4.2.2. L’architecture défensive Orthez

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Le pont Vieux Construit au 13 e siècle par Gaston VII de Moncade ce pont fortifié en zone frontière constituait l’un des rares points de franchissement permettant le passage des pèlerins et des marchandises sur le gave en toute saison. La tour centrale demeure, de la tour sud, visi- ble sur des documents d’époque, il ne demeure que l’assise. Témoin de drames sanglants pendant les guerres de religions et l’objet de légendes, il a résisté aux charges de poudre destinées à le faire sauter lors de la retraite des armées napoléoniennes d’Espagne conduites par le maréchal Soult (bataille d’Orthez 1814). Il est contemporain du pont Valentré de Cahors et constitue, avec sa tour-porte, l’un des plus beaux exemples de ponts fortifiés médiévaux conservés à nos jours. Le pont Vieux qui apparaît figuré sur les poids et les armoiries de la ville dès le 13 e siècle est demeuré le monument emblématique de la ville. C’est probablement à la campagne de travaux de renforcement des édifices militaires hérités de Gas- ton VII, et menée par Gaston Fébus vers 1370, que le pont doit sa forme actuelle. Une iconographie abon- dante permet de connaître les différentes transforma- tions qui ont marqué cet édifice au fil des siècles. 4.2.2. L’architecture défensive Orthez Le pont Vieux d’Orthez sous tous les angles.

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Le pont VieuxConstruit au 13e siècle par Gaston VII de Moncade

ce pont fortifié en zone frontière constituait l’un desrares points de franchissement permettant le passagedes pèlerins et des marchandises sur le gave en toutesaison. La tour centrale demeure, de la tour sud, visi-ble sur des documents d’époque, il ne demeure quel’assise.

Témoin de drames sanglants pendant les guerres dereligions et l’objet de légendes, il a résisté aux chargesde poudre destinées à le faire sauter lors de la retraitedes armées napoléoniennes d’Espagne conduites parle maréchal Soult (bataille d’Orthez 1814).

Il est contemporain du pont Valentré de Cahors etconstitue, avec sa tour-porte, l’un des plus beauxexemples de ponts fortifiés médiévaux conservés ànos jours. Le pont Vieux qui apparaît figuré sur lespoids et les armoiries de la ville dès le 13e siècle estdemeuré le monument emblématique de la ville.

C’est probablement à la campagne de travaux derenforcement des édifices militaires hérités de Gas-ton VII, et menée par Gaston Fébus vers 1370, que lepont doit sa forme actuelle. Une iconographie abon-dante permet de connaître les différentes transforma-tions qui ont marqué cet édifice au fil des siècles.

4.2.2. L’architecture défensive

Orthez

Le pont Vieux d’Orthezsous tous les angles.

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Le château MoncadeÉdifié par Gaston VII de Moncade, à partir de 1242,

et probablement achevé par Gaston Fébus, le châteauMoncade a été le siège de la cour fastueuse de Béarndont les chroniques de Froissart ont largement rendul’écho.

Construit sur une butte dominant la rive nord dugave à cent mètres d’altitude, il était protégé par troisenceintes dont subsistent des vestiges notables. Cetensemble défensif possède l’un des rares fossés pare-mentés existant en France à cette époque. Incendié en1569, lors des épisodes sanglants des guerres de reli-gion, le château Moncade devient propriété de la cou-ronne en 1620 lors de l’annexion du Béarn à la France.Il abritera une garnison militaire jusqu’en 1685.Racheté à la couronne par les jurats de la ville en1743, son entretien devenant trop onéreux, il serarevendu par lots à des entrepreneurs en démolition aulendemain de la Révolution. Racheté de nouveau parla municipalité en 1841, le sommet de son donjon estalors couronné de mâchicoulis décoratifs qui permet-tent d’en limiter les désordres. Il sera protégé dès1846 au titre des Monuments Historiques. Les vestigesde ce palais forteresse aux plans novateurs et auda-cieux s’offrent aujourd’hui au visiteur comme un vérita-ble manuel de technique militaire médiévale.

Vue d’une archère triple.

Le fossé maçonné découvert lors des fouillesdu Vieil Orthez par de jeunes archéologues.

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Les remparts de villeet les tours de défense

À la fin du 13e siècle, chacun des bourgs d’Orthezétait entouré d’une enceinte dont subsistent d’impor-tants vestiges et dont on peut encore facilement réta-blir le tracé en suivant les grands alignements urbains.

Le bourg Moncade était muni d’une enceinte étroi-tement arrimée au système défensif du château parune barbacane donnant sur le chemin comtal. Il ensubsiste des vestiges importants au sud du bourg aucontact du bourg Neuf dans la rue des Remparts.

Sur le côté opposé de la rue, l’enceinte nord duBourg neuf a été parfaitement préservée. Son anglenord-ouest est marqué par une tour de fortification : lattoouurr DDuuffaauu. La forme aux trois quarts circulaire de sonplan et ses petites meurtrières destinées à recevoir desarmes à feu semblent indiquer la construction tardivede cet équipement militaire. Il en est de même pourles deux tours circulaires subsistant du système défen-sif de la ville : la ttoouurr dduu CCoollllèèggee qui surplombe le rem-part est du bourg Neuf et porte l’inscription 1616 et lattoouurr PPooeeyy--SSoouuvviirraaàà qui protège le flanc sud-est dubourg Vieux. Ces aménagements défensifs tardifs sontles vestiges des périodes de trouble des guerres dereligion.

Les vestiges du rempart urbain revêtent leur aspectle plus spectaculaire à l’ouest du bourg Neuf, au sur-plomb d’une voie qui a conservé l’appellation caracté-ristique de Poustelle, c’est-à-dire la postèrla, la poterneet le chemin qui y mène.

Le chemin appelé « promenade de Fébus » etménagé entre la base du rempart et la pente du fossépermet de découvrir, sur deux cents mètres, les vesti-ges du rempart percé à intervalles réguliers de meur-trières et ponctué de décrochements de muraille per-mettant les tirs flanquants en l’absence presque totalede tours défensives. Au sud de la ville, le rempartépouse parfaitement les falaises du défilé du gave dePau qu’il surplombe.

La partie nord-ouest des remparts.

La tour nord-ouest, à l’angle des remparts.

La tour sud-est des remparts, rue des Bains.

La tour nord-est dite du Collège.

La tour nord-ouest vue du bourg Neuf.

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La tour MonréalSurplombant le gave et bâtie sur le flanc du ravin qui

descend de la ville, la tour Monréal est arrimée au rem-part urbain. De par son matériau, son mode deconstruction et son aspect général cet édifice défensifse rattache au système des maisons fortes et des châ-teaux gascons du 13e siècle.

Sa masse imposante, un rectangle de 9,80 mètressur 13,70 mètres pour une hauteur de plus de 30mètres, devait être couronnée par un système demâchicoulis et de hourds permettant aux défenseursde déverser des projectiles sur les attaquants quiseraient parvenus à accéder au petit chemin de rondepassant à ses pieds.

La disposition intérieure permet de bien distinguerquatre étages soutenus par des planchers qui étaientdesservis par des échelles mobiles. Une fois retirées,ces dernières faisaient de chaque étage un fortin indé-pendant. Des précautions minutieuses avaient égale-ment été prises pour rendre impossible l’accès à cettetour par l’extérieur de la ville. Les seules portes ouvrantsur l’extérieur se trouvent au troisième étage et débou-chent sur l’esplanade à l’intérieur des murs de la cité.

Pour assurer plus de sécurité à cet édifice, les murssont complètement aveugles au niveau du rez-de-chaussée et ne comportent que des archères étroitessur les faces sud (vers le gave et la Navarre) et versl’est (vers l’église et son clocher donjon). Cependant,sur les façades méridionale et orientale, à partir dudeuxième étage des ouvertures plus grandes, ont étéaménagées.

Le pont de l’île de la LégendeLe pont médiéval de Sauveterre appartenait à un

ensemble complexe de constructions permettant defranchir le gave en s’appuyant sur l’île de la Glère. Àl’instar du pont Vieux d’Orthez avec lequel il présentede nombreuses similitudes, le pont de Sauveterre aété construit sur l’ordre de Gaston VII de Moncade etréaménagé à l’époque de Gaston Fébus. En son milieule pont est surmonté par une porte donjon avec unétage auquel on accède par un escalier étroit assis surle pilier ouest de l’arcade. La logette ainsi ménagéeservait à la manœuvre du pont-levis en bois qui, unefois abaissé, reposait à son autre extrémité sur une pileaujourd’hui disparue. Du pont, le panorama sur la citéest saisissant et permet de découvrir les vestiges duchâteau vicomtal et les puissants murs de soutène-ment de la courtine méridionale de la ville

La porte du Datter, Ancien ArsenalLa porte du Datter s’ouvre dans le mur de fortifica-

tion. Son pont-levis sur le fossé ouest, sa chambre demanœuvre, sa bretèche de défense, ses deux lourdsbattants de chêne, ne sont plus. Seuls restent à pré-sent, les traces des gonds, les encoches pour la barrede fermeture… et son bel arc ogival.

Contre la porte, le mur de fortification se confondavec le mur extérieur de l’Ancien Arsenal aux meurtriè-res ébrasées intérieurement, et extérieurement…

Remarquez les portes et les trous de boulin deshourds de défense, chemin de ronde et traces des cré-neaux. Sa construction remonterait au 13e siècle.

Fort de ToloseConstruit en 1580, par le lieutenant général de Gon-

taut, sieur d’Audaux et de Saint-Geniès, pour défendrele flanc nord de la ville.

Remparts de la villeSauveterre fortifiée est entourée d’un grand mur de

pierre, llaa ggrraannddee eenncceeiinnttee. Les murs et les fossés àl’est, au nord, à l’ouest, le mur et le ravin de l’Esbounitet du Touroun au sud, assurent sa protection.

Portes de Lester, fortification devant l’arsenal.

Château VicomtalIci est la motte fortifiée appelée le Touroun. Vers

1250, Gaston VII Moncade fait de Sauveterre une deses principales place de guerre. Avec créneaux et che-min de ronde le château Vicomtal remplace le campfortifié. Gaston III de Foix-Béarn, dit Gaston Fébus, leréaménage magnifiquement cent ans plus tard.

La porte d’entrée s’ouvrait sur la salle des gardes,son pont-levis, au-dessus du fossé, reliait le château àla barbacane.

Sauveterre-de-Béarn

La tour de Monréal sur le versant de la rive droite du gave.

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PPoorrttee dduu DDaatttteerr,,

VVeessttiiggeess ddee ll’’AAnncciieenn AArrsseennaall

LLeess rreemmppaarrttssLa tour de Monréal à gauche, l’église en haut.

Le pont de l’île de la Glère de Sauveterre, appelé aussi « le pont de la Légende ». On remarque quelques analogies avec le pont d’Orthez. Il était à l’origine prolongépar un pont-levis vers une pile de nos jours disparue.

VVeessttiiggeess dduu cchhââtteeaauu vviiccoommttaall..

Le château comprenait chapelle, tinel, cuisine, loge-ment des gardes et bien sûr le logement du seigneur.Une longue courtine le reliait à son donjon, la tourMonréal.

Le 12 avril 1290, y meurt Gaston VII Moncade,vicomte de Béarn, de Brulhois et de Gabardan, le « trèspreux et vaillant homme à merveilles. »

En l’an 1391, mardi, le 1er jour du mois d’août, àSauveterre, mourut le très noble et puissant seigneur,monseigneur le comte de Foix, seigneur de Béarn,vicomte de Marsan et de Gabardan, dit Fébus.

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Le pontLes éléments les plus anciens de cet édifice remon-

tent au 13e siècle ; ils furent élevés sur l’ordre de Gas-ton VII qui établit en même temps un marché dans laville. Le tablier du pont ne fut exhaussé qu’en 1730 aumoyen d’arches de briques ; la pile du milieu compor-tait alors un fourneau de mine qui assurait une des-truction rapide en cas de besoin.

L’ouvrage donne directement accès à la porte Saint-Antoine ou porte d’Espagne, seule à subsister desdeux anciennes entrées de la cité. On remarque lataille imposante des avant-becs de l’ouvrage destinés àle protéger des crues impétueuses du gave d’Oloron.

Demi-bastion de la Cloche et lapoudrière

Protecteur de la porte et du pont, le demi-bastion dela Cloche ne comporte qu’un seul orillon. Au centre decet ouvrage se trouve l’ancienne poudrière uniquemagasin à poudre de la citadelle.

La poudrière

Le magasin à poudre existe depuis 1580 mais a étéréorganisé en 1818. Situé à la gorge du bastion de lacloche, ses murs de 1,80 m d’épaisseur étaient dou-blés par un mur extérieur de protection. On pouvait ystocker 25 000 livres de poudre. La poudrière est defaible hauteur afin d’éviter les tirs directs d’artillerie.Cette construction présente une particularité acousti-que : en se plaçant à deux extrémités opposées à l’in-térieur on peut discuter à voix basse, la réflexion sur lecintre de la voûte assurant la liaison.

En suivant la plate forme du rempart on gagneensuite l’ouvrage le plus complet de Navarrenx : lebastion des contre-mines.

Le bastion des contre-mines et lebastion des Échos

Ces deux bastions sont les équipements les plusélaborés de la fortification. Sur leur terrasse on peutapprécier l’ampleur des fossés et les dimensions de lacontrescarpe. Le bastion des contre-mines équipé dedeux orillons et deux flancs retirés doit son nom auxgaleries de contre-mines qui s’ouvraient dans sa gorgeet en faisait le tour à l’intérieur. Cet aménagement per-mettait d’écouter si l’on ne cherchait pas à atteindre lastructure par un travail de sape et de minage.

Le bastion des Échos

Très proche du précédent, le bastion des Échos pro-tégeait la porte Saint-Germain ou de Franceaujourd’hui détruite. Il offre l’exemple d’une premièregénération de tracés bastionnés conçus sans orillons niflancs retirés. Un escalier étroit conduit à la poternedite de l’Abattoir qui ménageait une discrète sortie desecours aux assiégés. À la suite de travaux entrepris aumilieu du 19e siècle, des meurtrières pratiquées dansle bastion ont la réputation « de répéter sept fois l’échoqui leur est confié » ce qui serait intéressant de vérifier.

Le bastion des Noyers et du Parapet

Le plus vaste des bastions, équipé de deux orillons,comportait une échauguette. En suivant le fossé, entrece bastion et celui du Parapet se trouve une secondepoterne dite de Méritein. Sur le flanc du bastion duParapet, la demi-lune de Méritein était le seul ouvrageavancé de Navarrenx.

Navarrenx

Le tour des rempartsRemarquablement bien conservés, les remparts de

Navarrenx montrent toujours leur géométrie active. Ilssont composés de blocs taillés sur lesquels s’appuiede la terre tassée sur 4,50 mètres retenue par un murinterne de 90 centimètres. Le mur externe est renforcépar de gros contreforts. Leur profil externe présente unfruit calculé pour permettre le rebond vers l’assaillantdes projectiles qu’on laissait tomber du haut des para-pets. Une promenade aménagée au sommet de lacourtine, dont les parapets ont disparu, offre un excel-lent panorama sur le gave avec le pont en contrebasde la ville. La promenade au sommet des rempartspermet de découvrir la porte Saint-Antoine et le bas-tion de la Cloche.

La porte Saint-AntoineProtégée par un orillon et par le bastion de la Clo-

che, elle ne pouvait être ni bombardée, ni assaillie defront. L’orillon est surmonté de créneaux et d’uneéchauguette en surplomb qui assuraient la surveillancedu rempart et du pont sur le gave.

La porte Saint-Antoine était munie d’un pont-levis ;les deux ouvertures destinées au passage des chaînesy sont encore visibles. Deux petites pièces occupentles bas-côtés sous la voûte ; celle de gauche servit deprison, l’autre de poste de garde.

Le pont du 13e vu de la rive droite, sous la porte Saint-Antoine.

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Le bastion des Noyers et du Parapet, avec une échauguette.

La poudrière.

La promenade du tour des rempartsavec au sud la vue sur la chaîne des Pyrénées.On peut considérer les profils et l’importance dela contrescarpe

La porteSaint-Antoine.

Le bastion des contre-mines.

Le bastion des Échos

Une galeried’écoute

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La fontaine militaireLa ville ne comportait ni puits ni citerne et seule une

fontaine captant une source que l’ennemi ne pouvaitdétourner l’alimentait en eau. Située à quatre mètressous le niveau du sol, son entrée était protégée pardes murs épais aujourd’hui disparus. Vingt et une mar-ches mènent à un bassin de captage fortement voûtéalimentant deux abreuvoirs dans lesquels l’eaus’écoule par la bouche de têtes sculptées représentantdes griffons.

L’arsenalSiège actuel de l’office de tourisme, situé à proximité

de l’église, l’arsenal fut bâti à la fin du 17e siècle surl’ancienne maison des rois de Navarre. L’édifice impo-sant, avec ses trois corps de bâtiment construits sur unplan en U ménageant une belle cour, occupe unesuperficie de 820 mètres carrés et s’élève sur trois éta-

ges. Il pouvait héberger si nécessaire 500 hommes detroupe mais son véritable rôle était le stockage desarmes, des munitions et des vivres de l’intendance dela place.

On pouvait y stocker jusqu’à 30 000 boulets,60 affûts de canon, 150 000 balles ou des saumons(lingots de plomb), 750 mousquets, fusils ou hallebar-des, 25 000 mèches, 13 000 plombs ou balles. Et onpouvait ranger au grenier 300 sacs qui étaient hisséspar une poulie encore existante au-dessus de l’entréedes escaliers.

Les casernes Saint-AntoineÀ proximité de l’arsenal, les casernes qui entourent

et s’organisent autour de la place Saint-Antoine ont étéconstruites et agrandies entre le 17e et le 19e siècle.Elles permettaient de loger plusieurs centaines de fan-tassins.

La caserne de la porteSaint-Antoine.

En face,sur la place Saint-Antoine,

une grande caserne.

La fontaine militaire avec ses griffons sculptés.

La cour de l’arsenal, siège de l’office de tourisme.