6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne...

32
Trimestriel | Janvier 2016 | 8| N°ISSN : 2118-2310 20 La Musique Implants, recherche et communication Congrès européen

Transcript of 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne...

Page 1: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Trimestriel | Janvier 2016 | 8€ | N°ISSN: 2118-2310

20

� La Musique

� Implants, recherche et communication

� Congrès européen

Page 2: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Courrier des lecteurs

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Nos lecteurs nous écriventPublier des articles de 6 millions de malentendants

Notre association locale de malentendants de la régionde Rambouillet, ADSMY, édite un petit journal àl’intention de ses membres. Nous voudrions pouvoirreproduire des extraits de 6 millions de malenten-dants, en indiquant évidemment la source. Noussouhaitons donc à cet effet votre autorisation.

� ADSMY

Réponse de la rédaction :Il ne nous est pas possible de vous donner une autorisationgénérale pour reproduire nos articles et nous proposonsbien évidemment à vos adhérents de s’abonner. Cependant, afin de permettre à vos adhérents dedécouvrir notre revue, vous pouvez, ponctuellement,nous demander l’autorisation pour un article précis.Nous vous demanderons alors de mettre un lien versla page abonnement de notre site Internet.

Merci pour le numéro 19 !

Je m’appelle Michel. Je travaille avec des personnesmalentendantes mais aussi avec des sourds signants etavec des sourds oralistes. La maxime de ma structureest : entendre ne suffit pas pour comprendre.J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultéspour mieux les intégrer dans le cadre du travail ; et ledernier numéro de votre magazine 6 millions demalentendants sur les appareillages m’a épaté.Grâce à vos témoignages, je me sens capable aujourd’huide mettre des mots sur des choses que je percevais, queje comprenais quand des bénéficiaires me parlent de leursdifficultés mais que je n’arrivais pas à transcrire.Qu’est-ce qu’une bonne aide auditive, de la prise de cons -cience à l’acceptation, ont bien complété l’information dunuméro d’avril sur le sujet. Et pour finir, merci pour lafiction de l’été, l’humour est aussi un vecteur de messages.

� Michel

À la lecture du précédent dossier

Dans l’article « Comment choisir son audioprothésiste »(cf. n°19) il est écrit : « les chaînes d’optique avec uneprésence d’un audioprothésiste quelques jours parsemaine sont à éviter ».Nous voyons sur le terrain beaucoup d’audioprothé-sistes qui travaillent sur plusieurs sites à la fois.Suivant le dossier de presse UNSAF de février 2014 ily avait 0,75 audioprothésiste par centre en 2012, cechiffre est probablement moindre en 2015.Le temps de présence de l’audioprothésiste dans lemagasin n’est peut-être pas le seul critère pour avoirl’assurance d’un bon suivi.

Les retours d’expérience des autres clients sont essentielset c’est l’association locale qui récupère cette information.Il faut savoir aussi que l’assistante (c’est le plus souventune femme) de l’audioprothésiste, présente en perma-nence, est souvent formée pour changer un tube d’emboutet/ou effectuer des dépannages simples. Ses qualitésvont compter pour la satisfaction de la clientèle.À Surdi 13 nous militons pour un contrat de suivi/entre -tien clair: temps d’intervention entre l’appel et la priseen charge, remplaçant pendant les vacances, appareil derechange en cas d’envoi en réparation, assurance quel’appareil sera réparable pendant 7 ans après achat…

� J. S., Surdi 13

Et chez vous, y’a une boucle à la gare ?

À Grenoble on rénove la gare, qui datait des jeuxolympiques de 1968 !Les guichets sont provisoirement dans un préfabriquéà l’extérieur. Ô bonne surprise, la loi est maintenant appliquée !Deux guichets PMR sont installés, avec chaise, petitecloison séparatrice, et boucle d’induction magnétique! J’en suis une utilisatrice militante. En effet, si j’interroge lesite SNCF, pour trouver le meilleur horaire et le meilleur prix,je vais toujours acheter mes billets à la gare. Cela me permet,à chaque fois de faire une mini formation du préposé. Jusqu’àprésent, je n’ai pas eu affaire deux fois à la même personne!

� Anne-Marie Choupin

23

Page 3: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Surdité, solidarité,partage et tolérance

23

Éditorial

6 millions de malentendantsest une publication trimestrielle de l’ARDDS (réaliséeen commun par le Bucodes SurdiFrance et l’ARDDS)Maison des associations du XXe (boîte n°82)1-3, rue Frédérick Lemaître – 75020 Paris

Ce numéro a été tiré à 2300 exemplairesDirecteur de la publication : Brice Meyer-HeineRédactrice en chef : Maripaule Peysson-PellouxRédactrices en chef adjointes: Aisa Cleyet-Marel, Anne-Marie ChoupinCourrier des lecteurs : [email protected] collaboré à ce numéro: L’équipe des stages ARDDS, Section ARDDS76, Section ARDDS 12, Nicole Leitienne, Suzette Mallein, Oreille et Vie,Maryannick Moal, Lumioara Billière-George, Christian Guittet, NorbertAvéroux, Christian Giordano, Brigitte, Emmanuelle Guillou, Éric Courtens,Emmanuel Bellis, J.-S. Surdi13, Sigrid Cathelain, Quentin Mesnildrey, PierreStahl, Olivier Macherey, Evelyne Gallet, Yane, Irène Aliouat, MaripaulePeysson-Pelloux, Aisa Cleyet-Marel, Anne-Marie Choupin, Brice Meyer-HeineCrédits photos : Bucodes, ARDDS, Sigrid Cathelain, Carol Letanneur,Eric Courtens, Irène Aliouat, Musée de GrenobleDessins: DD, Antoine Pelloux • Couverture: Ellen TierieMise en page • Impression : Ouaf ! Ouaf ! Le marchand de couleurs16, passage de l’Industrie - 92130 Issy-les-MoulineauxTél. : 0140 930 302 - www.lmdc.netCommission paritaire : 0616 G 84996 • ISSN: 2118-2310

L’année 2015 laissera pour longtemps une trace doulou-reuse dans nos mémoires. Alors souhaitons que 2016 soitplacée sous les signes de la solidarité, du partage et de latolérance. Agissons ensemble pour que, au-delà de nosdifférences, chacun puisse « profiter de la vie ».La lecture de ce numéro de 6 millions de malentendantsmet en valeur quelques-unes des actions réalisées en 2015et porteuses d’espoir pour l’avenir.Les associations de sourds et malentendants, sous l’égidedu Bucodes SurdiFrance, ont établi des propositionsconcrètes pour que, lors d’un achat d’appareillage auditif,le reste à charge se rapproche de zéro.Grâce aux actions de l’ARDDS Alpes Maritimes le premier prixdu meilleur film sous-titré a été remis le 14 janvier à Cannesà Jean-Pierre Améris, réalisateur du film Marie-Heurtin.Les stages d’été de lecture labiale permettent chaque annéeà de nouveaux stagiaires situés dans toutes les régions deFrance de découvrir la lecture labiale, de partager les expé -riences, ainsi que trucs et astuces pour surmonter les diffi-cultés auditives et repartir plus forts.Chaque surdité, chaque type de malentendance est un caspar ti culier. Le courrier des lecteurs montre qu’aucunesolution n’est universelle. Je remercie les trois rédactricesen chef de notre revue de maintenir un esprit de tolérancequi permet à chacun de s’exprimer.Merci à nos lecteurs qui nous envoient des témoignages qui« remontent le moral ». Avec beaucoup de volonté unenfant sourd peut devenir professeur de guitare. Sourds, malentendants, entendants donnons-nous la mainpour danser !Chères lectrices, chers lecteurs de 6 millions de malen-tendants, j’adresse à chacun de vous mes vœux les plussincères de bonheur, de réussite et de parfaite santé.

� Brice Meyer-Heine, Directeur de la publication

DécèsNous venons d’apprendre avec tristesse, le décès de MarcRenard, le 6 janvier dernier. Nous reviendrons sur l’homme etson parcours dans le prochain numéro. Compagnon de routede beaucoup d’entre nous, il fut longtemps Rédacteur en chefde La Caravelle, puis responsable des « Éditions du Fox ».Nous assurons Martine son épouse et sa famille, de nosplus sincères condoléances, avec l’expression de notre vivesympathie.

� La Rédaction

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

SommaireCourrier des lecteurs

Éditorial

Vie associative• Les stages d’été de lecture labiale ARDDS 2016 4• Rencontre inter associative, Normandie-Nord 5• Une nouvelle section ARDDS en Aveyron 6• L’Handi-Phone 6• Une journée ordinaire 7• Accueillir un stagiaire dans son association? 7• Les Salons et Congrès 8

Dossier• La musique 9

Appareillage• Concertation sur le reste à charge 16• Liens entre les fabricants et les audioprothésistes 17• Aides techniques complémentaires aux appareils auditifs 18

Médecine• Implants, recherche… et communication ! 19

Témoignage | Reportage• Quelle belle leçon de vie ! 22• Appropriation de la lecture labiale 23

Pratique• La technologie sans fil 24• Le service civique 26• La société Cochlear à Toulouse 26

Europe | Internationale• Déclaration de l’association américainede la malentendance 28

• Un congrès européen, pourquoi, pour qui ? 29

Culture• Rencontre inter handicap au Musée 30• Lorsque sourds, malentendants et entendants se prennent par la main… pour danser 31

Thème du dossier dans le prochain numéro : « Communiquer autrement »Merci de nous faire parvenir vos courriers et témoignages à[email protected]. �

Page 4: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Bu

llet

in d

’in

scri

pti

on

Nom, prénom: .................................................................................................................................................................

Adresse : ...........................................................................................................................................................................

.........................................................................................................................................................................................

Téléphone : ...................................................................... Mail : ................................................................................

Date de naissance : Profession : .......................................................................

Session souhaitée : ........................................................... Type de chambre souhaité :................................................

Nom du colocataire si chambre double : ..............................................................................................................................

Avez-vous déjà suivi des séances de lecture labiale ? � Oui � Non

� En individuel � En collectif

Quand et pendant combien de temps : ...............................................................................................................................

Avec la méthode Jeanne Garric ? � Oui � Non � Ne sait pas

Numéro de téléphone et personne à contacter en cas de besoin : ..........................................................................................

Demande d’inscription aux stages d’août 2016 à Bordeaux

À retourner, accompagné de votre règlement, à : ARDDS (inscriptions sessions de lecture labiale)Maison des associations du 20e arrondissement - Boîte 82 - 1-3, rue Frédérick Lemaître - 75020 Paris

Vie associative

45

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Les stages d’étéde lecture labiale ARDDS 2016L’ARDDS organise, en août 2016, à Bordeaux (Gironde) deux stages de formation etd’entraîne ment à la lecture labiale d’une semaine chacun : du mardi 16 au mardi 23 août,et du mercredi 24 août au mercredi 31 août.

Ces stages sont destinés aux devenus-sourds et aux malen -tendants qui désirent se former ou se perfectionner à lalecture labiale. Ils peuvent accueillir également des ortho -phonistes et des élèves-orthophonistes intéres sés parl’apprentissage de l’enseignement de la lecture labiale.

Le programme de chaque stage consiste le matin(samedi et dimanche compris), en une formation théoriqueet en exercices pratiques de lecture labiale dispenséspar des orthophonistes professionnels ; les après-midissont consacrés à des échanges entre stagiaires et ortho pho -nistes sur leur vécu et les moyens utilisés pour com pen serleur handicap et sortir de leur isolement. En outre,deux excursions en groupe sont organisées, l’une surun après-midi, l’autre sur une journée complète.Les participants sont logés en pension complète, enchambre individuelle ou en chambre pour deuxpersonnes. Toutes les chambres sont avec douche etsanitaires complets.

Les personnes résidant dans la région peuvent s’inscrire austage sans hébergement ni excursions (nous consulter).

• Pour les personnes en activité : ces stages peuventêtre effectués dans le cadre de la formation profes-sionnelle continue. Le prix du stage est de 850 €

pour une semaine.

• Pour tous les autres: les personnes non prises en chargepar leur entreprise ou ne bénéficiant pas d’une aide finan -cière d’un autre organisme, les retraités, les chô meurs,le prix du stage par personne et pour l’ensemble for -mation, hébergement et excursions, est fixé à 610 € enchambre individuelle et à 560 € en chambre double.

En raison du nombre limité de places, et de la nécessité deréserver au plus tôt, nous vous conseillons d’envoyer très vitevotre bulletin d’inscription en indiquant le séjour souhaité eten joignant un chèque de 300 € pour la réservation (obli ga -toire pour toute personne désirant s’inscrire). Les participantsnon membres de l’ARDDS devront obligatoirement établir,en plus, un chèque de 30 €, (pour les adhérents d’une asso -ciation du Bucodes SurdiFrance, nous consulter) à l’ordrede l’ARDDS. Le solde devra être réglé avant le 15 mai 2016.En cas de désistement, les personnes inscrites ne pourrontobtenir le remboursement des sommes versées qu’en casde force majeure ou bien si un remplaçant a été trouvé.

� L’équipe d’encadrement des stages

Nous apprenons le décès d’Edith Kauffmann cevendredi 15 janvier à l'âge de 94 ans. C’était unefidèle des stages de l’ARDDS. Les stagiaires qui l’ontconnue se souviennent d’elle avec émotion. �

cès

Page 5: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

45

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

Vie associative

Un peu d’histoire… Depuis quatre ans, deux associa-tions normandes (CREE-ARDDS76 et ADSM Manche)et une asso ciation du Nord (ADSM Lille) organisent àtour de rôle des week-ends très conviviaux de décou-vertes régionales et échanges inter-associatifs :échanges d’infos et d’expériences…CREE-ARDDS76 et ADSM Manche ont initié cette aven tureen 2012 à Rouen, puis l’année suivante au Mont Saint Michel,puis l’année d’après à nouveau dans la ville où Jeanne d’Arcfut brûlée et surtout où nous fûmes rejoints par ADSM Nord;et enfin cette année à Lille chez les Ch’tis. L’année pro chainenous retournerons tous ensemble dans la Manche…

Que fait-on lors de ces week-endshyper conviviaux ?

D’abord ce qui prime, c’est la rencontre, les échanges.On partage tout ce que l’on connaît qui aide à optimi-ser notre intégration. Ensuite on profite d’être entremalentendants pour décompresser le temps du week-end en devenant la majorité, la norme, en n’ayant pluspeur de ne pas entendre/comprendre et en n’ayantplus peur de faire répéter. Ça fait du bien de temps entemps pour recharger les batteries.

Il y a aussi les activités. Les hôtes essaient de donneraux invités un aperçu des charmes et curiosités de leurrégion, sur tous les plans, ballades, visites, restos…

On peut également prévoir d’autres activités, par exempledes séances d’entraînement à la lecture labiale ou desexposés sur les aides techniques liées au monde de lasurdité. Nous avons proposé ces deux ateliers l’année der -nière à Rouen. Nous avons également découvert et appréciéune technique que nous ne connaissions pas et qui nouspermet de tout entendre et tout comprendre lors des visitesde sites. Il s’agit du système HF pour visites guidées quel’ADSM Manche apporte à chaque week-end.

� Section ARDDS 76

Rencontre inter associative,Normandie-NordQuand les malentendants se rencontrent pour un week-end : 4e édition.

Témoignages

Tout d’abord vous rencontrer était une première etun plaisir pour moi. J’ai enfin trouvé des personnesappartenant à « mon monde », à qui il ne faut plusrappeler qu’on n’entend pas, d’articuler… Bref unplaisir ! Et surtout c’était très reposant de n’avoir àfaire que peu d’efforts pour suivre une conversation.

� Frédérique

Je découvre que finalement, être malentendant, çavaut de l’or. Eh oui ! Avec vous, personne ne parle àla cantonade ou se parle à lui-même en pensantépater les autres. On est tous obligé de faire attentionà qui on parle, quand et pourquoi.

� Marie-Agnès

« Être malentendant vaut de l’or » quand on est entrenous : malentendants ! Mais, pour le faire com -prendre aux entendants… Je me demande parfois sice n’est pas « mission impossible ».

� Le Ch’ti

Cette journée m’a permis de comprendre un peumieux le système des boucles portatives qui finale-ment s’adaptent aux prothèses auditives avecposition T pour un modèle ou aux malentendantsnon appareillés ou appareillés sans position T pourl’autre modèle.

� Catherine

Nous avons eu beaucoup de chance pour le tempsmais vos sourires et votre enthousiasme auraient detoute façon été des facteurs de réussite.

� Sigrid

L’année prochaine nous nous retrouverons dans laManche. Je tenais à vous faire part de tout le plaisirque j’ai eu à vivre et à partager ces 2 jours 1/2 passésensemble, pour vous inciter vous aussi à vivre unetelle expérience, avec une ou deux des associationsproches de chez vous. Et je suis certaine que vousrécidiverez !

� Lumioara

Page 6: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Vie associative

Une nouvelle section ARDDS en AveyronEn juillet 2015, est née la Section ARDDS 12, validée par le conseil d’administration del’ARDDS, cet automne.

On en parlait depuis longtemps, lors des stages delecture labiale, de cette section ! L’un de nous, Jean-Claude, récemment retraité etdevenu enfin disponible, se décida, car il était sollicitépar des audioprothésistes et des orthophonistes pourdes conseils aux malentendants. Grâce à l’appui d’Alain,vice président de la section Cantal et administrateur duBucodes SurdiFrance, nous avons constitué un bureau:Michel secrétaire, Danièle trésorière, Jean-Claude respon -sable de la section et André s’est joint à nous.Notre petite équipe a entrepris les démarches. La réponseà la demande d’adhésion et d’hébergement à la maisondes associations de Rodez sera connue début 2016.L’ouverture d’un compte bancaire est en cours.Puis, nous allons nous former à la gestion, grâce parun organisme associatif local, rechercher des ortho-phonistes agrées, formés à la lecture labiale et à larééducation post implant cochléaire.

Contact est prisaussi avec uncercle de ciné -philes pour orga -niser des séancesde cinéma sous-titrées et avecboucle d’induc-tion magnétique(BIM)…Nous allons créer des liens avec les sections ARDDSdes départements limitrophes pour coordonner nosactions et nous entraider. Toute autre association demalentendants de la région souhaitant parti ciper et noussoutenir dans nos actions sera bienvenue.Contact : [email protected]

� Section ARDDS 12

Trophées régionaux de l’innovation sociale 2015

L’Handi-PhoneDans le cadre de leurs politiques d’action sociale axées sur la prévention des effets duvieillissement pour le maintien de l’autonomie, le groupe AG2R La Mondiale et la CARSATRhône-Alpes ont renouvelé leur partenariat en organisant conjointement les TrophéesRégionaux de l’Innovation Sociale 2015.

Ces trophées ont été créés pour promouvoir et récom-penser les initiatives concrètes et pertinentes en faveurdu bien-être des personnes âgées, des personnes ensituation de handicap ou en difficulté sociale. Cette année,le thème était : « Bien vieillir et nouvelles technologies ».

Plus de vingt structuresont déposé un dossier enRhône-Alpes, trois lau réatsont été primés dont notreassociation. Grâce à notreadhérent, Maxime Rinnaet son projet Handi-Phonenous remportons un prixde 7500 €. L’Handi-Phonesera un télé phone infor-matique avec une trans-cription sur écran de laparole du correspondant.

Il sera disponible 24h/24h et 7j/7j et permettra detéléphoner à toute personne avec un handicap auditifou un trouble de la parole. Maxime et Lionel ontencore à travailler, mais le premier prototype queplusieurs d’entre nous ont pu essayer, était déjà biensatisfaisant en ce qui concerne le confort d’écoute etde compréhension.

La remise des prix a eu lieu le 27 octobre dans leslocaux de la CARSAT, à l’Espace Part Dieu. Maxime etLionel Beaudoin, son partenaire, ont fait avec enthou-siasme la démonstration de ce projet et nous avonspartagé un bien agréable moment.

Bravo à Maxime et Lionel d’avoir remporté ce prix quiva leur permettre d’avancer dans le développement dece nouvel outil au service de tous les malentendants.

� Nicole Leitienne et Suzette Mallein, ALDSM

67

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Page 7: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Vie associative

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

Une journée ordinaireC’est le titre du film produit par Oreille et Vie dont l’objet est de sensibiliser le public auxdifficultés du quotidien des personnes atteintes de surdité. Plusieurs administrateurs en rêvaient.Nous avons saisi l’opportunité d’un appel à projet de La Fondation Harmonie MutuelleSolidarités pour trouver le financement. Le projet a été retenu, ce qui a permis de se lancerdans l’aventure. La CPAM du Morbihan a également accepté d’apporter sa contribution.

L’objectif était de mettre en scène quelques situationsvécues au quotidien par les malentendants à partir denos réflexions, validées en conseil d’administration. Le filmpropose quelques clés pour comprendre les situations desurdité, un handicap difficile à expérimenter. Nous savonsl’étonnement de ceux que nous côtoyons ou rencontronsqui constatent que nous parlons, que nous sommesappareillés et que nous éprouvons cependant des diffi-cultés, parfois importantes, à suivre des conversations.

Le film comprend deux parties, la durée de l’ensembleétant de 27 minutes.La première partie met en scène Mathieu, acteurjouant le rôle d’un malentendant, se préparant pourune journée de travail. C’est le début d’une aventureoù il se retrouve bien seul à surmonter les obstacles etles imprévus dans un environnement où le décalageest patent, frisant parfois le comique.

En seconde partie, des adhérents malentendants d’Oreilleet Vie, leur famille et des amis partagent leur ressentisur le film et commentent leur relation au quotidienavec une proche ou un collègue malentendant.

Des projections ont été faites à des adhérents et à despersonnes entendantes, dans une salle de cinéma et àl’occasion de formations de personnels d’accueil. Lesappréciations qui sont remontées sont dansl’ensemble très positives. Chacun se rend alors comptecombien le bruit doit être gênant pour les personnesmalentendantes et combien quelques civilités simplescontribueraient à améliorer le « vivre ensemble ».

Des DVD sont disponibles à Oreille et Vie : consulterwww.oreilleetvie.org

� Oreille et Vie67Accueillir un stagiaire dans son association?

L’avez-vous déjà fait ? Certaines associations du Bucodes SurdiFrance accueillentun voire plusieurs stagiaires tout au long de l’année.

Pour quoi faire ?Les thèmes sont très variés et dépendent des étudesdes étudiants qui vous contactent. En communication,en accompagnement, en animation…

Dans quel cadre peut-on accueillir un stagiaire ?Un préalable est que votre association ait des numérosSiren et Siret. Les numéros Siren et Siret identifientl’association auprès de l’Insee, afin que son activitépuisse être comptabilisée dans les productions statis-tiques nationales, notamment dans celles relatives àl’activité économique. Ils sont uniques et invariables. Source et plus d’informations: www.service-public.fr/associations/vosdroits/F1926La convention de stage émise par l’organisme de formation dustagiaire sera signée par le (la) président(e) de l’associa tionou son mandataire. Il faudra désigner une personne qui serale tuteur de l’étudiant. De quelques heures en continue oudiscontinue - par exemple une journée par semaine - un stagea une durée maximale de 924 heures, soit environ 6 mois.

À quel montant ? Le stage doit être gratifié à partir de la 309e heure.Avant la gratification n’est pas obligatoire.

« Si la rémunération versée ne dépasse pas le montanthoraire minimal, elle est exonérée de charges sociales pourl’organisme d’accueil et pour le stagiaire (la CSG et la CRDSne sont pas dues). Une gratification conventionnelle supé -rieure au minimum légal est en revanche soumise à cotisa -tions et contributions sociales au-delà du seuil de franchise,calculées sur la fraction excédentaire (différence entre lemontant réellement versé et la franchise de cotisations). »Jusqu’au 31/12/2015, le montant minimum est 15 % duplafond de la Sécurité sociale, soit 24 € x 0,15 = 3,60 €de l’heure. Il est conseillé de choisir ce taux minimum degratification car si l’association gratifie au-dessus de cetaux, cette dernière devra payer des charges sociales en plus.

Dans mes missions de partage d’informations, d’expé-riences et d’outils, je souhaite recueillir les témoi-gnages des associations qui ont accueilli des stagiaires(thème, durée, productions…) les aspects positifs etmoins positifs de ces expériences.Vous pouvez m’envoyer des informations à l’adressesuivante: [email protected]

� Maryannick Moal, Vice-présidente du Bucodes SurdiFrance

Les sources de cet article :www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F32131www.service-public.fr/simulateur/calcul/gratification-stagiairewww.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F16734#N100E9

Page 8: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Vie associative

6 millions de malentendants | Janvier 2016

89

Les Salons et CongrèsLes associations du Bucodes SurdiFrance seront présentes sur les stands dans les Congrèset Salons professionnels qui nous concernent.

• Le 15e Congrès National des Professionnels de laGériatrie les 24 et 25 mars 2016, Porte de Maillot ParisIl regroupe 6 congrès :

- Congrès National Infirmier et Aide soignant desSoins à la Personne Âgée

- Congrès National des Gériatres et MédecinsCoordonnateurs d’EHPAD

- Congrès National des Rééducateurs en Gériatrie - Congrès National des Assistants Sociaux accompa-

gnant les Personnes Âgées - Congrès National des Psychologues auprès des

Personnes Âgées - Congrès Francophone des Directeurs au Service des

Personnes Âgées.• Le Congrès des Audioprothésistes les 18, 19 et 20mars, au Palais des Congrès de Paris

• Le Salon des Séniors les 7, 8, 9, 10 avrilPorte de Versailles, Paris

Tenir un stand est une expérience enrichissante : aller à la rencontre d’un public, informer, conseiller,discuter… Mais c’est aussi très fatigant, afin d’êtreplus efficace, il faut renouveler nos équipes.

Si vous souhaitez apporter votre aide, soutenir nosbénévoles, même pour quelques heures, vous serez lesbienvenus! Signalez-vous à: [email protected] [email protected]

� Lumioara Billière-George

Le Prix 2015 a été décerné !Le « Prix 2015 du meilleur film sous-titré » a été décernéà Jean-Pierre Améris pour « Marie Heurtin », en recon-naissance de sa démarche exceptionnelle: c’est la versionsous-titrée (VFST) de son film qui a été projetée tous lesjours et à toutes les séances, partout en France… La mairiedu VIIe arrondissement de Paris a projeté « Marie Heurtin »au musée du quai Branly pour la journée internationaledu handicap, le 8 décembre, ce qui nous a permis de con -crétiser un nouveau partenariat. Puis Jean-Pierre Amérisest venu recevoir son prix à Cannes, le 14 janvier.Enfin, le jury d’une bonne cinquantaine de personnes quenous avons constitué (peut-être en faites-vous parti?) s’est déjàattelé à la lourde tâche de trouver le meilleur film 2016…

� Christian Guittet

Page 9: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Peu avant Noël, l’année de mes quatre ans, je suis allévoir les vitrines décorées, avec mes parents. Au rayonde jouets, j’errais dans les rayons, quand tout d’uncoup j’ai été attiré par les instruments de musique.Une guitare pour enfant était accrochée au mur, je suisresté subjugué et il n’y a avait plus rien d’autre quim’intéressait. J’étais déjà malentendant et appareillé,mais je ne parlais pas encore.

Ce Noël-là, j’ai trouvé cette guitare au pied du sapin.Je me souviens que ma mère m’a dit ; « Tu as le droitd’avoir une guitare, tu n’es pas différent, tu es commeles autres ! ». Toucher les cordes, produire des sons,c’était drôle, excitant et provoquait des sensationsfortes.

Mes parents, n’étant pas musiciens, ont cherché unprofesseur de musique pour moi. Les premiers essaisn’ont pas été simples, car les professeurs étaientdéroutés par ce petit garçon qui ne parlait pasbeaucoup et mal et qui était malentendant. L’un deuxa essayé de jouer des notes sur un piano en medemandant : « Tu entends ça ? ». Il ne recevait aucuneréponse de ma part car je ne savais pas quoi lui dire,je ne connaissais rien à la musique. Un autre m’aobligé à apprendre le solfège d’abord et me faisaitcopier des lignes de clefs de sol.

Les années ont passé puis mes parents ont trouvél’annonce d’un professeur de guitare débutant. Je suisdevenu son premier élève. Il a fait preuve de beaucoupde patience, c’était un excellent pédagogue, très àl’écoute de mes besoins. Je suis toujours en contactavec lui.

Au collège, j’étais en difficulté et j’étais souventdécouragé. Pour oublier mes soucis, je m’enfermaisdans ma chambre et je jouais de la guitare pendant desheures jusqu’à ce que mes doigts saignent.

J’arrivais à me détendre et à m’exprimer par lamusique. J’avais trouvé une identité.

Do

ssie

r

Faire un dossier sur la musique pour des lecteurs malentendants et deve nussourds? Pourquoi remuer le couteau dans la plaie, nous direz-vous?

Nous avons fait ce dossier à partir de témoignages relatant des expériences personnellespositives ou négatives.Devenir un professionnel de la musique quand on est sévèrement malentendant, se servirde ses compétences professionnelles pour apprendre à son régleur comment trouver lemeilleur réglage pour écouter de la musique, ne plus pouvoir danser en étant implanté oujustement commencer à apprendre à jouer d’un instrument ; rarement un thème n’a réuniautant d’échos divergents ; le thème n’a laissé personne insensible.C’est en cherchant au fond de nous-mêmes ou auprès d’autres qu’on trouve les ressourcesnécessaires pour vivre au mieux la perte de l’ouïe dans un univers musical. La musique estun langage universel qui fait appel à tous nos sens et qui a le pouvoir de toucher nosinstincts les plus profonds et même au-delà… nos âmes.

89

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

« Tu n’es pas différent, tu es comme les autres »Quand on naît malentendant, l’acquisition du langage n’est pas aisée et la communicationreste souvent difficile. Norbert Averoux raconte comment il a appris à surmonter sonhandicap grâce à la musique.

“Je veux montrer quequand on est handicapé, il faut suivre sa voie et qu’on est capable de tout faire si on le veutvraiment

La musique

Page 10: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Dossier

À dix-sept ans, j’ai fait un stage de guitare avec unguitariste espagnol Antonio Membrado, 1er prix deMadrid. Quand le maestro a commencé à jouer, j’étaisébloui, il est devenu mon modèle, mon idole. Lors dece stage, j’ai découvert que je pouvais communiquerpar la musique, qu’on partageait des moments fortsmais qu’on n’avait pas besoin de paroles pour jouerensemble.

À vingt ans j’ai fait un stage international, de deuxsemaines, à Arthez de Béarn (Pyrénées-Atlantiques)avec Juan Francisco Ortiz. Plus de cent jeunes denationalités différentes venaient apprendre la guitareavec les meilleurs professeurs français, argentins etmexicains. On ne parlait pas la même langue mais onse comprenait à travers la musique. Jamais au coursde ces deux semaines je n’ai eu de difficultés decommunication. J’étais souvent volontaire pour joueren duo avec des élèves très jeunes, ces momentsétaient précieux pour moi, alors que les autres élèvesrefusaient de perdre leur temps avec « les petits ».

Les professeurs nous disaient : « Nous sommes tousdifférents mais on est là pour jouer ! ».

En grandissant, j’ai envisagé de devenir professeur deguitare et j’ai voulu rentrer au conservatoire. Je nesortais plus et je passais mon temps à préparer leconcours d’entrée. Mes parents se sont inquiétés devoir la place que la guitare prenait dans ma vie. J’étaisseul, timide et n’avais que peu d’amis. Le jour duconcours j’étais mort de trac, je tremblais et je medisais : « Si je ne rentre pas, ma vie est foutue ! ».

Quand j’ai posé mes mains sur la guitare, le stress esttombé et j’ai réussi le concours.

Quand j’ai parlé à mes parents de mon projet dedevenir professeur de guitare, ils n’ont pas du tout étéd’accord et m’ont obligé à faire un bac de comptabi-lité, ce que je détestais.

Je m’exprimais toujours difficilement à l’oral et monaudition défaillante a rendu la communication avec lesautres parfois compliquée.

J’ai exercé différents métiers et en 2009 j’ai rencontréNatacha, l’ancienne présidente de Surdi 34, qui m’adit qu’une adhérente malentendante cherchait unprofesseur de guitare. C’est ainsi qu’à trente-neuf ansj’ai donné mon premier cours. Je comprenais exacte-ment ses difficultés et j’étais à l’écoute de ses besoins.On s’entraînait pendant de très longs moments à fairela différence entre des notes proches, à respecter lerythme et à ressentir les vibrations de la caisse. Ladécouverte que j’aimais enseigner, qu’on me faisaitconfiance, qu’on me considérait comme un professeurà part entière et normal ont fait que j’ai choisi d’enfaire mon métier. J’ai trouvé d’autres heures d’ensei-gnement, puis une place dans une école de musique.Mes élèves sont entendants ou malentendants,j’enseigne à des enfants, des ados et des adultes, jesuis considéré comme un professeur ordinaire par mescollègues. Je veux montrer que quand on est handi-capé, il faut suivre sa voie et qu’on est capable de toutfaire si on le veut vraiment.

Pour communiquer avec d’autres malentendants ousourds, je pratique la Langue des Signes Française,une autre façon de communiquer sans parole, moi quiai toujours du mal à prononcer certains mots compli-qués. Actuellement, au sein de l’association Surdi 34,j’anime un atelier d’éveil musical pour des enfantsmalentendants et leur famille. J’enseigne la percussioncorporelle et on fabrique des instruments.

La vie m’a appris que ma guitare est ma plus fidèlecompagne qui ne m’a jamais trahi ni abandonné etqu’on peut communiquer autrement que par laparole !

� Norbert Avéroux, propos recueillis par Aisa Cleyet-Marel

6 millions de malentendants | Janvier 2016

1011

Page 11: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Dossier

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

1011

La musique, la danse et moiGrand danseur depuis son plus jeune âge, Christian ne peut plus danser depuis qu’il estimplanté car il entend trop de sons.

Dès mon plus jeune âge, ma maman a voulu quej’apprenne à danser toutes les danses dites de salon,elle-même les ayant apprises de son père, mon grand-père, danseur incontesté et avéré.

Avec mon frère aîné, déjà envoûté par la danse lui aussidès son plus jeune âge, ma maman a entrepris de mefaire aimer la danse (tango, valse, pasodoble, rock…).

Malgré mon handicap de surdité (50 % à l’âge de 12 ans due à des otites répétées) j’ai appris à dansersuivant un rythme lié aux basses (les seuls sons que jepouvais percevoir correctement) avec ses vibrationsque l’on ressent dans le corps entier.

À la sortie de mon adolescence, je maîtrisais complè-tement toutes les danses, en rythmant mes pas de danseau son des basses et cela cadrait parfaitement bien.J’ai évolué toute ma vie dans ce milieu de danse sanssavoir qu’un jour je ne pourrai plus danser.

À l’âge de 48 ans, j’ai dû me faire appareiller poursurdité sévère (plus de 70 %) et je ne pouvais danserque les danses simples et non plus endiablées commeauparavant.Comme en outre je transpire énormément, la sueurobstrue mes appareils auditifs et par conséquent je neperçois plus de sons ! J’ai quand même essayé sansappareils à la seule vibration des basses… Ce fut trèsdifficile et je m’en suis très vite lassé.

Huit ans plus tard, ma surdité s’est davantage aggra-vée et les implants cochléaires ont été pour moil’ultime solution. J’ai été implanté fin 2012 et début2014, après un diagnostic de sourd profond bilatéral.Avec mes implantations cochléaires bilatérales, ma viea complètement changé, je pouvais enfin entendre dessons que je n’avais jamais entendus, comme lesoiseaux et les vagues, les plus révélateurs ! Je suisactuellement sur une compréhension de près de 100 %, dans un milieu calme bien sûr, en conjuguantles implants, la lecture labiale et la suppléancementale.

Malheureusement ce qui est vrai pour la vie couranteest vrai pour la musique. Les sons aigus que je n’avaisjamais entendu, ont ressurgi et là, catastrophe, lesaigus, les medium et les graves s’entrelacent et lesmélodies entendues pendant près de 40 ans, ne sontplus les mêmes, ce sont des cacophonies.

Paradoxalement, je peux reconnaître les différentsinstruments que compose la musique, mais le toutensemble n’est que brouhaha. À mon grand regret, depar ma transpiration et les implants, la danse faitpartie de mon passé mais je ne regrette pas du tout,cela a été un moment magnifique et aujourd’huij’essaie de faire passer un seul et unique message :protéger son audition.

� Christian Giordano

J’ai renoncé à la musiqueEn réponse à notre demande, nous avons reçu le témoignage de Brigitte sur l’adresseCourrier lecteurs 6 millions de malentendants.

J’ai la maladie de Ménière depuis 2009 et suis âgée de63 ans.Mes deux oreilles sont atteintes, une l’était beaucoupmoins que l’autre, ce qui me permettait d’aller auxconcerts, à l’Opéra et d’écouter mes chaînes préférées(Mezzo…).Puis au mois de juillet 2015, ma bonne oreille s’estbrutalement trouvée au même niveau que l’autre, avecsons distordus et nasillards. J’ai donc dû renoncer àmon plaisir car je ne reconnaissais plus la musique :chanteurs et musiciens même les plus illustreschantaient et jouaient faux.Quand j’ai fait part à mon audioprothésiste de madésillusion, il m’a conseillé de m’équiper d’une sortede petit boîtier que je porte autour du cou et branche

à ma tablette pour réhabituer mon oreille et/ou moncerveau à la musique. J’écoute donc la musique mais sil’audition s’est améliorée, elle est toujours perturbée etje n’éprouve plus guère de plaisir. Cela m’afflige plutôt.Quand mon mari met un CD, je trouve cela insuppor-table et je branche mes appareils sur bobine télépho-nique pour ne rien entendre.J’ai également dû renoncer à tout spectacle de danse,comédies musicales…Néanmoins, je garde un peu d’espoir et vérifie réguliè-rement l’état de mon audition musicale avec matablette. En fait, ce n’est plus du plaisir, plutôt un suivimédical.

� Brigitte

Page 12: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Dossier

1213

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Retrouver le plaisir de l’écouteDeux conférences ont été organisées par l’ARDDS Île-de-France. Le Docteur Bouccara,médecin ORL à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, lui-même amateur de musique, arencontré les participants qui ont témoigné. Puis, Elizabeth Rohan, orthophoniste quipratique la rééducation à l’écoute de la musique, s’est attachée à présenter les méthodeset outils qu’elle utilise avec les malentendants.

Des capteurs jusqu’au cerveau

Dans un premier temps le Dr Bouccara nous a présentéen quelques mots le système auditif et a insisté sur lesdeux facteurs importants pour l’écoute musicale :l’oreille interne et le cerveau.Dans l’oreille interne, les cellules ciliées, fonctionnentcomme des capteurs, qui codent le signal le long de lacochlée, laquelle se présente comme un piano. Cesignal va être interprété par le cerveau comme un sonde la hauteur tonale correspondant à la cellule ciliée. Le cerveau joue un rôle majeur. Il va extraire les infor-mations venant de la cochlée et nous permettre ainsid’écouter avec plaisir, d’être capable d’identifier lesmélodies, les rythmes et de mémoriser ces informa-tions, d’associer l’écoute de la musique à des souve-nirs stockés dans la mémoire émotionnelle.Or, la mémorisation et l’association de souvenirheureux commencent dès la vie intra utérine. Dès cemoment, baigner dans un univers musical permetd’acquérir des sensations musicales. On sait également que Mozart était capable de retrans-crire un morceau écouté une seule fois ou queBeethoven, grâce à ses capacités de mémoire auditive,composait bien que sourd.Que faire lorsqu’un trouble de l’audition survient,comment redécouvrir les sons musicaux? Il convientd’engager une double démarche : la réhabilitation del’audition et la rééducation à l’écoute musicale.

Réhabiliter l’audition

Comme le souligne le Dr Bouccara, les appareilsauditifs ont connu une évolution profonde comparableà l’évolution technique des téléphones portables. Pourceux qui ont connu les appareils analogiques, l’arrivéedes appareils numériques semble avoir changé leurvie.Quand la perte auditive est plus importante, on arecours aux implants cochléaires. Le bénéfice del’implant se situe surtout pour la compréhension de laparole. Ce n’est que récemment que l’on a pu montrerque l’implant pouvait aussi redonner une qualitéd’écoute musicale satisfaisante, bien qu’il ne soit pascapable de restaurer la musique telle qu’elle est réelle-ment jouée.

Rééduquer l’oreille à l’écoute musicale

Lors de la deuxième conférence, Elizabeth Rohan arappelé quelques notions théoriques.

Qu’est-ce que le son? Le son est produit par les vibrations d’un corps, il secaractérise grâce à quatre paramètres.L’intensité qualifie un son fort ou faible. La hauteurqualifie un son grave ou aigu, c’est-à-dire la note.La durée distingue les sons longs continus ou brefs,des sons intermittents ou discontinus.Le timbre permet de reconnaître le son des instru-ments et les voix.La perception des personnes implantées est bonnepour le rythme de la musique mais difficile pour lahauteur et le timbre et très difficile pour la durée.

Différencier le son du bruit La perception du bruit est une notion subjective: un sonde faible intensité peut paraître désagréable (goutted’eau d’un robinet). À partir de 80 dB il devient unbruit car nocif. Néanmoins un concert de musiqueamplifiée (120 dB) peut être considéré comme plaisantalors que le marteau piqueur sera désagréable !Le bruit a un effet négatif sur la santé, il est facteur destress alors que le son, et spécialement celui de la musique,a un effet positif sur le corps : relaxation, apaisement.

Page 13: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Dossier

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

Les techniques de rééducation à l’écoute de la musique

La rééducation repose sur une approche technique descaractéristiques des sons musicaux et une approchecognitive basée sur la mémoire musicale ou verbale.L’écoute doit se faire dans une pièce calme avec unmatériel de bonne qualité et éventuellement l’utilisa-tion d’un casque ou un collier magnétique.Le travail se fait à partir des paramètres du son : inten-sité, hauteur, durée, timbre et du rythme.

Travail sur la voixIl est fondamental car il libère de certaines inhibitionset permet des expérimentations variées :Émettre un son « forte » ou « piano », grave ou aigu,improviser avec sa voix.C’est un travail de « voix dans la voix » : ElizabethRohan donne le modèle et la personne essaie de l’imiter.

Travail sur l’écoutePlusieurs expositions à l’écoute favorise l’imprégna-tion et stimule le souvenir des sons afin de réveiller lamémoire auditive. Cette écoute se fait à partir desgoûts de la personne. Les logiciels d’éveil fournissent des extraits musicauxpour solliciter tout l’éventail des émotions,exercer le travail de mémorisation des sons, du timbre,des mélodies, focaliser sur un paramètre à la fois,permettre une imprégnation plus aisée.Toutes les séances comportent un moment de verbali-sation de manière à analyser et partager le ressenti.

Dans sa conclusion, Elisabeth Rohan a souligné que larééducation à l’écoute de la musique s’inscrit à partentière dans la prise en charge orthophonique de laréhabilitation de l’écoute. Les séances sont plaisanteset la pratique augmente les capacités d’écoute enenvironnement bruyant.

� Emmanuelle Guillou, ARDDS IDF

La condition sine qua non est un appareil auditif dequalité et bien réglé.Les types de musique recouvrent tous les stylesmusicaux et instruments, classique ou contemporain,chant, opéra, variété, jazz.Il est intéressant de noter la diversité des ressentis: pourcertains le piano sera inaudible et pour d’autres, ce serontles violons. Certains préfèrent écouter des concerts sym -phoniques et d’autres des quatuors à cordes. Ces appré-ciations différentes ne sont pas liées au goût pour untype de musique ou d’instrument particulier mais à laperception de leur caractère harmonieux par l’auditeur.Parmi les types de musique citée, le jazz fait l’unanimité,grâce à son caractère rythmé. « Le corps participe ».L’opéra a aussi la faveur des malentendants « C’est unspectacle complet, avec beaucoup de visuel ce qui mepermet de reconstituer ». Les formes ou systèmes d’écoutesont aussi très variables : concert, MP3, CD, radio…La mémorisation antérieure joue un rôle essentiel : « J’ai la musique en tête donc je peux me la chanter »ou lors d’un concert « Je n’entends pas la flûte mais jela vois et je l’entends intérieurement ».

Le travail sur la voix aide à la rééducation musicale :« Je lis à haute voix au moins un quart d’heure par jourpour entendre ma propre voix : prenez un livre etécoutez ce que vous lisez, au début 5 minutes puis enaugmentant progressivement la durée ». Une autrepersonne a associé sa rééducation musicale à unepratique théâtrale pour travailler sa voix.Certains participants insistent sur la régularité de cettepratique. Si l’effort à fournir est plus ardu pour unmalentendant, le résultat est là : « Reconnaître lesnotes, cerner la mélodie, c’est un travail joyeux et celaouvre des perspectives formidables. Quand on travailletous les jours on a des résultats notoires : bon courageà vous pour ce parcours ! ».Autre élément important, le soutien des autres : « J’airéécouté de la musique, je suis allée de temps en tempsà des concerts et peu à peu je m’y suis remise avec descopains qui m’ont aidé : je rejoue de la guitare ».

La reconquête est longue, l’obstination porte ses fruits,la plaisir est à la clef. La rééducation avec l’aide d’unorthophoniste est un atout précieux… �

1213

Que retenir des témoignages des participantssur l’écoute ou la pratique musicale ?

Les outils spécifiques de rééducation musicale en ligneElizabeth Rohan nous a présenté trois logiciels acces-sibles par internet (il suffit d’ouvrir un compte).Ils permettent une reconnaissance de l’ambiancemusicale, du rythme, du tempo, du timbre, de lavoix, de la parole, ainsi qu’une découverte denouvelles musiques.• Atmosphère musicale: www.abmusicrehab.com/FR/.Agréable à utiliser, rapide, les sons sont de bonnequalité mais le logiciel est payant (abonnementannuel).• IFIC (institut francilien) www.implant-ific.org/exercices.IFIC a un espace et un onglet musique avecquelques exercices mais le son n’est pas très bon etl’interface peu agréable. Cependant il est gratuit etreste malgré tout accessible.• More from music : http://morefrommusic.org/. Il propose des activités adaptables et modulablestrès intéressantes. Cependant l’interface n’est pastrès bonne et elle est rédigée en anglais. �

Page 14: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Dossier

Un implanté mélomaneÉric Courtens, professeur émérite de physique à l’Université de Montpellier, amateur demusique classique, a amélioré son diagramme de réglage d’implant, afin de bénéficierd’une écoute musicale optimale. Aisa Cleyet-Marel l’a interrogé.

Aisa Cleyet-Marel : Votre régleur m’a conseillé devous rencontrer en disant que vous êtes unimplanté cochléaire mélomane heureux.Eric Courtens : Il semble que je suis parmi les patientsles mieux corrigés au CHU Gui de Chauliac. Il faut direque ma surdité n’est apparue que vers la quarantaineet que je profite donc de toutes les expériences sonoresacquises précédemment, aussi dans le domaine musical.Déjà comme jeune étudiant j’écoutais de la musiqueclassique dans ma chambre. J’ai encore les quelques33 tours que j’ai pu m’offrir alors et qui ont été joués àsatiété. Il faut aussi signaler qu’en tant que scientifiqueje comprends bien la relation entre une perception musicalecorrecte et un bon rendu en fréquence. Quand le régleura branché le processeur, à l’automne 2006, je lui ai doncdemandé de produire le signal le plus riche possible.Dans le cas de mon implant cela signifie que 16 des 22 canaux disponibles sont activés simultanément.

A. C.-M. : Pouvez-vous nous parler brièvement devotre surdité ?E. C. : Je suis atteint d’une surdité héréditaire, trans-mise par ma grand-mère à mon père, puis à moi-même.J’ai un frère qui est aussi devenu sourd. L’analyse demon ADN a montré qu’il s’agit d’une mutation connue(DFNA9). Le premier symptôme est la perte d’équilibredue au blocage des canaux vestibulaires. Vient ensuitela perte d’audition. J’ai été appareillé avec deuxcontours d’oreille dans la quarantaine. L’implantationen 2006, avec un Nucleus de Cochlear, a été réaliséesur la plus mauvaise oreille. Mais depuis j’ai pratique-ment perdu toute perception aussi sur l’autre oreille.

A. C.-M. : Quelles ont été vos premières impressionsaprès l’implantation?E. C. : Quand le processeur a été branché, je réenten-dais tout : le chant des oiseaux, le clignotant de lavoiture, les conversations. C’était merveilleux. Je mesuis mis à écouter régulièrement la radio en voiture, ceque je ne faisais jamais auparavant. J’ai très vite pusuivre une conversation avec l’implant et je reconnaismaintenant bien les voix, même au téléphone.

J’utilise la télécommande du CP810 et je change deprogramme au besoin. Je me sers d’ordinaire duprogramme Quotidien, le seul qui permette aussi l’uti-lisation de la boucle d’induction magnétique pourécouter la radio, la télé, ou aussi un CD. Leprogramme Focalisé est utile dans des situations spéci-fiques, par exemple pour comprendre la personneassise en face de moi au restaurant ou pour atténuerles sifflements par vent fort. Le programme Bruit esttrès performant pour supprimer les ronflements conti-nus produits par les moteurs. Quant au programmeMusique il est formidable dans les salles de concert. Jel’ai beaucoup utilisé pour écouter de la musique dechambre au Corum de Montpellier (merci à RenéKoering pour ses excellentes programmations).

A. C.-M. : Comment avez-vous vérifié la qualité devotre audition musicale ?E. C. : Vers 2010, je me suis finalement assis au clavierdu piano et j’ai joué des gammes. À ma grandesurprise, j’entendais tout à fait correctement les troisoctaves les plus graves. C’est à priori étonnant car lescanaux de l’implant ne reçoivent pas les fréquencesfondamentales de ces octaves. L’explication est certai-nement la perception des nombreuses harmoniquesqui permettent aussi de bien distinguer les troisoctaves l’une de l’autre. Par ailleurs, j’entendais aussicorrectement les douze notes des trois octaves les plusaiguës. Cela aussi est étonnant car l’implant nedispose que de 22 canaux couvrant un peu plus decinq octaves, c’est-à-dire environ quatre canaux paroctave. Comment reconnaître douze notes alors qu’iln’y a que quatre canaux? Encore une fois l’explicationdoit être dans la perception simultanée des harmo-niques qui enrichissent l’information reçue par lecerveau. Le seul problème était au niveau de l’octavecentrale, celle correspondant au LA à 440 Hz. Elleparaissait fort déformée, ayant même des notes dontl’ordre semblait inversé. Il faut savoir que cesfréquences correspondent aux canaux d’ordre le plusélevé de l’implant (numéro 19 à 22) et qu’il ne reste làque moins de trois canaux par octave. Le rôle desharmoniques y est prépondérant.

1415

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Page 15: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Association reconnue d’utilité publique, le Bucodes SurdiFrance est habilité à recevoir des dons et legs. Vous pouvez le soute-nir dans ses actions en faveur des devenus sourds et malentendants en lui envoyant un don (un reçu fiscal vous sera envoyé)ou en prenant des dispositions pour qu’il soit bénéficiaire d’un legs. Votre notaire peut vous renseigner. En cas de don, ledonateur bénéficie d’une réduction d’impôt égale à 66 % des versements effectués dans l’année, versements pris en comptedans la limite de 20 % du revenu imposable global net (par exemple, un don de 150 € autorisera une déduction de 100 €).

Nom, prénom: .................................................................................................................................................................Adresse : ...........................................................................................................................................................................Ville : ...................................................................................... Code postal :Mail : ...................................................................................... Affectation : ............................................................� Je fais un don en faveur de la recherche médicale sur les surdités d’un montant de ..................................... €

� Je fais un don pour le fonctionnement d’un montant de .......................................... €

Don au Bucodes SurdiFrance(déductible de votre impôt à hauteur de 66 %)

Do

n a

u B

uco

des

Su

rdiF

ran

ce

Chèque à l’ordre du Bucodes SurdiFrance à envoyer à :Bucodes SurdiFrance - MDA 18 - Boîte 83 - 15, passage Ramey - 75018 Paris

Dossier

A. C.-M. : Qu’avez-vous fait pour essayer d’amélio-rer la situation?E. C. : J’ai étudié avec grande attention les conditionsde réglage. En particulier j’ai porté en diagramme leslimites en fréquence des canaux en fonction de leurnuméro d’ordre. Il faut utiliser, comme dans tous les pro -blèmes de perception, une échelle logarithmique pour lesfréquences. J’ai découvert alors que du canal 1 (fré quencela plus haute, vers 7 000 Hz) au canal 18 (vers 700 Hz)la courbe obtenue n’était pas une simple ligne droite, maisqu’elle formait des « ailes d’oiseau » montrant deuxfaibles bosses, l’une vers le canal 11 et l’autre vers lecanal 17, avec un creux au milieu, vers le canal 14.

Intuitivement, j’ai pensé que ces déformations dans laréponse en fréquence pouvaient altérer la perceptioncorrecte du contenu harmonique. J’ai donc déterminéde nouvelles limites en fréquence donnant une lignedroite du canal 1 au 18 et j’ai demandé au régleur dereprogrammer l’appareil de cette façon. Fort heureuse-ment, cette approche empirique a été couronnée desuccès. L’octave centrale du piano est maintenantbeaucoup plus correcte et les autres octaves ne sontpas affectées. Je conseillerais vivement à tous lesimplantés, et en particulier aux mélomanes, de faire cegenre de vérification car les fréquences correspondantà la gamme centrale du piano sont évidemmentcruciales, aussi pour toutes les situations d’audition.

A. C.-M. : En tant que mélomane, ne regrettez-vouspas de n’avoir qu’un seul implant, car ainsi vousvous privez de l’écoute stéréophonique?E. C. : Ces dernières décennies je n’ai pratiquemententendu qu’avec une seule oreille. J’en ai donc l’habi-tude. Je ne souhaite pas recevoir de deuxième implantcar cela me donnerait trop de choses à gérer. Parailleurs cela me laisse une oreille en réserve, au casoù. Quand je vais au concert, je choisis soigneusementma place. À la salle Pasteur du Corum nous occupionsle rang J ou K, un peu à gauche du centre, une situationidéale dans une salle excellente pour la musique dechambre. À l’Opéra Berlioz il faut éviter de se mettreen dessous du balcon, mais par ailleurs l’acoustique yest aussi excellente, cela jusqu’aux loges tout en haut.L’autre point remarquable est que j’apprécie à nouveaula musique vocale, en particulier l’opéra. Le mélangedes voix et de l’orchestre était devenu trop difficilepour les contours d’oreille. Ce problème a disparuavec l’implant. Pour résumer, mon régleur a raison endisant que « je suis un implanté cochléaire heureux ».J’en profite pour le remercier pour tout le travail qu’ila investi dans mes réglages. Je vous remercie aussipour cet interview, en espérant que les indications queje donne ici seront utiles à d’autres implantés.

� Propos recueillis par Aisa Cleyet-Marel

1415

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

“Ma surdité n’est apparueque vers la quarantaine et je profite donc de toutesles expériences sonoresacquises précédemment,aussi dans le domainemusical

Page 16: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Appareillage

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Concertation sur le reste à chargeL’amélioration de la prise en charge des appareils auditifs est une des plus anciennes etimportantes revendications du Bucodes SurdiFrance. Aussi l’Union souhaite rebondir surl’article de Que choisir qui rappelle que le reste à charge pour les appareils auditifs est beaucouptrop élevé… Tellement élevé qu’il dissuade deux millions de Français de s’équiper. Le tauxd’appa reillage en France est faible si on le compare à celui de pays voisins comme l’Angleterre,le Danemark, les Pays-Bas où la prise en charge par l’État de l’appareillage auditif est bienplus élevée. Une démarche de concertation a donc été mise en place au Bucodes SurdiFrance.Son enjeu consiste à définir et adopter une position commune afin de porter un discours par -tagé par toutes les associations du réseau Bucodes SurdiFrance pour dénoncer cette injusticeet proposer des actions permettant une meilleure prise en charge financière des appareils.

Une méthode novatrice…Les associations ont été informées et appelées às’exprimer en amont sur le sujet. Une première rencontre au sein du Bucodes SurdiFrancea permis aux participants d’échanger et de commencerà écrire un discours commun. Une médiatrice étaitprésente lors de cette réunion pour faciliter les échangesentre les membres du Bucodes SurdiFrance.

… Pour un résultat efficace sur la forme…Malgré des positions de départ apparemment divergentes,les techniques d’animation proposées ont permis d’équi-librer autant que possible les temps de parole et d’assurerune participation active de chacun d’entre nous pour aboutirà une liste de propositions qui sera soumise aux associations.

… Et sur le fondIdéalement, il s’agit de ramener le reste à charge à 0 € encréant, comme le propose Surdi 13, un secteur conven -tionné 1*. Il s’agit d’un idéal, pas d’une utopie. Eneffet, un petit nombre d’entre nous, notamment ceuxqui relèvent de la CMU devraient bénéficier d’uneprise en charge financière totale de leur appareillage.Pour tendre vers cet idéal, nous avons formulé desrevendications qui constituent des étapes intermé-diaires. Sans être exhaustif, en voici les principales :• La séparation entre les prix d’achat, d’adaptation et desuivi (normalement deux visites par an chez l’audio-prothésiste) des appareils ou la séparation entre lesdeux seuls prix achat/adaptation et suivi des appareils,avec création de facto d’une base de remboursementdifférenciée entre les différents prix*.

• La revalorisation des bases de remboursement de lasécurité sociale.

• À l’instar de l’Allemagne, l’instauration d’un plancherde prise en charge par les complémentaires santé.

• Avec la mise en place de ce plancher associer lesorganismes de complémentaires santé à un contrôlequalité des prestations des audioprothésistes.

De nombreuses autres revendications ont été abordéescomme l’interdiction de la publicité relative aux audio-prothèses, la mise en place de conventions avec les

CPAM pour une meilleure prise en charge de l’appa-reillage pour les plus démunis, à l’instar de l’expériencemenée par l’ADSM 50, une baisse du prix du deuxièmeappareil en cas d’appareillage binaural…

Un nécessaire soutien de nos associationsCes bases de revendications sont en cours d’écriturepar le Bucodes SurdiFrance et seront transmises pouravis à chaque association début 2016.Le Bucodes SurdiFrance souhaite, en effet, que cettephase de concertation permette d’aboutir à des reven-dications partagées par tous car ce sont les associa-tions qui porteront ce discours commun sur le terrain.Chacun, à son niveau, pourra promouvoir la diffusionde ces revendications, une fois approuvées. Cela passepar des réunions au niveau des ministères pour les repré -sentants du Bucodes SurdiFrance mais aussi et surtoutpar des actions de terrain à partager entre associations.Cela peut être l’organisation de conférences-débats, lamise en ligne de ces revendications sur nos sites Internet,la diffusion de ces revendications par courrier et lors derencontres avec des instances locales. D’autres moyenspeuvent être imaginés et partagés avec l’ensemble desassociations du Bucodes Surdifrance.

Ne perdons jamais de vue l’essentielAujourd’hui, le niveau du reste à charge pour lesprothèses auditives est scandaleusement élevé avecpour conséquence deux millions de personnes nonappareillées pour raisons financières.Cette injustice doit constituer un élément fédérateurentre nos associations pour nous accorder sur desrevendications justes et partagées par tous. En parlant d’une même voix, chacun dans sa région,nous gagnerons en lisibilité et en représentativité avecpour seul objectif de défendre plus efficacement lacause des personnes malentendantes.

� Emmanuel Bellis

*Nous reviendrons prochainement et dans le détail sur ces notionsde secteur conventionné 1 et de séparation de prix entre achat,

adaptation et suivi des appareils.

1617

Page 17: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Appareillage

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

Liens entre les fabricants et les audioprothésistesLe dossier de Que Choisir (www.quechoisir.org) intitulé « Audioprothèses un marchéverrouillé au détriment des malentendants », dévoile entre autres les liens entre fabricantset audioprothésistes. Nous en reprenons ci-dessous des extraits.

1617

Par ailleurs dans une interview du 10 février 2015(www.lsa-conso.fr) le président de l’UNSAF(www.unsaf.org) affirmait: l’audioprothèse représente900 millions d’euros de chiffre d’affaires (…), dont 25 %sous enseigne Audika et Amplifon, 30 % sous enseignesdiverses comme Audio 2000, 30 % audioprothésistes indé -pendants sans enseigne, 10 % sous enseigne AuditionMutualiste et quelques pour cents (5 % ?) pour OpticalCenter et Afflelou. Ainsi seuls 30 % des audioprothésistesseraient totalement indépendants ! D’autre part l’OuïeMagazine de juillet-août nous annonce que 64,4 % desaudioprothésistes sont maintenant salariés. Tout cela sembleannoncer de grands bouleversements dans la profession.

Intégration verticale dans l’audiopro-thèse : un phénomène qui s’accélère

Dans le secteur des audioprothèses, le phénomèned’intégration verticale que l’on observe est celui d’uneprise de contrôle d’une partie des distributeurs (audio-prothésistes) par certains fabricants d’aides auditives.

Points de vente français détenus par un fabricantd’aides auditives

Source : UFC-Que Choisir à partir des données distributeurs, fabricants et EDP Audio.

Sonova commercialise des audioprothèses sous lesmarques Phonak ou Unitron. William Demant est ungroupe qui commercialise sous la marque Oticon.Aujourd’hui plus d’un magasin sur cinq (22 %) est enFrance détenu par un fabricant d’audioprothèses.

Sonova a racheté Audition Santé en 2008 (mais celan’a été connu qu’en 2012). William Demant a finaliséle rachat Audika en septembre 2015. Comme Audikaest coté en bourse, William Demant a dû déclarer sesparticipations dans Audilab et Auditis qui étaientjusqu’à présent restées secrètes…

Mais l’intégration verticale va au-delà de l’entrée aucapital : les fabricants ont pris l’habitude de jouer lerôle de banque auprès des audioprothésistes, en leuroffrant des conditions avantageuses de financement deleur activité.

Une verticalisation qui rompt la nécessaire neutralité de l’audioprothésiste

L’usager attend de son audioprothésiste qu’il l’aide àchoisir l’aide auditive la plus adaptée à sa situation desanté (…). Mais comment démêler, dans l’argumen-taire et les conseils de l’audioprothésiste, ce qui relèvede l’intérêt médical, et ce qui relève des consignes del’éventuel propriétaire ou financeur. Autre problèmepotentiel : si un des fabricants devait, à l’avenir, propo-ser une innovation importante, qui rendrait sonproduit plus adapté pour nombre de consommateurs,l’intégration verticale de la distribution serait un freinsérieux à la diffusion de cette innovation.

Un manque de transparence inacceptable

L’intégration verticale n’est pas, en soi, défavorableaux consommateurs (sauf si c’est secret). Si quelquesliens capitalistiques commencent à être connus, il n’enest pas de même pour les liens financiers comme lesprêts accordés aux audioprothésistes par les fabricants.Ceux-ci sont cachés au public, alors même qu’unedépendance économique est bien avérée et que cesfinancements se font en échange d’une vente accrued’appareils du groupe financeur.

Il est temps d’améliorer le système

La demande de Que Choisir d’une information des consom -mateurs sur les liens capitalistiques et financiers entreles fabricants et les audioprothésistes parait justifiée.De même la mise en place progressive d’un secteur 1en audioprothèse (paiement à la visite pour l’adapta-tion et au semestre pour le suivi) adossé à une centralenationale d’achat, en parallèle du système honoraireslibres actuel (cf. fiction de l’été dans le n°19), pourraitpermettre un conseil beaucoup plus indépendant del’audioprothésiste. Cela conduirait à renforcer le liende confiance entre l’usager et l’audioprothésiste.

� J. S., Surdi 13

Fabricant

Nombre % Enseigne

propriétaire de points

national de vente

Audition Santé Sonova 400 9 %

Audika* William Demant 470 10 %

Audilab William Demant 120 3 %

Auditis William Demant N. C. < 1 %

Total 22 %

Page 18: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Appareillage

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Les aides techniquescomplémentaires aux appareilsauditifsCombien de malentendants appareillés recherchent l’aide technique qui leur permettra detout entendre partout ! Nous en présentons quelques modèles.

La Boucle d’Induction Magnétique (BIM)La BIM est un système de transmission du son pourles salles sonorisées. Elle permet aux personnesmalentendantes appareillées avec position T (contoursd’oreille ou implants cochléaires) d’entendre directe-ment dans l’appareil auditif le son de la sonorisation.Il faut que cette position T soit activée.Un amplificateur lié à la sonorisation existante, estrelié à un câble électrique disposé en boucle. Labobine de l’appareil capte le signal sonore induit dansle champ magnétique de la boucle.Les malentendants non appareillés peuvent recevoir leson d’une BIM au moyen d’un casque récepteur deboucle magnétique.

Il existe des BIM transportables dans des mallettespour une installation provisoire.

La BIM existe en miniature pour les guichetsd’accueil ; elle est désormais obligatoire dans lesétablissements recevant du public. Placez-vous devantet mettez votre prothèse auditive en position T…

La boucle magnétique portative(liaison HF et collier magnétique)

Elle est composée d’un émetteur et de plusieursrécepteurs individuels (pour chaque malentendant).On l’appelle ainsi, car on branche sur chaque récep-teur individuel un collier magnétique pour lespersonnes qui ont la position T. Il existe aussi descasques pour les malentendants non appareillés. Lesrécepteurs sont rangés dans une valise ou mallettede chargement.

L’émetteur HF peut être individuel avec un micro-cravate (par exemple pour le guide d’une visiteguidée), mais il peut être aussi un gros émetteur fixeinséré dans l’armoire de sonorisation d’une salle despectacles ou de conférences, qui donc retransmettoutes les sources de la sono (différents micros,musique…) à plusieurs récepteurs individuels.

L’avantage de la Boucle fixe est que vous n’avez pasbesoin de vous signaler. Elle est signalée par un picto-gramme oreille barrée avec T, vous commutez votreappareil sur T sans rien dire à personne et vous profi-tez d’un véritable confort d’écoute…

Mais, malheureusement, il arrive que la boucle ait étéinstallée par quelqu’un qui ne la maîtrise pas… Ainsiles boucles ont mauvaise réputation à cause desincompétences de certains installateurs ! Il est parfois complexe d’installer correctement uneboucle, surtout pour les grandes salles, ou si le bâti menta une structure métallique. Une boucle bien conçue etbien installée donne un résultat irréprochable.

Pour le système HF (dit aussi boucle portative), levisiteur doit demander à l’entrée qu’on lui prête unrécepteur avec un collier ou un casque.

Il existe beaucoup d’amplificateurs de conversationindividuels fonctionnant sur le même principe, parexemple ceux proposés par certaines marques deprothèses auditives, mais leur émetteur n’est compa-tible qu’avec un seul récepteur de même marque.Néanmoins certains établissements proposent l’utilisa-tion d’un petit dispositif individuel de ce type àl’accueil (parfois un seul appareil emetteur-récepteur)ou en réunion, et là encore, c’est mieux que rien.Excepté les repas de famille ou au restaurant où il estdifficile de demander aux participants de parlerchacun à son tour dans un micro, il existe une solutionadaptée à chaque contexte, certaines sont indivi-duelles, d’autres collectives.C’est le travail de chacun de demander que ces diversessolutions d’accessibilité auditive soient proposées au public.

� Sigrid Cathelain

1819

Boîtier avec combiné pour guichet

Page 19: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Médecine

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

1819

Implants, recherche…et communication !En septembre 2015 le laboratoire de Mécanique et d’acoustique du CNRS de Marseille invitaitles personnes implantées à la restitution des résultats des tests auxquels elles avaientparticipé. Les chercheurs ont présenté leurs travaux avec beaucoup de clarté (et d’humour)et de leur propre initiative ont pensé à retranscrire intégralement leurs propos. Chapeau !Faute de place nous ne vous en présentons qu’une première partie dans ce numéro.

Le projet

Le principe de fonctionnement de l’implant cochléaireest le suivant : les vibrations sonores sont captées parun micro, transformées en temps réel par le proces-seur externe en un mode d’emploi transmis par uneantenne à la partie interne.

Dans la cochlée, les électrodes envoient alors un signalélectrique qui stimule le nerf auditif suivant lesinstructions contenues dans le mode d’emploi.Chacune de ces électrodes va stimuler une partie dunerf auditif et va transmettre une partie du son.

C’est donc l’action conjointe de toutes les électrodesqui permet de comprendre des mots ou des phrasesdans leur intégralité.

Ce signal électrique se propage ensuite dans différentsneurones avant d’arriver au cerveau.

Le projet DAIMA (Détection, Adaptation et Intégrationdu message auditif : Application à l’implantcochléaire) financé par l’Agence Nationale de laRecherche s’est intéressé à ce qu’il se passe entre lesélectrodes et le nerf auditif.

Les buts de ce projet étaient de :• Mieux comprendre le fonctionnement du nerf auditif• Trouver le meilleur moyen de le stimuler en agissantsur les paramètres du signal électrique (la vitesse dessignaux, leur forme…) envoyé par les électrodes.

Ainsi un des objectifs à plus long terme est d’obtenirles meilleures performances possibles avec l’implantet pouvoir améliorer la perception de la parole dans lebruit et la perception de la musique. Les résultats dequatre des études réalisées dans le cadre de ce projetsont présentées ci-dessous.

« La précision de la stimulation desélectrodes » par Quentin Mesnildrey

L’implant cochléaire effectue toute une série d’étapesmais le but ultime reste de stimuler le nerf auditif avecde l’électricité. Dans cette étude, nous cherchons àcomprendre comment se fait le passage de l’électrodeau nerf.

La cochlée est composée d’un tube enroulé en spirale(Figure 1). Les électrodes sont insérées dans ce tube etenvoient de l’électricité pour stimuler le nerf auditif endifférents endroits.

Le nerf auditif est, quant à lui, composé de fibres quisont organisées comme les cordes d’un piano le longde la cochlée, des graves aux aigus d’une extrémité àl’autre…

Malheureusement, l’intérieur de la cochlée estsemblable à de l’eau salée, et l’eau est un bon conduc-teur électrique.L’électricité se propage donc dans la cochlée avantd’atteindre le nerf.

Dans le cas d’une stimulation classique (Figure 2,gauche), chaque électrode stimule une large portionde la cochlée, symbolisée par la zone de couleurviolette. En poursuivant l’analogie du clavier de piano,stimuler une électrode revient à jouer du piano avecdes gants de boxe !Avec plusieurs électrodes activées en même temps, lesinformations envoyées par chaque électrode se mélan-gent : les électrodes « se gênent ».

Figure 1 : représentation schématique du porte-électrodesinséré à l’intérieur de la cochlée. Chaque électrode stimuleune portion des fibres du nerf auditif. L’électrode colorée enbleue ici stimule des fibres à proximité tandis que l’électrodecolorée en rouge stimule d’autres fibres.

Page 20: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Médecine

6 millions de malentendants | Janvier 2016

2021

Cette mauvaise précision est probablement en partieresponsable de la perte de qualité sonore, de la moinsbonne compréhension de la parole dans le bruit, et del’appréciation plus difficile de la musique par lesporteurs d’implants.

Notre objectif est ici d’améliorer cette précision afind’aboutir à une stimulation dite sélective (Figure 2,droite).

Une solution possible a été proposée il y a quelquesannées et consiste à stimuler plusieurs électrodes enmême temps.

Les points rouges de la Figure 3 représentent lesélectrodes dans la cochlée.

Pour faciliter la représentation, la cochlée est montréeschématiquement sous forme déroulée.

Si aucune électrode n’est activée, il n’y a pas d’électri-cité.• Si nous activons l’électrode du milieu, celle-cigénère un courant électrique qui se propage dans lacochlée. La courbe violette de la Figure 3 représentece courant électrique. La quantité d’électricité trans-mise aux fibres à proximité de l’électrode active estmaximale proche de cette électrode (le pic de lacourbe) et est atténuée lorsque nous nous enéloignons. Si nous poursuivons notre analogie, lalargeur de cette courbe correspond à la taille du gantde boxe (Figure 2, gauche).

• Nous souhaitons diminuer la largeur de ce gant deboxe sauf au niveau de cette électrode du milieu. Onactive donc d’autres électrodes, les deux voisinesdans l’exemple présent (Figure 3, courbes verte (2) etbleue (3)) de manière à créer des interférences entreles électrodes.

La combinaison contrôlée des différents champsélectriques peut ainsi contenir l’électricité au niveaude l’électrode (c.f. courbe noire de la Figure 3) etainsi aboutir à une stimulation plus sélective.

Il nous faut donc maîtriser le comportement électriqueà la fois de l’implant et de la cochlée pour que cettetechnique fonctionne.

Ceci a nécessité des mesures en laboratoire sur unimplant réel plongé dans un liquide ayant les mêmespropriétés que le liquide de la cochlée, ainsi que desmesures chez les personnes implantées (stimulationd’une électrode et mesure avec les autres électrodesdisponibles).

L’analyse des scanners nous donnent également desinformations sur la posi tion de l’implant dans lacochlée et d’éventuelles particularités anatomiques.

À partir de ces informations spécifiques, nous cherchonsà adapter la stimulation à chaque personne. Cetteapproche sera validée par des tests perceptifs en 2016.

Figure 2 : représentation schématique du courant électrique se diffusant dans la cochlée dans le cas d’une stimulation classiqueet d’une stimulation dite sélective.

Figure 3 : Principe de fonctionnement de la stimulationsélective. Plusieurs électrodes sont activées en même tempsde façon à contenir le courant à proximité de l’électroded’intérêt (ici, celle du milieu).

Page 21: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Médecine

2021

« Perception de la fréquence » par Pierre Stahl

L’organe de la parole est situé au niveau du larynxdans le cou. Quand on parle, une partie de cet organevibre. Ces vibrations passent par la bouche puis sonttransmises dans l’air. La perception de ces vibrationsnous permet d’entendre. L’organe de la parole estdifférent d’un individu à l’autre.

Celui de l’homme est plus long et plus épais que celuide la femme. Les vibrations transmises sont donc pluslentes, le son est plus grave.

La vitesse des vibrations transmises permet en partiede reconnaître la personne qui parle.Vibrations lentes = son plus graveVibrations rapides = son plus aigu

Mais comment une personne implantée perçoit-ellecette propriété des sons ?Tout d’abord, nous pouvons noter que la vitesse de lastimulation dans l’implant ne change en général pas.Elle reste la même quelle que soit la personne quiparle. De plus, les porteurs d’implants ont parfois dumal à identifier leur interlocuteur !

Les vibrations dans l’air sont captées par l’implant, etles électrodes dans la cochlée stimulent le nerf auditifà mesure que les vibrations atteignent l’implant.

Nous voulons ici identifier une électrode qui pourraitavoir sa vitesse de stimulation réglée sur la vitesse desvibrations dans l’air, mais laquelle ?

Deux électrodes ont été testées : la première électrodeà une extrémité de la cochlée (l’apex), la seconde àl’autre extrémité (la base).

Chaque électrode a été testée séparément, enmodifiant la vitesse de stimulation.

Dans l’expérience, les personnes implantées ont étépresque toutes meilleures pour reconnaître de petitesdifférences de vitesse de stimulation sur l’électrodeinsérée au fond de la cochlée (à l’apex).

Une possibilité serait donc d’utiliser cette électrodedifféremment des autres en la synchronisant avec lesfréquences de vibration de l’air pour améliorer laperception de la fréquence dans l’implant.

Bilan

• Une méthode a été développée pour optimiser laprécision de la stimulation de l’implant. Elle seravalidée l’an prochain.

• Il a été montré que l’électrode insérée le plus loindans la cochlée était la meilleure pour transmettrel’information relative à la fréquence. Ce résultatdevrait influer la façon dont est transmise cetteinformation dans les implants futurs et possiblementaméliorer la reconnaissance du locuteur.

Vous découvrirez dans le prochain numéro : le masquage et la perception du volume sonore.

� Olivier Macherey

Nom, prénom ou raison sociale : ................................................................................................................................Adresse : ....................................................................................................................................................................Ville : ...............................................................................Code postal :Pays : ................................................................................Mail : ................................................................................Date de naissance :Actif ou retraité : ...............................................................Nom de l’association : .......................................................

Bulletin d’adhésion et d’abonnement

Option choisie Montant Supplément (1)

Adhésion avec journal 30 € + …… € Adhésion sans journal 15 € + …… € Abonnement seul (4 numéros) 28 €

Bien préciser les options choisies(1) Certaines associations demandent un supplément d’adhésion à rajouter aux 15 €, vérifiez si vous êtes concernés dans la listedes sections et associations qui se trouve au dos de votre revue.Vous pouvez également rajouter une somme pour un don

à l’association en soutien.

Faire un chèque soit à l’ordre de l’association choisie (voir adresse page 32), soit à l’ordre du Bucodes SurdiFrance à envoyer à Emmanuelle Moal : 43B, avenue du Haut Sancé - 35000 Rennes

Renseignements à : [email protected] une adhésion à l’ARDDS, envoyer à : ARDDS - boîte 82, MDA XXe - 3, rue Frederick Lemaitre - 75020 Paris

Ad

sio

n /

Ab

on

nem

ent

“Notre objectif est icid’améliorer cette précisionafin d’aboutir à une stimulation dite sélective

Page 22: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Témoignage | Reportage

6 millions de malentendants | Janvier 2016

2223

Quelle belle leçon de vie !Evelyne a fait son premier stage de lecture labiale ARDDS, l’été dernier. Assistante d’orga -nisation dans un quotidien régional depuis une trentaine d’années, elle est malen tendante(perception) depuis longtemps (otites dans l’enfance et un facteur d’hérédité), appareilléebilatéralement depuis 2006.

Lors d’une discussion à bâtons rompus avec l’assis-tante sociale de mon travail, j’ai dit que les prothèses,bien qu’indispensables, ne réglaient pas tous lessoucis des malentendants, surtout en situation degroupes, de brouhahas…Au fait des problèmes liés à la surdité, puisque mariéeà un sourd, l’assistante sociale m’a aussitôt parlé de lalecture labiale qui venait en complément desprothèses. Cela m’a fortement intéressée d’emblée. Enregardant sur internet ce qui se présentait à moi dansce domaine, j’ai vu que l’ARDDS (dont je n’avaisjamais entendu parler auparavant) organisait chaqueannée, des stages de lecture labiale. Et cet été 2015,l’association venait à Besançon… Ma ville! Belle aubaine.

Je me suis inscrite en catastrophe, en externe. Merciaux organisatrices de me l’avoir permis !Au début, il n’a pas été facile pour moi, nouvellestagiaire qui relève de la formation professionnellepour adultes, de m’insérer dans ce superbe groupe : lematin en stage, l’après-midi au travail… Pas de repaspris en commun, ni de soirées, ni de petit-déjeuner,puisqu’externe.

Un peu difficile comme intégration, surtout quand ona, comme c’est mon cas, quelques difficultés à allervers l’autre. Mais je voyais bien que le groupe étaitsympathique et ouvert. Petit à petit, j’ai rencontré debelles personnes, d’âges et d’horizons divers. En plusde l’apprentissage de la lecture labiale, qui m’apassionné, le fait de me retrouver avec des personnesvivant le même handicap, me faisait du bien. Il étaitplus facile de faire répéter, une fois, deux fois… Toutsemblait tout à coup moins compliqué, presquenaturel. Même si ma surdité n’est pas catastrophique,je me faisais une montagne de devenir de moins enmoins entendante… Comme un deuil à faire. Et là jevous voyais vivre normalement, rire, l’espoir revenait.

Je n’oublierai jamais ce déjeuner (pris exceptionnelle-ment avec vous à Villers-le-Lac), où j’étais en faced’un stagiaire, que je ne connaissais pas du tout.Discussion bien sympathique, « d’où venez-vous, quefaites-vous dans la vie… ». Je ne me doutais pas quecet homme ne m’entendait pas du tout, et qu’il lisaitsur mes lèvres… Quand il me l’a révélé, ouah! J’avaisdu mal à y croire. Et là, je me suis dit, Evelyne,apprends, ne baisse pas les bras, c’est génial ce truc-là, c’est redonner le dialogue à ceux qui en sontprivés. Quelle belle leçon de vie !

Voilà, ce stage m’a apporté énormément, à tous lesniveaux, technique et humain. Et c’est avec un trèsgrand plaisir que je vous retrouverai tous l’anprochain, en étant interne, afin de mieux vousconnaître. Car l’Humain c’est bien ce qu’il y a de plusimportant.

Je pense qu’il faudrait avertir les gens qui comme moisouhaitent faire la formation le matin et travaillerl’après-midi, que cela n’est pas souhaitable. Que cetteformation exige une concentration intensive et qu’auboulot l’après-midi, nous ne sommes pas efficaces dutout. Il est préférable de prévoir des demi-RTT oucongés.

� Evelyne Gallet

Publicité

Evelyne Gallet

Page 23: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Témoignage | Reportage

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

2223

Appropriationde la lecture labialeC’est un témoignage en deux parties que nous a envoyé Yane. Après l’aggravationimportante de sa surdité cet été (perte complète de l’audition à gauche et baisse à droite),elle raconte sa recherche personnelle de lecture labiale, puis l’apprentissage après avoircommencé les séances de rééducation avec une orthophoniste.

Avant les séances d’orthophonie, se préparer à la lecture labiale

Mon audioprothésiste m’a conseillé de continuer à porterla prothèse à l’oreille qui ne répond plus pour entretenir lefonctionnement du nerf auditif, la résonnance, la conduc tionosseuse et ma sensation interne d’écoute stéréophonique.En attendant avec impatience mon rendez-vous avecune orthophoniste, j’ai fait un travail préparatoire à lalecture labiale, pure improvisation…J’ai commencé à visualiser les lettres de l’alphabet, lesprononcer tout en accentuant le mouvement deslèvres pour en ressentir leur forme, leur consistance.Mes lèvres les dessinent en les gravant intérieurementpour que mon cerveau les intègre. Une sorte degymnastique alphabétique consciente pour permettreà mes neurones de travailler.J’ai aussi observé, depuis l’aggravation de ma surdité,la perception olfactive accrue et la sensation vibratoireque génère un véhicule qui passe. Cela m’amène à tendreune oreille virtuelle afin de déterminer d’où proviennentles ondes sonores qui se répercutent dans les pieds, leventre ou ailleurs. Cette information, je dois la décryp-ter jusqu’à l’intégrer comme une nouvelle oreille, maisplus grande. Cela m’a fait prendre conscience de monmanque de vigilance et surtout de cette capacité àm’isoler de mon environnement. Je suis désorientée,j’ai l’impression, d’atterrir dans un monde que jereconnais de moins en moins. Dans la rue, je doism’efforcer d’être consciente et observatrice du mouve-ment des autres pour ne pas être bousculée.

Quand j’entends quelqu’un qui parle, je ne sais pasd’où vient le son. J’ai tendance à m’arrêter pour voird’où il provient.Un autre phénomène observé, aussi par des amis, c’estque j’écris comme j’entends ! Je n’ai jamais fait autant« de fôtes » d’orthographe, de phrases qui ne veulent plusrien dire. Mais je n’en ai pas conscience. Mon écritureest comme fracturée après une chute. C’est déstructurant.

Après quelques séances de rééducation

Mon orthophoniste m’aide à me reconstruire avecl’apprentissage de la lecture labiale, pratique qui, pourmoi, demande d’être dans une relation active deperception kinesthésique et d’intégration des mouve-ments engendrés par la prononciation et la reconnais-sance visuelle de ce qui est prononcé dans le silence.Parfois, j’ai la sensation d’entendre les mots.C’est aussi toute une démarche de travail sur la mémoireet la mémorisation car le vocabulaire acquis me sertde référence sensorielle qui va m’aider à reconstituerles vides de ce que je ne comprends plus. Et j’ail’impression d’activer des neurones qui ne demandentqu’à se manifester. Je les sens qui frétillent…Au cours d’un exercice pour trouver vingt légumes différents,les réponses peinaient à venir. Et puis, l’idée vint : j’aicommencé à faire mes courses en pensée. J’ai reconstituél’étalage de légumes en le visualisant. Mais, il en manquait!C’est dans le métro que je me suis entendue dire: « Maisbon sang, c’est bien sûr », comme dans la série Les cinqdernières minutes. L’esprit d’escalier avait fonctionné. Mon rendez-vous hebdomadaire avec mon orthophonisteest un plaisir. Je l’attends car l’apprentissage de nou veauxmodes de communication demande une implica tion fortequi me fait m’intéresser aux neurosciences. J’aime biencomprendre les circuits neurosensoriels, les voies d’accèset de stockage que prennent ces nouveaux comportementsque je suis en train d’acquérir. Cela m’amène aussi àsentir mes tensions intérieures et musculaires. Au débutde la séance de rééducation, j’essaie d’être paisible, etquand je sens que je me bloque les épaules, je prendsconscience qu’il faut lâcher les tensions.Autre constat de stress, cette situation d’apprentissageme fait plonger, du grand plongeoir, dans des blocagesd’apprentissage scolaire. Je me retrouve comme unemôme à l’école, interrogée par l’instituteur. Cap àdépasser. D’autant que mon « instite » a de l’humour !

� Yane

Page 24: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Pratique

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Plus de confort et de liberté grâceà la technologie sans filÉtant implantée cochléaire, je ne peux témoigner que de mon vécu personnel avec lesaccessoires sans fil que la société Cochlear propose pour ses processeurs de dernièregénération de la série CP900 (Nucleus 6).

Toutes les marques d’appareils de correction auditiveproposent aujourd’hui des accessoires sans fil pour unmeilleur confort d’écoute du téléphone et des périphé-riques audiovisuels (TV, lecteurs de musique, radio,ordinateur). Les porteurs d’aides de correction auditivequi souhaiteraient tester des accessoires sans fil sontinvités à se renseigner auprès de leur audioprothésistepour identifier les éventuelles solutions proposées parle fabricant de leur(s) propre(s) prothèse(s). Ce ne sontque les prothèses récentes qui peuvent en bénéficier.Si vous devez prochainement remplacer vos appareils,pensez à en parler avec votre audioprothésiste.

Progressivement, l’ensemble des fabricants d’implantscochléaires proposeront des solutions pour leursprocesseurs de dernière génération.

Cochlear propose trois accessoires sans fil

• Le mini-microphone : pour mieux comprendre àdistance et en milieu bruyant, il peut être appairésimultanément avec plusieurs processeurs. Cetaccessoire est particulière ment intéressant pour desgroupes lors de visites guidées ou de conférences,dès lors que plusieurs implantés portent un proces-seur compatible avec les accessoires sans fil. C’estaussi idéal pour des élèves ou étudiants qui peuventremettre le mini-microphone à l’enseignant ce quioptimise la compréhension et réduit les effetsnégatifs des bruits ambiants de la salle de classe.

• L’émetteur audio TV (streamer): contrairement auxdeux autres accessoires, le TV Streamer n’est pas unaccessoire nomade, puisqu’il doit se brancher sur uneprise électrique murale et l’appareil audio pour pouvoirfonctionner. Il permet l’écoute de la TV ou de toute autresource audio (compatible avec les entrées analogiqueset numériques). Le son est diffusé jusqu’à une distancede sept mètres. Pas besoin de mettre un collier magnétiqueautour du cou - une simple pression longue sur le bouton« position T » du pro cesseur et hop, le son de la télévisiontombe directement dans le processeur. Si l’utilisateur quittela pièce puis revient, le processeur se reconnecte auto ma -tiquement lorsqu’il revient à portée du TV Streamer.

• Le kit main-libre (phone-clip): pour tout téléphoneet/ou périphérique équipé de la technologie Bluetooth®,cet accessoire sera toujours prioritaire sur lesdeux autres puisqu’il s’enclenche automatique-ment dès qu’il détecte un appel téléphonique.Concrètement, si l’utilisateur est en train d’utiliser lephone-clip et un des deux autres accessoires sans filsimultanément, il sera automatiquement coupé del’écoute de la musique ou de la conférence et pourrarépondre au téléphone sans devoir se soucier pourarrêter l’autre source sonore.

Appairage

Au préalable, l’option sans fil doit être activée par lerégleur sur le(s) processeur(s) et la télécommande avantde pouvoir appairer le(s) accessoire(s) sans fil. Cochleara élaboré des guides de poche pour chaque accessoirece qui rend l’opération d’appairage assez simple.

2425

Les trois accessoires sans fil et l'assistant sans fil CR320.

Sur l'assistant sans fil, l'accessoire actif est signalé avec sonicône spécifique.

Page 25: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Pratique

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

2425

À l’aide de la télécommande Cochlear Nucleus CR210ou de l’assistant sans fil CR320, l’utilisateur peutcom mander la diffusion du son. Les utilisateurs quiont l’habitude d’utiliser la position T en se servant del’un des boutons pression présents sur le processeurpour ront aussi le faire pour enclencher la mise enservice des accessoires sans fil. Il est possible d’appai-rer jusqu’à trois accessoires sans fil Cochlear auprocesseur grâce à la présence de trois canaux différents.

Le mini-microphone et le phone-clip

Ces deux accessoires, très légers et de petite taille(7x3x1 cm) se clippent sur le vêtement ou se portenten collier (fourni) autour du cou.

Seul regret : que chaque accessoire ait besoin de sonpropre kit de chargement ! Les implantés cochléairesqui utilisent tous ces matériels ont intérêt à biens’organiser avant de partir en vacances pour éviterd’oublier un câble ce qui gâcherait leur confortpendant les vacances.

• Le mini-microphone permet via la prise audio 3,5 mm une connexion directe à tout appareil audionumérique (lecteur MP3, ordinateur portable,tablette). Si l’utilisateur devait faire le choix entre leTV Streamer et le mini-micro, c’est ce dernier qui estle plus polyvalent en offrant des modes d’utilisationcomplémentaires. Il peut être posé près du micro dela télévision et ainsi offrir une écoute confortable duson du téléviseur ou être directement branché à saprise casque, si toutefois ce branchement ne coupepas le son du téléviseur pour les autres membres dufoyer. Le volume peut être réglé sur le côté latéral dumini-microphone.

• Le phone-clip utilise la technologie Bluetooth, deplus en plus présente même sur les mobiles d’entréede gamme, sur les tablettes et les ordinateursportables. Les implantés qui éprouvent des difficul-tés pour téléphoner ont tout intérêt à l’utiliser car laqualité d’écoute est vraiment excellente. La bonnecompréhension de l’interlocuteur est favorisée par lasuppression des bruits de fond, même dans dessituations difficiles lors d’un déplacement dans lestransports, lors d’un repas au restaurant, etc. Unesimple pression sur un bouton pour répondre autéléphone, puis une autre pression pour raccrocher.L’autonomie est de six heures en conversation, dequatre-vingt heures en veille.

Les utilisateurs de la boucle d’induction magnétiquesavent bien qu’il est impossible ou très difficile d’uti-liser la position T dans les transports en commun ouen voiture. Qui n’a pas envié un jour les entendantsqui peuvent écouter avec leurs oreillettes la musiquedans les transports ? Grâce à la technologie Bluetooth,fini les problèmes d’interférences et de pollutionsmagnétiques ! Le son est parfait.

L’égalité technologique est rétablie entre entendantset porteurs d’implants cochléaires.

Quelques exemples d’utilisation

Personnellement, j’ai redécouvert le plaisir de« l’écoute nomade » de la musique. • Marcher dans la nature aux sons d’une bellemusique m’a fait oublier ma fatigue et m’a aidée àconserver un rythme soutenu de marche.

• Écouter mes morceaux préférés de musique au lieude m’exposer aux bruits ambiants, souvent pénibles,dans les centres commerciaux représente est un réelplus pour moi.

• Écouter la radio en pleine nuit pour faire passer unmoment d’insomnie, tout en restant au chaud etsans déranger mon conjoint, est un autre avantage.

L’utilisation au cinéma du mini-microphone : pourvoir un film sans sous-titres dans une salle qui n’estpas équipée d’une boucle d’induction magnétique, lemini-microphone favorise une meilleure compréhen-sion des dialogues tout en permettant un bon confortd’écoute.

Coûts directs et indirects des accessoires

Prix catalogue Cochlear (décembre 2015) - achat via laboutique en ligne :• Mini-micro : 209,95 € TTC• Phone-clip : 188,85 € TTC• TV Streamer : 241,60 € TTC

Le coût indirect est lié à la surconsommation d’éner-gie. Les accessoires sans fil réduisent l’autonomie despiles ou de la batterie. L’utilisation des batteries renddans l’immédiat ce coût indirect moins gênant, mêmesi le nombre de recharges des batteries sera augmentéet à terme leur durée de vie un peu réduite. Toutefois,le confort d’écoute augmente sensiblement ma qualitéde vie au quotidien et me fait oublier cet inconvénient.

Le coût direct des accessoires est plus regrettable, sur -tout pour des personnes qui ont des faibles ressources.Petite astuce: Profiter d’un anniversaire ou d’un Noël pourse faire offrir un accessoire sans fil par ses proches !

� Irène Aliouat

Le mini-micro, le kit main libre Bluetooth et l'émetteur audioTV (de gauche à droite).

Page 26: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Pratique

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Le service civiqueLe service civique est un engagement volontaire dans l’intérêt général, ouvert à tous lesjeunes de 16 à 25 ans, sans condition de diplôme. Désormais pour les jeunes en situationde handicap, l’âge limite est porté à 30 ans.

La mission d’intérêt général peut s’accomplir dans undes neuf domaines d’interventions reconnus prioritairespour la nation : culture et loisirs, développement inter-national et action humanitaire, éducation pour tous,environnement, intervention d’urgence en cas de crise,mémoire et citoyenneté, santé, solidarité, sport.Une indemnité de 467,34 € nets par mois est directementversée au volontaire par l’État, quelle que soit la duréehebdomadaire de la mission (20h hebdomadaires). L’orga -nisme d’accueil verse aussi au volontaire une prestationen nature ou en espèce d’un montant de 106,31 €, corres -pondant à la prise en charge des frais d’alimentation(fourniture de repas) ou de transports. Cette prestationpeut être versée de différentes façons (titre repas,accès à la cantine, remboursements de frais, etc.)

Les jeunes, bénéficiaires ou appartenant à un foyer béné -ficiaire du RSA, ou titulaire d’une bourse de l’enseigne -ment supérieur au titre du 5e échelon ou au-delà bénéficientd’une majoration d’indemnité de 106,38 € par mois.Les volontaires en Service Civique bénéficient d’uneprotection sociale intégrale.Le bénéfice de l’aide au logement est conservépendant le Service Civique.Pour les personnes handicapées, l’indemnité deService Civique est entièrement cumulable avecl’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH). L’AGE-PHIP peut prendre en charge l’aménagement du poste.

Pour les associations Pour accueillir un volontaire en mission de ServiceCivique, il faut d’abord faire une demande d’agré-ment à télécharger sur le site et à adresser par courrier,en fonction du territoire couvert.

La demande fera l’objet d’une instruction surplusieurs critères principaux :• Les missions proposées doivent répondre auxprincipes d’intérêt général, de non-substitution àl’emploi, d’accessibilité à tous les jeunes, quel quesoit leur profil, et de mixité sociale.

• L’organisme demandant l’agrément de Service Civiquedoit justifier d’au moins un an d’existence à la date dela demande. Des dérogations pourront cependant êtreaccordées, au cas par cas par l’Agence du Service Civique.

• L’organisme demandant l’agrément de ServiceCivique doit disposer d’une organisation etdes moyens compatibles avec l’accueil, l’accompa-gnement et la prise en charge des volontaires qu’ilenvisage d’accueillir ou de mettre à disposition.

• Les organismes d’accueil devront justifier des condi-tions particulières d’accueil de volontaires mineursde plus de 16 ans.

Si les conditions énoncées ci-dessus sont remplies,l’organisme pourra obtenir un agrément signé selon leniveau de la demande, du Président de l’Agence ou dupréfet de la région concernée. L’agrément définit lamission et le nombre de volontaires que l’organisme estautorisé à accueillir.

La prestation supplémentaire versée par l’associa-tion lui sera reversée par l’état sous forme desubvention.Associations ou jeunes en situation de handicap,renseignez-vous !

� Maripaule Peysson-Pelloux

Source : www.service-civique.gouv.fr

2627

La société Cochlear à ToulouseEn septembre dernier, j’ai eu l’occasion de visiter CochlearFrance à Toulouse qui a aménagé au printemps 2015 dansses tout nouveaux locaux, un bâtiment construit à proximitéde leur anciens locaux, destiné à regrouper l’ensemble del’équipe qui était jusqu’au printemps dernier établie surdeux sites différents, dont un en région parisienne. Aujourd’hui, l’équipe de Cochlear France est composéede trente-cinq personnes et assure également le suivi del’Espagne, du Portugal, d’Israël, du Maghreb et de Cuba.La maison-mère se trouve à Sydney en Australie. CochlearLtd a trois usines de fabrication. L’implant cochléaire et lesystème Codacs sont fabriqués en Australie, le systèmeBaha à Göteborg en Suède et les implants d’oreillemoyenne MET et Carina à Boulder aux États-Unis.

C’est en 1978 que le Professeur Graeme Clark, del’Uni ver sité de Melbourne en Australie, a effectué avecsuccès la première implantation chirurgicale d’unimplant cochléaire multi-canaux. Le développementcommercial de ce prototype fut réalisé par la sociétéNucleus Ltd. En 2013, Cochlear a lancé la commercia-lisation du processeur Nucleus 6®. Aujourd’hui,Cochlear est implantée dans plus de cent pays. Depuistrente ans, Cochlear a déjà permis à plus d’un quartde million de personnes de se reconnecter à l’environ-nement sonore et à leurs proches grâce à leur diffé-rentes solutions auditives implantables.

� Irène Aliouat

Page 27: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés
Page 28: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Europe | International

6 millions de malentendants | Janvier 2016

2829

Hearing Loss Association of America: HLAA (1)

Déclaration de l’associationaméricaine de la malentendanceCette association américaine - qui édite un magazine et organise chaque année les Marchespour l’Audition a publié un communiqué revendiquant un accès plus large à toutes lestechnologies auditives actuelles pour les malentendants. Nous publions ci-dessous unrésumé de cette déclaration.

Le constat : besoin d’une alternativedans le système de soins

Selon divers instituts, l’accès aux technologiesémergentes, qui peuvent être utiles aux malenten-dants, est freinée par de nombreux obstacles.

Nous, HLAA, soutenons un système de soins quipermettrait l’accès complet à tout l’éventail de latechnologie auditive susceptible de répondre de façonefficace et sûre aux besoins individuels.

Pour un soutien aux nouvelles technologies émergentes

Le domaine des soins de santé évolue rapidementnotamment avec les applications sur les Smartphoneset la télémédecine.

Dans le domaine de l’audition nous voyons émergerde nouvelles pratiques, telles que :• Tests auditifs à distance, réglages des appareils etgestion des problèmes à partir de chez soi

• Auto-tests et auto-réglages

• Smartphones utilisés comme plates-formes pour desprestations mobiles

• Applications permettant de transformer sonSmartphone en une aide auditive personnelle

• Nouveaux produits d’amplification type assistantsd’écoute

Pour un meilleur accès aux technologies de l’audition

Notre association HLAA soutient :• L’élimination de l’obstacle du coût : le forfait quicomprend le prix de l’appareil et des prestationsassociées doit être transparent avec une informationfacilement accessible au consommateur. Tous lesproduits émergeants et de pointe, notamment ceuxqui sont beaucoup moins chers que les appareilsauditifs traditionnels, doivent devenir rapidement etfacilement disponibles aux consommateurs.

• L’élimination de la barrière d’accès : les consom-mateurs doivent avoir un vaste panel de choix, que cesoit via l’Internet, les grandes surfaces, ou de façontraditionnelle en face-à-face avec des professionnels.

• L’interopérabilité entre les produits : dans lamesure du possible, les produits, interfaces et aidestechniques doivent être multi opérateurs et donc nonliés à une marque donnée.

“Notre association pensequ’il faut éliminer lesobstacles pour rendretoutes les technologies de l’audition accessibles et abordables

Page 29: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Un congrès européen, pourquoi, pour qui ?Entendu lors d’une permanence: « Ah, vousorganisez un congrès EFHOH européen,c’est bien ça, mais cela ne me concernepas, car je ne parle pas anglais ! ».

Le Bucodes SurdiFrance accueillera, début avril à Paris,les délégués européens de l’EFHOH, l’organisationeuropéenne des malentendants. Le premier jour, ces délégués auront leur assembléegénérale mais le lendemain, le 2 avril, un congrèsouvert à tous réunira les meilleurs conférenciers del’Europe : des méde cins, des responsables nationaux etinternationaux, des fabricants d’implant cochléaireet/ou prothèse auditive. Ce sera une occasion uniquede découvrir les dernières avancées de la recherche etles nouveautés dans le domaine de l’appareillage. L’ensemble des conférences sera traduit simultanémenten anglais et en français, à l’oral et à l’écrit. Chaque par -ticipant aura un boîtier individuel qui lui permettra debénéficier de la boucle d’induction magnétique mais éga -lement de choisir la langue dans laquelle il souhaiteentendre les conférences. Il y aura trois écrans: un pourla traduction anglaise, un pour la traduction françaiseet un pour les présentations des conférenciers. Toutela documentation écrite sera également bilingue. Les journées auront lieu à la Résidence Internationale deParis, qui est également le siège de Handisport, l’acces si bi -lité y est parfaite pour les personnes à mobilité réduite. Aussi inscrivez-vous sans hésiter!

� Aisa Cleyet-Marel

• Le remboursement détaillé des prestations, allantdes tests audiométriques, à l’adaptation et au suiviaprès achat (maintenance et réglages périodiques):l’efficacité des aides auditives dépend de la coordina -tion réussie de l’ensemble des prestations. La réadapta -tion auditive (RA) comprend notamment le conseil,la lecture labiale, et le réentraînement auditif.

• Le contrôle de la qualité : il est impératif que lesdonnées sur les prestations, le coût, l’utilisation etl’efficacité soient collectées en vue d’évaluer lessoins et de mettre en évidence les carences et leslacunes. Les technologies émergentes actuellesdevraient permettre de pointer les produits et lespratiques les plus sûrs et les plus efficaces.

• Éducation et information du consommateur : lesconsommateurs doivent avoir accès à des informa-tions claires et compréhensibles pour faire des choixsensées et éclairées: sites Web, brochures des produits,étiquettes des emballages, notice d’utilisation... Lesprofessionnels et les fabricants doivent travailler enpartenariat avec les consommateurs et les organisationsde consommateurs pour promouvoir un meil leur accèsaux technologies et prestations : aides auditives,assistants d’écoute, aides techniques, autres disposi-tifs facilitant l’écoute, dispositifs à ancrage osseux,dispositifs implantables et implants cochléaires…

• La consultation des consommateurs : elle estnécessaire pour collecter les remarques sur lafonctionnalité et le design des produits afin d’élabo-rer des normes.

Conclusion

Notre association HLAA pense qu’il faut éliminer lesobstacles pour rendre toutes les technologies del’audition accessibles et abordables (…) et qu’il fautdévelopper l’éventail des solutions pour répondre auxbesoins des enfants, des adultes qui travaillent commedes personnes âgées, quelle que soit la perte auditive(de légère à profonde) et quel que soit le niveau derevenu (faible ou élevé) (…).

� J. S., Surdi13

Approuvé par le conseil d’administration de la HLAA en avril 2015

(1) www.hearingloss.org

Europe | International

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

2829

Nous avions rencontré cette association en 2007 à Chicago,participé à leur réunion de bureau et à leur marche.« Marchez Avec Nous l’Année Prochaine ! Merci Encore ! »

Page 30: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Culture

6 millions de malentendants | Janvier 2016

Mois de l’accessibilité, rencontreinter handicap au MuséeDepuis le début de l’année 2015, Ardds 38 rencontre régulièrement les malvoyants del’Association Valentin Haüy. Des promenades ou visite d’exposition ont été organisées. Pourle mois de l’accessibilité, nous avions demandé aux guides du musée de Peinture deGrenoble, de nous organiser une visite commune : ils ont relevé le défi !

La première partie de la visite se fait en groupesséparés. Les deux groupes voient les mêmes tableaux,avec leur guide habituel. Nous, malentendants, appré-cions donc de nouveau la préparation d’affichettes, lephrasé lent, l’articulation excellente d’Eric Chaloupy.Le thème de la visite « De la photographie à lapeinture : parcours croisé » annonce la couleur ! Nousadmirons d’abord un tableau d’Antonio Canaletto,peintre italien du XVIIe siècle, une Vue de Venise siprécise qu’on la dirait tirée d’une photo.

Le second tableau est de Luigi Russolo, peintre etmusicien italien aussi, entre XIXe et XXe siècle. Lasynthèse plastique des mouvements d’une femme,montre un lien évident avec la photo, voire même lecinéma et les prises de vues successives.

Nous rejoignons le groupe AVH et ses deux guidesLaurence Gervot-Rostaing et Béatrice Mailloux, pour letroisième tableau, de 3 m sur 2,60 m, La guerre, peinten 1915, œuvre d’Othon Friesz.

C’est une composition peinte à partir de photos etgravures, tirées du journal L’illustration. L’artiste inter-prète les documents qu’il a choisis. Les guides spécialisés font une présentation en lecturelabiale pour les malentendants et en audio descriptionpour les malvoyants.

Nous sommes ensuite mis à contribution, pour nousessayer à l’audio description, à partir d’une reproduc-tionde l’Illustration, utilisée par le peintre. Pas facile !

Ces rencontres nous enrichissent, par la découverte del’autre, porteur d’un handicap différent. De plus, avecl’avancée en âge, les malentendants deviennentparfois malvoyants et les malvoyants souvent malen-tendants !

Nous continuerons avec intérêt nos rencontres, en2016.

� ARDDS 38

3031

le groupe devant « La Guerre » de Othon Friesz (1915)commenté par les guides.

© Adagp, Paris 2016

Page 31: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Culture

Janvier 2016 | 6 millions de malentendants

Lorsque sourds, malentendantset entendants se prennent par la main… pour danserC’est dans un lieu mythique de la danse en couple (on y dansait déjà avant la guerre), toutprès de la porte d’Orléans que j’ai retrouvé Serge Galinaud, maître de danse ayantparticipé et jugé dans de nombreux championnats d’Europe et du Monde. Conseillé parEmilie Ernst, orthophoniste spécialisée dans la surdité, il a monté le projet de faire danserensemble sourds, malentendants et entendants.

Serge mûrissait son projet depuis plusieurs années. J’aidécouvert une salle de danse parfaitement équipée pourrecevoir les sourds et les malentendants. Micro et musiqueconnectés sur une boucle magnétique bien calibrée, caméraet écran pour lecture labiale, système de reconnaissancevisuel de la musique (système breveté unique en France).Une vingtaine de personnes sont progressivementvenues et les couples se sont rapidement formés.

« La grande difficulté, nous dit Serge, était de faire danserensemble entendants et malentendants; les uns souhai-tant un niveau sonore raisonnable pour eux, les autresne pouvant danser qu’au rythme de vibrations provenantde niveaux sonores très élevés voire parfois insoutenablesen particulier pour donner et participer à des cours. Lesystème utilisé permet de reconnaître visuellement le typede danse, le tempo, les temps forts et les temps faibles. »

En effet j’ai constaté que la surdité ne semblait plus êtreun handicap pour danser et que les couples entendants/sourds se formaient au hasard des changements de parte -naires. Les témoignages d’Alexandre et Aurélie, personnesentendantes, illustrent la réussite de ce projet:« Il s’agit de notre 1er cours de rock et salsa et nous pou vonsvous assurer que ce ne sera pas le dernier! Nous avonsbeaucoup apprécié votre façon d’enseigner, en prenant letemps de bien expliquer chacun des pas, sans aller trop douce -ment non plus. Pour ce qui est des sourds et malentendants,quand nous sommes arrivés dans la salle nous n’avonspas compris tout de suite ce qu’il se passait. Mais cela nenous a abso lu ment pas gênées, bien au contraire. Noustrouvons formidable le fait de pouvoir permettre à despersonnes en situation de handicap de danser commetout un chacun. La méthode de la lumière qui suivait lerythme de la musique nous a bluffés! La danse a permisde gommer, au moins pendant une heure, le handicap. Iln’y avait plus d’entendants ou sourds mais seulement despersonnes qui dansaient (ou du moins essayaient!). »

Serge m’apprit que les danseurs se répartissaient pourmoitié en danseurs « entendants » et pour moitié en danseurs« sourds signeurs ». Ce jour-là j’étais le seul malenten-dant. Ceci me surprit beaucoup compte tenu du confortoffert par la boucle magnétique. Je suis persuadé que celaprovient d’une information insuffisante et que de trèsnombreux malentendants ne tarderont pas à entrer dansla danse.

À 500 mètres de la porte d’Orléans et 100 mètres duMétro Mairie de Montrouge il est maintenantpossible aux sourds et malentendants, pour un prixcompris entre 5 et 13 €/h d’apprendre à danser etde se faire plaisir. Pour l’instant les cours de Rock,Salsa, et de danses en ligne sont ouverts aux malen-tendants. Des stages de rattrapage en Rock Salsa etTango Argentin sont prévus en janvier ainsi que descours avec entraînement à partir de février. Si laformule fonctionne d’autres cours seront ouvertspour l’année scolaire 2016/2017 et des soiréesentraînement complètes pourraient être envisagées.Alors chers lecteurs, n’hésitez plus, faites vous plaisir!

� Brice Meyer-Heine

3031

Page 32: 6millions de malentendantsavec des sourds oralistes. La maxime de ma structure est : entendre ne suffit pas pour comprendre. J’essaye d’écouter et de comprendre les difficultés

Nos sections & associationsBucodes SurdiFrance | Maison des associations du XVIIIe boîte n°83 | 15, passage Ramey | 75018 Paris

Tél. : 09 54 44 13 57 | Fax : 09 59 44 13 57 | [email protected] | www.surdifrance.org

Mal

ente

nda

nts

, dev

enu

s-so

urd

s, ne restez plus seuls!

ASMAAssociation des Sourds

et Malentendants de l’Aisne37, rue des Chesneaux02400 Château-ThierryTél. : 03 23 69 02 72

[email protected]

ARDDS 06Alpes-Maritimes

La Rocca G109, quai de la Banquière

06730 Saint-André[email protected]

http://ardds.org/content/ardds06-plus

ARDDS 12Aveyron

[email protected]

Surdi 13Maison de la Vie Associative

Le Ligourès,place Romée de Villeneuve13090 Aix-en-ProvenceTél. : 04 42 54 77 72Fax : 09 59 44 13 [email protected]

Supplément adhésion : 2 €

ARDDS 15 - CantalMaison des associations

8, place de la Paix15000 Aurillac

Port. : 06 70 39 10 32 [email protected]://ardds15.over-blog.com/

Association des malentendants et devenus sourds des Côtes d’Armor

C°/AM Bourdet6 bis, rue Maréchal Foch22000 Saint-BrieucTél. : 02 96 37 22 87

[email protected]

Association des Malentendants et Devenus Sourds

du Finistère - Sourdine49, rue de Kerourgué29170 Fouesnant

Tél. : 02 98 51 28 [email protected]

http://asso-sourdine.blogspot.frSupplément adhésion : 10 €

Surd’IroiseAssociation de Sourds,Devenus Sourds et MalentendantsMairie de Plabennec1, rue Pierre Jestin29860 Plabennec

Tél. : 02 98 40 74 7602 98 21 33 38

[email protected]://www.facebook.com/surdiroise

Surdi 3020, place Hubert Rouger

30000 NîmesTél. : 04 66 84 27 15SMS: 06 16 83 80 [email protected]

http://surdi.30.pagesperso-orange.fr

AMDSMidi-Pyrénées

Chez M. Ailleres GérardLe Communal

Route de Marignac31430 Saint Elix Le Château

[email protected]

Auditionet Écoute 33

Chez Mme Odile Colcombet17, rue de Metz

B10, Les Horizons Clairs33000 Bordeaux

Tél. : 06 67 63 87 [email protected]ément adhésion : 2 €

Surdi 34Villa Georgette

257, avenue Raymond-Dugrand34000 Montpellier

SMS: 07 87 63 49 [email protected]

KedituAssociation

des Malentendants et Devenus sourds d’Ille-et-Vilaine

Maison Des Associations6, cours des alliés35000 Rennes

SMS: 06 58 71 94 [email protected]

ARDDS 38 Isère29, rue des Mûriers38180 Seyssins

Tél. : 04 76 49 79 [email protected]

ARDDS 44Loire - Atlantique

La Rébunière44330 Vallet

Tél./Fax : 02 40 03 47 33

ARDDS 46 - LotEspace Associatif Clément-Marot

46000 [email protected]

Surdi 49Maison des sourds

et des malentendants22, rue du Maine49100 Angers

[email protected]://surdi49.fr/

ADSM Surdi 50Les Unelles

rue Saint-Maur50200 Coutances

Tél./Fax : 02 33 46 21 38Port./SMS: 06 81 90 60 63 [email protected]ément adhésion : 6 €Antenne CherbourgMaison O. de Gougerue Île-de-France

50100 Cherbourg OctevilleTél. : 02 33 01 89 90-91 (Fax)

Gpascompris15, quai Gambetta

53000 LavalContact : Mme Braneyre-Dourdain

Tél./Fax : 02 43 53 91 [email protected]

L’Espoir Lorrain des Devenus Sourds3, allée de Bellevue54300 ChanteheuxTél. : 03 83 74 12 40SMS: 06 80 08 50 74

[email protected]

Supplément adhésion : 6 €

Oreille et Vie, association des MDS

du Morbihan11 P. Maison des Associations12, rue Colbert - 56100 Lorient

Tél./Fax : 02 97 64 30 11 (Lorient)Tél. : 02 97 42 63 20 (Vannes)Tél. : 02 97 27 30 55 (Pontivy)[email protected]

ARDDS 56Bretagne - Vannes

106, avenue du 4-Août-194456000 Vannes

Tél./Fax : 02 97 42 72 17

ARDDS 57Moselle

Bouzonville4, avenue de la Gare - BP 25

57320 BouzonvilleTél. : 03 87 78 23 [email protected]

Association des Devenus-Sourds

et Malentendants du NordMaison des Genêts2, rue des Genêts

59650 Villeneuve d’AscqSMS: 06 74 77 93 06Fax : 03 62 02 03 74

[email protected]

Supplément adhésion : 8 €

AssociationMieux s’entendrepour se comprendre

282, rue Montpencher - BP 2162251 Henin-Beaumont Cedex

Tél. : 09 77 33 17 [email protected]

http://assomieuxsentendre.fr/

ARDDS 64Pyrénées

Maison des sourds66, rue Montpensier - 64000 Pau

Tél. : 05 59 05 50 [email protected] Côte basque Maison pour tous :

6, rue Albert-le-Barillier64600 Anglet

SMS: 06 78 13 52 [email protected]

Association des Malentendants

et Devenus Sourds d’Alsace63a, rue d’Illzach - 68100 Mulhouse

Tél. : 03 89 43 07 [email protected]

ALDSM: Association Lyonnaise des Devenus Sourds et Malentendants

21B, avenue du Point du Jour69005 Lyon

Tél. : 04 78 25 34 48SMS: 06 31 54 57 [email protected]

www.aldsm.fr

Surdi 72Maison des Associations

4, rue d’Arcole - 72000 Le MansTél. : 02 43 27 93 [email protected]

http://surdi72.wifeo.com

ARDDS 74Haute-Savoie

31, route de l’X - 74500 É[email protected]

ARDDSNationale - Siège

Maison des associations du XXe

boîte 821-3, rue Frédérick Lemaître

75020 [email protected]

ARDDSÎle-de-France

14, rue Georgette Agutte - 75018 [email protected]

AUDIOÎle-de-France

20, rue du Château d’eau - 75010 ParisTél. : 01 42 41 74 [email protected]

AIFIC :Association d’Île-de-France des Implantés Cochléaires

Siège social :Hôpital Rothschild

5, rue Santerre - 75012 ParisAdresse postale

3 bis, rue de Groslay - 95690 [email protected] - www.aific.fr

CREE-ARDDS 76La Maison Saint-Sever

10/12, rue Saint-Julien - 76100 [email protected]

Durd’oreilleSecrétariat :

5, avenue Général Leclerc 78160 Marly-le-roi

SMS: 06 37 88 59 [email protected]

http://perso.numericable.fr/durdo

A.C.M.E - Surdi 84

311, chemin des Cravailleux30126 Tavel

Tél. : 04 90 25 63 [email protected]

ARDDS 85 - VendéeMaison des Associations de Vendée184, boulevard Aristide Briand

85000 La-Roche-sur-YonTél. : 02 51 90 79 [email protected]

APEMEDDAAssociation des Personnels

Exerçant un Métier dans l’Enseignement

Devenu Déficient Auditif12, rue du Pré-Médard - 86280 St-Benoît

Tél. : 05 49 57 17 [email protected]://aedmpc.free.fr

ARDDS 87Haute-Vienne

16, rue Alfred de Vigny87100 Limoges

Tél. : 06 78 32 23 [email protected]

FCM 94 Fraternité Chrétienne des Malentendants du Val-de-MarneTél. : 01 48 89 29 89

[email protected]

02

29

29

44

75

75

75

78

84

86

87

85

94

76

75

46

50

53

54

56

56

57

59

62

68

64

72

74

69

49

30

34

38

31

06

1312

15

22

35

33

Retrouvez également6 millions

de malentendantssur et