a La Chine est un marché concurrentiel mais incontournable

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a La Chine est un marché concurrentiel mais incontournable » Entretien avec Philippe Anglaret, président du Groupe intersyndical de l'industrie nucléaire (GIIN) <§> enduadùHce*.. Premier marché nucléaire au monde, la Chine attire les entreprises du monde entier, d'autant que le pays dispose d'un parc de production hétérogène faisant la part belle aux différents réacteurs de conception étrangère. Pour les industriels français, notamment les PME, le marché chinois, porteur ces dernières années, se révèle de plus en plus compliqué à aborder décrypte Philippe Anglaret, président du GIIN. Philippe Anglaret, président du GIIN RGN : La Chine est-elle un marché porteur pour les entreprises prestataires françaises? Philippe Anglaret : La Chine est un marché incontournable pour les entreprises prestataires françaises qui souhaitent exporter. L'empire du Milieu représente depuis de nombreuses années plus de la moitié du marché nucléaire mondial. Le pays est le premier marché en matière de construc- tions neuves,le troisième en matière d'exploitation-maintenance et sera demain un marché important pour le cycle du combustible. Il reste donc aujourd'hui le premier mar- ché d'exportation des entreprises prestataires françaises. Quels sont les atouts de la France en Chine? P.A. : Présente depuis la construc- tion de la centrale nucléaire de Daya Bay en 1987, la France a été le premier partenaire de l'industrie chinoise. La plupart des sociétés françaises sesont d'ailleurs implan- tées dès cette époque. La base des réacteurs actuelle- ment en exploitation, les réacteurs CPR 1000, dérivés technologiques de la centrale de Daya Bay, puise son origine dans la technologie française. Pour le développement de son programme de troisième génération, la Chine s'est égale- ment appuyée en partie sur la tech- nologie française de l'EPR. Dans d'autres domaines, comme le déve- loppement des codes et normes et la constitution d'une industrie du cycle du combustible, le pays regarde aussi beaucoup ce qui se fait dans l'Hexagone. Est-il simple pour une entreprise d'entrer sur le marché chinois aujourd'hui ? P.A. : À moins de disposer d'un pro- duit ou d'un service exceptionnel, il est aujourd'hui très difficile pour une entreprise étrangère de s'im- planter en Chine sur le marché de la construction, pour des raisons à la fois réglementaires et concur- rentielles. La plupart des entre- prises françaises qui se trouvent en Chine y sont arrivées il y a plu- sieurs années et sont aujourd'hui dans une logique de consolidation de leur implantation. Il pourrait y avoir une nouvelle vague d'implantation d'entreprises françaises si le contrat d'AREVA pour la construction d'une usine de traitement-recyclage se conclut. Dans ce cas, les entreprises pré- sentes sur ce marché auront une opportunité exceptionnelle pour s'implanter durablement. Quelles sont les difficultés du marché chinois? P.A. : Le marché chinois estun mar- ché très concurrentiel qui attire les entreprises prestataires du monde entier. Cette concurrence est exa- cerbée avec l'essor de la concur- rence locale très soutenue par les pouvoirs publics qui imposent une très forte localisation et des trans- ferts de technologie. La Chine est également un marché il peut être compliqué de com- prendre la manière dont sont prises les décisions. Enfin, la réglementation détermine les conditions d'implantation des entreprises : pour certaines activi- tés, cette réglementation interdit la vente de prestations en direct sur le marché chinois. Certaines sociétés d'État sont seules habili- tées à répondre aux appelsd'offres et sont donc un point de passage obligé. Toute participation au mar- ché implique nécessairement des transferts technologiques pouvant inclure des transferts de know how. La Chine souhaite exporter des centrales utilisant sa propre technologie et renforcer sa supply chain, est-ce un risque pour les entreprises prestataires françaises ? P.A. : La Chine est devenue un grand pays nucléaire au même titre que la Russie, les États-Unis, le Japon, la Coréeet laFrance.Le paysestdevenu tout à la fois un « concurrent », un « partenaire » et un « client ». L'empire du Milieu souhaite être autonome sur le plan technologique et adopte la même stratégie que la France dans les années 1970-1980. Cependant, pour exporter, le pays sait qu'il devra nouer des accords avec d'autres prestataires. Il y aura donc toujours des opportunités pour les entreprises françaises. Q Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 29-31 SURFACE : 242 % PERIODICITE : Bimestriel 30 septembre 2017 - N°5 Page 4

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Entretien avec Philippe Anglaret, président du Groupe intersyndical de l'industrie nucléaire (GIIN)

<§>enduadùHce*..Premier marché nucléaire au monde, la Chine attireles entreprises du monde entier, d'autant que le pays disposed'un parc de production hétérogène faisant la part belleaux différents réacteurs de conception étrangère.Pour les industriels français, notamment les PME, le marchéchinois, porteur ces dernières années, se révèle de plusen plus compliqué à aborder décrypte Philippe Anglaret,président du GIIN.

Philippe Anglaret,président du GIIN

RGN : La Chine est-elleun marché porteur pourles entreprises prestatairesfrançaises?Philippe Anglaret : La Chine estun marché incontournable pour lesentreprises prestataires françaisesqui souhaitent exporter.L'empire du Milieu représentedepuis de nombreuses années plusde la moitié du marché nucléairemondial. Le pays est le premiermarché en matière de construc-tions neuves,le troisième en matièred'exploitation-maintenance et serademain un marché important pourle cycle du combustible. Il restedonc aujourd'hui le premier mar-ché d'exportation des entreprisesprestataires françaises.

Quels sont les atoutsde la France en Chine?P.A. : Présente depuis la construc-tion de la centrale nucléaire deDaya Bay en 1987, la France a étéle premier partenaire de l'industriechinoise. La plupart des sociétésfrançaises sesont d'ailleurs implan-tées dès cette époque.

La base des réacteurs actuelle-ment en exploitation, les réacteursCPR 1000, dérivés technologiquesde la centrale de Daya Bay, puiseson origine dans la technologiefrançaise. Pour le développementde son programme de troisièmegénération, la Chine s'est égale-ment appuyée en partie sur la tech-nologie française de l'EPR. Dansd'autres domaines, comme le déve-loppement des codes et normeset la constitution d'une industriedu cycle du combustible, le paysregarde aussi beaucoup ce qui sefait dans l'Hexagone.

Est-il simple pour uneentreprise d'entrer sur lemarché chinois aujourd'hui ?P.A. : À moins de disposer d'un pro-duit ou d'un service exceptionnel,il est aujourd'hui très difficile pourune entreprise étrangère de s'im-planter en Chine sur le marché dela construction, pour des raisons àla fois réglementaires et concur-rentielles. La plupart des entre-prises françaises qui se trouventen Chine y sont arrivées il y a plu-sieurs années et sont aujourd'huidans une logique de consolidationde leur implantation.Il pourrait y avoir une nouvellevague d'implantation d'entreprisesfrançaises si le contrat d'AREVApour la construction d'une usinede traitement-recyclage se conclut.Dans ce cas, les entreprises pré-sentes sur ce marché auront uneopportunité exceptionnelle pours'implanter durablement.

Quelles sont les difficultésdu marché chinois?

P.A. : Le marché chinois estun mar-ché très concurrentiel qui attire lesentreprises prestataires du mondeentier. Cette concurrence est exa-cerbée avec l'essor de la concur-rence locale très soutenue par les

pouvoirs publics qui imposent unetrès forte localisation et des trans-ferts de technologie.La Chine est également un marchéoù il peut être compliqué de com-prendre la manière dont sont prisesles décisions.Enfin, la réglementation détermineles conditions d'implantation desentreprises : pour certaines activi-tés, cette réglementation interditla vente de prestations en directsur le marché chinois. Certainessociétés d'État sont seules habili-tées à répondre aux appelsd'offreset sont donc un point de passageobligé. Toute participation au mar-ché implique nécessairement destransferts technologiques pouvantinclure destransferts de know how.

La Chine souhaite exporterdes centrales utilisantsa propre technologie etrenforcer sa supply chain,est-ce un risque pour lesentreprises prestatairesfrançaises ?P.A. : La Chine estdevenue un grandpays nucléaire au même titre que laRussie, les États-Unis, le Japon, laCoréeet laFrance.Le paysestdevenutout à la fois un « concurrent », un« partenaire » et un « client ».L'empire du Milieu souhaite êtreautonome sur le plan technologiqueet adopte la même stratégie que laFrance dans les années 1970-1980.Cependant, pour exporter, le payssait qu'il devra nouer des accordsavec d'autres prestataires. Il y auradonc toujours des opportunitéspour les entreprises françaises. Q

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DU NUCLÉAIRE

104 PRESTATAIRES FRANÇAISEN CHINE

ACTEMIUMADES TECHNOLOGIESALLIOSSALSTOM-GE POWERALTRAN TECHNOLOGIESANDRE LAURENTAPAVEAREVAAREVA NPATOS ORIGINATS INGENIERIEAUBER & DUVALBAUMERTBERNARD CONTROLSBOCCARDBUREAU VERITASCLEMESSY SACLEXTRAL DKMCLYDEUNION PUMPS - SPXCMR FRANCECNIMCOMETE FAYATCROUZET AUTOMATISMESCTI GROUPEDAHERDEFDELTA NEUDESCOTEDEXTRADIRICKXECM TECHNOLOGIESEFECTIS FRANCEEGIS INDUSTRIESEIFFAGE METALELTAENSIVAL MORET FAPMOESI FRANCEETNA INDUSTRIEFIVES GROUPFLOWSERVE

( FLUIDYNS FREYSSINET

FSG FRANCEFUJI ELECTRIC FRANCEGEODIS WILSONGEORGINHAMONHEICO FRANCEHONEYWELL SAFETY PRODUCTSHOWDEN SOLYVENT-VENTECHHUTCHINSONIFTS - INSTITUT DE LA FILTRATION ET DESTECHNIQUES SEPARATIVESINSAVALORINSTITUT DE SOUDUREKEM1CACOATINGSKEP TECHNOLOGIESKROHNEKSB - AMRIKURYLANDAUERLATTY INTERNATIONALLEROY SOMERLISEGA - CITA PRODUCTIONMAN DIESEL & TURBOMANOIR INDUSTRIESMIRION TECHNOLOGIESMISTRAS GROUPNEXANS FRANCENFM TECHNOLOGIESNORD-LOCK FRANCENUVIAODUFRANCEPENTAIR VALVES & CONTROLSPROMATPRONALPRYSMIAN GROUPPYROCONTROLEOUIRIREELREYES INDUSTRIESROLLS-ROYCES.A.I.BCONNECTIOUESBSSCHNEIDER ELECTRICSEGULA TECHNOLOGIESSETECSIEM SUPRANITESIMELECTROSITESSOURIAUSRA SAVACSTAUBLISULZER POMPES FRANCETHERMOCOAXTRACTEBEL ENGINEERING - COYNE ETBELLIERVALINOX NUCLEAIREVELANVINCI CONSTRUCTIONVINCI ENERGIESVSLVULCAIN INGENIERIEVULCANICWEIR POWER INDUSTRY FRANCEWIKA

73%LA PART DES CENTRALES

NUCLEAIRES CHINOISES EN .OPERATION AVANT CONTRACTEAU MOINS UN EQUIPEMENT OUSERVICE D'UN FOURNISSEUR

FRANÇAIS

CARTOGRAPHIE DES PFDU NUCLÉAIRE IMPLAr

65%

CHINE

Légendes

LA PART DESPRESTATAIRES FRANÇAIS

IMPLANTES EN CHINEMEMBRES DU GIIN

RÉFÉRENCES CLIENTSDANS LE NUCLÉAIRE EN CHINECNNC, CGN, SNPTC, SNPEC,TNPJVC, EDF, GE-ALSTOM, AREVA,AREVA NR CNPEC, TQNPC, NPQJVC,DNMC, GNPJVC, HUAXING, CNPDC,CNEIC, LAN PC, HARBIN ELECTRIC

CODES ET NORMES DESPRESTATAIRES FRANÇAISIMPLANTÉS EN CHINE(Liste non exhaustive)

ALLEMAGNE : STANDARD KTA 1401,AVS D 100/50CANADA : CAN3 Z-299, CSAN285.0, CSAETATS-UNIS : ASME/SECTIONS III.VIII, ASME NQA 3800, ASME-NQA1,ASME IX, SME SECTION III CLASS 1,2 AND 3, NPT STAMPS, ASMESECTION VIII 'U' STAMR ASMEQME-1, PED/CE, IEEE, NNSA, API610, ISO 5199, ANSI/ASME B73.1,ICEAFRANCE : RCC, RCCM, RCCMRX,RCCE, RSEM,ESPN, DESP, CODETI, CODAPINDE : AERBINTERNATIONALE : IAEA 50-C-Q,IEEERUSSIE : GOST, Z299. OTT 87 / NP06805

CERTIFICATIONS DESPRESTATAIRES FRANÇAISIMPLANTÉS EN CHINE(Liste non exhaustive)

ALLEMAGNE : DIBT, TUV - ADMERKBLATT WRDCANADA : CSA Z299CHINE : HAF604, HAF601COREE DU SUD : KHNPETATS-UNIS : ATEX, PED, ASTM,API1104, NDT, 10CFR50,10CFR21,NBIC-NR, GS-R-3, NQA-1 andNSQ-100, IRISFRANCE : EDF-UTO, CAEAR, CEA,CEFRI (657 E), AFCAB, Q-N-100 etQ-N-300 (AREVA), SGAQ (EDF),FRA/N/100/OL3INTERNATIONALE : OHSAS 18001:2007, ISO 9001: 2008, ISO 140001,ISO 38342, ISO IEC 17025, AS9100C,CMMI Lebel 3, ATEX 94/9/CE,MIL-Q-9858-AJAPON : JSME, MHIRUSSIE : NlIZhb, Energoatom,TRCUROYAUME-UNI : CARES, ROSPA2010

^ ^ Centrales nucléaires

^ Implantation des sociétés françaises

Prestataire de services français présent

Prestataire d'équipements français présent

HAIYANG CENTRALE NUCLEAIREHaiyang, Shandong

<

Xinjiang

HONGYANHE CENTRALE NUCLEAIREHongyanhe, Liaoning

(§)(§)

Tibet

LING AO CENTRALE NUCLEAIRELing Ao, Guangdong

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FANGCHENGGANG CENTRALE NUCLEAIREFangchenggang, Guangxi

TAISHAN CENTRALE NUCLEAIRETaishan, Guangdong

CHANGJIANG CENTRALE NUCLEAIREChangijang, Hainan

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ESTATAIRES FRANÇAISJTÉSEN CHINE

I

lmqi

HAIXING CENTRALE NUCLEAIREHaixing, Hebei

XUDAPU CENTRALE NUCLEAIREXudapu, Liaoning

SHIDAOWAN CENTRALE NUCLEAIREShidaowan, Shandong

TIANWAN CENTRALE NUCLEAIRETianwan, Jiangsu® ®

QINSHAN CENTRALE NUCLEAIREQinshan, Zhejiang® ®

Heilongj 9ang <5

Inner Mongolia

Harbin©

Changchun©

Jilin

Gansu

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S.Shenyang —Liaoning

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Ningxia shaanxi® ShiiiazhuanqQ O j f e

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QinghaiShanxi

9Luoyang^ ®Zhengzhou

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Shandong^Q,n9dao

Lhasa© 9?(31 Dw

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Hubei

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Chongqing^ ©ngqing ^ g p p

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FANGJIASHAN CENTRALE NUCLEAIREFangjiashan, Zhejiang® ®

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Guizhou Hunan

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Jiangxi

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GuiyangKunming©

Guangxi

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9 FujianS ®

Guar

YANGJIANG CENTRALE NUCLEAIREYangjiang, Guangdong

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Hong Kong

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DAYA BAY CENTRALE NUCLEAIREDaya Bay, Guangdong '

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LUFENG CENTRALE NUCLEAIRELufeng, Guangdong

SANMEN CENTRALE NUCLEAIRESanmen, Zhejiang@ ®

NINGDE CENTRALE NUCLEAIRENingde, Fujian

XIAPU CENTRALE NUCLEAIRE

Xiapu, Fujian

FUQING CENTRALE NUCLEAIREFuqing, Fujian® ®

ZHANGZHOU CENTRALE NUCLEAIREZhangzhou, Fujian

Giïn

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