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LA GESTION DES PARTIES PRENANTES DANS LES PROJETS PUBLICS MUNICIPAUX LES SECRETS D’UN PROJET RÉUSSI Jacques Desbiens, ingénieur, économiste et docteur en administration Chargé de cours et conseiller aux organisations à l’ÉNAP Chargé de cours à la maîtrise en gestion de projets de l’UQAC en Chine 4 avril 2017

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LA GESTION DES PARTIES PRENANTES DANS LES PROJETS PUBLICS MUNICIPAUXLES SECRETS D’UN PROJET RÉUSSI

Jacques Desbiens, ingénieur, économiste et docteur en administration

Chargé de cours et conseiller aux organisations à l’ÉNAPChargé de cours à la maîtrise en gestion de projets de l’UQAC en Chine

4 avril 2017

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NOTRE OBJECTIF DANS CETTE CONFÉRENCE

Nous rendre compte des conditions nécessaires pour avoir du succès

dans les projets publics municipaux.Réaliser que la démarche structurée typique que propose le PMI, soit: bien sélectionner le projet, puis le planifier, l’exécuter, en faire le suivi et le clôturer, dans des conditions

rigoureuses, tout cela est nécessaire à son succès. Mais nous découvrirons que l’élément essentiel est le niveau de satisfaction

des parties prenantes au projet. Les citoyens à qui les résultats du projet sont destinés, bien sûr. Mais tous les autres intervenants, à tous les niveaux,

doivent aussi y trouver leur bonheur.Cette conférence est basée sur le contenu du chapitre 13: Gestion des projets municipaux La dynamique des parties prenantes

rédigé par l’auteur dans le cadre d’un volume collectif sur la gestion des projets publics publié par les PUQ en 2017.

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QUE VOIT-ON TROP SOUVENT AU SUJET

DES PROJETS PUBLICS MUNICIPAUX?

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4 Publié le 27 mai 2013 à 17h02 | Mis à jour le 27 mai 2013 à 17h02

Sous-investissement et manque de planification à la Ville de Montréal

PHOTO: ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSEKARIM BENESSAIEHLa PresseMontréal a beau investir des centaines de millions dans ses réseaux d'eau et de voirie, leur état ne cesse de se dégrader. Pire, les projets se réalisent souvent sans plan d'ensemble et sans cohérence entre les services, révèle le rapport 2012 du vérificateur général.

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5Publié le 30 mai 2013 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

Un projet à n'en plus finir

Annoncé en 2009, le service d'autobus rapide (SRB) sur le boulevard Pie-IX devait voir le jour en 2012. Il est maintenant prévu pour 2017.ILLUSTRATION FOURNIE PAR L'AMTFRANÇOIS CARDINALLa Presse

Prévu en trois ans, le service d'autobus rapide sur Pie-IX nécessitera au moins neuf ans. Pourquoi?

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6Publié le 30 mai 2014 à 08h39 | Mis à jour à 08h39Voie de contournement du secteur Isle-Maligne

Un projet plus cher et plus long

LAURA LÉVESQUE

(Alma) La voie de contournement du secteur Isle-Maligne, à Alma, coûtera près de 70 millions $ et sa construction ne commencera pas avant l'automne 2016. Ces estimations sont loin de celles de 2010 qui prévoyaient l'ouverture de l'axe routier en 2017, construit au coût de 38 millions$.

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Source: Serge Chapleau, La Presse, 9 juin 2016

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Source: Serge Chapleau, La Presse, 28 octobre 2016

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VOYONS POURTANT CE QUE DISAIT UN PERSONNAGE FORT COMPÉTENT EN GESTION DE

PROJETS IL Y A QUELQUES ANNÉES AU SUJET DU QUÉBEC ET DE

MONTRÉAL.

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Gregory Balestrero, président du Project Management Institute, estime que le Québec est un leader en matière de gestion de projets.

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On s’est moqué de la gestion de ses operations (dans le Bye Bye 2016), mais pour consoler les gens de Québec (le maire Labeaume surtout…), il faut reconnaître que le degré de succès de la gestion de ce projet fut très élevé.

Source: Journal Les Affaires, 4 juin 201614

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Je suis persuadé que vous voulez maintenant en connaître davantage sur les

secrets d’un projet réussi dans le secteur public municipal.

Alors, à titre de chercheur s’intéressant à la gestion de projets dans le secteur public

municipal depuis plus de trente ans, permettez-moi de vous présenter “Deux ou trois choses que je sais

d’elle”

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Les caractéristiques des projets publicsLa gestion de projets et la gestion des opérations courantes sont menées en parallèle dans les organisations pour réaliser la mission de celles-ci et atteindre leurs objectifs stratégiques.

Les projets du secteur public ont cependant des caractéristiques différentes de ceux du secteur privé. On reconnaît généralement surtout les particularités suivantes: 1. «Des contraintes légales supplémentaires qui peuvent avoir des

impacts significatifs sur les projets du secteur public… 2. Les gestionnaires de projet ont des comptes à rendre à beaucoup

de parties prenantes au-delà du client immédiat… 3. Les projets publics sont financés avec des fonds publics.»

Source: Project Management Institute (2006), Government Extension to the PMBOK Guide Third Edition, Four Campus Boulevard, Newtown Square, Pennsylvania 19073-3299, USA, pp. 5-6

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1. Les administrations gouvernementales établissent des lois et des règlements qui mettent des limites claires sur l’administration gouvernementale, le leadership exécutif et les

ministères, les agences et les départements…

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2. De plus, dans les projets gouvernementaux, les gestionnaires de projet ont des comptes à rendre à beaucoup de parties

prenantes au-delà du client immédiat…

Tous ces participants au processus de reddition des comptes peuvent avoir le droit de remettre en question ou de critiquer

les décisions prises par les gestionnaires de projet dans les projets du secteur public…

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Publié le 13 septembre 2014 à 08h57 | Mis à jour à 08h57

Ferrandez contre l'aménagement d'un stationnement... à Tadoussac

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSEBRUNO BISSONLa Presse

Le maire de l'arrondissement Le Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, a porté son combat contre l'envahissement de l'automobile jusque dans la Côte-Nord, cette semaine, en demandant au ministère des Transports du Québec (MTQ) d'abandonner un projet de stationnement qui exigerait l'expropriation de six maisons patrimoniales, à l'entrée de Tadoussac.

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Publié le 25 septembre 2014 à 08h18 | Mis à jour à 08h18

Le maire de Tadoussac rassure Ferrandez

PHOTO ARCHIVES LA PRESSEBRUNO BISSONLa Presse

Le maire de Tadoussac, Hughes Tremblay, a tenu à rassurer hier son homologue du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, sur son intention de protéger les maisons patrimoniales de sa municipalité, menacées par un projet d'aire d'attente pour le traversier reliant Tadoussac à Baie-Sainte-Catherine.

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LA DÉMARCHE DANS LE SECTEUR PRIVÉBill Gates obtient un milliard de dollars pour l'énergie proprePublié le 12 décembre 2016 à 15:00 Le milliardaire et philanthrope américain Bill Gates orchestre une coalition de riches donateurs engagés à investir plus d'un milliard de dollars dans des technologies innovantes dans les énergies propres pour combattre le réchauffement climatique, a annoncé lundi sa fondation.

3. Enfin, dans les projets publics, le gestionnaire de projet a le devoir d’utiliser les fonds publics pour atteindre les objectifs fixés par les administrations gouvernementales. Le processus d’approbation et de budgétisation, aussi bien que les mécanismes de contrôle sur le contenu et les aspects financiers aident à garantir que les fonds dépensés obtenus sont bien utilisés pour fournir les meilleurs services publics aux citoyens.

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LA DÉMARCHE DANS LE SECTEUR PUBLIC POUR UN MONTANT 2 000 FOIS MOINDRE

Denis Coderre veut investir 500 000 $ dans les calèchesPublié le 13 décembre 2016 à 05h00 | Mis à jour le 13 décembre 2016 à 06h08

Les élus de l'arrondissement de Ville-Marie devront approuver, ce soir, le financement de différentes mesures visant à améliorer l'industrie l'an prochain, comme l'aménagement de postes d'attente, le micropucage des bêtes, la formation et le port de l'uniforme chez les cochers.                                                               

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23Toutes ces exigences s’appliquent, bien sûr, également aux projets publics municipaux.

En fait, ils sont même encore plus complexes dans ce cas, contrairement à ce qu’aurait dit, à la blague, Jean Cournoyer, ancien ministre québécois qui a été aussi maire de Dollard-des-Ormeaux de 1978 à 1982, au sujet de la gestion d’une municipalité.Il disait: “il suffit simplement de

-collecter les taxes;-collecter la neige; et-collecter les ordures…”

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Les projets publics municipaux ont des complexités encore plus spécifiques, entre autres, en ce qui concerne les parties prenantes pas toujours faciles à identifier et les exigences politiques qui auront des impacts souvent importants sur les échéanciers et les budgets.

Nous verrons d’abord pourquoi les projets publics municipaux sont vraiment de nature particulièrement complexe. Ensuite, nous soulignerons les enseignements que l’on peut tirer de l’examen d’un certain nombre de projets municipaux pour saisir l’importance des interrelations entre les principales parties prenantes du monde municipal.

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En quoi les projets publics municipaux sont-ils si complexes?

Dans sa thèse de doctorat portant sur la complexité des projets publics municipaux, Sodade, écrit ceci:« Le nombre de catégories différentes de parties prenantes et leurs intérêts concurrents sont une source majeure de complexité de projet. Ces groupes de parties prenantes sont identifiés comme les citoyens corporatifs, les citoyens « ordinaires », les officiers municipaux, les élus, les développeurs et leurs commanditaires. Les projets municipaux tendent à être complexes en ce qui concerne la taille et le mandat de réalisation et sont typiquement caractérisés par un grand nombre d’employés, rendant le risque de complexités comportementales élevées… les municipalités peuvent être dites opérant dans un environnement complexe ». Source: Sodade, B.A.(2011). Project Management Complexities in Municipal Projects, ProQuest Dissertations Publishing, Calgary, University of Calgary, p.40.

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Source: Serge Chapleau, La Presse, 6 juillet 2016

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Pour d’autres chercheurs, le caractère temporaire d’un projet, l’unicité de son résultat et le fait que ses objectifs soient prédéterminés, qui sont des caractères génériques des projets, changent constamment en pratique dans les situations complexes.

Dans son étude consacrée à la complexité des projets municipaux, Sodade considère que « ces observations ont été faites pour des entreprises privées relativement simples, gérer cette incertitude est nécessairement encore plus exigeant avec les projets municipaux».Source: Maylor, H., Brady, T. et al. (2006). From projectification to programmification. International Journal of Project Management, 24(8), pp. 663-674, cités dans Sodade, 2011, p. 43.

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D’autres chercheurs ont identifié trois sources principales d’incertitude dans les projets:1. les incertitudes dans les estimés,2. celles associées aux diverses parties prenantes compte tenu de leurs

motivations et de leurs objectifs différents3. et celles associées aux différentes phases du cycle de vie du projet.

Sodade ajoute qu’on peut considérer d’autres incertitudes associées à un environnement de projet plus complexe et dynamique comme la nature changeante de l’intention du projet, l’impact d’une réaction concurrente de facteurs économiques externes et les changements très rapides dans les circonstances socioéconomiques et technologiques».

Source: Atkinson, R., Crawford, L. et al. (2006). Fundamental uncertainties in projects and the scope of project management. International Journal of Project Management, 24(8), 687-698. cités dans Sodade, 2011, p. 44

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Sodade, toujours, ajoute ceci: «les incertitudes supplémentaires qu’entraînent les intérêts politiques et les responsabilités administratives limitées dans les projets publics… des complexités possibles causées par les interfaces interdépartementales qui caractérisent les projets municipaux, comme les différences marquées de rythme de travail, de culture et même de rivalités qui caractérisent les différents départements. »

Ces dernières considérations sont très pertinentes quand on considère la nature très différente des services d’une municipalité typique: directions des Travaux publics, du Loisir, de la culture et de la vie communautaire et de la Sécurité publique, pour ne citer que celles-là.

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En somme, les études universitaires le confirment, les

projets municipaux sont de nature complexe.

Jetons donc maintenant un coup d’œil sur un certain

nombre de cas réels pour illustrer davantage notre

propos et en tirer ensuite les enseignements appropriés.

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La complexité des projets municipaux: quelques illustrationsComme nous l’avons vu un peu plus tôt dans l’opinion du président du PMI, un des projets publics municipaux québécois récents qui s’est attiré le plus d’éloges est sans contredit le projet du Quartier international de Montréal. Dans son bilan final en 2006, on comptait pas moins de 25 prix et mentions dont un prix fort prestigieux dans le monde de la gestion de projet, soit le Project of the Year Award 2005 du Project Management Institute (PMI). Une enquête de satisfaction des usagers, publiée en 2004, révélait une appréciation générale très élevée à l’égard des résultats du projet.

« La proportion de personnes interrogées très satisfaites est de 82% en ce qui a trait à l’esthétisme des aménagements et de 77% pour la qualité des aménagements et l’ambiance générale du quartier. Lorsque l’on combine les répondants très satisfaits avec ceux assez satisfaits, on obtient des taux de satisfaction respectifs de 97%, 96% et 94%. »

Source: Quartier international de Montréal – QIM (2006). Bilan final du projet 31 octobre, Montréal, QIM, p. 24

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34Le projet du Quartier international de Montréal était décrit ainsi dans sa conception:

…une formule originale de partenariat qui regroupe le gouvernement du Canada, le gouvernement du Québec, la Ville de Montréal, la Caisse de

dépôt et placement du Québec et l’Association des riverains du Quartier international de Montréal (ARQIM).

C’est à travers un organisme à but non lucratif, la société du Quartier international de Montréal, que ce partenariat se concrétise. Chaque

partenaire siège au conseil d’administration de la Société et participe donc pleinement à la réalisation de ce projet structurant pour Montréal…

L’originalité du partenariat du Quartier international repose en grande partie sur l’implication des propriétaires riverains du secteur.

Source: Société AGIL (2015). «Présentation», Quartier international de Montréal

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35La forte implication de toutes ces parties prenantes, en particulier celle de l’Association des riverains du Quartier international de Montréal, a certainement contribué au succès remarquable de ce projet public.

En effet, dans les projets publics municipaux, qui sont généralement de nature complexe, comme nous l’avons vu plus tôt, il y a de nombreux intervenants, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’organisation.

Dans ce type de projet, les responsabilités et les risques sont partagés entre les partenaires et cela exige de les impliquer le plus et le plus tôt possible dans la gestion du projet et de préciser clairement les frontières des rôles de chaque intervenant. C’est une chose dont on doit alors se préoccuper rigoureusement.

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36Publié le 16 décembre 2016 à 10h59 | Mis à jour le 16 décembre 2016 à 10h59

La Tour Eiffel reste fermée

«La poursuite de la grève a été votée à l'unanimité» de la centaine d'employés présents à l'assemblée générale, a indiqué à l'AFP le responsable CGT, Denis Vavassori…Les grévistes n'ont pas de revendications salariales mais dénoncent notamment «l'infécondité du dialogue social avec (leur) direction et l'absence délibérée de transparence sur les décisions stratégiques» à venir.

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37Dans une étude doctorale consacrée à la gouvernance participative, à partir du cas de «Sherbrooke Ville en santé, une table de concertation active depuis plus de 20 ans et regroupant les principaux acteurs du monde municipal», la chercheure québécoise Anne-Marie Corriveau a relevé ce qui suit:

« [...] la centralité des valeurs et des principes autour desquels se réunissent les parties prenantes d’une table de concertation, ainsi que le rôle de moteur joué par des leaders jugés crédibles, légitimes et notoires.

C’est aussi en conjuguant l’ambiguïté des objectifs et la souplesse du fonctionnement que l’adhésion des membres, porteurs de motivations et d’attentes multiples, semble être facilitée.

Autour de ces concepts centraux se développent des phases (conception, design organisationnel, bilan et suivis) en interactions constantes les unes avec les autres, témoignant de la souplesse de l’organisation et de ses ajustements répétés en cohérence avec les principes qui animent la concertation. »Source: Corriveau, A.-M. (2009). L’émergence d’un modèle de concertation interorganisationnelle en contexte municipal: le cas de Sherbrooke Ville en santé, Thèse de doctorat en administration, Sherbrooke, Université de Sherbrooke et Université du Québec à Trois-Rivières, p.4

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Bien sûr, cette gouvernance participative n’est pas destinée particulièrement ou uniquement à la gestion des projets publics municipaux. Elle s’applique à l’ensemble de la gestion publique bien qu’elle soit fort avantageuse dans le contexte particulièrement complexe des projets publics municipaux. Il est intéressant de noter qu’il y a plusieurs modèles municipaux de participation publique au Québec dont le modèle de participation préconisé par la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) qui s’applique à l’ensemble des municipalités du Québec.Dans le cas de Montréal, la Ville dispose d’un organisme indépendant, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). À cela, il faut même ajouter aujourd’hui la stratégie montréalaise de ville intelligente et numérique.

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41La bonne gouvernance au niveau municipal en général, comme dans la gestion des projets publics municipaux en particulier, semble donc passer par une solide participation des parties prenantes concernées.

C’est ce qui ressort, entre autres, de l’examen du fonctionnement de quatre cités européennes: 1. Bristol au Royaume-Uni,2. Bergen en Norvège,3. Cinisello Balsamo en Italie et 4. Heidelberg en Allemagne.

Ces villes ont été choisies par les chercheurs pour examiner différents types de gouvernement local et de leadership politique. Les auteurs s’intéressent particulièrement à la complémentarité entre le leadership politique et l’implication de la communauté. Pour eux, ce dernier concept s’apparente à ce que nous avons appelé jusqu’à maintenant la gouvernance participative.Source: Haus, M. et J. Erling Klausen (2011). «Urban Leadership and community involvement: Ingredients for good governance?», Urban Affairs Review, vol. 47, no 2, pp.. 256-279.

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42 La ville de Bristol représente un type de gouvernement local classé, selon les chercheurs de cette étude, dans le groupe « Anglo ».

Ce sont des pays dans lesquels le gouvernement local est considéré de manière prédominante comme un moyen d’offrir des services de la manière la plus efficiente et efficace possible.

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«Le groupe « Franco » comprend les pays dans lesquels, dû à un héritage historique commun, les gouvernements locaux ont un statut fonctionnel bas, mais sont reconnus […] comme des unités exprimant une «identité communautaire» » La ville de Cinisello Balsamo est un exemple de ce type.

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44Dans les pays de la variante «Moyenne Europe et Europe du Nord», le gouvernement local est à la fois un solide fournisseur de services à l’intérieur de l’État-providence et une arène politique reconnue liée à l’identité locale.

Comme il est particulièrement important, à l’intérieur de ce groupe, de considérer les caractéristiques des états unitaires et fédéraux, respectivement […] les chercheurs ont inclus d’abord, une cité située dans un pays unitaire décentralisé – Bergen en Norvège

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– […] et une dans un État fédéral – Heidelberg en Allemagne –

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46À Bristol, dans le cas du groupe Anglo, « [les] leaders de la municipalité n’ont pas réussi à réaliser une complémentarité réussie entre le leadership urbain et l’implication de la communauté et ceci peut être vu comme un empêchement important à l’atteinte des objectifs. Pour les auteurs, cela s’explique en bonne partie par le fait que le rôle du gouvernement local dans ce type de municipalité est surtout orienté vers l’offre de service.

Dans le cas de Bergen, la variante unitaire du type de gouvernement local de Moyenne Europe, la présence de trois niveaux de gouvernements représentatifs soit un conseil de district, la ville et le gouvernement national «n’a pas fourni un contexte dans lequel les leaders urbains furent capables de transformer l’implication intensive de la communauté en résultats actuels. »

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47Par contre, dans le cas de Heidelberg, le type de gouvernement local de Moyenne Europe dans un contexte fédéral, on a observé une bonne complémentarité entre un leadership fort et une solide implication de la communauté. Cette différence avec Bergen s’expliquerait par le fait que le maire, élu directement, semble avoir été un leader fort, impliquant les divers acteurs, tout en gérant rigoureusement les projets.

Enfin, dans le cas de Cinisello Balsamo, le rôle d’un maire fort fut moins crucial dans les dernières phases. En effet,:« Dans ce cas, les groupes de la communauté ont fourni non seulement des intrants spécifiques aux décisions de politique, mais [ils] eurent aussi un rôle important en amenant un changement dans la nature de l’implication communautaire. Ce cas fournit l’exemple le plus clair sur la façon dont la complémentarité entre le leadership et l’implication de la communauté peut fonctionner de façon fructueuse avec des conflits. »

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En fait, les points de vue des différentes parties prenantes, dans les projets en général et dans les projets publics municipaux en particulier, ne sont pas toujours aisément compatibles et exigent donc de solides négociations impliquant des partenaires respectueux et des leaders forts.

C’est une conclusion à laquelle étaient d’ailleurs parvenus des chercheurs suédois, en examinant la stratégie de gestion électronique de projet municipal, dans la ville d’Örebro en Suède.

Source: Ask, A.., M. Hatakka, A. Gronlund et (2008). « The Örebro city citizen-oriented e-government strategy», International Journal of Electronic Government Research, vol. 4, no 4, p. 69-88.

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Ils avaient repéré un certain nombre de facteurs clés de succès d’un tel projet visant à offrir aux citoyens des services correspondant vraiment à leurs besoins.

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50Ces éléments critiques étaient les suivants: 1. «un bon "timing" politique,2. l’allocation des ressources,3. le mandat politique,4. la distinction entre les responsabilités administratives et

politiques,5. la coordination des divers départements (de la ville),6. la dépendance envers les fournisseurs et7. un sage usage des standards (de gestion de projet)» Mais ils en concluaient que ces éléments critiques étaient débattus, en particulier, sous l’influence d’individus et de groupes forts. Pour eux, «C’est une conséquence du modèle stratégique prévalant pour le secteur public, la nouvelle administration publique, laquelle laisse ces questions à être résolues par des négociations parmi de nombreux acteurs ayant différents rôles, buts et marges de manœuvre»

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Les enseignements tirés des études sur la complexité des projets municipaux

Un des enseignements qui ressort le plus clairement des exemples que nous venons de voir est le fait que, au-delà des exigences génériques de bonne gestion de projet, la gestion des implications des parties prenantes apparaît être un élément clé dans le monde municipal. Que ce soit à Montréal ou à Sherbrooke au Québec ou bien dans les différentes villes européennes que nous avons examinées, c’est une variable incontournable pour l’ensemble de la gestion municipale et pour les projets publics municipaux.

«Un manque de préoccupation des projets pour l’implication communautaire est fatal dans une période où les institutions deviennent fragmentées et des réseaux doivent être développés».Source: Haus, M. et J. Erling Klausen (2011). «Urban Leadership and community involvement: Ingredients for good governance?», Urban Affairs Review, vol. 47, no 2, p. 275).

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Mais, il faut aussi que cette gouvernance participative ou cette implication communautaire soit accompagnée d’un solide leadership urbain. En effet, «si l’attention est absorbée par une instabilité interne des positions de leadership, il y a un danger de séparation entre les forums pour l’implication communautaire et les politiques officielles de la cité».

Il n’y a pas eu à Bristol cette préoccupation des leaders politiques, ce fut différent à Heidelberg et à Cinisello. Dans ces deux derniers cas, «les leaders politiques, disposant d’une position plutôt sécuritaire après avoir été élus, ont pensé que, pour que les choses soient faites selon leurs objectifs, ils devaient trouver du support pour leurs plans».

Source: Haus, M. et J. Erling Klausen (2011). «Urban Leadership and community involvement: Ingredients for good governance?», Urban Affairs Review, vol. 47, no 2, p. 275.

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55 Par ailleurs, nous avons observé, dans le cas du projet du Quartier international de Montréal, comme dans le cas des villes européennes que

nous avons regardées, incluant Örebro, en Suède, l’importance non seulement d’impliquer les divers niveaux de gouvernements, tout comme l’ensemble des parties prenantes concernées par les projets municipaux,

mais aussi combien il faut faire preuve de souplesse et d’ouverture d’esprit dans la démarche à venir.

«Une méta-gouvernance productive dans les initiatives de long terme

dépend non seulement du niveau que les leaders obtiennent en termesd’implication communautaire, mais aussi de la mesure où ils permettent

à cette implication de façonner le processus de gouvernance»

Source: (Haus et al., 2011, p. 276).

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Cette implication et ces relations de confiance avec les parties prenantes s’appliquent aussi dans le cas des liens des municipalités

avec leurs fournisseurs privés.

De nos jours, les villes impartissent de plus en plus de services offerts aux citoyens à des entreprises privées, souvent par l’entremise de

projets publics. Dans ces situations, les relations avec les fournisseurs sont particulièrement importantes. Là encore, des négociations sages

et de bonne foi doivent prévaloir.

Rien n’empêche les municipalités, dans les projets publics, de développer de saines relations avec leurs fournisseurs. Un bon exemple de gesteque peut poser une municipalité, dans ce contexte, est la transparence en ce qui concerne les coûts estimés des projets par la ville.

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Ainsi, «la Ville de Boucherville, contrairement aux autres municipalités de la région, dévoile systématiquement la valeur estimée de ses contrats lorsqu’elle lance un appel d’offres. La pratique est légale, mais elle pose

un certain nombre de risques que la plupart des autres municipalités choisissent d’éviter». Elle fait cela malgré le risque que cette information puisse servir de prix plancher aux entreprises préparant leur soumission.

Source: Robichaud, O. (2015). «Contrats: Boucherville dévoile les estimations aux soumissionnaires», La Seigneurie, 15 octobre

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« Une analyse des appels d’offres de plus de 100 000 $ octroyés par Boucherville depuis le 1er janvier 2015 montre que la

plupart des projets reçoivent plusieurs soumissions en deçà de la valeur estimée…

La Ville de Saint-Lambert songerait par ailleurs à suivre la même méthode que Boucherville. Actuellement, l’estimation ne se trouve pas dans le document d’appel d’offres, mais il est

disponible sur demande pour les soumissionnaires. »

Source: Robichaud, O. (2015). «Contrats: Boucherville dévoile les estimations aux soumissionnaires», La Seigneurie, 15 octobre

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Nous avons vu, plus tôt, que le grand nombre des diverses parties prenantes impliquées dans les projets publics municipaux et leurs intérêts souvent

divergents sont un facteur majeur de complexité de ces projets. Voilà pourquoi, cette attention particulière que doivent leur consacrer les

gestionnaires de projets est si importante.

Le degré de succès d’un projet se mesure d’abord par l’atteinte des objectifs précis qui le définissait au départ. Le respect de l’échéancier prévu et le

respect du budget alloué sont deux autres critères importants pour mesurer sa réussite.

Mais, particulièrement dans le cas des projets publics municipaux, la variable la plus importante demeure le niveau de satisfaction des parties

prenantes au projet. Il s’agit d’abord ici, bien sûr, des citoyens à qui les résultats du projet sont destinés. Mais tous les autres intervenants,

à tous les niveaux, doivent aussi y trouver leur bonheur.

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C’est ce genre de conditions gagnantes qu’identifiait déjà Florence Junca Adenot, directrice du Forum Urba 2015, dans un exposé en 2008.

Elle disait d’abord ceci:

« Les citoyens, particuliers ou corporatifs, bien informés, veulent contrôler leur milieu de vie et défendent de nouvelles valeurs où

l’environnement, les transports écologiques, la ville à échelle humaine, et la qualité de vie urbaine, détiennent une place

de plus en plus importante.

Leur action se manifeste quand un nouveau projet survient, surtout s’il est perçu comme imposé sans concertation, à la société,

et s’il heurte les nouvelles valeurs urbaines. »

Source: Junca Adenot, F. (2008). Quelques conditions gagnantes pour réussir les grands projets urbains, p. 1

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Puis, elle identifiait les facteurs de succès suivants:« Un projet doit être porté avec vigueur par un ou des leaders… Aucun

projet ne peut progresser positivement s’il n’est pas porté, défendu, négocié, expliqué avec ouverture et ténacité par un leader capable de

mobilisation…

Obtenir l’adhésion des parties prenantes aux objectifs du projet est incontournable. Tout grand projet public et, maintenant tout grand projet privé ayant des incidences sur l’environnement de la population, ne peut

plus être développé derrière des portes closes, et annoncé comme un fait accompli.

La population et les groupes d’intérêt, plus éduqués, informés par les médias, méfiants face à diverses mauvaises expériences, veulent être impliqués, sinon, ils s’opposent, parfois avec un peu d’aveuglement. »

Source: Junca Adenot, 2008, p. 2-3

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64Elle ajoutait ensuite ceci:

« L’appropriation du projet par la société civile, les élus et les développeurs est essentielle à sa réussite et la gouvernance doit refléter ce ménage à

trois, tout en s’appuyant sur des projets pertinents et recevables, portés par des leaders rassembleurs.

Ce mouvement est irréversible et, autant aux États-Unis qu’en Europe, les grands projets respectent ces facteurs politiques de succès,

sinon ils rencontrent de grandes difficultés »

Voilà, selon nous, les véritables facteurs de succès particuliers aux projets publics municipaux, compte tenu du caractère spécifique de ceux-ci.

Source: Junca Adenot, 2008, p. 4

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Que penser, dans ce contexte, du débat actuel sur l’élimination des référendums municipaux suite au projet de loi 122?

Ce qu’il faut d’abord se dire, à ce sujet, c’est que, ce dont nous parlons ici aujourd’hui, c’est d’abord et avant tout de la participation active et respectée des citoyens aux decisions que prennent les élus municipaux. Les référendums sont un moyen ultime (extreme ?) de cette participation. Ce qu’il faut valoriser, ce sont des mécanismes et des processus d’information et de consultation rigoureux mis en place en toute transparence pour que les citoyens puissent s’exprimer librement et en toute connaissance de cause sur les projets municipaux à venir. Si une bonne politique de consultation publique est faite et bien faite par des leaders élus sages et forts, les projets publics n’en seront que meilleurs et répondront vraiment aux besoins des citoyens.

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EN GUISE DE CONCLUSION

La gestion de projets, effectuée en parallèle avec la gestion des opérations courantes, a, dans le secteur public, des caractéristiques qui la rendent un peu plus contraignante que dans le secteur privé. De son côté, la nature des projets publics municipaux est particulièrement complexe.

Compte tenu du grand nombre d’acteurs de divers niveaux de gouvernements qui y interviennent souvent, ainsi que des partenaires privés, fournisseurs de biens et services, employés et gestionnaires municipaux ainsi que des citoyens ou des groupes de pression qui sont concernés et veulent être impliqués, la gestion y est encore plus serrée.

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67Malgré cela, de nombreux projets publics municipaux présentent un degré de succès élevé. On y obtient les résultats attendus, à l’intérieur du budget prévu, en respectant les échéances et surtout en satisfaisant les attentes et en répondant aux besoins des nombreuses parties prenantes ayant souvent des intérêts difficiles à concilier. Nous avons vu, qu’en plus des exigences classiques de bonne gestion des projets, la capacité des leaders urbains de veiller au grain tout en impliquant de manière sincère et avec beaucoup d’ouverture d’esprit les diverses parties prenantes est une condition vraiment gagnante dans les projets publics municipaux.

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À cela s’ajoute, comme facteurs de succès, le développement de relations saines et transparentes

avec les entreprises fournisseurs de services et l’appropriation du projet par les partenaires impliqués

et toutes les autres parties prenantes.

Voilà donc les secrets d’un projet public municipal réussi selon moi!

MERCI BEAUCOUP POUR VOTRE ATTENTION!

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