ÀL’ASSAUTDESPIRATESDUPONANT

Dumêmeauteur

AuxéditionsduRocher:LeRomandesmarins,2010,PrixTriskell«ArMor»,2011.Àparaître:

Moi,Osmanepiratesomalien(éditionnouvelleaugmentée),avril2012

Chezd’autreséditeurs:Alindien,éditionsLeTélégramme,2006,Prixdel’Académiefrançaise2006,PrixÉricTabarly2006dumeilleurlivredemer,PrixEncredeMarine2006.

Préfetdelamer,éditionsdesÉquateurs,2007,PrixPlacedeFontenoy2008.

Moi,Osmanepiratesomalien,éditionsKoutoubia,2009,Grandprix«Océan»del’AssociationdesÉcrivainsdelanguefrançaise2010.

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duré que quelques minutes. Il est 13 h 15 D dans le golfed’Aden–11h15BàParis–,LePonant estpasséauxmainsdespirates.

1.Mille,oumillemarin,oumillenautique,ounautique:1852mètres.On emploie couramment l’appellationde«nautique».Unnœud=unnautique/heure.2.Contrôlenavalvolontaire : procéduremise enplacedans lazone nord de l’océan Indien par les autorités maritimesfrançaises après les attentats du 11 septembre 2001, dans lecadrelesopérationsdeluttecontreleterrorismemaritime.3.Alindien:acronymedeAmiralcommandantl’océanIndien.4.AIS (Automatic identification system) : système automatiséd’échanges de messages entre navires permettant uneidentificationréciproque.5. Puntland : région nord-est de la Somalie, dont les chefs sesontdéclarésautonomesen1998.6. SSAS : ship security alert system, en français « systèmed’alerte de sécurité du navire ». Le système activé signale auxautoritéscompétentesàterrequelasûretédunavireestmenacéeouaétécompromise.

ChapitreIVendredi4avril

1.CROSS(Centrerégionalopérationneldesurveillanceetdesauvetage)Gris-Nez,11h30B.

Surleshautesfalaisescrayeusesquisurplombentl’entréedudétroitduPasdeCalais,onestloindel’océanIndien.Commesouvent en cette saison, le temps est bouché, alors que desdizainesdenaviressontengagésdanslechenal.Danslasalledeveille, l’ambiance est à la concentration, car le centreopérationnel de surveillance et de sauvetage du cap Gris-Nez,plus connu des navigateurs sous le nomdeCROSSGris-Nez,est chargé de les surveiller, de les informer des risques decollisionetd’organiserlesopérationsdesecoursetdesauvetageencasd’accidentoudenaufrage.Loindespirates.

Pourtant, le chef de quart vient tout juste de recevoir unappel téléphonique de l’officier de sécurité de la compagniemaritime CMA/CGM, à Marseille. L’un de ses navires, LePonant,auraitétévictimed’uneattaquedepiratesdanslegolfed’Aden. La compagnie a reçu lemessage automatique d’alertequelquesminutesauparavant,via lesystèmedecommunicationsatellitaire1. L’officier n’a pas davantage d’éléments et il tentederecouperl’informationavantdelatransmettreàsadirection,car les fausses alertes ne sont pas rares. C’est pourquoi il acontacté Gris-Nez, qui assure aussi pour la France lacentralisationdesalertesémisesparlesnaviresdecommerce.

À peine quelques secondes plus tard, le même messagetombesurlesécransdeveilleduCROSS.Marseilleaétéservieavant Gris-Nez ; curiosité des transmissions ou de la

propagation.C’estdoncétonnammentauxdeuxextrémitésdelaFrancequel’informationarrivecevendredi4avril.

Avantdeladiffuserauxautoritésgouvernementales,commeil en a la responsabilité, le directeur du CROSS,l’administrateurenchefdesaffairesmaritimesPascalSavouret,immédiatement informé par le chef de quart, procède à unnouveau recoupement. Il faut aller vite,mais il ne faut donnerque des informations solides. Savouret connaît bien lesopérations maritimes pour avoir lui-même servi pendantplusieursannéessurdiversbâtimentsdelaflotte.

IlappelleAlindien,quiareçuquelquessecondesauparavantla communication téléphonique directe deMarchesseau. Il n’aplus aucun doute. Il confirme l’information à la compagnieCMA/CGMetinitieàsontourlaprocéduregouvernementaleenprévenantlesecrétairegénéraldelamer.Ilestenviron12h00B;pardiverscircuits,l’informationvaserépandreàParisdanslessphèresmilitairesetgouvernementalescommeunetraînéedepoudre,demêmequ’àMarseilleausiègedelacompagnie.

2.OcéanIndien,àbordduVar,13h20D.

Le Var fait route vers Bombay, en provenance de Diego-Suarez,aunorddeMadagascar,oùilétaitenescaleàl’occasiondesfêtesdePâques.Ilcingleàenviron600nautiquesdescôtesafricaines,entrelaSomalieetlesîlesMaldives,ilest13h20etlamerestbelle.L’heureenserviceàbordestl’heure«D».LemaîtreprincipalDréoassure lapermanenceauPCde l’amiral.Cette période de la journée est plutôt calme. Dréo en profitepourpréparerlebriefingdel’après-midilorsquelasonneriedutéléphonesatelliteretentit.Iln’apasletempsdeparler.«Icilecommandant du Ponant, annonce son correspondant, noussommes attaqués par des pirates dans le golfe d’Aden, voilà

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C’est de nouveau Lozier, son chef d’état-major, qui luiapportelesdernierséléments:l’hélicoptèreOSPREYaretrouvéLePonant ilyamaintenantplusd’uneheure.Lebâtimentsuitdesrouteserratiques,deuxskiffsamarréssurl’arrière.L’hélicoadistingué plusieursmembres de l’équipage assis sur le pont etgardésparlesassaillants.Auretourdel’appareilsurlafrégate,l’exploitationdesphotosapermisdedénombrerdixpiratesenpossession d’au moins un RPG et six AK 47. Du lourd ! LeCharlottetown seraaucontactd’iciuneheureet leBouanuneheure après. En attendant, l’hélicoptère a redécollé vers LePonantetnelelâchepas.Pourlemoment,aucuneliaisonradion’a pu être établie localement avec le voilier, demeurant sourdauxappels.

L’espaced’uneminute,Valinenragedenepasêtreaumilieudesonétat-majorpourdirigerlamanœuvre.Maisiln’estpasdugenreàavoirdesétatsd’âme.C’estd’abordunpragmatique,etil est foncièrement optimiste. Dès que l’amiral Forissier araccompagnésonhôte,Valinl’informedelasituation.Dansuneaffairedecettenature,lechefd’état-majordelamarinen’estpasluimême sur le devant de la scène, mais il a besoin d’êtrerégulièrement renseigné afin de pouvoir se préparer à apporterles soutiensqui s’avéreraientnécessaires si l’affaireprenait del’ampleur.

Levice-amiralGérardValinn’aprissoncommandementquedeuxmoisauparavant,etilmesuresachance,carleposteestàla fois prestigieux et passionnant. La plupart des chefs d’état-majordesarmées,delamarine,desinspecteursgénérauxoudespréfets maritimes des quinze dernières années ont occupé lafonction.GérardValinn’apaséténomméAlindienparhasard.

Il est à l’origine pilote d’avion de patrouillemaritime, il acommandé une flottille d’Atlantique 2, et c’est un expert desopérations aéronavales,mais il est restémarin dans l’âme et a

récemment commandé à la mer une frégate. Depuis plusieursannées,ilaacquisunevasteexpériencedesétats-majorsetdesorganismes centraux où sa puissance de travail est célèbre etredoutée.Danslesdiscussionsinterarmées,GérardValinestuncontradicteur implacable car il connaît les dossiers sur le boutdesdoigts.

Ilne luiapas falludeuxmoispourentrerdans lapeaudupersonnageetilestdéjàfamilierdetouteslesproblématiquesdel’océanIndien,dessubtilitésdelaluttecontreleterrorisme,dela montée en puissance inquiétante de la piraterie, dufoisonnement des relations avec les multiples partenaires. Il anoué des liens chaleureux avec l’amiral américain KevinCosgriff, le patron de la cinquième flotte installé à Bahreïn,incontournabledans la zone.Lesdeuxhommes seconnaissentet s’apprécient, ils se téléphonent régulièrement pour échangerleurs appréciations.Avant de quitter l’état-major de lamarine,Valin l’appelle de son portable sur son numéro personnel. Àcetteheure–ilestalors15h30àBahreïn–,iltrouveCosgriffàsonbureau,maislaconversationestprudentecarlaliaisonn’estpasprotégée.

«BonjourKevin,c’estGérard;jepensequetuesaucourantdecequisepasseaulargedelaSomalie?

–Oui,jesais.–Toutd’abordmercipour leconcoursde laCTF150qui,

comme d’habitude, a fait preuve d’une réactivité et d’unprofessionnalismeremarquables.Tucomprendsbienquejevaisdevoir traiter cette affaire dans un cadre national et donc tereprendre leBouan sous contrôlenational; j’espèrequ’il ne temanquerapastrop.

– Bien sûr Gérard, pas de problème, je comprendsparfaitement. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n’hésitespasàmeledemander;j’aiencemomentpasmaldebâtiments

danslazoneetparticulièrementlegroupeTarawaquin’estpasloin.

–Mercipourtaproposition,Kevin;jesavaisquejepouvaiscompter sur toi, mais pour l’instant je n’ai pas de besoinparticulier,onverrapourlaTarawa, j’enauraipeut-êtrebesoinpoursescapacitésmédicaless’ilyadugrabuge;ilfautquejetequitte;jetetiensaucourantdudéroulementdelasituation.

–AurevoirGérard,boncourageetbonnechance.»Leschosessontainsi très rapidementcaléesentre lesdeux

hommes. Le soutien américain est acquis et les susceptibilitésquipourraientsurvenirsontanticipées.Au-delàdesdivergencespolitiques entre les deux États dans les affaires du Moyen-Orient,notamment sur laquestionde l’Irak, les relationsentrelesdeuxmarinessontexcellentesetconfiantes.Danslescoupsdurs,ellessaventqu’ellespeuventcompterl’unesurl’autre.LesAméricains gardent vivement en mémoire l’aide rapide etefficacedesFrançaisaprèsl’attaquedeleurfrégateUSS11Coledans le port d’Aden, le 12 octobre 2000, ainsi que lacoopération immédiatement montée en mer Rouge et dans legolfe arabo-persique au lendemain des attentats du 11septembre.

Valin rappelleLozierpour l’informerde son contact directavecCosgriff;ilsouhaiteégalementfairelepointdesdirectivesàdonner auBouan. Il neveutpas laisser ses commandants aucœurdel’actionsanslignedeconduite.Laviedesotagesestlaprioritéetaucuneactionpouvantmettre leurvieen jeunedoitêtreentreprisedanslesheuresquiviennent.Iln’apasdedouteque cette attitude est la plus appropriée tant qu’une analysepolitiquen’estpasmenéeparlesautoritésgouvernementales.

Il raccroche pour laisser Lozier conduire localement lesopérationsavecleBouanetlesautresnavires,enrelationavecle

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siège de la compagnie CMA/CGM, que les pirates vontcertainement contacter sans délais pour transmettre leursexigences.

Faviersaitd’expériencequ’unepartieimportantevasejoueraussilà-bas.

LevéhiculefaitletourdelaplacedesInvalidesets’engagedans la rue Saint-Dominique pour pénétrer dans la cour del’état-majordesarmées.Ilest14heures.

13.OcéanIndien,milieud’après-midi17.

L’A.n’estpasunbateauordinaire.Sil’équipagedeconduitefaitpartiede lamarinenationale,« les autres» relèventd’unemaison plus discrète qui n’a pas son siège rue Royale, maisboulevardMortierdansleXXearrondissement,laDGSE.

L’A. est un navire récent, de bonne taille, qu’on voitrarementdans lesportsousur lescôtes françaises.Sonchampd’action est en général au loin, là où la France a besoind’obtenir discrètement des informations ou d’agir dans le plusgrandsecretpourprotégersesintérêtsousesressortissants.

Le bâtiment est mentionné dans le très sérieuxFlottes decombat,autitredenaviredel’État,maisilyapeudedétailssursescaractéristiques.Tout juste sait-onqu’il estpeintenblanc,qu’ilportedenombreusesantennes,disposed’unhélicoptèreetde pas mal d’autres installations que personne n’a jamaisvisitées.

Le 4 avril dans l’après-midi, l’A., qui navigue depuis uncertain temps dans l’océan Indien, reçoit l’ordre de faire routeverslaSomalie.Iln’enestpastrèséloigné.

14.Paris,état-majordesarmées,15h00B.

HubertdeBrémondd’Arsactivesonmonde.Ildistribuelestâches à la petite équipe de soldats et de sous-officiers que lechef du quartier général, chargé du soutien au CPCO, lui afournie en urgence. Plantons, secrétaires, transmetteurs, il abesoindebraspouraménageret installer lasalledecrisedansles meilleurs délais. Dans cet univers de pénombre où semélangentlesodeursd’électroniqueetlesbruitsdeventilation,il n’est pas dépaysé. Les coursives éclairées de lumièreartificielle, lescouleurs jauneorangé,grisoumarronducentralrappellentétrangementlesentraillesd’unnavire.Ilyamêmedesposterspourtenterd’égayerl’atmosphère.Ilnemanquequeleskilomètres de tuyau, les vannes, lesmanettes et les nappes decâble suspendues à leur treillis métallique pour se sentirvraiment à bord. Ici, elles sont dissimulées dans les fauxplafonds.

Ilmanqueaussileroulis…Au sein dudispositif de conduite des opérations de l’état-

majordesarmées, lecapitainedevaisseauHubertdeBrémondd’Ars occupe les fonctions de « conseiller mer » de l’amiralTeule,chefduCPCO.Iln’estpasdirectementimpliqué,commesoncamaradeIsnard,dansla«cuisine»desopérations,etcettesituationenamont luidonne le reculnécessairepour réfléchir,organiser, suggérer et anticiper. Brémond d’Ars est unpragmatique, rodé aux opérations maritimes, aux questionsinterarmées et aux relations internationales.Avec Isnard, il estaussi l’undes rares officiers duCPCOà avoir une expériencedesaffairesdepiraterie.

Aucoursdel’année2007,Brémondd’Arss’estvuconfierlemontagede l’opérationdeprotectiondescargosduprogrammealimentairemondial (PAM) contre les attaques des pirates. Ceprogramme a été mis en place par l’ONU pour ravitailler lespopulations démunies et affamées du Sud de la Somalie,

victimes des exactions, de la guerre des clans et des faminesorganisées. Plusieurs de ces cargos transportant des tonnes devivresversMogadisciooulesportsduSuddelaSomalieontétéattaquésetleurséquipagesprisenotageaucoursdeleurtransitdepuisDjibouti,à travers legolfed’Adenou le longdescôtessomaliennes.

En relation avec le ministère des Affaires étrangères, avecson compère le diplomate Thierry Caboche, et en coopérationétroite avec notre ambassade à Nairobi, plaque tournante deséchanges politiques et diplomatiques avec les différentesautorités ou factions somaliennes, Brémond d’Ars a monté cequiallaitdevenirl’opération«Alcyon».

Le 25 septembre 2007, le président Sarkozy a ainsi puannoncer à la tribune de l’ONU que la France assurerait lasécuritédescargosduPAMàpartirdu1ernovembre.Uncadrejuridique négocié avec les représentants du Gouvernementfédéral de transition somalien, le GFT du président Yusuf,déclinait des différents aspects d’une éventuelle intervention,notamment l’entrée des bâtiments de la marine dans les eauxterritoriales somaliennes ainsi que la question d’éventuelsprisonniers. À travers un échange de lettres, nos représentantsavaientobtenudeYusufquelesprisonniersremisparlaFranceauxautoritéssomaliennesnesubissentaucunmauvaistraitementet ne soient en aucun cas condamnés à la peine de mort. LaFranceavaitbesoindecesgarantiespourêtreenaccordaveclesprescriptionsinternationalesrelativesauxdroitsdel’homme.

Ainsi, dès la fin 2007, les militaires et les diplomatesfrançais – les premiers dans lemonde occidental – avaient-ilsdans leur escarcelle des dispositifs pour traiter des affaires depiraterie.Brémondd’Arsenétait,pourlaDéfense, leprincipalacteur.

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Appartenant à la flottille 21 F basée à Nîmes-Garons,ULYSSECHARLIEestprésentàDjiboutidepuisledébutmars.Sonséjour,prévupourunequarantainedejours,estsurlepointdes’achever.UnéquipagevenantcettefoisdelabasebretonnedeLann-Bihouéavecunnouvelaviondoitassurerlarelève.

Depuis le début de l’opération antiterroriste « EnduringFreedom»,lancéeaprèslesattentatsdu11septembre2001,lesavions de l’aéronavale française assurent régulièrement desmissionsdesurveillancedutraficmaritimedanslegolfed’Adenet le long des côtes de Somalie. En coopération avec lesfrégates, ils pistent les navires suspectés de transporter desarmesoud’autrescargaisonsillicites.C’estaucoursdel’unedeces patrouilles en janvier 2002 que l’un d’entre eux avaitdécouvert le petit cargo syrienPrincess Sarah aux mains despirates et donné l’alerte. Alindien avait alors pu monter uneopération pour libérer l’équipage, première intervention de lamarinefrançaisecontrelespirates,sixansauparavant.

Conçus principalement pour la lutte anti-sous-marine et laprotection des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, lesAtlantiquesesontrévélésaufildesannéesdevéritablesfrégatesdu ciel, capables de remplir, au-dessus de la mer comme au-dessusde la terreetsingulièrementdans leszonesdésertiques,les missions les plus variées. Ainsi sont-ils régulièrementdéployés en Afrique, à partir de Dakar ou de Ndjamena poursurveiller les vastes espaces, servir de PC volant pour desopérations terrestres, ou guider les avions de chasse sur leursobjectifs. Depuis plusieurs mois, Alindien leur ordonne desreconnaissances de la côte somalienne pour repérer lesdifférentesimplantationsdescampsdepirates.

Tandis que l’après-midi avance, que les pilotes du 4/33s’affairent toujours autour de leurs cartes, le chef de bordd’ULYSSE CHARLIE reçoit un nouvel appel d’Alindien

indiquant que Le Ponant a été repositionné par les bateauxprésents sur zone, que lamission prévue pour ce jour devientsans objet, mais qu’il faut de nouveau se préparer pour undécollage au petit matin, confirmation en sera donnée dans lanuit,avecdesdirectivescomplémentaires.

19.Golfed’Aden,àbordduCommandantBouan,20h00E.

La nuit est complètement noire, pas le moindre rayon delune.Leventrestemodéré.LeBouans’estrapprochéduPonantd’abord jusqu’à 8 nautiques (environ 15 000 mètres) puisprudemment jusqu’à3,5, sans feux.Levoilier est parfaitementvisible,carilagardétoutsonéclairagedepontetl’illuminationdesmâts.Aveclesrefletsquiscintillentsurlamer,ilestcommeune boule lumineuse, entourée d’un halo. Les veilleurs duBouan le suivent en permanence, et son commandant, qui n’apasquittélapasserelle,yjettefréquemmentunregardàtraversses jumelles, mais à cette distance, il est trop éloigné pour ydistinguerunequelconqueactivité.LePonantfaitrouteversleseauxsomaliennesà9nœuds.Engardantcecapetcetteallure,ildevraitypénétrerenmilieudenuit.S’ilfaut intervenirdeviveforce, il n’y a plus que quelques heures. Chacun à bord duBouan en a conscience, Couble a informé son équipage sansdétour de toutes les éventualités et la tension est palpable,mélanged’inquiétudedevant l’inconnu,maisaussi fiertéd’êtrelà,enpremière lignefaceauxpiratespour tenterdesauverdesmarins,descompatriotesretenusenotage.

La nuit est silencieuse.On n’entend pas un bruit, juste leronronnement des moteurs diesels, et à mi-voix lescommandementsetlescomptesrendus.L’abridenavigationestdans la pénombre, à peine éclairé par lesmodestes lumignonsrouges des cadrans réglés à l’intensité minimum et les reflets

jaune-orangé des écrans radar. L’écho du Ponant surbrille àchaquetourd’antenne.Lesmarinsseconcentrentsurleurtâche.Lespiratessontàportéedemain,àportéedecanon…

Couble retourne lesmotsqu’il a entendusdans sa tête ; ilfaut les surprendre, lui a-t-on précisé au cours d’un nouvelappel. Il a fait le nécessaire, avec les moyens du bord. Lesartilleurs ont peaufiné les derniers réglages. De son côté, leboscoa longéles700mètresd’aussièressur laplagearrièreetpréparédesflotteursenboisaveclecharpentier.Ilestassisavecseshommessurunstockdeboutsetdefiletsextraitsdufonddelasoute,qu’ilal’intentiondejeteràl’eau,mailléssurleslignespour densifier le barrage afin demieux casser les hélices si ladécision en est prise. Couteau en pendant au côté dans leurfourreau de cuir, épissoir22 à portée de main, les quatremanœuvrierspréparentlesestropes23.

Commepourunepartiedepêche.Desoncôté,aucarré,lemédecin-chefCabalzouapoursuivi

les aménagements avec son infirmier pour transformer la pièceen hôpital de campagne. Il a l’habitude. Heureusement il faitbeau, simplement unpeude roulismais sur l’aviso, coutumierdesmouvementsplusbrutaux,personnenefaitattention.

Les autres bâtiments alentour ont maintenant rallié leurposteenécran,selonlesdirectivesdeCouble,suffisammentloinpourquelespiratesnesedoutentderien.L’USSTarawa,l’USSBulkeley et leHMCS Charlottetown sont à une quinzaine denautiques. Deux bâtiments de la TF 58 américaine, l’USSGermantownetl’USSCleveland,détachésetplacésensoutienassocié, se maintiennent à distance. Le Bouan assure lesfonctionsd’«onscenecommander»ou«commandantdulieude l’action ».Couble se trouve à la tête d’une armada, jamaisréuniesouslesordresd’unsimpleaviso.

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des pirates et disposer d’informations fraîches pour desopérationsultérieures,maisriendesuspectn’éveillel’attentiondel’équipage.Enreprenantladirectiondunordpourcontournerle capGardafui, il aperçoit encore l’USSTarawa, toujours ensoutiendanslesparages,ainsiquelafrégatecanadienneHMSCCharlottetown. Le contact est établi au passage avec les deuxnavires, et les échanges, comme toujours entre les marinsengagés loin de chez eux dans des opérations délicates, sontchaleureux.

Ilest11h30localelorsqueULYSSECHARLIEseprésenteàl’atterrissageaprèsuntransitsanshistoiresur laborduresuddugolfed’AdenaucoursduquelonaaperçuBossasso,Berbera,puisauloinlapetitevilled’Arguesha,prochedelafrontière.Ilyaplusdehuitheuresquel’avionaquittéDjibouti.

Les hommes de l’équipage sont fatigués, mais la missionn’estpasterminée.Aussitôtl’avionposéetgaréauparking,ilssehâtentde le rangeravantdegagner le«shelter»,unesorted’Algeco aménagé qui leur sert de PC, afin de procéder audébriefing,derédigerlescomptesrendus,d’habillerdesphotos,etdetransmettrel’ensembledesdocuments.Ilsrejoignentenfinlemesspourdéjeuner.

Dès qu’ils les voient entrer dans la salle à manger, lesaviateurs du 4/33 déjà installés à table se précipitent pourdemanderdesnouvelles.Ilsveulentdesdétails.Deleurcôté,lespilotes de Mirage sont toujours en alerte. Une interventionmusclée est pour le moment toujours écartée, leur a dit legénéral Lefort lui-même au briefing de la matinée, mais lasituationpeutévoluerbrutalementetilsveulentencoreycroire.

Tandisque les conversations seprolongent, les techniciensdu détachement qui ont pris le relais des volants auscultentl’avion, car une visite attentive est de règle après chaquemission.Levols’estdéroulésansennuitechnique,etl’équipage

n’asignaléaucunincident,pourtantlesmécaniciensdécouvrentuneanomalieàl’entréed’airdumoteurdroit,dueàunmauvaisfonctionnement du système d’antigivrage. Le chef dudétachementest immédiatementprévenu.Ilapparaîtrapidementque l’avarie nécessite des pièces de rechange qu’il faut faireparvenirdemétropole.L’avionestimmobiliséausol.

Tandisquelesquatorzehommesontregagnéleursquartierspour dormir, la décision de détacher un deuxième aéronef estprise l’après-midimêmepar l’état-major de lamarine après denombreux échanges entre le chef du détachement et lecommandement de l’aéronavale. L’état-major des arméesapprouve. Ce nouvel avion pourra convoyer les pièces et saprésencecontribueraàrenforcerledispositifautourduPonant,permettantunvolquotidien.Ilpourraitêtrelàdèslundi.

Maisdemain,quellequesoitlasuitedesévénements,iln’yaurapasdevol.

22.ÀbordduBouan,findematinée.

PourCouble,commepoursesmarins,l’opération«Tarpon»a été longue et délicate,mais les dix-huit hommes d’Arta, lescolis et les deuxvedettesFutura ont été récupérés sans casse.L’avisoestpleincommeunœufetonseserrepour fairede laplaceauxnouveauxvenus. Ilsnesontd’ailleurspasexigeants,ilsontl’habitudedesinstallationsrudimentaires.

Pourl’heure,leBouanfileàbonnevitessepourrejoindreLePonant,qu’ULYSSECHARLIE leuradenouveauconfié.Cetteallure vive convient bien à la mécanique, car après plusieursheures de manœuvres à faible vitesse, les moteurs ont besoind’unsolidedécrassage.Cen’estpas lemomentde risqueruneavarie.Ilaétéindispensablederéglerlaquestiondespoubellesquis’accumulaientdepuisplusieursjoursplagearrière,plusde

10 m3, et se résoudre à immerger les sacs qu’on rapported’habitudejusqu’àl’escalepourlesdéposeràterre.Impossiblecette fois-ci. Les cuisiniers les ont lestés avec des gueuses, ettout a été filé dans le sillage. Les paquets ont rapidementdisparu.

CoubleestrassurédepuisqueleCPCOl’ainforméqu’uneinterventionmuscléesurLePonant n’était plus d’actualité.Lecoup de fil est parvenu à 23 h 00 E, puis les choses se sontprécisées au cours de la nuit tandis que l’officier en secondassurait lasuppléanceetqu’ilpouvaitprendrequelquesheuresde repos. Juste avant 1 h 00 E, le Bouan était repris souscommandementnational et recevait l’autorisationd’entrerdansleseauxterritoriales,tandisqueladirective«Tarpon»tombaità4h30E.

Quelquesheuresàpeinepourpréparerlebateau…Personneà bord n’avait pratiqué une telle opération, sauf à s’y êtreentraînédanslapériodedemiseenconditionopérationnelle,etde nouveau avec le concours des Forces françaises à Djibouti(FFDj) lors de l’arrivée dans les parages. Seul le capitained’armes avait plusieurs expériences, mais du côté descommandos.

Latentationestdetropseprécipiteralorsquelapatienceestde mise pour ramasser individuellement chaque homme etchaquecolis.

Coubleestsatisfait : touts’estbienpassémalgrélalongueséquence.Heureusement,leC160etl’Atlantiqueensurveillanceavaient suffisamment de potentiels pour tourner dans le cielpendantlesopérationsderamassage.Sonsoucirestemaintenantceluiduniveaudesessoutesàgazolepuisqu’iln’estplusqu’à18 % de réserves. C’est un seuil anormalement bas pour unbâtiment de surface qui doit faire en sorte de ne jamais

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LecommandantBléjeanafaitpousserlesfeux,etlaJeannefile à 15 nœuds vers le nord. Ce n’est pas une vitesseconsidérable, mais pour un bateau lancé quarante-sept ansauparavantetquin’apascessédenaviguerdepuissurtouteslesmersdumonde,c’estuneallurehonorable.

Laveille, unedépêchede l’AFPparvenue à bord endébutd’après-midiaannoncélaprised’otagesduPonant lelongdescôtesdelaSomalie.BléjeanatoutdesuitepenséquelaJeannepouvaittenirsonrôledanscetteaffaire.

Il connaît bien les opérations piraterie puisque, avant deprendresoncommandement,ilaétéleprédécesseurd’IsnardauCPCO.Ilasuivil’inquiétantdéveloppementduphénomènelesdeuxannéespassées,etnotamment l’attaqueduDanicaWhite.Avant l’intervention des Français5, les Américains avaient tirésurlesskiffsàlaremorqueducargopourtenterdel’empêcherde se diriger vers la côte somalienne,mais sans aucun succès.CetéchecavaitcontribuéàdonnerconfianceauxpiratesquienontcertainementdéduitquelesOccidentauxfaisaientbeaucoupdebruit,maispasd’actionssérieuses.

PeuavantdequitterleCPCOpourlecommandementdelaJeanne, Bléjean avait proposé l’organisation d’une réunioninterministérielle au secrétariat général de la mer afin desensibiliserlesdifférentsministèresàlamontéeenpuissancedelapiraterieetauxdangersqu’ellereprésentepourlanavigation.Sans grand succès d’ailleurs, puisque aucun bâtiment françaisn’avaitencoreétéimpliqué.

IlestimemaintenantquelespiratesvontconduireLePonantvers l’undescampsoù ilsont l’habitudede retenir lesnavirespendant les négociations et il fait infléchir la route vers cettezone.À15nœuds,laJeannepourraityêtredanslajournéedu7avril.

Leporte-hélicoptères aquittéBrest le15décembre et doitrentrer début juin pour un dernier carénage, avant d’entamer àl’automne 2008 son ultime campagne. Depuis cinq mois, il amené sa mission de formation des officiers-élèves d’abord enAtlantique, avant de rejoindre l’océan Indien par le cap deBonne-Espérance ; il poursuivra vers la Méditerranée via lecanaldeSuez.

Souventaucoursdesalonguecarrièrelebateaus’esttrouvéengagé dans des opérations lointaines de nature militaire, desinterventionshumanitairesoudessauvetages,auxquellesilapuapporterunecontributionsignificativegrâceàseshélicoptères,seséquipements,sestechniciens,sesmédecinsousacapacitédecommandement. Il a mené dans les dernières années denombreusesactionscontrelenarcotraficetsoninterventiontrèsrapide en Indonésie lors du tsunami de décembre 2004 amanifestéavecéclatetefficacitélasolidaritédelaFrance.

La Jeanne a l’habitude des situations mouvantes ou peuordinaires.La semaineprécédente, sonpassagede24heures àMayotte,prévule29marsdansleprogrammeinitial,acoïncidéavecdesévénementssensiblesauxComores:elles’esttrouvéesurplace,aumomentoùuneforcecomoriennesoutenuepardesélémentsdel’Unionafricainereprenaitl’îlevoisined’Anjouan,nouvel avatar d’une situation chaotique et souvent sanglantedepuis l’indépendance, marquée par une vingtaine de coupsd’ÉtatetlesépisodesrocambolesquesdeBobDenardetdesesmercenaires.

LafuiteversMayotteduprésidentautoproclaméd’Anjouan,M.Bakar,etsademandebienembarrassantederefugepolitiqueavaientcréédevivespolémiquesetunressentimentantifrançaisaussi bien aux Comores que sur Mayotte, au sein d’uneimportante population le plus souvent clandestine originaired’Anjouan. La Jeanne s’est alors préparée à toutes les

éventualités,ycomprisuneévacuationderessortissantsfrançaissurl’uneoul’autredesîlescomoriennes.

Latensions’estfinalementapaisée,laprésencedelaJeanney a notablement contribué et elle a passé quelques heures aumouillage pour accueillir M. Yves Jégo, nouveau secrétaired’État à l’Outre-Mer, qui effectuait son premier déplacementdans ce contexte agité. Elle a rejoint ensuite Antsiranana, lafameuseDiego-Suarezquiagardétoutsoncœurpourlesmarinsfrançais. L’accueil comme toujours y a été exceptionnellementchaleureux et les jeunes marins ont compris l’engouement deleurs ancienspour cette terre accueillante et francophile.C’estaumomentoùlaJeanne franchissait lespassesque ladépêchedel’AFPesttombée,immédiatementportéeaucommandant.

Bléjeann’apasbeaucouphésité.Ilnefautquetroisjoursàla Jeanne pour rejoindre les côtes de la Somalie. Il sait queplusieursunitésfrançaisesappartenantàlaTF150ouengagéesdans d’autres opérations aux côtés de nos alliés ou amis sontprésentesdans lenordde l’océan Indienetqu’ellespourraientintervenir,maisilsaitaussiquelaJeannedisposedenombreuxatouts complémentaires qui seraient utiles si une opération deviveforceétaitenvisagéeouserévélaitnécessaireencasdemiseendangerdelaviedesotages.

Ilaaussitôtréunisescommandantsadjointspourleurfairepart de la situation, s’est assuré que le chef mécanicien, lecapitainedefrégateLegay,n’avaitpasdepréoccupationmajeureavecsamachine,etaordonnédemodifierlaroutedequelquesdegrésversl’est.Sil’affairedevaitsedégonflerdanslesvingt-quatre heures, il serait toujours temps de repartir vers l’ouestpourrejoindreleGeorgesLeyguesàsonappareillagedeDaresSalametreprendreleprogrammedeformationetd’entraînementen sa compagnie. À ce moment, Bléjean n’a pas estimé utiled’informer l’équipage de ces modifications. Il sait que les

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SurleVar,commesurleBouan,lesdispositionssontprisespour le ravitaillement à la mer. À bord du pétrolier, le PCcargaison est armé, les portiques disposés et les palettes devivresalignées,prêtesàêtre roulées sous lecâble, aupointdetransfert. LeBouan quitte sa faction à proximité du voilier etrejoint le Var. C’est l’affaire d’une dizaine de minutes.L’Alouette qui vient de décoller de la plateforme arrière dupétroliervaprendrelerelaisdel’avisopoursurveillerlevoilier.

Les deux navires sont maintenant en route parallèle à 30mètres de distance. Coup de sifflet, fusil lance-amarres,mouvements de pavillons. Le gréement de transfert est passé,puis la manche de gazole qui s’emboîte avec le cliccaractéristiquedanslecôneréceptacle…Routine.

Laséquenceestbienrodée.Elleduremoinsd’uneheure.LeBouan est maintenant au plein complet, avec 15 jourssupplémentaires de vivres. Couble va pouvoir souffler. Lozierl’aperçoitsursonaileron,surveillantlafindelamanœuvre.Lesdeuxofficierséchangentunsigneamicaldelamainaumomentoù les bateaux se séparent dans une gerbe d’écume. Coup desirène.

Pendant toute l’opération, l’Alouette a tourné autour duPonant. Elle s’en est même rapprochée au maximum sansconstaterdegesteshostilesoudemanipulationd’armes,commeavait pu le faire l’Atlantique la veille. Peut-être les piratess’habituent-ils à la présence des unités françaises. Le piloteconfirme la présence des filles que les veilleurs du Bouanavaient identifiéesen find’aprèsmidiet faitunebellemoissondephotos,lespremièresprisesparunhélicoptèrefrançaisaprèscelles de l’OSPREY duCharlottetown et les films d’ULYSSECHARLIE.

Aussitôt parvenues à bord, une fois l’hélicoptère posé, lescassettessontconfiéesàlacellulederenseignementd’Alindien.

Cettemodeste équipe placée sous la direction du capitaine decorvette Xavier Aillaud comprend aussi le capitaine Gautier-Boutoille, de l’armée de l’air, et le maître Gaëlle Rollet,interprètephoto.C’estellequipréparelesbriefingsquotidiensprésentés à l’amiral ; les données finement analysées sontensuite transmises à Paris à l’état-major des armées pour legénéral Georgelin. Complétées et enrichies des interceptionsradioélectriques, elles permettent de réaliser une imagesignificative de la situation, également acheminée vers lescellulesdecrisedel’EMAetàl’Élysée.

Le Bouan a maintenant regagné sa station à quelquesnautiquesduvoilier.Lozier est toujours à lapasserelleduVaravec le commandant. Ils évoquent l’arrivée de l’amiral Gillierprévue pour le lendemain matin et son installation à bord.L’avion doit décoller de Djibouti dans la nuit pour unparachutageauxpremièreslueursdel’aube.

Lemaître d’hôtel amonté du café. Lozier tient sa tasse etremue la cuillère en prenant son temps. Un rayon de soleililluminel’élégantecafetièreàmanched’ébèneàtraverslesvitresde l’abri. Mais les deux officiers n’ont guère le temps desavourerlabeautédel’instant.

Ils sont silencieux, chacun dans ses pensées. Lozier estsatisfait de sa petite équipe. Depuis le début de l’affaire, elletient le coup. Voilà maintenant plus de neuf mois qu’elle estconstituéeautourdeluietqu’elleaétésoumiseàrudeépreuve,car les opérations se sont enchaînées sans guère de répit.Uneexpérienceexigeante– ils sont tous làpourunan,une longueannéeloindesleurs–maisd’unerichesseexceptionnelle.Dansla coursive état-major où lui-même est installé, l’ambiance estchaleureuse.Unevraiebande.Entremarins,terriensetaviateurs,lagreffeapris.Lesterriensetautresaéronautessesontadaptésàcetteexistenceétrangedesmarins,oùlelieudetravailesten

même temps lieu de vie, en permanence sous tension, souventchahutée par la houle ou les vagues. La chambre est aussibureau,parfoismêmesallederéunion.Loindeleurfamilleetdeleurs amis, lesofficiers,officiersmariniers et sous-officiersdel’état-majorsontlàvingt-quatreheuressurvingt-quatre,toujoursdisponibles,lestrajetsnedépassentpasquelquesmètres.

Lozierdesoncôtén’aguèreeudemalàs’adapter.Pourunsous-marinierhabituéà lapromiscuité, leVar faitplutôt figuredepalace.

Le Ponant qu’on suit toujours au radar n’est qu’à 2nautiques du fameux Ras-el-Cheil et il continue sa route. Cen’est donc pas là qu’il embarquera un interprète, maisprobablementplusausud.

29.Paris,palaisdel’Élysée.

Personne ne sait précisément ce qui se passe lors de laréunion tenueà l’Élyséedimanche6avrildans la journée.Lesdélibérations, comme c’est l’usage autour du président de laRépublique, sont secrètes. Les archives, le moment venu,témoignerontpourl’histoire,carceséchangesdonnenttoujourslieuàuncompterendu.Onconstatesimplementquecetépisodesera déterminant pour la conduite de la crise des otages duPonant.

Seloncertainséchos,laréuniondevaitavoirpourobjetuneautre affaire d’otages puisqu’elle doit traiter du sort d’IngridBetancourt toujours retenue par les Farc dans la junglecolombienne.Depuisplusieursannées,laFrances’estbeaucoupimpliquéedanslalibérationd’IngridBetancourt,quijouitdansnotre pays d’une grande notoriété ; ses enfants et son premiermari sont de nationalité française et elle-même a souvent

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Flepp.Puislepilote:«Esterelenavantlente.»LeSirocoappareille.Tout juste rentré d’une tournée en Méditerranée orientale

qui l’a mené jusqu’en Libye, le Siroco est de nouveau sur labrèche.Weekend,biensûr,vacancesdePâques,biensûr…Lesmarinsont l’habitude.Lecapitained’armesa fait lenécessairepour récupérer les deux cent cinquante hommes et femmes del’équipage dispersés depuis vendredi. Ravitaillement desrechanges, des vivres, lots aéronautiques, antenne médicale etchirurgicalerenforcée,matériellourdpourlescommandosetlesforcesspéciales.Dequoitenirplusieurssemaines,carleschosespeuventdurer.

Le commandant de la force d’action navale, le vice-amirald’escadrePhilippeSautter,grandpatrondelaflottedesurface,adonnésesdirectivessamedimatinaprèsanalysedelasituationavecsonétat-major toulonnais.LaJeanned’Arcnepourrapasprolonger exagérément son séjour en océan Indien. Elle doitpoursuivre sa mission de formation des officiers-élèves. Elledispose en outre d’un équipage nombreux qu’il est inutile demobiliser longtemps encore après cinqmois demer si la prised’otages s’éternise. Certaines ont traîné pendant plus de cinqmois.

Sans attendre, les dispositions sont prises à Toulon pourpermettrel’appareillageduSirocoauplusvite.L’état-majordesarméesvalidel’optionetladécisionestconfirméedimanche.

LeSiroco,commesonsister-shiplaFoudre,estadaptéàlamission.Grandbâtimentamphibiecapabledemettreenœuvreàlafoisdeshélicoptères–delamarine,del’arméedeterreoudel’arméedel’air–grâceàsonlongpontd’envol,etdesenginsdedébarquement à partir du radier immergeable qui ouvredirectement sur la mer par sa porte arrière, le Siroco disposeaussidevastesinstallationsdecommandementpourdirigerune

opération interarmées, et d’un hôpital de 500 m2 avec blocsopératoires et salle de traitement des grands brûlés. Il peutembarquercinqcentssoldatsavecvéhiculesetleurétat-major.Ilaunegrandeautonomieetpeuttenirplusieurssemainesaulargesansmobiliserderavitailleur.

Le commandant, casquette vissée sur le crâne, est accoudéau pavois sur l’aileron de passerelle. Il surveille d’un œil lamanœuvredel’Esterelquitiremaintenantdetoutesapuissancecar le vent s’est déjà levé, de l’autre le plan d’eau où il vas’éviterpourmettrecapverslespasses.MartinFleppn’estpasmécontentdecetappareillage inopinévers l’océanIndien.Unemission claire et concrète qui plaît à sesmarins. Ils n’ont pasménagéleurseffortspourembarquerlematérieletredisposerlenavire au cours du week-end. Sauver des collègues d’unemauvaisepasse,unebelleaventure!

Lui-mêmeestàsonaffairepourunetelleopération.Iladéjàcommandé plusieurs bâtiments, mais il est aussi nageur decombat. Il a passé deux années chez les Seals1, les fameusesforcesspécialesdel’USNavy,commandélecommandoHubertetsecondéGillierenAfghanistan.Ilestdusérail…

Aussi, Flepp est satisfait d’avoir pu embarquer un SuperFrelon de la flottille 33 F dans les flancs du Siroco. Unepremière depuis longtemps. Cet antique hélicoptère, que lesmécaniciens d’aéronautique de la marine s’acharnent encore àfaire voler malgré les années, a de belles capacités pour desopérationsdecontre-terrorismemaritime,etleséquipagesdela33Fy sont spécialemententraînés ;onne faitguèremieux. Ilpourra être utile pour diriger l’assaut d’un dispositif plutôthétéroclitedePuma,d’AlouetteetdePanther.

Unpeuenretrait,soucieuxdenepasgênerlamanœuvreetles marins qui s’activent sur la passerelle, BouzidMessili ne

manque rien du spectacle de l’appareillage. Une expériencenouvellepourlui.Seulsoninsignedecasquetteledistinguedesautresmembres de l’équipage. Jamais un aumôniermusulman2n’avaitembarquépourunemissionopérationnelle.

LecommandantFlepparencontréBouzidMessili,aumônierrégionalde lamarine,quelquesmoisauparavantet l’asollicitépour l’aideràdénouerdes situationsdifficilesentre les jeunesmarins musulmans de son équipage. Ils sont une vingtaine àbord. Les deux hommes ont sympathisé. Bouzid Messili, quiconserve parallèlement des fonctions d’imam dans la régionlyonnaise, y a laissé sa femme et ses trois enfants : il estcélibatairegéographiqueàToulonetMartinFleppluiaproposéd’embarquer. Le Siroco est sous bonne garde puisque le pèreCharolais,aumôniercatholique,estaussiduvoyage.

Avec le passage du canal de Suez, la descente de la merRouge et une rapide escale à Djibouti, il faut compter unedizainedejoursdetransitpourrejoindrelethéâtred’opérations.Là-bas,leSirocoembarqueral’état-majordel’amiralGillier,lesgendarmes et les commandos, et on pourra libérer les autresbâtiments.

Lelourdnaviresedégageduquaidansunbrassementd’eauet de vase, s’évite avec l’aide des remorqueurs, franchit lespassesetmetlecapausud-estendirectiondel’Orient.

1.Seals:«Sea,airandland»(«mer,airetterre»).Fameusesunités spéciales de la marine américaine créées pendant laSeconde Guerre mondiale. Elles sont employées dans lesopérations de reconnaissance, de préparation de terrain avantdébarquement, de contre-terrorisme, de capture de chef deguerre,outouteautreformedeguerrenonconventionnelle.

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sur leur corde, tandis qu’un homme s’approche avec un seaupour traire. Les pirates ont conservé leurs habitudes… Lanouvelle se répand sur les ondes, relâchantmomentanément latensionquis’estrenforcéedepuislenaufrage.

Dansleslocauxdel’état-majorquioccupentlapartiehauteduchâteau,souslapasserelle,l’amiralGillier,désormaisauplusprès du lieude l’action tant que leJeanBart n’a pas rallié, aprissesmarques.Lesofficiersd’Alindien luiprêtentvolontiersleur concours. Le colonel de Medlege, J55 de l’état-major etmarsouin6,trèsàsonaiseparmilesmarins,mettoutsonsavoir-faire dans l’élaboration des différents plans, tandis que lecommissaireenchefLogetteapportesonexpertisejuridiquede«legaladvisor»7,tantlesaspectslégauxsontimportantsdansune opération de cette nature, conduite avec des moyensmilitaires,maisdanslerespectdesprocéduresnationalescommedes conventions internationales.LaFrance n’est pas en guerrecontre la Somalie, et les preneurs d’otages sont des civils.Toutes les actions envisagées doivent l’être en se conformantscrupuleusementauxrèglesdudroit.Logetteveilleaugrain.

Comme il fallait s’y attendre, la demande des médias estsoutenue. La modeste cellule de communication d’Alindien,fautedeplace–ellenedisposemêmepasd’unlocalenpropre–, est fortement sollicitée : détails opérationnels, interviews,images…Aucunjournalisten’estembarquéàbordduVarnisurlesautresbâtimentsde la force,etpourcause, tous lesnaviresengagésarriventdirectementd’opérations.Seulsdeuxmilitairesde l’Établissement de communication et de productionaudiovisuelle de la défense, l’ECPAD, dont l’amiral Gillier ademandé la venuepour faire des images, sont en transit sur le

Jean Bart. L’enseigne de vaisseau Clémence Viel assure uneliaison permanente avec le capitaine de vaisseau Prazuck, àParis, mais l’amiral est très attentif à ne laisser filtrer aucuneinformation susceptible de profiter aux pirates. Ils écoutent laradio,lisentlesjournauxetregardentlatélévision.Leursproposàtraverslesinterceptionsleprouvent.Inutiledeleurfaciliterlatâche.

Grande activité sur le pont. Le Var, comme les autrespétroliers ravitailleursde lamarine, dispose sous lesportiquesde larges passavants débouchant à l’arrière sur la plateformehélicoptèreetseprolongeantversl’avantjusqu’auchâteau;ilspermettent la circulation et l’entreposage en bon ordre despalettes, des caisses ou des objets à transférer lors desopérations de ravitaillement à la mer, les uns suspendus à uncâbletenduentrelesdeuxnavires,lesautresensling8sousleshélicoptères.

Fin d’après-midi. Les commandos « tarponés » le matinmêmeont stockéà l’abridespavois lematérielparachutéaveceux et récupéré colis par colis. Tout a été ouvert etdéconditionné,lespiècesvérifiéesetremontéesenbonordre.Iln’yapasdetempsàperdres’ilfautintervenirdanslasoirée.Lanuit tombe rapidement. À l’ouest, des lueurs rougeoyantesembrasent encore le ciel,mais onnevoit pas la lignede côte,elle est trop loin. Il n’y a pas un nuage. Sirius, légèrementbleutée,bassesurl’horizon,apparaît,puisRigel,bleueaussi,etBételgeuse, à peine rouge. Toute la constellation d’Orion estmaintenant visible, majestueuse. La brise du soir soulagel’atmosphère, mais la tôle grise, chauffée à blanc dans lajournée,estencorebrûlante.Danslapénombre,leshommesentreillis poursuivent leurs préparatifs. Soudain, la plateforme

s’incline sur tribord. Mouvement souple du lourd bateau. Àl’arrière,laligneécumeusedusillagequiressortsurl’eaunoiremarqueundébutdecourbe.Lemouvementseprolonge.LeVarincurve sa route vers la terre. Les commandos ont compris etredoublent les préparatifs sous le regard brillant du célestechasseur9.Lanuitleursera-t-ellefavorable?

1.CitéparMeretmarine.2.L’observationattentiveduglobepermettaitd’ydistinguersurlacartedeFrancelesnomsdeJarnac,Château-Chinon,Cluny,SolutréetLatché…3. Pour la chronologie des négociations sur la rançon, voirAnnexe.4.Drôme:l’ensembledesembarcationsdubateau.5.J5:voirnote8(I-4),p.32.6.Marsouin:soldatdestroupesdemarine.7. Dans les opérations complexes qui mêlent intimement lesactionscivilesetmilitaires, lescommandantsd’opérationssontconseillés par des juristes, « legal advisor » dans laterminologiealliée.8.Ensling:suspendu.9.Orion : chasseur légendaire de lamythologie grecque qui adonnésonnomàlaconstellationlaplusremarquableduciel.

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rejoindre leur machine saisinée sur le pont pour un décollageinopiné ; ils finissent par ouvrir et l’accueillent avec surprise,encoreàmoitiéendormis.Poulains’explique.Lesdeuxgarçonspeinentàretrouverleursgestes,etencoremaladroits,l’aidentàenfilerlesgiletsetàajusterleréglage.Revenueàsonposte,ellen’a pas sommeil et son esprit vagabonde. Trop d’événements,tropd’émotions.Elleestmacaronéedepuismoinsdesixmois,etvoilàquedemainellesetrouverapeut-êtreenfacedeRPGetde kalachnikovs. Est-elle prête ? Des images défilent, commedansunfilm.Deshommes,enbas,danslesableetlapoussière,àcôtédeleursvéhicules,levisageprotégéparunamplecheich.Elle devine leurs armes. Elle n’a pas de crainte. Elle a déjàréfléchi.Ellen’apaschoisicemétierparhasard.Elleauraitpuprendreuneautrevoie.Dans le fond, elle est fière.Cequ’elleredoute,c’estdenepasêtreà lahauteur.Seconcentrersur lesgestes. Faire ce qu’elle a fait cent fois à l’entraînement.Maissubitementledoutes’insinue.Renoncer?Non,ellenecéderasaplacepourrienaumonde.Elleadelachance.Lesimagesetlesimpressions continuent de se bousculer. Pourquoi ne pas lessaisir?Ellehésitepuissortsonblocdu tiroirde la tabletteetcouchecesdivagationssurlepapier,lesélanscommelespeurs,avecledrôledesentimentdesacrifieràunénormecliché.Maiselleveutlaisserquelquechose.Ellelefaitavecdesmotsqu’onemploierarement,parpudeur.Lesgarçonsdeleurcôtéécrivent-ils ? Qu’importe. Elle cachette la lettre et la range dans sesaffaires. On la trouvera forcément. Sa famille saura qu’elle apenséàeux.Ellesesentbien.

Elleéteintlapetitelampe.Leposteestdanslapénombre,àpeine éclairé par les fanaux de sécurité. À côté ses collèguesdorment.Elleouvresoncaissonetfouilledansletiroiretsurlesétagères.UnOpinel,unelampetorche,delaficelle…Despetitsriens qui sont là et ne servent jamais… Elle décroche la

combinaisonqu’ellemettrademainmatinetyfourrelestrésors.Avecunminusculeoursenpelucheporte-bonheuroffertparunamilégionnairequ’ellesortdesonpetitsacàdos.Toutestprêt.Elles’endortcommeunbébé,bercéeparleronronnementdelamachineauloin,etlesouffledesventilateurs.LaJeannefilesurlamersombre.

***

LechefluiaussiestrestétoutelanuitauPCmachines.Pasd’incidentnotable,pas lamoindrechutedepression, lavieillebécanetientlecoup,c’estdebonaugurepourlasuite.Lorsquelapasserelleordonneladiminutiond’allure,ilrespire.Missionaccomplie,pourlemoment.LaJeanneoccuperasonposte.

À6 heures, il suffit de quelquesminutes pour ramasser lePantherduJeanBart,quidéposeletireurd’éliteducommandoHubert et les deux cameramen militaires. Le vent est bienorienté il n’y a pas à changer de cap pour l’appontage del’hélicoptère.Lajournées’annoncebelle.

Le commandant Bléjean a fait avancer le branle-bas, etaussitôtaprèslasonneriedela«marche»3,prendlemicrodelapasserelle pour expliquer la situation à tout l’équipage par ladiffusion générale, et préciser le rôle de la Jeanne dans lesévénementsdelajournée.

«Icilecommandant…»C’estunpeusolennel,maislavoixest posée. « Dès le début des opérations, annonce-t-il, onrappelleraauxpostesdecombat.»Ildonnedesprécisionssurlamissiondeshélicoptèresetledispositifmédical.

Dans les carrés et les postes, comme à la cafétéria où lesmarins ont commencé à se rendre pour le petit déjeuner, leshommes et les femmes écoutent attentivement.Le commandants’exprime souvent de cette manière pour impliquer l’équipage

danslesmomentsimportantsdelaviedubord,maisaujourd’huileschosessontdifférentes.Iln’yapaslebrouhahahabituel.Àla rampe, lesgestes sontmesurés,un jeunecuisinier retient saloucheensuspensau-dessusdelagrandegamelled’aluminium.

Le capitaine Humbert est assis à la longue table du carréavec ses camarades marins. Il y a là les détecteurs, lesmécaniciens, lesofficiers instructeursde l’école.Pasbeaucoupdecommentairesaprèslacommunication.Ilsentsimplementleregarddesesvoisinssetournerdiscrètementversluiaumomentoù le commandant détaille le rôle des hélicoptères. Enviecertainement, crainte et admiration peut-être. « Être sans enêtre » ; il a connu plusieurs fois dans sa carrière cette légèrefrustration.Cettefois-ci,«ilenest».

***

La Jeanne reste positionnée au-delà des eaux territoriales,hors de vue du Ponant pour ne pas dévoiler sa présence enbrouillant le paysage des pirates. Le Jean Bart en revancherentredans le jeu et remplace leBouan.L’aviso aura tenu sonpostependantsixjoursauprèsduvoilier,assurantuneprésenceàlafoisrassurantepourlesotagesetdissuasivepourlespirates.À ce stade de la négociation, l’arrivée du Jean Bart, à lasilhouette singulièrement plus imposante que celle de l’aviso,mettraunepressionsensiblementplusfortesurlespirates.Cettepermutation permettra aussi à l’amiral Gillier de surveiller lesopérationsàlavue,depuislafrégate.

Le commandantBléjean est demeuré en passerelle, d’où ilsuit à laVHF le déroulement duprotocole de versement de larançon. Il s’agit pour les négociateurs de s’assurer que larestitution des otages s’effectue conformément à ce qui estconvenuetrestesouscontrôledudispositifmilitaire.Leschoses

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déchiquetés,lesétenduesdésertiquesoùl’ombredel’avionquifile sur le sabledisparaît dans le creuxd’unouedasséché, lesraresvillagesdisséminésdansunpaysagedegris,dejauneetdenoir,lesmaigrestroupeaux,lespistesversnullepartrappellentétonnammentleTchad.

WALLABY HOTEL a reçu confirmation de la missionpendant le vol. L’échange des otages est bien prévu pour lecourant de la matinée. À ce moment de la séquence où lespiratesserontcertainementnerveux,laconsigneestdedemeurerdiscret pour que rien ne vienne entacher la mise en place duprotocole.Lespiratesdoiventresterenconfiance.

Enarrivantàproximitédelacôte,lelieutenantdevaisseauAumeunier n’a pas de difficulté à retrouver le paysage, déjàreconnu lors de la mission du 9 avec l’avion de la 21 F.L’étenduegrisâtreagrémentéederefletsparfoisrosésjusqu’àlalignedecôte,latacheplussombreduvillagedeGaraacad,à200ou 300 mètres en retrait du rivage, avec ses habitationsdisperséesdanstouslessens,poséesauhasardsurlesable.Cematin, on n’y distingue pas d’agitation particulière. Dansl’intérieur,desensemblesinattendusattirentplutôtleregard.Ungroupedemaisonsbienordonnéesaucarré,cubiques,blanches,comme un lotissement. À l’écart, au milieu de rien, desconstructionsplusvastesetentouréesdemurs,isolées.

Une piste, rayure claire sur l’étendue désertique, file versl’estenunesuccessiondeZetdisparaîtdanslelointain.

Surl’eaubleue,LePonantestmouilléàunnautiqueenvirondu rivage. Il est élégant avec son étrave effilée, ses troismâtspointantvers leciel, lesvoilescarguées sur lesbômes,commeun oiseau de mer aux ailes repliées qui se serait posé pourreprendre son souffle.Comment imaginerqu’undramese joueen bas, dans ses flancs. La ligne de côte, marquée de petitesbaies à peine fermées et de modestes échancrures, colorée du

traitblancdesvaguessebrisantsur lesable,s’étenddepartetd’autreàpertedevue.Icietlà,lescampementsdepêcheurs,enborduredelaplage.LeCommandantBouann’estqu’àquelquescentainesdemètresduvoilier.Sur l’écrandu radarde l’avion,Aumeunier identifie facilement la frégate Jean Bart, en routeverslacôte,etplusloinencore,au-delàdeseauxterritoriales,laJeanned’ArcetleVar.

Curieusement, aucun skiff n’est amarré à l’arrière duPonant. Un boutre attend au mouillage. Au sud, plusieurspetitesembarcationslongentlaplage.Vuduciel,ilrègnesurlacôteuneétonnante sérénité.Tout est calmedans cet immuableleverdesoleil.Pourquoialorscette imperceptiblesensationdetensionquimonteprogressivement?

Lesprisesdecommunicationaveclesdifférentsintervenantssontrapidesetconcises.WALLABYHOTELsetienttoujoursenretrait à environ 10 nautiques et entame une grande boucle.Àbord du Jean Bart du côté du large, on met à l’eau lesembarcations de commandos, hors de vue duPonant. Les déssontjetés.

45.ÀbordduJeanBart,matin.

La frégate est aux postes de combat depuis 8 h 30, avecquelques aménagements complémentaires auxquels lecommandantadjointéquipageetlecapitained’armesontmisladernièremainaucoursdelanuit.PlusieursdispositionsontétéprisespourpouvoirencaisserdestirsderoquettesRPG7etdesrafalesd’armesautomatiquessansdommagesmajeurs,nirisquespourlepersonnelàl’extérieur.

Tout est arrangé pour que de loin l’activité du bordapparaisse la plus normale possible. Les pirates savent que lafrégatedoitremplacerleBouanpourl’échange,Marchesseaules

a prévenus, mais il est inutile de les inquiéter. Les tireurs depetits calibres sont soigneusement dissimulés près de leursarmes déjà approvisionnées afin de pouvoir réagirimmédiatement siune riposte s’avèrenécessaire.À l’arrière, lePantherestenalerteàcinqminutes,maisl’équipagen’estpasàbord et la plateforme hélicoptères est totalement vide. Desprotectionssolairesontétédisposéespourobscurcirlecockpit.L’idéeestdefaireembarquerlespilotesetletireurd’élitesansquelemouvementsoitdécelableduPonant.Leséquipesdepontd’envoletdesécuritésontenattentederrièrelaporteduhangarqui reste soulevée d’unmètre environ. Cette légère entorse aurèglementdemiseenœuvredoitpermettredegagneruneminutesurlesdélaisordinaires.Laveille,aprèslereportdelamission,le lieutenant de vaisseau Bédarride et ses hommes, venus duSurcouf et embarquésdimancheaprèsmidi àDjibouti enmêmetempsquelescommandos,sesontdenouveauentraînésàcetteséquence.

Lesoleilestdéjàhaut,ilfaitchaudetleshommessouffrentdans leur tenuedeprotectionnoirebarréedebandesargentéesfluorescentes,lunettesantifeusurlefront,cagoulerouléeautourdu cou et gants de coton à la ceinture, parés à être enfilés aupremierdanger.

Leventsouffledunord-estàunequinzainedenœuds.Avantle lever du jour, Damlaimcourt s’est placé dans le sud-est. Lamanœuvre d’approche est conduite pour gagner la positionretenueàproximitéduPonanttoutenmasquantlaprésencedesquatreFuturaqu’iladéjàfaitmettreàl’eau;lesvedettessontprêtes à se dévoiler et à foncer sur le voilier au secours desotagesaveclescommandosmarineetlesgendarmesduGIGNsil’affaire tournemal.La frégatese rapprocheàpetitevitesseenrouteàl’ouest-nord-ouest,lesFuturasouslevent,sursahanche

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le changement brutal de décor, l’ambiance nouvelle et lesuniformes;lessouriresfontplaisiràvoir.

50.Envolavecl’AtlantiqueULYSSECHARLIE,vers12h30C.

De son poste d’observation, Molina a suivi toute laséquence par l’intermédiaire de la VHF, mais sans grandevisibilité,puisquel’avionoccupelesecteurnordetquetouslesbateaux sont dans le soleil. Le commandant tactique vient dedonnerlefeuvertpourquelesdeuxAtlantique sedémasquentet se rapprochent du village de Garaacad, et il faut moins detrois minutes à ULYSSE CHARLIE pour se présenter. SeulGRIFFON2estenvolettourneautourduPonant,queleBouanamaintenantrejointpoursetenirprêtàleprendreenremorque,tandis que la Jeanne et le Var sont repartis vers le large enramassantleurshélicos.LeJeanBart,quiafinid’embarquerlesotages et le commandantMarchesseau, reste à proximité aprèsavoir lui aussi récupéré le Panther. Molina comprend quel’intentionestd’envoyeràbordduPonantunepetiteéquipedeconduitemenéeparRégisDaumesnil,poursortirauplusvitelevoilier des eaux territoriales, éventuellement en remorque duBouansilemoteurpeineàredémarrerousil’héliceestengagée.

Àterre, les4x4sont toujoursàproximitédelaplage.Plusloin, on aperçoit une trentaine de barques blanches alignéesdevant la mer. Lamission confiée aux deuxAtlantique par lecommandant tactique est de suivre la rançon, c’est-à-dire enréalité lesmouvementsdesvéhicules à leurdépartde laplage,car personne n’a pu observer dans lesquels précisément lesvalises avaient été transférées. Avec trois valises et quatrevéhicules, la tâche n’est pas facile. La répartition sembled’ailleurs poser quelques problèmes aux pirates, puisque les

embarcations sont arrivées à la plage depuis déjà plusieursminutes.

Lesdeuxchefsdebordserépartissentlesuividesvéhiculesqui se dirigentmaintenant vers le village. Il reste auxBretonstrente minutes d’autonomie, après quoi les Nîmois devrontassurer seuls la poursuite.Coordonnant leursmouvements, lesdeux avions entament des cercles autour du village, à 12 000pieds3dusolpourresterhorsdeportéed’uneéventuellemenacemissile.Lepistageesteffectuégrâceàlacamérainfrarougeetàlavue, avecdeuxopérateursdans lenezvitré, le chefdebordlui-même, l’AB FAC (AirBorne Forward Air Controller),spécialiste embarqué pour la mission, dont le rôle estnormalementdeguiderleschasseurssurdesobjectifsausol,etunautreopérateurausaborddroit.

Les 4x4 entament alors une course erratique, allant d’unemaison à l’autre, s’arrêtant subitement entre deux pâtésd’habitations,faisantmarchearrière, repartantà touteallureenbraquant sur les chapeaux de roue et soulevant des nuages depoussière, stoppant de nouveau devant une nouvelle masure,comme pour une tournée de distribution. Partout devant lesmaisons ou dans les ruelles, des attroupements, hommes,femmes, enfants. Impossible d’imaginer la moindre action deforce au sein du village. On aperçoit un camion frigo blanc àcabine rouge. D’autres véhicules, petits pick-up oucamionnettes,sedirigentverslapériphérieduvillage.Ilyatroispistes. L’une part au sud parallèlement à la côte, la deuxièmevers le nord en s’écartant légèrement du rivage, la troisièmes’enfonce à l’ouest et se perd en zigzags dans le désert. Lesobservateurs ont l’impression que des barrages se mettent enplaceaudépartdecespistesselonundispositifétabliàl’avanceet une organisationminutieuse qui contraste avec les allées et

venuesbrouilléesdes4x4àtraversGaraacad.Lasarabandedureplusieursdizainesdeminutes.L’AtlantiquedesBretons,enboutdepotentiel,passesescontactsauxNîmoisaprèsunderniertourd’observation, toujours à12000pieds, etmet le cap aunord-ouest. ULYSSE CHARLIE est désormais seul pour surveillerl’ensembledesmouvementsdevéhicule.Ilestbientôt13h40.

Molina reporte les observations pratiquement en continu,maislesdemandesdeprécisionetdecomplémentduJeanBartsefontplusinsistantes.

Deux 4x4 se dirigent vers les groupes de constructionsblanches situées au sud-ouest du village, le premier à environ500 mètres, l’autre à un bon kilomètre. Jusqu’à présent, lesvéhiculesétaientrestésdanslapartieancienneà300mètresenreculdelaplage.Ilsconvergentmaintenantverslamêmemaisonentourée d’un grand mur carré, isolée, à mi-chemin des deuxgroupes.

Trois hommes sortent précipitamment ; ils reviennent àquatreavecunsacapparemmentlourd,rapidementchargésurlaplate-forme arrière et chacun portant un fusil. Les deuxvéhiculesrepartentetsefondentdenouveaudansledédaledesruelles.L’Atlantiquecontinuesontourendescendantaussibasqueraisonnable.Ilpeineàlessuivre,carilsseconfondentavecleshabitations.Ilssemblenttoutefoisseregrouper.

À l’écart, une tache marron sur le fond gris-rose.L’observateur du nez avant ajuste ses jumelles. C’est untroupeaudechèvres…Unquartd’heuresepasse.

Soudain,unmouvementrapideaumilieuduvillagedansunezone sombre, à peine perceptible puis plus distinct avec deséclatsderefletssurunevitre.Un4x4jusque-làmasquéparunmuretsefaufileenzigzaguantàtraverslesruelles.Lapoussièrevole. Il atteint les dernières maisons et gagne la piste quis’enfoncedroitdansledésert.Ilroulemaintenantàviveallure.

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route aviation pour récupérer les Alouette et le Panther quirallientpar l’arrière. Ilsse tiennentprêtsà les remettreen l’airaprès ravitaillement en cas de crash ou d’amerrissage del’Atlantique. De son côté, le Surcouf, qui a appareillé deDjiboutiavecdeuxhélicoptèresCougarpourrejoindrelazone,reçoitl’ordredepousserlesfeuxverslacornedel’Afriqueafind’assureruneéventuelleopérationdesauvetagedanslenordduthéâtre.

Selon l’échange des communications queMolina n’entendplus que d’une oreille, lesGazelle vont de leur côté entrer enaction.MaisMolinaalatêteailleurs.

Avecunseulmoteur,l’avionperdlamoitiédesapuissance,savitessedecroisièrepassede270à190nœuds6,etlepilotageest rendudifficilecar lemoteurvif,àplein régime,ne tirepasdans l’axe. Molina doit compenser le gros moment latéral enjouant du manche et des palonniers, sans toutefois perdre del’altitudenirisquerdedescendresouslavitessededécrochage.Endentelle…

Capaunordmaintenant.Lacôtesomaliennedéfileàbâbord.Personneenvuesurlamer.

54.ÀborddeVEGAUNIFORMetdesGRIFFON,15h00-15h30C.

Alors que les trois hélicoptères tout juste décollés se sontregroupés pour rejoindre les bateaux, Poulain tourne toujoursaudessusdu4x4,désormaisvideetabandonnésurlapiste.AuxcommandesdesaGazelleHotGRIFFON1,lelieutenantJacrot,qui n’a manqué aucun des épisodes de l’attaque et del’arrestation des pirates depuis son secteur de surveillance,annoncequ’ilsetientprêtàtirerunmissilesurtouteciblequise présenterait, sa radio étant toujours relayéepar l’Atlantique

qui a déjà quitté le lieu de l’action mais reste encoresuffisamment proche et en altitude. À bord de l’aéronef, c’estdésormaislecoordonnateurtactiquequiassurelaliaison,tandisquelespilotessontconcentréssurleursinstruments.

Aucune action de ce type n’a été prévue au briefing nienvisagéepar l’amiralGillierdans sesconsignes transmisesauchef du dispositif pendant le transit aller, mais l’occasion esttropbelled’effectueruntirdecombat,demontrerauxpiratesouà leurs soutiens la capacité et la détermination des forcesfrançaises.Jacrotargumente.L’idée, insiste-t-il,estaussidenerien laisser aux poursuivants, si d’aventure des liasses étaientrestéesdissimuléesdansle4x4.Lechefdudispositifcommandointervient sur la fréquence pour soutenir Jacrot depuis lePantherquileramèneverslafrégate.LeJeanBartnetardepasàdonner lefeuvertdel’amiralGillier,sousréserve,cedernierinsiste, précise l’opérateur, qu’il n’y ait aucun dommagecollatéral,enparticulierquelespiétonsetlesvéhiculesdontlaprésenceaétéannoncéeparPoulainsoienttoujoursàdistance.Gillier ne veut prendre aucun risque, conformément auxassurancesqu’iladonnéesaugénéralGeorgelin.Lespilotes lesavent.

Jacrotgagneunepositionà2000mètresaunorddelacible,tandis queGRIFFON 2 se met en arrière gauche, légèrementdécalée, pour filmer l’opération mais aussi pour surveiller lesecteurouest,carlaGazelleenstationnaireestuneciblefacile;ce n’est pas le moment de se faire tirer par une kalachnikov.Poulain,desoncôté,setientdanslesecteurarrièredroit.Jacrots’immobilise et cabre légèrement. Quelques secondes à peinepourajuster,unfiletdefuméeblanchâtreau-dessusdelarampedroite, et le missile part. Le point lumineux file droit sur levéhiculeàl’arrêt,etungrospaquetcompactgris-noirtraversédelueurs orangées explose en volute à la place du 4x4.Un pneu

s’envoled’uncôté,uneportièreenvrilledel’autre.Lenuagesedéliteenunpanacherapidementdisperséparleventquisoufflevers l’ouest dans le sens de la piste, tandis que la carcasse,dévoréeparlesflammes,sortdubrouillarddesablesoulevéparl’explosion.Lemissileapercutélacabine.Ilest15h00C.

À bord de GRIFFON 2, les cameramen embarqués del’ECPADcontinuentdefilmer,Humberts’efforcedeleurdonnerle meilleur angle et le meilleur éclairage. Jacrot et Poulaindirigentdésormais leursmachinesvers l’épavepouruneultimevérification, il s’en fautdequelques secondes.Soudain, sur letrajet, entre la position de tir et la carcasse, à proximité d’unmassif d’épineux, Poulain devine un gamin. Il court dans touslessens30mètresàpeinesousleshélicoptèrespourrassemblerses bêtes que l’explosion a fait fuir. Il porte un fusil enbandoulière. Jacrot l’avait remarquépeuauparavantà l’aidedelacamérathermiqueetilenavaitrenducompteàHumbertmaisilétaitsuffisammentéloignédelatrajectoire.

Lacabinedu4x4flambedeplusbelle.Autour,lespiècesetles morceaux de carlingue soufflés par l’explosion et lechargement dispersé à 30 mètres à la ronde, vêtements, sacs,apparaissentcommedestachescoloréessurlesableocre-roux.

Les trois hélicoptères se regroupent et font route vers lerivage.PoulaindemandeunenouvellefoisderalentirlamarchepoursuivrelesdeuxGazelle.

À15h20, les troismachines franchissent le trait de côte.Surlaplage,unpetitcargoéchoué,mangéparlarouille.Peut-êtrelePrincessSarah,attaquépardespiratesdanscesparagesen avril 2002, dont les marins français de la frégate Floréalavaient libéré l’équipage.À l’époque,personnenes’intéressaitauxpirates.L’équipageétaitsyrien…

GRIFFON2s’écartedudispositifpourprendrelesdernièresvues aériennes duPonant. La Jeanne d’Arc s’est de nouveau

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15.Paris,ministèredesAffairesétrangères,mêmeheure.16.RépubliquedeDjibouti,basedescommandosd’Arta,17h00C17.Paris,avecl’amiralGillier,find’après-midi18.Baseaérienne188deDjibouti,après-midi19.Golfed’Aden,àbordduCommandantBouan,20h00E.20.Paris,hôteldeMatignon,19h00B

ChapitreII:samedi5avril21.Envolavecl’AtlantiqueULYSSECHARLIE,aupetitmatin22.ÀbordduBouan,findematinée23.HôteldeMatignon,réunioninterministérielle,11h00B.24.AmbassadedeFranceàNairobi,milieud’après-midi.25.ÀbordduJeanBart,milieud’après-midi26.AunorddeMadagascar,àborddelaJeanned’Arc.27.Djibouti,avecl’amiralGillier

ChapitreIII:dimanche6avril28.OcéanIndien,àbordduVar,matinée29.Paris,palaisdel’Élysée30.ÀbordduBouan,matinée31.Djibouti,avecl’amiralValin

ChapitreIV:lundi7avril32.AulargedelaSomalie,envolavecl’amiralGillier,aupetitmatin33.Toulon,àbordduSiroco,matinée

ChapitreV:mardi8avril34.Golfed’Aden,àbordduJeanBart,matinée

35.OcéanIndien,àborddelaJeanned’Arc.36.Paris,palaisdel’Élysée,après-midi37.Paris,bureauduchefd’état-majordesarmées,find’après-midi38.ÀbordduVar.

ChapitreVI:mercredi9avril39.Paris,ministèredesAffairesétrangères,centredecrise.40.ÀbordduJeanBart,soirée

ChapitreVII:jeudi10avril41.Nuitdu9au10avriletjournéedu10avril,àborddelaJeanned’Arc.42.ÀbordduJeanBart.

ChapitreVIII:vendredi11avril43.ÀborddelaJeanned’Arc,matinée44.ÀborddesAtlantique,matinée45.ÀbordduJeanBart,matin46.Àborddel’AtlantiqueULYSSECHARLIE,11h00C.47.ÀbordduJeanBart,11h40C48.ÀborddelaJeanned’Arc,12h00C49.ÀbordduJeanBart,12h20C50.Envolavecl’AtlantiqueULYSSECHARLIE,vers12h30C51.ÀbordduJeanBart,13h55C52.ÀborddelaJeannepuisdudispositifd’hélicoptères,13h40-15h00C53.Àborddel’AtlantiquePELICANC,15h00C.54.ÀborddeVEGAUNIFORMetdesGRIFFON,15h00-15h30C

55.ÀborddelaJeanned’Arc,16h00C

Épilogue

AnnexeChronologiedesnégociationspourlarançon

CompositionetmiseenpagesréaliséesparCompo66–Perpignan

223/2011

ÉditionsduRocher28,rueduComte-Félix-Gastaldi

98000Monacowww.editionsdurocher.fr

ImpriméenFranceDépôtlégal:janvier2012

N°d’impression: