251216131 Journal D Un Vieux Degueulasse Charles Bukowski

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Transcript of 251216131 Journal D Un Vieux Degueulasse Charles Bukowski

Charles BUKOWSKIJOURNAL DUN VIEUX DGUEULASSETRADUIT DE L ANGLAIS (TATS-UNIS) PAR GRARD GUGUANGRASSETTitre original:NOTES OF A DIRTY OLD MANCity Lights, San Francisco, 1973 Charles Bukowski, 1969. Editions Grasset & Fasquelle, 1996, pour la traduction franaise.ISBN: 978-2-253-14384-0-1re publication-LGFAVERTISSEMENTVoil plus dun an, depuis la salle de sjour dune maisonnette quil louait, John Bryan lanait son magazine underground, OPEN CITY. Quelque temps plus tard, il migrait delautre ct de la rue, dans un appartement, et enfin dans un immeuble de bureaux du quartier commercial de Melrose Avenue. Pour autant, il y a une ombre au tableau.Une ombre diaboliquement dprimante. Le tirage dOPEN CITY sest mis monter mais sansque la pub suive. Alors qu lautre bout de la ville, dans sa meilleure partie, le L.A. Free Press, son concurrent, ne cessait dengranger les recettes publicitaires.Il est vrai que Bryan sest lui-mme cr son propre ennemi en commenant sa carrire de rdahef au L.A. Free Press, qui est pass, sous son impulsion, de 16000 exemplaires trois fois plus. Cest comme sil avait fond la Garde Nationale pour rejoindre ensuite le camp de la Rvolution. Bien sr, le conflit ne se rduit pas un affrontement entre OPEN CITY et le LA. Free Press. Si vous avez jamais feuillet OPEN CITY, vous ntes pas sans savoir que lenjeu est plus important. OPEN CITY sen prend aux puissants, aux superpuissants; or, DSORMAIS, ce genre de citoyens tient de plus en plus le hautdu pav, et noublions pas que ce sont, galement, de vraies grosses merdes ambulantes. Si bien que bosser pour OPEN CITY, qui est probablement le canard le plus vivant du pays, nest pas une sincure, mme si on sy marre bien. Mais la rigolade et le frisson ne remplacent pas le beurre sur les toasts, ni ne remplissent lcuelle du chat. Dites, est-ce que vous vous voyez en train de bouffer le chat aprs avoir renonc aux toasts?Bryan est larchtype de lallum idaliste et romantique. Il a dmissionn, ou il la t, du lHerald-Examiner, on a accept sa dmission en mme temps quon le virait lenculade m, sous le prtexte quil stait oppos ce quon dissimule la ququette et les testiculesnfant Jsus. Lequel devait illustrer la couverture de leur supplment de Nol. Or comme il me la dit: Et en plus, ce nest mme pas mon Dieu, cest le leur.Rsultat, ce curieux mlange didalisme et de romantisme a cr OPEN CITY. Et un jour, minede rien, mais tout en trifouillant dans sa barbe rousse, il ma demand pourquoi jene lui torcherais pas chaque semaine une chronique. Sauf que moi, vu ce que jepense des chroniqueurs et de leur littrature, a ne ma pas paru si poilant que a faire. Je me suis quand mme laiss tenter, mais pas avec une chronique, avec une critique de Papa Hemingway, le bouquin de A.E. Hotchner. Ensuite de quoi, un jour, enmen revenant des courses, je me suis assis et jai crit un titre, JOURNAL DUN VIEUX DGUEULASSE; puis, jai dpucel une bire, et a a coul de source. Sans que je ne sois tendu,ni fig par la prudence qui vous transforme en une lame mousse, comme lorsquon se meten tte de pondre quelque chose pour The Atlantic Monthly. Pas une seule fois, jenai eu besoin douvrir le tide et calamiteux robinet du journalisme (journalasse, non?). Comme si jcrivais en toute libert. Un il sur la fentre, siroter ma bire et are que a vienne. Et quand a venait, je noircissais mon feuillet. Jamais Bryan na jou les censeurs. Au dbut, lorsque je lui remettais mon papier, il le parcourait etdisait: OK, cest bon! Avec le temps, il ny a mme plus prt attention, il le posaitut de sa pile et me disait: Parfait Et part a, quoi de neuf? Aujourdhui, il ne deslus les dents, je lui tends mon truc, et salut, la revoyure. Rien de tel pour sesentir pousser des ailes. Mettez-vous ma place: libert absolue dcrire ce qui me chante. Jy ai trouv mon bonheur, et parfois aussi un peu de gravit; mais surtout, au fur et mesure que les semaines passaient, il ma sembl que jcrivais de mieux en mieux.Ce que vous allez lire reprsente le meilleur de quatorze mois de chroniques.Rapport leffet produit, la posie ne supporte pas la comparaison. supposer quon accepte de publier un de mes pomes, il y a de fortes chances pour quil ne paraisse quedeux, voire cinq ans aprs, sans compter quune fois sur deux il ne dpassera pas ltatde manuscrit jusqu ce que jen retrouve, tels quels, des pans entiers dans luvre de quelque clbre rimailleur, manire de vrifier que ce monde est pourri. La faute nen incombe videmment pas la posie, mais cette masse de mange-merde qui schinent en crire eouloir la publier. Situation inverse avec un JOURNAL, il suffit de sasseoir avecune bire et dattaquer le clavier un vendredi, ou un samedi, ou encore un dimanche,et le mercredi on est en kiosque. Je reois des lettres dinconnus qui nont jamais lu de posie, que ce soit la mienne ou celle de nimporte qui. Des inconnus qui viennent frapper ma porte trop souvent, dailleurs , et qui me confient quils prennent leur pied avec mon bloc-notes. peine descendu de son wagon de marchandises, un routard rapplique en compagnie dun couple de gitans, et nous voici partis causer, dbloquer, et boire la moiti de la nuit. Depuis Newburgh, tat de New York, une opratrice de linterurbain menvoie de largent. Elle aimerait tant que jarrte la bire et que jeme nourrisse mieux. Se faisant appeler le roi Arthur, un bargeot dHollywood, qui habite Vine Street, prtend vouloir maider crire ma chronique. L-dessus, un mdecin dbarqueet me dclare: A vous lire, je suis sr que vous avez besoin de moi. Je suis psychiatre. Je lenvoie se faire voir ailleurs.Jespre donc que cette anthologie va vous aider. Si vous souhaitez menvoyer de largent, nhsitez pas. Mme rponse pour le cas o vous en viendriez me har. Cela dit, si jtae armoire glace, vous ne vous y risqueriez pas. Mais je ne suis juste quun vieuxmec qui vend ses histoires dgueulasses. crivant pour un hebdo qui pourrait bien, comme moi, disparatre demain.Quand on y rflchit, cest tout de mme dment. Sils navaient pas maquill la ququette ettesticules de lenfant Jsus, vous ne pourriez pas lire ce qui suit. Rgalez-vous.Charles Bukowski, 1969.1il y avait un fils de pute qui ne voulait pas les lcher, tandis que les autres gueulaient quils taient raides, la partie de poker tait termine, jtais sur ma chaise avec mon pote Elf mes cts, en voil un qui a mal dmarr dans lexistence, enfant il tait tmalingre, des annes durant il a d garder le lit passant le plus clair de son temps malaxer des balles de caoutchouc, le genre de rducation compltement absurde, et quand, un jour, il a merg de son pieu, il tait aussi large que haut, une masse musculeuse rigolarde qui navait quun but: devenir crivain, hlas pour lui son style ressemble trop celui de Thomas Wolfe qui est, si lon excepte Dreiser. le plus mauvais crivain amricain de tous les temps, moyennant quoi jai frapp Elf derrire loreille, si fort que la bouteille ma chapp (il avait dit quelque chose qui mavait dplu), mais quandil sest redress, jai rcupr la bouteille, du bon scotch, et je lui en ai remis un coupquelque part entre la mchoire et la pomme dAdam, de nouveau il a mang la table, jedominais le monde, moi lmule de Dostoevski qui coute du Mahler la nuit tombe, de sorte que jai eu le temps de men jeter un mme le goulot, de reposer la bouteille, avant de lancer ma droite pour le scher de la gauche juste en dessous de la ceinture,pour le coup il sest lourdement affaiss contre la commode, le miroir sest bris, unbruit de cinma, clair et fracas, sauf que tout de suite aprs Elf ma allong un foudroyant uppercut dans le front et jai dgringol de ma chaise, laquelle ntait pas plus solide quun ftu de paille, du mobilier de fauch, jajoute quune fois terre jai t particunt nul je moulinais dans le vide, sans doute parce que je ne suis pas dou pour labagarre, laurais-je dailleurs t quil ne serait pas revenu la charge , toujours est-iquil avait tout maintenant du vengeur djant, et que pour un coup de poing il men rendait trois, gure meilleurs que les miens mais enfin, en sorte quau lieu de sarrteril a forc la note, et le reste des meubles a bruyamment rendu lme, longtemps pourtant jai conserv lespoir que quelquun la propritaire, la police, Dieu, nimporte qui arait ce jeu de massacre, mais pas du tout, a a continu, continu, jusqu ce que je ferme les yeux.quand je les ai rouverts, le soleil brillait et je gisais sous le lit. jen suis sorti pour constater que je pouvais me tenir debout, la coupure sous le menton sevoyait de loin, et mes poings ntaient que chair tumfie, jai connu pire comme gueulede bois, et il existe pour se rveiller de pires endroits, vous songez la prison? si vous le dites! jai regard autour de moi. je navais pas rv, quel chantier, partout des traces de sang, tout sens dessus dessous, et plus rien qui nait t bris lampes, chaises, commode, lit, cendriers, l o il y avait eu un monde sensible ne rgnait plus que la laideur, fini, liquid, jai bu un peu deau, puis jai jet un il dans la penderie,rien ne manquait: les billets de dix, de vingt, de cinq, tout largent que jy avaisplanqu chaque fois que javais quitt la partie pour aller pisser; il me revint dailleurs quon stait mis sur la gueule cause de lARGENT. jai ramass le carbure, je lai rangs mon portefeuille, puis jai sorti ma valise en carton bouilli, je lai pose sur lelit qui donnait de la gte, et jai commenc y entasser mes pauvres fringues: chemisesde prolo, pompes craqueles et troues, chaussettes raides de crasse, falzars tirebouchonns qui billaient aux genoux, le manuscrit dune nouvelle sur lart et la manire dechoper des morbacks lOpra de San Francisco, et un dictionnaire tout dchir que javaisachet dans un drugstore autrement dit: palingnsie = retour priodique ternel des mnts.le rveil marchait, ce bon vieux rveil, dieu le bnisse! combien de fois, sur le coupde 7h30 du matin, aprs une bonne biture, lai-je contempl pour finalement me dire: et merde pour le boulot! ET MERDE POUR LE BOULOT! mais l il nindiquait que 16h30. comme jemapprtais le fourrer dans ma valise, on sest mis eh oui, cest comme a frapper te.VOUAIS?MISTER BUKOWSKI?VOUAIS! ET ALORS?JE DOIS CHANGER LES DRAPS.PAS QUESTION. JAI LA CRVE.COMME CEST DOMMAGE. MAIS LAISSEZ-MOI ENTRER ET CHANGER VOS DRAPS. CE SERA LAFFAIRE DE QUELQUES MINUTES.NON ET NON, JE SUIS TROP MAL FICHU, VRAIMENT TROP. JE NE VEUX VOIR PERSONNE.a a dur un sacr bout de temps, elle voulait changer les draps, je lui disais non, et elle recommenait de plus belle, je veux changer les draps, non. oui. et ainsi de suite, parlez dune propritaire, avec un de ces corps, mais rien quun corps, tout,chez elle, hurlait CORPS CORPS CORPS, cela faisait seulement deux semaines queje lui louais une chambre, au bas des escaliers, il y avait un bar. lorsquon venait me voir et que je ntais pas dans ma turne, elle se contentait de grogner: il est en bas au bar, il y est toujours. aussi quand mes visiteurs rappliquaient au comptoir, ce ntait quun seul et mme cri: par tous les saints, do elle sort, ta PROPRIO?mais en bonne blanche avantageusement carne, elle nen pinait que pour les Philippins, au motif quils lui faisaient des choses quaucun homme de sa race ntait capable dimaginer, moi y compris; or ces Philippins avaient mis les bouts, coiffs de leur feutre la Scarface et sangls dans leurs costards aux paulettes rembourres; ils avaient lanc la mode, ces stylistes de haut vol; putain, o sont-ils passs avec leurs talonnettes et leurs sales bobines graisseuses?reste que javais la gorge sche et quil mtait impossible de me rincer la dalle; plus lhure tournait, plus je virais dingue; jtais hors de moi, je schlinguais et mes couilles taient en train de se liqufier; javais beau avoir 450dollars qui ne mavaient riencot, nempche que jtais viss sur un pieu sans pouvoir me payer une bire pression, et qjattendais quil fasse noir, lobscurit, pas la mort, je voulais me tirer, tenter ma chance ailleurs, finalement, jai pris le taureau par les cornes, sans ter la chane de scurit, jai entrebill la lourde, il y en avait un. un petit singe philippin avec unmarteau. quand jai ouvert pour de bon, il a brandi son marteau et ma souri, le temps que je referme, il avait extrait de sa bouche des clous comme sil allait lesplanter dans le tapis qui descend jusquau rez-de-chausse et donc vers la libert, mais ctait du bidon, il faisait semblant, jignore combien de temps a a dur, on tait repartis pour le grand tour, chaque fois que je risquais un il dehors, il levait sonmarteau et me dcochait son sourire, singe de merde! il ne bougeait pas de la marche du haut, mes nerfs commenaient me lcher, je ntais plus que sueur et puanteur, sousmon crne, a tournait, tournait, et tournait encore, croire que jtais cern par un flot incessant dclairs lumineux, si a continuait, jallais tre bon pour la camisole de force, aussi je me suis lev et me suis saisi de la valise, vraiment pas lourde, depauvres fringues, ensuite jai pris la machine crire, une portative en acier tremp que javais emprunte la femme dun type que je navais vu quune fois, et qui je ne lavajamais rendue, je la sentais bien au bout de ma main: grise, extraplate mais solide, prte mordre malgr son apparence insignifiante, moi-mme, les yeux exorbits, jai retir la chane de scurit, puis, reprenant valise et machine crire, jai, dans la lueur pde laube, charg sous le feu des mitrailleuses, moins que ce ne fussent les crpitements des crackers du matin, quimporte, ctait lapocalypse.H, O TU VAS?le petit singe a fait mine de se relever, il a brandi son marteau, exactement cequil me fallait le reflet de la lumire du plafonnier sur le marteau , je tenais lavalise de ma main gauche et la machine crire de la droite, il faisait une excellente cible, sa tte hauteur de mes genoux, je lai frapp sans trop de rage mais avecle maximum de prcision, il sest pris lobjet plat, lourd et dur en plein dans la tempe, carrment dans le trfonds de son tre.il y a eu comme un tonnerre de feu, comme un dluge de larmes incendiaires, et tout de suite aprs un grand silence, jtais dj au bas des escaliers, dehors, sur le trottoir, sans mme lavoir ralis, coup de bol, un taxi passait par l.HEP, TAXI!je me suis jet lintrieur. GARE CENTRALE, quel bonheur dentendre le chuintement tranquille des pneus dans lair du matin. NON, ATTENDEZ, ai-je dit. ON VA LA GARE ROUTIRE.DES PROBLMES, MON GARS? a demand le chauffeur.JE VIENS JUSTE DE TUER MON PRE.HEIN, ZAVEZ TU VOT PRE?LE CHRIST, VOUS CONNAISSEZ?BEN, ZWOUI.ALORS, DIRECTION LA GARE ROUTIRE.le bus pour La Nouvelle-Orlans ne partait quune heure plus tard, tout le temps queje lai attendu, je me suis demand si javais tu le Philippin, quand jai gagn mon sige,jai pris bien soin de placer tout au fond du porte-bagages la machine crire pour quelle ne me dgringole pas sur la tte, a t un long voyage avec alcool discrtion et dapproche dune rouquine de Fort Worth. aussi, lorsquelle est descendue du bus, jelui ai embot le pas, mais elle vivait chez sa mre, et jai d me dnicher une chambre. lasuite dune mprise, jai chou dans un htel de passe, si bien que ma nuit a t ponctue ds de femmes (SUFFIT! mme pour tout lor du monde, tu ne me fourreras pas CE machin dans mon nid damour!), de lincessant glouglou des toilettes et des claquements de portes.quant la rouquine, soit ce ntait quune gentille petite chose innocente, soit elle stait trouv un meilleur coup, car jai quitt la ville sans avoir pu la tringler. et voil comment jai dbarqu La Nouvelle-Orlans.mais Elf dans tout a? vous ne lavez quand mme pas oubli le mec cause de qui tout a comenc, une rafale de mitraillette la coup en deux durant la Seconde Guerre mondiale.jai entendu dire quil avait agonis pendant trois quatre semaines dans son lit dhpital. or, bizarrement, il me lavait annonc, non, il mavait pos la question suivante:suppose quun STUPIDE fils de pute appuie sur la dtente dune mitraillette et me lche lapure, comment dois-je?tu naurais que ce que tu mrites.tandis que toi, bien sr, jamais tu ne tomberas fauch par une mitraillette, pas vrai?bien vu, balourd, je passerai travers, moins que ce ne soit lOncle Sam qui commandele feu.arrte ton char! je sais bien que tu aimes ta patrie, je le vois dans ton regard! tu laimes, tu laimes de toutes tes forces!cest juste aprs cette remarque que je lui ai balanc la bouteille de scotch derrire loreille. la suite, vous venez de la lire. quand je suis arriv La Nouvelle-Orlans, jai fait gaffe de ne pas minstaller dans un bordel, bien que toute la ville me parten tre un.2on stait rfugis dans le bureau juste aprs avoir encaiss une nouvelle drouille du genr 1, la saison tirait sa fin et nous-mmes ntions pas loin de la fin du tableau, pourremonter la premire place nous aurions d gagner 25 matches daffile, et javais dans lde que allait tre la dernire fois que jentranais les Bleus. la batte, notre meilleurmme plafonnait 243, tandis que, pour les tours de bases, le plus rapide ne dpassait pas les 6. mme topo avec notre lanceur vedette qui comptait en moyenne sept russites pour dix checs, ce qui lui faisait un goal-average de 3.95. le vieil Henderson ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit du raide, il prit sa part avantde pousser la bouteille vers moi.et par-dessus le march, grogna Henderson, a fait quinze jours que je me trimbale desmorpions.doux jsus, patron, je suis dsol pour vous.dici peu, vous ne mappellerez plus patron.je sais, mais entre nous, je ne connais aucun manager capable dviter ces boit-sans-soif la dernire place, dis-je avant dcluser un bon tiers de la bouteille.mais le pire, enchana Henderson, cest que je pense que je dois ces bestioles ma femme.fallait-il en rire ou en pleurer? dans le doute, je mabstins de ragir.deux doigts furtifs caressrent la porte dentre qui coulissa ensuite sur elle-mme pour laisser place un dsax, vu quil portait des ailes de papier dans le dos.il ne devait avoir gure plus de 18 ans. je suis celui quil vous faut pour votre quipe,murmura-t-il.un authentique zozo, fallait voir comment il avait massacr son costard pour laisser sortir ses ailes qui ntaient pas petites, et sans doute ensuite les avait-il colles, ou noues dans son dos. moins que allez savoir!coute, crachota Henderson, tu ferais mieux de te tirer. on a eu notre dose de bouffonnerie sur le terrain, inutile den remettre, dj quils se marraient comme des baleines lorsquils nous ont virs du stade, alors, du vent et rapido.le gamin tendit le bras, sempara de la bouteille et senfila une rasade, puis il sassit et poursuivit:mister Henderson, je suis la rponse vos prires.petit gars, rpliqua Henderson, tes trop jeune pour boire cette merde.je suis plus vieux que je ne le parais.et moi, jai quelque chose pour te faire encore un peu plus vieillir.Henderson pressa le bouton qui se trouvait sous son bureau, ce qui, en clair, voulait dire Bull Kronkite. prtendre que ce Bull-l ft un tueur serait mentir, mais enrevanche je peux vous garantir que fumer du Bull Durham par le trou du cul, aprsavoir eu affaire lui, tmoignerait dune chance inoue. dailleurs, il faillit arracherla porte lorsquil rappliqua.lequel, patron? aboya-t-il en nous reluquant mais sans cesser dassouplir ses normes battoirs dimbcile born.le merdeux avec ses ailes en papier, fit Henderson.Bull prit son lan.ne me touchez pas, piailla le merdeux aux ailes de papier. mais quand Bull chargea MON DIEU, PROTGEZ-MOI le merdeux SENVOLA! et se mit dcrire, en rasant le plafond,e grands cercles tout autour de la pice. dun mme lan, Henderson et moi, nous nous prcipitmes vers la bouteille, mais le vieil homme me battit dun goulot, tandis que Bull, lui, tombait genoux.SEIGNEUR QUI TES AUX CIEUX, PARDONNEZ MES OFFENSES! UN ANGE! UN ANGE!dconnez pas! lui lcha lange tout en continuant planer.puis, il ajouta:je ne suis pas un ange, je nai dautre ambition que daider les Bleus. daussi loin que je me souvienne, jai toujours t un de leurs supporters.bon, daccord, redescends et causons boulot, dit Henderson.lange, ou quoi quil fut, amora sa descente pour venir se poser sur une chaise. aussitt Bull le dbarrassa de ses chaussures et de ses chaussettes pour lui embrasser les pieds.Henderson se pencha et, ne dissimulant pas son dgot, il glaviota sur Bull, avant de lui hurler pleine poire:va te faire foutre, tar dbile! il ny a rien que je dteste plus que la sentimentalit dinante.sessuyant le visage, Bull sclipsa avec dignit.Henderson farfouilla alors dans ses tiroirs.pute borgne, il mavait pourtant bien sembl que javais l-dedans des contrats types.mais, dfaut dun formulaire, il avait mis la main sur une autre bouteille quil ouvrit, sans quitter du regard le kid.dis-moi, sais-tu frapper une balle effet? une balle coupe? et comme ten sors-tu avecne glissante?et comment, bordel de dieu, le saurais-je? sexclama le kid. il ma fallu me cacher pour survivre. tout ce que je sais, je lai appris dans les journaux et la tl, mais jaitoujours t un fan des Bleus, et depuis le dbut de la saison je souffre pour vous.alors, comme a, tu tes planqu? mais o? dans le Bronx, mme dans une cage dascenseur,e avec des ailes serait vite repr, cest quoi ta combine? et ces machins, dis-moi, comment les as-tu fabriqus? quoi bon vous ennuyer avec les dtails, mister Henderson? propos, cest quoi ton nom, kid?Jimmy. Jimmy Crispin. J.C. pour les intimes.h, kid, tu me montes quel bateau, l? avec ton J.C., tu te foutrais pas de moi, par hasard?oh, non, mister Henderson.eh bien, serre-men une.ils se la serrrent.bont divine, ce que tas les mains FROIDES! depuis quand tas pas fait un vrai repas?pour mon 4-heures, je me suis tap un poulet-frites et de la bire.bois un coup, kid.Henderson se retourna vers moi:Bailey?vouais.vous me convoquez pour demain matin 10heures cette foutue quipe au grand complet. aucune absence ne sera tolre. depuis la bombe atomique, on na pas trouv mieux, maintenant, on se rentre et on se pieute. tas un endroit pour dormir, kid?videmment, scria le kid avant de dcoller droit vers les escaliers.le stade avait t isol du reste du monde. personne lintrieur sinon les joueurs. gueulede bois oblige, ils devaient penser que ce mec avec ses ailes en papier tait unesorte de gag publicitaire, et quon le testait sur eux. chacun prit son poste, etle kid se retrouva avec une batte en main. prsent, il faut vous imaginer leurs yeux injects de sang SCARQUILLANT de stupfaction lorsque aprs avoir tap jusqu la troisbase une balle en rase-mottes, le kid SENVOLA vers la premire base! mieux, avant mmeque le joueur qui avait rceptionn la balle ait pu la renvoyer, le kid avait dj ralli la deuxime base.ttaniss quils en taient dans le clair soleil de 10heures du matin, pourtant, pour faire partie des Bleus, fallait en tenir une sacre dose, mais l on atteignait les sommets.ce ntait pas fini. prenant de vitesse le lanceur, J.C. mit le cap sur la troisime base, et impossible dapercevoir ses ailes. aurait-on au rveil absorb ses deux Alka Seltzer. le temps que la balle achve sa course, cet objet volant non identifi avaitatteint la plaque de but. lvidence, le kid pouvait tout gagner. la vitesse dun supersonique. moyennant quoi,il suffisait de rapatrier les deux autres joueurs de la dfense de loutfeld vers linfield. on se retrouvait donc avec deux demis et deux deuximes bases. conclusion: aussi mauvais que nous serions, plus personne ne nous battrait.et nous allions, le soir mme, en avoir la dmonstration.la premire chose que je fis en rentrant chez moi, ce fut dappeler Bugsy Malone.Bugsy, quelle est la cote des Bleus pour une victoire en championnat?ils ne sont mme pas cots, pas le moindre pari sur eux. quel connard voudrait miser sur eux, mme 10000 dollars contre 1?tu peux minscrire combien?non, srieusement?si je te le dis. 250 contre 1, tu veux y aller dun petit dollar? cest a, hein?de 10000.10000! eh, mollo! je te rappelle dans deux plombes.le tlphone sonna une heure quarante-cinq plus tard.O.K., je prends ton pari, on ne doit jamais cracher sur 10000 dollars, a peut toujours servir.merci, Bugsy. ton service.je noublierai jamais ce premier match en nocturne. lquipe adverse simagina quon cherchait gagner les faveurs du public en mettant les rieurs de notre ct, mais quand Jimmy Crispin sleva dans les airs pour viter un home run imparable, une balle qui naurait pas manqu de passer largement au-dessus de lenceinte du centerfeld, chacun sutdans le camp den face que la partie ne serait pas de la tarte. histoire de vrifier par lui-mme, Bugsy avait fait le dplacement par avion, et, comme je ne le quittais pas du regard, je le vis en perdre son cigare cinq dollars lorsque J.C. senvola pour intercepter cette balle. et ds lors quaucun rglement ninterdisait un homme ail de jouer au base-bail, on les tenait par les balloches. et solidement, on gagna laise. Crispin marqua quatre fois, tandis que nos adversaires ne purent jamais dpasser notre infield, et rien de ce qui vint de loutfeld ne nous inquita.les matches qui suivirent furent lavenant. le public sy rua en masse. dj que de voirvoler un homme avait de quoi le transporter, alors, que nous eussions vingt-cinq matches gagner en si peu de temps, ne pouvait quaugmenter son hystrie. la fouleaime assister aux rsurrections. or les Bleus sortaient de la tombe, ctait le miracle quotidien.LIFE vint interviewer Jimmy. TIME. LIFE. LOOK. mais il tait avare de confidences,je veux juste voir les Bleus emporter la coupe, se contentait-il de leur dclarer.or, mathmatiquement, a frisait linconcevable. dailleurs, comme dans tout conte de fesqui se respecte, avec coup de thtre final, le rideau allait se lever sur la dernire rencontre de la saison: les Bleus contre les Bengals, avec lesquels nous partagions provisoirement la premire place. au vainqueur, donc, le trophe. depuis que Jimmy nous avait rejoints, nous navions perdu aucun match. et pour ma part je mtais quasiment ramass 250000dollars. comme manager, je me posais l!dans les minutes prcdant ce duel au sommet, on stait, le vieil Henderson et moi, retrouvs dans son bureau, quand, depuis lescalier, un drle de bruit nous fit dresser loreille. tout de suite aprs, un corps ivre sencadra dans la porte. J.C. en personne, mais sans ses ailes, quavec des moignons.ces salopards ont sci mes putains dailes! une femme mattendait dans ma chambre dhtel,quelle femme! Vnus rincarne! et en plus, les mecs, ces salopards avaient traficot lesboissons! aussi peine ai-je commenc la ramoner quils ont, eux aussi, commenc ME SCER LES AILES, coinc, que jtais! mme que je nai pas pu tirer mon coup! QUEL PIGE CONdire que pendant tout le temps que a a dur, il y avait ce gonze qui fumait son cigare, qui se fendait la pche dans son coin tout en bavassant oh, mon dieu, quelle crature de rve, quand je pense que je ne lai pas baise et merde!allons, mon poulot, tu nes pas le premier avoir t entub par une bonne femme, dit Hendrson, avant dajouter: est-ce que tu saignes?non, ce nest que de los, de la connerie dos. mais je suis dsespr, je vous ai trahis,copains. cause de moi, les Bleus vont trinquer, je me sens coupable, coupable,coupable.une culpabilit qui menfonait de 250000dollars. je repris la bouteille et la schai, avec ou sans ailes, J.C. tanguait trop pour pouvoir assurer. Henderson posa sa tte sur le bureau et se mit chialer. du dernier tiroir, je sortis son luger que je glissai dans ma poche, et je sortis, direction les tribunes officielles, o je minstallai derrire Bugsy Malone et la superbe nana qui laccompagnait. jtais assis dans lebox rserv Henderson qui devait tre en train de se biturer mort, en tte tte avec unge dfunt. plus jamais dailleurs, Henderson noccuperait cette place. comme plus jamais je ne moccuperais de lquipe. juste avant de grimper les marches du stade, javaistlphon au banc de touche pour quon refile la conduite des oprations au batteur ou nimorte qui dautre.salut, Bugsy, dis-je.les Bengals taient la batte.o est passe votre merveille? je ne la vois pas, rpliqua Bugsy en allumant son cigare inq dollars.il est remont au ciel cause dune scie mtaux trois dollars cinquante.Bugsy ricana.un mec comme moi peut pisser son bock dans lil dune mule et faire en sorte quensuite il en coule un mint julep. voil pourquoi je suis en haut de laffiche.qui est cette sublime crature? fis-je.elle? mais cest Helena Helena, laisse-moi te prsenter Tim Bailey, le plus mauvais manager qui ait jamais exist.quand Helena croisa ces choses en nylon quon appelle des jambes, je ne pus que pardonner Crispin de nous avoir ruins.chinte, mister Bailey.pas tant que moi!la partie commena, et les mauvais jours revinrent. la septime priode, nous tions mens10 0. Bugsy, qui sen pourlchait les babines, narrtait pas de caresser les jambes dela crature, et le reste de son corps aussi. le monde lui appartenait. un moment,il se retourna vers moi et moffrit un de ses cigares cinq dollars que jallumai illico.ce type tait vraiment un ange? demanda Bugsy en grimaant un sourire.il voulait quon lappelle J.C., mais que le diable memporte si je sais pourquoi!comme quoi, lHomme a toujours battu Dieu quand ils se sont mesurs, pontifia-t-il. chacun sa religion, dis-je, sauf qu mon avis couper les ailes dun homme, cest comme dlui couper sa bite.peut-tre bien que oui! encore que avis pour avis je pense plutt que la terre ne toure que grce aux surhommes.et si ctait la mort qui menait le bal? cruel dilemme, non?le temps que le luger apparaisse dans ma main que je lavais dj appuy contre la nuquede Bugsy.par le sang du Christ, Bailey! ressaisis-toi! prends la moiti de ce que je possde! nonprends tout la fille comme le magot , mais carte ce flingue.tuer est jouissif, crois-tu, eh bien, JOUIS.jappuyai sur la dtente, et le luger cracha lhorreur. son crne clata comme une coquille duf, de la cervelle et du sang se rpandirent partout: sur moi, sur ses jambes gaines de nylon, sur sa robedurant une heure, ils suspendirent le match, le temps de nous sortir du stade lecadavre de Bugsy, sa gonzesse hystrique, et moi. aprs quoi, le jeu reprit ses droits.Dieu terrasse lHomme; lHomme dboulonne Dieu; et alors que le mal tend son empire, lesmres continuent de faire leurs conserves de fraises.le lendemain matin, le maton mapporta le journal dans ma cellule:LES BLEUS EMPORTENT LA COUPE, LA QUATORZIME PRIODE, PAR 12 11.ma cellule tait situe au huitime tage de la prison. je mapprochai de la fentre. aprs loir roul en boule, je fis glisser le journal entre les barreaux, puis le poussaiet le regardai tomber dans le vide, il se dploya, il paraissait avoir des ailes,disons, pour tre tout fait objectif, quil flottait dans les airs comme nimporte quelle feuille de papier laurait fait en se dpliant, il voletait vers la mer, vers ces vagues blanches et bleues quon apercevait au lointain et que je ne pouvais toucher. contre lHomme, Dieu gagnera ternellement, quelque apparence quil prenne une saloperie de mitraillette, un tableau de Klee, ou bien encore, comme hier soir, une paire de jambes de nylon tresse autour du cou dun malheureux illumin.Bugsy Malone me devait 250000dollars quil ne me paierait jamais. J.C. avec des ailes, J.C. sans ses ailes, J.C. sur une croix, reste que je ntais pas encore mort, jeretraversai ma cellule, massis sur le seau hyginique et commenai de chier, moi lexmanager de ligue nationale, moi lex-tre humain. un vent lger se faufila travers lesbarreaux, aussi lger que ma faon den finir.3il faisait une chaleur tout casser dans cette turne. je me suis dirig vers le piano et jen ai jou. jamais je nai su en jouer. je me contente de tapoter les touches.sur le canap, un couple dansait. cest en regardant sous le piano que jai dcouvert une fille les quatre fers en lair, sa robe retrousse jusquau nombril. je me suis mis jouer dune main tandis que de lautre je men suis all caresser la fille qui sest rveile. ou elle dtestait mon style, ou elle napprciait pas les grattouilles, car elle sest tire. sur le canap, le couple a cess de se trmousser. jai pris leur place et roupill un petit quart dheure. a faisait deux jours et deux nuits que je navais pas ferm lilet la chaleur devenait suffocante. quand jai merg, jai vomi dans une tasse caf. lorsquelle a t pleine, plutt que de me voir maculer le canap, quelquun ma tendu un grand boc. au bon moment. car cest reparti vite fait. du lait qui aurait tourn. comme tout le reste de la piaule, dailleurs.je me suis lev et me suis dirig vers la salle de bains. lintrieur, il y avait deux types poil. le premier tait en train de savonner la bite et les couilles du seconden saidant de crme raser et dun blaireau.je ne veux quune chose, ai-je dit, couler mon bronze.vas-y, a rpondu le savonn, on ne te drangera pas.je me suis assis sur la cuvette.le savonneur a dit lautre:il parat que Simpson sest fait lourder du Club86.chez KPFK cest pire, a fait le savonn, ils ont licenci plus de monde que Douglas Aircraft, Sears Roebuck et Thrifty Drugs runis. pour un mot en lair, pour une remarqueanodine qui touche leur conception prfabrique de lhomme, de la politique, de lart,ou de tout ce que tu voudras, tu prends immdiatement la porte. le seul qui soit pass au travers dans cette bote, cest Eliot Minz. il ressemble ces accordons pour mmes, de quelque faon que tu ten serves, il en sort le mme son.maintenant fais-toi reluire, la interrompu le savonneur.reluire quoi?ta queue quelle devienne grosse, trs grosse!jen ai lch un norme.doux jsus, a dit le savonneur qui ne savonnait plus rien, vu quil avait balanc son blaireau dans le lavabo.quoi, doux jsus? a fait lautre.tas le gland comme un marteau.jai eu un accident, voil tout.quest-ce que je donnerais pour avoir ce genre daccident!jen ai lch un second. prsent, mets le paquet.le paquet sur quoi?tords-la en arrire et insre-la entre tes cuisses.comme a?super.et ensuite?ensuite, pse de tout ton poids sur ton ventre. fais-la glisser. comme dans un mouvement de va-et-vient. mais serre bien les cuisses. a y est! tu vois! plus jamais tunauras besoin dune femme!oh, Harry, a na rien voir avec une chatte! arrte avec le baratin! ne me prends pas pun con!a demande juste un peu de PRATIQUE! tu verras! tu verras!je me suis torch, jai tir la chasse et je suis sorti.dans le frigo, jai pris une bire, non, deux, et je les ai, toutes les deux, ouvertes, et jai commenc boire. je devais, vue de nez, me trouver quelque part dans North Hollywood. je me suis pos en face dun type qui portait un casque de couleur rouge et une barbe dun bon demi-mtre. pendant les deux nuits, les amphtes lui avaient donn du gnie, mais maintenant il redescendait sur terre. il ne dormait pas encore,il planait dans linterzone, entre la tristesse et le dgot. peut-tre esprait-il un joint pour redmarrer, mais les mes charitables manquaient.Big Jack! me suis-je soudain exclam.Bukowski, a rpondu Big Jack, tu me dois 40dollars.curieux, je croyais ten avoir rendu 20 lautre nuit. cest pas de blague, je me revoisencore en train de te les filer.allons, tu ne revois rien, car tu tais rond, Bukowski, tu voyais double, voil la vrit.Big Jack dborde de prjugs contre les ivrognes.Maggy, sa petite amie, se tenait ses cts.la vrit, a-t-elle corrig, cest que tu as vraiment allong un billet de 20, mais ctaite que tavais le gosier sec. on ta rendu service, on est sortis tacheter ta merde, et on te la ramene, avec ta monnaie.bon, daccord, dites, o on est? North Hollywood?mais non. Pasadena.Pasadena! cest ne pas y croire.tout en leur parlant, je navais cess dobserver le mange autour du grand rideau qui nous sparait du reste de lappart. certains en ressortaient au bout de dix ou de vingt minutes, dautres ne rapparaissaient plus du tout, probable que a devait durer depuis quarante-huit heures. jai liquid ma bire, je me suis redress et, aprs avoir cart lrideau, je suis pass de lautre ct. lobscurit la plus totale, mais qui empestait lherb, et le cul. tant que mes yeux ne sy sont pas habitus, je nai pas boug. quasiment que des mles perte de vue. se lchant le trou de balle. senfilant.se taillant des pipes. ce ntait pas pour moi. je nai rien dun mec la coule. a ressemblait aux gymnases pour hommes quand on passe autre chose quaux barres parallles, et que se rpand lodeuraigrelette du sperme. jai failli mtouffer. un noir caf au lait sest approch de moi:mais vous tes Charles Bukowski, nest-ce pas?a se pourrait.fabuleux! quel choc! jamais rien connu de tel! vous savez, jai dvor Le Crucifix dansmain moite, il faut remonter Verlaine pour trouver aussi fort.Verlaine?oui, oui, Verlaine.sa main a vogu vers moi et sest empare de mes couilles. je lai repousse.quest-ce qui ne va pas? a-t-il demand.pas encore, mon chou, je suis la recherche dun amioh, pardonil sest loign tandis que je me concentrais sur le spectacle. et cest juste au momento je venais de me dcider lever le camp que jai remarqu une nana adosse au mur du fond. les jambes cartes, et compltement dans les vapes. jai march vers elle et lai bien regarde. puis, jai baiss futal et calcif. elle ma paru partante. aussi je lui ai mismon engin l o il fallait. jusqu la garde.oooh, a-t-elle gmi, ce que cest bon! tu las tellement recourb! on dirait un crochet!un accident de la petite enfance, collision avec un tricycle.oooooh.je sentais que a montait quand quelque chose est venu brusquement SE PLANTER entre mes fesses. a a fait tilt dans ma tte.LA PUTAIN DE MES DEUX!avec ma main, jai arrach la chose et me suis retrouv serrant la queue dun inconnu.tavais quoi comme projet, mon pote? ai-je dit.mets la pdale douce, lami. ici, cest comme avec les cartes. si tu veux jouer, tu nen refuses aucune, tu prends ce quon te donne.je me suis rembraill et je nai pas demand mon compte.Big Jack et Maggy avaient disparu. un couple gisait face contre terre. jai rcupr uneautre bire, lai bue, puis jai mis les voiles. le soleil ma fait le mme effet que legyrophare dune voiture de flics. sous lessuie-glace de ma caisse que javais range sur une sortie de garage, un mcontent avait gliss une contredanse. pourtant, on aurait encore pu manuvrer laise, mais je suppose que nul nest cens ignorer la loi. sympa!je me suis arrt la station-service de la Standard Oil et le pompiste ma indiqu comment rejoindre lautoroute. jai roul jusqu chez moi. jtais en eau. et je me mordais les les pour ne pas mendormir. dans ma bote, mattendait une lettre de mon ex qui vit enArizona.je me doute que dans ta solitude il doit tarriver de dprimer. La Passerelle est ce qute faut, vas-y, mon avis, tu aimeras les gens que tu y rencontreras, du moins certains dentre eux. sinon ne manque pas les lectures de pomes lglise unitarienneje me suis fait couler un bain, bien chaud. je me suis dshabill, jai ouvert une bire, jen ai lamp la moiti, puis, aprs avoir pos le can en quilibre sur le rebord de la baignoire, je suis entr dans le bain. une fois dedans, jai pris le savon barbe et leblaireau et jai commenc me tripoter le manche et lillet.4peu de temps avant quil naille, pour y mourir, se coucher en travers de cette voieferre mexicaine, NealC., le copain de Kerouac, est entr dans ma vie. ses pupilles taient aussi dilates que si on les avait plantes au bout dun cure-dent dfrachi, et satte paraissait relie une enceinte hi-fi. il joggait littralement sur place, ne faisant que sautiller et cligner de lil. dans son t-shirt blanc, il avait tout du chanteur capable de sadapter, tel un coucou, nimporte quelle musique, et capable ausside devancer le tempo comme sil avait lui-mme dirig lorchestre. une bire en main et pos sur mon cul, je lobservais. javais de quoi tenir, avec mon pack de six, non, avec mes deux packs. Bryan tait en train de distribuer plan de travail et pellicule deux jeunots qui sapprtaient partir filmer un spectacle duquel on promettait montset merveilles, mais aurait-il t un bide quil fallait quand mme immortaliser la prestation de ce pote de Frisco, dont je ne me rappelle plus le nom. nimporte, ces trois-l ne sintressaient pas NealC. qui le leur rendait bien, ou qui faisait semblant.quand la zizique sest arrte, les deux jeunots se sont tirs, et Bryan ma prsent le fabueux NealC.tu veux une bire? lui ai-je demand.Neal a arrach une bouteille du pack, la lance en lair, la rattrape, puis la dcapsuleide de moiti en deux coups de glotte.une autre?pas de refus.jusqu prsent, je me croyais imbattable sur la bire.sauf que tavais jamais rencontr un diplm des prisons, un jeune dur. tu sais, jai lu tetrucs.idem pour moi. trs bon, lpisode o tu te casses par la fentre de la salle de bains et qe tu te planques, nu comme un ver, dans les buissons.ah, celui-l, se contenta-t-il de dire avant de replonger dans sa bire.mais sans pour autant sasseoir, prfrant arpenter la pice. comme si chaque chose le frappait en plein cur et le dvorait dun feu ternel. la haine lui tait inconnue. si bien quon laimait dinstinct, malgr Kerouac qui lavait transform en matamore born, ce dontNeal ne stait ni formalis, ni fch. pour lui, tout tait logique, et dailleurs on peut iverser lordre des facteurs: Jack Kerouac na fait que son mtier dcrivain, ce nest pas li qui a enfant Neal, mais la mre de celui-ci. quoique, pour avoir fait son mtier, Kerouac la dmoli, quil lait ou non cherch.Neal dansait maintenant en tte tte avec lternit. la vieillesse, la souffrance, toutecette chienneie se lisait sur son visage, alors que son corps tait le corps dun gamin de 18 ans.a te dirait pas de te frotter lui, Bukowski? sest enquis Bryan.si a tamuse, on sort, mon tout beau! a ajout Neal.sans que la haine ne lanime, juste pour jouer le jeu.non, merci, en aot, jaurai 48 balais. et les bagarres, cest fini.sauf que jamais je naurais pu le battre.quand as-tu vu Kerouac pour la dernire fois? ai-je enchan.autant que je men souvienne, il a parl de 1962, ou de 1963. en tout cas, il y avait une paye.on sest donc tenu compagnie jusqu lpuisement des deux packs de bire. il aurait fallu aller renouveler le stock, mais comme Bryan avait fini de bosser, il a ferm son bureau, et, sous le prtexte que Neal dormait chez lui, il ma invit dner avec eux. sansdoute parce que javais du vent dans les voiles, jai accept, sans penser un seul instant quoi je mexposais.dehors, une pluie fine tombait, le genre de pluie qui fout la merde dans la circulation. mais je ny ai pas davantage pris garde. alors que je croyais que Bryan allait conduire. cest Neal qui sest install au volant. quoi quil en soit, larrire mestevenu, puisque Bryan sest gliss ct de Neal. et la chevauche a commenc. le long de cesavenues glissantes. comme par un fait exprs, Neal ne se dcidait tourner droite comme gauche que lorsquil se trouvait dj engag en plein carrefour. doublant alors un poil de la ligne continue. cest limage qui convient: un poil de plus, et on finissait la morgue.je ne pouvais dailleurs mempcher, aprs chaque gymkhana, de glapir des choses aussi grotesques que encore un qui la eu dans le cul!, ce qui faisait clater de rire Bryan, tndis que Neal ne bronchait pas, tout sa conduite. il ntait ni lugubre ni joyeux, et pas non plus moqueur, juste concentr lil la manuvre. on ne pouvait que lui donnerraison. il assurait, ctait son arne, son champ de courses. on ne doit pas plaisanter avec le sacr, ni avec la ncessit.le sommet, a t juste avant de quitter Sunset et de tourner au nord vers Carlton. ilcrachinait dur, et on se dirigeait au pifomtre. or quand Neal sest dcid sortir de Sunset, il a lanc son attaque la manire dun joueur dchecs qui apprcie la situation en uclin dil. encore quelques centaines de mtres bbord, et on touchait au port. Bryan nhabite en effet qu un block de l. devant nous, il ny avait quune voiture alors que deux autres arrivaient en sens inverse. normalement, Neal aurait pu ralentir et suivre le mouvement, mais son rythme sen serait ressenti. aussi, Neal sy est refus. ila rtrograd, puis acclr et sest dport vers la gauche pour doubler. jai pens: on vadroit, quimporte, cest la vie, advienne que pourra. voil ce que nimporte quel cerveau humain constate en de tels moments, et le mien ne diffre pas des autres. les deux vhicules ont plong lun vers lautre, plein pot, et nous nous sommes frls de si prs qe les phares de lennemi mont transperc. au vrai, il me semble qu linstant ultime le chauffeur den face a frein, ce qui nous a donn le poil dont nous avions besoin. Nealavait d le prvoir. reste quon ntait pas encore tirs daffaire. il y en avait une second, qui arrivait piano piano dHollywood Boulevard, et qui se trouvait prcisment la hauteur de la rue o nous devions tourner. or Neal roulait fond la caisse. je me souviendrai toujours, rapport la proximit, de la couleur de sa carrosserie. bleu tirant sur le gris. un coup qui ntait pas de premire jeunesse, court sur pattes et aussi solide quun muscle dacier. Neal sest fendu vers la gauche. comme sil cherchait dumoins, lai-je imagin le couper par le milieu. le choc tait invitable. mais vitesseuite du coup ou lger coup de volant de Neal? , cest pass pile poil. une fois de plus.enfin, Neal sest gar devant chez Bryan, et Joan nous a servis dner.Neal na rien laiss de son assiette, et il a mme liquid la majeure partie de la mienne. John employait comme baby-sitter un jeune homosexuel particulirement intelligent, qui sest fait plus tard la malle avec un groupe de rock, moins quil ne se soitsuicid. disons quil a disparu, en tout cas, ce soir-l quand il est pass porte de mamain, je lui ai pinc les fesses. il en a rayonn de joie.jaurais d men aller, mais je ne my dcidais pas. jai prfr biberonner et discutaillerNeal.lhomosexuel avait un faible pour Hemingway, auquel il na cess de me comparer jusquaumoment o je lui ai conseill de la boucler. il sest lev et il a grimp au premier soccuper de Jason. quelques jours plus tard, Bryan ma tlphon:Neal est mort. il sest tu.non! oh! merde!Bryan est ensuite entr dans les dtails, puis il a raccroch. ainsi sachve une vie.toutes ces vires, toutes ces pages de Kerouac, tous ces sjours en prison, pour finir seul, immensment seul, sous la lueur glaciale dune lune mexicaine, voil quoi vous feriez bien de rflchir. et noubliez pas les cactus, disgracieux et rachitiques. le Mexique nest pas simplement un sale bled parce que loppression y rgne; cest tout simplement un sale bled. imaginez ces animaux du dsert guettant leur proie. des crapauds, buffles ou non, des reptiles qui frtillent comme les membranes du cerveauhumain, et qui se figent, et qui attendent, aussi muets que cette lune muette. oui, ces reptiles, toute cette chienlit remuante, qui pient le jeune homme au t-shirt blanc tendu l-bas dans le sable.Neal stait, sans har qui que ce soit, construit un monde son image, Neal, le taulard, le jeune dur, repose dsormais en travers dune voie ferre mexicaine.la seule fois o je lai approch, il ma dit aussi ceci: Kerouac a crit tous les autrespitres, mais cest toi que jai choisi pour mettre le point final.sans blague, il ma vraiment dit: allons, courage, termine!jai donc termin.5que le nombre de suicides augmente, que les mouches merde en soient rduites bouffer de la bouse dessche, et les ts nen finissent plus dagoniser. dans les annes50, aclbre pote des rues. il avait survcu.nous nous trouvons Venice, je viens de jeter ma bouteille dans un canal, et Jacka emmnag dans le coin pour une semaine, car il doit dici peu donner une lecture enville. le canal me fait un effet bizarre, trs bizarre.pas assez profond pour sy balancer.wouais, rien redire, fait-il dune voix qui semble sortir dun documentaire sur le Bronx.37 ans et dj tout gris.nez crochu. le corps la drive, mais nergie intacte. burn. un me. le mle. avec ce petit sourire juif. bien quil ne soit peut-tre pas juif. je ne le lui ai jamais demand.il les a tous approchs. mais, parce quil na pas apprci lune de ses rflexions, il a pissur les pompes de Bamey Rosset dans une soire. Jack connat Ginsberg, Creeley, Lamantia et, gterie suprme, il connat dsormais Bukowski.eh wouais, Bukowski a fait le dplacement jusqu Venice pour me voir. la tronche couverte de cicatrices. les paules tombantes. un type au bout du rouleau, parlant peu.mais quand il louvre, il sue lennui et le lieu commun. croire quil na jamais crit tous ces recueils de pomes. sans doute quil a trop longtemps marn la poste. il est surla pente descendante. ils lui ont suc les neurones. quils soient maudits. mais cenest pas vous que japprendrai comment la machine tourne. reste quil est toujours un matre, un matre indiscutable.le systme na pas de secrets pour Jack, si bien quon se marre juste titre lorsquil conchie lhumanit, quil compare la polka des enfoirs, et, mme si vous le saviez dj, vouous fendez la pipe en lentendant vituprer la terre entire alors quassis sur le rebord dun canal Venice vous essayez de venir bout dune mga gueule de bois.le voici qui feuillette un livre, majoritairement illustr de photos de potes. ny manque que la mienne. mais je my suis mis tard et je vis depuis une ternit dans des turnes minables avec pour unique compagnie une bouteille de vin. on simagine toujours quun solitaire na pas toute sa tte, et peut-tre nest-ce pas tort?il continue de tourner les pages de ce livre. vingt dieux, quelle chierie de rester assis, coinc entre la gueule de bois et leau du canal, avec en prime Jack et son bouquin de photos qui se transforment en une sarabande trpidante de nez et doreilles. au fond, je men tape, mais je sens quon devrait se parler, sauf que jai du mal my mettre et que cest lui qui tient le crachoir, et ainsi passe le temps et toute cette saloperie de mal de vivre, le long dun canal Venice.il dit: celui-ci a vir dingue il y a deux ans.il dit encore:et celui-l voulait que je le suce sinon il ne me publiait pas.tu las fait?si je lai fait? je lai corrig! avec a! il brandit son poing made in Bronx.je rigole. il me dcontracte et il est humain. les hommes sangoissent la perspective de devenir pd. moi-mme, je ne me sens pas attir. et si ctait la solution? on seraitnfin relax. en rapportant ce qui prcde, je ne cherche pas enfoncer Jack. pour unefois que quelquun louvre librement. car il y a trop de gens qui redoutent de diredu mal des pds sur le plan des ides, bien sr. comme il y a trop de gens qui tremblent davoir critiquer la gauche toujours par rapport aux ides. je me fous de savoir quelle chapelle on cotise je ne remarque quune chose: il y a trop de gens qui fontdans leur froc.voil pourquoi Jack me botte. ces temps-ci, jai trop vu dintellos. jen ai par-dessusla tte de ces prcieuses intelligences qui sobligent vous aligner des penses plaques or. et par-dessus la tte aussi de devoir batailler pour massurer un espace de libert cratrice. cest la raison pour laquelle je me suis si longtemps tenu lcart des masses, et maintenant que je recommunique avec mon prochain, je me dis que je feraismieux de men retourner dans ma tanire. il ny a pas que lintelligence: il y a les insectes et les palmiers et les moulins poivre, et dans mon souterrain, marrez-vous,japporterai un moulin poivre.les foules trahissent toujours.ne faites confiance personne.les tantes et les hommes de gauche noyautent la posie, sexclame-t-il sans quitter du regard le canal.sous lamertume et lvidence de sa remarque, je renifle comme un parfum de vrit dont enmme temps je perois mal lutilit. je suis parfaitement conscient quil y a quelque chose de pourri au royaume de la posie dailleurs, on nouvre pas sans ennui les recueils des grandes gloires, Shakespeare y compris. mais est-ce que a na pas toujours t ainsi?lenvie me prend dasticoter Jack:te rappelles-tu cette vieille revue, poetry? jignore si cest cause de Monroe, de Shapiro, ou dun autre zigomard, toujours est-il que cest devenu si mauvais que jai arrt de la lire, mais je nai pas oubli cet axiome de Whitman: pour avoir de grands potes, ilfaut que slargisse le cercle des lecteurs. a te revient? or, sil va de soi que Whitmaest meilleur pote que moi (ce qui entre parenthses importe peu), laisse-moi te dire quil a trait le problme lenvers. il aurait d formuler ainsi sa pense: pour quele cercle des lecteurs, il faut avoir de grands potes.bien vu, approuve Jack. une fois, jai rencontr Creeley dans un pince-fesses. quand je lui ai demand sil avait lu du Bukowski, il sest ptrifi sur place, comme si de rpondre tait au-dessus de ses forces, si tu vois ce que je veux dire, mon vieux.tirons-nous dici.on a commenc se diriger vers ma voiture. eh oui, jen ai une. le tas de boue, videmment. Jack, qui na pas lch son bouquin, continue den tourner les pages.vise un peu le suceur de bites.vraiment?et lui! il sest mari avec une institutrice qui lui donne la fesse avec un martinet. unhorrible bonne femme. depuis quil lui a pass lanneau au doigt, il na plus crit un vers. elle lui a pomp lme avec son con.de qui tu causes? de Gregory ou de Kero?mais non, dun autre!bont divine!maintenant, on nest plus trs loin de ma caisse. et bien que je me sente encore dhumeur maussade, JE ME PNTRE de lnergie de cet homme, SON NERGIE, si bien que je me raconte que je suis sans aucun doute en train de dambuler aux cts dun des rares gnies dela vraie posie contemporaine. mais, dans les secondes qui suivent, je me persuadeque je pars en couilles.et je minstalle au volant. le tas de boue sbranle, mais la bote de vitesses fait unefois de plus des siennes. je vais devoir rouler en seconde, et je suis bon pourcaler chaque feu, dautant que la batterie bat de laile. je prie: faites que je redmarre encore un coup, faites quil ny ait ni flics, ni chauffards mchs, pargnez-moi galeent les fils de Dieu, de quelque Dieu quils descendent, et quelque Croix quon lesait crucifis. puisquon peut encore choisir entre Nixon, Humphrey et le Christ, ondoit aussi pouvoir choisir la meilleure faon de se le faire mettre. moyennant quoi, je tourne gauche, je marrte l o il faut, et on met pied terre.Jack est toujours dans son livre.celui-ci, cest un bon. il a liquid son pre, sa mre, sa femme, mais il a pargn ses trogosses et son chien. puis il sest flingu. lun des meilleurs potes depuis Baudelaire.sans blague?si je te le dis! enfin, merde!on referme les portires, et dun signe de croix je conjure lavenir: quelle redmarre etque la batterie ne se vide pas totalement de son jus.On fait quelques pas et Jack tape une porte.BIRD! BIRD! cest Jack.la porte souvre sur le Bird. je dois le regarder deux fois, femme ou homme? son visage possde quelque chose de virginal, dinaltrable comme lopium ltat pur. cest un ho. il bouge comme un homme. je le sens, mais je sens aussi que chaque fois quil met le nez dehors il risque sa peau. ils veulent le tuer parce que rien en lui nestmort. tandis que, moi, qui le suis aux trois quarts, je me suis arrang pour transformer le dernier quart en arme mortelle. je peux arpenter le pav des villes sans quon me distingue des vendeurs de journaux, encore que ces vendeurs aient une plus belle gueule que nimporte quel prsident des tats-unis, mais quoi sert de les comparer?Bird, prte-men 20, dit Jack.Bird les lui refile. dun geste onctueux et apaisant.merci, mon ange.je ten prie! mais vous nentrez pas?bien sr que si.on entre. on nous invite nous asseoir. il y a une bibliothque. je mate les titres. pas la moindre merde, me semble-t-il. tous les bouquins que jai aims sy trouvent.bordel de merde, mais je rve! le visage du gamin est si beau que chaque fois queje le regarde, je me sens bien, un peu comme aprs une mauvaise passe et quon se tape un chili con carne bien chaud, la premire vraie bouffe depuis des semaines, mais, bon, je me raidis, pas question de baisser la garde.le Bird. avec locan pas loin. et une batterie nase. le tas de boue. les patrouilles de flics dans ces rues sans avenir. parlez dune sale guerre. et dun cauchemar draisonnable. faut savourer cette courte parenthse calme et sereine, car nous allonstous tre crabouills, et trs rapidement ressembler des jouets briss, ou ces talons huts qui descendent joyeusement les escaliers pour ne plus jamais les remonter, plus jamais, adieu emmerdeurs et jobards, adieu exploiteurs et exploits, quelle connerie que le courage des faibles!on sassied. une bouteille de scotch circule. jen cluse un bon quart dun seul trait,merde, je mtouffe, aveugle, idiot, tauras bientt 50 ans, et tes encore en train de jouer les Hros. un hros de pacotille qui tombe sous les salves de vomissure.la femme du Bird apparat. Prsentations. cest une ondine en robe marron, qui semblecouler, couler, tandis que ses yeux ptillent; non, sans char, elle coule, coule, coule.et moi, je hurle: WOUF WOUF WOUF.elle a lair si vivante quil faut que je la prenne dans mes bras et que je la serrecontre moi, je me lve, mon flanc gauche vient se coller contre elle, je la faisdanser, et je ris. personne ne me traite dobsd. tout le monde rit. et me comprend.je la lche. on se rassied.Jack est content que je refasse surface. davoir tenu mon me bout de bras a d le pomper. il affiche prsent le grand sourire. il est parfait. cest si rare dans une viedhomme de se retrouver dans un endroit o les gens ne songent qu vous aider alors que vous vous contentez de les regarder et de les couter. eh bien, je vivais un telmoment. jen avais conscience. et je me faisais leffet de resplendir autant quun tamale brlant, mme si a navait aucun rapport.je descendis un autre quart de la bouteille pour masquer mon motion. quoique le plus faible des quatre, jtais dpourvu dagressivit, nayant dautre dsir que de mimmerges cette saintet sans prtention. lamour que jprouvais pour eux sapparentait celui dunndeur fou quon aurait lch dans un enclos de femelles en chaleur, ceci prs quil ne serait pas utile de faire couler le foutre pour que ces trois-l accomplissent des miracles.le Bird me regarda.tu veux voir un de mes collages? ctait chier, une boucle doreille de femme au bout delaquelle pendouillaient des filaments de merde.( propos je me rends compte que jai laiss tomber le prsent pour le pass, mais si vousnaimez pas a, titillez-vous le scrotum avec la pointe dun nibard imprimeur: ne changez pas un mot.)donc, je me lance dans une longue et ennuyeuse explication expliquante, critiquant tel ou tel dtail, et avouant quel point jen ai bav en classe de dessinle Bird me bloque net.en tirant dun coup sec sur la chose, il fait apparatre, avec un beau sourire, uneseringue, mais, moi aussi, je connais la musique: celle que jouerait peut-tre, sijen crois ce que men ont dit les initis, le junky Wm. Burroughs, le propritaire enfin presque de la Burroughs Co., et qui serait bien le seul pouvoir se la jouer dur cuire alors quen ralit il nest quune pdale molle et un abominable lcheur de verruecest ce quon ma racont sous le sceau de la confidence. vrai ou faux? quimporte, Burroughs est un crivain particulirement soporifique et, sans le soutien de ses relations dans le monde de la pop-littrature, il ne vaudrait pas un clou, comme Faulknerdailleurs qui nest quun petit tas de nullit, except pour les extrmistes sudistes, lestrs raides misters Corrington, Nod et Mange-Merde.lami, tu es ivre, ont-ils dit dune mme voix. et je ltais. et je ltais. et je ltaisil ny avait plus rien dautre faire qu me laisser conduire au lit et y dormir.ils mont gliss entre les draps.je bois vraiment trop vite. je les entends qui bavardent. doux ronron.je mendors. je mendors berc par la camaraderie. je nai rien craindre de locan, ni deils aiment mon corps assoupi. je suis un con. mais ils aiment mon corps assoupi. puissent tous les enfants de Dieu les imiter. jsus jsus jsus.qui se soucie dune batterie? plat?6jsus, marie, joseph, ctait affreux par dimmenses orifices vaginaux, ils sortaient encourant de dessous la terre et me bousculaient comme si javais t une toupie, alorsque jarpentais Times Square avec ma valise en carton.jai tout de mme russi demander lun dentre eux comment se rendre au Village et, une fis bon port, je me suis dnich une carre, mais quand jai dbouch une bouteille de vin ars mtre dchauss, jai constat quil y avait dans un coin de la chambre un chevalet, sauue je ne peignais pas, que jtais juste un jeune homme qui cherchait sen sortir, aussi me suis-je adoss au chevalet et ai-je clus mon vin tout en regardant la rue travers une vitre sale.lorsque je me suis dcid ressortir pour macheter une nouvelle bouteille, je suis tomb dans le couloir sur un petit jeunot envelopp dans un peignoir de bain en soie. jajoute quil portait un bret et des sandales, que sa barbe sen allait par plaques, etquil gmissait au tlphone:mais oui, ma chrie, il faut quon se voie, bien sr que oui, il le faut! sinon je mouvreles veines! exactement!jai aussitt pens que je devais me tirer dun tel endroit. quel curant petit con! il nait mme pas t capable douvrir son courrier. dehors, ils se pavanaient dans des cafs hyperchics, en jouant aux Artistes avec leurs brets et tout lattirail.je suis nanmoins rest dans cette piaule une semaine boire tout mon sol. pourquoi leur aurais-je fait cadeau du loyer? puis, je men suis trouv une autre en dehors du Village. vu ltat des peintures et sa surface habitable, elle ma paru donne, mais je nai pas cherch comprendre pourquoi. au coin de la rue, il y avait un bar dans lequel jai siphonn jusquau soir de la bire. bien sr, chaque verre, mes finances fondaientun peu plus, mais, fidle moi-mme, ma phobie des offres demploi mempchait dy penser. qe je me noircisse, ou que je la saute, lessentiel tait de saisir la symbolique detels moments. la nuit, aprs mtre achet deux bouteilles de porto, jai regagn ma chambr. je me suis dshabill dans le noir et je me suis mis au lit avec un verre. puis jaiouvert la premire bouteille et dcouvert pour quelle raison je payais si peu cher.la ligne arienne, la L, frlait quasiment ma fentre. et, qui plus est, la station tait situe pile en face de limmeuble. chaque passage du mtro, ma chambre silluminait comme sous des projecteurs. mais javais droit une galerie de portraits, grandeur nature. dhorribles portraits: des putes, des orangs-outangs, des jobards, des tueurs tous mes modles, en somme. lobscurit ne revenait que lorsque la rame sloignait maidj la suivante sannonait. dites, comment faire alors pour ne pas picoler?limmeuble appartenait un couple de juifs qui de surcrot possdaient de lautre ct de larue une boutique de tailleur, laquelle faisait aussi pressing. or mes fringues commenaient avoir besoin dun bon nettoyage. on peut glisser dans la dmence et avoirencore assez de bon sens pour comprendre que mes rots et mes pets sonnaient lheure de la chasse au job. je me suis donc fringu et jy suis all, bourr comme un coing.besoin que vous me laviez ou que vous me nettoyiez ou que vousmon pauvre garon! comment pouvez-vous vivre dans ces LOQUES? je ne pourrais mme pas faire mes vitres avec de telles guenilles. une seconde, sil vous plat Sam, oh!quoi?montre ce charmant garon le costume quon a oubli de venir nous rclamer.ah, effectivement, quel beau costume, mama! je ne comprends pas pourquoi le clientne la pas repris.inutile que je vous impose lintgralit du dialogue. contentez-vous de savoir que javais beau protester que ce costume tait trop petit pour moi, ils ne cessaient de merpter que non. jai fini par leur dire que sil ntait pas trop petit, son prix, lui, tat certainement trop lev. ils en ont demand 7dollars. jai grimac. ils sont descendus 6ma grimace sest allonge. quand on en a t 4, jai insist pour quils me fassent entrerns le costume. ils y sont parvenus. je leur ai alors allong les 4dollars. aprs tre remont dans ma chambre, jai mis le costume sur un cintre et je me suis couch. quandjai rouvert les yeux, il faisait nuit noire (sauf lorsque le L samenait) et lenviema pris de refoutre ce costume et daller me dgotter une femme, une belle bien sr, qui voudrait bien entretenir un homme pourri de talents cachs.quand jai enfil le pantalon, la couture de lentrejambe a cd jusqu la ceinture. quimpo, jtais par. un vent coulis me rafrachissait les fesses, mais le bas de la veste devait logiquement le pallier. or, lorsque je lai passe, cette veste, lpaulette gauchea clat, et limmonde rembourrage qui la remplissait sest rpandu partout.jtais une nouvelle fois de la revue.je me suis dbarrass de ce quil restait du costume et jai dcid quil tait temps de dcaet jai chou dans une espce de cave, au bas des escaliers et pas loin du local ordures. rflexion faite, jtais enfin dans mon lment.la premire nuit, juste aprs la fermeture des bars, ne voil-t-il pas que je ne retrouve pas ma cl, et comme jtais en chemisette blanche, le genre californien, je me suis rfugi dans un bus circulaire pour ne pas geler sur pied. mais un moment, le chauffeur a annonc que ctait le terminus ou quil avait fini son service. impossible cause de mon ivresse de men souvenir avec prcision.quoi quil en soit, la temprature avait encore frachi et jtais lautre bout de la villeen face du Yankee Stadium.par tous les saints, ai-je pens, je vais mourir deux pas du lieu o jouait Lou Gehrig, le hros de ma jeunesse. mais, dans le fond, quoi de plus logique?jai mis un pied devant lautre et, quelques centaines de mtres plus loin, jai aperu uncaf ouvert. je me suis prcipit lintrieur. toutes les serveuses taient noires et avaint dpass lge de plaire, mais elles servaient le caf dans de grandes tasses, et les beignets ne cotaient quasiment rien.jai pris mon plateau et me suis install une table. aprs avoir dvor mon beignet et dgut mon caf, je me suis allum une extra-longue, aussitt des voix se sont leves:PRIEZ LE SEIGNEUR, MON FRRE!OH, OUI, LOUEZ-LE, MON FRRE! lvidence, toutes les serveuses ainsi que quelques consommateurs priaient pour moi.Sympa. enfin, on reconnaissait mon importance. lAtlantic Monthly et Harpers expieraient dici peu leurs pchs en enfer. le gnie finissait donc toujours par tre reconnu.affichant mon plus beau sourire, jai lch avec satisfaction un superbe rond de fume.cest alors que lune des serveuses ma cri:ON NE FUME PAS DANS LA MAISON DU SEIGNEUR, MON FRRE!jai cras ma cigarette. jai fini mon caf, et jai mis les voiles, sur la faade, on lisaien lettres dimprimerie:MISSION DU DIVIN SAUVEURje men suis allum une autre et jai repris ma longue marche vers mon chez-moi. o jai eu beau sonner, aucun locataire na voulu mouvrir. rsultat, je me suis allong sur le toit du local aux ordures, bien dcid y passer le reste de la nuit, car je savais que sur le trottoir les rats mauraient boulott vite fait. jtais jeune mais fut.si fut que le lendemain je me suis trouv un job. de sorte que la nuit suivante, malgr gueule de bois, tremblements divers et totale absence dallgresse, jai point au chagrin.deux anciens avaient t chargs de ma formation. ils faisaient ce boulot depuis linvention du mtro. on est donc partis tous les trois avec sous le bras gauche nos lourds panonceaux publicitaires et tenant de la main droite une sorte de pince, quiressemblait vaguement un dcapsuleur.les New-Yorkais transportent partout avec eux ces petites bestioles verdtres, a fait brusquement lun deux.ah, vouais, ai-je marmonn, me foutant perdument de la couleur de ces bestioles.regarde sous les siges, et ten verras plein, chaque nuit, cest le mme topo.hlas! a soupir le second.et on a continu.bon sang, me suis-je dit, Cervants sest-il jamais frott a?et maintenant, observe, a grogn le premier, chaque panneau a son numro, et il suffit, aprs avoir enlev lancienne, dy glisser la pub qui porte le mme numro.tchac, tchac. il a dcapsul les goupilles, insr la nouvelle rclame, remis les goupilles, et fait passer la pub prime dans la pile quil portait sous son bras gauche. ton tour.jai essay. les goupilles nont pas voulu venir. je devais avoir un outil dfectueux. mais jtais surtout nauseux et dprim.tu finiras par y arriver, a dit lun des vieux.A FINIRA PAR ARRIVER, et tu lauras dans los, ai-je pens.on a encore boug.et on est sortis du wagon par larrire. directement sur la voie. qui reposait ellemme sur des traverses de bois espaces lune de lautre par un bon mtre de vide. de quoifacilement, et sans se forcer, passer travers. Or on plafonnait prs de trente mtres au-dessus de la rue, et quasiment la mme distance nous sparait de la rame suivante. lests de leur prcieuse cargaison, les deux anciens ont saut de traverse en traverse, puis se sont arrts pour mattendre. sur la voie de droite, un train faisait son plein de voyageurs. aussi la scne tait-elle particulirement bien claire, mais quest-ce que a changeait? sinon que lespace vide entre les traverses se dessinait encorenettement mieux.ARRIVE! ARRIVE! ON EST CHARRETTE!je vous emmerde, vous et votre charrette, leur ai-je cri.et sans lcher panonceaux et dcapsuleur jai avanc un pied prcautionneux sur la premiretraverse. ensuite de quoi, jai attaqu la deuxime, puis la troisime le cur au bord deslvres.tout coup, la rame de droite a dmarr, et a t la nuit noire. plus noire que le trou ducul du diable. atteint de ccit que jtais, impossible de distinguer la traverse suivante. je me suis viss sur place.rapplique! rapplique! y a encore plein de trains se taper!progressivement, mes yeux se sont habitus. et jai rejou, en tremblant, les funambules. certaines traverses, uses et pleines dchardes, ployaient dangereusement. force,je nai mme plus entendu les anciens. ctait comme si les traverses mavaient hypnotis,sauf que, chaque fois que je levais le pied, je me voyais dj faisant la grande culbute.lorsque je me suis hiss dans le wagon, jai aussitt envoy balader panonceaux et dcapsuleur.tu drailles ou quoi?drailler? DACCORD, MAIS SANS MOI, ALORS.quest-ce qui te travaille?un faux pas et bienvenue au cimetire. tes-vous trop cons pour le comprendre?on na eu dplorer la mort de personne.mais personne ne boit comme moi. vu? et maintenant, dites-moi comment je fais pourme tirer dici.il y a bien un escalier de secours l-bas droite, mais il faut que tu traverses la voie au lieu de la longer, ce qui veut dire que tu devras enjamber deux ou troisrails conducteurs.rien branler! cest quoi, ce rail conducteur?celui qui transmet llectricit la rame, tu leffleures et tu montes au ciel.montrez-moi le chemin.ils me lont montr. a ne ma pas paru aussi loin que a.vous tes des gentlemen, merci.gaffe au rail conducteur. cest comme de lor. si ty touches, tu brles.jai fait un pas de ct. dans mon dos, jai senti leurs regards. ensuite, en levant haut la jambe mais non sans lgance, jai franchi chaque rail conducteur qui, sous la lueur de la lune, semblait bienveillant et flegmatique.lorsque jai atteint lescalier, je me suis senti revivre. au bas des marches, il yavait un bar. avec plein de gens qui riaient. jai pouss la porte et me suis assis.un type racontait une histoire propos de sa mre, qui ne pensait qu le dorloter, lui payer des leons de piano et de dessin, alors que lui se dmerdait comme un chef pour lui faire cracher son bl afin de se beurrer la gueule. tout le bar se gondolait. mon tour, je my suis mis. ce type-l dbordait de talent, et il nous en assenaitla dmonstration sans que a nous en cote un. la rigolade a pris fin lorsque le bar aferm, chacun sen est alors all vers son destin.trs peu de temps aprs, jai quitt New York, et ny suis jamais retourn, je ny reviendraidailleurs jamais, les villes ont t cres pour exterminer lhumanit. sil existe des villqui ne portent pas la poisse, il en existe aussi dautres. et ce sont les plus nombreuses. New York, mieux vaut tre n coiff. ce qui nest pas mon cas. bref, sans lavoirvraiment prmdit, je me suis retrouv Kansas City, quartier est, dans une chambre agrable, couter le grant drouiller la femme de mnage sous le prtexte quelle navait pas r me vendre son cul. de nouveau, ctait concret, sans danger et hyginique. assis surmon lit, et sur fond de hurlements, je men suis servi un tass et jai savour le contact de draps enfin propres. le grant savait y faire. mme avec la tte de la fille quirebondissait contre le mur.et qui sait si demain, quand jaurai rcupr de ce priple en bus, je ne lui en mettrai pas un petit coup? elle a un joli cul. et par chance, ce nest pas lui qui morfle. bon, en rsum, jai rchapp New York, et je suis presque vivant.7jadis, les nuits lOlympic valaient le dplacement. ctait un petit Irlandais chauve (ne sappelait-il pas Dan Tobey?) qui faisait les annonces bon sang, quel style! il avait tran ses gutres un peu partout, peut-tre mme sur les bateaux roues, quand il portait des culottes courtes, mais, supposer quil ne ft pas aussi g, il avait probablement t du match Dempsey-Firpo. je le revois encore tirant sur le fil pour faire thtralement descendre le micro, alors que la plupart dentre nous tions dj, ds le premier combat, bien partis, mais dune ivresse bon enfant. ttant nos cigares, on savourait les joies de lexistence, et on attendait quils envoient deux garons sur le ring cruel, direz-vous, mais cest ainsi que va le monde , nous aussi, on en prenait plein la gueule et pourtant on tait encore vivants avec nos fausses rousses et nos blondes naturelles. mme moi, jen avais une. elle sappelait Jane, et les rencontres en dix reprises, a nous connaissait, elle mavait mme une fois compt k.o. mais ce que jtaisfier quand elle sen revenait des toilettes et que la tribune du fond se mettait taper du pied, siffler, hurler, rapport son merveilleux gros cul magique que sa jupe serre mettait en valeur vrai, il tait magique, ce cul! elle avait le pouvoir denvoyer un mec au tapis, de le transformer en tuyau perc, en pierre tombale, ou encore en agit du bocal. donc, peine reprenait-elle place mes cts que je levais ma bouteille comme on lve un diadme, que je la lui offrais, quelle y gotait avant de me larendre, et quensuite, me retournant vers la tribune du fond, je mexclamais: je men vais les tuer, ces btards gueulus qui tont manqu de politesse.elle feuilletait le programme et soupirait: qui tu vois dans le premier match?neuf fois sur dix, je trouvais le gagnant, condition davoir pu les observer avantquils ne croisent les gants. javais pour principe de choisir celui qui bougeait le moins, qui paraissait peu dispos en dcoudre, et si lun des deux se signait avantque le gong ne retentisse, et que lautre nen faisait rien, vous tiez sr de tenir, enla personne du non-superstitieux, le vainqueur. dailleurs, a va ensemble: le typequi schauffe en envoyant des coups dans le vide et qui exhibe son jeu de jambes, cest le mme qui ensuite se signe juste avant de se faire dmolir.il ny avait en ce temps-l que trs peu de mauvais combats, et lorsque a arrivait surtout avec les poids lourds auxquels on disait sans ambages notre faon de penser , ctait comme aujourdhui: on foutait le ring en lair, on cassait les fauteuils, et on incendiait la salle. mais, en rgle gnrale, ils se sentaient obligs de nous refiler dela bonne boxe. lHollywood Legion navait pas de tels scrupules, aussi la boycottait-on. mme les stars dHollywood savaient qu lOlympic elles ne seraient pas voles sur lamarchandise. George Raft le premier, mais pas que lui, les starlettes galement, et tout ce beau monde saffichait au premier rang. de les voir, le public des tribunes sen retournait lge des grands primates tandis que les boxeurs se battaient comme des boxeurs, et que la salle tout entire disparaissait sous les volutes bleutresdes cigares. fallait nous entendre gueuler vas-y vas-y et nous voir claquer notre fric et lamper notre whisky.lorsque a se terminait, on se remettait au volant et, accompagns de nos femmes teintes et un rien vicieuses, on voguait vers le vieux lit damour. une fois rendus bon port, on lchait la pure et on sendormait tels des anges ivres. quel besoin avions-nous alors de frquenter les bibliothques? oui, quel besoin avions-nous dEzra (Pound)? de T.S. (Eliot), ou dE.E. (Cummings)? de D.H. (Lawrence), ou de H.H. (Thoreau)?ou daucun des Eliot et des Sitwell?il y a, en tout cas, une nuit que je ne suis pas prs doublier, la nuit o jai vu pourla premire fois Enrique Balanos. jusqualors, mon prfr tait un noir sympathique qui avait pour habitude de monter sur le ring en serrant dans ses bras un petit agneaublanc. quil couvrait de baisers dans les secondes qui prcdaient le dbut de la rencontre. certes, ctait gnangnan, mais le boxeur ne craignait pas les coups et avait du rpondant, et un mec qui en a et qui cogne peut sautoriser quelques fantaisies, non?quoi quil en soit, ctait mon hros, et il me semble quil rpondait au nom de Watson Jones. il avait de la classe revendre et un sacr coup dil. de la rapidit la vitesse de lair et du PUNCH. de plus, il tait heureux de boxer. sauf quune nuit, et sans quil ait compris do a lui tombait, on lui a coll ce jeune Balanos qui avait aussi ce quil faut pour gagner. Balanos a pris son temps, travaillant longtemps Watson au corps, avant de lachever mthodiquement. autant que je men souvienne, lorsque Watson a commenc encaisser, un flot damertume ma submerg. brandissant ma bouteille, jai implor lciel et appel de tous mes vux une victoire qui ntait plus possible. lvidence, Balanotait dou les bras de cet encul taient quasiment reptiliens, mais surtout il ne bougeait pas dun pouce , il savait seffacer, sesquiver, et il ne sexposait pas davantagequune araigne malfique. pour autant, chacun de ses coups portait et faisait mal. pour le battre, il aurait fallu un trs grand champion. aussi Watson aurait-il mieuxfait de reprendre son petit agneau et de rentrer chez lui.ce nest que plus tard dans la nuit, alors que je flottais dans un ocan de whisky et que je venais de me bagarrer avec ma nana, qui maudite, soit-elle navait cess deme narguer avec ses longues jambes fines, que jai admis en mon for intrieur que le meilleur lavait emport.Balanos, jeu de jambes remarquable il ne pense pas, il agit. ce qui vaut mieux quede penser. cette nuit, le muscle a vaincu lesprit. cest la rgle. eh bien, adieu Watson, adieu Central Avenue, tout a une fin, tout se termine.aprs avoir pulvris mon verre contre le mur, je suis sorti et me suis trouv une autrefemme. javais la gueule amoche, elle avait une gueule dange. elle ma suivi dans monlit. par la fentre ouverte, une pluie fine nous a recouverts. ctait dlicieux. si dlicieux que nous avons fait deux fois lamour et que, lorsque le sommeil nous a pris, nous avons tourn nos visages vers la fentre afin que la pluie continue de nous arroser. au matin, les draps taient tremps, et nous ntions quternuements et rires. douus! doux jsus! on narrtait pas de se gondoler alors que le malheureux Watson gisait qulque part en ville, son pauvre visage massacr, dfigur, avec dsormais pour seule ligne dhorizon lternelle Vrit: ce serait dabord les matches en six reprises, puis en quatr, et enfin comme moi il sen reviendrait lusine, o chaque jour on lui volerait huit dix heures de sa vie en change dun peu de ferraille, plus bon rien sinon attendreMadame la Mort, pendant quon le dpouillerait de son sang et de son me. doux jsus! mai, elle et moi, on ne faisait quternuer et se marrer. mais tes compltement bleu, sestlle soudain exclame, tes devenu tout BLEU! bon sang, regarde toi-mme dans le miroir! ebien que le froid, comme un avant-got de la mort, et commenc me saisir, je me suisdirig vers le miroir. ctait la vrit vraie, jtais BLEU! et ridicule! une merde de coumain! pris dun nouveau fou rire, je me suis croul sur le tapis. aussitt, elle sest laisse tomber sur moi. et nous avons, doux jsus, rehurl de rire jusquau moment o jai eule sentiment que nous devenions fous. je me suis redress et reloqu, jai peign mes cheveux, et lav mes dents, mais jtais trop vaseux pour avaler quoi que ce soit, dailleurs jai gerb en me lavant les dents, je suis sorti et jai pris la direction de la fabrique de luminaires. le soleil ma donn un coup de fouet, on doit se satisfaire de ce que lon trouve.8Santa Anita, le 22mars1968, 15h10. Alpen Dance ne pouvait battre Quillos Babe que tous les pronostiqueurs donnaient dans un fauteuil. la quatrime course vient donc desachever et je nai toujours pas touch un picaillon, jen suis mme de 40dollars dehors,alors que javais pens rafler la mise dans la deuxime avec Boxer Bob que montait Bianco, lun des meilleurs jockeys dbutants, ce qui mettait son cheval 9 contre 5; avec un autre jockey, un Lambert, un Pineda ou un Gonzales, Boxer Bob aurait cot 6 contre 5 et peut-tre mme 5-5. sauf que jai pour principe de men tenir un vieil adagee fabrique les vieux adages aussi facilement que je madapte aux vieilles guenilles), selon lequel un je-sais-tout est pire quun je-sais-rien. autrement dit, mieuxvaut faire confiance au hasard et, si a ne marche pas, sexclamer: merde, les dieux ne sont pas avec moi. car si vous savez mais que vous nagissez pas, vous ne diffrez pas de limbcile qui ne veut pas admettre que 1 plus 1 font 2 de quelque manire quon pose laddition. la longue, ce type de comportement vous dglingue un homme, car ensuite il somatise toute la soire, se noircit sans plaisir et finit dans la machine dcerveler.cela tabli, les vieux turfistes ne sont pas du genre seffacer progressivement. ilsscroulent dun seul coup. salement et sans espoir de retour, zonant sur la 5eEst ouvendant, casquette de marin visse sur locciput, des canards prims, et sen allant rptanque tout nest que foutaise, le cerveau rduit de moiti, les intestins en capilotadeet la queue dans le formol. voil pourquoi jestime que seul lun des disciples favoris de Freud, lui-mme philosophe assez cot mon ex-femme en faisait une grande consommation , pouvait dclarer que le jeu sapparente la masturbation. comme ce doit tre formidable dtre un esprit brillant et daligner de telles sornettes! encore quil y aitinvariablement une parcelle de vrit dans nimporte quel poncif. il nempche que si jtaisun esprit brillant, il me semble que jaurais ainsi formul ma pense: se curer les ongles avec une lime cradingue sapparente la masturbation. coup sr, pour men fliciter, lersit maurait attribu une bourse, une allocation dtudes, un diplme long comme une bitede monarque, et un harem de quatorze salopes en chaleur. donc, quon me laisse dire ceci, qui doit tant mes journes en usine et mes nuits sur les bancs publics, cette kyrielle de boulots merdiques, de femmes dtestables et de sales moments queje me suis pris dans les gencives: un individu ordinaire ne joue aux courses queparce quil ne supporte plus la chane de montage, le facis hbt de son contrematre, la butalit de son propritaire, et la disparition du plaisir des sens; que parce quil na plus le choix quentre le fisc, la dpression nerveuse et le cancer; que parce quil ena ras le cul de ces vtements quon ne peut porter que trois fois, et ras le cul aussi de boire de leau qui a un got de pisse, de se faire soigner la vitesse grand Vpar des mdecins nullissimes qui lexpdient ensuite dans des hpitaux-mouroirs; bref, lhomme ordinaire ne joue aux courses que parce que les politiciens puent de la gueule je pourrais continuer longtemps de la sorte, mais on maccuserait de cder lamertume, et la folie, sauf que cest la socit qui rend fous les hommes (et les femmes); dailleurs, mme les saints ont perdu la raison, rien ni personne na jamais t sauv. et puismerde, comprenne qui pourra. pour ce qui me concerne, je me suis seulement farci deux mille cinq cents nanas alors que jai assist douze mille cinq cents coursesde chevaux, et je nen tire quun enseignement applicable chacun de vous: faites doncde laquarelle.il nen demeure pas moins que ce que jessaie de vous expliquer tient en quelques mots: la plupart des gens ne vont aux courses que parce quils vivent dans langoisse,eh oui, et quils sont si dsesprs quils prfrent encore prendre le risque dacclrer less plutt que daffronter la situation (?) qui est la leur. pour autant, les puissants ne sont pas aussi dbiles quon le suppose. assis sur le sommet de la fourmilire,ils se contentent den observer le mouvement. franchement, ne croyez-vous pas quilny a que son nombril qui intresse le prsident Johnson? et ne pensez-vous pas que cemme Johnson est le plus grand enfoir que nous ayons jamais lu? on sest fait promener,on sest fait rouler dans la crotte et btement couillonner. si btement que certainsdentre nous nen continuent pas moins daimer leurs bourreaux, au prtexte quil y auratoujours des bourreaux. cela peut paratre indiscutable puisquon na jamais connu desituation inverse, mais pourquoi saccorderait-on avec le sens de lhistoire? Santa Anita existe. Johnson aussi. et, lun dans lautre, ils nexistent que parce que nous le voulons. nous forgeons nos propres chanes, quitte hurler de douleur lorsque legrand inquisiteur nous tord les couilles tout en agitant sous notre nez sa grosse croix dargent (lor, cest dmod). dites-moi alors pourquoi nest-ce pas le monde entierqui se retrouve ce 22mars1968 lhippodrome de Santa Anita, Californie?le numro12, Quadrant, vient de remporter la cinquime. on le donnait 5 contre 2 et je lai jou au pif. il a largement gagn, distanant ses concurrents dans le dernier tournant et finissant en beaut. jai mis sur lui 10 dollars gagnants je vous rappelle que jen perds jusqu maintenant 40 et jattends les rapports. 5 contre 2, je devrais encaisser entre 7 et 7,80 pour 2dollars, soit un bnfice de 35 39dollars. la bonne faondquilibrer ses pertes. Quadrant est parti en troisime position et, tout le long dela course, sa cote na pas vari, 5 contre 2, et dailleurs, voici que saffichent les rapports.5,40dollarsje nai pas la berlue. 5,40dollars, ouille! ce qui le met entre 8 et 9 contre 5, etplus du tout 5 contre 2. dj, en dbut de semaine, lhippodrome a doubl, sans avertissement, le prix de la place de parking, la portant de 25 50cents. je ne pense pas quen retour les employs du parking aient vu leur salaire doubler. pareillement, le droit dentre est pass de 1,95 2dollars. et voil que, maintenant, ils affichent 5,40. la putain de leur mre! une sourde plainte incrdule monte des tribunes et submerge lapelouse. pour avoir assist prs de treize mille courses, je ne crois pas avoir jamais t tmoin dune telle chose. le tableau daffichage nest pas infaillible. jai dj vucontre 5 rapporter seulement 6 dollars, et des tas de petites choses comme a, mais cest bien la premire fois quun 5 contre 2 est pay comme un 8 contre 5, et quun 5 contre 2 se retrouve comme par magie assimil 8 contre 5. moins quon ait mais a dpasselentendement jou au dernier moment des tonnes de fric.chacun spoumone, HOU HOU, HOU HOU, HOU HOU. et a ne sarrte que pour mieux repartir. HOU HOU! HOU HOU! de plus en plus fort. pas dupe, la foule renifle larnaque. elle selest fait mettre une fois de plus. 5,40, je ne vais toucher que 27dollars au lieude 39, et je ne suis pas le seul dans ce cas. on est des tas tre flous, niqus; pourle plus grand nombre, une course gagne signifie quon acquittera son loyer, quon crotera sa faim et quon ne se fera pas piquer sa voiture.sur le terrain, il y a un type qui brandit sa feuille de pronos en direction dutableau daffichage. un employ essaie de le raisonner, mais le type se retourne vers la foule et, agitant son bout de papier comme une bannire, il linvite le rejoindre. un second type bondit par-dessus la barrire et rapplique. la foule lapplaudit.un troisime parvient ouvrir la porte grillage qui le spare des deux autres. prsent,ils sont trois. et la foule les acclame. on la sent comme regonfle. dailleurs, ils sont de plus en plus nombreux sur le terrain, la grande satisfaction de la foule qui les ovationne. cest la fte. comme sil existait soudain une chance dinverser la donne, une chance? disons, une chose qui lui ressemble. vue de nez, ils doiventtre entre quarante et soixante-cinq avoir franchi la barrire.les haut-parleurs grsillent, et on entend le speaker: MESDAMES ET MESSIEURS, NOUS VOUS INVITONS QUITTER LE TERRAIN, LA SIXIME COURSE VA COMMENCER!une voix de porte de prison. tout de gris vtus, dix flics du service des coursesse pointent. larme la ceinture. et la foule les hue: HOUHOUHOUHOUHOU!tout coup, lun des protestataires remarque les chevaux qui pntrent l-bas sur la pelouse. enfer et damnation, et eux, qui bloquent la piste de terre battue? ils se ruent alors vers les chevaux qui se prparent prendre le dpart. au total, il y en a huit qui nattendent que lordre du cavalier descorte, en casaque rouge et casquette noire, mais les rebelles se placent en travers.SIL VOUS PLAT, reprend le speaker, QUITTEZ LE TERRAIN! IL NY A PAS DERREUR! SIMPLEMENCAUSE DUNE DFAILLANCE TECHNIQUE, LES ULTIMES PARIS NONT PU TRE COMPTABILISS. MAIS LERAPPORT AFFICH SUR LE TABLEAU EST LE BON!les chevaux savancent lentement vers la foule. ils paraissent immenses et nerveux.me tournant vers Denver Danny, qui a pass plus de temps que moi dans les hippodromes, je lui demande:bordel, quest-ce que a cache, Denver?le tableau na pas faux, la couille est ailleurs! chaque dollar mis a bien t enregistra fermeture des guichets, le tableau a continu dafficher 5 contre 2, mais uniquement parce que les derniers paris nont pu tre techniquement rpertoris. le temps de refaire les comptes, et la cote avait chang. explication cohrente sauf que tu dois terappeler le proverbe franais: qui surveille les surveillants? or Quadrant allait de tute vidence lemporter avant mme daborder le dernier tournant. il les avait tous battus. plein de choses ont pu alors se passer. par exemple, quils se soient volontairement emml les pinceaux dans laddition des paris? car, en voyant que Quadrant se portait en tte, ces rafle-tout ont d gamberger. suppose quils aient alors continu poinonner des tickets gagnants, hein? on dit aussi quils peuvent se dmerder pour truquerle fonctionnement des calculatrices. mais, en vrit, je nen sais foutre rien. tout ce que je sais, cest quils nous ont ROULS et que chacun, ici, la compris.les chevaux continuent davancer vers la foule. en tte, mont par Pierce, il y a uneespce de monstre, RICH DESIRE, qui trotte droit vers la premire ligne des manifestants. lun deux apostrophe grossirement les flics des courses. aussi sec, trois uniformes gris lalpaguent et, aprs lui avoir fait refranchir la barrire, commencent letabasser. mais la foule se fait menaante, et les flicards, abandonnant leur proie, reprennent vite fait leur position. tout semble maintenant indiquer que les jockeys sont prts forcer le barrage. probable quils ont des consignes, et que le moment est venu de les appliquer. hommes cheval contre hommes pied. du coup, deux,trois types se couchent