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353 Juin-juillet-août 2014 Association française BUCHENWALD - DORA ET KOMMANDOS BP 170 75921 PARIS 19 PDC Tel 01 42 85 44 93 - Fax 01 42 82 97 52 [email protected] www.buchenwald-dora.fr Association déclarée n° 53/688 et affiliée à la FNAM sous le n° 233 Rédacteur en chef : Dominique Durand Directeur de la publication : Floréal Barrier Commission paritaire : 0216A07729 Imprimerie SIFF 18 ZA Le Chêne Bocquet 57 Bd Henri Navier 95150 Taverny S O M M A I R E Pages Livres à lire et à faire lire 2 Edito : 3 ALERTE Actualités 4 - 6 Le génocide rwandais et la mémoire de la déportation 6 Cérémonies d’avril à Paris et en Allemagne 7 - 11 La Résistance à Buchenwald : nouvelle approche 12 - 15 De la conception du nouveau musée d’histoire du camp de Buchenwald 16 - 17 Dictionnaire Buchenwald 18 Assemblée générale 26/28 septembre 19 Pages de Lecture... et de Culture 20 - 21 Souscriptions 22 Dans nos familles 23 Voyage 70 e anniversaire 24 69 e anniversaire de la Libération de Buchenwald : Nouvelle approche de la Résistance dans le camp La porte d’entrée du camp de Buchenwald avec son inscription « Jedem das Seine » a été démontée pour être restaurée. Elle est momentanément remplacée par une réplique peinte en blanc, l’inscription étant, elle, peinte en rouge, les couleurs d’origine. ISSN 0996 -1127

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N° 353Juin-juillet-août 2014

Association française BUCHENWALD - DORA

ET KOMMANDOSBP 170 75921 PARIS 19 PDC

Tel 01 42 85 44 93 - Fax 01 42 82 97 [email protected]

www.buchenwald-dora.frAssociation déclarée n° 53/688 etaffiliée à la FNAM sous le n° 233

Rédacteur en chef :Dominique Durand

Directeur de la publication :Floréal Barrier

Commission paritaire : 0216A07729Imprimerie SIFF 18 ZA Le Chêne Bocquet

57 Bd Henri Navier 95150 Taverny

S O M M A I R E

Pages

Livres à lire et à faire lire 2

Edito : 3ALERTE

Actualités 4 - 6

Le génocide rwandais et lamémoire de la déportation 6

Cérémonies d’avril à Pariset en Allemagne 7 - 11

La Résistance à Buchenwald :nouvelle approche 12 - 15

De la conception du nouveaumusée d’histoire du campde Buchenwald 16 - 17

Dictionnaire Buchenwald 18

Assemblée générale 26/28 septembre 19

Pages de Lecture...et de Culture 20 - 21

Souscriptions 22

Dans nos familles 23

Voyage 70e anniversaire 24

69e anniversaire de la Libération de Buchenwald :Nouvelle approche de la Résistance dans le camp

La porte d’entrée du camp de Buchenwald avec son inscription « Jedem das Seine » a étédémontée pour être restaurée.

Elle est momentanément remplacée par une réplique peinte en blanc, l’inscription étant, elle,peinte en rouge, les couleurs d’origine.

ISSN 0996-1127

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A LIRE ET A FAIRE LIREPrix (port compris)

1940-1945 - Les Français à Buchenwald Agnès Triebel 7,00 (11,00)

Anthologie des poèmes de Buchenwald André Verdet 13,00 (17,00)

Boris Taslitzky Dessins faits à Buchenwald Boris Tasltizky 39,00 (45,00)

Claude Vanbremeersch L’honneur en action (B.D.) Chantal Trubert éditeur 10,00 (13,00)

Der gefesselte Wald Anthologie des poèmes de Buchenwald (bilingue français-allemand) 20,00 (24,00)

Dieu à Buchenwald Albert Simon 15,00 (18,50)

Ellrich 1944 -1945 J. Ch. Wagner 20,00 (24,00)

Il n’y a pas d’enfants ici, Auschwitz - Gross-Rosen - Buchenwald Thomas Geve 25,90 (31,00)

ITE, MISSA EST Pierre Durand 20,00 (24,00)

Itinéraire d’un Triangle rose, Rudolf Brazda J. Luc Schwab 19,90 (24,00)

Jeunes pour la Liberté Pierre Durand 14,50 (18,50)

KZ DORA (tome 1) Robin Walter 16,00 (19,50)

KZ DORA (Tome 2) Robin Walter 16,00 (19,50)

La chienne de Buchenwald Pierre Durand 10,50 (14,00)

La déportation dans les camps nazis - Raconte-moi... Agnès Triebel 10,00 (14,00)

La Résistance française à Buchenwald Olivier Lalieu 10,50 (14,50)

Léon Delarbre, le peintre déporté - Croquis d’Auschwitz, Buchenwald, Dora 5,00 (9,00)

Les crayons de couleur France Hamelin 19,00 (23,00)

Les évasions des Marches de la mort 10,00 (15,00) Janvier-février et avril-mai 1945

Les fils de la nuit Albert Ouzoulias 21,00 (25,00)

Le train des fous Pierre Durand 14,50 (18,50)

Marie-Claude Vaillant-Couturier Dominique Durand 24,90 (29,50)

Nummer 85250 Louis Bertrand 18,00 (22,00)

Redécouverts (catalogue Exposition des dessins faits à Holzen) 20,00 (25,00)

Retour inespéré André Mouton 15,00 (19,00)

Retour à Langenstein Georges Petit 15,00 19,00)

Survivant d’Auschwitz - J’ai eu 13 ans en camp de concentration Thomas Geve 19,90 (24,00)

Triangles rouges à Auschwitz Claudine Cardon-Hamet 23,00 (27,50)

LE MÉMORIAL - BUCHENWALD-DORA ET KOMMANDOS (3 volumes) 54.00 (65,00)

Plaquette Plaquette «Les cent derniers jours» 3,00 (5,50)

Insigne 2,30 (3,00)

DVD Thomas Geve “Il n’y a pas d’enfants ici” 14,90 (18,00)

CD Poèmes de Buchenwald 12,00 (15,00)

Afin de continuer à consacrer la plus grande part de ses ressources à la mémoire deBuchenwald, notre association change d’adresse. Ses lignes téléphoniques, son fax, sonadresse courriel sont inchangés.Son adresse postale devient : BP 170 75921 PARIS 19 PDCVous souhaitez nous rendre visite : Prenez rendez -vous SVP

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ALERTE

«Alerte nous écrit Eva November, fille de Ladizlav November. Quand le fascisme s’installe dans unpays de la communauté européenne, on préfère détourner le regard». De quel pays parle-t-elle ?De la Hongrie. Nous savions par notre amie Eva Puztai, ancienne déportée, membre du Comitéinternational Buchenwald-Dora et Kommandos que l’antisémitisme, la chasse aux Roms, laconstitution de milices d’auto défense, un nationalisme exacerbé réhabilitant Myklos Horthy et,enfin, des trains législatifs, avaient fragilisé la démocratie hongroise. Eva November confirme cequ’Eva Puztai avait dit devant le Parlement de Thüringe, en janvier, avec courage et fermeté.

Bien avant les élections européennes, nous dénoncions, nous condamnions, nousappelions à la vigilance et à des mesures politiques fortes pour enrayer, au delà dela Hongrie, cette inquiétante montée des extrémismes fascisants en Europe. Maissommes nous véritablement entendus ? Rien ne bouge, le mal s’aggrave. Commel’écrit avec justesse Catherine Fabre dans le numéro 65 de Mémoire et Vigilance,«la croissance en nombre (des formations d’extrême droite) et la «démarginalisationde leurs idées inquiètent à juste titre ».

En Hongrie ces formations participent, sous une forme de moins en moinsaseptisée, au programme de Gouvernement. En Autriche, en Italie, aux Pays-Bas,

des coalitions gouvernementales les ont accueillies. Au Danemark elles soutiennent leGouvernement. En Suisse, elles ont obtenu par référendum des résultats qui modifient lesconditions d’immigrations. « Aucun pays ne semble donc épargné ni par la montée de l’extrêmedroite ni par la perméabilité des partis traditionnels aux thèses extrêmes » écrit C. Fabre.

Il est aisé d’y voir plusieurs raisons, amplement démontrées et tout d’abord les conséquences dela crise économique et financière : c’est l’insécurité sociale qui se développe et le repli sur soi,pour se protéger. Avec Catherine Fabre et d’autres, on doit aussi porter au nombre des raisonsl’affaiblissement des partis politiques traditionnels et de la crise du discours politique.

Notre amie Arlette Hasselbach, en Avril, lors de la journée de la déportation, a avancé unenchainement : « La course à la concurrence à tout prix, le déluge d’informations, l’emprise dessystèmes informatisés, des procédures, des statistiques, déshumanisent les relations entre lespersonnes. Avec la crise et la perte des emplois, un sentiment d’impuissance vient peu à peunourrir le repli sur soi d’une partie de la population. L’histoire nous démontre que dans cettesituation la peur et le rejet de l’autre devient le levier du racisme et des idéologies totalitaires. »

Revenant sur ces raisons, le journaliste et chroniqueur Bernard Guetta y ajoute une conséquencesupplémentaire. Dans un article paru récemment dans le quotidien Libération, il expose les pointscommuns qui conduisent les uns à assurer la progression des extrêmes droites europhobes, etparfois ouvertement pro nazies, et d’autres à s’engager dans le fanatisme religieux le plus extrême,celui qui peut conduire à des attentats antisémites, comme à Bruxelles.

Sa démonstration est convaincante. Elle nous invite à persévérer.

Dominique Durand

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ACTUALITES

Voyage des agents d'EDF du Gers

En juin 2013, notre association a été sollicitée pour or-ganiser un voyage sur les traces de Marcel Paul, Mar-cel Dartigues et Abel Sarramiac (décédé à Dora), toustrois déportés à Buchenwald et tous ayant travaillé au-près de compagnies du gaz et de l’électricité.

L'idée de ce voyage est venue à Jean-Luc Tovar, agentEDF à Auch, où une plaque a été apposée en hom-mage à Abel Sarramiac. Cette plaque a bien failli dis-paraître, en 1993 quand les locaux de l'entreprisenationalisée ont été refaits. Une poignée d'agents s'estmobilisée contre l'indifférence de la direction. La plaquea été installée à l'extérieur des nouveaux bâtiments.Mais ce même groupe d'agents a décidé de refaire uneplaque identique et de l'apposer sur un édifice inalié-nable, du domaine public, un lavoir municipal, admira-blement restauré situé presque en face de la maisond'Abel Sarramiac, là où il a été arrêté, en 1943, sousles yeux de sa petite fille. Même si GRDF perd son ca-ractère de service public, il y aura toujours, à Auch, uneplaque à la mémoire d'un Résistant.

C'est donc un groupe extrêmement motivé et chaleu-reux que j'ai accompagné du 28 avril au 2 mai. J'avaisbien sûr plus spécifiquement orienté mon propos surles trois personnes qui intéressaient le groupe et nousnous sommes donc longuement arrêtés devant leBlock 34, celui de Marcel Dartigues. Nous avons évo-qué Marcel Paul et son action au niveau du Block 57 etrappelé les actions de résistance d'Abel Sarramiaclorsque nous sommes allés à Dora.

A Ellrich nous avons eu la surprise de partager un grandmoment d'émotion avec Inge, sa fille et la représen-tante de la municipalité.

Je ne peux omettre dans ce court billet, l'excellent ac-cueil qui nous a été réservé, comme à son habitude,par la famille Röder à Ballstedt et les toujours passion-nantes explications de notre guide Andréa à Dora oùj'ai eu la surprise de constater combien les travaux au-tour du crématoire avaient progressé depuis le moisd’août dernier. On peut remercier le Mémorial pour cethommage rendu aux déportés incinérés à Dora et dontles cendres ont été répandus à cet endroit.

Les liens tissés avec ce groupe ont été forts et je suiscertaine que l'année prochaine lors de la cérémonie enhommage à Abel Sarramiac dans les locaux d'EDF à

Auch, nombreux seront ceux qui pourront jouer lespasseurs de mémoire pour rappeler ce que furent lescamps de concentration et plus spécifiquement celuide Buchenwald et celui de Dora.

Dominique Orlowski

Voyage “Action Mémoire” 12 au 16 avril 2014Un bon et beau voyage

Petit voyage, diront certains. Nous ne fûmes que 27 àembarquer pour cette visite des sites concentration-naires de Buchenwald, Dora et Ellrich. Mais l’engage-ment et l’intérêt des participants permirent d’en faireun bon et beau voyage.

Chacune et chacun purent apprécier la chaleur de l’ac-cueil à Zür Tanne ainsi que la bonne organisation quenotre association avait su mettre en oeuvre.

On notera au titre des conditions pratiques, l’excep-tionnel confort de l’autocar mis à notre disposition.Merci aux Voyages James avec une petite réserve tou-tefois, celle relative au non fonctionnement du systèmevidéo.

Pour nos visites, aucun hiatus n’est venu perturber leurbon déroulement mis à part l’exécrable météo quenous avons connue lors de notre visite du camp d’Ell-rich. Heureusement les parapluies de Suzie nous pro-tégèrent un peu du déluge. Une remarquesupplémentaire se doit d’être émise à cet égard, cellevisant la visite de Weimar abordée sous l’angle de sonpassé nazi.

Ce fut une première visite, conduite par un guide bé-névole ; elle nous permit d’élargir notre connaissancesur les conditions de la vie urbaine de cette localité.

Ainsi, saviez-vous que le magnifique hôtel Elephant futdétruit sur les ordres de Hitler et reconstruit quasimentà l’identique ? Hitler n’avait pu supporter que son hôtelde référence à Weimar ait été un lieu de séjour de l’il-lustre écrivain d’origine juive : Thomas Mann. Bien en-tendu pour conserver tout l’intérêt qui s’attache à cettevisite nous n’irons pas plus avant dansle récit de nosdécouvertes et bien au contraire nous vous invitons ày participer lors d’un prochain voyage.

Pour clore ce petit billet, nous remercions tous nos par-ticipants pour leur compréhension, leur gentillesse etl’intérêt qu’ils ont porté à nos initiatives.

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ACTUALITÉS

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tres encore.Une évoca-tion artis-tique eth i s t o r i q u emobilisant ladirection, desprofesseurset des élèvesdu collègeG a s t o nCouté deVoves et del’Ecole JeanM o u l i nconstruite sur le récit de ces évasions et la lecture depoèmes de la résistance a accompagné cette journéedu souvenir. Un Wagon musée accueille désormaisune exposition permanente sur ce « camp de séjoursurveillé numéro 15 » où furent internés 2030 per-sonnes avant que la plupart d’entre elles ne soient dé-portées, le 9 mai 1944 notamment, vers Compiègnepuis Neuengamme via Buchenwald.

Journée du Souvenir à CompiègneUne journée du souvenir des déportés a lieu à Com-piègne le dimanche 28 juin, à l’initiative de l’ADIRP etde l’AFMD de l’Oise. Une première cérémonie se dé-roule à 10h30 au Mémorial de Royallieu en présencedu Préfet, du Président du Conseil Général et du Sé-nateur-Maire de Compiègne. Le Président de laFNDIRP, Walter Bassan et Yves Lescure, directeur de laFondation pour la Mémoire de la Déportation y pren-dront la parole.

A l’issue de cette cérémonie, un cortège se rendra à lagare suivant le parcours des déportés où un secondmoment de recueillement, dépôt de gerbe et prises deparole est prévu : celles du directeur de la SNCF, durecteur de l’académie, des représentants d’associa-tions mémorielles.

Un repas commun salle Marcel Guérin de Margny lesCompiègne clôt la matinée.

A partir de 16h30 des lectures de témoignages de dé-portés auront lieu dans cette salle.

Inscriptions : Raymond Lovato 06 68 73 09 58

Profanation à Buchenwald

La plaque en acier évoquant le souvenir de trois résis-tants au nazisme, le pasteur et théologien Dietrich Bon-hoeffer, le général Friedrich von Rabenau et l’officierLudwig Gehre, qui ont passé les dernières semaines deleur vie à Buchenwald, après l’attentat manqué contreAdolf Hitler le 20 juillet 1944, a été détériorée le 25 mai.Le Comité international a fait part de son indignation etexprimé sa solidarité « à l'égard de tous les citoyens al-lemands engagés dans la préservation de la mémoiredes crimes hitlériens. »

Notons pour confirmer ce propos que neuf d’entre euxont décidé de nous rejoindre et d’adhérer à notre as-sociation. Merci pour le sang neuf ! Enfin un petit cou-cou amical à notre amie qui connut, contre son gré, lesurgences de l’hôpital de Weimar et à notre porte-dra-peau qui sut si bien nous accompagner dans nos pe-tites cérémonies. Merci également à nos trois militairespour leur présence.

A l’année prochaine, nous comptons sur vous.

Jean Claude Gourdin et Robert Koerner

Le Comité de Haute Normandie à Buchenwald

Pour la vingt deuxième année, grâce à la contributiondu Conseil général de Seine Maritime, de la ville deDieppe et de villes amies, le Comité Régional de HauteNormandie a organisé un « voyage mémoire » destinéaux élèves seinomarins.

40 collégiens issus de 7 établissements et 9 profes-seurs ou membres de l’association ont participé, avecbeaucoup d’attention et d’émotion, à la commémora-tion du 69ème anniversaire de la libération du camp deBuchenwald. Ils ont poursuivi par les camps d’Ellrichet Dora. Malheureusement ils n’ont pas pu bénéficier,d’Albert Girardet notre guide habituel,qui fatigué estresté dans son Jura natal.

Voves en mémoire

En mai 2012, nos amis André Mulier (KLB 14370) etHenri Remolet (KLB 77904) ont déposé au camp d’in-ternement de Voves, en Eure et Loir, une urne conte-nant de la terre de Buchenwald. Celle-ci avait étéramenée du camp par Guy Ducoloné. Une cérémonieoù notre association était représentée par Alain Riveta, cette année, commémoré le soixante-dixième anni-versaire de la « liquidation du camp » et rappelé le sou-venir de ses évadés : Raymond Semat, Louis Namy,Rino Scolari, Alphonse Jaroc, Jacques Plessis, d’au-

Portail d'entrée du camp de Voves, sans date.

© Coll. Musée de la Résistance nationale à

Champigny-sur-Marne

Karine Pieters, petite fille de Charles Pieters (KLB 51593),présente le plan du camp.

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D’avril à juillet 1994 des centaines de milliers de per-sonnes ont été victimes d’un génocide au Rwanda. Leprocès de Pascal Simbikwanga, accusé de complicitéde génocide et crimes contre l’humanité s’est tenu enfévrier et mars à Paris, la France ayant compétence uni-verselle pour juger les crimes les plus graves quelquesoit le lieu où ils ont été commis, si le prévenu se trou-ve sur son territoire. Le 14 mars, cet ancien respons-able des services de renseignements rwandais a étécondamné à 25 ans de prison et reconnu coupable degénocide «ayant donné des instructions pour que desTutsis soient systématiquement exécutés sur le champen vue de la destruction totale de ce groupe ethnique(…) dans le cadre d’un plan concerté». Il a par ailleursété condamné pour complicité de crimes contre l’hu-manité pour les assassinats systématiques d’op-posants Hutu. Il a fait appel de ces condamnations.

Lors de l’audience du 11 mars, à l’initiative de notreassociation, des rescapés de la déportation, commenotre ami Léon Zyguel, déporté à Auschwitz puisBuchenwald et des membres d’amicales de campssont venus manifester leur solidarité avec les victimesdu génocide : Agnès Triebel pour l’Association françaiseBuchenwald-Dora, Viviane Boussier et Jean MichelGaussot pour l’amicale de Neuengamme, CarolineUlmann pour celle de Mauthausen, Marie-France

Cabeza Marnet pour celle de Ravensbrück.

Les associations et personnes présentes n’étaient pasconvoquées en qualité de témoins et ne souhaitaientpas s’immiscer dans la procédure judiciaire.

Elles ont inscrit leur présence, conformément auxengagements qu’avaient pris les déportés en 1945 dansles serments prononcés à la libération des camps, delutter contre toutes les formes de déshumanisation,d’atteintes aux libertés, aux droits de l’Homme et aurespect de la personne humaine ; de poursuivre sansrelâche les assassins et tortionnaires dont eux mêmesavaient été victimes, mais aussi tous ceux qui pourraientcontinuer à entretenir et perpétuer ces méthodes bru-tales. «Nous continuerons, disaient-ils jusqu’à ce quele dernier responsable soit condamné devant le tribu-nal de toutes les Nations.»

C’est pour cette cause qu’ils étaient présents ce jourlà, comme ils l’ont été dans le monde chaque fois quedes actes de barbarie ont été jugés, et en France,quand les assassins de Juifs et de résistants ont étérattrapés et déférés devant les tribunaux.

Ainsi avons nous manifesté la solidarité de rescapés etde représentants des associations des victimes de ladéportation et des crimes nazis avec les victimes dugénocide des Tutsis perpétré au Rwanda en 1994.

ACTUALITÉS

LE GÉNOCIDE RWANDAIS ET LA MÉMOIRE DE LA DÉPORTATION

LE TRAVAIL SUR LE GENOCIDE AU RWANDA

Membre du conseil d’administration de notre association, Corinne Benestroff s’est rendue au Rwanda enjanvier dernier avec un groupe d’universitaires de l’Université Paris VIII travaillant sur la violence extrême. Ellerevient dans un article paru dans le numéro 885 du Patriote Résistant (avril 2014) sur le travail mené par lesassociations de survivantsExtraits.

De nombreuses études explorent les conséquences du génocide des Tutsis sur la population, l’impact des gaca-ca (forme de justice traditionnelle) et des procédures judiciaires internationales, le poids de la cohabitation avecles tueurs, la santé physique et mentale, l’influence des facteurs économiques et socioculturels, les stratégiesmises en place pour sortir du génocide. Comment s’en sortir ?

Le travail des associations et l’originalité des méthodes employées forcent l’admiration. Umbrella rassemble lesassociations de survivants : Ibuka (mémoire et justice) a été fondée en 1994, Avega agahozo en 1995 par desveuves, AERG en 1996 par des étudiants survivants, AOCM par des orphelins chefs de ménage en 2000. Toutesont instauré des actions et programmes spécifiques visant au soutien économique, médical, psychologique,juridique, des populations concernées. Jean-Pierre Dusingizemungo, Professeur de psychologie à l’Universitéde Butare et Président d’Umbrella explique les objectifs qui restent à atteindre : prendre en charge les person-nes isolées, veuves, femmes violées, personnes atteintes du VIH, personnes blessées nécessitant des soins aulong cours, de la chirurgie réparatrice, des prothèses, etc. Toutes les victimes qui n’ont pu bénéficier des pro-grammes de soins jusqu’à ce jour, parce qu’elles sont isolées, enfermées dans la solitude, la honte, la douleur,la pauvreté.

Plus tard, l’historien Ernest Mutwarasibo, qui prépare une thèse sur les Justes du Rwanda nous expliquera com-bien il est difficile d’enseigner l’histoire des génocides quand tout le monde est touché. Car comment vivre àcôté du tueur ? Comment accepter de ne pas savoir où sont les corps des êtres chers, supporter les proposnégationnistes, faire encore confiance, dire qu’on a subi un viol ? Comment aimer les enfants nés de ces viols ?… La tâche est immense. « Tout est à reconstruire, dit Assumpta Mugiraneza, nous avons encore beaucoup detravail pour arriver à réfléchir, penser le génocide, créer des espaces de parole, retrouver les valeurs rwandaisesd’entraide et de respect ». Penser et dire, par la musique, le chant, le théâtre, l’écriture pour sortir de l’enferme-ment….

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Nous nous retrouvonsainsi, des deux côtés duRhin, comme chaqueannée, pour rendre unhommage solennel aux250 000 déportés de toutel’Europe envoyés par lesnazis au camp de concen-tration de Buchenwald etdans ses dizaines de kom-mandos. Confrontés à la

misère extrême et à la violence organisée, près de60.000 personnes devaient périr entre 1937 et 1945.Des hommes et aussi des femmes que nous n’oublionspas.

Nos pensées fraternelles vont tout particulièrement àces morts, à nos morts, dont nous entretenons fidèle-ment la mémoire et la mémoire de leurs luttes.

Car parmi tous ces détenus, se trouvaient de nombreuxrésistants qui payèrent de leur vie leur combat contre lenazisme et leurs idéaux. Mais ils n’étaient pas seuls.Sur l’Ettersberg, comme dans tous les camps deconcentration, les nazis mêlèrent aux combattants del’ombre, des persécutés pour leurs pratiques reli-gieuses, sociales ou leurs orientations sexuelles. Lesbourreaux organisèrent savamment les divisions entreces détenus pour mieux les opprimer et contenir la Ré-sistance. Ils n’y parvinrent pas complètement, l’histoirede Buchenwald en témoigne.

Ce combat d’une Résistance qui se poursuit réunit par-tout, dans tous les pays comme derrière les barbelésde Buchenwald, ces hommes au-delà de leurs appar-tenances politiques, non sans mal parfois. Ils étaientpartout et tout le temps une poignée, face à la massedes passifs ou des indifférents. Ils luttaient contre le IIIeReich, ils luttaient contre l’Occupation de leur patrie,mais ils luttaient aussi pour une certaine idée del’homme et pour des valeurs morales annihilées par lenazisme et par les régimes collaborationnistes.

Il y a 70 ans, au printemps 1944, alors que la Résis-tance internationale à Buchenwald s’organise, nait leComité des intérêts français. Frédéric Henri Manhès,Marcel Paul, Eugène Thomas et Albert Forcinal en fu-rent les pères fondateurs. Malgré leurs divisions, mal-gré leurs conflits, ils parvinrent à constituer, non sansde lourdes difficultés, un organisme clandestin réunis-sant toutes les familles de la Résistance française pré-sentes au camp. Ils furent épaulés par de nombreusespersonnalités et militants de toutes obédiences, autourde l’appareil communiste. Cette œuvre ne fut jamais fa-cile. Elle demeurera fragile et discutée jusqu’au bout.

Mais elle existe et elle représentera pour les détenusfrançais une source d’espoir et de survie, dans un uni-vers nourri de haine et de mort.

Nous rendons un hommage tout particulier en ce 70eanniversaire de la création du Comité des intérêts fran-çais à tous ces responsables qui entendaient poursui-vre en déportation l’œuvre entamée en France par leConseil national de la Résistance.

Ils voulaient aussi prendre toute leur part à la défaitedu nazisme. Ils y parvinrent en demeurant debout, enpréservant leur humanité et leur dignité, malgré l’op-pression et la déshumanisation.

Devant l’imminence de la chute du IIIe Reich, le tempsde la libération vient le 11 avril 1945. Alors que lestroupes américaines sont arrivées aux portes du campet que son évacuation a commencé, une insurrection siardemment souhaitée et préparée est lancée par le Co-mité international.

Quand les Américains pénètrent dans le camp des dé-tenus en fin de journée, ils trouvent des déportés quise sont emparés de leurs gardiens et qui ont pris lecontrôle des lieux.

Nous célébrons aujourd’hui aussi la mémoire de cesévénements uniques dans l’histoire du systèmeconcentrationnaire, au-delà des polémiques et des lé-gendes, et le courage de ceux qui en furent les acteurs.

La mémoire de Buchenwald doit demeurer présente etforte. Elle est portée par les derniers survivants, pourlesquels nous avons une pensée chaleureuse, par lesfamilles et par leurs amis, par toutes celles et par tousceux-ci pour qui l’histoire et l’exemple de ces hommes,et de ces femmes, nourrie leur conscience individuelle.

Je vous remercie ainsi d’être présents, cette année ànouveau, pour cette commémoration.

Certes, ne nous trompons pas d’époque. Mais leurcombat pour la France et, chez beaucoup, pour les va-leurs républicaines et démocratiques demeurent unmodèle à l’heure où le racisme, l’antisémitisme, la xé-nophobie et le populisme se développent à nouveauen Europe et dans notre pays.

Il nous appartient de défendre cet héritage, dans la so-ciété et jusque dans nos propres familles, pour que laflamme du souvenir ne s’éteigne pas et que noussoyons plus nombreux encore, l’année prochaine, ànous retrouver autour de ce monument pour honorerles déportés de Buchenwald et à faire vivre, mieux en-core, leurs espoirs et leur mémoire.

Je vous remercie.

CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

Libération de Buchenwald : 69e anniversaireChaque année nous commémorons à Paris, au Père Lachaise et à l’Arc de triomphe, ainsi qu’en Allemagne, lalibération de Buchenwald et de Dora. A cette occasion, des rappels historiques sont faits par des témoins etd’autres intervenants. Cette année, Olivier Lalieu, vice-président de notre association a prononcé, devant lemonument de l’association au cimetière du Père Lachaise, un hommage aux disparus.

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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

Discours de bienvenue de Bertrand Herz, Prési-dent du Comité international Buchenwald DoraChers camarades et chers camarades disparus,

Chères familles, Chers amis,

Mesdames et Messieurs,

Il y a 69 ans, le 11 avril 1945, alors que les éléments dela troisième armée américaine libératrice encerclaient lecamp, la brigade armée de la résistance intérieure ducamp déclenchait l’insurrection sur instruction du Co-mité international clandestin, et neutralisait les gardiensSS. Ce même jour et les jours suivants, elle poursuivaitson action militaire en dehors des limites du camp.

Aujourd’hui nous voulons rendre hommage à l’esprit derésistance des détenus, non seulement ceux qui pri-rent les armes pour chasser les bourreaux, mais aussiceux qui s’efforcèrent de protéger leurs camaradesdes atrocités nazies et de les aider à garder leur dignitéd’hommes.

Trois de mes camarades vont évoquer devant vous larésistance des détenus, soit qu’ils y aient participé, soitqu’ils en aient été les bénéficiaires.

Je rappellerai que moi-même, jeune garçon en avril1945, terriblement affaibli physiquement et psycholo-giquement par une épuisante marche de la mort depuisle kommando de Niederorschel, je pus néanmoins,grâce à l’entraide de mes compagnons plus âgés, maissurtout grâce à l’action du kapo Otto Herrmann, Alle-mand antifasciste , membre de la résistance clandes-tine du camp, arriver vivant à Buchenwald dans la nuitdu 10 au 11 avril 1945.

Enfin, je voudrais vous remercier, Monsieur le Ministre,de votre présence à cette cérémonie. Vous témoignezainsi du soutien que vous apportez de longue date auxactions pour la mémoire de la déportation.

Merci de l’amitié que vous montrez ainsi à tous les sur-vivants des camps ; en leur nom, je vous en remerciedu fond du cœur.

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Libération de Buchenwald : 69e anniversaireQuatre anciens détenus ont cette année pris la parole le 13 avril sur la Place d’appel du camp. Après le discoursde Bertrand Herz, trois anciens Résistants ont témoigné : Floréal Barrier, arrêté en mars 1943 en France, Ed Carter-Edwards, aviateur canadien, arrêté après que son avion ait été abattu et Elling Kvamme, étudiant enmédecine norvégien.

La résistance à BuchenwaldFloréal Barrier, Président du Conseil des Anciensdétenus

1940 : J’ai 18 ans, robuste, suis ouvrier dans une im-primerie et mène des activités associatives, syndicaleset de solidarité.

Des familles, chassées de leur terre natale, les unes enraison du fascisme en Italie, les autres du nazisme enAllemagne, ou encore échappant aux bombes enne-mies en Espagne, arrivent en France.

Une association, le «Secours rouge international» esttrès developpée dans notre pays et porte secours àtous ces nombreux arrivants d’Europe. Y participantcomme Pionnier du Secours rouge, il y a de nom-breuses initiatives festives, où nous disons des Chœursparlés, dénonçant ces pays autoritaires et appelons àl’aide à leurs victimes.

Je me souviens… Un de ces textes exige la libérationde Ernst Thälmann, dirigeant du Parti communiste al-lemand, emprisonné par la police hitlérienne depuis1933. Quelques années plus tard, je me retrouve dansl’aile A du block 40. Une nuit j’apprendrai l’assassinatde Ernst Thälmann, par des SS. A quelques pas de là…

Revenons à juin 1940

Les hordes hitlériennes envahissent mon pays, laFrance. Les interdits de toutes sortes, le « noir » s’étendsur la vie.

Pour moi, ce sera le début du combat contre l’occu-pant hitlérien, contre les Français collaborateurs.

Mars 1941 : La police de Pétain, collaborateur d’Hitler,complice de l’occupant, veut «s’occuper de moi». Il esttemps de rentrer dans la nuit de la clandestinité.

Mars 1943 : Je tombe dans les fers de la police de l’oc-cupant, puis ce sera la déportation. Combien dans l’en-semble des territoires occupés par les hordes nazies,durant la seconde guerre mondiale, connaitront lemême sort…

17 septembre 1943 : L’appel à Compiègne… le train…c’est le départ pour la déportation.

Combattants contre le nazisme, son idéologie, nous lerestons entre ces planches de bois, bien dur, que nousessayons d’ouvrir vers la liberté. Malheureusementc’est l’échec, la mise entièrement nu, sans nourriture,ni eau surtout.

18 septembre au soir, les portes s’ouvrent, les cra-vaches SS nous arrachent du wagon et de la gare demarchandises : Nous lisons « WEIMAR ». Puis, au mi-lieu des hurlements des SS lourdement armés, c’est lamarche au pas de course… Une route qui monte, une

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Il faut les sauver ! 903 enfants, dans les premiers joursqui suivirent la libération du camp, en sortirent vivants.Ce fait accompli le sera grâce à la résistance dans lecamp, celle de nos compagnons allemands surtout.

Tant attendu, tant espéré, le 11 avril n’est pourtant pasun jour de liesse. Mais la Brigade française d’action li-bératrice, tous les groupements nationaux sont prêts àdonner la liberté aux quelques vingt mille rescapésalors au camp, accueillant quelques temps plus tardles armées alliées.

Nos organisations de résistance décident de présenterau monde l’horreur de ce que réalisa l’idéologie nazieet d’exprimer leurs espoirs pour la construction d’unnouveau monde de demain.

Le 19 avril nous prononçons un Serment : le sermentde Buchenwald. Nous y avons consacré notre vie etcontinuons de nous y tenir.

Aujourd’hui le monde fait peur, l’être humain craint pourlui, pour son avenir.

2015, soixante dix ans que nous aurons connu ce jourde la liberté. La Fondation du mémorial de Buchenwaldet Mittelbau-Dora, avec le Conseil des Historiens et leConseil des Détenus près la Fondation, ont décidéavec l’aide des gouvernements de Thuringe et fédéral,la création et l’inauguration l’année prochaine d’un nou-veau musée. Il montrera ce que fut le passé, les hor-reurs de l’idéologie nazie et de ses bourreaux. Il devraégalement montrer ce que doit être l’avenir de chacun.

L’idéologie nazie est loin d’être éradiquée. Elle ne peutreprendre, comme en certaines régions du globe, unaspect abordable, un voile mensonger. Elle est un dan-ger pour l’avenir, pour la Vie !

«Notre cause est juste, la victoire sera la nôtre» jurionsnous lors de ce Serment, concluant «notre idéal est laconstruction d’un monde nouveau dans la paix et la li-berté».

Aujourd’hui, demain, munissez-vous de ces mots !

Soyez en témoins et défenseurs !

Apprenez la valeur qu’offrent aux jeunes générationsces mots de « Paix» et «Liberté».

Engagez vous afin qu’à jamais la VIE conduise vers unavenir de paix, de beauté, de bonté, de solidarité, deVIE tout simplement.

Je vous remercie.

CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

forêt semble agréable….vers où ?

Les projecteurs dans le noir nous laissent deviner lesbaraquements. Une grande cheminée aussi…Un ca-marade dit : «Ce doit être la cuisine». Nous guidantdans le noir, un détenu allemand, parlant un peu le fran-çais, rétorque simplement : «Ce n’est pas la cuisine,c’est le Krematorium».

Un crématoire… ? Comment va être la suite ?

Les tondeuses…. Puis à la fin, nous recevons nos nou-veaux noms…le mien désormais : « 21802 ».

Guidés ensuite par un Lagerschutz vers le Petit camp,le « 63 », block de quarantaine. Une simple réflexionqui ne me quitte pas : « Il faudra tenir pour s’en sortir ».

Deux semaines passent, « l’apprentissage » s’effectue.Nous savons maintenant que nous devrons nous bat-tre pour la VIE. Un soir, le chef de block rassemblequelques compagnons : « Demain, vous allez au block40 ». Là se trouvent des détenus de nombreuses na-tionalités. Les plus nombreux sont les détenus alle-mands, les premiers opposants au nazisme. Ils nousmontreront ce que doit être notre vie : une extrême so-lidarité.

Je me souviens encore. C’était aux tous premiers jours,dans le block 40. Nous sommes dix à notre tablée :deux Allemands, trois Français, un Autrichien, unRusse, un Yougoslave, deux Tchèques.

Rentrant du travail forcé, que voyons nous ? Sur latable, se trouvent dix fines tranches d’un gâteau et dixpommes. Notre doyen, chef de table, August, internédepuis de longues années, nous fait comprendre deprendre chacun une de ces parts. Quel est l’enseigne-ment d’un tel geste ? Que lorsque viendra un colis dechez nous, nous devrons le partager.

Cette solidarité, des gestes d’amitiés, soins réci-proques, nous avons connu et partagé cela. Nousavons aussi saboté, aux côtés de nos camarades decamps allemands, saboté tout ce qui pouvait l’être.

Nous n’avions aucun moyen de renseignement, aucuncontact avec le monde extérieur. Pourtant, presquechaque jour arrivent des nouvelles de la guerre. Plustard, un ami qui était au block 40, me donnera la clé del’énigme. Réparateur TSF des SS, il recueillait les siprécieuses nouvelles ! Informés ainsi, les responsablesdu comité clandestin allemand de Résistance diffusentcela parmi les comités des autres nationalités.

Les comités de solidarité de chaque nation se prépa-rent, militairement et dans la plus haute clandestinité,au jour tant espéré de la libération, le retour.

Avant qu’il n’arrive, des dizaines de milliers de détenusvivent un nouveau martyre : l’évacuation des camps del’est et les marches de la mort. Encadrés de SS armés,abattu qui met un genou à terre, combien des nôtrestombent sur le bord de la route ?

C’est dans ces effroyables conditions qu’arrivent prèsd’un millier d’enfants à Buchenwald.

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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

Ed Carter-Edwards, aviateur canadien, déporté àBuchenwald, KLB 78361

Chers Camarades

L’existence d’un réseau clandestin de résistance à l’in-térieur du camp de Buchenwald était un secret haute-ment gardé, que seuls quelques détenus de confiance,mis à des postes clé dans l’administration du camp,connaissaient. Ces héros silencieux ont pris les plusgrands risques pour sauver de la torture et des exécu-tions de nombreuses vies au camp.

L’un des épisodes les plus dramatiques et les plus ris-qués qui ait été tenté pour sauver des vies à Buchen-wald fut le transfert des 168 pilotes alliés hors du camp,grâce à la résistance et au courage sans défaillance deces hommes de confiance.

Un message parvint à sortir de Buchenwald indiquantà l’état major local de l’armée de l’air que 168 pilotesétaient à Buchenwald et qu’ils allaient être exécutés parpendaison.

Ce message arriva jusqu’aux autorités de l’armée del’air allemande qui ont fait ce qu’il fallait pour sortir deBuchenwald ces pilotes alliés. 157 d’entre eux furentescortés hors du camp par du personnel de l’armée del’air allemande, le 25 octobre 1944, et transférés auxStalag Luft 3, un camp de prisonniers de guerre souscontrôle de l’armée de l’air allemande. C’était quelquesjours à peine avant que n’arrive l’ordre de Berlin d’exé-cuter tous les pilotes. Les 11 pilotes restants, quiétaient à l’infirmerie et trop malades pour être transfé-rés furent finalement sortis du camp le 28 novembre1944 et escortés jusqu’au même Stalag de l’armée del’air allemande.

Le voyage de ces pilotes de la prison de Fresnesjusqu’à Buchenwald eut lieu le 15 août 1944 (dernierconvoi de déportation parti de la région parisienne) etfut une expérience traumatisante, dont chacun de nousse souviendra pour le restant de ses jours.

Sautant en parachute hors d’un appareil en flammes,récupérés au sol par des membres de la résistancefrançaise, espérant la liberté au bout de cet enfer, cefut malheureusement un acte de trahison d’un collabo-rateur belge qui nous attendait et nous conduisit versles geôles de la Gestapo à Paris, où nous avons été ef-

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froyablement battus, envoyés à la très redoutée prisonde Fresnes pendant cinq semaines, avant d’entamer leplus inhumain des voyages : cinq jours dans des wa-gons à bestiaux français, où nous fûmes entassés àquatre-vingts par wagon vers une destination inconnuepour finalement arriver à Buchenwald où nous décou-vrîmes une immense cheminée et des milliers de sque-lettes humains. Incroyable vision, mais dont nousétions les témoins !

C’est grâce à la résistance que je suis ici aujourd’hui etpeux partager ces souvenirs avec vous.

Si cette résistance n’avait pas existé, j’aurais été trans-formé en cendres et en volutes de fumée s’échappantdu crématoire.

Je vous dois la vie ainsi que les 167 autres pilotes al-liés.

Nous serons éternellement reconnaissants pour lesrisques que vous avez pris pour nous et qui nous ontpermis d’échapper à la mort certaine.

Je vous remercie personnellement.

Traduction Agnès Triebel

Elling Kwamme, étudiant norvégien, déporté deBuchenwald, plus tard Professeur de médecineà l’université d’Oslo

Mes chers camarades, cher public

La plupart des étudiants norvégiens s’engagèrentcomme je le fis dans la résistance, considérée commeillégale par les forces d’occupation allemandes. Bienque les Allemands aient eu connaissance de l’existenced’un réseau de résistance éstudiantine, ils ne savaientnéanmoins pas de quels étudiants il s’agissait, ni dequelle nature étaient leurs liens avec la résistance, augrand dam du Commissaire du Reich en Norvège,Josef Terboven.

C’est ainsi que celui-ci donna l’ordre aux soldats alle-mands d’encercler l’université, les salles de lectures,les hôpitaux universitaires, les maisons d’étudiantsd’Oslo, procédant ainsi à quelques 1.200 arrestationsd’étudiants norvégiens, tous de sexe masculin. Sixcents d’entre eux furent transférés en Allemagne.

Un premier groupe, constitué d’environ la moitié de cesétudiants, fut envoyé dans le camp d’entraînement-SSde Sankt-Andreas, à Sennheim, où ils furent contraintsde troquer leurs vêtements contre l’uniforme-SS. Ilsprotestèrent, résistèrent, arguant qu’une telle mesureétait une violation du droit international, mais rien n’y fit.

Ils décidèrent alors d’arracher tout signe militaire dis-tinctif de ces uniformes, et de coller du sparadrap surla boucle des ceinturons. Inacceptable pour les SS,dont le Kommandant ordonna immédiatement l’appli-cation de différentes mesures disciplinaires et menaçade faire fusiller des étudiants. Cependant il n’osa pas lefaire.

Cette situation dura près de six mois, au cours des-quels les officiers-SS tentèrent d’embrigader les étu-

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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

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aux alentours de Jechtingen. Les ponts du Rhin étantdétruits, les bacs étaient devenus le seul moyen de tra-verser le Rhin. Les officiers SS nous ont raconté que lebac servait à des fins humanitaires. La vérité était plu-tôt qu’ils voulaient envoyer du renfort sur les lignes defront en France.

Les soldats allemands croyaient que nous étions desleurs.

Pendant des nuits entières, dans le dortoir, on a dis-cuté de la situation du bac. Les avis étaient partagés.D’un côté, le travail était assorti des plus grands risquesen raison des attaques aériennes, de l’autre les officiersSS étaient aux abois, et il apparaissait très difficile defaire grève, sans attirer l’attention de la population ci-vile de la ville. Dans la nuit du vendredi 1er décembre,une majorité d’entre nous décida, après avoir procédéà un vote, de faire grève.

Nous en fîmes part par voie écrite au commandant SSWilde, spécifiant que nous éviterions toute action pu-blique, ce qui allait à l’encontre des conventions de LaHaye, mais que nous étions prêts à accepter des mis-sions civiles.

L’appel sur la place de l’hôtel de Ville, le lendemain, futprécédé par un discour du SS Wilde, où il expliqua quecela ne lui coûterait rien de nous faire fusiller. Sur quoi,chaque groupe de travail fut appelé.

Nous ne répondîmes pas à l’appel. Quelques officiersse mirent alors à hurler : “Feu, feu!”. L’ordre qui suivitfut: “Retour dans les chambrées, vite, vite!”

Nous apprîmes dans la journée que Wilde s’était renduà Fribourg pour aller y chercher l’autorisation adminis-trative de nous punir. Ce même jour, le passage du bacfut bombardé, et le bac fut coulé.

Himmler fut informé de tout cela et décida de nous ren-voyer à Buchenwald, où dans un premier temps nousfûmes mis au Petit camp.

Traduction Agnès Triebel

Photos Gedenkstätte Buchenwald

diants. Les SS croyaient pouvoir nous convaincre quenous étions de purs Germains. Quelle erreur ! Ils n’enconvainquirent pas un seul.

Le deuxième groupe restant fut envoyé à Buchenwald.J’en faisais partie. Quelques étudiants en médecine,dont moi, furent envoyés au Block de pathologie, oùnous étions censés recevoir des cours.

Les SS n’ont pas imaginé quel genre de cours nousavons eu au block de pathologie. Nos professeursétaient le Dr. Hamburger, spécialiste néerlandais de mé-decine interne, le Professeur Richet, français, et PeterZenkl, l’ancien maire de Prague, membres d’un groupede la résistance clandestine, qui disposait d’un appa-reil radio. C’était hautement dangereux et il était abso-lument essentiel de ne pas être découverts.

Mais c’est ainsi que nous avons appris de la bouchede nos professeurs, le jour même du Débarquementque celui-ci avait eu lieu. Nous avons bien sûr juré denous taire.

Le 25 octobre 1944, je fus envoyé à Sankt Andreas.Après l’avancée des troupes alliées aux frontières dela Suisse, notre groupe fut dirigé vers Burkheim, le 21novembre. Nous étions chargés de surveiller un bac

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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

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La première histoire queje vais vous contercommence le 11 avril1945 en fin d’après-midi, quelques heuresaprès que le camp aitété repris par des déte-nus en armes. Deuxmembres du Service dela Guerre psycholo-gique de la 12e Arméearrivent à Buchenwald.Ils s’installent au block50, où ils passent envi-

ron trois jours. Leur mission est de rédiger un premierrapport sur le camp de concentration. Une des phrases-clé que l’on retrouvera dans ce qui constituera plus tardle rapport officiel dit ceci: « On ne connaîtra jamais toutela vérité sur le camp de Buchenwald ». A première vue,c’est une juste conclusion. Aujourd’hui, des décenniesplus tard, on perçoit tout le susurrement de cette affir-mation du rapport de Buchenwald qui, tel le mildiou,s’est répandu sur le récit de la résistance, un récit repris,puis raccourci à des fins de propagande, avant d’êtrepublié en1947 sous le titre : « De l’horreur des crimescommunistes à Buchenwald ». Rabaissement d’un côté,glorification de l’autre – l’histoire se situe sur le fil durasoir de la Guerre froide.

Le rapport des deux Américains sera constammentsource à controverse dont les conséquences historiquesne sont pas encore écrites.

Cela pourrait peut-être commencer ainsi… : (…) Deuxjeunes Américains reviennent de Buchenwald et retour-nent au Commandement de l’unité militaire Guerre psy-chologique. Ils sont épuisés, physiquement et morale-ment et racontent une nuit durant et sans s’interrompre,ce qu’ils ont vu, compris et vécu. Ils sont sous le chocdes atrocités qui se sont produites à Buchenwald etemplis d’admiration à l’égard de la résistance qu’ontopposée les détenus politiques, et des conditions danslesquelles celle-ci se fit.

Hanus Burger (1), réalisateur célèbre, à l’époque jeunelieutenant du Commandement du Service de Guerrepsychologique, fut effrayé de voir ce qu’on avait fait deleur rapport : «Mais c’est tout le contraire que nousavions dit !, écrira-t-il. Beaucoup de détails sont justes,(…) mais l’objectif final était tout l’opposé de ce qui figurelà. On a fait de ces hommes, qui ont sauvé des vieshumaines au prix de la leur des intrigants, qui se seraientmis au service des nazis à des fins personnelles. (…) Al’époque, cette grossière falsification des faits et desmotivations a provoqué mon indignation. Aujourd’hui jeconstate que «L’histoire de Buchenwald» ne fut qu’un

petit prélude de ce que fut plus tard la Guerre froide».

Aujourd’hui, bien après la fin de la Guerre froide, on saittout le préjudice que celle-ci a porté à la vérité histo-rique et à ses acteurs. C’est elle qui posait les ques-tions, c’est encore elle qui imposait les réponses, ellequi exigeait des aveux, mais jamais de débats critiques.

Parler aujourd’hui de la résistance implique d’abordceci : il faut redécouvrir et rendre à la mémoire euro-péenne ceux qui se sont enfoncés dans le bourbieridéologique et ceux qui ont déserté à temps les abrisde la Guerre froide.

Les recherches se poursuivent, mais je pense par exem-ple à H.G. Adler (2), détenu juif d’Auschwitz, Buchenwaldet Langenstein-Zwieberge ; ses essais, pratiquementtombés dans l’oubli, sur la résistance et la sociologieinterne du camp ont été pour moi infiniment riches d’en-seignements. Adler fut l’un des premiers à dire que letémoignage sur les camps de concentration n’était pasune transmission de faits inertes ou un acte d’hommage,mais bien un champ vivant d’apprentissages sur «l’his-toire de l’humanité».

Concernant la résistance à Buchenwald, il est bien cer-tain que l’énumération des réalités, des actes et des bio-graphies particulièrement marquants, la désignation des« Justes », l’existence du comité illégal et de ses actionssont en soi très impressionnantes, mais aujourd’hui il estquestion d’aller au-delà de cela et de reconnaître lesconditions dans lesquelles cette résistance s’est pro-duite et quelles étaient les volontés des protagonistes.

Il y eut toutes sortes de Buchenwald

Un jour Pierre Durand, historien et ancien Président duComité international eut cette phrase, d’une portéeessentielle, dont nous ne mesurons toujours pas toutel’ampleur : « Il y a eu toutes sortes de Buchenwald dif-férents ». Une réalité illustrée déjà par la diversité desdétenus : des hommes, des femmes, des jeunes, desenfants. Aujourd’hui nous disposons d’une quantité d’in-formations plus importante que jamais sur les raisonsde leur détention. Toutes ces connaissances aujourd’huiréunies sur une carte feraient apparaître une vue d’en-semble presque complète de la persécution et de larésistance en Europe. Nous y verrions les derniers sur-vivants de nombreuses communautés juives, les Sintiet Roms, qui ont échappé à l’extermination d’Auschwitz,les insurgés polonais, les membres des différentsgroupes de la Résistance française, les partisans you-goslaves et italiens, les courageux policiers danois, lesétudiants norvégiens et bulgares, les pilotes alliés etmembres des Armées secrètes, les groupes de résis-tance belge et néerlandaise, les policiers luxembour-geois, les combattants des Brigades internationales lors

La Résistance à Buchenwald - Toute la véritéLe texte qui suit a été présenté le 13 avril 2014 devant l’assemblée générale de l’Association allemandedes détenus de Buchenwald (LAG). Harry Stein est Historien, spécialiste de l’histoire de Buchenwald. Latraduction de son texte a été assurée par Agnès Triebel.

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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

de la guerre d’Espagne, les centaines de Tchèquesinflexibles, les religieux polonais, allemands et autri-chiens, les travailleurs forcés évadés, les hommes et lesfemmes de la résistance juive. Nous y verrions aussi tousceux que le Grand Reich avait désignés comme «enne-mis du peuple» et, parmi eux, les résistants allemandset autrichiens. L’Europe était à Buchenwald.

«Quel Buchenwald ?» pourrions-nous nous interrogeravec Pierre Durand. Etait-ce le Buchenwald du Petitcamp ? celui du Grand camp ? celui des industries d’ar-mement ou des kommandos souterrains ? des campsde femmes ou des camps d’hommes ? de l’infirmerieou celui des blocks des enfants ? Ce que nous savonsavec certitude, c’est que nous ne pouvons nous en tenirà ce qui s’est passé entre les baraques du Grand camp,que nous devons envisager l’étude du système concen-trationnaire à Buchenwald par tous les angles qui noussont accessibles, car il y a eu autant d’expériencesvécues que de Buchenwald(s) ; il y a eu des expériencesmortelles, salvatrices, bonnes et terribles, même au seinde la résistance. Ceci induit bien qu’il faut se pencherattentivement sur tout ce qui reflète le vécu, l’analyser,le commenter.

Ainsi la lecture des rapports est édifiante sur les dif-ficultés qui pouvaient surgir entre un nouvel arrivantet un ancien détenu : c’était la collision de deuxmondes : celui du dehors où dominait encore laconviction que chaque individu avait des droits et celuide l’intérieur, avec son frontispice «A chacun son dû»,un monde où la survie sociale était la condition mêmepour échapper à la mort.

La survie sociale

J’introduis le concept de «survie sociale» afin de pou-voir ouvrir la voie sur les thèmes de la survie et de larésistance. Le camp de concentration, une société pla-nifiée pour être l’enfer, comme l’écrira Robert Antelmedans l’Espèce humaine, selon un programme conçu parles SS. Dans quel but ? Celui de briser la volonté,comme le formulait Himmler ? Ou de détruire l’individuet la personnalité de leurs opposants ? Réponse affir-mative aux deux questions. Car au cœur de la réalitéde ce que furent la faim, la violence et l’exclusion, lesSS avaient perdu de vue qu’il y avait encore un visagederrière chaque individualité ; un détenu n’était rien poureux. Ils avaient échafaudé un système où tout mouve-ment vers l’autre était source de dangers, où l’hommedevait s’effacer en tant qu’Etre social, où la vision duvivre ensemble n’existait plus, où il s’agissait d’asséchertoute compassion, d’étouffer chez l’être son sens de lasolidarité, de briser sa conscience responsable : unesociété de loups, dont les membres ne devaient ne vivreque sous la contrainte et la peur pour s’entredéchirer.On peut citer des cas, parmi ces Buchenwald(s) detoutes sortes, où l’on trouva des êtres si terrassés parla faim et la violence que cette société de loups fut àcertaine période de l’histoire du camp une terrible réa-lité. Je pense en particulier à ce qui se passa au Petitcamp dans les dernières semaines, au camp extérieur

de Ohrdruf ou à certains kommandos souterrains. Là oùla faim et la violence ne pouvaient pas être endiguées,la conscience sociale s’éteignait ; chacun se battait poursoi et l’on n’avait aucune chance de s’en tirer.

La survie

Que signifie ce mot dans de telles circonstances ? Enfin,la frontière entre la survie et la résistance n’est-elle pasténue ?

Nous sommes là sur un terrain épineux du débat scien-tifique. La question se pose notamment de savoir sitoutes ces actions avaient pour objectif la survie dugroupe ou celle de chacun ? si chaque tentative de sur-vie ne pouvait se faire qu’aux dépens des autres ? s’ilexistait vraiment des champs de résistance contre lesSS ? Je pars du principe que oui, ces champs de résis-tance existaient, mais je dois préalablement expliquerce que survivre signifiait dans un camp de concentra-tion.

Il y a quinze ans, lors de la rédaction du catalogue del’exposition permanente, je donnais une acception trèslarge au concept de survie avec tout ce qu’il impliquaitpour permettre d’échapper à la mort. Je corrigeaujourd’hui mon propos, car il implique aussi ce que lesSS avaient justement programmé : dresser les détenusles uns contre les autres, voire même le vol de pain.

Si l’individu est un être social et que c’est précisémentce volet de son individualité qui doit être touché, la sur-vie ne passera par rien d’autre que par la défense del’être Social.

Car cela a réellement commencé par la lutte pour lesactes les plus simples de la vie civile, puisque garderdes habitudes sociales dans un tel contexte signifiaitpouvoir survivre. Permettez-moi d’évoquer une anec-dote qui illustre bien ce propos. Elle se passe dans l’undes différents Buchenwald à Magdeburg, dans lesusines Polte, où s’établit à l’automne 1944 l’un des deuxplus grands camps de femmes. Trois mille femmesissues de toutes les nations, juives et non-juives, résis-tantes, travailleuses forcées y remplissaient nuit et jourdes munitions de poudre. L’une d’entre elles étaitAutrichienne, elle s’appelait Anna Peczenik, et avait étéinfirmière dans les Brigades internationales pendant laGuerre d’Espagne? puis résistante en France.

Cilli Muchitsch se souvient : « … Anna Peczenik étaitune femme extraordinaire. A Magdeburg, au camp,nous étions un soir assises sur notre châlit et elle nousa dit :

« - Les filles, habillez-vous correctement ! Tâchez devous arranger un peu, pour ne pas perdre complètementle moral. C’est déprimant pour les autres de voir l’uned’entre nous se laisser aller.

(…) On a même fait un ourlet pour raccourcir nostabliers, vous imaginez !!! On recevait nos haillons auhasard, qu’ils nous aillent ou pas. Mais Anni nous répé-tait toujours : « Ne vous laissez moralement pas aller.Vous verrez, ça va bien se passer, la guerre sera bien-tôt finie. Il faut tenir ! »

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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

Cette histoire confirme ce que je disais plus haut. La pré-servation de comportements civils à l’intérieur du campn’était pas seulement partie intégrante du processus desurvie, elle devait également permettre de façon signi-ficative à entretenir le moral et la dignité des autres. Làoù se maintenaient des gestes simples du comporte-ment social, la puissance destructrice voulue par les SSen affamant et en terrorisant les détenus s’en trouvaitréduite et les chances de survie donc augmentées.

Parmi les différents Buchenwald(s) dont parlait PierreDurand, les camps de femmes illustrent le plus claire-ment cette réalité.

L’histoire évoquée nous indique qu’il fallait une impul-sion au départ : des personnalités qui portaient en ellesune attitude, un maintien –nous dirions aujourd’hui une« compétence sociale ». Ces détenu(e)s-là étaient tou-jours particulièrement menacé(e)s.

Je rappelle ici deux autres détenus, Rudolf Arndt, doyendu block 22 et Walter Krämer, kapo de l’infirmerie, tousdeux Juifs. Ils furent assassinés par les SS. Anna Peczeniksubit elle aussi le même sort : conduite le 18 décembre1944 de Magdeburg à Buchenwald, elle fut assassinée.Elle avait 33 ans et était mère d’une petite fille.

Résistance

L’évocation de ces personnalités me permet de pas-ser à la survie et à la résistance. Car beaucoup d’actesde survie, souvent perpétrés et portés par des per-sonnalités au risque de leur propre vie, se révèlent auregard des intentions SS, comme faisant partie de l’his-toire de la résistance de Buchenwald. Partout où les SSpoursuivaient l’objectif de tuer le lien social en affamantles détenus ou en faisant régner la peur ainsi qu’un cli-mat de rivalité mortel, on observe des formes de résis-tance très différentes les unes des autres : des prièreset célébrations de fêtes religieuses, comme entémoigne Albert Simon, des concerts, des tournoisd’échecs, des représentations théâtrales à l’intérieurdes baraques, au sujet desquels nous possédons denombreux témoignages ; des comités de soutiencomme le «Comité provisoire d’entente polonaise», le«Comité des intérêts français», la «Solidarité italienne»ou le «Comité d’entraide néerlandais». Nous disposonsde la liste des collectes réalisées par le comité«Solidarité italienne» au Grand comme au Petit camp.On y constate que l’entraide n’était pas seulement laconséquence de la grande misère, mais bien la résul-tante d’un lien social entretenu par des hommes et desfemmes qui acceptaient de prendre des risques et don-naient l’exemple d’une structure morale. Qu’il s’agissedu médecin italien Fausto Pecorari, du Français MarcelPaul, qui oeuvrait à partir du Petit camp commeStubendienst où il vivait, d’artistes comme l’AutrichienJura Soyfer ou le Russe Jakow Goftman, nous rencon-trons sur le terrain de l’entraide, de la solidarité, du cou-rage émergeant de tous ces Buchenwald(s) différentsune variété d’énergies telles qu’elles nous font pressentirles changements qu’elles pouvaient induire dans les rap-ports et conditions préétablis.

Etait-ce possible de résister dans le camp ? Une résis-tance frontale contre les SS et l’appareil conçu par euxétait-elle possible ?

Nombreux sont ceux qui connaissent l’exemple de PaulSchneider, qui refusa de saluer le drapeau nazi le jourde l’anniversaire de Hitler, sur la place d’appel. S’il avaitété juif ou Sinto, les SS n’auraient pas hésité à le liqui-der sur place. Paul Schneider fut traîné au Bunker et tor-turé pendant plus d’un an.

De nombreux détenus étrangers adoptèrent une attituderésistante contre le travail forcé dans les usines deguerre. Le sabotage était passible de mort. Malgré cela,nombreuses furent les tentatives de mettre un grain desable dans le rouage. Ainsi le témoignage de Otto Roth,qui surprend six détenus soviétiques, en train de creu-ser des trous pour des pylônes électriques en face dela gare de Buchenwald. Ils travaillaient de part et d’au-tre de la clôture des usines de la Gustloff et creusaientavec une énergie inhabituelle. Il s’approcha… ils hési-tèrent un court instant… et continuèrent -lorsqu’ils l’eu-rent reconnu- à creuser fiévreusement. Derrière la clô-ture, se trouvait un entrepôt pour des prototypesd’armes. Un détenu soviétique se trouvait là et passaitdes prototypes à travers la clôture. Les autres lesjetaient dans le trou pour les pylônes, creusé à desseinplus profondément, et les recouvraient de terre. Lesnombreuses exécutions ordonnées par les SS, en par-ticulier des pendaisons dans les kommandos extérieurs,témoignent des actes de ces hommes et femmes, prêtsà encourir tous les risques pour résister. Ceci est bienla preuve qu’à l’intérieur même d’un camp de concen-tration, il existait la possibilité «de gripper les rouagesde la machine».

« Gripper les rouages »

L’expression est celle de Dietrich Bonhoeffer, qui vécutses dernières semaines de vie dans une cellule d’arrêtde Buchenwald. Bonheoffer considérait de son devoirde Chrétien de trouver des moyens pour freiner ou stop-per cette machinerie infernale. Certains, comme KurtGerstein, Chrétien lui aussi, endossèrent l’uniforme SS,afin de pouvoir témoigner des crimes contre les Juifsd’Europe. Le seul fait d’avoir porté l’uniforme le fit consi-dérer comme un traître. De même le juriste HansCallmeyer qui travaillait au sein de l’administration char-gée de la déportation des Juifs néerlandais. Il parvint àsauver quelques 3.000 d’entre eux en les inscrivantcomme «Mischlinge», même si des milliers d’autres dos-siers passant par cette administration arrivèrent sur sonbureau sans qu’il pût éviter la mort des victimes. Autreexemple donc d’un homme, considéré encore en 1995comme un complice, mais qui aujourd’hui, grâce auxconnaissances accumulées sur toutes les formes derésistance et les actions des SS est désormais consi-déré en Allemagne, aux Pays-Bas et en Israël commeun sauveur et honoré au titre de « Juste par les nations».

Les SS avaient organisé l’administration et la gestiondu camp et du travail forcé autour de l’existence d’unsystème de kapos. De nombreux débats ont opposé

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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

et déchiré l’opinion sur la question douloureuse, maisimportante, de la participation de détenus à ce sys-tème, rattachant la discussion au conflit qui, àl’époque déjà, partageait les prisonniers politiquesentre eux, à savoir : y avait-il, en dehors de l’incertainepossibilité de permettre aux siens de survivre, uneseule bonne raison de participer à ce système ? Etait-ce là réellement une opportunité de résister ?

Fondamentalement, je répondrai par oui à cette ques-tion. La résistance allait se développer sur troischamps d’action essentiels, où les SS manipulaient àdessein la faim, la violence et les rivalités entre déte-nus du camp. Elle fit donc son combat de la lutte contrela faim, de l’endiguement de la violence et du contrôledes détenus de fonction. Les «kapos rouges» deBuchenwald agirent dans ces trois domaines d’actionpossible. Ils agirent en réseau, conférant ainsi une placeparticulière à Buchenwald. Le réseau ne put opérer surl’ensemble du système et ses succès sont difficilementquantifiables. Evoluant dans un univers d’hostilité où toutn’était conçu que pour augmenter les brimades et l’op-pression envers les détenus, le réseau de résistance par-vint pourtant injecter le “virus social”. Des personnali-tés telles que Robert Siewert, Baptist Feilen ou WalterKramer permirent d’introduire des valeurs auxquellesnombreux se raccrochèrent, même si l’on note despoints faibles. Mais il reste indéniable que ce réseau atransformé Buchenwald. Sans lui au sein des institutionsde la SS, les réseaux de sauvetage dans les deux blocksd’enfants n’auraient pas pu être opérationnels. L’état dela recherche aujourd’hui ne nous donne qu’une vueencore partielle de ce réseau, mais nous avons pu fairela lumière sur l’action du doyen du block 66, le blockdes enfants, le communiste tchèque Antonin Kalina.Nous avons néanmoins encore un long travail derecherche à poursuivre.

L’organisation de résistance clandestine a permis d’éta-blir un cadre d’action pour le réseau des détenus defonction. Nous disposons de nombreux écrits en diffé-rentes langues sur le sujet et qui témoignent d’une his-toire unique au sein du système concentrationnaire nazi.Pour résumer, puisque le temps qui m’est imparti estbref, je rappellerai les faits suivants :

En juillet 1943, une rencontre a lieu entre les représen-tants des différents partis communistes. Au cours del’année 1944, ces réunions s’élargissent, il y est ques-tion du règlement des différences, afin de pouvoir pren-dre en compte les différents intérêts des groupes natio-naux pour une bonne coordination des actionsd’entraide et des mesures à prendre pour l’intégrationde détenus politiques étrangers dans les kommandosdu camp. Ce cercle de personnes rapprochées consti-tue le Comité international clandestin du camp. Il acontribué de façon essentielle à endiguer les conflitsentre groupes nationaux et à sauver des membres despartis communistes et des résistants. Il a également per-mis de verrouiller la position des communistes alle-mands à des postes de fonctionnement à une périodeoù les Allemands ne constituaient plus qu’une minorité

en décrue. Cette organisation clandestine recueillait desrenseignements et commença à s’organiser en consti-tuant des groupes d’action militaire, afin de pouvoir parerà un massacre des SS en cas de défaite du régimenational-socialiste. Les membres de cette organisationmilitaire comptaient des détenus politiques néerlandais,autrichiens, allemands, espagnols, yougoslaves, italiens,polonais, tchèques, français, belges, des Soviétiquesprisonniers politique et prisonniers de guerre, qui com-muniquaient entre eux. Leur courage et leur ingéniositépermirent de réunir 91 fusils, 1 fusil-mitrailleur, 20 pis-tolets, 16 grenades allemandes.

L’action des ces groupes militaires survient le 11 avril,alors que les chars américains approchent du camp. Ala lecture du premier rapport du camp, les détenus rap-portent qu’à 13 heures, deux chars américains appro-chent de la carrière, arrivant par le flanc nord. Une heureplus tard, ils atteignent les fermes qui sont au nord ducamp et engagent de lourds combats avec les SS. Peuaprès, il est environ 14h30, ils traversent la zone ducamp. A 14h45, les détenus enclenchent l’action dedésarmement des SS restants et prennent le contrôledu camp. Dans les heures qui suivront, ils font prison-niers 76 membres des SS dispersés dans le camp. Aucours du même après-midi, le lieutenant de l’Arméeaméricaine, Emmanuel Desard, confie la gestion ducamp et la responsabilité des 21.000 survivants audoyen du camp, le détenu Hans Eiden. A ses côtés, lecomité international se chargera de cette mission pourgérer et contrôler un camp qui se trouve encore enpleine zone de combats.

L’action de libération de l’intérieur et celle de l’extérieursont des réalités historiquement vérifiables. La libéra-tion de l’intérieur fut pour les détenus politiques de dif-férentes nations le résultat et le point d’orgue d’unerésistance de plusieurs années qu’il était donc et restetoujours justifié de placer au cœur de leurs récits.

Chers amis,

La résistance de Buchenwald était symbolisée jusqu’àprésent de deux manières : par un détenu en arme etpar un enfant de Buchenwald. Je crois qu’il convien-drait d’y ajouter un troisième symbole. Pourquoi pascette pomme, que Robert Büchler, détenu politiquetchèque, glisse dans son béret lors de son arrivée aucamp, plus mort que vif de l’effoyable marche de la mortqui l’a conduit d’Auschwitz jusqu’à Buchenwald ? Unehistoire parmi toutes celles que nous devrons continuerde raconter, car elles relatent et témoignent du liensocial, de la sollicitude et de la responsabilité de cer-tains hommes envers leurs congénères.

(1) Hanus Burger : «Le printemps en valait la peine. Souvenirs».Ullstein, 1981, p. 218 f.(2) Hans Gunther Adler publie en 1962 son roman Un Voyageoù il met en scène et en forme son expérience concentra-tionnaire des camps nazis. Traduit chez Christian Bourgois en2011

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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

L’actuel musée traitantde l’histoire du camp deconcentration a étéinauguré à l’occasion du50ème anniversaire de lalibération du camp enavril 1995. Il s’agissaitalors de la présentation,en République fédéraled’Allemagne, de la plusgrande expositionpermanente, la plusapprofondie aussi,réalisée sur l’histoire

d’un camp de concentration. Jorge Semprun avaitd’ailleurs observé que ce musée était « exemplaire pourl’histoire de l’Europe. »

1995 : le musée de la réunification allemande

Cette exposition put voir le jour du fait de la fin de laRDA et de l’image que renvoyait sa politique denormalisation intervenue cinq ans auparavant. Pour lapremière fois dans l’histoire de la République fédéraled’Allemagne, il devenait possible de réaliser uneexposition approfondie sur l’histoire d’un camp deconcentration. Rappelons également que parmi lesconséquences de la réunification, une nouvelleconceptualisation des mémoriaux de la RDAs’imposait. Un grand débat s’ensuivit, houleux du côtéde la République fédérale, mais la volonté se dessinaau sein de la société allemande d’entamer une réflexionhistoriquement concrète et autocritique sur l’histoire del’Allemagne à l’époque du national-socialisme.

Dans l’exposition permanente de 1995, on ne vise nipathos ni compassion facile. Conçue comme vastechamp d’archives ouvertes, constitué de documents etd’objets, elle repose sur la force incontestable de lapreuve fournie par toute une série de documents etd’objets en lien direct avec l’histoire des victimes de lapersécution et de l’exclusion, l’histoire du camp, de sonfonctionnement et de son développement entre 1937 et1945. Des témoignages irréfutables s’intègrent pourlutter contre la banalisation et le négationnisme, desdocuments exhaustifs établissent la liste des victimeset des groupes de victimes. L’exposition permetd’engager un débat sans fard sur les raisons

politiques et idéologiques qui conduisirent àl’exclusion, puis à l’assassinat de personnes déclarées« exclues de la communauté du peuple allemand ». Elleaborde sans réticences les liens entre le camp et laguerre, le camp et des persécutions politiques, socialeset raciales, le thème des massacres à grande échelle,enfin celui de la résistance au nazisme en Europe et enAllemagne, qui s’est poursuivie jusqu’au sein même ducamp. Tels sont en 1995 les objectifs prioritaires de cemusée : montrer que les crimes commis ne le furentpas en marge du peuple, mais, comme l’écritl’essayiste autrichien Jean Améry, déporté à Auschwitz« ( …) bel et bien au cœur du peuple lui-même » réalitéqu’illustrent dans toute leur acuité le voisinage et laproximité sans heurts de la cité de Weimar et du campde Buchenwald.

Nouvelles sources et nouvelles connaissances

Aujourd’hui, 19 ans plus tard, nous sommes à la veilled’une reformulation totale du musée, grâce au soutiende l’Etat fédéral et à celui de l’Etat libre de Thuringe.Ceci ne signifie pas que les principes et les objectifsénoncés précédemment sont obsolètes. Au contraire,les connaissances mises à jour, grâce à la réalisationdes divers travaux et expositions réalisés jusqu’ici,seront mises en exergue et permettront de renforcerl’aspect didactique des enseignements etconséquences à tirer de l’histoire des antagonismes etde la haine grâce aux champs multiples ouverts par lesnouvelles technologies médiales. Les recherchesmenées en amont au cours des vingt dernières annéesont fait des progrès considérables et permettentdésormais de disposer de sources très importantes. Le Service international de recherches des Archivesd’Arolsen (IST) en est un exemple particulièrementillustratif. Inaccessibles pendant tout un temps, cesarchives contiennent environ 90% des dossiersconcernant l’administration du camp de Buchenwald.Ajoutons à cela l’augmentation importante dessuccessions et des dons remis par les survivants etleurs descendants au Mémorial, qui témoignent de laconfiance mutuelle croissante qui s’est établie et setraduit par des dons d’objets, de documents,d’interviews, de photos, de films, d’œuvres d’artréalisées par des déportés, dont un grand nombrefurent réalisées et cachées à l’intérieur du camp jusqu’àla libération.

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De la conception du nouveau musée d’histoire du camp de Buchenwald

Nous avons déjà annoncé la refonte en cours du musée permanent de Buchenwald, qui occupe le vaste bâtimentde l’Effektenkammer, en bas du camp. Pour présenter les grands axes du futur musée, la Fondation desMémoriaux de Buchenwald et de Dora a conçu une brochure où alternent articles de réflexion et présentationde documents ou photos d’objets qui seront exposés.

Nous publions ici le texte de V. Knigge, directeur des Mémoriaux, sur les idées qui soutiennent la conception dunouveau musée.

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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE

Ceci ne signifie pas que la nouvelle exposition seraquantitativement plus importante en termes d’objetsexposés que la précédente. Il s’agira plutôt de misersur l’impact et la pertinence de ceux-ci auprès duvisiteur. L’objectif premier du nouveau musée sera depermettre au visiteur de mieux saisir et identifier lesfacteurs qui, politiquement, socialement,culturellement, juridiquement peuvent potentiellementconduire un Etat et une société à basculer dansl’inhumanité. Les commissaires d’exposition sontconscients du défi : toucher l’intérêt du visiteurcontemporain, dans un contexte où l’existence dunational-socialisme et l’holocauste ne sontpratiquement plus aujourd’hui l’objet d’une attitude dedéni ou de silence, mais plutôt d’une banalisation, declichés ou d’analogies inappropriées.

La nouvelle exposition se démarquera de cettetendance qu’il y a eu jusqu’ici de limiter le débat sur lenational-socialisme à une culture de mémoire, où l’onse bornait à présenter les horreurs des campsisolément et en les replaçant dans un contexted’ensemble. Le nouveau musée devra non seulementrappeler et expliquer ce que fut le camp deconcentration de Buchenwald, mais ouvrir la réflexionsur ce que fut parallèlement la société allemandedurant la période du national-socialisme, commentcelle-ci a accepté, justifié ou considéré commenécessaire l’existence des camps présentspratiquement partout avec l’instauration de la « Guerretotale ». La volonté de concevoir ce futur musée enmettant face à face la société allemande pendant lesannées nationales-socialistes (les deutscheVolksgenossen) et de celle que constituaient lesdétenus (les Häftlinge) devra permettre d’écarter ledanger de l’approche insuffisamment révélatriceévoquée plus haut et que l’on pourrait qualifier commeun « positivisme de l’horreur ».

Grâce à une présentation ciblée de biographies, destémoignages, d’études de cas, on placera nonseulement l’éclairage sur la réalité du camp, mais surles raisons politiques et sociales qui ont conduit àl’élaboration du système et à son acceptation. Quellesétaient les marges de manœuvre des acteurs de lasociété ? Le contexte ? Les différentes formes qu’ontrevêtu au camp la volonté de survivre, de restersolidaire? Quelle fut la résistance en Allemagne et dansles pays occupés par les nazis ?

Le message de Buchenwald

L’exposition constituera un arc de cercle thématique,courant de la création du camp en 1937 –c’est-à-direen plein contexte de préparatifs de guerre- jusqu’à1945. Elle traitera également de l’histoire deBuchenwald après 1945 et des conséquences deBuchenwald.

Buchenwald, vu sous le prisme de l’expérience desdétenus, des conséquences politiques, morales ou

socio-culturelles qu’ils en ont tirées pour le présent etl’avenir, sera un chapitre fondamental abordé enconclusion de l’exposition rappelant que malgré lessouffrances endurées et l’inhumanité du régimenational-socialiste, Buchenwald fut aussi un lieu qui sutimpulser les signaux pour permettre un monde plusjuste et plus humain.

La réalisation de ce musée aura sans doute été ladernière grande opportunité pour les survivants, leshistoriens et les didacticiens de la mémoire d’avoir putravailler main dans main. Dire ceci ne signifie pasqu’on va désormais prôner une historicisation absoluedu national-socialisme et des crimes allemands contrel’humanité. Bien au contraire, il s’agit de démontrer quela haine, même lorsqu’elle est légitimée par un Etat,n’aura pas le dernier mot et que les expérienceshistoriques fondatrices se doivent de nous tenir enéveil.

Volkhard Knigge

Traduction Agnès Triebel.

Intertitres de la rédaction

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L’Effektenkammer

La nouvelle exposition occupera les trois étagesde l’Effektenkammer. L’entrée se fera par l’escaliercentral du bâtiment. Au rez de chaussée se si-tuera l’accueil et une introduction à l’histoire deBuchenwald. Le Premier étage sera consacré à lafondation et aux premières années du campjusqu'en 1942. Le Second étage évoquera lecamp dans la période de la « guerre totale » puisdans la fin de la guerre et sa transformation en lieude mémoire. De nombreux objets fabriqués pardes détenus et des documents provenant de mu-sées allemands ou étrangers (dont le musée de laRésistance nationale de Champigny) et de donsde particuliers seront exposés, de même que desmeubles fabriqués industriellement par la DAW,tels que ceux décrits par Virgilio Pena dans le nu-méro 352 du Serment.

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Déportées d'une trentaine de pays, 250 000 personnesont été internées à Buchenwald et dans sesKommandos, entre 1937 et 1945. Environ un quartd'entre elles sont mortes d'épuisement, sous les coupset la torture ou assassinées par les SS du régime nazi.Le 19 avril 1945, quelques jours après leur libération,les survivants, dans un Serment solennel se sontengagés « [à construire] un monde nouveau dans lapaix et la liberté ».

Que s’est-il passé dans cette nébuleuse concentra-tionnaire? Qui sont les hommes internés dans cetenfer ? Comment sont-ils arrivés là ? Comment sur-vivent-ils aux coups, à la faim, au froid, aux maladies,aux punitions, au travail forcé ?? Comment résistent-ils à ces conditions ? Comment vont-ils pouvoir s’or-ganiser militairement et envisager de libérer le camp.Dominique Orlowski, Michelle Abraham, HélèneHoussemaine-Florent, Jeanne Ozbolt et DominiqueDurand, filles et fils de déportés français ainsi queFranka Gunther, petite fille d’interné allemand, ontrassemblé les témoignages de plus de 100 déportéset utilisé les dernières connaissances historiques pourrédiger cet ouvrage.

Préfacé par Bertrand Herz, ancien déporté, présidentdu Comité International Buchenwald Dora etKommandos, l’ouvrage comprend 470 entrées,présente les différents lieux du camp et ses 167Kommandos, le quotidien des détenus, le vocabulairedu camp, les travaux imposés, la résistance clandes-tine, la vie culturelle.

Les entrées du dictionnaire sont accompagnées detémoignages de déportés, écrits ou dessinés, ainsi quede plans permettant de localiser les principaux bâti-ments et secteurs du camp.

Les auteurs ont aussi inclus, à leur ordre alphabétique,de courtes biographies de personnalités déportées àBuchenwald.

L'ouvrage, de format 15cm x 22 cm, paraît en octo-bre 2014 aux Éditions Belin. Il fera plus de 500 pages.

À la veille du 70ème anniversaire de la libération descamps, il s'adresse aux déportés, à leurs familles, àleurs amis, aux visiteurs du Mémorial, qui pourrontainsi se repérer dans les lieux et trouver des répons-es aux questions qu'ils ne manqueront pas de seposer. Il s’adresse aussi aux amateurs d'histoire de laSeconde Guerre mondiale, aux enseignants et à leursélèves.

Une édition numérotée, dont chaque exemplaire estdédié personnellement à son acquéreur, est réservéeaux membres de l’association et leurs amis.

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DICTIONNAIRE DE BUCHENWALD

Buchenwald par ses témoinsHistoire et dictionnaire du camp de concentration et de ses Kommandos

BON DE RÉSERVATION

M, Mme ............................................................................................................................... Adresse ............................................................................................................................

Réserve un exemplaire numéroté de Buchenwald par ses témoins et nominatif pour

Prénom, NOM...........................................................................................................................

Je joins pour cette réservation un chèque de :35 euros + 5 euros de port

à l’ordre de l’Association française Buchenwald Dora et Kommandosqui m’enverra cet exemplaire dès sa parution.

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Vendredi 26 septembreEn cours d’après-midi, réception à la Mairie de Strasbourg, au Parlement européen ou à la Cour européenne desDroits de l’Homme

Samedi 27 septembreMatin : Rencontre partagée avec l’Amicale de Mauthausen sur le thème «Les mémoires du résistant déporté en Eu-rope», en présence des représentants des Comités internationaux de Buchenwald, Dora et Kommandos et Mau-thausen. Déjeuner sur place.Après midi : Assemblée générale de notre Association au CIARUS - 7 rue Finkmatt - 67000 Strasbourg.Samedi soir : Diner de clôture dans un restaurant de la Petite France.

Dimanche 28 septembreMatin : Visite du site de Natzweiler-Struthof et du Centre européen du Résistant déportéDéjeuner à NatzwillerAprès-midi : Cérémonie à Schirmeck au monument des « Malgré nous ». - Retour sur Strasbourg vers 18 heures.

FICHE D’INSCRIPTIONNom : ........................................................................... Prénom : .....................................................

Adresse : ..........................................................................................................................................................

...................................................................................... N° téléphone : .............................................

Nombre de personnes (nom et prénom) : ....................................................................................................... ...........................................................................................................................................................................

RÉSERVATION

Vendredi 26 septembre

- Réception à la Mairie de Strasbourg, au Parlement européen ou à la Cour européenne des Droits de l’Homme OUI � - NON �

Samedi 27 septembre

- Déjeuner 30 € x ....... personne (s) = .......... €�

- Diner de clôture dans la Petite France 30 �€ x ....... personne( s) = .......... €�

Dimanche 28 septembre

- Journée (déjeuner à Natzwiller + autocar) 60 �€ x ....... personne (s) = ........... €�_______

Total .............. €�

Règlement par chèque à l’ordre de l’Association française Buchenwald-Dora et Kommandos

assemblee generale 26-27-28 septembre 2014 - strasbourg

La prochaine Assemblée générale de l’Association a lieu à Strasbourg, les 26, 27 et 28 septembre2014. Elle sera placée, comme le lieu nous y invite, mais aussi le renouvellement du Parlementeuropéen, sous le signe de l’Europe face à la mémoire de la Déportation résistante. Nous avons invitépour cette raison un représentant de la commission européenne en charge de cette mémoire et desmembres étrangers du Comité international Buchenwal-Dora. Se joindront également à nous, pourcette réflexion, des représentants du Comité international de Mauthausen. Enfin nous irons visiter leStruthof, Centre européen du déporté résistant ainsi que le Mémorial d’Alsace Moselle, à Schirmeck.Afin de réduire le coût du déplacement et de l’hébergement, réservez rapidement vos trajets et votrehôtel.

Informations pour l’hébergement :- Le CIARUS dispose de chambres (standard et confort), de 49 à 55 euros en chambre individuelle et de 60 à72 euros la chambre double. Petit déjeuner 4 euros. Tel. 03 88 15 27 88.

- Hôtel IBIS Centre Ponts Couverts - 7 rue de Molsheim - 67000 Strasbourg. (Chambre petit-déjeuner inclus :Individuelle 74.50 euros - Double 42 euros par personne). Tel. 03 90 22 48 50

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pages de lecture... ET DE CULTURE

« Une vie contre une autre »À Buchenwald en 1944, descommunistes allemandssauvent un enfant juif âgé detrois ans d’un convoi pourAuschwitz en rayant son nom dela liste. L’histoire de cet enfantservira de trame au livre deBruno Apitz Nu parmi les Loups.Si cet enfant a été sauvé, unautre est parti à sa place. Ces«échanges de vies» ou de viecontre un mort, comme le

raconte Semprun dans Le mort qu’il faut en 2001étaient connus et acceptés comme une nécessairesolidarité. Mais les circonstances du sauvetage de cetenfant là et la découverte de procès secrets menés à lafin de la guerre dans la zone d’occupation soviétique eten RDA contre des détenus politiques anti-nazis,devenus kapos de Buchenwald, procès qui conduirontcertains d’entre eux à la mort, posent une multitude dequestions soulevées dès la libération puis revenantrégulièrement au gré du contexte politique (en Francedans les procès faits à Marcel Paul notamment à la findes années 1940) puis des interprétations historiques.En Allemagne, la parution du livre collectif deNiethammer sur Les Kapos rouges de Buchenwald, en1994 puis celle du documentaire éponyme de Bönnenet Endres en 1996 marquent à ce titre un tournant.

Fondée sur l’écoute de témoignages essentiellementcollectés par la Shoah Foundation, sans que ce choixsoit clairement explicité, croisés avec une partie de lalittérature mémorielle ainsi qu’avec des archivespersonnelles de déportés (notamment celles de DavidRousset), l’étude de Sonia Combe veut montrercomment la substitution de déportés a pu être unemodalité de survie dans les camps de concentrationdont ont bénéficié aussi bien Stéphane Hessel qu’ImreKertész ou encore Jorge Semprun pour citer des nomsconnus. Analysant la pratique de l’échange comme unesituation à laquelle médecins déportés et prisonnierspolitiques ont été confrontés au quotidien, elles’interroge sur les usages de la révision de l’histoire del’antifascisme dans l’Allemagne actuelle. Sans idéaliserla conduite des détenus comme avait pu le faire unecertaine vulgate de la résistance antifasciste, ni lacondamner au nom de l’éthique, elle cherche àcomprendre l’évolution des jugements portés sur lapratique de «l’échange de vie» dans les camps enfonction du nouveau climat politique et d’unereconfiguration des mémoires.

La réception de son livre en France a étéinstrumentalisé par une partie de la presse, et cescritiques ont été l’objet de vigoureuses réactionsd’anciens déportés, dont nos amis Viens et Herz. SoniaCombe a accepté de répondre à leurs objections.

Historienne, chercheuse à l’ISP-CNRS (Université deParis-Ouest) et chercheuse associée au Centre MarcBloch, à Berlin, où elle a enseigné à l’universitéHumboldt et à la Freie Universität, Sonia Combe estl’auteure notamment de Archives interdites, L’histoire

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confisquée (La Découverte, nouvelle édition 2001) etUne société sous surveillance, les intellectuels et laStasi (Albin Michel, 1999).

Dominique DurandSonia Combe. Une vie contre une autre. Echange de victimeet modalités de survie dans le camp de Buchenwald, janvier2014, éd. Fayard, 333 pp., 19 euros.

La réponse de Sonia CombeJe crois avoir expliqué dans ma préface les raisons decette étude : dans le prolongement de mes recherchessur la réécriture de l’histoire dans la période de l’après-communisme, le traitement du sauvetage de Stefan J.Zweig m’est apparu comme un cas d’école : on «découvre » qu’il a été échangé et cet échange serait lapreuve que les héros de la Résistance antifascisteglorifiés par la RDA ne seraient pas des héros. On parledésormais de « mythe antifasciste » et de « légende »du sauvetage. Cette nouvelle vision de l’histoire a deuxconséquences sur le remaniement de l’exposition duMémorial : a) surévalué par la RDA, le rôle desantifascistes (essentiellement communistes) àBuchenwald est désormais minoré (le mot «communiste » est pratiquement banni des panneauxd’explication) ; b) la surexposition du cas de Stefan J.Zweig dans l’exposition (exhibition de la liste) vise àdétruire un mythe de l’idéologie antifasciste est-allemande. Malheureusement elle ne conduit pas àl’essentiel, soit à expliquer cet aspect de la « zone grise» que constituait l’échange. De surcroît, il s’agit, vis-à-vis de Stefan J. Zweig, d’un manque de tact(Herzenstakt, comme on dit en allemand) de la part descommissaires de l’exposition dont le directeur reste, endernière analyse, le responsable. Quel était alors le butrecherché ? Son cas donne l’impression d’avoir étésurtout utilisé pour délégitimer l’historiographie etl’exposition de la RDA.

Mon objectif n’était pas d’écrire l’histoire deBuchenwald. D’autres (que je cite) l’ont fait et sont bienplus qualifiés que moi pour l’écrire. Je me suisconcentrée sur une pratique, reprochée aujourd’hui auxantifascistes, qui est celle de l’échange de victime dontje crois avoir démontré qu’elle relevait du quotidien.Comme il n’existe pas d’ouvrages qui lui soientconsacrés, j’ai recherché dans la littérature mémorielledes références à ce procédé (ma connaissance desarchives et de l’œuvre de David Rousset m’a beaucoupaidée) et j’ai pensé que c’étaient dans les témoignagesoraux ou audiovisuels que je pourrais en trouver. Il estrare, ou alors sous la plume sophistiqué de Semprun,qu’on trouve mentionné dans un récit avoir été échangéet cela se comprend. Les entretiens écoutés ontconfirmé mon hypothèse et leur indexation, notammentpour ceux recueillis par la Shoah Foundation, comme jel’explique, en permettait le repérage.

En ce qui concerne les archives, celles de Buchenwaldsont à Bad Arolsen où je me suis rendue et j’ai pu voirdes listes de convois pour Auschwitz ou pour descommandos de travail. Des noms y sont bel et bienrayés et remplacés, ce qui atteste de la pratique del’échange. Je doute qu’elle soit inscrite dans lesdocuments produits à Buchenwald.

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pages de lecture... ET DE CULTURE

Des témoignages écrits complémentaires sur desévasions individuelles ou collectives lors desévacuations de déportés des différents camps,réussies ou non, ayant parfois donné lieu à unerépression féroce.Les cartes des itinéraires d’évacuations et d’évasions.Une iconographie riche mais souvent ignorée (dessins,stèles mémorielles).La chronologie des évacuations des camps.Un volume de 186 pages (format 16 x 24), enrichies denombreux documents et textes complémentaires,

10 euros + 5 euros de frais de port, à l’association

CD Poèmes de BuchenwaldAu camp de Buchenwald, 61 artistes de 8 nationalitésdifférentes ont créé des dessins et des poèmesclandestins, beaucoup y ont joué de la musique.

Vous trouverez dansce CD 18 poèmes,lus par Pierre Clot,comédien, et Marie-France Reboul.Ils font partie despoèmes recueillis parl’un d’eux, AndréVerdet, ce quin’épuise pas lenombre de poèmesconnus. Comme le

dit André Verdet, ce ne sont pas des «asservis» mais«des hommes libres qui, dans le malheur, se serontrapprochés de la clarté du monde.»

De plus loin que l’amourIls ont porté la nuit.Mon ombre danse dans ton rêve.Yves Darriet

Poèmes de Buchenwald 1943-1945, 12 euros (15 euros avecport)

Les amis séparésLivret réalisé par les élèves de la classe de CM1 CM2de l’école Matisse à Vesoul (70), pour le concoursdépartemental de la Résistance et de la Déportation2012 : ils ont obtenu le premier prix. Pour préparer ceconcours, Colette Gaidry (Présidente de l’ANACR 70)les a rencontrés pour expliquer ce qu’est la

déportation, à l’aide dedessins d’un enfantdéporté, Thomas Geve,réalisés à la libérationde Buchenwald.

Ils ont imaginé unefiction mettant en scènedeux enfants de leurâge, qui vivent dessituations ayantréellement existé.

Edité par l’ANACR 70. Prix : 3 euros (4,55 euros�avec port)Commander à Colette GAIDRY, 5 rue de Franche Comté,70000 VESOUL

Si j’avais su, j’aurais pas entenduCheffe d’entreprise Marie José Bernanose – Van Ghe-luwe raconte, dans un langage simple et précis, sessouvenirs d’enfant face au silence des déportés. Songrand père paternel, engagé dans le réseau Turma Ven-

geance est mort à Buchenwald.Sa grand mère paternelle, elleaussi membre de ce réseau, aété déportée à Ravensbrück.Son père a été déporté à Dachauet est mort quelques années plustard. Elle avait alors quatre ans.Elle n’a appris ce passé que parbribes et a enfin compris des si-lences, des attitudes, disons ledes manies, tous ces signes quiont parfois hanté ses rêves. Les

chapitres sont courts, liés à ses souvenirs dont l’em-pilement problématique ne trouvera son explicationque tardivement. Cela commence par l’affaire du Liquide vaisselle pourdégraisser les assiettes, passe par ces noëls qui nesont pas des noëls, évoque les miettes de pain ra-massées sur la table, raconte les visites au médecin,l’inquiétude et la tristesse d’une mère.Ces fragments de mémoire sont écrits avec les mots dela vie courante et les lecteurs de ma génération y re-trouveront sans doute des lambeaux de leurs propressouvenirs.L’auteur de cet ouvrage témoigne désormais dans lescollèges normands où sa parole est très écoutée. Ellen’a pas été témoin déportée mais elle sait dire la re-construction mémorielle à laquelle elle s’est livrée pourévoquer ce que fut la déportation des siens et les sé-quelles qui en ont imprégné sa vie.

«Si j’avais su, j’aurais pas entendu», une enfant et le silencedes déportés, éditions Fabert, 15 euros. �

Les évasions des Marches de la mort Janvier-février et avril-mai 1945

Le Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah-Amicale d’Auschwitz, l’UDA et les amicales des camps,dont notre association, publient un livre qui réunit unelarge information et de nombreux témoignages sur unsujet peu connu : Les Évasions et les Marches de la mort.On y trouvera la présentation et l’histoire du film docu-mentaire néerlandais : Ontsnapt, l’évasion de 9 jeunesfemmes d’un Kommando de Buchenwald pendant l’é-vacuation en mai 1945.

Les témoignages de quatredéportés, évadés ou ayanttenté de le faire au cours desévacuations : Janvier 1945, Raphaël Esrailet André Berkover (complexed’Auschwitz). Avril-mai 1945 : RaymondGourlin (Neuengamme),Raphaël Mallard (Buchenwald).Le contexte historique de lafin des camps.

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ACHARD Annet Jean 50ALART Robert 55ALEZARD Gérard 40AMBLARD Michèle 5AMOUDRUZ François 10ANESETTI Joséphine 10ANTZENBERGER Paulette 40ARNAULT André 465BALLAND Renée 39BALLET Maurice 40BALLOSSIER Jacqueline 50BARRIER Floréal 50BAUDET Yvonne 29BEDOS Marguerite 50BERTANDEAU André 15BERTRET Mich�le 30BES-LEROUX Juliette 20BILLAC Marie Claude 65BOCHER Jacques 55BOIS Geneviève 50BOITELET Christian 90BOLZER Joseph 20BORDIER Germaine 10BOTTAREL Jérôme 15BOUCLAINVILLE Léa 75BOULIER Diatou 5BOURGEAT Jean René 50BOURGOIS Monique 50BOURLION Odette 40BREMONT Yvette 40BRENON Georges 40BRETONNEAU Michelle 10BRINDEL Lucienne 4BRISION Ginette 50BUDKA Georges 20BUSCAYLET Nicole 9.5CARANTON Jacques 15CARRARO Jean 65CEUSTERS Françoise 30CHAPELAIN Mireille 40CHARLES Jacqueline 10CHARRON André 15CHASTANG Irène 65CHAUMERLIAC Claudette 40CHEBAUT Jean 10CHIUMINATTO René 10CHOLLAT-BOTEVILLE C. 10CHOMBART-D-LAUWE M 20CHOUCHAN Nicole 80CLERET Jacqueline 194CLERMANTINE Simone 50COCHENNEC André 40COIC Annick 34COLLARDEAU-BATARDY 50CONTENT Gilbert 20CORMONT Paulette 15COTTEVERTE Gérard 50COUPEZ Marcelle 20COVARELLI Nazareth 15CRETIN Raymonde 10

CUNCHINABE Michèle 30CUSSEY Emilienne 14DAVID Marcelle 10DE KERPEL Maryse 30DE LA RIVA Jean Jacques 20DE-DEMANDOLX Véron. 40DE-MARCHI Odette 20DELEPINE Jacques 30DESJOURS Ombeline 15DORNIER Raymond 65DUCRETTET Solange 15DUELLI Nelly 20DUFLOT Gisèle 20DUMON André 20DUPRAT Albert 30DURANDO Marie 10EBERHARD Jacques 40EMONOT Marcel 65ESNAULT Jacqueline 10FABRE Marcel 40FAVIER Robert 20FAVRE Ernest 40FAVRE Suzanne 50FERDONNET Madeleine 34FERRETTI Christiane 80FILLODEAU Mauricette 15FLEURY Roger 15FLORENT Hélène 30FOGEL Catherine 44FOUCHECOURT Madel. 40FRANK Harald 255FREYLIN Paulette 15FRONTCZAK Georges 20FROSINI Brigitte 14GAIDRY Colette 15GARCIA Yvette 50GARRIGUES Claude 20GASTINEAU Monique 20GAVELLE Eliane 50GERBAL Pierre 100GERIN Eliane 45GODET Alfred Julien 250GONTIER Martine 15GOUTELLE Maryvonne 30GREBOL Jacques 15GROS Louis 190GUENIN André 30GUILBAUD Jean 10GUILBERT Marie Joëlle 20GUILLERMIN René 15GURY Marie Thérèse 34GUYOT René 90HERACLE Jean Pierre 130HERZ Bertrand 90HUREAU André 30JOUANIN Georges 40KIEFFER Jocelyne 14KREISSLER Françoise 150KREMER Jean Paul 150KRENGEL Eveline 40

LABOURGUIGNE Jacques 10LAHAUT Denise 220LAILLIER Hélène 5LAMBOEUF Laurette 25LANDAIS André 15LANDRIN Antoinette 25LANGEAC Arlette 15LANGLET Robert 35LAPERRIERE Jean 5LARENA Marinette 30LARET Jean 34LASSERRE Monique 30LAVANANT Simone 40LE-FOL André 65LE-GOUPIL Paul 65LE-MOIGNE Chantal 40LECLERCQ Jacques 100LEGUEUX Georgette 40LEMORE Jean Pierre 10LERDUNG Alain 10LERIC Francis 100LEROY André 30LETELLIER Marie Thérèse 50LEVIEUX Gilbert 70LEVILLAIN Lucien 10LIAGRE Jacqueline 40LUYA Marie Claude 30MAELSTAF Maîté 35MAILLET Sylviane 15MALLON-BONNARD Jean 40MANGOLD Guy 215MARSAULT Pierre 10MARTY Pierre 30MATHIEU Paulette 20MAZAUD Jean 10MEUNIER Gisèle 100MEYER Yolande 10MICHEL André Pierre 70MICHELEZ Dominique 65MICOLO Jacques 20MOGA Gilberte 29MOITY Isabelle 50MONCAYO Emile 30MONNIER Daniel 100MORAND Marie José 20MORGADO Thérèse 74MORICE Solange 84MULIER André 30MUR René 20NAELTEN-LEFER Gilberte 30NATAF Yvette 170NIANG Yvonne 5NONNENMACHER Joseph 50NOTTEZ Sidonie 10OLIVO Hervé 15OZBOLT Jeanne 20PARDON Josette 5PARDON Pierre 50PARDON Edith 5PELGRIN Marcelle 20

PELLITERO Paulette 14PENEAU Jean 20PERINET Gisèle 10PERNOD Simone 25PERRET Yvette 150PETIT Didier 115PEZZUTTI Marguerite 40PICARD Hélène 15PILLE Jacques 65PINGON Guy 90PIQUET Marthe 20PIRAUD Martine 65POIRIER Maud 50POISSONNET Dianette 40PRESSELIN Yves 15QUICY Isabelle 15RABINEAU Christophe 65RAOUL Sylvette 25RENAULD Jean Jacques 20ROBERT Daniel 10ROBIN Nathalie 15ROCHON Sylvie 20ROLANDEZ Louis Marcel 40ROLLET André 5ROUSSIER Françoise 40ROY René 15ROYER Michel 20SAINT-PIERRE Alain 100SALAMERO Jean André 20SALOBERT Michel 65SANTOS Madeleine 10SARCIRON Yves 75SCHWARTZ Isaac 20SEGRETAIN Colette 10SELLIER André 40SEON Marie Josephe 10SIMON Albert 90SITJA Pierrette 10SUIGNARD Mireille 40SUZOR Pierre 150TASSEL Henriette 5TELLIER Florence 15TERREAU André 100TIRET Marthe 5TRAMASSET René 10TRINEL Suzanne 20TULET Jeanne 14VALZER Marcel 15VANARET Marguerite 9VANNIER Colette 10VERMOREL Jean 90VIAL Pierre Vincent 250VIENS Gaston 90VIGNOLLES Gilbert 155VIGNY Jacques 10VILLERET Irène 10VOLMER Claudine 29ZOA Gisèle 100ZYGUEL Léon 22ZYLBERMAN Evelyne 10

souscriptions

SOUSCRIPTIONS DU 1er février au 31 mai 2014La générosité des anciens et des nouveaux membres de notre association ne faiblit pas. Trois générations secôtoient désormais pour entretenir la mémoire de Buchenwald, bientôt quatre, alors que se profile le 70e

anniversaire de la libération des camps et les 70 ans de notre association. 70 ans ! Des adhérents ayant plus decent ans, d’autres venant d’échapper à l’adolescence. 350 numéros du Serment, des milliers de réponses à desmilliers de questions ; des centaines de voyages en Allemagne, préparés et accompagnés par des bénévoles.Des livres, des expos. Une présence aux commémorations, une participation régulière aux initiatives nationales,un engagement de chaque instant pour la mémoire. C’est cela l’association, vieille et jeune à la fois, pourcontinuer notre chemin de solidarité, d’approfondissement des connaissances, de vigilance.

D.D.

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DANS NOS FAMILLES

DÉCÈSDéportés

- Georges BIDOU, Mauthausen,Buchenwald, Mle 31682, KLB41010, Dora- Marcel COLIGNON, KLB 78916,Neu-Stassfurt

- François DESMOULIN, déporté à Mauthausen,- Paul FERRARA, KLB 38147- Yves GIET,- Maurice LUYA, KLB 69732, Rottleberode,- Louis ROLANDEZ, KLB 51121, Dora, Wieda

Familles, Amis

- Odette BIERNACKI, fille de Arthur CLAUDE (KLB 14914, décédé au camp le 23/02/45) - Jean Maurice DEHILLERIN, fils de Paul DEHILLERIN (KLB 44459, décédé à Buchenwaldle 29 mars 1944)

A toutes les familles et les amis,nous adressons nos condo-léances les plus sincères.

Maurice LUYA

Notre camarade, Maurice Luya vient de nous quitter. Il devait bientôt fêterson 90e anniversaire. Ses obsèques se sont déroulées lundi 19 mai au funé-rarium de Lyon-Bron. Roland Beaulaygue y représentait notre association.

Maurice était entré en résistance en 1942 à l’âge de 18 ans dans les FTP àGrenoble. Très vite on lui demande de créer dans le sud de Grenoble une or-ganisation de résistance, le Front Patriotique de la Jeunesse. Avec songroupe il distribue des tracts et organise des attentats.

Suite à une dénonciation, il est arrêté en août 1943. Incarcéré à Eyjeaux enHaute-Vienne puis au camp de St-Sulpice-La-Pointe près de Toulouse, il estdéporté et arrive à Buchenwald le 6 août 1944 où il reçoit le numéro matri-cule 69732. Il est transféré au kommando de Rottleberode où il sera le com-pagnon de misère de Stéphane Hessel. Puis ce sont les “marches de la mort”.C'est pendant cette marche que Maurice prête un serment à son propreusage: "j'ai faim, je suis fatigué mais je tiendrai malgré tout. Je veux être unsurvivant car il faudra raconter". Il est libéré à Parchim le 1er mai 1945.

Durant de nombreuses années, il témoigna dans les écoles, collèges, lycées,universités. Il s’est adressé à des milliers d'adolescents et de jeunes gens. Ilfut président du comité régional Rhône Alpes de notre Association et mem-bre de notre Comité national de 1987 à 2007.

C'est un grand résistant et grand passeur de mémoire qui nous quitte.

Nous renouvelons toutes nos condoléances à Marie Claude, son épouse età toute sa famille.

Un Grand Témoin nous a quittés : Marcel COLIGNON

Né en 1922 à Abbeville, Marcel Colignon est décédé le 7 mars 2014. Dèsl'automne 1940, il refuse la défaite et l'armistice en aidant des soldats an-glais puis en participant aux premiers tracts d'Abbeville le 30 décembre 1940.En 1941, étudiant, il participe à l'action résistante de Passeur de l'abbé Car-pentier à Abbeville par des faux papiers pour le passage de la ligne de lazone interdite sur la Somme avec une tentative ratée de gagner l'Angleterreà Pâques 1941. En novembre 1942 il intègre le réseau "Béarn". Il participeégalement à des actions du réseau "Sylvestre-Farmer" du SOE en 1943. Dé-noncé par un membre de ce réseau il est arrêté avec ses camarades le 22aout 1943. Libéré le 30 mars 1944, il entre en contact avec "Libé-Nord" àAbbeville puis intensifie ses actions de renseignements sur Abbeville et lacote picarde au réseau "Béarn". De nouveau arrêté le 20 juillet 1944 à Fon-taine-sur-Somme au retour d'une liaison avec le PC du réseau à Roye, il estinterné à la prison d'Abbeville, à la citadelle d'Amiens, à Compiègne Royal-lieu, puis est déporté le 17 août à Buchenwald par le "Dernier Train". Le 22 ily est immatriculé 78916. Le 14 septembre il est transféré au kommando"Reh" de Neu Stassfurt. Paralysé, suite à "l'attention particulière" d'un SS,Marcel revient à Buchenwald le 5 novembre 1944 puis, guéri, est affecté aukommando "Kalbe" de Springen le 20 janvier 1945. Il restera au fond de cettemine jusqu'au 30 mars, date à laquelle il est évacué par une Marche de laMort vers Buchenwald où il arrive le 6 avril. Il est libéré le 11. Marcel s'investira, dès son retour, dans le travail de Mémoire, dans différentesassociations. Il était un des piliers de l'Amicale de Neu-Stassfurt, participantà des pèlerinages en Allemagne sur les traces de son kommando et porte-drapeau de 1964 à 2002. Toujours disponible, il témoignera de la Résistanceet de la Déportation lors des commémorations et dans les écoles pour leCNRD (ou chez lui lorsque des problèmes de santé l'empêchaient de se dé-placer), en dernier lieu en janvier 2014 à Chaulnes. Devant les problèmes desanté il fit preuve d'un grand courage. Ce battant, par son charisme, sa clair-voyance et son esprit d'analyse restera dans les mémoires comme un GrandTémoin. Lors de ses obsèques une foule nombreuse et 29 porte-drapeaux luirendirent l'Hommage qu'il méritait. Il était Officier de la Légion d'Honneur.

Claude LELEU

ERRATUMDans le Serment n° 351 nous an-noncions que Jacqueline Fleuryavait été élevée au rang de GrandCroix de l’ordre national du Mérite.Nous avons fait une erreur concer-nant son parcours en déportationet son numéro matricule. Elle avait le Matricule 57595, et estallée dans les kommandos deTorgau, Abterode et Markkleberg.Toutes nos excuses pour cetteconfusion.

NAISSANCE

- Nine, arrière petite-fille de Marcel MALIVET (KLB 30639,décédé en 1997)

- Vincent, arrière petit-fils dePierre BRETON, KLB 44109,Dora, décédé en décembre1993, et de Denise BRETON,déportée à Ravensbrück, puisZwodau.

Avec tous nos voeux de bonheur.

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1945 - 201570e anniversaire de la libération des camps de Buchenwald

Dora et de leurs KommandosUn voyage exceptionnel pour un anniversaire exceptionnel

Comme en 2005, à l’occasion du 60e anniversaire dela Libération des camps de Buchenwald, Dora et deleurs kommandos, notre association organise unvoyage exceptionnel pour cet événement exception-nel.

° Un voyage de 6 jours en car, de Paris à Paris, enca-dré par des membres expérimentés de l’association.

° A coté des visites de Buchenwald, de Dora et d’Ell-rich, la visite d’autres kommandos en fonction des de-mandes des participants.

° La visite du Weimar national-socialiste et de l’exposi-tion sur « le travail forcé »

° La visite à Erfurt du Musée Topf und Söhne, leconstructeur des fours crématoires de Buchenwald etd’Auschwitz

° La participation aux cérémonies officielles de la Fon-

dation des Mémoriaux de Buchenwald et de Dora

° Des rencontres privilégiées avec des déportés.

Le temps passe rapidement. Déjà plus de cent per-sonnes ont manifesté leur intérêt pour ce voyage. Nousdevons rapidement réserver les moyens de transport,l’hotellerie, les lieux de restauration, les visites des lieuxde mémoire.

Aussi, persuadés que vous serez nombreux à vous as-socier à ce grand voyage et ce travail de mémoire, nousvous proposons de remplir une fiche de pré-inscriptionqui, sans revêtir un engagement formel de votre part,nous permettra néanmoins de procéder aux évalua-tions nécessaires qui nous aideront à organiser le grostravail de préparation qui nous attend.

Merci par avance de nous répondre et de nous appuyerdans l’accomplissement de cette tâche.

Préinscription pour le voyage du 70e anniversaire d’avril 2015(6 jours - 650 € environ)

Nom : ____________________________________________ Prénom : ____________________________________

Adresse : _______________________________________________________________________________________

N° Tel. : __________________________________________ Mail : _______________________________________

Autres personnes participant au voyageNom Prénom Qualité (1)

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(1) Déporté, épouse, veuve, enfant, petit ou arrière-petit enfant, ami. Précisez si vous êtes veuve ou enfant de déportémort en déportation.

Suggestion, attente (par exemple : visite d’un lieu particulier ou d’un kommando) :________________________________________________________________________________________________

Envisagez-vous de vous rendre en Allemagne par vos propres moyens : OUI NON