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LE DICTIONNAIRE VAVASSORI LOUBATIÈRES Dictionnaire des mots et expressions de la langue française parlée dans le Sud-Ouest, et de leurs rapprochements avec l’occitan, le catalan, l’espagnol, l’italien et l’argot méridional. dessins de Pertuzé

description

C’est l’occitan qui a donné toutes ses particularités au français parlé dans le Sud-Ouest. À commencer par l’accent. Ainsi, il n’y a aucun village de cette région où l’on ne parle le français avec l’accent du Midi. Aucun où l’on n’y roule pas le r, peu ou prou. L’occitan – languedocien ou gascon – y a profondément marqué la phrase française et laissé des traces dans le rythme, l’accent, la syntaxe et le vocabulaire quotidiens. Depuis la parution de Avé plaisir, en 1999, Bernard Vavassori a poursuivi sa moisson de mots et expressions. Avec l’aide de nombreux lecteurs, le “petit précis” est ainsi devenu le “dictionnaire”, s’enrichissant au passage de 650 nouveaux articles et de plus de 100 dessins. Les mots et expressions rassemblés ici ont tous été entendus par l’auteur. Beaucoup sont des souvenirs, parfois lointains. Les anciens les reconnaîtront tous ou presque ; les plus jeunes en apprendront beaucoup, tous en apprécieront la saveur…

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LE DICTIONNAIRE VAVASSORI

LOUBATIÈRES

Dictionnaire des mots et expressions de la languefrançaise parlée dans le Sud-Ouest, et de leurs

rapprochements avec l’occitan, le catalan, l’espagnol, l’italien et l’argot méridional.

dessins de

P e r t u z é

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© Nouvelles Éditions Loubatières, 2002

10e édition, 200810 bis, boulevard de l’Europe, BP 27

31122 Portet-sur-Garonne [email protected]

www.loubatieres.fr

ISBN 978-2-86266-543-6

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Bernard VAVASSORI

Dictionnaire des mots et expressions de la langue française

parlée dans le Sud-Ouest, et de leurs rapprochements avec

l’occitan, le catalan, l’espagnol, l’italien et l’argot méridional.

dessins de Pertuzé

LOUBATIÈRES

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Introduction

La région de Toulouse souffre de n’avoir aucun nom qui lui aille. Lan-guedoc lui aurait peut-être plu (mais il n’y a pas que du Languedoc ducôté de Toulouse, et puis on a préféré appeler ainsi la région de Montpellier).Ou bien Languedoc - Gascogne, (pour ne pas oublier la rive gauche de laGaronne). Ou Midi toulousain (pour parler comme les météorologues).Ou bien, pourquoi pas, Occitanie centrale… Les énarques parisiens luiont préféré Midi-Pyrénées, ce qui ne veut rien dire pour un Aveyronnaisqui vit dans le Massif Central, ou un Lotois du nord qui est presque aussiprès des Pyrénées que des Alpes ! Bref, Midi-Pyrénées, comme la plupartdes régions françaises, est une région artificielle. Elle a été faite de mor-ceaux : un peu de Languedoc, un peu de Gascogne, un peu de Rouergueet un peu de comté de Foix…

Donc, et malgré les efforts du conseil régional dans ce domaine, l’idéed’appartenir à une même entité historique, géographique ou politiqueest extrêmement peu répandue dans la population. On dira extrêmementrarement que l’on est Midi-pyrénéen. On préférera dire que l’on est dela Haute-Garonne, du Gers, de l’Ariège, des Hautes-Pyrénées, du Lot,de l’Aveyron, du Tarn ou du Tarn et Garonne.

Cela dit, notre terre, celle dont Toulouse est capitale, étant toute en-tière en pays occitan, chacun des départements qui la composent a encommun avec tous les autres, la langue d’Oc. C’est en effet l’occitan quia donné toutes ses particularités au français parlé dans cette région. Àcommencer par l’accent. Ainsi, n’y a-t-il aucun village du Sud-Ouest oùl’on ne parle pas le français avec l’accent du Midi. Aucun non plus oùl’on n’y roule pas le r, peu ou prou, même si cette particularité disparaît

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peu à peu. Bien que les progrès de la scolarisation et l’omniprésence dela télévision (parisienne, régionale ou même toulousaine) tendent à uni-formiser la manière de parler le français, du nord au sud de la France,l’occitan (languedocien ou gascon) a profondément marqué la phrasefrançaise de notre région et laissé des traces dans le rythme, l’accent, la syn-taxe et le vocabulaire quotidiens.

La récente industrialisation de la région toulousaine et plus particu-lièrement de sa capitale, a attiré de nombreuses personnes natives du Nordde la France. Celles-ci ont contribué, avec les médias cités plus haut, à ladisparition progressive des caractères trop marqués du parler méridional,comme les R fortement roulés, les voyelles très ouvertes, etc. Le brassagede la population a progressivement conduit les méridionaux à prendreconscience des particularités du français qu’ils parlent et à se « corriger »,c’est-à-dire à imiter le parler du Nord. Ainsi, lorsqu’un Aveyronnais de-mande à une personne récemment installée dans la région, s’il a trouvédu roulage pour rentrer à Toulouse, celle-ci comprendra, certes, de quoion lui parle, mais peut-être finira-t-elle par lui faire remarquer que cemot ne figure pas dans le Larousse ! Et, si on lui dit que ça boulègue unpeu ici quand le vent d’autan buffe, elle demandera probablement desexplications !

Même si sa région est la plus belle du monde, le Toulousain va quel-quefois voir ailleurs si l’air est bon. Et, si par hasard il vient à demanderune chocolatine dans une boulangerie des Champs-Élysées ou une pochedans une grande surface de l’Île-de-France, il se peut qu’il ne soit pascompris… Comme il est fier, il honnira le Parisien ignare. Une fois ren-tré chez lui, il racontera sa mésaventure à tout le quartier ou à tout levillage, puis il injuriera de nouveau et à distance les gens du nord de laGaronne. Mais, en cachette, il vérifiera son vocabulaire, pour que la foisprochaine, lorsque son travail ou ses loisirs le renverront vers les brumesseptentrionales il ne soit pas pris au dépourvu. Ainsi aura-t-il appris que« là-haut » on ne dit pas chocolatine mais pain au chocolat, qu’on ne ditpas poche mais sac plastique, qu’on ne dit pas cueillère mais cuillère… Et,impressionné par le trafic parisien, il évitera de dire au chauffeur de taxiqui le ramènera vers l’aéroport, « Et oh, con ! Y en a du roulage par chezvous ! ». Cela ne fait aucun doute !

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Et ainsi, de voyages en voyages, de rencontres en rencontres, d’ouver-tures au monde en ouvertures… il finira par parler… comme tout lemonde !

Ainsi m’a-t-il paru urgent de rassembler ces mots, ces « incorrec-tions »… qu’on n’entendra bientôt plus. Juste pour que l’on se souviennede la couleur de cette langue, lorsque dans quelques années d’ici, auxxiie siècle, on parlera, depuis les Ardennes jusqu’à la frontière espagnole,le même langage standard…

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Avertissement

Ce recueil ne se veut aucunement exhaustif. Les mots et expressionsrassemblés ici ont été entendus au moins une fois par l’auteur. La plu-part l’ont été souvent ou très souvent. Beaucoup sont des réminiscencesplus ou moins lointaines. Les plus anciens des lecteurs les reconnaîtronttoutes ou presque, suivant le département. Les plus jeunes n’en connaî-tront peut-être qu’un petit tiers. Certains les orthographieront différem-ment…

Et que ceux qui n’y retrouvent pas leur vocabulaire préféré me par-donnent et prennent un carnet, afin de noter, noter, noter…, comme lephotographe inquiet de voir disparaître les images de sa jeunesse, et lessauver ainsi de l’oubli.

Notes et abréviations

Lorsqu’un mot, une expression ou une manière de parler est propre àune région du Sud-Ouest, cela a été signalé en petites capitales :

– languedoc : est de la zone.– midi toulousain : région de Toulouse et zones limitrophes des dé-

partements environnants.– rouergue : Aveyron et zones limitrophes.– gascogne : Gers, nord des Hautes-Pyrénées, etc.– sud-ouest : Aquitaine, Midi-Pyrénées et Aude.

En cas d’incertitude, rien n’est signalé. Tant il est vrai qu’un mot ouune expression peuvent voyager avec les personnes qui les utilisent et s’ins-taller progressivement dans le parler local.

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D’autre part, il nous a parut intéressant de souligner les nombreusessimilitudes lexicales ou syntaxiques entre la phrase et les mots méridio-naux, d’influence occitane, et la phrase et les mots catalans, espagnols ouitaliens. Lorsque cela sera le cas, l’on trouvera en petites capitales la cor-respondance dans chacune de ces trois langues. Toutefois, pour ne passurcharger la présentation, nous avons choisi dans le chapitre « Syntaxe »de ne faire de comparaisons qu’avec la langue espagnole.

Listes des abréviations

adj. : adjectifadv. : adverbeart. : articleconj. : conjonctiondem. : démonstratifexclam. : exclamatifexpr. : expressionf. : fémininfig. : figuréind. : indépendantinterj. : interjectionloc. : locutionm. : masculinm. à m. : mot à motn. : nomN.B. : nota benenum. : numéralonomat. : onomatopée

part. pass. : participe passépéjor. : péjorativenentpl. : plurielpr. : pronominalpréf. : préfixeprép. : prépositionpron. : prononciationsing. : singulierv. réf. : verbe réfléchi

cat. : catalanesp. : espagnolfr. : françaisgasc. : gasconital. : italienmér. : méridionalocc. : occitan

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Lecturesdes mots occitans

L’accent écrit : barricòt, indique la place de l’accent tonique et si lavoyelle est fermée ou ouverte.

lettres exemples prononciation

a - àà l’intérieur bartàs [a] [bartass]d’un mot

ou accentué

a final atone

Tolosa [o] [Toulouso]

o Tolosa [ou] [Toulouso]ò quicòm [o] [quicom]

on bon, pichon [ou] [bou, pitchou]ai mai [ay] [may]ei rei [èy] [rèy]oi boira [oy] [boyro]au autan [a-ou] [a-outà]eu benlèu [è-ou] [belè-ou]ou nòu [o-ou] [no-ou]ch chaupinar [tch] [tchaoupinà]nh castanha [gn] [castàgno]lh pelha [ill] [peillo] comme dans millionu una [u] [uno]n

en fin de mot poton, Tarn [poutou, Tar]ne se prononce pas

toujours

r en fin de mot parlar [parla]

ne se prononce pas

s en fin de mot bartàs [ss] [bartass]

est sonore

t en fin de mot canhòt [tt] [cagnott]

est sonore

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Particularitésde prononciation

Comme dans poulet, mulet, parlerais, lait, parfait,etc. se prononce [ê] en Gascogne et se prononce [é] dansle reste de Midi-Pyrénées.

Les patronymes et toponymes en -et, se prononce [ét],avec un t très sonore, Muret, Portet, Aubiet, Fenouillet,Bru net, Bouget, Bouxet, Coupet… dans tout Midi-Pyré -nées. (N.B. : se prononce ouvert [ê] en français du Nord).

En Aveyron en particulier, les mots terminés par in,em, en, ent, ant, on, ont… se prononcent avec un n den-tal sonore chaque fois que cette lettre est nasale en fran-çais : matin [matènn], Aveyron [avéronn], temps [tann],avant [avann], comment [comann]…

Les Toulousains qui se moquent des aveyronnais dis-ent : Il est de l’ [Aveyronn], il aime le [bonn] [jambonn]et le [saucisonn]. Notons que cette tendance s’estompe etque seules les personnes de la campagne ou les plus âgéesprononcent ainsi aujourd’hui.

De même à l’intérieur des mots : ancien peut se pro-noncer [antsienn], conserve [contserve]…

Dans chaude, rose, chose,… le [o] se prononce ouvertcomme dans cor. (En français du Nord, le o de rose, chose,hôte, côte… est prononcé comme dans haut.)

De même pas de différence entre hôte, hotte et haute,côte et cote…

Classique dans tout le Midi, le e final se prononce,mais en Midi-Pyrénées, il est plus proche du son [eu] quedu son [a] caractéristique du parler provençal : pourNadine ou Janine, on dira [Nadíneu] ou [Janíneu], par-

aiaisaitet

aneninon

auo

e

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fois presque [Nadíné] ou [Janíné] plutôt que [Nadína] ou[Janína] comme à Nîmes ou à Marseille.

Entre deux consonnes, le e se prononce également :On dira carrefour quand les Parisiens diront [carfour],pâquerette quand les Français du Nord diront [pakrèt],déjeuner quand ils diront [déjner], etc.

Comme dans Creuse, Meuse…, prononcé très ouvert,avec un son proche du [a], alors qu’en français du Nord,ce son est très fermé, plus proche du [u]. Par exemple,dans heureuse, le premier [eu] est fermé, le second estouvert, alors qu’en français du Nord, les deux [eu] se pro-noncent fermés.

La terminaison en -ent se prononce [eut] : – À quelleheure ils partent [parteut] les petits pour aller à l’école,eh ? de plus en plus rare.

Dans certaines campagnes, le ill des mots paille,quille… se prononce « mouillé » comme dans le françaismillion ou l’espagnol calle : J’ai dit à la fille qu’elle ailleramasser la vieille paille. [filiö], [ailiö], [vièliö], [paliö].

Les anciens le prononcent en général [ouan] : foin[fouan], moins [mouanss]. Les plus jeunes le prononcentcom me en français du Nord, [ou-in] : [fouin], [mouin]…

Il arrive encore, que les consonnes bl de certains motsse transforment en [pl] : la [taple], le [saple], ce vin est[trouple], [impécaple]…

On entend encore, le son [k] à la fin de mots commeestomac, almanach, broc, escroc, suspect, respect…Curieusement le mot avec a perdu son [k] final et se pro-nonce [avé].

Comme dans constant, constituer, construire, cette syl-labe est prononcée [cos] : [costant], [costituer], [cos -truire].

eu

-entfinal

ill

oin

bl

cch, ct

final

cons-

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Le d dans : Sud, David… se prononce comme un [t] :[Sut], [Davit]…

Le h aspiré devient quelquefois muet. Au lieu de [lehangar], on peut entendre encore [l’angar], [le hourdis],[l’ourdi], [la hernie], [l’erni], [les haricots], [lézarico], etc.

À noter ici l’influence du languedocien qui n’a pas demot commençant par h, donc qui ne connaît pas le h ditaspiré. Exception faite du Gascon qui transforme les finitiaux en h fortement aspirés.

Le l final du suffixe est sensible dans chenil, persil,baril, gril, sourcil, mais ne se prononce guère dans fusil,gentil…

Se prononce, dans toute la région, très souvent [ye],comme dans milieu [miyeu].

Comme dans Tarn, Béarn, on note ici une influencede l’occitan où cette lettre est insensible en finale. Ainsidit-on [Tar’] ou [Béar’] à la campagne ou chez les per-sonnes âgées.

Comme dans union, fanion, manière, panier… seprononce encore très souvent [gn], [ugnion], [fagnion],[magnière], [pagnier]…

Comme dans : année, ennemi, Anne, ennui… les deuxn se prononcent très nettement : [an-née], [en-nemi],[An-ne], [en-nui], [ten-nis]… En français du Nord onprononcera [ané], [énemi], [Ane], [annui], [ténis]…

Il se peut en revanche que des mots ne comprenantqu’un seul n soient prononcés comme s’il y en avaitdeux : dîner, [dîn-ner].

Le r est roulé à la campagne – plus rarement à laville –, mais seulement par les personnes les plus âgées,Dans des mots comme béret, baraque, carotte, il est pro-noncé très roulé comme s’il était double ou triple [bérr-

dfinal

haspiré

lfinal

li

nfinal

ni

nn

r

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ret], [barrraque], [carrrotte]. Par contre, certains mots dedeux r, comme erreur, sont prononcés comme s’il n’yavait qu’un seul r très peu roulé. Cette manière de pro-noncer le r a bien entendu tendance à disparaître.

En Gascogne, il arrive que si un mot a deux r, le pre-mier ne soit pas roulé et soit au contraire prononcé trèspharyngal, à la manière de la jota (j) espagnole, et quel’on roule le second : [remorrque], [regarrde]…, que cer-taines personnes ayant eu des difficultés à se défaire duroulement du r, le prononcent par la suite très pharyngal.

NB : le r roulé n’est pas considéré comme incorrect enfrançais. Au Québec notamment.

Dans des mots comme cataplasme, catéchisme, slip, seprononce [z], [cataplazme], [catéchizme], [zlip].

Le son [s] final est encore prononcé, bien que rare-ment, dans des mots comme gens, moins, plus, os, avis,tandis que, jus, Doubs…

Comme dans nuit, lit, Portet, Aubiet, Duprat,Coupet… Se prononce sonore à la campagne ou chez lesanciens. Cette tendance est de plus en plus rare de nosjours mais particulièrement fréquente il y a une vingtained’années.

Dans des mots comme fax, boxe, exact, fixer… le x estencore quelquefois prononcé [ts] ou [dz], [fats], [botse],[edza], [fitser]…

Dans explication, excuse, eux, ceux, six janvier, dixjuin… il se prononce encore, bien que rarement, commeun [s] : [esplication], [escuse], [eus], [ceus], [sis] janvier,[dis] juin…

Comme dans gaz, Lopez, Fez… se prononce [s] : [gas],[Lo pès], [Fès]… Occitan, italien, catalan et espagnol : gas.

s

sfinal

tfinal

x

zfinal

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Particularitésde syntaxe

La plupart des différences entre le français parlé dans le Midi et lan-gue officielle sont en général des calques occitans. Ces « incorrections »qui faisaient et font encore le charme de notre parler méridional dispa-raissent donc, et hélas diront certains, avec le temps. La plupart sontrelevées chez les personnes les plus âgées ou originaires de la campagne,mais aussi chez ceux qui, les employant à dessein, veulent défendre unpatrimoine culturel.

Une des caractéristiques du parler méridional est l’ac-cumulation des pronoms.– Si tu veux te l’emporter, tu te l’emportes ! Constructionsimilaire en espagnol : Si quieres llevártelo, llévatelo.– Jette-moi-s’y un coup d’œil à cette voiture, avant departir, sinon, je vais me retrouver en panne !– Donne-moi-s-en une !– Tu te le fais facile, toi !– Ici, on se mange et se boit tout ce qu’on se porte.esp. : Aquí uno se come y se bebe todo lo que se trae.– Je te lui ai foutu une castagne, con !– Le vent, il souffle par ici ! En automne, les feuilles el-les tombent.

– Et jamais tu viens me voir ! Tu ne viens jamais mevoir ! esp. : ¡ Nunca vienes a verme !– Et encore tu es là, toi ? Tu es encore là ? esp. : ¿ Todavíaestás aquí ?– Et toujours tu parles autant ? Tu parles toujours au-tant ? esp. : ¿ Siempre hablas tanto ?

Accumulationde pronoms

oupronomsemployés

différemment

Adverbesen tête

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Comme dans :– Je ne veux pas qu’il soit le dit que je raconte des men-songes…

Ou article à la place du possessif :– Le gendre me l’a dit ce matin. (la fille, la femme, le Roger).

Dans des expressions comme :– À Carnaval, à Toussaint… : Le jour du Carnaval, à laToussaint…– Je viens te chercher dans demi-heure. : …dans unedemi-heure. esp. : dentro de media hora.– Donnez-m’en demi-livre (demi-litre). : …une demi-livre (un demi-litre). esp. : Póngame medio litro…

La possession est marquée dans la phrase méridio-nale par l’emploi fréquent du pronom personnel, (VoirAccumulation de pronoms). :– Mets-toi le chapeau, que tu vas m’attraper une insola-tion ! : Mets ton chapeau. esp. : ponte el sombrero.– Quitte-toi les chaussures. esp. : Ote tes chaussures.–Tu ne trouves pas qu’ils me sont trop grands ces panta-lons ? : …ce pantalon est trop grand pour moi. esp. :Estos pantalones me vienen muy grandes.– Monsieur, il m’a fait une tache sur le cahier ! esp. :…il a fait une tache sur mon cahier. esp. : Me ha hechouna mancha en el cuaderno.– Viens te frotter les pieds par le paillasson avant de ren -trer ! : Viens frotter tes pieds… avant d’entrer.– Je t’ai lavé le pull rouge ! : J’ai lavé ton pull rouge.esp. : Te he lavado el jersey…

Entre un nom et un adjectif, il arrive que l’on rajou-te la préposition de :– Samedi il y aura dix élèves de collés. : …dix élèves col-lés. (Incorrection relevée aussi dans d’autres régions duNord de la France).

Pour demander un éclaircissement ou une explica-tion on demandera :

Articlesen plus

Omissionde l’article

Possession

Prépositionde

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– De quoi ? : Quoi ? Quoi donc ?– Je t’ai préparé un cageot de salades pour emporter. :…à emporter. esp. : …para llevar.– Je me suis acheté une pierre pour aiguiser. : …à aiguiser.– Tu te l’ai mise à la poche ! : …dans la poche.– Tu t’es levé bien à bonne heure ce matin ! : de bonne heure.– Ca a goût à brûlé : ça a un goût de brûlé.– C’est le vélo à mon frère. : …de mon frère (incorrec-tion non exclusive du Midi).

Dans les prénoms : Guitou, Djandrou, Claudou,Jeantou, Hortensou… Diminutifs de Guy, Alexandre,Claude, Jean, Hortense…

Dans les patronymes : le Pougetou : Le petit Pouget,le Clotou : le petit Clot.

Dans les noms communs d’origine occitane, poutou,petitou, nénou, cabécou, carnou, barricou, ventrou, sié-tou, siestou… : simplement petit, mais souvent petit etmignon à la fois. Parfois employé à l’adresse des enfants.Même utilisation du suffixe diminutif -ito en espagnol.Au féminin la terminaison devient -oune : petitoune,Christoune, noune…

Suffixe augmentatif, comme dans : gitanas, espècede grand gitan, grandas, très grand, pégas, grand fou,paysanas, péquenot, counas, grand con, etc. Au fémi-nin : gitanasse, pégasse, paysanasse, counasse, etc.

Prononcées [eut] par quelques rares anciens et à lacampagne seulement : – Et bé, pauvre, c’est l’automne,il faut bien que les feuilles elles tombent [tòmbeut].

– Je croyais avoir mis le portefeuille sur le buffet, maisnon ! Et cherche que tu chercheras… – Et tu sais pasoù il était ? – Et non ! – Chez la boulangère je l’avaislaissé, macarel de nom de nom qu’il me fait dire !

S’acheter quelque chose (conjugué avec l’auxiliaireêtre) : – Je me suis acheté un ordinateur. : …J’ai ache-

Prépositionsemployées

différemment

Terminaisonsen-ou

-oune

Terminaisonsen-as

-asse

Terminaisonsen

-ent

Futur

Verbesemployés

différemment

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té… esp. : Me he comprado un ordenador.S’emporter quelque chose (conjugué avec l’auxiliaire

être) : – Ce grand couillon il s’est emporté la clé, et main-tenant on est fermés dehors ! : …il a emporté… esp. : Seha llevado la llave.

Tomber quelque chose (conjugué avec l’auxiliaireavoir) : – Tu n’as pas tombé le marteau, là ? : …laissétomber, fait tomber.

Confesser : – Je vais aller confesser. : …me confesser.Promener : – Bonjour madame ! Alors, on va pro-

mener ? : …se promener…Moucher : – Avec ce rhume, je n’arrête pas de mou-

cher ! : …de me moucher…Suer quelque chose : – Dans un boulot comme ça, tu

sais que tu as de quoi suer la chemise ! : …de quoi suer…Ressembler quelqu’un : – Et qui il ressemble ce pe-

tit ? : …à qui il ressemble… De plus en plus rare.Apprendre quelqu’un. – Qu’est ce que vous faites, les

jeunes ? – Je l’apprends à jouer à la belote ! Mais tu saisqu’il apprend vite, eh !

Avoir besoin quelqu’un : – Si tu m’as besoin tum’appelles ! : …si tu as besoin de moi… esp. : Si menecesitas…

Aider à quelqu’un : - Il faudrait que j’aille lui aiderà ren trer les moutons avant qu’il fasse nuit ! … quej’aille l’aider.

Se changer quelque chose : – Je me change les pan-talons et j’arrive ! : Je change mon pantalon… esp. : Mecambio los pantalones.

Se quitter quelque chose : – Quitte-toi la veste, si tuas trop chaud ! : …enlève (ôte) ta veste… esp. : Quítatela chaqueta.

Se sortir quelque chose : Sors-toi les chaussures si tuas mal aux pieds ! : …enlève, ôte tes chaussures…

S’en voir : – Tu sais qu’il s’en voit avec ce drôle, eh ! : …ilen voit de toutes les couleurs… – Il s’y voit les pierres.

S’y voir : – Mets la lumière qu’il s’y voit rien là-de-dans ! : …on n’y voit rien… Très rare. esp. : No se venada.

Verbesemployés

différemment

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à, au, aux Dans le parler méridionalles prépositions sont employées diffé-remment du français du nord de laFrance. La plupart du temps la phraseméridionale est un calque occitan. Lapréposition à constitue un bon exem-ple d’emprunt à la langue du midi.® 1 Dans. – Mais tu habites pas à larue Alsace, toi ? : …dans la rue Alsace(ou simplement : …rue Alsace). – Tè !Mets-toi ces cent francs à la poche etne dis rien à personne : Mets ces centfrancs dans ta poche… ® 2 – Le voi-sin, il a perdu sa femme, je ne pouvaispas faire à moins que d’aller à l’enter-rement… quand bien même on est fâ-ché depuis qu’rante ans ! : …je ne pou-vais pas faire moins que d’aller…® 3 S’emploie de vant le complémentd’objet direct de personne ou d’êtreanimé, en gascogne et midi tou-lousain. – Tu m’emmèneras à moi, àla pêche, un jour ? : Tu m’emmèneras,moi… ? – Je vous quitte en vous em-brassant bien fort à tous, ainsi qu’à ta-tie Louisette. : …en vous embrassantbien fort tous, ainsi que tatie… – Çate regarde à toi ? : Ça te regarde, toi ?

N.B. esp. : La prép. a est présente de-vant le complément d’objet de per-sonne ou d’être animé : Veo a mi pa-dre ; la persona a quien veo. ® 4 – Jel’entends tout le temps à se plaindre ! :…tout le temps se plain dre. rare etrural. ® 5 – À carnaval, à Toussaint :Le jour du carnaval, à la Toussaint.® 6 – À tant qu’à faire, tu aurais pualler voir ta tante… : Tant qu’à faire…® 7 De. – Ça a goût à brûlé. : Ça aun goût de brûlé. – Elle est en état cettevoiture, eh ! En plus elle est chaussée àneuf ! : …chaussée de neuf. – Et quic’est celui-là ? C’est pas le fils à Lu-cien ? : …le fils de Lucien. Notons quecette manière de parler n’est pas ex-clusive du Midi de la France.® 8 – Ouh ! Mais tu t’es levé bien àbonne heure ce matin ! Tu vas aux cè-pes ou quoi ? : …bien de bonne heure.® 9 loc. Beaucoup plus em ployée dansle Midi que dans le parler standard. –Dimanche je vais au ski à la Mongie /– Je vais aux cham pignons / – Je vaisaux boules : … je vais faire du ski… /…cueillir des cham pignons / …jouerà la pétanque.

à

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abarrejadis n. m. Fouillis. – Viensm’aider à chercher cette satanée cléque je cherche depuis demi-heure ; j’ycomprends plus rien moi dans cetabarrejadis que tu as missur ce bureau ! (Del’occ. abarrejar : mélan-ger et abarrejadis : pêle-mêle, confusion, foule).cat. : barrejadissa = méli-mélo, salmigondis et esp. :barajar = mélanger. Voirbouillaque, rébourdélé.

abat d’eau expr. Averse. – Ilvient de te tomber un abat d’eau,canaille de sort ! J’avais que les dents àl’abri ! Voir chagat, délaouatz, faysses,gouttes, liabas, plège.

abélugué adj. Vif, éveillé, comme unebélugue ou comme une étincelle. – Ilest drôlement abélugué, le petit. (Del’occ. beluga [pron. bélugo] étincelle).Voir esbérit.

abonde (porter) expr. ® 1 Faire duvolume. – Bon, je vais faire des mon-jettes à midi, parce que ça au moins, çaporte abonde ! ® 2 Rapporter. – Oh !lui, raï, il fait un métier qui porteabonde. (De l’occ. abondar [pron.abon dà]). cat. et esp. : abundar, ital. :abbondare = abonder.

abouquer v. Renverser,verser. – Qu’est ce que tuas fait à la voiture mal-heureux ? – En passant

le petit pont, j’ai abouqué.(De l’occ. abocar [pron.aboucà]). cat. : abocar = mêmesens. Voir décaniller, tomber,verser.

abracadis n. m. Côtelettes cou-pées en morceaux. (De l’occ.

abracar : couper en morceaux).

abronder (s’) v. réfl. : Déborderpour un liquide. – Attention, le laitva s’abronder. (De l’occ. abron-

abarrejadis

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dar). Il existe à Toulouse un groupe dejazz dont le nom est Loule Sabronde(L’oule s’abronde : la marmite dé-borde). Article relevé sur Internet à sonsujet : « Maoajit (maladroit N.D.A.)s’enrichit d’un percussionniste et de-vient Loule Sa bronde. Ce projet chantéen occitan bénéficie d’un touché jazzyfort sympathique ». Voir asounder.

accrocher (s’) Voir attraper (s’).

acheter à feu d’argent expr. Ache-ter à prix d’or. (De l’occ. crompar afuòc d’argent). Voir argent, arraquer,plaindre, tant, vendanger.

achever Voir finir.

acouder v. Tasser. Se dit de la pâtis-serie mal levée. – Cette fouace de Ville-comtal, je l’aime moins que les autres.Elle est toujours un peu acoudée. (Del’occ. acodar ou acodir [pron. acoudàou acoudí]).

adichatz interj. et n. m. Mot occ.– Allez, adichatz ! À la prochaine ! :…au revoir ! (De l’occ. adieu-siatz,adessiatz, adissiàs).

adieu interj. et n. m. ® 1 Bonjour !salut ! S’adressant à quelqu’un que l’ontutoie, en arrivant. – Et adieu ! Tu vasbien ? ® 2 Au revoir ! S’adres sant àquelqu’un que l’on tutoie, en par-tant. – Allez, adieu et… porte-toibien ! ® 3 – Si je vais le voir, tu croisqu’il m’écoutera ? – Oh ! adieu ! C’esttop tard, maintenant ! …n’y comptepas !… (De l’occ. adieu [pron.adíou]).

afargué (mal) Voir arranger, braguer,débraguer, dégaillé, dégargaillé, déjar-guer, despapatcher, despipadé, ensacher,fargué, jargué, marquer.

afart n. m. (Mot occ. afart : gros re-pas). – Tu es allé au banquet des an-ciens combattants ? – Oui ! On s’est misun de ces afarts, attention ! cat. : afar-tar-se de manjar, même sens ; esp. :hartar = gorger, rassasier. Voir assa-douler, bâfras, farnac, hart, hartère,rabaner, sadoul.

agacis n. m. Cors au pied. – Ouh !Je sens que le temps va changer. Mesagacis me font souffrir. (De l’occ. aga-cin [pron. agací]). Voir crébère, foutu,lancer, mal (avoir du), patchaque, pétde travers, pierres (souffrir les), pou-tingue, requinquiller, traç.

aganir v. Crever de faim, ne pas avoirassez à manger. – Dépêche-toi de ser-vir la soupe qu’on est en train d’aga nir

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ISBN 978-2-86266-543-6

17,50 €

LE DICTIONNAIRE VAVASSORI

L’auteur, Bernard Vavassori, fils d’Italiens né dans le Gers,est aujourd’hui professeur d’espagnol à Toulouse. Avant cela,son métier l’avait amené dans le Gers puis dans les Hautes-Pyrénées et dans le Tarn-et-Garonne. Amoureux de toutes leslangues latines, il s’est passionné pour leur capacité à parlerde la vie et des jours.

C’est l’occitan qui a donné toutes ses particularités au français parlédans le Sud-Ouest. À commencer par l’accent. Ainsi, il n’y a aucun villagede cette région où l’on ne parle le français avec l’accent du Midi. Aucunoù l’on n’y roule pas le r, peu ou prou. L’occitan – languedocien ou gascon– y a profondément marqué la phrase française et laissé des traces dans lerythme, l’accent, la syntaxe et le vocabulaire quotidiens.

Depuis la parution de Avé plaisir, en 1999, Bernard Vavassori a pour-suivi sa moisson de mots et expressions. Avec l’aide de nombreux lecteurs,le “petit précis” est ainsi devenu le “dictionnaire”, s’enrichissant au passagede 650 nouveaux articles et de plus de 100 dessins.

Les mots et expressions rassemblés ici ont tous été entendus par l’au-teur. Beaucoup sont des souvenirs, parfois lointains. Les anciens les recon-naîtront tous ou presque ; les plus jeunes en apprendront beaucoup, tousen apprécieront la saveur…