Aaron Young - l'Amérique Inédite

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14 BOULEVARD HAUSSMANN 75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00 26 NOV 11 Hebdomadaire Paris OJD : 422851 Surface approx. (cm²) : 1909 N° de page : 116 Page 1/4 RECHGALLERY@ 1997030300509/GPP/AZR/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - ALMINE RECH GALLERY : galerie d'art à Bruxelles (Belgique) - WWW.ALMINERECH.COM : site internet de la galerie L'AMERIQUE MEDITE CET ARTISTE PHARE DE LA SCÈNE NEW-YORKAISE SURFE, RADICAL MAIS SUBTIL, ENTRE VIDÉO, PEINTURE, PHOTO... APRÈS SES PERFORMANCES "BURN OUT" QUI ONT ENFLAMMÉ LES FOULES, IL ENCHAÎNE AVEC SES "KIDS" AUX MESSAGES RAVAGEURS ET REVISITE À SA FAÇON LA BANNIÈRE ÉTOILÉE. AU MOMENT DE SON EXPOSITION À PARIS, VISITE CHEZ UN BAD BOY POÈTE. Par Sixtine Léon-Dufour, à New York travaux en cours, sourit enfin, angé- lique, à ses visiteurs Quatre assistants zélés, véritables icônes hipsters de Brooklyn, poursuivent leur tâche Imperturbables Lun d'eux, photo a la mam, reproduit un « protesting kid » plus vrai que nature Lin enfant en noir et blanc, à la moue boudeuse, dont la pose sera bientôt rehaussée d'un « the end is near » (la fin est proche) D'autres clichés de la même série attendent, adossés au mur, d être expédiés Sur C est une boule de feu, un concen- tré d'énergie qui, d'un coup d'un seul, envahit la pièce Le pas est de charge, alourdi par des bottes de motard, Aaron Young déplace l'air comme il déplacerait un meuble avec vitalité ll passe d'une pièce à l'autre dans son atelier de Greenpoint Avec force bruit, il jette son sac, allume une ci- garette, puis tout de suite une autre, discute avec son assistant, Greg, des l'un deux, une adolescente désinvolte fait une bulle avec son chewing-gum tout en foulant aux pieds un drapeau américain « J'aime bien mes kids », glisse-t-il sans attendre d'autres com- mentaires que le sien et entraînant ses hôtes vers d'autres pièces Aaron Young est dense C'est une terre de contraste, comme son oeuvre Agressive et sub- tile à la fois, brute et raffinée, prosaïque et poétique « Lors d'une performance il avait fait fabriquer l'une de ces "wrecking halls" que I on lance violemment sur un édi- fice pour le détruire, mais en verre de Murano », raconte Stefania Borto- lami, de la Galerie Bortolami à New York, qui le représente outre-Atlan- tique « Dans le même esprit, il a aussi créé des fils barbelés en verre ou des barrières métalliques dorées à l'or fin Toujours ce mariage de l'hypermas- culin et du délicat » À 39 ans à peine, il est l'un des ar- tistes montants de la scène new-

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CET ARTISTE PHARE DE LA SCÈNE NEW-YORKAISE SURFE, RADICAL MAIS SUBTIL, ENTRE VIDÉO, PEINTURE, PHOTO... APRÈS SES PERFORMANCES "BURN OUT" QUI ONT ENFLAMMÉ LES FOULES, IL ENCHAÎNE AVEC SES "KIDS" AUX MESSAGES RAVAGEURS ET REVISITE À SA FAÇON LA BANNIÈRE ÉTOILÉE. AU MOMENT DE SON EXPOSITION À PARIS, VISITE CHEZ UN BAD BOY POÈTE. Par Sixtine Léon-Dufour, à New York

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14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00

26 NOV 11Hebdomadaire Paris

OJD : 422851

Surface approx. (cm²) : 1909N° de page : 116

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L'AMERIQUE MEDITECET ARTISTE PHARE DE LA SCÈNE NEW-YORKAISE SURFE, RADICAL

MAIS SUBTIL, ENTRE VIDÉO, PEINTURE, PHOTO... APRÈS SESPERFORMANCES "BURN OUT" QUI ONT ENFLAMMÉ LES FOULES,

IL ENCHAÎNE AVEC SES "KIDS" AUX MESSAGES RAVAGEURSET REVISITE À SA FAÇON LA BANNIÈRE ÉTOILÉE. AU MOMENT

DE SON EXPOSITION À PARIS, VISITE CHEZ UN BAD BOY POÈTE.Par Sixtine Léon-Dufour, à New York

travaux en cours, sourit enfin, angé-lique, à ses visiteursQuatre assistants zélés, véritables icôneshipsters de Brooklyn, poursuivent leurtâche Imperturbables Lun d'eux, photoa la mam, reproduit un « protesting kid »plus vrai que nature Lin enfant en noiret blanc, à la moue boudeuse, dont lapose sera bientôt rehaussée d'un « theend is near » (la fin est proche) D'autresclichés de la même série attendent,adossés au mur, d être expédiés Sur

C est une boule de feu, un concen-tré d'énergie qui, d'un coup d'unseul, envahit la pièce Le pas est decharge, alourdi par des bottes demotard, Aaron Young déplace l'aircomme il déplacerait un meubleavec vitalitéll passe d'une pièce à l'autre dans sonatelier de Greenpoint Avec forcebruit, il jette son sac, allume une ci-garette, puis tout de suite une autre,discute avec son assistant, Greg, des

l'un deux, une adolescente désinvoltefait une bulle avec son chewing-gumtout en foulant aux pieds un drapeauaméricain « J'aime bien mes kids »,glisse-t-il sans attendre d'autres com-mentaires que le sien et entraînant seshôtes vers d'autres pièces Aaron Youngest dense C'est une terre de contraste,comme son oeuvre Agressive et sub-tile à la fois, brute et raffinée, prosaïqueet poétique« Lors d'une performance il avait faitfabriquer l'une de ces "wrecking halls"que I on lance violemment sur un édi-fice pour le détruire, mais en verrede Murano », raconte Stefania Borto-lami, de la Galerie Bortolami à NewYork, qui le représente outre-Atlan-tique « Dans le même esprit, il a aussicréé des fils barbelés en verre ou desbarrières métalliques dorées à l'or finToujours ce mariage de l'hypermas-culin et du délicat »À 39 ans à peine, il est l'un des ar-tistes montants de la scène new-

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L'artiste au look de bikerdans son atelierde Greenpoint, à Brooklyn.Son œuvre est protéiforme.ci, unclkhéde

la série "Protesting Kids".

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L'Amérique et sa bannière étoileereviennent tres souvent dans lescréations de Aaron Young. En haut,une petite fille et un message radical.Un mélange de poesie et de violenceemblématique de son style.

yorkaise, celle qui se réclame deWarhol ou de Jackson Pollock « Sontravail est dans la lignée de l'abs-traction américaine, de l'Action Pain-ting », lit-on ici ou la ll est surtout l'unde ceux qui comptent et il suscite descommentaires laudatifs

TENDANCE ROCK ET LYRIQUEC'est avec ses « burn out », chorégra-phies de bruit de sueur et de fumée,qu'il a conquis un large public dès2007 Dans un ballet savamment or-chestre, Aaron Young dirigeait une di-zaine de motards lancés, pleins gaz,sur des panneaux d 'a luminium Dedérapages contrôles en cercles trèsserrés, ils laissaient des traces depneus brûlés sur ces plaques mono-chromes Grâce à la technique miseau point par ses soins, apparaissaientalors les couches de couleur infé-neures Dorées, rougeoyantes, bleues

ou grisées ces grandes pièces sé-lectionnées puis retravaillées dansson atelier, sont des allégories del 'Amérique des Hells Angels « Unmythe toujours vivace, explique-t-ilconvaincu un symbole de liberté »Le Tout-New York, Tom Ford au pre-mier rang, fan et sponsor se souvientencore de cette prestation rock etlyrique, à I Armory sur Park AvenueApres cet ancien bâtiment militaire, ila répète la performance dans une cho-colaterie à côté de la place Rouge àMoscou, puis sur les pentes du volcande Solfatara, près de Naples, propriétéprivée de l'un de ses collectionneursÀ chaque fois, c'est le même saisisse-ment « ll reprend avec talent le rôle dubad boy américain, héros à la fois re-belle et épris de justice, libre de criti-quer, dans sa création, l'Aménque dontil est aussi une incarnation », résumesa galenste parisienne, Almine Rech *,

qui I expose jusqu'au 22 décembreprochain sous le thème « Always Fo-rever Now » Par sa fougue et ses li-bertés, il tient, il est vrai, du héros rim-baldien Par son physique aussill a fait de la culture américaine saterra incognita un sujet à explorersans relâche « le parle toujours dumême thème - qu'est-ce que l'Amé-r ique9 seul le médium change »,explique-t-ilVidéo, peinture, photo, sculpture,graffiti , il essaye tout, ne se laisse li-miter par nen ni personne, s'appuyanttour à tour sur des skateboarders, despitbulls, des pilotes d'hélicoptère oudes tatoueurs « L'idée vient d'abord,le maténau ensuite », concède-t-il Ce-lui qui voulait être réalisateur de films,maîs a abandonné car cela impliquait« trop de compromis avec des inter-médiaires », est libre, qu'on se le dise

"NEVER NOT WORKING"Au gré de son imagination il donnecorps à toutes les pensées d'un cer-veau qu'il dit « en perpétuelle ébul-lition » avec méthode et constance« Never notworking », (« jamais sanstravailler ») , lit-on d'ailleurs sur unsticker collé sur son ordinateur Et lesoutien, aussi, de ses collectionneursEn Ombrie, il a eu ainsi carte blanchedans une chapelle déconsacrée Unesculpture de glace d une durée de viede dix-huit heures, des barricades do-rées à l'or fin agencées en pyramidecomme « des marches vers le para-dis » et l'occasion de repeindre lesstucs « Venez voir ce que l'avais fait »,intime-t-il de son bras sur lequel onpeut lire « never plead guilty » (« nejamais plaider coupable ») avant demettre sous vos yeux une toile bico-lore « Concentrez-vous trente se-condes sur ces quatre points, puis fer-mez les yeux et levez la tête » Onobtempère « Alors, vous l'avez vu' »demande-t-il avec l'enthousiasmed'un enfant Jésus, bien sûr « Un demes collectionneurs en possessionde cette toile a fait faire l'expérienceà son employée de maison chilienne,très pieuse elle a eu la trouille i »Les artistes contemporains améri-cains sont enclins à disséquer leurpropre société « parce qu'elle est

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populaire et que le monde entier lacomprend » analyse Stefama Bortolami « Aaron n y échappe pas Avecses motos ou ses graffitis il exprimeune culture de la rue maîs dans uncadre conceptuel Pour moi, cest lelangage du Bronx sublime »

"TRAGICGIRLS"À la Galène Almine Rech il revisite labannière étoilee Symbole des sym-boles, omniprésent dans la psycheaméricaine « l'ai commerce a y pen-ser vers le mois de mai I annee der-nière, quelque temps avant le dixiemeanniversaire des attentats du 11 Sep-tembre C était une sorte d alerteorange qui clignotait », analyse t-il« Mission accomplished » est la phrase

qui figurait sur le porte-avions oùGeorge W Bush annonça dans un dis-cours en 2003 la victoire sur I Irak C estaussi le titre d une piece qui repré-sente un pansement aux couleurs dudrapeau americain « Les pansementsne soignent que superficiellement etde façon temporaire Ils cachent gé-néralement une plaie dégoûtante Larelation entre ces deux images estdrôle et tragique a la fois » expliqueAaron Young Epigone assume de Jas-per Johns il est aile plus lom encoredans cette idée et a travaille cetteimage du drapeau plie en tnangle « ce-lui que I on dépose sur le cercueil d unsoldat » ll nécessite douze etapes depliage chacune ayant une significationprécise la premiere étant un symbole

Ci-contre, deux sculptures adimension politique : le createurest un rebelle epns de justice..En dessous, un drapeau dispose entnangle Un pliage en douze etapesque Aaron a ritualise dans le détail

de la vie la derniere, emblème deI éternité glorifiant le Pere le Fils et leSaint-Esprit Aaron Young en a faitentre autres, une séné baptisée « Tragie dris » Ou comment stigmatiserI Amérique dans ce qu elle a de moinsbrillant avec des héroïnes commeHeidi Montag connue pouravoir subien direct dix operations de chirurgieesthetique en une seule fois, ou Ca-sey Anthony, qui aurait tué sa petitefille puis laisse le corps se décompo-ser trente iours durant pours adonnertranquillement a une vie de débauche« C'est alarmant » insiste celui quiconfesse sa soif d informations

DEBORD ET BAUDRILLARDCette exposition est d ailleurs la pluspolitique ll y fait montre d une grandematurité tout com me I on sent qu 11 estaile par-delà les frontieres pour ieterun regard différent su r son propre paysLmfluence de ses amours françaisesmurmure-t-on avec une talentueusefashionista Assertion vendiqueou nonses annees californiennes passées en-tre I universite de Yale et une planchede surf semblent lom il est vraiAaron Young est un mélange de pro-fondeur et de pied de nez tout encreux et en délies ll n est pas tant cemauvais garçon que ce « Good Boy »au contraire de la video eponyme ac-quise par le MoMA en 2001 En té-moigne la séné de cliches faits chezlui par « The Selby » Derrière unamoncellement de livres allant de « laSociete du spectacle » de Guy Deborda « Amenca » de lean Baudnllard enpassant par un recueil sur les Hells An-gels on devine une photo d une im-mense tendresse sa fiancée et luitorses nus, dans un face-a-face d uneincroyable douceur •* < Aluai/s Fomer Mou »lusqu au 22 decembre Galène famine Reed19 rue de Saintanne 75003 Pansuwwalmmerecficom

Reportage en images surwww lefîgaro fr/madame