A la une - WWF France

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2019 N°7 A la une Forêts vivantes /1 que pour être durables, les projets doivent être réalisés à grande échelle et trouver un équilibre avec les activités humaines du territoire. Une tâche énorme… Les forêts sèches de Nouvelle-Calédonie représentent un microcosme du défi mondial. Pourtant, la mobilisation de partenaires clés pour la forêt sèche en Nouvelle-Calédonie au cours des 17 dernières années montre que des solutions existent, bien qu’elles aient besoin d’être encore étendues. Ce partenariat exemplaire a permis de sécuriser certains des derniers fragments de forêt sèche de Nouvelle-Calédo- nie et a contribué à sauver des espèces rares, endémiques ou en voie d’extinction. Je suis persuadé que cette expérience a une énorme va- leur d’exemple. C’est avec fierté que je mesure le rôle ca- talyseur qu’a joué le WWF France. Aujourd’hui, le travail se poursuit en partageant les enseignements de cette ex- périence pionnière, mais également en étendant les efforts aux autres forêts et maquis de l’île. n La lettre du WWF France sur les forêts Cette publication est conçue pour être diffusée par voie électronique et lue à l’écran (Mode Plein écran) © N. Petit / WWF Une Forêt qUi revient de loin J’ai récemment eu le plaisir de visiter la Nouvelle-Calé- donie, l’un des joyaux de la nature abritant une richesse d’espèces inestimable que l’on ne trouve nulle part ail- leurs. Malheureusement, la dégradation des forêts de Nouvelle-Calédonie, en particulier par les incendies et les espèces envahissantes, est réelle. Cette situation illustre un défi mondial majeur : depuis 1990, nous avons perdu plus de 449 millions d’hectares de forêts naturelles dans le monde et beaucoup plus ont été dégradées. Pourtant, elles abritent une biodiversité étonnante, contiennent une quantité importante de car- bone et fournissent des services essentiels aux popula- tions (protection des bassins versants, pollinisation, stabilisation des sols, etc.). Ce capital naturel est à la base de la stratégie du WWF vi- sant à restaurer les terres et les forêts dégradées dans le monde entier ; une stratégie alignée sur les engagements mondiaux pris dans le cadre du Challenge de Bonn (2011) ou de la Déclaration de New York sur les forêts de l’ONU (2014) et des mécanismes financiers associés. Au WWF, nous sommes préoccupés par le manque de financements dédiés aux paysages prioritaires et nous avons conscience de la complexité qu’implique la restauration d’un écosys- tème forestier. En effet, nous ne parlons pas seulement de mettre en terre des plants d’arbres… L’expérience montre Pascal Canfin est le directeur général du WWF-France © WWF-France

Transcript of A la une - WWF France

2019N°7

A la une

Forêts vivantes

/1

que pour être durables, les projets doivent être réalisés àgrande échelle et trouver un équilibre avec les activitéshumaines du territoire. Une tâche énorme…

Les forêts sèches de Nouvelle-Calédonie représentent unmicrocosme du défi mondial. Pourtant, la mobilisation departenaires clés pour la forêt sèche en Nouvelle-Calédonieau cours des 17 dernières années montre que des solutionsexistent, bien qu’elles aient besoin d’être encore étendues.Ce partenariat exemplaire a permis de sécuriser certainsdes derniers fragments de forêt sèche de Nouvelle-Calédo-nie et a contribué à sauver des espèces rares, endémiquesou en voie d’extinction.

Je suis persuadé que cette expérience a une énorme va-leur d’exemple. C’est avec fierté que je mesure le rôle ca-talyseur qu’a joué le WWF France. Aujourd’hui, le travailse poursuit en partageant les enseignements de cette ex-périence pionnière, mais également en étendant les effortsaux autres forêts et maquis de l’île. n

La lettre du WWF France sur les forêtsCette publication est conçue pour être diffusée parvoie électronique et lue à l’écran (Mode Plein écran)

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WF

Une ForêtqUi revient de loinJ’ai récemment eu le plaisir de visiter la Nouvelle-Calé-donie, l’un des joyaux de la nature abritant une richessed’espèces inestimable que l’on ne trouve nulle part ail-leurs. Malheureusement, la dégradation des forêts deNouvelle-Calédonie, en particulier par les incendies et lesespèces envahissantes, est réelle.

Cette situation illustre un défi mondial majeur : depuis1990, nous avons perdu plus de 449 millions d’hectaresde forêts naturelles dans le monde et beaucoup plus ontété dégradées. Pourtant, elles abritent une biodiversitéétonnante, contiennent une quantité importante de car-bone et fournissent des services essentiels aux popula-tions (protection des bassins versants, pollinisation,stabilisation des sols, etc.).

Ce capital naturel est à la base de la stratégie du WWF vi-sant à restaurer les terres et les forêts dégradées dans lemonde entier ; une stratégie alignée sur les engagementsmondiaux pris dans le cadre du Challenge de Bonn (2011)ou de la Déclaration de New York sur les forêts de l’ONU(2014) et des mécanismes financiers associés. Au WWF,nous sommes préoccupés par le manque de financementsdédiés aux paysages prioritaires et nous avons consciencede la complexité qu’implique la restauration d’un écosys-tème forestier. En effet, nous ne parlons pas seulement demettre en terre des plants d’arbres… L’expérience montre

Pascal Canfin est le directeur

général du WWF-France

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WF-France

g ProtégEr LEs hauts LiEux

Le Jaguar reprend doucement son souffle

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évaluation régionale de l’état des services rendus par les forêts pour la ressource en eau

Les forêts à haute valeur de conservation, intactes ou particulièrement riches en espèces menacéesou endémiques, constituent des “hauts lieux”. Leur protection est une priorité. Derrière de grandesespèces charismatiques et lieux emblématiques se cachent l’extraordinaire biodiversité des forêts.

L’ACTION EN QUELQUES MOTS Amériques

La ressource en eau des petits territoires insu-laires du Pacifique est une denrée précieuse dontla gestion, déjà délicate, risque de devenir de plusen plus complexe au cours des prochaines annéesdu fait des changements climatiques attendus.Afin d’accompagner les gestionnaires sur cettequestion, le WWF a développé un outil innovantd’aide à la décision, mobilisant des techniquesavancées de télédétection et d’apprentissage au-tomatique développées par BlueCham. Cet outil a

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Pacifique Troisième plus grand félin au monde derrière letigre et le lion, le jaguar (Panthera Onca) fas-cine. Excellent nageur et grimpeur virtuose, il senourrit d’une large variété d’animaux : mammi-fères, oiseaux, reptiles et poissons. De l’extrêmesud des Etats-Unis au nord de l’Argentine, le ja-guar fréquente des milieux diversifiés, entre forêtstropicales humides amazoniennes, hauts-pla-teaux andins, savanes et mangroves. Le Jaguar necraint aucun prédateur sur l’ensemble de son airede répartition... en dehors de l’homme. La défo-restation, la fragmentation de son habitat ou en-core le braconnage ont en effet eu pour consé-quence de faire chuter la population de jaguars de80% ces quinze dernières années.

Afin d’inverser cette tendance très préoccupante,les différents bureaux du WWF en Amérique duSud travaillent sur trois axes majeurs: la protec-tion des habitats du jaguar et des principaux cor-ridors pour les relier, la hausse de ses proies naturelles en forêt et l’apaisement desconflits entre les hommes et le félin. Avec l’aide de partenaires locaux, le WWF formepar exemple des bénévoles pour leur apprendre à analyser les traces des jaguars sur leterrain et ainsi à évaluer leurs effectifs. Depuis 2009, dans le cadre d’un projet d’étudedu WWF en Argentine, des jaguars ont été équipés de colliers GPS afin d’en savoir plussur leurs comportements et les menaces qui pèsent sur eux. En Guyane, c’est la pose denombreux pièges photographiques qui permet de suivre l’évolution de la population del’espèce, chaque individu pouvant même être identifié grâce à ses ocelles uniques.L’ensemble de ces projets, couplés aux efforts de protection de son habitat, vise à sta-biliser voire à améliorer la population du jaguar, une tendance qui semble se confirmeraprès le dernier recensement effectué. n

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En 15 ans,la population de jaguars a chuté de

80%

h Visite du responsable de l’antenne WWF de Nouvelle-Calédonie au Vanuatu au démarrage de la collaboration pourle projet FLOW

pour objectif d’évaluer la capacité des forêts à as-surer les services écosystémiques relatifs à la pro-tection de la ressource en eau telle que ladisponibilité durant les saisons sèches ou la qua-lité.

Suite à l’intérêt exprimé par plusieurs pays du Pa-cifique Sud, le projet FLOW (Forest Landscapesas Opportunities for Water) a été lancé au niveaurégional. Ainsi, au Vanuatu, en Nouvelle-Calédo-nie, sur l’île de Futuna (Wallis-et-Futuna) et àFidji, cette évaluation est conduite sur tout oupartie des bassins-versants pourvoyeurs d’eaupotable, en aval desquels des captages d’eau sontinstallés. Les résultats, attendus pour mars 2019,permettront d’avoir une vision homogène àl’échelle régionale de l’état de fonctionnalité de lavégétation, et des actions prioritaires à mettre enœuvre, entre protection et restauration.

L’objectif final est d’optimiser la gestion de cesinfrastructures vertes que sont les forêts des bas-sins-versants qui protègent une ressource inesti-mable pour les populations : l’eau. n

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g restaUrer la biodiversité

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retour sur 17 ans de restauration des forêts sèches

Certains territoires sont aujourd’hui écologiquement dégradés et leurs forêts contribuent de moins en moinsau bien-être de leurs habitants. Plus que jamais, la restauration des forêts dégradées est une entreprisestratégique, mais ô combien difficile.

L’ACTION EN QUELQUES MOTS Mexique

gestion intégrée d’un bassin versant

suite, la gestion du programme a été confiée auConservatoire d’Espaces Naturels (CEN) de Nou-velle-Calédonie créé en 2009.

Le rôle du WWF a tout d’abord été de faciliter le dé-veloppement d’une initiative coordonnée, en fournis-sant un soutien financier et technique. Ce programmeinitial a ainsi réussi à mobiliser les provinces, le gou-vernement local de Nouvelle-Calédonie ainsi que legouvernement français. Aujourd’hui, le WWF resteimpliqué par sa participation à l’administration et parl’appui technique au CEN.

Afin de partager le retour d’expérience acquis depuis2001, le WWF a publié un rapport sur les enseigne-ments tirés de cette initiative longue de 17 ans. Cesrésultats pourront être utilisés afin d’enrichir et ap-puyer les efforts aujourd’huifournis dans des endroitsaussi éloignés que Hawaii, leGrand Mékong, l’Afrique duSud ou l’Amérique centrale,où les forêts tropicales sèchesfont face à des menaces simi-laires. n

Les forêts tropicales sèches comptent parmi les éco-systèmes les plus menacés de notre planète. En Nou-velle-Calédonie, alors qu’elle couvrait autrefoisenviron la moitié de l’île principale, Grande-Terre, laforêt sèche couvre aujourd’hui à peine 2% de sonétendue initiale, répartis en fragments parfois trèsisolés les uns des autres.

Face à cette urgence, la Nouvelle-Calédonie a mis enplace un programme de conservation de ce patri-moine unique, qu’elle a la chance mais aussi la res-ponsabilité de protéger et de restaurer. En 2001 estainsi né le programme de conservation des forêtssèches issu de la collaboration des institutions pu-bliques, de la recherche et de la société civile. Par la

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2018

Lessons Learnt from 17 Years of Restorationin New Caledonia’s Dry Tropical Forest Stephanie MansourianHubert GérauxEmma Do KhacDaniel Vallauri

Nouvelle-Calédonie

Les forêts protègent les sols et régulent les eaux. Dans le cadre de son pro-gramme sur la restauration des forêts, le WWF-France appuie son homologuemexicain et ses partenaires à la gestion intégrée du bassin versant Copalita-Zimatán-Huatulco dans la Sierra Sur (Etat d’Oaxaca), haut lieu de labiodiversité mondiale.

Le projet intervient sur différents problèmes identifiés dans les quelques150 000 hectares du bassin versant, depuis les forêts de montagnes constituéesde plantations de pins et de chênes pour restaurer les versants, à la forêt tropi-cale sèche au bord de l’océan Pacifique, en passant par la promotion de culturessous couvert boisé à moyenne altitude: café arabica d’origine locale, avocat,

vanille. Les actions mobilisent descentaines de petits propriétaires pri-vés, des associations de jeunes et descommunes, leur fournissant desplants, ainsi qu’un appui techniquepour développer des pépinièresmodernes et affiner les alternativesagricoles à la culture de maïs itiné-rante qui dégrade les sols.

Depuis 2016, ce projet est financé parCaudalie dans le cadre de son enga-gement de reboisement (1% pour laPlanète). Le projet a permis la plan-tation de près de 600  000 arbres,avec un objectif d’un million fin 2019.Mais il aura surtout créé une logiqued’intervention à l’échelle de l’ensem-ble de ce bassin versant rural, etmobilisé, organisé et formé une mul-titude d’acteurs très dynamiques afinde favoriser une approche garantis-sant la durabilité des résultatsau-delà même du projet. n

600 000arbres plantés depuis 2016

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© N. Petit

g ProdUire sans détrUire

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Exploiter des ressources naturelles sans déboiser ni dégrader la qualité des forêts est un impératif.Transformer les règles des marchés, éliminer les activités illégales et promouvoir les certifications crédiblesfont partie des solutions.

L’ACTION EN QUELQUES MOTS

France

nous mangeons aussi des forêts

engagement de la France de lutter contre la déforestation importée

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La France importe et consomme d’importantes quan-tités de matières premières agricoles et forestières,dont la production au niveau mondial peut être asso-cié à la déforestation, la dégradation des forêts et laconversion d’écosystèmes naturels. Le WWF, aidé dubureau de conseil 3Keel, a voulu mieux comprendrel’étendue des surfaces et les volumes impliqués.

Les importations de 7 matières premières et leurs pro-venances ont été analysées : soja, huile de palme,cacao, caoutchouc naturel, bœuf/cuir, bois et pâte àpapier. L’étude prend non seulement en compte lesmatières premières que nous importons sous formebrute, mais aussi sous forme transformée, comme parexemple l’huile de palme en tant qu’ingrédient, ou en-core les volailles nourries au soja et importées enFrance.

L’empreinte estimée de la France est de 14,8 millionsd’hectares, dont 5,1 millions d’hectares situés dans despays avec un risque élevé de déforestation, soit l’équi-valent de 2 fois la superficie de la Bretagne. Les ma-tières comportant le plus de risque sont le soja, l’huilede palme, le cacao et le caoutchouc naturel, dont plusde 50% de l’empreinte se situe dans des pays avec unrisque élevé de déforestation. Sans atténuation durisque, comme l’achat de matières certifiées pour leurproduction durable, nos importations peuvent donc

Le 14 novembre 2018, la France aannoncé sa stratégie nationale delutte contre la déforestation im-portée (SNDI), une première auniveau mondial. Le WWF se féli-cite que la France veuille porter cesujet dans les enceintes euro-péennes et internationales en plai-dant pour l’adoption d’un pland’action européen sur le sujet.

Cette stratégie nationale couvre laplupart des matières premièrespouvant être issues de la défores-tation, prend en compte les différentes formes de déforestation et de dégrada-tion des forêts, y compris la conversion d’autres écosytèmes naturels (prairies,tourbières...) s’adresse à l’ensemble des acteurs, notamment les Etats, entre-prises, investisseurs etc. Elle précise des actions en matière d’achats publics etmentionne la création d’un label “zéro-déforestation”.

Cependant, plusieurs manques sont à noter. L’objectif de mettre fin à la défo-restation importée en 2030 n’est pas cohérent avec les engagements que laFrance a pris, comme la signature de la déclaration d’Amsterdam, dontl’échéance est à 2020.

Les matières premières incorporées dans les produits transformés importés enFrance, qui représentent pourtant une part non négligeable de l’empreinte dé-forestation française, ne sont pas incluses. Citons par exemple le fait que 30%de l’huile de palme importée en France est contenue dans produits transfor-més. Il manque également des mesures claires afin de réduire la demande dematières premières issues de la déforestation, tout comme une campagne desensibilisation au besoin de manger « moins et mieux » de produits animauxnourris au soja.

Le WWF France salue donc la volonté du gouvernement mais attend mainte-nant que cette ambition soit concrétisée par un plan d’action et des moyens fi-nanciers à la hauteur. n

avoir des conséquences particulièrement néfastespour les écosystèmes et les populations.

Au-delà de l’analyse de notre empreinte, le rapportpropose un ensemble de recommandations pour 4types d’acteurs : pouvoirs publics, entreprises, in-vestisseurs et consommateurs, déclinées selon les 7matières premières. n

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PUBLICATION TITLEARRÊTONS DE SCIER LA BRANCHE !

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DÉFORESTATION IMPORTÉEARRÊTONS DE SCIER LA BRANCHE !

Comprendre l’empreinte de la France et son association à la déforestation mondiale via ses importations de matières premières agricoles et forestières

2018

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Dans le cadre de la campagne contre le projet Montagned’or, le WWF France a cherché à identifier des voies al-ternatives pour un développement économique solideet durable en Guyane et a confié au cabinet Deloitte lesoin de mener une étude en ce sens.

Deloitte s’est appuyé sur une analyse intersectorielle dutissu économique guyanais afin de faire ressortir les sec-teurs d’activité à forts et faibles effets d’entraînementsur l’économie locale. Deux scénarios de « choc écono-mique » ont ensuite été construits autour d’un objectifcentral de maintien, voire de création d’emplois.

Dans cette perspective, le bois, aux côtés de l’agricul-ture, de la pêche etc. ressort comme un des dix secteursprioritaires pour le développement de la Guyane, ayantun effet d’entraînement sur le reste de l’économie 4 foisplus important que le secteur extractif par exemple.

La forêt guyanaise occupe en effet 96% du territoire ettout en étant exploitée selon un modèle à faible impact,offre un bois d’une exceptionnelle qualité. La croissancede la filière est portée par les besoins du secteur de laconstruction, ainsi que par des marchés demandeurs d’essences de qualité, certifiées et made inFrance. Une valorisation des connexes d’exploitation forestière pour la biomasse-énergie dy-namiserait également l’exploitation actuelle et offrirait une source de revenus supplémentaire.

Dans sa conclusion, l’étude invite à construire un projet territorial dans la durée, au travers de9 objectifs stratégiques, parmi lesquels trois sont directement liés au développement durablede la filière bois :g Rendre la Guyane autosuffisante en énergie ;g Réduire la dépendance de l’économie guyanaise aux importations ;g Développer et renforcer les activités d’exploi-

tations régénératrices des ressources natu-relles. n

g PRODUIRE SANS DÉTRUIRE

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France

Évaluation de la politique papier des organisations publiques

Guyane

Le bois, un secteur clé pour un développementéconomique solide et durable

Le Baromètre PAP50 de 2018 a évalué lespolitiques papiers de 58 organisationspubliques, dont les ministères, les 13 régions,14 grandes villes et 20 organismes publics.Des organisations telles que StrasbourgMétropole et Pôle emploi (participants depuis2012), la Banque de France et la Caisse desDépôts et Consignation (participants depuis2014) continuent de démontrer les résultatspositifs permis par une politique formaliséeet des moyens dédiés à sa mise en œuvre. Plusde la moitié des organisations qui ont parti-cipé ont eu plus que la moyenne.

Le bilan 2015-2016 du dispositif « Adminis-tration exemplaire » faisait état d’unemoyenne de la part du recyclé de 6,2% en2015 pour les ministères. Or selon l’article 79de la loi relative à la transition énergétique(2015), les services de l’État ainsi que les col-lectivités territoriales et leurs groupementsdoivent diminuer leur consommation depapier bureautique de 30% avant 2020 et àcompter du 1er janvier 2017, 25% au moins

des produits papier acquis étaient censés êtrefabriqués à partir de papier recyclé, avec unobjectif de 40% au 1er janvier 2020.

Malheureusement, les résultats du BaromètrePAP50 ne nous permettent pas de dire sil’Etat atteint son objectif d’exemplarité. Uneseule région a répondu alors qu’elles étaient12 en 2012 et 10 en 2015. Seuls 3 ministèresont répondu au Baromètre cette année. Dans l’attente des résultats 2017 du dispositif« Administration exemplaire », trop peu deministères ont saisi l’opportunité du Baromè-tre PAP50 pour faire œuvre de transparence,pédagogie… et exemplarité. n

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2018FR

RÉALISÉ EN COLLABORATION AVEC

Évaluation de la politique papier des organisations publiques

Le Baromètre PAP50 vise à évaluer la politique papier des grandes entreprises, collectivitésou institutions implantées en France, dans le but de les inciter à améliorer leurs perfor-mances environnementales. Il analyse leurs consommations de papier, la responsabilitédes papiers utilisés (selon la classification WWF 2017) et les actions mises en place pourmaximiser la collecte des papiers usagés. En 2018, l’échantillon comprend 58 organisationspubliques, dont les ministères, les 13 régions, 14 grandes villes et 20 organismes publics.

96%du territoire sont

occupés par la forêt

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g les déFis de l’éConomie verte

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La transition écologique est en marche. Le modèle des activités fondées sur les ressources et servicesdes forêts doit être revisité. A commencer par les cycles de production-consommation-recyclage desproduits forestiers, pour faire la preuve de leur durabilité. Innovation requise.

L’ACTION EN QUELQUES MOTS

Certification

Les forêts nous rendent bien des services :production de matière, protection des solset des eaux, habitat pour la biodiversité,puit de carbone, lieu de promenade et biend’autres ! Actuellement pourtant, seuls lebois et la chasse sont des sources de reve-nus pour le forestier alors que ces activitésne représentent que le tiers de la valeurmonétaire estimée des forêts (respective-ment 31% et 4% de leur valeur totale). L’es-sentiel de la valeur des forêts pour nossociétés repose donc sur les autres servicesrendus par la nature.

Pour mieux les valoriser et inciter le pro-priétaire forestier à bien gérer ce capitalnaturel, le FSC a mis en place en 2018 un outil per-mettant aux gestionnaires forestiers certifiés FSCd’être rémunérés « s’il est démontré que leur ges-tion a un impact positif sur les services écosysté-miques considérés: biodiversité, eau, sols, carbone,services récréatifs » (source FSC).

Saluant cet outil innovant de certification des ser-vices écologiques, le WWF appuie ces développe-ments en assurant le lien entre les gestionnairesforestiers en amont et les entreprises utilisant lesressources forestières en aval. C’est avec cet objec-

Forêts françaises

À votre service !

Qui a dit que nos concitoyens ne s’intéressaient pas aux forêts ? Deux évènementsde l’automne contredisent ce postulat : le film de cinéma Le temps des forêts deFrançois-Xavier Drouet (https://www.youtube.com/watch?v=AlDxKT6sOrk), ainsique la marche pour la forêt 2018 organisée à l’initiative des syndicats forestiers(https://marche-pour-la-foret.webnode.fr).

Les échanges générés montrent bien que dans beaucoup de régions des interroga-tions existent chez nos citoyens, de même qu’un malaise certain chez une partie desforestiers français. Le film montre comment la gestion pratiquée peut-être carica-turale dans certaines régions (augmentation de l’exploitation du bois pour l’éner-gie, coupes rases, enrésinement), au détriment même des fonctions écologiques, so-ciales et même parfois de l’intérêt économique du propriétaire.

Ce constat n’est pas nouveaupuisque ce mode de gestion quiconsidère la forêt comme uneculture agricole, à grands ren-forts de simplification des forêts,coupe rase, travail du sol et plan-tation résineuse, représente en-viron 15-20% de la surface fores-tière française, principalementsur des terres abandonnées parl’agriculture dans la secondemoitié du siècle dernier. Toute-fois, aujourd’hui, une accéléra-tion de l’intensification est per-çue (engins lourds, entrée dansla période d’exploitation desplantations).

Ce débat est salutaire. Il faut le poursuivre, en montrant que d’autres voies sontpossibles, tout aussi économiquement rentables, écologiquement souhaitables,socialement désirables. Un grand débat national est plus que jamais nécessaire. n

Une gestion qui fait débat

tif qu’un tout premier atelier a été organisé le 20 no-vembre 2018 à Audencia Paris dans le cadre de laJournée Entreprises rassemblant chaque année lespartenaires du WWF. Les participants ont ainsi puéchanger sur les actions concrètes qu’une entreprisepeut mettre en œuvre en forêt grâce à l’outil de FSCpour préserver et améliorer les services rendus parles forêts à nos sociétés. Une première qui sera suivid’autres expériences similaires en 2019. n

Pour en savoir plus en 1 clic gPour en savoir plus en 1 clic g

h Lors de l’atelier du 20 novembre 2018 à Audencia Paris

Un grand débat national est plus que jamais nécessaire

g vivre dUrablement

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Comment limiter son impact sur la déforestation ?

Le monde ne suffit pas. Les ressources des forêts sont limitées, le gaspillage n’est plus possible. Apprendre à mieuxconsommer et recycler font partie des solutions que chacun peut mettre en œuvre pour préserver les forêts.

L’ACTION EN QUELQUES MOTS

Consommation

La clé est de consommer « moins et mieux ». Mais qu’entend-on par là ?

C’est tout d’abord réduire sa consommation en général, et no-tamment alimentaire (en mangeant moins de produits trans-formés ou de produits animaux et en mangeant sainement touten réduisant le gaspillage). C’est ensuite privilégier les produitscertifiés selon des normes environnementales et sociales cré-dibles (FSC pour les produits à base de bois et de papier, RSPOpour l’huile de palme, Rainforest Alliance, UTZ pour le choco-lat, Agriculture Biologique pour l’ensemble des produits ali-mentaires…). C’est aussi acheter auprès de marques engagéeset qui rendent compte publiquement de leurs progrès à luttercontre la déforestation.

g soJaRéduire sa consommation de produits issusdes animaux (viande, œufs, produits laitiers)et diversifier son alimentation en protéines,en cuisinant plus de protéines végétales ;

g hUile de PalmeRéduire sa consommation de produits trans-formés et limiter ses déplacements en voi-ture, qui pollue et roule partiellement àl’huile de palme ;

g CaCaoConsommer moins de produits chocolatéstransformés, qui contiennent généralementdu chocolat de moins bonne qualité ;

g CaoUtChoUC natUrelAcheter ses chaussures auprès de marquesqui savent d’où provient leur caoutchouc etencourager les constructeurs automobiles àêtre plus transparents sur leurs approvision-nements, car il n’existe pas encore de certifi-cation spécifique ;

g Pâte À PaPierPrivilégier l'achat de produits papetiers - pa-pier toilette ou papeterie - en papier recycléou certifié FSC, éviter les impressions inutileset trier ses papiers pour qu'ils soient recyclés ;

g boisRecycler les objets en bois et meubles en finde vie, réduire l’utilisation de produits à usageunique et difficilement recyclable, tels lescure-dents ou les baguettes en bois, et acheterdes produits bois recyclés ou certifiés FSC ;

g bœUF et CUirManger moins de bœuf et privilégier uneviande élevée en France ou en Europe et cer-tifiée bio ; limiter ses achats de chaussures etvêtements en cuir et privilégier ceux dont lecuir n'a pas contribué à la déforestation ou encuir certifié bio ou encore participer à l’éco-nomie circulaire en choisissant des articles deseconde main !

Pour en savoir plus en 1 clic g

g Pour le choix de vos produits alimen-taires, vous pouvez également vous aider denotre application We Act for Good (WAG)

g Pour plus d’informa-tions, suivez les conseilsdu rapport du WWF« Vers une alimentationbas carbone, saine etabordable ».

VERS UNE ALIMENTATION BAS CARBONE, SAINE ET ABORDABLE

VOLET 2 - PROSPECTIVE DES RÉGIMES ALIMENTAIRES ET ÉVOLUTION DE L’EMPREINTE CARBONE DE L’ALIMENTATION EN FRANCE.

ÉTUDE RÉALISÉE PAR LE WWF ET ECO2 INITIATIVE

2018

Octobre 2018

© Freepik

ment, notamment au Vietnam, à Madagascar, au Gabon, au Marocet en Tunisie. Actuellement, l’agence cofinance deux projets quipermettent de réduire la déforestation au Gabon et à Madagascar.

À Madagascar, les mangroves, qui rendent de nombreux servicesécosystémiques pour les habitats naturels et les populations envi-ronnantes, sont menacées par les activités humaines et leschangements climatiques. Pour préserver ce capital naturel inesti-mable, le WWF a mené un projet dans la région de Melaky (côteouest) de 2015 à 2018, qui a permis la restauration de plus de150 ha de mangroves et le transfert de gestion de 30 000 ha deforêts aux communautés locales.

Au Gabon, pays dont la couverture forestière excède 85 % du terri-toire, le secteur de l’huile de palme est en pleine expansion. Pourréduire la déforestation liée à cette activité et en garantir la durabi-lité sociale, économique et environnementale, le WWF a débuté unprojet en juillet 2018. Celui-ci vise à mobiliser la société civile et vil-lageoise, représentant une force à la fois informée et active, pour lesuivi du respect des engagements socio-environnementaux pris parles compagnies d’exploitation forestière et de palmier à huile.

L’AFD s’est engagée à augmenter ses financements pour la biodi-versité en 2019 et va ainsi rester un partenaire clé de l’action duWWF dans les années à venir.

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g ensemble

Avec le WWF France, les acteurs publics, privés ou la société civile se mobilisent pour les forêts. Actions collégiales, partenariatstransformationnels, bénévolat, subventions ou mécénats sont autant de modes d’actions pour agir sur le terrain.

L’ACTION EN QUELQUES MOTS

l’aFd, un partenaire clé du WWF-France

ContaCt : [email protected]

site Web : www.wwf.fr/champs-daction/foret

rédaCteUrs en CheF : Julien Tavernier et Daniel Vallauri

ContribUteUrs :

> Bureau France métropolitaine

Pascal Canfin, directeur général

> Programme Forêts du WWF-France

Jean Bakouma - [email protected]

Lisa King - [email protected]

Daniel Vallauri - [email protected]

Marine Vallée - [email protected]

> Bureau de Nouvelle-Calédonie

Emma Do Khac - [email protected]

> Bureau de Guyane

Clément Villien - [email protected]

> Programme agriculture & alimentation

Arnaud Gauffier - [email protected]

Lenaïc Moniot - [email protected]

> Département Relation avec le monde économique

Benjamin de Poncheville - [email protected]

> Programme Développement international

Laura Madrid - [email protected]

maqUette : Sambou-Dubois

Institution financière, l’Agence française de développement (AFD)est au cœur du dispositif français de l’aide publique en faveur despays en développement. L’AFD met en œuvre la politique définiepar le gouvernement français, agit pour combattre la pauvreté etfavoriser le développement durable. En 2017, les engagements dugroupe représentaient 10,4 Mds€, dont 3 % étaient investis dans ledomaine de l’environnement et des ressources naturelles, et 8%étaient investis en agriculture durable et sécurité alimentaire.

Depuis 2013, l’AFD est partenaire du WWF pour accompagner lamise en œuvre de plusieurs projets dans les pays en développe-

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