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7 CLES POUR DIRE ET VIVRE LA CREATION

« Je crois en Dieu tout-puissant, créateur du ciel et de la terre … » Cette phrase suscite parfois des questions d’enfants (ou celles d’adultes, comme Albert Jacquart), à moins que les problèmes ne surgissent d’une comparaison suggérée avec des données d’un cours de physique ou d’histoire de notre planète. Voici bien simplement quelques pistes pour s’orienter dans ce domaine. Clé 1. La Genèse comporte deux présentations successives de la création.

On s’arrête souvent au premier chapitre, mais ce n’est sans doute pas pour rien que les auteurs du livre ont maintenu deux « récits » en introduction à la Torah…

Il est évident que Gen 2,4-25 n’est pas une « suite » de Gen 1,1-2,4. C’est plutôt une présentation adressée à des nomades qui savent ce qu’est le miracle de l’eau et qui comprennent l’homme comme responsable d’une oasis, le jardin en Eden. L’autre texte, le plus connu, est d’une tout autre allure, plus rythmée, plus systématique, parlant d’un monde plus proche de l’agriculture. A remarquer aussi : Gen 2 nous parle d’un Dieu potier, artisan, fabriquant de ses mains, tandis que Gen 1 nous présente Dieu qui crée par la Parole de vie (Dieu dit, et cela est) : pourrait-on dire qu’il s’agit de deux regards, l’un plus populaire et l’autre plus intellectuel ?

Deux publics, sans doute, mais un même message de vie : à la lumière de la foi, quelle est la place de l’être humain dans la création ? Clé 2. L’aspect « temporel » de ces récits.

On sait, bien sûr, qu’en français, bien des récits fondateurs sont racontés au temps passé, tout en concernant aussi le temps présent (les contes de fées en sont un bon exemple), mais en hébreu, la situation est un peu différente. En effet, l’hébreu ancien ne connaît ni temps passé, ni temps présent, ni temps futur (certains dialectes arabes semblent avoir la même caractéristique). La conjugaison hébraïque a par contre deux modalités : on peut présenter une action ou bien dans sa totalité ou bien dans son déroulement.

Il se fait que, dans ces deux passages, les verbes sont tous à la forme inachevée, sauf le premier du texte : « Dieu crée », phrase qui se présente dès lors comme une sorte de titre à l’ensemble, d’annonce englobant toutes les facettes suivantes, et donnant le sens profond de ce qui se présente à nos regards.

Puisque le texte ne nous fournit aucune indication temporelle particulière, rien ne nous oblige à traduire au passé. Si l’on en a pris l’habitude, c’est peut-être sous l’influence de la traduction grecque des LXX, qui a utilisé le passé comme le faisaient les Grecs dans leurs récits des origines ; c’est peut-être aussi parce que ce passé paraît englober toute l’histoire…

Relire le premier chapitre de la Genèse au présent peut déjà, pour chacun de nous, être révélateur ! (« Au commencement » est alors non pas chronologique, mais simplement logique : un début de raisonnement ou de présentation.) Clé 3. Le récit en « sept jours » a une saveur liturgique.

Quand on examine les différentes facettes de création selon les jours, on constate que le 3e et

le 6e ont chacun une double création. Par ailleurs, les 4e et 7e nous parlent des fêtes religieuses et du shabbat. Jacques Vermeylen propose dès lors de comprendre qu’il y aurait eu un premier récit en sept jours d’activité, et qu’ensuite une perspective liturgique serait venue imprégner l’ensemble, en réservant deux jours aux célébrations et au repos religieux, les créations initialement situées à chacun de ces deux jours étant alors reportées au jour précédent

Du coup, nous est offerte là une piste de compréhension : dans le rythme même de la semaine, nous sommes invités à nous associer au regard de Dieu qui « voit que tout cela est bon ».

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Clé 4. « Image et ressemblance ».

Dans les deux récits de création, l’être humain est particulièrement mis en évidence : - en Gen 2, quand il est dit que l’homme est maître de la création (il donne les noms à tous les

êtres vivants, il les maitrise donc) et que la femme est la compagne qui lui est assortie (le nom donné est son propre nom, au féminin) ;

- en Gen 1, quand l’être humain est annoncé « à l’image et la ressemblance de Dieu » pour gérer toute la terre et qu’il est créé « homme et femme », à l’image de Dieu : la « ressemblance » est encore à réaliser !

Cette création a un sens particulièrement fort quand on se rappelle que l’expression « image et ressemblance » est connue dans l’Antiquité : elle servait à désigner l’ambassadeur ou le plénipotentiaire d’un souverain, ce que nous pourrions désigner aussi par le nom de « représentant ».

La mission ainsi évoquée rejoint exactement celle de Moïse au Buisson ardent (Exode 3,10-12), et celle des disciples à l’Ascension de Jésus (Actes des Apôtres 1,8) : chaque fois, l’envoi est associé à la promesse d’une force, d’une présence de Dieu qui aide à accomplir la mission. Clé 5. La création comme message de foi et mission.

En rassemblant tous les éléments, on peut comprendre que l’homme est présenté comme recevant les pleins pouvoirs de Dieu pour poursuivre la création (clé 4), celle-ci toujours inachevée, toujours en devenir (clé 2), et il est invité chaque jour de la semaine à participer à la parole, l’action et le regard de Dieu qui « voit que cela est bon » (clé 3).

En d’autres termes, nous sommes créateurs, animés de la force même de Dieu, créant la lumière, créant une oeuvre d’art, cultivant un champ, fondant une cellule d’amour, donnant la vie à un enfant : cette création se poursuit chaque jour, et nous sommes invités à en prendre conscience, en communion à Dieu. Clé 6. Les scénarios scientifiques des débuts de notre monde ou de notre univers.

Il va de soi que, dans cette perspective, toutes les comparaisons avec un big-bang ou d’autres évolutions ne sont plus qu’anecdotiques ! On peut bien sûr admirer la création et l’histoire de la création, l’évolution, mais ne nous égarons pas quant au message de foi : celle-ci concerne d’abord notre vie, aujourd’hui.

Dans ce cadre-là, tout ce qui regarde le respect et la protection de la nature et de l’environnement peut avoir toute une place, mais aussi la relation à toute l’humanité, car c’est collégialement que nous sommes envoyés. Clé 7. La « lecture » du texte de Genèse 1.

On aura bien compris que la lecture mot à mot parfois prônée ne mène qu’à une impasse. Découvrir tout un sens poétique et artistique peut bien sûr se justifier, mais il s’agit en fait d’aller au-delà, jusqu’à l’expression d’un sens religieux, de relation à Dieu.

Il faudra donc se méfier de schémas qui prétendraient nous enfermer, alors que le message biblique veut avant tout donner du sens à la vie, libérer de l’absurde… N’est-ce pas aussi tout un Exode, une sortie de nos schémas, un chemin à partager ?

Bonne CREATION de votre cours ! P.S. : Je voudrais ajouter ici que le Coran n’a pas tout un récit de création, mais bien une série d’allusions. La conception de création continue y est présente, au point que des soufis affirment que « si Dieu cessait de penser à nous, nous cesserions d’exister »… Cette pensée vivifiante de Dieu n’a donc pas d’arrêt, ce qui fait rejeter par les musulmans l’idée d’un quelconque « repos » du 7e jour, d’autant plus que ce dernier ferait supposer que Dieu se fatigue et n’est pas tout-puissant. Il me semble pouvoir préciser que pour l’Islam, cette création continue est donc bien située dans la pensée active de Dieu, et non pas dans une délégation à l’être humain, comme invite à le comprendre la Genèse.

Christian DD, revu le 14.03.06.