à Montréal - UQAM · C’est au cours de son congrès national ... «La raison d’être d’UQAM...

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Le journal de l’Université du Québec à Montréal Volume XXXII Numéro 18 29 mai 2006 L UQAM Victoire à l’ONU ! Page 5 Petite histoire des canalisations souterraines Page 6 Un visa pour les États…? Page 8 Deux Prix d’excellence du CCAE L’UQAM vient de remporter deux Prix d’excellence du Conseil canadien pour l’avancement de l’éducation (CCAE) pour des réalisations sou- mises par le Service des communica- tions. L’or est allé à la Division de la pres- se et événements spéciaux (que dirige Francine Jacques) pour un communi- qué rédigé par Claire Bouchard, dans la catégorie meilleur communiqué de langue française. Intitulé «Grand prix humanitaire pour René Roy, professeur au Département de chimie», le com- muniqué gagnant a été transmis à une centaine de médias écrits et élec- troniques dans les domaines des sciences, de la santé et auprès du grand public. Notons, parmi les re- tombées de la diffusion de ce com- muniqué, la nomination du professeur René Roy à titre de «Personnalité de la semaine» du quotidien La Presse, le 27 décembre 2005, et la réalisation d’un reportage d’une durée de quinze mi- nutes par l’équipe de l’émission Découverte, diffusé le 30 avril der- nier, à la télévision de Radio-Canada. Le deuxième prix, le bronze, ré- compense le travail fait par Sylvain Bédard de la Division de la promotion institutionnelle (que dirige Nathalie Benoit) et Gwenaël Bélanger (Service de l’audiovisuel) pour la page d’ac- cueil du nouveau site Web institu- tionnel de l’UQAM. Le jury a apprécié aussi bien le contenu que la présen- tation visuelle de la page d’accueil. Il a souligné l’excellente organisation de celle-ci, le souci de ses concepteurs d’y présenter beaucoup d’information en ne sacrifiant aucunement à la clar- té et à la concision, la bonne utilisa- tion des images, la séparation nette des menus, etc. Le CCAE regroupe les membres des services des communications, re- crutement, diplômés et fondations des universités québécoises et cana- diennes, francophones et anglophones. C’est au cours de son congrès national annuel qui se tient cette année à Ottawa, du 3 au 6 juin, que seront remis les prix aux lauréats de l’UQAM Angèle Dufresne Une gigatonne de CO 2 non comptabilisée Le rôle des lacs sous-estimé dans la modélisation des climats Les mathématiciens, physiciens et autres spécialistes de la météorologie ont beau mettre en commun toutes leurs ressources pour bâtir des modèles numériques capables de prédire le temps qu’il fera demain ou dans cent ans, leurs efforts ne sont toujours que partiellement récompensés. À preuve, les outils informatiques qui tentent d’anticiper l’évolution du climat selon la concentration du CO2 dans l’atmo- sphère – qui sont développés par quelques-unes des équipes d’experts les plus chevronnés au monde –, se contre- disent souvent. En fait, l’écosystème terrestre forme un ensemble si com- plexe qu’il est impossible de le modé- liser parfaitement à l’aide d’équations mathématiques et de super ordina- teurs. Mais si l’on ne peut pas at- teindre la perfection, on peut toujours s’en rapprocher et les modèles clima- tiques se raffinent continuellement. Un article qui sera publié prochai- nement dans la revue Limnology and Oceanography par une équipe interna- tionale dont fait partie Yves Prairie, pro- fesseur au Département des sciences biologiques de l’UQAM, pourrait aider les modélisateurs à faire un bond en avant. Depuis deux ans, l’équipe s’échi- ne à estimer le rôle des lacs et rivières dans le bilan du carbone de la planète. Pour ce faire, il faut d’abord calculer quelle proportion de la surface conti- nentale de la Terre est occupée par ces eaux. Jusqu’à maintenant, pour les lacs, les chiffres cités dans la littératu- re parlaient de 2 à 2,8 millions de ki- lomètres carrés, soit 1,3 à 1,8% de la surface des continents. Mais les chiffres calculés par l’équipe de Yves Prairie sont presque deux fois plus imposants. Selon les chercheurs, 4,2 millions de ki- lomètres carrés ou près de 3% de la surface des continents serait occupées par des lacs. La surface des lacs double Si la surface des plans d’eau a si lar- gement été sous-évaluée dans le passé, c’est en grande partie parce que les lacs dont la superficie est inférieure à un kilomètre carré n’étaient pratique- ment jamais comptabilisés dans les bi- lans précédents. En effet, les images sa- tellites ne captent pas les plans d’eau de si petite taille. L’équipe internatio- nale qui, hormis Yves Prairie, regrou- pait des Américains, un Hollandais, un Espagnol, un Suédois et un Finlandais, a eu recours à des techniques proba- bilistes pour tenir compte des petits lacs dans ses calculs. «Des recherches ont montré cer- tains patrons de distribution clas- siques dans la nature, explique Yves Prairie. Dans la mer, pour chaque grand poisson, on trouve un nombre X d’organismes d’un rang inférieur, et pour chacun de ces derniers, on comp- te Y organismes de troisième rang, et ainsi de suite. C’est la distribution de Pareto, qui s’apparente à la théorie des fractales.» Les chercheurs ont trouvé que des patrons similaires existaient dans la distribution spatiale des lacs. «En connaissant le nombre de grands lacs dans un endroit donné, on peut es- timer le nombre de petits lacs dans les environs», poursuit le professeur Prairie. Le chercheur québécois espère que les nouveaux chiffres conscientiseront les limnologistes et les spécialistes du cycle du carbone. «On a longtemps considéré que les lacs étaient quantité négligeable et ils ne sont générale- ment pas intégrés aux modèles clima- tiques terrestres, raconte-t-il. Toutefois, des recherches récentes ont montré que les écosystèmes d’eau douce jouaient un rôle significatif dans la détermination du bilan du CO2.» On sait en effet que les plantes aqua- tiques fixent le CO2 lors de la photo- synthèse et qu’inversement, les micro- organismes en dégagent lorsqu’ils décomposent la matière organique. «Cette activité n’est pas négligeable dans le cycle global du carbone, dit Yves Prairie. En fait, c’est non seule- ment la surface, mais également le rôle des lacs qui a été sous-estimé.» Le professeur Prairie admet que les calculs de son équipe sont très ap- proximatifs. Il espère que d’autres chercheurs y jetteront un œil et raffi- neront l’approche utilisée, s’il y a lieu. «Avec notre article qui, je pense, sera très remarqué, on lance en quelque sorte le bal.» Les chercheurs, qui ont obtenu l’appui de la National Science Founda- tion aux États-Unis pour se rencontrer périodiquement en Californie et faire avancer leurs travaux, se penchent maintenant sur les rivières. Les résul- tats de leurs nouveaux calculs de- vraient être connus plus tard dans l’année. Selon le professeur Prairie, les lacs et les rivières relâcheraient dans l’at- mosphère environ une gigatonne de carbone sous forme de CO2 par année dans l’atmosphère. Assez pour contre- balancer l’absorption du CO2 par les océans, estimée entre une et deux gi- gatonnes par année. «Ces émissions n’apparaissent nulle part dans les modèles actuels, dit-il. Il faut corriger le tir» Yves Prairie, professeur au Département des sciences biologiques. Photo : Nathalie St-Pierre Dominique Forget

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Le journal del’Université du Québec

à Montréal

Volume XXXIINuméro 1829 mai 2006L’UQAM

Victoire à l’ONU !Page 5

Petite histoire des canalisations souterrainesPage 6

Un visa pour les États…?Page 8

Deux Prixd’excellence du CCAEL’UQAM vient de remporter deuxPrix d’excellence du Conseil canadienpour l’avancement de l’éducation(CCAE) pour des réalisations sou-mises par le Service des communica-tions.

L’or est allé à la Division de la pres-se et événements spéciaux (que dirigeFrancine Jacques) pour un communi-qué rédigé par Claire Bouchard, dansla catégorie meilleur communiqué delangue française. Intitulé «Grand prixhumanitaire pour René Roy, professeurau Département de chimie», le com-muniqué gagnant a été transmis àune centaine de médias écrits et élec-troniques dans les domaines dessciences, de la santé et auprès dugrand public. Notons, parmi les re-tombées de la diffusion de ce com-muniqué, la nomination du professeurRené Roy à titre de «Personnalité de lasemaine» du quotidien La Presse, le 27décembre 2005, et la réalisation d’unreportage d’une durée de quinze mi-nutes par l’équipe de l’émissionDécouverte, diffusé le 30 avril der-nier, à la télévision de Radio-Canada.

Le deuxième prix, le bronze, ré-compense le travail fait par SylvainBédard de la Division de la promotioninstitutionnelle (que dirige NathalieBenoit) et Gwenaël Bélanger (Servicede l’audiovisuel) pour la page d’ac-cueil du nouveau site Web institu-tionnel de l’UQAM. Le jury a appréciéaussi bien le contenu que la présen-tation visuelle de la page d’accueil. Ila souligné l’excellente organisationde celle-ci, le souci de ses concepteursd’y présenter beaucoup d’informationen ne sacrifiant aucunement à la clar-té et à la concision, la bonne utilisa-tion des images, la séparation nettedes menus, etc.

Le CCAE regroupe les membresdes services des communications, re-crutement, diplômés et fondations desuniversités québécoises et cana-diennes, francophones et anglophones.C’est au cours de son congrès nationalannuel qui se tient cette année àOttawa, du 3 au 6 juin, que serontremis les prix aux lauréats del’UQAM •

Angèle Dufresne

Une gigatonne de CO2 non comptabilisée

Le rôle des lacs sous-estimédans la modélisation des climatsLes mathématiciens, physiciens etautres spécialistes de la météorologieont beau mettre en commun toutesleurs ressources pour bâtir des modèlesnumériques capables de prédire letemps qu’il fera demain ou dans centans, leurs efforts ne sont toujours quepartiellement récompensés. À preuve,les outils informatiques qui tententd’anticiper l’évolution du climat selonla concentration du CO2 dans l’atmo-sphère – qui sont développés parquelques-unes des équipes d’experts lesplus chevronnés au monde –, se contre-disent souvent. En fait, l’écosystèmeterrestre forme un ensemble si com-plexe qu’il est impossible de le modé-liser parfaitement à l’aide d’équationsmathématiques et de super ordina-teurs. Mais si l’on ne peut pas at-teindre la perfection, on peut toujourss’en rapprocher et les modèles clima-tiques se raffinent continuellement.

Un article qui sera publié prochai-nement dans la revue Limnology and

Oceanography par une équipe interna-tionale dont fait partie Yves Prairie, pro-fesseur au Département des sciencesbiologiques de l’UQAM, pourrait aiderles modélisateurs à faire un bond enavant. Depuis deux ans, l’équipe s’échi-ne à estimer le rôle des lacs et rivièresdans le bilan du carbone de la planète.Pour ce faire, il faut d’abord calculerquelle proportion de la surface conti-nentale de la Terre est occupée par ceseaux. Jusqu’à maintenant, pour leslacs, les chiffres cités dans la littératu-re parlaient de 2 à 2,8 millions de ki-lomètres carrés, soit 1,3 à 1,8% de lasurface des continents. Mais les chiffrescalculés par l’équipe de Yves Prairiesont presque deux fois plus imposants.Selon les chercheurs, 4,2 millions de ki-lomètres carrés ou près de 3% de lasurface des continents serait occupéespar des lacs.

La surface des lacs doubleSi la surface des plans d’eau a si lar-gement été sous-évaluée dans le passé,

c’est en grande partie parce que leslacs dont la superficie est inférieure àun kilomètre carré n’étaient pratique-ment jamais comptabilisés dans les bi-lans précédents. En effet, les images sa-tellites ne captent pas les plans d’eaude si petite taille. L’équipe internatio-nale qui, hormis Yves Prairie, regrou-pait des Américains, un Hollandais, unEspagnol, un Suédois et un Finlandais,a eu recours à des techniques proba-bilistes pour tenir compte des petitslacs dans ses calculs.

«Des recherches ont montré cer-tains patrons de distribution clas-siques dans la nature, explique YvesPrairie. Dans la mer, pour chaquegrand poisson, on trouve un nombreX d’organismes d’un rang inférieur, etpour chacun de ces derniers, on comp-te Y organismes de troisième rang, etainsi de suite. C’est la distribution dePareto, qui s’apparente à la théorie desfractales.» Les chercheurs ont trouvéque des patrons similaires existaientdans la distribution spatiale des lacs.«En connaissant le nombre de grands

lacs dans un endroit donné, on peut es-timer le nombre de petits lacs dans lesenvirons», poursuit le professeurPrairie.

Le chercheur québécois espère queles nouveaux chiffres conscientiserontles limnologistes et les spécialistes ducycle du carbone. «On a longtempsconsidéré que les lacs étaient quantiténégligeable et ils ne sont générale-ment pas intégrés aux modèles clima-tiques terrestres, raconte-t-il. Toutefois,des recherches récentes ont montréque les écosystèmes d’eau doucejouaient un rôle significatif dans ladétermination du bilan du CO2.» Onsait en effet que les plantes aqua-tiques fixent le CO2 lors de la photo-synthèse et qu’inversement, les micro-organismes en dégagent lorsqu’ilsdécomposent la matière organique.«Cette activité n’est pas négligeabledans le cycle global du carbone, ditYves Prairie. En fait, c’est non seule-ment la surface, mais également lerôle des lacs qui a été sous-estimé.»

Le professeur Prairie admet que

les calculs de son équipe sont très ap-proximatifs. Il espère que d’autreschercheurs y jetteront un œil et raffi-neront l’approche utilisée, s’il y a lieu.«Avec notre article qui, je pense, seratrès remarqué, on lance en quelquesorte le bal.»

Les chercheurs, qui ont obtenul’appui de la National Science Founda-tion aux États-Unis pour se rencontrerpériodiquement en Californie et faireavancer leurs travaux, se penchentmaintenant sur les rivières. Les résul-tats de leurs nouveaux calculs de-vraient être connus plus tard dansl’année.

Selon le professeur Prairie, les lacset les rivières relâcheraient dans l’at-mosphère environ une gigatonne decarbone sous forme de CO2 par annéedans l’atmosphère. Assez pour contre-balancer l’absorption du CO2 par lesocéans, estimée entre une et deux gi-gatonnes par année. «Ces émissionsn’apparaissent nulle part dans lesmodèles actuels, dit-il. Il faut corrigerle tir» •

Yves Prairie, professeur au Département des sciences biologiques.

Photo : Nathalie St-Pierre

Dominique Forget

2 / L’UQAM / le 29 mai 2006

Le journal L’UQAM est publié par le Service des communications, Division de l’information.Directeur des communicationsDaniel HébertDirectrice du journalAngèle DufresneRédaction Marie-Claude Bourdon, Anne-Marie Brunet, Pierre-Etienne Caza, Dominique Forget, Claude GauvreauPhotos Nathalie St-Pierre Conception de la grille graphiqueJean Gladu, designerInfographieAndré GerbeauGeneviève OuelletPublicité Catherine LevasseurCommunications Publi-Services Inc. (450) 227-8414, poste 303Impression Payette & Simms (Saint-Lambert)Adresse du journalPavillon WB-5300Téléphone : 987-6177 • Télécopieur : 987-0306Adresse courriel [email protected] Web du journalwww.journal.uqam.ca/Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du CanadaISSN 0831-7216Les textes de L’UQAM peuvent être reproduits, sansautorisation, avec mention obligatoire de la source.

Université du Québec à MontréalCase postale 8888, succ. Centre-ville, MontréalQuébec H3C 3P8

L’UQAM

www.generations.uqam.ca

SUR INTERNET

Quand la vie commence à 50 ans… et plus!Claude Gauvreau

À l’heure de la retraite, on se ditque l’on pourra enfin se consacrer à lalecture, aux voyages, aux amis et àmille autres petits plaisirs de la vie.Pour les membres d’UQAM Géné-

rations, la retraite signifie aussi conti-nuer d’apprendre et de partager ses ex-périences et ses passions.

Créé en octobre 2004, UQAM

Générations est le fruit d’un partenariatentre le Service de formation continueet Synergies 50 +, un organisme sansbut lucratif animé par des personnesâgées de 50 ans et plus, dont l’objec-tif est d’ouvrir grand les portes del’Université aux aînés pour qu’ils réa-lisent des projets à caractère commu-nautaire.

«La raison d’être d’UQAM Géné-

rations est de contribuer à l’épa-nouissement intellectuel, social et cul-turel des personnes qui ont franchi lecap de la cinquantaine, expliqueCristina Lagüe, coordonnatrice de l’or-ganisme. Nous voulons aussi les sou-tenir dans leur volonté de mettre auservice de la société l’expertise, l’ex-périence et l’énergie créatrice dont ilsdisposent.»

Garder la forme intellectuelleUQAM Générations offre aux 50 ans etplus un programme d’étude de premiercycle, le Certificat en études person-nalisées (CEP). D’une durée maxima-le de quatre ans, ce programme inter-facultaire permet aux aînés de définirleur propre cheminement d’études en

fonction de leur expérience, de leurformation antérieure et de leurs aspi-rations personnelles. Avant de plongerdans l’environnement universitaire,ils suivent d’abord un premier coursd’intégration pour clarifier leurs at-tentes. Puis, ils choisissent huit coursparmi tous ceux auxquels accèdent lesétudiants réguliers. Enfin, un derniercours est axé sur la réalisation d’unprojet personnel.

Étudiante au CEP et présidente del’Association étudiante du certificatd’études personnalisées (AECEP),

Micheline Bouchard a œuvré pen-dant 35 ans dans le monde de l’édu-cation à titre d’enseignante et de di-rectrice d’école. Le fait de reveniraux études, raconte-t-elle, lui permetde faire la synthèse de ses expérienceset d’approfondir sa réflexion sur dessujets qui lui tiennent à cœur. «Et puisj’adore lire et me confronter à des au-teurs réputés difficiles. C’est bien dese livrer à des activités physiquesquand on vieillit, mais il faut aussigarder la forme intellectuelle.»

Pour s’inscrire au CEP, nul besoinde posséder des qualifications préa-lables, ajoute Mme Bouchard. «J’aiconnu des femmes, dont une étaitâgée de 83 ans, qui n’avaient jamaissuivi une formation universitaire. Pourelles, c’était la réalisation d’un rêve.»Bien sûr, les motivations varient d’unindividu à l’autre, poursuit CristinaLagüe. «Certaines personnes, intéres-

sées par le bénévolat, viennent cher-cher une formation pouvant être utileà l’accomplissement de leurs tâches.Le certificat a même permis à unedame de retourner sur le marché dutravail dans le domaine de la compta-bilité.»

Réfléchir et échanger sur des enjeux sociauxL’Université de Sherbrooke et l’Uni-versité du Québec à Chicoutimi pro-posent également aux aînés des pro-grammes d’étude en mettant sur piedce que l’on appelle des «universités dutroisième âge». Mais ce qui distingueUQAM Générations, explique MmeLagüe, c’est qu’il donne en plus auxaînés le goût et les moyens de réfléchiret de s’exprimer sur des enjeux so-ciaux actuels. «C’est pourquoi nous or-ganisons des conférences, des entre-tiens et des cafés-débats sur des sujets

aussi diversifiés que la santé, le tou-risme, la musique, la littérature, la psy-chologie, les finances et le droit. Cesactivités ont lieu dans un espaceconvivial appelé Carrefour des géné-rations, situé au pavillon Maisonneuvede l’UQAM (local B-R200), et cer-taines sont même offertes dans lescampus régionaux de Laval et de laMontérégie.»

Enfin, les aînés peuvent s’inscrire àdes ateliers d’étude où ils participent àdes lectures, à des recherches et à desséances de discussion autour de di-verses thématiques : les conflits dansle monde contemporain, l’histoire del’opéra en Italie, le stress, le rôle desmusées, etc.

UQAM Générations, qui n’existeque depuis deux ans, compte 130membres et a l’intention de se faireconnaître davantage. Ainsi, l’organis-me a participé au Salon des généra-tions qui a réuni, l’hiver dernier, plu-sieurs centaines de personnes au StadeOlympique et a tissé des liens avecl’Association de l’âge d’or du Québecet l’Association des retraités flyés.«Nous sommes encore tout jeunes etavons plein de projets, dit CristinaLagüe. En plus d’être un carrefour dediscussions et d’échanges, nous sou-haitons devenir un incubateur de pro-jets dans les domaines éducatif, socialet communautaire. Une de nosmembres, inscrite cet été à la premiè-re école internationale de l’UQAM enToscane, a décidé de former un grou-pe d’aînés en vue de participer, l’anprochain, à l’une des écoles d’été enAllemagne, en Grèce ou en Italie. C’estça UQAM Générations!»

Pour obtenir de l’information surles activités d’UQAM Générations :987-3000, poste 7784 •

De gauche à droite, Cristina Lagüe, coordonnatrice de UQAM Générations, Micheline Bouchard, présidente de l’Associationétudiante du certificat d’études personnalisées, et Marcelle Charland.

Photo : Nathalie St-Pierre

La maison qui chanteMembre d’UQAM Générations, Marcelle Charland possède plusieurs cordesà son arc, ayant été, dans une autre vie, enseignante, designer de mode et ges-tionnaire d’entreprise. Femme énergique qui n’a pas froid aux yeux, elle dé-cide, en 1997, de partir seule au Vietnam avec deux adresses en poche. Peuaprès son arrivée, elle prend contact avec un organisme, appelé Thao Dan,qui œuvre auprès d’enfants de la rue. C’est à ce moment qu’elle conçoit leprojet de créer une maison de réinsertion pour les enfants défavorisés duVietnam.Selon des statistiques gouvernementales, on comptait à la fin de l’année 2000près de 20 000 enfants de la rue au Vietnam, dont 10 000 à Hô Chi Minh-Ville(anciennement Saigon), rappelle Mme Charland. Il s’agit d’enfants aban-donnés ou ayant quitté la maison familiale qui, souvent, subissent différentesformes d’exploitation sexuelle.

«Les jeunes intervenants de Thao Dan qui travaillaient auprès de ces en-fants m’ont fait redécouvrir l’importance du partage et du geste gratuit, ra-conte Mme Charland. Ils m’ont inspiré pour le projet auquel je travaille de-puis quelques années et qui vise à créer un lieu de résidence où les enfantspourront apprendre un métier et devenir autonomes. Un lieu qui portera lenom de Maison Viet-Ca, c’est-à-dire la maison qui chante, car en vietnamienle mot Ca signifie chanter.»

La Maison Viet-Ca sera établie à Dalat, petite ville de 130 000 habitantssituée dans le sud du pays, et pourra accueillir de 15 à 20 enfants, âgés entrequatre et douze ans. «Outre l’enseignement de la lecture, de l’écriture et desmathématiques, des éducateurs vietnamiens et des formateurs étrangers y ani-meront des ateliers de dessin, de peinture, de chant, de danse, de couture,ainsi que de cuisine et d’horticulture, explique Mme Charland. La maison abri-tera également des dortoirs pour filles et garçons et comprendra un jardin etun potager.»

Jusqu’à maintenant, le travail progresse bien, dit Marcelle Charland, quipossède déjà un bon réseau de contacts au Vietnam et au Québec. Elle pour-suit actuellement des démarches pour que deux ONG, l’une canadienne etl’autre vietnamienne, acceptent de chapeauter son projet afin que celui-ci soitapprouvé par les instances gouvernementales au Vietnam.

«Je suis consciente qu’il s’agit d’un projet de longue haleine, mais je suisprête à y consacrer les 25 prochaines années de ma vie», lance-t-elle sur unton déterminé.

Pour transmettre des questions, suggestions ou commentaires à MarcelleCharland : [email protected]

Athlète féminine de l’année de la Fondation Sports-Études

La Fondation de l’École Sport-Études a souligné la performanceexceptionnelle d’Anouk Leblanc-Boucher, double médaillée des Jeuxolympiques de Turin en patinage devitesse sur courte piste, en lui oc-troyant la bourse de l’athlète fémini-ne de l’année (1 000 $), ainsi que laBourse olympique Radio-Canada(500 $). Ces deux bourses récom-

pensent sa persévérance et sa disci-pline exemplaires dans la conciliationdes études et de la compétition. Lapatineuse de 21 ans, étudiante aucertificat en écologie, a également étéreçue récemment par le recteur RochDenis et la vice-rectrice aux Études,Carole Lamoureux, qui lui ont ex-primé la fierté de l’UQAM pour sesexploits olympiques.

Photo : Denis Bernier

L’UQAM / le 29 mai 2006 / 3

Financement de l’enseignement supérieur

Le recteur écrit au ministrePrésident de la Conférence des rec-teurs et des principaux des universitésdu Québec (CREPUQ), le recteur RochDenis n’a pas trop mal accueilli le bud-get présenté par le ministre fédéral desFinances, Jim Flaherty, au début dumois. Pour les universités, ce n’est pasle réinvestissement majeur réclamé,mais les mesures annoncées, dont les100 millions $ alloués à la recherche,«vont dans la bonne direction», a-t-ilalors déclaré. Il veut toutefois s’assu-rer que la marge de manœuvre déga-gée par Ottawa au profit des pro-vinces contribuera à renflouer lescoffres des universités et il a d’ailleursécrit au ministre de l’Éducation, Jean-Marc Fournier, dans ce sens.

Dans son budget, le gouvernementconservateur «prévoit que des sommessignificatives seront disponibles pourle Québec : un ajustement de 185 mil-lions $ au titre de la péréquation etquelque 235 millions$ représentant lapart québécoise de l’enveloppe de unmilliard $ consacrée à l’améliorationde l’infrastructure et de l’équipement

des établissements postsecondaires»,explique le recteur. Selon lui, celadoit maintenant se traduire par un si-gnal clair de la part du gouverne-ment provincial.

Une période critique«Au moment où les établissementsuniversitaires, dont vous connaissezbien la précarité financière peinent à

préparer leur budget du prochainexercice financier avec des difficultésinextricables, je vous demande, aunom de mes collègues et au mien, deposer dès maintenant un premiergeste de réinvestissement qui nouspermette de traverser la période cri-tique que nous vivons présentement,et de reprendre le cap du développe-ment», écrit-il dans sa lettre au mi-nistre Fournier.

«C’est la première fois, peut-être àquelques exceptions près, que toutesles universités vont présenter des bud-gets déficitaires en même temps»,souligne Roch Denis, déplorant que ledernier budget provincial ne contenaitrien pour l’enseignement supérieur. Legouvernement disait alors ne pas avoird’argent. Mais compte tenu des nou-velles disponibilités financières an-noncées dans le budget Harper, lerecteur refuse d’attendre le prochainbudget provincial pour réclamer desengagements financiers concrets de lapart de Québec.

Sur la question des transferts fé-déraux, la CREPUQ maintient sonappui au gouvernement du Québec et

Marie-Claude Bourdon

Photo : Denis Chalifour

Un projet gagnant/gagnant à Repro-UQAMLa plupart des patrons se réjouissentlorsque des employés manifestent ledésir d’acquérir de nouvelles connais-sances afin d’être mieux outillés pouraccomplir leur travail. Ce fut le cas auService de la reprographie de l’UQAM,il y a plus d’un an, quand cinq pré-posés au comptoir de service ontadressé une requête à leur directrice,Valeria Gadea-Marinescu. Enchantée,celle-ci a mis en branle un projet deformation qui s’est concrétisé l’au-tomne dernier, à la grande joie detous ceux qui y ont été impliqués.

«Le secteur de l’imprimerie est trèscompétitif et le marché nous oblige àmettre à jour nos technologies et nosservices», affirme Mme Gadea-Marinescu, rappelant que le projet deformation en question s’intègre dans leplan d’orientation de son service, in-titulé Vision 2004-2010 de Repro-

UQAM. Ce plan constitue le prolonge-ment du virage numérique amorcé il ya quelques années.

«Les textes originaux sur papierexistent encore, ajoute-t-elle, mais onobserve une tendance marquée del’utilisation des disques compacts, clésUSB et fichiers envoyés par Internet.»Pour les préposés, les tâches à ac-complir ne sont plus les mêmes.Lorsqu’un client se présente avec uneclé USB, il est impossible de voir sur lechamp le travail à effectuer. Les pré-posés doivent connaître à la fois les lo-giciels que le client a utilisés (pour êtreen mesure d’apporter des modifica-tions mineures au besoin) et le voca-bulaire qui s’y rattache. D’où leur de-mande de perfectionnement. «Nousétions dépassés par les demandes desclients, parce que nous ne compre-

nions pas les termes qu’ils utilisaient!Nous avions l’air incompétents»,confie Madeleine Smith-Dion, qui abénéficié du projet de formation encompagnie de ses collègues ClaudeLaplante, Alexandre Belzil, MoniqueTurcotte et France Bélisle.

Le projet de formationComme les tâches de préposé aucomptoir de service ne correspon-daient plus à la réalité, le Service desressources humaines a autorisé lacréation d’une nouvelle fonction : pré-posé à la reprographie. Or, qui ditnouvelle fonction dit également nou-velles exigences. Après quelques re-

cherches, Mme Gadea-Marinescu aarrêté son choix sur le diplômed’études professionnelles (DEP) enreprographie et façonnage, offert parl’École Calixa-Lavallée, à Montréal-Nord. «Cette école offre la formation lamieux adaptée aux nouvelles réalitésdu marché», explique-t-elle.

«Habituellement, lorsqu’un em-ployé ne répond pas aux exigences dela nouvelle fonction, on abolit sonposte et on tente de lui en trouver unpour lequel il est qualifié», expliqueChantal Gosselin, conseillère en ges-tion des ressources humaines, qui apiloté le dossier pour l’UQAM. Maispuisque ce sont les employés qui ont

demandé de suivre une formation afinde mieux répondre à la clientèle, l’em-ployeur a accepté de définir les moda-lités de ce perfectionnement, en accordavec Mme Gadea-Marinescu et leSyndicat des employées et employés del’UQAM (SEUQAM).

«Ce projet est le fruit d’un travail deconcertation remarquable», noteMichel Bolduc, responsable de l’in-formation au SEUQAM, qui a été im-pliqué dans le dossier du côté syndical.«Il a été convenu que les cinq em-ployés allaient être formés sur le tempsde travail et rémunérés à leur taux ha-bituel», explique-t-il. Les frais de la for-mation ont été assumés par le budget

du sous-comité de la planification de lamain d’œuvre. «Dans les faits, il s’agitd’un congé avec traitement pour fin deperfectionnement», précise MmeGosselin.

Les employés ont bénéficié de re-connaissances d’acquis, ce qui a per-mis de réduire les heures de formationà 78, 100 et 200 heures, selon l’expé-rience de chacun (le programme encompte normalement 840). D’octobreà décembre 2005, ils ont profité d’uneformation personnalisée, à raison dedeux ou quatre jours par semaine.«Les premières journées ont été diffi-ciles, avoue Mme Smith-Dion, qui ef-fectuait un retour sur les bancs d’éco-le après plus de trente ans. La peur etla pression étaient tellement fortesqu’après deux heures de cours, j’étaisépuisée! Heureusement, le professeura été excellent et la formation s’estbien déroulée.»

La fierté avant toutEn plus d’avoir officiellement obtenuleur diplôme en avril 2006, les cinqemployés profiteront d’une augmen-tation salariale, le taux de salaire deleur nouvelle fonction devant êtreadopté au cours des prochains mois.L’augmentation, accordée rétroactive-ment à la date du début de leur for-mation, avoisinera un dollar de l’heu-re. «L’augmentation de salaire n’est pasà dédaigner, mais le but principal étaitde mieux servir la clientèle», expliqueClaude Laplante, qui travaille au comp-toir du pavillon des sciences de lagestion. Sa collègue abonde dans lemême sens. «Chaque soir, je retourneà la maison et je suis fière parce quej’ai pu conseiller les clients adéquate-ment», conclut Mme Smith-Dion •

À l’avant-plan, les préposés à la reprographie Claude Laplante, Alexandre Belzil, Monique Turcotte et Madeleine Smith-Dion(France Bélisle était absente). À l’arrière : Michel Bolduc, responsable de l’information au SEUQAM, Chantal Gosselin,conseillère en gestion des ressources humaines, Valeria Gadea-Marinescu, directrice de la production à Repro-UQAM, etBernard Caron, technicien en administration.

Pierre-Etienne Caza

prend acte de la volonté affirmée dugouvernement fédéral de rétablirl’équilibre fiscal. «La solution à longterme au problème de sous-finance-ment chronique des universités résidedans les transferts fédéraux», rappelleRoch Denis, réitérant sa promesse demener jusqu’au bout la lutte pour le ré-investissement dans l’enseignementsupérieur. N’est-il pas découragé? «Jene suis pas pessimiste parce que je nesuis pas attentiste, répond-il. La ba-taille, on va la gagner. Parce que lesétudes universitaires, c’est la clé du dé-veloppement social et économique.Comme je dis souvent, la santé, cen’est pas un projet de société, c’est unecondition de vie, alors que dans lecontexte actuel, tout projet de sociétépasse nécessairement par l’éducation.»

C’est en grande partie pour saluerson ardeur dans la lutte qu’il mène enfaveur de l’enseignement supérieurque l’Université de Montréal a décer-né au recteur un doctorat honoris

causa le 10 mai dernier. Cet honneurinattendu a profondément touché RochDenis. «À travers moi, dit-il, j’ai sentique c’est à l’UQAM que s’adressait cebeau geste de l’Université de Mont-réal.» Dans son discours de remercie-ment, il a d’ailleurs souligné qu’il yvoyait la reconnaissance d’un lien qui,«tissé de part et d’autre de nos éta-blissements, rejoint l’institution uni-versitaire elle-même, (…) forte de cequi définit son identité essentielle, eten même temps riche de la diversité deses composantes» •

Gagnants d’un Prix du ministre Trois professeurs du Départementde sciences comptables de l’UQAM,Nadi Chlala, Danielle Gagnon-Valotaireet Serge Ménard ont reçu des mains duministre de l’Éducation, du loisir et dusport, M. Jean-Marc Fournier, le 17 maidernier dans le cadre du congrès del’Acfas, un Prix du ministre pour l’ou-vrage Comptabilité intermédiaire, 2e

édition (5 volumes) aux Éditions duRenouveau pédagogique, 2005, qu’ils

ont traduit et adapté au contexte qué-bécois, des auteurs Kieso, Weygandt etWarfield. Un grand nombre de colla-borateurs de différentes universitésont travaillé à l’adaptation française decette somme comptable, mais sesprincipaux auteurs sont les trois pro-fesseurs de l’UQAM. L’ouvrage estune référence pour les étudiants dubaccalauréat en sciences comptableset de la maîtrise en administration.

Roch Denis

Photo : Denis Bernier

4 / L’UQAM / le 29 mai 2006

Un Îlot Voyageur pour tous à MontréalCosignataire d’une lettre ouverte in-titulée «L’Îlot Voyageur, un projet res-ponsable», parue dans Le Devoir du 27mars dernier, le professeur MichelArchambault, titulaire de la Chaire detourisme de l’ESG-UQAM, s’enthou-siasme rapidement lorsqu’il est ques-tion de ce projet. Selon lui, l’ÎlotVoyageur est porteur de sens pourl’UQAM, bien sûr, mais aussi pour leQuartier latin, et ultimement, pour laville de Montréal.

«Tout projet qui peut améliorer latrame urbaine de ce quadrilatère etmettre davantage en valeur la GrandeBibliothèque et le parc Émilie-Gamelinva embellir le patrimoine de Mont-réal», affirme-t-il. Selon lui, personnene va pleurer la disparition de l’ac-tuelle gare d’autobus, source de pol-lution visuelle, ni de l’un des tropnombreux stationnements de surfacequi défigurent Montréal et en pol-luent l’atmosphère.

«Au sud de la rue Sherbrooke, leQuartier latin est quelque peu mori-bond, ajoute-t-il. Jumelé à des déci-sions conséquentes de la part de l’ad-ministration municipale, comme ce futle cas dans le Vieux-Montréal avec laconstruction du Quartier International,

le projet de l’UQAM pourrait s’avérerun levier important pour redynamisercette partie du quartier.» Sans ou-

blier, rappelle-t-il, que le futurQuartier des spectacles devrait s’ydévelopper au cours des prochaines

années. Bien entendu, les fonctionnalités

éducatives de l’Îlot Voyageur consti-tuent sa raison d’être : le pavillon uni-versitaire qui sera construit permettrade combler une partie du déficit d’es-pace de l’UQAM, évalué à 50 000 m2.En ce sens, la majeure partie des uti-lisateurs sera constituée d’étudiants,mais M. Archambault croit que leprojet de l’UQAM doit également ré-pondre aux besoins de la commu-nauté locale, composée des résidents,des travailleurs et des touristes. Ilrappelle, à ce propos, que l’achalan-dage à la gare d’autobus est de deuxmillions de personne par année. «Lescommerces qui occuperont le rez-de-chaussée de l’Îlot Voyageur devronts’intégrer au tissu commercial duquartier, estime-t-il. Les gens ont be-soin de marchés d’alimentation, derestaurants, de services en tout genres.Ce qui importe, c’est que le projetoffre une complémentarité de com-merces.»

L’UQAM et le tourismeSelon lui, les universités ont implici-tement une fonction touristique carelles accueillent des étudiants étran-gers, des conférenciers, des colloques,etc. L’Îlot Voyageur permettra d’ac-

Michel Archambault, professeur au Département d’études urbaines et touristiqueset titulaire de la Chaire de tourisme ESG-UQAM.

Photo : Nathalie St-Pierre

Pierre-Etienne Caza

Un projet qui répond à des besoins urgents«Nous embauchons de nouveauxprofesseurs en juin prochain et nous nesavons pas où les loger. En outre, nousdevons louer des espaces à l’extérieurde l’UQAM parce que nous manquonsde salles de classe et nos unités sontdispersées dans plusieurs pavillons»,lance René Côté, doyen de la Faculté descience politique et de droit.

On comprend que M. Côté étaitparticulièrement heureux quand il aappris que le nouveau pavillon uni-versitaire construit sur le site de l’ÎlotVoyageur abriterait les locaux de sa fa-culté, dont les besoins vont grandis-sant. «Nous sommes la faculté del’UQAM ayant connu la plus fortecroissance au cours des quatre der-nières années, explique le doyen. Entre2001 et 2005, le nombre d’inscriptions-cours a augmenté de 60 % et de nou-veaux programmes multidisciplinairesont été créés. Le nouveau pavillonsera assez vaste pour accueillir dessalles de classe dédiées à des grandsgroupes, la Bibliothèque des sciencesjuridiques et l’ensemble des publica-tions gouvernementales et internatio-nales, ainsi qu’une salle en hémicycleoù pourront se tenir de grandes confé-rences et des concours de plaidoirie.»

Respecter l’environnementLe projet de construction de l’ÎlotVoyageur a été annoncé peu aprèsl’entrée en vigueur du protocole deKyoto sur la réduction des gaz à effetde serre, rappelle M. Côté. Dans cecontexte, il allait de soi, selon lui, quele nouveau pavillon devait répondre àdes critères de développement durable.

La faculté a ainsi demandé et obtenuque le pavillon soit certifié LEED

(Leadership in Energy and Environ-

mental Design) selon des normes deconstruction assurant à la fois le res-pect de l’environnement (économied’énergie et d’eau potable, toit végétal,réduction des îlots de chaleur) et leconfort des personnes (lumière natu-relle, qualité de la ventilation, maté-riaux non toxiques).

«Nous avons également insisté surla présence de places de stationne-ment pour bicyclettes avec vestiaire etdouches, afin que le vélo devienne unmode de transport alternatif, ajoute M.Côté. Ces initiatives correspondent à

l’image que nous voulons donner de lafaculté et aux valeurs sociales del’UQAM.»

Impact financier positifContrairement à certains membres dela communauté universitaire, RenéCôté ne craint pas que le projet de l’Î-lot Voyageur compromette l’équilibrebudgétaire de l’UQAM. «En raison deson manque d’espace, l’Universitédoit louer des locaux à l’extérieur deses murs. Or, le ministère de l’Éduca-tion ne rembourse pas toutes ces dé-penses qui viennent grever le budgetde fonctionnement de quelque 2 M $annuellement. Deuxièmement, le fi-

nancement du ministère prend encompte les espaces occupés parl’UQAM et non ceux auxquels elleaurait droit (50 000 m2) selon lesnormes gouvernementales. L’ajout denouveaux espaces entraînerait doncdes hausses proportionnelles de sub-ventions pour l’entretien et le chauf-fage des bâtiments.»

Enfin, poursuit le doyen, le faitd’opter pour un pavillon écologiquequi mise sur des économies d’énergiede l’ordre de 25 % par rapport auxnormes générales de construction de-vrait s’avérer rentable pour l’Univer-sité. Tous ces facteurs combinés aurontun impact positif sur son budget de

fonctionnement, soutient-il.René Côté tient à souligner que la

faculté a pu exprimer ses commen-taires au fur et à mesure de l’évolutiondu projet de l’Îlot Voyageur. «Les ar-chitectes et responsables du projet nesont pas restés sourds à nos besoins età nos demandes, précise-t-il. Puis, ausein même de la faculté, le conseil aca-démique et les représentants del’Association facultaire des étudiants descience politique et de droit ont été avi-sés de tout nouveau développementdans le dossier» •

René Côté, doyen de la Faculté de science politique et de droit.

Claude Gauvreau

Photo : Denis Bernier

centuer cette vocation, et la construc-tion de nouvelles résidences universi-taires, dont celles rattachées à la futureCité internationale universitaire, faci-litera l’hébergement de ces touristes«scientifiques».

«Un autre type de tourisme, bapti-sé tourisme d’apprentissage, inclutsouvent la visite des universités, pours’imprégner de ce qui s’y déroule»,ajoute-t-il. À son avis, le projet de re-localisation de la Galerie de l’UQAM àl’Îlot Voyageur constitue un attrait in-téressant pour les touristes, toutcomme l’est le Cœur des sciences auComplexe Pierre-Dansereau.

«Quoi de plus naturel pourl’UQAM, foyer de l’enseignement entourisme, que de participer active-ment à ce secteur économique? de-mande-t-il. Je ne comprend pas ceuxqui s’opposent à l’Îlot Voyageur, dontle concept architectural reprend plu-sieurs des principes du développe-ment durable : toits verts, récupérationdes gaz d’échappement des autobus,priorité accordée aux autos hybrides,gare de vélos et cour intérieure. C’estun projet responsable, qui offre unsain équilibre entre les fonctionnalitéséducatives, économiques, sociales etculturelles» •

L’UQAM / le 29 mai 2006 / 5

Premier prix à l’ONU

Une délégation de 20 étudiants dela Faculté de science politique et dedroit, qui participait à une simulationinternationale des Nations unies àNew York en avril dernier, a remportéun Outstanding Delegation Award,soit la plus prestigieuse distinction del’épreuve.

Cette simulation regroupait plusde 3 500 personnes provenant de 226universités et collèges à travers lemonde. La délégation de l’UQAM dé-fendait cette année les couleurs de laRépublique de Cuba dans les différentscomités et assemblées de l’ONU, tels leConseil économique et social, l’Assem-blée générale et la Commission de la

condition de la femme. Le prix obtenupar les étudiants souligne le travail ex-ceptionnel d’une délégation et laconsacre parmi les dix meilleuresayant participé à la simulation.

Soulignons que les activités dugroupe, encadrées par le Centre d’étu-de des politiques étrangères et de sé-curité (CEPES) et l’Institut d’études in-ternationales de Montréal (IEIM),étaient coordonnées par Kévin Dufaultet Élise Leclerc-Gagné, étudiants à lamaîtrise en science politique. Le res-ponsable académique était DavidMorin, candidat au doctorat en scien-ce politique.

L’«internationale» des journaux de rue L’UQAM accueillera, en collabora-tion avec le journal L’Itinéraire, la 11e

conférence internationale des jour-naux de rue les 8, 9 et 10 juin pro-chain. Cette conférence réunira plus de100 membres de l’InternationalNetwork of Street Papers (INSP) et dela North American Street NewspapersAssociation (NASNA) qui regroupeune trentaine de journaux américainset cinq journaux canadiens.

L’organisation de la conférence aété prise en charge par le Service auxcollectivités de l’UQAM avec leconcours du professeur Jean-MarcFontan du Département de sociologieet co-directeur de l’ARUC-Économiesociale et du Réseau québécois de re-cherche partenariale en économie so-ciale (RQRPÉS) qui a aidé à l’élabora-tion du contenu de la programmation.

Plusieurs membres de la commu-nauté universitaire participeront à cetteconférence, notamment deux desquatre panélistes de la conférence ou-verte au public intitulée L’image de la

pauvreté ou la pauvreté en images? quise tiendra le 8 juin à 19h au Studio-Théâtre Alfred-Laliberté (J-M400).

Animée par Anne-Marie Dussault,cette conférence cherchera à dégager lerôle des médias et des institutionsdans la représentation de la pauvreté etla création de solidarités. Shirley Roy,à titre de chercheure et professeure auDépartement de sociologie et directri-ce du Centre de recherche sur l’itiné-rance (CRI), abordera la question des

répercussions sociales de la représen-tation actuelle de la pauvreté, tandisqu’Alain Gravel, chargé de cours à l’É-cole des médias, traitera de la repré-sentation de la pauvreté dans les mé-dias canadiens et montréalais.

Les deux autres panélistes invitéssont Mel Young, président de l’INSP etWalter Moser, directeur de la Chaire derecherche du Canada en transferts lit-téraires et culturels de l’Universitéd’Ottawa, qui présenteront le mouve-ment des journaux de rue et leur per-tinence dans le paysage médiatique etun point de vue personnel sur le trai-tement accordé à la pauvreté à traversles médias.

Une dizaine d’ateliers seront offertsaux participants internationaux et ca-nadiens. Jean-Marc Fontan agira àtitre de personne-ressource dans lecadre de l’atelier portant sur la mesurede l’impact du travail effectué par lesjournaux de rue.

Selon le journal L’Itinéraire, lesjournaux de rue sont vendus à traversle monde par des sans-abri et despersonnes exclues socialement. «Cesvendeurs autonomes gardent l’argentqu’ils reçoivent de la vente de leursjournaux, ce qui représente entre 50%et 60 % du prix de la publication.Simple feuille de papier imprimée oumagazine hebdomadaire à grand tira-ge, tous les journaux de rue partagentun objectif commun, soit de fourniraux pauvres l’occasion de travailler etde leur donner une voix.»

Restriction des pesticides

Un premier pas décisifAu printemps, pendant que cer-tains s’agglutinent sur les terrassesbondées ou s’empressent d’enfour-cher leur vélo, d’autres se lancent surleurs râteaux, ravis à l’idée de bientôtvoir verdir leur parterre. Mais ceux quiaiment retrouver devant leur maisonune pelouse digne d’un terrain de golfrisquent de vivre quelques déceptionscette année. Depuis le 3 avril, touteune panoplie d’herbicides, fongicideset insecticides ne se trouve plus en ma-gasin. Leur vente est maintenant in-terdite en vertu du Code de gestion des

pesticides du Québec.À moins d’avoir fait des réserves

clandestines, les propriétaires devrontdire adieu au 2,4-D, produit vedetteutilisé dans la lutte contre les pissen-lits, et au malathion, un poison quis’attaque au système nerveux des in-sectes, y compris des abeilles. Une di-zaine d’autres composés ont été ban-nis par le ministère du Développementdurable, de l’Environnement et desParcs du Québec (MDDEP) en raisonde leurs effets sur la santé ou l’envi-ronnement.

De plus en plus d’études montrenten effet des liens entre l’exposition desenfants aux pesticides et l’apparitionde différentes formes de cancer. Onsuspecte également les pesticides d’en-gendrer des séquelles neurologiquesqui pourraient mener à des déficitsd’attention et à l’hyperactivité chez lesjeunes. C’est sans parler de leurs fu-nestes effets sur la faune et la flore.

Manifestement, les amateurs dejardinage devront accroître leur tolé-rance aux mauvaises herbes. Ils de-vront aussi apprendre à mieux aérer laterre, à désherber manuellement et àtondre leur gazon plus régulièrement.Les compagnies qui se spécialisentdans l’entretien des pelouses devrontégalement modifier leurs pratiques.Seuls les propriétaires de terrains degolf ont obtenu un sursis. Ceux-ci dis-posent de trois ans pour réduire leurutilisation de pesticides. Aucun objectifclair ne leur a cependant été imposé àce jour.

Et les pesticides agricoles?Professeurs au Département des

sciences biologiques et chercheurs auCentre de recherche en toxicologie del’environnement (TOXEN), MoniqueBoily, Philip Spear et Philippe Juneauconsacrent leurs recherches à l’étudedes pesticides et de leurs impacts surla santé et l’environnement. Ils ontsuivi avec intérêt les récentes inter-ventions de MDDEP.

«Je suis impressionné par le choixde produits qu’a fait le ministère, dé-clare d’emblée Philippe Spear. On avisé les pesticides les plus toxiques etles plus persistants dans l’environne-ment. Mais le problème est très loind’être réglé. Pourquoi? Parce qu’ons’est attaqué à seulement 4% de l’uti-lisation des pesticides.» En effet, lesnouvelles mesures imposées parQuébec ne visent que les pelouses. Or,

plus de 80 % des produits utiliséspour enrayer les mauvaises herbesou les insectes indésirables sont épan-dus dans les champs agricoles (les16% restants sont utilisés dans les jar-dins). De ce côté, aucun produit n’aencore été interdit. Pourtant, les im-pacts sont bien tangibles.

Chaque été depuis trois ans, l’équi-pe de l’UQAM se rend en Montérégiepour échantillonner les eaux de la ri-vière Yamaska, bordée par d’im-menses terres à vocation agricole. Leschercheurs vérifient la présence d’unecinquantaine de pesticides ou d’en-grais. Ils en détectent généralementune douzaine qui frôlent souvent leslimites réglementaires et les dépassentmême quelques fois. «Nos études etcelles de nos collaborateurs ont mon-tré de sérieux impacts sur l’écosystè-me», rapporte Monique Boily. Unedes études a montré que les tissus desorganes reproducteurs des ouaoua-rons qui baignent dans la Yamaskaétaient sérieusement dégradés. Uneautre a mis en lumière les liens entrela présence de pesticides dans l’eau etla prolifération des cyanobactéries,des algues toxiques pour l’écosystème.

Poursuivre l’éveil des consciencesPourquoi le ministère est-il prêt à re-connaître les effets néfastes des pes-ticides dans le cadre d’une utilisationrésidentielle tout en autorisant lesproducteurs agricoles à les épandre gé-néreusement sur leurs terres? SelonPhilip Spear, c’est en partie parce quele son de cloche qui vient de la po-pulation diffère d’un cas à l’autre.

«La population est concentrée dans lesvilles et se sent directement concernéepar les pesticides que l’on utilise surles pelouses ou les parcs municipaux.La mobilisation pour les bannir a ététrès forte. Les mêmes individus sesentent souvent moins touchés par cequi se passe à la campagne.»

La population urbaine aurait avan-tage à cesser de jouer à l’autrucheselon les chercheurs de l’UQAM. Elleest bel et bien concernée par l’utilisa-tion des pesticides dans les champsagricoles. Après tout, c’est dans son as-siette qu’aboutissent parfois des tracesde ces produits toxiques. En outre,certains pesticides aspergés dans leschamps peuvent être transportés surdes centaines de kilomètres par levent.

Pour changer les mentalités et lespratiques, l’équipe de l’UQAM partici-pe chaque été au comité d’action ci-toyenne de la région de la rivièreYamaska. Les chercheurs disent êtresurpris de constater à quel point lesagriculteurs sont prêts à faire leurpart. Mais le changement prend dutemps, surtout lorsque le gagne-painde toute une tranche de la populationest en jeu. «Je ne pense pas que la so-lution soit une interdiction complète,dit Philippe Juneau. Il y a un juste mi-lieu que l’on peut viser entre l’agri-culture intensive et le bio. On peutbannir les produits les plus dange-reux et restreindre l’utilisation desautres.» À court terme, pense l’équipe,la meilleure solution demeure la sen-sibilisation des agriculteurs et du pu-blic •

Philippe Juneau, Philip Spear et Monique Boily, professeurs au Département dessciences biologiques et chercheurs au Centre de recherche en toxicologie de l’en-vironnement (TOXEN).

Photo : Nathalie St-Pierre

Dominique Forget

6 / L’UQAM / le 29 mai 2006

Petite histoire des égouts de MontréalLe maire de Montréal, GéraldTremblay, a beau faire de la propretéde la ville son nouveau cheval de ba-taille, la préoccupation ne date pasd’hier. Certes, on se plairait à déam-buler sur des trottoirs plus propres, dé-barrassés des papiers et autres détritusqui, dans certains quartiers tout par-ticulièrement, jonchent la voie pu-blique et le moindre espace vert. Maison n’a pas idée de la saleté et de lapuanteur qui affligeaient la ville àl’époque pas si lointaine où les égoutsde Montréal, encore à ciel ouvert,charriaient vers le fleuve tous les im-mondices d’une ville en pleine ex-pansion industrielle.

«Dans les années 1850, quand ondécide de construire le premier réseaud’égouts, Montréal est devenue trèspopuleuse, car elle domine le com-merce canadien par sa position au car-refour des routes maritimes et ferro-viaires et par la croissance de sesindustries lourde et manufacturière»,rappelle Robert Gagnon, professeurau Département d’histoire, chercheurau Centre interuniversitaire de re-cherche sur la science et la technolo-gie (CIRST) et auteur de Questions

d’égouts (Boréal), un livre qui retracel’histoire du premier système d’égoutsmontréalais.

En 1850, il n’y a pas encore d’au-tomobiles dans les rues, mais des voi-

tures tirées par des chevaux dont lesdéjections et les carcasses encom-brent les pavés. Il y a des abattoirs enpleine ville. Tous les déchets domes-tiques se retrouvent dans les ruis-seaux, qui sont à l’époque les égoutsnaturels, et comme le terrain de la villeest accidenté, des marais nauséabondsse forment dans les terres basses, no-tamment dans Griffintown, où s’en-tassent les ouvriers irlandais. On com-prend pourquoi les riches bourgeoisanglophones vont se construire desmaisons en hauteur, sur les flancs dumont Royal.

La théorie des miasmesÀ l’époque, on croit que les miasmes,des gaz qui s’échappent des corps endécomposition et qui sont respon-sables des mauvaises odeurs, sontaussi les vecteurs des maladies conta-gieuses, comme le choléra, qui a fait2 000 morts en un mois à l’été 1832.Les nombreuses épidémies qui s’abat-tent sur la ville inquiètent beaucouples autorités publiques, car elles me-nacent le développement économique.«Les tenants de la théorie des miasmessont convaincus qu’on pourrait éviterles épidémies en assainissant les ruis-seaux et les marais, explique RobertGagnon. Et comment faire cela? En

construisant un réseau de grandségouts collecteurs.»

Au milieu du 19e siècle, il y a deuxgrands égouts collecteurs naturels àMontréal : le ruisseau Saint-Martin,une cuvette qui se trouve à l’empla-cement de l’actuelle rue Saint-Antoine,et qui est orientée dans l’axe est-ouest, et le ruisseau Prud’homme, quis’écoule d’ouest en est. À leur point derencontre, les deux ruisseaux pour-suivent leur cours dans la petite rivièreSaint-Pierre, qui elle s’écoule vers lesud et se jette dans le fleuve au niveaude la Pointe-à-Callière. Mais avec l’in-dustrialisation galopante et l’accrois-sement de la population, ces égoutsnaturels ne suffisent plus. «À l’époque,chaque propriétaire construit sonpropre égout pour que l’eau de la rues’écoule dans le ruisseau le plusproche au lieu d’aboutir dans sa cave,raconte Robert Gagnon. Mais les mai-sons ne sont pas raccordées auxégouts. En 1845, la Ville décide d’obli-ger toutes les maisons à se relier ausystème d’aqueduc municipal et lesystème devient opérationnel en 1856.C’est important, car à partir du mo-ment où l’eau entre dans les mai-sons, il faut qu’elle en sorte. Un pre-mier projet de réseau d’égouts estproposé en 1857, mais il faudra at-tendre jusqu’en 1862 pour que lestravaux commencent.»

Le rôle des citoyensRobert Gagnon montre dans son livrele rôle important joué par les ci-

toyens ordinaires pour convaincre laville de se lancer dans l’entreprise.Les marchands, les propriétaires, lesingénieurs, les médecins vont fairecirculer des pétitions et même fairedes dons de terrains pour pousser lesautorités municipales à investir dansla construction du système d’égouts.Quand les travaux sont terminés, en1867, Montréal est l’une des pre-mières villes en Amérique du Nord,avec New York et Chicago, à avoirson réseau.

Quelques années plus tard, ce-pendant, on doit déjà reprendre cer-tains travaux. Pour réduire les dé-penses énormes nécessitées par leplan d’assainissement initial, on amis en place un système deux foismoins coûteux. Mais les économiesréalisées vont entraîner des pro-blèmes importants, notamment dansle port de Montréal, qui suffoquesous le flot d’immondices qu’il reçoit.Pour y remédier, il faudra dépenserdes sommes beaucoup plus élevéesque celles prévues au départ. Ce quifait dire à Robert Gagnon, qu’«à en-tendre les politiciens d’aujourd’huinous servir le sempiternel discoursdes restrictions budgétaires pour re-mettre aux calendes grecques le re-nouvellement des infrastructures pu-bliques désuètes, on se convainc quel’histoire se répète et que la facture,qui viendra bien tôt ou tard, n’en seraque plus salée» •

Robert Gagnon, professeur au Département d’histoire, vient de signer Questionsd’égouts, chez Boréal.

Photo : Nathalie St-Pierre

Marie-Claude Bourdon

Avec Piercing, un recueil rassemblanttrois récits, Larry Tremblay, profes-seur à l’École supérieure de théâtre,fait désormais partie des rares auteursquébécois, avec Réjean Ducharme etMarie-Claire Blais, à avoir été publiésdans la très prestigieuse collection«Blanche» de Gallimard.

Le premier récit du recueil, «Lahache», vient d’être joué sous formethéâtrale au Quat’Sous : il s’agit d’unlong monologue, celui d’un profes-seur de littérature sombrant dans lafolie qui se rend la nuit chez l’un deses étudiants aux allures d’ange ex-terminateur pour lui rendre la copiecorrigée de son travail.

Réflexion sur les dérives de laquête de pureté, «La hache» pose laquestion des idéologies extrémistes etdes carnages qu’elles peuvent en-

gendrer. C’est ce récit que LarryTremblay avait d’abord fait parvenir àl’éditeur parisien, qui a appréciél’œuvre tout en trouvant qu’elle étaitun peu courte pour en faire un livre.L’auteur lui a alors soumis deuxautres textes déjà publiés ailleurs, cequi a permis de constituer le recueil.

«Piercing», le récit-titre, racontela fugue d’une adolescente deChicoutimi fraîchement débarquée àMontréal et ses errances parmi lesmarginaux de la ville. Dans «Anna àla lettre C», le plus court des troistextes, une jeune femme et unhomme d’âge mûr se retrouvent, parune chaude soirée d’été, soudés l’unà l’autre par un désir inavouable.Mais ici comme ailleurs dans ce re-cueil, le silence parle tout autant queles mots.

«Voix et Images – Autour du 30e anniversaire»La revue du Département d’études lit-téraires, Voix et Images, a célébré son30e anniversaire, le 18 mai dernier, aujardin Sanguinet. Pour l’occasion, lesmembres de la rédaction actuelleavaient invité, outre les fidèles lec-teurs, tous les anciens directeurs etmembres du comité de rédaction, ainsique tous les auteurs qui ont publié dansles pages de la revue au fil des ans.

Le professeur Daniel Chartier, di-recteur de la revue, a procédé au lan-cement des trois premiers ouvrages dela collection «De vives voix», consacrésà l’œuvre de Hubert Aquin, à celle deRéjean Ducharme et à celle d’AnneHébert. Chaque volume regroupe unesélection critique d’articles parus dans

la revue. M. Chartier a également dé-voilé une affiche soulignant les centpremiers numéros de Voix et Images, etannoncé la numérisation complète desanciens numéros.

Publiée trois fois l’an, Voix et Images

est la seule revue universitaire exclusi-vement consacrée au domaine littérai-re québécois. Chaque numéro com-prend un dossier sur un écrivain ou uneécrivaine ou un thème spécifique, desétudes sur des œuvres de la littératurequébécoise et des chroniques sur l’ac-tualité littéraire. Les deux plus récentsnuméros, dédiés à l’œuvre de GillesArchambault et à celle d’Élise Turcotte,ont également été lancés lors de cettesoirée d’anniversaire.

Piercing, édité chez Gallimard

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L’UQAM / le 29 mai 2006 / 7

LE CAMPUSSURMARDI 30 MAIGEIRSO (Groupe d'étude surl'interdisciplinarité et lesreprésentations sociales)Journée sur les essais cliniques :«Mythes et réalités», de 9h à 17h.Nombreux conférenciers.Pavillon Judith-Jasmin, Salle des Boiseries (J-2805).Renseignements : Milena Zajc987-3000, poste [email protected]

www.geirso.uqam.ca

Galerie de l'UQAMExpositions : The Paradise Institute.

Janet Cardiff et George Bures Miller

et À ras le paysage de NicolasFleming, jusqu'au 17 juin, du mardiau samedi de 12h à 18h.Pavillon Hubert-Aquin, salle J-R120.Renseignements : [email protected]

www.galerie.uqam.ca

MERCREDI 31 MAIDépartement de psychologieConférence-midi du GÉPI : «L'amour nouveau», de 12h30 à 14h.Conférencier : Pierre Smet,psychanalyste; présidence : LouiseGrenier, coordonnatrice du Gépi .Pavillon J.-A.-DeSève, salle DS-2901.Renseignements : Louise [email protected]

www.unites.uqam.ca/gepi/

Chaire en gestion des compétencesConférence : «Former pour perfor-mer, étapes, processus et conditionsde succès», de 17h30 à 19h.Conférenciers : Dominique Bouteiller,professeur; Michel Cossette, agent derecherche.Pavillon Judith-Jasmin, Salle des Boiseries (salle J-2805).Renseignements :Lise Ravault987-3000, poste [email protected]

www.chaire-competences.uqam.ca

JEUDI 1er JUINDépartement de musiqueConcert de l'Ensemble Pentaèdre, à 20h.Au programme : Ouverture de l'opéraCosi fan tutte, K588; transcription deMozart; Quintette pour piano et

vents en ré majeur de Caplet;Quintette en mi bémo majeur pour

piano, hautbois, clarinette basson et

cor, K452 de Mozart.Interprète : Maneli Pirzadeh, pianiste.Centre Pierre-Péladeau, Salle Pierre-Mercure.Renseignements :987-3000, poste 0294

MERCREDI 7 JUINDépartement d'éducation et de formation spécialiséesAtelier 2006 sur les Compétencesessentielles : «Bilan et prospectives»,de 9h à 17h30, le 8 juin de 8h30 à17h30 et le 9 juin de 9h à 12h30.Nombreux conférenciers.Pavillon de l'Éducation, salle N-M510.Renseignements : Priscilla Jabouin987-3000, poste [email protected]

www.competencesessentielles.uqam.ca/

CRISES (Centre de recherche surles innovations sociales)Conférence : «Changes in work in theknowledge-based society : recentinsights and debates on restructuringof value chains, new forms of workorganisation, flexibility, skills andtime use», de 10h à 12h.Conférencière : Monique Ramioul,Université catholique de Louvain.Pavillon Saint-Denis, salle AB-2210.Renseignements : Hélène Gélinas987-3000, poste [email protected]

www.crises.uqam.ca

JEUDI 8 JUINUQAM GénérationsConférence : «L'éveil de la Chine

d'aujourd'hui à la communication»,de 13h30 à 15h30.Conférencière : Mimi Caouette.Pavillon Maisonneuve, salle B-R200.Renseignements :Chantal [email protected]

MARDI 13 JUINInstitut des sciences cognitives«Journée de rencontre et d'échangesde l'Institut des sciences cognitives»,de 9h à 17h.Pavillon Hubert-Aquin, Salle des Boiseries (J-2805).Renseignements :Guillaume Chicoisne987-3000, poste [email protected]

www.isc.uqam.ca

MARDI 27 JUINTélé-université«Lancement de ENJEUX, un outiléducatif collaboratif en ligne», de 14h à 17h.4750, avenue Henri-Julien Renseignements :Jean-Simon Marquis1-800 463-4728, poste 5433 ou (418) 657-2747, poste [email protected]

www.savie.qc.ca/enjeux/

Quel avenir pour la télévision généraliste?Les jeunes Québécois passent autantd’heures devant Internet que devantleur téléviseur, révélait un sondageLéger marketing en avril dernier. Deuxséries télévisées, Vice caché et Un

homme mort, qui attirent chacuneprès d’un million de téléspectateurspar épisode, ne reviendront pas à l’an-tenne de TVA en raison de leurs coûtsde production trop élevés, apprenait-on au même moment. Le nouveaugouvernement conservateur deStephen Harper mettra sur pied un co-mité pour revoir le rôle et le mandat deRadio-Canada dont le budget, rappe-lons-le, n’a pas été augmenté depuisde nombreuses années.

Plusieurs observateurs affirmentque la télévision généraliste, privée etpublique, est menacée par la frag-mentation et la diminution des audi-toires, la déréglementation, les pro-blèmes financiers et la concurrencedes chaînes spécialisées et des médias

numériques.«Certes, depuis le début des années

80, l’écoute de la télévision généralis-te a diminué de manière significativeaux États-Unis, en Europe et auCanada, et son hégémonie est bel etbien révolue. Mais elle a su égalements’adapter au nouvel environnementaudiovisuel et rien ne permet deconclure qu’elle va baisser les brasface à la concurrence», soutientGaëtan Tremblay, professeur à l’Écoledes médias et co-auteur de l’ouvrageL’avenir de la télévision généraliste.

Les spéculations sur l’avenir deschaînes généralistes se sont dévelop-pées principalement dans les paysriches. En Amérique latine, en Asie eten Europe de l’est, l’espace télévi-suel est encore largement occupé parles chaînes de télévision généralistesnationales. Même si les technologiesnumériques et les nouveaux servicesspécialisés y sont disponibles, les in-frastructures de distribution ne sontpas suffisamment développées pour

permettre une diffusion massive, oualors leur accès est trop onéreux pourla grande majorité de la population.Dans plusieurs de ces pays, l’avenir dela télévision généraliste est aussi liée àd’autres enjeux : l’indépendance àl’égard du pouvoir politique, la pro-priété des médias et la préservation descultures locale et nationale.

Le cas du QuébecGaëtan Tremblay souligne que la télé-vision généraliste souffre aussi d’unecrise financière due à la diminutiondes ressources publiques et à la luttesans merci pour le partage des revenuspublicitaires. Contrairement aux États-Unis et au Canada anglais, le Québecest confronté au problème de l’étroi-tesse de son marché. D’où l’impor-tance pour les pouvoirs publics decontinuer à injecter des fonds pour as-surer l’épanouissement des industriesculturelles québécoises (télévision,musique populaire, livre), précise-t-il.

Quant à la présence d’Internet, elle

bouscule évidemment les autres mé-dias et les force à se redéfinir. «Jusqu’àmaintenant, les télédiffuseurs ont sus’adapter en créant leurs propres sitesWeb et en utilisant l’Internet commeun véhicule d’information complé-mentaire. En outre, l’histoire nous en-seigne qu’il est très rare que l’arrivéed’un nouveau média fasse disparaîtreceux déjà en place. La venue de la té-lévision n’a tué ni les journaux, ni laradio.»

L’écoute de la télévision généralis-te domine toujours chez lesFrancophones, malgré l’expansion deschaînes spécialisées, poursuit M.Tremblay. Les Québécois sont parti-culièrement attachés à leurs chaînesgénéralistes, telles que TVA et Radio-Canada, et certains téléromans ou té-léséries demeurent très populaires.

Renouvellement attenduDans le contexte actuel de privatisa-tion, la télévision généraliste publiquedoit composer avec des ressources ré-duites et des baisses d’auditoire. Pasétonnant qu’elle soit tentée de concur-rencer la télévision commerciale surson propre terrain en adoptant desstratégies promotionnelles et en dif-fusant des programmes similaires. Enoutre, certains lobbys et certainsmembres du Parti conservateur àOttawa voudraient la cantonner dansune programmation culturelle ou édu-cative, complémentaire à celle de la té-lévision privée.

Dès le milieu des années 80,Radio-Canada a élaboré une stratégiede diversification qui l’a conduit à

mettre sur pied deux chaînes de nou-velles continues, NewsWorld et RDI.La Société a pris également le viragetechnologique avec ses investisse-ments dans la télévision haute défini-tion, la radio satellite et son siteInternet, un des plus consultés dupays. Elle souhaitait créer d’autreschaînes thématiques – sport, éduca-tion, séries dramatiques, variétés –mais le CRTC, sous la pression du sec-teur privé, s’y est opposé, rappelle M.Tremblay.

Les chaînes généralistes ne survi-vront peut-être pas sous la forme quenous leur connaissons actuellement,mais elles gardent des attraits indé-niables. «La télévision généraliste ra-tisse large et les annonceurs seronttoujours attirés par de larges audi-toires. De plus, la télévision généra-liste, captée librement et sans frais,contribue à la formation de l’opinionpublique en rendant l’information ac-cessible, sans discrimination. Enfin, endiffusant des émissions rassembleuses,comme Tout le monde en parle et Star

Académie, elle permet le partage devaleurs et de symboles collectifs né-cessaires au maintien du lien social»,affirme M. Tremblay.

Toutes ces fonctions, insiste M.Tremblay, ne peuvent être remplies parles chaînes spécialisées dont la multi-plication produit l’atomisation du pu-blic. Ni par Internet qui est surtoututilisé pour les communications inter-personnelles (courriel), la rechercheindividuelle d’informations (consul-tation de sites Web) et l’échange ausein de groupes de discussion •

Gaëtan Tremblay, professeur à l’École des médias.

Claude Gauvreau

Photo : Jean-François Leblanc

Jusqu'au 23 juin, le Mai (Montréal,arts interculturels) présente encollaboration avec le CIAM (Centreinteruniversitaire des artsmédiatique) «Dans la maison deJuana, Habite», une exposition deAlexjandra Manrique.

Née à Bogotá, l'artiste détient unbaccalauréat en arts plastiques del'Université Nationale de Colombie

Alejandra Manrique s'exposeet a récemment terminé sa maîtrise enarts visuels et médiatiques à l'UQAM.

Alexjandra Manrique s'est inspiréede Los cuentos de Juana, de l'écrivainÁlvaro Cepeda Samudio et de sapropre expérience personnelle pourcréer son personnage Juana autourduquel se construit une fictionélaborée à partir de vidéos et dephotographies.

Du mardi au samedi, de 12h à 18h.Visite guidée avec l'artiste : 3 juin à 14h.MAI, 3680, rue Jeanne-Mance, bureau 103.Renseignements : 982-1821www.ciam-arts.org

8 / L’UQAM / le 29 mai 2006

Bourse de 18 000 $ en économie

Patrice Côté, étudiant au program-me de maîtrise en économique, est lerécipiendaire de la bourse de 18 000 $du Groupe d’analyse, conseils en éco-nomie, finance et stratégie. Le boursierse voit aussi offrir deux stages au seindu Groupe d’analyse. La bourse est at-

tribuée chaque année à un étudiant demaîtrise en économique dont les re-cherches portent sur des questionsd’économie appliquée dans un desdomaines suivants : la santé, la phar-macoéconomie, l’organisation indus-trielle ou l’économétrie appliquée.

Dans l’ordre habituel, M. Côté, M.Robert Leonard, directeur du Départe-ment des sciences économiques et M.Pierre-Emmanuel Paradis du Grouped’analyse •

Photo : Michel Giroux

Chicane de clôture canado-américaineAu début de mai, le premier mi-nistre du Québec, Jean Charest, a ral-lié les premiers ministres de l’est duCanada ainsi que les gouverneurs de laNouvelle-Angleterre afin d’accentuer lapression sur Washington pour fairereporter l’entrée en vigueur de la loiaméricaine visant le resserrement desmesures de sécurité transfrontalières.Adoptée en 2004 par le Congrès amé-ricain, la Western Hemisphere Travel

Initiative stipule que tous les voyageursqui arrivent aux États-Unis par avionou par bateau devront détenir un pas-seport ou un autre document autoriséà partir du 1er janvier 2007. Ceux quifranchissent la frontière par la voie ter-restre seront assujettis aux mêmes exi-gences à compter du 1er janvier 2008.Les experts sont unanimes : cette loiaura un impact négatif sur le com-merce et le tourisme. «Ce n’est pas unebonne nouvelle, mais ce n’est pas unecatastrophe non plus», affirme pour sapart Paul Arseneault, chargé de coursau Département d’études urbaines ettouristiques et collaborateur à la Chairede tourisme de l’ESG-UQAM.

Selon le chercheur, les gens de l’in-dustrie touristique ont été pris de pa-nique en pensant que les Américainsne viendraient plus au Canada,puisque seulement un sur trois possè-de un passeport, comparativement àenviron 40% des Canadiens. «Ce sontles villes situées près de la frontière quivont surtout écoper, comme Windsoret Niagara Falls», estime-t-il. Un son-dage mené au mois de mars aux États-Unis a d’ailleurs révélé que le tiers desAméricains vivant près de la frontièrene visiteront pas le Canada s’ils doiventse munir d’un passeport ou d’unecarte d’identité.

À l’heure actuelle, les autoritésaméricaines travaillent à l’élaborationd’une carte d’identité nationale, qui se-rait disponible au coût de 50$US et va-lide pour cinq ans. «C’est une bonnesolution, croit M. Arseneault. Danstous les pays européens, une telle cartefait partie du quotidien.» Il croit que legouvernement canadien en arriveraaussi à cette solution, même si tous lesintervenants ont rejeté l’idée jusqu’àprésent.

Pour la majorité des experts, cettenouvelle loi affectera davantage le tou-risme d’agrément que le tourisme d’af-faires. Même si des rumeurs d’annu-lation de congrès circulent (le Palaisdes congrès, par exemple, prévoit déjàune baisse significative de son acha-landage pour 2007-2008), M. Arse-neault ne croit pas que les mesures desécurité transfrontalières aient grand-

chose à y voir. «Lorsque vous organi-sez un congrès international, ou mêmenord-américain, les gens qui y parti-cipent voyagent avec un passeport, af-firme-t-il. Il y a même beaucoup plusd’avantages à organiser des congrès iciplutôt qu’aux États-Unis, puisque lesparticipants africains ou moyen-orien-taux ont plus de facilité à entrer auCanada, ce qui constitue un souci demoins pour les organisateurs.»

Le véritable problèmeDe récentes études démontrent que lesAméricains choisissent de moins enmoins le Canada comme destinationtouristique, et cela n’a rien à voiravec la nouvelle loi, assure M.Arseneault. La Chaire de tourisme atiré la sonnette d’alarme à ce proposcet hiver, bien avant que ne s’intensi-fie la polémique sur la frontière. «Dansl’industrie, les gens n’avaient pascompris ce qui se passait, explique-t-il. C’est pourtant très simple. Après lesattentats terroristes de 2001, lesAméricains sont demeurés chez euxen état de choc. Le cocooning est de-venu bunkering! Puis, en 2003, il y aeu le SRAS à Toronto et les Américainsont eu peur de venir nous visiter. En2005 par contre, les Américains sont

sortis de leur pays dans la plus forteproportion de leur histoire, mais ils nesont pas revenus au Canada.»

Au cours de la dernière année, laclientèle américaine a chuté de 7% auCanada. Ces chiffres inquiètent,puisque les sommes en jeu sont im-portantes. Selon un rapport du

Conference Board of Canada, paru enfévrier, 87% des visiteurs étrangers auCanada proviennent des États-Unis, etceux-ci génèrent 63% des dépenses ef-fectuées par des touristes étrangers aupays. Les nouvelles mesures fontcraindre une perte de près de deuxmilliards de dollars en retombéestouristiques (l’industrie est évaluée à57,5 milliards de dollars). «Interrogéssur les raisons qui les éloignent duCanada, les Américains répondent :vous êtes gentils et vous êtes des voi-sins sympathiques, mais qu’est-cequ’on irait faire chez vous que l’on nefait pas déjà chez nous?», explique M.Arseneault.

Le recul du tourisme américain sefait également sentir au Québec, où lesdeux tiers des touristes étrangers pro-

viennent des États-Unis. À Montréal,par exemple, ils représentent 25% desvisites touristiques et permettent d’en-granger plus du tiers des recettes tou-ristiques, évaluées à un milliard de dol-lars. «Le seul avantage du Québec,c’est la langue française et nos ra-cines européennes, qui inspirent en-core quelques Américains», soutientM. Arseneault. Mais est-ce suffisantpour contrer la hausse du dollar ca-nadien (nous sommes moins une au-baine qu’autrefois) et le prix du pétrolequi augmente (77% des visiteurs amé-ricains voyagent en automobile)?«Nous devrons vraisemblablement re-doubler d’ardeur pour attirer les tou-ristes américains de ce côté-ci de lafrontière, resserrement des frontièresou pas», conclut-il •

Paul Arseneault, chargé de cours au Département d’études urbaines et touristiqueset collaborateur à la Chaire de tourisme de l’ESG-UQAM.

Pierre-Etienne Caza

Photo : Michel Giroux

La frontière canado-américaine en chiffres• Longueur totale : 8 891 km• De l’océan Atlantique à l’océan Pacifique : 6 416 km• De l’océan Pacifique à l’océan Arctique : 2 475 km• Portion terrestre : 5 061 km• Portion aquatique : 3 830 km• Environ 140 passages frontaliers avec poste de douane• Certains passages sont importants en raison d’une intense circulation com-

merciale et privée. On estime les échanges commerciaux qui transitent parla frontière à environ 2 milliards de dollars par jour.

• D’autres passages sont célèbres pour des raisons touristiques, comme lepont Rainbow, qui relient les deux villes de Niagara Falls, ou le passageentre Douglas (Colombie-Britannique) et Blaine (Washington), où unearche de la paix commémore l’achèvement de la frontière, d’un océan àl’autre.

• Au Québec, les principaux postes frontaliers sont ceux de Lacolle-Champlain (NY), au sud de Montréal, et de Armstrong-Jackman (Maine),au sud-est de la ville de Québec. La frontière entre le Québec et les États-Unis est longue de 813 km.

Source : www.internationalboundarycommission.org

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