25 initiatives porteuses d'avenir

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L 25 initiatives porteuses d’avenir Février 2014

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Considérant qu’il est du rôle des pouvoirs publics de renforcer et de valoriser les ini-tiatives collectives locales, Bruxelles Envi-ronnement (l’administration régionale de l’environnement) lance annuellement depuis 2008 l’appel à projets « Quartiers durables citoyens ».

Plus vert et plus convivialDepuis 2008, ce sont une quarantaine de quartiers de Bruxelles qui se sont progres-sivement engagés dans la démarche. Un quartier n’est pas l’autre, et les projets, tout comme les dynamiques développées, peuvent être très variés, en fonction des caractéristiques et besoins du quartier mais aussi des envies des porteurs de projets.

Un quartier ciblera par exemple son action sur l’échange et la récupération avec un « Repair café », une « give box », un four à pain collectif… , tandis qu’un autre pro-jet visera l’incitation à la marche urbaine. Un quartier fortement urbanisé travaillera sur la verdurisation, un rucher collectif sur un toit, des espaces de rencontre… alors qu’un quartier de logement sociaux pourra choisir les économies d’énergie, une friche à transformer en potager et l’alimentation durable pour mobiliser les habitants dans la démarche.

L’appel à projets s’adresse à tous les citoyens mais aussi aux acteurs privés et publics d’un quartier. Bruxelles Environne-ment prévoit différents appuis.

Les quartiers peuvent ainsi bénéficier des conseils d’un coach pour mettre en place une dynamique collective et établir un plan d’action. Ils reçoivent aussi des outils de communication et un soutien financier pour lancer des projets et financer de l’expertise dans les domaines qui les intéressent.

Les quartiers sont accompagnés sur une durée d’environ 24 mois, avec des intensi-tés variables en fonction du rythme propre de chacun d’entre eux. Une majorité des dynamiques initiées se poursuivent de manière autonome au-delà de la période d’accompagnement et certains quartiers, en plus de gérer les projets existants, en développent de nouveaux.

Action collective Un projet de quartier durable est souvent géré par un groupe de 5 à 10 habitants motivés, le noyau, autour desquels gra-vitent de 20 à 50 habitants s’impliquant à différents niveaux. Les collaborations avec des partenaires publics, des associations locales, des centres culturels, des com-merçants, etc. sont encouragés. Cette dimension collective et participative peut s’exprimer de différentes façons et à diffé-rents moments du projet, en fonction des habitudes et aptitudes de chacun des quar-tiers. Et pour beaucoup, l’action collective est un véritable apprentissage, riche en émotion, dans lequel ils sont accompagnés.

Bruxelles : les « Quartiers durables citoyens »L’idée de « Quartiers durables citoyens » ? Impliquer les habitants et usagers d’un coin de ville dans une

démarche citoyenne collective à l’échelle de leur quartier.

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Depuis 2013, un système de budget parti-cipatif a été développé. Ce type de fonc-tionnement représente pour les citoyens et autres acteurs des quartiers durables une possibilité de participer aux décisions concernant l’affectation des ressources disponibles. Dans un premier temps, les critères de sélection des projets sont défi-nis en Assemblée, un espace ouvert de réflexion et de décisions qui peut également se prononcer sur les orientations de l’appel à projets. Ainsi, chaque année, le processus est enrichi des expériences précédentes. Ensuite, le Conseil, composé entre autres de représentants des quartiers, applique ces critères afin de répartir les ressources dispo-nibles entre les projets proposés.

Quartiers durables citoyens(Bruxelles, Belgique)

Contact : Louison Hellebaut

Email : [email protected]

Site web : www.quartiersdurablesci-toyens.be (www.bruxellesenvironne-ment.be/quartiersdurables)

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C’est en 1997 que l’île de Samsø, qui compte un peu plus de 3 000 habitants, est baptisée l’« île des énergies renouvelables » du Dane-mark, sur la base d’objectifs ambitieux à atteindre à l’horizon 2008 pour devenir auto-suffisante en énergie. Cet objectif devient réalité deux ans plus tôt que prévu, en 2006, grâce aux 11 éoliennes érigées sur l’île. Le réseau d’éoliennes génère aujourd’hui suf-fisamment d’énergie verte pour satisfaire la demande en électricité de toute la commu-nauté de Samsø. Lorsque, par temps peu venteux, ces éoliennes ne peuvent produire assez d’électricité, c’est le réseau principal du Danemark qui prend le relais en alimen-tant celui de l’île en énergie. En échange, lorsqu’il y a du vent, Samsø exporte son énergie éolienne vers le réseau national.

Bilan électrique positifL’île présente de fait un bilan électrique net positif, parce qu’elle exporte bien plus d’énergie vers le continent qu’elle n’en reçoit (chaque éolienne produit assez d’électricité pour alimenter 2 000 foyers par an).

Les ménages et les entreprises des plus grandes localités bénéficient du chauffage et de l’eau chaude grâce à des centrales de chauffage à distance alimentées en sources d’énergie renouvelables. Sur la pointe nord de l’île entre les villages de Nordby et de

Maarup, c’est une installation de 2 500 m2

de panneaux solaires qui fournit l’eau chaude destinée au chauffage des maisons des villages. Une chaudière alimentée en copeaux de bois provenant des déchets forestiers de Brattingsborg vient complé-ter le premier système. Dans le sud de l’île, les communes de Tranebjerg, d’Onsbjerg, de Brundby et de Ballen sont raccordées à des centrales de chauffage à distance. Plusieurs propriétaires privés ont quant à eux remplacé leur brûleur à mazout par des panneaux solaires, des systèmes de chauf-fage géothermique et des poêles à copeaux de bois et à pellets. Tous ces efforts réunis permettent de générer de la chaleur qui provient à plus de 70 % de sources d’éner-gie renouvelables.

Académie de l’énergieL’esprit innovant des habitants de l’île ne s’arrête pas là puisque Samsø possède son « Académie de l’énergie », une agence pour l’énergie qui fournit aux habitants comme aux touristes des informations sur les économies d’énergie et les technologies basées sur les énergies vertes. Samsø s’est même vue décerner plusieurs récompenses pour sa transition réussie vers les énergies renouve-lables. Un projet pilote actuellement en cours à l’Académie étudie l’utilisation du colza et des hautes herbes pour le chauffage.

Samsø, l’île des énergies renouvelablesLes habitants de l’île danoise de Samsø ont réussi à devenir autosuffisants en énergie : la totalité de leur élec-

tricité provient d’éoliennes et plus de 70 % de leurs besoins en chauffage sont satisfaits grâce à l’utilisation de

technologies basées sur les énergies renouvelables.

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L’engouement croissant pour les solutions plus durables ne concerne pas uniquement les énergies renouvelables : l’Académie explore d’autres technologies plus vertes à destination du secteur des transports, comme celle qui consiste notamment à uti-liser l’huile de colza et l’hydrogène comme carburants. D’aucuns prévoient déjà que les voitures et camions rouleront bientôt à l’hydrogène généré par les éoliennes. Dans l’intervalle, si la majorité des véhi-cules circulant sur l’île, y compris pour les trois ferries qui relient Samsø au continent, utilisent encore les carburants traditionnels à base d’hydrocarbures, les émissions qui s’en échappent sont contrebalancées par l’utilisation d’éoliennes en mer.

Île des énergies renouvelables(Samsø, Danemark)

Contact : Søren Hermansen

Site Web : www.energiakademiet.dk

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Depuis le milieu des années 1980, « Union », la banlieue ouest de la ville de Dortmund a souf-fert de la fermeture progressive d’une aciérie et de brasseries. Nombreux furent ceux à délaisser la banlieue en raison des conditions de logement médiocres et parmi ceux qui sont restés, 38 % bénéficient de l’aide sociale tandis que 50 % appartiennent à des minori-tés ethniques ou sont de nationalité étrangère.

L’Union Gewerbehof fut lancée en 1986 par un groupe de 13 personnes sans emploi, dont la plupart avaient déjà été enrôlées dans un programme de création d’emplois (ABM ou Arbeitsbeschaffungsmaßnahme). S’inspirant de leurs propres expériences, les membres du groupe ont décidé de créer leur propre emploi. À cet effet, ils ont com-mencé par rénover un bâtiment industriel désaffecté pour ensuite convertir les instal-lations en espaces commerciaux parta-gés (à faible loyer) à l’intention de petites et moyennes entreprises (PME).

Autre objectif du groupe : intégrer le plus possible des aspects environnementaux au projet en utilisant par exemple des maté-riaux de construction plus écologiques et des systèmes de chauffage peu gourmands en énergie.

Le pouvoir de l’entraide Preuve éclatante du pouvoir de l’entraide, presque tout le capital de départ néces-saire à l’initiative provenait des membres

eux-mêmes, qui étaient parvenus à lever un total de 51 000 euros sur la base de 67 actions à 767 euros. Un syndicat a apporté sa pierre à l’édifice en consen-tant un investissement supplémentaire de 10 000 euros.

Une subvention régionale de 2 millions d’euros a par ailleurs permis de couvrir les coûts de rénovation du bâtiment, qui fut achevée en 1992. À cela s’est ajoutée une petite intervention des services du dévelop-pement économique de la ville.

Le centre accueille aujourd’hui 90 entre-prises qui emploient un total de 270 per-sonnes. Et bien qu’il abrite des entreprises plus grandes, la majorité de ses locataires sont des micro-entreprises ou des indépen-dants exerçant seuls qui, pour la plupart, sont actifs dans les secteurs de la création, de la formation et de la consultance.

Un modèle simpleL’Union Gewerbehof se caractérise par un mode de fonctionnement simple : le centre n’a en effet pas besoin de faire de la publicité pour trouver des occupants et, malgré un renouvellement des locataires plus élevé que la moyenne, les espaces restent rarement vides plus de deux mois. Outre les espaces et les commodités, les seuls services officiellement proposés sont la mise à disposition de salles de réunion, de toilettes, d’une photocopieuse et d’une

machine à café. On y trouve également une cantine végétarienne et un café, qui sont toutefois gérés de façon autonome.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le modèle fonctionne. En effet, en géné-rant un chiffre d’affaires annuel de quelque 500 000 euros, l’Union Gewerbehof est finan-cièrement indépendante. Le loyer s’élève en moyenne à 5 euros (plus environ 2,40 euros pour les charges) par mois et par mètre carré. L’atout majeur du centre réside dans l’absence de garantie locative qui incombe habituelle-ment aux locataires, ce qui le rend d’autant plus accessible à tous les entrepreneurs.

Union Gewerbehof(Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne)

Contact : Hans-Gerd Nottenbohm

E-mail : [email protected]

Site Web : www.union-gewerbehof

« Union Gewerbehof », centre d’entreprises coopératifÀ Dortmund, des chômeurs ont créé leur propre emploi en convertissant des bâtiments industriels

désaffectés en un centre d’entreprises coopératif performant.

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Les membres d’ECOLISE comprennent des réseaux internationaux, nationaux et parfois régionaux d’initiatives locales, ainsi que d’autres organismes actifs à l’échelle européenne dans la recherche, la forma-tion, la communication ou d’autres activi-tés, qui soutiennent des actions citoyennes en matière de changement climatique et de développement durable. En rassemblant ces organisations, ECOLISE vise à mettre sur pied une stratégie commune au niveau européen ainsi qu’une plateforme pouvant faciliter des actions collectives.

Une Europe faite de territoires dynamiques et durables, à l’empreinte carbone nulleLa vision d’ECOLISE est celle d’une Europe où chaque communauté locale joue un rôle de premier plan en faveur d’un dévelop-pement durable sur le plan économique, social et environnemental. Au travers de leurs actions, ces acteurs aident leur com-munauté à réduire à zéro son empreinte carbone nette et, ce faisant, contribuent dans une large mesure à l’établissement d’une société européenne écologique sans carbone.

Pour aider ses organisations membres à concrétiser cet objectif, ECOLISE entend mettre en place une plateforme commune facilitant l’apprentissage, l’action et la défense des initiatives communautaires en matière de changement climatique et de développement durable en Europe.

Au travers de ses activités, ECOLISE s’efforce d’améliorer la visibilité de l’ac-tion locale en faveur du développement durable et de la lutte contre le changement climatique en Europe, en favorisant les échanges, la coopération, l’amélioration et le partage des connaissances entre acteurs européens. ECOLISE ambitionne par ail-leurs de renforcer l’influence collective de ses membres sur l’élaboration de politiques européennes, nationales et locales. ECO-LISE s’appuie sur les expériences réalisées dans d’autres parties du monde et, dans la mesure du possible, souhaite inspirer et soutenir des initiatives semblables en dehors de l’Europe.

ECOLISE est le résultat d’une étude menée par l’AEIDL en 2012/2013 dont le but était d’évaluer la situation de l’action locale en matière de changement climatique et de développement durable en Europe. L’étude a ainsi répertorié plus de 2 000 initiatives

ECOLISE : quand le local montre la voie vers une société sobre en carboneECOLISE, le réseau européen des initiatives locales pour le climat et la durabilité, fédère à travers l’Europe

plusieurs organisations citoyennes engagées localement dans des actions en faveur du développement durable.

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Organisations/groupes membres d’ECOLISE

01. Transition Network

02. Transition Research Network

03. Transition Allemagne

04. Transition France

05. Transition Royaume-Uni

06. Transition Irlande et Irlande du Nord

07. Transition Espagne

08. Transition Pays-Bas

09. Transition Italie

10. Transition Suède

11. Transition Wallonie-Bruxelles (Belgique)

12. Université de Lisbonne, Portugal

13. Schumacher Institute for Sustainable Systems (Royaume-Uni)

14. Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL)

15. Institut polonais pour le développement durable

16. Global Ecovillage Network (GEN)-Europe

17. GAIA Éducation

18. Permaculture Association (Royaume-Uni)

19. Local Governments for Sustainability (ICLEI) Europe

20. Association européenne pour l’information sur le développement local (AEIDL)

21. ZMAG – Réseau vert de groupes d’acteurs locaux, Croatie

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communautaires locales directement enga-gées dans des activités concernant ces deux domaines. Elle a également permis de réunir des acteurs-clés à travers toute l’Eu-rope afin de débattre sur la création d’un réseau européen destiné à soutenir la coo-pération et l’échange entre ces initiatives. Cette démarche a donné lieu à une pre-mière rencontre entre les représentants des différentes parties prenantes à Bruxelles, les 13 et 14 juin 2013.

ECOLISE(European Network for Community-Led initiatives on Climate Change and Sustainability)

Contact : Eamon O’Hara

E-mail : info(at)ecolise.eu

Site Web : www.ecolise.eu

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« Un emploi pour chacun » est une initia-tive conjointe de la Grèce et de l’Union européenne lancée en 2012 et menée par l’agence du développement de Karditsa, l’une des trois municipalités participantes de la région administrative de Thessalie, les deux autres étant Mouzaki et Lac Plastiras. Selon une étude (« Analyse du marché local », 2011) menée avant le début du projet en septembre 2012, ces municipalités ont une population cumulée d’environ 91 000 habitants. Les dernières données régionales en date (2013) fixent le taux de chômage de ce territoire à 25,6 %.

Recyclage de produits mis au rebutLe projet bénéficie d’un budget total de 480 000 euros cofinancé (à 80 %) par le Fonds social européen et par le ministère grec du Travail, de la Sécurité sociale et de l’Aide sociale. Ses principaux objectifs consistent à fournir un emploi à quelque 90 chômeurs de longue durée et à créer une entreprise coopérative sociale (ECS) pour la collecte et la gestion de vêtements et d’autres produits textiles usagés pouvant être recyclés.

Les bénéficiaires du projet sont des chômeurs de longue durée sélectionnés sur la base de critères spécifiques (écono-miques et sociaux, durée du chômage et

expérience professionnelle), d’entretiens et d’évaluations. Ils sont concernés par deux actions principales : un accompagnement (dont des sessions individuelles avec un assistant social et un psychologue à l’entame du projet) et une formation sur la réutilisation et le recyclage des vêtements, ainsi que la gestion des matériaux.

Faire du neuf avec de l’ancienLes principaux objectifs visés par l’ECS « Changement » sont multiples : mettre sur pied une entreprise sociale viable qui non seulement fournisse un service de col-lecte répondant à la demande du marché local (collecte et recyclage de vêtements et produits textiles mis au rebut), mais fabrique également des produits à partir des matières recyclées (moquettes et tapis, sacs, jouets, coussins, dessus-de-lit en patchwork, etc.). L’ECS organise leur vente, par exemple à l’occasion de festivals locaux et d’un marché de Noël.

Bien qu’elle n’en soit qu’à ses débuts, l’initiative a déjà exercé une influence positive sur les personnes concernées. Elle commence à se faire connaître et bénéficie d’un soutien local. Participent actuellement au projet 16 personnes (dont 4 hommes et 12 femmes de 29 à 62 ans) qui ont toutes déjà travaillé par le passé mais ont perdu leur emploi à cause de la crise économique.

Face à l’activité croissante de la coopéra-tive sociale, de nouveaux emplois seront créés en vue de couvrir ses besoins et contribueront ainsi à réduire le chômage. L’ECS « Changement » peut également ouvrir la voie à des initiatives semblables dans d’autres régions ou États membres de l’UE, qui utiliseraient ou non les mêmes matériaux tout en s’appuyant sur le même concept, à savoir le recyclage ou la réutili-sation de produits mis au rebut.

« Un emploi pour chacun » (Karditsa, Grèce)

Contact : Chrysavgi Sengi

E-mail : [email protected]

Site Web : www.anka.gr ou www.topeko-entos.gr

Un emploi pour chacunEn Thessalie, un projet mobilisateur a permis de mettre en place une coopérative sociale qui vise à créer

quelque 90 emplois locaux pour les chômeurs.

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Avec 50 000 habitants sur une superficie d’un peu plus d’un kilomètre carré, le quar-tier de Raval à Barcelone est l’un des plus densément peuplés d’Europe. Près de la moitié de sa population est d’origine étran-gère et la situation socio-économique du quartier compte parmi les plus défavorisées de la ville.

Raval possède néanmoins un vaste réseau de services, d’associations et de collectivi-tés qui, depuis un certain nombre d’années, s’engagent activement et œuvrent pour l’amélioration du quartier et son adaptation à l’évolution constante et la diversité dont il fait l’objet. Son modèle d’évolution va même jusqu’à servir d’exemple à d’autres territoires et villes européennes qui font face aux mêmes difficultés.

Respect mutuelLes activités principales de l’association Tot Raval sont axées sur la mise en œuvre d’actions communautaires dans divers domaines d’aspects social, éducatif, cultu-rel, professionnel, économique et commer-cial. Il s’agit essentiellement de promouvoir le respect mutuel entre les différentes com-munautés vivant ou travaillant dans le quar-tier et, surtout, de lutter contre toute forme ressentie de xénophobie.

Tot Raval poursuit son action associative partagée (en 2012 elle a mené 25 projets et sponsorisé 55 autres) sur fond de stratégies innovantes afin de contribuer au développe-ment local et à la création d’une économie sociale impliquant tout le voisinage. Rien qu’en 2012, plus de 300 organisations et plus de 5 000 personnes se sont ainsi direc-tement engagées dans ces projets et on estime à 39 000 le nombre de celles qui en ont bénéficié.

Qualité de vieEntre autres actions, l’amélioration de la qua-lité de vie des enfants et adolescents de Raval et la lutte contre l’échec scolaire en particu-lier figurent en tête de liste des priorités. Cette action rassemble plus de 30 groupes qui collaborent par exemple à l’amélioration de la lecture et au soutien des écoles.

La création d’emplois constitue un autre cheval de bataille de l’association : cet objectif a d’ailleurs donné naissance à un réseau professionnel, Xarxa Laboral del Raval, auquel participent plus de 50 entre-prises ou employeurs potentiels. Ce réseau vise notamment à encourager le placement et l’accompagnement professionnels.

L’association s’attache surtout à stimu-ler la dynamique et la cohésion sociale du quartier par la conception et l’organisation

de diverses activités culturelles. Le festival culturel de Raval Festival de cultura en est l’exemple le plus illustratif.

L’association privilégie par ailleurs l’action interculturelle par le biais de groupes de travail, comme par exemple la célébration commune des différents fêtes religieuses.

L’amélioration de la santé est enfin une autre mission capitale pour l’association, qui travaille précisément à l’élaboration d’un plan d’action pour la promotion des soins de santé des habitants de Raval. Plus de 350 professionnels de la santé sont enga-gés dans cette initiative.

Association Tot Raval(Barcelone, Espagne)

Contact : Elisa Covelo O’Neill

E-mail : [email protected]

Site Web : http://www.totraval.org/

Tot Raval : renforcer la cohésion sociale d’un quartier de BarceloneL’association Tot Raval porte de nombreux projets visant à améliorer la cohésion sociale et la qualité de vie

des habitants de Raval, l’un des quartiers les plus défavorisés de Barcelone.

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Services sociauxRegroupant six municipalités, le groupe d’action locale LEADER (GAL) de Laponie septentrionale couvre le plus vaste territoire rural de l’Union européenne (53 290 km²). Mais cette région se caractérise par sa très faible densité de population : à peine 0,17 habitant au km2 dans certaines munici-palités. Qui plus est, les grandes distances qui séparent les municipalités entre elles ne font que compliquer la mise en place de ser-vices et d’actions de développement local.

L’élevage de rennes, l’agriculture, les acti-vités forestières et la pêche en eau douce composent le tissu économique de la région. À ces activités traditionnelles s’est ajouté le tourisme, qui constitue un secteur de plus en plus important. Et à l’instar du reste de l’Europe, la Finlande espère saisir les nouvelles opportunités économiques qu’offre l’exploitation des gisements pétroliers et miniers du Grand Nord. Sans compter les perspectives prometteuses de création d’emplois (ex. sous-traitance dans l’exploitation minière) offertes par l’écono-mie en expansion de la Russie voisine.

Le GAL de Laponie septentrionale mène des actions de développement local sur plusieurs fronts. Concernant l’aide sociale, il a ainsi conçu un modèle selon lequel des personnes employées dans leur propre

village proposent des services aux per-sonnes âgées ou aux familles avec enfants en bas âge. Cette activité s’organise sous la forme d’une coopérative fondée par des développeurs ruraux, des professionnels des secteurs social et médical et la Munici-palité de Sodankylä. Cette organisation est très rentable du fait que la municipalité ne doit pas embaucher de nouveau personnel ni prendre en charge des déplacements pour accéder aux villages les plus reculés.

Kayak sous le soleil de minuitLe GAL est parallèlement à l’origine d’innombrables associations destinées à stimuler le tourisme et l’organisation d’évé-nements. Le kayak sous le soleil de minuit en est un exemple : cet événement annuel attire plus d’une centaine de participants qui rament à bord de grandes embarca-tions ou pagaient dans des kayaks sur un parcours de 110 km sur la rivière Kemijoki. Loin d’être une compétition, cette acti-vité est surtout un prétexte pour profiter du caractère extrêmement particulier de l’été lapon. Le GAL s’attelle à présent au lancement d’un nouveau projet servant à faire évoluer cet événement local en une curiosité internationale.

Enfin, pour s’assurer que les villes et villages environnants profitent également de la

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Développement local en LaponieLe groupe d’action locale le plus septentrional de Finlande est confronté à des défis très spécifiques.

Il a réussi toutefois à mettre en œuvre des projets exemplaires dans ce milieu rural très peu peuplé.

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manne que représente le secteur minier bourgeonnant, le GAL a lancé une série de projets destinés à les promouvoir comme des lieux de résidence pour les mineurs. Les retombées positives de l’exploitation minière stimulent quant à elles les entre-prises locales, sous la forme de sous-trai-tance, d’une demande de services de la part des nouveau-venus et d’un pouvoir d’achat croissant, qui se traduisent à leur tour par la création de nouvelles entreprises et l’aug-mentation du chiffre d’affaires de toutes les sociétés présentes sur le territoire.

GAL de Laponie septentrionale(Laponie, Finlande)

Contact : Hanna-Leena Talvensaari

E-mail : [email protected]

Site Web : http://www.pll.fi/in-english.php

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Cette coopérative d’habitants repose sur quelques principes simples : la proximité, la mixité et l’équité entre tous les adhé-rents de l’association, la mise en relation de producteurs et de consommateurs locaux, en rendant les produits accessibles à tous. La suppression des intermédiaires permet de garder des prix à la fois raisonnables et suffisamment rémunérateurs pour les pro-ducteurs. S’ajoute à cela, dans une logique de respect de l’environnement, une volonté de limiter l’impact des transports et d’agir sur la gestion des déchets des produits consommés.

Don solidaireLe Zeybu marché a lieu deux mardis par mois, avec une distribution reposant sur le bénévolat. Les adhérents de l’association commandent à l’avance sur Internet – via le Zeybux, un logiciel développé par un Zeybulien – les produits qu’ils souhaitent acheter aux producteurs locaux. Le jour du marché, ils récupèrent leurs produits commandés. Chaque adhérent possède un compte qu’il crédite si besoin le jour de la distribution. Proportionnellement aux produits commandés, les producteurs font librement, un don solidaire en nature, sans contrat, Ces produits issus du don des producteurs sont achetés par les adhé-rents qui le souhaitent, en surcroît de leur commande. L’argent ainsi récolté de la

vente devient une monnaie solidaire. En fin de marché, le Zeybu crédite cette somme sur le compte de l’association EAU (Eybens Accueil Urgence) qui gère l’aide alimentaire sur la commune d’Eybens. EAU reventile entièrement la monnaie Zeybu Solidaire en créditant les comptes des adhérents relevant de l’aide alimentaire, et en garan-tissant l’anonymat des bénéficiaires. Ces personnes en difficulté peuvent ainsi accé-der aux produits du Zeybu Marché comme n’importe quel autre adhérent et participer à la vie de l’association sans être stigmatisés.

Il s’agit d’un concept mutuellement enri-chissant où tous les acteurs contribuent et perçoivent .

Autour du marché solidaire se développent des animations, comme les ateliers du « faire ensemble » autour de la cuisine, la fabrication de pain (Zeybu fournil). Des évé-nements festifs gratuits sont organisés et financés avec la monnaie solidaire : Zeybu soupes, Zeybu marché de Noël, la Zeybu fête de la musique, ainsi que l’organisation de stages enfants d’éco-fabrication.

Reconnaissance et essaimageLe projet du Zeybu a été lauréat du prix Européen REVES Excellence Award 2013 à Bruxelles en juin 2013. Il a aussi fait par-tie des lauréats du Village de l’innovation sociale aux Etats généraux de l’ESS en

Le Zeybu solidaireDes habitants d’un quartier d’Eybens, près de Grenoble, ont créé une association où le lien social, l’éco-citoyen-

neté et la solidarité se vivent au quotidien autour d’un concept unique de circuit court solidaire : le « Zeybu ».

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juin 2011 à Paris. En plus d’être soutenu par la mairie d’Eybens, le Conseil Régional Rhône-Alpes et la Communauté d’agglo-mération de Grenoble, il est suivi par des chercheurs qui s’intéressent à la mise en pratique de solidarités de proximité. Depuis sa création, le Zeybu solidaire cherche à essaimer ses principes. De nombreux contacts ont été pris, qui donneront peut-être un jour naissance à d’autres projets similaires.

Les Amis du Zeybu(Rhône-Alpes, France)

Contact : Jean-Jacques Pierre

E-mail : [email protected]

Site web : www.lesamisduzeybu.fr

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Le Languedoc-Roussillon est une région qui a une double caractéristique : une des plus fortes croissances démographiques d’Europe – la qualité de vie, les conditions climatiques attirent beaucoup de monde -, mais aussi un des taux de chômage les plus importants de France (14,5 %).

Activités novatricesC’est à compter de 2006 que des respon-sables des organisations de l’économie sociale ont fait le constat que de multi-ples personnes avaient des velléités de se lancer dans la création d’activités nou-velles sans pour autant vouloir ou pouvoir créer des entreprises classiques. Il était particulièrement difficile d’accompagner ces personnes et pourtant elles pouvaient représenter un potentiel d’activités et d’em-plois conséquents tant en satisfaisant des besoins sociaux aujourd’hui peu ou mal pris en compte.

Forts de ces constats, ces « militants coo-pératifs » ont décidé de travailler ensemble, et ont construit patiemment et progressi-vement un ensemble d’outils pour accom-pagner ces projets émergents, très souvent fragiles, et pourtant porteurs de belles perspectives de développement.

Réseau d’outils Ainsi, au bout de quelque sept ans, avec un fort appui du Conseil Régional et de l’Eu-rope, ont été ainsi mis en place :

• ALTER’INCUB, l’incubateur des projets d’économie sociale. Depuis sa création en 1998, ALTER’INCUB a facilité la création d’une trentaine d’entreprises d’économie sociale dans des domaines d’activité très variés, mais avec une prédominance envi-ronnement, TIC, santé et culture.

• REPLIC, société coopérative avec des sociétaires publics et privés, crée des entreprises d’utilité sociale et environne-mentale en réponse à de besoins réperto-riés sur le territoire. Aujourd’hui REPLIC, ce sont 8 coopératives créées dans le domaine du recyclage, transport, éco mobilité, restauration. L’ensemble repré-sente 70 salariés, dont 35 en insertion.

• COEPTIS, une école de management coo-pératif. Destinée aux dirigeants et cadres dirigeants, l’école de l’Entrepreneuriat en économie sociale s’attache à rendre plus lisibles les spécificités managériales et les pratiques de gouvernance des entreprises de l’économie sociale. 10 permanents, 45 professeurs consultants, 3 cycles diplô-mants, 200 stagiaires par an.

• COVENTIS, une convention annuelle d’affaires des entreprises de l’Econo-mie sociale et solidaire. S’adressant aux professionnels comme au grand public, durant deux jours, COVENTIS est l’oc-casion pour plus de 130 exposants de présenter leurs actions, services et pres-tations aux visiteurs.

REALIS, l’écosystème de l’innovation sociale en Languedoc-RoussillonEn 2006, l’innovation sociale n’était pas encore à la mode, mais c’est depuis cette année-là que l’Union

régionale des SCOP (coopératives de production) construit progressivement un ensemble de dispositifs

complémentaires pour le développement de l’économie sociale en Languedoc-Roussillon.

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• L’Hôtel d’entreprises REALIS, inauguré le 13 décembre 2013. D’un coût de 10 millions d’euros, financé par la Région et l’Europe, REALIS peut accueillir de 30 à 50 entreprises d’économie sociale. Il est devenu également le principal point de rencontre de tous les acteurs de l’écono-mie sociale de la région.

Pour compléter l’ensemble de ces outils, des financements spécifiques ont été mis en place afin d’accompagner la création et le développement de ces entreprises. Tous ces outils sont fédérés sous la marque REA-LIS, le réseau actif pour l’innovation sociale en Languedoc-Roussillon. Aujourd’hui, plu-sieurs régions françaises s’inspirent de REA-LIS pour développer leur politique d’appui à l’économie sociale. REALIS a été un des 5 projets retenus par le Prix REVES (Réseau Européen des Villes et des Régions de l’Eco-nomie Sociale et Solidaire).

REALIS (Languedoc Roussillon, France)

E-mail: [email protected]

Site Web: www.laregion-realis.fr/

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L’association a été fondée en 1972 sous la forme d’un syndicat défendant les droits des femmes qui travaillent sans contrat formel. L’un des objectifs de SEWA consiste à aider ces femmes à améliorer leurs conditions de vie et de travail en négociant des salaires plus avantageux.

Établie à Ahmedabad dans l’État du Gujarat, cette association indépendante compte plus de 350 000 membres. Elle déploie également son expertise dans la mise en œuvre de programmes similaires dans d’autres pays comme l’Afghanistan et le Sri Lanka. SEWA a mis sur pied une série d’activités à cet effet (services bancaires, micro-financement et retraites, cours d’alphabétisation et com-merce équitable de produits artisanaux), en fonction des besoins de ses membres tout au long de leur vie.

Une banque coopérative pour les femmesCette approche basée sur les cycles de la vie a par exemple donné naissance à un service bancaire exclusivement réservé aux femmes afin de répondre à leurs demandes de petits prêts destinés à acheter des matières premières ou des marchandises à vendre, demandes que rejetaient les banques ordinaires.

Le service bancaire de SEWA, en revanche, offre des produits et services répondant à des demandes spécifiques comme le prêt financier pour l’achat de produits destinés à la revente, pour les naissances, mariages, funérailles, la formation professionnelle, l’achat d’une maison, etc.

Pour garantir l’autonomie des emprunteurs vis-à-vis des prêteurs, SEWA encourage ses membres à l’épargne sur le long terme, condition sine qua non pour bénéficier de micro-financements. La banque propose également un compte de dépôt à terme qui produit un taux d’intérêt composé. Nombre des membres étant illettrées, l’associa-tion utilise des vidéos pour enseigner aux femmes à calculer le taux d’intérêt.

En 2010, la banque de SEWA enregistrait 330 000 clientes qui ont épargné un total de plus d’un milliard de roupies (environ 20 mil-lions d’euros). Un succès qui encourage d’ailleurs le gouvernement indien à envisa-ger l’ouverture d’une banque exclusivement réservée aux femmes.

Centres de ressources SEWAEn dehors d’Ahmedabad, SEWA aide les femmes dans d’autres lieux défavorisés en leur offrant de nombreux services. Un centre communautaire situé dans la zone

SEWA, au service des femmes travailleuses indépendantesSEWA, association de femmes travailleuses indépendantes, s’est inspirée des valeurs promues par Gandhi –

entraide, solidarité, cohésion locale – pour faciliter la promotion sociale des femmes défavorisées et ce tout au

long de leur vie, tant privée que professionnelle.

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rurale de Pij offre ainsi son aide dans la syndicalisation des femmes travaillant dans l’industrie du tabac. Ce soutien se concré-tise par des formations lors desquelles les femmes apprennent à se servir d’un ordinateur, ainsi que des ateliers mis en place pour le traitement de produits locaux tels que les épices et les légumineuses. D’autres centres similaires ont vu le jour sur l’ensemble du Gujarat, qui partagent les ressources locales comme celles fournies par les centres régionaux de SEWA.

SEWA – Association des femmes travailleuses indépendantes (Ahmedabad, Gujarat, Inde)

Contact : Jyostna Patel

E-mail : [email protected]

Site Web : www.sewa.org/

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299 actionnairesLe quartier de Southill naît et se déve-loppe dans le sud de Limerick au cours des années 1960 et 1970. Il fournit des loge-ments sociaux aux familles ainsi que la main d’œuvre industrielle nécessaire pour occu-per les nouveaux emplois dans la ville. Cette création d’emplois est le résultat d’une stratégie parvenue à attirer des investisse-ments directs étrangers et, dans leur sillage, de nouvelles usines. La fermeture de ces industries dans les années 1980 et 1990, toutefois, ne sera pas sans répercussion sur la population locale, entraînant notam-ment un taux de chômage élevé. Alors que la situation connaît une légère amélioration au cours des années de croissance éco-nomique entre 2000 et 2006, la ville subit de nouveaux revers à la suite de la crise de 2008 et 2009. Un retournement de situation qui se traduit en 2011 par un taux de chô-mage culminant à 47 % à Southill.

C’est dans un contexte de chômage élevé que la SDC est créée en 1984 sous la forme d’une coopérative communautaire comp-tant 299 actionnaires. Elle prend ses quar-tiers dans la Tait House à partir de 1986, un bâtiment classé appartenant aux autorités locales et se trouvant alors dans un état de délabrement avancé. Le site connaîtra alors une série de rénovations au fil des ans, grâce au soutien d’institutions publiques et du secteur privé.

Entreprises socialesCes dernières années, la coopérative s’ef-force de repenser sa stratégie pour faire face aux nouveaux défis que posent les conditions économiques contraignantes et, surtout, afin de moins dépendre des subventions publiques et davantage de la création de ses propres revenus. Le chan-gement de nom en « Tait House » s’inscrit dans cette évolution.

Les services fournis par la coopérative portent sur l’information des citoyens sur leurs droits et les questions juridiques, les services d’information et de développement communautaire, la formation des chômeurs et la création d’entreprises, ainsi que l’entre-preneuriat social et l’accès aux offres éduca-tives. Cette démarche entraîne à son tour un travail de terrain et le développement de pro-grammes éducatifs et de formations visant la multiplication des offres d’emploi à l’intention des jeunes (ex. apprentissage en répara-tion automobile et garage géré sous la forme d’une entreprise sociale).

La coopérative a d’ailleurs récemment étendu ses programmes d’action à la pro-motion de l’emploi des chômeurs de longue durée. Elle emploie en tout de 103 per-sonnes dont 50 s’occupent actuellement de ces programmes. En 2012, ses revenus s’élevaient à quelque 1,5 million d’euros provenant d’un ensemble de subventions

destinées à la mise en œuvre de pro-grammes spécifiques (20 %) et des revenus découlant de ses activités (80 %).

La coopérative produit un surplus qui est ensuite réinvesti dans ses activités, dont une garderie d’enfants, l’isolation des mai-sons et les services de mise en conformité à la disposition des ménages de la ville et des comtés environnants, ainsi que la gestion immobilière (ex. architecture pay-sagère, tonte de pelouses et réparations domestiques).

Southill Development Co-operative (SDC) (Limerick, Irlande)

Contact : Tracey Lynch, Directrice, Tait House Community Enterprise

E-mail : [email protected]

Site Web : www.southilldevelopmen-talcoop.ie/ (www.taithouse.ie)

La coopération, clé de la revitalisation de Southill à Limerick Southill Development Co-operative (SDC), récemment rebaptisée « Tait House », est une coopérative de

citoyens qui soutient le développement local dans un des quartiers les plus défavorisés de Limerick.

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Les villes font aujourd’hui face à de nou-veaux défis qui résultent de changements économiques, environnementaux et démo-graphiques. Elles doivent donc concevoir de nouveaux modèles afin de s’inscrire dans une croissance durable, intelligente et inclusive.

C’est justement ce genre de modèle que promeut la municipalité de Turin, au nord de l’Italie (900 000 habitants) : Torino Social Innovation (TSI) est un ensemble de stra-tégies et d’instruments destinés à soutenir les nouvelles entreprises qui répondent à des besoins sociaux (en matière d’éduca-tion, d’emploi, de mobilité et de santé) tout en prônant des valeurs économiques et sociales.

En voici les principaux objectifs :

• Favoriser une culture d’innovation sociale et sensibiliser la population et surtout les acteurs économiques et sociaux à une telle culture,

• Attirer de jeunes talents innovants par le développement de communautés créa-tives,

• Soutenir des formes inédites d’économie collaborative.

Soutenu par l’Italie et l’Union européenne, le programme de TSI – intégré dans le pro-gramme européen URBACT – rassemble plusieurs acteurs au sein d’une même plate-forme qui compte plus de 26 partenaires représentant la Ville, la Région et la Province, d’autres organisations des secteurs public et privé ainsi que l’Université de Turin.

Expertise des partenairesChaque partenaire s’engage, dans son champ d’expertise propre, à promouvoir l’« innovation sociale ». Les partenaires four-nissent un large éventail de services cou-vrant six domaines :

1. Locaux – dont des espaces de travail partagés et des logements sociaux à l’intention des jeunes travailleurs étran-gers à la municipalité.

2. Information – formation (ateliers sur l’in-novation sociale, cours et événements ponctuels).

3. Soutien technique – intégration de pro-cédures de test et assistance dans la réalisation de prototypes.

4. Accompagnement – aspects juri-diques et économiques, consultance en finances et études de marché.

5. Ressources financières – subventions publiques, prêts privés, fonds de garantie publics et nouveaux instruments finan-ciers innovants comme l’équité sociale.

6. Suivi et évaluation – examen des retom-bées sociales des mesures prises.

FaciliTo Giovani est la première action découlant du programme TSI, une initia-tive qui aura cours jusque fin 2015 et vise à soutenir les entreprises actives dans l’innovation sociale. Les bénéficiaires de cette initiative sont les jeunes âgés de 18 à 40 ans, les futurs entrepreneurs et peut-être les spin-offs en activité lancées au cours des quatre dernières années (à condition que la majorité des actionnaires ou repré-sentants légaux soient des jeunes).

Torino Social Innovation À Turin, vingt-six organisations partenaires ont adhéré à un nouveau dispositif d’appui à la création de struc-

tures d’innovation sociale par de jeunes entrepreneurs. Plus de 30 PME vont en bénéficier dès cette année.

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Plans d’activitéEntre autres avantages, cette initiative four-nit un service d’accompagnement destiné à exploiter les idées des plans d’activité prometteurs qui lui sont soumis et à sub-ventionner des entreprises sociales et inno-vantes. Cet encadrement est assuré par quatre partenaires, dont l’école polytech-nique et l’université de la ville, la municipa-lité et la Province de Turin.

Le budget public total alloué à cette ini-tiative s’élève à 1,65 million d’euros, dont 200 000 euros servent à couvrir les ser-vices, 650 000 euros à financer les subven-tions (fournissant jusqu’à 20 % des coûts éligibles par projet) et 800 000 euros à garantir jusqu’à 80 % des prêts à faible taux du secteur privé.

Torino Social Innovation (TSI)(Turin, Italie)

Contact : Fabrizio Barbiero

E-mail : [email protected]

Site Web : www.torinosocialinnovation.it/

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La cohésion sociale par les artsLe Haut-Adige ou Sud-Tyrol est une province autonome située dans le nord de l’Italie. Elle s’étend sur 7 400 km² et compte environ 500 000 habitants, dont la majorité est de culture austro-bavaroise et parle l’allemand. Près d’un quart ont l’italien comme langue maternelle (surtout dans les villes de Bolzane et Merano) et une minorité parle le ladin.

Les personnes d’origine immigrée repré-sentent environ 9 % de la population régionale. Déjà très hétérogène à la base, celle-ci n’a cessé de se diversifier au cours de ces dernières années. Aussi la diversité exerce-t-elle une forte influence sur tous les aspects du quotidien, et en particulier sur les jeunes et les politiques culturelles.

C’est dans ce contexte qu’a été créé l’« Open City Museum » (Musée ouvert sur la cité) pour mettre les arts au service de la cohésion sociale de la province. Il s’agit d’un concept de musée élargi, qui inclut les espaces publics promouvant la citoyenneté active, ce que l’on peut essen-tiellement observer dans la capitale de la province, Bolzane, et dans les communes de Bressanone et de Chiusa. L’objectif est de faire participer tous les citoyens et plus particulièrement les jeunes et ceux dont les

familles ont immigré dans la région, et d’en-courager la compréhension mutuelle par le biais des arts.

Cultures pluriellesFinancé par les municipalités, l’université de Bolzane, le département d’Éducation et le secteur privé, le Musée ouvert organise des activités sur plusieurs fronts : événements interculturels, art participatif, initiatives artistiques publiques, ateliers, expositions, débats… Afin de toucher le public le large possible, ces activités ne se déroulent pas uniquement dans des lieux traditionnels tels que les galeries ou musées locaux, mais également dans les rues et dans d’autres espaces privés ou inexploités.

Le Musée ouvert s’est lancé dans l’aven-ture en 2011 avec le projet communau-taire « Diversité culturelle de Chiusa », qui consistait en une exposition de photos des personnes qui s’étaient installées dans la ville. Outre des visites guidées données par des jeunes immigrés dans leur langue maternelle, l’initiative proposait un atelier de peinture au henné et une séance photo en famille sur une place publique.

Le musée a organisé en 2013 à Bolzane un projet de développement artistique commu-nautaire, qui s’est clôturé par une exposition

photo en plein air, le tout avec le concours du centre civique d’Oltrisarco. L’exposition dévoilait une série de portraits d’inconnus issus des archives d’un photographe local, auxquels se mêlaient ceux de « nouveaux » résidents venus d’autres régions.

En 2014, le Musée ouvert prévoit de lan-cer une plateforme destinée à stimuler la créativité, surtout auprès des jeunes : « La jeunesse, la relève » mettra ainsi à l’honneur diverses formes de citoyenneté active par le biais, notamment, d’une série d’événements artistiques en extérieur, organisés par les jeunes de Bressanone.

Open City Museum (OCM)(Haut-Adige / Sud-Tyrol, Italie)

Contact : Martha Jimenez Rosano

E-mail : [email protected]

Site web : www.cuartel.de

Un musée d’un nouveau genre pour les habitants du Haut-AdigeLe « Musée ouvert sur la cité » est une démarche participative et citoyenne qui vise à promouvoir les arts et le

multiculturalisme dans la province autonome du Sud-Tyrol dans le nord de l’Italie.

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En Italie, l’agriculture sociale renvoie à un éventail de services accessibles aux per-sonnes vivant en zones rurales et péri-ur-baines : la rééducation ou thérapie des personnes handicapées, la formation et le placement professionnel, ainsi que la forma-tion et l’éducation de groupes défavorisés (jeunes, émigrés, etc.). L’agriculture sociale s’appuie sur le soutien du gouvernement et la participation du secteur privé et des particuliers. Cette démarche très innovante concerne l’agriculture et l’élevage de bétail, la production alimentaire et la fourniture de services de proximité à la population.

C’est ainsi qu’a été lancé le programme « Amiata Responsabile » en 2009 dans plu-sieurs communes situées au pied du mont Amiata, en vue de mettre en œuvre plu-sieurs initiatives d’agriculture sociale.

Centre pour les jeunes« Spazio Ragazzi » (Espace Jeunes) en est un des nombreux exemples : doté d’un budget de 295 323 euros, il est géré par le groupe d’action locale LEADER « Fabbrica Ambiente Rurale Maremma » et a contribué à la mise sur pied d’un centre communau-taire rural pour les jeunes de 6 à 14 ans, dans la municipalité de Roccastrada.

Le centre, devenu une plateforme et un point de ralliement pour les deux fermes partici-pant à ce projet, propose de découvrir la vie

rurale et les cycles de production à l’aide d’activités récréatives. Une ferme éducative explique par exemple la culture des légumes et autres produits de l’agriculture. Le centre s’occupe aussi de promouvoir les diverses façons d’améliorer le paysage, la protection de l’environnement, la préservation de la bio-diversité et la production d’électricité à partir d’énergie solaire.

Le projet propose en outre des activités d’été, comme des camps à la campagne, et offre aux enfants et aux jeunes la possibi-lité d’expérimenter sur le terrain et pendant les vacances scolaires le lien entre agricul-ture et nature. Des ateliers enseignent à des groupes d’une soixantaine de jeunes tout ce qu’il faut savoir sur les cycles de plantation, les animaux, le jardinage et l’apiculture.

Approche ascendanteL’espace pour jeunes est une initiative ascendante qui prend ses racines dans la communauté locale (les familles et asso-ciations). Participent également à cette initiative les organismes publics, le groupe d’action locale FAR Maremma et l’univer-sité de Pise, en plus des deux fermes pré-citées (Pietratonda et Panierino) et de la coopérative sociale gérant le centre rural. Plusieurs autres organisations et asso-ciations agricoles ont également rejoint le projet. La structure elle-même appartient à la commune de Roccastrada. Elle est gérée

par Coeso, un consortium d’organismes publics et privés, et par des coopératives sociales privées.

L’agriculture sociale favorise la diversifi-cation des activités agricoles et l’engage-ment des jeunes dans certains aspects du quotidien qui sinon leur échapperaient. Le modèle peut être appliqué à d’autres terri-toires ruraux.

Spazio Ragazzi (Espace Jeunes)(Roccastrada, Toscane, Italie)

Contact : Catia Segnini

E-mail : [email protected]

Site Web : www.farmaremma.it

« Spazio Ragazzi » : l’agriculture sociale pour les jeunesLe modèle italien d’« agriculture sociale » a été introduit dans la province de Grosseto, en Toscane, en 2009.

L’une des initiatives qui en sont issues concerne les enfants et les jeunes.

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Au cours de ces 20 dernières années, depuis que la République de Lettonie a regagné son indépendance de l’Union soviétique, sa population de plus de 2 mil-lions d’habitants commence à récolter les fruits d’une société plus démocratique en pleine croissance. La plupart des signes encourageants, toutefois, ne sont observés que dans la capitale Riga et les régions voi-sines, le reste du pays restant à la traîne.

Accueillant près de la moitié de la popula-tion, Riga et ses environs ont effectivement bénéficié de la majeure partie des inves-tissements destinés au développement socio-économique. Preuve de ce désé-quilibre social, la Lettonie présente l’indice d’inégalité de Gini le plus élevé (liste des pays classés en termes d’égalité de reve-nus) au sein de l’Union européenne (avec 35,9 % en 2012). Le pays figure également parmi les cinq États membres affichant les disparités les plus fortes en termes de développement régional.

Participation Pour corriger ces inégalités, le Forum rural letton (FRL) explore diverses voies permet-tant de renforcer son action et participation dans la prise de décision et l’élaboration des politiques. Ce réseau de groupes d’ac-tion locale (GAL) et d’organisations non gouvernementales (ONG) rurales a décidé

en 2012 de se muer en une plateforme de la société civile rurale qui encourage le dia-logue entre les communautés rurales et les décideurs politiques.

Inspiré par des expériences similaires menées dans les pays scandinaves et en Estonie, le FRL a organisé le 1er Parlement letton des communautés rurales qui s’est tenu du 6 au 8 juin 2013 en Latgalie, région la plus défavorisée du pays. Partageant leurs expériences dans le cadre de groupes de travail, les participants ont élaboré un plan d’action pour les zones rurales qui tient en 57 mesures que les populations locales, municipalités et ministères doivent mettre en œuvre au cours des deux pro-chaines années.

57 mesures L’initiative reçoit le soutien financier d’as-sociations nationales et régionales, des collectivités locales, du Fonds social euro-péen et du Mécanisme financier de l’espace économique européen. Cette aide ne serait toutefois pas aussi efficace sans l’interven-tion des innombrables bénévoles qui exé-cuteront les mesures planifiées.

Le plan d’action comporte une résolution qui plaide pour des lois dans plusieurs domaines, tels que la promotion du béné-volat, les coopératives de crédit en milieu rural, la formation d’animateurs ruraux, les

produits locaux et le concept « d’appren-tissage tout au long de la vie » adapté à la population rurale. Le FRL a d’ores et déjà convenu que le parlement tiendrait une deuxième rencontre en 2015.

Même si le processus initié est encore en phase de développement, le FRL peut déjà se féliciter de quelques résultats : les popu-lations rurales sont mieux visibles et davan-tage prises en compte par les ministères, même ceux qui ne s’occupent pas acti-vement d’affaires rurales ou de questions de développement régional. La démarche en cours a par ailleurs permis de stimuler l’échange d’idées et d’expériences entre les territoires ruraux de l’ensemble du pays.

Parlement rural(Forum rural letton)

Contact : Valdis Kudiņš

E-mail : [email protected]

Le Parlement rural letton est lancéLa plate-forme nationale des ONG rurales de Lettonie met en place un nouveau dispositif démocratique parti-

cipatif pour le milieu rural : le « Parlement des communautés rurales ».

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C’est en 1995 que Zorro et sa femme Kata-lin lancent leur projet avec une fondation néerlandaise qui soutient le développement local dans la région. La fondation donnait des pommes de terre à Zorro pour per-mettre à la population rom de les cultiver. Trois ans plus tard, mari et femme perdent leur emploi, ce qui ne leur laisse désormais pas d’autre choix que de se concentrer plei-nement sur leurs activités agricoles et fores-tières, qui étaient jusqu’alors de simples occupations secondaires. Deux années de collaboration fructueuse donneront nais-sance à la création de leur propre fondation, « Un pour tous, tous pour un », qui à son tour sera à l’origine de toutes les initiatives du couple depuis lors.

École pour les enfants romsPremière mission de la fondation : débar-rasser les zones forestières de tout leur bois « sans valeur », pour le redistribuer aux familles des travailleurs. Parallèlement, la fondation crée une école du samedi ouverte aux enfants roms et offre des bourses d’études à des jeunes Roms et non-Roms. Elle initie par ailleurs plusieurs programmes, dont l’initiative « Lait pour les enfants », des cours de tâches ménagères et de tissage destinés aux femmes, ainsi qu’un système de donation communautaire (de pommes de terres, de haricots et de chaussures, entre autres dons).

En 2005, la fondation s’engage dans le pro-gramme PNUD-Cserehát dans le cadre duquel elle parvient, en collaboration avec le centre de ressources du PNUD et des animateurs, à accroître les compétences et le potentiel des acteurs locaux et à fixer des objectifs stratégiques d’avenir qui répondent à la demande du marché.

Coopérative socialeDix années de dur labeur plus tard, la nécessité d’établir une coopérative sociale s’impose en 2010 et l’équipe parvient à décrocher une subvention du Fonds social européen (FSE). La coopérative peut réno-ver son siège, assurer la formation adéquate des travailleurs, renouveler son équipement en vue de commandes plus importantes et employer 10 personnes pendant un an.

Un autre des programmes soutenus par le FSE, à savoir l’école du soir en alternance gérée par la fondation de Zorro, a connu des avancées majeures au cours de l’an-née dernière. L’école pour enfants roms est, quant à elle, désormais accessible tous les jours. La coopérative sociale est aujourd’hui à l’origine de 8 à 31 emplois (en fonction de la saison) dans le village et l’école du soir en alternance accueille désormais 45 enfants.

La coopérative bénéficie également d’une aide FEADER-LEADER qu’elle compte investir dans l’achat d’un nouveau tracteur,

Tous pour un, un pour tousImre Mata, alias « Zorro », est l’initiateur d’une démarche locale qui a abouti à la création d’une coopérative

sociale dans la région de Cserehát, l’une des plus pauvres de Hongrie. Le projet vise à améliorer le niveau de

vie des habitants, essentiellement roms, du village de Fulókércs à travers une série d’activités locales et en

offrant des possibilités d’éducation et de création d’emplois.

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d’une remorque et d’une machine à fendre du bois. Prochaine étape ? L’ouverture d’une petite usine de briquettes, l’objec-tif principal étant d’employer 30 personnes durant toute l’année.

Coopérative sociale régionale Kegyetlen(Fulókércs, Cserehát, Hongrie)

Contact : Imre Mata

E-mail : [email protected]

Site Web : www.szocszovfulokercs.hu

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Tradition qui remonte au Moyen Âge, l’aquaculture de la carpe constitue aujourd’hui l’un des principaux atouts de la vallée de la Barycz, dans le sud-ouest de la Pologne. Cette tradition séculaire se pratique dans les innombrables étangs que compte la région et a véritablement façonné son paysage typique et ses écosystèmes, tant et si bien que les bassins, prairies et marécages renferment aujourd’hui une richesse naturelle d’importance mondiale. L’agrotourisme constitue un autre secteur en expansion dans la région.

Initié en 2008 par des associations et des acteurs locaux, le Partenariat pour la vallée de la Barycz couvre une zone qui s’étend sur plus de 1 600 kilomètres carrés, sur huit communes (rassemblant près de 100 000 habitants au total). L’association, qui compte actuellement 120 membres représentant la communauté ainsi que les secteurs privé et public, est à la fois un GAL (groupe d’action locale LEADER) et un FLAG (groupe d’action locale pêche).

Tourisme vertForte d’un soutien financier privé, européen et national (à titre d’exemple, le budget total pour 2009-2012 s’élevait à 15 millions d’eu-ros) et avec le concours de ses membres et partenaires, l’association déploie des straté-gies et favorise des projets qui contribuent

au développement durable de la région. Par cette démarche, elle entend préserver le paysage traditionnel de la vallée de la Barycz par la mise en place d’un tourisme vert et de commerces proposant des produits et services traditionnels, dont la pêche.

Le partenariat met par ailleurs en œuvre des activités destinées à soutenir les com-munautés locales. Le concours du « village le plus actif » en est un exemple : il permet aux communautés rurales de bénéficier d’une aide destinée à accroître l’offre thé-matique de leur village par le biais d’ateliers d’artisanat, de formations, de stages et de compétences servant à promouvoir leurs activités en ligne, entre autres.

« Recommandé Barycz » constitue une autre initiative qui flirte avec le succès. Ce projet soutient les petites entreprises familiales produisant ou promouvant des produits et services locaux.

Journées de la CarpeLe partenariat soutient en outre un pro-gramme de promotion global qui porte sur l’ensemble de la région et comprend la création de circuits touristiques et d’offres en la matière. Depuis 2006, il organise aussi les Journées de la Carpe, une série d’événements qui se tiennent chaque année en septembre et octobre (saison de la pêche à la carpe) et mettent à l’honneur

l’héritage culturel et culinaire (cuisine à base de poisson), les produits et les services de la vallée de la Barycz.

Compte tenu de leur popularité croissante, de l’implication des secteurs privé et public et des groupes locaux, du nombre croissant de touristes et des bénéfices qui en découlent, il ne reste plus qu’à espérer que ces activités se poursuivent de plus belle. Bien plus, l’infrastructure nécessaire et les partenariats durables ayant été mis en place, on peut s’attendre à ce que certaines des initiatives les plus prometteuses soient progressivement capables de s’autofinancer.

Partenariat pour la vallée de la Barycz (Basse-Silésie, Pologne)

Contact : Marta Kamińska

E-mail : [email protected]

Site Web : www.nasza.barycz.pl

La Vallée de la CarpeLe « Partenariat pour la vallée de la Barycz » est une association qui met en œuvre des projets et des stratégies

de développement local, notamment en appuyant l’aquaculture de la carpe, une activité traditionnelle très

importante dans cette région rurale de Basse-Silésie.

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Le projet de jardins collectifs « Horta à Porta » pour la culture bio de fruits, de légumes, de fleurs et d’herbes aromatiques est une initiative de LIPOR, l’entreprise qui gère le traitement des déchets de huit municipalités sur les onze que compte la région. L’idée consiste à faire du jardinage un moyen d’encourager les gens à renouer avec leurs racines, de stimuler la partici-pation active de chacun et de mobiliser les communautés locales par l’engagement.

Lancés en 2004, ces nouveaux jardins potagers collectifs se situent principale-ment dans la banlieue nord de Porto (env. 2 millions d’habitants) à Porto, Matosinhos, Maia, Povoa de Varzim et Vila do Conde.

Liste d’attenteLe projet est doté d’un budget d’environ 240 000 euros cofinancé par le programme européen LIFE+, le Fonds de cohésion et LIPOR. Il existe à ce jour 23 jardins répar-tis sur une superficie de quatre hectares qui devrait encore s’étendre dans un ave-nir proche, les résidents et communautés locaux manifestant un intérêt croissant pour l’initiative. Selon les données de LIPOR, plus d’un millier de personnes se trouvent sur liste d’attente, prêts à s’investir dans l’un ou l’autre projet écologique.

Le projet repose sur la candidature spontanée des particuliers, quartiers ou

associations qui manifestent leur intérêt de constituer un nouveau jardin potager « Horta à Porta » au sein du réseau. Une fois la demande enregistrée, chaque jar-din potager est géré sous la forme d’une entité à part entière, c’est-à-dire avec ses objectifs spécifiques et un espace qui lui est propre. Il n’en demeure pas moins que certaines stratégies sont mises au point en partenariat avec d’autres jardins potagers et avec le concours de LIPOR, qui apporte sa pierre à l’édifice en offrant support technique, assistance et formation. Les personnes engagées dans le programme de jardins collectifs peuvent ainsi bénéfi-cier de l’assistance d’experts en jardinage et compostage, ainsi que de formations en recyclage et d’une aide dans la prise de décision.

Dynamique localeLe réseau de jardins potagers bénéficie d’une dynamique locale forte. Tandis que la production et la gestion de chaque parcelle est du ressort de chaque personne en par-ticulier, les responsabilités générales sont partagées et, dans certains cas, pratique-ment autogérées. Plutôt que la vente des produits de la terre, l’échange entre jardi-niers est largement encouragé dans le but de promouvoir une certaine reconnaissance mutuelle et d’améliorer globalement la qua-lité du jardinage.

Il faut enfin souligner que les jardins pota-gers sont très prisés par le public et les populations locales. À l’occasion d’une enquête de satisfaction, les habitants du quartier de Maia (aux abords de Porto), parmi lesquels de nombreuses familles, ont souligné l’importance de ces espaces pour la communauté. Qui plus est, l’une des personnes interrogées expliquait qu’elle s’était progressivement éloignée de sa fille pendant 25 ans, mais que le jardin potager lui avait permis de s’en rapprocher dans un nouveau contexte.

Horta à Porta(Porto, Portugal)

Contact : Ana Lopes

E-mail : [email protected]

Site Web : http://www.lipor.pt/pt/educacao-ambiental/horta-da- formiga/horta-a-porta/

Jardiner pour la bonne cause à PortoHabitants et organisations locales participent à une démarche à la fois novatrice et utile : créer un grand

nombre de nouveaux jardins potagers dans la banlieue de Porto.

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Pata Rât est un bidonville, géographi-quement isolé, installé à proximité d’une décharge située dans la périphérie de Cluj-Napoca (300 000 habitants) et où vivent quelque 300 familles. Il comporte quatre zones constituées au cours des 20 dernières années, au rythme des expul-sions répétées de familles pauvres, essen-tiellement roms, du centre-ville. Certaines de ces familles avaient quitté leur village pour trouver du travail en ville. La collecte sélective dans la décharge constitue le principal moyen de subsistance pour plus de la moitié d’entre elles.

Lutter contre la ghettoïsationDans la nuit du 17 décembre 2010, 73 familles roms ont été expulsées du centre-ville pour être relogées dans la zone de Pata Rât, tandis que leur ancienne demeure était démolie. Un mouvement civil fort s’est déclenché autour de la fonda-tion Desire et de l’association Amare Phara pour s’opposer à cette ghettoïsation des Roms en marge de la ville et revendiquer la justice sociale. Avec le soutien de mili-tants et d’intellectuels, ce mouvement a donné naissance au Groupe de travail des organisations de la société civile (www.gloc.ro) en janvier 2011. L’année suivante

a vu le lancement d’un ensemble d’inter-ventions coordonnées par la municipalité de Cluj et une équipe locale du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Une initiative populaire forte a vu le jour face aux besoins les plus urgents, notam-ment celui d’assurer l’aide et la sécurité des enfants vivant près de la décharge. Un groupe de bénévoles composé d’étu-diants et d’experts a mis sur pied la pre-mière tente pour enfants en 2012 sur le site de la décharge pour y offrir régulièrement des activités éducatives et des loisirs aux enfants les plus vulnérables de la zone. L’initiative a reçu le soutien de la direction des Services sociaux et médicaux de la municipalité.

Éducation et activités communautairesAu cours de l’été 2013, Fundatia pentru Dezvoltarea Popoarelor lance un projet pour les enfants de la décharge et c’est à ce moment-là que les deux équipes fusionnent. Elles proposent aujourd’hui des activités éducatives et de garde d’enfants dans un centre mobile géré par la munici-palité non loin de la décharge.

Quand la solidarité avec les Roms aboutit à des initiatives de développementSuite à l’expulsion de 73 familles roms à Cluj-Napoca, au nord-ouest de la Roumanie, un ensemble

d’interventions coordonnées ont été développées par un large éventail d’acteurs du développement local,

à commencer par les familles concernées.

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La communauté expulsée du centre-ville a quant à elle fondé en 2012 l’Association des Roms de Coastei, avec le soutien de militants et d’organisations des droits de l’homme et a pris des mesures concrètes pour améliorer ses conditions de vie. Entre autres réussites, l’association a fait construire un centre communautaire en trois semaines à peine, utilisant ses propres ressources matérielles et humaines avec l’appui de dons, locaux pour la plupart.

Projet du PNUD pour l’intégration des Roms à Cluj (Cluj-Napoca, Roumanie)

Contact : Gabriella Tonk ou Eniko Vince

E-mail : [email protected]

Site Web : www.gloc.ro

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Ada Huja, une île du Danube située à tout juste quatre kilomètres du centre de Belgrade, était autrefois réputée pour sa végétation luxuriante et comme un site majeur pour les oiseaux sauvages. A partir des années 1960, toutefois, l’île a com-mencé à se transformer en décharge.

Déchets industrielsRésultat de cette dégradation : le flux d’eau douce du Danube ne pouvait plus s’écouler dans ce bras du fleuve. De fait, sur l’autre rive, les eaux usagées communales et industrielles déversées pendant des dizaines d’années ont fini par constituer un danger pour l’environnement et la santé de la population locale. Et ce n’est pas tout : la pointe de la péninsule nouvellement formée servait de décharge illégale pour les gravats industriels, et l’équilibre fragile de l’écosys-tème d’Ada Huja s’en est trouvé totalement anéanti.

À la demande de la commune la plus touchée par ce fléau (Palilua), l’organisation serbe non gouvernementale (ONG) pour la protection de l’environnement a entrepris en octobre 2011 un projet de nettoyage de cette portion d’Ada Huja et créé un parc.

L’ONG ambitionne alors essentiellement de restaurer l’écosystème d’Ada Huja dont

l’eau est la plus polluée des environs de Belgrade. Une entreprise qu’elle réussira en mettant un terme au déversement illégal de déchets, en accomplissant des travaux hydrologiques pour débarrasser le site des boues toxiques et en rétablissant le courant naturel de l’eau dans le bras originel du fleuve. Un autre des objectifs poursuivis par l’ONG sera la création d’un centre environ-nemental.

Réflexion et actionParallèlement, l’ONG mettra sur pied un groupe de réflexion dont la tâche consiste à superviser les travaux et qui se compose de représentants des autorités nationales et régionales, des organismes de protection de l’eau et de l’environnement, ainsi que des experts. Le financement du projet proviendra au départ du secteur privé et notamment d’entreprises multinationales, mais également de subventions publiques dont celles du programme européen Jeunesse en action.

En avril 2012, quelque 2 000 mètres cubes de déchets seront retirés du site. Dans la foulée, de 2012 à 2013, une zone autrefois inaccessible au public sera transformée en Parc Surnaturel, entraînant à son tour la création de cinq emplois directs et dix

emplois indirects. Plus de 3 000 mètres car-rés de jardins ont été aménagés, de même qu’une plaine de jeux. L’ONG n’en restera pas là puisqu’elle a ouvert une classe verte destinée à sensibiliser les jeunes à la protection environnementale, ainsi qu’une serre destinée à la culture expérimentale et à la présentation de plantes.

Plus de 20 000 personnes ont déjà visité le parc à ce jour.

Parc surnaturel(Région de Belgrade, Serbie)

Contact : Srdjan Stankovic

E-mail : [email protected]

Site Web : www.supernatural.rs/

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Une décharge transformée en parcUn projet citoyen durable géré par une association environnementale serbe et soutenu par des fonds publics

et privés a permis de nettoyer et de reconvertir en parc un site pollué au bord du Danube, près de Belgrade.

Avec des retombées environnementales et sociales significatives.

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Regroupant 354 villages (700 000 habi-tants), la région de Nitra dans le sud-ouest de la Slovaquie possède le climat le plus doux et l’agriculture la plus productive du pays. Entre 2006 et 2008, les autorités régionales ont créé les conditions propices à la mise en œuvre de stratégies de déve-loppement dans les microrégions rurales. Elles ont notamment organisé des forma-tions, élargi l’offre d’emplois et effectué les préparatifs nécessaires au déploiement de stratégies de type LEADER. En plus des cinq groupes d’action locale LEADER (GAL) approuvés par l’UE, la Région a décidé de lancer un programme supplémentaire destiné à financer 15 autres partenariats entre les secteurs privé et public opérant en dehors des territoires couverts par LEA-DER. 116 projets ont été mis en œuvre dans les zones concernées.

Marque territorialeCe programme régional spécifique soutient un projet de marque territoriale consis-tant à certifier les produits locaux de qua-lité fabriqués dans les villages. La marque « Regionálny produkt PONITRIE® » (www.produktponitrie.sk) consacre ainsi la qua-lité, le respect de la culture et des tradi-tions locales et des valeurs écologiques. Un réseau de producteurs et de prestataires de services locaux participent à la démarche.

Le projet rassemble trois groupes LEADER et trois partenariats du programme régional.

Adoptant une approche ascendante, les autorités régionales ont collaboré avec des représentants d’artisans et de producteurs de la région pour concevoir le cahier des charges.

La marque territoriale concerne un large éventail d’activités : la peinture sur toile, sur soie et sur verre ; la reproduction d’armes contemporaines ; la fabrication d’objets en céramique ; la fabrication de costumes folk-loriques miniatures ; la sculpture sur bois, le macramé, la gravure et la décoration d’œufs de Pâques ; la production de gâteaux au miel décorés ; la culture du raisin et la viti-culture ; l’apiculture et ses produits dérivés (ex. bougies à la cire d’abeille) ; la produc-tion d’hydromel ; l’élevage de bétail et de chevaux ; la gestion d’un salon de thé ; des installations d’agrotourisme ; des services d’accueil et de conférence ainsi que l’orga-nisation de camps d’été.

CertificationEn décembre 2013, les utilisateurs de la marque territoriale se sont vu décerner les premières certifications. Parmi ces bénéfi-ciaires, on compte une agence de voyages, des fabricants de produits artisanaux et ali-mentaires (graines de potiron, cire d’abeille,

Une marque territoriale stimule le développement ruralLa région de Nitra est la première en Slovaquie à avoir choisi de soutenir financièrement elle-même la mise

en œuvre de stratégies rurales intégrées de type LEADER. Avec succès, comme le prouve la réussite d’une

marque territoriale pour les produits locaux.

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hydromel, lait de chèvre et de vache), des artisans traditionnels (objets en buis, déco-rations céramiques, statues et bas-reliefs en bois, poupées en costume folklorique, peintures) et des fournisseurs d’héberge-ment.

En résumé, cette marque territoriale offre non seulement une réelle valeur ajoutée aux produits locaux de la région, mais stimule également l’économie locale en créant de nouveaux emplois et en établissant des contacts entre les individus et les groupes.

Regionálny produkt PONITRIE®(Nitra, Slovaquie)

Contact : Martin Čaja

E-mail : [email protected]

Site Web : www.produktponitrie.sk

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Röstånga est un village de 850 habitants situé sur les versants du Söderåsen, dans le parc national, un lieu réputé pour ses pay-sages naturels et les activités de plein air et de trekking qui s’y prêtent. Si l’emplacement est propice au développement du potentiel touristique et commercial, le village connais-sait ces derniers temps quelques difficul-tés liées à la perte de services essentiels, à cause du dépeuplement (maisons vides, espaces commerciaux vacants, etc.). À l’ins-tar d’autres zones rurales, le village a peu à peu été déserté par les services publics de base (école, maison de jeunes, soins de santé, etc.) et par le secteur privé, qui n’est guère enclin à investir en raison des maigres perspectives de revenus et de la faible valeur de l’immobilier.

Villageois actionnairesPour faire face à cette carence, les habi-tants de Röstånga ont décidé de prendre les mesures qui s’imposaient pour rééva-luer à la fois leur rôle dans le village et leur capacité à rendre eux-mêmes certains de ces services. De cette initiative est née la Société de développement de Röstånga (RUAB), constituée en majorité par les habi-tants. Ce sont eux qui gèrent cette entre-prise sociale sous la forme d’une coopé-rative sans but lucratif, tous les bénéfices étant réinvestis dans l’entreprise.

Forte de 400 actionnaires, la RUAB est à l’ori-gine de la création de plusieurs entreprises

et services essentiels à la communauté. Le restaurant de l’ancienne gare en est un bon exemple : l’ancien bâtiment de la gare désaffecté depuis plusieurs années a été racheté par la communauté en 2012. Après avoir levé plus de 45 000 euros de capi-taux privés locaux, la RUAB a été en mesure d’entreprendre la rénovation du bâtiment pour ensuite le sous-louer à une famille du village qui y tient un restaurant avec succès depuis avril 2013. Au terme de la première saison, cette location a rapporté un loyer de 12 000 euros à la société de développement et créé trois emplois locaux à temps plein.

Success storiesLe musée d’art moderne de Röstånga est une autre réussite de la coopérative. Autre-fois abandonné, ce bâtiment situé à côté de la retenue du moulin du village a été racheté puis rénové en 2010. Il abrite désormais l’un des plus petits musées d’art moderne de Suède.

Autre modèle de réussite dont la coopé-rative peut se targuer : un nouveau bus communautaire (appartenant à la RUAB) qui offre deux avantages – d’une part, ce mode de transport entraîne des économies d’énergie en limitant l’usage de voitures individuelles pour se rendre à des événe-ments sportifs et culturels ; d’autre part, le véhicule a pour effet de réunir les habitants et joue ainsi le rôle social d’un « lieu de ren-contre sur roues ».

Les passerelles de RöstångaConstituée par les habitants et des associations locales, la Société de développement de Röstånga (RUAB) est

une entreprise sociale responsable de plusieurs initiatives locales très intéressantes.

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L’année 2014 verra enfin se développer deux autres services, à savoir une aide à domicile locale et l’organisation, d’événe-ments sociaux et autres à l’intention des personnes âgées. Le but de cette initia-tive ? Employer des habitants du village pour prendre soin de leurs aînés et, partant, transcender les barrières de génération dans le village.

Société de développement de Röstånga (RUAB)(Scanie, Suède)

Contact : Nils Phillips

E-mail: [email protected]

Site Web : www.ruab.org

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En Turquie, 39 % de la population rurale vit dans la pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 3 euros par jour. La Fondation Husnu M. Özyeğin a entrepris de s’attaquer à ce problème et de démontrer qu’une approche intégrée et multisectorielle impliquant dif-férents acteurs socioéconomiques peut déboucher sur la création d’un modèle de vie rurale décent.

Lancé à l’automne 2008, le Projet de développement rural du bassin de Kavar concerne six villages et cinq hameaux de la province de Bitlis, dans le sud-est de la Turquie. Cette région est l’une des plus pauvres du pays. La moitié de sa popula-tion a moins de 15 ans. La région a de fait été évacuée dans les années 1990 au cours du conflit armé qui a opposé les militants kurdes à l’armée turque.

Développement local intégréLe projet visait plusieurs objectifs spéci-fiques, tels que le développement du poten-tiel économique, l’amélioration du bien-être social, la responsabilisation des femmes, l’amélioration de l’utilisation durable des ressources naturelles, l’établissement de partenariats pluripartites et l’évolution des politiques rurales vers un modèle participatif.

Une série d’initiatives ont vu le jour dans le cadre de ce projet :

• La formation en apiculture et la fourniture d’équipements adéquats pour 40 femmes de Kavar (ces femmes ont produit 4,5 tonnes de miel en 2013).

• La fondation d’une coopérative qui orga-nise la collecte quotidienne de lait et sa vente à une laiterie de Van.

• L’implantation de vergers de noyers et de cerisiers pour 124 familles. Pour tous les cultivateurs, une formation en gestion des vergers, taille, élagage et greffe.

• L’amélioration des conditions sanitaires des étables.

• La création de 5 salles communes à Kavar. La construction d’un centre com-munautaire et l’installation de 2 fours à pain communaux en vue d’alléger la charge de travail des femmes.

• La construction d’une école primaire en vue d’augmenter les taux de scolarisation. Deux écoles maternelles, des plaines de jeux et un dortoir pour les instituteurs.

• Une bourse pour les étudiants universi-taires et une formation en informatique et des cours préparatoires à l’entrée à l’uni-versité pour les jeunes.

• La mise en place d’un chœur d’enfants et l’organisation de festivals d’été.

• Des cours d’alphabétisation et de soutien pour les femmes.

DurabilitéGrâce à ses activités « économiques », le projet a permis à des centaines de femmes de bénéficier d’un revenu, en plus de jouer un rôle dans la conception et la gestion des initiatives elles-mêmes.

Les femmes plus autonomes à KavarDans l’une des régions les plus pauvres de Turquie, le Projet de développement rural du bassin de Kavar a

permis à des centaines de femmes non seulement de toucher des revenus mais aussi de jouer un rôle actif

dans la conception et la mise en œuvre d’une série d’initiatives locales.

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Le projet a enfin contribué à la construction de conduites d’eau dans les pâturages et à la formation de bergers dans la protection et l’amélioration des pâturages. Par le biais d’ateliers de plantation d’arbres et de « fêtes des semences », le projet espère que la sensibilisation accrue des jeunes aux ques-tions environnementales les encouragera à transmettre leur savoir-faire aux généra-tions à venir.

Projet de développement rural du bassin de Kavar(Bitlis, Turquie)

Contact : Murat Bayramoglu

E-mail : [email protected]

Site Web : http://www. husnuozyeginvakfi.org.tr/en/

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Locality a vu le jour en 2012 à la suite de la fusion entre les deux organisations établies de longue date que sont l’association des fonds pour le développement (Develop-ment Trusts Association) et l’association britannique pour l’habitation et les centres d’action sociale (British Association of Settlements and Social Action Centres). Le réseau compte plus de 480 organismes membres qui cumulent ensemble un revenu annuel de quelque 389 millions d’euros (dont plus de deux tiers proviennent d’acti-vités commerciales) et un actif total de plus de 784 millions d’euros.

Les communautés sont au yeux de Locality des lieux de vie offrant maintes possibilités, de la fourniture de services aux parcs, en passant par les commerces, les logements, les lieux d’autonomisation, la création de richesse ou encore la justice sociale.

Esprit d’innovationL’organisation s’efforce de donner un nou-veau souffle à l’esprit d’innovation et d’entre-prise en vue de promouvoir la construction de communautés fortes dont les membres sont fiers d’y vivre et d’y travailler.

Ces membres varient considérablement en fonction des objectifs visés et de l’éventail des activités déployées. Quand il s’agit de répondre à la demande locale, ces activités recouvrent généralement les initiatives de recyclage, les améliorations environnemen-tales, la gestion des espaces publics, le

microcrédit et la consultance en la matière, ainsi que la médiation de dettes. Les autres champs d’intérêt s’étendent quant à eux du service d’aide aux familles à la formation professionnelle, en passant par les services de garderie, l’organisation de festivals et d’événements artistiques, les programmes de subventions communautaires, les loge-ments accessibles, la formation spécifique et le bénévolat.

Dans une optique de justice sociale, les membres sont également très actifs là où le marché présente quelques dysfonctionne-ments, précisément là où l’État et le secteur privé rencontrent quelques difficultés.

ExemplesVoici quelques exemples d’accomplisse-ments des membres du réseau :

• Coin Street Community Builders : établie sur la rive sud de la Tamise à Londres, cette entreprise génère un chiffre d’af-faires d’environ 9,7 millions d’euros et son actif s’élève à plus de 36 millions d’euros. Elle gère un centre de proximité, un centre pour enfants, 320 unités d’habitation, un grand centre commercial et d’affaires (dont l’emblématique Oxo Tower), en plus d’organiser des événements artistiques et culturels. www.coinstreet.org

• Goodwin Development Trust : situé à Hull, dans le nord-est de l’Angleterre, le fonds possède et gère 14 bâtiments. Il emploie plus de 300 personnes et représente à

ce titre l’employeur privé le plus impor-tant de la ville. Entièrement géré par les résidents d’une grande cité de logements sociaux, il propose un large éventail de services, dont des garderies, des pro-grammes de formation en entreprise et des projets liés à la santé et au bien-être. www.goodwintrust.org/

• Glendale Gateway : située dans une région rurale du nord de l’Angleterre, Glendale dirige un centre communau-taire, une bibliothèque, une auberge de jeunesse, neuf unités de logement et plu-sieurs magasins. L’association propose également des services d’aide aux entre-prises, en plus de gérer l’office du tou-risme local, un site web communautaire et plusieurs activités de loisirs. www.wooler.org.uk/glendale-gateway-trust.

Locality(Angleterre, Royaume-Uni)

Contact : Steve Clare, Directrice générale déléguée

E-mail : [email protected] 

Site Web : http://locality.org.uk/

Locality, le réseau anglais du développement localRépondre aux besoins des communautés locales d’Angleterre est la raison d’être de Locality, premier réseau

britannique d’associations de développement, de centres d’action sociale et d’entreprises solidaires.

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TTT est une démarche collective locale visant la création d’un nouveau modèle d’en-treprises et d’initiatives mieux adapté à une société plus résiliente et à faible émission de carbone. Elle implique la création d’un nouveau mode de fonctionnement (éner-gie, production alimentaire, construction), de structures économiques permettant de maximiser la consommation de produits et services locaux, et de dispositifs sociaux conçus pour garantir équité et justice sociale.

AppropriationConcrètement, la démarche consiste à faire en sorte que les habitants s’approprient le processus, à stimuler la créativité et à bâtir des réseaux. Elle a progressivement pris de l’ampleur au cours des huit dernières années, ce qui s’est traduit par l’implication d’un grand nombre d’habitants et la mise sur pied d’une diversité de projets – dans les domaines de l’alimentation, de la construc-tion et du logement, de l’énergie et de l’éco-nomie – qui ont donné d’excellents résultats. Une belle réussite pour cette organisation reposant essentiellement sur le bénévolat.

TTT ne reçoit en effet aucune subvention de l’État, son financement provenant plutôt d’horizons divers (dons privés, fondations, événements et ateliers) qui assurent sa via-bilité et son indépendance financière.

Plan PME Entre autres initiatives couronnées de suc-cès, TTT a mené une étude sur le potentiel que représenteraient pour les PME locales les secteurs de l’alimentation, des énergies renouvelables et des services de mise en conformité environnementale si la demande en produits et services locaux fournis par des entreprises locales indépendantes s’accroissait. Il en est ressorti que déve-lopper ne fût-ce que 10 % de ce potentiel représenterait un gain de 5 millions d’eu-ros au cours des deux prochaines années, voire davantage compte tenu des retom-bées locales. L’étude a donc débouché sur des événements de mise en réseau.

Le projet associatif « Totnes Food-Link » en est un bon exemple. Il vise à renforcer les relations entre producteurs alimentaires, commerçants et restaurants locaux. Depuis son lancement en 2011, les circuits locaux n’ont cessé de se renforcer, de nouveaux producteurs ont rejoint l’aventure et de nou-veaux plans sont en cours pour développer le marché local de l’alimentation. Quelque 400 entreprises figurent sur la liste de dis-tribution et les producteurs enregistrent de leur côté une augmentation moyenne des livraisons de 30 % auprès des détaillants et restaurateurs locaux.

De façon encore plus concrète, le programme Transition Streets réunit des groupes d’amis et de voisins qui se rencontrent une à deux fois par mois pour discuter des petits chan-gements possibles à effectuer dans leur consommation d’énergie, d’eau, de nour-riture, d’emballages et leur utilisation des transports. Jusqu’à présent, 63 groupes ras-semblant plus de 550 ménages ont participé à la démarche, chacun des ménages réalisant une économie moyenne de 700 euros sur leurs factures et une réduction globale de 1,2 tonne de carbone par an.

Transition Town Totnes(Angleterre, Royaume-Uni)

Contact : Frances Northrop

E-mail : [email protected]

Site Web : www.transitiontowntotnes.org/

Totnes en transition : une première mondialeTotnes (7 700 hab.) dans le Devon, a été la première ville du monde en transition. Transition Town Totnes (TTT)

a été créé en 2006 par des citoyens sensibilisés aux effets combinés de l’épuisement du pétrole, du change-

ment climatique et de la crise économique.

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