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B L OC- N OTES de Frédéric Simottel LE La reconquête Hollande devient business angel, 21 NOV. Une reconquête industrielle très pragmatique L a première réunion de la commission cloud, qui fi- gure parmi les 34 plans de reconquête industrielle de la France voulue par Arnaud Montebourg, s’est tenue à Paris. Encadré par Thierry Breton, PDG d’Atos, et par Octave Klaba, fondateur de l’hébergeur OVH, ce groupe de travail réunit quelques-uns des principaux acteurs du cloud dans l’Hexagone. Les grands axes de réflexion de ces experts concernent la sécurité. Que faire, en ef- fet, pour que les entreprises clientes aient pleinement confiance en l’informatique en nuage et que la sécurité ne soit plus un débat ? Un deuxième sujet porte sur le pouvoir de la puissance publique à jouer un rôle d’accé- lérateur. La fiscalité, le prix de l’énergie, et l’interaction à mener entre cloud et grand public sont également au programme de la commission cloud. Ces mesures sem- blent intéressantes car elles sont loin des grandes phrases que l’on entend souvent sur ce type de projet. Elles al- lient le pragmatisme des témoignages terrain aux réalités business et technologiques. 22 NOV. Le pessimisme lucide du PDG de SAP A ujourd’hui, la création de valeur dans notre éco- nomie ne peut plus être le fruit des seuls spécia- listes IT comme cela a été le cas ces dernières années, explique avec lucidité Jim Snabe, coprésident de SAP de passage à Paris (et qui quittera bientôt son poste) Toutes les entreprises, tous sec- teurs confondus, sont désormais concernées. Elles créeront de la valeur au fur et à mesure que les technologies numériques pren- dront de l’importance dans les produits et services qu’elles offri- ront.Toutes les industries verront ainsi leurs modèles économiques remis en cause au cours des dix prochaines années. Cela signifie que leurs dirigeants doivent da- vantage s’impliquer dans le di- gital et que les DSI prennent en charge cette digitalisation. » Plus pessimiste, Jim Snabe ajoute : « Je suis inquiet pour l’avenir de l’Europe. Coincé entre la Silicon Valley et l’Asie, deux régions actuellement en pointe en matière d’innovation, le Vieux Continent est miné par ses niveaux de salaires et le coût de son énergie. Sa compétitivité ne peut être assurée que par l’innova- tion et la recherche. » 26 NOV. Le marquis de Louvois n’a pas mérité ça ! D es bugs en série ont eu raison du projet Louvois – le Logiciel unique à vocation interarmées de la solde –, autrement dit l’application chargée de gérer la paie de nos militaires. Ce programme a été baptisé ainsi en mémoire du marquis de Louvois. Ce ministre de Louis XIV décréta que les soldats devaient cesser toute forme de pillage et qu’en récompense de leurs devoirs militaires, une solde leur serait versée. Détesté des offi- ciers, il dénonça également avec véhémence leur absen- téisme. Ce ne sont ni le pillage, ni l’absentéisme des mili- taires qui sont aujourd’hui mis en cause, mais plutôt une désorganisation complète dans l’installation du logiciel Louvois. Un programme bâti sans suffisamment prendre en compte les exigences des directions métier, comme di- sent les civils. Un projet où ont été confondues vitesse et précipitation, où le manque de spécialistes comptables, RH ou techniques s’est révélé flagrant. L’organisation de départ était défaillante et par on ne sait quel miracle, les hauts gradés s’imaginaient qu’un logiciel allait tout résoudre. Un fiasco qui risque de coûter plusieurs cen- taines de millions d’euros aux contribuables. Et si cer- tains pensent qu’il est plus raisonnable, d’un point de vue médiatique, de tout redémarrer à zéro, d’autres estiment qu’une mise à niveau des bases de données RH et une formation plus qualifiée pour le personnel auraient per- mis de réparer une très grosse partie des dégâts. 29 NOV. Gardez-moi de mes amis, je m’occupe de mes ennemis L a France fait l’objet de dénigrement à l’étranger. Son image est si détestable qu’IBM France se retrouve en concurrence avec d’autres filiales du géant américain. Selon un salarié de Big Blue rencontré au hasard d’une conférence,Allemands, Hollandais et Belges abusent du french bashing pour s’attirer les faveurs du siège améri- cain, lors de la négociation de contrats internationaux. 12. 01 BUSINESS Pour Jim Snabe, patron de SAP, la compétitivité de l’Europe passe par l’innovation. 01B_2179_012_013_Bloc-notes.indd 12 05/12/13 19:16

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BLOC-NOTESde Frédéric Simottel

LE

La reconquête industrielle passe par le cloud, Hollande devient business angel, le Printemps se met au multicanal

21NOV.

Une reconquête industrielle très pragmatique

La première réunion de la commission cloud, qui fi -gure parmi les 34 plans de reconquête industrielle de

la France voulue par Arnaud Montebourg, s’est tenue à Paris. Encadré par Thierry Breton, PDG d’Atos, et par Octave Klaba, fondateur de l’hébergeur OVH, ce groupe de travail réunit quelques-uns des principaux acteurs du cloud dans l’Hexagone. Les grands axes de réfl exion de ces experts concernent la sécurité. Que faire, en ef-fet, pour que les entreprises clientes aient pleinement confi ance en l’informatique en nuage et que la sécurité ne soit plus un débat ? Un deuxième sujet porte sur le pouvoir de la puissance publique à jouer un rôle d’accé-lérateur. La fi scalité, le prix de l’énergie, et l’interaction à mener entre cloud et grand public sont également au programme de la commission cloud. Ces mesures sem-blent intéressantes car elles sont loin des grandes phrases que l’on entend souvent sur ce type de projet. Elles al-lient le pragmatisme des témoignages terrain aux réalités business et technologiques.

22NOV.

Le pessimisme lucide du PDG de SAP

Aujourd’hui, la création de valeur dans notre éco-nomie ne peut plus être le fruit des seuls spécia-

listes IT comme cela a été le cas ces dernières années, explique avec lucidité Jim Snabe, coprésident de SAP de passage à Paris (et qui quittera bientôt son poste)

Toutes les entreprises, tous sec-teurs confondus, sont désormais concernées. Elles créeront de la valeur au fur et à mesure que les technologies numériques pren-dront de l’importance dans les produits et services qu’elles offri-ront. Toutes les industries verront ainsi leurs modèles économiques remis en cause au cours des dix prochaines années. Cela signifi e que leurs dirigeants doivent da-vantage s’impliquer dans le di-gital et que les DSI prennent en charge cette digitalisation. » Plus pessimiste, Jim Snabe ajoute :

« Je suis inquiet pour l’avenir de l’Europe. Coincé entre la Silicon Valley et l’Asie, deux régions actuellement en pointe en matière d’innovation, le Vieux Continent est miné par ses niveaux de salaires et le coût de son énergie. Sa compétitivité ne peut être assurée que par l’innova-tion et la recherche. »

26NOV.

Le marquis de Louvois n’a pas mérité ça !

Des bugs en série ont eu raison du projet Louvois – le Logiciel unique à vocation interarmées de la

solde –, autrement dit l’application chargée de gérer la paie de nos militaires. Ce programme a été baptisé ainsi en mémoire du marquis de Louvois. Ce ministre de Louis XIV décréta que les soldats devaient cesser toute forme de pillage et qu’en récompense de leurs devoirs militaires, une solde leur serait versée. Détesté des offi -ciers, il dénonça également avec véhémence leur absen-téisme. Ce ne sont ni le pillage, ni l’absentéisme des mili-taires qui sont aujourd’hui mis en cause, mais plutôt une désorganisation complète dans l’installation du logiciel Louvois. Un programme bâti sans suffi samment prendre en compte les exigences des directions métier, comme di-sent les civils. Un projet où ont été confondues vitesse et précipitation, où le manque de spécialistes comptables, RH ou techniques s’est révélé fl agrant. L’organisation de départ était défaillante et par on ne sait quel miracle, les hauts gradés s’imaginaient qu’un logiciel allait tout résoudre. Un fi asco qui risque de coûter plusieurs cen-taines de millions d’euros aux contribuables. Et si cer-tains pensent qu’il est plus raisonnable, d’un point de vue médiatique, de tout redémarrer à zéro, d’autres estiment qu’une mise à niveau des bases de données RH et une formation plus qualifi ée pour le personnel auraient per-mis de réparer une très grosse partie des dégâts.

29NOV.

Gardez-moi de mes amis, je m’occupe de mes ennemis

La France fait l’objet de dénigrement à l’étranger. Son image est si détestable qu’IBM France se retrouve en

concurrence avec d’autres fi liales du géant américain. Selon un salarié de Big Blue rencontré au hasard d’une conférence, Allemands, Hollandais et Belges abusent du french bashing pour s’attirer les faveurs du siège améri-cain, lors de la négociation de contrats internationaux.

12.�01 BUSINESS

Pour Jim Snabe, patron de SAP, la compétitivité de l’Europe passe par l’innovation.

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LES SAMEDIS À 20 HEURES ET TOUS LES DIMANCHES À 17 HEURES

La reconquête industrielle passe par le cloud, Hollande devient business angel, le Printemps se met au multicanal

2DÉC.

Quand l’État devient business angel

Nos ministres Fleur Pellerin et Arnaud Montebourg en ont assez de voir la France pointer à la 17e place en

termes d’innovation. Ils veulent montrer au monde que le moteur de l’innovation hexagonale va se remettre à ru-gir. François Hollande lance donc le « concours mondial d’innovation ». Objectif : repérer une centaine de projets innovants, dans les sept domaines identifi és par le rap-port de la Commission Innovation 2030, présidée par Anne Lauvergeon (le big data est le seul des sept à être 100 % numérique). Les 100 programmes sélectionnés, tous secteurs confondus, recevront d’ici au printemps 200 000 euros chacun. Une aide supplémentaire de 2 millions sera octroyée à 30 d’entre eux, en septembre 2014. « Nous retiendrons des projets d’entreprise ou de R&D, mais aussi de création d’entreprise, même s’ils utilisent des technologies pas forcément matures », pré-cise Olivier Lluansi, conseiller énergie et industrie de la présidence de la République. Le clap fi nal du concours est prévu en 2016. L’Etat s’engagera à hauteur de plu-sieurs millions d’euros en prenant des participations, ainsi qu’en favorisant la prise de commandes publiques. « L’idée est de dénicher les innovations de rupture qui dessineront notre horizon industriel de demain », ex-plique Emmanuel Macron, secrétaire général adjoint de l’Elysée. Cette initiative, dont le montant global s’élève à 250 millions d’euros, soulève de nombreux commen-taires parmi les business angels. Selon eux, ce n’est pas le rôle de l’Etat d’agir ainsi. Ils préféreraient que les ef-forts portent sur la fl exibilité du code du travail ou sur une fi scalité mieux adaptée aux modèles des start up.

3DÉC.

Le Printemps électronique est arrivé

I l n’y a pas que les vitrines de Noël du célèbre maga-sin, dont le vaisseau amiral se trouve sur les grands

boulevards à Paris, qui attirent les regards ; la boutique en ligne fait également peau neuve. Le fonds qatari Divine Investments, nouveau propriétaire du Printemps, vient de finaliser le rachat du pure player Placedestendances.com. Ce site marchand, qui appartenait à TF1 et aux deux fondateurs, distribue 200 marques de mode. Mais contrairement aux spécialistes du discount et aux sites de ventes privées, il vend les nouvelles collections au prix magasin. Sa force : livrer en moins de trois heures dans Paris. Pour le Printemps, ce rachat marque le véri-table début de sa stratégie multicanale. Avec une chute du marché textile de 14,4 % entre 2007 et 2012, et une croissance des ventes en ligne de 11 % sur la même pé-riode – certes avec des volumes moindres – (source : IFM Printemps), les nouveaux propriétaires ont compris qu’une simple présence marchande en ligne ne suffi sait pas. Leur stratégie doit désormais être « omnicanale », sans couture entre les magasins physiques et le Web.

4DÉC.

Open data : déjà 150 projets recensés et 25 primés

Frédéric Mazzella, fondateur du site de covoiturage en ligne Blablacar, a eu bien du mal, cette fois-ci en

tant que président du jury du concours Dataconnexions, à dénicher les meilleurs projets open data. Pour cette 4e édition, 64 dossiers ont été présentés. Un succès pour Henri Verdier, le dynamique patron de la mission Etalab, qui organise ce concours. Parmi les primés fi gurent des services grand public comme Open Food Facts (infor-mations sur les produits alimentaires via un code-barres lu par un smartphone), Vamos a la playa (qualité des plages), ou encore la géniale application Guido. Cette dernière transmet aux passagers des informations culturelles, histo-riques ou touristiques tout au long d’un voyage en voiture sur l’auto-route. Pour les professionnels, citons Leveilleur.fr, un moteur de recherche qui scrute en permanence toutes les commandes publiques en cours.

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L’appli Vamos a la playa délivre des infos sur la qualité des plages.

François Hollande consacrera

250 millions d’euros à cette initiative.

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