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Sida : trente ans de lutte En mai 1983, le virus de l’immunodéficience humaine était décrit dans la revue « Science ». Bilan et perspectives de trois décennies de recherches. PAGE2 Sept ans de réflexion pour une fleur Il aura fallu un septennat à la mai- son Vacherot & Lecoufle pour produire sa dernière variété d’orchidée, dédiée à Le Nôtre, jardinier de Louis XIV. PAGE 3 Un couple de rencontres Depuis un demi-siècle, Kim et Jean Tran Thanh Van organisent des conférences qui permettent aux chercheurs d’échanger hors des cadres établis. PAGE 7 carte blanche Nicolas Gompel, Benjamin Prud’homme Généticiens, Institut de biologie du développement de Marseille-Luminy (CNRS) (PHOTO : MARC CHAUMEIL) L es biologistes sont depuis longtemps confrontés à une question aussi essentielle que paradoxale : comment les cellules d’un organisme peuvent- elles devenir aussi différentes que des neurones ou des cellules musculaires alors qu’elles possèdent toutes les mêmes gènes ? La réponse est simple : chaque type cel- lulaire n’utilise qu’une partie de ses gènes. Cette répon- se est venue initialement non pas de l’étude de cellules aussi complexes que des neurones ou des muscles, mais de l’analyse des mœurs alimentaires d’une modes- te bactérie qui peuple nos intestins. A la fin des années 1950, François Jacob, qui vient de disparaître, Jacques Monod et André Lwoff étudient à l’Institut Pasteur de Paris la machinerie génétique bacté- rienne du métabolisme du lactose (un sucre abondant dans le lait). Grâce à ce système, ils imaginent et démon- trent que les gènes d’un organisme se répartissent en deux grandes catégories, les gènes de structure et les gènes régulateurs, et que leurs interactions orchestrent la vie des cellules. Cette conception révolutionnaire du fonctionnement du génome leur vaudra, en 1965, un des prix Nobel les plus importants en biologie. Les gènes de structure, tels les musiciens d’un orches- tre produisant la mélodie, donnent naissance à des pro- téines qui participent à la construction et la physiolo- gie des cellules. En revanche, les produits des gènes régulateurs contrôlent l’expression des gènes de struc- ture, leur dictant où et quand s’activer, comme des chefs d’orchestre conduisant leurs musiciens. Jacob et Monod ont compris que l’expression sélective des gènes nécessaires au métabolisme du lactose (les musi- ciens) était contrôlée par le produit d’un gène régula- teur (un chef d’orchestre) lui-même sensible à la pré- sence du lactose. Ce système de régulation permet ainsi à la bactérie de n’exprimer les gènes du métabolisme du lactose qu’en présence de ce sucre dans le milieu. Cette décou- verte a ouvert la voie à l’identification des principes généraux de la régulation de l’expression des gènes, universels au vivant, ce qui faisait dire à Jacques Monod que « ce qui est vrai pour la bactérie est vrai pour l’éléphant ». Cette nouvelle manière d’appréhender le fonctionne- ment du vivant allait permettre d’élucider certains mystères du développement embryonnaire et, en parti- culier, comment une cellule œuf unique donne nais- sance à des milliards de cellules différentes. C’est en effet sur les pas de Jacob et Monod que l’on explore encore aujourd’hui comment les cellules d’un embryon, toutes porteuses des mêmes gènes, adoptent au fur et à mesure qu’elles se multiplient des identités différentes et des fonctions distinctes, en exprimant chacune des ensembles particuliers de gènes parmi tous ceux qu’elles possèdent. De ces recherches fondamentales découlent égale- ment les espoirs de la médecine régénérative, qui pro- pose de réparer ou de remplacer les tissus endomma- gés en manipulant directement la régulation des gènes dans des cellules souches. Faut-il insister sur le fait que ces révolutions scienti- fiques remontent à l’étude du métabolisme d’une bac- térie il y a plus de cinquante ans ? Un sujet d’étude purement fondamental, sans application biomédicale évidente, et qui allait pourtant révolutionner la biolo- gie et la médecine. Un exemple qui devrait inspirer nos politiques de recherche. p Génération « biture express » Les jeunes consomment toujours plus d’alcool, toujours plus tôt. Le « binge drinking », cette quête de l’ivresse instantanée, progresse en France. De l’« after » imbibé aux consultations pour ados en difficulté, en passant par les travaux sur des rats alcooliques, enquête sur un phénomène dont on commence seulement à mesurer les conséquences sanitaires et psychosociales. PAGES 4-5 L’orchestration du génome La Lake Parade, technoparade autour de la rade de Genève (Suisse), a rassemblé 200 000 personnes lors de sa seizième édition en 2012, selon les organisateurs. STEEVE IUNKER/AGENCE VU Cahier du « Monde » N˚ 21261 daté Mercredi 29 mai 2013 - Ne peut être vendu séparément

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Sida: trente ans de lutte Enmai1983, le virus de l’immunodéficiencehumaine était décrit dans la revue«Science». Bilan et perspectives detrois décennies de recherches. PAGE 2

Sept ans de réflexion pour unefleur Il aura falluunseptennat à lamai-sonVacherot&Lecoufle pourproduiresadernière variété d’orchidée, dédiée àLeNôtre, jardinier de LouisXIV. PAGE 3

Uncouple de rencontresDepuisundemi-siècle, Kim et Jean Tran ThanhVanorganisent des conférences quipermettent aux chercheurs d’échangerhors des cadres établis. PAGE 7

c a r t e b l an ch e

NicolasGompel,Benjamin

Prud’hommeGénéticiens,

Institut de biologiedu développement

deMarseille-Luminy (CNRS)(PHOTO: MARC CHAUMEIL)

L esbiologistes sont depuis longtemps confrontésàunequestionaussi essentiellequeparadoxale:comment les cellules d’unorganismepeuvent-

elles devenir aussi différentesquedesneuronesoudescellulesmusculaires alors qu’ellespossèdent toutes lesmêmesgènes? La réponseest simple: chaque type cel-lulairen’utilise qu’unepartie de ses gènes. Cette répon-se est venue initialementnonpasde l’étudede cellulesaussi complexesquedesneuronesoudesmuscles,maisde l’analysedesmœursalimentairesd’unemodes-te bactériequi peuplenos intestins.

A la findes années 1950, François Jacob, qui vientdedisparaître, JacquesMonodetAndré Lwoff étudientàl’InstitutPasteurdeParis lamachineriegénétiquebacté-riennedumétabolismedu lactose (un sucre abondantdans le lait). Grâce à ce système, ils imaginentetdémon-trentque les gènesd’unorganismese répartissentendeuxgrandes catégories, les gènesde structureet lesgènes régulateurs, et que leurs interactionsorchestrentla viedes cellules. Cette conception révolutionnairedufonctionnementdugénome leur vaudra, en 1965, undesprixNobel les plus importants enbiologie.

Les gènes de structure, tels lesmusiciensd’unorches-treproduisant lamélodie, donnentnaissanceà despro-téinesqui participentà la constructionet la physiolo-gie des cellules. En revanche, les produits des gènesrégulateurs contrôlent l’expressiondes gènesde struc-ture, leurdictant oùet quand s’activer, commedeschefsd’orchestre conduisant leursmusiciens. Jacob etMonodont compris que l’expression sélective desgènesnécessaires aumétabolismedu lactose (lesmusi-ciens) était contrôléepar le produit d’ungène régula-teur (un chef d’orchestre) lui-mêmesensible à la pré-sencedu lactose.

Ce systèmede régulationpermet ainsi à la bactérieden’exprimer les gènesdumétabolismedu lactosequ’enprésencede ce sucre dans lemilieu. Cette décou-verte a ouvert la voie à l’identificationdes principesgénérauxde la régulationde l’expressiondes gènes,universels au vivant, ce qui faisait dire à JacquesMonodque «ce qui est vrai pour la bactérie est vraipour l’éléphant».

Cettenouvellemanièred’appréhender le fonctionne-mentduvivant allait permettre d’élucider certains

mystèresdudéveloppementembryonnaire et, enparti-culier, commentune celluleœufuniquedonnenais-sance à desmilliardsde cellulesdifférentes. C’est eneffet sur les pas de Jacob etMonodque l’on exploreencore aujourd’hui comment les cellulesd’unembryon, toutesporteuses desmêmesgènes, adoptentau fur et àmesurequ’elles semultiplientdes identitésdifférentes et des fonctionsdistinctes, en exprimantchacunedes ensemblesparticuliers degènes parmitous ceuxqu’elles possèdent.

De ces recherches fondamentalesdécoulent égale-ment les espoirs de lamédecine régénérative, qui pro-posede répareroude remplacer les tissus endomma-gés enmanipulantdirectement la régulationdes gènesdansdes cellules souches.

Faut-il insister sur le fait que ces révolutions scienti-fiques remontent à l’étudedumétabolismed’unebac-térie il y a plus de cinquanteans?Un sujet d’étudepurement fondamental, sans applicationbiomédicaleévidente, et qui allait pourtant révolutionner la biolo-gie et lamédecine.Unexemple qui devrait inspirer nospolitiquesde recherche.p

Génération«bitureexpress»Les jeunes consomment toujoursplusd’alcool, toujoursplus tôt. Le «bingedrinking», cettequêtede l’ivresse instantanée,

progresseenFrance.De l’«after» imbibéauxconsultationspourados endifficulté, enpassantpar les travauxsurdes rats alcooliques,enquête surunphénomènedontoncommenceseulementàmesurer les conséquences sanitaires etpsychosociales.

PAGES 4-5

L’orchestrationdugénome

La Lake Parade, technoparade autour de la radedeGenève (Suisse), a rassemblé 200000personnes lorsde sa seizièmeédition en 2012, selon les organisateurs.

STEEVE IUNKER/AGENCE VU

Cahier du «Monde »N˚ 21261 datéMercredi 29mai 2013 - Ne peut être vendu séparément

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Virusdusida: lesnouveauxdéfism é d e c i n e | TrenteansaprèsladécouverteduVIH,lesvaccinstardentàvoir lejour, l’accèsauxsoinsresteencoretroplimité.

Maisl’optimisationdestraitementsprogressepourtenterd’obtenirdesrémissionscomplèteschezlesséropositifs

Paul Benkimoun

Beaucoupaétéfait,beau-coupresteàfaire.»C’estle diagnostic porté surl’état de la recherche ausujet de l’infection parle VIH selon Anthony

Fauci, directeur du National InstituteofAllergyandInfectiousDiseases(Ins-

titutnationaldesallergiesetdesmala-dies infectieuses, leNIAID). Ce scienti-fique de premier plan s’exprimait,mardi 21mai, à l’Institut Pasteur deParis, lors du colloque célébrant le30eanniversaire de l’identification duvirus responsabledusida, làmêmeoùladécouverte a eu lieu.

Cette conviction de vivre unmomentcharnière est fondée surunedouble certitude, largement partagée

dans la communauté des chercheurssur l’infection par le VIH. D’une part,la recherche sur le virus a progressé àgrandspasets’est traduitepardespro-grès significatifs capables de changerradicalement le sort des personnesatteintes et, d’autre part, sans nouvel-lespercées scientifiques, il ne serapaspossible d’empêcher durablementl’infection virale de progresser chezun individu.

Les dernières données chiffrées surla pandémie sont éloquentes: à la fin2011, le monde comptait 34millionsde personnes vivant avec le VIH.Décès comme nouvelles infectionscontinuent de diminuer; ces progrèsrésultent de la combinaison d’outilsdéveloppésaucoursdestrentederniè-res années et associant prévention ettraitement.

L’une des tâches immenses qui res-tent àmener à bien consiste à étendrel’accès aux différentes interventions.Là encore, les chiffres cités par Antho-ny Fauci parlent d’eux-mêmes: 46%despersonnesremplissant les critèresdemisesoustraitementantirétroviraln’enbénéficientpaset cepourcentageculmineà 72%dans le casdes enfants.De plus, le niveau de dépistage d’en-trée et de maintien dans la prise encharge sanitaire est encore loin ducompte dans beaucoup d’endroits, arappelé le directeur du NIAID, avant

de citer lamanière dont le nombre depatientsdécroît au fil du «continuumdes soins» aux Etats-Unis.

En 2012, un suivi est proposé auxdeux tiers des 1 148200personnesvivant avec le VIH aux Etats-Unis,mais se poursuit pour seulement 37%d’entre elles. Des antirétrovirauxsontproposés à un tiers des séropositifs,mais seulement un quart atteint l’ob-jectif d’unechargevirale indétectable.

Surleplandutraitement,uneévolu-tion est en train de se produire pourtraiter plus précocement les person-nes vivant avec le VIH. La recomman-dation internationale est de démarrerle traitement antirétroviral lorsque lenombre de lymphocytes T CD4 +(lesprincipales cibles du VIH) descendau-dessous du taux de 350 par ml. Latendance serait à présent de traiteravant que le taux soit descenduau-dessous de 500 lymphocytesTCD4parml.

En matière de précautions égale-ment, des perfectionnements desoutils existants sont en train d’êtremis en œuvre : valider la notion dutraitement commemoyende préven-tion, optimiser l’adhésion aux traite-mentsdeprophylaxiepré-exposition,étendre la circoncision des hommesdanslespaysdeforteprévalenceetéli-minerlatransmissiondelamèreàl’en-fant, comme cela a été réalisé dans les

pays développés. Reste à améliorer denouveaux outils pour atteindre l’ob-jectif d’un traitement fonctionnel(«cure») avec une rémission complè-te qu’a fixé la Société internationaledusida(IAS),quepréside leprofesseurFrançoise Barré-Sinoussi. Cela va dudéveloppement d’antirétroviraux àaction prolongée, permettant des pri-ses plus espacées, aux thérapies cellu-laire et génique.

L’objectifréalisablen’estpas l’éradi-cationduVIHchez lespersonnesséro-positives,maisbienuncontrôleà longterme après l’arrêt du traitement.Diverses tentatives d’interruption oude pause thérapeutiques ont donnédes résultats décevants, vraisembla-blement en raison de l’existence dansdifférentscompartimentsdel’organis-me de réservoirs où le VIH peutdemeurer à l’état latent avant d’êtreréactivéetdeserépliquerdenouveau.«Il y a des lueurs encourageantes aubout du tunnel», a cependant affirméavecprudenceAnthonyFauci.

Cet optimismemesuré s’appuie surplusieurs faits scientifiques. Toutd’abord, les elite viral controllers. Ces«contrôleursd’élite» (moinsde1%desséropositifs) ont des caractéristiquesgénétiques permettant un contrôleimmunologiquedu virus, sans que lesmaladesaientjamaisététraitéspardesantirétroviraux. Plusieurs argumentsscientifiques laissent espérer qu’un telcontrôle immunologique puisse êtreinduit après traitement.

C’est le cas du «patient de Berlin»,chez qui une greffe de moelle osseuseavecundonneur lui-mêmecontrôleurd’élite a permisunarrêt du traitementdepuis plusieurs années sans rebonddel’activitéduVIH.EnFrance, l’Agencenationalede recherchesur le sidaet leshépatitesvirales(ANRS)suitungroupede 14individus, la «cohorte Visconti»,missousantirétrovirauxsitôtleurséro-positivitédécouverte et qui contrôlentle virus jusqu’à près de dix ans aprèsarrêtdeleurtraitement,pourlepatientleplusancien.Enmars,unphénomènesimilairechezunbébénéauMississip-pi et aussitôt traitéa étémédiatisé.

Un traitement précoce diminueraitla taille des réservoirsduVIHdans l’or-ganisme et en particulier du principal,représenté par les lymphocytes T CD4mémoires, qui sont spécifiques d’unantigène donné et possèdent une lon-gueduréedevie.

Des stratégies dirigées contre cesréservoirs,qui constituentuneépéedeDamoclès pour les personnes infec-tées, sont en cours d’élaboration. Ellestestent des interventions qui pour-raient plus oumoins être combinées:intensificationdutraitementantirétro-viral, purge des réservoirs en activantles cellules infectées par un virus en

latence, traitement immunotoxiquedirigé contre ces réservoirs, utilisationdecellules souches, thérapiegénique…

Reste laquestiondesvaccins, à viséeaussi bien préventive de l’infectionquethérapeutique,cequirevientàuneimmunothérapie, chez des personnesdéjà infectées,undomainedans lequell’ANRS a toujours été très active.«Contrairementàlavaccinologieclassi-que pour laquelle la preuveduprincipedudéclenchementd’uneréponseimmu-nitaire efficace est faite, ce n’est pas lecas de la vaccinologie appliquée à l’in-fectionpar leVIH»,aconstatéAnthonyFauci. En effet, les anticorps neutrali-sants autologues n’apparaissent queplusieurs mois après l’infection et necontrôlentpaslaconcentrationsangui-ne du virus. De plus, les anticorps neu-tralisants réactifs ne sont retrouvésque chez environ 20%des séropositifsetunàdeuxansaprès l’infection.

Le vaccin préventif serait-il unechimère? «La route vers un vaccin pré-ventif estdifficilemais faisable»,main-tient Anthony Fauci. Les défis sontdonc encore considérables, mais larecherche sur le VIH est extrêmementactive, notamment en France, et unenouvelle génération de scientifiquess’est engagée dans cette voie, assurantla future relèvedespionniers. p

SCIENCE&MÉDECINE A C T U A L I T É

Alléger le traitementantirétroviral

«La route versunvaccinpréventif est difficile

mais faisable»AnthonyFauci

directeurduNational Institute of Allergyand InfectiousDiseases (NIAID, Etats-Unis)

Figurehistoriquede la lutte contrele sida, le docteur Jacques Lei-bowitch (hôpital Raymond-Poinca-ré, àGarches)n’est pas lemoins ico-noclastedes chercheurs.Depuis2003, il proposeà ses patients, chezlesquels l’infectionvirale est souscontrôle, d’alléger leur traitementantirétroviral: de sept jours sursept, les volontairespassent à cinqjourspar semaine, puis, si la chargeviraledemeure indétectable, à qua-tre joursdeprisepar semaineet ain-si de suite. Tous les participants à ceprotocole, baptisé «Iccarre», nepar-viennentpas aumêmeniveaud’al-légementdu traitementet leurnombres’amenuise enmêmetempsque celui desprises. Lors desaprésentation, jeudi 23mai à l’Ins-titutPasteur, Jacques Leibowitchaexpliquéqu’il utiliseunenouvellecombinaisonde quatre antirétrovi-raux. Sonprotocole auraitpermisde supprimer60%dutraitementinitial. Il souhaitemettre enplaceunessai cliniquepour étayer sonapprocheetneménagepas seseffortspour cela. Le promoteurdel’essai serait l’universitéVer-sailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

Lapistede la thérapiegénique

Patient

Virus

Estimation : haute moyenne basse courbe fictive

Prévention

Traitement

0

1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

1

2

Nombre de morts du sida par an depuis 1980 dans le monde, en millionsDes avancées sur tous les fronts

SOURCES : ONUSIDA, ANRS

5 juin 1981

20 mai 1983

1984 1985

Publication dans Sciencede l’identification d’unrétrovirus rebaptisé VIH.

Identification du1er récepteur (CD4) utilisépar le VIH pour infecterles cellules.

Un 2e type de VIH est découvert.

Le 1er médicament antirétroviralcontre le VIH, la zidovudine (AZT),est autorisé aux Etats-Unis.

Confirmation : l’AZTréduit la transmissiondu VIH de la mèreà l’enfant.

Commercialisation des premierstests dits « Elisa » détectantles anticorps dirigés contre le VIH.

Les deux principaux corécepteursutilisés par le VIH pour infecterles cellules sont identifiés.

Description des rares patientselite controllers, dont le systèmeimmunitaire contrôle naturellementle VIH sans traitement.

Démonstration de l’efficacitédes trithérapies (combinaisonde trois antirétroviraux)contre le VIH.

Un essai clinique en Afrique,coorganisé par l’ANRS, montreun effet protecteur de lacirconcision.

Cinq cas d’hommes jeunes,homosexuels, à Los Angeles, présentantune infection pulmonaire rareet une déficience immunitaire.

18 juillet 1986

19 mars 1987

1994

19962010-2011

20122005

1995-1996 2005 à nos jours

Accumulation des donnéessur la prévention parles antirétroviraux du risqued’infection.

Le « patient de Berlin » infecté parle VIH et atteint de leucémie estsoigné par greffe de moelle. Il reçoitdes cellules immunitaires résistantesà l’infection. Il est déclaré « guéri ».

2012Une nouvelle stratégie pour éliminercomplètement le réservoir viralde l’organisme est mise en place :« Towards an HIV cure ».

P arler de thérapie génique àpro-posde l’infectionpar le VIHpourrait sembler inattendu.

Intervenant lors du colloque célébrantles 30ansde l’identificationduVIHàl’InstitutPasteur, jeudi 23mai,MarinaCavazzana (Insermet hôpitalNecker-Enfantsmalades, à Paris) a présentél’intérêtd’une telle approche.

Lepoint de départ est le cas dudésormais fameux«patientdeBer-lin», TimothyBrown, unAméricainvivant avec le VIHet qui avait présen-téune leucémiequi rendait nécessaireunegreffedemoelle osseuse. Lesmédecinsqui le soignaient à Berlinont cherchéparmi les donneurs com-patibles s’il y en avait unqui présente-rait une résistance spontanée audéve-loppementde l’infectionpar leVIH. Lachance leur a souri et, depuis 2007,TimothyBrownn’a plusde traitementantirétroviral, sans que l’infection sesoit ànouveaumanifestée.«Ce casuni-queapporteunepreuveduprincipe»,souligneMarinaCavazzana.

Pourqu’une thérapie géniquepuis-se être considérée commepossible,

explique-t-elle, il reste «àdémontrersurdes groupes d’individusprésentantun cancer en plus d’une infectionpar leVIHqu’ils peuvent recevoir une chimio-thérapie anticancéreuse, qui détruit lescellules de leurmoelle osseuse, et unegreffede cellules génétiquementmodi-fiées qui accroisse leur résistanceaudéveloppementde l’infection».

Problèmes financierset humainsLa thérapie génique, insisteMarina

Cavazzana, bénéficie des grandspro-grès accomplis sur les vecteursviraux,mêmesi passer à une grandeéchelle posera des problèmesdemoyens financiers et humains. A ter-me, elle pourrait aussi être appliquéeà des personnes vivant avec le VIH etn’ayant pas de cancer.

Deux approches sont envisagées.La première bloquerait l’entrée duvirus en apportant au patient uneversionmodifiée d’un gène codantpour un récepteur utilisé par le VIHpour pénétrer dans les cellules.«Nous devons progresser pas à pas,met en gardeMarina Cavazzana. Si

nous ciblons un seul gène, se pose leproblème de la capacité du VIH à utili-ser un autre corécepteur ou d’ouvrirla voie à une souche du VIHminoritai-re par rapport à celle prédominantchez le patient.»

Deuxièmeoption: «Bloquer la répli-cation du virus et sa capacité à infec-ter. Un essai, encore en phase préclini-que, a étémonté avec l’appui de l’Agen-ce nationale de recherches sur le sida(ANRS)», préciseMarinaCavazzana. Ilne sera pas possible de corriger toutesles cellules,mais, si 30% à 40%d’en-tre elles l’étaient, cela constituerait unavantage compétitif pour ces cellules.

«Nous savons qu’il existe des défi-cits immunitaires avec 40gènes diffé-rents donnantune susceptibilité auxinfections.Nous ne pouvons pas cibler40gènes,mais essayer de rendre les cel-lules résistantes à unemaladie. Ainsiconçue, la thérapie génique pourraitêtre proposée à un plus grandnombrede personnes», en association avecd’autres traitements, estimeMarinaCavazzana.p

P.Be.

2 0123Mercredi 29mai 2013

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MédecineAccident vasculaire cérébral :la piste des cellules souchesUne réductiondes séquellesd’accidentsvasculaires cérébraux (AVC) a étéconstatée chez cinqpatients aprèsinjections intracérébralesde cellulessouches, selonBBCNews, qui fait état derésultats qui devaient être présentés àLondres,mardi 28mai, auCongrèseuropéensur lesAVC.Cet essai cliniquepréliminaire, qui a lieu à l’université deGlasgow (Ecosse), est l’undes premiers aumondeavec des cellules souchesembryonnaires.Avant tout, il vise àétudier la tolérancede cette stratégiethérapeutique.Neufhommesdeplusde60ans, ayant subiun accident vasculairecérébral dans les sixmois à cinq ansprécédents, y ont été inclus. Le traitementa étébien toléré. L’investigateurprincipal,KeithMuir, se dit surprisparl’amélioration tardiveobservéemaisresteprudent: «Nous avons vudespatients retrouver la capacité de bougerleurs doigts, alors qu’ils étaientcomplètementparalysésdepuis plusieursannées.» Il souligne toutefois que ceseffets, d’intensité légère àmodérée,pourraient être dus àun effet placebo.

67%

Anti-violencesdomestiques2.0Desservicesmobilesdiscretssontconçuspourlesvictimes

C’est la proportiondespiétons françaisqui traversent la rue alors que le feu estvertpour les voitures. Ils ne sont que 7%au Japon, selonune étudemenéedans lesuniversitésde Strasbourget deKyoto etpubliéeen lignedansAccidentAnalysisandPrevention (C. Sueur et al.).Ce constat a été tiréde l’observationde245Japonaisde la ville d’Inuyamaet de315Strasbourgeois. Enoutre, les Françaislaissentdeux foismoinsde tempsentreunevoiture et euxque les Japonais. LesNipponnes sontplusprudentesque leurscompatriotesmâles,mais pas lesFrançaises.

LeNôtreaurasonorchidéeb o t a n i q u e | LescréateursVacherot&Lecoufleprésenterontunenouvellevariété

desabot-de-Vénus,auxTuileriesàParis le30mai,enhommageaujardinierdeLouisXIV

A C T U A L I T É SCIENCE&MÉDECINE

Francis Gouge

Le 30mai, une nouvelleorchidée sera baptiséedunomde LeNôtreparNathalie Kosciusko-Morizet, ancienneministrede l’écologieet

de l’environnement, et Alain Bara-ton, jardinier en chef du grand parcdeVersaillesetdudomainenationaldu Trianon, sesmarraine et parrain.Ilya sixansquesoncréateur,Philip-pe Lecoufle, et son épouse, Françoi-se, cogérants de Vacherot &Lecou-fle,plusancienneentreprisefamilia-led’orchidéistesdumonde, installéedepuis 1886 à Boissy-Saint-Léger(Val-de-Marne),n’avaientpasorgani-séune telle cérémonie.

Le nouveau venu, un Paphiopedi-lum, ou sabot-de-vénus, représentelaneuvièmegénérationd’unelignéed’hybrides dont les origines asiati-ques remontent à 1877. Le plus loin-tain ancêtre, une orchidée botani-que, c’est-à-dire sauvage, un Paphio-pedilum insigne, a de nouveau étéintroduitcommeparentdeladerniè-re génération. Le second parent, dunomde Voltaire, est le fruit de deuxhybrides réputés : Volpone, créé àBoissy en 1970, et Thunder Bay, uncroisementaméricainde 1960.

La Le Nôtre est un beau bébé,sobre, raffiné, élégant. Sa fleur, quis’inscrit dans un cercle de 12cm dediamètre, affiche une tonalité brunclairéclairéede jaune, auréoléed’undemi-cercleblanc sur lapartie supé-rieure et joliment ponctuée de peti-

tes taches grenat. Ses feuillesrubanées, longues d’une vingtainede centimètres sont de prime abordd’un aspect vert clair, mais uneobservation plus attentive permetdedistinguerunemarbrurededeuxtonalités, vert olive et vert bleuté.«Elle pourrait très bien figurer dansun tableau du XVIIe », note GaëlLiaigre, l’hommeà toutbien fairedel’entreprise.

«De la haute couture»Cenouveauvenudans l’immense

familledes orchidées, laplus grandede celles des plantes à fleurs avec30000espèces, est le fruitd’un longetpatienttravail.Créerunenouvellefleur «est un casse-tête chinois»,insisteFrançoise Lecoufle.

Le processus commence par la

fécondation. Philippe Lecoufle, d’ungeste simple et précis, prélève le pol-lensurundesdeuxparentssélection-nés à l’aide d’un bâtonnet. Ce sera lepère. Il féconde alors la plantemère,ou porte-graine, en déposant le pol-len sur son pistil, à la base du sabot.Quelques joursaprès la fécondation,la fleur tombe.L’ovairesedéveloppeet enfle légèrement pour former unfruit. De Sept à dix-huit mois plustard (neuf mois pour un sabot-de-vénus), celui-ci étant mûr, onrecueille les grainesqu’il contient.

On passe alors à la délicate étapedu laboratoire. Les graines sontsemées dans des boîtes stériles surun substrat de gélose à base d’agar-agar, très riche en matières nutriti-ves. La moindre bactérie entrantdans cemilieu se développe rapide-

ment aux dépens de la plante, quisera rempotée plusieurs fois aucours des douze à dix-huitmois quisuivront. «Nous devons les chou-chouterpourdiminuer les risques demortalité infantile», fait remarquerGaël Liaigre.

Cettepérioded’acclimatationpas-sée, les jeunes orchidées, qui peu-vent être 300 ou plus, poursuiventleurcroissanceenserrependantplu-sieurs années avant de fleurir pourla première fois. L’attente peutdurer jusqu’à dix ans, c’est-à-direqu’il en aura fallu douze au totalpourobtenir unenouvelle fleur.

Pour sa part, la Le Nôtre, qui seraen vente en 2014, a demandésept ans. Cette période dite «deculture» exige encore soins, atten-tion…etchaleur,cequifaitdireàPhi-lippe Lecoufle : «Gaz de France estnotre plus gros actionnaire.» Celaexpliquepourquoi la créationd’unenouvelleespècereprésenteuninves-tissement important même s’il nepeut être chiffré, et c’est la raisonpour laquelle Vacherot &Lecouflereste un des derniers obtenteursd’orchidéesen Europe.

Les nouvelles plantes sont enre-gistrées auprès de la Société royaled’horticulture, à Londres, ce quin’estniuneobligationniunegaran-tie.«Onn’aque l’honneurd’avoirétéenregistré», ironiseFrançoiseLecou-fle.«Onchangeles formes,ontrouvedes couleurs qui n’existent pas, c’estde la haute couture», conclut sonmari,unartistedontl’entreprisecol-lectionne les récompenses de Lon-dres àNewYork.p

Loup Espargilière

Donner aux victimes deviolences domestiquesdes moyens sûrs et dis-crets pour appeler à

l’aide : l’idée initiale du projetremonte à l’année 2010. MartinEmms, doctorant en informatiqueà l’université de Newcastle-upon-Tyne (Grande-Bretagne), refondalors le site Internet d’un centrelocal de soutien aux victimes deviolencesconjugales.«Nousavonsdes services d’aide, mais les victi-mes ne s’en servent pas, consta-te-t-il.Commentrésoudrecetteina-déquation?»

Afin de répondre, un groupe dechercheurs se constitue alors dansle cadre d’un vaste programme,baptisé «SiDE» (Inclusion socialeau travers de l’économie numéri-que), et visant à concevoir diverstypes de solutions numériquespour lutter contre toute formed’exclusionsociale.

Comme l’explique Budi Arief,associé de recherche au centre decybercriminalité et de sécuritéinformatique de l’université,l’équipe s’appuie sur un doubleconstat : «D’une part, les victimesde violences conjugales ne saventsouvent pas où chercher de l’aide.D’autre part, elles craignent queleur partenaire n’ait vent de leursappelsausecours.»Toutl’enjeuestde créer une suite logicielle faciled’accès et d’utilisationpermettantde trouver du soutien en ligne demanière indétectable.

Misant sur une généralisationfuture de l’emploi des nouvellestechnologiesmobiles, l’équipeéla-boreuncertainnombrededisposi-tifs fonctionnant principalementsur la plate-forme Android, plusaccessible. Ces logiciels seront dis-tribués dans un premier tempsaux personnes ayant déjà subi la

violence de leur conjoint, au tra-vers de centres de soutien et desservicesdepolice.

Lepremierdispositifconsisteenune adresse URL à usage unique:scannés une première fois, descodesQR(cescodes-barresendeuxdimensions) figurant sur d’inno-centes cartes postales, prospectusou emballages de sandwiches ren-verront l’utilisateurversunsitedesoutien. La deuxième fois, les ser-veurs de l’équipe basée àNewcast-le redirigeront la requête vers unquelconque site d’actualité ou deréseauxsociaux.

Leschercheurstravaillentégale-mentà lamiseaupointd’unsystè-me analogueutilisant la technolo-giede «communicationenchampproche» (near field communica-tion). Celle-ci permet aux utilisa-teurs équipés d’obtenir directe-mentdesinformationssurleurter-minal par simple contact avecunepuceélectronique.

Pour Phil Butler, responsabledesrelationsextérieuresdulabora-toire et ancienmembre des forcesde police de la région de Newcast-le, l’intérêt de ces techniquesest lesuivant: «La police organise sou-vent des campagnes d’affichageautour des violences domestiquesdans le métro ou les gares. (…) Onpourrait simplement insérer surces affiches un code-barres que lesgens n’auraient qu’à scanner. »Une autre technique baptisée«porte graphique secrète» per-met d’accéder à une adresse web

cachéedansuneimagebanaleafind’accéderau serviced’aide.

Toutescesapplicationss’accom-pagnent d’un systèmede nettoya-ge sélectif de l’historique qui per-metdesupprimerauboutdevingtminutes toute trace de navigationsur des sites de soutien référencéspar les chercheurs ou comportantcertainsmots-clés en rapport aveclesviolencesconjugales.«Unhisto-riquecomplètementvideseraitsus-pect. Tout ce qui n’est pas associéauxviolences domestiques reste enplace», dit BudiArief.

Cette suite logicielle encore endéveloppement ne sera pas diffu-sée à grande échelle avant plu-sieursmois, en raisondu caractèresensibledusujet.«Siquelquechosetournaitmal, les personnes concer-nées subiraient des conséquencesbien réelles. Nous effectuons pourl’instantnos tests enmilieu contrô-lé», résume Budi Arief. Durant letempsdemise aupoint de tels dis-positifs et face au risque de dys-fonctionnementou de découvertedeceux-ciparlesagresseurs,l’équi-pe travaillera en étroite collabora-tion avec les centres de soutien etlesservicesdepoliceafind’appren-dre aux victimes à s’en servir dumieuxpossible.

Pour l’heure, l’équipe s’efforcetoujours d’élargir sa palette enincluantdanssesservicesunsystè-me de géolocalisationqui permet-te de proposer aux victimes le siteInternetdel’associationlapluspro-che,ouencoreenélaborantunsys-tème d’appel au secours en cas demenace imminente.Elle tenteéga-lement d’étendre sa collaborationauplan international, notammentenFrance,aveclatechnopoleniçoi-se SophiaAntipolis.

Enfin, les chercheurs songent àadapter ces technologies, jusque-là centrées sur la lutte contre lesviolences domestiques, à d’autresgroupessouventexposés–whistle-blowers (« lanceurs d’alertes»),policiers infiltrés ou encore dissi-dentspolitiques.p

t é l e s c o p e

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Tout l’enjeuest de trouver

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Lepiègede lapremièregorgéedebièreGoût, odeurs, images, habitudes…L’enviede boire est étroitementliée ànotre sensibilité à des stimuli sensoriels et environnemen-taux.Mais nousne réagissonspas tousde lamême façon à cessignaux, selonuneétude récentepubliéedans la revueNeuropsycho-pharmacology. Quarante-neufétudiants consommateursde bièreont reçupar vaporisation sur la langueune faible dose (15ml) de leurbièrehabituelle, tandis que leur activité cérébrale étaitmesuréepartomographiepar émissiondepositons (PETScan). L’expériencea étérenouveléeavec duGatorade. Le cerveaudes participants a associé legoûtde la bière auplaisir de l’alcool et ce sansmêmeenavoir leseffets, vu la quantité infimeadministrée–ce quin’a pas été le casavec la boissonénergisante. Il a libéré de la dopamine,unneuro-transmetteur impliquédans la sensationdeplaisir, qui joueun rôleprépondérantdans lesphénomènesd’addiction. La réponse endopa-minea étéplus importante chez les participants ayantdes parentsalcooliquesproches.Unehistoire familialed’alcoolismedouble lerisquededépendance, selon les auteurs de l’étude.

Sandrine Cabut et Pascale Santi

Ce matin-là, Romane, alorsâgée de 14 ans, a cours à9heures.C’est l’anniversaired’une copine. «Pour le fêter,onestallésdansleboisderriè-re le collègeavec quatre bou-

teilles, on était trois», raconte cette joliejeune fille, qui vientde fêter ses 16ans.Vod-ka, whisky, rhum… elle a beaucoup bu. Ajeun.Elleaaussi fuméducannabis.Appeléepar le collège, sa mère l’amène aux urgen-ces.Romane(touslesprénomsontétéchan-gés) se réveille six heures plus tard. Comaéthylique.

Romane est loin d’être un cas isolé. Dès15ans,neuf jeunessurdixontbude l’alcool,selon les enquêtes de l’Observatoire fran-çais des drogues et des toxicomanies(OFDT). Si la consommation quotidiennereste rare dans ces tranchesd’âge, les épiso-des d’ivresse et les alcoolisations ponctuel-les importantes augmentent, selon le der-nier rapport de l’OFDT «Drogues et addic-tions», rendu public mardi 28mai. Ainsi,plus d’un jeune de 17ans sur deux (53%) aconnu des épisodes d’alcoolisation ponc-tuelle importante durant le mois en 2011,contre46%en2005.

L’alcoolrestelasubstancepsychoactivelaplus consommée en France. Sa consomma-tion a certes beaucoup diminué ces derniè-res décennies (elle baisse de 1,7% par andepuis 1960), mais les acteurs de terrain,médecins et psychologues, dressent unconstatunanime: lesjeunesboiventdeplusenplus tôt et de plus en plusmassivement.Autantd’élémentsquimontrentunemodi-fication des modes de consommation.«Même ceux qui boivent peu fréquemmentboivent plus intensément», indique Stanis-las Spilka, statisticienà l’OFDT.

C’est ce qu’on appelle le bingedrinking,appellation venue d’outre-Manche audébut des années 2000, traduit par «bitureexpress» ou «alcool défonce». Boire beau-coup (plusde quatre à cinq verres enmoinsde deux heures) et très vite. «Jusqu’ici, onétait sur unmode latin, alcool à table; on vavers unmode proche de laGrande-Bretagneavec des pratiques d’alcoolisation intense.Onobserveuneeuropéanisationdelamaniè-

redeboire»,expliqueFrançoisBeck,respon-sabledudépartementdesenquêtesde l’Ins-titut national de prévention et d’éducationpour la santé (Inpes).

«Lorsquej’étaisinterneilyatrenteans, lescomas éthyliques c’était les clochards, jen’avais jamais vu un ado», explique le doc-teurXavier Pommereau,psychiatre au cen-treAbadie, chefdupôleaquitaindel’adoles-cent (CHUdeBordeaux). Son service, le pre-

mieràprendreenchargedesjeunesgenssui-cidaires, a ouvert il y a vingt ans. Lamoyen-ne d’âge, de 17 ans en 1992, est de 15ansaujourd’hui.Etilya70%defilles.Cemercre-did’avril, six jeunesfillesde15à 18ansparti-cipent au groupe de parole, elles ont toutesétéhospitalisées, à unmoment, dans le ser-vice du docteur Pommereau pour un soucilié à l’alcool. Objectif : les faire s’exprimer,en essayant de comprendre pourquoi ellesboivent. Toutes ou presque disent : «Pourtoutoublier, parcequ’onades soucis…»

«Enfant de l’image et du zapping, cettegénérationadumal à supporter l’attente, ledifféré.C’esttouttoutdesuiteourien.Cesontdes consommateurs,habituésà prendre et àjeter. Ils zappent tout le temps, passent d’unmonde à l’autre, sur la Toile, dans les jeuxvidéo», analyse le docteur Pommereau.C’est la stimulationpermanente. En semai-ne, ilssontenmode«prisedetête», avecdescontraintesetuneénormepressionscolaireetfamilialesurfonddemésentente,desépa-ration…A cela s’ajoute le discours des adul-tes, très pessimiste, qui brosse une visionnégative de l’avenir. Le but, en buvant, est«de faire cesser laprisede tête, de se lâcher»,poursuit lepsychiatre.

Parmiles jeunesbuveurs, il n’estpassim-plederepérerceuxqui lefontpoursedésin-hiber (alcool convivial) et ceux qui veulent

se couper des réalités. Le fait de boire beau-coup de façon répétée révèle souvent unedétresse psychologique, assimilée à del’autodestruction,quipeutparfoisconduireausuicide.

«Les motivations de l’alcoolisation juvé-nile sont nombreuses et variées, que l’on seréfèreà l’anthropologie (ancrageculturelduboire, ritedepassagede l’adolescenceà l’âgeadulte) à la psychologie (mal-être et désir detransgression), à la sociologie (baisse de l’in-fluencedesparents…)»,expliquentFrançoisBeck et Jean-Baptiste Richard dans un arti-cle publié dans la revue Agora, en janvier.Toutefois, ils tempèrent: «Les jeunes ayantun problème avec l’alcool ne sont pas repré-sentatifs de l’ensemble puisqu’ils sont unefaible minorité.» «Mais ce qui est nouveauet très préoccupant, ce sont la quantité, letrès jeune âge et la proportion de filles quiaugmente, et qui se mettent en danger»,ajoute le docteurPommereau.

Pour les six jeunesfillesde 15 à 18anspré-sentes ce jour-là au centre Abadie, le scéna-rioest classique : «Onvaàune soirée, lapre-mière chose à laquelle on pense c’est quellesbouteillesonvaacheter»,raconteFleur.Vod-ka, rhum, whisky, tequila, sans oublier lesjus de fruit ou les sodas, qu’elles appellentles «diluants» ! Les «Premix», alcopops,mélange d’alcool fort, masqué par des

ajouts de sucre, font florès. Le marketingvisedirectement les jeunes, tout commelesboissonsénergisantes.

«On commence à 20heures, on teste unpeu tout, on fait des parties de cartes, aucours desquelles, lorsqu’on perd, on boit unverre. Au final, on est cramé», explique Iris.«Pour mes parents, une cuite c’est être gai.Pour nous ce n’est pas pareil, on est cramé,mort, déchiré, défoncé», avoue Claire, âgéede 16 ans. Elles fument aussi. Il est très rarede voir un jeune qui n’a qu’une seuleconduite addictive. «Avantage» de la vod-ka : l’ivresse est obtenue en seize minuteschrono.Lesrassemblementsdansdeslieuxextérieurs (rue, parcs, plages…), souventorchestrésparlesréseauxsociaux,sontpro-pices à l’alcoolisation.

Demême, pour ces fêtardsdudimanchematin, difficile de concevoir la fête sansalcool, ou plutôt sans défonce, ce 19mai, à9heures, sur le Montecosy, une bargesituéequaide laRapée,dans le 12earrondis-sement de Paris, où ils viennent pour dan-ser sur des rythmes électro, pour le «Wea-ther Festival», organisé par le collectifConcrete. Arrivés bien imbibés, Arnaud,Thomas…et trois autres jeunes, entre 20 et25ans,ensontà leurcinquièmeshot–petitverre avalé cul sec – Jäger Bomb, unmélan-gede Jägermeister – liqueur à basedeplan-

s a n t é p u b l i q u e

SCIENCE&MÉDECINE É V É N E M E N T

Alcool&jeunesDesrisquessansmodération

Lesdernièresstatistiquessontformelles: les jeunesboiventplus,plustôt,plusvite.Larecherchecommenceàmesurerlesconséquencesdecephénomènede«bingedrinking»,

symptôme,selonlesspécialistes,d’uneépoquemarquéeparlezappingpermanent

«Même ceuxqui boiventpeu fréquemment

boivent plus intensément»Stanislas Spilka

statisticienà l’Observatoire françaisdesdrogues et des toxicomanies

Les études surdesmodèles animauxmontrent que l’alcool

peut altérerdes structures cérébralescomme l’hippocampe,

impliquédansles processus

d’apprentissageet demémorisation.

INSERM/PATRICE LATRON

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80

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20

06e 5e 4e 3e 2de 1re Term.

De nouveaux modes de consommationUne initiation dès le collège, en % Banalisation de l’alcoolisation excessive, en %

SOURCES : HBSC, ESPAD, OFDT, INPES

2005 2010

Consommation ponctuelle importante(plus de 5 à 6 verres) au cours d’un mois

Ivresse (au moins une fois au cours de l’année)

15-19ans

24,193 %

79 %

69 %

27 %24 %

36

9,712,9*

1117,5*

30,3

48,3* 57,4*

18,625*

19,133,5*

40,8

27,6

42*20-25ans

15-19ans

20-25ans

15-19ans

20-25ans

15-19ans

20-25ans

Homme

Femme

Homme

du mois

Ivresseau coursde la vie

Ivresse au cours du mois

Consommationd’alcool régulière

(Plus de 10 verres par mois)

Femme

* Statistiquement significatif

Consommation d’alcool au cours de la vie

Enmilieufestif,nepas jugeret réduire les risques

É V É N E M E N T SCIENCE&MÉDECINE

tesmédicinales(35˚)–etdeRedBull, enuneheureoudeux.

Pour Rémi, 23 ans, impossible de penserune soirée sans alcool et MDMA (ecstasy).«J’en prends, c’est l’extase. Tu parles, tu ris,tu t’éclates, comment faire sans»?, deman-de-t-il. Même s’il reconnaît être dans unétatdépressifquandilarrête.PourPablo,22ans, dont le visage est auréolé de poudreblanche, il dit être «“buté” de soirée en soi-rée».Magali,bénévolepourFêtezclairs,col-lectifdeprévention,distribuecapotes,bou-lesQuies, dépliants…

«On est dans une société addictogène,qui incite à démultiplier les sensations for-tes. C’est devenu la règle. Cette société meten avant la notion d’individu plutôt que lanotion de groupe. Elle valorise la réponse“instantanée et intense”, donc celle d’unesubstance comme l’alcool. On est aussidans une société de la performance. Enfin,c’est une société de grande disparité écono-mique. Autant de points qui convergent etqui expliquent ce phénomène», analyseJean-Pierre Couteron, psychologue clini-cien, présidentde la FédérationAddiction.

Les effets de l’alcool sont nombreux.Quandondemandeaux jeunes filles cequisepassedans les soiréesentermedesexua-lité, la réponse est instantanée: «Hop hophop!», plaisante Fleur. «Tout le monde sechope tout le monde», dit spontanémentRomane.Leseffetsde l’alcoolamènentànepas se protéger lors de rapports sexuels.Conséquences:VIH, IST,grossesses,avorte-ments…sansparlerdesviolencessexuelles.Ilsseprennentsouventenphoto,parfoissefilment… pour partager leurs expériences.Ilsminimisent les risques, notamment surla route. Près d’un jeune surquatre (39,8%)tué sur la route en2010 l’a étédansunacci-dent lié à l’alcool. Les conséquences sontsouvent dramatiques (accidents domesti-ques, bagarres…).

Les conséquences à long terme du bingedrinking sur la santé sont tout aussi inquié-tantes. Des chercheurs français ont ainsimontré que les bitures du week-end sontassociées à un risque deux fois plus élevéd’infarctus du myocarde qu’une consom-mationde lamêmequantitéd’alcool répar-tie sur la semaine. De plus, des lésions peu-vent se constituer rapidement, comme lesuggère une étude publiée en ligne, le23avril, dans le Journal of the AmericanCol-legeofCardiology:desmodificationsdescel-

lulesdelaparoidesvaisseauxsanguinspré-disposant aux maladies cardiovasculaireschroniques sont observées chez des étu-diants de 18-25 ans, adeptes des bituresexpressdepuis le collège.

En Angleterre et au Pays de Galles, où lephénomène a commencé il y a bien pluslongtempsqu’en France, les décèsdus à desmaladiesdufoie–principalementcirrhoses– causées par l’alcool grimpent en flèchedepuis vingtans (2500 en 1987, 6300 en2010), alors que cette cause demortalité estenrégressiondans lesautrespaysd’Europe.

Maisce sont surtout lesdégâtsdece toxi-que sur le cerveauencore enplein dévelop-pement des adolescents (sa maturation setermine vers 20-25 ans) qui préoccupent.Lesétudessurdesmodèlesanimauxetchezde jeunes binge-drinkers, qui s’accumulentces dernières années, sont concordantes.L’alcool peut altérer des structures cérébra-lescommel’hippocampe,impliquédanslesprocessusd’apprentissage et demémorisa-tion. Avec pour conséquences de possiblesdéficitsde ces fonctions.

Ainsi, lesadeptesdesbituresexpressdoi-vent travailler davantage que des sujetscontrôles pour atteindre le même résultatdans une tâche de mémoire de travail,conclut une étude belge, publiée fin avrildans la revuePLosOne.

La vulnérabilité particulière du cerveauadolescent a déjà été établie pour d’autresdrogues, dont le cannabis, mais l’addictionà l’alcool a des caractéristiques particuliè-res, relève le professeur Mickaël Naassila,directeurde l’équipe InsermERI 24/Groupederecherchesur l’alcoolet lespharmacodé-pendances(GRAP),àAmiens.«Commeavecl’héroïne, le syndrome de sevrage à l’alcoolest intense et puissant, ce qui est une sourcede rechute. Ce phénomène n’existe pas avecles psychostimulants,explique le neurobio-logiste. Par ailleurs, contrairement auxautres drogues qui restent en périphérie descellules, l’alcooldiffusedans lecytoplasmeetle noyau, et peut perturber le fonctionne-mentdesgènes.»Des travaux,dont ceuxdel’équipedeMickaël Naassila, ont démontréqu’une exposition précoce à l’alcool, inuteroouàl’adolescence,estunfacteurderis-queconsidérablededépendanceultérieure.

Pour s’en convaincre, il suffit de passerune journée dans son unité de recherche,étonnamment l’une des seules en Franceexclusivement consacrée à l’étude de l’al-coolo-dépendance. Dans une petite piècede l’animalerie, fermement tenue par unechercheuse,unrats’agitedanstouslessensenpoussantdepetits cris. Lespoilsdressés,il sembleprêt à lamordre.D’un geste assu-ré, le professeur Mickaël Naassila saisitl’animal par la nuque, le calme en le ber-çantpuis le remetdanssa cage.«Il esthype-ranxieux, c’est un syndrome de sevrage»,explique-t-il.

Pourtant, rendredes ratsaccrosà l’alcooln’est pas une tâche facile. «Ces animauxsont assez facilement dépendants aux dro-gues stimulantes, mais spontanément ilsn’aiment ni le goût ni l’odeur de l’alcool,sauf prédisposition génétique particuliè-re», souligne leneurobiologiste.

Pour induire une dépendance, des ratsâgés de 1 à 2mois sont exposés à de fortesdoses d’alcool (par injections ou vaporisa-tions) quatorze heures par jour. Ce régimeinduit des ivresses massives – avec unealcoolémiede2à3g/l,entrecoupéesdepha-ses de sevrage. C’est pendant celles-ci queles chercheurs testent leur motivation àconsommerdel’alcool,en lesmettanttren-te minutes par jour dans une cage d’auto-administration.

Pour obtenir leur remontant favori, lesrats doivent appuyer avec la patte sur unlevier.Quandune lumièreestallumée,unepetite dose d’alcool est délivrée. Les para-mètres peuvent être modulés pour que larécompensesoitgagnéeplusoumoinsfaci-lement (au bout de trois tentatives par

exemple). Et cela fonctionne : les animauxappuient frénétiquement sur la pédale,extrêmement motivés pour boire encoreet encore.

«Les rats exposés dès l’adolescence sontplus vulnérables à l’alcool et perdent lecontrôlede la consommation.Ce comporte-ment serait lié à une atteinte d’une partiedunoyauaccumbens, qui joue un rôle dansles phénomènes d’addictions», préciseMickaël Naassila, qui a récemment publiécesrésultatsdanslarevueNeuropharmaco-logy. Dans le cadre d’un projet européen,Alcobinge, l’équipe d’Amiens étudie aussil’impactdubingedrinkingsur lesfonctionscognitives d’une centaine d’étudiants, encollaborationavecuneéquipebritannique.Résultats attendusdébut 2014.p

Q uedire auxadolescentspourprévenir lesusagesabusifsd’alcool?Quedoi-

vent faire lesparents lorsque lescomportementssont addictifs?«Faceà l’évolution très significati-vede la façondont les jeunes ren-contrent l’alcool, il fautqu’on s’yprenneautrement», lance Jean-PierreCouteron,psychologuecli-nicienetprésidentde la Fédéra-tionAddiction. Lesmessages surlesdangersne fonctionnentpas,tout commelesdiscoursmoralisa-teurs.«Celane sert à riendedireaux jeunesque c’est dangereux»,expliquentMargueriteArèneetCatherine Jouauxde lamissionpréventiondes toxicomaniesdelaMairiedeParis.

D’autantplusque l’alcool estunproduit banalisé, accessible,associé à la fête, quelle qu’ellesoit.«Il yaunehypocrisiemajeu-redes pouvoirspublics. Tout estorganisépour faire boire les jeu-nes. C’estmalheureuxqu’onn’aitpaspu restreindre lapublicitépour l’alcool sur Internet», regret-teM.Couteron. Il fautdoncprépa-rer les adosà anticiper, à accompa-gner lespremièresexpériences.

«Les consommationsd’alcoolmassiveset répétées chez lesmoinsde 15ansnedoivent surtoutpas

êtrebanaliséeset doiventalerterlesparents,afind’aller consulter»,prévient le docteurAlainRigaud,psychiatre,présidentde l’Associa-tionnationaledepréventionenalcoologieet addictologie.«Entre15 et 18 ans, lesparentsdoiventouvrir le dialogueet êtreattentifssi les adolescents sontdans ledéni», poursuit-il.A fortiori s’ilsconstatentunebaissedes activi-tés, des résultats scolaires, etc.

Si de nombreuxparents sedisentdésemparés, certains jeu-nesne comprennentpas com-ment leurs géniteursne s’aperçoi-ventpas qu’ilsmentent. Certainsattendent secrètementuneréponsede leurpart. Paradoxe: siles parents trouvent leur adoavecun joint, ils penseront la plu-part du tempsqu’il a unproblè-me; s’il rentre ivre, ils ne s’inquié-terontpas forcément.

Dans tous les cas, il faut tenterde réduire les risques, notam-mentdans les espaces festifs. Parexemple, dans le départementdes Landes, «ondonnedesconseils – ne jamais rester seul,désignerun conducteur responsa-ble», souligneDidier Spinhirny,directeurde l’associationLa Sour-ce LandesAddictions, àMont-de-Marsan.

«Onn’est jamaisdans le juge-ment», insisteFranck, interve-nantducollectif Fêtezclairs, quiréunitdesassociations, sous l’égi-dede laMairiedeParis, surdeslieuxfestifsde la capitale.«Lebutestde réduire les risques: organiserdes endroits calmes,des chill out –

espacesmobilesdepréventionins-pirésdes raveparties –, avoirdel’eauàdisposition», poursuit-il.Acertainsendroits, l’eaudes toilet-tes est chaudeounonpotable.

«Lapériodede l’adolescence estcelle des expérimentations, il fautêtre dans la vigilancebienveillan-te», explique EdwigePicard, psy-

chologueà l’associationDouarNevez à Ploërmel (Morbihan).Souvent, cela renvoie les famillesà leurpropre consommation.

Pour faire passer leursmessa-ges, les spécialistes ont recours àdesoutils qui plaisent aux jeu-nes, commeun serious game, quel’équipedeXavier Pommereau(CHUdeBordeaux) est en train depréparer, ou à traversdes films.LaMairie de Paris a lancé, début2010, un concours autourde l’al-coolisationexcessive, le genreétant le filmd’horreur. Plus de100filmsont été reçuspour cettecampagnedepromotion, intitu-lée «The binge, tropboire c’est lecauchemar». UnDVD rassembleles 19meilleurs films.

Les experts sontunanimes: évi-ter de boire avant l’âge de 15ansest impératif. «Il faut aider les jeu-nesàdire non,mais aussi leurdon-ner des astuces pourne pas avoirà dire oui (refus aunomd’interac-tions avec des antibiotiquesouparcequ’ona déjà fait la fête laveille…). Et ils ne doiventpas hési-ter à appeler leurs parentsmêmes’ils sont saouls», expliqueM.Cou-teron. Et lorsquedes adolescentsorganisentune fête, un adultedoit être à proximité. p

S.Ca. et P.Sa.

«Onest dansune société addictogène,qui incite àdémultiplier les sensations

fortes. C’est devenu la règle»Jean-Pierre Couteronpsychologueclinicien

Chiffres

30%C’est le tauxd’augmenta-tiondes hospitalisations liéesà l’alcool en France entre2009et 2011, tous âges confondus.Les séjours les plus courts sontceuxqui ont le plus progressé.

49000personnes sontmortesen Francedemaladiesliées à l’alcool en 2009, selonuneétudepubliée le 4marsdansEuropean Journalof PublicHealth. Prèsd’unquart (22%)desdécèsprématurés chez les15-34ans sont dusàune surcon-sommationd’alcool.

4%desdécèsmondiaux(2,5millionsparan) sontdusàl’alcool, selonunrapportde l’Or-ganisationmondialede la santépublié en2011. Laproportiongrimpeà9%chez les 15-29ans.

12,3 litresC’est la consomma-tionannuelled’alcool pur enFrance chez les individusdeplusde 15ans (chiffres 2009).En 1960, elle s’élevait à 26litres.

« Il y aunehypocrisie des

pouvoirs publics.Tout est organisépour faire boire

les jeunes»Jean-Pierre Couteron

psychologue

S U R L E W E BLE GROUPE DE RECHERCHE

DE MICKAËL NAASSILA, À AMIENSwww.u-picardie.fr/decouverte/sante/

pagesliees/grap/L’ADDICTOLOGUE PHILIPPE ARVERS

http ://p. arvers. free. fr/forum/L’OBSERVATOIRE FRANÇAIS DES DROGUES

ET DES TOXICOMANIESwww.ofdt.fr

L’INSTITUT NATIONAL DE PRÉVENTIONET D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ

www.inpes.sante.fr

À L I R E« PROMIS, DEMAIN J’ARRÊTE ! »par le docteur Amine Benyamina

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50123Mercredi 29mai 2013

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AuPanthéonde la scienceimprobable,une place dechoix est réservée à JohnTrinkaus.Aujourd’hui à la

retraite, cet ancienprofesseurdemanagementdansune école de com-mercenew-yorkaise a commisune

centained’articles dont aucunne serapporte à sa discipline.A quoi a-t-ilconsacré ses recherchespersonnellespendantdesdécennies?A ce quil’énervait! Parus dansdeux revues(Psychological Reports et PerceptualandMotor Skills), ses travauxdessi-nent en creux le fantastiqueportraitd’ungrincheux, principalementhor-ripilé par l’incivilité croissantede lasociété.

Le grandœuvrede JohnTrinkausest l’étudedu respectdes panneaux«Stop» àun carrefourde sonquar-tier. Il lui a consacré sept articles(cinqpour les automobilistes etdeuxpour les cyclistes) en l’espacededix-sept ans. Lorsqu’il publie ledernier, en 1997, l’hommeest plusquedéconfit : seulement 1% (contre37% audébut des années 1980) desconducteursmarquentunarrêt totaldevant le panneau tandis que lesautres le passent au ralenti, voire àvitessenormale.

Et ces gougnafiers à roulettesquise garent sur les places réservées auxhandicapésouauxpompiers? Il lescompte. Et ces fainéantsqui nenet-toientpas le toit de leur autode lacouchedeneige, au risqueque celle-

ci s’abatte sur le pare-briseduconducteurqui les suit? Idem. JohnTrinkaus, posté à unautre carrefour,observe aussi quedemoins enmoinsd’automobilistes se rangentsur le côté droit de la chaussée lors-que la sirèned’un véhiculed’urgenceretentit…et ça l’énerve!

Pendantdix ans, il se rend réguliè-rementdansun cabinetmédicalpourmesurer le tempsd’attente desbiennomméspatients. Résultat :vingt-quatreminutes enmoyenne.Leneurologue est le plus long etl’urologue leplus rapide (on en tirerales conclusionsqu’on voudra).

Mais, pour JohnTrinkaus, cetempsperdu estune chargepour lasociétépuisque, en 1985, date àlaquelle son étude paraît, ces retardscumulés,multipliéspar le nombreannuel de consultationset le tarifhorairemoyen, représententunmanqueà gagnerde 2,4milliardsdedollars pour les Etats-Unis. Et çal’énerve!

Autre lieud’étude et d’agacement:le supermarché. Sont comptés lesincidents retardant lepassage encais-se, les clients qui trichent à la caisse«dix articlesmaximum»et les

enfants grognons alors qu’on lesemmènevoir le PèreNoël.

JohnTrinkausne semblepasnonplusaimer les attachés-cases.A la sor-tie du trainde banlieue, il dénombreles passagers qui enportentunpourse donner l’air important. Il compteceuxqui les ouvrent à l’envers, et pas-se aussi quatre ans à obtenir, auprèsde 100quidams, la combinaisonàtrois chiffres de la serrure, pours’apercevoirque 73%d’entre euxontconservé le0-0-0d’origine, preuvesansdouteultimeque l’objet parallé-lépipédiqueest stupide et inutile.

JohnTrinkausdéplore la baisse del’usagedumot «oui» auprofit des«absolument» et «tout à fait», qu’ilnote à la télévision. Il ne comprendpas ceuxqui portentdes tennis blan-ches (oui, pourquoi blanches?) ouquimettent leur casquettede base-ball à l’envers. Il constate que, dansles églises catholiques, onnedonneplus sa pièce pour allumerun cierge.

Enfin, JohnTrinkausnote quequand lesmétéorologuesprévoientune tempête deneige, ils se trom-pent souvent sur l’heure à laquelleelle se déclenche et sur l’épaisseurdela coucheneigeuse. Et ça l’énerve.p

Dansquelle languedispen-ser les coursuniversitai-res? Le débat a été déclen-chéparune dispositiondu

projetde loi Fiorasoqui ouvreunpeuplus les portes de l’université àl’anglais. Pour ses partisans, cela pré-

pareraitmieux les étudiants à tra-vailler dansunmondeglobalisé oùl’anglais est la langue courante. Celapermettrait aussi d’attirerplus d’étu-diants enprovenancedespays émer-gents, comme laChine ou l’Inde, quiseraient aujourd’hui repoussésdufait de la barrière linguistique.

Je voudrais soutenir, ici, unpointdevue opposé. Il ne s’agit pas de seretrancherderrièreunedéfenseaveu-gle du français à coupd’interdits(j’utilisemoi-mêmeauquotidienl’anglais dansmavie de chercheur),mais de comprendreoù cette évolu-tionpourraitmener.

Undes arguments avancés enfaveurde lanouvelle loi est le déve-loppementdes coopérations interna-tionales et européennes enparticu-lier.Noble cause. Toutefois il nes’agit pas de l’objectif principal del’universitéqui reste celui de formerdes étudiantsde cepays, donc franco-phones. Si les étudiants ont dumal às’adapterà l’anglais, c’est que leur for-mation initiale et leurpratiquedecette languedevraient être renfor-cées, auniveaudu cursus scolaire.

Y remédier auniveauuniversitai-ren’est pas la bonne solution. Si l’en-

seignementuniversitaire en anglaisdevait se généraliser, cela constitue-rait unhandicap supplémentairepour ceuxqui n’ont pas pubénéfi-cier d’un soutienextrascolaire (coursparticuliers, voyages et séjours àl’étranger).

Cette évolutionpourrait être favo-rable aux enfants d’une élite socialequi sont déjà aujourd’huimajoritai-res parmi les étudiants. Ceux quin’en font pas partie, et nemaîtri-sent que le français, resteraient der-rière. Un pas de plus vers une socié-té à deux vitesses, avec une élite glo-balisée, qui détient la richesse, lepouvoir et le savoir, qui pense la«pensée unique» et possède unelangue globale.

Un deuxième argument quimetient à cœur est celui de la langue.Derrière la proposition de l’anglaisetmêmede sa version globalisée, leglobal english ou «globish», pourles cours universitaires, il y a uneconceptionde la langue commevéhicule de communicationneutre.Or c’est loin d’être le cas. On sait enphilosophie que certains concepts,pensons àHegel ou àHeidegger,sont difficilement traduisibles. Cela

signifie qu’on ne pense pas lemon-de de lamême façon en français ouen japonais. La langue permet d’ap-préhender la réalité à travers desconcepts qui ont une épaisseur etunehistoire. Loin d’être une faibles-se, c’est une richesse pour la recher-che, y compris pour les sciencesdures. Réduire la recherche au glo-bish, c’est l’appauvrir.

Pendantpresqueunmillierd’an-nées, le latin était la languedu savoiret de l’université. A partir de laRenaissance,des intellectuels ont eul’audaced’écriredans les langues dupeuple, par exemple en français ouen italien. Pensons àRabelais,Mon-taigneouGalilée. C’était s’adresser àdenouvelles classes sociales, rappro-cher la culture, y compris celle scien-tifique, dupeuple, la féconderparune circulationd’idées élargie.

Depuis, les sciencesont prospéréet avancégrâce à ces échanges,multi-culturelles etmultilinguistiques. Leglobishà l’universitémarquerait unretour en arrièredeplusieurs siècles,avecunenouvelle fracture entre lesavoir et lamajoritéde la popula-tion. La science et la sociétéont toutà y perdre.p

David Larousserie

C’est le déluge. Il pleut des données com-me à Gravelotte : le total des informa-tions numériques pèserait déjà un zet-taoctets, soit 1 000milliards de gigaoc-

tets (ou1021), estiment lesauteursdeCulrutomics,livre consacré à l’analyse des grandesmasses dedonnées. Jean-Paul Delahaye et Nicolas Gauvritconstatent aussi que c’est déjà dix fois plus quel’information stockée sur papier et que la crois-sancecontinuegrâceauxsmartphones, tablettesetordinateursplus classiques.

Pour saisir les contoursde cenouveaumondenumérique et l’explorer, ces auteurs proposentde commencer par recourir à un outil baptisé«culturomics», par analogie avec la génomiqueou laprotéomique… Il a étémis au point par deschercheursdeHarvard,enpartenariatavecGoo-gle, et exposédans Science le 14janvier 2011. Cet-te technique d’« analyse quantitative de laculture» permet de traiter l’information conte-nue dans 5millions de livres publiés depuis1800. Dans ce corpus de 500milliards de motsdont la majorité se répètent évidemment plu-sieurs fois, la fréquence d’apparition de chacund’entreeuxest calculée chaqueannéeet accessi-ble sur le site culturomics.org.

Evolution de l’usage desmotsComme tout internaute, les deux auteurs

mathématiciens ont «joué» et observé l’évolu-tionde l’usagedesmots.Quelchiffreutilise-t-onle plus? Ecrit-on davantage le mot guerre quepaix, amour que haine, bien que mal…? Quelssont les mots les plus fréquents pour désignerunarbre ouunoiseau?

Outre ces questions psychologiques, lesauteurs s’intéressent à l’histoire : quand appa-raît unmot (GPS, informaticien…) et quand dis-paraît-il (apothicaire, épinglier…)? Les Gau-loissont-ilspluscitésquelesArvernesoulesCar-nutes? Ils testent aussi différentes insultes, lapersistance de fautes d’orthographe, l’appari-tionde conceptsmathématiques…

Assez souvent, les «découvertes» confirmentce que des spécialistes, avec d’autres outils,avaient déjà mesuré. D’où peut-être une certai-ne déception du lecteur. Mais les essais appel-lent d’autres essais, et l’envie est grande deconduire ses propres expériences. Tout en gar-dant en tête que l’interprétationdoit rester pru-dente. Une erreur typographique dans la baseconduit ainsi à une apparition d’Internet au…XIXesiècle.

Afind’affûtercettevigilance, lesdeuxauteursajoutent deux chapitres originaux. L’un exposeles effets pervers des mesures quantitativespour l’évaluation de la recherche en recourantaux bases de données bibliométriques. L’autreexpliqueuneloiétrange,ditedeBenford,quifaitque pour certaines séries denombres le chiffre1apparaîtplus souventque le chiffre 2, lui-mêmeplus fréquentque3…Cette loi peut servir à repé-rer des erreurs, comme lors d’élections.

On regrettera finalement que seul un petitvolet de ce qui est désormais appelé le Big datasoitabordé.Enseconcentrantpresqueexclusive-mentsurl’outil«culturomics», lesauteursn’ex-posent pas les fantastiques défis mathémati-ques et informatiques que posent la collecte, lestockage, l’analyse et la représentation de cesquantités énormesd’informations.p

Culturomics, de Jean-Paul Delahaye et Nicolas Gau-vrit (Odile Jacob, 224p., 22,90¤).

Mettre lacultureenchiffres

Lanumérisationdes livresprometdenouvellesmanièresde fairede l’histoireoude lapsychologie

IMPROBAB LO LOG I E

PierreBarthélémyJournaliste et blogueur

(Passeurdesciences.blog.lemonde.fr)(PHOTO: MARC CHAUMEIL)

Lechercheurleplusénervédel’histoire

Coursen«globish»?Non,merci

L E S COU L I S S E SD E L A PA I L L A S S E

MarcoZitoPhysicien des particules,

Commissariatàl’énergieatomiqueetauxénergiesalternatives

(PHOTO: MARC CHAUMEIL)

SCIENCE&MÉDECINE R E N D E Z - V O U S

L E L I V R E

L’amplexus,Kama-sutrabatracien

«Les Petits Labos de l’archéo»LeMusée archéologiquedeVieux-la-Romaine(Calvados) consacreune expositionà cesdisciplinesquimobilisent la radioactiviténaturelle ou lemagnétisme terrestrepourmieuxdater les objets arrachés aupassé.Organiséepar le service archéologie du conseilgénéral du Calvados, l’expositionproposeuneimmersiondans les archéosciences grâce à desexpérimentations,desmanipulations, à lacroiséedes scienceshumaines et des sciencesphysiques.> Jusqu’au 10novembre.Informations: [email protected]

A2000mètres d’altitudedans lesAlpes, lagrenouille rousse se reproduit, alors que lesconditions sont rudes, que la glace et la neigesubsistentencore. Etant la seule à vivre enaltitude,elle passe l’hiver au fonddes lacs, où l’eaune gèlepas, et en sort auprintemps. Lemâle, plus petit

que la femelle, s’accrocheà elle avec ses pattes etl’enserrepuissamment: c’est la techniqued’accouplementnomméeamplexus. Cyril Ruoso,lauréat duprixphotoduMuséumen2012, dévoilecette «PlanèteGrenouille» jusqu’au 15septembreau Jardindes plantes, à Paris. (PHOTO: CYRIL RUOSO)

Exposition

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z o o l o g i e

AMadagascar,les lémuriensnainshibernentpoursurvivre

Laurent Brasier

Où les lémuriensnainsde l’est deMadagascarpouvaient-ils bien pas-ser l’hiver? Cette questionen appa-renceanodine intriguait les spécia-

listes de ces petits primates puisque, si l’onsavait que le chirogalemoyen, dans l’ouest del’île, hibernait dans les troncs d’arbre, on igno-rait où les autres espèces, endémiquesde l’est,prenaient leurs quartiers.

Une équipede chercheurs a équipéde col-liers radio-émetteursdouze chirogalesdedeuxespèces partageant lemême territoire(Cheirogaleus sibreei andC.crossleyi), afindepouvoir les suivre et enregistrer leur tempéra-ture. C’est en voulant récupérerun collierdont la batterie flanchait qu’ils ont obtenuune réponse surprenante, ainsi que le relateMarinaBlanco, de l’université deHambourg:«Nous avonspointé l’antennedenotre récep-teur enhauteur, vers les arbres, essayantd’iden-tifier dans quel trou l’animal pouvait dormir.Mais le signal venait d’enbas, et nous avons

pensé qu’il s’était débarrasséde son collier.Nousavons remué le sol là où le signal était leplus fort et avons fini par découvrir dans la ter-reune boule de fourrure: le lémuriennainenroulé sur lui-mêmeet froid au toucher.»

Applicationsbiomédicales?Pouren avoir le cœurnet, après avoir déran-

gé cinq autres individus, les chercheursontétabli que ces deuxespècesde l’est hibernentbel et biendansunhibernaculumcreuséde 10à40 centimètresde profondeurdansunsolléger composéd’humus, de feuilles et de raci-nes. Leurs travaux, rapportésdans la revueenligne Scientific Reports,montrentque cetterésidence inhabituellepermet aux lémuriensdemaintenir, durant trois à sixmois, une tem-pératureprochede celle du sol, commepourd’autreshibernants,mais à une températurede 15˚C plus conformeaux tropiques.

Cet étatd’hypothermieréguléen’estpaspas-sif: les chirogales connaissenteneffetdespério-desd’«éveil», tous les septàonze jours, durantlesquels leur températureremonteau-delàde30˚C. SelonMarinaBlanco, l’habitatparticulierdeces espèces constitue la cléde leur comporte-ment:«C’estuneprotectioncontre les fluctua-tionsdrastiquesde températureet le risquedegel qui caractérisent les forêts d’altitudede l’estdeMadagascar. Sous terre, ils peuventmainte-nirune températurebienplus élevéequecellede l’air ambiant lorsdesnuits froides, cequin’estpaspossibledans lesarbres.»

Les lémuriensnains deMadagascar (de l’estcommede l’ouest) sont les seuls primates àhiberner régulièrement. Comprendre lesmécanismesqu’ilsmettent enœuvrepourralentir leurmétabolismeet abaisser leur tem-pératurepermettrait d’imaginerunemyriaded’applicationsbiomédicalespour l’homme,dudond’organesau traitementdesblessures,sansmêmeparler de voyagedans l’espace.

Pour l’heure, ce sont les forêts humidesmal-gachesqui retiennent l’attention. Les cher-cheurs souhaitent comprendre l’utilitédespériodesd’«éveil» et aimeraientobservercomment ces animauxdépourvusde griffesaménagent leurhibernaculum.Sur ce point,MarinaBlancopensedétenirun indice:«Nous enavons attrapéd’autresplus tarddans la saison…Certainsavaient les ongles vrai-ment sales!» p

David Larousserie

Enaoût, le couplede scientifiquesKimetJeanTranThanhVanvaajouterunenou-velleligneàunCVdéjàbienrempli.Bienque retraités du Centre national de la

recherchescientifique(CNRS)depuisplusdedixans,ils irontinaugurerdansleurspaysd’origine,le Vietnam, unCentre international de congrès.Fièrement, le couple dévoile son programmeetleplanharmonieuxdecelieudestiné«àfaireduVietnamunpointderalliementpour lascienceetla technologie dans la région», explique Jean.Neuf Prix Nobel de physique seront présents,ainsiquedesporte-paroledesgrandesexpérien-cesdephysiquequiont fait l’actualitédepuisunan: l’Organisation européenne pour la recher-che nucléaire (CERN) avec la quête du boson deHiggs grâce aux instruments CMS et Atlas, etPlanck pour les images d’un Univers380000ansaprès leBigBang.

Quelques jours auparavant, des spécialistesde la gravitation, de la cosmologie ou des nano-sciences auront essuyé les plâtres de l’audito-rium (300places) et de la salle de conférences(100places), installés surun terrainde 20hecta-res, enborddemeretde rizière sur lacommunedeQuyNhon,aucentredupays.

Devant ce plateau de chercheurs, on réaliseque les deux chevilles ouvrières, sous leurs airssouriants etmodestes, sont de grands organisa-teursavecunsacrécarnetd’adresses.«Avecpres-que rien, on peut tout faire. Nous avons la foi !,disent-ils quand on leur demande leur secret.Notrequalité, c’est l’inconscience.Nouscroyonsàdes choses hautes et cherchons toujours plus.»Leurforcedeconvictionapermisd’obtenirde larégionleterraingratuitement.L’architecte,Jean-François Milou, se fait seulement défrayer.Même lemaître d’œuvre leur a fait des facilités.«Pour la suite, nous verrons», explique Jean enmontrant les plans d’une résidence, d’un hôtel,de terrainsde sport, d’unplanétarium…

«Nous labourons, nous ramassons la terre etnousprogressons», résumeKim. Leurméthode,éprouvée depuis près de cinquanteans, fonc-tionne. Ils sont en effet connus pour avoir missurpied, en 1966,unnouveau typedeconféren-ces, lesRencontresdeMoriond,qui rassemblentaujourd’hui, chaque mois de mars aux Arcs(Savoie), près de 400intervenants. Cette année,CMS et Atlas y ont exposé leurs derniers résul-tats sur le bosondécouvert en2012.

«En 1965, nous cherchionsà passer des vacan-ces à la montagne. Comme le prix était à cettepériode le même pour quinze jours ou unmois,nousavonsréservélemoispour l’annéesuivante.Alorspouroccupermesamisphysiciens,onavou-lu mélanger le travail et le plaisir et favoriserl’échange entre théoriciens et expérimenta-teurs»,sesouvientJean,lui-mêmephysiciendes

particulesàOrsay.«L’autrecaractéristiqueest laplaceaccordéeauxjeunescarcesonteuxquifontles exposés», précise Jean. «On était avant 1968et c’était révolutionnaire!», ironise Kim. Cettebiologistelanceralamêmeidéedanssondomai-neavec lesRencontresdeMéribel (Savoie).

«Les échanges pendant la pause de l’après-midi,sur lesskisouàl’hôtel,cen’estpasde labla-gue!, explique Jean-Marie Frère, physicien del’UniversitélibredeBruxelles,devenucoorgani-sateur de ces Rencontres.Aborder les gens dans

ce cadre est plus facile. Souvent les jeunes cher-cheurs y ont donné leurs premiers exposésdevantdeplus chevronnés qu’eux.»

Michel Spiro, ex-président du conseil duCERN, fut l’un d’eux. «Ce fut assez rocamboles-que car j’ai donnémonexposéaprès être descen-duenrappeld’untélésiègeenpanne,raconte-t-il.Plus sérieusement, on doit aux organisateursd’avoir créé un “esprit Moriond”. Ils ont le soucidumoindre détail, depuis le logement, les repas,en passant par les invitations. Ils font tout endisantqu’ilsnefontrien.»«Cesontdesvisionnai-resetdestravailleursacharnés.Audébut,c’estdif-ficile de travailler avec eux car ils ont un coupd’avance», se souvient Nicole Ribet, ingénieured’études du CNRS à la retraite, qui a assuré lesecrétariataudébutdesRencontresdeMoriond.«Je ne suis pasun chef. Je suis un simple soldat»,tempère Jean.

La volonté des Tran ne s’est pas arrêtée là. En1989, ils lancent les Rencontres de Blois, au châ-teaude laville,pourouvrir la réflexionscientifi-queàunpluslargepublic,maisaussisurdesthè-mesplusvariéset toujoursavecdesinvitéspres-tigieux. Cette année, ces rencontres s’achèventle 31mai sur le thème de la cosmologie et de laphysiquedesparticules.

Peu après, ils ont créé les Rencontres duViet-nam avec le même «esprit Moriond», dans lebut de développer les échanges scientifiques et

éducatifs entre leVietnamet le reste dumonde.Ils ont aussi introduit les méthodes pédagogi-ques de la fondation LaMain à la pâte, fondéessur l’expérience, auprès de 1500instituteurslocaux. Le ministère de l’éducation en ad’ailleursreprisdesélémentspourlesprochainsprogrammesscolaires.

Pour leur pays, qu’ils ont quitté à l’âge de17ans (en 1953 pour Jean) et de 18ans (en 1954pour Kim), leur engagement est ancien. Ils sesont d’ailleurs rencontrés à Paris, en 1958, dansune association humanitaire franco-vietna-mienne envendant notammentdes cartes pos-tales de soutien. Enmai1970, ils créent ensem-bleAideà l’enfanceauVietnam,uneassociationquiconstruiradesvillagesd’orphelinssurplace.

«Ilsnesontpasseulementdebrillantsorgani-sateurs et facilitateurs. Ils ont été aussi debrillantsscientifiques»,rappelleJean-MarieFrè-re. Ainsi Jean a élaboré unmodèle pour décrirela structure du neutron à une époque où l’onpensait que c’était une particule élémentaire.Kim, en tant que biologiste spécialistede la flo-raison, a eu les honneurs de la presse en 1974(dontLeMondedu27mars)poursontravail surles orchidées. «Kima eu cent fois plus de publi-cations que moi», ironise Jean en concluant:«Nous sommes plus occupés maintenantqu’avant.Sansdouteavons-nousaussiconscien-ce que le temps est limité.»p

R E N D E Z - V O U S SCIENCE&MÉDECINE

a f f a i r e d e l o g i q u e

KimetJeanTran,mariésaveclascience

p o r t r a i t | CecoupledechercheursretraitésconstruitauVietnam,sonpaysd’origine,uncentredeconférencesscientifiques

«Notre qualité, c’est l’inconscience.Nous croyons àdes choseshautes

et cherchons toujours plus»

PHILIPPEMAZZONI POUR «LE MONDE»

Sous terre, l’animalpeutmaintenirune température bien plus élevée que celle

de l’air ambiant lors des nuits froides.JEAN F. RANAIVOARISOA

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Philippe Pajot

Les graphes sont partout autour denoussansquenousenayonsforcé-ment conscience. Plans de métro,cartes routières, réseaux sociaux,

jeux,arbresgénéalogiques,plansarchitec-turaux et organigrammes en tous genressont représentablespardes graphes.

Maisqu’est-cequ’ungraphe?C’est toutsimplement un dessin abstrait constituéde sommets et d’arêtes. C’est en représen-tant la ville de Königsberg (aujourd’hui

Kaliningrad, enRussie) parungraphequelemathématiciensuisse LeonhardEuler apu répondre, en 1759, au problème fonda-teur de la théorie des graphes: onne peutpas visiter la ville en revenant à son pointde départ et en passant une seule fois surses sept ponts. La théorie a depuis beau-coup évolué, ouvrant la voie à des problè-mes que l’on se pose aujourd’hui sur desréseaux aléatoires, tels les réseauxsociauxou les réseauxurbains, ou encoredans des problèmes de gravité quantiqueenphysique théorique.

Toutau longduXXesiècle, lesmathéma-

ticienssesontemparésdecesobjetssurles-quels ils ont défini une typologieet trouvéquantitédepropriétés.«Beaucoupderésul-tats de mathématiques ont été établisavantqu’ontrouvedesapplicationsconcrè-tes», explique Alain Barrat, chercheur auCentredephysiquethéoriquedeMarseille.La théorie des graphes a aussi permis auxinformaticiens d’élaborer des algorithmes–des suites finies d’instructions– visant àrésoudredesproblèmesparticuliers.

Apartirdesannées1990, l’affluxmassifde données provenant de l’Internet, destélécommunications et des technologiesnumériques en général, a changé la tailledes réseaux étudiés jusqu’alors. Un chan-gement de taille et de complexité quin’avait pas été anticipé par la théorie desgraphes:sesoutilsétaientpeuadaptésà lastructure de ces réseaux. La physique sta-tistique, qui a depuis longtemps un lienavec la théorie des graphes et qui proposedes outils pour traiter des grands ensem-bles de données –historiquement, elle apour but d’expliquer le comportement desystèmesphysiquescomportantungrandnombre de particules–, a contribué à lacompréhensionde ces structures.

Alors que le modèle standard desréseaux était issu des graphes aléatoiresoù laplupartdes sommetsontunnombred’arêtes proche de la valeurmoyenne, lesréseaux réels peuvent être différents :dans des réseaux comme leWeb, on trou-vebeaucoupde «hubs», des sommets (oudesnœuds) où arriventbeaucoupd’arêtes(ou de liens). Autrement dit, les réseauxréels sont souvent très hétérogènes: desnœuds très connectés coexistent avec desnœuds peu connectés. En 1999, les physi-ciensAlbert-LaszloBarabasi et RekaAlbertont montré que ce type de réseau peutémergeràpartirderèglessimples:denou-veauxnœuds sont ajoutés un par un, cha-que nouveau nœud se connectant à unnœud existant avec une probabilité pro-portionnelleà sonnombredevoisins.

Rapidement, les spécialistes de la théo-rie des graphes ont étudié ceux issus desréseaux. Ils ont fourni de nouveauxoutilsalgorithmiquesqui serventpar exempleàtrouver des « communautés» sur lesréseaux, c’est-à-dire des groupes de

nœuds qui forment des structures denseset dont onpeut penser qu’ils ont des rôlessimilaires dans le réseau. La détection decommunautésintéresselesacteursde l’In-ternet qui cherchent à faire dumarketingciblé, ou les biologistes qui, pour trouverl’ensemble des gènes à l’origine d’unemaladie, recherchentdes communautés àl’intérieurduréseaucellulaire.«Malgrédenombreuses difficultés théoriques et prati-ques, les algorithmes les plus récents peu-vent détecter de façon automatique descommunautés dans des graphes compor-tantdesmillionsdenœudsetdeliens»,s’en-thousiasmeAlainBarrat.

Parun retournementde situation assezplaisant, la théorie des graphes, née d’unproblèmeurbainavec lespontsdeKönigs-berg, se retrouve aujourd’hui essentielledans la description de l’évolution des vil-les. «Le nombre de données toujours crois-

sant sur les villes, les systèmes urbains etleurs réseaux nous offre une occasion uni-quedecomprendreetdemodéliserleschan-gements qui se produisent dans les villes»,explique Marc Barthelemy, chercheur àl’Institut de physique théorique du CEA.Une modélisation pour laquelle les nou-veauxoutilsde la théoriedesgraphessontessentiels. «Cette nouvelle science desréseaux, qui utilise notamment la théoriedes graphes et la physique statistique,devraitnousaiderà identifier lesprocessusfondamentaux gouvernant l’évolutiond’une ville sur de grandes échelles detemps», renchérit Marc Barthelemy. Lathéorie des graphes deviendra alors l’undesélémentsfondateursdeceturbanismescientifique en train de naître qui prendtoute son importance lorsqu’on sait que,en 2050, 70% de la population mondialevivraenmilieuurbain.p

Plansdemétroet réseauxneuronaux

SCIENCE&MÉDECINE

C ommentparcourir les ruesde l’ancienneKönigsbergennepassant qu’une seule

fois sur chacundes sept ponts quienjambent la rivièrePregolia?Combiende couleurs faut-il pourcolorierune carte géographiquesansquedeuxpays limitrophesarborent lamême teinte? Com-ment résoudre lemystèredes«trois carrés enchâssés», imaginépar le célèbre auteurd’Alice aupays desmerveilles, Lewis Carroll?Toutes ces énigmes, qui raviront, àn’enpas douter, les amateurs dejeuxmathématiques, ontunpoint commun: elles peuvent êtrerésoluesgrâce à la théorie des gra-phes. Cette branchedesmathéma-tiquesn’est certainementpas laplus connue.

Et pourtant,malgré son caractè-re ludique, elle est unedes plusingénieuseset des plus utiles. Pen-sezque grâce à elle onpeut résou-dre des problèmesaussi comple-xesque la planificationdes cir-cuits de ramassaged’ordures, l’op-timisationdes process de fabrica-tion industrielle, la conceptiondes circuits électroniques, lamodé-

lisationde structuresmoléculai-res ou la distributiondes piècesdansun bâtimentpublic. Et toutcela sans formulemathématiqueabsconse,mais avec de simplesdessins composésdepoints et detraits. La théorie des graphesconstitueunenouvelle façondepenser, animéepar le seul désir derendrevisuellesdes questionsalambiquées,de démêler l’essen-tiel du superflu. Cette quêtede lasimplicité fait sa beauté et sa puis-sance.p

No 10, 164p., 9,99¤, en kiosques.

mathieu vidard

la tête au carré

du lundi au vendredi de 14h à 15h

Avec chaque

mardi,

la chronique

de la rédacti

on ducahier

donnez vos

oreilles

à la science

LA VOIXESTLIBRE

J6c8LKI83K6¾J6

Imaginéeilya250ansparEulerpourdécrireunparcoursdanslavilledeKönigsberg, lathéoriedesgraphesaconnuunemultituded’applicationspratiques.Ellerevientàsespremièresamours,auservicedel’urbanisme

Graphes:unethéorietrèsurbaine| c o l l e c t i o n « l e m o n d e e s t m a t h é m a t i q u e » |

1 cm

Photovoltaïque : capter toutes les couleurs de l’arc-en-ciel

SOURCES : MIT TECHNOLOGY REVIEW, ATWATER RESEARCH GROUP

C’est l’un des principaux défis posés auxproducteurs de cellules photovoltaïques : capterla plus grande part possible du spectre dela lumière solaire pour la convertir en électri-cité. Exception faite de ceux destinés auxengins spatiaux, hors de prix, les panneauxsolaires actuels, qui s’appuient en majorité surl’utilisation de silicium comme semi-conduc-teur, ont des rendements inférieurs à 20 %, carils ne captent qu’une petite frange du spectrelumineux.Harry Atwater, professeur de science desmatériaux et de physique appliquée à Caltech,propose d’y remédier. Son dispositif est

Les capteurs sont regroupés surune structure qui permet de suivrela course du Soleil, pour obtenirun rendement maximal.

2. Pointer le Soleil

Chaque cellule photovoltaïque estrecouverte d’un filtre qui ne laisse passerqu’une longueur d’onde spécifique,adaptée au semi-conducteur qui effectuesa conversion en électricité.

3. Filtrer le spectre lumineux

La lumière solaire est guidée versle cœur du dispositif par des déflecteursmétalliques qui constituent une sorted’entonnoir.

1. Concentrer la lumière

Déflecteursmétallique

Cellulesolaire

Matériauxisolantstransparents

Lumièreblanche

considéré par la MIT Technology Review commel’une des dix percées technologiques de 2013.L’idée consiste à séparer la lumière solaire endifférentes longueurs d’onde, chaque couleurétant projetée sur une cellule photovoltaïquespécifique capable de l’absorber.Harry Atwater assure que le système pourraitatteindre un rendement de 50 %.Selon lui, seul un changement de ce type peutsauver cette filière, car tous les progrès entermes de réduction des coûts de productionont déjà été accomplis, si bien que l’installation,l’emprise au sol, les permis et le travail consti-tuent la majorité de ces coûts.