300 propositions, innovations et curiosités sociales venues de l’étranger

download 300 propositions, innovations et curiosités sociales venues de l’étranger

of 164

description

Aider à la décision, c’est formuler des propositions, mais c’est aussi aider à comprendre son environnement. C’est ainsi que l’on peut décrire la démarche originale adoptée par le département Questions sociales du Centre d’analyse stratégique dans ce projet singulier.

Transcript of 300 propositions, innovations et curiosités sociales venues de l’étranger

Centre danalyse stratgique2012

PANORAMA

QUESTIONS SOCIALES

propositions, innovations et curiosits sociales venues de l'trangerTravaux coordonns par :

Marie-Pierre Hamel Sylvain Lemoine Marie-Ccile Naves

www.strategie.gouv.fr

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger____________________________________________________________________________________________________

AvantAvant-proposAider la dcision, cest formuler des propositions, mais cest aussi aider comprendre son environnement. Cest ainsi que lon peut dcrire la dmarche originale adopte par le dpartement Questions sociales du Centre danalyse stratgique dans ce projet singulier. Tout au long de lanne, ce dpartement assure une fonction de veille dans une srie de pays afin dy dceler des informations, projets et innovations originaux en matire de politiques sociales. Il sagit didentifier chez nos voisins (plus ou moins loigns) des dispositifs, des dbats ou des propositions formules par des experts susceptibles dveiller la curiosit et illustrant leur manire les grandes volutions luvre au sein des modles sociaux. Ce recueil ne prtend donc nullement couvrir de manire exhaustive l'actualit sociale internationale de 2011, et ne suggre aucunement que la transposition de ces politiques serait ncessairement pertinente dans le contexte hexagonal. Que les brves rassembles ici suscitent l'adhsion, la prudence ou le rejet, leur vocation est avant tout de contribuer animer le dbat sur l'avenir de notre modle social : en identifiant des points de convergence avec nos proccupations, en France, ou au contraire en mettant en lumire des projets qui peuvent nous apparatre plus iconoclastes. Vous trouverez galement, au fil de la lecture de ce document, les ractions de certains experts avec lesquels le dpartement Questions sociales a travaill au cours de lanne, les ractions de chargs de mission du dpartement, ainsi que les rfrences des travaux produits par le dpartement auxquels certaines questions, ainsi mises en lumire, font cho. Ces lments dinformation confirment une intuition : au-del de leurs diffrences, la plupart des modles sociaux sont confronts aux mmes dfis, quils soient conjoncturels (grer les effets de la crise et contribuer retrouver le chemin de la croissance) ou structurels (adapter les politiques sociales au vieillissement de la population, la transformation des structures familiales et de manire gnrale lutter contre les ingalits en rpondant aux nouveaux besoins sociaux). La slection de ces brves tant issue de choix dlibrment subjectifs, elle est fonde sur un critre principal : la curiosit que celles-ci suscitent. En esprant que cette dernire soit partage par nos lecteurs.

Vincent Chriqui, directeur gnral Centre danalyse stratgique

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

-1-

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger____________________________________________________________________________________________________

Sommaire

Prface...........................................................................................................................5 Prface........................................................................................................................... 5 ........................................................................................................................... Introduction.................................................................................................................... Introduction .................................................................................................................... 9 ....................................................................................................................9 ............................................................................................................. .............................................................................1 Guide de lecture ............................................................................................................. 1 3 Comment ............................................ ............1 I. Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ............................................ 1 5 I.1. La sant.........................................................................................................................17 I.1.1. Drogue, alcool, tabac et autres addictions .....................................................17 I.1.2. Obsit, hygine alimentaire, maladies mtaboliques et infectieuses ............21 I.1.3. Troubles mentaux, dpression, suicide ..........................................................29 I.1.4. Ingalits daccs aux soins...........................................................................33

I.2. La famille .......................................................................................................................39 I.2.1. Modes daccueil des jeunes enfants ..............................................................39 I.2.2. Congs maternels, paternels et parentaux .....................................................43 I.2.3. Protection des enfants ...................................................................................47

I.3. Lducation....................................................................................................................51 I.3.1. Innovations pdagogiques.............................................................................51 I.3.2. Ingalits et lutte contre les ingalits ...........................................................59

II. Comment adapter les politiques publiques lvolution des besoins sociaux ? .......... 6 5 ..........6 II.1. Le vieillissement et la dpendance ...............................................................................67 II.2. Les transformations des structures familiales...............................................................81 . II.3. Le cadre de vie ............................................................................................................85 II.3.1. cologie et urbanisme ...................................................................................85 II.3.2. Logement ......................................................................................................89 II.3.3. Nuisances......................................................................................................94

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

-3-

Sommaire____________________________________________________________________________________________________

............................................................................9 ............................................ III. Comment cibler sans stigmatiser ? ............................................................................ 9 7 III.1. III.1 . Lgalit femmes/hommes ..........................................................................................99 III.2. III.2 . La diversit et le multiculturalisme...............................................................................109 III.3. III.3 . Les droits des homosexuels........................................................................................125 IV. Comment faire mieux avec moins ? ......................................................................129 faire ...................................................................... 129 ...................................... 12 IV.1. Utiliser les technologies de linformation et de la communication ..............................131 IV.2. valuer les politiques sociales.....................................................................................141 IV.3. Lutter contre la fraude et les abus...............................................................................147 IV.4. Une illustration sectorielle : les politiques de sant publique ......................................153 V. Annexe Les rfrents pays ...............................................................................................................159

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

-4-

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger____________________________________________________________________________________________________

PrfaceDamon, Julien Damon Professeur associ Sciences Po (Master Urbanisme), Conseiller scientifique au Centre danalyse stratgique Voici un document copieux et captivant. Copieux, car il ne saurait se lire dune traite. Les rdacteurs et organisateurs de lexercice ont dailleurs t assez malins pour proposer un chapitrage efficace et une ide de lecture : une note lire chaque jour ou presque (puisquils en publient presque exactement 300). Captivant, car la matire est de premire importance et de premire main. Produit dune activit patiente de collecte et de cueillette principalement sur Internet, les sources ne sont pas forcment, au sens propre, de premire main. Mais les informations, observations, innovations tires sont livres un public franais qui nest pas toujours au fait de ce qui se passe ailleurs. Splendide isolement dun modle social qui se sait en difficult mais qui srige toujours en modle ? Probablement1. En tout tat de cause cette livraison de 300 fiches sur lailleurs remplit ses promesses. Ce document, comme un catalogue ralis dans la mme logique en 20092, relve, a dessein, de la logique du patchwork. Il rassemble donc un ensemble de brves (de social, comme il y a des brves de comptoir) dans le secteur des politiques sociales au sens large (des mcanismes dassurance aux politiques dassistance, en passant par le secteur de lducation, celui du logement, voire celui de lurbanisme). Le rsultat est l : un volume de rsultats denqutes, de nouveaux principes, de nouveaux vecteurs, de nouveaux objectifs, de nouveaux mcanismes pour la couverture des risques sociaux (dans un sens tendu). Ce rassemblement est explicitement htrogne. Tout ne se vaut pas. La porte, le contenu, lambition, le degr de ralisation de chacune des oprations fiches varient significativement. Certaines des brves relvent dune logique de rupture (un nouveau sujet, un nouvel oprateur, une vritable innovation). Certaines relvent dune optique paramtrique dadaptation, importante ou a la marge, des systmes en place. Certaines brves ne sont pas totalement neuves, en particulier en matire de politique familiale (domaine dans lequel la France se distingue par la densit de son intervention). Certaines prsentent des propositions qui, dans le contexte hexagonal, seraient trs majoritairement juges souhaitables, dautres inacceptables. Dans tous ces trs courts textes, il y a des constats, des suggestions, ou des innovations de produit, de procd ou dorganisation. De quoi largement faire son miel, disent les abeilles intellectuelles ou administratives qui butinent pour des ides. Le choix de ces brves tout comme leur classement, voire leur place dans telle ou telle rubrique, ne simposaient pas demble.. Songeons simplement un instant ce clbre rapport Beveridge, qui date de 1942, et qui naura t publi en franais quen 2012. Et encore, en partie seulement. Cf. Beveridge W. (2012) Rapport Beveridge, Perrin (avec une prface de Franois Hollande). 2 . Voir les cent fiches du catalogue dinnovations, produit par Futuribles, avec la participation, dailleurs, de quelques-uns des rdacteurs de ce nouveau panorama de 300 fiches. www.futuribles.com/pdf/PSDI/Cataloguedesinnovations2009.pdf1

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

-5-

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ____________________________________________________________________________________________________

Feuilleter, puis tudier, ce recueil de fiches au format harmonise permet toutefois datteindre des objectifs importants : apprendre, en dcouvrant des problmes indits et de nouveaux outils ; surprendre, en observant quil existe des positions et options originales ; se dprendre, en imaginant, la lecture, les conditions dune ventuelle transcription en France. On se dprend aussi dimages sur les pays traverss au fil des pages. Les pays scandinaves ne sont pas aussi socio-dmocrates, tolrants et galitaires que ce que lon entend dire longueur de temps. Les tats-Unis ne sont pas aussi libraux (conomiquement) et conservateurs (socialement) que ce qui est martel. Les pays mergents (Inde et Brsil notamment) ne sont pas en reste en matire dtudes et denqutes sur leur situation actuelle et venir, comme en matire dides, de dispositions et de produits, que pouvoirs publics et grandes entreprises prives aspirent implanter et tendre. Une partie des brves surprennent peu, au sens o elles portent sur des thmes connus et ne sauraient tre riges en primeurs, car il sagit bien de trs anciens sujets franais (congs familiaux, vote familial). Dautres sont bien plus inattendues (par exemple avec les accents mis sur lducation financire ou la valorisation du sport). Dautres encore confirment le virage pris, un peu partout, par les politiques sociales vers des logiques de prvention, dvaluation, dinvestissement et defficience, tout en tant toujours davantage rattaches des proccupations en termes dethnicisation3. Nombre de ces fiches montrent lirruption, daucuns diront lintrusion, de nouveaux acteurs dans la sphre du social (des banques aux smartphones en passant, plus globalement, par largent, par exemple pour la rmunration des dirigeants associatifs). Certaines brves sont des consquences directes de la modernit technologique en marche (avec la mobilisation des TIC, mais aussi des jeux vido et des rseaux sociaux). Certaines pourraient avoir t dcouvertes en France (sur le vieillissement, les dcohabitations difficiles, laccompagnement du grand ge). Dautres sont bien plus inhabituelles (pour tout ce qui porte sur les prdispositions gntiques ou le Q.I.). Quelques-unes rappellent combien les collectivits territoriales et la rgle durbanisme importent lorsquil sagit de dvelopper des programmes et quipements de bien-tre. Il en va de la couverture des risques comme de la bonne coexistence des diverses populations (pitons et cyclistes, mais aussi individus et mnages dorigines communautaires varies). Tout ceci rappelle que lobjectif fondamental des politiques sociales, ici voqu par brves interposes, est ce bien-tre que les rapports savants veulent mesurer, et que les habitants souhaitent vivre. Lensemble donne voir sur les modles sociaux, dans leurs essences propres, dans leurs capacits et contraintes nationales de transformations, mais galement dans leurs dynamiques globales de convergences et divergences. Limportance accorde, travers de nombreuses fiches, aux questions dobsit, dalimentation et dducation la sant rappelle que dans un monde riche o pour la premire fois dans lhistoire de lhumanit les aiss sont plus minces que les pauvres4, il faut certainement rviser les modalits et principes des politiques sanitaires et de lutte contre les ingalits. Que ce recueil de brves

. ce sujet, si sensible en France, voir Schnapper D. (2007), Quest-ce que lintgration ?, Paris, Gallimard, coll. folio actuel . 4 . ce sujet, voir Tabuteau D. (2008), 2025: lodysse de la Scu, La Tour dAigues, ditions de lAube.

3

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

-6-

Prface ____________________________________________________________________________________________________

puisse participer ces prises de conscience des transformations en cours et un rappel de la formidable inventivit du secteur social ! Ce recours aux brves sociales, qui, comme celles de comptoir, captent lre du temps, ne vise certainement pas limportation danalyses et de mthodes ne correspondant pas aux spcificits franaises. Ces fiches ne contiennent pas de leons donner. Les brves sociales, telles que le dpartement Questions sociales du Centre danalyse stratgique les met disposition, sont l pour stimuler. Et sil faut peut-tre un peu de temps pour les digrer, on en ressort impatient dune nouvelle livraison. En visant ldition chaque anne dun livret issu du reprage et de la qute de ces brves, le Centre danalyse stratgique soblige un rendez-vous utile en 2013 pour la publication de son panorama 2012, et ensuite.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

-7-

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger____________________________________________________________________________________________________

IntroductionMarie-Pierre Hamel Sylvain Lemoine Marie-Ccile Naves5

La crise qui frappe des degrs divers lensemble des pays dvelopps emporte deux consquences principales pour les politiques sociales qui y sont menes. Dune part, elle renforce lexigence defficience de la dpense sociale, les ressources publiques se faisant plus rares. Dautre part, elle acclre la prise de conscience dune ncessaire volution de la couverture traditionnelle des risques sociaux, fonde sur leur rparation a posteriori. Cette tendance se traduit dans la logique dinvestissement social, illustre par les innovations en matire dducation mais galement en matire de prvention, notamment en sant publique. Ces deux effets se conjuguent dans un contexte marqu par le vieillissement de la population, lvolution des structures familiales et plus globalement lattention croissante porte au vivre-ensemble . La diversit des propositions, innovations et curiosits identifies ici illustre la manire avec laquelle chaque pays sempare de ces logiques, en fonction de sa culture, de son histoire, de ltat de ses finances publiques ou de prfrences nationales. Quatre questions permettent de la mettre en vidence : Comment prvenir les risques et investir dans le social ? Comment adapter les politiques publiques lvolution des besoins sociaux ? Comment cibler sans stigmatiser ? Comment faire mieux avec moins ? Par dfinition, le foisonnement de propositions, dinnovations et de rformes rassembles dans ce recueil rsiste tout exercice rigoureux de classification. La prsentation retenue ici vise avant tout en faciliter la lecture.

risques 1. Comment prvenir les risques et investir dans le social ?Si les modles sociaux occidentaux sont historiquement fonds sur le principe dassurance des risques (la maladie, le chmage, la vieillesse), une attention croissante est porte la logique de prvention. Au-del de la traditionnelle promotion de la prvention en sant publique, il sagit dinvestir dans la petite enfance, lducation et le soutien aux parents pour prvenir la ralisation de risques futurs (perte demployabilit, dsaffiliation sociale, etc.). Les brves de cette partie permettent dillustrer la diversit des manifestations de cette logique qui est luvre.Marie-Pierre HAMEL & Marie-Ccile NAVES sont charges de mission au dpartement Questions sociales, Centre danalyse stratgique, Sylvain LEMOINE est chef de ce dpartement.5

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

-9-

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

En matire de sant, citons par exemple la premire taxe, au Danemark, sur les produits contenant une forte proportion de matires grasses (21), le crdit dimpt pour favoriser lactivit physique au Canada (17) ou le programme innovant dautodiagnostic de troubles du comportement permettant de diagnostiquer prcocement dventuelles pathologies mentales, en Allemagne (32). En matire de soutien aux familles et de protection des enfants, on retiendra le projet helvte de prvoyance familiale permettant aux parents de rduire leur activit aprs la naissance dun enfant (61), ou encore le programme qubcois de lutte contre lintimidation scolaire (71). En matire dducation, on notera lintrt croissant port lapprentissage de la langue des signes aux bbs au Canada (72), une tude dmontrant les comptences que permet de dvelopper le jeu vido World of Warcraft (91), ou encore le programme dducation financire lanc par la banque dIsral sur facebook (87).

2. Comment adapter les politiques publiques lvolution des besoins sociaux ?Le vieillissement de la population exerce un double effet sur les politiques sociales. Dune part, il requiert un accroissement de ressources publiques afin de financer les dpenses lies la retraite et la dpendance. Dautre part, il appelle de nouvelles rponses en termes de services, afin de permettre tous de vivre mieux ensemble et plus longtemps. Mais ce phnomne, partag des degrs divers par lensemble des pays dvelopps, ne doit pas masquer dautres transformations majeures, comme lvolution des structures familiales. Ou dautres aspirations, comme celles lies lamlioration du cadre de vie, fortement marques par les proccupations entourant notamment la question du logement. Les brves de ce chapitre permettent dillustrer la diversit des ajustements auxquels sont invits les modles sociaux, dans le but de mieux prendre en compte cette volution des besoins. Concernant limpact du vieillissement, on notera la rflexion allemande sur lvolution des congs familiaux (125 et 126), les dbats entourant la lgislation qui rend possible laccueil, par les retraits danois, dun jeune tranger au pair (129), ou encore le dispositif suisse daide au suicide permettant de contourner linterdiction de leuthanasie (139). Concernant la prise en compte des transformations familiales, on dcouvrira grce au cas britannique que la tendance gnrale laugmentation du taux de divortialit nest pas univoque (145), mais aussi que le nombre de familles au sein desquelles plusieurs gnrations dcident de vivre sous le mme toit au Canada et aux tats-Unis (151 et 152) est de plus en plus important, et quun dbat entoure la proposition doctroyer un bulletin de vote supplmentaire par enfant dans le canton de Zurich (149). Concernant lamlioration du cadre de vie, on relvera les vifs dbats entre pitons, cyclistes et automobilistes aux tats-Unis comme au Danemark (158 et 159), la rglementation originale, au Brsil, visant faire de Sao Paulo une ville propre de toute publicit (181), le programme de logements tudiant bas prix dans des quartiers dfavoriss en change de bnvolat en Isral (169), ou encore les nuisances sonores occasionnes par les cloches en Suisse (180).____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 10 -

Introduction ____________________________________________________________________________________________________

3. Comment cibler sans stigmatiser ?Toutes les lgislations sociales des pays tudis sont marques par une logique croissante de ciblage : pour accroitre lefficience des dispositifs ou matriser les dpenses dune part, pour lutter contre les discriminations et assurer lgalit relle des droits dautre part. Les brves de cette partie illustrent ainsi les modalits des actions entreprises dans la gestion du pluralisme culturel et religieux, la promotion de lgalit entre les femmes et les hommes et le dveloppement des droits des couples de mme sexe. Elles illustrent la grande varit des compromis nationaux, marqus des degrs divers par une tradition universaliste ou diffrentialiste, et plus ou moins sensibles au risque de stigmatisation inhrent la logique de ciblage. II peut sagir de complter la logique de lutte contre les ingalits socioconomiques et non de sy substituer -, ou bien daccorder une reconnaissance identitaire certains groupes sociaux, les deux allant parfois de pair. On remarquera par exemple un programme de lutte contre lendettement destin aux femmes en Sude (204), louverture dcoles rserves aux enfants afro-canadiens destines lutter contre lchec scolaire de cette population (220) ou encore la possibilit qui souvre aux homosexuels danois de se marier lglise (251).

4. Comment faire mieux avec moins ?Lensemble des rformes et projets voqus dans ce recueil sinscrivent dans le contexte particulier de tension sur les finances sociales, auquel sont confronts des degrs divers lensemble des pays tudis. Pour amliorer la rponse aux besoins sociaux, voire pour offrir de nouveaux services, trois dimensions de laction publique font alors lobjet dune attention particulire : la promotion de lutilisation des technologies de linformation et de la communication, le dveloppement de la logique dvaluation et lattention croissante porte la lutte contre les fraudes et les abus. Les brves contenues dans ce chapitre fournissent une illustration de la diversit des consquences gnres par laction publique. Concernant la promotion des technologies de linformation et de la communication, on retiendra les nouvelles modalits de recensement de la population italienne (260), les initiatives islandaise et helvte visant associer les citoyens aux dcisions (266 et 263) mais galement, parce quelle est contre-intuitive, la prudence qui doit entourer les esprances dconomies potentielles de sant avec le dossier mdical qubcois (258). Concernant le dveloppement de la logique dvaluation, on notera les dbats entourant lvaluation des professeurs aux tats-Unis et au Royaume Uni (274 et 275), la demande de statistiques publiques de comparaison de performance scolaire en Sude (276), ou encore le lancement dun programme ambitieux dvaluation des mdecines dites complmentaires (comme la mdecine traditionnelle chinoise) en Suisse (294). Concernant lattention croissante porte la lutte contre les fraudes et les abus, on remarquera la mise en place de listes noires en Suisse pour les mauvais payeurs de lassurance maladie, une illustration de la difficult contrler certaines lgislations avec un exemple original sur le bien-tre animalier (292), mais galement le site amricain recensant les propritaires se drobant leurs obligations, soutenu par la ville de New York (288). La recherche dune meilleure efficience se traduit enfin par un ensemble de mesures sectorielles. Les politiques de sant publique font ainsi lobjet dun clairage particulier.____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 11 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger____________________________________________________________________________________________________

Guide de lectureLa prsentation adopte pour ce recueil est la suivante : les 300 propositions, innovations et curiosits sociales sont regroupes selon une logique thmatique ; chacune est conclue par la rfrence de la source (la rdaction sexcuse auprs du lecteur pour tout changement qui serait survenu depuis le bouclage) les encadrs Publication et vnement mettent en vidence les parutions du dpartement Questions sociales ou les manifestations quil a organises, en lien avec les brves (accs direct en cliquant sur le titre de lencadr) les encadrs Point de vue sont rdigs par les chargs de mission du dpartement Questions sociales, ou par des experts extrieurs au Centre danalyse stratgique ; ce recueil a t labor partir dune publication mensuelle accessible sur www.strategie.gouv.fr / autres publications / panorama questions sociales

Afin dalimenter les prochaines parutions, toute suggestion de brve peut tre transmise [email protected]

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 13 -

Partie I

risques Comment prvenir les risques et investir dans le social ?

Nombreux sont les pays qui passent en revue leurs modles sociaux laune de leur capacit favoriser linvestissement social . Selon ce principe, les dpenses consacres la petite enfance, la jeunesse et lducation permettent de prvenir des dpenses rparatrices futures. Dans cette perspective, les dpenses octroyes la jeunesse ne reprsentent pas un cot, mais plutt un investissement pour prvenir les maux futurs que constituent la perte de qualification professionnelle et le chmage ou encore, plus largement, la dtrioration du lien social. On cherche ainsi sassurer du bien-tre et du bon dveloppement denfants qui passent aujourdhui en moyenne plus de temps lextrieur de la maison quauprs de leurs parents. Il sagit de faire en sorte que ces derniers puissent choisir librement de rester auprs de leurs jeunes enfants ou encore de les confier des services de garde et dducation de qualit. Dans tous les pays examins, les proccupations et les efforts portent ainsi sur lamlioration de la qualit du systme ducatif. On pense la rpartition des ressources pour venir en aide aux lves qui en ont le plus besoin, la diversification de loffre ducative de faon sadapter la demande, mais aussi la prvention du dcrochage et de la dmotivation, ce qui passe notamment par lutilisation de nouveaux outils pdagogiques, dont certains sont encore au stade de lexprimentation. Dans le champ de la sant, on note galement une attention croissante porte la prvention des troubles qui, une fois dclars, seront coteux pour le systme de protection sociale et pour la socit dans son ensemble. On pense aux maladies associes la consommation dalcool, de tabac, de drogue, mais encore aux consquences dune mauvaise alimentation ou du manque dactivit physique. Si lon se fie aux donnes sur la consommation de psychotropes et dantidpresseurs, de plus en plus de citoyens souffrent en outre de problmes motionnels . Comment prvenir ces maladies, mais aussi les troubles mentaux invalidants comme la dpression ou le stress, voire le suicide ? Comment, par ailleurs, lutter contre les ingalits daccs aux soins ? La difficult consiste principalement trouver le juste quilibre entre, dun ct, laccompagnement, linformation et la pdagogie, et, de lautre, la coercition voire la rpression de comportements trop risqus. La ligne de crte est parfois troite : il sagit de mieux connatre les comportements des citoyens pour identifier les risques, sans pour autant verser dans la normalisation des comportements.____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 15 -

Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ____________________________________________________________________________________________________

I.1. sant I.1. La s ant I.1.1 . Drogue , alcool , tabac et autres addictions I.1.1. rogue, alcool,

Canada, 1. Au Canada de nombreux chercheurs ont co-sign un article faisant tat dune chute de la mortalit par overdose de 35 % depuis louverture dInSite Vancouver, un site dinjection supervise . Le gouvernement de Stephen Harper sest oppos lexistence de tels sites, mais le plus haut tribunal du pays a rabrou le gouvernement en statuant que de refuser la clinique Insite de Vancouver de poursuivre ses activits violait le droit la vie garanti par la Charte canadienne. Au Qubec, suite cette dcision, le ministre de la Sant et des Services sociaux, Yves Bolduc, a donn son feu vert limplantation de sites d'injection supervise pour toxicomanes. Le ministre prenait officiellement position pour la premire fois depuis un jugement rendu par la Cour suprme le 30 septembre 2011 (projets des organismes Cactus , Montral, et Point de repres , Qubec). Source : site dinformation Cyberpresse, 12/10/2011http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201110/12/01-4456296-sites-dinjectionsupervisee-yves-bolduc-donne-son-feuvert.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_les-plus-populairestitle_accueil_ECRAN1POS5

Pour connatre les volutions de la consommation de drogues dans la population, on sen remet traditionnellement des enqutes par sondage. Ces enqutes ne sont pas trs fiables, en raison de phnomnes de sous-dclaration. Une autre mthode, prometteuse, vient dtre mise au point par des scientifiques norvgiens Elle consiste norvgiens. analyser les eaux uses dune municipalit et en tirer des enseignements sur lusage de drogues dans la population de la ville. Cette mthode vite les biais propres aux enqutes dopinion. Mais des problmes techniques demeurent : en cas de fonte brutale des neiges par exemple, les mesures doivent tre re-calibres pour tenir compte de la dilution des composants que lon cherche dceler. Source : revue Environmental Science and Technology, n 45/13, juillet 2011, p. 5676-82, et quotidien International Business Times, 20/06/11http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21648435 http://sanfrancisco.ibtimes.com/articles/165995/20110620/whole-cities-tested-for-drugs-scientists-norwaypocis.htm

2.

3. Venue lorigine des rgions dAmazonie frontalires de la Bolivie et du Prou, on la trouve dsormais dans tous les grands centres urbains du Brsil : loxi, un driv de la cocane, est considr comme tant pire que le crack. Il sagit dun mlange invraisemblable, compos de cocane, d'un combustible comme du krosne, de lessence ou du fuel mlang avec du permanganate de potassium ou de la chaux. Les malheureux qui fument ce mlange subissent une addiction immdiate, plus forte encore que le crack car leffet est plus court. Les effets sont, sans surprise, lourds de consquences : comportement altr, problmes rnaux, vomissements, diarrhes, amaigrissement et chute des dents, la mort pouvant survenir en moins de deux ans. Source : quotidien The Guardian, 30/05/11http://www.guardian.co.uk/society/2011/may/30/oxi-crack-cocaine-south-america

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 17 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

Suisse, 4. En Suisse une tude du Centre dvaluation des choix technologiques (TA-SWISS) sintresse la consommation de substances destines amliorer les performances crbrales, appeles enhancers. En Allemagne, des donnes montrent que 5 % des personnes professionnellement actives prennent des mdicaments dlivrs sur ordonnance ou non, afin daccrotre leurs performances au travail. La Suisse ne disposant pas de telles donnes, TA-SWISS recommande aux autorits de mener une analyse de lutilisation de ces produits, et denvisager une rgulation dans le cadre de la loi sur les produits thrapeutiques. En effet, si interdire la vente de ces produits risquerait dtre interprt comme une forme de paternalisme, TA-SWISS estime quil serait souhaitable dtablir clairement les risques et de sassurer de la vracit de la publicit dont ils font lobjet.Source : site du Centre dvaluation des choix technologiques, 24/05/11http://www.ta-swiss.ch/fr/media/communiques/24052011/

5. LOMS sinquite, dans son dernier rapport, de la consommation leve dalcool chez les jeunes danois En moyenne, ces derniers consommeraient deux fois plus dalcool danois. que leurs voisins europens. LOMS recommande donc de relever lge lgal dachat de boissons alcoolises dont la teneur en alcool est infrieure 16,5 % (la bire et le vin) de 16 ans 18 ans. LOrganisation suggre galement de relever la taxe sur les alcools. Source : quotidien The Copenhaguen Post, 22/09/11 6. Daprs le NHS Information Centre for Health and Social Care, le centre national dinformations sur la sant du Royaume-Uni le pourcentage, dans le pays, de jeunes gs Royaume-Uni, de 11 15 ans ayant consomm de lalcool a baiss de 55 45 % entre 2009 et 2010. Lchantillon comptait prs de 7 300 adolescents de 246 collges. Seul un jeune sur 20 dclarait tre un fumeur rgulier. Les filles fumeraient davantage que les garons. On note galement une forte baisse dans la consommation de drogues. En 2001, 29 % des jeunes interrogs dclaraient prendre de la drogue (surtout le cannabis) ; en 2010, ils ntaient plus que 18 %. Daprs le NHS Information Centre, lenqute est satisfaisante parce quelle montre une baisse des comportements risques (alcool, drogues et toxicomanie) et une tolrance moindre leur gard de la part des jeunes.Sources : site de la BBC, 28/07/11 et rapport Smoking, Drinking and Drug Use among Young People in England in 2010, NHS Information Centre, 2011http://www.bbc.co.uk/news/health-14323667 http://www.ic.nhs.uk/webfiles/publications/003_Health_Lifestyles/Smoking%20drinking%20drug%20use%2 02010/Smoking_drinking_and_drug_use_among_young_people_in_England_2010_Full_report.pdf

7. Les adolescents sudois boivent moins dalcool aujourdhui quil y a dix ans. Cest le rsultat mis en vidence dans un rapport rcent du Conseil sudois pour linformation sur lalcool et les autres drogues (Centralfrbundet fr alkohol- och narkotikaupplysning CAN). Le pourcentage dadolescents de 15 ans ayant essay lalcool au cours de lanne est tomb 55 %, contre 77 % il y a seulement 10 ans. La consommation de tabac est galement en dcroissance. Un point important rvl dans le rapport est que la baisse de la consommation dalcool chez les filles est moins forte que chez les garons. Certains interprtent ce rsultat comme une consquence de la nouvelle culture jeune, lie en particulier aux jeux vido, o le fait dtre vif et rapide est important. Or les garons jouent davantage aux jeux vido que les filles. Source : quotidien The Local, 5/07/11http://www.thelocal.se/34748/20110705/

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 18 -

Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ____________________________________________________________________________________________________

tats-Unis, 8. Aux tats-Unis de plus en plus demployeurs, dassureurs et dexperts politiques prnent la mise en place dun systme permettant aux entreprises de prendre leur charge, en totalit ou en partie, les frais mdicaux de leurs employs relatifs la prvention sanitaire (arrt du tabac, dpistage des cancers, perte de poids, etc.). En 2008, un sondage montrait que 19 % des entreprises de plus de 500 employs taient prtes le faire. Cette valuebased insurance est incluse dans le projet de rforme de la sant dObama, mme si lventuelle baisse des cots de sant long terme qui en rsulterait reste aujourdhui impossible valuer. Pourraient sy adjoindre des systmes de coaching en entreprise pour inciter les employs utiliser ces dispositifs, car il semble que la gratuit ne suffise pas. Cela pourrait nanmoins galement devenir obligatoire pour les employs, sous peine de sanctions ou de contre-incitations financires. Sources : revue Health Affairs et quotidien The Washington Post, 29/11/10http://www.healthaffairs.org/ http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/11/29/AR2010112904751.html

Publication dpartement Questions sociales Vaut Vaut- il toujours mieux prvenir que gurir ? La Note de veille n167, parue en mars 2010, rpond cette question en proposant des arguments pour une prvention plus cible. En effet, si la France jouit dindicateurs gnraux dtat de sant globalement positifs, deux problmes persistent : la mortalit prmature est parmi les plus leves de lUnion europenne et les ingalits de sant entre catgories sociales sont importantes. Face ces difficults, la prvention est souvent prsente comme une rponse la fois universelle (elle serait efficace pour lensemble des individus) et peu coteuse (elle permettrait mme de faire des conomies). En ralit, la prvention peut certes permettre damliorer cot raisonnable la sant des populations, mais condition de slectionner les stratgies les plus efficientes, savoir celles qui ciblent au plus prs les groupes risque.

Lomniprsente consommation de tabac en Chine a conduit des taux levs de cancer des poumons et dautres maladies. LOMS estime que dans ce pays, deux millions de personnes vont dcder dici 2020 de maladies lies la consommation du tabac. Ainsi, sans doute pour sduire la gnration future, des compagnies de tabac du pays financent dsormais des coles primaires. Les coles portent souvent les noms de marques de cigarettes chinoises placs au-dessus des portails dentre, tels que Zhongnanhai ou Liqun. Dans certains cas, on trouve des slogans dans les espaces de jeux Travailler dur gnre du talent le tabac vous aide devenir talentueux (Sichuan Tobacco Hope Primary School). Il y a aujourdhui 16 millions de fumeurs de moins de 15 ans en Chine, soit 6,3 % de cette tranche dge. Source : site dinformation China Digital Times, 22/09/11http://chinadigitaltimes.net/2011/09/china-tobacco-funding-primary-schools/

9.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 19 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

Selon une tude publie rcemment au Canada par des chercheurs de lUniversit Concordia, les taxes sur les cigarettes adoptes par les gouvernements pour encourager les citoyens nincitent pas tous les fumeurs rompre avec leur habitude. long terme, seuls les plus prcaires et les reprsentants de la classe moyenne ont tendance arrter de fumer quand il y a majoration des taxes sur le tabac. En revanche, une telle mesure ne suffit pas convaincre les fumeurs gs de 25 44 ans ou figurant parmi les plus nantis. Ainsi, une hausse de 10 % du paquet de cigarettes sous forme de taxes entrane une diminution denviron 2,3 % du tabagisme. Source : revue Canada International Journal of Environmental Research and Public Health, 8(5), 2011,p. 1583-1600.

10. 10.

11. tats-Unis, 11. Aux tats-Unis la US Food and Drug Administration tudie actuellement la possibilit dinterdire la vente et la distribution de cigarettes mentholes dans le pays. Ce type de cigarettes est considr comme le plus fum et le plus addictif. Les publics les plus concerns sont les jeunes, les Noirs et les Hispaniques, mais aussi les gays et les transsexuels, lesquels fumeraient en moyenne deux fois plus que la population gnrale, et prfrablement des menthols. Le think tank Center for American Progress plaide pour que les habitudes tabacologiques de ces groupes de populations soient tudies spcifiquement. Plus gnralement, la consommation de tabac, notamment menthol, est, aux Etats-Unis, un indicateur fort du foss sanitaire entre les riches et les pauvres. Source : site du think tank Center for American Progress, 12/05/11http://www.americanprogress.org/issues/2011/05/menthol_ban.html

12. 12. En juillet 2011, lOrganisation mondiale de la sant a publi un rapport qui corrobore les conclusions de la Food and Drug Administration amricaine concernant les avertissements sur les paquets de cigarettes : leur grande taille et la radicalit de leurs messages seraient dissuasifs pour les fumeurs. Ainsi, neuf nouvelles images et textes seront mis en place en 2012 ; ils couvriront au moins 20 % de la partie publicitaire, ainsi que la moiti suprieure de lavant et de larrire des paquets. Sources : quotidien The New York Times, 8/07/11 et 21/06/11http://www.nytimes.com/2011/07/09/opinion/09sat4.html?scp=1&sq=perils%20of%20smoking&st=cse http://www.nytimes.com/2011/06/22/health/policy/22smoke.html

Publication sociales dpartement Questions soci ales Nouvelles approches de la prvention en sant publique En matire de prvention sanitaire, les campagnes dinformation et de communication destines au grand public permettent souvent dveiller les consciences mais elles peinent modifier les comportements risque. Le rapport paru en mars 2010 sintresse aux apports des sciences comportementales et des neurosciences cognitives dans le but doptimiser les stratgies de prvention. Ainsi faire appel la raison, la peur, la surprise, la responsabilit, le plaisir ou le dgot na pas la mme efficacit selon que lon sadresse des jeunes ou des personnes ges, des fumeurs ou des personnes en surpoids. En tudiant le fonctionnement crbral du consommateur conjointement aux travaux sur son comportement, il est possible de mieux comprendre comment un individu ragit un message ou une image utilis dans le cadre dune campagne de prvention.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 20 -

Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ____________________________________________________________________________________________________

13. Italie, 13.3 En Italie les femmes parient de plus en plus. Aujourdhui, elles reprsentent un tiers des 1 200 000 joueurs pathologiques , selon lassociation Hasard et nouvelles dpendances (Azzardo e nuove dipendenze AND). Par voie de consquence, elles frquentent dsormais galement davantage les centres de dsintoxication. Le profil de ces joueuses varie. Gnralement ges de 30 60 ans et plus, elles ont le plus souvent un niveau dducation moyen, voire faible, mme si les parieuses compulsives ne manquent pas parmi les classes sociales plus aises et plus instruites. Ce phnomne touche aussi bien les mres au foyer que les femmes actives, mais il concerne tout particulirement les retraites. Cette tendance socitale serait notamment lie un marketing dornavant cibl autant sur les femmes que sur les hommes. Ainsi, les entreprises de ce secteur dveloppent de nouvelles stratgies de vente, transformant les salles de jeu et simplantant dans des lieux plus proches des clientes afin de leur ouvrir le monde traditionnellement plus masculin du jeu et des paris. Source : site dinformation LEspresso, 2/09/11http://espresso.repubblica.it/dettaglio/sorpresa-lazzardo-e-donna/2159698/13

I.1.2 . Obsit , hygine alimentaire , maladies mtaboliques et i nfectieuses I.1.2. Obsit, alimentaire, infectieuses

Au Royaume-Uni le risque de dvelopper un cancer lge de 50 ans a Royaume-Uni, augment de prs de 20 % en une gnration. Parmi les hommes et les femmes gs de 40 59 ans, le nombre de personnes atteintes dun cancer est pass de 44 000 en 1979 61 000 en 2008. Cependant, linstitut Cancer Research UK relativise les conclusions que lon pourrait tirer de ces chiffres : les augmentations constates sont en grande partie dues lintroduction de diagnostics plus prcoces. Par ailleurs, les chances de survie 10 ans aprs un cancer ont doubl et concernent prs de la moiti des cas. Du reste, plus le diagnostic est prcoce, plus les chances de rmission sont leves. Source : quotidien The Independent, 18/07/11http://www.independent.co.uk/life-style/health-and-families/health-news/why-rising-cancer-rates-amongover45s-are-not-all-bad-news-2315549.html

14. 14.

Point de vue Vanessa Wisnia-Weill, charge de mission dpartement Questions sociales

lesprance Lvolution de lesprance de vie les dans les pays occidentaux Cette brve sur laugmentation des cancers souligne les biais attachs lintroduction de diagnostic plus prcoces. Toutefois, cela nous rappelle qu ct des scnarios daugmentation de lesprance de vie gnralement adopts dans les prvisions de croissance et pour valuer les financements des retraites (voir, par exemple, les projections de population horizon 2060 de lINSEE publies en octobre 2010), dautres scnarios plus contrasts et critiqus existent. En particulier, la prise en compte du dveloppement de lobsit, dune dgradation des conditions de travail ou des nuisances environnementales sont de nature les alimenter. Ces lments rejoignent les stagnations observes aux tats-Unis (voir Crimmins E. M. et BeltrnSnchez H. (2010), Mortality and Morbidity Trends: Is there Compression of Morbidity? ; voir aussi le blog de Jean Galdrey sur Alternatives Economiques).____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 21 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

15. Suisse, 15. Si de rcents sondages montrent quen Suisse la population fait de plus en plusde sport, un quart des individus sont toutefois compltement inactifs. Une nouvelle loi sur lencouragement au sport va donc tre prochainement adopte par le Parlement fdral. Cette loi vise notamment faire bouger les jeunes pour rduire leur obsit croissante. Elle prvoit que les enfants puissent participer ds 5 ans au lieu de 10 au programme Jeunesse+Sport (J+S) qui offre aux lves des cours facultatifs. Il faut savoir que le systme suisse donne la priorit linitiative prive, aux fdrations et aux clubs. La Confdration, et avant tout les cantons et les communes, sont chargs de mettre disposition de la population des installations et de dfinir des conditions-cadres, notamment en matire de sport lcole.Source : site de lAssemble fdrale de la confdration suissewww.admin.ch ; http://www.admin.ch/ch/f/ff/2011/4543.pdf

Publication dpartement Questions sociales Comment inciter le plus grand nombre pratiquer un sport ou une activit physique ? Lincitation la pratique rgulire dun sport ou dune activit physique est au cur des proccupations de lensemble des pays dvelopps car elle renvoie des enjeux majeurs de sant, de bien-tre (notamment au travail) et de lien social. En 2009, 40 % des Europens (48 % des Franais) de plus de 15 ans dclaraient faire du sport au moins une fois par semaine. Or des diffrences existent, dans la population, en fonction du revenu, de lge, du genre et du territoire dhabitation. Ds lors, les pouvoirs publics doivent veiller ce que loffre en matire dinfrastructures soit adapte la pratique de masse non comptitive, et mettre en place des incitations efficaces pour tous les publics. Lentreprise est galement fortement concerne. Ces sujets ont t dvelopps dans La Note danalyse n217, parue en avril 2011.

16. 16. Le gouvernement isralien devrait adopter un plan de moyen terme pour encourager la prvention par le sport et les styles de vie sains , en complmentarit des approches de sant publique fondes sur le soin. Le plan devrait encourager lexercice physique, diffuser des bonnes pratiques dalimentation, restreindre la publicit la tlvision et la vente dans les tablissements scolaires des aliments peu sains destination des mineurs. Des mesures pour rduire les carts dus aux revenus en matire dalimentation saine seront aussi promues. Globalement, il sagit de lutter contre la diffusion de lobsit (15 % dobses et 37 % dIsraliens en surpoids parmi les plus de 18 ans) et des maladies cardio-vasculaires, suivant les recommandations de lOCDE. Des associations dusagers accueillent positivement ce plan mais soulignent quil ne doit pas venir amputer les budgets consacrs aux soins traditionnels. Source : The Jerusalem Post, 28/11/11http://www.jpost.com/Health/Article.aspx?id=247220

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 22 -

Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ____________________________________________________________________________________________________

17. Canada, 17. Au Canada alors quun crdit dimpt pour les dispositifs dincitation lactivit physique des enfants existe depuis 2007, Stephen Harper, le chef du parti conservateur, a promis de crer un crdit dimpt pour lactivit physique des adultes sil est toujours au pouvoir en 2016. En ce qui concerne les enfants, pour avoir droit au maximum annuel de 150 dollars canadiens, une famille devra consacrer au moins 1 000 dollars canadiens lactivit physique dans lanne. Ce projet est critiqu parce quil pourrait surtout profiter aux familles aises qui ont les moyens dy consacrent des sommes leves.Source : ministre fdral de la Sant du Canadahttp://www.hc-sc.gc.ca/

18. Suisse, 18. En Suisse daprs une tude de la fondation Promotion Sant, un enfant sur cinq est en surpoids, ce qui place la Confdration dans la moyenne des pays europens. Laugmentation constante de ce chiffre a amen le dpartement de lInstruction publique de Genve et le service Sant de la jeunesse dvelopper des camps intituls Surpoids ? Fourchette et baskets , qui sont des colonies de vacances pour enfants en surcharge pondrale. Ouverts aux jeunes de 8 12 ans, ils leur offrent les services dexperts afin de leur apporter une ducation alimentaire et une bonne hygine de vie. Ces colonies rpondent un besoin dautant plus important que beaucoup denfants en surpoids ne veulent pas aller dans les colonies traditionnelles par peur du regard des autres ou de ne pouvoir suivre le rythme des activits. Dans les autres cantons romands, seuls des organismes privs proposent de tels dispositifs.Sources : sites de la fondation Promotion Sant et dpartement de lInstruction publique de Genve, 7/09/11 et du dpartement de lInstruction publique de Genvehttp://www.gesundheitsfoerderung.ch/?lang=f; http://www.geneve.ch/dip/

Point de vue Julian Jappert, directeur Sylvain Landa, directeur adjoint Think tank Sport et Citoyennet Le sport, outil de la citoyennet ? Si une conscience collective se fait jour sur le sujet, le dfi du Comit scientifique du think tank Sport et citoyennet est dapprofondir la rflexion pour que la socit tout entire considre le sport comme une ncessit vitale, entre autres concernant les bienfaits pour la sant. Sans navet et sans omettre les risques dune pratique sportive excessive et non contrle, nous avons pu mesurer lampleur des bnfices du sport. Mettre en exergue des bonnes pratiques, comme celle des autorits de Genve pour les enfants de huit douze ans, permet de renforcer nos arguments et de crer des partenariats et des rseaux pour gnrer des projets qui viendront enrichir des actions dj existantes. Nous esprons surtout que, pour mettre ces bienfaits du sport sur la sant au cur des enjeux politiques et mdiatiques venir, chaque sportif professionnel ou amateur pourra sapproprier la devise mens sana in corpore sano . Tout cela dans loptique de contribuer au bien-tre physique et mental de notre socit et des citoyens (cf., Sport et Citoyennet, mars 2008, numro spcial sur le sport et la sant). Un schma clairant place l'individu quilibr, le citoyen panoui et engag au centre de quatre cercles symbolisant une vie active dans quatre thmatiques : la vie spirituelle, sociale, psychique et physique. Lactivit physique et sportive (le cercle physique) apparat comme un lment essentiel de cet quilibre.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 23 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

et le diabte de ses administrs en interdisant lutilisation de bons dalimentation (food stamps) pour lachat de boissons sucres. Ces bons sont distribus aux plus dmunis, par ailleurs proportionnellement davantage touchs par les maladies mtaboliques que le reste de la population. Il a dclench la colre des industries et des lobbies agroalimentaires, qui y voient une mesure paternaliste et redoutent un effet en chane. De son ct, ladministration new-yorkaise estime que 75 millions de dollars, sur les 135 distribus chaque anne sous la forme de bons dans la mtropole, sont dpenss dans lachat de sodas. Leur vente est du reste dj interdite par ltat fdral dans les cantines des coles de lensemble du pays. Sources : site de la ville de New York et quotidien The New York Times, 29/04/11www.nyc.gov http://www.nytimes.com/2011/04/30/us/politics/30food.html

tats-Unis, 19. Aux tats-Unis le maire de New York, M. Bloomberg, souhaite rduire lobsit

matire de sant au Massey College de luniversit de Toronto propose de mettre en place des Healthy living vouchers (HLV). Il sagirait de bons montaires allous annuellement pour des dpenses (non mdicales) permettant de vivre en meilleure sant , dont les composantes seraient dfinies par un individu et son mdecin traitant (primary care provider). Cette ide a comme point de dpart lchec des campagnes actuelles pour la promotion de lactivit physique ou dune alimentation saine. Source : livre de Neil Seeman et Patrick Luciani, XXL. Obesity and the Limits of Shame, Pressesuniversitaires de Toronto, 2011http://www.amazon.com/XXL-Obesity-Limits-Management-Administration/dp/0772786283

20. Au Canada, le directeur dune unit de rflexion sur les stratgies dinnovation en 20. Canada

Point de vue Jean-Philippe Vinquant Secrtaire gnral Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM) Les healthy living vouchers , une solution davenir ? Les rflexions de nos amis canadiens participent du retour sur le devant de la scne, depuis quelques annes, des dterminants primaires de la sant : environnement et logement, alimentation, activit physique. De faon croissante, les experts et dcideurs en matire de sant publique considrent que laction sur les comportements est un levier majeur de lamlioration de ltat de sant des populations. Cette volution doit conduire les stratges des systmes publics de sant ou dassurance maladie une plus grande humilit les prestations de soins prventifs ou curatifs ne sont pas forcment lalpha et lomga dune politique nationale de sant publique. Mais elle peut galement les soulager dune partie de la pression qui pse sur eux : une grande partie des rponses aux problmes de sant publique sont trouver en dehors du systme de soins. De faon croissante, on verra fleurir des dispositifs mariant littralement la carotte ( bio de prfrence, subventionne par exemple pour les mnages modestes par la cration de chques fruits et lgumes ) et le bton, sous la forme de taxes sur les produits gras ou sucrs, comme celle qui a t cre par la loi de finances pour 2012.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 24 -

Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ____________________________________________________________________________________________________

21. 21. Plusieurs chanes de restauration rapide ont conclu un accord avec le gouvernement britannique pour indiquer aux consommateurs le nombre de calories quils ingrent en fonction des menus choisis. Cet accord reposant entirement sur le volontariat est trs rcent au Royaume-Uni il date de septembre 2010 -, alors que de telles dispositions existent depuis 2007 aux tats-Unis. Nanmoins, daprs une tude conduite lheure du djeuner dans 11 chanes de restauration rapide, seule une minorit de personnes (une sur six) modifierait son comportement en fonction des indications caloriques des aliments. Selon cette mme tude, les personnes qui choisissent des menus moins caloriques reconnaissent linfluence qua eue linformation diffuse par la chane de restauration rapide. Sources : quotidien The Guardian, 26/07/11http://www.guardian.co.uk/lifeandstyle/2011/jul/26/fast-food-study-calories-labelling http://www.bmj.com/content/343/bmj.d4464

Publication dpartement Questions sociales Lutte contre lobsit : repenser les stratgies prventives en matire dinformation et dducation Si la France fait encore partie des pays de lOCDE les moins concerns par le problme de lobsit, celui-ci saccentue depuis une vingtaine dannes. Slevant 14,5 % aujourdhui pour les adultes, le taux de prvalence de lobsit pourrait atteindre, selon un scnario tendanciel, 22 % dici 2025. Face lampleur des cots et la multiplicit des risques que fait peser lobsit, les stratgies prventives en matire dinformation et dducation gagneraient tre amliores. La Note danalyse n166, parue en mars 2010, sattache montrer comment de nouvelles connaissances scientifiques peuvent contribuer remodeler les messages sanitaires pour en optimiser la clart et favoriser des changements comportementaux. Quil sagisse des bandeaux sanitaires apposs au bas des publicits, des informations nutritionnelles sur les emballages, de la promotion de lactivit physique ou des supports ducatifs lattention des enfants, les diffrents aspects des stratgies de communication peuvent bnficier des apports des neurosciences comportementales.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 25 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

Au Danemark une taxe sur les matires grasses a t instaure lautomne Danemark, 2011. Cest le premier pays mettre en place une telle mesure. Elle sapplique aux aliments contenant une forte proportion de graisses satures (plus de 2,3 %). Ses opposants mettent en doute son effet rel sur la sant et font valoir quelle touchera davantage les plus modestes. Certains scientifiques souhaitent par ailleurs quun dispositif semblable sapplique aux produits riches en sucres rapides. La taxe ne semble pas encore changer les habitudes de consommation : selon un sondage, les deux tiers des personnes interroges estiment que le montant de la taxe est trop faible pour les inciter changer leurs habitudes. Selon le Conseil danois de lagriculture et de lalimentation, une association de professionnels du secteur, la taxe cote une famille danoise, avec deux enfants, environ 1 000 couronnes danoises par an (135 euros). Pour les deux tiers des personnes interroges, le gouvernement ferait mieux de supprimer la TVA sur les aliments sains et de laugmenter sur ceux qui contiennent trop de sucre ou de graisse. La TVA est de 25 % au Danemark pour la plupart des biens de consommation. Sources : site du ministre danois de la Sant, site de la BBC, 1/10/11, quotidien The Copenhague Post, 28/12/10 et site dinformation Xinhua Newshttp://www.im.dk/English.aspx http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-15137948 http://www.cphpost.dk/business/business/50733-fat-tax-will-hit-poor-hardest-chamber-warns.html http://news.xinhuanet.com/english2010/health/2011-11/23/c_122326655.htm

22. 22.

Aux tats-Unis, un livre rcemment paru et intitul Maggie fait un rgime tats- Unis (Maggies Goes on a Diet, Aloha Publishers, 2011) relance le dbat sur les troubles de lalimentation et de limage de soi chez les enfants et les adolescents. Lhrone, ge de 14 ans, est en surpoids et malheureuse. Aprs un rgime russi, elle devient une collgienne populaire . Lauteur, Paul Kramer, explique avoir voulu dlivrer un message sanitaire aux enfants sur la ncessit davoir une alimentation quilibre et de pratiquer une activit physique. Il sest nanmoins attir les foudres dexperts (mdecins, psychologues), qui laccusent de brouiller le message. Selon eux, dire aux enfants qutre mince implique dtre aim(e) des autres, et inversement, se rvle dangereux, car cela peut entraner dpression et anorexie. Selon le Council on Size and Weight Discrimination, 50 % des petites filles de neuf ans ont dj fait un rgime (le taux monte 80 % chez celles ges de dix ans et 90 % chez les collgiennes et lycennes). Le phnomne des troubles alimentaires chez les jeunes savrerait finalement aussi proccupant que celui de lobsit dont il peut tre le corollaire. Source : quotidien The Washington Post, 30/08/11http://www.washingtonpost.com/blogs/on-parenting/post/should-girls-bedieting/2011/08/28/gIQAb6mlnJ_blog.html

23. 23.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 26 -

Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ____________________________________________________________________________________________________

Point de vue Anne Sophie Joly Prsidente Collectif national des associations dobses Les personnes en surpoids toujours trop stigmatises Tout un chacun porte une attention particulire sa reprsentativit dans la socit. Et cette tendance est accentue par les images diffuses par les mdias : les personnes sont formates et incites miser sur leur apparence physique, car c'est la premire chose que nous voyons et donc le premier ressenti que nous avons. Mais il est loin d'tre la totalit de l'individu. Certains sont prts mettre leur vie en danger pour ressembler une image fausse, irraliste et retouche, loin de la ralit et de l'authenticit. Ce phnomne traverse les gnrations et touche toutes les femmes, de la petite fille la femme mre. Par exemple, certains magazines destins aux femmes de 45 ans et plus choisissent de mettre en une des jeunes filles retouches par ordinateur. Ds lors, au dtriment de leur sant, autrement dit de leur capital indispensable la vie, elles essaient des propositions mercantiles dites miraculeuses . Le seul rsultat obtenu est de creuser un peu plus leur mal tre physique et mental. Et pour quel rsultat... Avoir tout, tout de suite, sans effort, ni implications. La solution dite miracle, qui ne permet aucune remise en cause de son propre comportement personnel et familial. Nous nous mettons de plus en plus une alimentation saine et bio , alors qua contrario, nous sommes moins authentiques et toujours plus conditionns par des images que renvoie la socit. Faisons avec ce que Mre Nature nous a donn, arrtons de vouloir ressembler tout le monde et prenons soin, plutt, d'tre bien dans nos baskets , en tant acteur de notre sant.

Royaume24. Une tude ralise par la Schools Health Education Unit rvle quau RoyaumeUni, Uni 38 % des filles ges de 10 ans sont mcontentes de leur poids. La proportion augmente au fil de lge. De plus, seules 32 % des filles de 10 ans nvoquent pas de problme ce sujet. Les chiffres ne sont pas aussi impressionnants pour les garons mais ils sont tout de mme 31%, chez les 6-10 ans, dclarer vouloir perdre du poids. Cette tude, qui sappuie sur des donnes collectes auprs de 83 000 enfants gs de 6, 8 et 10 ans au Royaume-Uni, indique quun tiers des filles de 10 ans navait rien mang au petitdjeuner le jour de lenqute. Parmi celles-ci, un quart a admis avoir aussi saut le djeuner la veille. Ltude montre galement que, plus les enfants avancent en ge, moins ils mangent de fruits et de lgumes. En moyenne, 41 % des garons (et 31 % des filles) dclarent ne pas manger de fruits frais, de salade ou de lgumes la plupart du temps . Ltude montre enfin que lactivit sportive des filles a tendance dcliner avec lge : 6 ans, 70 % font du sport trois fois par semaine, contre 46 % 10 ans. Source : quotidien The Telegraph, 30/10/11http://www.telegraph.co.uk/health/children_shealth/8857345/Teenage-girls-skip-meals-amid-weightconcerns-report-shows.html

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 27 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

Le gant de lalimentaire Kellogs souhaite ajouter des vitamines D dans ses crales, afin de lutter contre le rachitisme des enfants au Royaume-Uni Cette volont Royaume-Uni. qui devrait tre mise en place dici fin 2012 sinscrit dans un programme plus large de prvention en sant publique. Une tude mene par Kellogs indique que 82 % des nutritionnistes spcialiss en pdiatrie ont constat une augmentation des cas de rachitisme chez les jeunes enfants dans les cinq dernires annes, la moiti dentre eux ayant t diagnostiqus depuis 2010. Le nombre denfants de moins de 10 ans admis lhpital pour rachitisme aurait par ailleurs augment de 140 % entre 2001 et 2008. Les dficits en vitamine des enfants pourraient sexpliquer par le fait quils passent davantage de temps aujourdhui lintrieur des maisons, devant la tlvision ou les jeux vido. Les nutritionnistes saluent linitiative de Kellogs. Source : quotidien The Telegraph, 28/10/11http://www.telegraph.co.uk/health/healthnews/8854634/Kelloggs-adds-vitamin-D-to-cereal-to-fightrickets.html

25.

26. 26. Pour rduire labsentisme scolaire, exigez des enfants quils se lavent les mains ! Cest la recommandation de chercheurs danois qui ont observ, dans le cadre dune exprience contrle, que les enfants qui lon demandait de se laver les mains trois fois par jour manquaient moins souvent lcole (26 % de jours dabsentisme en moins) et taient moins souvent malades (22 % de moins) que ceux auxquels on ne demandait rien.Source : site dinformation Abclocal, 26/08/11http://abclocal.go.com/wls/story?section=news/health&id=8328453

27. Faut-il ou non lancer une campagne dinformation sur la vaccination contre la grippe ? Le ministre de la Sant britannique a considr quil tait plus efficace de britannique demander aux gnralistes didentifier parmi leurs patients ceux qui avaient le plus de risques de contracter le virus. En 2010, le ministre, Andrew Lansley, avait dj dfendu une telle dcision, au grand dam des organisations de mdecins. Ces dernires rappellent que durant lhiver 2010 ce sont plus de 600 personnes qui sont dcdes de la grippe et que des centaines dautres ont encombr les hpitaux. La campagne dinformatio , leurs yeux, plus de chance de toucher un vaste public, et donc de prvenir la diffusion du virus. Source : quotidien The Guardian, 15/09/11www.guardian.co.uk/politics/2011/sep/15/doctors-furious-free-flu-jabs?INTCMP=SRCH

Isral, 28. Un dbat oppose actuellement, en Isral les dfenseurs de la d-privatisation totale de la mdecine scolaire et les partisans des contrats dlgant une fonction anciennement assume par les services publics. La mdecine scolaire a t privatise dans le pays il y a quelques annes. De nombreux rapports, y compris manant des organes de contrle de ltat, valuent aujourdhui ngativement cette privatisation. Selon les experts, le service de base de vaccination dans les coles nest plus assur, tandis que les actions complmentaires de prvention disparaissent. En outre, les conomies budgtaires annonces seraient moindres que prvu, notamment du fait des cots dintermdiation et des emplois indirects. Une exprimentation de renationalisation des services de mdecine scolaire sera mene dans une rgion et pourrait ensuite tre tendue au reste du pays. Source : quotidien The Jerusalem Post, 23/11/11http://www.jpost.com/LandedPages/PrintArticle.aspx?id=246633

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 28 -

Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ____________________________________________________________________________________________________

I.1.3. Troubles mentaux, dpression , suicide dpression,

Royaume-Uni, 29. Au Royaume-Uni 400 chercheurs spcialistes ont sign un plaidoyer dans la revue Nature pour soutenir les actions de prvention et de dpistage des troubles de la sant mentale. Ils estiment que ces troubles sont insuffisamment reprs au Royaume-Uni, la diffrence dautres pathologies comme le diabte ou les maladies cardiaques. Source : revue Nature, n 475, 07/11, p. 27-30http://www.nature.com/nature/journal/v475/n7354/full/475027a.html

Point de vue Sarah Sauneron, charge de mission dpartement Questions sociales

enjeux Les e njeux socitaux de la sant mentale Selon lOCDE, la sant mentale doit tre le nouveau dfi prioritaire pour le march du travail . En effet, dans son rapport Mal tre au travail ? Mythes et ralits sur la sant mentale au travail publi en dcembre 2011, lorganisation internationale conclut que la prcarisation croissante des emplois et laugmentation actuelle des pressions au travail pourraient entraner une aggravation des problmes de sant mentale dans les annes venir. En effet, on constate un dveloppement sans prcdent des pathologies dites de la modernit (stress, dtresse psychologique, dpression, suicide), notamment chez les salaris. LOrganisation internationale du travail value entre 3 % et 4 % du produit intrieur brut des tats de lUnion Europenne, les cots directs et indirects de la mauvaise sant mentale pour les individus concerns, les employeurs et la socit (perte de productivit et absentisme). En synthtisant des tudes menes dans plusieurs pays, lOCDE estime elle quune demande de pension dinvalidit sur trois, et dans certains pays une sur deux, est motive par des problmes mentaux. Ces donnes justifient pleinement la mise en place dune stratgie de sant publique en sant mentale ambitieuse qui combine le dpistage et la prvention des troubles des politiques de promotion du bien-tre.

Suisse, 30. En Suisse une rcente tude dtaille les problmes de sant des dtenus dune prison prventive. Prs de 58 % souffriraient de diffrents problmes mdicaux, 40 % seraient consommateurs dau moins une drogue illgale et 16 % prsenteraient des troubles mentaux. Les chercheurs soulignent que comparative ment la population gnrale, la prvalence de la tuberculose, de lhpatite C et de lusage dhrone est plus de dix fois suprieure chez les prisonniers. La nationalit des dtenus pourrait tre un critre incitant un dpistage des maladies infectieuses plus pouss. Ainsi, chez les Gorgiens, le taux dhpatite C atteint 20,8 %, contre 5,7 % en moyenne dans la prison et 0,7 % dans la population gnrale. Pour les auteurs, lemprisonnement devrait tre considr comme une occasion de dispenser des soins mdicaux et des mesures prventives aux migrants.Source : site de lAssociation des mdecins du canton de Genve (AMGE), 4/06/11http://www.amge.ch/2011/06/06/pres-de-60-des-detenus-de-champ-dollon-ont-des-problemes-medicaux/

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 29 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

australo-britannique, 31. Selon une enqute australo-britannique en Australie, au moins un jeune sur douze sinfligerait des blessures volontaires pendant ladolescence (coupures, brlures, etc.). Ce phnomne concernerait davantage les filles que les garons. Mais il disparatrait avant lge de 20 ans dans 90 % des cas, mme lorsque ladolescent na suivi aucun traitement particulier. Cest ce que rvle la premire enqute qui suit des enfants violents envers eux-mmes jusqu lge adulte. La violence dirige contre soi est lun des principaux facteurs de risque pour les comportements suicidaires : 60 % des cas de suicide ont t prcds de formes de violences volontaires. Le panel de lenqute tait constitu de 1 800 Australiens, garons et filles, interrogs neuf fois de lge de 14 ans jusqu plus de 20 ans. La disparition progressive des comportements de violences volontaires serait due, selon les auteurs de ltude, des transformations du cerveau au moment du passage de lenfance lge adulte. Sources : quotidien The Telegraph, 17/11/11, revue The Lancet, 17/11/11http://www.telegraph.co.uk/health/healthnews/8894057/Most-self-harming-stops-by-twenties.html http://www.lancet.com/search/results?fieldName=Authors&searchTerm=George%20C+Patton

Allemagne. 32. Un programme de tlsant mentale a t lanc et valu en Allemagne Les cas de dpression sont trs frquents et leurs impacts, souvent sous-estims : en particulier, ils peuvent voluer sous la forme dune altration gnrale de ltat de sant des individus. Lobjectif de ce programme est de fournir des instruments pertinents pour permettre chacun une autovaluation de son tat de sant, grce aux technologies modernes de linformation et de la communication. Par ailleurs, il vise mieux valuer les effets dune prise en charge prcoce de ces tats de dpression : il sagit en particulier de savoir si une offre de soutien et daide dans une phase prcoce peut induire des modifications de comportements et permettre dviter lapparition dun stade de dpression svre.Source : site du ministre fdral allemand de la Sant, 8/07/11http://www.bmg.bund.de/ministerium/presse/pressemitteilungen/2011-03/e-mental-health-programm.html

33. 33. Selon les premiers rsultats dune tude lance par le psychiatre Pierre Gagn, alors que le taux de suicide au Canada est en baisse dans la population en gnrale, il est en hausse chez les mdecins. Les mdecins de famille (gnralistes) sont les plus touchs. La pression exerce sur les praticiens en serait la principale cause. Lauteur de ltude espre que les facults de mdecines aborderont bientt la question du mal-tre psychologique chez les mdecins, sujet jusqu maintenant tabou. Source : compte-rendu de ltude sur le site dinformation dExpertise sant, 22-23/09/11http://expertisesante.com/modules/AxialRealisation/img_repository/files/documents/Sante%20MD/Programme_SanteMD20 11_Web_15aout.pdf

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 30 -

Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ____________________________________________________________________________________________________

34. Inde, 34. Si Bangalore est aujourdhui la troisime ville dInde aprs New Delhi et Mumbai, Inde et considre par certains comme la Mecque de linformatique, elle est aussi devenue la capitale indienne du suicide. La ville enregistre en effet, depuis dix ans, le plus fort taux de suicide (38 pour 100 000 habitants, contre une moyenne nationale de 10,9 en 2009), et une augmentation de prs de 40 % en 10 ans. Lurbanisation rapide, linscurit de lemploi dans un environnement ultra-comptitif, les conditions de travail stressantes et le sentiment dalination et de solitude que peut engendrer la vie dans une grande ville expliquent ce taux de suicide anormalement lev. De nombreux cas de suicide seraient galement lies des problmes financiers auxquels sont confronts les jeunes cadres de linformatique. Pour y remdier, les habitants de Bangalore se mobilisent : des cellules dcoute ont t cres et plusieurs entreprises ont dcid de venir en aide leurs employs en les encourageant participer des programmes de thrapie antistress . Source : site dinformation Aujourdhui lInde, 24/10/11http://inde.aujourdhuilemonde.com/bangalore-capitale-indienne-de-l%E2%80%99informatique-et-dusuicide

Point de vue Caroline Lensing-Hebben, charge de mission dpartement Questions sociales

Le suicide On relve des diffrences majeures dans l'attitude des groupes sociaux et des socits envers le suicide. A lpoque de lEmpire romain, Snque, philosophe paen de l'cole stocienne, le saluait comme le dernier acte de l'homme libre. Saint Augustin au contraire le concevait comme un pch par essence. Condamn ds le Moyen Age par lEglise catholique, avec une confiscation de la proprit du suicid prvue par le droit mdival, le suicide reste interdit par le christianisme, le judasme et lislam. Sinterroger aujourdhui sur le suicide dun point de vue sociologique impose ncessairement une rfrence au fondateur de l'cole franaise de sociologie, mile Durkheim, qui consacra en 1897 tout un ouvrage (le Suicide) l'tude de ce qu'il considrait comme un phnomne social: le taux de suicide est ainsi abord en tant qu'indicateur de la morale prvalant dans une socit donne. Les explications couramment avances au 19e sicle, savoir lhrdit, la folie, le climat ou encore la contagion sont rcuss par Durkheim. Son intuition selon laquelle le suicide constitue bel et bien un phnomne social a t largement prolonge par de nombreux sociologues.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 31 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

Selon une quipe de chercheurs de luniversit de Lund, en Sude un test Sude, sanguin pourrait permettre de dtecter une tendance suicidaire chez les patients. Les chercheurs ont montr que les patients ayant tent de se suicider se caractrisaient par un niveau dinterleukine 6 (IL6) anormalement lev. Linterleukine 6 est une cytokine cl dans la rgulation de linflammation aigu et chronique, et joue un rle de messager entre les cellules impliques dans ce processus. Des hauts niveaux dIL6 indiquent que les patients suicidaires semblent souffrir dune inflammation du cerveau, ce qui les distingue des personnes dpressives sans tendance suicidaire. Les chercheurs vont tenter de savoir si de tels patients pourraient voir leur tat samliorer si on leur administrait un mlange dantidpresseurs et danti-inflammatoires.Source : site de la Facult de mdecine de luniversit de Lund, 11/10http://www.lunduniversity.lu.se/ http://lup.lub.lu.se/luur/download?func=downloadFile&recordOId=1711071&fileOId=1737714

35.

Point de vue Sylvain Lemoine, chef de dpartement dpartement Questions sociales

La mdecine prdictive Les promesses de la mdecine prdictive sont appeles bouleverser les politiques de prvention. Elles suscitent autant desprances que de craintes, et constitueront sans doute un des principaux dbats en matire de sant publique dans les annes venir. Dune part, comme lillustre cette brve, la capacit anticiper la manifestation de certains maux invite acclrer cette recherche. Dautre part, lutilisation des informations ainsi collectes peut transformer, voire menacer, les mcanismes traditionnels de solidarit. Les exigences comportementales lgard des patients risque seront-elles plus importantes ? Si le voile dignorance est lev, comment les assurances publiques et prives fonctionneront-elles lavenir ? Il sagit donc de dessiner une voie permettant de bnficier des progrs scientifiques tout en prvenant les innombrables drives potentielles. Si le constat est partag, les rponses thiques et politiques tardent encore merger.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 32 -

Comment prvenir les risques et investir dans le social ? ____________________________________________________________________________________________________

I.1.4 . Ingalits daccs aux soins I.1.4

tats-Unis, 36. Aux tats-Unis selon une tude ralise par lUniversit de Washington sur les annes 1987 2007, lesprance de vie des Amricains (75,6 ans pour un homme et 80,8 pour une femme en 2007) se situe en de de la moyenne des autres pays industrialiss (37e place mondiale) et varie considrablement dune rgion lautre, voire diminue dans un nombre croissant dendroits. Les chercheurs dfinissent ainsi une zone noire , qui va de la Virginie occidentale jusquau Nord du Texas. A contrario, lesprance de vie augmente chez certaines populations de diverses aires gographiques (les Noirs dans le District de Columbia, les sropositifs New York, etc.). Le Nord de la Virginie, la Colorado, le Minnesota, lUtah, la Californie, ltat de Washington et la Floride prsentent les taux les plus levs. Parmi les explications avances : lobsit, le tabac (notamment chez les femmes), lhypertension et la pnurie de mdecins. Or, les dpenses de sant par tte sont aux tats-Unis 50 % suprieures celles des pays europens. Mais les ingalits y sont plus criantes. Source : site de lInstitute for Health Metrics and Evaluation et quotidien The Washington Post,15/06/11http://www.healthmetricsandevaluation.org/news-events/news-release/life-expectancy-in-us-counties-2011 http://www.washingtonpost.com/national/life-expectancy-in-the-us-varies-widely-by-region-and-in-someplaces-is-decreasing/2011/06/13/AGdHuZVH_story.html?hpid=z3

Les carts desprance de vie se creusent entre le Nord et le Sud du RoyaumeRoyaumeUni. Uni Ils sont aujourdhui de 13 ans. Bien que lesprance de vie augmente de manire gnrale dans le pays (78,2 ans pour les hommes et 82,3 pour les femmes), les statistiques de lOffice for National Statistics (ONS) montrent que les enfants ns dans le Sud de lAngleterre vivront potentiellement plus longtemps que ceux ns dans le Nord et en cosse. En affinant le constat, on peut ainsi constater que les garons de Kensington et Chelsea, deux quartiers hupps de Londres, ont une esprance de vie la naissance de 85,1 ans (89,8 pour les filles), alors que celle des garons naissant Glasgow slve 71,6 ans (78 pour les filles). Les associations dnoncent ces ingalits territoriales qui ont augment depuis les derniers chiffres publis sur la question (2004/2006). LONS pointe le rle de laugmentation des ingalits de sant sur le territoire britannique. Du ct du Labour, on insiste sur les consquences nfastes de la rforme en cours du financement du National Health Service, qui risque daccrotre encore la raret des moyens mdicaux dans les zones conomiquement dfavorises. Source : quotidien The Independent, 19/10/11www.independent.co.uk/news/uk/home-news/life-expectancy-divide-widens-2372860.html

37.

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 33 -

300 propositions, innovations et curiosits sociales venues de ltranger ___________________________________________________________________________________________________

Dans son Annual Report 2010-2011, la Care Quality Commission (CQC) britannique dresse un bilan svre : seule la moiti des hpitaux et des maisons de repos prodiguant des soins infirmiers rpondent aux indicateurs de performance, en particulier pour ce qui concerne la sret et la qualit des soins. Un tiers des tablissements (privs et/ou grs par le National Health Service [NHS]) sont en-de des standards en matire de bien-tre des patients et de nourriture fournie. La CQC relve nanmoins des progrs sur la propret et lhygine des tablissements. Par ailleurs, dans son State of Care Overview pour 2010-2011, la CQC explique que les dlais dattente pour se faire soigner ont augment dans les premiers mois de 2011 pour les patients admis dans des hpitaux publics. Alors que ce dlai ne doit pas excder dix-huit semaines aprs la premire visite chez le gnraliste, selon les textes officiels du NHS, cet objectif nest plus tenu. Le nombre de patients qui doivent attendre plus longtemps a augment dun tiers pour atteindre, en juillet 2011, 10 % de lensemble des patients hospitaliss. Source : quotidien The Guardian, 15/09/11www.guardian.co.uk/society/2011/sep/15/hospitals-care-homes-inadequate?INTCMP=SRCH

38.

39. Selon le Healthcare Industry Barometer 2011 publi le 13 septembre, les usagersbritanniques sont de plus en plus nombreux se tourner vers des services de sant privs, au dtriment des structures publiques, notamment pour les fractures du col du fmur, les oprations de la cataracte ou les hernies. La rforme du National Health Service souhaite par le gouvernement de coalition comporte en effet un volet budgtaire drastique : retour une augmentation annuelle des dpenses quasi nulle (+ 0,1 %) et gains defficience de 20 milliards de livres dici 2015. Pour les usagers, cela se traduit souvent par des dlais de prise en charge allongs. Sources : quotidien The Guardian, 13/09/11, et site du Healthcare Industry Barometer, 13/09/11www.guardian.co.uk/business/2011/sep/13/private-healthcare-boosted-by-nhs-rationing www.healthinvestor.co.uk/pdfs/NabarroHealthcareBarometer2011_web.pdf

40. Afin de rduire les ingalits en matire de sant, le gouvernement brsilien est dcid mieux rpartir les mdecins dans le pays. En effet, 75 % des mdecins vivent dans les villes et, selon le Conseil fdral de mdecine, 22 % des 5 506 villes ne comptent aucun praticien parmi leurs rsidents. Le ministre de la Sant du Brsil a donc lanc un ambitieux programme dont le but est denvoyer des professionnels de la sant dans les villes qui bnficient de ressources limites en matire de sant.Source : Organisation mondiale de la santhttp://www.who.int/bulletin/volumes/86/4/08-030408/en/index.html

____________________________________________________________________________________________________Centre danalyse stratgique, avril 2012 www.strategie.gouv.fr

- 34 -

Comment prvenir les risques et investir dans le so