896e édition française. 69e année Janvier-Février 2008 4 ...

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Journal de patriotes catholiques Pour le règne des Coeurs de Jésus et Marie Dans les âmes, les familles et les pays Pour la réforme économique du Crédit Social En accord avec la doctrine sociale de l’Église Par l’action vigilante des pères de famille Et non par les partis politiques Maison Saint-Michel, 1101 rue Principale Rougemont, QC, Canada J0L 1M0 Montréal (514) 856-5714; Rougemont (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601 Poste-Publications Convention N° 40063742 - Pap N° enregistrement 09928 Imprimé au Canada - www.versdemain.org - [email protected] 896e édition française. 69e année Janvier-Février 2008 4 ans: $20.00 Berceau de la civilisation chrétienne en Amérique du nord Samuel de Champlain, fondateur de Québec, homme de Foi et de courage «La conversion d’un infidèle vaut plus que la conquête d’un empire», disait-il La grande contribution de l’Eglise catholique à la fondation de Québec 1534, Jacques Cartier plante la Croix à Gaspé 1608, Samuel de Champlain fonde la ville de Québec 400e Anniversaire de la ville de Québec 1608-2008 Mgr de Laval baptise un chef indien Premiers colons, la famille Hébert récite le bénédicite avant les repas Marie de l’Incarnation enseigne aux Indiennes et aux Blanches Le Père Le Caron Célèbre la Messe en plein air Bse Catherine de St-Augustin soigne les Indiens

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Journal de patriotes catholiquesPour le règne des Coeurs de Jésus et Marie

Dans les âmes, les familles et les pays

Pour la réforme économique du Crédit SocialEn accord avec la doctrine sociale de l’Église

Par l’action vigilante des pères de familleEt non par les partis politiques

Maison Saint-Michel, 1101 rue PrincipaleRougemont, QC, Canada J0L 1M0

Montréal (514) 856-5714; Rougemont (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601Poste-Publications Convention N° 40063742 - Pap N° enregistrement 09928

Imprimé au Canada - www.versdemain.org - [email protected]

896e édition française. 69e année Janvier-Février 2008 4 ans: $20.00

Berceau de la civilisation chrétienne en Amérique du nordSamuel de Champlain, fondateur de Québec, homme de Foi et de courage

«La conversion d’un infi dèle vaut plus que la conquête d’un empire», disait-ilLa grande contribution de l’Eglise catholique à la fondation de Québec

1534, Jacques Cartier plante la Croix à Gaspé

1608, Samuel de Champlainfonde la ville de Québec

400e Anniversaire de la ville de Québec 1608-2008

Mgr de Laval baptiseun chef indien

Premiers colons, la famille Hébert récite le bénédicite avant les repas

Marie de l’Incarnation enseigne aux Indiennes et aux Blanches

Le Père Le CaronCélèbre la Messe en

plein air

Bse Catherine de St-Augustinsoigne les Indiens

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Page 2 Janvier-Février 2008Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

Iroquois qui détruisaient tout sur leur passage.

La venue des missionnairesMalgré les grandes pertes causées par les en-

nemis, la colonie se développait lentement mais sûrement, si bien que M. de Champlain crut-il que le moment était venu de mettre à exécu-tion le projet qu’il caressait depuis longtemps, celui d’aller chercher des missionnaires qui sou-tiendraient la Foi des Blancs et qui prêcheraient l’Evangile aux Amérindiens.

Quatre Récollets acceptèrent d’accompagner Champlain en Nouvelle-France: c’étaient les Pè-res Denis Jamay, Jean Dolbeau, Joseph Le Caron et le Frère Pacifique Duplessis.

En un mois, on leur construisit une résidence avec une chapelle. Le 25 juin 1615 le Père Jean Dolbeau eut l’honneur et la très grande joie de célébrer sa première Messe à Québec. Les habi-tants s’étaient préparés par une fervente confes-sion. Ils communièrent et entonnèrent avec le prêtre le Te Deum.

Les Récollets construisirent le premier monas-tère, sur les bords de la rivière St-Charles, à deux kilomètres de la célèbre «Habitation de Cham-plain». Les religieux eux-mêmes s’attelèrent à la tâche pour la construction. Le nouveau monas-tère fut bientôt prêt à accueillir non seulement des religieux, mais aussi un certain nombre de jeunes élèves Amérindiens.

Les missionnaires avaient visité toutes les ré-gions et ils se rendirent compte que pour se dé-velopper la colonie avait besoin de défricheurs. Les Pères Jamay et Le Caron accompagnèrent le Gouverneur en France, afin de plaider avec lui la cause de la colonie.

Ils revinrent avec un contingent d’hommes plus considérable que les années précédentes. Ils nous amenaient avec d’autres missionnaires nos premiers colons canadiens: Louis Hébert, sa femme et ses enfants.

Les premiers ColonsLe premier colon de la Nouvelle-France, Louis

Hébert était apothicaire (pharmacien) à Paris. Il était déjà venu avec Champlain en Amérique en 1604 et s’était établi en Acadie, mais hélas, le pirate Argall avait détruit Port Royal de fond en comble. Hébert dû retourner en France.

En 1617, après bien des années de démar-ches, il obtint la permission de venir s’établir à Québec avec sa femme, Marie Rollet et ses trois enfants, Anne, Guillemette et Guillaume. La tra-versée fut pénible et longue. Le 14 juin, le navire en détresse atteignait enfin Tadoussac, comme par miracle. Tous les passagers et marins descen-dirent pour remercier Dieu. Ils y élevèrent une chapelle de verdure et le Père Huet y célébra une messe d’action de grâces.

Quelques jours plus tard, Louis Hébert et sa famille descendaient à Québec à la grande joie de toute la population qui saluait en lui le pre-mier colon de la Nouvelle-France. Il prit posses-sion des dix arpents de terre que le roi lui avait accordés, au sommet de la falaise de Québec et il s’y construisit une maison.

A l’endroit même où se trouvent aujourd’hui l’archevêché de Québec, la basilique, l’université Laval, Louis Hébert abattit les arbres, cultiva la terre, planta des vignes et des pommiers et sema des pois, du blé d’Inde et du vrai blé de France. Etant pharmacien, il ramassait des herbes qui servaient à soigner les maladies surtout le terri-ble fléau du scorbut. Les Amérindiens l’avaient surnommé: le ramasseur d’herbes. Toutes ces ac-tivités énergiques donnèrent un essor considéra-ble au développement de la colonie. Champlain était dans l’admiration.

Du renfort des JésuitesLes Récollets étaient au Canada depuis dix

ans, ils ne suffisaient pas à la tâche. Ils ont fait appel aux Pères Jésuites de Paris qui nous envoyè-rent cinq religieux, parmi lesquels se trouvaient les Pères Jean de Brébeuf et Gabriel Lalemant. Ils débarquèrent sur nos rives en 1625. Ils vécurent pendant deux ans dans la maison des Récollets. Puis ils acquirent eux aussi un vaste domaine sur les bords de la rivière St-Charles. Ils bêchèrent eux-mêmes le terrain et l’ensemencèrent afin de pourvoir à leur nourriture.

La famille Hébert éprouvéeLa mort vint visiter malheureusement la fa-

mille Hébert. D’abord la fille aînée, Anne, qui venait d’épouser Antoine Jonchet, puis Antoine Jonchet lui-même, et enfin, Louis Hébert qui, au mois de janvier 1627, fit une chute mortelle sur la glace.

Après avoir reçu pieusement les sacrements de la sainte Eglise des mains du Père Le Caron, il dit à ceux qui l’entouraient: «Je meurs content parce que Notre-Seigneur m’a fait la grâce de voir mourir avant moi des Indiens convertis. J’ai passé

400e Anniversaire de la ville de Québec 1608-2008Le 3 juillet 1608, Samuel de Champlain,

prenait possession de Québec en y arborant le drapeau blanc. Champlain mit tout de suite ses hommes à l’ouvrage. Les uns abattaient les ar-bres, les autres les sciaient pour en faire du bois de construction.

Il fit construire une maison spacieuse à deux étages qui allait servir de résidence au gouver-neur et de magasin général pour la colonie. Puis on y fit les premières semailles. Champlain pou-vait écrire à ses amis de France: Le pays est beau et plaisant. Les grains et les légumes y mûrissent facilement. Les arbres ou arbustes fruitiers sau-vages sont nombreux. Il y a beaucoup de pois-sons, les prairies sont nombreuses et le gibier en nombre infini.

Le fondateur de Québec avait comme prio-rité la conversion des Indigènes. Il le dit et le re-dit dans ses lettres: «La conversion d’un infidèle vaut plus que la conquête d’un empire.»

Champlain est monté aux pays des Hurons pour leur enseigner que Dieu s’est fait homme pour nous racheter, qu’il est venu sur la terre, qu’il a guéri des malades, ressuscité des morts et chassé les démons. Champlain devint bientôt si important aux yeux des Hurons, des Montagnais et des Algonquins qu’ils n’entreprirent plus rien sans le consulter. Ils conservèrent encore plus la mémoire de M. de Champlain que leurs mis-sionnaires qu’ils affectionnaient beaucoup pour-tant.

Deux grands ennemis ralentirent l’œuvre hé-roïque des débuts de la Nouvelle-France: la ma-ladie du scorbut qui fit mourir plusieurs Français venus au Canada pour le défricher et les féroces

Louis Hébert ensème le sol

Table des matièresJanvier-Février 2008

PagesFondation de la ville de Québec. T. Tardif 1 à 4 Congrès eucharistique 2008, à Québec 5Lettre Motu Proprio, Messe. Benoît XVI 6-7Encyclique sur l’Espérance. Benoît XVI 8 à 11Annonce du Siège de Jéricho 11Le Pape, Vicaire du Christ. Père Matéo 12La pureté des enfants. Colleen Hammond 13Leçon 8 du Crédit Social. Louis Even 14 à 16La monopolisation de l’argent. L. Even 17 à 19Non à la puce électronique ! Y. Poirier 19Pierre Marchildon décédé. Th. Tardif 20-21L’éducation est d’ordre spirituel 22Dieu chassé des écoles. P. A. Deschênes 23Des imitateurs de Voltaire. Y. Poirier 23Des victimes de la Révolution française 23150e anniversaire des apparitions à Lourdes 24

La vraie amitié, la vraie fraternité a pour effet de vaincre le mal qui est dans le monde, de suivre le Christ et d’aider à gagner le Ciel.

— Dom Guéranger

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les mers pour venir les secourir, et maintenant, je mourrais volontiers pour leur conversion, si tel est le bon plaisir de Dieu. Je vous supplie de les aimer comme je les aime et de les assister autant que vous le pourrez. Dieu vous en récompensera dans le Paradis. Je vous exhorte aussi à la paix et à l’amour que vous vous devez les uns pour les autres. Cette vie est de courte durée, et celle qui doit suivre durera toute l’éternité. Je suis prêt à aller vers mon Dieu à qui je dois rendre compte de toute ma vie passée. Priez-le pour moi afin que je puisse trouver grâce devant sa face et que je sois un jour au nombre de ses élus.»

Levant la main, Louis Hébert bénit toute sa famille en larmes, et rendit pieusement son âme à son Créateur, le 25 janvier 1627. Ce fut une lourde perte pour les Français, mais aussi pour les Amérindiens à qui il manquerait désormais «un véritable père nourricier».

Le courage de Marie Rollet HébertMadame Hébert avait été bien affligée par

la perte de son mari, mais elle a eu la consola-tion de recevoir l’appui de son gendre Guillaume Couillard qui avait épousé sa fille Guillemette en 1621, et qui s’était fait défricheur lui aussi. Il promit à Mme Hébert de l’aider à développer l’œuvre si bien commencée. Ce fameux couple, Guillaume et Guillemette donnèrent 10 enfants à la patrie et un grand nombre de descendants.

Malgré tous ces courageux efforts, les vivres vinrent à manquer, et c’était la famine qui régnait dans la colonie. Les Anglais sont venus sommer Champlain de leur céder la place en 1628. Après leur avoir résisté autant qu’il l’a pu, Champlain s’est vu dans l’obligation de capituler en 1629. Il a du retourner en France avec tous les religieux.

Mais Madame Hébert et Guillaume Couillard étaient déterminés à demeurer sur les arpents de terre que Louis Hébert avait cultivés et arrosés de ses sueurs. Ils sont restés à Québec Ils ont promis à Champlain de veiller sur les deux peti-tes Amérindiennes qu’il avait adoptées et qu’il avait appelées Espérance et Charité. Pendant trois ans, madame Hébert et Guillaume Couillard sont restés courageusement sur leur terre au mi-lieu des Anglais.

Entre-temps il y eut une entente entre la Fran-ce et l’Angleterre et cette dernière remit la Nou-velle-France à la France, en 1632, par le traité de St-Germain-en Laye.

Après le départ des Kirke, monsieur de Cham-plain était revenu au Canada en 1633 avec trois vaissaux: le Saint-Pierre, le Saint-Jean et le Don-de-Dieu, deux cents personnes, des marchandi-ses, des armes, des provisions, et un grand titre: «Lieutenant général en toute l’étendue du fleuve St-Laurent». Fidèle à sa promesse, il avait com-mencé à ériger une modeste chapelle qu’il avait dédiée avec beaucoup d’amour et de reconnais-sance à Marie, Notre-Dame de la Recouvrance, pour la remercier d’avoir rendu le Canada à la France. Quand nos premiers colons, après avoir tant souffert d’ennui, virent arriver les drapeaux blancs sur les navires des bateaux français, d’abondantes larmes de joie inondaient les joues de ces valeureux colons restés au poste. Quel in-dicible bonheur aussi de voir célébrer la sainte messe dans leur maison après en avoir été privé pendant 3 ans!

Marie Rollet-Hébert ouvrit dans sa maison le premier pensionnat pour les petites Amérin-diennes. Elle accepta souvent d’être la marraine des Indiens qui se faisaient baptiser. Elle mourut en 1649 après avoir servi la patrie canadienne pendant trente-deux ans. Son nom brille dans les premières pages de notre belle histoire du Canada.

Quand à Guillaume Couillard, le Roi de France l’a honoré en lui accordant le titre et les privilè-ges du seigneur. L’une de ses filles épousa Jean

Nicolet le découvreur du Michigan.

Guillaume Couillard fit don d’une étendue de terrain pour y bâtir l’église de Québec, devenue depuis la basilique de l’archidiocèse. Il mourut en 1663 et fut inhumé dans la chapelle de l’Hô-tel-Dieu. Sa maison servit de berceau au petit sé-minaire de Québec.

La famille Couillard eut de nombreux descen-dants, en moins de cent ans on comptait déjà 250 membres et neuf cents autres personnes al-liées à la famille. Nombreuses sont nos familles canadiennes dont quelques noms de leurs ancê-tres remontent jusqu’à Louis Hébert ou Guillau-me Couillard.

La fondation des Trois-RivièresEn 1634, le fondateur de Québec avait 60

ans. Il était tenace, malgré qu’il n’y avait que 230 colons en Nouvelle-France après vingt-cinq années de la fondation de son œuvre.

A la demande du grand chef indien Capita-nal, il résolut de fonder un fort aux Trois-Rivières pour défendre la colonie contre les Iroquois qui étaient très féroces. M. de Champlain en confia l’exécution au Sieur Laviolette.

Le 4 juillet 1634, un siècle après que Jac-ques Cartier eut planté une croix sur les bords du Saint-Maurice, une barque partie de Québec sous les ordres de monsieur de Laviolette, abor-dait à la Pointe du Platon.

Il y avait aux côtés du chef, quelques soldats et artisans, les futurs martyrs, les Pères de Jean de Brébeuf, Gabriel Lalemant et Antoine Daniel, en route vers le pays des Hurons, et l’explorateur Jean Nicolet, qui s’acheminait lui aussi vers les Grands Lacs. Laviolette et ses hommes abatti-rent des arbres et y dressèrent une palissade. Le 8 septembre 1634 arrivèrent sur les lieux deux missionnaires: le Père Lejeune et le Père Buteux. Ils élevèrent une chapelle rustique qu’ils dédiè-rent à l’Immaculée Conception de Marie. Les Jé-suites s’y dépensèrent pendant 32 ans.

Mort du Père de la Nouvelle-France La semence d’une nation française en Amé-

rique, apportée à Québec en 1608, était main-tenant enracinée au sol canadien. Si frêle que fut la jeune pousse, elle justifiait des espérances illimitées. Champlain pouvait laisser à d’autres le soin d’en surveiller la croissance.

Trente ans de labeurs, de soucis, de voya-ges épuisants d’explorations lointaines, avaient anéanti la vigueur physique du courageux fon-dateur.

Le jour de Noël 1635, il s’éteignait chrétien-nement. La paralysie l’avait emporté. Vif émoi dans toute la colonie; «Notre grand protecteur est mort !». Ce fut un deuil général.

Avec Cartier, Champlain demeure le cham-pion de l’établissement de la foi chrétienne en Nouvelle-France. Lui aussi exalte la croix. Il la plante jusqu’à l’Île aux Allumettes, demandant aux Indiens de respecter ce merveilleux symbole. Ses efforts pour favoriser l’expansion mission-naire soulèvent l’admiration.

Tout comme Cartier, il pose un acte public en l’honneur de la très sainte Vierge, en érigeant l’église Notre-Dame de la Recouvrance. En faci-litant le rayonnement de la vérité, il a fait plus pour l’avenir du Canada que tous les trafiquants avec leurs fourrures et leur argent. Par ses tra-vaux pour le développement de la colonie, par ses exemples de foi et patiente ténacité, il a bien mérité le titre de «Père de la Nouvelle-France».

Champlain fut enterré sous la chapelle de No-tre-Dame de la Recouvrance, incendiée en 1640. Par suite des constructions successives érigées plus tard dans le quartier, l’endroit exact où re-posent ses restes n’a pas pu être localisé jusqu’à ce jour.

400e Anniversaire de Québec

Saint Joseph, Patron du CanadaDès 1624, les missionnaires consacrèrent la

Nouvelle-France à saint Joseph. Grâce à cette fervente dévotion envers le chef de la Sainte Fa-mille, que les Canadiens français ont conservée tout au long de leur histoire, on a vu s’élever le célèbre Oratoire Saint-Joseph sur le Mont Royal, et celui de Québec sur le Chemin Ste-Foy.

(suite de la page 2)

Vers Demain Janvier-Février 2008Date de parution: Janvier 2008

1 $ le numéroPériodique, paraît 5 fois par année

Canada et Etats-Unis, 4 ans .........20.00 $ 2 ans....................................10.00 $

Autres pays: surface 4 ans.................48.00 $2 ans ...............................24.00 $

Avion 1 an..................................!6.00 $

Publié par Institut Louis EvenPour la Justice Sociale

Rédatrice-en-chef: Thérèse Tardif

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Puis le bienheureux François de Laval, pre-mier évêque de Québec, par ses travaux apos-toliques, il a donné un essor considérable à la colonie qui comptait 2500 habitants en 1665 et 6615 en 1673.

L’une des plus grandes gloires de cette épopée mystique de la fondation de la Nouvelle-France est la béatification par S.S. le Pape Jean-Paul II de Kateri Tekakwitha, cette petite Iroquoise qui s’est convertie au catholicisme et que l’on a sur-nommée: le Lys des Agniers.

Oui, elle est belle l’histoire de notre patrie, nous sommes fiers de nos origines, nous som-mes fiers d’être catholiques, nous sommes les descendants de la France catholique de saint Louis, de la France catholique de Jeanne d’Arc. Reprenons notre bon sens, chers compatriotes, retrouvons nos racines, revenons à notre Eglise, à nos petites écoles catholiques dans chaque paroisse, favorisons et aidons les familles nom-breuses qui ont permis la survie de notre peuple à ses débuts difficiles et qui seules peuvent de nouveau sauver notre Patrie agonisante à cause de la dénatalité.

Thérèse TardifSources: l’histoire du Canada par les Frères de l’Instruction

chrétienne

Dans les numéros suivants, nous continuerons à rappeler à la mémoire de nos Canadiens-Fran-çais les noms et les œuvres des saints fondateurs de notre Nouvelle-France qui nous ont légué le plus grand des trésors, notre Foi catholique.

Nos saints Martyrs canadiens qui ont versé leur sang pour implanter dans un pays païen, toujours en guerre, la civilisation chrétienne, ci-vilisation d’amour et de paix.

Sainte Marie de l’Incarnation et ses Ursulines, fondatrice des premières écoles à Québec.

La Bienheureuse Catherine de St-Augustin, pe-tite fille de 16 ans qui a quitté la France pour venir soigner les malades à l’Hôtel-Dieu de Québec.

Nous n’oublierons pas la fondation mystique de Montréal, avec de Maisonneuve, sainte Mar-guerite Bourgeois, Jeanne Mance, etc. et l’his-toire de l’érection de la croix sur le Mont Royal qui remonte à l’origine de Ville-Marie.

La Croix du Mont Royal

Les colons de Ville-Marie (aujourd’hui Mon-tréal) avaient à peine terminé leurs premiers travaux d’installation, qu’ils voient accourir un ennemi redoutable: l’inondation.

C’était le soir du 24 décembre 1642. La Ri-vière Saint-Pierre menaçait d’emporter le fort, ses vivres et ses munitions. Le danger était grand. C’est pourquoi M. de Maisonneuve com-mença à planter une croix sur les bords de la ri-vière en furie, puis il promit que si le Bon Dieu délivrait Ville-Marie du fl éau, de l’inondation, il irait planter une croix semblable sur le som-met du Mont Royal.

Le soir même, la rivière Saint-Pierre, rega-gnait son lit, et le lendemain, jour de Noël, les heureux colons purent célébrer, dans la paix et la joie, leur premier Noël à Ville-Marie.

Quinze jours plus tard, en la fête des Rois, Maisonneuve alla planter une croix sur la mon-tagne tel qu’il l’avait promis.

Une gigantesque croix lumineuse remplace aujourd’hui, sur le Mont-Royal, l’humble croix de monsieur de Maisonneuve, le pieux fonda-teur de Ville Marie.

A remarquer que c’est exactement le jour des Rois 1937, 95 ans après l’érection de la premiè-re croix, que s’éteignait le Bienheureux Frère André, le saint fondateur de l’Oratoire Saint-Joseph, le plus grand sanctuaire au monde en l’honneur de saint Joseph, Patron du Canada.

400e Anniversaire de Québec(suite de la page 3)

Congrès Eucharistique de Québecdu 15 au 22 juin 2008

Pour information et réservationProgramme en détail

www.cei.ca

Semaine d’étude de la doctrine sociale de l’Eglise et de son application Maison de l’Immaculée, 1101 Principale, Rougemont, QC, Canada — 450 469 2209

du 6 au 13 juin 2008. Organisée par L’Institut Louis Even pour la Justice Sociale Sous la Présidence d’honneur de Son Eminence le Cardinal Bernard Agré, de Côte d’Ivoire

A l’occasion du Congrès Eucharistique International de Québec, nous organisons à la Maison de l’Immaculée, à Saint-Michel de Rougemont, une semaine d’étude sur la doctrine sociale de l’Eglise et sur les moyens de l’appliquer, pour permettre à ceux qui aimeraient profiter de leur passage au Québec, de participer à ce séminaire.6 au 13 juin, calendrier des événements, tous les jours: Sainte Messe, Rosaire, Conférences, ateliers, la parole à nos invités des autres pays, rapport de l’apostolat des Pèlerins de saint Michel - Coucher gratuit. Service de restauration voisin de notre terrain: $20. par jour pour les 3 repas.15 au 22 juin: Grand Congrès eucharistique international, à QuébecDimanche le 22 juin: Des autobus partiront de la Maison Saint-Michel, à Rougemont, pour participer à la Messe de la clôture du Congrès, avec le Légat du Pape.Information: 450 469 2209 - www.versdemain.org - [email protected] d’inscription: à copier sur le site www.versdemain.org

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Son Eminence le Cardinal Marc Ouellet, ac-compagné de tout le clergé du diocèse de Qué-bec, d’un grand nombre de ses diocésains, a consacré le diocèse de Québec à l’Immaculée, le 8 décembre 2007.

ACTE DE CONSÉCRATION à la Vierge Immaculée

Ô Notre Dame de l’Immaculée Conception, Mère de Dieu et Mère de l’Église, Chef d’oeuvre de la grâce divine jaillissant du don pascal et eucharistique de Jésus Christ, ton Fils bien-aimé, l’Unique Médiateur entre Dieu et l’hu-manité.

Nous reconnaissons en toi les merveilles de la miséricorde divine et nous nous unissons à toi, adoratrice du Dieu vivant, en cette solenni-té qui célèbre ta gloire céleste et ton patronage sur l’Église de Québec, berceau de l’évangélisa-tion en Amérique du Nord. Nous rendons grâ-ces à Dieu par ton Fils Jésus et dans l’Esprit d’Amour, pour toutes les grâces qui ont marqué l’histoire de notre Église depuis ses origines jusqu’à nos jours, à la faveur de ton interces-sion maternelle.

Nous te remercions d’avoir soutenu l’audace des missionnaires, le courage des martyrs, la persévérance des familles et la richesse des vocations en ce premier dio-cèse du Nouveau Monde, confi guré par la culture française et la foi catholique.

Prosternés à tes pieds, Ô Vierge souve-raine, nous remettons entre tes mains, à la

suite du Bienheureux François de Laval, les destinées de notre peuple et l’avenir de nos institutions. Nous nous consacrons à toi, Mère très sainte, avec une confi ance totale en ta puissante intercession auprès de Dieu.

Obtiens-nous l’obéissance de la foi que l’Es-prit Saint opère dans les coeurs, par des che-mins secrets qui sont connus de Dieu seul.

Rends-nous dociles à l’enseignement de l’Église et ouverts à l’Espérance dont témoigne notre Saint Père Benoît XVI.

Intercède pour notre peuple afi n qu’il se souvienne de ses racines chrétiennes, qu’il soit fi er de son histoire sainte et qu’il s’engage dans un vaste mouvement de re-pentance, de réconciliation et d’adhésion ferme et enthousiaste à Jésus, le Christ, notre Sauveur et notre Frère.

Mère de miséricorde, jette un regard compa-tissant sur les pauvres, les exclus, les malades, les désespérés, afi n qu’avec notre aide ils trou-vent le secours, les soins et la charité dont ils ont besoin.

Mère du Bel Amour, de la connaissance et de la Sainte Espérance, nous te confi ons très spécialement tous les projets d’évan-

gélisation, les efforts catéchétiques, toute l’éducation catholique dans les familles, les écoles et les paroisses.

Ô Notre Dame de l’Immaculée Conception, reçois l’hommage de nos coeurs d’enfants de Dieu, en cette fête solennelle qui unit toute l’Église à la louange de gloire qui monte de ton Coeur immaculé.

Qu’en union très intime avec toi, femme eucharistique par excellence, nous vivions l’année 2008 comme une grâce incompara-ble de sainteté, d’espérance et de Paix.

Que la célébration de l’année jubilaire François de Laval et du prochain Congrès eucharistique international consacre la re-naissance d’une grande culture chrétienne en notre pays, pour le salut de nos âmes et l’édifi cation de l’Église universelle.

Ô Vierge Immaculée, Comblée de grâces, Épouse de l’Agneau et Mère de miséricorde, rè-gne sur nous en toute liberté, dispose de nos coeurs pour la gloire de Dieu ; nous sommes tous et toutes à toi, dans l’amour fi lial que sus-cite en nous l’Esprit Saint, par la grâce de Jé-sus Christ notre Sauveur et pour la Gloire de Dieu le Père. Amen !

Cardinal Marc Ouellet - 8 décembre 2007

(Le Christ) s’est donné ... pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. Le mes-sage de Noël culmine dans la Sainte Eucharistie, ce grand don de Dieu pour la vie du monde. Nous allons partager ce don avec le monde entier au Congrès eucharistique international de Juin 2008.Le 49e congrès eucharistique international en juin prochain manifestera de manière encore plus éclatante le don de Dieu pour la vie du monde, dans ce sacrement d’amour toujours à accueillir, afin que nous soyons nourris et fortifiés dans nos vies ... — Cardinal Marc Ouellet (7-1-2008)

Venite adoremus ! Venez adorons-le !Tous à Québec, du 15 au 22 juin 2008, au Congrès Eucharistique

S. Em. le Cardinal Marc Ouellet vous y convie

Dimanche, 15 juin, 15 h: Ouverture officielle16 h Eucharistie - 20 h. Adoration

Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi 8h30: Laudes tous les matin

9 h 05:Chaque jour: Enseignement par un EvêqueLundi: S. Exc. Mgr William Wuerl., Arch. WashingtonMardi: S. Em. le Cardinal Barbarin, Lyon, FranceMercredi: S.Em. Cardinal Bergoglio, de Buenos AiresJeudi: S. Ex. Mgr Antonio Tagle, d’Imus, PhilippinesVendredi: S. Em. Cardinal Dias, Préfet Evang. PeuplesSamedi: S.Em. Cardinal Tumi, Douala, Cameroun

11 h Eucharistie - 12h30 - Lunch

14h30 Ateliers/Adoration - 16 h Ateliers/Adoration

Jeudi, 14h30 Confession - 16 h Eucharistie17h30 Repas - 19h30 Procession du Saint Saccre-ment dans les rues.

Vendredi 16 h Dévoilement de l’oeuvre sociale19 h 30 Célébration d’ordination presbytérale

Samedi 16 h Rencontre Institut de vie consacrée19 h 30 Soirée de prière avec le légat du Saint Père

Dimanche 22 juin, tout le public invitéConclusion du Congrès eucharistique international8h30 Office de la Résurrection10h30 Temps d’intériorisation11h Messe STATIO ORBIS avec le légat du Pape

Le 8 décembre 2007, fête de l’Immaculée ConceptionSon Eminence le Cardinal Marc Ouellet

a consacré son diocèse de Québec à l’Immaculée

Résumé du programme des principaux événements

Cadre de l’Immaculée au-dessus du Maître-autelde la Cathédrale de Québec

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Page 6 Janvier-Février 2008Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

Le 7 juillet 2007, le Vatican publiait une nou-velle Lettre Apostolique du Pape Benoît XVI «Summorum Pontificum» (le Pontife suprême), émise en forme de “motu proprio” (par la pro-pre initiative du Pape) permettant d’utiliser largement le Missel romain promulgué par Jean XXIII en 1962, qui est parfois aussi appelé Messe tridentine (après le Concile de Trente). Ce Missel romain avait été utilisé dans l’Église universelle jusqu’à la réforme 1970, parfois ap-pelé Liturgie du Nouvel Ordo.

Le pape a accompagné ce document avec une lettre à tous les évêques du monde entier. Il leur donne les raisons de la publication de cette Lettre Apostolique. Voici de larges extraits de la lettre explicative du Pape Benoît XVI aux évêques:

Mes chers frères, ce document est le fruit de longues réflexions, de multiples consultations, et de la prière.

Deux craintes s’opposaient plus directement à ce document (la lettre «Summorum Pontifi-cum», et je voudrais les examiner d’un peu plus près dans cette lettre.

En premier lieu il y a la crainte d’amenuiser ainsi l’Autorité du Concile Vatican II, et de voir mettre en doute une de ses décisions essentiel-les – la réforme liturgique.

Cette crainte n’est pas fondée. A ce propos, il faut dire avant tout que le Missel, publié par Paul VI et réédité ensuite à deux reprises par Jean-Paul II, est et demeure évidemment la For-me normale – la Forma ordinaria – de la liturgie Eucharistique. La dernière version du Missale Romanum, antérieure au Concile, qui a été pu-bliée sous l’autorité du Pape Jean XXIII en 1962 et qui a été utilisée durant le Concile, pourra en revanche être utilisée comme Forma extraor-dinaria de la Célébration liturgique. Il n’est pas convenable de parler de ces deux versions du Missel Romain comme s’il s’agissait de «deux Rites». Il s’agit plutôt d’un double usage de l’unique et même Rite.

Usage du Missel 1962Quant à l’usage du Missel de 1962, comme

Forma extraordinaria de la Liturgie de la Messe, je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce Missel n’a jamais été juridiquement abrogé, et que par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé. Lors de l’introduction du nou-veau Missel, il n’a pas semblé nécessaire de publier des normes propres concernant la pos-sibilité d’utiliser le Missel antérieur...

Beaucoup de personnes qui acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II, et qui étaient fidèles au Pape et aux Evêques, désiraient cependant retrouver égale-ment la forme de la sainte Liturgie qui leur était chère; cela s’est produit avant tout parce qu’en de nombreux endroits on ne célébrait pas fi-dèlement selon les prescriptions du nouveau Missel; au contraire, celui-ci finissait par être in-terprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité; cette créativité a souvent porté à des déformations de la Liturgie à la limite du supportable. Je parle d’expérien-ce, parce que j’ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté combien les déformations arbitrai-res de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise…

C’est pour ce motif que le Pape Jean-Paul II s’est vu dans l’obligation de donner, avec le Motu proprio «Ecclesia Dei» du 2 juillet 1988, un cadre normatif pour l’usage du Missel de 1962; ce cadre ne contenait cependant pas de prescriptions détaillées, mais faisait appel de manière plus générale à la générosité des

Evêques envers les «justes aspirations» des fi-dèles qui réclamaient cet usage du Rite romain. …Une série de communautés a profité avec gratitude des possibilités offertes par ce Motu Proprio. Par contre, en dehors de ces groupes, pour lesquels manquaient des normes juridi-ques précises, la question de l’usage du Missel de 1962 est restée difficile, avant tout parce que les Evêques craignaient, dans ces situations, que l’on mette en doute l’autorité du Concile.

Besoin d’un règlement juridique

Aussitôt après le Concile Vatican II, on pou-vait supposer que la demande de l’usage du Missel de 1962 aurait été limitée à la génération plus âgée, celle qui avait grandi avec lui, mais entre-temps il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cet-te forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement. C’est ainsi qu’est né le besoin d’un règlement juridique plus clair, que l’on ne pouvait pas prévoir à l’époque du Motu Proprio de 1988; ces Normes entendent également délivrer les Evêques de la nécessité de réévaluer sans cesse la façon de répondre aux diverses situations.

En second lieu, au cours des discussions sur ce Motu Proprio attendu, a été exprimée la crainte qu’une plus large possibilité d’utiliser le Missel de 1962 puisse porter à des désordres, voire à des fractures dans les communautés pa-roissiales. Cette crainte ne me paraît pas non plus réellement fondée. L’usage de l’ancien Missel présuppose un minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine; ni l’un ni l’autre ne sont tellement fréquents. De ces éléments préalables concrets découle claire-ment le fait que le nouveau Missel restera cer-tainement la Forme ordinaire du Rite Romain, non seulement en raison des normes juridi-ques, mais aussi à cause de la situation réelle dans lesquelles se trouvent les communautés de fidèles.

...Les deux Formes d’usage de Rite Romain peuvent s’enrichir réciproquement: dans l’an-cien Missel pourront être et devront être insé-rés les nouveaux saints et quelques-unes des nouvelles préfaces. La Commission “Ecclesia Dei” en lien avec les diverses entités dédiées à l’usus antiquior, étudiera quelles sont les pos-sibilités pratiques. Dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien...

Réconciliation au sein de l’ÉgliseJ’en arrive ainsi à la raison positive qui est

le motif qui me fait actualiser par ce Motu Pro-prio celui de 1988. Il s’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise. En regardant le passé, les divisions qui ont lacéré le corps du Christ au cours des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l’Eglise n’ont pas fait suf-fisamment pour conserver ou conquérir la ré-conciliation et l’unité; on a l’impression que les omissions dans l’Eglise ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider.

Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui une obligation: faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l’uni-té aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau... Ouvrons géné-reusement notre cœur et laissons entrer tout ce à quoi la foi elle-même fait place.

Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de pro-grès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur don-ner leur juste place. Evidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communau-tés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas non plus, par principe, exclure la célébra-tion selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté...” — Lettre du Pape aux évêques

Lettre «Summorum Pontifi cum»de S.S. Benoît XVI

Nous publions au complet cette Lettre Apostolique «motu proprio data» «Summorum Pontificum» sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970:

Les Souverains Pontifes ont toujours veillé jusqu’à nos jours à ce que l’Église du Christ offre à la divine Majesté un culte digne, «à la louange et à la gloire de son nom» et «pour le bien de toute sa sainte Eglise».

Depuis des temps immémoriaux et aussi à l’avenir, le principe à observer est que «cha-que Eglise particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement quant à la doctrine de la foi et aux signes sacramentels, mais aussi quant aux usages reçus universelle-ment de la tradition apostolique ininterrompue, qui sont à observer non seulement pour éviter des erreurs, mais pour transmettre l’intégrité de la foi, parce que la “lex orandi” (la prière) de l’Église correspond à “lex credenti” (la foi)».

Saint Grégoire le GrandParmi les Pontifes qui ont eu ce soin, se dis-

tingue le nom de saint Grégoire le Grand qui fut attentif à transmettre aux nouveaux peuples de l’Europe tant la foi catholique que les trésors du culte et de la culture accumulés par les Romains au cours des siècles précédents. Il ordonna de déterminer et de conserver la forme de la litur-gie sacrée, aussi bien du Sacrifice de la Messe que de l’Office divin, telle qu’elle était célébrée à Rome. Il encouragea vivement les moines et les moniales qui, vivant sous la Règle de saint Benoît, firent partout resplendir par leur vie, en même temps que l’annonce de l’Évangile, cette

Lettre Apostolique en forme de Motu Proprio du Pape Benoît XVISur l’usage de la Liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970

Elévation de l’Hostie

(suite en page 7)

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Page 7Janvier-Février 2008 Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

très salutaire manière de vivre de la Règle, «à ne rien mettre au-dessus de l’œuvre de Dieu» (chap. 43).

Ainsi la liturgie selon les coutumes de Rome féconda non seulement la foi et la piété mais aussi la culture de nombreux peuples. C’est un fait en tout cas que la liturgie latine de l’Église sous ses diverses formes, au cours des siècles de l’ère chrétienne, a été un stimulant pour la vie spirituelle d’innombrables saints et qu’elle a affermi beaucoup de peuples par la religion et fécondé leur piété.

Saint Pie VAu cours des siècles, beaucoup d’autres

Pontifes romains se sont particulièrement em-ployés à ce que la liturgie accomplisse plus ef-ficacement cette tâche; parmi eux se distingue saint Pie V, qui, avec un grand zèle pastoral, suivant l’exhortation du Concile de Trente, re-nouvela tout le culte de l’Église, fit éditer des livres liturgiques corrigés et «réformés selon la volonté des Pères», et les donna à l’église latine pour son usage.

Parmi les livres liturgiques du Rite romain, la première place évidemment au Missel romain, qui se répandit dans la ville de Rome puis, les-siècles suivants, prit peu à peu des formes qui ont des similitudes avec la forme en vigueur dans les générations récentes.

C’est le même objectif qu’ont poursuivi les Pontifes romains au cours des siècles suivants en assurant la mise à jour des rites et des livres liturgiques ou en les précisant, et ensuite, de-puis le début de ce siècle, en entreprenant une réforme plus générale. Ainsi firent mes prédé-cesseurs, Clément VIII, Urbain VIII, saint Pie X et le bienheureux Jean XXIII.

Le Concile Vatican IIPlus récemment le Concile Vatican II expri-

Lettre Apostolique en forme de Motu Proprio du Pape Benoît XVI(suite de la page 6)

Assemblée mensuelleMaison de l’Immaculée, Rougemont

4e dimanche de chaque mois24 février. 30 mars (Jéricho). 27 avril

Ouverture: 10 heures a.m.: Chapelet. Rapports des apôtres revenant de missionMidi: dîner dans le réfectoire de la Maison de l’Immaculée, chacun apporte ses provisions1.30 hre p.m.: Chapelet médité2.00 à 4.30 heures p.m.: Conférences3.30 hres p.m.: Confessions5.00 p.m.: Messe à la Maison de l’Immaculée.6.15 hres p.m.: souper avec ses provisions

Tous se présentent en tenue très modeste. Les dames en robe attachée au cou, à man-ches dépassant les coudes et à jupe couvrant les genoux. Messieurs et mesdames en shorts ne sont pas admis.

ma le désir que l’observance et le respect dus au culte divin soient de nouveau réformés et adaptés aux nécessités du temps. Poussé par ce désir, mon prédécesseur le Souverain Pontife Paul VI approuva en 1970 des livres liturgiques restaurés et partiellement rénovés de l’Église latine; ceux-ci traduits en de nombreuses lan-gues modernes, ont été accueillis avec plaisir par les Évêques comme par les prêtres et les fi-dèles. Jean-Paul II reconnut la troisième édition du Missel romain. Ainsi les Pontifes romains se sont employés à ce que «cet édifice liturgique, pour ainsi dire , […] apparaisse dans la splen-deur de sa dignité et de son harmonie».

Dans certaines régions, toutefois, de nom-breux fidèles se sont attachés et continuent à être attachés avec un tel amour et une telle pas-sion aux formes liturgiques précédentes, qui avaient profondément imprégné leur culture et leur esprit, que le Souverain Pontife Jean-Paul II, poussé par la sollicitude pastorale pour ces fidèles, accorda en 1984, par un indult spécial «Quattuor abhinc annos» de la Congrégation pour le Culte divin, la faculté d’utiliser le Missel romain publié en 1962 par Jean XXIII; puis de nouveau en 1988, par la lettre apostolique Ec-clesia Dei en forme de motu proprio, Jean-Paul II exhorta les Évêques à utiliser largement et gé-néreusement cette faculté en faveur de tous les fidèles qui en feraient la demande.

Les prières instantes de ces fidèles ayant déjà été longuement pesées par mon prédéces-seur Jean-Paul II, ayant moi-même entendu les Pères Cardinaux au consistoire qui s’est tenu le 23 mars 2006, tout bien considéré, après avoir invoqué l’Esprit Saint et l’aide de Dieu, par la présente Lettre apostolique je décide ce qui suit:

Articles promulgués par S.S. Benoît XVIArt. 1. Le Missel romain promulgué par Paul

VI est l’expression ordinaire de la «lex orandi» de l’Église catholique de rite latin. Le Missel ro-main promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expres-sion extraordinaire de la même «lex orandi» de l’Église et être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces deux expressions de la «lex orandi» de l’Église n’induisent aucune di-vision de la «lex credenti» de l’Église; ce sont en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain.

Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition du Missel romain pro-mulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église. Mais les conditions éta-blies par les documents précédents «Quattuor abhinc annos» et «Ecclesia Dei» pour l’usage de ce Missel sont remplacées par ce qui suit:

Art. 2. Aux Messes célébrées sans peuple, tout prêtre catholique de rite latin, qu’il soit sé-culier ou religieux, peut utiliser le Missel romain publié en 1962 par le bienheureux Jean XXIII ou le Missel romain promulgué en 1970 par le sou-verain Pontife Paul VI, et cela quel que soit le jour, sauf le Triduum sacré. Pour célébrer ainsi selon l’un ou l’autre Missel, le prêtre n’a besoin d’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de son Ordinaire.

Art. 3. Si des communautés d’Instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical ou de droit diocésain désirent, pour la célébration conventuelle ou «commu-nautaire», célébrer dans leurs oratoires propres la Messe selon l’édition du Missel romain pro-mulgué en 1962, cela leur est permis. Si une communauté particulière ou tout l’Institut, ou Société veut avoir de telles célébrations sou-vent ou habituellement ou de façon permanen-te, cette façon de faire doit être déterminée par les Supérieurs majeurs selon les règles du droit et les lois et statuts particuliers.

Art. 4. Aux célébrations de la Messe dont il est question ci-dessus à l’art. 2 peuvent être ad-mis, en observant les règles de droit, des fidè-les qui le demandent spontanément.

Art. 5, § 1. Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volon-tiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il ap-préciera lui-même ce qui convient pour le bien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pastorale de la paroisse, sous le gouvernement de l’Évêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Église.

§ 2. La célébration selon le Missel du bien-heureux Jean XXIII peut avoir lieu les jours or-dinaires; mais les dimanches et les jours de fê-tes, une Messe sous cette forme peut être aussi célébrée.

§ 3. Le curé peut aussi autoriser aux fidèles ou au prêtre qui le demandent, la célébration sous cette forme extraordinaire dans des cas particuliers comme des mariages, des obsè-ques ou des célébrations occasionnelles, par exemple des pèlerinages.

§ 4. Les prêtres utilisant le Missel du bien-heureux Jean XXIII doivent être idoines et non empêchés par le droit.

§ 5. Dans les églises qui ne sont ni paroissia-les ni conventuelles, il appartient au Recteur de l’église d’autoriser ce qui est indiqué ci-dessus.

Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectu-res peuvent être proclamées en langue verna-culaire, utilisant des éditions reconnues par le

Siège apostolique.

Art. 7. Si un groupe de laïcs dont il est ques-tion à l’article 5, § 1 n’obtient pas du curé ce qu’ils lui ont demandé, ils en informeront l’Évê-que diocésain. L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. S’il ne peut pas pourvoir à cette forme de célébration, il en sera référé à la Commission pontificale «Ecclesia Dei».

Art. 8. L’évêque qui souhaite pourvoir à une telle demande de fidèles laïcs, mais qui, pour différentes raisons, en est empêché, peut en référer à la Commission pontificale «Ecclesia Dei», qui lui fournira conseil et aide.

Art. 9§, 1. De même, le curé, tout bien consi-déré, peut concéder l’utilisation du rituel ancien pour l’administration des sacrements du Baptê-me, du Mariage, de la Pénitence et de l’Onction des Malades, s’il juge que le bien des âmes le réclame.

§ 2. Aux Ordinaires est accordée la faculté de célébrer le sacrement de la Confirmation en utilisant le Pontifical romain ancien, s’il juge que le bien des âmes le réclame.

§ 3. Tout clerc dans les ordres sacrés a le droit d’utiliser aussi le Bréviaire romain promul-gué par le bienheureux Jean XXIII en 1962.

Art. 10. S’il juge opportun, l’Ordinaire du lieu a le droit d’ériger une paroisse personnelle au titre du canon 518, pour les célébrations sous la forme ancienne du rite romain, ou de nommer soit un recteur soit un chapelain, en observant les règles du droit.

Art. 11. La Commission pontificale «Ecclesia Dei», érigée par le Pape Jean-Paul II en 1988, continue à exercer sa mission.

Cette commission aura la forme, la charge et les normes que le Pontife romain lui-même voudra lui attribuer.

Art. 12. Cette commission, outre les facultés dont elle jouit déjà, exercera l’autorité du Saint-Siège, veillant à l’observance et à l’application de ces dispositions.

Tout ce que j’ai établi par la présente Lettre apostolique en forme de «Motu proprio», j’or-donne que cela ait une valeur pleine et stable, et soit observé à compter du 14 septembre de cette année (2007), nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 7 juillet de l’an du Seigneur 2007, en la troisième année de mon pontificat.

Benoît XVI

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Le 30 novembre 2007, le Vatican publiait la deuxième Encyclique du Pape Benoît XVI intitulé Spe Salvi (Sauvés par l’Espérance). Cette ency-clique, riche d’enseignements doctrinaux très profonds, projette des lumières profondes pour dissiper les ténèbres dans les esprits et cultiver dans les cœurs la grande vertu de l’Espérance, se rattachant à la Foi et à la Charité. Nous voulons ici publier de larges extraits sur les quinze pre-miers paragraphes de l’encyclique qui en comp-tent 50.

1. «SPE SALVI facti sumus» – dans l’espérance nous avons été sauvés, dit saint Paul aux Romains et à nous aussi (Rm 8, 24). Selon la foi chrétien-ne, la «rédemption», le salut n’est pas un simple donné de fait. La rédemption nous est offerte en ce sens que nous a été donnée l’espérance, une espérance fiable, en vertu de laquelle nous pou-vons affronter notre présent: le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s’il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin.

La foi est espéranceDe fait «espérance» est un mot central de la

foi biblique – au point que, dans certains pas-sages, les mots «foi» et «espérance» semblent interchangeables. Ainsi, la Lettre aux Hébreux lie étroitement à la «plénitude de la foi» (10, 22) «l’indéfectible profession de l’espérance» (10, 23). De même, lorsque la Première Épître de Pierre exhorte les chrétiens à être toujours prêts à rendre une réponse à propos du logos – le sens et la raison – de leur espérance (cf. 3, 15), «es-pérance» est équivalent de «foi». Ce qui a été déterminant pour la conscience des premiers chrétiens, à savoir le fait d’avoir reçu comme don une espérance crédible, se manifeste aussi là où est mise en regard l’existence chrétienne avec la vie avant la foi, ou avec la situation des membres des autres religions.

Paul rappelle aux Éphésiens que, avant leur rencontre avec le Christ, ils étaient «sans espé-rance et sans Dieu dans le monde» (cf. Ep 2, 12). Naturellement, il sait qu’ils avaient eu des dieux, qu’ils avaient eu une religion, mais leurs dieux s’étaient révélés discutables et, de leurs mythes contradictoires, n’émanait aucune espérance.

Malgré les dieux, ils étaient «sans Dieu» et, par conséquent, ils se trouvaient dans un monde obscur, devant un avenir sombre. «In nihil ab nihilo quam cito recidimus», (Du néant dans le néant, combien rapidement nous retombons), dit une épitaphe de l’époque – paroles dans les-quelles apparaît sans ambiguïté ce à quoi Paul fait référence.

C’est dans le même sens qu’il dit aux Thessa-loniciens: vous ne devez pas être «abattus com-me les autres, qui n’ont pas d’espérance» (1 Th 4, 13). Ici aussi, apparaît comme élément carac-téristique des chrétiens le fait qu’ils ont un ave-nir: ce n’est pas qu’ils sachent dans les détails ce qui les attend, mais ils savent de manière géné-rale que leur vie ne finit pas dans le néant. C’est seulement lorsque l’avenir est assuré en tant que réalité positive que le présent devient aussi vi-vable. Ainsi, nous pouvons maintenant dire: le christianisme n’était pas seulement une «bonne nouvelle» – la communication d’un contenu jus-qu’à présent ignoré. Dans notre langage, nous di-rions: le message chrétien n’était pas seulement «informatif», mais «performatif». Cela signifie que l’Évangile n’est pas uniquement une com-munication d’éléments que l’on peut connaître, mais une communication qui produit des faits et qui change la vie. La porte obscure du temps, de l’avenir, a été ouverte toute grande. Celui qui a l’espérance vit différemment; une vie nouvelle lui a déjà été donnée.

Sainte Josephine BakhitaParvenir à la connaissance de Dieu, le vrai

Dieu, cela signifie recevoir l’espérance. Pour nous qui vivons depuis toujours avec le concept chrétien de Dieu et qui nous y sommes habitués, la possession de l’espérance, qui provient de la rencontre réelle avec ce Dieu, n’est presque plus perceptible. L’exemple d’une sainte de no-tre temps peut en quelque manière nous aider à comprendre ce que signifie rencontrer ce Dieu, pour la première fois et réellement. Je pense à l’Africaine Joséphine Bakhita, canonisée par le Pape Jean-Paul II. Elle était née vers 1869 – elle ne savait pas elle-même la date exacte – dans le Darfour, au Soudan.

À l’âge de neuf ans, elle fut enlevée par des trafiquants d’esclaves, battue jusqu’au sang et vendue cinq fois sur des marchés soudanais. En dernier lieu, comme esclave, elle se retrouva au service de la mère et de la femme d’un général, et elle fut chaque jour battue jusqu’au sang; il en résulta qu’elle en garda pour toute sa vie 144 cicatrices. Enfin, en 1882, elle fut vendue à un marchand italien pour le consul italien Callisto Legnani qui, face à l’avancée des mahdistes, re-vint en Italie. Là, après avoir été jusqu’à ce mo-ment la propriété de «maîtres» aussi terribles, Bakhita connut un «Maître» totalement différent – dans le dialecte vénitien, qu’elle avait alors ap-pris, elle appelait «Paron» le Dieu vivant, le Dieu de Jésus Christ.

Jusqu’alors, elle n’avait connu que des maîtres qui la méprisaient et qui la maltraitaient, ou qui, dans le meilleur des cas, la considéraient comme une esclave utile. Cependant, à présent, elle en-tendait dire qu’il existait un «Paron» au-dessus de tous les maîtres, le Seigneur des seigneurs, et que ce Seigneur était bon, la bonté en personne. Elle apprit que ce Seigneur la connaissait, elle aussi, qu’il l’avait créée, elle aussi – plus encore qu’il l’aimait. Elle aussi était aimée, et précisé-ment par le «Paron» suprême, face auquel tous les autres maîtres ne sont, eux-mêmes, que de misérables serviteurs. Elle était connue et aimée,

et elle était attendue. Plus encore, ce Maître avait lui-même personnellement dû affronter le destin d’être battu et maintenant il l’attendait «à la droite de Dieu le Père».

Désormais, elle avait une «espérance» – non seulement la petite espérance de trouver des maîtres moins cruels, mais la grande espérance: je suis définitivement aimée et quel que soit ce qui m’arrive, je suis attendue par cet Amour. Et ainsi ma vie est bonne. Par la connaissance de cette espérance, elle était «rachetée», elle ne se sentait plus une esclave, mais une fille de Dieu libre. Elle comprenait ce que Paul entendait lors-qu’il rappelait aux Éphésiens qu’avant ils étaient sans espérance et sans Dieu dans le monde – sans espérance parce que sans Dieu. Aussi, lorsqu’on voulut la renvoyer au Soudan, Bakhita refusa-t-elle; elle n’était pas disposée à être de nouveau séparée de son «Paron».

Baptisée et confi rméeLe 9 janvier 1890, elle fut baptisée et confir-

mée, et elle fit sa première communion des mains du Patriarche de Venise. Le 8 décembre 1896, à Vérone, elle prononça ses vœux dans la Congrégation des Sœurs canossiennes et, dès lors – en plus de ses travaux à la sacristie et à la porterie du couvent –, elle chercha surtout dans ses différents voyages en Italie à appeler à la mission: la libération qu’elle avait obtenue à tra-vers la rencontre avec le Dieu de Jésus-Christ, elle se sentait le devoir de l’étendre, elle de-vait la donner aussi aux autres, au plus grand nombre de personnes possible. L’espérance, qui était née pour elle et qui l’avait «rachetée », elle ne pouvait pas la garder pour elle; cette espérance devait rejoindre beaucoup de personnes, elle de-vait rejoindre tout le monde.

(Mère Bakhita rendit le dernier soupir le 8 fé-vrier 1947 au Couvent Canossien de Schio, Italie. Elle a été béatifiée le 17 mai 1992 et canonisée le 1er octobre 2000, par le Pape Jean-Paul II.)

Il n’est pas difficile de se rendre compte que l’expérience de la petite esclave africaine Bakhita a été aussi l’expérience de nombreuses person-nes battues et condamnées à l’esclavage à l’épo-que du christianisme naissant. Le christianisme n’avait pas apporté un message social révolu-tionnaire comme celui de Spartacus, qui, dans des luttes sanglantes, avait échoué. Jésus n’était pas Spartacus, il n’était pas un combattant pour une libération politique, comme Barabbas ou Bar-Khoba. Ce que Jésus, personnellement mort sur la croix, avait apporté était quelque chose de totalement différent: la rencontre avec le Sei-gneur de tous les seigneurs, la rencontre avec le Dieu vivant, et ainsi la rencontre avec l’espérance qui était plus forte que les souffrances de l’escla-vage et qui, de ce fait, transformait de l’intérieur la vie et le monde.

Les hommes qui, selon leur condition sociale, ont entre eux des relations de maîtres et d’es-claves, en tant que membres de l’unique Église, sont devenus frères et sœurs les uns des autres – c’est ainsi que les chrétiens se nomment les

Sauvés par l’EspéranceDeuxième Encyclique du Pape Benoît XVI, «Spe Salvi»

Le vrai bonheur est d’être éternellement avec Dieu au Ciel

Le pape Benoit XVI signe sa nouvelle Encyclique

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Ste Joséphine Bakhita

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Page 9Janvier-Février 2008 Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

uns les autres. En vertu du Baptême, ils avaient été régénérés, ils s’étaient abreuvés du même Esprit et ils recevaient ensemble, côte à côte, le Corps du Seigneur.

Même si les structures extérieures demeu-raient identiques, cela changeait la société, de l’intérieur. Si la Lettre aux Hébreux dit que les chrétiens n’ont pas ici-bas une demeure stable, mais qu’ils cherchent la demeure future (cf. He 11, 13-16: Ph 3, 20), cela est tout autre qu’un simple renvoi à une perspective future: la société présente est considérée par les chrétiens comme une société imparfaite; ils appartiennent à une société nouvelle, vers laquelle ils sont en chemin et qui, dans leur pèlerinage, est déjà anticipée.

Nous devons ajouter encore un autre point de vue. La Première Lettre aux Corinthiens (1, 18-31) nous montre qu’une bonne part des pre-miers chrétiens appartenaient aux couches so-ciales basses et, précisément pour cela, étaient disposés à faire l’expérience de la nouvelle es-pérance, comme nous l’avons vu dans l’exem-ple de Bakhita. Cependant, depuis les origines, il y avait aussi des conversions dans les couches aristocratiques et cultivées, puisqu’elles vivaient, elles aussi, «sans espérance et sans Dieu dans le monde». Le mythe avait perdu sa crédibilité; la religion d’État romaine s’était sclérosée en un simple cérémonial, qui était exécuté scru-puleusement, mais qui était désormais réduit à une simple «religion politique». Le rationalisme philosophique avait cantonné les dieux dans le champ de l’irréel. Le Divin était vu sous différen-tes formes dans les forces cosmiques, mais un Dieu que l’on puisse prier n’existait pas.

Les étoiles ne gouvernent pas le monde

Dieu gouverne le mondeLe rationalisme philosophique avait canton-

né les dieux dans le champ de l’irréel. Le Divin était vu sous différentes formes dans les forces cosmiques, mais un Dieu que l’on puisse prier n’existait pas. Paul illustre de manière particuliè-rement appropriée la problématique essentielle de la religion d’alors, lorsqu’il oppose à la vie «selon le Christ» une vie sous la seigneurie des «éléments du cosmos» (cf. Col 2, 8). Dans cette perspective, un texte de saint Grégoire de Na-zianze peut être éclairant. Il dit que le moment où les mages, guidés par l’étoile, adorèrent le nouveau roi, le Christ, marqua la fin de l’astro-logie, parce que désormais les étoiles tournaient selon l’orbite déterminée par le Christ. De fait, dans cette scène, est inversée la conception du monde d’alors qui, sous une forme différente, est en vogue encore aujourd’hui.

Ce ne sont pas les éléments du cosmos, les lois de la matière qui, en définitive, gouvernent le monde et l’homme, mais c’est un Dieu per-sonnel qui gouverne les étoiles, à savoir l’uni-vers; ce ne sont pas les lois de la matière et de l’évolution qui sont l’instance ultime, mais la raison, la volonté, l’amour – une Personne. Et si nous connaissons cette Personne et si elle nous

connaît, alors vraiment l’inexorable pouvoir des éléments matériels n’est plus l’instance ultime; alors nous ne sommes plus esclaves de l’univers et de ses lois, alors nous sommes libres. Dans l’antiquité, une telle conscience a déterminé les esprits sincères qui étaient en recherche. Le ciel n’est pas vide. La vie n’est pas un simple produit des lois et des causalités de la matière, mais, en tout, et en même temps au-dessus de tout, il y a une volonté personnelle, il y a un Esprit qui, en Jésus, s’est révélé comme Amour.

Une défi nition de la foiNous devons encore une fois revenir au Nou-

veau Testament. Dans le onzième chapitre de la Lettre aux Hébreux (v. 1), on trouve une sorte de définition de la foi, qui relie étroitement cette vertu à l’espérance. Autour de la parole centrale de cette phrase, s’est créée, depuis la Réforme, une discussion entre les exégètes, où semble s’ouvrir aujourd’hui la voie vers une interpréta-tion commune. Pour le moment, je laisse cette parole centrale non traduite: la phrase sonne donc ainsi: «La foi est l’hypostasis des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas».

Pour les Pères et pour les théologiens du Moyen-Âge, il était clair que la parole grecque hypostasis devait être traduite en latin par le ter-me substantia. La traduction latine du texte, née dans l’Église antique, dit donc: «Est autem fides sperandarum substantia rerum, argumentum non apparentium » – la foi est la «substance» des réalités à espérer; la preuve des réalités qu’on ne

voit pas. Utilisant la terminologie de la tradition philosophique dans laquelle il se trouve, Thomas d’Aquin l’explique ainsi: la foi est un « habitus », c’est-à-dire une disposition constante de l’esprit, grâce à laquelle la vie éternelle prend naissance en nous et grâce à laquelle la raison est portée à consentir à ce qu’elle ne voit pas.

Le concept de «substance» est donc modifié dans le sens que, par la foi, de manière initiale, nous pourrions dire «en germe» – donc selon la «substance» – sont déjà présents en nous les biens que l’on espère – la totalité, la vraie vie. Et c’est précisément parce que les biens eux-mê-mes sont déjà présents que la présence de ce qui se réalisera crée également la certitude: ces «biens» qui doivent venir ne sont pas encore vi-sibles dans le monde extérieur (ils «n’apparais-sent» pas), mais en raison du fait que, comme réalité initiale et dynamique, nous les portons en nous, naît déjà maintenant une certaine percep-tion de ces biens.

Une interprétation protestante insoutenable de la foi

causée par l’infl uence de LutherÀ Luther, pour qui la Lettre aux Hébreux com-

me telle n’était pas très sympathique, le concept de «substance», dans le contexte de sa vision de la foi, ne disait rien. C’est pourquoi il comprit le terme hypostase/substance non dans le sens objectif (de réalité présente en nous), mais dans le sens subjectif, comme expression d’une dispo-sition et, par conséquent, il dut naturellement comprendre aussi le terme argumentum comme une disposition du sujet. Cette interprétation s’est affermie au vingtième siècle – au moins en Allemagne – même dans l’exégèse catholique, de sorte que la traduction œcuménique du Nou-veau Testament en langue allemande, approuvée par les Évêques, dit: «Glaube aber ist: Feststehen in dem, was man erhofft, Überzeugtsein von dem, was man nicht sieht» (La foi consiste à être ferme en ce que l’on espère, à être convaincu de ce que l’on ne voit pas). En soi, cela n’est pas faux, mais ce n’est pas cependant le sens du tex-te, parce que le terme grec utilisé (elenchos) n’a pas la valeur subjective de «conviction», mais la valeur objective de «preuve». C’est donc à juste titre que l’exégèse protestante récente est parve-nue à une conviction différente: «Mais mainte-nant, on ne peut plus mettre en doute que cette interprétation protestante, devenue classique, est insoutenable».

La foi n’est pas seulement une tension per-sonnelle vers les biens qui doivent venir, mais qui sont encore absents; elle nous donne quelque chose. Elle nous donne déjà maintenant quelque chose de la réalité attendue, et la réalité présente constitue pour nous une «preuve» des biens que nous ne voyons pas encore. Elle attire l’avenir dans le présent, au point que le premier n’est plus le pur «pas encore». Le fait que cet avenir existe change le présent; le présent est touché par la réalité future, et ainsi les biens à venir se déversent sur les biens présents et les biens pré-sents sur les biens à venir.

Cette explication est renforcée ultérieure-ment et elle se rapporte à la vie concrète si nous considérons le verset 34 du chapitre 10 de la Let-tre aux Hébreux qui, en ce qui concerne l’aspect linguistique et le contenu, est lié à la définition d’une foi remplie d’espérance et qui la prépare. Ici, l’auteur parle aux croyants qui ont subi l’ex-périence de la persécution et il leur dit: «Vous avez pris part aux souffrances des prisonniers; vous avez accepté avec joie la spoliation de vos biens, (hyparchonton – Vulgate: bonorum), sa-chant que vous étiez en possession de biens meilleurs (hyparxin – Vulgate: substantiam) et stables. «Hyparchonta» sont les propriétés, ce qui, dans la vie terrestre, constitue le fondement, à savoir la base, la «substance» pour la vie, sur laquelle on compte.

Chrétiens persécutés pour leur foiCette «substance», la sécurité normale dans

la vie, a été enlevée aux chrétiens au cours des persécutions. Ils ont supporté ces dernières par-ce qu’ils considéraient de toute façon cette subs-tance matérielle comme négligeable. Ils pou-vaient l’abandonner, parce qu’ils avaient trouvé une «base» meilleure pour leur existence – une base qui demeure et que personne ne peut enle-ver. On ne peut pas ne pas voir le lien qui court entre ces deux sortes de «substance», entre le fondement, ou base matérielle, et l’affirmation de la foi comme «base», comme «substance» qui demeure.

La foi confère à la vie une base nouvelle, un nouveau fondement sur lequel l’homme peut s’appuyer et ainsi le fondement habituel, la fia-bilité des revenus matériels, justement se relati-vise. Il se crée une nouvelle liberté face à ce fon-

Deuxième Encyclique du Pape Benoît XVI, «Spe Salvi»

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Je crois à la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle

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Page 10 Janvier-Février 2008Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

dement de la vie, qui n’est qu’apparemment en mesure de l’entretenir, bien que sa signification normale ne soit par là certainement pas niée.

Grands renoncements des MoinesCette nouvelle liberté, la conscience de la

nouvelle «substance» qui nous a été donnée, ne s’est pas révélée seulement dans le martyre, où les personnes se sont opposées au pouvoir extrême de l’idéologie et de ses organes politi-ques, et, par leur mort, ont renouvelé le monde. Elle s’est manifestée surtout dans les grands re-noncements à partir des moines de l’antiquité jusqu’à François d’Assise et aux personnes de notre époque qui, dans les Ordres modernes et dans les Mouvements religieux, par amour pour le Christ, ont tout laissé pour porter aux hom-mes la foi et l’amour du Christ, pour aider les personnes qui souffrent dans leur corps et dans leur âme.

Là, la nouvelle «substance» s’est montrée réellement comme la «substance»; de l’espéran-ce des personnes touchées par le Christ a jailli l’espérance pour d’autres qui vivaient dans les ténèbres et sans espérance. Là il s’est vérifié que cette nouvelle vie possède vraiment la «substan-ce» et qu’elle est une «substance» qui suscite la vie pour les autres. Pour nous qui regardons ces figures, leur façon d’agir et de vivre est de fait une «preuve» que les biens à venir, la promesse du Christ, ce n’est pas seulement une réalité at-tendue, mais une véritable présence: Il est vrai-ment le «philosophe» et le «pasteur» qui nous indique ce qu’est la vie et où elle est.

Pour comprendre plus en profondeur cette réflexion sur les deux espèces de substance – hy-postasis et hyparchonta – et sur les deux modes de vie qu’elles expriment, nous devons réfléchir encore brièvement sur deux mots concernant cette question qui se trouvent dans le dixième chapitre de la Lettre aux Hébreux. Il s’agit des mots hypomone (10, 36) et hypostole (10, 39). Hypomone se traduit normalement par «patien-ce» – persévérance, constance. Savoir attendre en supportant patiemment les épreuves est né-cessaire au croyant pour pouvoir «obtenir la réa-lisation de la promesse» (cf. 10, 36).

Dieu s’est manifesté dans le ChristDans l’ambiance religieuse du judaïsme an-

tique, ce mot était utilisé de manière expresse pour parler de l’attente de Dieu qui caractérise Israël, à savoir persévérer dans la fidélité à Dieu, en se fondant sur la certitude de l’Alliance, dans un monde qui est en opposition à Dieu. Ainsi, le mot indique une espérance vécue, une vie fondée sur la certitude de l’espérance. Dans le Nouveau Testament, cette attente de Dieu, le fait d’être du côté de Dieu, prend une nouvelle si-gnification: dans le Christ, Dieu s’est manifesté. Il nous a communiqué désormais la «substance» des biens à venir, et l’attente de Dieu obtient ainsi une nouvelle certitude. C’est l’attente des biens à venir à partir d’un présent déjà donné.

En présence du Christ, avec le Christ présent, c’est l’attente que son Corps se complète, dans la perspective de sa venue définitive. Au contraire, par hypostole est exprimé l’attitude de qui fait défection et n’ose pas dire ouvertement et avec franchise la vérité, qui peut mettre en danger. Se cacher devant les hommes par esprit de crainte par rapport à eux conduit à la «perdition» (Heb. 10, 39). «Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse» – c’est ainsi que, par une belle expression, la Seconde Lettre à Timothée (1, 7) caractérise l’attitude fondamentale du chrétien.

La vie éternelle – qu’est-ce que c’est ?Jusqu’à présent, nous avons parlé de la foi

et de l’espérance dans le Nouveau Testament et aux origines du christianisme; il a cependant toujours été évident que nous ne parlons pas

uniquement du passé; la réflexion dans son inté-gralité intéresse la vie et la mort de l’homme en général, et donc nous intéresse nous aussi, ici et maintenant. Cependant, nous devons à présent nous demander de manière explicite: la foi chré-tienne est-elle aussi pour nous aujourd’hui une espérance qui transforme et soutient notre vie ? Est-elle pour nous «performative» – un message qui forme de manière nouvelle la vie elle-même, ou est-elle désormais simplement une «informa-tion» que, entre temps, nous avons mise de côté et qui nous semble dépassée par des informa-tions plus récentes ?

Dans la recherche d’une réponse, je voudrais partir de la forme classique du dialogue par le-quel le rite du Baptême exprimait l’accueil du nouveau-né dans la communauté des croyants et sa renaissance dans le Christ. Le prêtre de-mandait d’abord quel nom les parents avaient choisi pour l’enfant, et il poursuivait ensuite par la question: «Que demandez-vous à l’Église ?» Réponse: «La foi». «Et que donne la foi ?» «La vie éternelle».

Dans le dialogue, les parents cherchaient pour leur enfant l’accès à la foi, la communion avec les croyants, parce qu’ils voyaient dans la foi la clé de «la vie éternelle». En fait, aujourd’hui comme hier, c’est de cela qu’il s’agit dans le Bap-tême, quand on devient chrétien: non seulement d’un acte de socialisation dans la communauté, non pas simplement d’un accueil dans l’Église. Les parents attendent plus pour le baptisé: ils at-tendent que la foi, dont fait partie la corporéité de l’Église et de ses sacrements, lui donne la vie – la vie éternelle. La foi est la substance de l’es-pérance.

Mais alors se fait jour la question suivante: voulons-nous vraiment cela – vivre éternelle-ment ? Peut-être aujourd’hui de nombreuses personnes refusent-elles la foi simplement parce que la vie éternelle ne leur semble pas quelque chose de désirable. Ils ne veulent nullement la vie éternelle, mais la vie présente, et la foi en la vie éternelle semble, dans ce but, plutôt un obs-tacle. Continuer à vivre éternellement – sans fin – apparaît plus comme une condamnation que comme un don. Bien sûr, on voudrait renvoyer la mort le plus loin possible. Mais vivre toujours, sans fin – en définitive, cela peut être seulement ennuyeux et en fin de compte insupportable. C’est précisément cela que dit par exemple saint Ambroise, Père de l’Église, dans le discours funè-bre pour son frère Saturus:

«La mort n’était pas naturelle, mais elle l’est devenue; car, au commencement, Dieu n’a pas créé la mort; il nous l’a donnée comme un re-mède [...] à cause de la transgression; la vie des hommes commença à être misérable dans le tra-vail quotidien et dans des pleurs insupportables. Il fallait mettre un terme à son malheur, afin que sa mort lui rende ce que sa vie avait perdu. L’im-

mortalité serait un fardeau plutôt qu’un profit, sans le souffle de la grâce». Auparavant déjà, Ambroise avait dit: «La mort ne doit pas être pleurée, puisqu’elle est cause de salut».

Dans sa longue lettre sur la prière adressée à Proba, une veuve romaine aisée et mère de trois consuls, Augustin écrivit un jour: dans le fond, nous voulons une seule chose – «la vie bienheu-reuse», la vie qui est simplement vie, simplement «bonheur». En fin de compte, nous ne deman-dons rien d’autre dans la prière. Nous ne mar-chons vers rien d’autre – c’est de cela seulement qu’il s’agit. Mais ensuite, Augustin ajoute aussi: en regardant mieux, nous ne savons pas de fait ce qu’en définitive nous désirons, ce que nous voudrions précisément.

Nous ne connaissons pas du tout cette réa-lité; même durant les moments où nous pen-sons pouvoir la toucher, nous ne la rejoignons pas vraiment. «Nous ne savons pas ce que nous devons demander», confesse-t-il avec les mots de saint Paul (Rm 8, 26). Nous savons seulement que ce n’est pas cela. Toutefois, dans notre non-savoir, nous savons que cette réalité doit exis-ter. «Il y a donc en nous, pour ainsi dire, une savante ignorance (docta ignorantia)», écrit-il. Nous ne savons pas ce que nous voudrions vrai-ment; nous ne connaissons pas cette «vraie vie»; et cependant, nous savons qu’il doit exister un quelque chose que nous ne connaissons pas et vers lequel nous nous sentons poussés. …

Immersion dans l’océan de l’Amour infi ni

Nous pouvons seulement chercher à sortir par la pensée de la temporalité dont nous som-mes prisonniers et en quelque sorte prévoir que l’éternité n’est pas une succession continue des jours du calendrier, mais quelque chose comme le moment rempli de satisfaction, dans lequel la totalité nous embrasse et dans lequel nous em-brassons la totalité. Il s’agirait du moment de l’immersion dans l’océan de l’amour infini, dans lequel le temps – l’avant et l’après – n’existe plus.

Nous pouvons seulement chercher à penser que ce moment est la vie au sens plénier, une immersion toujours nouvelle dans l’immensité de l’être, tandis que nous sommes simplement comblés de joie. C’est ainsi que Jésus l’exprime dans Jean: «Je vous reverrai, et votre cœur se ré-jouira; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (16, 22). Nous devons penser dans ce sens si nous voulons comprendre ce vers quoi tend l’es-pérance chrétienne, ce que nous attendons par la foi, par notre être avec le Christ.

La Rédemption rétablissement de l’unité

… Le salut a toujours été considéré comme une réalité communautaire. La Lettre aux Hé-breux parle d’une «cité» (cf. 11, 10.16; 12, 22; 13, 14) et donc d’un salut communautaire. De manière cohérente, le péché est compris par les Pères comme destruction de l’unité du genre hu-main, comme fragmentation et division. Babel, le lieu de la confusion des langues et de la sépa-ration, se révèle comme expression de ce qu’est fondamentalement le péché. Et ainsi, la «ré-demption» apparaît vraiment comme le rétablis-sement de l’unité, où nous nous retrouvons de nouveau ensemble, dans une union qui se pro-file dans la communauté mondiale des croyants. Il n’est pas nécessaire que nous nous occupions ici de tous les textes dans lesquels apparaît le caractère communautaire de l’espérance.

Restons dans la Lettre à Proba, où Augustin tente d’illustrer un peu cette réalité connue in-connue dont nous sommes à la recherche. Le point de départ est simplement l’expression «vie bienheureuse». Puis il cite le Psaume 144 [143], 15: «Bienheureux le peuple dont le Seigneur est

Deuxième Encyclique du Pape Benoît XVI, «Spe Salvi»

(suite en page 11)

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Deuxième Encyclique du Pape Benoît XVI, «Spe Salvi»(suite de la page 10)

Saint Bernard

se plier au travail manuel. En vérité, Bernard dit explicitement que pas même le monastère ne peut rétablir le Paradis; il soutient cependant qu’il doit, étant comme lieu de défrichage prati-que et spirituel, préparer le nouveau Paradis.

Un terrain sauvage est rendu fertile – préci-sément tandis que sont en même temps abattus les arbres de l’orgueil, qu’est enlevé ce qui pous-se de sauvage dans les âmes et qu’est préparé ainsi le terrain sur lequel peut prospérer le pain pour le corps et pour l’âme. Ne nous est-il pas donné de constater de nouveau, justement face à l’histoire actuelle, qu’aucune structuration po-sitive du monde ne peut réussir là où les âmes restent à l’état sauvage ?

Benoît XVI

[NDLR: Dans des journaux ultérieurs de Vers Demain, nous continuerons de faire connaître les autres thèmes de l’Encyclique Spe Salvi sur l’espérance qui éclaire les esprits trompés par le libéralisme, le matérialisme, le rationalisme, le marxisme, etc. L’homme a été aveuglé par la science et le progrès. Il a cru bâtir une société où régnerait la paix et la justice sans Dieu. «Ce n’est pas la science qui sauve l’homme: l’homme est sauvé par l’amour…, l’Amour de Dieu dans le Christ Notre-Seigneur». Le Saint-Père nous parle de l’amour de Dieu et du prochain, de l’es-pérance dans l’action, de la persévérance dans les souffrances, de la nécessité de souffrir et de travailler pour la justice, du Jugement dernier, du Ciel, de l’enfer et du Purgatoire et comme conclusion Marie, Étoile de l’Espérance.]

le Dieu». Et il continue: «Pour faire partie de ce peuple et que nous puissions parvenir [...] à vi-vre avec Dieu pour toujours, “le but du précepte, c’est l’amour qui vient d’un cœur pur, d’une bon-ne conscience et d’une foi sincère” (1 Tm 1, 5)».

Cette vie véritable, vers laquelle nous cher-chons toujours de nouveau à tendre, est liée au fait d’être en union existentielle avec un «peuple» et, pour toute personne, elle ne peut se réaliser qu’à l’intérieur de ce «nous». Elle présuppose donc l’exode de la prison de son propre «moi», parce que c’est seulement dans l’ouverture de ce sujet universel que s’ouvre aussi le regard sur la source de la joie, sur l’amour lui-même – sur Dieu.

Cette vision de la «vie bienheureuse» orientée vers la communauté vise en fait quelque chose au-delà du monde présent, mais c’est précisé-ment ainsi qu’elle a aussi à voir avec l’édification du monde – en des formes très diverses, selon le contexte historique et les possibilités offertes ou exclues par lui... Jetons (maintenant) au ha-sard un regard sur un moment du Moyen-Âge selon certains aspects emblématiques. Dans la conscience commune, les monastères apparais-saient comme des lieux de fuite hors du monde («contemptus mundi») et de dérobade aux pro-pres responsabilités dans le monde, pour la re-cherche du salut personnel.

Bernard de Clairvaux, qui, avec son Ordre ré-formé, fit rentrer une multitude de jeunes dans les monastères, avait sur cette ques-tion une vision bien différente. Selon lui, les moines ont une tâ-che pour toute l’Église et par conséquent aus-si pour le monde. Par de nombreuses ima-ges, il illustre la res-ponsabilité des moines pour tout l’organisme de l’Église, plus en-core, pour l’humanité; il leur applique la pa-role du Pseudo-Ruffin: «Le genre humain vit grâce à peu de gens; s’ils n’existaient pas, le monde périrait». Les contem-platifs — contemplantes — doivent devenir des travailleurs agricoles – laborantes –, nous dit-il.

La noblesse du travail, que le christianisme a héritée du judaïsme, était apparue déjà dans les règles monastiques d’Augustin et de Benoît. Ber-nard reprend à nouveau ce concept. Les jeunes nobles qui affluaient dans ses monastères devaient

Siège de Jéricho 2008, spécialPour des écoles vraiment catholiques

Pour la conversion de nos Ministres et députésPour régler le problème de la pauvreté

7 jours et 7 nuits de prières intensesDevant le Saint Sacrement exposé

Du 23 mars, dimanche de PâquesAu 30 mars, dimanche de la Miséricorde

Maison de l’Immaculée, 1101 rue Principale, Rougemont. 450 469-2209

Dimanche, le 23 mars, 10 h. a.m.: Exposition du Saint-Sacrement 5 h. p.m. (17 heures): Sainte Messe. Confession avant la Messe

Lundi et tous les autres jours de la semaine, 7 h. p.m. (19.00 h.): Messe. Confession 2 h. p.m. (14.00 h.) et à 8 h. p.m. (20 h.): Conférences. Adoration jour et nuit

Samedi, le 29 mars: 7 h. p.m. (19 h.): Déposition du Saint Sacrement

Couchers gratuits. Pour les repas, chacun apporte ses provisions.

Dimanche, 30 mars, Fête de la Miséricorde: Assemblée du mois. Ouverture à 10 heures: Chapelet, Conférences. Midi: dîner - 2 à 4.30 h. conférences 5 h. p.m. (17 heures): Sainte Messe. De 3.30 à 4.30 h. (15.30 h. à 16.30 h.): Confession

Pour permettre à chacun de pouvoir bien se recueillir, nous vous prions d’être vêtus mo- destement. La chair doit disparaître pour laisser place à l’esprit et penser à Jésus.

Edmond Vigneault, Plessisville, décédéM. Edmond Vigneault, de Plessisville, est

décédé le 22 janvier à l’âge de 94 ans.

Un pionnier du Crédit Social à Plessisville. Il était sincère et dévoué. Il a pris le temps d’étu-dier le Crédit Social, il l’avait bien compris. Et il a passé sa vie à essayer de le faire compren-dre aux autres. Comme pour Louis Even, ce fut une lumière sur son chemin. Il faisait le porte en porte pour abonner ses concitoyens à Vers Demain. Il voyait à les réabonner aussi. Il or-ganisait les assemblées des directeurs et des Plein-Temps à Plessisville. Il couvrait sa ville et les alentours de circulaires de Vers Demain. Il n’avait pas honte de ses convictions. Il portait son béret blanc avec fierté. Il recevait aussi les Pèlerins à sa table et les hébergeait pour la nuit. Il aimait aider l’oeuvre financièrement. Sa soeur Jeannette est une bonne Pèlerine de saint Mi-chel. En union avec tous les membres de la famille, si sympathiques, nous prions pour le repos de l’âme de ce dévoué Pèlerin.

Thérèse Tardif

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Persécutions contre l’ÉgliseLes journaux nous ont annoncé récemment

que le comédien André Montmorency avait renié sa foi publiquement en la religion catholique, pour s’opposer aux déclarations du Cardinal Marc Ouellet. Le Primat de l’Église canadien-ne demande au peuple canadien-français de se convertir, de retourner à la pratique religieuse, de retrouver la foi de leurs ancêtres, de repren-dre le chemin de l’Église. Le Cardinal Ouellet réclame l’enseignement catholique dans les éco-les. André Montmorency milite pour le laïcisme. Il se range du côté des destructeurs de la foi ca-tholique. Il voudrait que le Cardinal applaudis-se les sans-Dieu. Peu de jours après avoir apos-tasié, Montmorency déclara qu’il a été agressé par un ecclésiastique dans les années ‘50. Et le supposé religieux concerné est décédé. Il n’est pas là pour se défendre.

Pourquoi toutes ces accusations non fon-dées, sans témoins contre des religieux ? C’est une campagne de dénigrement contre l’Église orchestrée par la franc-maçonnerie, par les ennemis du christianisme. Ce sont de grandes persécutions qui s’élèvent contre l’Église. Tout l’enfer se déchaîne pour détruire la foi catholi-que. Le Cardinal Ouellet veut élever une digue contre ce déferlement infernal. C’est l’Église qui est attaquée. Les journaux quotidiens, les média d’information mettent à l’honneur les déclara-tions des laïcistes tels qu’André Montmorency pour amoindrir l’infl uence du Cardinal.

Restons unis à l’Église catholique romaine dirigée actuellement par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, successeur de saint Pierre. Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, n’a fondé qu’une Église, «une, sainte, catholique et aposto-lique». Il a dit: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise». Nous devons notre fi délité au Saint-Père qui est le Vicaire du Christ sur la terre, son représentant. Nous publions une pré-dication du Révérend Père Mateo Crawley-Boe-vey qui a été un grand apôtre de l’intronisation du Sacré-Cœur dans les familles. Il a vécu de 1875 à 1960. Le titre de son exhortation s’inti-tule: «La dévotion au Pape, le premier ministre du Roi d’Amour». Nous tirons ce des extraits de ce sermon du livre «Jésus, Roi d’Amour», imprimé en 1928, contenant un recueil des prédications du Père Matéo de la Congréga-tion des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie. Y.P.

Le Pape, don du Cœur de JésusImmédiatement après Marie, la Reine du

Bel Amour, laissez-moi vous parler du Pontife de Rome, qui est le porte-voix sensible et le vi-sage même de Jésus-Christ dans son Eglise.

Le Pape est un véritable don, et l’un des plus riches, de l’amour miséricordieux du Cœur de Jésus. Remarquez que ce fut après la triple pro-fession d’amour de saint Pierre, que le Maître le déclare son auguste Représentant, dépositaire de son pouvoir pour le gouvernement du monde des âmes, investi d’une pleine autorité aussi bien sur les rois que sur les sujets. Sa dignité est au-dessus de toute grandeur humaine. Le Vatican est une cime, le Sinaï de la nouvelle loi, perpétuellement couvert de la majesté de Celui qui dicte au Moïse qu’est le Pontife, ses volontés souveraines.

Apôtres du Règne Social, amis et sujets du grand Roi Jésus, veuillez écouter avec docilité ce que je tiens à vous dire sur la dévotion au Pape, dévotion pas assez répandue et de tout premier ordre, dévotion éminemment catholi-que.

Après le Roi de gloire, son auguste Vi-

Le Pape, Premier Ministre du Roi d’Amour, Vicaire du Christ On lui doit un amour immense, tendre, dévoué et filial

caire, aimés tous deux, j’oserai presque dire du même amour, vénérés tous d’une même vénération, obéis tous deux d’un même geste d’obéissance incondition-nelle et parfaite. Ceci, non pas certes, que nous confondions le Christ-Dieu et son Représentant sur terre, mais parce que l’honneur rendu au Pontife de Rome se confond toujours avec celui rendu au Roi Jésus Lui-même. Car si le Seigneur a dit: «Qui vous écoute, M’écoute — qui vous méprise, Me méprise» ( Luc X, 16), on pourrait certainement ajouter: «Qui vous honore et vous aime, M’honore et M’aime Moi-même.»

Il est impossible d’exagérer sur ce point, le Pape étant, de droit divin, notre Jésus visible, par une affi rmation catégorique de l’Évangile.

Obéissance inébranlable au PapeOn doit (au Vicaire du Christ) le plus grand,

le plus profond des respects, le plus élevé des honneurs comme hommage de l’esprit. Et en-suite, on lui doit un amour immense, dévoué, tendre, fi lial, hommage de notre volonté, et qui doit nous porter, comme disait O’Connell, le héros irlandais, jusqu’au martyre, jusqu’au témoignage du sang, si c’était nécessaire, pour sceller notre soumission parfaite, notre obéis-sance inébranlable et notre attachement au Pape, au-delà de tout intérêt, quel qu’il soit. Tout amour, même noble, peut devenir facile-ment une idolâtrie coupable; jamais l’amour pour le Pape.

Heureux, mille fois heureux, vous tous, chers apôtres, dont la foi éclairée vous mon-tre, en tout et toujours, le Roi Jésus derrière la blanche nuée qu’est le Pape; heureux vous qui confondez ou presque ce que le Seigneur semble avoir confondu et fusionné ici-bas, Lui-même et le Pape, soit dans l’octroi de sa puissance: «Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le Ciel» (Matth. XVI, 19), soit dans sa demande formelle de soumission parfaite au Pasteur éta-bli sur son Eglise: «Pais mes agneaux, pais mes brebis (Jean, XXI, 15-17)».

Heureuses les familles foncièrement catho-liques, qui comprennent que, s’il a promis de payer d’un ciel ce qu’on ferait pour un enfant (Matth., XVIII, 5) et s’Il a maudit le scandale donné à un petit (Matth., XVIII, 6), il est évi-dent que, bien au-dessus de cet enfant qui Le représente, Il place son Vicaire, et Il bénira d’une merveilleuse bénédiction les familles qui combleront d’honneur son Vicaire, celles qui le serviront, le consoleront, et lui obéiront. Par contre, personne n’attirera plus sûrement la malédiction d’en-Haut que celui dont la pensée, la langue ou le cœur aura osé toucher sacrilège-ment ... le Pape.

Le seul juge du Souverain Pontife

Le Roi des rois, là-HautEt tout ceci n’est que du pur catholi-

cisme très élémentaire, doctrine offi cielle-ment défi nie; une montagne, celle du Va-tican, nous sépare des luthériens, des an-glicans et des Russes schismatiques. Car la pierre de touche a toujours été Pierre ! Son autorité plane, hors et au-dessus de toute contestation, hors et au-dessus de tout contrôle humain. Ah ! c’est bien donc le Pape qui peut s’appliquer, dans un sens absolu et s’adressant à toutes les autorités établies, à tous les tribunaux et partis de la terre, ce mot catégorique de saint Paul: «Qui judicat me, Dominus est [Mon Juge, c’est le Seigneur] ( 1 Cor., IV, 4). Oui, le seul Juge du Souverain Pontife, le seul tribunal devant lequel il est appelable et

responsable, le seul, c’est celui du Roi des rois, là-Haut. En attendant, ici-bas, ses commandements ont le caractère de «su-prématie» pour tous les vrais catholiques. Voilà le pourquoi de l’axiome: «Rome a parlé, la question est tranchée, sans ap-pel». Ceci restera éternellement vrai, mal-gré Luther, ses suppôts et ses alliés.

Chers et zélés apôtres, dites tout ceci, ensei-gnez-le autour de vous; … dites, surtout, que ses ordres formels sont des lois inviolables, qu’on ne peut discuter et auxquelles, moins en-core, on ne peut désobéir sans péché grave. Et ceci, vous le savez comme moi, est un principe fondamental de notre foi et de notre discipline religieuse. Toute autre attitude n’est que l’es-prit et le critérium nettement protestants, celui aussi des «vieux catholiques».

Oh ! faites donc aimer le Pape, partout où le Coeur de Jésus a été intronisé comme Roi d’une famille chrétienne. Mais, si je dis: aimer, j’en-tends par ce mot sublime tout ce que saint Pie X entendait lui-même par cet amour du Pontife Romain, quand il écrivait:

«Quand on aime le Pape, on ne discute pas sur ce qu’il ordonne et exige, ni jus-qu’où doit aller l’obéissance, ni en quel-les choses on doit obéir, quand on aime le Pape, on ne dit pas qu’il n’a pas parlé as-sez clairement, comme s’il était obligé de redire à l’oreille de chacun la vérité qu’il a tant de fois clairement exprimée, non seu-lement de vive voix, mais par des lettres et d’autres documents publics; on ne met pas en doute ses ordres, sous le prétexte, fami-lier à ceux qui ne veulent pas obéir, que ce n’est pas le Pape qui commande, mais son entourage; on ne limite pas le terrain sur lequel il peut et il doit exercer son auto-rité; on ne préfère pas à l’autorité du Pape celle d’autres personnes, si doctes soient-elles, qui ne pensent pas comme le Pape, car ces personnes, si elles sont doctes, ne sont pas saintes.»

Voilà les propres paroles de l’immortel Pon-tife de l’Eucharistie, saint Pie X.

Aimez (le Pape) d’une grande affection de reconnaissance surnaturelle, aimez-le d’une soumission pleine, intégrale, à toute épreuve.

R. P. Mateo Crawley-Boevey

Si vous abonnez à Vers Demain un de vos amis, de vos parents, c’est pour lui rendre ser-vice, pas vrai ? C’est parce que vous les aimez bien, vos amis, que vous voulez qu’ils lisent Vers Demain. Alors, il faut les abonner tous, tout de suite. Il faut abonner vos parents. Tous ceux que vous allez rencontrer, vous les abonnerez, dites ? Quel bienfait pour eux et pour leur famille !

Benoît XVI, Vicaire du Christ

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Page 13Janvier-Février 2008 Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

Mme Colleen Hammond, mère de famille au foyer, qui demeure au Texas, a rédigé un livre «Dressing with Dignity» (Se vêtir avec dignité). La première édition du livre «Dressing with Dignity» a été publiée en 2004 et une deuxième édition en 2005. Vous pouvez vous procurer ce précieux livre, très documenté, en anglais, à l’adresse suivante: TAN BOOKS AND PU-BLISHERS, INC., P.O. Box 424, Rockford, Illi-nois 61105, Etats-Unis. Téléphone : 1-800-437-5876, Fax : 815-226-7770.

Nous avons publié une traduction en fran-çais des extraits de ce livre dans le journal Vers Demain de mars-avril 2007. Nous publions ici d’autres extraits de ce livre, traduits en français par Vers Demain :

par Colleen Hammond

Souvent j’entends dire que les normes so-ciales dictent les modes. (Exemple: les femmes «topless» en Afrique, ou encore les jeans ser-rés et courts en Occident, etc.) Ainsi, on donne comme argument: ‘S’il est normal pour les fem-mes de se promener torse nue dans les régions sauvages d’Afrique, alors se vêtir ainsi est par-faitement modeste à la grandeur de l’Afrique’. Utilisant le même argument, des gens diront: ‘Si les jeans serrés et courts sont utilisés par les femmes et les adolescentes de l’Occident, alors elles sont parfaitement modestes en Occident’.

Le 8 novembre 1957, le Pape Pie XII s’était adressé à un congrès de «L’Union latine de la Haute Mode» et il parla de cette question de la mode:

“Mais si vaste et mouvante que puisse être la relativité morale de la mode, il y a toujours un absolu à sauver, après avoir écouté l’avertissement de la conscience qui constate le danger, la mode ne doit jamais fournir une occasion prochaine de péché.

“On a souvent l’habitude de dire avec une sorte de résignation inerte, que la mode exprime les mœurs d’un peuple; mais il serait plus exacte et utile de dire qu’elle exprime la volonté et l’orientation morale qu’entend prendre une nation, à savoir, faire naufrage dans le dérègle-ment ou bien se maintenir au niveau où l’ont élevée la religion et la civilisation.» — Pie XII

Provocation au péché

… La norme absolue qui nous est signalée par le Pape est celle-ci: si une mode est une provocation au péché pour les autres, c’est un péché pour nous de s’habiller de cette manière. …Les personnes, les endroits ou les choses qui nous portent au péché sont des occasions pro-chaines de péché. Une personne en conscience doit éviter les occasions de péché.

Porter un vêtement immodeste qui peut sus-citer chez les autres des pensées ou des désirs contre la pureté, c’est placer ces gens-là dans une occasion prochaine de péché. Porter ce vê-tement indécent en sachant qu’il incite au mal, est un péché [soit mortel ou péché véniel selon le degré d’immodestie et selon les autres cir-constances comme l’indique le Père Heribert Jone, O.F.M. Cap., J.C.D., dans «Moral Theo-logy», 1961]. Notez aussi: Porter un vêtement immodeste ou poser un acte indécent avec l’in-tention de susciter des pensées contre la pureté chez une autre personne est un péché mortel. Cf. Rév. Lawrence G. Lovasik, S.D.V., Clean Love in Courtship, TAN, rpt. 1974, pp. 10, 12, 28, etc].

Ainsi, par exemple, est-ce que les jeans ser-rés et courts, portés par des femmes et des ado-lescentes, cet accoutrement mâle, suscitent des pensées et des désirs impurs ? …

Plusieurs hommes (jeunes ou âgés) m’ont écrit pour me dire que la réponse est «Oui» ! J’ai parlé récemment de ce sujet avec un homme de 82 ans, au Michigan. Il m’a dit qu’il trouvait cela particulièrement diffi cile à la Messe, parce que plusieurs jeunes fi lles et leurs mères, pla-cées dans les bancs en avant de lui, le font souf-frir par leur habillement, spécialement quand elles portent des pantalons. Il me fi t remarquer que ce genre de tentation n’est pas une ques-tion d’âge pour un homme.

Encyclique sur la Sainte Virginité

Dans son encyclique «Sacra Virginitas» sur la sainte virginité, datée du 25 mars 1954, le Pape Pie XII nous réfère aux paroles sévères de Notre-Seigneur:

«Moi, je vous dis: quiconque regarde une femme avec convoitise est déjà adul-tère dans son cœur. Si donc ton œil droit est pour toi une occasion de scandale, ar-rache-le et jette-le loin de toi; mieux vaut pour toi qu’un de tes membres périsse plutôt que ton corps entier soit jeté dans la géhenne. Et si ta main droite est pour toi une occasion de scandale, coupe-la et jette-la loin de toi; mieux vaut pour toi qu’un de tes membres périsse, plutôt que ton corps entier soit jeté dans la géhenne. (Matt. 5, 28 à 30)».

Ensuite le Pape Pie XII affi rme: «Notre Rédempteur exige avant tout que nous ne consentions jamais au péché, même en pensée et que … nous retranchions en nous tout ce qui pourrait ternir même lé-gèrement cette vertu. Sur ce point, nul ex-cès de vigilance ni de sévérité ne peut être considéré exagéré».

Oh ! Le Saint-Père va jusqu’à dire que la méthode classique de combattre les ten-tations d’impureté, «les attraits du péché et les séductions des passions» est de les «fuir de toutes nos forces», plutôt que leur «résister de front». En outre, il dit que cet-te lutte implique une vigilance constante: «Cette vigilance, s’étendant à tout mo-ment et en toute circonstance de notre vie, nous est indispensable”. Le troisième ingrédient classique catholique pour la pureté est la grâce que nous pouvons re-cevoir par «la prière, les sacrements de Pénitence et de l’Eucharistie, une ardente piété à l’égard de la Très Sainte Vierge».

Dans notre société décadente et corrompue, nous avons perdu le sens de la décence et de l’indécence…

Protéger l’innocence des enfants

Le 26 octobre 1941, dans une allocution, le Pape Pie XII a dit aux mères chrétiennes (ca-tholiques) qu’elles doivent «garder intact l’ins-tinct naturel de modestie» que Dieu a donné à leurs fi ls et fi lles pour les protéger contre l’im-pureté. Il dit que les mères doivent aider leurs enfants à passer leur adolescence ... sans per-dre leur innocence.

Le Saint-Père demande aux mères de ne pas laisser leurs enfants perdre le sens de la modestie par l’indécence dans l’habillement… Comme parents, vous avez une énorme respon-sabilité à cet égard. Le 22 mai 1941, dans une Allocution aux fi lles de l’Action catholique, le Pape Pie XII donnait cet avertissement:

«O mères chrétiennes, si vous saviez quel avenir d’angoisses et de périls inté-

rieurs de doutes mal réprimés, de hontes mal contenues, vous préparez à vos fi ls et à vos fi lles, en les accoutumant imprudem-ment à vivre à peine couvert, (et si vous saviez) quel tort vous causez à ces enfants que le ciel vous a confi és pour les élever chrétiennement en leur faisant perdre le sens délicat de la modestie, vous rougiriez de vous-mêmes.»

Initiation de l’enfance à la modestie

… Nous devrions nous efforcer de vêtir mo-destement nos enfants dès le début de leur vie. Le 1er mai 1956, l’Archevêque Meyer, de Milwaukee, déclarait:

«Il faut inculquer l’amour de la modes-tie aux garçons et fi lles et aussi aux bam-bins et les corriger aussi de l’immodestie. Même s’ils sont trop jeunes pour pécher, ils peuvent et doivent être impressionnés par la beauté de la modestie. L’entraîne-ment à la modestie est avant tout, le de-voir du foyer et doit commencer dès la plus tendre enfance.»

Ces paroles semblent nous indiquer un pro-gramme d’action. Comme parents catholiques, nous avons une ligne de conduite qui nous est tracée. Ce n’est vraiment pas diffi cile de trou-ver des vêtements beaux, féminins et modes-tes pour nos fi llettes… C’est important que nos fi lles apprennent à respecter et à traiter leur corps d’une manière pure et distinguée…

Saint Benoît parle de l’effet du langage de notre corps sur notre âme. Il trouvait que quand quelqu’un s’agenouille, s’incline, ou s’as-soie droit, son âme est portée à être plus re-cueillie.

Nous pouvons établir une comparaison avec la question de la modestie chez les dames. Plus nous pratiquons la modestie chrétienne, plus cette vertu s’imprègne dans notre nature…

Colleen Hammond

Les mères doivent protéger l’innocence de leurs enfantsEn les initiant dès l’âge la plus tendre à la modestie

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Page 14 Janvier-Février 2008Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

En 1957, des assoiffés du pou-voir, soutenus par la Haute Finance, avaient fondé, au fédéral, un parti po-litique étiqueté Cré-dit Social, nuisant ainsi à la vraie phi-losophie du Crédit Social, en semant la confusion dans les esprits. Dans le texte suivant, tiré de la brochure de Louis Even «Qu’est-ce que le vrai Crédit

Social ? Au-dessus des partis politiques», l’auteur prouve que c’est une illusion de compter sur un parti politique pour arriver au Crédit Social:

Compter sur un parti, une illusion L’application du Crédit Social instaurerait une

démocratie authentique. Démocratie économi-que, en rendant chaque consommateur capable de commander à la production du pays les biens de vie nécessaires à ses besoins. Démocratie po-litique, en autant que le peuple pourrait signifier à ses représentants élus, à ses gouvernements, ce qu’il attend d’eux et en exiger des résultats. (Demos, peuple; kratein, régner. — Démocratie: souveraineté du peuple.)

Tout créditiste tant soit peu renseigné sait bien qu’aujourd’hui, le pouvoir suprême n’est exercé ni par le peuple, ni par ses gouvernants, mais par une coterie financière. Des hommes d’Etat, comme Gladstone, Wilson, et bien d’autres, l’ont déclaré explicitement. Mackenzie King promettait, en 1935, la plus grande bataille de tous les temps «entre les puissances financières et le peuple.» Bataille qu’il n’a pas engagée, sans doute parce qu’il jugeait les puissances financières trop fortes et le peuple trop faible.

L’union fait la forceFaible, le peuple l’est, en effet; et il peut bien

l’être quand, premièrement, il ignore à peu près tout de la chose publique et de ce qui se passe dans les coulisses; faible, deuxièmement, quand, au lieu de l’instruire de ces choses, ceux qui s’agi-tent devant lui le divisent en factions politiques adversaires les unes des autres. Ce n’est pas une faction de plus qui créera l’union, l’union qui fe-rait sa force, alors que la division accentue sa fai-blesse.

C’est un homme de génie, Clifford Hugh Douglas, qui a découvert la grande vérité qu’est le Crédit Social; lui qui a fondé l’école créditiste. Il connaissait certaine-ment mieux ce que le Crédit Social signifie, en fait de démocratie, que ces petits hom-mes de chez nous qui voudraient faire du Crédit Social le fanion de leur course au pou-voir, ou au moins une estrade pour leurs trémoussements à la recher-che d’un siège de député.

Or, Douglas déclarait, dans une conférence à Newcastle-upon-Tyne, le 19 mars 1937, qu’il exis-te en Angleterre deux principaux obstacles à une démocratie authentique, et le premier de ces obs-tacles, c’est le système de partis.

Il en est de même au Canada, et la solution ne consiste pas à nourrir le système de partis, mais

à l’affaiblir. Rendre les partis existants inoffensifs, non pas en faisant une autre coupure dans le peu-ple, mais au contraire en unissant les citoyens, tous les citoyens, sans distinction de partis, pour exprimer leur volonté commune à leurs élus, quels que soient ces élus et leur couleur politique. Mettre l’accent sur ce qui se fait entre les élec-tions, quand se tisse le sort des citoyens, plus que lors des élections quand se joue le sort des poli-ticiens.

Unir les citoyens. Pour cela, commencer par les faire prendre conscience qu’ils veulent tous les mêmes choses fondamentales; puis les convain-cre qu’en insistant de concert pour obtenir ce que tous veulent ainsi, ils l’obtiendraient infaillible-ment.

La souveraineté du peuple C’est encore le Major Douglas qui, en une

autre occasion, à Liverpool, le 30 octobre 1936, disait:

«La souveraineté du peuple, c’est-à-dire son aptitude effective à donner des ordres, croîtrait avec son unanimité; et si tout le peuple deman-dait le même résultat, il n’y aurait aucune possi-bilité de partis, et il serait également impossible de résister à sa demande.»

Voilà bien, il nous semble, une ligne de condui-te toute tracée. Ligne de conduite parfaitement en accord avec le bon sens même.

Vous ne pourrez jamais mettre tout le monde d’accord autour d’une boîte électorale. Mais vous pouvez mettre passablement tout le monde d’ac-cord sur les résultats à réclamer de la politique, si vous avez soin de les présenter dans l’ordre de leur universalité et de leur urgence: la sécurité économique, une suffisance de biens aujourd’hui et garantie pour demain, la liberté de chacun à choisir son occupation et son mode de vie. Tout le monde veut ces choses-là; et, comme le remar-que Douglas, même ceux qui ne s’en soucient pas pour les autres les veulent pour eux-mêmes.

Pourquoi donc centraliser l’attention et tour-ner les activités vers la boîte électorale, vers la chose qui désunit, au lieu de s’appliquer à unir effectivement tout le monde autour de demandes sur lesquelles tout le monde peut être d’accord ?

Nécessité d’un peuple éclairé Jamais une réforme importante n’a été obte-

nue par la formation d’un nouveau parti politique. La plupart du temps, le parti établi en vue d’une réforme majeure meurt faute de succès électoral; et si, par hasard, il arrive au pouvoir, il trouve assez d’obstacles, devant lesquels il finit par s’immobili-ser et n’avoir plus d’autre objectif que de rester au pouvoir sans rien faire de plus que les partis tradi-tionnels. Pour vaincre les obstacles, il lui manquait une force: celle d’un peuple suffisamment éclairé et suffisamment formé, politiquement.

D’ailleurs, une réforme ne peut pas naître d’une élection. Elle provient, de façon naturelle et démocratique, de la maturation d’une idée -force bien cultivée; de son acceptation, de sa demande par un nombre suffisant d’esprits pour créer une volonté générale, exprimée sans être liée aux alé-as de résultats électoraux.

Le Crédit Social entrera dans la législation du pays quand il sera devenu l’objet d’une demande générale, tellement affirmée que tous les partis politiques l’accueilleront dans leur programme. Le séquestrer dans un parti politique, c’est lier son sort au sort électoral de ce parti. Et ça peut signi-fier recul au lieu d’avance.

Une idée nouvelle se diffuse par la propagan-de, elle s’enracine par l’étude. Plus elle est neuve et de vaste portée, plus son expansion et son im-

plantation demandent d’efforts, de temps aussi ordinairement, de ténacité toujours. La cause qui la porte a bien plus besoin d’apôtres que de dé-putés.

Les promoteurs de partis nouveaux jugent sans doute que l’éducation politique du peuple prendrait trop de temps, si toutefois ils se sont ar-rêtés à cette pensée. Un bon vote leur paraît une méthode plus normale et surtout plus rapide. Ré-sultat: des pierres tombales, que ne visitent même plus ceux qui patronnaient ces partis défunts. Nombre de ces messieurs se sont gentiment ca-sés depuis sous les ailes de partis traditionnels qu’ils avaient pourtant élo quemment dénoncés.

Monter la force du peuple, pour que son poids sur les gouvernements dépasse la force des puis-sances financières. Ce n’est pas dans un parlement que l’on monte la force du peuple. C’est là où le peuple est — en dehors des parlements. Et c’est là la place d’un véritable mouvement créditiste.

Douglas et l’électoralismeLe Social Credit Secretariat, organisme fondé

par le major Douglas lui-même, vient de rééditer une conférence donnée par le fondateur du Cré-dit Social, le 7 mars 1936. Ce jour-là, Douglas ne parlait pas à un public quelconque, mais à des créditistes.

Dans cette conférence, Douglas recommande la politique de pression et condamne vigoureuse-ment la méthode de parti politique, surtout celle d’un parti «du Crédit Social». Il condamne cette méthode, non seulement parce qu’elle est d’avan-ce vouée à l’échec, mais parce que c’est lier la belle chose qu’est le Crédit Social à une politique de boîte électorale. Douglas va jusqu’à dire:

«Si vous élisez un parti du Crédit Social, en supposant que vous en soyez capables, je puis vous dire que je considérerais l’élection d’un parti créditiste au pouvoir en ce pays comme une des plus grandes catastrophes qui puisse arriver.»

La fonction propre d’un député, expliquait Douglas, c’est de recevoir et transmettre au gou-vernement l’expression de la volonté légitime de ses électeurs. La fonction propre d’un gouverne-ment, c’est d’accueillir cette demande et de don-ner aux experts l’ordre d’y faire suite (aux experts, donc aux financiers pour la finance). Non pas dire à ces experts comment s’y prendre, mais leur dé-signer le résultat à obtenir et exiger ce résultat.

Le rôle du peuple Et le rôle du peuple, lui, c’est de prendre

conscience des objectifs qu’il veut communément et d’exprimer cette volonté à ses représentants. C’est là que ça doit commencer, de là que ça doit partir, chez les électeurs. Donc, au lieu de placer l’importance sur l’élu, la placer sur les électeurs.

Selon les mots de Douglas: «Si vous admet-tez que le but, en envoyant des représentants au parlement, est d’obtenir ce que vous voulez, pourquoi élire une catégorie spéciale d’hommes, un parti spécial plutôt qu’un autre ? Les hommes qui sont là sont capables de passer vos comman-des — c’est là leur rôle. Ce n’est pas leur rôle de dire comment cela sera obtenu. Le comment doit être laissé aux experts.»

C’est le quoi qui doit être signifié aux experts, et ce quoi doit procéder d’abord des citoyens eux-mêmes.

L’électoralisme a perverti le sens de la dé-mocratie. Les partis politiques ne sont bons qu’à diviser le peuple, affaiblir sa force et le conduire à des déceptions. Y ajouter un parti nouveau ne peut qu’ajouter une autre déception sous un autre nom. Déception encore plus funeste si l’aventure traîne avec elle le vocable d’une cause excellente comme celle du Crédit Social.

(suite en page 15)

LEÇON 8 — Le Crédit Social n’est pas un parti politique

Le Crédit Social est une finance saine et efficace

Clifford Hugh Douglas

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Page 15Janvier-Février 2008 Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

Le texte suivant est tiré de la brochure de Louis Even «Une finance saine et efficace»:

A la racine du malPourquoi critiquer et dénoncer le système fi-

nancier actuel ?

Parce qu’il n’accomplit pas sa fin.

Quelle est la fin d’un système financier ?

La fin d’un système financier, c’est de financer.

Financer la pro-duction des biens qui répondent aux besoins; et finan-cer la distribution de ces biens pour qu’ils atteignent les besoins.

Si le système financier fait cela, il accomplit son rôle. S’il ne le fait pas, il n’accomplit pas son rôle. S’il fait autre chose, il sort de son rôle.

Pourquoi dites-vous que le système financier actuel n’accomplit pas son rôle ?

Parce qu’il y a des biens — biens publics et biens privés — qui sont demandés par la popula-tion, qui sont parfaitement réalisables physique-ment, mais qui restent dans le néant parce que le système financier ne finance pas leur production.

D’autre part, il y a là des biens offerts à une population qui en a besoin, mais que des per-sonnes ou des familles ne peuvent se procurer, parce que le système financier ne finance pas la consommation. Ces faits sont indéniables.

Avec quoi finance-t-on la production ou la consommation ?

Avec des moyens de paiement. Ces moyens de paiement peuvent être de l’argent métallique, du papier-monnaie légal, ou des chèques tirés sur des comptes de banque.

Tous ces moyens de paiement peuvent être inclus sous le terme de «crédit financier», parce que tout le monde les accepte avec confiance. Le mot crédit implique la confiance. On accepte avec la même confiance 4 pièces de 25 sous en argent, ou un billet de la Banque du Canada d’un dollar, ou un chèque d’un dollar sur n’importe quelle banque où le signataire du chèque a un comp-te de banque. On sait, en effet, qu’avec l’un ou l’autre de ces trois moyens de paiement, on peut payer du travail ou des matériaux pour la valeur d’un dollar si l’on est producteur, ou des biens consommables pour la valeur d’un dollar si l’on est consommateur.

D’où ce «crédit financier», ces moyens de paiement tirent-ils leur valeur ?

Le crédit financier tire sa valeur du «crédit réel». C’est-à-dire de la capacité de production du pays. Le dollar, de n’importe quelle forme, n’a de valeur que parce que la production du pays peut fournir des produits pour y répondre. On peut bien appeler cette capacité de produire «crédit réel», parce que c’est un facteur réel de confiance. C’est le crédit réel d’un pays, sa capacité de production, qui fait qu’on a confiance de pouvoir vivre dans ce pays.

A qui appartient ce «crédit réel» ? C’est un bien de la société. Sans doute que

des capacités individuelles et des capacités de groupes de toutes sortes y contribuent. Mais sans l’existence de richesses naturelles, qui sont un don de la Providence et non pas le résultat d’une compétence individuelle, sans l’existence d’une société organisée qui permet la division du travail, sans des services publics comme les écoles, les routes, les moyens de transport, etc., la capacité globale de production serait beaucoup plus faible, très faible même.

C’est pourquoi l’on parle de production na-tionale, d’économie nationale, ce qui ne veut nul-lement dire production étatisée. C’est dans cette capacité globale de production que le citoyen, que chaque citoyen doit pouvoir trouver une base de confiance pour la satisfaction de ses besoins matériels. Pie XII disait dans son message de Pen-tecôte 1941:

«L’économie nationale, fruit d’activités d’hommes qui travaillent unis dans la commu-nauté nationale, ne tend pas à autre chose qu’à assurer sans interruption les conditions maté-rielles dans lesquelles pourra se développer plei-nement la vie individuelle des citoyens.»

A qui appartient le «crédit fi nancier»? A sa source, le crédit financier appartient à la

collectivité, au même titre que le crédit réel d’où il tire sa valeur. C’est un bien communautaire dont doivent bénéficier, d’une manière ou de l’autre, tous les membres de la communauté.

Comme le «crédit réel», le crédit financier est par sa nature même un crédit social.

L’utilisation de ce bien communautaire ne doit pas être soumise à des conditions qui entravent la capacité de production, ni qui détournent la pro-duction de sa fin propre qui est de servir les be-soins humains: besoins d’ordre privé et besoins d’ordre public, dans l’ordre de leur urgence. Sa-tisfaction des besoins essentiels de tous, avant les demandes de luxe de quelques-uns; avant aussi le faste et les projets pharaoniques d’administra-teurs publics avides de renommée.

Est-il possible d’obtenir de l’économie géné-rale le respect de cette hiérarchie des besoins, sans une dictature qui planifie tout et qui impose les programmes de production et gère la réparti-tion des produits ?

Certainement, c’est possible, moyennant un système financier qui garantisse à chaque indi-vidu une part du crédit financier communautaire. Une part suffisante pour que l’individu puisse commander lui-même à la production du pays de quoi satisfaire au moins ses besoins essentiels.

Un tel système financier ne dicterait rien. La production prendrait ses programmes des com-mandes venant des consommateurs, pour ce qui est des biens d’ordre privé; et elle les prendrait des commandes venant des corps publics, pour ce qui est des biens d’ordre public. Le système financier servirait ainsi, d’une part, à exprimer les volontés des consommateurs; d’autre part, il se-rait au service des producteurs pour mobiliser la capacité de production du pays dans le sens des demandes ainsi exprimées.

Pour cela, évidemment, il faut un système fi-nancier qui se plie au réel, et non pas qui le vio-lente. Un système financier qui reflète les faits, et non pas qui les contredise. Un système financier qui distribue, et non pas qui rationne. Un système financier qui serve l’homme, et non pas qui l’avi-lisse.

Un tel système financier est-il concevable ? Oui. Les grandes lignes en ont été tracées par

C. H. Douglas, le maître génie qui a présenté au monde ce qu’on appelle le Crédit Social (à ne pas confondre avec les prostitutions de partis politi-ques qui se parent de ce nom).

Douglas a résumé en trois propositions les principes de base d’un système qui répondrait à ces fins et qui, par ailleurs, serait assez souple pour suivre l’économie dans tous ses développe-ments, jusqu’à n’importe quel degré de mécanisa-tion, de motorisation ou d’automatisation.

Les trois propositions de Clifford Hugh Douglas

Quelles sont ces trois propositions de Dou-glas ?

Douglas a énoncé publiquement ces trois pro-positions en trois circonstances: à Swanwick, en 1924; devant le Comité MacMillan, en mai 1930; dans une conférence prononcée à la salle Caxton, de Londres, en octobre 1930. Et il les a reprodui-tes dans des écrits de lui, entre autres dans The Monopoly of Credit.

La première de ces propositions a trait à la finance de la consommation, par un ajustement entre le pouvoir d’achat et les prix:

Les moyens d’achat (cash credits) en-tre les mains de la population d’un pays doivent, en tout temps, être collective-ment égaux aux prix collectifs à payer (collective cash prices) pour les biens consommables mis en vente dans ce pays; et ces moyens d’achat (cash cre-dits) doivent être annulés lors de l’achat des biens de consommation.

Douglas n’a rien changé dans les termes de cette proposition: ils étaient les mêmes en 1930 qu’en 1924. Dans cette proposition, pour mention-ner les moyens de paiement, numéraire ou argent scriptural, entre les mains des consommateurs, Douglas emploie le terme «cash credits», tandis que, lorsqu’il parle de finance de la production, il dit simplement «credits».

La différence entre les deux, c’est que l’argent entre les mains des consommateurs est à eux: c’est pour eux du pouvoir d’achat, qu’ils emploient que selon leur volonté en obtenant des produits de leur choix. Tandis que les crédits à la produc-tion sont des avances que le producteur doit rem-bourser lorsqu’il aura vendu ses produits.

Quel est le but de cette première proposition énoncée par Douglas ?

Cette proposition a pour but de réaliser ce qu’on peut appeler le pouvoir d’achat parfait, en établissant l’équilibre entre les prix à payer par les acheteurs et l’argent entre les mains des ache-teurs.

Le Crédit Social fait une différence entre le prix de revient comptable (cost price) et le prix à payer par l’acheteur (cash price). L’acheteur n’aurait pas à payer le prix de revient intégral, mais seulement ce prix amené à un niveau correspondant aux moyens d’achat entre les mains de la population.

Le prix comptable doit toujours être récupéré par le producteur, s’il veut rester en affaires. Mais le prix à payer doit être au niveau des moyens d’achat entre les mains des consommateurs, si l’on veut que la production atteigne sa fin, qui est la consommation.

Comment cette double condition peut-elle être réalisable ?

Par un mécanisme d’ajustement des prix. Un ajustement, et non pas une fixation des prix: l’éta-blissement des prix de revient est affaire des pro-ducteurs eux-mêmes, ce sont eux qui savent ce que la production leur coûte de dépenses.

L’ajustement proposé comporterait un coeffi-cient qui s’appliquerait à tous les prix au détail. Ce coefficient serait calculé périodiquement (tous les trois ou six mois, par exemple), d’après le rapport entre la consommation totale et la production to-tale pendant le terme écoulé.

Si, par exemple, dans le terme écoulé, la pro-duction de toute sorte dans le pays s’est totalisée à 40 milliards de dollars, et si la consommation de toute sorte s’est totalisée à 30 milliards, on en conclut que, quels que soient les prix comptables de revient, c’est en réalité 30 milliards qu’a coûté au pays la production des 40 milliards. C’est donc 30 milliards qui est le véritable coût de la produc-tion totale de 40 milliards. Et si les producteurs

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LEÇON 8 — Le Crédit Social n’est pas un parti politique

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doivent récupérer 40 milliards, les consomma-teurs, eux, ne doivent payer que 30 milliards. Les 10 milliards manquant doivent être fournis aux producteurs par une autre source, non pas par les acheteurs. C’est au mécanisme monétaire d’y voir.

Dans ce cas, le coefficient appliqué à tous les prix au détail sera de 3/4: les prix de revient se-ront multipliés par ce coefficient, par 3/4 ou 0,75. L’acheteur ne paiera donc que 75 pour cent du prix comptable.

Autrement dit, un escompte général de 25 pour cent (le contraire d’une taxe de vente) va être décrété sur tous les prix de vente au détail pour la durée du terme qui commence. A la fin de chaque terme, le taux de l’escompte général est ainsi cal-culé en fonction de l’état de la consommation par rapport à l’état de la production du terme écoulé. On se rapproche ainsi le plus possible du pouvoir d’achat parfait.

On appelle parfois cette opération un prix compensé ou un escompte compensé, parce que l’argent que le vendeur n’obtient pas de l’acheteur à cause de cet escompte, il le reçoit ensuite de l’Office du Crédit National. Cette compensation permet au vendeur de récupérer son plein prix de revient. Personne n’est perdant. Tout le monde y gagne par l’écoulement facilité des produits vers les besoins.

Et quelle est la deuxième proposition de Douglas ?

La deuxième proposition de Douglas a trait à la finance de la production. Elle fut exprimée com-me suit, par son auteur, à Swanwick et devant le Comité MacMillan:

Les crédits nécessaires pour financer la production doivent provenir, non pas d’épargnes, mais de nouveaux crédits se rapportant à une nouvelle production.

A la salle Caxton, en octobre 1930, Douglas variait ainsi la fin de son énoncé:

«de nouveaux crédits se rapportant à la pro-duction.»

Il ne dit plus «nouvelle production», mais seu-lement «production». C’est évidemment que les deux sont synonymes. A mesure que la produc-tion se fait, c’est une nouvelle production. De la nouvelle production pour entretenir le flot de pro-duction où s’approvisionne le consommateur.

C’est donc à tort que certains ont interprété cette proposition comme s’appliquant seulement à une augmentation dans le volume de la produc-tion, ce qui n’est certainement pas le cas d’après le contexte des trois propositions.

Douglas ajoute:

Et ces crédits ne seront rappelées que selon le rapport de la dépréciation géné-rale à «l’appréciation», à l’enrichissement général.

Pourquoi financer ainsi la production avec des crédits nouveaux et non pas avec de l’épar-gne ?

— Parce que l’épargne provient d’argent qui a été distribué en rapport avec de la production faite. Or tout cet argent est entré dans le prix de revient de la production faite. Si cet argent n’est pas employé pour acheter la production, l’écart entre les moyens d’achat et les prix augmentera.

On peut objecter que l’épargne employée à financer un nouveau flot de production, par inves-tissement ou autrement, revient dans la circula-tion comme pouvoir d’achat. C’est vrai, mais c’est à titre de dépenses faites par le producteur, donc en créant un nouveau prix. Or, la même somme d’argent ne peut pas servir à liquider à la fois le prix correspondant de l’ancienne production et le prix correspondant de la nouvelle production.

Chaque fois que l’argent épargné revient ainsi à des consommateurs, c’est en créant un nouveau prix, sans avoir liquidé un ancien prix laissé sans

pouvoir d’achat correspondant lorsque cet argent devenait épargne.

Et la troisième proposition financière de Douglas ?

La troisième proposition introduit un élément nouveau dans le pouvoir d’achat: la distribution d’un dividende à tous, employés ou non dans la production. C’est donc un facteur de composition du pouvoir d’achat, qui ne laisse aucun individu sans moyens de paiement.

C’est la reconnaissance du droit de tous à une part de la production, à seul titre de co-capita listes, de co-héritiers du plus gros facteur de la production moderne: le progrès acquis, grossi et transmis d’une génération à l’autre. A titre égale-ment de co-propriétaires des richesses naturelles, don gratuit de Dieu.

C’est aussi le moyen d’entretenir un flot de pouvoir d’achat en rapport avec le flot de produc-tion, quand bien même la production se passerait de plus en plus du besoin d’employés. Ce serait donc la solution au plus gros casse-tête actuel, qui fait des économistes lever les bras au ciel et qui fait les gouvernements s’ahurir devant l’insuccès de leur politique de plein emploi, d’embauchage intégral. La poursuite de l’embauchage intégral est une absurdité, difficile à justifier de la part d’êtres intelligents, alors que le progrès s’appli-que inexorablement à désembaucher, à libérer du besoin d’employés.

Voici comment s’exprime Douglas:

La distribution de moyens d’achat (cash credits) aux individus doit progres-sivement dépendre de moins en moins de l’emploi. C’est-à-dire que le divi dende doit progressivement déplacer les émoluments et les salaires.

Progressivement — à mesure, comme l’a ex-primé ailleurs Douglas, à mesure qu’augmente la productivité par homme-heure. Ce qui est parfai-tement conforme au réel, conforme à la participa-tion prise respectivement par le travail et par le progrès dans le flot de production.

Le progrès — bien collectif — prend de plus en plus de place comme facteur de production, et le labeur humain de moins en moins. Cette réalité devrait se refléter dans la répartition des revenus, par dividendes à tous d’une part et par récompen-se à l’emploi d’autre part.

Mais n’est-ce pas là proposer tout un cham-bardement dans les modes de finance de la pro-duction et dans le mode de répartition des droits aux produits ?

C’est surtout, et bien plus simplement, un changement de philosophie, de conception du rôle du système économique et du système finan-cier, les ramenant à leurs fins propres servies par des moyens appropriés. Il est temps que les fins reprennent leur place, et les moyens la leur. Il est temps que la perversion fasse place au redresse-ment.

Mais tout cela a l’air de supposer que l’ar-gent, ou le crédit financier, peut venir comme ça, séance tenante, pour financer la production et la consommation !

Certainement. Le système d’argent n’est es-sentiellement qu’un système de comptabilité. Les comptables sont-ils à court de chiffres pour comp-ter, additionner, soustraire, multiplier, diviser, faire des règles de trois, exprimer des pourcentages ?

D’ailleurs, les faits sont là, pour montrer que l’argent est affaire de chiffres: chiffres que les mo-nopolisateurs du système peuvent faire surgir ou faire disparaître selon leurs décisions, sans be soin d’objets concrets autres qu’un livre, une plume et quelques gouttes d’encre.

Dans une conférence donnée à Westminster, le 7 mars 1936, C. H. Douglas disait à son audi-toire — un auditoire créditiste:

«Nous, créditistes, noue disons que le pré-sent système monétaire ne reflète pas les faits.

(suite de la page 15) Nos opposants disent qu’il les reflète. Eh bien, il n’y a qu’à regarder et se servir de son gros bon sens pour voir ce qu’il en est. Comment, par exemple, se fait-il qu’un monde qui paraissait presque fiévreusement prospère en 1929, — du moins réputé prospère, à en juger par les critères orthodoxes — et certainement capable de pro-duire et offrir une surabondance de denrées et de services, le faisant et en distribuant une pro-portion considérable — comment se fait-il que ce monde-là ait pris figure d’extrême pauvreté en 1930 ? Transformation d’apparence si fonda-mentale que les conditions économiques en ont été changées du tout au tout. Est-il raisonnable de supposer qu’entre un jour d’octobre 1929 et quelques mois plus tard, le monde soit réelle-ment tombé de la grande richesse à la grande pauvreté ? Evidemment non.»

Douglas faisait cette remarque trois ans et demi avant l’éclatement de la deuxième grande guerre mondiale. Une fois celle-ci déclarée, tout le monde pouvait se poser une question de même nature que celle de Douglas, mais en sens inver-se:

Comment se fait-il qu’après une rareté d’ar-gent pendant dix années, on trouve subito, du soir au matin, tout l’argent qu’il faut pour une guerre qui dure six années et qui coûte des mil-liards ?

Même réponse dans les deux cas: Le système d’argent n’est qu’une question de comptabilité et n’a besoin que de chiffres portant le sceau de la légalité. Donc, si l’agent manque en face de gran-des possibilités de produire pour satisfaire les besoins humains normaux, et si l’argent devient abondant quand les producteurs et les moyens de production sont réquisitionnés pour les champs de bataille et la production d’engins de destruc-tion, c’est parce que le présent système monétai-re impose des décisions, au lieu de refléter fidè-lement les faits résultant d’actes librement posés par des producteurs libres et des consommateurs libres.

LEÇON 8 — Le Crédit Social n’est pas un parti politique

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par LOUIS EVEN

Bien que nos Papes aient publié une ving-taine d’encycliques traitant de questions socia-les depuis trois quarts de siècle, on considère Rerum Novarum de Léon XIII comme ouvrant Ia série. Elle fut, en effet, une grande lumière à une époque où le monde ouvrier souffrait de condi-tions injustes. Conditions pourtant nées d’une révolution industrielle qui aurait pu et qui aurait dû être bénéfique pour toutes les classes de la société. Rerum Novarum est du 15 mai 1891.

«Le dernier siècle, écrivait le Pape, a dé-truit, sans rien leur substituer, les corpora-tions anciennes, qui étaient pour eux (les ouvriers) une protection; tout principe et tout sentiment religieux ont disparu des lois et des institutions publiques, et ainsi, peu à peu, les travailleurs isolés et sans défense se sont vus avec le temps livrés à la merci de maîtres in-humains et à Ia cupidité d’une concurrence effrénée».

Cette concurrence effrénée avait-elle comme mobile d’élever le niveau de vie de toute la po-pulation, d’augmenter, par les développements industriels, la masse de biens mis à la disposition des consommateurs ? Non. Si bon, si humain que pût être l’employeur lui-même, il était lié par les exigences de l’homme d’argent derrière lui. II fallait que l’argent rapporte de l’argent, tou-jours plus d’argent; pas seulement pour permet-tre un train de vie luxueux à l’homme d’argent, mais pour nourrir un appétit jamais satisfait et un pouvoir toujours plus grand sur les autres. L’argent était déjà la fin majeure des entreprises. D’entreprises embauchant alors de plus en plus d’hommes, et jusqu’à des enfants. L’homme de-vait exister pour servir l’industrie, et non I’indus-trie exister pour servir l’homme. Servir I’industrie qui, elle, devait servir l’argent.

Presque dès le début de l’Encyclique de Léon XIII, deux phrases, qui se rapportent certaine-ment à cette voracité de l’argent, nous laissent sur une certaine curiosité, par l’emploi d’une ex-pression non précisée et qui ne revient pas dans le reste du document:

«Une usure dévorante est venue s’ajouter encore au mal. Condamnée à plusieurs repri-ses par le jugement de l’Eglise, elle n’a cessé d’être pratiquée sous une autre forme par des hommes avides de gain et d’une insatia-ble cupidité.»

Qu’est-ce que cette «usure dévorante sous une autre forme ?» En quoi consiste cette nou-velle forme d’usure qui est venue s’ajouter à l‘oppression des travailleurs ?

L’usure a été plusieurs fois condamnée par I’Eglise, rappelle le Pape; mais voici qu’elle est pratiquée sous une autre forme. Quelle autre forme ? L’étudiant moyen de Rerum Novarum peut ne pas s’être arrêté à cette question; mais celui qui s’y est arrêté demeure intrigué; en 1891 au moins, il pouvait demeurer intrigué.

L’usure généralement condamnée à plusieurs reprises par I’Eglise fut pendant longtemps tout intérêt sur l’argent. Puis, une fois l’intérêt légi-time, ce fut le taux trop élevé qui s’appela usure. A la fin du siècle dernier, donc au temps de Re-

rum Novarum, le professeur de catéchisme mar-quait la limite concédée à 5 pour cent; au-delà, c’était de l‘usure.

Mais l’usure «sous une autre forme», est-ce encore de l’intérêt trop élevé ? De combien pour cent ? Ou serait-ce quoi encore ? Et sous quelle forme ?

Dans un livre écrit par lui, en 1935, un prêtre anglais, l’abbé Drinkwater, identifie cette «usure dévorante sous une forme différente» à la mo-nopolisation du crédit, qui allait de plus en plus équivaloir à une monopolisation de l’argent, mais dont le jeu à cette époque était encore mystérieux pour presque tous les profanes.

L’abbé Drinkwater rapporte à ce sujet, qu’un comité, à l’Université de Fribourg, avait préparé des éléments pour la rédaction de Rerum Novarum. Parmi les membres de ce comité, dit-il, s’en trouvait au moins un, un Autrichien, bien au courant de la question monétaire et du crédit bancaire. Un texte pré-paré par lui, apparemment approuvé par le Comité, devait bien montrer comment la sim-ple monnaie scripturale, qui prend naissance dans une banque et qui tendait déjà à devenir l’instrument monétaire courant du commer-ce et de I’industrie, n’était en somme qu’une monétisation de la capacité de production de toute la communauté. L’argent nouveau ainsi créé ne peut donc bien être que social et nul-lement propriété de la banque. Social, par la base communautaire qui lui confère sa valeur; social, par la vertu qu’a cet argent de com-mander n’importe quel service et n’importe quel produit, d’où qu’ils viennent. Le contrôle de cette source d’argent met donc entre les mains de ceux qui l’exercent un pouvoir dis-

crétionnaire sur toute la vie économique.

Puis, la banque qui prête, non pas l’argent de ses déposants, mais des dépôts qu’elle crée elle-même de toute pièce, par de simples inscriptions de chiffres, ne se départit de rien. L’intérêt qu’elle en exige est certainement de l‘usure; quel qu’en soit le taux, c’est plus que du 100 pour cent, puisque c’est de l’intérêt sur un capital zéro de la part du prêteur. Usu-re qui peut bien être dévorante: I’emprunteur ne peut trouver dans Ia circulation plus d’ar-gent qu’il y en a été mis. Et c’est ainsi pour le total de tous les remboursements dépas-sant la somme de tous les prêts. Le service des intérêts ne peut être fait que moyennant une suite d’autres prêts exigeant d’autres in-térêts. D’où une accumulation de dettes, de caractère privé et de caractère public, collec-tivement impayables.

Que fut exactement la rédaction de ce texte relatif au monopole du crédit ? Nous ne pouvons le savoir, puisqu’il ne parut pas dans l’Encycli-que. Fut-il supprimé à Fribourg même dans la rédaction définitive de l‘étude envoyée à Rome ? Fut-il subtilisé entre Fribourg et Rome ? L’abbé Drinkwater pose ces questions, mais n’y répond pas.

1891 à 1931Quarante années passent. L’Encyclique Rerum

Novarum a fait beaucoup de bien. Les principes qu’elle rappelait en matière sociale ont contri-bué à l‘apparition et au développement d’un esprit plus humain et plus chrétien dans les rela-tions entre patrons et ouvriers. Sans doute, avec des exceptions, trop d’exceptions encore. Mais cet esprit nouveau fit tout de même sa marque. Des patrons s’appliquèrent, au moins dans une certaine mesure, à améliorer les conditions de travail de leurs employés. Et de leur côté, des ouvriers, que les dures conditions de leur exis-tence poussaient à la violence ou vers les théories du socialisme, reprirent courage en entendant la voix Ia plus autorisée du monde plaider leur cause. Ils apprirent à se grouper et à chercher dans I’ordre un meilleur traitement de la part de leurs employeurs. On vit céder graduellement la défiance qui prévalait presque partout, surtout depuis Ia Révolution française, contre la forma-tion d’associations.

D’autre part, Ia continuation du progrès, à un rythme accéléré, dans Ia production, exigeait, sous peine d’asphyxie de I’industrie, une plus large distribution des produits. En même temps, ce progrès permettait de maintenir, d’augmenter même le volume de la production tout en dimi-nuant les longues heures de Ia semaine ouvrière. Les travailleurs devraient donc bien en profiter un peu, par la force même des choses.

La première grande guerre mondiale put bien détourner les activités de I’industrie vers la pro-duction de biens sans utilité pour le niveau de vie. La guerre laissait plutôt des ruines. Mais le développement de techniques perfectionnées pour des fins de guerre allait être mis, avec la même efficacité, au service d’une économie de paix, une fois terminées les quatre années d’hos-tilité.

«Une usure dévorante pratiquée sous une autre forme» ( Léon XIII)

La monopolisation de l’argentEmployeurs comme employés gisent dans le même filet

L‘inflation résulte d’une course sans fin entre les salaires et les prix

(suite en page 18)

Louis EVENFondateur de Vers Demain

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Page 18 Janvier-Février 2008Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

Le relèvement fut rapide. Le niveau général de vie connut même une montée fiévreuse dans les pays évolués, jusqu’au coup de tonnerre fi-nancier qui plongea ces mêmes pays dans Ia crise sans précédent des années ’30. Crise logi-quement inexplicable, laissant une immense ca-pacité de production dans l‘inaction en face de besoins criants partout. Impossible de l’attribuer à des phénomènes naturels, ni à la disparition de compétences, ni au refus de travailler par des hommes qui cherchaient partout de I’emploi. Tout le monde d’ailleurs avait le même mot à la bouche: Pas d’argent. Les consommateurs man-quaient d’argent. Les producteurs manquaient de crédit financier. Rien autre ne faisait défaut.

Indéniablement, une intervention avait eu lieu dans le secteur financier de l’économie, et toute la vie économique en souffrait. II ne s’agissait plus d’une oppression des employés par des em-ployeurs. Employeurs comme employés gisaient dans le même filet.

Mais au cours des quatre décennies écoulées depuis Rerum Novarum, des esprits chercheurs avaient tourné leurs investigations du côté de ce mystérieux secteur de l’économie: l‘argent, le crédit. Des découvertes avaient été faites et divulguées. Pas encore connues ni admises par-tout, mais non pas complètement ignorées ni sans preuves irréfutables à l’appui. Le plus dis-tingué de ces découvreurs fut un esprit supérieur qui ne se contenta pas de relever des faits, mais en établit les causes et présenta des propositions capables de faire du système financier un servi-teur souple au lieu d’un maître cassant et souve-rain. Cet homme, ce fut C. H. Douglas, l’auteur des propositions du Crédit Social, dont le nom et l’enseignement reviennent fréquemment dans les pages de Vers Demain, pour le bénéfice de ses lecteurs, anciens et nouveaux.

Ils contrôlent nos vies

Le voile levé, «I’usure dévorante pratiquée sous une autre forme» avait maintenant un nom. Elle s’appelle «monopole du crédit».

Le 15 mai 1931, quarante années jour pour jour après Rerum Novarum, Pie XI livrait au mon-de une nouvelle encyclique remarquable: Qua-dragesimo Anno. II constate que depuis Léon XIII, «les conditions économiques ont fortement changé». En effet. Changement dont les effets n’ont pas toujours été pour le mieux, ni touché uniquement les hommes engagés dans les ac-tivités de production. Tout le corps social s’en ressent. Pie XI écrivait:

« Ce qui, à notre époque, frappe d’abord le regard, ce n’est pas seulement Ia concen-tration des richesses, mais encore l‘accumu-lation d’une énorme puissance, d’un pouvoir économique discrétionnaire aux mains d’un petit nombre d’hommes qui d’ordinaire ne sont pas les propriétaires, mais les simples dépositaires et gérants du capital qu’ils ad-ministrent à leur gré.

« Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres de l‘argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quel-que sorte le sang à l’organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que, sans leur consentement, nul ne peut plus respirer».

Ces paroles sont fortes. Nul ne les comprend mieux que les créditistes. Douglas savait faire Ia différence entre la possession de richesses et le pouvoir de contrôler la vie des autres. Ce n’est pas tant les profits, même énormes, réa-lisés par des individus ou des institutions, qui vicient l’ordre économique, que le contrôle du crédit, le contrôle de la circulation du sang de la vie économique. Tout comme dans une éco-nomie d’abondance actuelle ou potentielle, ce n’est pas la grosse part tirée par quelques-uns qui nuit autant que la non-distribution de l‘im-mense part qui s’accumule en entrepôt, ou qui est détruite, ou qui reste non réalisée, faute de pouvoir d’achat entre les mains de personnes et de familles dont les besoins sont loin d’être sa-tisfaits.

L’existence d’un contrôle qui peut jeter le monde d’une crise de fièvre à une crise d’ané-mie engendre une foule de maux et de misères immérités. Et Pie XI pouvait bien dire:

«Toute Ia vie économique est devenue hor-riblement dure, implacable, cruelle».

Et dans une telle situation, que peuvent faire ceux qui pâtissent, quand les gouvernements eux-mêmes obéissent aux idées des puissances d’argent ? Que dit le Pape de cette abdication du pouvoir public ? Lisez:

«...la déchéance du pouvoir lui qui devrait gouverner de haut, comme souverain et su-prême arbitre, en toute impartialité et dans le seul intérêt du bien commun et de Ia justice, il est tombé au rang d’esclave et devenu le docile instrument de toutes les passions et de toutes les ambitions de l’intérêt».

L’entrée du pays en guerre, en 1939, mettant une fin subite à Ia crise d’argent, montrait à l’évi-dence qu’une rareté d’argent, une insuffisance de crédit financier, est un phénomène purement factice, imposé par des contrôleurs qui peuvent y mettre fin en moins de 24 heures quand ils le veulent ou y consentent. II ne pouvait plus faire aucun doute pour personne qu’il s’agissait là d’une dictature criminelle, diabolique. On put entretenir la conviction qu’une fois le monde li-béré de la nécessité de produire pour la guerre, il ne supporterait plus une journée ce régime in-sensé. Et pourtant ...

Refus du Crédit Social

Et pourtant, le même monopole du crédit est encore en selle aujourd’hui. Assez alerte pour ne pas laisser Ia situation économique tomber à un niveau outrancier, qui révolterait complètement une population maintenant moins ignorante en matière de crédit financier. Mais assez astucieux pour ne pas laisser entamer son pouvoir.

Dans son encyclique, le Pape n’a pas parlé uniquement du contrôle du crédit. II a donné de nombreux conseils qui, écoutés et suivis, auraient pu assainir le régime économique et social. Conseils d’ordre évangélique, sûrement: pratique de Ia justice et de la charité; réforme des moeurs. Mais aussi conseils touchant la ré-partition des richesses matérielles, pour que, sans porter atteinte à la propriété privée légitime des moyens de production, tous puissent accé-der à un niveau de vie convenable. Ce qui est d’ailleurs la fin propre d’une économie vraiment humaine, qu’il rappelle en ces termes:

«L’organisme économique et social sera sainement constitué et atteindra sa fin, alors seulement qu’il procurera à tous et à chacun

de ses membres tous les biens que les res-sources de la nature et de l’industrie, ainsi que l‘organisation vraiment sociale de Ia vie économique, ont le moyen de leur procurer. Ces biens doivent être assez abondants pour satisfaire aux besoins d’une honnête subsis-tance et pour élever Ies hommes à ce degré d’aisance et de culture qui, pourvu qu’on en use sagement, ne met pas d’obstacle à Ia vertu mais en facilite au contraire singulière-ment l’exercice».

L’usage sage des biens est responsabilité de Ia personne. Mais la distribution adéquate des biens — dont le volume aujourd’hui est poten-tiellement capable de procurer une honnête subsitance à tous — dépend de «l‘organisation vraiment sociale de la vie économique».

La distribution, dans notre monde moderne, se fait par la voie des ventes et achats. Pour que tous puissent accéder à suffisamment de biens pour une honnête subsistance, il faut que tous obtiennent un pouvoir d’achat suffisant pour commander ces biens. Question d’ordre finan-cier.

Aussi, comme Léon XIII avant lui, Pie XI de-mande, pour la nombreuse classe des travailleurs, un taux de salaires suffisant. II convient que ce taux n’est pas toujours facile à déterminer: trop bas, il laisse les ouvriers et leurs familles souffrir de privations; trop élevé, il peut compromettre la vie de l’entreprise et engendrer du chômage, ou la nécessité pour l’ouvrier de chercher son gagne-pain ailleurs, parfois d’avoir à déménager sa famille ou à vivre loin d’elle.

Tout le monde sait, d’ailleurs, que les haus-ses de salaires se transforment vite en hausses de prix. II y a plus: le problème n’est pas limité à une juste proportion entre la part du capital et la part du travail: Ia somme des deux parts n’est point du tout équivalente à la somme des prix, quoi qu’aient dit les économistes à ce sujet. Puis, le pouvoir d’achat d’une production et son prix ne viennent point sur le marché en même temps.

Tout cela, les créditistes le savent. Mais Ies gouvernements et leurs aviseurs économistes, financiers, sociologues, moralistes mêmes, ont refusé le Crédit Social. Et tant qu’ils refuseront l’application de propositions financières telles que présentées par le Crédit Social (en les ap-peIant du nom qu’ils voudront), le problème ne fera qu’empirer. Empirer, avec l‘inflation résul-tant d’une course sans fin entre les salaires et les prix. Empirer, avec le progrès technologique, avec l’accroissement de l‘automation dans Ia production, accélérant et grossissant le flot de produits avec moins de salaires.

Le Crédit Social de Douglas offre tout ce qu’il faut pour assouplir le système financier à toutes les conditions pouvant survenir dans le régime de production. Mais on refuse le Crédit Social, et on préfère piétiner dans des essais de rapié-çage qui suppriment des libertés, qui avilissent la dignité des secourus, qui ruinent Ia propriété et Ies entreprises à taille d’homme sous le poids de taxes et d’impôts, qui introduisent le gouver-nement et ses bureaucrates partout, qui condui-sent au socialisme d’Etat.

Ce n’est plus là le rôle «supplétif» de l’Etat. II s’occupe de fonctions qui ne le regardent pas dans la production, dans le commerce, dans l’assurance, dans l’éducation. Toujours en pré-

La monopolisation de I’argentLe Crédit Social répond parfaitement aux normes rappelées par les Papes

Le refus du Crédit Social est criminel dans un pays comme le nôtre

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Page 19Janvier-Février 2008 Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

textant qu’il le fait parce que les familles ou les associations, ou les corps publics inférieurs, sont financièrement incapables de le faire. Financiè-rement incapables, c’est vrai, parce que le sys-tème financier, que seul le gouvernement pour-rait modifier, accomplit mal sa besogne. Or, le gouvernement, au lieu de faire ce qui dépend de lui, persiste à faire de plus en plus ce qui est du ressort des personnes et des familles, dont elles s’acquitteraient fort bien si le gouvernement ac-complissait ce que lui seul est capable d’accom-plir: corriger le système financier.

Le Pape dit fort bien qu’un franc et sincère retour à la doctrine de l’Evangile conduirait à une régénération sociale, à une collaboration, au lieu d’une lutte, entre les classes. Et qu’alors, ceux qui se sentent aujourd’hui opprimés ne se tourneraient plus vers un socialisme tueur de Ia liberté. Mais l’assujettissement au monopole du crédit, nationalement et internationalement, ne peut que contrarier l‘esprit de justice et de chari-té. Les luttes de classes dans la vie nationale, les conflits entre employeurs et employés, ont conti-nué, opposant des forces plus grosses à mesure que croissent les géants industriels d’une part et les fédérations syndicales d’autre part, envahis-sant les services publics, le fonctionnariat, et jus-qu’aux institutions d’enseignement, du bas en haut de l’échelle.

Et dans le domaine international, qu’a-t-on vu ? 23 années après Rerum Novarum, toutes les nations d’une Europe pourtant christianisée en-traient en guerre, se jetant à la gorge les unes des autres, appelant à elles, sur les champs de bataille, des soldats d’Afrique qui purent se de-mander ce que signifiait l’Evangile du Christ à la vue de ce massacre entre baptisés ?

Et 8 années après Quadragesimo Anno, Ia tuerie et la destruction reprenaient de plus bel-le, pour plus longtemps, avec des moyens plus puissants et des haines plus féroces.

Cela, pas à cause des encycliques, mais à cause du peu de cas qu’on en a fait. Et quel cas pouvait-on en faire quand on considérait com-me sacré et intouchable le monopole du crédit, quand on soumettait toute la vie économique à la dictature de l‘argent, quand on faisait de l‘argent la fin première et dernière de toutes les entreprises ?

Nous n’hésitons pas à le dire: le refus du Crédit Social, qui est le refus d’une philosophie humaine de Ia distribution, répondant parfaite-ment aux normes rappelées par les Papes, ce re-fus a perpétué des causes de souffrances immé-ritées, de désordres, de bouleversements. Refus criminel dans les pays, comme le nôtre, où les maîtres de la politique, de l’enseignement et des moyens de diffusion, ne peuvent plaider igno-rance du sujet.

Refus dont les conséquences sont incalcula-bles, jusque dans l’ordre des valeurs spirituelles. Non pas que le Crédit Social soit un sacrement, mais parce qu’il casserait des obstacles, parce qu’il procurerait les biens abondants de la na-ture et de l’industrie à tous et à chacun, leur ga-rantissant «une honnête subsistance», leur per-mettant de «s’élever à ce degré d’aisance et de culture qui, pourvu qu’on en use sagement, ne met pas d’obstacle à Ia vertu, mais en facilite au contraire singulièrement l’exercice ».

Louis EVEN

Monopolisation de l’argent

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Non à l’Etat policier électronique avec la puce !Le Brésil offrira bientôt au public une puce électronique à implanter sous la peau pour combat-

tre soi-disant les preneurs d’otage et ainsi la victime pourra être repérée par la police. Le fabricant de ce produit, Antonio de Cunha Lima, 46 ans, sera le premier à recevoir cet implant. Il est de son intérêt de donner l’exemple pour s’attirer de la clientèle. Étant distributeur de la VeriChip au Brésil, il vendra son produit 1000 réaux (493 euros) plus un abonnement mensuel, le «garde du corps électronique». L’industriel de Cunha Lima s’attend d’avoir un commerce florissant puisque la clas-se moyenne peut être victime des preneurs d’otage aussi bien que la classe professionnelle.

Voici une autre nouvelle récente datée du 28 décembre 2007:

«Mexico City, le 28 décembre (IANS)- L’Institut national des migrations (INM) du Mexique a dit qu’il va introduire une inscription électronique pour les étrangers entrant dans le pays via la fron-tière sud du pays afin de freiner l’immigration illégale. Dans un communiqué, l’INM a dit jeudi que des biopuces implantables seraient utilisées pour contrôler l’entrée des travailleurs et des visiteurs en provenance du Belize et du Guatemala à partir de mars 2008, a rapporté vendredi l’agence de la presse espagnole.

«L’implant remplacera l’actuel local pass, qui peut être aisément modifié.

«La biopuce d’identification permettra l’enregistrement électronique total d’entrées et des sor-ties, ont dit les officiels.»

Ce sont de beaux arguments en faveur de l’implantation de la puce électronique. Aux Etats-Unis, c’est au nom de la médecine que l’on promeut l’usage de la puce. La Haute Finance et la Franc-maçonnerie veulent contrôler chaque individu du monde entier par cet implant. Tous nos nos achats et ventes, nos allées et venues, notre vie privée, notre certificat médical, notre statut civil, faits et gestes seront inscrits dans la puce électronique. Nous serons épiés dans les moin-dres détails de notre vie. On voudra nous faire renier notre foi pour avoir le droit de vivre. Les recherchistes dans le domaine de la puce électronique étudient aussi des moyens pour contrôler le cerveau et la pensée de la personne. C’est une dictature sans nom que l’on nous prépare, le pire esclavage que la race humaine n’a jamais connu. Approuver un tel système, c’est s’enfoncer la tête dans le sable comme l’autruche.

Dieu a créé l’homme avec un corps et une âme faite à son image et à sa ressemblance. Les facultés de l’âme — l’intelligence, la mémoire et la volonté — doivent être libres et être au service de Dieu, nullement contrôlées, manipulées par des puces sous la peau. Soyons vigilants. Ne nous laissons pas prendre dans les pièges de Satan. Rappelons-nous de cet extrait de l’Apocalypse de saint Jean (chap.13 - v. 16-17) concernant les deux Bêtes, la Bête de la mer et la Bête de la terre, qui formeront le couple «Antéchrist». Voici ce qui est écrit au sujet de la Bête de la terre:

“Par ses manoeuvres, tous, petits et grands, riches ou pauvres, libres et esclaves, se feront marquer sur la main droite ou sur le front, et nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est mar-qué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom. C’est ici qu’il faut de la finesse ! Que l’homme doué d’esprit calcule le chiffre de la Bête, c’est un chiffre d’homme: son nom, c’est 666.”

Non ! à l’Etat policier électronique avec la puce ! Nous voulons être marqués du signe de la Croix et non du signe de la Bête.

Yvette Poirier

St-Georges de BeauceLe 2e dimanche de chaque mois

10 février. 9 mars. 13 avrilEglise Notre-Dame de l’Assomption

1.30 hre p.m.: heure d’adoration2.30 hres: assemblée

Salle d’Accueil attenante à l’égliseTél.: 418 228-2867

Val d’OrLe 2e dimanche de chaque mois

10 février. 9 mars. 13 avril 1.30 heure p.m., heure d’adorationet assemblée chez Gérard Fugère

1059 5e Avenue. Tél.: 819 824-4870

New Liskeard, OntarioLe 2e lundi du mois. 7.30 hres p.m.

11 février. 10 mars. 14 avril Chez madame Léon Milot

235 McCanus St. Tél.: 705 647-5998

QuébecLe 3e dimanche de chaque mois

17 février. 16 mars. 20 avrilChez Mme Réal Couture, 106 rue Arago

1.30 hre p.m. Chapelet2.00 hres p.m. Assemblée

Tél.: Michel Couture 418 834-9706

SherbrookeLe 3e dimanche de chaque mois

17 février. 16 mars. 20 avril 1.30 hre p.m., Cathédrale St-Michel

Salle Mgr Paul Larocque, 90 rue Ozias Leduc

Chicoutimi-JonquièreLe 3e lundi de chaque mois18 février. 17 mars. 21 avril

1.30 hre p.m., pour l’endroit, téléphonezchez M. Mme Léonard MurphyTél.: 418 698-7051. Tous invités

Assemblées mensuelles régionales

Invitation spéciale pour les gens de Montréal et de Laval

Vous êtes invités à la réunion du 2e dimanche de chaque mois

10 février. 9 mars. 13 avril

1.30 heure p.m.: heure d’adoration - 2.30 heures p.m.: réunion

Eglise St-Bernardin, 7979 8e Avenue, Ville Saint-Michel

Pour information: tél. 514 856 5714

Enlevez des mains de vos enfants les li-vres d’Harry Potter. Ces livres conduisent à la sorcellerie. Enseignez le Catéchisme à vos enfants. Pour bien vivre, vos enfants ont besoin de connaître les Commande-ments de Dieu, dont le premier est l’Amour de Dieu et du prochain, qui apporte la paix dans les familles et entre nations.

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Page 20 Janvier-Février 2008Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

Nous avons la très vive douleur d’annoncer le décès subit de notre dynamique Pèlerin de saint Michel à plein temps, Pierre Marchildon, survenu lundi, le 17 décembre. Il était âgé de 59 ans et 8 mois. C’est une lourde perte pour l’œuvre. Prions le Maître de la moisson de sus-citer dix jeunes Pèlerins à plein temps pour le remplacer, car vraiment la mort de Pierre Mar-childon laisse un grand vide.

Les circonstances de son décèsAprès avoir passé plusieurs examens médi-

caux dont les résultats ne montraient rien d’alar-mant, Pierre Marchildon, accompagné de Jacek Morawa, est entré à l’hôpital de Mississauga, Toronto, à 19 heures, le 17 décembre. En s’ins-crivant à la réception, il a perdu connaissance; tout de suite les médecins ont travaillé à le réa-nimer, ils lui ont passé les examens nécessaires, l’artère principale du cœur était complètement bouchée, ils l’ont opéré avec succès, mais ils ont été impuissants à le réanimer de nouveau. Il était 22 heures, quand les médecins ont été obligés d’abandonner la lutte contre la mort, l’âme de Pierre Marchildon s’était déjà envolée. Que la sainte Volonté de Dieu soit faite !

Sa naissance et ses racines créditistes

Pierre Marchildon est né le 15 avril 1948, à Lafontaine, Ontario, dans un îlot français, au pays des saints Martyrs canadiens, envers qui il avait une fervente dévotion.

Son oncle le Père Thomas Marchildon, Jé-suite, était curé de la paroisse, il fut l’un des premiers collaborateurs de Louis Even, le fon-dateur des Pèlerins de saint Michel. Il le rece-vait et lui organisait des assemblées à la salle paroissiale, qui se remplissait chaque fois, à pleine capacité.

C’est pourquoi le père et la mère de Pierre, M. et Mme Clément Marchildon étaient tous deux profondément créditistes. Pierre était le 9e d’une famille de 10 enfants.

Sa mère Virginie Hamelin-Marchildon, deve-nue veuve, faisait elle-même le porte en porte pour l’œuvre. Elle recevait à sa table les direc-teurs et tous les Pèlerins à plein temps de pas-sage à Lafontaine. C’est dans cette ambiance de justice et de charité que Pierre a été élevé. Il ne réclamait rien pour lui et il était toujours prêt à aider quiconque avait besoin d’un service. Il avait été formé ainsi.

Pèlerin de saint Michel à plein tempsConsacré à Marie

Le 8 mars 1974, Pierre Marchildon avait 25 ans lorsqu’il est entré Pèlerins de saint Michel à plein temps, après une jeunesse un peu fri-vole. Selon son témoignage, il priait devant une statue de la Sainte Vierge, lorsque cette bonne Mère l’a conquis en bougeant des yeux. Elle l’a complètement transformé, et il a décidé de se retirer de la vie mondaine pour se faire apôtre de Vers Demain.

Son frère Marc, nous dit que sa mère fut quand même attristée en voyant son Pierre partir à l’aventure dans l’œuvre des Pèlerins de saint Michel. Mais elle fut hautement récom-pensée en constatant le changement radical qui s’est produit dans la vie de son fils, en voyant aussi son fervent amour pour Dieu et la très sainte Vierge, et son entier dévouement dans une œuvre qu’elle aimait et servait elle-même.

Son Pierre s’est consacré à Marie selon la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Jeudi-Saint, le 3 avril 1980. Il a vrai-ment vécu pleinement sa consécration. C’était un catholique entier, sans demie mesure. Il as-sistait à la sainte messe chaque matin, il puisait sa force dans la sainte Eucharistie. Encore le matin de son décès, il avait assisté au Saint Sa-crifice et il avait reçu Jésus dans son cœur.

Donné tout entierIl s’est entièrement donné pendant 33 ans. Il

était le grand responsable de la ville de Toron-to pour les Pèlerins de saint Michel. Il y avait levé une équipe vigilante comme lui. Ses as-semblées mensuelles étaient bien fréquentées:

par des Canadiens et d’autres nationalités, un groupe imposant de Polonais y assistaient. C’est ce foyer ardent, animé par Pierre Marchil-don, qui nous a donné Jacek Morawa et Janusz Lewicki, rédacteurs du journal polonais, et Car-los Reyes, de Quito, rédacteur du journal espa-gnol. M. Marchildon se dépensait beaucoup au téléphone pour inviter les gens à son assem-blée mensuelle. Elle était toujours réussie. Ses conférences étaient excellentes, mais selon les dires des assistants de sa dernière assemblée, le 9 décembre, il s’est surpassé, il avait décidé de ne pas parler, se sentant fatigué. Mais on lui a quand même passé la parole pour saluer l’as-sistance en quelques mots. Sans préparation, comme éclairé par le Saint Esprit, son discours a duré deux heures. Ses propos étaient profon-dément spirituels. Ce fut comme son testament laissé à ses grands collaborateurs de Toronto. Ceux qui l’ont entendu en ont été marqués.

Mercredi, le 12 décembre, 4 jours avant son décès, il est allé tenir l’assemblée mensuelle de Lafontaine, sa paroisse natale. Ses frères Marc Maurille, Célestin, et sa soeur, Cécile (Mme Gé-nier) tous de bons créditistes et ses autres pa-rents et amis, ont pu le voir une dernière fois.

4000 abonnements par annéesChaque année, le nom de Pierre Marchildon

figurait toujours dans les premiers de la liste des lauréats de l’abonnement. Une moyenne de plus de 3,000 abonnements par année; plu-sieurs années, il a dépassé les 4,000 abonne-ments. Le jour même de sa mort, nous arrivait par la poste, au bureau de Vers Demain, le der-nier rapport de son porte en porte: 34, 30, 22, 21, 25, 24: 156 abonnements en 6 jours. On peut dire qu’il est mort sur le champ de l’apos-tolat. Il n’a jamais pris de vacances. Sa ferveur et son dynamisme entraînaient les autres. Il ga-gnait les cœurs de tous ceux qui venaient en contact avec lui.

Que son exemple lève une multitude d’âmes zélées comme lui. C’était l’homme de la route, du porte en porte et du téléphone, et il fut grand missionnaire dans plusieurs pays du monde. Quand il n’était pas au porte en porte, ou à une assemblée le soir, il était au téléphone, pour inviter les gens aux réunions. Même en auto-mobile, lorsqu’il avait un chauffeur, il apportait un cellulaire pour téléphoner aux gens en voya-geant. S’il avait du succès, c’était grâce à son enthousiasme et à ses grands efforts.

Il a parcouru le mondeEtant bilingue, il a parcouru toutes les pro-

vinces du Canada et presque tous les Etats des Etats-Unis, mendiant ses couchers et ses repas,

changeant de lit chaque soir, dans des tournées de 3 mois. Avec Patrick Tétrault, il a fait une tournée de 6 mois en Californie et les alentours, sans revenir au bercail.

Il est allé semer aussi la bonne nouvelle dans un grand nombre de pays; en Europe: la France, la Belgique, l’Irlande, l’Italie, et la Pologne; en Pologne en plus de ses assemblées, il a parlé à Radio Maria, ce qui lui a permis de passer son message à 10 millions de Polonais dispersés à travers le monde; en Afrique: le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, et le Congo (ancien Zaïre) où, accompagné de Jean-Pierre Richard, ils avaient rencontré un cardinal, quatre archevê-ques, 15 évêques; en Océanie: l’Australie et la Nouvelle Zélande; en Amérique latine: L’Equa-teur, la Colombie, le Pérou, l’Argentine etc. Par-tout sur son passage, des apôtres ont levé. Ses

Pierre Marchildon, dynamique Pèlerin de saint Michel à plein temps, décédé

Il a parcouru le monde comme le désirait Louis Even

Au congrès 2007

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Page 21Janvier-Février 2008 Journal Vers Demain, 1101 rue Principale, Rougemont, QC, Canada — J0L 1M0Tél.: Montréal (514) 856-5714; Rougemont: (450) 469-2209; Fax (450) 469-2601; www.versdemain.org

conférences laissaient aux familles l’espoir d’un avenir meilleur, un avenir de justice, de paix et de prospérité. Il leur expliquait en quelques mots les causes de la pauvreté dans le monde, les gens le comprenaient, ils en étaient ravis et ils étaient prêts à l’aider.

Les messages de sympathies que nous recevons du monde entier en témoignent. Ci-tons-en quelques-uns qui résument bien les sentiments de tous les autres:

De S.E. Mgr Benjamin Almoneda, évêque aux Philippines:

«Je suis très surpris de la mort de Pierre qui était un si zélé Pèlerin de saint Michel. J’es-pérais l’avoir avec nous aux Philippines pour propager le message de la Doctrine sociale de l’Eglise par le programme de paix et de justice du Crédit Social. Mais Notre-Seigneur avait de meilleurs plans pour lui. Dans le sein du Père, il pourra faire plus pour nous et avec nous. … Je vais offrir ma messe pour lui aujourd’hui avec tous mes séminaristes. Je serai près de vous profondément unis dans la prière devant la Crèche à Noël. Pierre aura le plus précieux cadeau de tous … le repos éternel.»

Mgr Benjamin Almoneda

De Son Excellence Mgr Nestor Ngoy, évêque de Kolwezi, Congo:

«Je viens d’apprendre avec consternation le décès de Monsieur Pierre MARCHILDON. A vous et aux Pèlerins de Saint Michel ainsi qu’à sa famille je présente mes condoléances les plus émues et l’assurance de la prière pour l’entrée de son âme dans la gloire de Dieu.

Je vois encore cet homme robuste qui par-lait avec conviction et entraînait l’adhésion de l’assistance.

Je revois l’apôtre du Crédit Social dans no-tre pays, (il y a 20 ans, 1987) dont la semence avait fini par germer en moi.

Que le Père miséricordieux veuille bien l’ac-cueillir comme un serviteur fidèle.»

Nestor NGOY KATAHWA

De Bill Daly, de la Nouvelle-Zélande:

«Chers Pèlerins de saint Michel, merci de m’avoir mis au courant de la nouvelle du dé-cès de notre cher Pierre. J’en suis grandement attristé, mais j’ai gardé aussi un magnifique souvenir de lui, de son joyeux sourire, de sa brillante espérance qu’il partageait avec tout le monde. Il a donné le très bon exemple d’une vie vécue dans les pas de Jésus. Quand il est venu en Nouvelle-Zélande, il y a trois ans, il a gagné les cœurs de tous ceux qui sont ve-nus en contact avec lui. Sa générosité, son dévouement et son amour envers le prochain transparaissaient facilement dans sa voix et dans ses manières. Il était un excellent entraî-neur du public, premièrement, je pense, parce qu’il parlait avec son cœur. Qu’il repose en paix! J’ai averti les personnes de la Nouvelle-Zélande qui ont connu Pierre. … Je sais que tous ceux qu’il a rencontrés ici se joignent à moi pour vous témoigner leurs plus profondes condoléances. Que Dieu vous bénisse !»

Bill Daly

Le Père Boguslaw Jaworowski, de Pologne, célébrera un trentain de messes pour le repos l’âme de son bon ami Pierre. Le Père Tadeusz Bienasz de l’Autriche, le Père Joao Pedro Cor-nado, SJ, du Brésil, et plusieurs autres prêtres de différents pays, qui ont collaboré avec M. Marchildon célèbreront aussi une messe pour lui.

Un trentain de messes sera célébré chez les

Sur la photo 1: Pierre Marchildon, exposé dans la salle de la Maison de l’Immaculée, au pied de notre belle statue de l’Immaculée Conception. Les Pèlerins de saint Michel ont récité le chapelet toutes les heures et ils ont récité aussi le chape-let de la Miséricorde recommandé par Notre-Sei-gneur à Soeur Faustine et, bien sûr, le chapelet de saint Michel. Nos morts ont surtout besoin de nos prières. Photo 2: L’entrée du corps à l’église Saint-Michel de Rougemont pour la Messe des funérailles, célébrée par M. le curé Jacques Cha-put; Photo 3: Au cimetière, après une dernière bénédiction, descente du corps dans la terre. Les Pèlerins qui passeront pourront s’arrêter prier pour le grand Pèlerin que fut Pierre Marchildon.

Pierre Marchildon, Pèlerin de saint Michel à plein temps, décédé

Il a parcouru le monde comme le désirait Louis Even

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Pères Cisterciens, de Rougemont, à partir du 5 janvier, recommandé par les Pèlerins et Pèleri-nes de saint Michel à plein temps.

Les funérailles ont été célébrées en l’église Saint-Michel de Rougemont, samedi le 22 dé-cembre, par M. le curé Jacques Chaput, accom-pagné du révérend Père Edmond Brouillard, Oblats de Marie Immaculée, de M. l’abbé Pam-phile Aplogan et de M. le curé Albert Kaumba.

Nous demandons à Pierre Marchildon, de susciter parmi la jeunesse de tous les pays qu’il a visités, des apôtres convaincus, enthou-siastes, vaillants et convaincants comme lui, afin qu’enfin notre monde puisse vivre dans la paix, la justice et la prospérité sous le règne du Christ-Roi et de Marie Immaculée.

Thérèse Tardif, directrice, Pèlerins de saint Michel

Prions pour nos chers défuntsClaude Cyr, de St-François, N.B., est décédé le

12 juin 2007, à l’âge de 84 ans et 10 mois. C’était un bon ami de l’Oeuvre. Lui et sa dame recevaient les Pèlerins à leur table et les hébergeaint. M. Cyr accompagnait les Pèlerins au porte en porte. Avec sa famille, nous prions pour le cher défunt. Il reçoit la récompense de ceux qui ont aimé la justice.

Moïse Prudent, de Laval, décédé le 12 janvier, à l’âge de 84 ans. M. et Mme Prudent, bon couple haïtien, bienfaiteurs et bons samaritains qui rece-vaient avec chaleur les Pèlerins qui frappaient à leur porte. Ils assistaient à nos Sièges de Jéricho. Ils nous ont donné la belle statue de la «Dernière Cène», qui est en-dessous de l’autel de la chapelle de la Maison de l’Immaculée. Nos sympathies à Mme Prudent et à ses enfants.

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L’Éducation est avant tout d’ordre spirituelElle a pour but la formation de l’âme

Haine de Satan contre Jésus-ChristLa Révolution tranquille, lancée au Qué-

bec en 1960 a été copiée sur la Révolution française qui avait juré la mort au catholi-cisme. La Révolution est satanique. C’est la haine de Satan contre Jésus-Christ et son Eglise, contre Dieu, contre les prêtres et les religieux. La Révolution tranquille n’a-t-elle pas chassé graduellement les religieux et re-ligieuses des hôpitaux et des écoles du Qué-bec ? Ces temps-ci, on nous prêche sur tous les tons le laïcisme.

Le laïcisme se camoufl e derrière de belles déclarations de liberté sous couleur de «to-lérance», de «neutralité religieuse», «d’accom-modements raisonnables», de «pluralisme», mais toujours, remarquez bien, au détriment du catholicisme que l’on veut faire disparaî-tre complètement de la société. En 2008, avec l’application de la loi 95, ce sera l’interdiction de l’enseignement religieux, imposée dans le domaine privé comme dans le domaine pu-blic. Et les parents qui voudront élever chré-tiennement leurs enfants à la maison seront persécutés. C’est l’heure du martyre. C’est une violation fl agrante des droits des parents en matière de religion. C’est du totalitaris-me ! Nous devons coûte que coûte réclamer l’abolition de l’infâme loi 95.

Les Voltaires du XXIe siècle vocifèrent contre le catholicisme dans les media d’infor-mation. Ils élèvent sur les autels l’école sans Dieu et traitent d’intégriste les défenseurs de l’école catholique, les défenseurs d’une socié-té où le catholicisme puisse régner.

Dans l’histoire de l’Église, la question scolaire a suscité l’intervention des Souve-rains Pontifes. Nous devons nous tourner vers l’Église dans le combat pour l’école ca-tholique. Dans des récents numéros de Vers Demain, nous avons cité les paroles du Pape Jean-Paul II sur le sujet. Nous voulons citer aussi l’encyclique du Pape Pie XII «Summi Pontifi catus» dans laquelle le Saint-Père dé-nonce les erreurs suivantes: l’agnosticisme religieux, la déifi cation de l’État, aboutissant normalement à l’absolutisme, au totalitaris-me, à l’encontre des activités privées et des droits des familles, «première cellule de la société». Vous lirez avec intérêt les extraits suivants tirés du livre de Pierre Fernessole “En face du laïcisme contemporain, Sa Sain-teté Pie XII et l’Éducation de la Jeunesse”.

Yvette Poirier

En face du laïcisme contemporainDans (le) chapitre dru et lumineux (de son

Encyclique «Summi Pontificatus», (le Pape Pie XII) met en relief les vérités suivantes: 1° le droit d’élever leurs enfants appartient stricte-ment aux parents; 2° sans doute l’éducation doit préparer la jeunesse à bien remplir ses devoirs civiques; 3° elle est avant tout et par-dessus tout d’ordre spirituel; elle a pour but la formation de l’âme; 4° l’État, d’ailleurs, trouve ses meilleurs avantages à une formation com-prise et pratiquée en ce sens.

Tout ce passage de l’encyclique si beau, si émouvant, si lumineux, et à la fois, si fort si so-lidement appuyé, doit être cité et devrait être médité tant par les parents et les éducateurs que par les représentants au pouvoir:

Encyclique «Summi Pontificatus»Paroles de Pie XII

«La mission assignée par Dieu aux parents, de pourvoir au bien matériel et spirituel de leurs enfants et de leur procurer une formation harmonieuse, pénétrée de véritable esprit re-ligieux, ne peut être arrachée sans une grave lésion du droit. Cette formation doit, certes, avoir aussi pour but de préparer la jeunesse à remplir avec intelligence, conscience et fierté les devoirs d’un noble patriotisme, donnant à la patrie terrestre toute la mesure qui lui est due d’amour, de dévouement et de col-laboration. Mais d’autre part, une formation qui oublierait, ou — pis encore — négligerait délibérément de diriger les yeux et le cœur de la jeunesse vers la patrie surnaturelle, serait une injustice contre la jeunesse, une injustice contre les inaliénables droits et devoirs de la famille chrétienne, une déviation à laquelle il faut incontinent porter remède dans l’intérêt même du peuple et de l’État. Une telle éduca-tion paraîtra peut-être, à ceux qui en portent la responsabilité, source d’accroissement de force et de vigueur: en réalité elle serait le contraire, et de tristes conséquences le prou-veraient. Un crime de lèse-majesté contre le Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs (Tim., VI, 14, Apoc. 16) perpétré par une éducation indifférente ou hostile à l’esprit chrétien, le renversement du «Laissez venir à moi les pe-tits enfants» (Marc, X, 14), porteraient des fruits bien amers.

«Par contre, l’État qui enlève aux cœurs saignants et déchirés des pères et des mè-res chrétiens leurs inquiétudes et les rétablit dans leurs droits, ne fait que travailler à sa propre paix intérieure et poser les bases d’un plus heureux avenir pour la patrie. Les âmes des enfants donnés par Dieu aux parents, consacrés au baptême par le sceau royal du Christ, sont un dépôt sacré sur lequel veille l’amour jaloux de Dieu. Le même Christ qui a dit: «Laissez venir à moi les petits enfants», a aussi, malgré sa miséricorde et sa bonté, menacé de maux terribles ceux qui scanda-liseraient les privilégiés de son Cœur. Et quel scandale plus dangereux pour les futures gé-nérations et plus durable qu’une formation de la jeunesse misérablement dirigée vers un but qui éloigne du Christ, Voie, Vérité et Vie, et qui conduit à renier le Christ, par une apos-tasie ouverte ou en cachette? Le Christ, dont on veut aliéner les jeunes générations présen-tes et à venir, est Celui qui a reçu de son Père Éternel tout pouvoir au ciel et sur la terre. Il tient la destinée des Etats, des peuples et des nations dans sa main toute puissante. C’est à lui qu’il appartient de diminuer ou d’accroître leur vie, leur développement, leur prospérité et leur grandeur. De tout ce qui est sur la terre, seule l’âme est douée d’une vie immortelle.

«Un système d’éducation qui ne respecte-rait pas l’enceinte sacrée de la famille chré-tienne, protégée par la sainte loi de Dieu, qui en attaquerait les bases, qui fermerait à la jeunesse le chemin qui mène au Christ, aux sources de vie et de joie du Sauveur, qui considérerait l’apostasie du Christ et de l’Égli-se comme symbole de fidélité à tel peuple ou à telle classe, prononcerait, ce faisant, sa pro-pre condamnation, et en expérimenterait, le moment venu, l’inéluctable vérité des paro-les du prophète: Ceux qui se détournent de toi seront inscrits sur le sable. (Jérémie, XVII, 13)».

Tiré de: l’Encyclique «Summi Pontificatus»

Condamnation de l’école sans DieuNe voit-on pas condamnée, dès le premier

instant de l’œuvre pontificale de Pie XII, une école qui irait à l’encontre de principes si sûrs, d’une doctrine qui a pour fondement l’Évangile, le Droit divin positif, comme le Droit naturel lui-même ? Cette école, condamnée, dès la premiè-re encyclique du Pape, c’est «l’école sans Dieu». Cette réprobation, Pie XII la formulera encore plus tard et en mainte circonstance, de la ma-nière la plus explicite. Il dira, par exemple, le 24 février 1951, dans son discours à l’occasion, du VIe centenaire du Collège Romain:

«L’expérience faite principalement au cours du siècle dernier, ne devrait plus laisser aucun doute au sujet des bienfaits qui proviennent de l’école guidée par des principes catholiques. En revanche, elle devrait remplir d’angoisse tout es-prit sachant penser avec un sens des responsabi-lités, à une si tendre jeunesse, devant les ruines qu’apporte aux individus et à la société l’école sans Dieu.”

Semaine Sociale du CanadaAu mois de juillet 1946, se tenait à Saint-

Hyacinthe, près de Montréal, la XXIIe Semaine Sociale du Canada, consacrée au problème de l’éducation de la jeunesse. A cette occasion, Pie XII adressa, le 27 juillet 1946, au Révérend Père Archambault, S.J., président, la lettre qui nous paraît, sur le point précis qui nous occupe, un document doctrinal des plus importants:

«C’est un problème sur lequel Nous ne Nous lassons pas de Nous pencher et qui, dans ce bouleversement de l’après-guerre, est d’une brûlante actualité. Car, pour refaire un monde, pour réédifier la société, ne faut-il pas commencer par les jeunes générations, qui seront les hommes de demain ? …

“Il est, à cet égard, tout un ensemble de vérités qui ont fait l’objet, surtout dans ces derniers temps, de l’enseignement approfon-di du Saint-Siège. Faut-il rappeler cette charte de l’éducation de la jeunesse que constitue l’encyclique «Divini illius agistri» (du Pape Pie XI). Les positions respectives de l’Église, de la famille et de l’État s’y trouvent parfaitement délimitées. Il est indispensable, si l’on veut vraiment former une jeunesse, par laquelle s’améliorera l’avenir de la société de rappeler les droits imprescriptibles et primordiaux de l’Église et de la famille en cette matière. L’État y a, certes, son rôle important, mais ce n’est pas celui que lui attribue la conception totali-taire du paganisme ancien et moderne. D’où la nécessité de faire triompher partout de jus-tes lois scolaires, impérieusement postulées tant par la morale naturelle et la plus élémen-taire justice que les maximes de l’Évangile et de l’ordre chrétien.”

Réclamons nos droits en matiè-re de religion. A bas l’infâme loi 95 imposant le laïcisme scolaire ! Que l’article 93 de la Charte cana-dienne des droits et libertés qui permettait des systèmes scolaires confessionnels soit rétabli pour le respect des droits des parents. Réclamons l’abolition du Ministè-re de l’Education avec ses écoles d’Etat. Nous voulons le rétablisse-ment du Conseil de l’Instruction publique, dirigé par l’Eglise, avec des écoles catholiques.

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Dans l’édition de juillet-août-septembre 2007 du journal L’Apostrophe, 1416 4e avenue, La Pocatière, Québec, GOR 1Z0, il y a un article intitulé «Écoles Zen», écrit par Paul-André Des-chesnes, que nous aimons publier:

Le journal La Presse du 24 septembre 2007 nous informait qu’un programme de massage corporel est en train d’être implanté dans plu-sieurs écoles primaires de la région de Québec.

Il paraît que cette activité réduit les ten-sions en agissant sur le cortisol, une hormone indicatrice de stress dans le corps humain.

Plusieurs parents inquiets ont été vite ras-surés, nous dit la journaliste Isabelle Mathieu du journal Le Soleil, lorsqu’on les a informés que le professeur ne touchera jamais les en-fants.

On enseignera plutôt aux élèves les tech-niques appropriés, et ce sont eux qui vont se «masser mutuellement le dos, les bras et les épaules dans des mouvements aux noms rigo-los comme les lunettes, la cuillère et la prome-nade de l’ours». sic.

Tout cela se déroule dans un fond de musi-que appropriée à la méditation et à la relaxa-tion. Ne faudrait-il pas y ajouter l’éclairage zen et l’encens ?

Nous savions déjà que dans certaines éco-les du Québec, on donne aux élèves des cours de Yoga et de Tai-chi. Que penser de toutes ces nouveautés «pédagogiques»?

Alors qu’on se prépare à mettre la religion défi nitivement à la porte de nos écoles, l’éso-térisme et toute une quincaillerie d’activités à saveur orientale entrent dans nos établisse-ments scolaires par la grande porte, avec la bé-nédiction du MEQ (Ministère de l’Éducation).

Les gourous du MEQ, adeptes des compé-tences transversales, proposeront-ils bientôt à

Dieu est chassé des écolesLes enfants sont initiés à l’ésotérisme

notre progéniture la méditation transcendan-tale ? Assez, c’est assez !

Ne faudrait-il pas tirer la sonnette d’alarme face à ce climat «New Age» qui souffl e dans les écoles publiques du Québec ?

Toutes ces activités à la mode sont toujours présentées de façon subtile et attrayante par des spécialistes, beaux parleurs, afi n d’endor-mir les parents, qui n’y voient que du feu.

Arrêtons de faire l’autruche ! Il faut avoir le courage d’aller à contre-courant, de dénon-cer ces pratiques et de résister face aux sirènes ésotériques.

De plus en plus, les nouveaux dieux entrent facilement à l’école. Le paganisme et l’athéisme sont en train de s’implanter dans nos maisons d’enseignement grâce à l’indifférence générale.

Saurons-nous démasquer ces approches ésotériques inacceptables pour des parents chrétiens ? Il ne faut pas attendre que l’école québécoise postmoderne devienne un lieu très fertile où on initiera nos jeunes à l’astrologie, la numérologie, le tarot, la magie, la sorcelle-rie et la réincarnation. Les fumées de Satan auraient-elles réussi à envahir nos maisons d’éducation ?

Paul-André Deschênes

Des victimes de l’athéismepar la révolution, en France

Information du diocèse de Poitiers, en France

A la suite des mesures antireligieuses déci-dées par la Convention nationale, 829 prêtres et religieux originaires de divers diocèses de France, sont conduits au printemps 1874 vers le port de Rochefort afin d’être déportés en Guyane.

Enfermés sur deux navires négriers qui resteront finalement ancrés à l’embouchure de la Charente, 547 mourront victimes d’épi-démies et des brimades de leurs gardiens. A partir du 18 août, les prêtres les plus mala-des furent débarqués sur l’île Madame. 284 y sont inhumés.

Parmi eux Jean-Baptiste Souzy (1734-1794), prêtre du diocèse de Larochelle à qui l’évêque du lieu avait donné les pouvoirs de vicaire général pour la déportation, mort le 27 août, et 63 de ses compagnons, ont laissé un témoignage émouvant de fidélité au Christ et au Siège apostolique, et de pardon à leurs bourreaux pour la paix de l’Eglise et de la so-ciété. Ils ont été béatifiés en 1995 par le Pape Jean-Paul II. Depuis 1910, chaque deuxième quinzaine d’août, a lieu un pèlerinage en sou-venir des prêtres disparus.

L’Odyssée des quelque 829 prêtres dépor-tés embarqués sur les deux navires négriers, les Deux-Associés et le Washington, qui sans jamais quitter la rade de l’île d’Aix, connurent des conditions de vie particulièrement atro-ces, est sans doute une des pages les plus sombres et les plus oubliés de la Terreur. En-tassés la nuit, bien au-delà des limites du rai-sonnable, dans un étroit entrepont, ces mal-heureux, dont plusieurs sont octogénaires et d’autres infirmes, vivent là un enfer dans la chaleur et la puanteur la plus effroyable, enfer encore aggravé par la malice des équi-pages qui les enfument chaque matin aux va-peurs de goudron. Durant la journée, debout sur le pont, ils n’ont droit qu’à une nourriture insuffisante, souvent avariée, parfois infecte. De plus, ils sont soumis au vol, aux brutalités et aux railleries des matelots.

Dans de telles conditions une épidémie de typhus se déclare en juin. Les inhumations se font d’abord à l’île d’Aix, qui reçoit dans ses sables 226 cadavres en quelques mois.

A partir du 20 août 1794, un adoucisse-ment relatif se traduit par la construction d’un hôpital de tentes dans la petite île Ma-dame, face à Port-des-Barques, 254 prêtres y mourront encore cependant.»

Ici au Canada, pour arriver au même but: faire disparaître les prêtres, semeur de civili-sation, on tue les enfants dans le sein de leur mère, il n’y a donc plus de relève à la prêtri-se, et le peuple retourne au paganisme, avec toutes ses malheureuses conséquences.

Th.T.

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Des imitateurs de VoltairesVoltaire a vécu de 1694 à 1778. Il était un

ennemi acharné contre Dieu et l’Église. Voici quelques-unes de ses paroles tirées du livre ‘Vie de Voltaire’, par Condillac:

«La religion chrétienne est une religion in-fâme, a-t-il écrit, une hydre abominable, un monstre qu’il faut que cent mains invisibles percent…

«Il faut que les philosophes courent les rues pour la détruire, comme les missionnaires cou-rent la terre et les mers pour la propager. Ils doivent tout oser, tout risquer, jusqu’à se faire brûler pour la détruire. Ecrasons, écrasez l’in-fâme.»

A une personne qui lui disait «Vous ne viendrez jamais à bout de détruire la religion chrétienne», Voltaire répondit: «Je suis las de leur entendre répéter que douze hommes ont suffi pour établir le christianisme et j’ai envie de leur prouver qu’il en faut qu’un pour la dé-truire.» Voltaire a été le principal propagateur des idées révolutionnaires au XVIII siècle. Son esprit anticlérical, son mépris de la religion, a préparé la voie au laïcisme scolaire en France et dans d’autres pays.

Au Québec, nous avons des imitateurs de Voltaire, tels que Daniel Baril du Mouvement laïc québécois, Lise Payette, Pauline Marois du Parti québécois, Paul Bégin et tous leurs com-pères. Ils démontrent leur haine contre l’Église en voulant faire disparaître toute trace du ca-tholicisme dans les écoles, les mairies, les par-lements, dans tous les secteurs.

Yvette Poirier

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Le 150e anniversaire des apparitions de Notre-Dame, à Lourdes

Homélie du Cardinal Ivan Dias à la Messe d’ouverture du JubiléEn la fête de l’Immaculée Conception, le 8

décembre 2007, à Lourdes, en France, c’était l’ouverture des festivités du 150e anniversaire des apparitions de la Sainte Vierge à Bernadet-te Soubirous, en 1858. Une messe solennelle a été célébrée en la basilique Saint-Pie X. Les so-lennités du grand Jubilé 2008 se termineront le 8 décembre 2008. La célébration eucharistique a rassemblé plus de 15 000 pèlerins.

L’homélie a été prononcée le matin du 8 dé-cembre, fête de l’Immaculée Conception, par le Cardinal Ivan Dias, Préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, depuis la ba-silique Saint-Pie X, dans les Sanctuaires No-tre-Dame de Lourdes, au cours de la messe in-ternationale célébrée à l’occasion de l’ouverture solennelle du Jubilé du 150ème anniversaire des Apparitions. Voici la presque totalité de la magnifi que homélie du Cardinal Ivan Dias:

La grâce et la miséricorde de Dieu“…Comme pèlerins réunis dans l’amour du

Christ, nous voulons rappeler avec gratitude et affection les apparitions qui ont eu lieu ici à Lourdes en 1858. ... Nous connaissons bien l’histoire de ces apparitions. La Sainte Vierge est descendue du Ciel comme une mère très préoccupée pour ses fi ls et fi lles qui vivaient dans le péché, loin de son Fils Jésus. Elle est apparue à la Grotte de Massabielle, qui à l’épo-que était un marais où paissaient les cochons, et c’est précisément là qu’elle a voulu faire éle-ver un sanctuaire, pour indiquer que la grâce et la miséricorde de Dieu doivent triompher sur le misérable marais des péchés humains.

Tout près du lieu des apparitions, la Vierge a fait jaillir une source d’eau abondante et pure, que les pèlerins boivent et portent avec tant de dévotion dans le monde entier, signifi ant le dé-sir de notre Mère affectueuse de faire répandre son amour et le salut de son Fils jusqu’aux ex-trémités de la terre. Enfi n, de cette Grotte bé-nie la Vierge Marie a lancé un appel pressant à tous pour prier et faire pénitence afi n d’obtenir la conversion des pauvres pécheurs.

On peut se demander: quelle signifi cation peut avoir le message de Notre-Dame de Lour-des pour nous aujourd’hui ? J’aime situer ces apparitions dans le plus large contexte de la lutte permanente et féroce existant entre les forces du bien et du mal dès le commencement de l’histoire de l’humanité dans le Jardin du Paradis, et qui continuera jusqu’à la fi n des temps.

L’Immaculée ConceptionLes apparitions de Lourdes sont, en

effet, parmi les premières de la longue chaîne des apparitions de Notre-Dame qui a commencé 28 ans auparavant, en 1830, Rue du Bac, à Paris, annonçant l’entrée décisive de la Vierge Marie au cœur des hostilités entre elle et le diable, comme il est décrit dans la Bible, dans les livres de la Genèse et de l’Apocalypse. La Médaille, dite miraculeuse, que la Vierge fi t graver en cette circonstance la représentait avec les bras ouverts d’où sortaient des rayons lumineux, signifi ant les grâces qu’elle dis-tribuait au monde entier. Ses pieds repo-saient sur le globe terrestre et écrasaient la tête du serpent, le diable, indiquant la victoire que la Vierge emportait sur le Ma-lin et ses forces du mal. Autour de l’image on lisait l’invocation: “O Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons re-cours à vous”. Il est remarquable que cette grande vérité de la conception immaculée de Marie ait été affi rmée ici 24 ans avant que le Pape Pie IX l’ait défi nie comme dog-

me de foi (1854): quatre ans plus tard ici à Lourdes, Notre-Dame a voulu elle-même révéler à Bernadette qu’elle était l’Imma-culée Conception.

Après les apparitions de Lourdes, la Sainte Vierge n’a pas cessé de manifes-ter ses vives préoccupations maternelles pour le sort de l’humanité en ses diverses apparitions dans le monde entier. Par-tout, elle a demandé prières et pénitence pour la conversion des pécheurs, car elle prévoyait la ruine spirituelle de certains pays, les souffrances que le Saint-Père aurait à subir, l’affaiblissement général de la foi chrétienne, les diffi cultés de l’Eglise, la montée de l’Antéchrist et ses tentati-ves pour remplacer Dieu dans la vie des hommes: tentatives qui, malgré leurs suc-cès éclatants, seraient toutefois vouées à l’échec.

Une offensive contre les forces du MalinIci, à Lourdes, comme partout dans le mon-

de, la Vierge Marie est en train de tisser un im-mense réseau de ses fi ls et fi lles spirituels dans le monde entier pour lancer une forte offensive contre les forces du Malin, pour l’enfermer et préparer ainsi la victoire fi nale de son Fils di-vin, Jésus Christ.

La Vierge Marie nous invite encore une fois aujourd’hui à faire partie de sa légion de combat contre les forces du mal. Comme signe de notre participation à son offensive, elle demande, en-tre autres, la conversion du cœur, une grande dévotion à la Sainte Eucharistie, la récitation quotidienne du chapelet, la prière sans cesse et sans hypocrisie, l’acceptation des souffrances pour le salut du monde. Cela pourrait sembler être des petites choses, mais elles sont puissan-tes dans les mains de Dieu auquel rien n’est im-possible. Comme le jeune David qui, avec une petite pierre et une fronde, a abattu le géant Goliath venu à sa rencontre armé d’une épée, d’une lance et d’un javelot (cf. 1 Sam 17,4-51), nous aussi, avec les petits grains de notre cha-pelet, nous pourrons affronter héroïquement les assauts de notre adversaire redoutable et le vaincre.

La lutte finale entre L’Église et l’Anti-ÉgliseLa lutte entre Dieu et son ennemi fait tou-

jours rage, encore plus aujourd’hui qu’au temps de Bernadette, il y a 150 ans. Car le monde se trouve terriblement englouti dans le marais d’un sécularisme qui veut créer un monde sans Dieu; d’un relativisme qui étouffe les valeurs permanentes et immuables de l’Evangile; et d’une indifférence religieuse qui reste imper-turbable face au bien supérieur des choses qui concernent Dieu et l’Eglise. Cette bataille fait d’innombrables victimes dans nos familles et parmi nos jeunes. Quelques mois avant qu’il ne devienne le Pape Jean Paul II (9 novembre 1976), le Cardinal Karol Wojtyla disait:

“Nous sommes aujourd’hui face au plus grand combat que l’humanité ait jamais vu. Je ne pense pas que la communauté chrétienne l’ait compris totalement. Nous sommes aujourd’hui devant la lutte fi nale entre l’Eglise et l’Anti-Eglise, entre l’Evan-gile et l’Anti-Evangile”.

Marie écrasera la tête du serpentUne chose toutefois est certaine: la vic-

toire fi nale est à Dieu et cela se vérifi era grâce à Marie, la Femme de la Genèse et de l’Apocalypse, qui combattra à la tête de l’armée de ses fi ls et fi lles contre les forces ennemies de Satan et écrasera la tête du serpent.

A la Grotte de Massabielle la Vierge Marie nous a enseigné que le vrai bonheur se trou-vera uniquement au ciel. “Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre,” a-t-elle dit à Bernadette. Et la vie de Bernadette l’a illustré assez clairement: elle, qui avait eu le privilège singulier de voir la Sainte Vierge, a été profondément marquée par la croix de Jésus, fut entièrement consu-mée par la tuberculose, et est morte, jeune, à l’âge de 35 ans.

En cette Année Jubilaire, remercions le Seigneur pour toutes les grâces corporelles et spirituelles qu’il a bien voulu concéder à tant de centaines de milliers de pèlerins en ce lieu saint, et par l’intercession de Sainte Bernadet-te, prions la Sainte Vierge pour nous fortifi er dans le combat spirituel de chaque jour afi n que nous puissions vivre en plénitude notre foi chrétienne en pratiquant les vertus qui distin-guaient la Vierge Marie, fi at, magnifi cat et sta-bat: c’est-à-dire, une foi intrépide (fi at), une joie sans mesure (magnifi cat) et une fi délité sans compromis (stabat).

O Marie, Notre-Dame de Lourdes, vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pau-vres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen”.

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Si tous les amis de Vers Demain parlaient de Vers Demain à tout venant et les abonnaient, voyez-vous changer le climat du Canada ? Les idées de Vers De-main seraient dans l’air, elles passeraient dans nos vies qui deviendraient rapidement plus chrétien-nes. Et la cité elle-même changerait d’aspect, elle aussi deviendrait chrétienne et créditiste.