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28 Double Liaison N° 598 - Mai 2014 Q ue ce soit pour sortir de la crise, pour se démarquer de la concurrence ou sous la pression réglementaire, le marché des colles et adhésifs reste un domaine très dynamique en matière de R&D. « Nous avons de la chance, c’est même un secteur plus innovant que la moyenne, estime Christian Klopfenstein, directeur général adjoint France et vice-président Europe du Sud de Bostik et président de l’Aficam. Il existe encore de nom- breux besoins en R&D, en nouvelles solutions, nous sommes loin d’être optimum ». Preuve en est, la filiale de Total, affichant 300 millions d’eu- ros de chiffre d’affaires, ouvrira à l’été prochain un nouveau centre de R&D à Venette, près de Compiègne, à vocation européenne. Pour un inves- R&D ET INNOVATION Une recherche dynamique Assemblage des matériaux composites, colles avec fonctions et développement durable comptent parmi les grandes orientations de la R&D des fabricants de colles. Ces derniers ayant la particularité de s’adresser à des domaines d’applications extrêmement diversifiés. DOSSIER n colles tissement de 10 millions d’euros, ce pôle de recherche travaillera notam- ment sur les applications thermofu- sibles, les colles à propriétés flexibles et sur la chimie verte. Il accueillera à terme 150 personnes, ce qui repré- sente un recrutement de 25 cher- cheurs sur deux années. Mais nul besoin d’afficher un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de millions d’euros pour être actif en matière de R&D. Même les entre- prises de taille plus modeste mettent un point d’honneur à innover sans cesse, comme c’est le cas de la PME Sealock, basée à Sallaumines dans le Pas-de-Calais. « Nous investissons 10 % de notre chiffre d’affaires de 5 Msur la France en R&D et 20 % de notre personnel, ce qui est énorme », tient à souligner Jean-Marc Barki, président de cette société spécialisée dans les colles vinyliques à base aqueuse. La problématique de l’allégement Et les thèmes ne manquent pas. Avec la recherche de l’allégement des matériaux dans les transports et le développement des composites, les systèmes de fixation classiques (vis, rivets, soudures) doivent en effet être remplacés par des colles, ouvrant la voie à de nouvelles chimies et de nouvelles formulations. Chez AEC Polymers, société installée à Le Barp (33) et spécialisée dans les adhésifs structuraux pour l’industrie, les pro- duits phares sont aujourd’hui les méthacrylates, parfaitement adaptés au collage des matériaux composites, et les MS polymères, apparus il y a © AEC

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Que ce soit pour sortir de lacrise, pour se démarquer dela concurrence ou sous la

pression réglementaire, le marchédes colles et adhésifs reste undomaine très dynamique en matièrede R&D. « Nous avons de la chance,c’est même un secteur plus innovantque la moyenne, estime ChristianKlopfenstein, directeur généraladjoint France et vice-présidentEurope du Sud de Bostik et présidentde l’Aficam. Il existe encore de nom-breux besoins en R&D, en nouvellessolutions, nous sommes loin d’êtreoptimum ». Preuve en est, la filialede Total, affichant 300 millions d’eu-ros de chiffre d’affaires, ouvrira à l’étéprochain un nouveau centre de R&Dà Venette, près de Compiègne, àvocation européenne. Pour un inves-

R&D ET INNOVATION

Une recherche dynamiqueAssemblage des matériaux composites, colles avec fonctions et développement durablecomptent parmi les grandes orientations de la R&D des fabricants de colles. Ces derniersayant la particularité de s’adresser à des domaines d’applications extrêmement diversifiés.

DOSSIER n colles

tissement de 10 millions d’euros, cepôle de recherche travaillera notam-ment sur les applications thermofu-sibles, les colles à propriétés flexibleset sur la chimie verte. Il accueillera àterme 150 personnes, ce qui repré-sente un recrutement de 25 cher-cheurs sur deux années.Mais nul besoin d’afficher un chiffred’affaires de plusieurs centaines demillions d’euros pour être actif enmatière de R&D. Même les entre-prises de taille plus modeste mettentun point d’honneur à innover sanscesse, comme c’est le cas de la PMESealock, basée à Sallaumines dans lePas-de-Calais. « Nous investissons10 % de notre chiffre d’affaires de 5M€ sur la France en R&D et 20 % denotre personnel, ce qui est énorme »,tient à souligner Jean-Marc Barki,

président de cette société spécialiséedans les colles vinyliques à baseaqueuse.

La problématique de l’allégementEt les thèmes ne manquent pas. Avecla recherche de l’allégement desmatériaux dans les transports et ledéveloppement des composites, lessystèmes de fixation classiques (vis,rivets, soudures) doivent en effet êtreremplacés par des colles, ouvrant lavoie à de nouvelles chimies et denouvelles formulations. Chez AECPolymers, société installée à Le Barp(33) et spécialisée dans les adhésifsstructuraux pour l’industrie, les pro-duits phares sont aujourd’hui lesméthacrylates, parfaitement adaptésau collage des matériaux composites,et les MS polymères, apparus il y a

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une dizaine d’années. Les méthacry-lates sont notamment utilisés dansle transport en substitution desépoxys et des polyuréthanes. Ils sontplus souples au niveau de la prépa-ration de surface, dans la maîtrise dutemps de polymérisation et leursperformances mécaniques (vibra-tion, pliage) sont accrues. « L’avan-tage des MS polymères est l’absenced’isocyanate, ce qui permet d’avoirune fiche de sécurité vierge, sans pic-togramme de danger. Cela intéresseparticulièrement nos clients », détailleNicolas Valloir, vice-président del’entreprise qui réalise 34 % de sonactivité dans le transport et les com-posites et 30 % environ dans laconstruction. Enfin, une part plusmarginale est réalisée dans les poly-uréthanes bicomposants et les collesUV.Réglementation oblige, « l’une desgrandes directions de notre recherches’oriente également vers la diminu-tion de l’utilisation des solvants,ajoute Christian Klopfenstein. Lapart des colles au solvant a ainsibeaucoup diminué depuis cinq ans.Mais il faut du temps pour les faireaccepter aux applicateurs, car celachange leurs méthodes de travail ».Pour cette même raison, la société3M a lancé au 1er trimestre 2014 unenouvelle colle à base eau à priserapide, la FT1000NF. Basée sur unetechnologie acrylique, elle est à éva-poration rapide – jusqu’à cinq foisplus que les colles aqueuses clas-siques –, et se destine à des applica-tions dans la maroquinerie en rem-placement du néoprène solvanté,dans la décoration ou encore l’ameu-blement extérieurs.

L’axe du développement durableAutre axe majeur dans le développe-ment durable et l’environnement,l’arrivée des produits biosourcés.Citons par exemple le projet Nawhi-cel 2, structuré autour d’un consor-tium d’entreprises aquitaines(EMAC, JTT Composite, AEC Poly-mers, Canoe, Rescoll…) et de l’équi-pementier automobile Cooper Stan-dard. L’objectif est de développer unenouvelle gamme de composites etcolles à base de nanocellulose. Afinde sécuriser son approvisionnementen nanocellulose, Nawhicel estconstruit sur une double stratégie de

sourcing auprès d’un producteurnord-américain et auprès du FCBAqui dispose d’un pilote d’une capa-cité de 100 kg par jour. La synthèsede la nanocellulose peut aussi sefaire à partir de pâtes de celluloseissues du pin maritime, notammentcelles produites en Aquitaine et dontla disponibilité est jugée suffisante

pour les applications envisagées.L’accès à cette ressource locale per-mettra de réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs de matièrespremières d’origine fossile et d’anti-ciper leur raréfaction.Une problématique que connaît bienl’entreprise Sealock, qui a choisidepuis sa création un positionne-ment stratégique basé sur les res-sources naturelles (amidon, dextrine,caséine, latex naturel…). Au-delà des performances, qui égalentaujourd’hui souvent celles des déri-vés pétroliers, c’est le problème ducoût et de l’approvisionnement quireste le principal frein. « Nous cher-chons donc une stratégie d’intégrationpour faciliter l’approvisionnement enmatières premières naturelles et fairebaisser les coûts, complète Jean-Marc

Au-delà des performances, le

frein reste le coût et l’approvisionnement.

n Sealock investit 10% de son chif fre d’af faires France en R&D.

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Barki. Mais dans le même temps, nouspouvons faire du sur-mesure et despetites quantités, ce que ne peuventpas se permettre les grands groupes,qui écartent ces volumes ». L’entre-prise, qui ne souhaite pas évoquerles projets de recherche en cours,affirme qu’elle possède actuellementquatre ou cinq produits dans sespipelines qui pourraient sortir cou-rant 2015.Pour la société de recherche Rescoll,en plus du biosourcé, le développe-ment durable dans les colles passeraaussi par la démontabilité et elle tra-vaille dans cette direction pour lecompte d’entreprises. « En effet, laquantité de colle est faible par rapportaux matériaux collés. Mais l’impactécologique est important si l’on estobligé de jeter tout en un assemblage,faute de pouvoir les séparer », justifieMaxime Olive, ingénieur R&D pourla société de recherche qui réalise del’analyse, de la R&D et de la forma-tion dans le domaine des colles. Sedéveloppe alors l’idée d’une fixationtemporaire. Par activation par unesource spécifique (thermique, UV,électrique), il est alors possible de

casser les liaisons chimiques. Ce pro-cédé, qui n’est pas encore réversible,a été appliqué sur une colle polyuré-thane pour la fixation des pare-briseou encore sur le télescope Gaia.Cette innovation se classe parmi lescolles à fonctionnalité, ou « smartadhesives », énorme potentiel de dif-férentiation pour les fabricants decolles. Leurs produits ne se conten-tent plus d’assembler les matériaux.Ils apportent des fonctions supplé-mentaires. Bostik, spécialisé dans lescolles grand public, les colles pour laconstruction, pour les transports encommun (train, tram, bus), l’embal-lage rigide et souple et l’hygiène aainsi breveté une colle pour couches-culottes, à laquelle est ajouté un indi-cateur d’humidité. Elle a égalementmis au point une colle pour parquetinsonorisante, qui épargne au clientl’étape d’isolation sonore. Ces fonc-tions peuvent également être despropriétés de conductivité thermiqueou électrique.Dans la même direction, le géant 3Mcommercialise depuis mars 2014 unefamille de colles structurales acry-liques, Scotch Weld avec ou sans

odeur, pour améliorer le confort del’utilisateur. « Elles incorporent éga-lement des microbilles de verre, pourla calibration du joint de colle enmême temps que l’assemblage », pré-cise Bruno Colchico, directeur labo-ratoire 3M France.

Un fort potentiel d’innovation« Le secteur a encore beaucoup depotentiel d’innovation, car chacuncherche à se démarquer de la concur-rence », juge Noëlle Forichon, quidirige le laboratoire « Adhésifs et collage » à l’Itech, qui réalise desprestations de recherche pour les grands groupes ou les petitesentreprises qui cherchent à s’ap-puyer sur les compétences transver-sales de l’école d’ingénieurs lyon-naise. L’apparition des nouveauxmatériaux comme le Téflon ou les composites thermoplastiquesenthousiasme également les équipesdans les laboratoires de recherche.« L’accroche est difficile et elle néces-site un autre type de traitement de surface, au plasma par exemplepour modifier la physico-chimie de surface des thermoplas-

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n Opération de traitement au plasma atmosphérique de la sur face d’un polymère.

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10 millionsd’eurosC’est l’investissement de Bostik pourun centre de R&D à vocation euro-péenne. Il travaillera sur les appli-cations thermofusibles, les colles àpropriétés flexibles et la chimie verte.

tiques, tout en simplifiant les ques-tions d’hygiène et de sécurité »,indique Maxime Olive« Notre stratégie n’est pas de pousserune chimie plutôt qu’une autre,confie Bertrand Volckrick, ingénieuret chef de groupe chez 3M, quicompte investir à l’échelle mondiale6 % de son chiffre d’affaires dans laR&D à l’horizon 2017. Nous cher-chons celle qui répondra le mieux auxbesoins du client. Celui-ci, surtout enFrance, recherche notamment la pro-ductivité : moindre quantité, simpleencollage, pour une quantité diviséepar deux, temps d’application et deprise réduits ». Dans ce domaine, lescolles à activation tardive permettentde simplifier le process des construc-teurs. Il est en effet possible destocker le matériau avec sa colle pourl’activer lorsque cela sera nécessaire.De son côté, le groupe Bostik chercheégalement à couvrir un grand nom-bre de technologies, afin de répondreau mieux aux besoins des clients quelque soit son domaine d’activité. Pourla construction, il cherche ainsi à

développer des systèmes complets,comprenant pour les sols des colles,chape, enduit de sol, primaire quiseront tous compatibles.Et il est vrai que dans un secteuraussi vaste que celui des adhésifs, quiva de l’assemblage des pièces auto-mobiles à l’aérospatial en passant parla cordonnerie ou les post-it, lesattentes des clients sont innombra-bles et extrêmement variées. C’estpourquoi, chez AEC Polymers, R&Det équipe commerciale travaillentmain dans la main. Le départementde recherche en interne compte qua-tre personnes et s’appuie parfois surles laboratoires d’Arkema, sa maisonmère, pour un soutien technique, lafabrication de molécules à façon oupour les essais. C’est ainsi que legroupe a développé en février 2013sa colle SAF 30 LOT (pour long timeopen). Avec un temps ouvert d’uneheure et demie, elle se place sur lemarché du collage des pâles d’éo-liennes, qui nécessite un tempsouvert important. Les premiersclients sont en test. « Notre stratégie

se dessine en fonction des retours dumarché. Nous avons des groupes detravail entre l’équipe commerciale etla R&D qui sont très à l’écoute desbesoins des clients et qui font remon-ter l’information », détaille NicolasValloir. Ainsi, les projets R&D sontdéfinis en commun. Il peut s’agird’améliorer des produits existants oude R&D pure, sur le long terme. Pourcette deuxième catégorie, quatre pro-jets majeurs, qui restent encoreconfidentiels, sont actuellement encours. Ils pourraient être lancés cou-rant 2014.

Gwénaëlle Deboutte

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