n'était

p a s p r o t é g é par u n e p l a q u e i n c o m b u s t i b l e .

D a n s trois cas, la c a u s e d e s dégâts n e doit être attribuée q u e

partiellement à la défectuosité d e s installations, l'autre part

p o u v a n t être r a m e n é e à la force m a j e u r e o u a u m a u v a i s fonc­

t i o n n e m e n t d e s appareils d e protection, d o n t o n n e connaît

p o u r le m o m e n t p a s d e m o d è l e q u i se prête bien à l'emploi en

pratique et q u i soit d'un f o n c t i o n n e m e n t a b s o l u m e n t sûr.

C i t o n s , par e x e m p l e , u n e installation intérieure o ù d e s sur­

tensions se produisirent p a r suite d'un défaut a u transforma­

teur. D a n s u n e traversée d e p l a n c h e r , entre l'écurie et le fenil,

le c o u r a n t sauta d'un c o n d u c t e u r à l'autre et e n f l a m m a l'isola­

tion d e s fils. L e feu s'était c o m m u n i q u é a u foin q u i entourait

la c o l o n n e m o n t a n t e , m a i s o n réussit à l'éteindre, a v a n t qu'il

n'ait c a u s é d e d o m m a g e s i m p o r t a n t s . D a n s l'installation en

qu e s t i o n , les c o n d u i t e s à basse tension n étaient p a s m u n i e s

d'appareils contre les s u r t e n s i o n s .

D a n s u n autre cas, u n t r a n s f o r m a t e u r fut e n d o m m a g é par

u n c o u p d e f o u d r e . M a l g r é les appareils protecteurs, le courant

p r i m a i r e paraît avoir passé d a n s le réseau à basse tension, car

d a n s plusieurs installations intérieures, le c o u r a n t avait sauté

a u x parties voisines d e s b â t i m e n t s e n f o r m a n t des arcs. A quel­

q u e s places les fils avaient f o n d u , à d'autres, leur isolant était

carbonisé. L e s appareils contre les surtensions paraissent avoii

f o n c t i o n n é , m a i s le contact entre les d e u x d i s q u e s métalliques

séparés p a r u n e rondelle d e m i c a perforée^ n'était s a n s doute

pas suffisant.

C e cas n o u s p r o u v e , e n outre, qu'il est nécessaire d e disposer

la p l a q u e d e terre d e s appareils contre les s u r t e n s i o n s aussi

loin q u e possible d e celle d e s appareils p a r a f o u d r e s à haute

tension.

L'incident précité, ainsi q u e d'autres o b s e r v a t i o n s q u e no u s

a v o n s e u l'occasion d e faire, n o u s d o n n e n t l'impression que

les appareils contre les surtensions, a v e c leur construction

actuelle g é n é r a l e m e n t a d m i s e , n e f o n c t i o n n e n t p a s toujours

avec s u c c è s et qu'ils n e r é p o n d e n t p a s , p a r c o n s é q u e n t , a u x exi­

g e n c e s q u ' o n est e n droit d ' i m p o s e r a u x appareils d e protec­

tion. Y aurait-il m o y e n d e tr o u v e r u n e disposition s i m p l e et

suie, q ui, lors d e surtensions d a n g e r e u s e s , d a n s le circuit secon­

daire, fonctionnerait c o m m e disjoncteur d e s c o n d u i t e s pri­

m a i r e s a l i m e n t a n t la station d e t r a n s f o r m a t i o n . D a n s le cas où

l'on n'est pas sûr d'atteindre l'interruption d u c o u r a n t primaire

sur t o u s les pôles, il faudrait arriver à u n e m i s e à terre directe

d e s c o n d u i t e s p r i m a i r e s , s i m u l t a n é m e n t a v e c leur interruption

partielle.

(L'Industrie Electrique.)

Résolution des Equations AU MOYEN D'

ABAQUES LOGARITHMIQUES A MULTIPLES ENTRÉES

La résolution de certains problèmes d'hydraulique nécessitant la

résolution d'équations entières d'un degré supérieur au second, nous

avons pensé qu'il était intéressant de publier ici un nouveau procédé

de résolution rapide de ces équations, au moyen tïabaques logarith­

miques à multiples entrées, dont l'auteur est M . Jules JOUFFRAÎ',

directeur des Fonderies et Ateliers de Constructions mécaniques de

Vienne (Isère).

Jusqu'à ce jour, pour résoudre d'une façon pratique — et

lorsqu'on ne pouvait les éviter — des équations quel­

conques, on a employé plusieurs méthodes qui peuvent se

ramener à deux principales.

Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1908004

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L A H O U I L L E B L A N C H E 9

La méthode graphique, dont M. d'OcAGNE a fait appré­

cier les avantages dans une théorie vraiment scientifique et

fort ingénieuse des abaques, ne s'applique qu'à des formes

particulières relativement simples, et nécessite, pour

chacune de ces formes, des tables spéciales fort délicates à

construire.

Quant à la méthode algébrique, elle est fondée sur des

théorèmes qui permettent de resserrer peu à peu les inter­

valles qui comprennent les racines; dans la pratique, cette

méthode conduit ordinairement, pour l'équation la plus

simple — fût-elle du 3<= degré — et pour des approxi­

mations relativement faibles, à d'interminables calculs.

C'est pourquoi certains mathématiciens ont cherché à

construire des machines dont les mouvements dépendent

initialement des coefficients de l'équation, et conduisent à

une lecture simple des racines plus ou moins approchées

<ie cette m ê m e équation.

La machine à résoudre les équations de M . TORRES est,

parmi différents essais, l'un des plus récents, et l'un des

plus curieux; et il est vrai de dire, avec M . d'OcAGNE, « que

si l'on envisage au point de vue du calcul par les machines

3e problème de la résolution des équations, il a reçu de

M . TORRES une solution absolument générale et complète. »

Mais il suffit de voir la représentation de la machine, qui

permet de résoudre les seules équations de la forme

x» + Ax"1 = B

pour se convaincre qu'il s'agit d'une invention théorique­

ment pleine d'intérêt, mais pratiquement inutilisable.

La machine que nous présentons aujourd'hui est au

contraire d'une simplicité étonnante, elle ne présente aucune

complication d'organe, aucune pièce de construction

délicate. Construite pour l'équation la plus générale de

degré m, elle permet de trouver immédiatement, et avec

Vapproximation que l'on désire, toutes les solutions réelles

des équations de degré égal ou inférieur à m, de quelques

formes qu'elles soient. Le calcul est d'autant plus rapide

que les équations contiennent moins de termes. Il suffit de

quelques minutes (4 ou b) pour résoudre avec une approxi­

mation suffisante les équations de 3 ou 4 termes et de degré

quelconque.

Du reste, cette machine n'a d'autre but que de rendre

pratiquement utilisable un procédé plutôt graphique. C'est,

si l'on veut, une sorte de généralisation de la règle à calcul,

car elle permet, non seulement l'extraction des racines mmes

(ce qui revient à la résolution des équations binômes), mais

l'étude simple et rapide des fonctions complètes ou incom­

plètes et de leurs variations ; par conséquent, comme cas

particulier, ou application principale, elle conduit à la

résolution des équations les plus générales.

Nous donnerons au procédé que nous allons décrire le

nom d'oâbaques logarithmiques à multiples entrées, et ce

que nous dirons dans la suite justifiera pleinement, nous

l'espérons, cette dénomination.

Nous verrons, du reste, que ce procédé conduit à des

remarques fort intéressantes sur les racines des équations,

et enrichit cette bran:h2 des math imitiques de nouveaux

théorèmes.

§ I. — Description du procédé.

Les abaques logarithmiques à multiples entrées sont

inscrites dans un tableau qui comporte autant de colonnes

que l'indique le degré maximum des équations qu'il s'agit

de résoudre. Ce tableau est divisé, en deux régions : la

région A B C D , et la région C D E F (voir figure 1).

Dans la première colonne, surmontée de la lettre x, et

dans la première région, de A à C, on porte des longueurs

proportionnelles aux logarithmes de 1 à 10 (chaque inter­

valle compris entre les logarithmes de deux nombres

consécutifs peut lui-même être subdivisé le plus possible et

de la m ê m e façon).

En face de chaque division, on inscrit le nombre qui

correspond au logarithme. O n reporte cette même division

dans la 2 e région C E de la m ê m e colonne, mais on inscrit ci

chaque division le produit par 10 des nombres inscrits

auprès des divisions correspondantes de la première région.

Chaque région de la 2 e colonne, surmontée de la quan­

tité .x2, est divisée en deux parties égales. Dans chacune de

ces parties, on porte des longueurs proportionnelles aux

logarithmes de 1 à 10, ce qui permet d'inscrire dans

chacune des 4 parties qui compose la colonne des nombres

de 10 en 10 fois plus forts pour les divisions correspon­

dantes de chaque partie. Remarquons, dès maintenant, que

la ir« et la 2 e puissance d'une m ê m e quantité se trouvent

dans chacune des deux premières colonnes sur la m ê m e

ligne horizontale.

De la m ê m e façon, chaque région de la colonne surmontée

de xn sera d'abord divisée en n parties égales, ce qui

donnera in parties en tout.

Chacune de ces parties sera divisée en longueurs propor­

tionnelles aux logarithmes des nombres de 1 à ic, et aux

divisions correspondantes de chaque partie seront inscrits

des nombres de 10 en 10 fois plus forts à mesure qu'on

descendra vers le bas de la colonne.

De la sorte sur une même ligne horizontale, se trouveront

(marqués ou non) les logarithmes des puissances, depuis 1

jusqu'à m, du nombre compris dans la colonne des x.

Sur ce tableau, un curseur rectiligne M N , dont la base

inférieure coïncide initialement avec les divisions marquées 1

et situées sur une m ê m e ligne horizontale, se meut parallè­

lement à lui-même.

Ce curseur M N est traversé perpendiculairement par

autant d'aiguilles qu'il y a de colonnes, aiguilles qu'on peut

fixer dès le début de l'opération, de façon à ce que leurs

extrémités coïncident dans chaque colonne avec une division

déterrqinée.

§ II. — De l'emploi des abaques logarithmiques.

Principes généraux. — L'emploi des abaques loga­

rithmiques est fondé sur les remarques suivantes dont on

notera le caractère élémentaire.

i°. — Supposons l'extrémité de l'aiguille de la colonne

des x fixée à la division 3.

Si le curseur M N se déplace entraînant avec lui l'aiguille,

l'extrémité de cette dernière marquera successivement sur la

graduation de la colonne toutes les valeurs que prend 3A%

lorsque x varie depuis 1 jusqu'à 10 (si le curseur M N

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•JO L A H O U I L L E B L A N C H E

s'arrête à cette division 10). Dans l'une quelconque de ses

positions, l'extrémité de l'aiguille s'arrêtera à une division

qui pourrait être marquée Sa, si elle ne l'est, a étant la

valeur que détermine à ce m ê m e moment la base inférieure

du curseur M N dans la colonne des x. O n a en effet :

Log 3 a — log 3 + log a

X X2 X3 xi X5 Xe X7 Xe

M A

M'

E

4- -4-A

N

— X . i Y

— R •-—+-

i 10g I

I

— L

ï

B

N

D

Fie. i. — Résolution d e l'équation

4A'1 2X- —

D'une façon plus générale, l'extrémité d'une aiguille se

mouvant dans la colonne des x'", et aboutissant initialement

à une division Am, donnera dans chacune de ses positions

la valeur de A,„ xm, pour x = a, a étant la division marquée

au m ê m e instant par la base inférieure du curseur M N dans

la colonne des x.

2n — Supposons maintenant que le curseur M N étant dans

sa position initiale, suivant les divisions i, les extrémités

des aiguilles aboutissent aux divisions A^ Am (l'indice

correspond à la puissance de la quantité x qui e.st en tête de

la colonne que parcourt l'aiguille). Si l'on fait mouvoir le

curseur M N , les extrémités des aiguilles s'arrêteront, dans

une position quelconque, à des divisions qui donneront les

valeurs de Alx, A% x2.. . Am x'", pour la même valeur dex,

celle qui est indiquée à ce m ê m e moment par la division

sur laquelle s'est arrêtée la base inférieure du curseur M N .

Dès lors, la somme algébrique des valeurs ainsi obtenues

— somme qui sera faite suivant les signes des termes du

premier membre de l'équation:

+ At X + An = o

donnera à chaque instant la valeur du premier membre de

cette équation pour les valeurs de x comprises entre i et io,

et marquées constamment dans la colonne des x par la base

inférieure du curseur M N .

C'est ainsi qu'on pourra littéralement suiwe des yeux les

variations de la fonction dans cet intervalle, et, par consé­

quent, découvrir les maxima et minima qui seraient compris

dans ce m ê m e intervalle.

Si, dans l'une des, positions du curseur, cette somme

algébrique devient nulle, l'équation est satisfaite par la

valeur de x où s'est arrêté le curseur; on aura ainsi obtenu

les racines comprises entre i et io.

Cette somme, à moins d'une unité, pourrait-elle se faire

à chaque instant et d'une façon automatique? Nous le

croyons, mais il est évident que l'introduction de ce perfec­

tionnement compliquerait beaucoup l'appareil.

Mais ordinairement, pour les équations d'un petit

nombre de termes, et surtout pour les équations trinômes,

cette somme se fait très rapidement. D u reste, pour effec­

tuer cette somme algébrique, m ê m e dans les cas plus

compliqués :

i° Nous pourrions indiquer certaines dispositions pra­

tiques de l'appareil qui permettraient, l'ordre des colonnes

étant indifférent, d'avoir ensemble, et à côté les unes des

autres, les valeurs des termes positifs d'une part, celles des

termes négatifs d'autre part,

2° Nous indiquerons certaines remarques, plutôt théo­

riques, qui permettent de n'avoir jamais à faire en m ê m e

temps que des sommes et des différences d'un nombre très

restreint de quantités. Ces remarques résultent de nom­

breuses expériences pratiques. Le raisonnement les

confirme; peut-être qu'au moyen « du calcul des erreurs »

on pourrait arriver à une démonstration plus rigoureuse de

ces principes. Toutefois, ces remarques ne dispensent pas

de certains tâtonnements dont l'habileté de l'opérateur peut

diminuer le nombre.

Exemple. — Soit à résoudre l'équation :

x 4 — 4x 3 + 2x 2 — 3x 4- 4 = o

O n fixera les aiguilles sur le curseur M N de telle façon

que leurs extrémités correspondent respectivement aux

graduations i ; 4; 2 et 3 des colonnes en x 4; x 3; x 2 et x.

Puis, on fera glisser le curseur M N jusqu'en M'N',de ma­

nière que la somme algébrique des valeurs lues sur les

graduations correspondant aux extrémités des aiguilles

devienne égale à — 4. O n trouve ainsi que la racine de

l'équation est égale à 3,6.

Remarques particulières. — Dans ce paragraphe, nous

montrerons, par des exemples d'abord, par des remarques

ensuite, comment on peut arriver, avec un peu d'habitude

des abaques, à une manipulation rapide.

i° L'addition est pour ainsi dire instantanée dans le cas

d'équations binômes ou trinômes; par exemple :

x 7 — 6 x 3 — 10 = 0

2 0 Prenons une équation d'un plus grand nombre de

termes, de la forme :

xh 4r 4 x 3 — 5 x — 2 = 0.

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L A H O U I L L E B L A N C H E 11

Considérons d'abord les termes : A* — ox, dont la

valeur absolue est grande par rapport à la valeur correspon­

dante des autres termes, dans l'intervalle de i à 10. Nous

amènerons le curseur dans une position telle que la somme

algébrique soit nulle. Prenons ensuite les termes : 4 A 3 — 2.

C o m m e en général ces 2 termes ne s'annulent pas pour la

valeur trouvée, il faudra denou veau produire un déplacement

faible du curseur, et, après quelques tâtonnements, on

constate que la somme est nulle.

3" Abordons enfin une équation d'un grand nombre de

termes, par exemple :

2X 3 + 3x- — x -j- 9 = o (1) x' 4*° + 5A-5 — 3x*

Dans ce cas, pour suivre rapidement les valeurs succes­

sives que prendra la fonction, ou devra opérer comme il

suit :

Divisons tous les termes de l'équation (1) par A 4, on a :

(A-3 _ 4 * a + 5 * - 3 ) + 1 , 9 x3 ^ JC*

Considérons seulement la partie entre crochets, et cher­

chons une des racines de cette équation, que nous appel­

lerons équation réduite.

En remplaçant, dans la deuxième partie de l'équation (2),

_r par la valeur trouvée, on trouvera le nombre, à une unité

près, qu'il faudra ajouter au terme tout connu 3 de la

réduite; puis on résoudra cette nouvelle équation obtenue.

Après un, et quelquefois plusieurs tâtonnements, dans le

choix de la réduite, choix dont un théorème démontré plus

loin servira à diminuer le nombre, on trouvera très vite la

racine cherchée.

C o m m e on peut le voir par ces quelques principes, le

maniement de l'appareil est extrêmement simple, et très

rapide, pour n'importe quelle sorte d'équation : il s'agit de

trouver une forme d'équation commode à résoudre, et qui

conduise déjà à une valeur approchée de la racine.

Cette dernière manière d'opérer nous conduit à définir

d'une façon exacte ce que nous entendons par équation

réduite d'une équation donnée. Nous appelons ainsi toute

•équation ne contenant qu'une partie des termes de cette

équation donnée. Par exemple :

3x'* — 6x -f- 2 = o

est une équation réduite de l'équation donnée :

3A 4 — 5A 3 -f 2A-2 — 6A -f 2 = O

Remarque. — L'étude des équations réduites, dont nous

venons de parler, nous a amené à chercher les rapports qui

existent entre les racines d'une équation, ses coefficients, et

les racines de ses réduites.

Théorème. — Lorsqu'une équation algébrique, entière et

rationnelle, admet une racine x = a, dont la valeur absolue

est plus grande que celle du plus grand coefficient qui n'entre

pas dans une de ses réduites, cette réduite admet cette

m ê m e racine à une approximation d'autant plus grande

que a est plus grand.

Considérons une équation quelconque :

qui admette une racine plus grande que 1 en valeur absolue)

et plus grande que Am _ 3 qui, lui-même, est le plus grand

coefficient de l'ensemble des termes, depuis A m - % xm ~~

jusqu'à A0 ; je dis que la réduite :

Amx2 + Am~iX + J„ (_2 — o (2)

admet cette m ê m e racine x — a à une approximation

d'autant plus grande que a est plus grand.

En effet, divisons par x1" _ 2 tous les termes de l'équation (1)

011 a : ( AmX~ + Am-i X + Am _ 2 + "j

A,;

X +•

A At = o (3)

Dans cette équation (3), tous les termes à partir du

quatrième sont plus petits que 1, et vont en diminuant

d'autant plus vite que x est plus grand. Par conséquent, en

ne considérant que les trois premiers termes de (3), c'est-à-

dire en considérant seulement la réduite :

Amxi -f Am _ i x -f Am _ 2 = o

Cette équation admettra une racine qui rendra le premier

terme de l'équation (t) égal à un nombre d'autant plus

petit que A- sera plus grand. Donc, la racine de cette réduite

sera à peu de chose près celle qu'admettait l'équation (1),

et elle en sera d'autant moins différente que x — a sera plus

grand.

Corollaire. — En général, si une réduite quelconque

admet une racine supérieure au plus grand coefficient des

termes qui n'entrent pas dans cette réduite, cette racine est

à peu de chose près celle de l'équation complète, et d'autant

plus exactement que cette racine est plus grande en valeur

absolue.

Conséquence. — Ce théorème a une très grande impor­

tance pour la recherche des racines des équations de degré

supérieur, au moyen du nouveau procédé mécanique.

En effet, ce théorème permettra, à la seule considération

de l'équation, de savoir si la racine est peu différente de

celle de la réduite, et par suite il diminuera le nombre des

tâtonnements à faire.

Remarque. — Ce théorème, d'après notre hypothèse, ne

s'applique que pour la recherche des racines plus grandes

que i en valeur absolue.

Si l'on veut s'en servir dans le cas où les racines sont

comprises entre o et 1, on sera obligé de les ramener à être

plus grandes que 1 en appliquant une méthode que nous

appliquerons dans le chapitre III.

§ III. — Recherche de toutes les solutions réelles

d'une équation.

Nous nous proposons de montrer dans ce chapitre :

i» Comment on trouve toutes les racines d'une équation;

20 Comment on peut obtenir une approximation suffi­

sante.

D e la recherche de toutes les racines de l'équation. — Remarque préliminaire.-— En multipliant les régions du

tableau, on pourrait trouver les racines comprises entre

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L A H O U I L L E B L A N C H E

i et 10, ioo, iooo, etc, mais, m ê m e dans ces cas, on nè

trouverait avec une exactitude suffisante que les deux pre:

miers chiffres de la racine : il n'y aurait donc aucun

avantage sérieux.

Procédé général. — Soit une équation algébrique, entière

et rationnelle :

Amx»> + Am _ ! x" + + AX + A(y = o

pour en trouver toutes les racines réelles, on emploiera la

méthode suivante :

O n cherchera d'abord les racines comprises entre i et lô,

puis successivement celles comprises entre i et o, i ; o, i et

0,01

O n cherchera ensuite successivement les racines compri­

ses entre 10 et 100; 100 et 1000...

Nous avons vu comment on trouvait les racines comprises

entre 1 et ro.

(a) Pour avoir les racines comprises entre 0,1 et 1, on

considérera l'équation de la forme :

10 •

1 A m — 1 „

H rr—i a" IO"

A , A

qui admet une racine comprise entre 1 et 10 : on est donc

ramené au cas précédent.

De la m ê m e façon pour trouver les racines comprises

1 1 10" entre et • , on posera x — et 1 on sera ramené

1 o" 1 o" ~ 1 a au premier cas.

(3) Les racines comprises entre io et 100 se trouveront

•en posant x — 10 a, et l'on sera de nouveau ramené au

premier cas.

D'une façon générale, pour avoir les racines comprises

entre io" et 10" + 1 on posera x = 10" a.

Enfin, pour connaître les racines négatives, on prendra

la transformée en — x.

Ainsi, l'on pourra toujours trouver toutes les racines

d'une équation en les ramenant, par les procédés très

élémentaires que nous venons de signaler, à être comprises

entre 1 et 10. „

Les considérations suivantes permettront de ne pas faire

d'essais inutiles pour le calcul des racines.

Théorème. — Dans une équation algébrique, entière et

rationnelle, de degré m, qui admet une racine de la

forme (a étant compris entre 1 et 10) :

10" x

i° Si les coefficients des termes de degré p sont respec­

tivement supérieurs à ioP("—r> le terme tout connu est plus

grand que le nombre (0,11...)'" nombre qui a m fois le

-chiffre 1 à la partie décimale.

2 0 Si les coefficients des termes de degré p sont respec­

tivement inférieurs à io^ (" _ 1 )le terme tout connu est plus

petit que m.

i°) En effet, soit l'équation générale :

1 xm ~ 1 + Ax + A0 = < A,.,

qui satisfait à la première hypothèse. Chacun des termes est

respectivement plus grand que :

1 1

Tô"1 1 0 m — 1

I

I O

et leur somme sera nécessairement plus grande que (0,111 )"' _

Pour que soit une racine de l'équation (1) il faudra

donc que l'on ait A0 > (o, 11. .. .)'".

2 0) Supposons maintenant que l'équation (1) satisfait à

la 2 e hypothèse.

Chacun des termes est respectivement plus petit que :

10 H — 1

10" < I

10 m (H — i)

10" < I

Leur somme sera donc nécessairement plus petite que m..

Pour que—^—soit une racine.il faudra donc que l'on ait :-10" *

A 0 < m

Remarques. — I. Il est facile de vérifier que le théorème;

s'applique m ê m e lorsque u est négatif.

II. — En divisant tous les termes de l'équation par une

m ê m e quantité, on peut toujours se placer dans les condi­

tions du théorème.

Conséquence. — Le théorème permettra d'éviter la

recherche de racines qui nécessitent pour les trouver une

opération spéciale.

Approximations. — Pour obtenir une approximation-

suffisante pour les diverses sciences auxquelles cet appareil

servira, un seul facteur intervient : les dimensions.

Pour les besoins ordinaires de l'industrie, un tableau

de o m40 de longueur suffira. En effet, on obtiendra ainsi

trois chiffres exacts; approximation qui sera suffisante, car,

dans la plupart des équations, les racines dont on a besoin

en pratique sont en général comprises entre o et 100.

Si, toutefois, on voulait une plus grande approximation,

on suivrait la marche suivante :

Soit une équation algébrique entière et rationnelle :

Amxm + A„ .\X" + .-. . . AX + An

0 — 0 (1) et, soit a une racine de cette équation que nous avons

obtenue mécaniquement avec trois chiffres exacts.

Posons : x = ua.

Supposons que a soit compris entre 1 et 10 et remplaçons

x par cette valeur dans l'équation (1), on a :

A\n «*• + A'm _ 4 « « - 1 + + A'u + A0 = o (2)

la nouvelle équation obtenue ainsi admet une racine de la

forme : u = 1 4- y, y étant un nombre plus petit que

Remplaçons u par cette expression dans l'équation (2), or*

obtiendra une nouvelle équation dont la racine sera un

nombre y dont les trois premiers chiffres significatifs seront

exacts.

O n fera ensuite le produit :

x = a(i + y) . . . •

12

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L A H O U I L L E B L A N C H E 13

et l'on peut se rendre compte facilement, au moyen du

calcul des erreurs relatives, que l'on obtiendra ainsi au

moins un chiffre exact de plus pour la valeur de x.

Remarques. — I. O n peut écrire directement l'équation

précédente en y en se servant du développement de Mac-

Laurin ; on a alors :

F(a) + axF'(a)+ a°~F"(a)

Fa (x + i) = <f ' > = o

+ • 1.2. . m

F"1 (a)

II. La méthode précédente est toujours applicable, car

l'on peut toujours ramener a à être compris entre i et 10.

Nous croyons donc qu'en appliquant plusieurs fois de

suite ce que nous venons d'exposer, on pourra toujours

trouver u n e racine à une approximation quelconque, au

moyen d'un appareil relativement restreint.

§ IV. — Remarques pratiques.

Nous nous proposons de donner, dans ce chapitre,

quelques aperçus sur la construction pratique des abaques,

dont nous venons de présenter la théorie ; nous nous pro­

posons également de faire entrevoir quelques améliorations

techniques.

O n a pu remarquer, dans le cours de la théorie que

nous venons d'exposer, que le calculateur doit présenter

deux qualités dans sa construction pratique.

i°) Les colonnes doivent être indépendantes les unes des

autres,

2°) L e s colonnes doivent être les plus longues possibles.

3°) U n appareil de ce genre doit, en outre, être très peu

encombrant.

Pour satisfaire à ces trois conditions, nous avons délaissé,

malgré sa simplicité, la pensée de faire un tableau unique,

comme celui que nous avons représenté précédemment;

tableau qui peut cependant donner des résultats suffisants

dans nombre de cas, et qui présentera, d'autre part, l'avan­

tage de ne coûter qu'un prix insignifiant.

Nous parlerons donc seulement de trois autres types qui

nous paraissent le mieux posséder les avantages précités.

Radicocalculateur cylindrique. — Il se compose essen­

tiellement d'un cylindrique pouvant tourner autour d'un

axe qui lui sert de support.

Les colonnes du tableau théorique présentent la forme de

disques s'emboîtant à frottement dur sur ce cylindre ; ces

disques peuvent donc prendre une position initiale quel­

conque, puis être entraînés dans le mouvement de rotation

du système.

Une règle est fixée invariablement suivant une géné­

ratrice. Avant de commencer une résolution, on amène

le coefficient de chaque colonne à coïncider avec la base

inférieure de cette règle, qui servent ainsi d'aiguille

générale.

Il nous semble que cette disposition présente les deux

avantages de construction suivants : un mouvement de

rotation toujours plus rigoureux qu'un mouvement de

translation, et la suppression des aiguilles. Enfin, cette

forme « du radicocalculateur » permet de supprimer la

deuxième région, puisqu'elle est identique à la première.

Radicocalculateur à bandes. — Il se compose d"un

certain nombre de bandes qui représentent chacune une

colonne : ces bandes, enroulées sur des bobines, sont

simplement déroulées peu à peu lorsqu'il s'agit de résoudre'

une équation.

Les colonnes peuvent ainsi être extrêmement longues, et

l'approximation pour ainsi dire illimitée sans augmentation

des dimensions de l'appareil. D'autre part, cette dispos'tion

présente le m ê m e avantage que celui du radicocalculatet r

cylindrique par la suppression de la deuxième région.

Nous pourrions donner, à ce sujet, quelques idées sur la

construction d'abaques qui pei mettraient de faire automa­

tiquement la somme algébrique, n ais nous préférons

donner ici une dernière forme de nos rbaques qui pourra

être employé simplement par tous nos lecteurs, et qui don­

nera souvent dans la pratique une approximation suffisante.

FIG. 2. — S c h é m a d u radicocalculateur à bandes.

Nous croyons également qu'en suivant le m ê m e principe,

on pourrait construire des tableaux analogues pour cer­

taines catégories d'équations transcendantes. Il nous semble

que de tels abaques seraient aussi faciles à construire, et

d'une utilité aussi immédiate que celui destiné aux équa­

tions algébriques.

Radicocalculateur à colonnes. — Les colonnes du tableau

théorique dont nous donnons ci-joint fig. 2 un exemplaire

exact seront découpées, et chacune" d'elles soigneusement

fixé sur des réglettes rigides.

Pour résoudre une équation, il suffit de placer chacune

des réglettes nécessaires sur une planche à dessin, et

d'amener le coefficient de chaque colonne à coïncider avec

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14 L A H O U I L L E B L A N C H E

la base inférieure d'un T qui peut se mouvoir parallèlement

à lui-même jusqu'en T' (fig. 3), position pour laquelle la

somme algébrique des divers termes de l'équation devient

égale à zéro.

FIG. 3. — Résolution de l'équation :

x1 — 3X3 -j- 5x — 9 r= o

En plus de l'écono'mie de construction, ce dernier appareil

a encore l'avantage de restreindre le tableau aux seules

colonnes nécessaires à la résolution de l'équation dont on

s'occupe.

§ V. — Application.

Soit, par exemple, a calculer les dimensions d'un canal

de dérivation d'une usine hydraulique, capable de débiter

4 mètres cubes par seconde, avec une pente de un milli­

mètre par mètre.

Nous supposerons qu'il s'agit d'un canal maçonné, de

section, rectangulaire, et nous nous servirons de la formule

bien connue de BAZIN :

JRI . .

dans laquelle V est la vitesse moyenne, et où R, le rayon

moyen, est égal au rapport de la section ûdu canal à son

périmètre mouillé y. O n a donc, en désignant par x la lar­

geur du canal, et parj' sa hauteur :

Q xy

V • xy

x + iy

En portant ces valeurs de V et de R dans la relation pré­

cédente il vient :

- Q 2

a Y [(/' + .3) * 2 + + AW) x + 4 ; 3 ^ J = o (i)

Si l'on se donne arbitrairement la valeur^ de la hauteur du

canal, on n'aura plus qu'à résoudre une équation du

4 ( î degré en x.

Par exemple, si l'on se donne arbitrairement y = i)

l'équation précédente devient :

x i — 3,25.x;2 — 6,g3x — o,85 (2)

pour le cas de maçonneries soigneusement rejointoyées, ou

munies d'un enduit ordinaire, pour lequel on a :

a == 0,000 IQ et "P = 0,07

on voit immédiatement que la seule solution compatible

avec la valeurj' = 1, est une racine comprise entre 1 et 10.

O n cherche donc, au moyen du radicocalculateur, la racine

de l'équation (2) comprise entre 1 et 10. L'appareil donne

aussitôt la solution x — 2,485.

O n sait que les dimensions qui, pour une m ê m e section,

conduisent au minimum de périmètre mouillé, ainsi qu'au

minimum de la perte de charge, sont celles qui correspon­

dent à une largeur double de la hauteur. Les dimensions

précédemment trouvées différant assez peu de cette condi­

tion, on pourrait les accepter.

Cependant, si l'on désirait plus d'exactitude (et pour les

cas où cette première approximation aurait donné des

résultats beaucoup trop écartés de la condition précédente),

on se donnerait une nouvelle valeur de y, comprise entre

t et 1,20, et l'on aurait à résoudre une nouvelle équation (2')

qui donnerait une nouvelle valeur de x plus approchée que

la précédente. En opérant ainsi par approximations suc­

cessives, ce que le radicocalculateur permettrait de faire

très rapidement, on arriverait bientôt à la valeur exacte

cherchée.

Mais on peut obtenir plus directement cette valeur exacte

en posant x = 2 y dans l'équation (t), ce qui donne :

ou, pour le cas considéré :

yG—i,52^-—0,21 = 0 (3)

Equation dont le radicocalculateur donne immédiatement

la racine / = 1,11

Les dimensions du canal seront doue :

y = 1 m 1 1 x = 2 m22

O n établirait de m ê m e les dimensions d'un canal de

section trapézoïdale, avec parois en terre, les calculs seraient

seulement un peu plus long.

J. JÛUFFRAY, Ingénieur E, C, L.

l i E B É T O N A R m É A C T U E L * S E S principes et ses ressources

Rapport présenté à la section du Génie civil du Congrès de VAssociation Française pour l'Avancement des Sciences, par M. C. RABUT, ingénieur en chef, professeur à l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées.

Pour servir d'introduction aux séances que l'A. F. A. S. a eu l'heureuse idée de consacrer, dans son congrès de 1907, au béton armé, je me propose de préciser, en quelques pages, la conception qu'on doit actuellement se former des principes de ce mode IDE construction et des ressources qu'on peut en attendre, d'après les résultats déjà acquis.