A.-L. Breguet L’horlogerie à la conquête du monde · dernier quart du XVIIIe siècle jusque...

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Dossier de presse Avril 2011 A.-L. Breguet L’horlogerie à la conquête du monde 10.06 – 19.09.2011 www.breguet.chateaudeprangins.ch

Sommaire

1.  Une rétrospective de l’œuvre d’Abraham-Louis Breguet de 1747 à 1823 et de ses successeurs directs ........................................................................ 3 

2.  Pourquoi une exposition Breguet au Musée national suisse ?..................... 5 3.  Lettre de Marc Hayek ................................................................................. 6 4.  Breguet et la Suisse ................................................................................... 7 5.  Chronologie .............................................................................................. 10 6.  Parcours de l’exposition ........................................................................... 11 7.  Publication ............................................................................................... 14 8.  Focus sur quelques objets : la Marie-Antoinette et la pendulette de voyage

de Napoléon ............................................................................................. 15 9.  Liste des prêteurs .................................................................................... 16 10.  Activités autour de l’exposition ................................................................ 17 11.  Informations pratiques ............................................................................ 18 12.  Visuels ..................................................................................................... 19 

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1. Une rétrospective de l’œuvre d’Abraham-Louis Breguet de 1747 à 1823 et de ses successeurs directs

Après le Musée du Louvre en 2009, le Musée national suisse consacre une rétrospective à l’art et à la vie d’Abraham-Louis Breguet, celui que l’on nomme « le plus grand horloger de tous les temps ». D’origine suisse et établi à Paris, il a étendu son réseau à l’Europe entière autour de 1800. Cette exposition de prestige qui réunit quelque 175 pièces exceptionnelles est présentée du 10 juin au 19 septembre 2011 au Château de Prangins et du 6 octobre 2011 au 8 janvier 2012 au Landesmuseum à Zurich. Cette rétrospective de l’œuvre d’Abraham-Louis Breguet (1747-1823) permet de découvrir un art à son apogée, incarné dans des chefs-d’œuvre uniques de l’horlogerie de précision, alliant génie, maîtrise technique et esthétique avant-gardiste. Montres, pendules, instruments de mesure, accompagnés de portraits, de pièces d’archives et de brevets d’invention couvrent toute la production de la maison Breguet à l’époque de son fondateur. Ce demi-siècle de création allant du dernier quart du XVIIIe siècle jusque dans les années 1830 est l’âge d’or de l’horlogerie, avant l’industrialisation : non seulement les montres sont encore souvent des réalisations uniques, mais nombre d’entre elles constituent les prototypes d’innovation qui ont révolutionné le domaine. Le génie de Breguet est exprimé par ses inventions – montre perpétuelle ou à répétition, régulateur à tourbillon, montre à tact, etc. – illustrant à merveille cette fusion constante entre recherche pure et art appliqué. Né à Neuchâtel et orphelin très jeune, Breguet s’installa en 1775 au quai de l’Horloge à Paris et ne revint en Suisse que de 1793 à 1795, à cause des troubles révolutionnaires français. Entrepreneur avisé, il étendit ses marchés à l’Espagne, l’Angleterre, la Russie et l’Empire ottoman et côtoya par sa clientèle les grands de ce monde : Marie-Antoinette, la famille Napoléon, le tsar Alexandre 1er, ou encore le roi George IV … Un des objets-phares de cette exposition, qui fait partie aujourd’hui des collections du Musée national suisse, est l’innovante pendulette de voyage conçu par cet inventeur et acquise par le général Bonaparte pour sa campagne d’Egypte. Des prêts de prestigieux musées européens - la Royal Collection à Londres, le musée du Kremlin à Moscou, ainsi que des musées suisses et parisiens - viennent

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compléter la formidable collection de la maison Breguet. A noter que celle-ci vient d’acquérir le manuscrit du projet de Traité d’horlogerie d’Abraham-Louis Breguet : présenté pour la première fois au grand public, ce document est considéré comme un des plus importants de l’histoire de l’horlogerie. Le Musée national suisse, en collaboration avec Montres Breguet SA, se réjouit de présenter pour la première fois en Suisse cet ensemble prestigieux, donnant ainsi aux visiteurs, qu’ils soient amateurs ou experts, l’occasion d’admirer des pièces d’horlogerie uniques, exceptionnellement réunies ici. Cette exposition est placée sous le patronage de M. le Conseiller fédéral Didier Burkhalter.

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2. Pourquoi une exposition Breguet au Musée national suisse ? par Nicole Minder, directrice du Musée national suisse – Château de Prangins, et Andreas Spillmann, directeur du Musée national suisse (extrait du catalogue de l’exposition). Une des pièces maîtresses de Breguet, la pendulette de voyage de Napoléon Bonaparte acquise en 1798 pour la campagne d’Egypte, a été prêtée par le Musée national suisse au Louvre en 2009 pour son exposition consacrée au plus grand horloger de tous les temps. En raison de l’origine suisse d’Abraham-Louis Breguet et de ses liens étroits avec la tradition horlogère neuchâteloise et genevoise, cette exposition devait être également montrée en terre helvétique. A ce titre, nous sommes donc très reconnaissants à la direction du Louvre de nous avoir généreusement autorisés à en adapter le concept. Avec ses sites dans différentes régions linguistiques, le Musée national suisse est l’institution idéale pour accueillir cette présentation. De plus, son siège romand, sis dans un château édifié au XVIIIe siècle dans un style classique à la française et acquis en 1814 par le frère aîné de Napoléon, Joseph Bonaparte, ex-roi de Naples et d’Espagne, est en parfaite adéquation avec l’univers du fameux horloger, ce Suisse qui a conquis le monde par son talent. A cet égard, nous tenons à rendre un hommage à l’homme qui a rendu ce projet possible, M. Nicolas G. Hayek, président de Montres Breguet SA, malheureusement décédé pendant la préparation de cette exposition qui reste la dernière qu’il ait souhaitée. Lui-même émigré comme Breguet auquel il s’identifiait volontiers, il avait une vision large de la mission de l’entrepreneur qui devait, selon lui, jouer également un rôle social et culturel. A cet égard, la préservation du patrimoine et la diffusion du savoir faisaient partie de ses priorités ; elles se concrétisaient, d’une part, par la constitution d’une fabuleuse collection de montres et de documents historiques complétant judicieusement les archives de la maison Breguet et, d’autre part, par des actions de mécénat culturel à travers le monde entier. Cette exposition et ce catalogue sont dédiés à sa mémoire. […]

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3. Lettre de Marc Hayek par Marc A. Hayek, président-directeur général de Montres Breguet SA (extrait du catalogue de l’exposition). C’est avec énormément de fierté et d’émotion que je vois aujourd’hui associées deux institutions prestigieuses : le Musée national suisse et la maison Breguet. Le Musée national suisse présente depuis longtemps des créations signées « Breguet » et a souhaité donner une nouvelle vie à l’exposition qui s’est tenue au Louvre en 2009, tout en ajoutant sa touche spécifique. La belle horlogerie est un art vivant dont mon grand-père Nicolas G. Hayek avait senti, il y a trente ans, tout l’avenir, alors que les nuages s’amoncelaient au-dessus d’entreprises vieillissantes. Quand, par sa volonté, la marque Breguet a rejoint le Swatch Group en 1999, c’est un morceau du patrimoine culturel européen qui a intégré un groupe capable de lui rendre son dynamisme d’autrefois. Tout comme son fondateur, Abraham-Louis Breguet, mon grand-père innovait sans cesse, bousculait tout et prenait des risques. Il s’est attelé ces dix dernières années à perpétuer l’œuvre de Breguet en alliant innovations techniques et beauté. La beauté, vous allez la rencontrer au fil de cette exposition, au fil des pages de ce livre, et je suis fier que vous partagiez notre amour de la belle horlogerie. Les pièces que vous allez découvrir appartiennent à la riche collection constituée par mon grand-père, mais aussi au musée du Louvre, à plusieurs musées suisses et à d’autres grandes institutions de différents pays qui nous ont rejoints dans cette aventure. Regardez bien toutes ces merveilles horlogères, montres et pendules ; elles ont marqué un apogée de l’horlogerie européenne et sont des objets d’art autant que des objets de science ; elles ont appartenu à toutes les célébrités de l’époque et ont vécu des moments clefs de l’histoire. Mais regardez-les sans nostalgie, l’histoire ne s’est pas arrêtée, et les successeurs de Breguet relèvent tous les jours le défi avec succès. La haute horlogerie existe toujours ; elle est un art vivant, concret et poétique à la fois, un luxe bien utile et réconfortant !

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4. Breguet et la Suisse par Emmanuel Breguet, historien, responsable des archives et des collections anciennes de la Collection Montres Breguet SA (extraits du catalogue de l’exposition). S’il existe une question centrale qui se pose dès que l’on étudie la vie et l’œuvre d’Abraham- Louis Breguet, c’est sans conteste celle de ses liens avec son pays natal. Un réseau de relations suisse Le jeune Breguet arrive à Paris à l’âge de quinze ans, en provenance de Neuchâtel et des Verrières, et l’on peut dire sans se tromper que son carnet d’adresses est constitué pour une bonne part de Neuchâtelois ou, plus généralement, de Suisses établis dans la capitale française ; il fréquente rapidement, si ce n’est Ferdinand Berthoud lui-même, du moins son entourage, ainsi que le célèbre médailleur Jean-Pierre Droz ; on connaît ses liens avec Jean-Paul Marat, célèbre révolutionnaire natif de Boudry, dont il est un temps l’exécuteur testamentaire, et l’on détecte sans mal parmi ses collaborateurs et élèves des noms suisses, souvent célèbres : Droz, Sandoz, Jeanneret, Perrelet, Roy... A la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècles, Versailles et Paris attirent en effet de nombreux Suisses, à l’instar de Londres où Breguet collaborera longtemps avec Recordon et Dumergue, autres compatriotes. Et que dire de ses fournisseurs, de ses fabricants d’ébauches et de composants, presque tous suisses, avec une mention toute particulière à Decombaz de Genève, dont subsiste une correspondance couvrant une dizaine d’années de relations commerciales. A l’évidence, Breguet n’a jamais oublié son pays natal, tant celui-ci est indissociable de l’activité qu’il va mener à son apogée, l’horlogerie. Et quand le chef d’entreprise parisien se trouve confronté à la bourrasque de la Révolution française, il reprend naturellement le chemin des montagnes helvétiques. Le retour en Suisse (1793-1795) Les événements politiques français, de plus en plus violents et imprévisibles, ont des conséquences directes sur le travail de l’horloger. Au cours des années 1789, 1790 et 1791, il effectue trois séjours à Londres pour développer ses affaires, prospecter les nouveaux clients et se faire rembourser de dettes auprès d’aristocrates français émigrés. Peu à peu, Breguet, favorable à la Révolution et

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membre du Club des Jacobins, se trouve proche des Girondins (modérés) et devient suspect. A partir du 31 mai 1793, il se sait menacé. […] Le 13 août [1793], A.-L. Breguet, son fils Antoine-Louis et sa belle-sœur Suzanne-Elisabeth L’huillier sont signalés à Dôle ; le 17, ils passent la douane à Morez et tandis que Breguet laisse continuer son fils et sa belle-sœur vers Le Locle, il se dirige seul vers Genève via Ferney-Voltaire où il est contrôlé le 19 août. Commence alors pour le maître une période cruciale de presque deux ans, composée de trois phases d’inégales longueurs que sont les séjours successifs à Genève, à Neuchâtel puis au Locle. Breguet demeure dans la région de Genève jusqu’au début du mois de novembre. Pendant ces deux mois et demi, il rencontre ses amis et fournisseurs, en particulier Decombaz, connu pour lui procurer de nombreux rouages, spiraux et autres composants, et il échafaude l’ambitieux projet de rétablir à Ferney le centre de construction horlogère autrefois créé par Voltaire. Les troubles politiques qui secouent la Cité de Calvin et ses environs ont vite raison des ambitions de notre horloger qui comprend que la tranquillité à laquelle il aspire pour se remettre au travail est ailleurs. Après cette étape genevoise où manifestement son génie horloger est reconnu – il recevra un diplôme de membre d’honneur de la Société des Arts de Genève en 1796 – Breguet se dirige vers Neuchâtel où il arrive à la mi-novembre 1793. Durant près d’un an, jusqu’en octobre 1794, Breguet réside dans sa ville natale et […] bénéficie bientôt de la sympathie et de la protection de François Barthélémy, ministre plénipotentiaire de la République française en Suisse. Il crée dès lors, à Neuchâtel, un atelier destiné à monter des mouvements pour sa maison de Paris et à servir de laboratoire d’expérimentation pour toutes les innovations dont son esprit est fertile. […] A.-L. Breguet fait une nouvelle fois ses bagages pour se fixer au Locle dans le courant du mois d’octobre 1794. […] Il y retrouve aussi son fils qui sera marqué toute sa vie par la formation reçue au cours de ses années passées en Suisse. […] Ces quelques deux années en Suisse représentent beaucoup plus qu’il n’y paraît : […] ce fut aussi une période extraordinairement féconde sur le plan intellectuel. Non content de réorganiser son entreprise, il lance en effet, dès son retour, des projets aussi variés que la montre de souscription, la montre à tact, la pendule sympathique et le Tourbillon, autant de découvertes et d’innovations qui n’ont pu

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être imaginées, calculées, voire déjà testées, que pendant les deux années cruciales de sa retraite helvétique. Français, Suisse ou Neuchâtelois ? […] Français, Breguet ? Oui, certainement ; il passe 60 années de sa vie sur 77 à Paris, il obtient la citoyenneté française, se marie à une Française et donne naissance à une lignée bien enracinée dans la vie culturelle parisienne et française. Suisse, Breguet ? Bien sûr, même si l’on sait qu’à l’époque de sa naissance (1747) Neuchâtel était une principauté indépendante qui ne rejoindra pleinement la Confédération que cent ans plus tard (1848). Ce particularisme neuchâtelois n’est pas un vain mot. Chercher le mot « suisse » dans toute la littérature neuchâteloise dédiée à Breguet en 1923 [date du centenaire de sa mort] relève de la mission impossible. Il n’apparaît jamais ! On ne trouve que « neuchâtelois », comme si Neuchâtel réglait ses comptes, ou du moins marquait ses distances, avec la Suisse tout autant qu’avec la France ! Aujourd’hui, cette problématique a vieilli et qui s’en plaindra ? Si Breguet est bien français par son empreinte dans la vie intellectuelle, scientifique et commerciale de la France, s’il appartient nettement au courant artistique néoclassique français, il est également bien suisse par ses origines familiales, ses quinze premières années, son retour de deux ans en pleine Révolution française et par une grande partie de son entourage professionnel et de ses amitiés. Au risque de verser dans l’imagerie populaire, sa rigueur, sa persévérance, son sens de l’organisation et de la perfection de chaque détail, semblent aussi des vertus bien helvétiques… Homme de synthèse, il le fut vraiment. De même que son œuvre créatrice a nécessité qu’il assimilât d’abord les acquis des horlogeries française, anglaise et suisse, de même son histoire personnelle et professionnelle est trop vaste pour se laisser enfermer dans des notions étriquées. L’homme qui séduisit la Cour de France à la fin de l’Ancien Régime, qui réussit la prouesse de se faire respecter et admirer des Anglais, celui qui conquit Saint-Pétersbourg, Madrid, Naples et Istanbul avec des produits inédits et un réseau qui préfigure d’une certaine manière la « mondialisation du luxe » que nous vivons aujourd’hui, est trop grand pour une seule étiquette. Il fut à l’évidence l’homme d’une heureuse harmonie de qualités suisses et françaises, trouvant – et c’est peut-être son secret – dans la profession qu’il avait choisie, la mesure du temps, un langage non pas national mais universel.

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5. Chronologie 1747 Naissance d’Abraham-Louis Breguet le 10 janvier à Neuchâtel, Suisse. 1762 Arrivée en France. Apprentissage à Versailles et à Paris. 1775 Mariage avec Cécile L’Huillier, d’une famille de la bourgeoisie parisienne. Installation à son compte, quai de l’Horloge (île de la Cité). 1780 Vente des premières montres automatiques dites « perpétuelles ». Innovations techniques (ressort-timbre, échappements) et esthétiques (aiguilles, chiffres, guillochage). 1793 Fuyant l’agitation révolutionnaire, Breguet quitte Paris avec sa famille et s’installe à Genève, puis à Neuchâtel et au Locle. 1795 Retour de Breguet à Paris. 1798 Brevet de l’échappement à force constante. Présentation de la première pendule sympathique. 1801 Brevet du régulateur à tourbillon. 1808 Breguet crée un établissement à Saint-Pétersbourg, la Maison de Russie. 1810 Réalisation de la première montre bracelet commandée par la Reine de Naples. 1816 Breguet entre à l’Académie des Sciences de Paris. 1820 Invention de la montre à double seconde ou « chronomètre d’observation », ancêtre du chronographe moderne. 1823 Mort de Breguet le 17 septembre. Son fils, Antoine-Louis Breguet, prend la direction de la maison. 1830 Première montre à remontoir sans clé. 1833 Antoine-Louis Breguet se retire des affaires. Louis-Clément Breguet, son fils, prend la direction de la maison.

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6. Parcours de l’exposition

Section 1 / Les débuts, déjà des prouesses… et une révolution

Breguet fait son apprentissage et complète ses études en France à partir de 1762. En 1775, il se marie et s’installe à son compte quai de l’Horloge à Paris. Il est reconnu maître-horloger en 1784. L’horloger affirme son style alliant esthétique simple, exigence fonctionnelle et irréprochable qualité d’exécution. Aux montres ventrues et richement décorées du dernier quart du XVIIIe siècle, Breguet substitue des boîtiers plats, des chiffres plus lisibles, des aiguilles rectilignes. Pour développer son affaire, Breguet s’associe de 1787 à 1791 avec Xavier Gide, négociant en horlogerie. Il se rend aussi trois fois en Angleterre, où il partage le fruit de ses recherches avec l’horloger John Arnold. Inquiété en raison de ses liens avec la cour, Breguet se réfugie en Suisse de 1793 à 1795. Il y met au point plusieurs de ses inventions. La montre perpétuelle Les années 1771-1780 sont marquées par les essais et la mise au point progressive de la montre perpétuelle : les seuls mouvements du corps effectués par le porteur de la montre doivent suffire à remonter une montre, sans avoir besoin d’une clé. Les premières montres perpétuelles sont acquises par Louis XVI et Marie-Antoinette, le duc d’Orléans et par plusieurs hauts personnages de la Cour de Versailles. Section 2 / Un nouveau départ et un foisonnement d’inventions

Après la chute de Robespierre – homme politique très controversé pendant le régime de la Terreur de 1792 à 1794 –, Breguet rentre à Paris en mai 1795. Il réorganise son entreprise et met au point la fabrication de nouveaux modèles, en particulier la montre simple à une aiguille dite « montre de souscription », ainsi nommée car un quart de la somme doit être versé lors de la commande. En juin 1796, Breguet présente sa candidature à l’Académie des sciences dans la section des arts mécaniques. Mais son élection échoue au profit d’un rival, Lazare Carnot. En 1798, Breguet participe à la première Exposition nationale des produits de l’industrie, où il obtient une médaille d’or.

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Le régulateur à tourbillon Le 26 juin 1801, Breguet obtient un brevet d’invention d’une durée de dix ans pour le régulateur à tourbillon. Ce dispositif, par sa rotation constante, annule les effets de la gravité terrestre, en compensant les erreurs et les fluctuations de fonctionnement provoquées par les mouvements et les changements de position des montres. Simple dans son principe mais de réalisation très complexe, le premier Tourbillon n’est commercialisé qu’à partir de 1805. Section 3 / Un chef d’entreprise dans l’Europe de Napoléon

Grâce au redressement économique opéré sous le Consulat, le niveau annuel des ventes de la maison Breguet ne fait que croître jusqu’en 1808 où il atteint le record de 196 pièces vendues. Durant ces années florissantes de l’Empire, Breguet exporte largement sa production et accroît sa notoriété dans toute l’Europe et même au-delà. Il reçoit des commandes de la Cour impériale et de nombreux dignitaires du régime napoléonien, ministres, maréchaux, ambassadeurs… Cependant, vers la fin de l’Empire, les difficultés politiques entravent lourdement les exportations de la maison. Pour compenser les marchés perdus, Breguet développe ses ventes vers l’Empire ottoman. Section 4 / L’heure des honneurs et de la reconnaissance

Le retour des Bourbons en 1814 coïncide pour la maison Breguet avec un redressement spectaculaire de ses affaires. La clientèle anglaise est nombreuse et prestigieuse : le prince-régent, futur George IV, le général duc de Wellington... A l’image du tsar Alexandre Ier, qui a rendu visite à Breguet en 1814, la clientèle russe redevient prépondérante. Pour le marché turc, Breguet adapte son style aux goûts spécifiques de la clientèle : boîte et double boîte richement émaillées à dominante rouge et or et chiffres turcs. En 1816, Breguet entre enfin à l’Académie des sciences, réalisant là un de ses plus vieux rêves.

Section 5 / Les défis des successeurs : vers l’horlogerie moderne

Après la mort de son fondateur en 1823, la maison est dirigée par Antoine-Louis Breguet pendant une dizaine d’années. C’est l’époque des montres très plates, des spécimens de grandes complications, des cadrans excentrés et de l’introduction du remontoir sans clé.

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En 1833, Antoine-Louis cède la direction de l’établissement à son fils Louis-Clément. Tout en maintenant un atelier traditionnel pour la réalisation de pièces uniques, ce dernier standardise, dès les années 1835-1840, une grande partie de la production horlogère. La maison compte toujours dans sa clientèle les élites européennes. Elle s’est alors diversifiée dans les instruments de physique et les applications de l’électricité. Section 6 / Des manuscrits inédits, essentiels pour l’histoire de l’horlogerie : le projet de traité d’horlogerie.

Abraham-Louis Breguet travailla les dix dernières années de sa vie à un projet d’ouvrage sur l’horlogerie, avec l’assistance de son collaborateur Louis Moinet qui lui servait de secrétaire rédacteur. Le traité d’horlogerie de Breguet, très ambitieux, ne fut jamais terminé. Il s’articulait autour de deux grandes sections : L’horlogerie dite civile et l’horlogerie à l’usage des Sciences, dont on ne connaissait que quelques fragments incomplets. Les cahiers présentés ici font partie d’un lot de sept cahiers achetés par Nicolas G. Hayek le 7 mai 2010 dans une vente aux enchères à Genève, quelques semaines avant sa disparition survenue le 18 juin 2010. Ces textes, dont on ne connaissait pas l’existence, sont totalement inédits. En outre, il s’agit probablement des seuls chapitres à avoir atteint le stade d’une rédaction définitive. Premier cahier intitulé « Esquisse du Livre1er », 64 pages Ce cahier forme un chapitre où sont décrits : la montre à une aiguille, son échappement à cylindre de rubis, la montre à tact et la cadrature de la répétition à poussoir. Page expliquant l’échappement à cylindre de rubis dans la montre à une aiguille (écriture de Moinet), avec annotations de la main de Breguet (à gauche). Deuxième cahier intitulé « 2e partie. Des horloges marines, introduction », 32 pages Ce cahier forme l’introduction à la seconde partie du Traité que Breguet voulait consacrer à l’horlogerie à l’usage des sciences, et particulièrement aux instruments destinés à la marine. Page expliquant les qualités spécifiques que doivent avoir le régulateur (balancier et spiral) dans les montres de marine.

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7. Publication Abraham-Louis Breguet L’horlogerie à la conquête du monde Sous la direction de Emmanuel Breguet, Nicole Minder et Rodolphe De Pierri. Edité en français et en allemand (Musée national suisse, Musée du Louvre et Somogy Editions d’Art), Paris, 2011. 272 pages, 370 illustrations. Avant-propos–Didier Burkhalter, Conseiller fédéral, Chef du Département fédéral de l’intérieur Préface–Dr Andreas Spillmann et Nicole Minder, Musée national suisse Hommage à Nicolas G.Hayek–Emmanuel Breguet et Rodolphe De Pierri, Montres Breguet SA Lettre de Marc A.Hayek–Président-directeur général de Montres Breguet SA Breguet et la Suisse –Emmanuel Breguet Un homme de tête et de cœur–Marc Bascou L’œuvre de Breguet, essai de typologie–Emmanuel Breguet Abraham-Louis Breguet aux expositions des produits de l’industrie– Anne Dion-Tenenbaum La nécessité de l’extérieur: le réseau international de Breguet –Emmanuel Breguet Quelques montres d’amis de la maison–Emmanuel Breguet Les relations de Breguet avec le pouvoir politique–Emmanuel Breguet Breguet dans la littérature, les reflets de la renommée –Emmanuel Breguet, Rodolphe De Pierri Les brevets–Gérard Winter Les principales inventions et innovations de montres Breguet SA pour la période 2000 - 2011 Chronologie–Emmanuel Breguet Glossaire–Emmanuel Breguet Liste des pièces horlogères présentées au Louvre (2009) et au Musée national suisse (2011-2012) Catalogue des objets complémentaires exposés en Suisse –Emmanuel Breguet et Nicole Minder Sources et bibliographie sélective Index

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8. Focus sur quelques objets : la Marie-Antoinette et la pendulette de voyage de Napoléon

La montre dite « Marie-Antoinette » En 1783, Breguet reçoit la commande d’une montre intégrant toutes les complications et tous les perfectionnements connus à l’époque. Le résultat sera la plus célèbre des montres construites par Breguet, la n° 160 dite « Marie-Antoinette », que la reine ne verra jamais puisque cette pièce unique ne sera achevée qu’en 1827, quatre ans après la mort d’Abraham-Louis Breguet! Terminée par son fils, elle aura nécessité la collaboration d’une vingtaine de techniciens. Au début du XXe siècle, elle intègre la prestigieuse collection de Sir David Salomons et elle est aujourd’hui au L.A. Mayer Museum for Islamic Art de Jérusalem. De 2005 à 2008, sous l’impulsion de Nicolas G. Hayek, la maison Breguet relève le défi d’en réaliser une réplique parfaite. Une nouvelle pendulette de voyage En 1796, Breguet conçoit un type nouveau de pendulette de voyage, sous la forme d’une petite cage en bronze doré, vitrée sur quatre faces. Dotée d’un mouvement huit-jours à balancier-spiral, cette pièce, à la différence des anciennes pendulettes à balancier-tige, peut fonctionner en permanence pendant son transport. Au printemps 1798, le général Bonaparte, qui s’apprête à partir pour l’Egypte, est un des premiers acquéreurs de cette pendulette perfectionnée. Au fil des ans, Joséphine, et toute la famille Bonaparte – Louis, Lucien et Joseph, Caroline et Elisa – multiplient leurs achats chez Breguet.

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9. Liste des prêteurs France Musée du Louvre, Paris INPI (Institut National de la Propriété industrielle), Paris Musée des arts décoratifs, Paris Fondation Napoléon, Paris Mobilier National, Paris Château de Fontainebleau Collection particulière, Paris Royaume-Uni The Royal Collection, Londres Russie Musée du Kremlin, Moscou («The Moscow Kremlin») Suisse Collection Montres Breguet SA Musée national suisse, Zurich Musée de l’horlogerie Beyer, Zurich Musée international d’horlogerie, La Chaux-de-Fonds ETA SA, Grenchen Collection particulière, Lausanne Musée d’art et d’histoire, Neuchâtel

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10. Activités autour de l’exposition Rencontres avec les artisans de la Maison Breguet Un graveur, un angleur, un guillocheur et un graveur de camée vous feront découvrir leur savoir-faire extraordinaire et ancestral. En parallèle

| Visite guidée publique | Atelier pour enfants de 6 à 12 ans, « Temps mieux! », pour les 6 à 12 ans, inscription sur place +41 (0)22 994 88 93.

Dimanche 3 juillet Dimanche 7 août Dimanche 28 août 13.30 – 17.00 | CHF 10.-

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11. Informations pratiques A.-L. Breguet. L’horlogerie à la conquête du monde du 10 juin au 19 septembre 2011 www.breguet.chateaudeprangins.ch Commissaires Nicole Minder, directrice du Musée national suisse – Château de Prangins. Emmanuel Breguet, historien, responsable des archives et des collections anciennes de Montres Breguet SA. Conférence de presse Jeudi 9 juin, 11h Vernissage Jeudi 9 juin, 18h30, ouvert au public Contact presse et visuels Musée national suisse – Château de Prangins Rachel Vez Fridrich, responsable de la communication et du marketing, T. +41 (0)22 994 88 68/90, [email protected] Montres Breguet SA Véronique Fauchère, responsable relations presse, T. +41 (0)21 841 90 90, [email protected] Adresse Musée national suisse – Château de Prangins

CH – 1197 Prangins T. + 41 (0)22 994 88 90 [email protected] www.chateaudeprangins.ch

Heures d’ouverture mardi - dimanche, de 10h à 17h Tarifs Musée et expositions CHF 10.-/8.-

Jardin potager et sentier découverte Entrée libre Enfants jusqu’à 16 ans et écoles Entrée libre Visite guidée commentée sur demande CHF 120.-

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12. Visuels Les visuels peuvent être téléchargés sur www.breguet.chateaudeprangins.ch dès le début du mois de juin. Ils sont également disponibles sur demande : [email protected], T. + 41 (0)22 994 88 68 et [email protected], T. +41 (0)21 841 90 90.

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Abraham-Louis Breguet (1747-1823)

Huile sur toile, anonyme avant 1800

© Musée international d’horlogerie, La Chaux-de-Fonds

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No 178 Pendulette de voyage à répétition des quarts avec almanach

Boîte en bronze doré, cadran en argent avec grand guichet pour les phases de la lune. Fausse plaque en métal doré gravée de rinceaux de feuillage avec trois guichets pour la date, le mois et le jour de la semaine, échappement à ancre. Vendue au général Bonaparte le 24 avril 1798.

© Musée national suisse

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No 611 Petite montre médaillon à tact

Boîte en or émaillé bleu, flèche sertie de diamants, pièces de touche constituées de gros diamants ronds, cadran en argent, échappement à cylindre de rubis. Vendue à Joséphine Bonaparte le 18 février 1800.

© Collection Montres Breguet SA

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No 702 Montre simple, nouveau calibre

Boîte en or, cadran en émail, cuvette en laiton, échappement à cylindre de rubis. Vendue à « un commis de Mr Hottinguer » le 10 février 1801.

© Musée national suisse

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No 45 Montre simple garde-temps à deux styles

Boîte en or, corps en argent, cache-poussière en métal doré avec la correspondance entre les mois des calendriers grégorien et républicain gravée, cadran annulaire pour les heures décimales du temps révolutionnaire, échappement à détente. Vendue au duc de Praslin le 7 février 1806.

© Musée du Kremlin, Moscou («The Moscow Kremlin»)

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No 2603 Montre médaillon à répétition des quarts avec cadran de type régulateur

Boîte en or guillochée, cuvette en or, cadran en argent avec petits cadrans annulaires auxiliaires pour les heures et les secondes, les minutes en bordure de la lunette, échappement à cylindre de rubis. Vendue à Elisa Bonaparte, grande-duchesse de Toscane et sœur de Napoléon Bonaparte, le 20 novembre 1813.

© Musée national suisse

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No 20 Pendule sympathique « nouvelle construction »

Boîte en palissandre et buis, cadran en laiton argenté, aiguilles Breguet en acier bleui, échappement à repos et sa montre simple Breguet n° 48, boîte or, cadran argent à guillochage « rayons de soleil », aiguilles Breguet en or, échappement à cylindre. Vendue à Louis-Philippe 1er, roi des Français, le 23 août 1834.

© Paris, Mobilier national, inv. GML 1302. Photographie : © Isabelle Bideau

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No 180 Montre-bague en or

Remontage et mise à l’heure par une couronne située à droite du cadran, réglage de la fonction réveil par une couronne plus petite à gauche, cette fonction actionne une petite aiguille qui s’enfonce dans le doigt. Cadran en or à tour d’heures excentré, chiffres romains et petites secondes à XII heures, aiguilles Breguet en acier bleui, échappement à cylindre. Vendue au prince Alexandre Demidoff le 18 octobre 1836.

© Collection Montres Breguet SA

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No 1160 Montre perpétuelle à répétition des minutes

Boîte en or, cadran en cristal de roche, aiguilles en or et en acier, quantième perpétuel complet, équation du temps, indicateur de réserve de marche, thermomètre métallique, grande seconde indépendante et petite seconde. Réédition de la montre dite Marie-Antoinette exécutée par Montres Breguet SA de 2005 à 2008.

© Collection Montres Breguet SA

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Cahiers manuscrits

Projet du Traité d’horlogerie d’A.-L. Breguet. Ces deux cahiers font partie d’un lot de sept acheté par Nicolas G. Hayek, le 7 mai 2010. Ces textes, dont on ne connaissait pas l’existence, sont totalement inédits.

© Collection Montres Breguet SA