70 ans de l'alsace

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Supplément du journal L'Alsace pour le 70e anniversaire de sa création et de la libération de Mulhouse.

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«L’Alsace» a 70 ans Lundi 24 novembre 2014 L'ALSACE16

MAG04

14 mai 196823 novembre 1963

22 juillet 1969 11 et 12 novembre 1970 3 avril 1974

2 juin 1979 11 mai 1981 11 novembre 1989

1er et 2 juillet 1962

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«L’Alsace» a 70 ans Lundi 24 novembre 2014 L'ALSACE27

MAG05

M U L H O U S E

13 novembre 2014

3 avril 2005

13 juillet 1998 27 décembre 1999 1er janvier 2000

12 septembre 2001 22 avril 2002

DEFmulhouse

6 novembre 200810 juin 2007

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MAG06

Raymond Couraud

Le premier numéro de « L’Alsace »a paru sur deux pages, le 24 no-vembre 1944. On se battait encoredans certains quartiers, mais lequotidien proclamait fièrement :« Mulhouse est redevenu fran-çais ».

Il fallait du courage pour publier lejournal de la liberté dans une villeoù le bruit de la canonnade cou-vrait parfois celui de la rotative.

Un petit groupe d’hommes décidéstint et réussit ce pari pour annon-cer aux Mulhousiens que la libertéétait en marche et qu’un journalallait l’accompagner. Raoul Hill-meyer, Louis Zimmerman, Jean-Frédéric Durm et René Koenigcréèrent même à cette occasion laSociété française d’Édition de Jour-naux et Imprimerie commerciale,la SFEJIC. Une « société française »alors que les Allemands n’avaientpas quitté la ville, cela sonnait for-midablement bien. Le plus dur, évi-

demment, fut de sortir ce fameuxquotidien. L’un des héros du jour,Gaston Moeglin, raconta quelquesannées plus tard, comment dès21 novembre dans la matinée, il seretrouva chez Raoul Hillmeyerpour voir comment réaliser unjournal. « Nous pensions que l’in-formation était une nécessité abso-lue et qu’il fallait réunir au plus tôtle personnel disponible. « Dès lelendemain, dans une salle de spec-tacle, place Franklin, où avaientété regroupées les cinq linotypes etles quelques machines rescapéesdu bombardement MM. Zimmer-mann et Hillmeyer comptèrent lesouvriers et les employés prêts à semettre au travail immédiatement.

«On dormait au milieudes machines»

Tout cela n’était pas facile. Beau-coup de personnes étaient encoredans les caves ou dans des quar-tiers sous le feu. La décision deparaître le vendredi 24 novembrefut prise. ». Dans la nuit du 23 au

24 novembre, la Marinoni, vaillan-te rotative rescapée de la guerre etclandestinement conservée, se mità tourner. Ce jour-là, alors que lesMulhousiens plus au calme décou-vraient leur premier journal libre,on se battait encore dans la caser-ne Lefebvre.

L’ambiance rue Franklin était élec-trique. Le confort plus que mini-mum. « Le personnel campaitlittéralement sur les lieux. Rentrerla nuit, par les rues retentissant del’éclatement des obus était une ga-geure. On dormait sur des paillas-ses entre les machines et onattendait l’aube pour rentrer chezsoi pour se laver et se restaurer. »

Un jeune couple d’amoureux, Ray-mond Folzer et sa future épouseMadeleine, employés tous deuxbien malgré eux au quotidien Mul-hauser Tagblatt, assistèrentd’abord à la destruction des archi-ves de ce journal qui défendait lacause nazie avant de se consacrer,bien volontairement cette fois,

quelques jours après à « L’Alsace ».Une de leurs collègues du Mulhou-ser Tagblatt, Anne Bohrer, assistaau départ du directeur allemandqui lui confia : « Nous serons deretour dans six semaines ». Elleaussi se souvenait avoir travaillé« au Royal, place Franklin, où l’im-meuble avait subi quelques dé-gâts. Quand il pleuvait, nousouvrions nos parapluies au-dessusdu bureau ».

Ce premier exemplaire de « L’Alsa-ce » devait être vendu, quels quesoient les risques encourus. Il lefut. « Le premier numéro, tiré à30 000 exemplaires, se vendit à lacriée dans les rues. Une rééditionde 10 000, suivit le lendemain,25 novembre ». La distributions’améliora au fur et à mesure queles forces françaises et alliées pro-gressaient.Rapidement, les Mulhousienstrouvèrent « L’Alsace » dans leursboîtes aux lettres. Les premiersabonnés signèrent leur contrat le1er décembre 1944.

ANNIVERSAIRE

Au milieu des combats«L’Alsace» a publié son premier numéro alors que les combats entre la 1re armée française et les Allemandscontinuaient dans plusieurs quartiers de la ville. L’enthousiasme porta cette première édition de deux pages.

La future rotative de «L’Alsace» sous les décombres du bombardement d’août 1944. Photo L’Alsace/Edouard Meisterhans

On ne déplace pas une rotativecomme un vulgaire fer à repas-ser. Les quatre mousquetaires dufutur quotidien L’Alsace réussi-rent pourtant cet exploit au nezet à la barbe de l’occupant. Ilsfurent quelque peu aidés par lesbombardements alliés et par ladésorganisation qui s’emparaientpeu à peu des Allemands.

Les quatre amis, Raoul Hillmeyer,Louis Zimermann, Jean-FrédéricDurm et René Koenig avaient dûaccepter de travailler pour leMulhauser Tagblatt après l’an-nexion. Au mois d’août 1944, leslocaux du journal furent touchéspar un bombardement qui lesdétruisit en partie, contraignantles responsables du quotidien àtrouver un autre site. La rotative,une imposante Marinoni est alorsconsidérée comme perdue. Paspour tout le monde. Le quatuorretire la machine des décombres,pièce après pièce. Tout cela estinstallé dans une salle de specta-cle de la place Franklin, où sontégalement montées les linotypesqui permettront de composer lestextes du futur journal.

Malins et désireux de se vengerjusqu’au bout de l’occupant, lesfuturs patrons de L’Alsace fontconfectionner le titre de leurquotidien par un graveur quienvoie sa facture à la directiondu Mulhauser Tagblatt.

Les travaux avancent au rythmede la libération de la France. Le17 novembre, alors que De Lattre

s’apprête à lancer sa premièreoffensive sur la Haute-Alsace,tout le matériel est prêt à fonc-tionner pour porter la bonnenouvelle aux futurs lecteurs se-vrés d’information indépendantedepuis plus de quatre ans.

Feu vertde la résistance

Reste une formalité à accomplir.En Alsace on est légaliste, mêmequand on est dans la clandestini-té. Les organisateurs demandentune autorisation de paraître. Ilssollicitent pour cela le comité delibération. C’est d’autant plusaisé que le vice-président de cetorganisme, René Waechter a re-joint l’équipe qui pilote le journalavec son ami Henri Wagner. RenéWaechter devient à cette occa-sion le principal actionnaire deL’Alsace. La journée du 21 no-vembre a été bien employée. Lasuite est affaire de journalistes etde techniciens.

La Marinoni fonctionnera jus-qu’en 1972, avant d’être rempla-cée par un autre « monstre » dela presse, une MAN. Les plusanciens collaborateurs de L’Alsa-ce se souviennent que la machi-ne fut conservée au rez-de-chaussée du bâtiment, à l’anglede l’avenue Aristide Briand et duquai de la Cloche. Certaines nuitsd’hiver, quelques clochards ve-naient se blottir entre les rou-leaux pour profiter de la chaleurde la rotative à tout jamais en-dormie.

AVENTURE

La rotative secrèteannonce la libération

La première rotative de «L’Alsace» a résisté à unbombardement et aux ultimes combats.

Alors que paraît le 1er numéro de «L’Alsace» on se bat encore caserne Lefebvre,

où meurt le lieutenant de Loisy. Photo Darek Szuster

«L’Alsace en 2044», plutôt bien vuIl est souvent difficile de prédire ce que sera lemonde dans cinquante ans. Nos deux confrères, Raymond Claudepierre et Jean-FrançoisMattauer s’étaient attelés à cette tâchedélicate. On verra ci-dessous qu’ils ont su anticiper le journal et les ordinateurs, voire les smartphones.