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Vers l’Ermitage À la découverte de l’histoire d’Ixelles (9) Le Collège des Bourgmestre et Echevins d’Ixelles vous invite

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Vers l’Ermitage

Hôtel communal d’Ixelles168 chaussée d’Ixelles - 1050 Bruxelles

Tél.: 02 515 61 11www.ixelles.be

Réalisation Service de la Culture

Recherches et rédaction Philippe Bovy

avec la participation deDelphine Cugnon, Catherine Fache

Avec la collaborationdes services communaux de l’Urbanisme,

des Travaux, des Archives,de l’Information,

de l’Imprimerie communaleet du Musée d’Ixelles

Mise en page et impressionInfographie et Imprimerie communales

EditionService de l'Information

septembre 2002D/2002/8727/01

Cette brochure est produite à l’initiativede Sylvie Foucart, échevine de la Culture,

et de Jean-Pierre Brouhon,échevin de l’Information

Editeur responsable:Jean-Pierre Brouhon,

Echevin de l’Information168 chaussée d’Ixelles

1050 Bruxelles

À la découverte de l’histoire d’Ixelles (9)Le Collège des Bourgmestre et Echevins d’Ixelles vous invite

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La rue est dédiée à Johan MichielDautzenberg (†1869), poète etmilitant flamand et à son filsPhilippe Dautzenberg (1849-1935),chef d’entreprise. Le second légua uneimportante collection de mollusques àl’Institut royal des Sciences naturellesde Belgique.

☛ rue Dautzenberg: 17 à 21, 18, 20, 42,44 à 48(*), 78 (arch. Albert Dumont et sonfils Alexis; le premier est l’auteur des plansde l’Hôtel de Ville de Saint-Gilles en 1892et de nombreuses villas à La Panne,Alexis signa ceux du bâtiment néo-renais-sance flamande de l’U.L.B., av. FranklinRoosevelt, vers 1925.

Louis Prosper Gachard (1800-1885),avocat, historien et archiviste, futsecrétaire général des Archives géné-rales du Royaume de 1826 à 1831 etensuite archiviste général jusqu’à sondécès. Parmi de nombreux travaux,citons ses inventaires des archives desChambres et Comptes.

☛ rue Gachard: 15 (arch. J. Mataigne),17(*) (arch. E. Mataigne), 23, 27, 37(*)(arch. L. Vander Elst, 1899), 48(*) (arch.Ernest Acker, auteur des plans du monu-ment à Julien Dillens, square de Meeus),54 (arch. Hubert Marcq, 1907, ancienhôtel Rossel).

"A LA DECOUVERTE DE L'HISTOIRE D’IXELLES"

N° 9

« VERS L’ERMITAGE »

Introduction 3

Rue du Président 6

Rue Jean d’Ardenne 6

Rue Souveraine 9

Rue de l’Arbre bénit 10

Rue Mercelis 14

Rue de la Croix 17

Rue des Champs Elysées 18

Rue de l’Ermitage 22

Rue Paul Spaak 29

Rue de la Vanne 30

Rue de Hennin 31

Rue Charles De Coster 32

Rue Lesbroussart 33

Rue Lens 34

Rue Van Elewyck 34

Rue Dautzenberg 35

Rue Gachard 35

RRUEUE DAUTZENBERGDAUTZENBERG

RRUEUE GACHARDGACHARD

15, rue Gachard

rue Gachard

Remerciements:Mme Ginette Blondiaux , Mme Christine Chomé,la C.I.B.E., le CIVA, M. Daniel Decamp, d. S. L. T.Electrabel, la Maison de la Paix, M. Jean-Michel PochetM. Thomas Van Gindertael.

Illustrations:Georges Strens (service de l’Information),sauf archives communales d’Ixelles (p. 6, 10, 13 et 22)Musée d’Ixelles (p. 8, 12, 21 et 23) - CIVA (p. 25)A.A.M. (p. 26) - Magyar Ház (p. 14) - P. Mardaga (p. 8)

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Le peintre André Corneille Lens(1739-1822) fut en vogue sous Charlesde Lorraine. Son monument funéraire,par Godecharle, se trouve dans l’égliseNotre-Dame de la Chapelle.

La rue porte le nom d'Henri JosephVan Elewyck, propriétaire foncier,mayeur d’Ixelles de 1828 au 4 septem-bre 1830.

La maison au n°35 est aujourd'hui laMaison de la Paix; elle était autrefoispropriété de la famille de Hennin deBoussu-Walcourt, ce dont témoigneune plaque dédicatoire apposée dansle vestibule à l’occasion de la bénédic-tion du maître de maison par leCardinal Mercier en 1925.

Grâce à des fonds apportés par l’abbéCarette et le baron Antoine Allard, fon-dateur de l’antenne belge d’Oxfam etde l’association "Stop War", le collectifPaix sur Terre put acquérir le bien en1969 et y accueillir diverses associa-tions préoccupées des droits del’homme, de pacifisme et de dévelop-pement durable; parmi elles:le Service Civil International (S.C.I.), leMouvement International de laRéconciliation (M.I.R.), Forum voorVredesaktie, Jeugd en Vrede, leCollectif Sans Ticket (C.S.T.), le Comitéde Défense des Usagers du C.P.A.S.,l’Association Belge des Consultantsen Environnement (COREN), l’As-sociation Belge des Eco-conseillers(ABECE), le Comitato Internazionaleper le Sviluppo dei Popoli (CISP),l’Association pour la Recherche etl’Action en Développement (A.P.R.A.D.),le Foodfirst Information & ActionNetwork (FIAN)…

Le militant pacifiste Jean Van Lierde(°1926) y est toujours actif. En 1965 luifut reconnue la qualité d’objecteur deconscience, le premier de Belgique,à l’issue d’une lutte de près de vingtans. Il assuma aussi le secrétariatgénéral du Centre de Recherches etd’Informations Socio-Politiques (C.R.I.S.P.)et celui des "Amis de Présence Africaine".

☛ rue Van Elewyck: 13 à 21(*) et 31 à45(*) dont le 41 est dû à Aimable Delune(1903).

IINTRODUCTIONNTRODUCTION

Le quartier de l'Ermitage et la rue dumême nom gardent le souvenir du"manoir de l’Ermitage" qui se trouvaitentre les actuelles rues Dautzenberget Gachard. Les bâtiments, l'étang etles terres de culture disparurent versle milieu du 19e siècle. Si le quartierprésente actuellement une physiono-mie résidentielle, il a été pendantlongtemps essentiellement agricole.Jusque 1880, la superficie du territoired’Ixelles vouée à l’agriculture, surtoutde production céréalière, dépassaitencore les 50%, comme à Saint-Gilleset à Schaerbeek.

D'après l’Atlas des Communicationsvicinales de la Commune d’Ixellesde 1845, deux ruisseaux à peu prèsparallèles s’écoulaient du lieu-dit"Verkeerden Haen" (à proximitédes actuelles chaussée de Vleurgatet rue Kindermans) vers l’étanginférieur près de la place EugèneFlagey. Leurs cours furent combléslors du percement de l’avenue Louiseet de l’urbanisation de ses abords.Il en subsiste une trace, cachée,sous forme d’une ancienne sectiond’égout, sous l’îlot délimité par lesrues de Hennin, des Champs Elysées,Van Elewyck et Lesbroussart.Le raccordement du quartier auréseau communal d’égouttage s'estréalisé entre 1860 et 1880. Pourl’essentiel, il consiste encore enconduites de briques d’argile deforme ovoïde.

Au 19e siècle, Ixelles s'urbanise etvoit la création d'un grand nombred'impasses. Ces ruelles donnent accèsà des maisons ouvrières en retrait de lavoie publique. Un inventaire dressé en1840 dénombre huit impasses cons-truites à Ixelles avant 1835, tandis quele Rapport communal de 1905 enmentionne vingt-deux. Ces impassestiennent souvent leur nom du proprié-taire foncier qui les fait ouvrir à desfins spéculatives, généralement enbordure et au fond de la parcelle où setrouve sa propre demeure.

Les quatre impasses ou carrés duquartier de l'Ermitage regroupent depetites maisons autour d'une cour: - le carré Broedermans, accessible àhauteur des 18-20 rue d’Orléans, estconstitué de trois maisons regroupant de21 (1856) à 14 personnes (1890) - le carré Debuyser, de six maisons(31 à 22 personnes), 27 rue de la Croix- le carré Deruydts, de six maisons(37 à 35 personnes), 40-42 rue Souveraine- le carré Desmedt, 42, rue de l’Arbre bénit(11 puis 12 maisons et jusqu’à 61 personnes).

A partir de 1880, des enquêtes enmatière de paupérisme et d’hygièneentraînent la disparition de ce typed’habitat. De ces quatre impasses, il nesubsiste que l’entrée de deux d’entreelles: une porte d’accès rue de la Croixet un porche à fronton rue Souverainequi donne aujourd'hui accès à deslogements de haut niveau.

RRUEUE LENSLENS

RRUEUE VVANAN ELEWYCKELEWYCK

Plaque dédicatoire, 35 rue Van Elewyck

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Hélène De Rudder-Du Mesnil (°1859)a réalisé des tapisseries pour l'Expo-sition internationale de Tervuerenen 1897 et pour l’Hôtel de ville deSaint-Gilles, d’après les cartons de sonmari Isidore De Rudder.

Cette rue fut dédiée à l'homme de let-tres Jean-Baptiste Lesbroussart (1781-1855), professeur à l’Université deLiège et journaliste opposant aurégime hollandais.

La rue Lesbroussart, ouverte en 1863,présente un long front de bâtissesanciennes, de gabarits semblables, auxfaçades enduites. Le rez-de-chausséea souvent été transformé aux finsd’activités commerciales où la restau-ration domine.

Dans la partie proche de l’avenueLouise ont été érigés dans les années’60 des immeubles à usage de bureauxet/ou d’habitation. Sur la façade dun°82 a été dressée en 1991, une plaquecommémorative pour le 50e anniver-saire de la fondation du Front del’Indépendance par le journalisteFernand Demany, le docteur AlbertMarteaux et l’abbé André Boland.Le Front regroupa au fil du temps unequinzaine d’organisations de résistan-ce (renseignement, chaînes d’évasion,aide aux juifs et aux réfractaires,sabotage).Fernand Demany, avec Désiré Denuit,Adrien vanden Branden de Reeth et

d’autres, participa au lancement le 9novembre 1943 du "Faux Soir", pasti-che du "Soir" autorisé par les autoritésd’occupation, et humoristique pied denez à celles-ci.

Au n°92 de la rue se trouvent desbureaux et une salle d’expositiond’une société de distribution de maté-riel de chauffage et de ventilation; lesentrepôts et les ateliers débouchaientau n°40-42 rue Lens.

L’aménagement intérieur (1991) d'unrestaurant, 49 rue Lesbroussart est àsignaler; il est le fruit d'une collabora-tion entre l'architecte Olivier Bastin etles artistes plasticiens Edith Dekindt,Jean-Claude Saudoyez et Marc Feulien.

☛ rue Lesbroussart: 74, 89, 115 et 117(*).

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L’urbanisation de ce quartier achève lajonction du Haut-Ixelles aux quartiersbordant les étangs. Elle s’étale sur unequarantaine d’années, en deux phases.La première, entre 1840 et 1850,concerne les rues du Président, Jeand’Ardenne, de l’Arbre bénit jusqu’àcelle des Champs Elysées. La seconde,en 1863, met en œuvre un pland’ouverture de rues entre la chausséede Vleurgat, l’avenue Louise et lachaussée d’Ixelles dont la rueLesbroussart constitue l’épine dorsale,ceci en prévision du percement del'avenue Louise.

Le quartier est entouré de trois grandsaxes de circulation automobile: lachaussée d’Ixelles, l’avenue Louise etla rue Lesbroussart, qu’empruntentaussi plusieurs lignes de transporten commun, en plus de celles quidesservent la place Eugène Flagey.La mobilité, des piétons et cyclistes enparticulier, est ralentie par la pressiondu stationnement automobile, dans unsecteur où sont situés plusieurs lieuxgénérateurs de trafic (écoles, commer-ces, institutions culturelles…).

Divers aménagements de la voirie,comme l'installation de potelets,tendent à restreindre le stationnement"sauvage" et à donner une plus largeplace aux piétons. Des élargissementsdu trottoir à proximité des carrefours,familièrement appelés "oreilles",améliorent la visibilité, ralentissentla vitesse des voitures et facilitentla traversée des piétons. Les surfacesainsi délimitées peuvent accueillir du

mobilier urbain, des fleurs ou desplantations. Ainsi a-t-on récemmentplanté, dans les rues des ChampsElysées et Lesbroussart, des spécimensde "prunus subhirtella automnalis", de"prunus cerulata Kanzan" et de "robi-nia pseudo-acacia umbraculifera".

La présente publication, "Versl'Ermitage", se réfère à un périmètredélimité par la chaussée d'Ixelles, lachaussée de Vleurgat, l'avenue Louise(située sur le territoire de la ville deBruxelles) et les rues de la Concordeet du Prince Albert.

La vie de ces rues est retracée à traversdifférentes personnalités qui y ont éludomicile.

RRUEUE LESBROUSSARLESBROUSSARTT

Immeuble de la rue Lesbroussart

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L’immeuble des n° 70 à 74 est unprojet de l’architecte Michel MuambaMutambayi. Il comprend une galeried’art, des surfaces de bureaux àvocation artistique (1er & 2e étages)ainsi que le studio et le logementd’un photographe, au niveau descombles sous une toiture à deux panslargement vitrés.

Le nom de Charles De Coster fut attri-bué en 1896 à une voie publique duquartier de l’Ermitage. Deux ansauparavant un mémorial avait étéélevé en bordure de la place EugèneFlagey.

L'écrivain Charles De Coster (1827-1879) estdécédé au 116 de la rue de l’Arbre bénit, maisonsise à l’angle de la rue Mercelis. Sur lafaçade, sont apposés une plaque commémorativeet un médaillon aux effigies du héros populaireThyl Uylenspiegel et de son épouse Nele."Les aventures d'Uylenspiegel et de LammeGoedzack au pays de Flandres et ailleurs" (1868)sont un récit pittoresque et haut en couleur, écritdans une langue archaïsante mais qui ne connutle succès qu'après la mort de l'auteur.

Au n°8 de la rue De Coster, un projetrécent a donné lieu à une constructionqui comprend des petits logements,une habitation familiale, un bureau de100m2, une galerie et un loft. L’animationdu quartier et la présence d’une grandesurface ont conduit les architectes AxelVerhoustraeten et Jean-Marie Gillet à pro-téger les occupants du trafic et du bruitenvironnants. La façade nord-est consi-

dérée comme une zone tampon,accueillant les espaces de circulation etde service. Elle présente un front bâtilisse, de béton enduit à gauche, de boisà droite; deux décrochements vitréslaissent apparaître le jeu des volumes,exprimés par de larges traits horizon-taux et verticaux. L’intérieur présentede grands espaces protégés s’ouvrantvers l’intérieur de l’îlot ainsi qu’unecour-jardin qui profite de l’ensoleille-ment sud-ouest. Le projet contribue àla variété et la richesse architecturaled’un quartier qui comprend outre desédifices du 19e siècle, des réalisationsdes années 30 ou Art déco. Cette réali-sation contemporaine s’insère sansheurts dans le contexte varié des faça-des du voisinage.

Les n° 10-12 ont abrité l'atelier dustatuaire Isidore De Rudder (1855-1943), auteur de la "Vieille Fontaine"à la place Charles Graux. L’ateliers’étendit jusqu’aux n° 70 et 74 de larue de Hennin et, transformé parl’architecte Maxime Brunfaut, abritaune imprimerie et un atelier de travaildes métaux.

Des récits apportent un éclairage parti-culier sur les relations sociales quiliaient les habitants. De nombreuxartistes et scientifiques ont vécu dansce quartier au cours des deux dernierssiècles: des écrivains comme Michelde Ghelderode, qui s'inspira del'atmosphère du lieu, aux peintresWilliam Degouve de Nuncques,Anto Carte et Jean Milo en passantpar Ernest Solvay et Karl Marx. Deshommes politiques et notablesqui firent l'actualité du 20e siècle,à l'image de Victor Larock ou de MarcSomerhausen ainsi que d'éminentsprofesseurs s'installèrent aussi dans lequartier de l'Ermitage, séduits par laproximité de l'Université libre deBruxelles. Certaines maisons ont gardéune trace du passage de leurs illustresoccupants. De tous temps, des archi-tectes de renom (Saintenoy, Hobé,Bodson, De Koninck…) conçurent desréalisations originales, dont plusieurssont aujourd'hui classées. Certains deces bâtiments font ici l’objet d’une des-cription, d’autres sont uniquementmentionnés comme étant intéressants.Plusieurs maisons furent habitées pardes personnes connues; c’est à ce titrequ’elles sont présentées.

Une attention particulière est apportéeà la toponymie, véritable témoignagede l'évolution des lieux et des idées.

☛ Des réalisations architecturales men-tionnées en italique, et dont certaines sontsignalées par un astérisque, sontincluses dans l’inventaire du patrimoinearchitectural de la Région dressé parSint-Lukasarchief en 1979.

RRUEUE CHARLESCHARLES DEDE COSTERCOSTER

8-12, rue Charles De Coster8-12, rue Charles De Coster

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L'hôtel de maître du n° 47 de la Vanneabrita "L’œuvre du Calvaire" de 1935 à1960 et, pour un temps, la MaisonAfricaine. "L’Œuvre du Calvaire",devenue aujourd'hui l'"Institut Albert Ier

et Reine Elisabeth”, se consacre auxsoins aux malades incurables etdépend des Cliniques universitairesSaint-Luc.

Dans les années ’90, un hôtel est cons-truit à l’emplacement des maisonssises du côté impair de la rue PaulSpaak et aussi sur celui du n° 47rue de la Vanne. Ces maisons avaientété démolies en 1979-80.

A cet endroit s'éleva jusqu’en 1895 laVilla "Belle Vue" en surplomb del’avenue Louise. Les rues de la Vanneet Paul Spaak reprennent le tracé duchemin qui longeait l'arrière de lapropriété.

Cette rue doit son nom à la famillepropriétaire de terrains environnants.

Les numéros 65 à 73 sont desimmeubles occupés de 1959 à la fin desannées ’70 par la maison d’édition "Femmes d’Aujourd’hui". Ils ont étéremplacés par deux groupes de mai-sons à un et deux étages dont subsistele n° 73 sous sa façade originelle.

Les immeubles sis à l’angle des ruesCharles De Coster et de Hennin ontfait récemment l’objet de transforma-tions importantes. Ceux de la rue deHennin abritaient à ce moment un ate-lier pour le travail des métaux et unespace d’exposition; ceux de la rueCharles De Coster regroupaient, quantà eux, un rez-de-chaussée commercialainsi que des logements.

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A l’origine dénommée rue deGerlache, ensuite rue Président deGerlache, cette rue prend finalementle nom de rue du Président afind'éviter toute confusion avec la rue deGerlache à Etterbeek. Etienne deGerlache (1785-1871), magistrat,historien et homme politique, présidale Congrès national en 1830, la Cour deCassation en 1832 et l’Académie royalede Belgique de 1836 à 1856.

Le n° 54 de la rue du Président abritedeux écoles dont la façade arrières'ouvre vers la rue Jean d’Ardenne.Intégré à la Haute Ecole Luciade Brouckère, l’Institut supérieuréconomique d'Ixelles, l’ISEC, proposedes graduats en droit et en marketing.L’Institut Fernand Cocq assure unenseignement de promotion sociale encomptabilité, en informatique et enlangues, y compris le langage dessignes à destination des malenten-dants. Les bâtiments furent dans unpremier temps occupés par une écolecommunale primaire pour filles. En1901, l’Institut des hautes Etudesmusicales et dramatiques, dirigé parHenri Thiébaut, y occupe quelquessalles de classe en soirée.

L’Institut se rapproche ainsi de l’Ecole deMusique vocale d’Ixelles créée par la Communeen 1891. Ensemble ils comptent quelque 600 élèves. Les édiles communaux sous la conduitedu bourgmestre Adolphe de Vergnies, favorisentcette institution qui deviendra l'actuelleAcadémie de Musique. Octave Maus et Fernand

Cocq, avocat et futur bourgmestre d’Ixelles, siè-gent au sein du conseil d’administration. En1902, le musicien français Vincent d’Indy, fon-dateur de la Schola Cantorum de Paris et ami deThiébaut, préside le jury de fin d’année.L’enseignement musical se complète de causeriesdonnées entre autres par les politiciens HenryCarton de Wiart, Jules Destrée, les littérateursIwan Gilkin, Maurice des Ombiaux, le juristeEdmond Picard… Henry Thiébaut s’inspire enoutre des méthodes pédagogiques de gymnas-tique rythmique d’Emile Jaques-Dalcroze.

Cette voie, créée comme ses voisinesvers 1850, est dans un premier tempsappelée rue d’Orléans en l’honneur deLouise-Marie d’Orléans, premièrereine des Belges. En 1921, elle estrebaptisée pour rendre hommage aujournaliste et écrivain Jean d’Ardenne,nom de plume de Léon Dommartin(1839-1919).

Né à Spa, Jean d'Ardenne gagne Paris en 1866.Entré au "Gaulois", quotidien conservateur,il devient correspondant de guerre aux côtésde Félicien Rops lors du conflit franco-allemandde 1870.

RRUEUE DUDU PRPRÉÉSIDENTSIDENT

RRUEUE JEANJEAN DD’’ARDENNEARDENNE

RRUEUE DEDE HENNINHENNIN

73 rue de Hennin

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Le pédagogue belge entendait yappliquer ses méthodes éducatives àdes enfants ne présentant pas dedifficultés d’apprentissage.

L’établissement fut transféré à Uccleen 1927. L'Ecole s'était implantée dansles bâtiments transformés de la fermede l'Ermitage. Le dernier occupant dela ferme exploitait encore à l’époqueune laiterie et une importante glacièrecreusée antérieurement dont levolume utile est estimé à 1162 m3. Lorsde la construction des n° 4 et 6,Fernand Bodson dut faire "décapiter"la glacière en supprimant la voûtesupérieure et couler ensuite un radiersupporté par des colonnes en béton.

☛ rue Paul Spaak: 20 à 26 (dont len° 22 est dû à Paul Saintenoy) (*).

L'îlot formé par la rue du Couvent etla rue de la Vanne, point culminant duquartier, abrite un réservoir d'eau de laVille de Bruxelles. La rue de la Vannedoit son nom à la présence, à frontde cette rue, d’un dispositif decommande du réservoir. En 1857,l’architecte Joseph Poelaert donne àcette enveloppe technique un caractèremonumental. Les eaux qui alimen-taient le réseau de la ville étaientcaptées dans la vallée du Hain, auxenvirons de Braine-l’Alleud.

Ixelles reste cliente de la Ville de Bruxelles pourla fourniture d’eau potable jusqu’en 1891, annéeoù se constitue la "Compagnie intercommunaledes Eaux", société coopérative qui rassembleprincipalement les communes de Saint-Gilles,Saint-Josse-ten-Noode, Schaerbeek et Ixelles. Laloi de 1907 sur les sociétés intercommunalespermet sa transformation en "Compagnieintercommunale bruxelloise des Eaux",l’élargissement de ses compétences et la redéfini-tion de ses missions organiques. Depuis 1989,l’activité de distribution, jusque-là matièrecommunale, est confiée à l’"Institut bruxellois deDistribution de l’Eau", l'IBDE. De créationrécente, l’"Institut bruxellois d’Assainissement"sera chargé à moyen terme de l’entretien duréseau et du traitement des eaux usées.

Il accompagne ainsi l’armée de Mac-Mahon jus-qu’à la débâcle de Sedan. Rentré en Belgique en1874, il est rédacteur en chef de "La Chronique",tout en collaborant à "La Belgique Illustrée" etsurtout au "Panorama de la Belgique", organedu Touring Club. Ses notes de voyage sontrassemblées sous divers titres, dont "L’Ardenne"(1907) rédigé en un style alerte et clair. Jeand'Ardenne a le souci de dépeindre lesbeautés et les rudesses de cette Ardenne, prochedes origines; il le fait aussi pour la "Côtede Flandre" (1888) avec des illustrationsd’Henri Cassiers.

La variété et la qualité de ses écrits incitent denombreux lecteurs à préparer excursions et voyages lointains. A maintes reprises, l'écrivainprend la plume pour défendre des sitesintéressants contre les "vandalismes" dupatrimoine; son intervention, concertée avecd’autres personnalités telles l’historienGuillaume Des Marez, le curé Maxime Cartonde Wiart et le vicomte Terlinden, contribue àsauvegarder l’ancienne abbaye Notre-Dame de laCambre.

En avril 1922, à l’initiative du TouringClub de Belgique, une plaque commé-morative est apposée sur la façade dun° 47, maison que Jean d’Ardenneavait occupée de 1874 à son décès.

André Gevrey (1913-1993) habita lamaison de Léon Dommartin de 1956à sa mort.

Après avoir fréquenté l’Athénée d’Ixelles,Gevrey (André Pesesse pour l’Etat civil), débu-te au Rataillon, compagnie théâtrale à caractèreexpérimental. De 1935 à 1953, il fréquente lesscènes du Théâtre du Parc, du Molière et duNational; il excelle dans les rôles du jeunepremier ou en Lagardère dans le mélodrame«Le Bossu» d’Anicet Bourgeois et Paul Féval.Engagé entre-temps comme acteur-lecteur àl’I.N.R., il a la tâche d’annoncer le déclenche-

ment de l’offensive allemande sur la Belgique àl’aube du 10 mai 1940. Il participe à partir de1951 aux essais et au lancement de la télévisionbelge. Il devient alors réalisateur sans abandon-ner tout à fait la scène: il interprète Beulemansdans «Le Mariage de Mademoiselle Beulemans»en 1960 aux côtés de Christiane Lenain, DeniseVolny et Yves Larec. Documentaliste du théâtrebelge à ses heures, il a livré ses archives àla Maison de la Bellone.

Après un bref séjour à Saint-Josse-ten-Noode, Karl Marx (1818-1883), alorsprofesseur de philosophie, occuped’octobre 1846 à février 1848 le n° 50de la rue Jean d'Ardenne avec sonépouse Jenny et ses deux filles. Un fils, prénommé Edgard, naît àIxelles le 5 février 1847.

Karl Marx rédige en Belgique, dans des condi-tions précaires, une "Misère de la Philosophie"en réponse à la "Philosophie de la Misère" dePierre-Joseph Proudhon qui lui aussi séjourne àIxelles lors de son exil en Belgique. Le "Manifestedu Parti Communiste", publié en 1848,est probablement ébauché à cette époque. Peuaprès, les autorités nationales expulsent Marx deBelgique car il avait failli à sa promesse de ne selivrer à aucune activité politique.

Une plaque commémorative estapposée sur la façade de son domicile.

Au n° 63 de la rue Jean d'Ardenne,a vécu Louis Léopold Van derSwaelmen (1849-1910), architecte pay-sagiste et inspecteur des plantations dela Commune d’Ixelles. Il a, en collabo-ration avec son fils Louis, conçul’aménagement des terrains où se sontdéroulées les Expositions interna-tionales de Liège en 1905 et deBruxelles (Solbosch, 1910).

22 rue Spaak (arch. Paul Saintenoy)

RRUEUE DEDE LALA VVANNEANNE

Enceinte du réservoir de la Ville de Bruxelles au fond, la rue de la Vanne;à droite, l’ouvrage dû à Joseph Poelaert

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Louis Van der Swaelmen fils (1883-1929) élabore, à partir de 1920,les plans d’urbanisme de nombreusescités-jardins parmi lesquelles: "KleinRusland" à Selzaete, "Le Logis" et"Floréal" à Watermael-Boitsfort, La CitéModerne" à Berchem-Sainte-Agathe et"Kappelleveld" à Woluwe-Saint Lambert.

Van der Swaelmen est actif au sein de l’Unioninternationale des Villes et Communes fondée en1913 et dirigée par Emile Vinck, municipalisteconvaincu, sénateur et conseiller communalsocialiste à Ixelles pendant près de 40 ans. Aprèsavoir pris part à la bataille de l’Yser, Van derSwaelmen passe aux Pays-Bas où il mesure l’am-pleur et la qualité des programmes de construc-tion de logements populaires (Woningwet 1902).Il siège au sein du bureau du Comité Néerlando-Belge d’Art Civique, fondé en 1915 et présidé parl’architecte néerlandais Hendrik Petrus Berlage.

Dans "Préliminaires d’Art civique mis en rela-tion avec le cas clinique de la Belgique" (1916),synthèse des débats du Comité, Van derSwaelmen ouvre les perspectives d’un urbanismesocial moderne dans l’optique de la reconstruc-tion des régions dévastées par le conflit. Jusqu’àla fin de sa courte vie, Louis Van der Swaelmenanime les activités de la Société belgedes Urbanistes et Architectes modernistes.A la même époque, en 1927, il enseignel’urbanisme et l’architecture des jardins à

l’Institut supérieur des Arts décoratifs de laCambre, créé la même année.

Quoique fixé à Stavelot depuis 1918, lepeintre symboliste William Degouvede Nuncques (1867-1935), avaitconservé son domicile à Ixelles. Aumoment de son second mariagecélébré le 6 juin 1930, il déclare habiterau n° 63 de la rue Jean d'Ardenne,dans l’ancienne maison des Van derSwaelmen.

William Degouve de Nuncques est issu d’unefamille de l'aristocratie française installée enBelgique après la guerre de 1870. Il aborde lapeinture en autodidacte. En 1883, il fréquentel’Ecole de Dessin et de Modelage, actuelle Ecoledes Arts d'Ixelles. Il se lie avec les peintresToorop et Henri De Groux. Il fréquente lesmilieux symbolistes et compte beaucoup d'amislittérateurs, parmi eux Emile Verhaeren dont ilépouse la belle-sœur, Juliette Massin, en 1894.Degouve de Nuncques cultive les climatsétranges, interprétant avec candeur des paysagesféeriques et merveilleux. Son œuvre estempreinte de mystère. Il fut membre des XX et dela Libre Esthétique.

balcons du haut desquels on jouissait dede la plongée dans un parc qu’habitaitjadis Ernest Solvay."

Jacques Aron est l’auteur avec Patrick Burniatet Pierre Puttemans du "Guide d’ArchitectureModerne de Bruxelles et environs: 1890-1990"(1990), régulièrement réédité et augmenté.

Le n° 46 est construit en 1936 d’aprèsles plans de Lucien de Vestel(1902-1967), déjà auteur du crémato-rium d’Uccle, en association avecHenry Lacoste et des extensions, sousforme d’immeuble-tour, de l’Institutroyal des Sciences naturelles au ParcLéopold. C’est au 6e étage de cetimmeuble qu’Anto Carte avait sonatelier. Enfin, Fernand Bodson signeavec ses associés Clotilde Coppens etHorace Verhoeven les plans de l’im-meuble sis 70 rue de l’Ermitage.

Les façades des bâtiments numérotés58 à 70 révèlent une intervention archi-tecturale postérieure aux années ‘30.Elle résulte des destructions causées le9 novembre 1944 par la chute d’un V1sur le quartier qui fit douze victimes.

Un peu plus loin, sur la façade dun° 80, deux sgraffites attirent l'atten-tion par leurs teintes noir et or peuhabituelles. Cette décoration murale estobtenue par grattage d'un enduit clairsur un fond de stuc sombre.

Peu après 1945, le tronçon de larue de l’Ermitage débouchant rueLesbroussart prend le nom de ruePaul Spaak.

Paul Spaak (1870-1936) fut dramatur-ge et directeur du Théâtre de laMonnaie. Son épouse, Marie, est la filleaînée du parlementaire Paul Janson.Entrée au Conseil communal de Saint-Gilles, elle est aussi la premièrefemme sénatrice après sa cooptationpar le Parti ouvrier belge. Les trois fils,Paul-Henri, Charles et Claude se fontconnaître respectivement commepoliticien, scénariste de cinéma ethomme de lettres. La fille dePaul-Henri Spaak, Antoinette Spaak,a suivi les traces de son père. Nomméeministre d’Etat en 1983, elle a siégéjusqu'en 2001 au Conseil communald’Ixelles.

L’architecte Fernand Bodson (1877-1966), auteur de la loge "Le Droithumain" 86 rue de l'Ermitage, aégalement dessiné entre 1927 et 1931les plans des n° 2, 4 et 6 de la ruePaul Spaak. Le premier de cesbâtiments, à deux entrées jumelées,comporte un atelier d’artiste; safaçade est recouverte de plaquettes deterre cuite.

Cet ensemble de maisons fut édifié enlieu et place de l’Ecole de l’Ermitage,ouverte en 1907 par le docteur OvideDecroly (1871-1932).

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Une venelle du quartier "Le Logis"à Watermael-Boitsfort

"Effet de nuit" de William Degouve de NuncquesMusée d’Ixelles

RRUEUE PPAULAUL SPSPAAKAAK

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La rue de l’Ermitage est bordée d'unesérie d’immeubles à appartementsconstruits entre 1925 et 1940. A cetteépoque, ce type d’habitat destiné à uneclientèle bourgeoise soucieuse deconfort et de rationalité connaît ungrand essor en Belgique.

Le premier immeuble à avoir été bâtiest le n° 52; il est l'œuvre d’AdolphePuissant, responsable des plans deplusieurs ensembles de logementsocial à Laeken et Molenbeek-Saint-Jean. L’immeuble mitoyen au n° 50 estsigné par Josse Mouton (1927).

En 1936, sont achevés les n° 48 et 28.Le n° 48 est érigé par l'architecteMarcel Peeters pour le compte de lasociété "Les Pavillons Français", une

entreprise de construction immobilièredont le nom est toujours attaché à unimmeuble de type analogue, rue duNoyer à Schaerbeek (1933).

Les plans du n° 28 sont tracés en 1935par Louis Herman De Koninck, prin-cipal représentant de l’avant-gardemoderniste en Belgique. L'innovationfonctionnaliste du temps se retrouveen particulier dans la position quasimédiane de l’escalier et sa visibilité enfaçade avant.

De Koninck souligne, dans ses souvenirspubliés en 1970, l’importance dans sa formationdes conférences d’Henry Van de Velde etd’Hendrik Petrus Berlage, prononcées en 1912 et1913 à l’Institut des Hautes Etudes del’Université nouvelle, rue de la Concorde.Il témoigne de son intérêt précoce pour lestechniques nouvelles de construction, tels le voilemince de béton et l’assemblage d’élémentsstandardisés, qui influencèrent sa démarchearchitecturale future. Il a enseigné à l’Ecole de laCambre de 1940 à 1974.

Dans un essai intitulé "L’Année duSouvenir", l'architecte et critique d’artJacques Aron (°1933) mentionneson séjour dans l’immeuble n° 28.

"A l’automne 1951, je m’inscrivis à laCambre pour y étudier l’architecture.Nous habitions alors un immeuble moder-ne à appartements, modeste, sans ascen-seur malgré ses quatre étages, construit en1935 par Louis-Herman De Koninck pourun jeune avocat. Bien que la façade fûtorientée au nord, De Koninck avait doté leslivings — ce terme barbare avait éliminédes plans le sombre "salon" — de grands

La rue fut créée en 1843 sous le topo-nyme de rue Hanset d’après le nomd’un propriétaire foncier, et prolongéeen 1862 en prévision de la percée del’avenue Louise. Elle fut appelée ruede la Reine et enfin rue Souveraine en1856, afin d'éviter la confusion avec larue de la Reine qui longe un des côtésdu Théâtre royal de la Monnaie.

A propos des plaques odonymiquesbilingues, le journaliste Jean d’Ostamentionne dans "Notre Bruxellesoublié", les nombreuses traductionsapproximatives ou erronées réaliséesdans le courant du 19e siècle par desfonctionnaires souvent francophones.Ainsi la rue Souveraine fut-elle dénom-mée "Opperstraat" (rue Supérieure)à Bruxelles, "Vorstinstraat" sur sonparcours ixellois (rue de la Souveraine)et même "Souvereinestraat". C’est fina-lement la première de ces appellationsqui prévaut aujourd’hui en néerlan-dais.

Le porche à fronton des n° 40-42donne accès à des logements de hautniveau, loués meublés à des fonction-naires ou des cadres étrangers résidanttemporairement en Belgique. Ce por-che est la seule trace d'une impasse quis'ouvrait sur le carré Deruydts consti-tué de six maisons et qui a disparu àla fin du 19e siècle. La plupart desbâtiments de la rue Souveraine ontété rénovés à l’initiative d’un promo-teur immobilier scandinave dont le

monogramme apparaît sur chacunedes façades.

☛ Rue Souveraine 40(*), 44 et 46(*)(arch. D. Dekeyser), 52 (arch. GustaveStrauven, auteur des plans de la MaisonSaint-Cyr, Square Ambiorix).

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RRUEUE SOUVERAINESOUVERAINE

40-42 rue Souveraine, ici s’ouvrait le carré Deruydts

52, rue Souveraine52, rue Souveraine

28 rue de l’Ermitage

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Ce toponyme fait référence à un tilleul,siège d’une pratique locale mêlantreligion et superstition, que l’onconfond parfois avec l’aulne desarmoiries de la Commune. La tradi-tion, peut-être d’origine druidique, luiattribuait des vertus curatives. Desenfants malades étaient étendus soussa ramure, après l’averse, dans l’espoirqu’ils soient délivrés des fièvres. Cetilleul faisait l'objet d’une processionmenée le mercredi des Cendres par leclergé de Sainte-Gudule. L’existencedu lieu-dit qui témoigne de cettepratique est attestée dès 1227 sous laforme d'"Elterken" et ensuite souscelles de "Lindeken" et enfin de"Geweyden Boom". Cet arbre réputémiraculeux, abattu vers 1865, se dres-sait à peu près au croisement desactuelles rues Defacqz et Veydt.

Cette pratique fervente n’est pas leseul trait remarquable de cette rue:dans la nuit du 25 au 26 avril 1896, unassassinat est perpétré dans l’hôtelparticulier portant le n° 56, rue del’Arbre bénit.

Le matin venu, la baronne Herry, propriétairedes lieux, est retrouvée morte par une domes-tique. Le cadavre présente des meurtrissuresbleuâtres autour du cou et une blessure sanglan-te à la tempe droite. Peu après, un coffre-fort videappartenant à la victime, est découvert auxconfins d’Anderlecht et de Leeuw-Saint-Pierre.Le 28 avril, un agent de change nommé Raesvend en Bourse six actions dérobées deux joursplus tôt. Il affirme les tenir d’un sieur Lefèbvrequ’il décrit en détail. Un ancien policier est soup-

çonné; il se nomme Alexandre Courtois, âgé de48 ans, habitant au Solbosch, à proximité ducimetière d’Ixelles, chez qui sont trouvés d’autrestitres de même provenance. Ses complices sontaussitôt arrêtés; un repris de justice, dit «PitjeSnot», confirme que Courtois est l’instigateur ducrime. Du reste, ce dernier avait déjà été inquié-té à la suite d’un vol de bijoux commis trois ansauparavant chez la comtesse de Flandre.Courtois échappe alors aux poursuites, faute depreuves, mais la Ville de Bruxelles révoque l'offi-cier de police attaché au commissariat de la ruede la Régence. Les aveux de ses sbires permettentd’élucider plus d’un méfait commis par la bande.Pitje Snot, autrefois emprisonné sur énonciationde Courtois pour avoir refusé de participer au volde bijoux chez la comtesse de Flandre, bénéficiecette fois de l’acquittement lors du procès quiclôture l’affaire.

En 1896, paraissent les "Mémoires etRévélations de Pitje Snot, avec portrait authen-tique de l’auteur", souvenirs d’un affranchimarollien recueillis par un publiciste inconnu.Courtois, défendu par les avocats ArmandHuysmans et Adolphe Max, est lourdementcondamné et décède en prison en 1904,à l’âge de 56 ans.

Le carrefour des rues des ChampsElysées, de Hennin et de l’Ermitageprésente un réel intérêt architectural.

On y remarque en effet:- à l’angle Champs Elysées-de Hennin,

un immeuble de rapport Art nou-veau, dû à Léon Delune, à façade enléger décrochement, pourvu d’uneterrasse;

- à l’angle de Hennin-Ermitage, un hôtel particulier (arch. D. Rosseels, 1914) surmonté d’une rotonde;

- à l’angle Ermitage-Champs Elysées,l’immeuble à appartements, avec sa terrasse surélevée sur l’angle (arch.Josse Mouton 1925);

- au coin Champs Elysées-de Hennin, l’ancien garage Beherman-Demoen (arch. V. Duyckers, 1954) dont letraitement d’angle tendait originel-lement à l’ouverture maximale sur les salles d’expositions et les ateliers;

- un terrain non bâti, en forte déclivité,clôturé d’une palissade à l’angle deHennin-Ermitage;

- et enfin, le long mur aveugle de lapropriété Solvay, rue de l’Ermitage et rue des Champs Elysées, percé à cet endroit d’une poterne qui en tronquela pointe.

RRUEUE DEDE LL’’ARBREARBRE BÉNITBÉNIT

Au centre, le 56 de la rue de l’Arbre bénit

Carrefour des Champs Elysées, de Hennin et de l’Ermitage;à gauche: un hôtel particulier (arch. D. Rosseels),à droite: l’immeuble dû à Josse Mouton

Carrefour des Champs Elysées, de Hennin et de l’Ermitage;à gauche: l’extrémité de la propriété Solvay,à droite: un immeuble de rapport dû à Léon Delune

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Le bâtiment, surélevé dans les années’50, a été rénové par l’architecte ElieLevy pour exposer de manière perma-nente les collections des Archivesd’Architecture Moderne fondées en1968 par Maurice Culot, Anne Van Looet Caroline Mierop.

Le musée comporte cinq salles et gale-ries d’exposition de différentes dimen-sions dédiées à des architectes belgesmodernistes: Fernand Bodson, sonassocié, Antoine Pompe, RenaatBraem, Louis Herman De Koninck etVictor Bourgeois. La collection — unedes plus riches d’Europe — comprenddessins, esquisses, photographies,maquettes et pièces de mobilier, témoi-gnages des grands courants architec-turaux représentés en Belgique du 19e

siècle à nos jours. Elle sera présentéepar une succession d'expositions.

Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 12hà 18h, tél. 02 649 86 65, www.aam.be

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Henri Soumagne, dramaturge, retracel'affaire sous le titre de "L’étrangeMonsieur Courtois", texte dont s’inspi-re en 1959 le réalisateur de la R.T.B.Louis Boxus pour en tirer le scénariod’un téléfilm. L’immeuble est détruitdans les années 1950, lors de travauxd’extension de la société Electrogaz.

Au n° 73 de la rue, naît AdémarAdolphe Louis Martens, plus connusous le nom de Michel de Ghelderode(1898-1962). En 1948, il rédige "LaChronique de la rue de l’Arbre bénit"qui s’ouvre par ces mots "Elle n’a pourelle que son nom et son tracé de vieuxpochard qui rentre tard…"

Il y dépeint les scélérats et lesinnocents pendus aux branches del’Arbre bénit, qu’il identifie à tort à desarmoiries d’Ixelles, nom de lieu dérivé,selon lui, du "Roi des Aulnes" deGoethe ou du port d’Elseneur, capitaledu royaume de Hamlet. Il y salueaussi Charles De Coster qui s’éteigniten 1879 au n°116 de la rue et frémitau souvenir de l’affaire Courtois.

Renvoyé du Conservatoire de Bruxelles pourmanque d’assiduité, Martens assume ensuite lachronique artistique de l’hebdomadaire"Mercredi Bourse". L’administrateur dupériodique s’assurait le concours de conférencierspeu connus afin de diversifier les programmes deses "Lundis mondains" où une conférenceprécédait une courte pièce de théâtre. L’exposé dujeune Martens, le 29 avril 1918 a trait au destinlittéraire d’Edgar Allan Poe; la pièce s’intitule"La Mort regarde par la Fenêtre", premièreœuvre qu’il signe de son nom de plume, Michelde Ghelderode, qu’il est légalement autoriséà porter en 1929.

Ses pièces baroques, truculentes, souventcruelles, ont fait le tour du monde: "La Balladedu Grand Macabre", "Pantagleize", "Escurial","Sire Halewyn"… Elles sont toutes écritesentre 1925 et 1939 mais ne circulèrent dans lesmilieux parisiens qu’une dizaine d’années plustard. A ce moment répondent à la démesure ghel-derodienne "Les Bonnes" de Jean Genet,"La Cantatrice Chauve" d’Eugène Ionesco,"En Attendant Godot" de Samuel Beckett…

A ses débuts, Ghelderode avait signé dupseudonyme de "Philosthère Costenoble" unrecueil de vers de mirliton, virulents ou débon-naires, sous le titre d’"Ixelles, mes Amours".Roland Beyen et Jean-Paul Humpers, exégètes deson œuvre, ont constitué la Fondation interna-tionale Michel de Ghelderode, où setrouvent rassemblés éditions, documents ettémoignages.

En 1960 fut apposée sur la façade de samaison natale une plaque com-mémorative, à l’initiative de "Ses amisaméricains" , signe de sa renomméeinternationale.

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Michel de Ghelderode

Et ma sœur frappant d’un balai mon berceauParce que j’étais roux, que je n’étais pas beau!Et naître près du lieu où mourut De Coster!

Quelle gageure!N’empêche, toujours elle m’attendrit

La rue de l’Arbre bénit.

Ancienne loge maçonnique «Le Droit Humain»Ancienne loge maçonnique «Le Droit Humain»86 rue de l’Ermitage

Projet d’agrandissement de l’immeublepour la loge maçonnique «Le Droit humain», 1934 Fernand Bodson

«Le Bon et le Mauvais Goût», exposition temporaire présentée au Musée d’architecture - La Loge en 2002

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L’adresse du CIVA, 55 rue del’Ermitage, est celle d’un ancien local àfonction industrielle. L'"usine secondai-re d’électricité" fut construite en 1895,suivant les plans de l’architecte EmileDevreux. En brique et en pierre bleue,d’inspiration classique, elle comporte àl’origine huit travées de portes et fenê-tres rue de l’Ermitage et trois rue de laVanne, dans le prolongement desquel-les elle fut agrandie ultérieurement.A l’intérieur, les colonnes de fonte et lespoutrelles métalliques de sa structureainsi que le plafond de briques àvoussettes sont remarquables.

Le Centre International pour la Ville,l’Architecture et le Paysage (CIVA)regroupe outre les Archives d’Archi-tecture Moderne, la Fondation pourl’Architecture, la Fondation PhilippeRothier pour l’Architecture, le CentrePaul Duvigneaud (écologie), la Biblio-thèque René Pechère (architecture desjardins) et le Fonds Victor G. Martiny.Le bâtiment, inauguré en 2000, est dûau bureau français Garric-Nègre-Altuna-Quirot sélectionné à l’issue d’unconcours international d’architecture.Il abrite bibliothèques, salles d’exposi-

tions et de consultation d’archives,auditorium et espaces de conservation.Le CIVA privilégie à la fois la rechercheet la diffusion en matière d’architecture,d’urbanisme et d’environnement. Desexpositions sur ces thèmes y sont régu-lièrement organisées.

Ouvert de 9h30 à 18h30; samedi et dimanchede 10h30 à 18h30. Tel: 02 642 24 50

L'année 2002 voit l'inauguration du"Musée d'architecture - la Loge" aun° 86 rue de l’Ermitage, installé dansl'ancienne loge maçonnique "le DroitHumain", première loge mixte etprogressiste.

Le bâtiment a été construit en 1934 parl’architecte Fernand Bodson, sur leterrain laissé libre suite au déménage-ment de la première école d'OvideDecroly. Par un parcours labyrin-thique, l'entrée sombre mène à lalumière du temple dont trois vitrauxs'ouvrent vers l'Orient.

Deux autres plaques signalent d’autresdomiciles du dramaturge, rue de laSablonnière à Bruxelles et rue Lefrancqà Schaerbeek.

Au n°28 de la rue de l'Arbre bénit, lepeintre et poète Jean Milo, né EmileVan Gindertael (1906-1993), occupa de1930 à 1970 avec sa famille la maisondans laquelle il avait égalementinstallé son atelier. Cette maisondécorée de ses peintures a étéensuite revendue au photographeGuy Manguin († 2000), qui s'y estétabli avec les créatrices de vêtementsBrigitte Manguin et Anne Beetz.Comme les maisons voisines, elle estaujourd’hui promise à la destructionsuite aux projets d’extension de lasociété Sibelgaz.

Jean Milo publie en 1980 «Vie et Survie duCentaure», ouvrage de souvenirs dont le titre seréfère au Centaure, galerie d’art renommée del'avenue Louise, dont il a été le sous-directeur de1926 à 1931. La crise économique et uneorientation audacieuse et "moderniste" eurentraison du Centaure auquel furent liés Frits VanDen Berghe, Gustave De Smet, Edgard Tytgat,André Derain, Max Ernst, Othon Friesz, PaulKlee, Foujita…

Jean Milo assura l’organisation de la ventepublique de liquidation où furent dispersées en1932, à des prix dérisoires, des œuvres d’artistescomme Raoul Dufy, Marc Chagall, Joan Miro,Heinrich Campendonk, Ossip Zadkine, JamesEnsor, Giorgio de Chirico, René Magritte, PabloPicasso, Francis Picabia….

Lors de la vente publique, le décorateur etcollectionneur Max Janlet acquiert, outre destoiles de Van Den Berghe et De Smet, le "Nudans un paysage" d’Heinrich Campendonk,

le "Cheval de cirque" de Joan Miro, "Le visage dugénie" de René Magritte. Il lègue en 1977 sacollection au Musée d’Ixelles, qui, l’annéesuivante, en présente une sélection sous le titred’"Hommage à Max Janlet". Des œuvres majeu-res de ce legs sont régulièrement exposées auMusée.

La rue de l’Arbre bénit ne fait pasexception à la vocation d'enseigne-ment du haut d'Ixelles. Autour de1900, des parents soucieux de bonneéducation confient leurs enfants àl’Institution des Demoiselles dirigéepar les dames Orianne au n° 52 ouaux Sœurs de Notre-Dame au n° 120.

"Le Nu dans un paysage" d’Heinrich CampendonckMusée d’Ixelles

C I VA

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Peintre volontiers archaïsant, voire symboliste,Carte privilégie la figure humaine. A Ixelles, ilest l'auteur des scènes du chemin de croix del’église Notre-Dame de la Cambre et des cartonsde certaines verrières.

Jacques Maes (1905-1968), lui-mêmeriverain de la rue de l’Ermitage, aachevé l’exécution d’une des dernièresœuvres de son maître Anto Carte, ungrand vitrail (89 m2), "Le Jugementdernier et l’Adoration de l’Agneau",destiné à la basilique nationale duSacré-Cœur à Koekelberg.

Au n° 54, l’architecte Georges Hobé(1854 -1936) conçoit en 1913 les plansde son habitation personnelle. Lafaçade très sobre réunit un pignonbaroque et un bow window contem-porain. L’ensemble est classé en 1997.

Georges Hobé se fait connaître par ses créationsde mobilier et lambris à l’Exposition du Congo àTervueren en 1897, aux côtés de représentants del'Art nouveau Paul Hankar, Gustave Serrurier-Bovy et Henry Van de Velde. Il prend encore partà l'Exposition des Arts décoratifs modernes àTurin en 1902 où il est associé à Antoine Pompeet à l’Exposition internationale de Milan en1906. A Ixelles, les maisons mitoyennes n° 63 et65 de la rue du Châtelain et la maison de LucienSolvay, au n° 76 de la rue Gachard, et celle dun° 57 de la rue de Hennin sont construitesd’après ses plans.

Aux n° 51-53 de la rue de l’Ermitage,en bordure de l’enceinte du réservoird’eau de la Ville de Bruxelles, setrouvent une ancienne station dedispersion d’électricité et un laboratoi-re, transformés en bureaux de laCompagnie intercommunale bruxel-

loise des Eaux (C.I.B.E.) en 1983 etenfin en locaux d’exposition de laFondation pour l’Architecture.

Dans le vaste parc, sont implantés dès1842 des végétaux peu courants àl’époque tels aucubas, agaves et ungingko biloba. Le domaine a fait placeà la cour de récréation du CentreScolaire Eperonniers-Mercelis, ceintede bâtiments de construction récentedont certains sont affectés au loge-ment. La chapelle de style néo-gothique, désaffectée, est reconvertieaujourd'hui en appartements de typeloft. Les frères Alexiens, établis aun° 102 depuis 1862, acquirent unebande de terrain à l’intérieur de l’îlot,ce qui permit aussi l’accès au couventpar une allée tracée à hauteur du n° 33de la rue Mercelis. Ils y érigent unechapelle en 1899. Dans une des ailes decette communauté furent accueillisprêtres retraités et "pieux vieillardscélibataires".

De nos jours, les lieux sont occupés parle "Psycho-sociaal Centrum Sint-Alexius", agréé par le Ministère de laCommunauté flamande.

L’immeuble de style éclectique dun° 123 est actuellement occupé par laMaison hongroise, siège de la Missioncatholique hongroise. Classée en 1992,elle se distingue surtout par sa décora-tion intérieure.Pour transformer en 1897 cet hôtel demaître à son propre usage, l’architectePaul Saintenoy s’assure le concoursde créateurs et d’artisans réputés, telsle verrier Raphaël Evaldre et l’ébénisteHenri Pelseneer, tous deux collabora-teurs réguliers de Victor Horta.Evaldre réalise deux verrières intitu-lées "La Vague", d’inspiration assezdifférente.

Pensionnat de l’Arbre bénit - JardinPensionnat de l’Arbre bénit - Jardin

54 rue de l’Ermitage

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L’une, horizontale, créée d’après uncarton de Privat Livemont, ouvre surle grand salon, à droite de la façade;la seconde, verticale, éclaire la caged’escalier par l’entresol, à droite del’entrée cochère. Henri Pelseneer secharge de l’exécution du mobilier, deslambris et de l’huisserie, en particulierl’ingénieuse porte coulissante descommuns. Il intègre à l’ensemble deséléments plus anciens (rampe d’esca-lier, panneaux de porte, console dessolives de plafonds…) acquis ou récu-pérés par Paul Saintenoy. Les papierspeints et les décors des plafonds sonteux aussi remarquables.

Paul Saintenoy (1862-1959) est égalementauteur des extensions de l’Old England, actuelMusée des Instruments de Musique, et de laPharmacie Delacre, Montagne de la Cour. Il estle petit-fils de l’architecte Jean-Pierre Cluysenaarà qui l’on doit les Galeries Saint-Hubert (1846)et le Conservatoire Royal de Musique (1872).Son père Gustave Saintenoy est l'architecte

entre autres de la gare du Luxembourg (1855) etde la Cour des Comptes, l’ancien hôtel du Comtede Flandre, (1868), rue de la Régence. JacquesSaintenoy (1895-1947), fils de Paul Saintenoy,collabora à la construction de la Gare du Nord(1956).

Le triangle formé par les rues del’Arbre bénit, du Prince Royal etKeyenveld est actuellement constituéde divers immeubles de bureaux etespaces de stationnement qui ont prisla place d’habitations plus anciennes.

Cette voie fut tracée à partir de 1843 àtravers des terrains appartenant à uneveuve Mercelis. Les bâtiments destyle néoclassique, sis à l’angle de laplace Fernand Cocq et de la rueMercelis, abritèrent certaines sectionsde l’Athénée d’Ixelles jusqu’à la fer-meture définitive de cet établisse-ment. Ils ont récemment été affectésau logement, suivant les plans de l’ar-chitecte Wachtelaer.

Cette rénovation a impliqué le réamé-nagement intérieur complet desconstructions existantes, en particu-lier celui du bâtiment principal àfront de rue, surhaussé d’1,50 mètre,et de l’arrière-bâtiment, ainsi que ladémolition de celui qui les reliait.L’intérêt culturel et historique desfaçades principales a été sauvegardé,dans une zone limitrophe du périmè-tre de protection de l’Hôtel commu-nal.

Dans «Studie over de nederlandscheplaatsnamen in de gemeenten Elseneen Ukkel» (1931), le docteur Van Loey,professeur à la V.U.B., recense tous lesnoms de lieux cités dans des sourcesanciennes telles qu’atlas cadastraux,registres des cens, rentes et redevan-ces, cartulaire et chartrier de l’abbayeNotre-Dame de la Cambre. Il mention-ne un "kluis" sous diverses formes etorthographes, de 1392 à 1720. Cetteénumération et les commentairesajoutés permettent de préciser que lesite comportait autrefois une maisonavec cour, un ruisseau et un étang.

La dénomination actuelle de la ruerappelle l'existence entre le 14e siècle etle milieu du 19e siècle, du manoir terKluyse (de l’Ermitage). Il se situait unpeu en retrait du départ des actuellesrues Dautzenberg et Gachard et secomposait à l'époque d’une maisond’habitation, de remises et d’établesentourées d’un étang et de terres deculture. Le corps de logis et sesdépendances furent détruits après1856; l’étang, dont les berges furentrectifiées et équipées d’installationsappropriées, servit à l’"Ecole deNatation des Bains de l’Hermitage".L’établissement disparaît lors de lamise en œuvre en 1886 du plan d’ali-gnement du quartier.

Au n° 16 de la rue habita MarcSomerhausen (1899-1992), juriste,avocat et professeur à l’U.L.B.qui plus tard élut domicile au 6 rueVilain XIIII.

Peu après son retour de captivité, en 1948,Marc Somerhausen est nommé conseiller auConseil d’Etat, récemment créé, et en devint plustard le premier président émérite. Il est égale-ment élu au Conseil communal d’Ixelles et à laChambre des Représentants.

Marc Somerhausen s’est associé en1925 avec son frère Luc et d’autres par-ticuliers pour faire construire, d’aprèsles plans de l’architecte Josse Mouton,l’immeuble sis à l’angle des rues desChamps Elysées et de l’Ermitage, dontl’esthétique rappelle les réalisations del’Ecole d’Amsterdam. Les garagesoccupent, au rez-de-chaussée, lamajeure partie de la parcelle; leurstoits constituent une terrasse accessi-ble par le premier étage.

Le peintre Anto Carte (°1886) vécut aun° 46 où il décède le 18 février 1954.

Originaire de Mons, Anto Carte fonde en 1928le groupe "Nervia" pour porter témoignage de lavie artistique en Wallonie.

Détail d’une des verrières de l’Hôtel Saintenoy RRUEUE MERCELISMERCELIS

«L’homme au coq» d’Anto Carte Musée d’Ixelles

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Propriétaire des n° 62 et 64 de la ruedes Champs Elysées, familier desmilieux artistiques parisiens où ils’était lié avec le peintre EugèneCarrière, Louis Devillez (1855-1941)manifeste un intérêt, inusité àl’époque, pour les œuvres exotiquesde Paul Gauguin. Le peintre Jean-Jacques Gailliard en témoigne dans sessouvenirs: "Alors que ces peintres étaientméprisés par les amateurs, il en achetait àdes prix dérisoires, n’ayant pas en vue laspéculation mais le goût. Il en garnissaitson petit hôtel de la rue des ChampsElysées à Ixelles. On riait de sa noblemarotte autant que de Gauguinlui-même".

Le sculpteur souhaitait offrir sacollection à l’Etat belge mais l’ensem-ble, comprenant nombre d’œuvres deCarrière, échut au Musée du Louvre.Louis Devillez a participé à la décora-tion de la façade latérale du Muséed'Art ancien, du côté de la rue deRuysbroek.

☛ rue des Champs Elysées: 25 à 33(*)ancien hôtel particulier, 89 (arch.Persoons, 1911), 92 et 98 (arch. J.B.Tilman, 1923);

Cette voie pentue s’appelle encore ruedu Curé en 1852. A l’angle de la rue etde la chaussée d’Ixelles, du côté desnuméros impairs, se trouvait en effetautrefois le presbytère de la premièreéglise Sainte-Croix, elle-même situéeen bordure de la place Eugène Flagey,au débouché des actuelles rues deVergnies et Malibran.

En 1789, lors de la Révolution braban-çonne, des riverains érigent à cetendroit une barricade en vue deretarder les Autrichiens en déroute.Quelques boulets de canon en vien-nent à bout, dont l’un atteint mortelle-ment le curé Spinael. La rue est tracéedans le site encaissé du "kluysbeek"(ruisseau de l’Ermitage).

Dans l’immeuble des n° 13-15, trans-formé dans les années ’50, sont regrou-pés depuis cette époque, les servicescommunaux de l’Instruction publiqueet de la Culture ainsi que le PetitThéâtre Mercelis et les bibliothèquespour adultes et pour les jeunes.

Destiné jusque 1940 au divertissement,ce bâtiment comportait notamment uncafé, une salle de billard et un théâtreutilisé pour des conférences, des spec-tacles d’amateurs, des soirées philan-thropiques et des réunions électorales.

Le 2 février 1926, le groupe surréaliste"Correspondance" constitué des poètesPaul Nougé et Camille Goemansrejoints par les musiciens André Souris

et Paul Hooreman, organisent auThéâtre Mercelis un concert suivi d'unspectacle. «Le dessous des cartes»,auquel avaient collaboré une vingtainede participants, mêlait sketches,musique, chants et danses exécutésdevant deux panneaux élaborés, l’unpar Goemans, l’autre par Nougé, où setrouvaient écrits des aphorismessurréalistes.

Service de la Culture - 13, rue MercelisTel: 02 515 64 08

Bibliothèque publique communale d’Ixelles Section "Adultes". Tél: 02 515 64 12Section "Jeunesse". Tél: 02 515 64 06Site: www.ixelles.be

Entrée du 13-15 rue Mercelis, après transformations par l’architecte communal Armand Poppe (1952)Entrée du 13-15 rue Mercelis, après transformations par l’architecte communal Armand Poppe (1952)RRUEUE DEDE LL’’ERMITERMITAGEAGE

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Au n° 27 de la rue Mercelis, se trou-vent l’association "S.O.S. JeunesQuartier Libre" dont l'objet est l’accueildes jeunes en difficulté, et uncentre de documentation spécialisé,"Prospective Jeunesse", tous deuxreconnus par la Communauté française.

A hauteur du n° 33 de part etd’autre d'une allée disparue et quidonnait accès au couvent des frèresAlexiens — sont érigés en 1938 deuximmeubles à appartements de styleArt déco, dus aux architectes Joset Maurice Van Kriekingen et àR. Bragard.

La rue Mercelis est marquée par deuxfigures littéraires: Auguste Poulet-Malassis (1825-1878) et Charles DeCoster (1827-1879).

L’éditeur français Auguste Poulet-Malassiss’était réfugié à Bruxelles en 1863 pour échapperaux conséquences judiciaires d’une faillite com-merciale. Jusqu’à son retour à Paris en 1871, ilpoursuivit à Ixelles une activité éditoriale dont lecaractère clandestin n’excluait pas la qualité etl’intérêt. L’édition des "Fleurs du Mal" deCharles Baudelaire lui avait valu, ainsi qu’aupoète, une condamnation "pour offense à lamorale publique et aux bonnes mœurs", la pre-mière d’une longue série. Lors de son séjour àBruxelles entre juillet 1864 et juin 1866, CharlesBaudelaire rendait visite à son éditeur domicilié35bis rue Mercelis, ou lui écrivait à cette adres-se reprise dans une suscription rimée:

Dans sa "Chronique de la rue de l’Arbre bénit",Michel de Ghelderode signale le séjour deCharles De Coster dans le quartier. L'écrivainest en effet décédé en 1879 au 116 de la ruede l’Arbre bénit, maison sise à l’angle de larue Mercelis. Sous une fenêtre du 1er étage, une plaque commémorative fut apposée en 1909.

Ici mourut le 7 mai 1879Charles-Théodore De Coster

Dans un livre célèbreIl transforma en héros de la liberté belge au XVIe siècle

Tyl Ulenspiegel, symbole au moyen-âgeDe la lutte des paysans contre l’opposition des villes.

Ce texte, fruit de pourparlers entre Lemonnier etPicard, rappelle que De Coster s’est inspiré d’un"Ulenspiegel" allemand remontant au 15e siècledont le personnage central, un terrien, aime àprendre sa revanche sur les citadins dédaigneuxdu monde paysan. L'initiative de cette plaque,soutenue et financée par la Commune, revient àHector Denis qui avait assisté aux derniersinstants de Charles De Coster. En 1889, il expri-ma à l’autorité communale son souhait qu’unhommage soit rendu à l’homme de lettres car:"la jeune génération de nos écrivains belges n’apas épargné les témoignages de zèle et d’admira-tion mais tout ce zèle généreux n’a pas mêmeréussi à faire dresser le plus modeste monumentfunéraire à De Coster". La sépulture où ilreposait à côté de sa mère était en effet promise àla désaffectation.

Plus loin, une plaque dédiée au résis-tant Valère Passelecq est apposée surla façade de son domicile au n° 71 dela rue Mercelis.

Engagé dans les forces belges de Grande-Bretagne, Valère Passelecq fut parachuté enBelgique en février 1942 pour entrer en contactavec la résistance intérieure. Trahi en juillet de lamême année et transféré en Allemagne, il y futexécuté le 7 juin 1944, à l’âge de 25 ans.

L’aspect campagnard des immeublesau n° 58 de la rue des Champs Elysées,rappelle leur destination première: ilsservaient d’écurie, de sellerie et deremise à l’une des "campagnes" édifiéesdans ce quartier d’Ixelles entre 1830 et1860. De ces villas cossues entouréesde verdure ne subsistent guère que lapropriété Solvay et l’avant-corps del’Hôtel communal d’Ixelles, résidencedu musicien Charles de Bériot et deson épouse la cantatrice Maria Malibran.

Au n° 70 de la rue des ChampsElysées, la famille d'Omer Coppensvient s’installer en 1909. Le père, OmerCoppens (1864-1926), peintre etgraveur originaire de Dunkerque,s’est spécialisé dans les paysages etles marines. A l’époque de leur instal-lation, leur fils Willy Coppens (1892-1986) se destine à la carrière des armes.

Entré dans l’infanterie peu avant le début deshostilités, il demande à être versé dans l’aviationmilitaire en 1915. Egalement spécialiste de l’at-taque de ballons d’observation, il obtienttrente-sept victoires homologuées avant d’êtrelui-même grièvement blessé quelque temps avantl’Armistice. Le roi Albert Ier le fait chevalier deHouthulst, du nom d'une localité proche deDixmude. Plus tard, le roi Baudouin lui accordele titre de baron. Il pratiqua longtemps en vir-tuose la conduite du char à voile dont il conçoitd’ailleurs un prototype baptisé "l’Archange".Willy Coppens laisse plusieurs volumes de sou-venirs dont "Hélices en Croix", "Jours Envolés"ou "Aviateurs Célèbres au temps des Hélices" etdes pamphlets.

Dans «Jours Envolés», il relate sonsurvol d’Ixelles à basse altitude le18 février 1918, au cours duquel ilsalua d’un balancement d’ailes sonpère campé devant la demeure fami-liale. Son passage déclencha l’ovationdu voisinage.

«Automne à Bruges» d’Omer Coppens Musée d’Ixelles

Monsieur Auguste MalassisRue de Mercelis

Numéro trente cinq bisDans le faubourg d’Ixelles

Bruxelles(Recommandée à l’Arioste de la poste,

c’est-à-dire à quelque facteurVersificateur)

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Jusque peu avant son décès, la comé-dienne Jane Tony (1901-1981) vécut àcette adresse avec son époux, filsd’Edouard Taymans.

En 1961, Jane Tony relance le cabaret àBruxelles en créant le "Grenier aux Chansons",ouvert aussi à la poésie et situé rue du Marchéaux Peaux.

En face, les maisons des n° 13 et 15font l’objet d’une restauration audébut des années ’80. Leur aspectconventionnel et leur délabrement lesauraient condamnées à être démoliessans l’intervention de leur acquéreurqui sauvegarda aussi les maisonsmaraîchères de la fin du 18e siècle,incluses dans l’îlot, auxquelles onn’accédait jadis que par d’étroitesservitudes. L’homme politique VictorLarock (1904-1977) était domiciliédepuis plusieurs années au n° 18cà l’époque de son décès à Madrid,lors d’un congrès de représentantssocialistes européens.

Docteur en philosophie et en sociologie, VictorLarock est directeur du quotidien "Le Peuple"de 1944 à 1954 et député de Bruxelles à partir de1949. Plusieurs fois ministre, son nom estassocié à celui de son homologue Arthur Gilsonen matière de lois linguistiques.

Dans ce même immeuble se fixa l’artiste peintreBerthe Dubail (1911-1984). Elève deLouis Buisseret à l'Académie de Mons, BertheDubail s’oriente après 1950 vers une abstrac-tion lyrique traversée de rythmes précipités. Elleallie même des matières sablées à sa palette oùdominent les beiges et les ocres. Elle enseigna ledessin au Lycée royal d'Ixelles.

De l’autre côté de l’allée d’accès auximmeubles 18b et 18c de la rue etdu n° 227A de la chaussée d’Ixelles,siège du Service de l’Information dela Commune d’Ixelles (tél.: 02 650 0580) s’est établie, il y a une quinzained’années, la société "Polygone",spécialisée dans la production télé-visuelle et celle de courts métrages.

Depuis l’automne 2001, une impor-tante partie du bâtiment est louéeà la chaîne de télévision AB3.Auparavant, les lieux étaient occupéspar un concessionnaire automobile,les Etablissements Hollebecq.

A Ixelles, Ernest Solvay (1838-1922)habite d’abord non loin de sesbureaux, 34 rue du Prince royal.Chimiste et industriel, il découvre lasoude artificielle, procédé qui permetde remplacer le carbonate de sodium.L’entreprise familiale exploita lerésultat de ces recherches et devintune des firmes principales dans l’in-dustrie chimique. Ernest Solvayacquiert au cours de sa vie diversbiens aux abords de la rue desChamps Elysées, en particulier un lotcomprenant un hôtel particulier avecses dépendances, à hauteur du n° 45actuel. Il le fait redécorer par l’archi-tecte ornemaniste Alban Chambon.

Ernest Solvay siégea au Sénat dans les rangslibéraux. Grâce à son mécénat, se tinrent en1911 et 1927, les Conseils de physique portantson nom qui réunirent entre autres MarieCurie, Albert Einstein, Max Planck et AugustePiccard.

Cette voie, dont la présence est attestéeen 1669, est dans un premier tempsdénommée "Hollestraet" (rue Creuse)et "chemin aux Foins" sous le régimefrançais. Cette appellation à caractèrecampagnard rappelle d’autres nomsde rues ixelloises comme la rueKeyenveld, le chemin des Vaches ou larue des Chèvres (rue Léon Cuissez).La " Hollestraet " joignait le chemin deTervueren, actuelle chaussée deWavre, à la Barrière de Saint-Gilles,dans le voisinage d’une croix de pierreà caractère votif. Ceci pourrait justifiera posteriori la dénomination de "ruede la Croix" qu'elle prit en 1843 aprèsson incorporation à la voirie publique.D’aucuns voient une allusion à un iti-néraire traditionnel de procession versla croix de Saint-Gilles ponctué d’unehalte sous le feuillage de l’Arbre bénitd’Ixelles.

A l’emplacement de l’Athénée royalMadeleine Jacquemotte (n° 40 rue de laCroix), se dressaient des maisons demêmes gabarit et apparence que leursvis-à-vis. Deux d’entre elles furent occu-pées par Hector Denis et Elisée Reclus.

Hector Denis (1842-1913), économiste et socio-logue, enseigne à l’Université Libre de Bruxelleset est accueilli en 1895 au sein de l’Académieroyale de Belgique. Il siège à la Chambre desReprésentants parmi les élus du Parti OuvrierBelge, de 1894 à sa mort. Sa maison du n°34est démolie lors des agrandissements del’Athénée. Avec elle disparaît la plaque à luidédiée. A l'occasion de ces travaux, est mis au jour

un bas-relief, allégorie de la géographie, qui déco-rait un mur du jardin. Il est inclus dans la maçon-nerie de l’actuelle cour de récréation de l'école.

En 1871, Elisée Reclus (1830-1905) dut quitterle territoire français en raison de ses activités lorsde la Commune de Paris. Réfugié à Bruxelles, ily rédige une "Géographie universelle", aussitôtremarquée dans les milieux scientifiques. Il estpressenti en 1893 pour assurer un cours de géo-graphie comparée à l’U.L.B. mais est néanmoinsécarté par le Conseil d’administration et la majo-rité du corps académique en raison de ses liensavec les milieux anarchistes. La méfiance estd’autant plus grande qu’un attentat perpétré peuauparavant à Paris, en plein Palais-Bourbon,a enflammé les imaginations. A Ixelles, FernandCocq, avocat et conseiller communal, présenteune motion en faveur de Reclus qui rallie l’una-nimité du Conseil à une voix près. Dans les joursqui suivent, Edmond Picard et ses amis fondentl'Université nouvelle, rue de la Concorde oùReclus enseigne en compagnie de Paul Janson,Fernand Cocq et Emile Vandervelde….

Le 7 août 2000 décède MadeleineJacquemotte (°1907), dédicatairedepuis 1982 de l’ancien Lycée d’Ixelles,lointain héritier du Lycée royal pourjeunes Filles de la rue du Trône et del’Ecole moyenne de l’Etat pour jeunesFilles située place Fernand Cocq.

Madeleine Jacquemotte, d’origine liégeoise,enseigne au sein de l’institution et la dirige de1947 à 1967. Résistante, membre du Front del’Indépendance, elle est déportée de 1943 à 1945vers les camps de Vught (Pays-Bas) etRavensbrück.

A hauteur des n°23 et 25 se tenait unefabrique de plomb de chasse, signaléesur le plan cadastral dressé par Poppen 1866, à l’arrière de l’emplacement del’atelier du décorateur en sgraffites GéoPonchon, actif au début du 20e siècle.

RRUEUE DEDE LALA CROIXCROIX

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Cette rue tient son nom d’une ancien-ne guinguette à l’enseigne des"Champs Elysées". Elle était accessiblepar un chemin vicinal et se trouvait àpeu près à l’emplacement des n° 43 et45 actuels. La veuve Mercelis etl’avocat Fontainas, propriétaires desterrains avoisinants, font paver lechemin à leurs frais en 1843, ainsiqu’un tronçon de la rue de la Croix,afin de faire valoir leurs propriétés.

La prolongation de la rue, au début du19e siècle, résulte de tractations entre laCommune et la famille Anoul-VanElewyck, propriétaire d’une maison decampagne entourée d’un parc, sis enretrait de la chaussée d’Ixelles. Uneplaque odonymique ancienne estencore visible sur la façade du n° 63.

Au n° 6 s’élève une maison imposan-te, transformée entre 1906 et 1912 pourle patron charbonnier EdouardTaymans par l’architecte PaulHamesse (1877-1956), égalementsignataire du n° 72 de la rue (1908).Ces deux bâtiments sont marquésd’influence Art nouveau.

19

Dans la galerie, le négociant expose des appareilsde chauffage de son invention. Cette activitécommerciale vient compléter la vente de charbon.Ouvert à l’esthétique moderne, Taymanssoutient maints artistes, tels Isidore De Rudder,Constantin Meunier, Henry De Groux ets’ingénie à diffuser leurs œuvres chez ses clientsfortunés. Ce zèle est reconnu et célébré sansironie par "Pourquoi Pas?" qui, le jeudi 8 février1912, accorde au charbonnier-mécène leshonneurs de la couverture et de l’éditorial.

Une grille en fer forgé, de fabricationrécente, surmontée d’un tympan déco-ré d’un bas-relief de Victor Rousseau,donne accès à la galerie.

Une glycine vigoureuse s’accommodede sa proximité avec les éléments deferronnerie. Les étages inférieurs ducorps de logis sont recouverts desimili-briques; les parties hautes,ajoutées par Hamesse, parées debriques émaillées de coloris divers,semblent reposer sur une frise oùalternent couronnes végétales et lam-pes de mineur.

Les motifs stylisés du pilier d’anglequi soutient la corniche et ceux descouronnements de cheminée et duchapiteau, rappellent les pilastres de lagrille. L’articulation de la galerie avecle corps de bâtiment principal en L,délimite une cour privée. A l’entrée dela maison, Hamesse a réuni la poignéede porte et la boîte aux lettres.

Frise décorative de carreaux de céramique, 6 rue des Champs ElyséesFrise décorative de carreaux de céramique, 6 rue des Champs Elysées

6 rue des Champs Elysées6 rue des Champs Elysées

72 rue des Champs Elysées72 rue des Champs Elysées

RRUEUE DESDES CHAMPSCHAMPS ELELYSYSÉÉESES

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Cette rue tient son nom d’une ancien-ne guinguette à l’enseigne des"Champs Elysées". Elle était accessiblepar un chemin vicinal et se trouvait àpeu près à l’emplacement des n° 43 et45 actuels. La veuve Mercelis etl’avocat Fontainas, propriétaires desterrains avoisinants, font paver lechemin à leurs frais en 1843, ainsiqu’un tronçon de la rue de la Croix,afin de faire valoir leurs propriétés.

La prolongation de la rue, au début du19e siècle, résulte de tractations entre laCommune et la famille Anoul-VanElewyck, propriétaire d’une maison decampagne entourée d’un parc, sis enretrait de la chaussée d’Ixelles. Uneplaque odonymique ancienne estencore visible sur la façade du n° 63.

Au n° 6 s’élève une maison imposan-te, transformée entre 1906 et 1912 pourle patron charbonnier EdouardTaymans par l’architecte PaulHamesse (1877-1956), égalementsignataire du n° 72 de la rue (1908).Ces deux bâtiments sont marquésd’influence Art nouveau.

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Dans la galerie, le négociant expose des appareilsde chauffage de son invention. Cette activitécommerciale vient compléter la vente de charbon.Ouvert à l’esthétique moderne, Taymanssoutient maints artistes, tels Isidore De Rudder,Constantin Meunier, Henry De Groux ets’ingénie à diffuser leurs œuvres chez ses clientsfortunés. Ce zèle est reconnu et célébré sansironie par "Pourquoi Pas?" qui, le jeudi 8 février1912, accorde au charbonnier-mécène leshonneurs de la couverture et de l’éditorial.

Une grille en fer forgé, de fabricationrécente, surmontée d’un tympan déco-ré d’un bas-relief de Victor Rousseau,donne accès à la galerie.

Une glycine vigoureuse s’accommodede sa proximité avec les éléments deferronnerie. Les étages inférieurs ducorps de logis sont recouverts desimili-briques; les parties hautes,ajoutées par Hamesse, parées debriques émaillées de coloris divers,semblent reposer sur une frise oùalternent couronnes végétales et lam-pes de mineur.

Les motifs stylisés du pilier d’anglequi soutient la corniche et ceux descouronnements de cheminée et duchapiteau, rappellent les pilastres de lagrille. L’articulation de la galerie avecle corps de bâtiment principal en L,délimite une cour privée. A l’entrée dela maison, Hamesse a réuni la poignéede porte et la boîte aux lettres.

Frise décorative de carreaux de céramique, 6 rue des Champs ElyséesFrise décorative de carreaux de céramique, 6 rue des Champs Elysées

6 rue des Champs Elysées6 rue des Champs Elysées

72 rue des Champs Elysées72 rue des Champs Elysées

RRUEUE DESDES CHAMPSCHAMPS ELELYSYSÉÉESES

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Jusque peu avant son décès, la comé-dienne Jane Tony (1901-1981) vécut àcette adresse avec son époux, filsd’Edouard Taymans.

En 1961, Jane Tony relance le cabaret àBruxelles en créant le "Grenier aux Chansons",ouvert aussi à la poésie et situé rue du Marchéaux Peaux.

En face, les maisons des n° 13 et 15font l’objet d’une restauration audébut des années ’80. Leur aspectconventionnel et leur délabrement lesauraient condamnées à être démoliessans l’intervention de leur acquéreurqui sauvegarda aussi les maisonsmaraîchères de la fin du 18e siècle,incluses dans l’îlot, auxquelles onn’accédait jadis que par d’étroitesservitudes. L’homme politique VictorLarock (1904-1977) était domiciliédepuis plusieurs années au n° 18cà l’époque de son décès à Madrid,lors d’un congrès de représentantssocialistes européens.

Docteur en philosophie et en sociologie, VictorLarock est directeur du quotidien "Le Peuple"de 1944 à 1954 et député de Bruxelles à partir de1949. Plusieurs fois ministre, son nom estassocié à celui de son homologue Arthur Gilsonen matière de lois linguistiques.

Dans ce même immeuble se fixa l’artiste peintreBerthe Dubail (1911-1984). Elève deLouis Buisseret à l'Académie de Mons, BertheDubail s’oriente après 1950 vers une abstrac-tion lyrique traversée de rythmes précipités. Elleallie même des matières sablées à sa palette oùdominent les beiges et les ocres. Elle enseigna ledessin au Lycée royal d'Ixelles.

De l’autre côté de l’allée d’accès auximmeubles 18b et 18c de la rue etdu n° 227A de la chaussée d’Ixelles,siège du Service de l’Information dela Commune d’Ixelles (tél.: 02 650 0580) s’est établie, il y a une quinzained’années, la société "Polygone",spécialisée dans la production télé-visuelle et celle de courts métrages.

Depuis l’automne 2001, une impor-tante partie du bâtiment est louéeà la chaîne de télévision AB3.Auparavant, les lieux étaient occupéspar un concessionnaire automobile,les Etablissements Hollebecq.

A Ixelles, Ernest Solvay (1838-1922)habite d’abord non loin de sesbureaux, 34 rue du Prince royal.Chimiste et industriel, il découvre lasoude artificielle, procédé qui permetde remplacer le carbonate de sodium.L’entreprise familiale exploita lerésultat de ces recherches et devintune des firmes principales dans l’in-dustrie chimique. Ernest Solvayacquiert au cours de sa vie diversbiens aux abords de la rue desChamps Elysées, en particulier un lotcomprenant un hôtel particulier avecses dépendances, à hauteur du n° 45actuel. Il le fait redécorer par l’archi-tecte ornemaniste Alban Chambon.

Ernest Solvay siégea au Sénat dans les rangslibéraux. Grâce à son mécénat, se tinrent en1911 et 1927, les Conseils de physique portantson nom qui réunirent entre autres MarieCurie, Albert Einstein, Max Planck et AugustePiccard.

Cette voie, dont la présence est attestéeen 1669, est dans un premier tempsdénommée "Hollestraet" (rue Creuse)et "chemin aux Foins" sous le régimefrançais. Cette appellation à caractèrecampagnard rappelle d’autres nomsde rues ixelloises comme la rueKeyenveld, le chemin des Vaches ou larue des Chèvres (rue Léon Cuissez).La " Hollestraet " joignait le chemin deTervueren, actuelle chaussée deWavre, à la Barrière de Saint-Gilles,dans le voisinage d’une croix de pierreà caractère votif. Ceci pourrait justifiera posteriori la dénomination de "ruede la Croix" qu'elle prit en 1843 aprèsson incorporation à la voirie publique.D’aucuns voient une allusion à un iti-néraire traditionnel de procession versla croix de Saint-Gilles ponctué d’unehalte sous le feuillage de l’Arbre bénitd’Ixelles.

A l’emplacement de l’Athénée royalMadeleine Jacquemotte (n° 40 rue de laCroix), se dressaient des maisons demêmes gabarit et apparence que leursvis-à-vis. Deux d’entre elles furent occu-pées par Hector Denis et Elisée Reclus.

Hector Denis (1842-1913), économiste et socio-logue, enseigne à l’Université Libre de Bruxelleset est accueilli en 1895 au sein de l’Académieroyale de Belgique. Il siège à la Chambre desReprésentants parmi les élus du Parti OuvrierBelge, de 1894 à sa mort. Sa maison du n°34est démolie lors des agrandissements del’Athénée. Avec elle disparaît la plaque à luidédiée. A l'occasion de ces travaux, est mis au jour

un bas-relief, allégorie de la géographie, qui déco-rait un mur du jardin. Il est inclus dans la maçon-nerie de l’actuelle cour de récréation de l'école.

En 1871, Elisée Reclus (1830-1905) dut quitterle territoire français en raison de ses activités lorsde la Commune de Paris. Réfugié à Bruxelles, ily rédige une "Géographie universelle", aussitôtremarquée dans les milieux scientifiques. Il estpressenti en 1893 pour assurer un cours de géo-graphie comparée à l’U.L.B. mais est néanmoinsécarté par le Conseil d’administration et la majo-rité du corps académique en raison de ses liensavec les milieux anarchistes. La méfiance estd’autant plus grande qu’un attentat perpétré peuauparavant à Paris, en plein Palais-Bourbon,a enflammé les imaginations. A Ixelles, FernandCocq, avocat et conseiller communal, présenteune motion en faveur de Reclus qui rallie l’una-nimité du Conseil à une voix près. Dans les joursqui suivent, Edmond Picard et ses amis fondentl'Université nouvelle, rue de la Concorde oùReclus enseigne en compagnie de Paul Janson,Fernand Cocq et Emile Vandervelde….

Le 7 août 2000 décède MadeleineJacquemotte (°1907), dédicatairedepuis 1982 de l’ancien Lycée d’Ixelles,lointain héritier du Lycée royal pourjeunes Filles de la rue du Trône et del’Ecole moyenne de l’Etat pour jeunesFilles située place Fernand Cocq.

Madeleine Jacquemotte, d’origine liégeoise,enseigne au sein de l’institution et la dirige de1947 à 1967. Résistante, membre du Front del’Indépendance, elle est déportée de 1943 à 1945vers les camps de Vught (Pays-Bas) etRavensbrück.

A hauteur des n°23 et 25 se tenait unefabrique de plomb de chasse, signaléesur le plan cadastral dressé par Poppen 1866, à l’arrière de l’emplacement del’atelier du décorateur en sgraffites GéoPonchon, actif au début du 20e siècle.

RRUEUE DEDE LALA CROIXCROIX

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Au n° 27 de la rue Mercelis, se trou-vent l’association "S.O.S. JeunesQuartier Libre" dont l'objet est l’accueildes jeunes en difficulté, et uncentre de documentation spécialisé,"Prospective Jeunesse", tous deuxreconnus par la Communauté française.

A hauteur du n° 33 de part etd’autre d'une allée disparue et quidonnait accès au couvent des frèresAlexiens — sont érigés en 1938 deuximmeubles à appartements de styleArt déco, dus aux architectes Joset Maurice Van Kriekingen et àR. Bragard.

La rue Mercelis est marquée par deuxfigures littéraires: Auguste Poulet-Malassis (1825-1878) et Charles DeCoster (1827-1879).

L’éditeur français Auguste Poulet-Malassiss’était réfugié à Bruxelles en 1863 pour échapperaux conséquences judiciaires d’une faillite com-merciale. Jusqu’à son retour à Paris en 1871, ilpoursuivit à Ixelles une activité éditoriale dont lecaractère clandestin n’excluait pas la qualité etl’intérêt. L’édition des "Fleurs du Mal" deCharles Baudelaire lui avait valu, ainsi qu’aupoète, une condamnation "pour offense à lamorale publique et aux bonnes mœurs", la pre-mière d’une longue série. Lors de son séjour àBruxelles entre juillet 1864 et juin 1866, CharlesBaudelaire rendait visite à son éditeur domicilié35bis rue Mercelis, ou lui écrivait à cette adres-se reprise dans une suscription rimée:

Dans sa "Chronique de la rue de l’Arbre bénit",Michel de Ghelderode signale le séjour deCharles De Coster dans le quartier. L'écrivainest en effet décédé en 1879 au 116 de la ruede l’Arbre bénit, maison sise à l’angle de larue Mercelis. Sous une fenêtre du 1er étage, une plaque commémorative fut apposée en 1909.

Ici mourut le 7 mai 1879Charles-Théodore De Coster

Dans un livre célèbreIl transforma en héros de la liberté belge au XVIe siècle

Tyl Ulenspiegel, symbole au moyen-âgeDe la lutte des paysans contre l’opposition des villes.

Ce texte, fruit de pourparlers entre Lemonnier etPicard, rappelle que De Coster s’est inspiré d’un"Ulenspiegel" allemand remontant au 15e siècledont le personnage central, un terrien, aime àprendre sa revanche sur les citadins dédaigneuxdu monde paysan. L'initiative de cette plaque,soutenue et financée par la Commune, revient àHector Denis qui avait assisté aux derniersinstants de Charles De Coster. En 1889, il expri-ma à l’autorité communale son souhait qu’unhommage soit rendu à l’homme de lettres car:"la jeune génération de nos écrivains belges n’apas épargné les témoignages de zèle et d’admira-tion mais tout ce zèle généreux n’a pas mêmeréussi à faire dresser le plus modeste monumentfunéraire à De Coster". La sépulture où ilreposait à côté de sa mère était en effet promise àla désaffectation.

Plus loin, une plaque dédiée au résis-tant Valère Passelecq est apposée surla façade de son domicile au n° 71 dela rue Mercelis.

Engagé dans les forces belges de Grande-Bretagne, Valère Passelecq fut parachuté enBelgique en février 1942 pour entrer en contactavec la résistance intérieure. Trahi en juillet de lamême année et transféré en Allemagne, il y futexécuté le 7 juin 1944, à l’âge de 25 ans.

L’aspect campagnard des immeublesau n° 58 de la rue des Champs Elysées,rappelle leur destination première: ilsservaient d’écurie, de sellerie et deremise à l’une des "campagnes" édifiéesdans ce quartier d’Ixelles entre 1830 et1860. De ces villas cossues entouréesde verdure ne subsistent guère que lapropriété Solvay et l’avant-corps del’Hôtel communal d’Ixelles, résidencedu musicien Charles de Bériot et deson épouse la cantatrice Maria Malibran.

Au n° 70 de la rue des ChampsElysées, la famille d'Omer Coppensvient s’installer en 1909. Le père, OmerCoppens (1864-1926), peintre etgraveur originaire de Dunkerque,s’est spécialisé dans les paysages etles marines. A l’époque de leur instal-lation, leur fils Willy Coppens (1892-1986) se destine à la carrière des armes.

Entré dans l’infanterie peu avant le début deshostilités, il demande à être versé dans l’aviationmilitaire en 1915. Egalement spécialiste de l’at-taque de ballons d’observation, il obtienttrente-sept victoires homologuées avant d’êtrelui-même grièvement blessé quelque temps avantl’Armistice. Le roi Albert Ier le fait chevalier deHouthulst, du nom d'une localité proche deDixmude. Plus tard, le roi Baudouin lui accordele titre de baron. Il pratiqua longtemps en vir-tuose la conduite du char à voile dont il conçoitd’ailleurs un prototype baptisé "l’Archange".Willy Coppens laisse plusieurs volumes de sou-venirs dont "Hélices en Croix", "Jours Envolés"ou "Aviateurs Célèbres au temps des Hélices" etdes pamphlets.

Dans «Jours Envolés», il relate sonsurvol d’Ixelles à basse altitude le18 février 1918, au cours duquel ilsalua d’un balancement d’ailes sonpère campé devant la demeure fami-liale. Son passage déclencha l’ovationdu voisinage.

«Automne à Bruges» d’Omer Coppens Musée d’Ixelles

Monsieur Auguste MalassisRue de Mercelis

Numéro trente cinq bisDans le faubourg d’Ixelles

Bruxelles(Recommandée à l’Arioste de la poste,

c’est-à-dire à quelque facteurVersificateur)

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Propriétaire des n° 62 et 64 de la ruedes Champs Elysées, familier desmilieux artistiques parisiens où ils’était lié avec le peintre EugèneCarrière, Louis Devillez (1855-1941)manifeste un intérêt, inusité àl’époque, pour les œuvres exotiquesde Paul Gauguin. Le peintre Jean-Jacques Gailliard en témoigne dans sessouvenirs: "Alors que ces peintres étaientméprisés par les amateurs, il en achetait àdes prix dérisoires, n’ayant pas en vue laspéculation mais le goût. Il en garnissaitson petit hôtel de la rue des ChampsElysées à Ixelles. On riait de sa noblemarotte autant que de Gauguinlui-même".

Le sculpteur souhaitait offrir sacollection à l’Etat belge mais l’ensem-ble, comprenant nombre d’œuvres deCarrière, échut au Musée du Louvre.Louis Devillez a participé à la décora-tion de la façade latérale du Muséed'Art ancien, du côté de la rue deRuysbroek.

☛ rue des Champs Elysées: 25 à 33(*)ancien hôtel particulier, 89 (arch.Persoons, 1911), 92 et 98 (arch. J.B.Tilman, 1923);

Cette voie pentue s’appelle encore ruedu Curé en 1852. A l’angle de la rue etde la chaussée d’Ixelles, du côté desnuméros impairs, se trouvait en effetautrefois le presbytère de la premièreéglise Sainte-Croix, elle-même situéeen bordure de la place Eugène Flagey,au débouché des actuelles rues deVergnies et Malibran.

En 1789, lors de la Révolution braban-çonne, des riverains érigent à cetendroit une barricade en vue deretarder les Autrichiens en déroute.Quelques boulets de canon en vien-nent à bout, dont l’un atteint mortelle-ment le curé Spinael. La rue est tracéedans le site encaissé du "kluysbeek"(ruisseau de l’Ermitage).

Dans l’immeuble des n° 13-15, trans-formé dans les années ’50, sont regrou-pés depuis cette époque, les servicescommunaux de l’Instruction publiqueet de la Culture ainsi que le PetitThéâtre Mercelis et les bibliothèquespour adultes et pour les jeunes.

Destiné jusque 1940 au divertissement,ce bâtiment comportait notamment uncafé, une salle de billard et un théâtreutilisé pour des conférences, des spec-tacles d’amateurs, des soirées philan-thropiques et des réunions électorales.

Le 2 février 1926, le groupe surréaliste"Correspondance" constitué des poètesPaul Nougé et Camille Goemansrejoints par les musiciens André Souris

et Paul Hooreman, organisent auThéâtre Mercelis un concert suivi d'unspectacle. «Le dessous des cartes»,auquel avaient collaboré une vingtainede participants, mêlait sketches,musique, chants et danses exécutésdevant deux panneaux élaborés, l’unpar Goemans, l’autre par Nougé, où setrouvaient écrits des aphorismessurréalistes.

Service de la Culture - 13, rue MercelisTel: 02 515 64 08

Bibliothèque publique communale d’Ixelles Section "Adultes". Tél: 02 515 64 12Section "Jeunesse". Tél: 02 515 64 06Site: www.ixelles.be

Entrée du 13-15 rue Mercelis, après transformations par l’architecte communal Armand Poppe (1952)Entrée du 13-15 rue Mercelis, après transformations par l’architecte communal Armand Poppe (1952)RRUEUE DEDE LL’’ERMITERMITAGEAGE

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L’une, horizontale, créée d’après uncarton de Privat Livemont, ouvre surle grand salon, à droite de la façade;la seconde, verticale, éclaire la caged’escalier par l’entresol, à droite del’entrée cochère. Henri Pelseneer secharge de l’exécution du mobilier, deslambris et de l’huisserie, en particulierl’ingénieuse porte coulissante descommuns. Il intègre à l’ensemble deséléments plus anciens (rampe d’esca-lier, panneaux de porte, console dessolives de plafonds…) acquis ou récu-pérés par Paul Saintenoy. Les papierspeints et les décors des plafonds sonteux aussi remarquables.

Paul Saintenoy (1862-1959) est égalementauteur des extensions de l’Old England, actuelMusée des Instruments de Musique, et de laPharmacie Delacre, Montagne de la Cour. Il estle petit-fils de l’architecte Jean-Pierre Cluysenaarà qui l’on doit les Galeries Saint-Hubert (1846)et le Conservatoire Royal de Musique (1872).Son père Gustave Saintenoy est l'architecte

entre autres de la gare du Luxembourg (1855) etde la Cour des Comptes, l’ancien hôtel du Comtede Flandre, (1868), rue de la Régence. JacquesSaintenoy (1895-1947), fils de Paul Saintenoy,collabora à la construction de la Gare du Nord(1956).

Le triangle formé par les rues del’Arbre bénit, du Prince Royal etKeyenveld est actuellement constituéde divers immeubles de bureaux etespaces de stationnement qui ont prisla place d’habitations plus anciennes.

Cette voie fut tracée à partir de 1843 àtravers des terrains appartenant à uneveuve Mercelis. Les bâtiments destyle néoclassique, sis à l’angle de laplace Fernand Cocq et de la rueMercelis, abritèrent certaines sectionsde l’Athénée d’Ixelles jusqu’à la fer-meture définitive de cet établisse-ment. Ils ont récemment été affectésau logement, suivant les plans de l’ar-chitecte Wachtelaer.

Cette rénovation a impliqué le réamé-nagement intérieur complet desconstructions existantes, en particu-lier celui du bâtiment principal àfront de rue, surhaussé d’1,50 mètre,et de l’arrière-bâtiment, ainsi que ladémolition de celui qui les reliait.L’intérêt culturel et historique desfaçades principales a été sauvegardé,dans une zone limitrophe du périmè-tre de protection de l’Hôtel commu-nal.

Dans «Studie over de nederlandscheplaatsnamen in de gemeenten Elseneen Ukkel» (1931), le docteur Van Loey,professeur à la V.U.B., recense tous lesnoms de lieux cités dans des sourcesanciennes telles qu’atlas cadastraux,registres des cens, rentes et redevan-ces, cartulaire et chartrier de l’abbayeNotre-Dame de la Cambre. Il mention-ne un "kluis" sous diverses formes etorthographes, de 1392 à 1720. Cetteénumération et les commentairesajoutés permettent de préciser que lesite comportait autrefois une maisonavec cour, un ruisseau et un étang.

La dénomination actuelle de la ruerappelle l'existence entre le 14e siècle etle milieu du 19e siècle, du manoir terKluyse (de l’Ermitage). Il se situait unpeu en retrait du départ des actuellesrues Dautzenberg et Gachard et secomposait à l'époque d’une maisond’habitation, de remises et d’établesentourées d’un étang et de terres deculture. Le corps de logis et sesdépendances furent détruits après1856; l’étang, dont les berges furentrectifiées et équipées d’installationsappropriées, servit à l’"Ecole deNatation des Bains de l’Hermitage".L’établissement disparaît lors de lamise en œuvre en 1886 du plan d’ali-gnement du quartier.

Au n° 16 de la rue habita MarcSomerhausen (1899-1992), juriste,avocat et professeur à l’U.L.B.qui plus tard élut domicile au 6 rueVilain XIIII.

Peu après son retour de captivité, en 1948,Marc Somerhausen est nommé conseiller auConseil d’Etat, récemment créé, et en devint plustard le premier président émérite. Il est égale-ment élu au Conseil communal d’Ixelles et à laChambre des Représentants.

Marc Somerhausen s’est associé en1925 avec son frère Luc et d’autres par-ticuliers pour faire construire, d’aprèsles plans de l’architecte Josse Mouton,l’immeuble sis à l’angle des rues desChamps Elysées et de l’Ermitage, dontl’esthétique rappelle les réalisations del’Ecole d’Amsterdam. Les garagesoccupent, au rez-de-chaussée, lamajeure partie de la parcelle; leurstoits constituent une terrasse accessi-ble par le premier étage.

Le peintre Anto Carte (°1886) vécut aun° 46 où il décède le 18 février 1954.

Originaire de Mons, Anto Carte fonde en 1928le groupe "Nervia" pour porter témoignage de lavie artistique en Wallonie.

Détail d’une des verrières de l’Hôtel Saintenoy RRUEUE MERCELISMERCELIS

«L’homme au coq» d’Anto Carte Musée d’Ixelles

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Peintre volontiers archaïsant, voire symboliste,Carte privilégie la figure humaine. A Ixelles, ilest l'auteur des scènes du chemin de croix del’église Notre-Dame de la Cambre et des cartonsde certaines verrières.

Jacques Maes (1905-1968), lui-mêmeriverain de la rue de l’Ermitage, aachevé l’exécution d’une des dernièresœuvres de son maître Anto Carte, ungrand vitrail (89 m2), "Le Jugementdernier et l’Adoration de l’Agneau",destiné à la basilique nationale duSacré-Cœur à Koekelberg.

Au n° 54, l’architecte Georges Hobé(1854 -1936) conçoit en 1913 les plansde son habitation personnelle. Lafaçade très sobre réunit un pignonbaroque et un bow window contem-porain. L’ensemble est classé en 1997.

Georges Hobé se fait connaître par ses créationsde mobilier et lambris à l’Exposition du Congo àTervueren en 1897, aux côtés de représentants del'Art nouveau Paul Hankar, Gustave Serrurier-Bovy et Henry Van de Velde. Il prend encore partà l'Exposition des Arts décoratifs modernes àTurin en 1902 où il est associé à Antoine Pompeet à l’Exposition internationale de Milan en1906. A Ixelles, les maisons mitoyennes n° 63 et65 de la rue du Châtelain et la maison de LucienSolvay, au n° 76 de la rue Gachard, et celle dun° 57 de la rue de Hennin sont construitesd’après ses plans.

Aux n° 51-53 de la rue de l’Ermitage,en bordure de l’enceinte du réservoird’eau de la Ville de Bruxelles, setrouvent une ancienne station dedispersion d’électricité et un laboratoi-re, transformés en bureaux de laCompagnie intercommunale bruxel-

loise des Eaux (C.I.B.E.) en 1983 etenfin en locaux d’exposition de laFondation pour l’Architecture.

Dans le vaste parc, sont implantés dès1842 des végétaux peu courants àl’époque tels aucubas, agaves et ungingko biloba. Le domaine a fait placeà la cour de récréation du CentreScolaire Eperonniers-Mercelis, ceintede bâtiments de construction récentedont certains sont affectés au loge-ment. La chapelle de style néo-gothique, désaffectée, est reconvertieaujourd'hui en appartements de typeloft. Les frères Alexiens, établis aun° 102 depuis 1862, acquirent unebande de terrain à l’intérieur de l’îlot,ce qui permit aussi l’accès au couventpar une allée tracée à hauteur du n° 33de la rue Mercelis. Ils y érigent unechapelle en 1899. Dans une des ailes decette communauté furent accueillisprêtres retraités et "pieux vieillardscélibataires".

De nos jours, les lieux sont occupés parle "Psycho-sociaal Centrum Sint-Alexius", agréé par le Ministère de laCommunauté flamande.

L’immeuble de style éclectique dun° 123 est actuellement occupé par laMaison hongroise, siège de la Missioncatholique hongroise. Classée en 1992,elle se distingue surtout par sa décora-tion intérieure.Pour transformer en 1897 cet hôtel demaître à son propre usage, l’architectePaul Saintenoy s’assure le concoursde créateurs et d’artisans réputés, telsle verrier Raphaël Evaldre et l’ébénisteHenri Pelseneer, tous deux collabora-teurs réguliers de Victor Horta.Evaldre réalise deux verrières intitu-lées "La Vague", d’inspiration assezdifférente.

Pensionnat de l’Arbre bénit - JardinPensionnat de l’Arbre bénit - Jardin

54 rue de l’Ermitage

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L’adresse du CIVA, 55 rue del’Ermitage, est celle d’un ancien local àfonction industrielle. L'"usine secondai-re d’électricité" fut construite en 1895,suivant les plans de l’architecte EmileDevreux. En brique et en pierre bleue,d’inspiration classique, elle comporte àl’origine huit travées de portes et fenê-tres rue de l’Ermitage et trois rue de laVanne, dans le prolongement desquel-les elle fut agrandie ultérieurement.A l’intérieur, les colonnes de fonte et lespoutrelles métalliques de sa structureainsi que le plafond de briques àvoussettes sont remarquables.

Le Centre International pour la Ville,l’Architecture et le Paysage (CIVA)regroupe outre les Archives d’Archi-tecture Moderne, la Fondation pourl’Architecture, la Fondation PhilippeRothier pour l’Architecture, le CentrePaul Duvigneaud (écologie), la Biblio-thèque René Pechère (architecture desjardins) et le Fonds Victor G. Martiny.Le bâtiment, inauguré en 2000, est dûau bureau français Garric-Nègre-Altuna-Quirot sélectionné à l’issue d’unconcours international d’architecture.Il abrite bibliothèques, salles d’exposi-

tions et de consultation d’archives,auditorium et espaces de conservation.Le CIVA privilégie à la fois la rechercheet la diffusion en matière d’architecture,d’urbanisme et d’environnement. Desexpositions sur ces thèmes y sont régu-lièrement organisées.

Ouvert de 9h30 à 18h30; samedi et dimanchede 10h30 à 18h30. Tel: 02 642 24 50

L'année 2002 voit l'inauguration du"Musée d'architecture - la Loge" aun° 86 rue de l’Ermitage, installé dansl'ancienne loge maçonnique "le DroitHumain", première loge mixte etprogressiste.

Le bâtiment a été construit en 1934 parl’architecte Fernand Bodson, sur leterrain laissé libre suite au déménage-ment de la première école d'OvideDecroly. Par un parcours labyrin-thique, l'entrée sombre mène à lalumière du temple dont trois vitrauxs'ouvrent vers l'Orient.

Deux autres plaques signalent d’autresdomiciles du dramaturge, rue de laSablonnière à Bruxelles et rue Lefrancqà Schaerbeek.

Au n°28 de la rue de l'Arbre bénit, lepeintre et poète Jean Milo, né EmileVan Gindertael (1906-1993), occupa de1930 à 1970 avec sa famille la maisondans laquelle il avait égalementinstallé son atelier. Cette maisondécorée de ses peintures a étéensuite revendue au photographeGuy Manguin († 2000), qui s'y estétabli avec les créatrices de vêtementsBrigitte Manguin et Anne Beetz.Comme les maisons voisines, elle estaujourd’hui promise à la destructionsuite aux projets d’extension de lasociété Sibelgaz.

Jean Milo publie en 1980 «Vie et Survie duCentaure», ouvrage de souvenirs dont le titre seréfère au Centaure, galerie d’art renommée del'avenue Louise, dont il a été le sous-directeur de1926 à 1931. La crise économique et uneorientation audacieuse et "moderniste" eurentraison du Centaure auquel furent liés Frits VanDen Berghe, Gustave De Smet, Edgard Tytgat,André Derain, Max Ernst, Othon Friesz, PaulKlee, Foujita…

Jean Milo assura l’organisation de la ventepublique de liquidation où furent dispersées en1932, à des prix dérisoires, des œuvres d’artistescomme Raoul Dufy, Marc Chagall, Joan Miro,Heinrich Campendonk, Ossip Zadkine, JamesEnsor, Giorgio de Chirico, René Magritte, PabloPicasso, Francis Picabia….

Lors de la vente publique, le décorateur etcollectionneur Max Janlet acquiert, outre destoiles de Van Den Berghe et De Smet, le "Nudans un paysage" d’Heinrich Campendonk,

le "Cheval de cirque" de Joan Miro, "Le visage dugénie" de René Magritte. Il lègue en 1977 sacollection au Musée d’Ixelles, qui, l’annéesuivante, en présente une sélection sous le titred’"Hommage à Max Janlet". Des œuvres majeu-res de ce legs sont régulièrement exposées auMusée.

La rue de l’Arbre bénit ne fait pasexception à la vocation d'enseigne-ment du haut d'Ixelles. Autour de1900, des parents soucieux de bonneéducation confient leurs enfants àl’Institution des Demoiselles dirigéepar les dames Orianne au n° 52 ouaux Sœurs de Notre-Dame au n° 120.

"Le Nu dans un paysage" d’Heinrich CampendonckMusée d’Ixelles

C I VA

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Le bâtiment, surélevé dans les années’50, a été rénové par l’architecte ElieLevy pour exposer de manière perma-nente les collections des Archivesd’Architecture Moderne fondées en1968 par Maurice Culot, Anne Van Looet Caroline Mierop.

Le musée comporte cinq salles et gale-ries d’exposition de différentes dimen-sions dédiées à des architectes belgesmodernistes: Fernand Bodson, sonassocié, Antoine Pompe, RenaatBraem, Louis Herman De Koninck etVictor Bourgeois. La collection — unedes plus riches d’Europe — comprenddessins, esquisses, photographies,maquettes et pièces de mobilier, témoi-gnages des grands courants architec-turaux représentés en Belgique du 19e

siècle à nos jours. Elle sera présentéepar une succession d'expositions.

Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 12hà 18h, tél. 02 649 86 65, www.aam.be

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Henri Soumagne, dramaturge, retracel'affaire sous le titre de "L’étrangeMonsieur Courtois", texte dont s’inspi-re en 1959 le réalisateur de la R.T.B.Louis Boxus pour en tirer le scénariod’un téléfilm. L’immeuble est détruitdans les années 1950, lors de travauxd’extension de la société Electrogaz.

Au n° 73 de la rue, naît AdémarAdolphe Louis Martens, plus connusous le nom de Michel de Ghelderode(1898-1962). En 1948, il rédige "LaChronique de la rue de l’Arbre bénit"qui s’ouvre par ces mots "Elle n’a pourelle que son nom et son tracé de vieuxpochard qui rentre tard…"

Il y dépeint les scélérats et lesinnocents pendus aux branches del’Arbre bénit, qu’il identifie à tort à desarmoiries d’Ixelles, nom de lieu dérivé,selon lui, du "Roi des Aulnes" deGoethe ou du port d’Elseneur, capitaledu royaume de Hamlet. Il y salueaussi Charles De Coster qui s’éteigniten 1879 au n°116 de la rue et frémitau souvenir de l’affaire Courtois.

Renvoyé du Conservatoire de Bruxelles pourmanque d’assiduité, Martens assume ensuite lachronique artistique de l’hebdomadaire"Mercredi Bourse". L’administrateur dupériodique s’assurait le concours de conférencierspeu connus afin de diversifier les programmes deses "Lundis mondains" où une conférenceprécédait une courte pièce de théâtre. L’exposé dujeune Martens, le 29 avril 1918 a trait au destinlittéraire d’Edgar Allan Poe; la pièce s’intitule"La Mort regarde par la Fenêtre", premièreœuvre qu’il signe de son nom de plume, Michelde Ghelderode, qu’il est légalement autoriséà porter en 1929.

Ses pièces baroques, truculentes, souventcruelles, ont fait le tour du monde: "La Balladedu Grand Macabre", "Pantagleize", "Escurial","Sire Halewyn"… Elles sont toutes écritesentre 1925 et 1939 mais ne circulèrent dans lesmilieux parisiens qu’une dizaine d’années plustard. A ce moment répondent à la démesure ghel-derodienne "Les Bonnes" de Jean Genet,"La Cantatrice Chauve" d’Eugène Ionesco,"En Attendant Godot" de Samuel Beckett…

A ses débuts, Ghelderode avait signé dupseudonyme de "Philosthère Costenoble" unrecueil de vers de mirliton, virulents ou débon-naires, sous le titre d’"Ixelles, mes Amours".Roland Beyen et Jean-Paul Humpers, exégètes deson œuvre, ont constitué la Fondation interna-tionale Michel de Ghelderode, où setrouvent rassemblés éditions, documents ettémoignages.

En 1960 fut apposée sur la façade de samaison natale une plaque com-mémorative, à l’initiative de "Ses amisaméricains" , signe de sa renomméeinternationale.

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Michel de Ghelderode

Et ma sœur frappant d’un balai mon berceauParce que j’étais roux, que je n’étais pas beau!Et naître près du lieu où mourut De Coster!

Quelle gageure!N’empêche, toujours elle m’attendrit

La rue de l’Arbre bénit.

Ancienne loge maçonnique «Le Droit Humain»Ancienne loge maçonnique «Le Droit Humain»86 rue de l’Ermitage

Projet d’agrandissement de l’immeublepour la loge maçonnique «Le Droit humain», 1934 Fernand Bodson

«Le Bon et le Mauvais Goût», exposition temporaire présentée au Musée d’architecture - La Loge en 2002

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Ce toponyme fait référence à un tilleul,siège d’une pratique locale mêlantreligion et superstition, que l’onconfond parfois avec l’aulne desarmoiries de la Commune. La tradi-tion, peut-être d’origine druidique, luiattribuait des vertus curatives. Desenfants malades étaient étendus soussa ramure, après l’averse, dans l’espoirqu’ils soient délivrés des fièvres. Cetilleul faisait l'objet d’une processionmenée le mercredi des Cendres par leclergé de Sainte-Gudule. L’existencedu lieu-dit qui témoigne de cettepratique est attestée dès 1227 sous laforme d'"Elterken" et ensuite souscelles de "Lindeken" et enfin de"Geweyden Boom". Cet arbre réputémiraculeux, abattu vers 1865, se dres-sait à peu près au croisement desactuelles rues Defacqz et Veydt.

Cette pratique fervente n’est pas leseul trait remarquable de cette rue:dans la nuit du 25 au 26 avril 1896, unassassinat est perpétré dans l’hôtelparticulier portant le n° 56, rue del’Arbre bénit.

Le matin venu, la baronne Herry, propriétairedes lieux, est retrouvée morte par une domes-tique. Le cadavre présente des meurtrissuresbleuâtres autour du cou et une blessure sanglan-te à la tempe droite. Peu après, un coffre-fort videappartenant à la victime, est découvert auxconfins d’Anderlecht et de Leeuw-Saint-Pierre.Le 28 avril, un agent de change nommé Raesvend en Bourse six actions dérobées deux joursplus tôt. Il affirme les tenir d’un sieur Lefèbvrequ’il décrit en détail. Un ancien policier est soup-

çonné; il se nomme Alexandre Courtois, âgé de48 ans, habitant au Solbosch, à proximité ducimetière d’Ixelles, chez qui sont trouvés d’autrestitres de même provenance. Ses complices sontaussitôt arrêtés; un repris de justice, dit «PitjeSnot», confirme que Courtois est l’instigateur ducrime. Du reste, ce dernier avait déjà été inquié-té à la suite d’un vol de bijoux commis trois ansauparavant chez la comtesse de Flandre.Courtois échappe alors aux poursuites, faute depreuves, mais la Ville de Bruxelles révoque l'offi-cier de police attaché au commissariat de la ruede la Régence. Les aveux de ses sbires permettentd’élucider plus d’un méfait commis par la bande.Pitje Snot, autrefois emprisonné sur énonciationde Courtois pour avoir refusé de participer au volde bijoux chez la comtesse de Flandre, bénéficiecette fois de l’acquittement lors du procès quiclôture l’affaire.

En 1896, paraissent les "Mémoires etRévélations de Pitje Snot, avec portrait authen-tique de l’auteur", souvenirs d’un affranchimarollien recueillis par un publiciste inconnu.Courtois, défendu par les avocats ArmandHuysmans et Adolphe Max, est lourdementcondamné et décède en prison en 1904,à l’âge de 56 ans.

Le carrefour des rues des ChampsElysées, de Hennin et de l’Ermitageprésente un réel intérêt architectural.

On y remarque en effet:- à l’angle Champs Elysées-de Hennin,

un immeuble de rapport Art nou-veau, dû à Léon Delune, à façade enléger décrochement, pourvu d’uneterrasse;

- à l’angle de Hennin-Ermitage, un hôtel particulier (arch. D. Rosseels, 1914) surmonté d’une rotonde;

- à l’angle Ermitage-Champs Elysées,l’immeuble à appartements, avec sa terrasse surélevée sur l’angle (arch.Josse Mouton 1925);

- au coin Champs Elysées-de Hennin, l’ancien garage Beherman-Demoen (arch. V. Duyckers, 1954) dont letraitement d’angle tendait originel-lement à l’ouverture maximale sur les salles d’expositions et les ateliers;

- un terrain non bâti, en forte déclivité,clôturé d’une palissade à l’angle deHennin-Ermitage;

- et enfin, le long mur aveugle de lapropriété Solvay, rue de l’Ermitage et rue des Champs Elysées, percé à cet endroit d’une poterne qui en tronquela pointe.

RRUEUE DEDE LL’’ARBREARBRE BÉNITBÉNIT

Au centre, le 56 de la rue de l’Arbre bénit

Carrefour des Champs Elysées, de Hennin et de l’Ermitage;à gauche: un hôtel particulier (arch. D. Rosseels),à droite: l’immeuble dû à Josse Mouton

Carrefour des Champs Elysées, de Hennin et de l’Ermitage;à gauche: l’extrémité de la propriété Solvay,à droite: un immeuble de rapport dû à Léon Delune

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La rue de l’Ermitage est bordée d'unesérie d’immeubles à appartementsconstruits entre 1925 et 1940. A cetteépoque, ce type d’habitat destiné à uneclientèle bourgeoise soucieuse deconfort et de rationalité connaît ungrand essor en Belgique.

Le premier immeuble à avoir été bâtiest le n° 52; il est l'œuvre d’AdolphePuissant, responsable des plans deplusieurs ensembles de logementsocial à Laeken et Molenbeek-Saint-Jean. L’immeuble mitoyen au n° 50 estsigné par Josse Mouton (1927).

En 1936, sont achevés les n° 48 et 28.Le n° 48 est érigé par l'architecteMarcel Peeters pour le compte de lasociété "Les Pavillons Français", une

entreprise de construction immobilièredont le nom est toujours attaché à unimmeuble de type analogue, rue duNoyer à Schaerbeek (1933).

Les plans du n° 28 sont tracés en 1935par Louis Herman De Koninck, prin-cipal représentant de l’avant-gardemoderniste en Belgique. L'innovationfonctionnaliste du temps se retrouveen particulier dans la position quasimédiane de l’escalier et sa visibilité enfaçade avant.

De Koninck souligne, dans ses souvenirspubliés en 1970, l’importance dans sa formationdes conférences d’Henry Van de Velde etd’Hendrik Petrus Berlage, prononcées en 1912 et1913 à l’Institut des Hautes Etudes del’Université nouvelle, rue de la Concorde.Il témoigne de son intérêt précoce pour lestechniques nouvelles de construction, tels le voilemince de béton et l’assemblage d’élémentsstandardisés, qui influencèrent sa démarchearchitecturale future. Il a enseigné à l’Ecole de laCambre de 1940 à 1974.

Dans un essai intitulé "L’Année duSouvenir", l'architecte et critique d’artJacques Aron (°1933) mentionneson séjour dans l’immeuble n° 28.

"A l’automne 1951, je m’inscrivis à laCambre pour y étudier l’architecture.Nous habitions alors un immeuble moder-ne à appartements, modeste, sans ascen-seur malgré ses quatre étages, construit en1935 par Louis-Herman De Koninck pourun jeune avocat. Bien que la façade fûtorientée au nord, De Koninck avait doté leslivings — ce terme barbare avait éliminédes plans le sombre "salon" — de grands

La rue fut créée en 1843 sous le topo-nyme de rue Hanset d’après le nomd’un propriétaire foncier, et prolongéeen 1862 en prévision de la percée del’avenue Louise. Elle fut appelée ruede la Reine et enfin rue Souveraine en1856, afin d'éviter la confusion avec larue de la Reine qui longe un des côtésdu Théâtre royal de la Monnaie.

A propos des plaques odonymiquesbilingues, le journaliste Jean d’Ostamentionne dans "Notre Bruxellesoublié", les nombreuses traductionsapproximatives ou erronées réaliséesdans le courant du 19e siècle par desfonctionnaires souvent francophones.Ainsi la rue Souveraine fut-elle dénom-mée "Opperstraat" (rue Supérieure)à Bruxelles, "Vorstinstraat" sur sonparcours ixellois (rue de la Souveraine)et même "Souvereinestraat". C’est fina-lement la première de ces appellationsqui prévaut aujourd’hui en néerlan-dais.

Le porche à fronton des n° 40-42donne accès à des logements de hautniveau, loués meublés à des fonction-naires ou des cadres étrangers résidanttemporairement en Belgique. Ce por-che est la seule trace d'une impasse quis'ouvrait sur le carré Deruydts consti-tué de six maisons et qui a disparu àla fin du 19e siècle. La plupart desbâtiments de la rue Souveraine ontété rénovés à l’initiative d’un promo-teur immobilier scandinave dont le

monogramme apparaît sur chacunedes façades.

☛ Rue Souveraine 40(*), 44 et 46(*)(arch. D. Dekeyser), 52 (arch. GustaveStrauven, auteur des plans de la MaisonSaint-Cyr, Square Ambiorix).

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RRUEUE SOUVERAINESOUVERAINE

40-42 rue Souveraine, ici s’ouvrait le carré Deruydts

52, rue Souveraine52, rue Souveraine

28 rue de l’Ermitage

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Louis Van der Swaelmen fils (1883-1929) élabore, à partir de 1920,les plans d’urbanisme de nombreusescités-jardins parmi lesquelles: "KleinRusland" à Selzaete, "Le Logis" et"Floréal" à Watermael-Boitsfort, La CitéModerne" à Berchem-Sainte-Agathe et"Kappelleveld" à Woluwe-Saint Lambert.

Van der Swaelmen est actif au sein de l’Unioninternationale des Villes et Communes fondée en1913 et dirigée par Emile Vinck, municipalisteconvaincu, sénateur et conseiller communalsocialiste à Ixelles pendant près de 40 ans. Aprèsavoir pris part à la bataille de l’Yser, Van derSwaelmen passe aux Pays-Bas où il mesure l’am-pleur et la qualité des programmes de construc-tion de logements populaires (Woningwet 1902).Il siège au sein du bureau du Comité Néerlando-Belge d’Art Civique, fondé en 1915 et présidé parl’architecte néerlandais Hendrik Petrus Berlage.

Dans "Préliminaires d’Art civique mis en rela-tion avec le cas clinique de la Belgique" (1916),synthèse des débats du Comité, Van derSwaelmen ouvre les perspectives d’un urbanismesocial moderne dans l’optique de la reconstruc-tion des régions dévastées par le conflit. Jusqu’àla fin de sa courte vie, Louis Van der Swaelmenanime les activités de la Société belgedes Urbanistes et Architectes modernistes.A la même époque, en 1927, il enseignel’urbanisme et l’architecture des jardins à

l’Institut supérieur des Arts décoratifs de laCambre, créé la même année.

Quoique fixé à Stavelot depuis 1918, lepeintre symboliste William Degouvede Nuncques (1867-1935), avaitconservé son domicile à Ixelles. Aumoment de son second mariagecélébré le 6 juin 1930, il déclare habiterau n° 63 de la rue Jean d'Ardenne,dans l’ancienne maison des Van derSwaelmen.

William Degouve de Nuncques est issu d’unefamille de l'aristocratie française installée enBelgique après la guerre de 1870. Il aborde lapeinture en autodidacte. En 1883, il fréquentel’Ecole de Dessin et de Modelage, actuelle Ecoledes Arts d'Ixelles. Il se lie avec les peintresToorop et Henri De Groux. Il fréquente lesmilieux symbolistes et compte beaucoup d'amislittérateurs, parmi eux Emile Verhaeren dont ilépouse la belle-sœur, Juliette Massin, en 1894.Degouve de Nuncques cultive les climatsétranges, interprétant avec candeur des paysagesféeriques et merveilleux. Son œuvre estempreinte de mystère. Il fut membre des XX et dela Libre Esthétique.

balcons du haut desquels on jouissait dede la plongée dans un parc qu’habitaitjadis Ernest Solvay."

Jacques Aron est l’auteur avec Patrick Burniatet Pierre Puttemans du "Guide d’ArchitectureModerne de Bruxelles et environs: 1890-1990"(1990), régulièrement réédité et augmenté.

Le n° 46 est construit en 1936 d’aprèsles plans de Lucien de Vestel(1902-1967), déjà auteur du crémato-rium d’Uccle, en association avecHenry Lacoste et des extensions, sousforme d’immeuble-tour, de l’Institutroyal des Sciences naturelles au ParcLéopold. C’est au 6e étage de cetimmeuble qu’Anto Carte avait sonatelier. Enfin, Fernand Bodson signeavec ses associés Clotilde Coppens etHorace Verhoeven les plans de l’im-meuble sis 70 rue de l’Ermitage.

Les façades des bâtiments numérotés58 à 70 révèlent une intervention archi-tecturale postérieure aux années ‘30.Elle résulte des destructions causées le9 novembre 1944 par la chute d’un V1sur le quartier qui fit douze victimes.

Un peu plus loin, sur la façade dun° 80, deux sgraffites attirent l'atten-tion par leurs teintes noir et or peuhabituelles. Cette décoration murale estobtenue par grattage d'un enduit clairsur un fond de stuc sombre.

Peu après 1945, le tronçon de larue de l’Ermitage débouchant rueLesbroussart prend le nom de ruePaul Spaak.

Paul Spaak (1870-1936) fut dramatur-ge et directeur du Théâtre de laMonnaie. Son épouse, Marie, est la filleaînée du parlementaire Paul Janson.Entrée au Conseil communal de Saint-Gilles, elle est aussi la premièrefemme sénatrice après sa cooptationpar le Parti ouvrier belge. Les trois fils,Paul-Henri, Charles et Claude se fontconnaître respectivement commepoliticien, scénariste de cinéma ethomme de lettres. La fille dePaul-Henri Spaak, Antoinette Spaak,a suivi les traces de son père. Nomméeministre d’Etat en 1983, elle a siégéjusqu'en 2001 au Conseil communald’Ixelles.

L’architecte Fernand Bodson (1877-1966), auteur de la loge "Le Droithumain" 86 rue de l'Ermitage, aégalement dessiné entre 1927 et 1931les plans des n° 2, 4 et 6 de la ruePaul Spaak. Le premier de cesbâtiments, à deux entrées jumelées,comporte un atelier d’artiste; safaçade est recouverte de plaquettes deterre cuite.

Cet ensemble de maisons fut édifié enlieu et place de l’Ecole de l’Ermitage,ouverte en 1907 par le docteur OvideDecroly (1871-1932).

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Une venelle du quartier "Le Logis"à Watermael-Boitsfort

"Effet de nuit" de William Degouve de NuncquesMusée d’Ixelles

RRUEUE PPAULAUL SPSPAAKAAK

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Le pédagogue belge entendait yappliquer ses méthodes éducatives àdes enfants ne présentant pas dedifficultés d’apprentissage.

L’établissement fut transféré à Uccleen 1927. L'Ecole s'était implantée dansles bâtiments transformés de la fermede l'Ermitage. Le dernier occupant dela ferme exploitait encore à l’époqueune laiterie et une importante glacièrecreusée antérieurement dont levolume utile est estimé à 1162 m3. Lorsde la construction des n° 4 et 6,Fernand Bodson dut faire "décapiter"la glacière en supprimant la voûtesupérieure et couler ensuite un radiersupporté par des colonnes en béton.

☛ rue Paul Spaak: 20 à 26 (dont len° 22 est dû à Paul Saintenoy) (*).

L'îlot formé par la rue du Couvent etla rue de la Vanne, point culminant duquartier, abrite un réservoir d'eau de laVille de Bruxelles. La rue de la Vannedoit son nom à la présence, à frontde cette rue, d’un dispositif decommande du réservoir. En 1857,l’architecte Joseph Poelaert donne àcette enveloppe technique un caractèremonumental. Les eaux qui alimen-taient le réseau de la ville étaientcaptées dans la vallée du Hain, auxenvirons de Braine-l’Alleud.

Ixelles reste cliente de la Ville de Bruxelles pourla fourniture d’eau potable jusqu’en 1891, annéeoù se constitue la "Compagnie intercommunaledes Eaux", société coopérative qui rassembleprincipalement les communes de Saint-Gilles,Saint-Josse-ten-Noode, Schaerbeek et Ixelles. Laloi de 1907 sur les sociétés intercommunalespermet sa transformation en "Compagnieintercommunale bruxelloise des Eaux",l’élargissement de ses compétences et la redéfini-tion de ses missions organiques. Depuis 1989,l’activité de distribution, jusque-là matièrecommunale, est confiée à l’"Institut bruxellois deDistribution de l’Eau", l'IBDE. De créationrécente, l’"Institut bruxellois d’Assainissement"sera chargé à moyen terme de l’entretien duréseau et du traitement des eaux usées.

Il accompagne ainsi l’armée de Mac-Mahon jus-qu’à la débâcle de Sedan. Rentré en Belgique en1874, il est rédacteur en chef de "La Chronique",tout en collaborant à "La Belgique Illustrée" etsurtout au "Panorama de la Belgique", organedu Touring Club. Ses notes de voyage sontrassemblées sous divers titres, dont "L’Ardenne"(1907) rédigé en un style alerte et clair. Jeand'Ardenne a le souci de dépeindre lesbeautés et les rudesses de cette Ardenne, prochedes origines; il le fait aussi pour la "Côtede Flandre" (1888) avec des illustrationsd’Henri Cassiers.

La variété et la qualité de ses écrits incitent denombreux lecteurs à préparer excursions et voyages lointains. A maintes reprises, l'écrivainprend la plume pour défendre des sitesintéressants contre les "vandalismes" dupatrimoine; son intervention, concertée avecd’autres personnalités telles l’historienGuillaume Des Marez, le curé Maxime Cartonde Wiart et le vicomte Terlinden, contribue àsauvegarder l’ancienne abbaye Notre-Dame de laCambre.

En avril 1922, à l’initiative du TouringClub de Belgique, une plaque commé-morative est apposée sur la façade dun° 47, maison que Jean d’Ardenneavait occupée de 1874 à son décès.

André Gevrey (1913-1993) habita lamaison de Léon Dommartin de 1956à sa mort.

Après avoir fréquenté l’Athénée d’Ixelles,Gevrey (André Pesesse pour l’Etat civil), débu-te au Rataillon, compagnie théâtrale à caractèreexpérimental. De 1935 à 1953, il fréquente lesscènes du Théâtre du Parc, du Molière et duNational; il excelle dans les rôles du jeunepremier ou en Lagardère dans le mélodrame«Le Bossu» d’Anicet Bourgeois et Paul Féval.Engagé entre-temps comme acteur-lecteur àl’I.N.R., il a la tâche d’annoncer le déclenche-

ment de l’offensive allemande sur la Belgique àl’aube du 10 mai 1940. Il participe à partir de1951 aux essais et au lancement de la télévisionbelge. Il devient alors réalisateur sans abandon-ner tout à fait la scène: il interprète Beulemansdans «Le Mariage de Mademoiselle Beulemans»en 1960 aux côtés de Christiane Lenain, DeniseVolny et Yves Larec. Documentaliste du théâtrebelge à ses heures, il a livré ses archives àla Maison de la Bellone.

Après un bref séjour à Saint-Josse-ten-Noode, Karl Marx (1818-1883), alorsprofesseur de philosophie, occuped’octobre 1846 à février 1848 le n° 50de la rue Jean d'Ardenne avec sonépouse Jenny et ses deux filles. Un fils, prénommé Edgard, naît àIxelles le 5 février 1847.

Karl Marx rédige en Belgique, dans des condi-tions précaires, une "Misère de la Philosophie"en réponse à la "Philosophie de la Misère" dePierre-Joseph Proudhon qui lui aussi séjourne àIxelles lors de son exil en Belgique. Le "Manifestedu Parti Communiste", publié en 1848,est probablement ébauché à cette époque. Peuaprès, les autorités nationales expulsent Marx deBelgique car il avait failli à sa promesse de ne selivrer à aucune activité politique.

Une plaque commémorative estapposée sur la façade de son domicile.

Au n° 63 de la rue Jean d'Ardenne,a vécu Louis Léopold Van derSwaelmen (1849-1910), architecte pay-sagiste et inspecteur des plantations dela Commune d’Ixelles. Il a, en collabo-ration avec son fils Louis, conçul’aménagement des terrains où se sontdéroulées les Expositions interna-tionales de Liège en 1905 et deBruxelles (Solbosch, 1910).

22 rue Spaak (arch. Paul Saintenoy)

RRUEUE DEDE LALA VVANNEANNE

Enceinte du réservoir de la Ville de Bruxelles au fond, la rue de la Vanne;à droite, l’ouvrage dû à Joseph Poelaert

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L'hôtel de maître du n° 47 de la Vanneabrita "L’œuvre du Calvaire" de 1935 à1960 et, pour un temps, la MaisonAfricaine. "L’Œuvre du Calvaire",devenue aujourd'hui l'"Institut Albert Ier

et Reine Elisabeth”, se consacre auxsoins aux malades incurables etdépend des Cliniques universitairesSaint-Luc.

Dans les années ’90, un hôtel est cons-truit à l’emplacement des maisonssises du côté impair de la rue PaulSpaak et aussi sur celui du n° 47rue de la Vanne. Ces maisons avaientété démolies en 1979-80.

A cet endroit s'éleva jusqu’en 1895 laVilla "Belle Vue" en surplomb del’avenue Louise. Les rues de la Vanneet Paul Spaak reprennent le tracé duchemin qui longeait l'arrière de lapropriété.

Cette rue doit son nom à la famillepropriétaire de terrains environnants.

Les numéros 65 à 73 sont desimmeubles occupés de 1959 à la fin desannées ’70 par la maison d’édition "Femmes d’Aujourd’hui". Ils ont étéremplacés par deux groupes de mai-sons à un et deux étages dont subsistele n° 73 sous sa façade originelle.

Les immeubles sis à l’angle des ruesCharles De Coster et de Hennin ontfait récemment l’objet de transforma-tions importantes. Ceux de la rue deHennin abritaient à ce moment un ate-lier pour le travail des métaux et unespace d’exposition; ceux de la rueCharles De Coster regroupaient, quantà eux, un rez-de-chaussée commercialainsi que des logements.

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A l’origine dénommée rue deGerlache, ensuite rue Président deGerlache, cette rue prend finalementle nom de rue du Président afind'éviter toute confusion avec la rue deGerlache à Etterbeek. Etienne deGerlache (1785-1871), magistrat,historien et homme politique, présidale Congrès national en 1830, la Cour deCassation en 1832 et l’Académie royalede Belgique de 1836 à 1856.

Le n° 54 de la rue du Président abritedeux écoles dont la façade arrières'ouvre vers la rue Jean d’Ardenne.Intégré à la Haute Ecole Luciade Brouckère, l’Institut supérieuréconomique d'Ixelles, l’ISEC, proposedes graduats en droit et en marketing.L’Institut Fernand Cocq assure unenseignement de promotion sociale encomptabilité, en informatique et enlangues, y compris le langage dessignes à destination des malenten-dants. Les bâtiments furent dans unpremier temps occupés par une écolecommunale primaire pour filles. En1901, l’Institut des hautes Etudesmusicales et dramatiques, dirigé parHenri Thiébaut, y occupe quelquessalles de classe en soirée.

L’Institut se rapproche ainsi de l’Ecole deMusique vocale d’Ixelles créée par la Communeen 1891. Ensemble ils comptent quelque 600 élèves. Les édiles communaux sous la conduitedu bourgmestre Adolphe de Vergnies, favorisentcette institution qui deviendra l'actuelleAcadémie de Musique. Octave Maus et Fernand

Cocq, avocat et futur bourgmestre d’Ixelles, siè-gent au sein du conseil d’administration. En1902, le musicien français Vincent d’Indy, fon-dateur de la Schola Cantorum de Paris et ami deThiébaut, préside le jury de fin d’année.L’enseignement musical se complète de causeriesdonnées entre autres par les politiciens HenryCarton de Wiart, Jules Destrée, les littérateursIwan Gilkin, Maurice des Ombiaux, le juristeEdmond Picard… Henry Thiébaut s’inspire enoutre des méthodes pédagogiques de gymnas-tique rythmique d’Emile Jaques-Dalcroze.

Cette voie, créée comme ses voisinesvers 1850, est dans un premier tempsappelée rue d’Orléans en l’honneur deLouise-Marie d’Orléans, premièrereine des Belges. En 1921, elle estrebaptisée pour rendre hommage aujournaliste et écrivain Jean d’Ardenne,nom de plume de Léon Dommartin(1839-1919).

Né à Spa, Jean d'Ardenne gagne Paris en 1866.Entré au "Gaulois", quotidien conservateur,il devient correspondant de guerre aux côtésde Félicien Rops lors du conflit franco-allemandde 1870.

RRUEUE DUDU PRPRÉÉSIDENTSIDENT

RRUEUE JEANJEAN DD’’ARDENNEARDENNE

RRUEUE DEDE HENNINHENNIN

73 rue de Hennin

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L’immeuble des n° 70 à 74 est unprojet de l’architecte Michel MuambaMutambayi. Il comprend une galeried’art, des surfaces de bureaux àvocation artistique (1er & 2e étages)ainsi que le studio et le logementd’un photographe, au niveau descombles sous une toiture à deux panslargement vitrés.

Le nom de Charles De Coster fut attri-bué en 1896 à une voie publique duquartier de l’Ermitage. Deux ansauparavant un mémorial avait étéélevé en bordure de la place EugèneFlagey.

L'écrivain Charles De Coster (1827-1879) estdécédé au 116 de la rue de l’Arbre bénit, maisonsise à l’angle de la rue Mercelis. Sur lafaçade, sont apposés une plaque commémorativeet un médaillon aux effigies du héros populaireThyl Uylenspiegel et de son épouse Nele."Les aventures d'Uylenspiegel et de LammeGoedzack au pays de Flandres et ailleurs" (1868)sont un récit pittoresque et haut en couleur, écritdans une langue archaïsante mais qui ne connutle succès qu'après la mort de l'auteur.

Au n°8 de la rue De Coster, un projetrécent a donné lieu à une constructionqui comprend des petits logements,une habitation familiale, un bureau de100m2, une galerie et un loft. L’animationdu quartier et la présence d’une grandesurface ont conduit les architectes AxelVerhoustraeten et Jean-Marie Gillet à pro-téger les occupants du trafic et du bruitenvironnants. La façade nord-est consi-

dérée comme une zone tampon,accueillant les espaces de circulation etde service. Elle présente un front bâtilisse, de béton enduit à gauche, de boisà droite; deux décrochements vitréslaissent apparaître le jeu des volumes,exprimés par de larges traits horizon-taux et verticaux. L’intérieur présentede grands espaces protégés s’ouvrantvers l’intérieur de l’îlot ainsi qu’unecour-jardin qui profite de l’ensoleille-ment sud-ouest. Le projet contribue àla variété et la richesse architecturaled’un quartier qui comprend outre desédifices du 19e siècle, des réalisationsdes années 30 ou Art déco. Cette réali-sation contemporaine s’insère sansheurts dans le contexte varié des faça-des du voisinage.

Les n° 10-12 ont abrité l'atelier dustatuaire Isidore De Rudder (1855-1943), auteur de la "Vieille Fontaine"à la place Charles Graux. L’ateliers’étendit jusqu’aux n° 70 et 74 de larue de Hennin et, transformé parl’architecte Maxime Brunfaut, abritaune imprimerie et un atelier de travaildes métaux.

Des récits apportent un éclairage parti-culier sur les relations sociales quiliaient les habitants. De nombreuxartistes et scientifiques ont vécu dansce quartier au cours des deux dernierssiècles: des écrivains comme Michelde Ghelderode, qui s'inspira del'atmosphère du lieu, aux peintresWilliam Degouve de Nuncques,Anto Carte et Jean Milo en passantpar Ernest Solvay et Karl Marx. Deshommes politiques et notablesqui firent l'actualité du 20e siècle,à l'image de Victor Larock ou de MarcSomerhausen ainsi que d'éminentsprofesseurs s'installèrent aussi dans lequartier de l'Ermitage, séduits par laproximité de l'Université libre deBruxelles. Certaines maisons ont gardéune trace du passage de leurs illustresoccupants. De tous temps, des archi-tectes de renom (Saintenoy, Hobé,Bodson, De Koninck…) conçurent desréalisations originales, dont plusieurssont aujourd'hui classées. Certains deces bâtiments font ici l’objet d’une des-cription, d’autres sont uniquementmentionnés comme étant intéressants.Plusieurs maisons furent habitées pardes personnes connues; c’est à ce titrequ’elles sont présentées.

Une attention particulière est apportéeà la toponymie, véritable témoignagede l'évolution des lieux et des idées.

☛ Des réalisations architecturales men-tionnées en italique, et dont certaines sontsignalées par un astérisque, sontincluses dans l’inventaire du patrimoinearchitectural de la Région dressé parSint-Lukasarchief en 1979.

RRUEUE CHARLESCHARLES DEDE COSTERCOSTER

8-12, rue Charles De Coster8-12, rue Charles De Coster

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Hélène De Rudder-Du Mesnil (°1859)a réalisé des tapisseries pour l'Expo-sition internationale de Tervuerenen 1897 et pour l’Hôtel de ville deSaint-Gilles, d’après les cartons de sonmari Isidore De Rudder.

Cette rue fut dédiée à l'homme de let-tres Jean-Baptiste Lesbroussart (1781-1855), professeur à l’Université deLiège et journaliste opposant aurégime hollandais.

La rue Lesbroussart, ouverte en 1863,présente un long front de bâtissesanciennes, de gabarits semblables, auxfaçades enduites. Le rez-de-chausséea souvent été transformé aux finsd’activités commerciales où la restau-ration domine.

Dans la partie proche de l’avenueLouise ont été érigés dans les années’60 des immeubles à usage de bureauxet/ou d’habitation. Sur la façade dun°82 a été dressée en 1991, une plaquecommémorative pour le 50e anniver-saire de la fondation du Front del’Indépendance par le journalisteFernand Demany, le docteur AlbertMarteaux et l’abbé André Boland.Le Front regroupa au fil du temps unequinzaine d’organisations de résistan-ce (renseignement, chaînes d’évasion,aide aux juifs et aux réfractaires,sabotage).Fernand Demany, avec Désiré Denuit,Adrien vanden Branden de Reeth et

d’autres, participa au lancement le 9novembre 1943 du "Faux Soir", pasti-che du "Soir" autorisé par les autoritésd’occupation, et humoristique pied denez à celles-ci.

Au n°92 de la rue se trouvent desbureaux et une salle d’expositiond’une société de distribution de maté-riel de chauffage et de ventilation; lesentrepôts et les ateliers débouchaientau n°40-42 rue Lens.

L’aménagement intérieur (1991) d'unrestaurant, 49 rue Lesbroussart est àsignaler; il est le fruit d'une collabora-tion entre l'architecte Olivier Bastin etles artistes plasticiens Edith Dekindt,Jean-Claude Saudoyez et Marc Feulien.

☛ rue Lesbroussart: 74, 89, 115 et 117(*).

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L’urbanisation de ce quartier achève lajonction du Haut-Ixelles aux quartiersbordant les étangs. Elle s’étale sur unequarantaine d’années, en deux phases.La première, entre 1840 et 1850,concerne les rues du Président, Jeand’Ardenne, de l’Arbre bénit jusqu’àcelle des Champs Elysées. La seconde,en 1863, met en œuvre un pland’ouverture de rues entre la chausséede Vleurgat, l’avenue Louise et lachaussée d’Ixelles dont la rueLesbroussart constitue l’épine dorsale,ceci en prévision du percement del'avenue Louise.

Le quartier est entouré de trois grandsaxes de circulation automobile: lachaussée d’Ixelles, l’avenue Louise etla rue Lesbroussart, qu’empruntentaussi plusieurs lignes de transporten commun, en plus de celles quidesservent la place Eugène Flagey.La mobilité, des piétons et cyclistes enparticulier, est ralentie par la pressiondu stationnement automobile, dans unsecteur où sont situés plusieurs lieuxgénérateurs de trafic (écoles, commer-ces, institutions culturelles…).

Divers aménagements de la voirie,comme l'installation de potelets,tendent à restreindre le stationnement"sauvage" et à donner une plus largeplace aux piétons. Des élargissementsdu trottoir à proximité des carrefours,familièrement appelés "oreilles",améliorent la visibilité, ralentissentla vitesse des voitures et facilitentla traversée des piétons. Les surfacesainsi délimitées peuvent accueillir du

mobilier urbain, des fleurs ou desplantations. Ainsi a-t-on récemmentplanté, dans les rues des ChampsElysées et Lesbroussart, des spécimensde "prunus subhirtella automnalis", de"prunus cerulata Kanzan" et de "robi-nia pseudo-acacia umbraculifera".

La présente publication, "Versl'Ermitage", se réfère à un périmètredélimité par la chaussée d'Ixelles, lachaussée de Vleurgat, l'avenue Louise(située sur le territoire de la ville deBruxelles) et les rues de la Concordeet du Prince Albert.

La vie de ces rues est retracée à traversdifférentes personnalités qui y ont éludomicile.

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Immeuble de la rue Lesbroussart

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Le peintre André Corneille Lens(1739-1822) fut en vogue sous Charlesde Lorraine. Son monument funéraire,par Godecharle, se trouve dans l’égliseNotre-Dame de la Chapelle.

La rue porte le nom d'Henri JosephVan Elewyck, propriétaire foncier,mayeur d’Ixelles de 1828 au 4 septem-bre 1830.

La maison au n°35 est aujourd'hui laMaison de la Paix; elle était autrefoispropriété de la famille de Hennin deBoussu-Walcourt, ce dont témoigneune plaque dédicatoire apposée dansle vestibule à l’occasion de la bénédic-tion du maître de maison par leCardinal Mercier en 1925.

Grâce à des fonds apportés par l’abbéCarette et le baron Antoine Allard, fon-dateur de l’antenne belge d’Oxfam etde l’association "Stop War", le collectifPaix sur Terre put acquérir le bien en1969 et y accueillir diverses associa-tions préoccupées des droits del’homme, de pacifisme et de dévelop-pement durable; parmi elles:le Service Civil International (S.C.I.), leMouvement International de laRéconciliation (M.I.R.), Forum voorVredesaktie, Jeugd en Vrede, leCollectif Sans Ticket (C.S.T.), le Comitéde Défense des Usagers du C.P.A.S.,l’Association Belge des Consultantsen Environnement (COREN), l’As-sociation Belge des Eco-conseillers(ABECE), le Comitato Internazionaleper le Sviluppo dei Popoli (CISP),l’Association pour la Recherche etl’Action en Développement (A.P.R.A.D.),le Foodfirst Information & ActionNetwork (FIAN)…

Le militant pacifiste Jean Van Lierde(°1926) y est toujours actif. En 1965 luifut reconnue la qualité d’objecteur deconscience, le premier de Belgique,à l’issue d’une lutte de près de vingtans. Il assuma aussi le secrétariatgénéral du Centre de Recherches etd’Informations Socio-Politiques (C.R.I.S.P.)et celui des "Amis de Présence Africaine".

☛ rue Van Elewyck: 13 à 21(*) et 31 à45(*) dont le 41 est dû à Aimable Delune(1903).

IINTRODUCTIONNTRODUCTION

Le quartier de l'Ermitage et la rue dumême nom gardent le souvenir du"manoir de l’Ermitage" qui se trouvaitentre les actuelles rues Dautzenberget Gachard. Les bâtiments, l'étang etles terres de culture disparurent versle milieu du 19e siècle. Si le quartierprésente actuellement une physiono-mie résidentielle, il a été pendantlongtemps essentiellement agricole.Jusque 1880, la superficie du territoired’Ixelles vouée à l’agriculture, surtoutde production céréalière, dépassaitencore les 50%, comme à Saint-Gilleset à Schaerbeek.

D'après l’Atlas des Communicationsvicinales de la Commune d’Ixellesde 1845, deux ruisseaux à peu prèsparallèles s’écoulaient du lieu-dit"Verkeerden Haen" (à proximitédes actuelles chaussée de Vleurgatet rue Kindermans) vers l’étanginférieur près de la place EugèneFlagey. Leurs cours furent combléslors du percement de l’avenue Louiseet de l’urbanisation de ses abords.Il en subsiste une trace, cachée,sous forme d’une ancienne sectiond’égout, sous l’îlot délimité par lesrues de Hennin, des Champs Elysées,Van Elewyck et Lesbroussart.Le raccordement du quartier auréseau communal d’égouttage s'estréalisé entre 1860 et 1880. Pourl’essentiel, il consiste encore enconduites de briques d’argile deforme ovoïde.

Au 19e siècle, Ixelles s'urbanise etvoit la création d'un grand nombred'impasses. Ces ruelles donnent accèsà des maisons ouvrières en retrait de lavoie publique. Un inventaire dressé en1840 dénombre huit impasses cons-truites à Ixelles avant 1835, tandis quele Rapport communal de 1905 enmentionne vingt-deux. Ces impassestiennent souvent leur nom du proprié-taire foncier qui les fait ouvrir à desfins spéculatives, généralement enbordure et au fond de la parcelle où setrouve sa propre demeure.

Les quatre impasses ou carrés duquartier de l'Ermitage regroupent depetites maisons autour d'une cour: - le carré Broedermans, accessible àhauteur des 18-20 rue d’Orléans, estconstitué de trois maisons regroupant de21 (1856) à 14 personnes (1890) - le carré Debuyser, de six maisons(31 à 22 personnes), 27 rue de la Croix- le carré Deruydts, de six maisons(37 à 35 personnes), 40-42 rue Souveraine- le carré Desmedt, 42, rue de l’Arbre bénit(11 puis 12 maisons et jusqu’à 61 personnes).

A partir de 1880, des enquêtes enmatière de paupérisme et d’hygièneentraînent la disparition de ce typed’habitat. De ces quatre impasses, il nesubsiste que l’entrée de deux d’entreelles: une porte d’accès rue de la Croixet un porche à fronton rue Souverainequi donne aujourd'hui accès à deslogements de haut niveau.

RRUEUE LENSLENS

RRUEUE VVANAN ELEWYCKELEWYCK

Plaque dédicatoire, 35 rue Van Elewyck

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La rue est dédiée à Johan MichielDautzenberg (†1869), poète etmilitant flamand et à son filsPhilippe Dautzenberg (1849-1935),chef d’entreprise. Le second légua uneimportante collection de mollusques àl’Institut royal des Sciences naturellesde Belgique.

☛ rue Dautzenberg: 17 à 21, 18, 20, 42,44 à 48(*), 78 (arch. Albert Dumont et sonfils Alexis; le premier est l’auteur des plansde l’Hôtel de Ville de Saint-Gilles en 1892et de nombreuses villas à La Panne,Alexis signa ceux du bâtiment néo-renais-sance flamande de l’U.L.B., av. FranklinRoosevelt, vers 1925.

Louis Prosper Gachard (1800-1885),avocat, historien et archiviste, futsecrétaire général des Archives géné-rales du Royaume de 1826 à 1831 etensuite archiviste général jusqu’à sondécès. Parmi de nombreux travaux,citons ses inventaires des archives desChambres et Comptes.

☛ rue Gachard: 15 (arch. J. Mataigne),17(*) (arch. E. Mataigne), 23, 27, 37(*)(arch. L. Vander Elst, 1899), 48(*) (arch.Ernest Acker, auteur des plans du monu-ment à Julien Dillens, square de Meeus),54 (arch. Hubert Marcq, 1907, ancienhôtel Rossel).

"A LA DECOUVERTE DE L'HISTOIRE D’IXELLES"

N° 9

« VERS L’ERMITAGE »

Introduction 3

Rue du Président 6

Rue Jean d’Ardenne 6

Rue Souveraine 9

Rue de l’Arbre bénit 10

Rue Mercelis 14

Rue de la Croix 17

Rue des Champs Elysées 18

Rue de l’Ermitage 22

Rue Paul Spaak 29

Rue de la Vanne 30

Rue de Hennin 31

Rue Charles De Coster 32

Rue Lesbroussart 33

Rue Lens 34

Rue Van Elewyck 34

Rue Dautzenberg 35

Rue Gachard 35

RRUEUE DAUTZENBERGDAUTZENBERG

RRUEUE GACHARDGACHARD

15, rue Gachard

rue Gachard

Remerciements:Mme Ginette Blondiaux , Mme Christine Chomé,la C.I.B.E., le CIVA, M. Daniel Decamp, d. S. L. T.Electrabel, la Maison de la Paix, M. Jean-Michel PochetM. Thomas Van Gindertael.

Illustrations:Georges Strens (service de l’Information),sauf archives communales d’Ixelles (p. 6, 10, 13 et 22)Musée d’Ixelles (p. 8, 12, 21 et 23) - CIVA (p. 25)A.A.M. (p. 26) - Magyar Ház (p. 14) - P. Mardaga (p. 8)

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Vers l’Ermitage

Hôtel communal d’Ixelles168 chaussée d’Ixelles - 1050 Bruxelles

Tél.: 02 515 61 11www.ixelles.be

Réalisation Service de la Culture

Recherches et rédaction Philippe Bovy

avec la participation deDelphine Cugnon, Catherine Fache

Avec la collaborationdes services communaux de l’Urbanisme,

des Travaux, des Archives,de l’Information,

de l’Imprimerie communaleet du Musée d’Ixelles

Mise en page et impressionInfographie et Imprimerie communales

EditionService de l'Information

septembre 2002D/2002/8727/01

Cette brochure est produite à l’initiativede Sylvie Foucart, échevine de la Culture,

et de Jean-Pierre Brouhon,échevin de l’Information

Editeur responsable:Jean-Pierre Brouhon,

Echevin de l’Information168 chaussée d’Ixelles

1050 Bruxelles

À la découverte de l’histoire d’Ixelles (9)Le Collège des Bourgmestre et Echevins d’Ixelles vous invite