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    Le tourisme en outre-mer :un indispensable sursaut

    _____________________PRSENTATION

    ____________________

    Dvelopp depuis une cinquantaine dannes, le tourisme

    reprsente un levier de croissance pour les conomies insulaire doutre-mer qui, le plus souvent, connaissent un chmage lev225. Or, si cesecteur a connu une expansion durant la dcennie 90, il est en crisedepuis le dbut des annes 2000.

    Limportance du secteur touristique dans les conomies doutre-mer a ainsi conduit les chambres rgionales et territoriales des comptes engager un contrle des politiques touristiques conduites par lesprincipaux acteurs locaux sur la priode 2006-2012 dans troisdpartements la Guadeloupe, la Martinique et La Runion et enPolynsie franaise, o le tourisme est un atout fondamental eu gardaux caractristiques conomiques et limportance de la population226.

    Il ressort de ces contrles que le dynamisme des les concurrentesrelativise la porte des explications qui rendent la crise conomiqueinternationale responsable de cette situation. La cause est davantage rechercher dans les difficults structurelles de loutre-mer, en particulierdes interventions peu dynamiques des collectivits et, de faon gnrale,une action publique souvent inefficace.

    225Taux de chmage en 2012 (donnes Institut national de la statistique et des tudesconomiques (INSEE) : La Runion : 28,5 % ; Guadeloupe : 22,5 % ; Martinique :21 % ; Polynsie franaise : 22,5 %.226Le champ de lenqute na pas inclus la Nouvelle-Caldonie dont le potentielindustriel repousse au second plan lenjeu touristique, ni la Guyane et Mayotte, audveloppement touristique encore limit. Saint-Martin, Saint-Barthlemy, Wallis-et-Futuna et Saint-Pierre-et-Miquelon nont pas t examins en raison de leurssituations spcifiques.

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 403

    2 - Des frquentations touristiques en baisse

    Lessor du secteur touristique observ durant la dcennie 1990-2000 sest arrt de faon nette lors de la dcennie suivante. La baisse dela frquentation aux Antilles et en Polynsie franaise et la stagnation La Runion se rvlent des tendances de fond, mme si un rebond rcentpeut tre observ en 2011 et 2012.

    Tableau : nombre de touristes accueillis entre 1990 et 2012

    1990 2000 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

    Martinique 282 000 526 290 484 127 503 475 501 400 481 200 441 600 478 000 496 500 487 300

    Guadeloupe 331 000 602 875 368 600 371 200 407 900 412 000 346 500 392 300 417 800 487 759228

    La Runion 200 000 437 352 409 000 278 800 380 500 396 400 421 900 420 300 471 300 446 500

    Polynsiefranaise

    132 000 252 000 208 067 221 549 218 241 196 496 160 447 153 919 162 776 168 978

    Source : enqute INSEE et donnes des comits rgionaux du tourisme

    3 - Les contrecoups des crises sanitaires et sociales

    Les Antilles franaises ont connu une crise sociale en 2009, lienotamment la chert de la vie, qui a conduit lannulation de prs de10 000 sjours. La Runion, lpidmie de chikungunya en 2006 aentran une baisse de 32 % de la frquentation touristique et un reculhistorique de 40 % de la frquentation des htels. Prs de la moiti de lacapacit htelire de lle et 500 emplois ont t alors perdus. Depuis2011, la destination runionnaise se trouve confronte la criserequin la suite dune recrudescence des attaques229.

    228 Source : Rgion Guadeloupe (chiffre issu du croisement des donnes INSEE etIEDOM selon un mode de comptage diffrent de celui du tableau).229Si une douzaine dattaques de requins ont t comptabilises entre 1990 et 2000,neuf attaques dont quatre mortelles ont t recenses entre 2011 et 2013.

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    404 COUR DES COMPTES

    B - Le dynamisme des destinations concurrentes

    Les destinations concurrentes se distinguent par des frquentationstouristiques en augmentation constante ces dernires annes, enconcordance avec le dynamisme du tourisme international qui a cr de4 % en 2012.

    1 - Des les voisines plus attractives

    Dans les Carabes, les les de la Guadeloupe et de la Martiniquesont confrontes une concurrence forte de la Rpublique Dominicaine(plus de quatre millions de touristes en 2012), de Porto Rico (troismillions), de Cuba (plus de deux millions), de la Jamaque (un peu moinsde deux millions) et des Bahamas (1,4 million).

    Dans locan indien, La Runion est en retrait par rapport sesconcurrents, Maurice (965 000 touristes en 2012) et les Maldives(958 000 touristes), qui ont connu une croissance suprieure 30 % cesdix dernires annes.

    Dans la zone Ocanie, la Polynsie franaise apparat de plus enplus distance par les grandes destinations de la rgion comme Hawa(plus de sept millions de touristes), Guam ( plus dun million de touristes)et Fidji (661 000) ou les nouvelles destinations que sont les les Cook(122 000 touristes en 2012), Samoa (126 000) ou encore le Vanuatu(108 000).

    2 - Des avantages de comptitivit

    Le succs des les concurrentes tmoigne dune offre touristiqueplus adapte aux attentes de la clientle internationale qui profite de

    charges dexploitation moins leves

    230

    , de normes de constructionmeilleur march, de parits de change plus favorables et dun accueil jugsouvent de meilleure qualit.

    230Des dispositifs dexonration de charges sociales patronales allgent cependant lecot du travail dans le secteur touristique pour les dpartements doutre-mer.

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 405

    Par ailleurs, la volont de ces les de trouver une source endognede dveloppement conomique se traduit par une mobilisation forte delensemble des acteurs publics et privs, inscrivant le tourisme au curdes stratgies de dveloppement.

    Une offre touristique en dclin en outre-mer et en progrs chez lesconcurrents : lexemple de la croisire

    Avec 250 000 croisiristes en 2012 la Guadeloupe et 92 103 laMartinique, les deux les accusent un retard dans la zone, puisque, dans

    chacune des les voisines, la frquentation en escales est de lordre du demi-million de croisiristes par an. Les Bahamas, les les vierges amricaines, lesles Caman, Cozumel (Mexique) et Saint-Martin (partie nerlandaise delle) concentrent elles seules 46 % des changes.

    En Polynsie franaise, la frquentation des croisiristes est endiminution constante. Entre 2003 et 2011, leur nombre a ainsi baiss de48,2 %.

    Lexplication conjoncturelle de la crise conomique ne peut elleseule tre dterminante pour expliquer les faibles rsultats de loutre-merfranais. Le dynamisme touristique mondial, particulirement celui desles tropicales, renvoie aux raisons dordre structurel de la dsaffection lgard de loutre-mer franais que les actions publiques ne parviennentpas surmonter.

    II - Des collectivits peu dynamiques231

    Lensemble des collectivits territoriales ainsi que ltatinterviennent dans le secteur touristique. Dans les rgions doutre-mer, La Runion, aux Antilles et en Guyane, compte tenu des enjeux et enraison de leurs comptences particulires, les conseils rgionauxdevraient jouer un rle plus actif, de quasi chef de file.

    En Polynsie franaise, la collectivit de Polynsie devraitgalement saffirmer comme le pilote de laction touristique.

    231La numrotation du titre napparat pas dans la version du rapport imprim par laDocumentation franaise. Cette erreur matrielle a t corrige dans la prsenteversion mise en ligne le 11 fvrier 2014.

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    406 COUR DES COMPTES

    Le cadre institutionnel et la rpartition des comptences enmatire de tourisme

    Les collectivits concernes par lenqute :

    La Guadeloupe, la Martinique et La Runion sont dotes dun conseilgnral et dun conseil rgional. Entrinant le choix effectu par les lecteursle 24 janvier 2010, la constitution dune collectivit unique, exerant lescomptences du conseil gnral et du conseil rgional, interviendra laMartinique en 2015.

    La Polynsie franaise relve du statut de collectivit doutre-mer(COM). Le prsident de la Polynsie dirige laction du gouvernement et deladministration et promulgue les lois du pays . Pour les matires qui,comme le tourisme, ne sont pas dvolues ltat, le droit national nestapplicable que sur mention expresse en ce sens.

    La rpartition des comptences :

    Au titre de ses comptences rgaliennes, ltat fixe les rgles relativesaux visas, pour lensemble du territoire national, y compris en Polynsiefranaise.

    Dans les dpartements et rgions doutre-mer, comme en mtropole,l'tat rglemente, agre et classe les quipements, organismes et activitstouristiques, sauf en Nouvelle-Caldonie et en Polynsie franaise, il assurela promotion du tourisme franais l'tranger, grce lintervention de sonoprateur, le groupement dintrt conomique Atout France. Il apporte sonconcours aux actions de dveloppement touristique des collectivitsterritoriales.

    Ces dispositions ne sappliquent pas la Polynsie franaise qui peutcependant faire appel Atout France dans un cadre contractuel.

    Le lgislateur a progressivement confi la rgion trois types decomptence : la dfinition de la stratgie touristique moyen terme et,

    depuis 2002

    232

    , lobservation du secteur et la coordination des initiativespubliques et prives.

    232Loi du 27 fvrier 2002 relative la dmocratie de proximit.

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    Dans les rgions doutre-mer, le conseil rgional a lobligation decrer un comit rgional du tourisme (CRT). Organiss sous la formeassociative la Guadeloupe et La Runion, dtablissement public laMartinique, les comits de tourisme233 interviennent dans la promotion de ladestination, comptence obligatoire que leur confre le lgislateur, et dans lastructuration de loffre touristique. La Polynsie franaise sest dote dungroupement dintrt conomique qui assure des missions comparables celles des comits rgionaux du tourisme.

    Le dpartement a aussi lobligation de crer un comit dpartemental

    du tourisme (CDT) dont lactivit doit sexercer en harmonie avec lescollectivits territoriales, en prenant en compte les orientations dfinies par leschma rgional.

    La commune peut crer un office de tourisme charg des missionsd'accueil et d'information des touristes et de la promotion touristique locale.

    A - Des stratgies touristiques peu offensives

    1 - Des plans de dveloppement anciens

    Les stratgies touristiques des conseils rgionaux de la Martiniqueet de La Runion sinscrivent dans des plans anciens, datant de la fin desannes 90 et du dbut des annes 2000.

    En Polynsie franaise, des tudes et des schmas pluriannuelsplus ou moins dtaills ont t raliss un rythme soutenu depuis 2005sans relle validation et sans mise en application.

    2 - Des objectifs pas assez oprationnels

    Outre leur caractre dat, ces documents affichent des objectifs

    gnraux, nombreux et non hirarchiss, sans prcision de calendrier nide moyens, notamment financiers. La plupart dentre eux sont fonds surdes hypothses irralistes, comme lobjectif de parvenir 600 000touristes dici 2015 La Runion, loffre dhbergement tant incapabledabsorber un tel flux.

    233 Comit du tourisme des les de la Guadeloupe (CTIG) ; le de La RunionTourisme (IRT) ; Comit martiniquais du tourisme (CMT).

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    408 COUR DES COMPTES

    La faiblesse du caractre oprationnel des stratgies touristiques enoutre-mer sexplique en partie par labsence de sollicitation des comitsrgionaux du tourisme qui nont pas t saisis par les collectivitsrgionales, alors mme que cette possibilit est ouverte234. Les comitsrgionaux du tourisme antillais et runionnais ont donc eu tendance dvelopper des stratgies touristiques propres, parfois en contradictionavec celles des excutifs rgionaux.

    3 - Des approches peu innovantes

    Sy ajoute labsence de dmarche rellement innovante,susceptible de diffrencier les destinations outre-mer des lesconcurrentes. Dfinies par rapport des objectifs essentiellementquantitatifs, les stratgies touristiques de loutre-mer peinent choisirentre les produits quelles proposent et les diffrents types de clientlesquelles visent. Elles prouvent des difficults se renouveler.

    Ainsi, la Martinique et la Guadeloupe restent encore marques parle tourisme de masse des annes 80. Orient principalement vers loffrebalnaire, ce modle narrive pas ajouter ce produit dappel des offrestouristiques complmentaires. Face la palette trs riche de son offre

    touristique (destination de montagne, de volcan, de tourisme de nature,offre balnaire, diversit culturelle), La Runion hsite entre le bleu (tourisme balnaire) et le vert (tourisme de nature), transmettant auxclientles trangres un message peu lisible.

    4 - Des atouts insuffisamment valoriss

    Les stratgies adoptes valorisent insuffisamment les atoutsindniables de ces destinations, au nombre desquels figure lexistence degaranties importantes en termes de stabilit politique et de scuritsanitaire, particulirement recherches par les clientles familiales et lesseniors.

    La richesse du patrimoine culturel des destinations doutre-mer,qui sexprime dans la diversit des populations et dans la varit des

    234 La stratgie de la rgion, formalise dans le cadre dun plan rgional, peut trecomplte par un schma de dveloppement du tourisme et des loisirs propos par lecomit rgional de tourisme la demande de la collectivit (article L. 131-7 du codedu tourisme).

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    manifestations culturelles et festives qui rythment la vie de ces les, nestpas suffisamment valorise.

    La qualit exceptionnelle de leur patrimoine naturel nest passuffisamment prise en compte. Le parc national de La Runion, quireprsente prs de 40 % du territoire, a t class en 2010 au patrimoinemondial de lhumanit par lUnesco pour ses cirques, ses pitons et sesremparts. La stratgie touristique runionnaise, labore avant ceclassement, reste silencieuse face un produit dappel et de notoritmajeur.

    La Martinique, la Guadeloupe et La Runion sont galement desdestinations dotes de volcans actifs (la montagne Pele la Martinique,la Soufrire la Guadeloupe et le Piton de la Fournaise La Runion),peu exploits pour limage touristique de ces les.

    5 - Un manque darticulation avec les autres acteurs

    Larticulation ncessaire entre laction des rgions et de lacollectivit de Polynsie franaise et celle des autres collectivitsterritoriales est dfaillante.

    Les acteurs privs de la filire prouvent galement des difficults sinscrire dans des orientations stratgiques dont ils ne saisissent pas lestenants et les aboutissants.

    B - Une connaissance lacunaire du secteur

    Le traitement de linformation touristique, aide la dcision et lvaluation des politiques, est nglig.

    La Runion, lobservation du secteur a t longtemps paralyseet na retrouv un dynamisme certain qu la fin de lanne 2011.

    la Guadeloupe et la Martinique, la connaissance de loffrelocale reste partielle. Les observatoires rgionaux du tourisme, crs etports depuis 2005 par le comit martiniquais du tourisme et, laGuadeloupe, par la rgion elle-mme, fonctionnent avec peu de moyens.Les donnes manquent de prcision et de cohrence, privant ainsi lescollectivits rgionales dinformations fiables et actualises.

    En Polynsie franaise, la collectivit dispose de bases de donnesstatistiques mais, au-del des informations lies la frquentation et aux

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    indicateurs de dpenses, elle na que peu denqutes de satisfactionpermettant dadapter son offre touristique la demande relle.

    C - Une coordination insuffisante

    1 - Pour les amnagements des sites

    Loffre touristique en outre-mer est confronte des problmesrcurrents : propret de la voirie, organisation des transports dans des lessouvent embouteilles, manque de parking proximit des sitestouristiques, collecte deaux uses, amnagements des espaces littoraux(qualit des plages, matrise du foncier, etc.) et dfaut de signalisation dessites.

    Ces amnagements touristiques ncessitent lintervention denombreux acteurs publics (tat, conseil rgional, conseil gnral,collectivits doutre-mer, communes et groupements de communes), lacollectivit doutre-mer pour la Polynsie franaise. Les rgions et lacollectivit de Polynsie Franaise, qui devraient contribuer rassemblerles nergies des acteurs publics, interviennent peu ou pas sur ce champ.

    la Martinique, les espaces damnagement touristique envisagsil y a une dizaine dannes sont encore au stade des tudes. En Polynsiefranaise, la politique touristique et les politiques damnagementsignorent. Des travaux rcents ont t entrepris au mpris des aspectstouristiques : le point de vue de Taharaa et le trou du souffleur ont trendus difficiles daccs par les travaux routiers raliss. Lamnagementdes plages et des sites culturels et naturels a t effectu de maniredisparate par les services du pays et par les communes.

    2 - Pour les tourismes balnaire et de nature

    Labsence de coordination entre la rgion et le dpartement nuit lefficacit de laction publique, le conseil gnral de la Runion tantpropritaire foncier235dune grande partie de lle.

    235 Le statut dpartemento-domanial est propre aux dpartements doutre-mer liens(les Antilles et La Runion) : il sagit de lancien domaine de la colonie, pass sous cestatut en 1948. La nue-proprit revient au dpartement, mais ltat en conserve ledroit dusage.

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    Alors que le tourisme de randonne est un produit dappelimportant pour la destination, ltat de vtust et le confort spartiate desonze gtes de montagne, proprit du conseil gnral, sont rgulirementdnoncs par les visiteurs. Des divergences entre les deux collectivits sesont traduites par une dmobilisation des deux acteurs.

    La problmatique des bassins de baignade est galementrvlatrice de labsence de coordination avec le bloc communal jusquune priode rcente. Alors que la zone littorale Ouest est confronte uneaffluence croissante, aucun des cinq bassins de baignade figurant dans le

    schma damnagement rgional na t cr.Le prfet a relanc la coordination en runissant en octobre 2012

    un comit dorientation stratgique, co-prsid avec le prsident de largion et la prsidente du dpartement, charg de dbloquer les dossiersncessitant un haut degr de pilotage parmi lesquels figurent la crationdes bassins de baignade, lentretien des sites de randonne ainsi que larnovation des gtes de montagne.

    III - Des actions publiques inefficaces

    Les actions publiques engages par les rgions et la collectivit dePolynsie et leurs principaux oprateurs (les comits de tourisme) sontdsquilibres en faveur dune intervention majoritairement centre sur lapromotion des destinations alors que loffre touristique reste inadapteaux attentes de la clientle internationale.

    A - La promotion : un chec

    1 - Lincapacit diversifier les clientles touristiques

    a)La forte dpendance lgard de la clientle mtropolitaine

    Les conomies touristiques des Antilles et de La Runion sontlargement orientes vers la mtropole, au risque de devenir des produitsmconnus du march mondial. La clientle mtropolitaine reprsenteplus de 80 % des touristes. En revanche, la clientle touristique accueillieen Polynsie franaise est plus diversifie avec une ouverture sur les

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    marchs asiatiques et amricains, la part mtropolitaine reprsentant unemoyenne de 20 % du total des touristes accueillis entre 2006 et 2012.

    Cette situation de mono-clientle constitue un double handicappour les destinations de la Guadeloupe, de la Martinique et de LaRunion. Le premier est une grande sensibilit la conjonctureconomique franaise. Le second tient au caractre fortementaffinitaire.236Or le tourisme affinitaire apporte moins de recettes que letourisme dagrment ou le tourisme daffaires, les dpenses lies lhbergement et la restauration tant moindres.

    b)Labsence de rsultat des politiques promotionnelles

    Aux Antilles et La Runion, les conseils rgionaux, via lescomits rgionaux de tourisme, ont engag des actions visant diversifierles clientles touristiques en ciblant prioritairement les pays dEurope duNord et les clientles trangres voisines. Les rsultats ne sont pas lahauteur des enveloppes financires engages annuellement (plus de 7 M La Runion et 6 M la Guadeloupe). La part des clientleseuropennes reste stable, reprsentant en moyenne 5 % des touristesaccueillis.

    Cette incapacit diversifier les clientles stend galement auxtouristes en provenance des aires gographiques proches des Antilles, deLa Runion et de la Polynsie franaise dont le nombre reste stable ou enbaisse : diminution croissante de la part des clientles nord-amricainesaux Antilles (1 % du total des touristes accueillis), baisse prononce desclientles de la Chine et de la zone ocan indien (Maurice, Afrique duSud, Inde) La Runion (10 % en 2012), chute de la frquentation destouristes dAmrique du Nord (59 892 touristes en 2012) et de lAsie(16 505 en 2012) en Polynsie franaise.

    2 - Le manque de professionnalisme

    Au-del des facteurs extrieurs lis notamment la conjonctureinternationale et la faible implication des acteurs privs dans lapromotion touristique, les politiques promotionnelles conduites par lesacteurs publics locaux portent, en elles-mmes, des faiblesses quiexpliquent labsence de rsultat.

    236Touristes qui voyagent pour rendre visite la famille ou aux amis.

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    a)Linstabilit dans la dfinition des clientles prioritaires

    Promouvoir une destination ltranger ncessite de travailler lemarch vis dans la dure avec des moyens diffrencis selonlimportance que revt le march concern. Si certaines les respectent ceprincipe cest le cas notamment de la Guadeloupe , dautres, enrevanche, parpillent leur intervention sur des marchs trangers, dontlimportance et la liste varient dune anne sur lautre. Ainsi, LaRunion, le comit rgional de tourisme met en uvre des actions

    promotionnelles qui font varier tous les ans les pays viss et leur degr depriorit.

    b)Lintrusion inefficace du pouvoir excutif local dans la promotion

    Dans certains cas, lintrusion du pouvoir excutif local dans lapromotion se traduit par des oprations inefficaces sur la clientletouristique vise. Ainsi, la participation de la Polynsie franaise lexposition universelle de Shanghai, en 2010, apparat en dcalage avecles clientles touristiques cibles dans la stratgie promotionnelle dugroupement dintrt conomique (GIE) Tahiti Tourisme. Au vu de la

    faible importance de la clientle chinoise, qui reprsentait moins dunmillier de touristes, Tahiti Tourisme a propos, en vain, dorienter versdautres marchs, notamment amricains, le financement de 80 millionsde F CFP237retenu.

    c)Labsence dvaluation des actions menes

    Lvaluation des actions de promotion nest pas suffisammentrecherche. la Guadeloupe et la Martinique, les rapports dactivit ducomit rgional de tourisme recensent, pour chacun des marchs,lensemble des actions de promotion conduites sans pour autant fairelvaluation des rsultats.

    La Runion, les actions de promotion, qui prennent la formedvnementiels organiss en mtropole et ltranger, sont peu valuesalors quelles entranent des frais importants lis au transport arien, aufret et lhbergement des participants sans avoir deffet structurantimmdiat. Les oprations menes par le comit rgional de tourisme, le

    237670 399 .

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    12 et 13 septembre 2006, sur le Parvis de Notre-Dame de Paris ainsi quelopration Ronde des Rgions , engage en 2010 et 2011 parlAssociation Tourisme Runion, sont des exemples difiants cet gard.

    3 - De nouvelles initiatives encore fragiles

    De nouvelles stratgies promotionnelles engages rcemment auxAntilles et La Runion pourraient permettre dattirer des clientles

    trangres plus nombreuses, mais elles sont, ce stade, handicapes pardes fragilits oprationnelles.

    a)La stratgie des les Vanille

    La Runion participe depuis 2010, avec les les de la zone(Maurice, Seychelles, Madagascar, Mayotte, Comores, Maldives), unenouvelle stratgie promotionnelle destine sduire les clientlestrangres, particulirement les touristes europens et chinois, en leurproposant des offres combines inter-les. Fin 2013, ce concept des lesvanille se traduit essentiellement par la vente doffres combines entre

    La Runion et Maurice et peine encore se matrialiser dans les taux defrquentation en raison notamment des diffrences dans lesrglementations relatives aux visas et au fait que les partenaires sontgalement des concurrents.

    b)Les contrats de destination

    Par la conclusion des contrats de destination en 2011, laGuadeloupe et la Martinique ont engag une dmarche nouvelle quipermet de fdrer, autour de lobjectif du renforcement de la clientleeuropenne, les principaux acteurs de la promotion (comits rgionaux dutourisme, conseils rgionaux, Atout France, professionnels privs, AirFrance). La compagnie Air France a arrt la liaison hebdomadaireeffectue depuis laroport de Roissy au bout de 18 mois au vu dunedgradation de ses rsultats sur cette ligne. Le retrait dAir France dudispositif a compromis la stratgie de diversification des clientlestouristiques initie par les acteurs locaux.

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 415

    B - Laccessibilit : deux handicaps

    1 - Les conditions de visa

    Un certain nombre de clientles trangres cibles par les acteurstouristiques outre-mer - notamment celles provenant dEurope orientale,de Russie, de Chine et dInde - sont soumises des obligationsdobtention de visa. En dehors des les franaises, ces clientles

    bnficient souvent de dispense de visa ou de facilits de dlivrance dansles aroports. Du fait notamment de ces diffrences dans lesrglementations, La Runion bnficie peu des retombes des offrescombines avec Maurice et les Seychelles.

    Les obligations de visa pour lentre la Guadeloupe,Martinique et La Runion

    Les conditions de visa sont dfinies par l'arrt du 26 juillet 2011relatif aux documents et visas exigs pour l'entre des trangers sur leterritoire de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique, deLa Runion et de la collectivit de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ces les nefaisant pas partie de lespace Schengen, lobtention dun visa de court

    sjour spcifique loutre-mer est exige.Depuis le 7 fvrier 2013, la suite des demandes rptes des

    autorits locales runionnaises, les ressortissants sud-africains bnficientdsormais dune exemption de visa238. Lexemption souhaite par lesacteurs runionnais en faveur des touristes en provenance dInde et deChine, dont une partie de la population runionnaise est originaire, a trefuse par le gouvernement en raison des risques migratoires.

    2 - Loffre arienne

    a) Une desserte arienne peu diversifie

    Les touristes europens dsireux de se rendre aux Antilles ou LaRunion sont contraints de passer par Paris. Peu de lignes rgulires

    238Selon le comit rgional de tourisme de La Runion, les ventes de billets davionsur la ligne La Runion/Afrique du Sud du principal oprateur auraient augment deplus de 30 % en 2013, depuis la leve de lobligation de visa.

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    assurent la liaison directe dune ville europenne autre que Paris versPointe--Pitre, Fort-de-France et La Runion. cet inconvnient sajoutelobligation de changer daroport. Les trois compagnies ariennes quirelient, par des lignes rgulires, la Martinique et la Guadeloupe Paris239le font depuis laroport dOrly, contraignant ainsi les clients europens qui arrivent majoritairement Roissy- traverser Paris. Seule lacompagnie XL Airways dessert la Martinique et la Guadeloupe au dpartde laroport de Roissy Charles de Gaulle.

    Air France et Corsair desservent La Runion depuis Orly. Seule la

    compagnie Air Austral fait dcoller ses avions depuis Roissy Charles deGaulle. Air France ne partage aucun code240avec Air Austral, compagniequelle a contribu crer, alors quelle est engage dans un partenariatde cette nature avec la compagnie mauricienne Air Mauritius qui a arrtla majorit de ses liaisons europennes. Cet accord facilite le transportdes touristes europens vers Maurice. Les tensions qui ont pu existerdans les relations entre Air France et Air Austral, lies la dcision de lacompagnie rgionale runionnaise, en 2003, de desservir Paris, nefavorisent pas les intrts touristiques de lle.

    Les touristes trangers originaires de la zone rgionale proche desles franaises ont galement des difficults accder aux destinationsoutre-mer. Les liaisons ariennes entre la Guadeloupe, la Martinique et le

    continent amricain ont beaucoup diminu depuis la dernire dcennie(2 % du trafic passager total de la Guadeloupe en 2012).

    la Runion, la compagnie rgionale Air Austral, dont le capitalest majoritairement public, a connu des difficults financires importantesen 2011 qui lont contrainte fermer les lignes dficitaires de Sydney etde Nouma. La proximit gographique de laroport international deMaurice qui dessert une quinzaine de destinations en liaison directepourrait permettre La Runion de disposer dune plate-formearoportuaire (hub) proche. Mais le cot important des billets (300 aller-retour en moyenne par passager) entre La Runion et Maurice limiteles flux touristiques.

    En Polynsie franaise, les touristes trangers de la zone sontconfronts dune offre arienne en recul. Le trafic passager estessentiellement centr sur Paris (39 % du trafic en 2012) et Los Angeles(31 %). La compagnie rgionale Air Tahiti Nui, dont le capital est dtenumajoritairement par la collectivit de Polynsie franaise, est le principal

    239Air France, Air Carabe, Corsair.240 Le partage de code est une forme de coopration entre compagnies ariennes.Lune des compagnies ariennes est charge deffectuer directement le vol et l'autredispose du droit de vendre des places sur ce vol sous son propre code.

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 417

    transporteur destination de lle de Tahiti. Les difficults financiresdAir Tahiti Nui, lies notamment au maintien dune flotte arienne ensurcapacit241, ont conduit la compagnie fermer les lignes fortementdficitaires de New-York et de Sydney.

    b)Des tarifs levs et les effets perturbateurs des dispositifs publics

    Les liaisons entre la mtropole et loutre-mer sont juges dun cot

    trop lev par les professionnels du tourisme. Aucune tude exhaustivedes tarifs pratiqus par les compagnies ariennes sur une longue priodentant ralise, il est difficile dapprcier la ralit de cette chert et,surtout, de comparer le niveau des tarifs avec ceux pratiqus sur lesdestinations concurrentes, le cot du billet tant un des lments du choixdes destinations.

    Outre le niveau des tarifs ariens, lexistence dcarts de prixpouvant aller du simple au double en priode de vacances scolaires est unautre inconvnient. Calculs par la mthode du yield management (enfonction des taux de remplissage), les prix peuvent atteindre des niveauxdissuasifs lors de ces dates pour les touristes dagrment.

    Les dispositifs de continuit territoriale (aide au transport en faveurdes rsidents) et de congs bonifis (prise en charge des frais de voyagedes fonctionnaires tous les trois ans) peuvent avoir un caractreinflationniste sur les tarifs ariens.

    C - Loffre touristique : des aides inoprantes

    1 - La promotion privilgie aux dpens de loffre de produits

    Des enveloppes financires importantes sont mobilises par les

    rgions et la Polynsie franaise pour soutenir loffre touristique, que cesoit en direction des investissements publics ou des entreprises prives.

    Les interventions financires restent cependant trs largementorientes vers les dpenses engages par les comits du tourisme pour la

    241En maintenant une flotte arienne compose de cinq avions avec un plan de chargeconu pour quatre, Air Tahiti Nui a une surcapacit quelle value 600 M FCFP241par an (5 M) et quelle justifie par la ncessit de dimensionner sa capacit enfonction des priodes de pointe.

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    418 COUR DES COMPTES

    promotion de la destination (campagnes de publicit grand public,prsence dans les salons internationaux, actions en direction desprofessionnels qui commercialisent la destination, les tours oprateurs etles agences rceptives).

    Montant des enveloppes financires engages par les rgions etla Polynsie franaise.

    Sur la priode 2007-2011, la rgion Martinique a consacr 86,9 Mau secteur du tourisme (avec une dpense moyenne annuelle de 17,3 M)

    tandis que la Guadeloupe, entre 2007 et 2012, a consacr 71,8 M (avecune moyenne annuelle de 11,9 M). La Runion a mobilis un total de85,3 M de subventions entre 2006 et 2012 (le montant des aides aaugment de 65 % en 2012 par rapport 2006).

    En Polynsie franaise, 13,5 MdF CFP (113 M) de dpenses defonctionnement ont t engags entre 2005 et 2011, auxquels il fautajouter 220 MF CFP (1,8 M) au titre des dpenses dinvestissement.

    Lexamen des crdits du secteur touristique inscrits dans lesbudgets primitifs 2012 des rgions, en euros par habitant, rvle que lesAntilles et La Runion se situent dans les dix premires rgions (laMartinique occupe le cinquime rang, La Runion est en huitimeposition et la Guadeloupe en dixime place).

    2 - Le dficit daccueil et de formation

    Aux Antilles et La Runion, ladhsion de la population locale autourisme demeure encore insuffisante. Aux Antilles, la crise sociale de2009 et des incidents rcents renforcent limage, pas toujours justifie, dedestinations peu chaleureuses. La Runion, le tourisme nest pas encoreintgr comme une priorit par la population locale, par ailleurs,traditionnellement accueillante.

    La faible qualit de laccueil des touristes concerne galement les

    acteurs privs de la filire (absence de matrise des langues trangres,horaires des commerces et restaurants inadapts une vie nocturne,accueil peu structur larrive des navires de croisires).

    La prise de conscience rcente de la ncessit damliorer laccueildes touristes a amen les collectivits publiques engager des actions desensibilisation de la population.

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    3 - Les faiblesses de loffre htelire

    a) Un parc insuffisant

    Les rgions doutre-mer sont moins dotes en chambres dhtelque les rgions mtropolitaines. De plus, aucune grande chaneinternationale ny est implante, lexception des groupes ClubMditerrane et Accor aux Antilles.

    La diminution importante du nombre de chambres dhtel a suivile mouvement la baisse des frquentations touristiques. Inadapte auxfluctuations saisonnires, avec une forte tension en priode de hautesaison touristique242mais des taux doccupation moindres en dehors, lacapacit htelire actuelle, avec moins de 4 500 chambres,243ne permetpas denvisager une augmentation substantielle des flux touristiques.

    Selon les professionnels du secteur, seule laugmentation dunombre de chambres pourra entrainer une augmentation du trafic arien.Une insuffisante capacit htelire empche les professionnels quicommercialisent les destinations dacheter aux hteliers des volumes desjours importants et de sengager auprs des compagnies ariennes sur

    des rservations de bloc-siges dun niveau plus lev.Sil apparat trs positif et prometteur pour lavenir, le

    dveloppement croissant de structures dhbergement diffus (chambresdhte, gtes, meubls de tourisme, etc.) aux Antilles et La Runion nepeut entirement remplacer les capacits htelires manquantes.

    b) Une offre htelire inadapte

    Par ailleurs, la qualit du parc htelier La Runion, laGuadeloupe et la Martinique est juge insuffisante. En Polynsiefranaise, le cadre rglementaire et la procdure de classement sont de lacomptence de la collectivit. Conu de manire rigide en 2000, leclassement est limit aux htels de classe internationale et ignor par prsdes trois-quarts des petits tablissements.

    242 La priode de haute saison touristique concerne gnralement la priode denovembre avril, la basse saison stablit entre mai et octobre.243 Au 1er janvier 2012 : 3 569 chambres la Martinique, 4 435 la Guadeloupe,2 117 La Runion.

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    420 COUR DES COMPTES

    c)Des aides multiples sans vritables rsultats

    La Runion, la rgion stait fix pour objectif de parvenir crer 1 000 chambres classes entre 2006 et fin 2013. Malgr le caractreplus incitatif des aides mises en place partir de 2010 avec le soutien dufond europen FEDER244, lobjectif est loin dtre atteint : la mobilisationdune enveloppe de subventions rgionales (hors fonds europens) de4 M a conduit la cration effective de 117 chambres, les autresconcernent des htels en cours de construction ou dont les travaux nont

    pas encore dmarr.En Polynsie franaise, des financements assez importants mais

    concentrs sur un nombre relativement limit dtablissements ont tengags pour soutenir la cration et la rnovation des hbergementstouristiques (prs de 277 M FCP245entre 2005 et 2011).

    La situation financire dgrade dun grand nombre dhtels, enparticulier aux Antilles, ainsi que limportance des charges structurellesauxquelles ils sont confronts expliquent, pour partie, la difficult rnover loffre htelire (cot salarial, cot de construction aux normesparasismiques et para cycloniques).

    La Runion, en particulier, le nombre important de fermetures

    dtablissements sest traduit par la multiplication de friches hteliressans quune rflexion globale soit mene sur leur devenir. Laccueil desinvestisseurs internationaux, demandeurs de foncier disponible, paratinorganis, aucune structure ntant compltement charge de ce volet.

    La lourdeur et linstabilit des dispositifs daide mis en place parles excutifs locaux, gnralement adosss aux fonds europens, sont unedifficult supplmentaire, contribuant rendre peu lisibles des dispositifsdaide empils dans des mesures nombreuses dont linstruction enlabsence de guichet unique - est rpartie entre les services de ltat et largion.

    d)Des mesures de dfiscalisation aux effets ngatifs

    Les mesures de dfiscalisation, introduites par la loi de financesrectificative du 11 juillet 1986, souvent modifies, notamment par la loide programme pour loutre-mer, dite loi Girardin , du 21 juillet 2003 et

    244Fonds europen de dveloppement rgional.2452,3 M.

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 421

    la loi pour le dveloppement conomique des outre-mer du 27 mai 2009,dite loi LODEOM, et destines compenser les handicaps structurels deloutre-mer, ont favoris la dilution de la proprit des tablissements parlmiettement des actionnaires des socits immobilires. Elles ontgalement contribu la cration dhtels souvent construits pour ladfiscalisation et dconnects des besoins rels des territoires.

    La Cour, dans son rapport public 2012, a relev quune partsignificative de la dpense fiscale ne bnficie pas loutre-mer. Destine rendre attractive la rduction dimpt, cette part profite aux seuls

    contribuables bnficiaires de lavantage fiscal. La Cour a prconis desupprimer les dfiscalisations Girardin en faveur des investissementsproductifs et de les remplacer par dautres modes dintervention, moinscoteux pour le budget de ltat, et plus efficaces.

    La loi de finances initiale pour 2014, du 29 dcembre 2013,instaure un crdit dimpt reprsentant une aide directe rserve lexploitant.

    _________ CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS ________

    Les atouts indniables de la Guadeloupe, de la Martinique, de LaRunion et de la Polynsie franaise font du tourisme un secteur davenirpour les quatre destinations. Pour autant, les rsultats ne sont pas lahauteur des potentiels.

    La baisse des frquentations sexplique notamment par des raisonsstructurelles et par le manque de dynamisme des politiques publiquesmises en uvre. Ces les nont pas su mettre en place une stratgietouristique innovante. Les rgions et la Polynsie franaise ne jouent pasleur rle de coordonnateur dun secteur dans lequel interviennent tousles niveaux dadministration locale. Les actions de promotion sontprivilgies mais largement inefficaces, tandis que loffre nest pasadapte aux attentes de la clientle internationale.

    La Cour et les chambres rgionales et territoriales des comptesformulent les recommandations suivantes :

    Pour les collectivits:

    1. laborer un plan stratgique, actualis, fond sur uneobservation du secteur, fixant des orientations priorises moyen terme ;

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    422 COUR DES COMPTES

    2. demander aux comits du tourisme de raliser un plandactions oprationnelles dans le cadre dun schma dedveloppement du tourisme et des loisirs ;

    3. exercer une coordination effective des interventions desdiffrents acteurs publics et privs, tout particulirementdans le champ relatif aux amnagements touristiques etaux activits de nature ;

    4. dvelopper une politique de formation et de sensibilisationdes professionnels et de la population afin de mieuxrpondre aux attentes de la clientle internationale ;

    5. simplifier et stabiliser les dispositifs rgionaux daidesaux investissements hteliers et les inscrire dans le cadredun guichet unique ;

    6. renforcer la coordination sur les disponibilits foncireset laborer une stratgie sur les friches existantes ;

    7. dfinir durablement des thmatiques et des pays ciblesprioritaires et valuer les rsultats obtenus.

    Pour ltat :

    8. supprimer les dfiscalisations Girardin en faveur desinvestissements productifs et les remplacer par dautresmodes dintervention, moins coteux pour le budget deltat et plus efficaces.

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    Sommaire des rponses

    Rponse commune du ministre de lconomie et desfinances et du ministre dlgu auprs du ministre delconomie et des finances, charg du budget

    425

    Ministre de lintrieur 426

    Ministre de la rforme de ltat, de la dcentralisation et dela fonction publique

    427

    Ministre des outre-mer 428

    Prsident de la Polynsie franaise 430

    Prfte de la rgion Guadeloupe 431

    Prfet de la Martinique 433

    Prsidente du conseil rgional de la Guadeloupe 436

    Prsident du conseil rgional de La Runion 438

    Prsidente du conseil gnral de La Runion 449

    Directeur gnral dAtout France 451

    Prsident de ltablissement public foncier de La Runion 452

    Prsidente de lle de La Runion Tourisme (IRT) 453

    Prsident de lAssociation des les Vanille 467

    Prsident du groupement dintrt conomique (GIE) TahitiTourisme

    469

    Prsident-directeur gnral dAir Austral 470

    Prsident-directeur gnral dAir France 471

    Prsident du GIE Air Tahiti Nui 474

    Prsident-directeur gnral du Club Mditerrane 475

    Prsident-directeur gnral de la compagnie Corsair 477

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    424 COUR DES COMPTES

    Prsident-Directeur gnral de la Sematra 478

    Prsident de lUnion des mtiers et des industries delhtellerie de La Runion (UMIH)

    480

    Destinataires nayant pas rpondu

    Prfet de La Runion

    Prsident du conseil rgional de La Martinique

    Prsident du conseil gnral de la Guadeloupe

    Prsidente du conseil gnral de La Martinique

    Directrice du Parc National de La Runion

    Prsident du Comit du tourisme des les de Guadeloupe

    Prsidente du Comit Martiniquais du TourismePrsident de lAssociation Tourisme Runion (ATR)

    Prsident-directeur gnral dAccor

    Prsident du Directoire dAir Carabe

    Directeur dAir Mauritius Runion

    Prsident-directeur gnral de la compagnie XL Airways

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    426 COUR DES COMPTES

    RPONSE DU MINISTRE DE LINTRIEUR

    Le rapport dplore certaines contradictions entre les schmasrgionaux et dpartementaux. Cependant, en l'absence de qualit de chef de

    file de la rgion, le schma d'amnagement touristique dpartemental doit,au titre de l'article L. 132-1 du code du tourisme, prendre en compte lesorientations dfinies par le schma rgional de dveloppement du tourisme etdes loisirs.

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    428 COUR DES COMPTES

    RPONSE DU MINISTRE DES OUTRE-MER

    Comme le souligne la Cour, le tourisme est une filire constitued'un grand nombre d'oprateurs privs (transport, hbergement,restauration, loisirs), souvent de petite taille et rarement organiss eninterprofessions dans les dpartements d'outre-mer. Par ailleurs, l'action

    publique dans ce secteur a t largement dcentralise et relve de lacomptence des Rgions. L'tat n'intervient donc que de manire

    transversale ou pour aider la coordination de l'action des diffrentsacteurs.

    Ainsi, aux cts du ministre charg du tourisme, le ministre del'outre-mer agit pour amliorer l'offre touristique, notamment :

    -En amliorant le positionnement stratgique de l'ensemble desdestinations d'outre- mer face la concurrence des pays voisins : leministre des outre-mer a ainsi confi Atout France le soin de raliser desaudits stratgiques pour chaque destination sur l'ensemble de leur filiretouristique, en concertation avec tous les acteurs locaux.

    - En poursuivant le travail d'appui technique et d'accompagnementdes projets, initi par le ministre des outre-mer dans le cadre d'un

    partenariat en matire d'ingnierie avec Atout France. Ce programme a

    permis de mettre en place treize cofinancements avec des collectivits localesou des matres d'ouvrage privs.

    - En aidant la diversification des clientles, sur les marchseuropens pour les Antilles, la Runion et Mayotte, et sur les marchs

    japonais et australien pour la Polynsie, par des actions de marketing et parl'assouplissement du rgime de dlivrance des visas avec 130 mesures prises

    pour faciliter la venue de clientles nouvelles, comme par exemple lasuppression des visas pour la clientle d'Afrique du Sud en voyage la

    Runion.

    - En amliorant la comptitivit cot de l'offre touristique : desmesures volontaristes d'allgement du cot du travail sont mises en uvredans le cadre du dispositif d'exonrations de charges sociales patronales

    propre aux dpartements d'outre-mer, au titre duquel le tourisme fait partiedes secteurs prioritaires bnficiant des taux les plus avantageux. A cemcanisme, dont 90 % des effets ont t prservs dans le cadre de la loi de

    finances pour 2014, s'ajoutera la mise en uvre pleine et entire du crditd'impt comptitivit emploi (CICE) en 2014, qui permettra de consolidercette priorit en procurant, ds 2014, un allgement supplmentairesignificatif de la masse salariale des entreprises du secteur du tourisme.

    - En procdant une profonde rforme des mcanismes de soutienfiscal l'investissement dans le cadre de la loi de finances pour 2014 : ces

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 429

    mcanismes, dsormais assortis de plusieurs mesures destines enaccrotre l'efficience et en garantir une meilleure matrise, seront enrichisds 2014 d'un nouveau mcanisme d'aide, sous la forme d'un crdit d'imptgarantissant une intensit d'aide au moins quivalente mais permettant d'enrserver le bnfice aux seuls exploitants.

    Le ministre des outre-mer approuve donc les recommandations 1 7de la Cour, qui s'adressent prioritairement aux collectivits locales maisrejoignent les proccupations du Gouvernement. A cet gard, le ministre desoutre-mer relve que les assises nationales du Tourisme ont t lances par

    le Gouvernement le 26 novembre 2013, en posant des principes proches desrecommandations de la Cour : rechercher une plus grande cohrence del'action des diffrents acteurs, s'assurer d'une plus grande constance dans lesuivi des orientations stratgiques et procder une valuation rgulire desdispositifs publics d'aide. Le plan d'actions qui sera arrt l'issu des

    Assises nationales du Tourisme devrait permettre de mettre en uvre cesrecommandations.

    S'agissant de la recommandation n 8 qui demande la suppressiondes dispositifs de dfiscalisation en faveur des investissements productifs etleur remplacement par d'autres modes d'intervention moins coteux pour lebudget de l'tat et plus efficaces : le ministre des outre-mer rappelle que,conformment aux dcisions arrtes dans le cadre du comit interministriel

    pour la modernisation de l'action publique du 17 juillet 2013, les dispositifs

    de soutien fiscal l'investissement outre-mer ont fait l'objet d'une valuationet d'une ambitieuse rforme, adopte par le Parlement lors du vote de loi de

    finances pour 2014. Cette rforme conduit mettre en uvre plusieursrecommandations antrieures de la Cour notamment en ce qu'elle prvoit lacration, ds 2014, d'un nouveau mcanisme d'aide, sous la forme d'un crditd'impt dont le bnfice sera exclusivement rserv aux exploitants. Ellerpond en cela aux critiques visant l'efficience du soutien public et lacaptation d'une partie de celui-ci par des tiers (notamment les contribuablesinvestisseurs dont les mcanismes en vigueur permettent d'allger lacotisation d'impt). Ce crdit d'impt se substitue aux dispositifs antrieurs

    pour les entreprises les plus importantes. Il conserve un caractre facultatifpour les plus petites, en l'attente de l'valuation de son efficacit, qui seramene chaque anne compter de 2016.

    En conclusion, le ministre des outre-mer rappelle son engagementpour le soutien au tourisme, qui constitue une part essentielle de l'conomieultramarine et reprsente un important potentiel de cration de valeur pourles destinations, ainsi qu'un enjeu social.

    Il participe activement aux travaux des assises nationales dutourisme aux cots de la ministre charge du tourisme, dont les restitutionssont attendues pour le printemps 2014.

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    RPO NSE DU PRSIDENT DE LA PO LY NSIE FRANAISE

    J'ai l'honneur de vous faire connatre que je n'apporterai pas decomplment la rdaction de ce rapport.

    En effet, non seulement je partage le diagnostic et l'analyse des mauxqui affectent l'activit touristique en Polynsie franaise depuis ces quelquesdernires annes, mais de plus j'ai engag, depuis mon lection au mois demai dernier, un vaste programme de relance de l'activit, notamment

    touristique, dont les prolongements oprationnels comprennent bon nombrede vos prconisations.

    A ma demande, mon gouvernement a mis en uvre, chacun dans sondomaine de comptence, plusieurs chantiers structurants dont les rsultatsattendus doivent se manifester du plus court au plus long terme.

    Au plan particulier du dveloppement du tourisme en Polynsiefranaise, nous nous sommes investis dans le repositionnement stratgiqueafin de donner un sens, et tout son sens, l'action, et de crer, pour ladestination Polynsie franaise, la diffrenciation attendue dont nos produitstouristiques seront emprunts.

    Ainsi, pour tre efficace, la construction de cette diffrenciation, et de

    l'offre touristique et de sa promotion attenantes, prendra appui sur des ciblestouristiques choisies, car rceptives, captives et prsentant un potentielconomique, et sur leurs attentes en matire de produits, de services et dequalit.

    Elle se matrialisera notamment par la construction de nouvellesinfrastructures, la ralisation de nouveaux amnagements terrestres etlagunaires, et l'largissement de l'offre touristique de nouveaux secteurs etactivits, comme la culture et l'cotourisme.

    J'entends suivre ce dessein avec la plus rsolue des dterminations, etcompte sur le soutien de tous les acteurs et de toutes les parties.

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 431

    RPONSE DE LA PRFTE DE LA RGION GUADELOUPE

    Si le constat global form par la Cour pour lensemble desterritoires ultra-marins mapparat conforme la ralit, je tiens toutefois apporter quelques prcisions concernant spcifiquement la Guadeloupe,notamment la lumire des actions conduites par les services de ltat et des

    projets rcents ports par les collectivits territoriales en matire detourisme.

    Ltat joue en effet un rle de facilitateur et de conseils auprs desdiffrents partenaires pour des dossiers dlicats et participe la ractivationde dossiers en sommeil parfois depuis des annes. Ce travail de fond, certessouvent peu visible eu gard au rle majeur jou par les collectivitsterritoriales en la matire, a pour vocation essentielle la promotion dutourisme en Guadeloupe. La russite de la mdiation de lhtellerie oulobtention du label Qualit Tourisme en 2009 sont autant dexemples dela volont de ltat et de ses partenaires de valoriser le territoire pourconqurir de nouvelles parts de march.

    En effet par exemple, le travail de mdiation effectu en 2012 apermis de trouver une solution satisfaisante pour plusieurs dossiers dlicats.Les contrats nous dans ce cadre permettent prsent la poursuite dun

    accompagnement personnalis pour les entreprises en difficults, quellesrelvent ou non du secteur htelier, et favorisent galement une relation deconfiance entre les professionnels de lhtellerie et les services de ltat, cesderniers tant rgulirement sollicits en cas de difficults passagres desentreprises du secteur.

    Par ailleurs, les services de ltat ont men une rflexion avec despartenaires extrieurs tels que lUnion Professionnelle de lAnimationTouristique afin de dvelopper une mthodologie daide au pilotage de la

    filire tourisme au travers dune approche globale.

    Cette proposition rsulte des constats observs dans le secteur dutourisme ces deux dernires annes et galement prsents dans le projetdinsertion de la Cour : un engagement ingal des professionnels, des

    carences managriales, une pratique insuffisante des langues trangresdans le bassin cariben, une comptition exacerbe entre les destinations,une course linnovation permanente des acteurs du tourisme.

    La mise en uvre de ce projet titre exprimental devrait treeffective ds cette anne.

    Je vous rappelle en outre que la filire tourisme ne constitue pas unebranche professionnelle comme celle des hteliers ou des taxis. Le champcouvert par son activit conomique se diffuse dans pratiquement lensembledu tissu conomique local, des degrs divers selon lactivit. Concernant

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    ainsi un grand nombre dacteurs trs htrognes, leur coordination savrepar nature dlicate.

    Cest la raison pour laquelle les services de ltat sefforcent, autravers des actions quils conduisent, doffrir au secteur du tourisme lesmoyens de se structurer et dlaborer une stratgie claire de nature accrotre son potentiel et assurer son dveloppement.

    Enfin, sagissant du rle minent qui incombe aux collectivitsterritoriales en matire de tourisme, et singulirement au Conseil rgional, jetiens vous rappeler le contexte de crise sociale de 2009 dont les effets

    nfastes sur lensemble des secteurs conomiques se font encore ressentir ce jour et qui ont de manire certaine contribu retarder les actions descollectivits territoriales destination de ce secteur.

    Nanmoins, la faveur dun certain nombre de projets rcentsconduits par les collectivits territoriales et accompagns par ltat, letourisme en Guadeloupe devrait pouvoir amorcer une nouvelle phase decroissance.

    Lamnagement du port de Basse-Terre destin notamment reconqurir une partie des croisiristes perdue entre 1996 et 2005 en est unexemple important.

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 433

    RPO NSE DU PRFET DE LA M ARTINIQUE

    Le rapport indique que le tourisme reprsente 9 % du PIB de laMartinique en 2011.

    Dans son Rapport annuel 2012 publi en 2013, l'IEDOM indiquepage 106 en se basant sur des chiffres de 2008 que la contribution dutourisme au PID serait de 2,1 %. L'anciennet de la rfrence de l'IEDOMtraduit vraisemblablement une difficult identifier le poids rel du tourisme

    dans l'conomie martiniquaise, et les chiffres ont certes pu voluer depuis2008, mais la base de calcul de l'IEDOM et celle du rapport semblentdiverger.

    Le chiffre de 9 % est toutefois proche de celui cit dans le rapport Tourisme et environnement outre-mer du 24 mai 2011 du snateur Michel

    MAGRAS, au titre d'une part directe et indirecte dans le PIB de 9,2 % en2010, la part directe tant alors de 1,8 % (contre respectivement 12 et 2, 1 %en Guadeloupe).

    Une autre approche de l'importance du tourisme pourrait procderdes derniers chiffres de l'IEDOM pour la Martinique, soit 2,1 % du PIB mais3,6 % de l'effectif salari, 5,9 % des entreprises et 7,4 % des crationsd'entreprises, qui traduisent l'importance du tourisme au-del de son seul

    poids conomique immdiat, tant dans la bataille pour l'emploi que dans lesperspectives de croissance identifies par la dynamique entrepreneurialelocale.

    Le rapport laisse entendre que la Martinique serait en concurrenceavec la Rpublique dominicaine, Porto Rico, la Jamaque et les Bahamas.

    L'ide d'une concurrence entre les voisines (dans un primtrepourtant largi aux Grandes Antilles) correspond sans doute partiellement une ralit ressentie. Il convient de s'interroger toutefois sur la pertinenced'une segmentation du march du tourisme par le critre de la zonegographique de destination. En particulier, la demande europenne se voitoffrir une srie de destination rparties sur plusieurs continents, sans quelon sache si elle choisit d'abord une destination prcise ou une zonegographique. Il n'est pas exclure que la Martinique soit en concurrenceavec des destinations autres que des Carabes.

    Le rapport attribue le succs des les prsumes concurrentes descharges dexploitation moins leves.

    Les charges de lindustrie touristique martiniquaise, en particuliercelles lies au personnel, se singularisent par leur niveau particulirementlev, du moins l'chelle de la Carabe mais non de celle des grandesdestinations touristiques que sont les USA, la France, l'Espagne ou l'Italie.

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    Plusieurs autres destinations des Petites Antilles ont elles aussi subir descharges sensiblement plus leves que celles des Grandes Antilles, et mnent

    pourtant des politiques touristiques assumant ces charges tout en partageantavec la Martinique une commune obligation de sortie de la logique de lacomptitivit-prix.

    L'observation sur les charges d'exploitation vaudrait sans doute toutautant pour des pays comme les Bahamas, les Bermudes, Barbade, Tobago,Sainte-Lucie, les Antilles Nerlandaises et d'autres destinations des Petites

    Antilles, incitant ne pas rsumer le succs relatif des destinations la seulematrise de cots, qui semble surtout valoir pour la Rpublique Dominicaine.

    Cela tant, le rapport reprend des lments connus, en dehors de lasuppression de la dfiscalisation, prsente comme souhaitable pour la

    prennisation des structures htelires. Sur ce point, il convient plus des'interroger sur les conditions d'un meilleur encadrement des aides fiscales l'investissement en outre-mer que de leur suppression. Dans ce secteur,comme pour d'autres, le contexte conomique dans lequel voluent lesentreprises ultramarines fait de la dfiscalisation un outil indispensable lamodernisation et au dveloppement du parc htelier et plus largement, de ladynamisation de ce secteur d'activit. Le corpus des mesures fiscales du PLFayant par ailleurs entrin la rforme du rgime de dfiscalisation, ilconvient peut-tre que la Cour y soit attentive dans son rapport.

    Les rcentes instructions en matire de TVA applicable la plaisancesont de nature renforcer la concurrence en faveur des les voisines tellesque Sainte-Lucie et Sint-Maarteen, du fait d'une offre fiscalement plusattrayante (dtaxe de carburant, zone franche globale, absence de TVA).

    La fiscalit s'apparentant donc dans l'espace cariben uneconcurrence sur le moins disant fiscal destine capter les fluxtouristiques. Cette question n'est donc pas anodine.

    En revanche, d'autres prconisations seraient mentionner en faveurd'une diversification de loffre :

    - La concertation entre acteurs des deux les des Antilles franaisespourrait favoriser notamment une offre innovante de sjours inter les demoyenne dure.

    - Le dveloppement de plateformes de rservations touristiquesspcialises sur l'Outre-Mer telles que www.nouvellesiles.com, cr en 2000emploie une soixantaine de personnes en Guadeloupe.

    - Le tourisme senior, un rel avantage comparatif pour la Martiniqueet la Guadeloupe, avec en plus des synergies dvelopper avec les secteurssilver conomie (sant-thalassothrapie - TIC- offre de loisirs adapte.. .) quidevraient tre au cur des politiques 2014-2020. D'o une ncessaireapproche globale, intgre, y compris avec la structuration de filires

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 435

    permettant de crer de la valeur ajoute via le tourisme (pche - transports -artisanat - restauration).

    - L'absence d'enseigne internationale est dommageable et soulve leproblme de l'attractivit des investissements directs trangers. L aussi, unsujet creuser, notamment au niveau des avantages fiscaux et de la stabilitde la rglementation.

    Enfin, un aspect qui semble avoir t oubli, la situation financiredes groupes hteliers, avec 50 M de dettes fiscales et sociales (estimationqu'il conviendrait de connatre prcisment). Une restructuration financire

    de ces groupes et un plan de mise niveau des installations et de la gestiondes ressources humaines semblent tre une condition premire de relance dusecteur touristique.

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    RPONSE DE LA PRSIDENTE DU CONSEIL RGIONALDE LA GUADELOUPE

    En prambule, je regrette le traitement indiffrenci fait dans lerapport. mon sens, si le constat de dpart est le mme, les rgions ontvolu diffremmentt face la problmatique du dveloppement touristique,du moins en ce qui concerne la Guadeloupe. Certaines remarques restentencore passistes et font fi des avances et du regain de dynamisme

    touristique de la Guadeloupe dont la frquentation touristique en hausseconstante depuis la crise de 2009 en tmoigne. ce propos, je profitepour vous indiquer le chiffre de frquentation touristique issu de l'enquteflux touristique 2012, qui atteint 487 759 touristes. De toute vidence lecaractre trop gnralisant du projet de rapport sur le tourisme enoutre-mer dessert la Guadeloupe.

    En effet, je ne reconnais pas la collectivit rgionale que jeprside lorsqu'il est fait mention dans le rapport du manque de dynamismedes collectivits et de stratgies touristiques peu offensives [...]dconnectes d'une analyse fine du secteur voire de plans dedveloppement anciens . Contrairement la Martinique ou la Runion, siles premires discussions ont t entames ds 2005 avec le schmargional de dveloppement conomique de la Guadeloupe, c'est

    vritablement courant 2008 que le schma de dveloppement etd'amnagement touristique de la Guadeloupe (SDAT) est labor, suite une large concertation dans le cadre de groupes de travail avec les acteursinstitutionnels et socio-professionnels. Contrairement ce qui a pu treinscrit dans le projet de rapport s'agissant des approches peuinnovantes et une situation touristique en Guadeloupe encore marque

    par le tourisme de masse et des objectifs quantitatifs , il est clairementinscrit dans le SDAT une volont de diversifier la clientle (au-del ducritre gographique) par une stratgie de diversification de l'offre de

    produits et des actions qualitatives en faveur d'une monte en gamme et dela labellisation. ce titre les chiffres de l'INSEE nous confortent dans lamesure o il apparat que prs de la moiti des touristes a une

    profession librale, est cadre ou technicien .

    Enfin, je rappelle que le SDAT adopt en 2009, est dj, au boutde 4 ans seulement de mise en uvre, en voie de ractualisation puisque

    je compte soumettre au vote de l'assemble plnire, en 2014, le planactualis et labor en partenariat avec un cabinet consultant.

    Concernant le manque d'articulation avec les autres acteurs jereconnais la ncessit de renforcer la communication institutionnelle sur lastratgie de dveloppement touristique. J'ai l'intention de dynamiser leconcept de rendez-vous du tourisme , concept d'change privilgi avec

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 437

    les professionnels et les mdias que j'ai notamment lanc en fin d'anne2012.

    S'agissant du constat des aides multiples sans vritablesrsultats je pense que l'interprtation des chiffres faite par le rdacteurest quelque peu rductrice. En effet, pour ce qui est de la Guadeloupe,l'aide rgionale la rnovation des htels et des gtes de 2007 2012tait environ de 5,8 millions et venait en co-financement des 19,6millions de FEDER. Il y a donc l un vritable levier bien compris etutilis par les entreprises.

    En conclusion, il reste des chantiers importants lancer et jerejoins l'analyse concernant les faiblesses en matire de

    formation/professionnalisation. J'entends bien, effectivement, promouvoirune vritable professionnalisation des acteurs du tourisme. J'auraistoutefois apprci que l'on mentionne que la hausse constante de la

    frquentation touristique depuis 2010 reflte une stratgie dedveloppement touristique re-positionne et un engagement rel de lacollectivit que je prside, aux cts des professionnels du secteur etnotamment du comit du tourisme des iles de Guadeloupe.

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    438 COUR DES COMPTES

    RPONSE DU PRSIDENT DU CONSEIL RGIONAL DE LARUNION

    Je vous adresse la rponse crite de la Collectivit dans le butdenrichir les dveloppements relatifs La Runion mais surtout de nuancerla tonalit du rapport plutt critique sur laction des collectivitsterritoriales, et plus particulirement La Runion, alors mme que denombreux lments ont t fournis par la Rgion Runion sur le sujet, avec

    une prise en compte toute relative.Par ailleurs, le traitement commun de l'ensemble des destinations

    outre-mer ne saurait permettre la prise en compte de leurs spcificitsrespectives et leur apprhension, dispersant et diluant de facto la pertinencedes observations.

    Le tourisme constitue, pour lle de La Runion, un secteur qui secaractrise tout dabord par sa jeunesse. En effet, ce nest quau cours de ladeuxime moiti de la dcennie 80 que sest constitu un tissu doprateurstouristiques conscient des potentialits quoffrait le dveloppement de cesecteur.

    PREAMBULE

    En mars 2010, la majorit rgionale entend poser une stratgiersolument offensive en faveur du dveloppement touristique. A ce titre, troisaxes majeurs sont identifis et font l'objet d'actions concrtes :

    L'amlioration de l'offre et de la capacit d'hbergement

    Depuis trois ans, la Rgion a notamment concentr des moyens trsimportants sur l'amlioration de la qualit de l'offre touristique en particulieren matire d'hbergements car ceux-ci ne correspondaient plus la demandeexprime par les nouvelles clientles.

    La collectivit rgionale a donc dcid de soutenir financirementbeaucoup plus fortement que par le pass les crations et les rnovations degtes et d'htels. Ces trois dernires annes auront donc permis de rnover

    prs de 5 htels l'Ermitage, Saint-Leu, Salazie ; d'accompagner 4 crationsd'htels et 8 projets de loisirs ; de soutenir 13 structures d'hbergements enmilieu rural pour un montant de subventions de 8,2 millions d'euros et31,6 millions d'euros d'investissements soutenus.

    Pour amliorer l'image et l'attractivit de notre le en lien avec nosspcificits et le classement au patrimoine mondial de l'UNESCO, la Rgion

    Runion accompagne l'implantation d'co-lodges ( Belouve, au Volcan etdans d'autres sites prestigieux) qui auront pour principale caractristiqued'inscrire le dveloppement touristique de notre destination dans un cadre derespect de l'environnement en privilgiant, bien sr, les nergies douces,

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    mais aussi les filires courtes de restauration (en lien avec la filire bio...) ouencore en faisant de la dcouverte du milieu rural un vritable motif desjour.

    Enfin, la collectivit estime mener une politique globalementvolontariste et structure en travaillant aussi sur une modernisation et unemutualisation du produit musal, tout comme pour le transport en commun(offre de qualit et commercialisation unifie) ainsi qu' la modernisationdes aroports.

    Une gouvernance repense avec une plus grande participation desprofessionnels

    Cette nouvelle gouvernance voulue pour l'IRT associe l'ensemble desprofessionnels et acteurs du secteur. Les difficults et les objectifs sontdbattus avec leur traduction au sein des plans d'actions de l'IRT, dans lesouci constant d'assurer la meilleure coordination avec les professionnels dutourisme. Un ple de comptence et d'expertise touristique a aussi t cr ausein de l'IRT.

    Dans ce contexte, la mission assigne l'IRT est claire : poursuivre laprsence sur les marchs traditionnels (France, Allemagne), accentuer letravail sur les marchs en progression ou potentiel (Suisse, Belgique,

    Afrique du Sud, Core), mutualiser la promotion avec les Iles Vanille sur les

    marchs mergents : Chine, Inde C'est aussi dans cet esprit qu'un comit d'experts reprsentatifs de la

    filire a t install auprs de la prsidence du Conseil Rgional.

    Enfin, un comit d'orientations stratgiques de Tourisme (COST)comprenant le Prfet, la Rgion et le Dpartement, a aussi t mis en place,dans le prolongement des Assises du Tourisme et des prconisations duSADTR. Associant les acteurs majeurs du secteur, il impulse des grandesorientations et permet de coordonner les nergies et comptences autour des

    pistes arrtes (bassin de baignade).

    L'ouverture sur les les Vanille

    Depuis 2010, la Rgion a lanc le concept des Iles Vanille , produitqui runit six les de l'ocan indien, savoir La Runion, Maurice,

    Madagascar, les Seychelles, les Comores et enfin Mayotte. Tout en jouant surles diffrences et spcificits de chaque le, le concept des Iles Vanille vise la fois redynamiser le tourisme dans la zone de l'ocan indien en

    fonction de la demande internationale mais aussi conqurir de nouveauxmarchs touristiques en s'appuyant sur les forces et la complmentarit dechaque le. Les Iles Vanille permettent aux voyageurs en qute de

    produits touristiques innovants d'exprimenter plusieurs destinations, dedcouvrir la zone ocan indien en un seul voyage.

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    440 COUR DES COMPTES

    Les premiers packages vendus sont des combins entre deux les : lesbinmes Runion-Maurice, Maurice-Seychelles, Maurice-Madagascar,

    Runion-Madagascar. Concrtement, des croisires, une toile ariennecommune et de nouveaux circuits sont mis en place au fur et mesure.

    En termes de rsultats, il convient de retenir quelques chiffres :

    le tourisme gnre La Runion plus de 314 millions d'euros derecettes annuelles

    en 2010, 420 325 touristes accueillis

    en 2011, 471 268 touristes accueillis (soit + 50 000 par rapport 2010)

    en 2012, 446 500 touristes accueillis (Ce rsultat reste important surla priode au regard de la crise conomique franaise. En effet, de

    faon mcanique, le march mtropolitain, eu gard saprpondrance, impacte directement les statistiques defrquentation)

    THEME 1 Un secteur fragile sensible aux crises

    Le secteur du tourisme La Runion, comme votre rapport lesouligne, reste un secteur emprunt de fragilit et de vulnrabilit, et doncsensible aux crises et alas divers.

    Les facteurs de faiblesse mis en exergue au dbut de votre rapportsont :

    la survenance de crises (conomique, Chikungunya en 2006 etRequin depuis 2012) et la concurrence des les voisines plusattractives et plus comptitives.

    Il convient de rajouter en outre, que le tourisme runionnais subitgalement les effets dune desserte arienne insuffisante et onreuse maisaussi la dpendance au march mtropolitain , qui sous l'effet de la criseimpacte mcaniquement le secteur, assortie dune politique des visasextrmement frileuse.

    Cest dans ce contexte particulirement contraint que La Runion atout de mme connu une progression rgulire du secteur du tourisme, bienquimpact par les deux crises majeures : du Chikungunya en 2006 et Requin depuis 2012.

    2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

    409 000 278 800 380 500 396 400 421 900 420 300 471 300 446 500

    Source INSEE et IRT

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    LE TOURISME EN OUTRE-MER : UN INDISPENSABLE SURSAUT 441

    A) impact par une desserte arienne peu diversifie et chre

    Dot dun aroport international au Nord de lle, lAroport RolandGarros, et dun aroport rgional, lAroport de Pierrefonds au Sud, La

    Runion est en capacit d'accueillir des flux substantiels de touristes enprovenance du reste du Monde, d'autant que des programmesd'investissement et de modernisation y sont prvus.

    Il convient aussi de ne pas oublier que les compagnies assurant ladesserte de llesont toutes des compagnies de droit priv voluant dans uncontexte concurrentiel particulier, leur positionnement par rapport ce

    contexte, par rapport aux autorits gouvernementales et l'UnionEuropenne, ne peut en rien se comparer des compagnies desservantd'autres destinations, notamment celles cites par la Cour. Elles restent enoutre, particulirement tributaires de la politique de visas de l'Etat, et, leurstarifs (dans le cadre du yield management) restent influencs par lasaisonnalit des rythmes scolaires, des dplacements des fonctionnaires, dela part croissante des prix des carburants (40 % du cout d'exploitation descompagnies ariennes en 2013), d'une forte taxation (plus du 1/3 du prix dubillet d'avion).

    B) et par une politique frileuse des visas du gouvernement

    Par ailleurs, les formalits lies lobtention des visas pour sjournerdans lle constituent un vritable frein larrive de visiteurs trangers et

    notamment du grand Ocan Indien (Australie, Chine, Core, Inde, etc.).

    Malgr laction des professionnels du tourisme relaye par les luslocaux, le Gouvernement tarde mettre en place une vritable politique desvisas favorable larrive de touristes trangers (21 ans ont t ncessaires

    pour que les touristes sud-africains soient dispenss de visas pour les courtssjours La Runion) en raison du risque migratoire. Ce risque nous paratsurestim dans une le dont les frontires sont naturellement protges parlocan et lloignement des territoires risque.

    Cette politique serait dautant plus la bienvenue que La Runion,exclue de lespace Schengen, est encore plus difficile daccs pour lestrangers que la mtropole.

    Cette liste de handicaps dont souffre la destination Runion nest passans solutions. Cependant, il est injuste de faire porter toute la responsabilitaux collectivits pour des comptences qui relvent essentiellement de lEtat.En outre la comparaison faite avec les les voisines qui elles sont des payssouverains (Maurice,..) est fausse par nature.

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    442 COUR DES COMPTES

    Une action forte et cible du Gouvernement serait salvatrice pour lesecteur du tourisme La Runion si elle consistait :

    * placer les intrts de La Runion au cur des ngociations dEtat Etatsur les droits de trafics ariens ; * rduire les taxes et redevancesaroportuaires ; * agir sur les congs bonifis des fonctionnaires qui sont la

    principale cause de la saisonnalit des billets davion (en raison de yealdmanagement pratiqu par les compagnies) ; * assouplir les formalitsdobtention des visas pour les courts sjours La Runion, prioritairement

    pour les ressortissants indiens et chinois ; * allger le cot du travail et lescharges qui psent sur les entreprises afin de placer la destination desniveaux de comptitivit acceptables par rapport aux autres les de la zone ;

    * procurer au secteur une politique de dfiscalisation plus claire, plus lisibleet plus volontariste ;

    * donner au secteur une vision plus constructive et facilitatrice quant auxconditions d'occupation du domaine public maritime et de la zone des hauts.

    THEME 2 Le dynamisme des collectivits

    La nouvelle majorit issue des lections rgionales de mars 2010 sestengage faire du tourisme un des piliers du dveloppement conomique de

    La Runion et mettre en uvre une vritable stratgie de dveloppementpour gnrer de lactivit et des emplois La Runion.

    Cette stratgie sarticule autour de trois piliers :

    1 la coordination des acteurs publics et privs dans un esprit detourisme partag ;

    2 lamlioration de loffre touristique et notamment des capacitsdhbergement ;

    3 la coopration dans le domaine touristique avec les autres les delOcan Indien travers des les Vanille.

    La nouvelle majorit du Conseil rgional a souhait donn un signal

    fort et une impulsion immdiate au dveloppement touristique

    En effet, elle considre que la politique mene par la majorit

    prcdente de la Rgion a t marque par un manque dambition pourdvelopper et rorienter vritablement le tourisme La Runion et en faireune priorit. Le nombre de touristes stagnait depuis plus de 10 ans et lesinterventions rgionales ne rpondaient pas aux besoins des professionnels.

    Pour la nouvelle majorit, plusieurs niches dactivits peuvent tredveloppes La Runion mais aucun secteur ne peut jouer aujourdhui unrle moteur aussi important que le tourisme au potentiel de dveloppementsignificatif.

    Cest une conviction forte et qui sappuie sur des lments tangibles :

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    Lle autrefois inexistante sur la carte touristique a considrablementgagn en notorit au cours des dernires dcennies. De plus, une

    partie de son territoire a t inscrite en 2010 au patrimoinemondial de lUNESCO, gage de reconnaissance accrue au niveaumondial.

    La destination est caractrise par la grande richesse de ses sites etpaysages, par sa population aux multiples mtissages etaccueillante, et par ses infrastructures de qualit (routes,tlcommunication, sant,) : elle mle donc exotisme,authenticit et modernit.

    Le secteur est bien structur et les professionnels dynamiques

    Le tourisme contribue encore faiblement au PIB local compar dautres destinations (Seychelles, Maurice, Canaries) ce quiaugure de son potentiel conomique.

    Dans ce contexte, la nouvelle majorit a souhait donner uneimpulsion immdiate et un signal fort pour marquer la rupture avec la

    priode passe et symboliser ainsi le changement.

    Ce changement aurait d sinscrire logiquement dans le cadre dunnouveau schma stratgique formalis. Cependant, lexprience des plans

    prcdents a montr que ce processus est particulirement long,incompatible avec lexigence dune action rapide, tant pour loprateur

    rgional que pour ses propres services.Aussi, la collectivit a rsolument privilgi laction et le

    pragmatisme en prenant des mesures urgentes de relance de lactivittouristique, en ayant le souci de les mettre en uvre rapidement enmobilisant cet effet l'IRT et les services rgionaux.

    La Rgion a donc fix la priorit mais aussi lobjectif global dattireret daccueillir 600 000 touristes (objectif certes ambitieux mais ncessaire etvolontariste en terme d'objectif) dici 2015 en dveloppant la fois letourisme durable et la clientle locale.

    Ces orientations guident la politique touristique de la Rgion Runiondepuis 2010 et lexcutif rgional valide constamment les choix oprs travers :

    les contributions permanentes du ple de comptence et dexpertisetouristique ou les analyses ponctuelles dexperts consults par la collectivit(par exemple : experts de l'INTA invits la table ronde internationale des26 au 30 novembre 2011 sur le thme tourisme, innovation,dveloppement qui confirment que le tourisme est la fois utile pour La

    Runion et un choix stratgique crdible pour le dveloppementterritorial) ou encore le positionnement extrmement favorable delOrganisation Mondiale du Tourisme exprim lors de la Confrence pour le

    Dveloppement Durable du Tourisme Insulaire qui sest tenu La Runion

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    444 COUR DES COMPTES

    du 11 au 14 septembre 2013 linvitation de la Rgion Runion.

    A lissue de cette phase dimpulsion de la nouvelle politiquetouristique, la collectivit rgionale entend lancer prochainement (2014) unerflexion visant btir moyen et plus long terme le cadre stratgique dudveloppement du tourisme travers la ractualisation du SDATRnotamment. Cette dmarche sinscrit galement dans la prochaine priode de

    programmation 2014-2020 qui dictera nos grandes p